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La société par actions simplifiée (SAS) est une société par actions. Créée par la loi du 3
janvier 1994, elle est régie par les articles L. 227-1 à L. 227-20 et L. 244-1 à L. 244-4 du
Code de commerce. Les règles prévues pour la SA s’appliquent à la SAS lorsque la loi ne
prévoit pas de dispositions spéciales (organes de direction, assemblées, transformation) ou
lorsque les statuts ne décident pas d’y déroger.
Une loi du 12 juillet 1999 a élargi, les facultés de recours à la SAS, en permettant qu'elle soit
constituée entre personnes physiques et en instaurant une 2nde forme de société
unipersonnelle, la SAS unipersonnelle (SASU)
La constitution de la SAS
La société par actions simplifiée est soumise aux conditions de constitution communes à
toutes les sociétés
Les associés
La SAS pluripersonnelle est créée au minimum par deux associés, personnes physiques ou
morales capables.
La SAS unipersonnelle comprend un associé unique, choix effectué à la constitution ou à la
suite de la réunion de toutes les actions de la société entre les mains d’un associé unique.
La loi ne prévoit pas de maximum. En termes de nombre d'associés, mais compte tenu du fort
« intuitu personae » de la SAS. Le nombre d'associés de cette structure est généralement peu
élevé.
Les associés peuvent être des personnes morales ou des personnes physiques. Depuis la loi de
99, ils n'ont pas la qualité de commerçant mais simplement la capacité civile. Ils peuvent donc
être mineurs.
Le capital social
Le montant du capital social est librement fixé par les statuts et divisé en actions. La loi ne
prévoit pas de valeur minimale ou maximale pour les actions de SAS, donc ce sont les
associés qui fixent librement la valeur nominale des actions en euros (centimes d'euros le cas
échéant). Toutes les actions doivent avoir la même valeur nominale. La loi n'exige pas de
capital social minimum. La SAS peut être constituée avec un capital variable.
Comme le prévoit l'article L 227- 2 du code du commerce, la SAS ne peut faire d'offre au
public de titres financiers ou à l'admission aux négociations sur un marché réglementé de ces
actions. Le capital social de la SAS peut être composé d'apports en numéraire, en nature ou en
industrie.
Les Apports
Concernant les apports en numéraire, il s'agit d'une somme d'argent, au moins la moitié des
apports en numéraire doit être libéré lors de la Constitution de la société, c'est à dire mise à
disposition et le solde dans les 5 ans qui suivent.
Les apports en industrie sont possibles à condition d’être prévus par les statuts. Les actions
émises en contrepartie des apports en industrie sont inaliénables. Ils donnent la qualité
d'associé, mais ne permettent pas d'augmenter le capital social.
Si l'étendue des droits de l’apporteur n'est pas fixée dans les statuts, la part de l’apporteur en
industrie est équivalente à celle de la société qui a le moins apporté.
À savoir l'apport en industrie, représente le coût qu'aurait dépensé la s à s pour acquérir d'une
autre manière l'expertise apportée par l'associé. Cependant, compte tenu de la valeur non
matérielle de ce type d'apport, son évaluation est souvent difficile à réaliser. Il est alors
conseillé de faire intervenir un commissaire aux apports.
L'Objet social
Comme toute société commerciale, ce sont les statuts qui déterminent l'objet social. Toute
activité économique peut être exercée sous forme de SAS.
La Dénomination Sociale
Les statuts déterminent la dénomination sociale qui est libre. À côté de cette dénomination
sociale, apparaît le sigle SAS.
FOCUS La SAS et l’offre au public de titres financiers
L’offre de titres financiers au public est proscrite. La violation de cette règle expose les
dirigeants à une amende ; les souscriptions ou les cessions d’actions sont nulles. Cependant, la
SAS est autorisée à procéder à des offres réservées à des investisseurs qualifiés ou à un cercle
restreint d’investisseurs ou encore portant sur des titres ne dépassant pas les montants fixés
par le règlement général de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Les dispositions légales impératives sont peu nombreuses, les statuts pouvant organiser les
pouvoirs des dirigeants et les droits et les obligations des associés.
A. La direction
Prérogatives.
Représentant légal de la société, le président est investi des pouvoirs les plus étendus pour
agir en toute circonstance au nom de celle-ci dans la limite de l’objet social. Aucune autre
disposition légale ne limite ses pouvoirs, contrairement au DG de la SA (ex : il peut librement
consentir des cautions au profit de tiers sans qu’une autorisation soit nécessaire). Il respecte
les pouvoirs des autres organes et les clauses statutaires limitatives de pouvoirs. Dans ses
relations avec la société, il agit dans l’intérêt social.
Les clauses statutaires limitatives de pouvoirs sont inopposables aux tiers.
Les dirigeants engagent leur responsabilité dans les conditions de droit commun.
Dans l'hypothèse où le président engage, la SAS dans un acte avec un tiers sans respecter les
statuts, il faut envisager plusieurs situations.
Le Président engage, la société dans un acte sans respecter l'objet social de la SAS. La
société est engagée par cet acte « à moins qu'elle ne prouve que le tiers savait que
l'acte dépassait cet objet ou qu'il ne pouvait l'ignorer, compte tenu des circonstances,
étant exclu que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve.
(Article L 227- 6 du code du commerce).
Le Président engage, la société dans un acte sans respecter la clause qui limitait ses
pouvoirs. La société reste engagée par cet acte, même si le tiers connaissait l'existence
de cette clause. En effet, cette clause est inopposable au tiers.
Dans tous les cas, si la société reste engagée par cet acte, elle peut toujours engager la
responsabilité civile du président en démontrant que l'acte est préjudiciable pour elle. Dans la
SASU, le président arrête le rapport de gestion des comptes annuel et, le cas échéant, les
comptes consolidés. Article L 227- 9 du code du commerce.
La responsabilité du président
Quand le Président est une personne morale les dirigeants de la personne morale, les
dirigeants de la personne morale sont soumis aux mêmes conditions et obligations que s'ils
étaient dirigeants en leur nom propre (article L 227- 7 du code du commerce).
Ils sont responsables des infractions aux lois et aux règlements applicables aux SAS, des
violations des statuts, des fautes commises dans sa gestion.
Les associés peuvent demander réparation du préjudice subi personnellement, il s'agit d'une
action individuelle mais ils peuvent également intenter une action sociale, seule ou à
plusieurs. Cette action sociale permet de réparer le préjudice subi par la société. Elle est
introduite par un associé agissant individuellement ou par des associés détenant au moins 5%
du capital éventuellement représentés par un ou plusieurs d'entre eux. Dans ce cas, les
dommages et intérêts obtenus reviennent intégralement à la société et non aux associés
demandeurs. L'action doit être intentée devant le tribunal du commerce dès lors que les faits
allégués se rattachent directement à la gestion de la société commerciale.
Enfin, dans tous les cas, s'agissant de la responsabilité civile, elle n'ouvrira droit à l'octroi de
dommages et intérêts que s'il existe un préjudice et un lien de causalité entre ce préjudice et la
faute reprochée au président.
Sur les conditions de forme de la révocation, à défaut de précision légale, la décision devra
être prise par une assemblée générale dans les conditions de forme prévues par les statuts. La
jurisprudence a développé la théorie de l'abus dans la révocation. Permettant l'octroi de
dommages et intérêts au président révoqué. Il s'agit de circonstances abusives dans la
révocation.
Enfin, le principe du contradictoire doit être respecté lors de la procédure. Le Président doit
être en mesure de pouvoir présenter sa défense. Dans le cas contraire la révocation n'est pas
annulée, mais l'intéressé peut demander l'octroi de dommages et intérêts devant le juge.
Et enfin pour la révocation judiciaire, quand le président est associé et détient plus de 50%
du capital social, il est de fait de protéger d'une décision de révocation. Afin d'éviter qu'il soit
irrévocable, le code de commerce prévoit que tout associé peut demander au tribunal la
révocation du président. Le tribunal pourra prononcer la révocation pour juste motif.
Directeur général.
Les statuts peuvent notamment prévoir qu’une ou plusieurs personnes autres que le président,
portent le titre de directeur général (DG) ou de directeur général délégué (DGD), en exercant
les pouvoirs reconnus par la loi au président.
La SAS aura alors plusieurs représentants légaux, sous réserve que ces dirigeants soient
mentionnés au RCS.
Exemple : Clause de nomination d’un directeur général « Le Président peut donner mandat à
une personne morale ou à une personne physique afin de l’assister en qualité de directeur
général. Le directeur général dispose des mêmes pouvoirs que le président, il peut notamment
engager la société à l’égard des tiers. »
B. La collectivité des associés
Le droit à l’information.
Le droit à l’information est réglementé par les statuts.
Le droit de participer aux décisions collectives peut être restreint par les statuts qui fixent :
• le mode de consultation (ex : consultation écrite, réunion en assemblée, utilisation de la
vidéoconférence, participation en ligne…)
• les formes de la consultation (ex : formalités de procuration, information préalable des
associés…)
• les conditions dans lesquelles s’exerce le droit de vote. Le droit de vote et l’adoption des
décisions. Le droit de vote est un droit fondamental dont l’associé ne peut pas être totalement
et définitivement privé par les statuts qui peuvent toutefois le limiter.
Exemple : Le droit de vote peut être supprimé de manière permanente pour certaines
décisions ou limité dans le temps pour l’ensemble des décisions.
Les statuts peuvent différencier le nombre de voix accordé à certains associés par rapport aux
autres associés. L’adoption des décisions est encadrée par la loi
Conditions de majorité
Clauses d’agrément.
Ces clauses impliquent la soumission de la cession d’actions à l’agrément de la société. Ces
clauses sont autorisées mêmes entre associés, et aussi éventuellement en cas de succession.
Elles permettent aux associés en place de contrôler l’admission d’un nouvel associé. Les
statuts doivent prévoir l’organe compétent pour statuer sur l’agrément. En cas de refus
d’agrément, la société doit racheter les actions (puis les céder ou les annuler dans les 6 mois).
Exemple Clause d’agrément « Les actions de la société ne peuvent être cédées, y compris
entre associés, qu’avec l’agrément préalable donné par décision collective des associés prise à
la majorité des voix des associés disposant du droit de vote sachant que les actions du cédant
ne sont pas prises en compte pour le calcul de cette majorité. La demande d’agrément doit être
notifiée par lettre recommandée avec demande d’avis de réception au Président. Elle indique
le nombre d’actions dont la cession est envisagée, le prix de cession, l’identité de l’acquéreur.
Cette demande d’agrément est transmise par le Président aux associés. Les associés disposent
d’un délai de deux mois à compter de la réception de la demande d’agrément pour faire
connaître leur décision au cédant, à défaut, l’agrément est réputé acquis.
En cas d’agrément, l’associé cédant peut réaliser librement la cession aux conditions notifiées
dans sa demande d’agrément. En cas de refus d’agrément, la société doit, dans un délai d’un
mois à compter de la notification de la décision de refus d’agrément, acquérir ou faire
acquérir les actions de l’associé cédant par un ou plusieurs associés ou par des tiers agréés. Si
le rachat des actions n’est pas réalisé du fait de la société dans ce délai d’un mois, l’agrément
du ou des cessionnaires est réputé acquis. Lorsque la société procède au rachat des actions de
l’associé cédant, elle est tenue dans un délai de 6 mois à compter de l’acquisition de les céder
ou de les annuler. Le prix de rachat des actions est fixé d’un commun accord entre les parties.
À défaut d’accord, le prix est déterminé par expert. Toutes les cessions d’actions effectuées en
violation de ces dispositions sont nulles. Au surplus, une telle cession constitue un juste motif
d’exclusion. »
Clauses d’exclusion.
Ces clauses obligent l’associé à céder ses actions et à quitter la société. Les statuts doivent
prévoir les motifs et les modalités de cette exclusion . Les effets de l’application d’une telle
clause peuvent être très lourds pour l’associé concerné. Si les statuts ne précisent pas le prix
de la cession des actions, le prix est fixé conventionnellement ou selon la procédure
d’expertise prévue par le Code civil. Si la société rachète les actions, elle doit les céder ou les
annuler dans les 6 mois.
Exemple Clause d’exclusion « Tout associé faisant l’objet d’une procédure de dissolution, de
redressement ou de liquidation judiciaire est exclu de plein droit. Par ailleurs, l’exclusion d’un
associé peut être également prononcée dans les cas suivants :
• violation des dispositions des présents statuts
• exercice direct ou indirect d’une activité concurrente de celle exercée par la société
• révocation d’un associé de ses fonctions de mandataire social.
L’exclusion d’un associé est prononcée par décision collective des associés statuant à la
majorité des voix des associés disposant du droit de vote, étant précisé que l’associé objet de
la procédure d’exclusion participe au vote et que ses actions sont prises en compte pour le
calcul de la majorité. Cette décision doit également statuer sur le rachat des actions de
l’associé exclu et désigner le ou les acquéreurs de ces actions. Elle est notifiée à l’associé
exclu par lettre recommandée avec demande d’avis de réception à l’initiative du président.
L’associé exclu doit céder la totalité de ses actions dans les 15 jours de la décision
d’exclusion ».
L’associé unique ne peut déléguer ses pouvoirs. Ses décisions sont répertoriées dans un
registre. Lorsque l’associé unique, personne physique, assume personnellement la présidence
de la société, le dépôt, dans le même délai, au RCS et au RNE de l’inventaire et des comptes
annuels dûment signés vaut approbation des comptes.
Cette configuration correspond plutôt aux petites structures (ex : un entrepreneur individuel
décide de créer une SAS pour anticiper l’arrivée à terme de nouveaux associés, ou pour
bénéficier du statut social du président). L’un des enjeux du choix de la SAS plutôt que de la
SARL est le statut social et fiscal du dirigeant. En SAS, le président est en effet assimilé à un
salarié (contrairement au gérant majoritaire de SARL). Ce choix doit être effectué en fonction
des attentes du futur dirigeant (niveau de rémunération, choix de la protection sociale, etc).
Expertise de gestion.
Un ou plusieurs associés représentant 5 % du capital, le ministère public ou le comité social et
économique (CSE) peuvent demander en justice la nomination d’un expert de gestion chargé
de présenter un rapport sur une ou plusieurs opérations de gestion.
Contrôle légal.
Le contrôle légal des comptes est effectué par le CAC nommé selon certaines conditions.
Le contrôle des conventions intervenues entre la SAS et un dirigeant ou un actionnaire
Principe.
Pour éviter que le dirigeant (président ou dirigeant défini par les statuts) ou des actionnaires
d’une SAS ne profitent de leurs fonctions pour conclure à leur profit une convention
désavantageuse pour la société, le Code de commerce prévoit une procédure applicable à
certaines conventions
Liberté statutaire.
La loi laisse aux statuts la liberté de créer des organes de contrôle supplémentaires (ex. :
conseil d’administration, comité de surveillance…).
L’évolution de la SAS
A. Les opérations sur le capital
B. La Transformation
Salon l'article L 227- 3 du code du commerce. La décision de transformer la SAS en une autre
forme de société requiert la majorité fixée dans les statuts ou à défaut à l’unanimité des
associés. Cette décision doit être donc prise par les associés ; elle obéit aux conditions
communes à toutes les sociétés. Elle a donc pour effet la disparition de la SAS.
La décision de transformation est précédée d'un rapport au commissaire aux comptes attestant
que le montant des capitaux propres est au moins égal à celui du capital social. Sachant que
cette règle est inapplicable en cas de transformation en société en nom collectif (SNC). En
outre, contrairement à la SA, la transformation de la SAS n'exige pas 2 ans d'existence pour
une transformation.
C. La dissolution
Les causes de dissolution sont les causes communes à toutes les sociétés. Si le montant des
capitaux propres devient inférieur à la moitié du capital, les associés doivent pouvoir décider
d’une dissolution anticipée de la société, comme en SA ou SARL. La dissolution entraîne la
liquidation de la SAS. La dissolution de la SAS suit les règles de droit commun ; celle de la
SASU, les règles de l’EURL.
A noter : la réunion une seule main, de toutes les actions n'est pas une cause de dissolution de
la SAS mais une transformation en SASU (article L227-4 du code du commerce).
La dissolution de la SAS entraîne les mêmes formalités que celles prévues pour les sociétés
commerciales ainsi que sa liquidation. La dissolution quelle qu'en soit la cause, ouvre
automatiquement la phase de liquidation de la société. Les SAS sont soumises aux règles de
droit commun de la liquidation, règlement du passif par la société, partage des biens et
l'éventuel Boni de liquidation.
Quant à la SASU, sa dissolution entraîne la transmission universelle du patrimoine de la
société, donc y compris le passif à l'associé unique, personne morale. Cela signifie que la
société personne morale supporte la totalité des dettes sociales, ce qui remet en cause la
limitation des responsabilités depuis la loi NRE, cette solution ne s'applique plus à l'associé
unique personne physique.