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GUIDE DU RAPPORTEUR
AU TRIBUNAL ADMINISTRATIF
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SOMMAIRE
2. LES VISAS..................................................................................... 18
3. MOTIFS.......................................................................................... 20
4. DISPOSITIF ................................................................................... 21
2
1.3 DELAIS SPECIAUX DE JUGEMENT ............................................ 30
3
2.2.1 INTERRUPTION DU DELAI DE RECOURS .......................................... 63
4
3.1.10 VISA DE L’ORDONNANCE DE CLOTURE OU DE REOUVERTURE DE
L’INSTRUCTION ......................................................................................... 96
5
4.4.2 JUGE UNIQUE DE L’ARTICLE R. 222-13 ...................................... 154
6
5.2.9 PREJUDICE .............................................................................. 287
7
6.3 RENVOI AU TRIBUNAL DES CONFLITS ................................... 344
8
7.1.1 MOTIFS ................................................................................... 371
9
8.1.3 CAS DE DESISTEMENT DE LA REQUETE ....................................... 396
10
9.1.4 REPORT DE L’AUDIENCE ........................................................... 441
11
10.4 TIERCE OPPOSITION ................................................................. 468
12
10.10.1 QUESTIONS PREALABLES .......................................................... 503
13
10.12.2 QUESTIONS PREALABLES ......................................................... 563
14
11.3.7 EFFETS DE L’ORDONNANCE CONDAMNANT AU PAIEMENT D’UNE
PROVISION ............................................................................................. 685
15
12.3.2 MOTIFS ................................................................................... 803
16
14.2.3 LA REMUNERATION DU MEDIATEUR ............................................. 837
17
RECOMMANDATIONS GÉNÉRALES DE PRESENTATION ET
DE REDACTION
L’attention du lecteur doit être appelée sur le fait qu’en matière de rédaction des décisions de justice,
le guide de référence est le « Vade-mecum sur la rédaction des décisions de la juridiction
administrative ». Les recommandations de rédaction qui suivent n’ont principalement vocation qu’à
rappeler certaines consignes qui figurent plus précisément et exhaustivement dans ce Vademecum.
1. Indications générales
Les décisions de justice des tribunaux et des cours commencent par la formule « AU NOM DU
PEUPLE FRANÇAIS », suivie de l’indication de la formation de jugement, et comprennent
successivement des visas (introduits par la formule « Vu la procédure suivante : »), des motifs
(précédés de la mention « Considérant ce qui suit : » et un dispositif (annoncé par « DECIDE » ou
« ORDONNE »).
La rédaction de la décision doit être claire, sobre, précise et grammaticalement correcte. Il convient
d’éviter les phrases trop longues, tout particulièrement la multiplication de subordonnées et
d’incidentes emboîtées. Il faut aussi veiller à n’employer que des termes appartenant à la langue
française. Il convient en outre d’éviter les anglicismes et de privilégier, aux termes étrangers ou latins,
des équivalents dans la langue française. Certains adages latins qui sont particulièrement d’usage
dans la langue française juridique peuvent être utilisés (non bis idem, in solidum...). La décision
juridictionnelle devant être compréhensible par les justiciables auxquels elle sera notifiée, doivent être
proscrits les mots désuets ou inusités (tels que, par exemple, « il appert (de) », « interjeter (appel) »,
« ester (en justice) »). Il convient en particulier d’éviter autant que possible les termes surannés tels
que « ladite décision » (à remplacer par « cette décision »), « susmentionné » ou « susanalysé »
(préférer : « mentionné précédemment » ou « analysé plus haut » ou « (…) ci-dessus »). Le mot
« susvisé », même s’il est employé par le guide de légistique, doit également être évité dans la
rédaction d’une décision juridictionnelle : le plus souvent, il suffit d’écrire simplement « le décret du
… », sa présence dans les visas n’ayant pas besoin d’être rappelée mais on peut aussi recourir à
l’expression « visé ci-dessus ». De même faut-il éviter de parler de pénalités « y afférentes », alors
qu’il est plus simple de dire « correspondantes ». Pour une liste des termes dont l’usage est
déconseillé, il est renvoyé au Vade-mecum de rédaction. Enfin, on peut le plus souvent
avantageusement remplacer « la décision en date du » par «la décision du », sauf dans le cas où on
veut éviter d’écrire «la décision du maire du ».
La désignation des ministres doit respecter l’intitulé exact qui était le leur, selon le cas, à la date de la
décision attaquée ou lors de l’introduction du recours ou de la présentation d’un mémoire. Il convient
de mettre, s’il y a lieu, la dénomination au féminin (il en est de même pour les autorités chargées de la
représentation de l’Etat ou d’une collectivité publique : la préfète, la rectrice, la maire, la présidente du
conseil départemental…). On peut, toujours dans les motifs, s’abstenir, si cela ne crée aucune
ambiguïté, de désigner systématiquement ces autorités par leur titre intégral, surtout s’il est long, et
s’y référer par des formules génériques telles que « le ministre » (ou, le cas échéant, « le ministre
chargé de … ») ou « le préfet ».
Il convient enfin de noter que la désignation, dans les visas, les motifs et le dispositif, de l’acte par
lequel le juge est saisi varie selon le mode de saisine et selon l’auteur du recours. Devant la cour,
l’usage est, pour éviter les confusions, d’utiliser le terme de « demande » pour désigner la requête de
première instance et, celui de « requête » pour désigner la requête d’appel, y compris lorsque le juge
d’appel est saisi par un ministre. Devant le tribunal administratif on parlera de requête.
2. Les visas
Les visas résument l’ensemble des pièces : requête (incluant la désignation de la décision attaquée),
mémoires, notes en délibéré, autres pièces du dossier et mentionnent les textes au vu desquels la
décision est rendue. On notera que le visa terminal des « autres pièces du dossier » couvre en
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particulier les pièces que les avocats intitulent parfois « mémoires de production » (par exemple, la
production du mandat) ; il ne faut, par conséquent, pas les viser en tant que tels.
Pour un traitement complet de cette question, il convient de se référer à la partie 3.1 du guide
consacrée aux visas.
Les visas doivent, en second lieu, résumer de manière fidèle, synthétique et ordonnée, l'essentiel de
l'argumentation des parties, c'est-à-dire contenir l'énoncé de tous les moyens invoqués dans
l’ensemble des écritures de chaque partie (ce sont des visas consolidés), tels que le rapporteur puis,
le cas échéant, la formation de jugement décident de les interpréter. Toutefois l’absence d’analyse
des moyens dans les visas n’affecte pas la régularité du jugement s’il est répondu à ces moyens dans
les motifs de la décision (CE, 26 mars 2003, Reniers, n° 227667). Par ailleurs, l’analyse des moyens
soulevés par les parties à l’appui de leurs conclusions n’est pas requise pour une ordonnance, dont
les mentions obligatoires sont régies par l’article R. 742-2, lequel déroge sur ce point aux dispositions
générales de l’article R. 741-2 (CE, 4 octobre 2004, Roels, n° 265162). En principe, l'énoncé d'un
moyen ne doit pas nécessiter plus d'une phrase brève entre deux points-virgules. Exceptionnellement,
il peut être admis de faire suivre cet énoncé d’un résumé des arguments et faits présentant une
importance particulière. Un mémoire en défense se limitant à la réfutation des moyens présentés par
le requérant peut être régulièrement visé et analysé par l'indication synthétique de ce que ce mémoire
indique qu'aucun des moyens du requérant n'est fondé (CE, 3 octobre 2012, Société Valterra et
Société Champagne Epandage, n°349281). Doivent, en revanche, être explicitement visés les
moyens spécifiques en défense (les fins de non-recevoir ainsi que les exceptions de non-lieu et
d’incompétence) et l’inopérance d’un moyen.
Pour satisfaire aux prescriptions de l’article R. 741-2, les mémoires en défense, en réplique et les
éventuels autres mémoires produits avant clôture de l’instruction doivent tous être visés et analysés
(CE, 9 juin 2010, Mme Dornel, n° 313322).
Dans les affaires où une personne n'est ni demandeur ni défendeur mais où il a paru utile de lui
communiquer la requête pour observations (par exemple, un ministre), les observations de cette
dernière sont visées sans mention de leur sens, ni de l’argumentation qu’elles contiennent.
Les mémoires présentés sous une forme irrégulière (défaut de ministère d'avocat, par exemple) sont
visés sans être analysés. Il en va de même pour ceux qui sont présentés après la clôture de
l'instruction (CE, 27 juillet 2005, Bereville, n° 258164).
Sont aussi visées la lettre par laquelle le greffe a communiqué aux parties un moyen relevé d'office et
les réponses apportées par les parties à cette communication.
Sont visés dans l'ordre : éventuellement, la Constitution, les conventions internationales par ordre
chronologique, le droit dérivé de l’Union, les codes par ordre alphabétique et, dans l'ordre
chronologique, les lois organiques, les autres lois (dont la loi du 10 juillet 1991, en cas de demande de
frais au titre de l’article L. 761-1 du CJA par un avocat désigné au titre de l’aide juridictionnelle), puis
les décrets et arrêtés ministériels ou interministériels à caractère réglementaire et, enfin, le code de
justice administrative.
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Éventuellement, il faut aussi viser les textes comportant attribution de compétence spéciale à la
juridiction administrative.
La numérotation des textes est la règle, depuis 1945, pour les lois, les ordonnances et les décrets
réglementaires. Pour les textes antérieurs et les arrêtés ministériels, qui n’en comportent pas, on vise
le texte en lui donnant son intitulé complet (« arrêté du … relatif à… »). Pour les directives
européennes, il n'y a pas lieu, en revanche, de faire précéder leurs références de l'abréviation « n° ».
3. Motifs
Il est le plus souvent inutile de commencer par un « chapeau visa » s’il ne fait rien d’autre que
rappeler l’objet de la requête qui a déjà été indiqué au début des visas. Il peut en revanche être
opportun, notamment dans certaines affaires complexes, de commencer par un résumé des données
factuelles du litige, si ce rappel est nécessaire à la compréhension de ce qui suit.
Sous cette réserve, on doit d'abord statuer sur la question de droit, en citant les textes et en donnant
leur interprétation si elle est discutée ou paraît utile pour poser une règle de principe. Le numéro du
texte, qui figure dans les visas, n’a pas à être repris dans les motifs de la décision. Il en va
différemment si elle fait application de deux textes de même niveau et de même date, qui doivent
alors être distingués par la mention de leur numéro. L’indication de son intitulé complet (« loi…relative
à… ») peut être utile à la compréhension de la citation de texte mais elle n’est le plus souvent pas
nécessaire. Il n’y a pas de lieu de reproduire l’astérisque des articles règlementaires codifiés sous la
forme « article R.* … ».
Les citations doivent être limitées au strict nécessaire, c’est-à-dire aux seules phrases ou membres de
phrases directement applicables à l'espèce. S’il est nécessaire d’identifier les alinéas d’un texte, ceux-
ci peuvent être séparés par le signe « / ». Dans bien des cas, ces citations peuvent avantageusement
être remplacées par un résumé des règles applicables tel que « il résulte des dispositions combinées
des articles x et y que … ». Il faut en tout cas proscrire la pratique, facilitée par la technique du
« copier-coller », consistant à procéder à de longues citations intégrales des dispositions en cause.
Une telle dérive conduit à accroître inutilement la longueur des décisions, tout en nuisant à leur
compréhension. Il en va de même de la pratique consistant à citer deux fois le même texte dans la
même décision.
Une fois la règle posée ou résumée dans ce paragraphe - qui sera généralement le premier - il
convient de faire application à l'espèce des principes ainsi dégagés.
Si la décision est longue et si elle traite de questions qui ne se suivent pas dans un seul raisonnement
logique, il est recommandé d'y intercaler des sous-titres. Dans la mesure où un titre n’est éclairant que
parce que les motifs de la décision en comportent d’autres, les titres et sous-titres vont toujours au
minimum par paire. Il ne faut donc pas prévoir un sous-titre unique pour isoler une seule partie des
motifs (notamment pour les frais prévus à l’article L. 761-1). Si nécessaire, en cas de décision
particulièrement longue, ces sous-titres pourront être hiérarchisés en deux niveaux (« sur …», « en ce
qui concerne …») ou trois (« s’agissant de …») voire quatre (« quant à...», le premier niveau étant
éventuellement précédé d’un numéro en chiffres romains). Les titres et sous-titres sont soulignés et
suivis des deux-points (« : »).
Les paragraphes ou points de chaque jugement, ordonnance ou arrêt doivent être numérotés en
ayant recours à la fonction de numérotation automatique du logiciel de traitement texte (Word). Le
20
rapporteur veillera à l’actualisation des citations de paragraphes en fonction des changements de
numérotation.
4. Dispositif
Le dispositif exprime le sens de la décision qui découle du raisonnement énoncé dans les
paragraphes, en un article (par exemple, le rejet) ou plusieurs (annulation partielle ; rejet du surplus
des conclusions). Les articles du dispositif doivent fidèlement refléter les différents éléments de la
décision, tels qu’ils ont été énoncés dans les motifs. Il faut veiller à ne pas en omettre un seul,
notamment les demandes présentées au titre de l’article L. 761-1 du CJA. Les sommes d’argent ne
sont mentionnées qu’en chiffres. Le dernier article du dispositif ordonne la notification de la décision.
Celle-ci est faite (dans l'ordre) au requérant, au défendeur, aux ministres intéressés, aux personnes
mises en cause, aux intervenants. Il n’y a pas lieu de notifier les décisions à un ministre, lorsque l’État
n’est pas partie à l’instance.
5. Précisions complémentaires
Le choix de l’intitulé suit traditionnellement les principes suivants : pour les contentieux autres que
celui des élections, lorsque l’auteur de la requête est une personne physique, son nom de famille
(précédé de la civilité abrégée) 1, précédé de « M. » ou « Mme », sans prénom, tient lieu d’intitulé. S’il
s’agit d’une personne morale, il convient de reprendre sa dénomination, précédée de la forme sociale,
celle-ci pouvant être admise en forme abrégée pour les sociétés (SARL, SCI, SA…). Lorsque le
demandeur est une autorité administrative susceptible d’être partie dans un grand nombre de litiges
(ministres, villes importantes), sa dénomination est complétée par le nom du défendeur, précédé de
l’abréviation «c/» (et de la civilité abrégée). Dans le cas de pluralité de demandeurs ou de défendeurs,
il est admis de reprendre leurs noms (reliés par « et ») dans l’intitulé jusqu’à deux et, s’ils sont plus de
deux, d’employer la formule « et autre(s) » suivant le premier nom, seul retenu. Toutefois, compte
tenu des inconvénients que présentent des intitulés trop longs, ces principes peuvent être adaptés
aux particularités d’une affaire.
Il importe, à cette occasion, de vérifier l’exactitude des noms saisis dans Skipper lors de
l’enregistrement de la requête. S’agissant des justiciables représentés (et notamment des incapables),
l’intitulé de la décision doit tirer les conséquences des règles énoncées plus loin quant à l’identité des
parties : il convient donc de retenir comme requérant le représentant dans le cas d’incapacité totale
(mineurs, majeurs en tutelle) et la personne représentée dans le cas d’incapacité partielle ou
éventuellement temporaire (sociétés en redressement judiciaire).
S’agissant du contentieux électoral, une tradition bien établie conduit à désigner les décisions statuant
sur un scrutin par le nom de ce scrutin dans la circonscription considérée : «Élections municipales de
Paris (12e secteur) »2, «Élections cantonales de Montauban IV», «Élection du maire et des adjoints de
Bouray-sur-Juine » etc.
1
A savoir : « M. » pour « Monsieur », « Mme » pour « Madame.
2
Il n’est toutefois pas utile de faire suivre le nom de la commune de l’indication du département.
21
outre, admis d’utiliser des sigles pour désigner les différentes formes juridiques des sociétés et
groupements :
Les sigles sont composés en capitales accolées les unes aux autres, sans points abréviatifs.
Ex. : « la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) » ou « la Société nationale des
chemins de fer français (SNCF) ».
Les mêmes règles doivent être observées pour les juridictions, y compris dans l’en-tête de
l’ordonnance, du jugement ou de l’arrêt : « le tribunal administratif de Lille », « la cour administrative
d’appel de Douai », mais « le Tribunal des conflits, la Cour de cassation, la Cour nationale du droit
d’asile ».
Pour les innombrables conseils, comités et commissions institués à l’intérieur des administrations, on
réservera la majuscule à ceux que leur nature et, éventuellement, leur appellation elle-même
conduisent à regarder comme suffisamment spécifiques pour être uniques en leur genre (par
exemple, « la Commission de la transparence » ; mais prennent une minuscule, par exemple,
22
« le conseil supérieur de la fonction publique territoriale » ou « la commission des recours des
militaires »).
Si un texte législatif ou réglementaire a utilisé des majuscules pour désigner un organisme, il faut le
respecter.
Le principe s’applique selon les mêmes critères aux appellations des actes juridiques : « la
Constitution » (en vigueur) ; « le Préambule de la Constitution du 27 octobre 1946 » ; « la Déclaration
des droits de l’homme et du citoyen » ; « la Charte de l’environnement » ; mais : « le code de l’entrée
et du séjour des étrangers et du droit d’asile » ; « la directive 79/409/CEE du Conseil du 2 avril 1979
concernant la conservation des oiseaux sauvages ».
Pour les conventions internationales, bien que le nom donné à certaines d’entre elles par ses
signataires ou par la pratique puisse apparaître comme suffisamment spécifique pour revêtir un
caractère de propriété marqué3, un souci de simplification conduit à recommander d’éviter dans tous
les cas de leur donner une majuscule : on écrira donc « la convention européenne de sauvegarde des
droits de l’homme et des libertés fondamentales » ou « le traité sur l’Union européenne ».
Il arrive également que la majuscule, dite alors « de signification », serve à distinguer deux substantifs
d’orthographes identiques mais d’acceptions différentes : il en va ainsi pour « État », au sens de
collectivité politiquement constituée, qui, dans cette acception prend toujours une majuscule (« les
États membres », « le secrétaire d’État ») ; on écrira également : « le comptable du Trésor ». La
même règle s’applique aux adjectifs substantivés de nationalité : « les Français » (par opposition à :
« le français », langue officielle de la République française).
S’agissant des personnes morales de droit privé, le nom qu’elles se sont donné en propre doit être
respecté, y compris dans sa typographie.
Prennent également une majuscule les adjectifs ou adverbes qui forment le premier terme d’un nom
propre composé (« la Haute Cour » ; « le Premier président de la Cour des comptes ») ou sont liés par
un trait d’union à un substantif dans un nom propre (« les Pyrénées-Orientales »).
Enfin, il convient de noter que, dans la page de signature de la décision, le nom des magistrats et du
greffier s’écrit en caractère normaux d’imprimerie et non pas en lettres capitales.
Lorsqu’une partie succède à une autre (reprise d’instance après décès, fusion), la formule consacrée
est : «(requérant actuel) venant aux droits de (requérant initial)»5. Il peut y avoir lieu de répéter cette
formule dans les motifs de la décision.
Dans les cas de représentation obligatoire (par les parents, un tuteur ou un mandataire de justice), le
visa de la requête suivra les mêmes règles que l’intitulé de la décision : elle doit être regardée comme
émanant de l’intéressé ou de son représentant, en fonction du caractère temporaire ou définitif et
partiel ou total de l’incapacité nécessitant la représentation ; il convient donc de retenir comme
requérant le représentant dans le cas d’incapacité totale (mineurs, majeurs en tutelle) ou quasi-totale
(sociétés en liquidation judiciaire) et la personne représentée dans le cas d’incapacité partielle ou
éventuellement temporaire (majeurs en curatelle, sociétés en redressement judiciaire).
3
Et contrairement aux usages diplomatiques tels qu’ils se manifestent, dans le texte des accords eux-mêmes, par une
tendance à multiplier les majuscules.
4
Et contrairement aux usages diplomatiques tels qu’ils se manifestent, dans le texte des accords eux-mêmes, par une
tendance à multiplier les majuscules.
5
Ex. : CE, 7 juillet 2006, Mme Bakima, n° 262781 ; CE, 30 janvier 2008, Société SOGEPARC CGST, n° 272642.
23
Ils doivent être écrits en toutes lettres (« deux mois », « troisième alinéa de l’article… », « âgé de
soixante ans », sauf lorsqu’ils expriment une date (« au cours de l’année 2007 »), une unité de
mesure (« 200 mètres ») ou une somme d’argent (« 3000 euros »).
- mettre une partie en demeure de produire quand elle n’a pas respecté le
délai qui lui avait été imparti à cet effet (art. R. 612-3 ;
24
En cas de délégation, le président de la formation de jugement conserve le
pouvoir de prendre les actes susceptibles d’être signés par le rapporteur et il reste
souhaitable, dans tous les cas, que celui-ci informe son président du choix de la
mesure qu’il envisage d’adresser aux parties.
Pour les affaires relevant d’un juge statuant seul, celui-ci exerce, sans délégation
particulière, « toutes les attributions dévolues par les dispositions réglementaires du
(code de justice administrative) à la formation de jugement ou à son président » (art. R.
222-16).
A. Cas généraux
25
des pièces produites au cours de l’instance qui n’auraient pas été préalablement
communiquées à chacune des parties (CE, Section, 1er octobre 2014, Erden,
n° 349560).
Il s’agit là d’une faculté pour le juge administratif, qui devient toutefois une
obligation – prescrite à peine d’irrégularité du jugement ou de l’arrêt – si l’état de
l’instruction ne lui permet pas de déterminer, au regard des contestations des parties,
le caractère légalement communicable de ces documents ou d’apprécier les modalités
de cette communication (CE, 23 juillet 2010, Office national des forêts c/ M. Jurien de
La Gravière, n° 321138 ; CE, 13 mars 2020, Association contre l'extension et les
nuisances de l'aéroport de Lyon-Saint-Exupéry et Mme Delorme, n° 426623).
26
La loi n° 2018-670 du 30 juillet 2018 relative à la protection du secret des affaires
a introduit en contentieux administratif des dispositions destinées à tenir compte des
exigences liées à la protection du secret des affaires et qui peuvent être de nature à
modifier les solutions jurisprudentielles rappelées ci-dessus.
1.1 AVOCATS
● Avocats – Observations.
27
Si le jour de l’audience un avocat différent de celui qui a signé les mémoires se
présente pour présenter des observations orales, on le précise dans les visas en ces
termes : « - et les observations de Me ***, substituant Me ***, représentant *** ».
Lorsqu’une partie domiciliée à l’étranger est représentée par un avocat, elle est
réputée faire élection de domicile au cabinet de son conseil, ainsi que le prévoit le
second alinéa de l’article R. 431-2 du code de justice administrative (cf. p. ex. : CE, 26
juillet 1985, SA Secrétariat général intermédiaire Rhône-Alpes, n° 45051). En
conséquence, n’est pas applicable à une telle partie l’article R. 431-8 du CJA, qui ne
s’applique qu’aux parties non représentées par un avocat et leur impose, lorsqu’elles
ont leur résidence en dehors du territoire français, de l’UE, de l’EEE ou de la Suisse,
de faire élection de domicile sur l'un de ces territoires.
Bien utilisée, cette technique peut accélérer l’instruction des dossiers et éviter
qu’ils enflent de manière inconsidérée. La mise en œuvre d’un calendrier de procédure
impose toutefois que le rapporteur ait une bonne connaissance du stock des dossiers
qui lui sont affectés.
28
En cours d’instance, lorsque l’affaire est en état d’être jugée, l’instruction peut
être close avec effet immédiat lorsque les parties ont été informées de la date ou de la
période à laquelle il est envisagé d’appeler l’affaire à l’audience et de la date à partir de
laquelle l’instruction pourra être close. Lorsque cette date est échue, l’instruction peut
être close immédiatement, c’est-à-dire à la date d’émission de l’ordonnance de clôture
d’instruction (3e alinéa de l’art. R. 613-1) ou à la date d’émission de l’avis d’audience
(3e alinéa de l’art. R. 613-2).
1°) La première hypothèse est celle, prévue par les articles R. 612-3, R. 613-1 et
R. 613-2 du CJA, dans laquelle une partie appelée à produire un mémoire n’a pas
respecté, depuis plus d’un mois, le délai qui lui a été assigné à cette fin par une mise
en demeure assortie de l’indication de la date ou de la période à laquelle il est
envisagé d’appeler l’affaire à l’audience et reproduisant les dispositions prévoyant la
possibilité d’une clôture à effet immédiat. Les autres parties doivent en être informées.
Si la partie mise en demeure de produire a respecté le délai qui lui avait été
imparti pour produire ou si elle a produit son mémoire dans le délai d’un mois suivant
l’échéance de la mise en demeure, le juge ne peut, à peine d’irrégularité de sa
décision, prendre une ordonnance portant clôture de l’instruction avec effet immédiat
(CE 9 novembre 2018, Association Comité de défense de quartier centre-ville Logis-
Lautin, n°411364), sauf s’il a adressé ultérieurement aux parties un nouveau courrier
en application de l’article R. 611-11-1 du code de justice administrative.
2°) La seconde hypothèse est celle, prévue par l’article R. 611-11-1 du CJA,
dans laquelle, l’affaire étant en état d’être jugée, les parties ont été informées de la
date ou de la période à laquelle il est envisagé de l’appeler à l’audience et de la date à
partir de laquelle l’instruction pourra être close par une clôture à effet immédiat.
Dans cette seconde hypothèse, l’affaire est « en état d’être jugée » lorsque le
juge estime qu’elle l’est, même en l’absence de production de mémoire par la partie en
défense, dès l’échéance du délai qui lui avait été imparti à cet effet, que cette partie ait
ou non été mise en demeure de produire (CE, Section, 26 juillet 2022, Mme Vincler,
n° 437765).
- cette faculté n’est ouverte qu’une fois expiré chacun des délais laissés aux
parties pour produire un mémoire ou répliquer aux mémoires communiqués.
29
envisagé d’appeler l’affaire à l’audience et ce, quand bien même le respect de ces
indications n’est pas prescrit à peine d’irrégularité du jugement.
Dans le tableau reproduit ci-dessous, qui n’est pas exhaustif, il n’est pas fait
mention des très nombreuses spécificités du droit fiscal (référé fiscal notamment) et du
droit électoral (élections politiques, professionnelles et universitaires). Pour davantage
de précisions concernant le contentieux des étrangers, il est recommandé de consulter
le tableau de synthèse qui se trouve sur l’intranet dans la rubrique « Productions du
CRDJ / Documentation thématique ».
30
Décisions des Art. D. 719-40 6 jours 2 mois
commissions de code
contrôle des d’éducation
opérations
électorales (élections
universitaires)
Démission d’office Art. L. 2121-5 et 1 mois 1 mois Dessaisissement
d’un conseiller R. 2121-5 du
municipal C.G.C.T.
Démission d’office Art. L. 236 et 10 jours 2 mois Dessaisissement
d’un conseiller R. 119 et (CE, 19 juin 1998,
municipal devenu suivants du M. Siffre et autres,
inéligible code électoral n°s 191125,
postérieurement à 191126, 191127 )
son élection
Démission d’office Articles 1 mois 1 mois Dessaisissement
d’un conseiller L. 3121-4 et
départemental R. 3121-1 du
C.G.C.T.
Démission d’office Articles L. 205 10 jours 3 mois Dessaisissement
d’un conseiller et R. 114 du (CE, 19 juin 1998,
départemental code électoral Bernardini, n°
devenu inéligible 191314)
postérieurement à
son élection
Droit au logement Articles 4 mois à 2 mois
opposable L. 441-2-3-1 du compter de
code de la l’expiration des
construction et délais
de l’habitation, d’exécution
L. 778-1 et impartis à
R. 778-1 et l’administration
suivants du
code de justice
administrative
Élection de locataires Article R. 421-7 15 jours suivant 3 mois
au conseil du code de la le
d’administration des construction et dépouillement
organismes d’H.L.M. de l’habitation
Exécution des Phase 3 mois ou bien 6 mois (le cas Classement ou
jugements administrative sans délai s’il échéant passage à la
Articles s’agit d’une prolongé de phase
R. 921-1 et s. décision quatre mois : juridictionnelle
du C.J.A. ordonnant une article R. 921-6
mesure alinéa 2)
d’urgence
1 mois à
Phase compter de la
juridictionnelle notification du
31
Article R. 921-6 classement ou
du C.J.A. 6 mois à
compter de la
Urgence
saisine initiale
Injonctions de retrait Art. 3 et 4 du 48 heures 72 heures
des contenus à règlement (UE)
caractère terroriste 2021/784 du
en ligne ou de Parlement
blocage de l’accès à européen et du
ces contenus Conseil du 29
avril 2021 relatif
à la lutte contre
la diffusion des
contenus à
caractère
terroriste en
ligne
Art. 6-1-5 (I à
III) de la loi n°
2004-575 du 21
juin 2004 pour
la confiance
dans l’économie
numérique
Art. R. 773-52 à
R. 773-54 du
code de justice
administrative
Injonctions aux Art. 5 du 15 jours 1 mois
fournisseurs de règlement (UE)
services 2021/784 du
d’hébergement Parlement
déclarés exposés à européen et du
des contenus à Conseil du 29
caractère terroriste et avril 2021 relatif
décisions les à la lutte contre
déclarant exposés à la diffusion des
de tels contenus contenus à
caractère
terroriste en
ligne
Art. R. 311-6 du
Installations et code de justice 2 mois, non 10 mois Dessaisissement
ouvrages de administrative prorogeable par
32
production d’énergie l’exercice d’un
renouvelable (hors Concerne les recours + 6 mois, en
énergie éolienne) : décisions, administratif cas de sursis à
Décisions, y compris énumérées par statuer en
de refus, concernant cet article, application de
les installations de prises entre le l’art. L. 181-18
méthanisation, les 01/11/2022 et le du code de
centrales 31/12/2026 l'environnemen
photovoltaïques, les t ou de
gites géothermiques l’art. L. 600-5-1
et les installations du code de
hydroélectriques, l'urbanisme, à
ainsi que leurs compter de
ouvrages de l’enregistement
raccordement aux du mémoire
réseaux publics de transmettant la
transport et mesure de
distribution régularisation.
d’électricité
33
Mesures individuelles Art. L. 228-2 et Mesures
de contrôle L. 228-5 du initiales et
administratif et de code de la renouvellement
surveillance des art. sécurité : 2 mois
L. 228-2 (interdiction intérieure 15 jours
de se déplacer à (art. L. 228-2,
Art. R. 773-37 à
l’extérieur d'un dernier alinéa)
R. 773-51 du
périmètre ou
code de justice
géographique, administrative 1 mois
présentation (art. L. 228-5,
périodique aux dernier alinéa)
Renouvellement
services de police ou
:
de gendarmerie,
déclaration de son 48 heures
lieu d’habitation) et (insusceptible
L. 228-5 du code de de prorogation) 72 heures
la sécurité intérieure
(interdiction de se
trouver en relation
avec certaines
personnes)
34
sans délai de départ CESEDA et
volontaire prise sur le R. 776-5 du
fondement des 3°, 5° CJA.
ou 6° de l’art. L. 611-
1 du CESEDA
35
Refus d’entrée sur le Art. L. 352-4 du 48 heures 72 heures
territoire français au code de l’entrée
titre de l’asile et du séjour des
étrangers et du
droit d’asile et
L. 777-1 du
code de justice
administrative
Réclamations Article L. 201 D 2 mois 3 mois Dessaisissement
relatives aux du LPF (qui et transmission
évaluations renvoie aux d’office de la
cadastrales des articles 1504 et réclamation à la
valeurs locatives 1518 ter du CAA
CGI) territorialement
compétente
1.4 REGULARISATIONS
● Régularisations – Observations.
Le délai imparti pour régulariser la requête ne peut être inférieur à quinze jours.
A l’issue de ce délai, le recours peut être immédiatement rejeté comme irrecevable si la
demande de régularisation est demeurée sans effet (CE, 28 janvier 1998, Epoux
Merrain et autres, n° 160042).
36
Il convient d’être attentif à la rédaction de la demande de régularisation, qui ne
peut se borner à évoquer la cause de l’irrecevabilité sans mentionner la possibilité de
régulariser la requête, et doit fixer un délai à cette fin. Une lettre informant les parties,
en application de l'article R. 611-7 du code de justice administrative, que la décision est
susceptible d’être fondée sur un moyen relevé d’office tiré d’une cause d’irrecevabilité
régularisable après l’expiration du délai de recours, sans mentionner la possibilité de
régulariser la requête ni fixer un délai à cette fin, ne peut tenir lieu de l'invitation à
régulariser prévue par l’article R. 612-1 du même code (CE, 13 juillet 2016,
M. Delhaye, n° 388803).
Alors que les mémoires rédigés en langue étrangère doivent faire l’objet d’une
régularisation à peine d’irrecevabilité (cf. : « Irrecevabilités et régularisations »), tel
n’est pas le cas s’agissant des pièces qui y sont annexées. La décision Callejo
Madrigal (CE, 27 février 1987, 62861), en vertu de laquelle la commission de recours
des réfugiés n’était tenue de prendre en considération les pièces annexées à la
demande que si ces pièces étaient établies en langue française ou si, établies en
langue étrangère, elles étaient accompagnées d'une traduction en langue française
certifiée conforme et n’était pas tenue d'inviter le requérant à produire une telle
traduction, a été étendue et précisée : ainsi, le juge, qui a la faculté et non l’obligation
d'exiger la traduction des pièces annexes rédigées dans une autre langue que le
français lorsque cela lui est nécessaire pour procéder à un examen éclairé des
conclusions de la requête, peut régulièrement se fonder sur ces pièces rédigées en
langue anglaise (CE, Section,15 décembre 2000, SA Polyclad Europe, n° 194696). De
même, aucun texte ni aucune règle générale de procédure n'interdit au juge de tenir
compte d'un contrat de travail produit au cours de l'instruction, alors même qu'il est
rédigé en langue anglaise (CE, 17 décembre 2010, Leostic, n° 306174). Pour assurer
le respect du principe du contradictoire, un temps suffisant doit être laissé à l’autre
partie (cas de la production à l’audience d’une pièce en portugais (CE, 24 septembre
1999, Préfet d’Indre-et-Loire c/ Imtiaz, n° 201968).
Lorsque la requête ne relève pas des cas énumérés à l’article R. 222-1 du CJA
mais que « la solution de l’affaire est d’ores et déjà certaine », le rapporteur peut
proposer au président de la formation de jugement de dispenser cette requête
d’instruction (article R. 611-8 CJA). Cette compétence ne peut être déléguée au
rapporteur.
37
qu’un seul moyen qui se heurtait à l’exception de chose jugée (CE, 18 mars 1959,
Dagan, n° 38532, p. 1065).
S’il décide de faire application des dispositions de l’article R. 611-8, le juge n’est
pas tenu d’avertir le requérant en lui notifiant la décision de dispense d’instruction (CE,
29 juillet 1983, Méallier, n° 43140).
Un tribunal ne peut, sans entacher son jugement d’irrégularité, fonder celui-ci sur
des éléments de pièces jointes ou d’un mémoire qui n’ont pas été communiqués (CE,
13 juin 1994, Commune de Saint-Maurice-sur-Dargoire et autres, n° 122308).
38
possibilité pour le juge de se fonder, pour écarter un moyen tiré de l’incompétence de
l’auteur de l’acte, sur la publication régulière de la délégation de signature, sans qu’il
soit tenu de la communiquer aux parties : CE, 26 septembre 2001, Ferjani, n°206386).
2°) Quand la décision attaquée émane d’une autorité agissant au nom de l’État,
la copie de la requête et les divers actes de procédure sont communiqués à l’autorité
compétente pour représenter l’État devant le tribunal (art. R. 611-12 du CJA).
En principe, c’est le ministre intéressé qui est compétent pour représenter l’Etat
devant le tribunal (art. R. 431-9 du CJA).
39
de délégataire du signataire du mémoire en défense, l’identification et l’adresse du
service défendeur pourront, par commodité, être modifiées pour la suite de la
procédure. Dans le doute, il conviendra de conserver l’administration centrale comme
défendeur.
Quand la décision attaquée a été prise par une autorité déconcentrée autre que
le préfet (et sous réserve des exceptions indiquées ci-dessous), cette autorité peut être
mentionnée en observateur.
- le ministre de la justice est, quel que soit l’auteur de la décision attaquée, seul
compétent pour représenter l’ensemble des juridictions et services placés auprès de
lui, ceux-ci ne relevant pas de l’autorité du préfet (cf. circulaire du SG du CE du 16
février 2007)(CE, 31 mars 2008, Garde des sceaux, ministre de la justice c. Barcos,
n°307435, pour les services pénitentiaires ; CE, 15 mai 2012, Ministre de la justice et
des libertés c. Département des Bouches-du-Rhône, n°336431, pour les
établissements et services de la protection judiciaire de la jeunesse) ;
- le ministre intéressé est compétent pour défendre l’Etat et, le cas échéant,
intervenir, dans le cadre des contentieux des actions de groupe (articles R. 77-10-6 du
CJA et R. 77-11-1 s’agissant des actions de groupe relatives à une discrimination
40
imputable à un employeur) et des actions en reconnaissance de droits (article R. 77-
12-7 du CJA) ;
- le directeur général de Pôle emploi est compétent pour représenter l’Etat bien
que les décisions prises par cette institution le soient au nom de l’Etat (article R. 431-9
du CJA et article R. 5312-5 du code du travail) ;
- pour le contentieux des personnels de police, le préfet compétent est celui sous
l’autorité duquel est placé le secrétariat général pour l’administration de la police
(SGAP) concerné (cf. décret n° 2004-1339 du 7 décembre 2004) ;
* le recteur pour le contentieux relatif aux décisions prises par ses services dans
l’exercice des missions relatives au contenu et à l’organisation de l’action éducatrice
ainsi qu’à la gestion des personnels et des établissements qui y concourent
(article D. 222-35 du code de l’éducation),
41
* le directeur interrégional de la mer pour le contentieux des décisions prises en
matière d’inspection de la législation du travail maritime (décret n° 89-917 du 21
décembre 1989).
NB : les règles rappelées ci-dessus ne doivent pas être confondues avec les
règles sur la notification des jugements (cf. 9.2 Notification / 9.2.1 Généralités)
3°) Quand la décision attaquée émane d’une autorité agissant comme organe
d’une collectivité ou d’un établissement décentralisé, le rapporteur communique la
requête au représentant légal de cette collectivité (maire, président de la région, du
département, de la commission administrative, etc.).
2°) En outre, par un appel en cause pour observations, il est toujours loisible au
tribunal de communiquer la requête à toutes les personnes dont il estime utile de
42
recueillir les observations. Ces personnes sont alors présentes à l’instance en qualité
d’observateur, sans y être parties.
Dans les affaires de plein contentieux, le tribunal ne peut mettre en cause que
les personnes expressément visées par la requête ou dont l’une des parties demande,
dans le cours de l’instruction, la mise en cause.
Dans ces deux hypothèses, le défaut de mise en cause est un motif d’annulation
du jugement que le juge doit relever d’office (CE, avis, 7 octobre 2013, ONIAM, n°
369121, et les décisions Strada et Centre hospitalier de Troyes précitées).
43
● Mise en cause – Office national d’indemnisation des
accidents médicaux, des affections iatrogènes et des
infections nosocomiales (ONIAM).
- des dommages résultant d’un accident médical qui n’est pas imputable à la
faute d’un professionnel de santé, dans des conditions définies par le II de l’article L.
1142-1 du code de la santé publique, sous réserve que le préjudice subi par la victime
excède un seuil de gravité fixé par l’article D. 1142-1 ;
44
L’ONIAM est également compétent, en lieu et place de l’Etablissement français
du sang (EFS) pour indemniser les victimes de préjudices résultant de la contamination
par le virus de l’hépatite C causée par une transfusion de produits sanguins ou une
injection de médicaments dérivés du sang (cf. article L. 1221-14 du code de la santé
publique) (v. CE, avis, 7 décembre 2009, M. Lacroix et M. et Mme Bergdoll, n os 329466
et 329489 et CE, 22 octobre 2014, Office national d’indemnisation des accidents
médicaux, des affections iatrogènes et des infections nosocomiales c/ MAIF, n°
369081). L’ONIAM est destinataire de toute demande en justice relative à la réparation
de ces préjudices (cf. article R. 1221-77 du code de la santé publique).
Le Défenseur des droits, qui a repris les attributions de la Haute autorité de lutte
contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE), peut, en application de l’article 33
de la loi organique n° 2011-333 du 29 mars 2011, être invité à présenter des
observations. Il peut lui-même demander à présenter des observations.
La décision comporte en pareil cas, dans les visas de textes, « Vu : (…) - la loi
organique n° 2011-333 du 29 mars 2011, notamment son article 33 ; ». L’article de
notification doit en outre comporter la mention « copie en sera adressée, pour
information, au Défenseur des droits » (cf. par ex. CE, Assemblée, 11 avril 2012, GISTI
et autre, n° 322326).
Si le fonds, subrogé dans les droits de la victime, n’est pas appelé dans
l’instance engagée par celle-ci contre une personne responsable de son préjudice, il
est recevable à former tierce opposition au jugement rendu dans cette instance et qui
préjudicie à ses droits (même décision).
45
Même si l’absence de mémoire en défense ne fait pas obstacle à ce que le juge
statue sur une demande (CE, Assemblée, 8 avril 1987, Tête, n° 45172), et qu’une
clôture de l’instruction peut être décidée même en l’absence de mise en demeure dès
lors que la partie a été informée de cette possibilité lors de la communication de la
requête (article R. 611-3 CJA), il est évidemment préférable de statuer au vu
d’observations présentées par les différentes parties au litige.
Compte tenu de ses effets, la mise en demeure est un outil précieux pour le
rapporteur qui souhaite favoriser la mise en état d’un dossier. Néanmoins, il convient
d’utiliser cet outil avec prudence. En effet, en l’absence de production d’un mémoire en
défense malgré une mise en demeure, le juge doit en tirer toutes les conséquences de
droit en faisant application des dispositions de l’art. R. 612-6 du code de justice
administrative relatives à l’acquiescement aux faits (CE, 30 décembre 2009, M. Konte,
n° 314972) (cf. « acquiescement aux faits »). Dans certains cas, pour ne pas s’exposer
au risque d’être tenu de faire usage de l’acquiescement aux faits, il pourra s’avérer plus
opportun d’adresser aux parties concernées une simple lettre de rappel de l’invitation à
présenter des observations.
46
- l’affaire doit être en état d’être jugée ;
1) Généralités
2) Exceptions
47
mises en œuvre les dispositions des articles R. 222-1 (ordonnance) et R. 611-8
(dispense d’instruction) dudit code.
3) Forme et délais
L’article R. 611-7 impose de fixer un délai dans lequel les parties peuvent, sans
qu’y fasse obstacle la clôture éventuelle de l’instruction, présenter leurs observations
sur le moyen communiqué. Il est possible de mentionner, pour fixer ce délai, la date de
l’audience où l’affaire sera appelée (CE, 4 juillet 2012, Département de la Saône et
Loire, n°356168). En tout état de cause, le délai accordé aux parties pour répondre au
moyen communiqué doit être raisonnable.
Dans le cas où, sans fixer de délai, le document qui informe les parties du moyen
relevé d’office et les invite à présenter leurs observations sur ce moyen mentionne la
date de l’audience où l’affaire sera appelée, le Conseil d’Etat estime que cette mention
est suffisante, dans la mesure où la clôture de l’instruction ne fait pas obstacle à la
présentation jusqu’à cette date de telles observations (CE, 29 avril 2015, Lacoste c/
Ministère des Finances et des Comptes publics, n° 382322).
Lorsque la communication prévue par l’article R. 611-7 n’a pas pu être respectée
alors qu’elle revêtait un caractère obligatoire, il convient de rayer l’affaire du rôle pour
effectuer cette information (CE, Section, 30 octobre 1992, Association de sauvegarde
du site Alma Champ de Mars, n° 140220) (cf. « report de l’audience »).
Enfin, le juge administratif est tenu de communiquer aux autres parties, même
après la clôture de l’instruction, les observations sur un moyen qu’il envisage de relever
d’office, à la suite de l’information effectuée conformément à l’article R. 611-7 du code
de justice administrative (CE, 6 janvier 2023, M. Kohler, n° 449405).
48
1.11 INJONCTIONS PRONONCEES D’OFFICE
● Injonctions prononcées d’office
On sera attentif à la circonstance que, compte tenu de cet article R. 611-7-3, issu
d’un décret n° 2019-1502 du 30 décembre 2019, la solution jurisprudentielle selon
laquelle le juge n’est pas tenu de mettre les parties à même de présenter leurs
observations lorsqu’il prononce d’office une injonction (CE, 5 juillet 2019, Fédération
française du transport de personnes sur réservation, n° 413040) est caduque.
Lorsque, pour les besoins de l’instruction, il invite les parties à produire des
observations, le juge doit leur laisser un délai suffisant à cette fin, en tenant compte de
l’objet des observations demandées. Lorsque l’affaire est déjà inscrite au rôle d’une
audience, il lui incombe, si le respect de cette obligation l’exige, soit de rayer l’affaire
du rôle, soit de différer la clôture de l’instruction prévue de plein droit, en application de
l’article R. 613-2 du CJA, trois jours francs avant la date de l’audience, en indiquant
aux parties quand l’instruction sera close, cette clôture pouvant être reportée au plus
tard à la date de l’audience, soit après que les parties ou leurs mandataires ont formulé
49
leurs observations orales, soit, si ces parties sont absentes ou ne sont pas
représentées, après l’appel de leur affaire (CE, 6 avril 2018, Association Nartecs,
n°402714).
Dans les hypothèses où le juge doit se placer à la date de son jugement pour
statuer, il peut être amené à ordonner un supplément d’instruction pour rechercher si la
situation de droit ou de fait a évolué depuis la date du fait générateur du litige (CE, 4
juillet 1997, Époux Bourezak, n° 156298). Dans le cas où cette évolution est
postérieure à la clôture de l’instruction, cela peut devoir conduire à rayer l’affaire du
rôle et rouvrir l’instruction contradictoire (CE, 30 novembre 2011, Ministre d'Etat,
ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de l'aménagement du
territoire c/ Société normande de nettoiement, n° 335309).
50
Dans tous les cas, les éléments recueillis par le rapporteur suite aux mesures
d’instruction engagées doivent être communiqués aux parties à l’instance afin de
respecter le principe du contradictoire (art. L. 5 CJA ; CE, 12 mai 1961, Société La
Huta, n° 40674, Rec. p. 313 ; CE, 29 juillet 1998, Esclatine, n° 179635 ; CE, Section,
1er janvier 2014, M. Erden, n° 349560).
A noter : les obstacles créés par certains secrets tels que le secret médical
peuvent être contournés par une combinaison de mesures d’instruction adressées aux
parties. Ainsi, il est possible pour le juge de demander à l’administration de
communiquer à l’intéressé les éléments médicaux qui fondent sa décision, à charge
pour ce dernier de décider de faire connaître au juge ces éléments (ce qui est
expressément prévu pour les contentieux sociaux tels que définis à l’article R. 772-5, v.
article R. 772-8 du CJA). Le cas échéant, le juge tire les conséquences d’une absence
de production.
51
Enfin, l’exigence de communication aux parties des pièces versées pendant la
procédure ne s’applique pas aux documents dont le refus de communication constitue
l’objet même du litige (cf. loi n° 78-753 du 11 juillet 1978 relatif à l’accès au documents
administratifs ; CE, Section, 23 déc. 1988, Banque de France c/ Huberschwiller,
n° 95310 ; CE, 29 juin 2011, Mme Rouzaud, n° 335072 ; CE, 11 juillet 2016, Ministère
de la Défense c/ Cagnolari, nos 375977, 376457).
Dans une telle hypothèse, le président de la formation doit être regardé comme
ayant rouvert l’instruction. Dans ce cas et en l’absence (hors procédures de référé) de
dispositions permettant de clore l’instruction au-delà de l’appel de l’affaire à l’audience
ou, le cas échéant, de la formulation par les parties ou leurs mandataires de leurs
observations orales, et dès lors que la formation de jugement ne saurait sans
irrégularité statuer tant que l’instruction est en cours, il lui revient de rayer l’affaire du
rôle et d’informer les parties de la réouverture de l’instruction (CE, 10 octobre 2022,
Société Firalis, n° 454460).
52
1.12.2 VISITE DES LIEUX
● Mesures supplémentaires d’instruction – Visite sur les
lieux – Hypothèses de recours.
Le plus souvent, cette décision sera suggérée par le rapporteur qui a la charge
du dossier.
Pour une description de cette mesure d’instruction cf. « visite des lieux ».
1.12.3 PROCEDURES
● Mesures supplémentaires d’instruction – Procédures
orales d’instruction - Pouvoirs du juge.
Les parties sont convoquées à cette séance par un courrier faisant état des
questions susceptibles d’être évoquées. Toute autre question peut néanmoins être
évoquée au cours de cette séance. Toute personne dont l’audition paraît utile peut
également être convoquée.
2) N’appelle pas non plus une décision avant dire droit la tenue d’une audience
publique d’instruction, dont l'article R. 625-2 du code de justice administrative prévoit
que la formation de jugement peut la tenir et au cours de laquelle les parties sont
entendues sur toute question de fait ou de droit dont l’examen paraît utile.
Une telle audience publique d’instruction ne peut se tenir moins d’une semaine
avant la séance de jugement au rôle de laquelle l’affaire doit être inscrite.
53
1.12.4 AUTRES MESURES D’INSTRUCTION
Dans les mêmes conditions et après convocation des parties, les observations
orales d’une personne qualifiée peuvent être recueillies soit par le rapporteur, soit par
la formation de jugement.
54
La clôture de l’instruction ne fait pas obstacle à que soit demandée la production
d’un mémoire récapitulatif. La seule circonstance que l’instruction est close à la date à
laquelle le président de la formation de jugement demande à la partie en cause de
produire un mémoire récapitulatif n’est, par elle-même, de nature ni à exonérer cette
partie de l’obligation de produire un tel mémoire dans le délai qui lui est imparti, ni à
faire obstacle à ce qu’un désistement soit constaté à défaut de respect de cette
obligation (CE, 8 février 2019, M. et Mme Bervas, n° 418599).
Les motifs pour lesquels le juge, auquel il incombe de veiller à une bonne
administration de la justice, estime qu’il y a lieu de demander à l’une des parties de
produire un mémoire récapitulatif, que celui-ci n’est tenu d’indiquer ni dans la demande
qu’il adresse au requérant, ni dans l’ordonnance par laquelle il prend acte, le cas
échéant, de son désistement, ne peuvent en principe être discutés. Il appartient
toutefois au juge d’appel d’apprécier s’il a été fait une juste application de cette faculté
(CE, 22 novembre 2019, Société SMA, n° 420067), tandis que le juge de cassation
vérifie pour sa part qu’il n’en a pas été fait un usage abusif (CE, 24 juillet 2019, Société
Crédit mutuel Pierre I, n° 423177). Le juge ne saurait faire usage des dispositions du
second alinéa de l’article R. 611-8-1, c’est-à-dire fixer un délai dont le non-respect se
traduirait par un désistement d’office, lorsque le dossier ne comporte pas d’autre
mémoire que la demande au tribunal ou la requête d’appel (CE 25 juin 2018, Société
l’Immobilière Groupe Casino, n° 416720).
Pour permettre au juge de trancher le litige dont il est saisi, il est nécessaire de
mettre un terme au débat contradictoire entre les parties.
Normalement, selon l’article R. 613-2 du CJA, l’instruction est close trois jours
francs avant la date de l’audience indiquée dans l’avis d’audience prévu à l’article R.
711-2. Cet avis doit le mentionner.
Le délai doit dans tous les cas être computé sans qu’il y ait lieu de distinguer
selon qu’il comporte ou non un samedi, un dimanche ou un jour férié ou selon qu’il est
ou non précédé d’un tel jour (CE, avis, 9 avril 1999, Creton, n° 202344).
Dans le cas prévu à l’article R. 711-2 où, en raison de l’urgence, une décision
expresse du président de la formation de jugement a réduit à deux jours le délai de
convocation à l’audience, l’instruction est close soit après que les parties ou leurs
mandataires ont formulé leurs observations orales, soit, si ces parties sont absentes ou
ne sont pas représentées, après l’appel de leur affaire à l’audience (cf. art R. 613-2
CJA).
Dans les matières visées à l’article R. 772-5 du CJA (c’est-à-dire les contentieux
sociaux) et à l’article R. 776-26 du même code (c’est-à-dire le contentieux des
obligations de quitter le territoire français en cas de placement en rétention ou
d’assignation à résidence), l’instruction, qui se poursuit à l’audience sur les éléments
de fait, est close soit après que les parties ou leurs mandataires ont formulé leurs
observations orales, soit, si ces parties sont absentes ou ne sont pas représentées,
après appel de leur affaire à l’audience. Toutefois, dans les contentieux sociaux, afin
de permettre aux parties de verser des pièces complémentaires, le juge peut décider
de différer la clôture de l’instruction à une date postérieure dont il les avise par tous
moyens (article R. 772-9 du CJA).
55
L’ordonnance de clôture d’instruction permet comme son nom l’indique de mettre
un terme à la phase d’instruction, soit de manière différée, soit de manière immédiate.
En pratique, elle est utilisée pour clore un débat déjà nourri ou au contraire pour
susciter les productions attendues du défendeur lorsque ce dernier est resté silencieux.
Dans le cas d’une clôture d’instruction différée, l’ordonnance doit être prise à une
date telle qu’elle puisse être notifiée aux parties au moins 15 jours avant la date de
clôture retenue (art. R. 613-1, 2nd alinéa). Si elle n’est pas notifiée ou si le délai de
15 jours n’est pas respecté, elle est inopposable aux parties qui, dès lors, peuvent
valablement déposer un nouveau mémoire postérieurement à la date de clôture arrêtée
(CE, 5 novembre 1984, Lefevre, n° 54637). Il est donc prudent, dans les affaires où
l’une des parties n’est pas inscrite dans Télérecours ou Télérecours citoyens, de
ménager un délai d’acheminement assez long pour la notification de l’ordonnance et de
vérifier que cette notification a bien atteint son destinataire. Il faut également être
vigilant lors des instructions données au greffe par « fiche navette » pour tenir compte
du délai parfois mis par celui-ci pour exécuter la demande de notification d’une clôture
à effet différé. Il convient en outre de fixer la clôture de l’instruction à une date à
laquelle le délai de production antérieurement imparti à l’une des parties, notamment
par voie de mise en demeure, sera expiré (CE, 20 avril 2005, Garde des Sceaux,
ministre de la justice c/ M. Soulhol, n°265326). La date de la clôture de l’instruction à
effet différé peut être modifiée, sous réserve de l’être explicitement et dans des délais
compatibles avec les exigences du caractère contradictoire de la procédure (CE, 1er
avril 2019, M. Yoba, n°417927).
Dans les cas prévus à l’article R. 611-11 du CJA, l’ordonnance de clôture peut
intervenir dès l’enregistrement de la requête en vue de « programmer » non seulement
la durée totale de l’instruction mais la date d’audiencement de l’affaire. Dans cette
hypothèse, il convient évidemment que la date prévue de clôture d’instruction prenne
en compte le délai imparti au défendeur pour produire et un délai raisonnable de
réplique. L’obligation faite par l’article R. 611-11 du CJA d’indiquer aux parties dans la
notification de l’ordonnance de clôture la date prévue pour l’audience, sans que cette
information tienne toutefois lieu de l’avis d’audience prévu par l’article R. 711-2 est, en
quelque sorte, la contrepartie de l’effort de célérité particulière exigé des parties pour
l’instruction de l’affaire.
56
données en application de l’article R. 611-11-1 du CJA, notamment quant à la date à
laquelle la clôture d’instruction pourra intervenir au plus tôt, peuvent être modifiées
dans le cours de l’instruction sous réserve de l’être explicitement et dans des délais
compatibles avec les exigences du caractère contradictoire de la procédure (CE, 1er
avril 2019, M. Durand, n°422807).
Une fois que l’instruction de l’affaire est close, les parties ne peuvent plus, en
principe, présenter de nouvelles conclusions ni de nouveaux moyens.
Cette règle reçoit une application très stricte puisqu’un tribunal ne peut en
principe examiner un désistement présenté postérieurement à la clôture de l’instruction
(CE, 5 novembre 1984, M. Lefevre, n° 54638) et qu’une réouverture de l’instruction
s’impose pour en tenir compte (CE, 5 avril 1996, Nouveau syndicat intercommunal
pour l’aménagement de la Vallée de l’Orge n° 141684). Le juge n’a cependant pas
l’obligation de rouvrir l’instruction dans un tel cas et peut librement décider de statuer
sur les conclusions de la demande (CE, 17 février 2023, Commune de Pléneuf-Val-
André, n°450707).
En revanche :
- la clôture de l’instruction ne fait pas obstacle à l’examen par la juridiction d’un moyen
d’ordre public dont les parties doivent être informées en application de l’article R. 611-7
du CJA ;
- une demande de capitalisation des intérêts échus peut être présentée après la clôture
(CE, 11 juin 1993, Mme Auzelle n° 108391) ;
● Réouverture de l’instruction.
57
être regardé comme ayant rouvert l’instruction (CE, 7 décembre 2011, Département de
la Haute-Garonne, n° 330751, CE, 23 juin 2014, Société Deny All, n° 352504), sauf s’il
s’agit de communiquer des observations en réponse à la communication d’un moyen
relevé d'office en application de l’art. R. 611-7 du CJA (CE, Section, 25 janvier 2021,
Mme Lebret et autres, n° 425539) ou en réponse à l’invitation faite aux parties de
produire des observations dans l’éventualité d’un sursis à statuer en vue d’une
régularisation d’une autorisation d’urbanisme sur le fondement de l’art. L. 600-5-1 du
code de l’urbanisme (CE, 10 octobre 2022, Société Horizon, n° 455573).
58
syndicat intercommunal pour l'aménagement de la vallée de l'Orge, n° 141684 ; CE, 17
février 2023, Commune de Pléneuf-Val-André, n° 450707).
Il doit cependant être souligné que, dans la procédure ordinaire, l’invitation faite
au cours de l’audience à une partie de produire des éléments ou pièces en vue de
compléter l’instruction emporte réouverture de cette dernière, ce qui doit conduire le
juge à rayer l’affaire du rôle et à informer l’ensemble des parties de la réouverture de
l’instruction (CE, 10 octobre 2022, Société Firalis, n° 454460).
Lorsque l’instruction, qui était close, a été rouverte (y compris par la seule
communication d’un mémoire après la clôture de l’instruction, CE, 4 mars 2009,
Elections cantonale de Belle-Ile-en-Mer, nos 317473, 317735), l’audience ne pourra
avoir lieu sans que l’instruction ait été, à nouveau, close (CE, 7 décembre 2011,
Département de la Haute-Garonne, n° 330751).
59
Sur les visas : cf. « visa de l’ordonnance de clôture ou de réouverture de
l’instruction ».
60
« Les parties peuvent, le cas échéant, réclamer le bénéfice de l’aide
juridictionnelle prévue par la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991 relative à l’aide juridique »
(article R. 441-1 du CJA).
Cette dérogation ne vaut que pour les OQTF prononcées sur le fondement des
3°, 5°, 7° et 8° du I de l’article L. 511-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers
et du droit d’asile (OQTF 3 mois).
61
La demande d’aide juridictionnelle doit, en principe être adressée au bureau
d’aide juridictionnelle (BAJ) près le tribunal judiciaire.
L’étranger qui fait l’objet d’une obligation de quitter le territoire français avec
placement en rétention administrative ou assignation à résidence peut demander
directement au tribunal la désignation d’office d’un avocat, dans les conditions prévues
par le III de l’article L. 512-1 du CESEDA et l’article R. 776-22 du CJA : « L’audience
est publique. Elle se déroule sans conclusions du rapporteur public, en présence de
l’intéressé, sauf si celui-ci, dûment convoqué, ne se présente pas. L’étranger est
assisté de son conseil s’il en a un. Il peut demander au président du tribunal
administratif ou au magistrat désigné à cette fin qu’il lui en soit désigné un d’office »
(CE, 15 octobre 2001, Parker, n° 213049).
62
de l’aide juridictionnelle au profit de cette personne et lui ouvrir droit au bénéfice des
dispositions de l’article 37 de la loi du 10 juillet 1991. Il s’ensuit qu’il appartient à
l’avocat désigné d’office qui entend obtenir le versement à son profit de la somme mise
à la charge de la partie perdante de formuler expressément, au besoin dans ses
écritures, une demande tendant à l’attribution de l’aide juridictionnelle à son client si
celui-ci ne l’a pas fait (CE, 16 octobre 2019, M. Boghas, n°431140).
Le demandeur dispose d’un délai de recours de quinze jours pour contester une
décision défavorable et les autorités habilitées à le faire disposent d’un délai de deux
mois pour contester une décision d’admission (article 69 du décret du 28 décembre
2020). Ces délais ne sont pas des délais francs (CE, Section, 28 juin 2013, M. Zahid
Davodi, n°363460).
63
La reprise du délai de recours contentieux une fois la décision du bureau d’aide
juridictionnelle rendue n’est pas conditionnée à une information préalable du
demandeur sur ce point (CE, 5 octobre 2015, M. Romain, nos 387048, 388295)
64
2.3 OBLIGATION POUR LE TRIBUNAL DE SURSEOIR A
STATUER
● Demande d’aide juridictionnelle – Obligation de surseoir à statuer –
Principe.
Lorsque la demande d’aide juridictionnelle est présentée alors que le tribunal est
déjà saisi d’une requête, il lui appartient de surseoir à statuer jusqu’à ce qu’il ait été
statué sur cette demande (CE, avis, 6 mai 2009, Jafor Khan, n° 322713 et article 51 II
du décret du 28 décembre 2020), y compris lorsque la demande est présentée par le
défendeur (CE, 7 mars 2012, Mme Olivry, n° 352367, pour une instance en référé).
L’irrégularité tenant à ce qu’une décision juridictionnelle a été rendue en
méconnaissance de cette obligation sera, le cas échéant, soulevée d’office par le juge
d’appel ou le juge de cassation.
Il n’en va différemment que dans les cas où le recours est entaché d’une
irrecevabilité manifeste, insusceptible d’être couverte en cours d’instance (CE, 5 juillet
2004, Grand, n° 245216 ; CE, avis, 6 mai 2009, Jafor Khan, n° 322713 et article 51 II
du décret du 28 décembre 2020). Il s’agit nécessairement des irrecevabilités
insusceptibles d’être couvertes indépendamment de l’expiration du délai du recours
contentieux, puisque celui-ci est supposé être interrompu par la demande d’aide
juridictionnelle (cf. « effet interruptif de la demande »).
65
avocat » (CE, 28 novembre 2008, Mecherouh, n° 292772), le tribunal devrait pouvoir
s’en exonérer lorsque, sans attendre l’issue de sa demande d’aide juridictionnelle, le
requérant s’est assuré les services d’un avocat et que celui-ci a accepté d’accomplir
les diligences requises, sous réserve que l’incertitude qui pèse sur cette issue ne soit
pas de nature à porter atteinte aux droits pécuniaires du requérant ou de son conseil
(cf. « conséquences de l’admission au bénéfice de l’aide juridictionnelle »). L’admission
provisoire à l’aide juridictionnelle peut ainsi permettre au juge de ne pas surseoir à
statuer inutilement (cf. « admission provisoire à l’aide juridictionnelle »).
66
régulièrement en France ainsi qu’aux étrangers qui font l’objet des procédures prévues
notamment à l’article L. 511-1 du code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit
d’asile (mesures d’éloignement qui s’accompagnent le cas échéant de mesures de
restrictions des libertés).
Dans les autres hypothèses, les personnes de nationalité étrangère ne justifiant pas
d’un séjour régulier en France ne peuvent être admises au bénéfice de l’aide
juridictionnelle que si elles justifient de circonstances exceptionnelles, c’est-à-dire
lorsque leur situation apparaît particulièrement digne d’intérêt au regard de l’objet du
litige ou des charges prévisibles du procès, en application du 3 e alinéa de l’article 3 de
la loi du 10 juillet 1991.
Son bénéfice peut également être exceptionnellement accordé aux personnes morales
à but non lucratif ayant leur siège en France (article 2 de la loi du 10 juillet 1991).
Là encore, les personnes qui ne remplissent pas les conditions de ressources peuvent
se voir attribuer l’aide juridictionnelle à titre exceptionnel lorsque leur situation apparaît
particulièrement digne d'intérêt au regard de l'objet du litige ou des charges prévisibles
du procès (article 6 de la loi du 10 juillet 1991).
S’il appartient au seul BAJ de statuer sur l’ensemble de ces conditions, il convient de
refuser l’admission provisoire à l’aide juridictionnelle, au vu des pièces du dossier, si l’une
d’entre elles apparaît manifestement non remplie.
67
à l’aide juridictionnelle peut être prononcée par la juridiction
compétente ou son président ».
Ou :
DECIDE :
Ou :
Ou :
DECIDE :
68
Article 1er : @TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’est pas admis, à
titre provisoire, au bénéfice de l’aide juridictionnelle.
DECIDE :
2.5.2.1 DEPENS
● Conséquences de l’admission au bénéfice de l’aide juridictionnelle –
Bénéficiaire de l’aide juridictionnelle partie perdante – Dépens (frais
d’expertise).
69
Aux termes de l’article R. 761-1 du CJA « les dépens comprennent les frais
d’expertise, d’enquête et de tout autre mesure d’instruction dont les frais ne sont pas à
la charge de l’Etat ». Pour l’essentiel, il s’agit donc des frais d’expertise.
De même, les dispositions de l’article L. 761-1 du CJA, pas plus que celles de la
loi du 10 juillet 1991, ne font obstacle à ce que le paiement des frais exposés et non
compris dans les dépens soit mis à la charge d’une partie qui bénéficie de l’aide
juridictionnelle (CE, 9 juin 2006, Mme Delrue, n° 283001).
70
somme correspondant à la part contributive de l’Etat à la mission d’aide juridictionnelle
confiée à son avocat (cf. CE, 29 décembre 1999, Chambon, n° 179741 ; CE, 10 janvier
2000, Boualaoui, n° 197591). Sauf circonstance particulière (frais exposés avant
l’admission au bénéfice de l’aide juridictionnelle), cette hypothèse devrait
essentiellement viser les bénéficiaires de l’aide juridictionnelle partielle, l’avocat ayant
droit, dans ce cas, à « un honoraire complémentaire librement négocié » en sus de la
contribution versée par l’Etat (article 33 de la loi du 10 juillet 1991).
En tout état de cause, le recouvrement doit être opéré par un titre de perception
établi par « l’ordonnateur compétent » (article 124 du décret du 28 décembre 2020),
étant précisé que « le premier président de la cour d’appel et le procureur général près
cette cour » sont désormais les ordonnateurs des dépenses et des recettes de l’aide
juridictionnelle relative à l’ensemble des juridictions situées dans leur ressort, y
compris, donc, les juridictions administratives (article 115 du décret du 28 décembre
2020).
Aussi, s’il convient, à bon droit, de mentionner dans le jugement le principe d’une
dispense de recouvrement, il n’y a pas lieu, en principe, d’y inclure une mention
particulière dans le cas contraire, à moins qu’un débat contentieux ne soit engagé, sur
ce point, entre les parties.
71
En application de l’article 43 de la loi du 10 juillet 1991 relative à
l’aide juridique : « Lorsque la partie condamnée aux dépens ou la
partie perdante ne bénéficie pas de l’aide juridictionnelle, elle est tenue
de rembourser au Trésor public les sommes exposées par l’Etat.
Toutefois, pour des considérations tirées de l’équité ou de la situation
économique de cette partie, le jugement peut la dispenser totalement ou
partiellement de ce remboursement ». En application de ces
dispositions, il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de dispenser
***, de rembourser au Trésor public les sommes exposées par l’Etat au
titre de l’aide juridictionnelle accordée à ***.
Les sommes revenant à l’avocat lui sont réglées sur présentation d’une
attestation de fin de mission délivrée par le greffier en chef du tribunal (article 110 du
décret du 28 décembre 2020). En pratique, elle est délivrée par les greffiers de
chambre sur délégation du greffier en chef. Cette attestation mentionne « la nature de
la procédure, les diligences effectuées et … le montant de la contribution de l’Etat à la
rétribution de l’avocat », selon le nombre d’unités de valeur défini par le barème
mentionné à l’article 86 du décret du 28 décembre 2020 et figurant en annexe au
décret.
Cette attestation est délivrée, au plus tard, en même temps que la copie du
jugement lui est adressée (article 110 du décret). Elle peut être demandée
ultérieurement par l’avocat dans certaines circonstances (cf. article 112 et 113 du
décret du 28 décembre 2020).
En tout état de cause, aucune attestation de fin de mission ne peut être délivrée
à un avocat qui n’a accompli aucune diligence.
72
dispositions, dans leur rédaction antérieure qui figuraient à l’article 111 du décret du 19
décembre 1991, comme imposant cette minoration de la rétribution de l’avocat (CE, 18
janvier 2017, Mme Pollono, n° 399893).
* Enfin, « dans le cas où une instance est reprise ou poursuivie devant une
juridiction, après que la juridiction saisie initialement du litige pour lequel l’aide
juridictionnelle avait été accordée s’est déclarée incompétente, l’avocat qui prête son
concours au bénéficiaire de l’aide peut solliciter une nouvelle contribution de l’Etat. Le
président de la juridiction devant laquelle l’affaire est reprise ou poursuivie se prononce
sur cette demande et fixe le montant de la contribution complémentaire éventuellement
due en tenant compte des diligences effectuées par l’avocat » (article 114 du décret du
28 décembre 2020).
73
Le même principe vaut également pour les tribunaux administratifs, devant
lesquels il y a toutefois lieu d’appliquer les dispositions de l’article R. 312-5 du code de
justice administrative et de transmettre le litige relatif à la rétribution de l’avocat au
président de la section du contentieux du Conseil d’Etat pour attribuer le jugement du
litige à une autre juridiction (Président de la section du contentieux, ordonnance du 7
janvier 2016, n°395370).
Sauf dans le cas mentionné au 4°, le retrait est prononcé par le BAJ mais celui-ci
peut être saisi « à la demande de la juridiction qui a eu à connaître de l’affaire » (article
51 de la loi du 10 juillet 1991 et article 65 du décret du 28 décembre 2020). Cette
saisine ne nécessite pas un acte juridictionnel mais la question de l’opportunité d’une
telle saisine peut être opportunément débattue en délibéré.
74
L’ajout, par la loi du 28 décembre 2019, du cas de retrait de l’aide juridictionnelle
lorsque la requête a été jugée manifestement irrecevable semble renvoyer aux
irrecevabilités manifestes pouvant donnant lieu à un rejet par ordonnance (cf 4.4.1
Ordonnances de l’article R. 222-1), même s’il peut aussi concerner le rejet pour
irrecevabilité manifeste prononcé par un jugement rendu après audience publique.
75
dilatoire, abusive ou manifestement irrecevable ». L’article 51 précise
que : « Le retrait est prononcé par le bureau qui a accordé l'aide
juridictionnelle, excepté dans le cas mentionné au 4° de l'article 50, où
il est prononcé par la juridiction saisie ». La requête étant, ainsi qu’il
vient d’être dit, manifestement irrecevable, il y a lieu, en application de
ces dispositions, de retirer à @TA__AR_T_NOMFREQABREGE le
bénéfice de l’aide juridictionnelle.
DECIDE :
Les différentes productions n’étant plus, sauf exception, présentées dans l’ordre
chronologique, il y a lieu de retenir l’ordre de présentation suivant : mémoires du
requérant, mémoires du défendeur, mémoires en intervention, observations, y compris
celles des amici curiae. A l’intérieur de chacune de ces catégories, on visera d’abord
l’ensemble des productions de la personne qui a produit la première.
Lorsque cela paraît plus opportun, pour des raisons de lisibilité et de clarté de la
présentation des écritures des parties (non-lieu, moyen d’ordre public soulevé par la
juridiction et complexité du litige, notamment), il est possible d’utiliser la technique des
76
visas chronologiques. Les mémoires sont alors présentés dans leur ordre
d’enregistrement au greffe, chacun faisant l’objet d’une analyse propre.
3.1 VISAS
3.1.1 VISAS DE LA REQUETE ET DES MEMOIRES
Visas des requêtes et des mémoires complémentaires.
La date d’enregistrement est celle qui est apposée sur la requête par tampon du
greffe ou horodateur ou celle de réception dans l’application Télérecours. En cas de
production par télécopie ou courriel, c’est la date d’enregistrement de la télécopie ou
du courriel qui doit être retenue et non celle de l’original signé, ultérieurement produit.
Pour les personnes physiques, on doit mentionner leur nom, précédé du prénom
au début des visas (il n’est ensuite plus nécessaire de reprendre le prénom, sauf dans
l’article de notification). Le nom à retenir pour une femme mariée est celui qu’elle
indique, et selon la forme indiquée dans la requête (nom de jeune fille ou nom marital,
Mme X épouse Y, ou Mme Y née X). L’usage du « mademoiselle » est à proscrire.
Pour un couple, on préfèrera « M. et Mme X » à « les époux X ». Dans le cas d’une
requête émanant de plusieurs personnes d’une même famille (fratrie, indivision
successorale…), il faut indiquer les prénom et nom de chaque requérant et prohiber à
ce stade le terme « consorts », qui pourra cependant servir à les désigner dans l’en-
tête et ensuite dans les motifs de la décision. Le nom patronymique du requérant est
indiqué entièrement en majuscules dans l’en-tête de la décision. Dans le reste des
visas, il est écrit normalement.
Pour les personnes morales, il n’y a pas lieu d’indiquer la qualité de leur
représentant. (Pour plus de précisions, voir la partie 12.1.1 relative aux visas en
contentieux fiscal )
77
Lorsque la requête est présentée par avocat, le visa mentionne « représenté(e)
par … ». Les avocats des parties sont désignés de la manière suivante : Me suivi du
nom sans le prénom (Me XXX), ou, en cas de groupement d’avocats, par le sigle SCP
(ou encore SELAFA, SELARL, SELAS, SEP) suivi de la dénomination exacte du
groupement.
Pour la rédaction des visas dans le contentieux fiscal : cf. pour le contentieux de
l’assiette : « visas du jugement » et pour le contentieux du recouvrement : « visas ».
Vu la procédure suivante :
3.1.1.1REQUETE SEULE
Visas des requêtes – Requête seule.
1°) … ;
2°) … .
1°) … ;
78
2°) … .
1°) … ;
2°) … .
Il arrive que les avocats présentent une requête « sommaire » en s’en remettant
expressément à la production ultérieure d’un mémoire complémentaire. Il faut alors les
viser ensemble en mentionnant « la requête sommaire et le mémoire complémentaire »
avec leurs dates respectives d’enregistrement.
Dans tous les cas, et même si les avocats continuent d’employer l’expression
« mémoire ampliatif », il faut bannir l’emploi de cet adjectif désuet et ignoré du code de
justice administrative qui ne connaît que la notion de mémoire complémentaire.
1°) … ;
2°) … .
3.1.1.3MEMOIRE RECAPITULATIF
Visas des requêtes et des mémoires – Mémoire récapitulatif.
79
Lorsque la production d’un mémoire récapitulatif est demandée, en application
de l’article R. 611-8-1 et est suivie d’effet, il y a lieu de viser, dans un même
paragraphe, la requête et les mémoires antérieurs au mémoire récapitulatif, sans les
analyser, puis le mémoire récapitulatif en ne mentionnant que les conclusions et
moyens repris dans ce dernier, les autres étant réputés abandonnés.
Le mineur, sauf s’il est émancipé dans les conditions prévues aux articles 413-1
et suivants du code civil, ne peut accomplir lui-même les actes de la vie civile,
notamment agir en justice. Seuls peuvent le faire en son nom ses représentants
légaux, qui sont normalement ses parents ou, le cas échéant, son tuteur.
81
Par une requête, enregistrée le @TA__AR_T_DTEENR,
@TA__AR_T_NOMFREQ, agissant en sa qualité de représentant légal
de son fils (sa fille) … (ou : agissant tant en son nom personnel qu’au
nom de ses enfants mineurs … ou : agissant en sa qualité de tuteur de
…) demande au tribunal …
Est protégé par la loi et placé, selon le cas, sous tutelle ou sous curatelle, le
majeur qu’une altération de ses facultés personnelles met dans l’impossibilité de
pourvoir seul à ses intérêts. La personne en tutelle est représentée en justice par le
tuteur. Celle qui est placée en curatelle n’est pas représentée par son curateur mais
doit être assistée de ce dernier pour agir ou défendre en justice.
Une entreprise faisant l’objet d’une procédure collective agit en justice dans les
conditions suivantes, fixées par les dispositions du livre VI du code de commerce, qui
conduisent à distinguer selon que cette entreprise (le débiteur) est en sauvegarde ou
redressement, d’une part, ou en liquidation judiciaire, d’autre part.
82
En vertu de l’article L. 621-4 du code de commerce, le jugement d’ouverture
d’une procédure de sauvegarde ou de redressement judiciaire peut désigner un
administrateur judiciaire. Selon l’article L. 622-1 du code de commerce, en procédure
de sauvegarde, l’administrateur judiciaire peut être chargé de surveiller le débiteur
dans sa gestion ou de l’assister pour tous les actes de gestion ou pour certains d’entre
eux. En procédure de redressement judiciaire, il est chargé d’une mission d’assistance
ou de représentation pour tout ou partie des actes de gestion en application de l’article
L. 631-12. Dès lors, en l’absence de désignation d’un administrateur ou lorsque celui-ci
n’a qu’une mission de surveillance, le débiteur peut agir et défendre seul en justice. Il
doit le faire avec l’administrateur en cas de mission d’assistance. Seul l’administrateur
a ce pouvoir en cas de mission d’administration complète.
C’est cette dernière solution qui s’impose, dans tous les cas, en liquidation
judiciaire.
Pour plus d’éléments, cf. « absence de qualité pour représenter le requérant » et,
sur la dénomination des personnes morales, la 4e partie des recommandations
générales.
Ou :
83
Reprise d’instance en cas de décès du requérant.
Les mémoires présentés sous une forme irrégulière sont en principe visés sans
être analysés, qu’il s’agisse des conclusions, y compris tendant à l’application de
l’article L. 761-1 du CJA, ou des moyens.
Les mémoires présentés après la clôture de l’instruction sont visés sans être
analysés (CE, 27 juillet 2005, Berreville, n°258164). Toutefois, en cas de radiation
d’une affaire (notamment pour cause de renvoi), la réouverture de l’instruction qui en
résulte conduit à considérer comme de nouveaux mémoires les productions qui avaient
été présentées entre temps, qu’il s’agisse de notes en délibéré ou de mémoires tardifs.
Ces productions, qui doivent être communiquées aux parties lorsque le respect du
principe du contradictoire l’impose, sont alors visées et analysées en tant que
véritables mémoires. Pour plus d’éléments : cf. « clôture et réouverture » et « report de
l’audience »
3.1.2.1CAS NORMAL
Visas des mémoires en défense - Cas normal.
84
Ou : Par un mémoire en défense, enregistré le …,
@TA__AR_T_NOMFDEF (, représenté par Me ,) conclut au rejet de la
requête et à ce qu’une somme de … soit mise à la charge de … au titre
de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.
Pour plus d’éléments : cf. « défaut de ministère d’avocat lorsque celui-ci est
obligatoire ».
85
conjointe de ces deux autorités (CE, 13 mars 2013, Société La Grande Charrière,
n°344603).
Lorsque la requête est dirigée contre une décision implicite de rejet résultant du
silence gardé par l’administration sur une demande (qu’il s’agisse d’une demande
initiale ou d’un recours gracieux ou hiérarchique contre une précédente décision), il
faut mentionner cette décision implicite comme étant la décision attaquée. Dans ce
cas, il convient de choisir une rédaction qui ne précise ni la date de réception par
l’administration, ni la date de naissance de la décision implicite, pour éviter de sembler
trancher une question qui peut être en litige.
Il faut toutefois distinguer lorsqu’une décision est prise sur recours selon qu’elle
se substitue ou non à la décision initiale :
Ainsi, s’il est saisi de conclusions tendant à l’annulation d’une décision qui ne
peut donner lieu à un recours devant le juge de l’excès de pouvoir qu’après l’exercice
d’un recours administratif préalable et si le requérant indique, de sa propre initiative ou
le cas échéant à la demande du juge, avoir exercé ce recours et, le cas échéant après
que le juge l’y a invité, produit la preuve de l’exercice de ce recours ainsi que, s’il en a
été pris une, la décision à laquelle il a donné lieu, le juge de l’excès de pouvoir doit
regarder les conclusions dirigées formellement contre la décision initiale comme
tendant à l’annulation de la seule décision, née de l’exercice du recours, qui s’y est
substituée (CE, 19 décembre 2008, Mme Mellinger épouse Praly, n° 297187).
86
doivent être regardées comme dirigées contre la seconde (CE, 8 juin 2011, Balci,
n°329537).
Les visas devant restituer fidèlement les demandes des parties, la requalification
des conclusions à laquelle il est possible, le cas échéant, de procéder, ne peut, en
principe, s’opérer que dans les motifs de la décision, en utilisant la formulation : "la
requête de … doit être regardée comme tendant à …" (CE, 5 septembre 2008, Société
Sapa Profiles Puget, n° 303707 ; voir également CE, 7 mai 1997, Mlle Bouasavan,
n° 153536, inédite).
87
@TA__ORD_T_ATRATT sur son recours gracieux tendant au retrait
de (ou : dirigé contre) l’arrêté du …, ainsi que cet arrêté.
88
échéant : l’interdiction d’exercer, pendant une durée de…, l’activité de
… ou un blâme et une sanction pécuniaire de …).
Ou :
Ou :
Pour plus d’éléments : cf. « injonction et astreinte » et « frais non compris dans
les dépens ».
1°) …
3.1.4.1MOYENS DU REQUERANT
Analyse des moyens – Moyens du requérant
Les moyens d’une partie sont tous analysés ensemble, dans leur dernier état, à
la suite des conclusions de cette partie. Il est recommandé d’adopter une présentation
en tirets, avec un tiret par moyen. Dans certain cas, cependant, une présentation
regroupée peut s’avérer plus légère et tout aussi claire.
La présentation des moyens doit être précise mais concise. Elle ne doit pas
comporter l’énoncé de tous les arguments, notamment de fait, invoqués à l’appui d’un
moyen. En principe, l’énoncé d’un moyen ne doit pas nécessiter plus d’une phrase
brève. Exceptionnellement, il peut être admis de faire suivre cet énoncé d’un résumé
des arguments et faits présentant une importance particulière.
90
Il ne faut pas se borner à indiquer, par exemple, que la décision attaquée a été
prise au terme d’une procédure irrégulière mais préciser qu’elle aurait dû être précédée
de la consultation de tel organisme. Il n’y a pas lieu, en revanche, d’entrer davantage
dans les détails de l’argumentation, notamment celle consistant à mentionner la
jurisprudence interprétant le texte prévoyant la consultation litigieuse.
3.1.4.2MOYENS DE DEFENSE
S’agissant des moyens, il est possible d’en faire une analyse synthétique lorsque
les mémoires en défense se bornent à réfuter les moyens de la requête (CE, 29
décembre 2014, Election municipales de la Croix-Valmer, n° 383127). Il est alors
possible d’utiliser la formule : « Il soutient que les moyens soulevés par le requérant ne
sont pas fondés ».
Ou :
91
3.1.5 VISA DE LA DECISION ATTAQUEE
La décision attaquée ou la demande préalable qui a conduit à la naissance d’une
décision implicite ne sont plus visées.
3.1.6.1CAS GENERAL
Visas des observations - Cas général.
92
3.1.7 VISAS DES INTERVENTIONS
Visas des interventions.
L’intervention proprement dite (volontaire) est le fait pour une personne physique
ou morale de se joindre spontanément à une instance qu’elle n’a pas introduite et dans
laquelle elle n’a pas été appelée en cause. L’intervention ne peut retarder le jugement
de la requête (article R. 632-1 du CJA, dernier alinéa).
Les interventions sont visées après les mémoires des parties, et, le cas échéant,
après les observations, en fonction de leur date d’enregistrement. Elles tendent, selon
le cas, à l’admission ou au rejet des conclusions du requérant. Lorsqu’un mémoire
qualifié d’« intervention » est présenté par une personne qui est en réalité mise en
cause par la juridiction (par ex. une caisse de sécurité sociale), il convient de le
requalifier, selon le cas, en mémoire en défense ou en observations et il n’y aura alors
pas lieu de statuer sur l’admission de cette prétendue intervention dans les motifs et le
dispositif de la décision.
Dans l’hypothèse où l’intervenant présente des conclusions qui lui sont propres,
il importe de les viser également puisque le jugement devra les rejeter explicitement
comme irrecevables.
Il soutient que ... (ou, le cas échéant : par les mêmes motifs que
ceux exposés par Z...).
93
le visa des « autres pièces du dossier ». Si la mesure donne lieu à la production de
mémoires ou observations, ceux-ci seront normalement visés.
3.1.8.4SUPPLEMENT D’INSTRUCTION
Visas relatifs à la mise en œuvre des pouvoirs du juge – Mesures
d’instruction – Supplément d’instruction.
Le juge peut renvoyer tout ou partie du règlement du litige à une date ultérieure
dans l’attente d’un supplément d’instruction. Il peut ainsi, par exemple, en matière de
responsabilité, juger que la responsabilité d’une partie est engagée et ordonner une
expertise, avant de se prononcer sur le montant du préjudice indemnisable, en utilisant
la formule « avant dire droit ».
94
Par un jugement en date du ..., le tribunal a, sur requête de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE enregistrée sous le n° ... et
tendant à ..., ordonné avant (le cas échéant, le juge ayant déjà statué sur
une partie des conclusions formées devant lui : plus amplement) dire
droit un supplément d’instruction en vue de ... .
3.1.8.5EXPERTISE
Pour plus d’éléments : cf. « expertise » et « référé instruction expertise ».
3.1.8.6AVIS TECHNIQUE
Pour plus d’éléments : cf. « avis technique ».
Pour plus d’éléments : cf. « modulation dans le temps des effets des décisions
du juge de l’excès de pouvoir ».
95
La mise en demeure de produire est utilisée pour susciter la production d’un
mémoire en défense. Si le défendeur ne produit pas d’observations alors qu’il a été
préalablement mis en demeure de le faire, le juge administratif peut se fonder sur
l’acquiescement aux faits du défendeur (R. 612-6 du CJA). Le juge n’est pas tenu de
procéder à une telle mise en demeure mais il doit, s’il y procède, en tirer toutes les
conséquences de droit et il lui appartient seulement, lorsque les dispositions de l’article
R. 612-6 sont applicables, de vérifier que l’inexactitude matérielle des faits exposés
dans les mémoires du requérant ne ressort d’aucune pièce du dossier (CE, 30
décembre 2009, Konte, n° 314972).
Il n’y a lieu de viser la mise en demeure de produire que si elle n’est pas suivie
d’effet et que, par suite, la juridiction en tire les conséquences juridiques sur
l’acquiescement aux faits.
Lorsqu’un moyen d’ordre public a été communiqué aux parties, les visas de la
décision en font mention après le visa des mémoires et observations, en reprenant
l’énoncé du moyen tel qu’il figurait dans la lettre de communication, sauf dans le cas où
la décision n’en fait pas application. Les réponses éventuellement apportées par les
parties à cette communication sont ensuite visées comme de nouveaux mémoires,
avant le visa terminal des autres pièces du dossier.
96
Pour plus d’éléments : cf. « clôture et réouverture » et « report de l’audience »
L’ordonnance de clôture d’instruction n’est visée que si elle est suivie d’une
production sans réouverture de l’instruction.
Les mémoires produits après clôture et qui ne sont pas communiqués, sont visés
sans être analysés.
97
plein droit le bénéfice de cette aide, en cas de recours formé contre une décision
faisant droit à ses prétentions.
98
en a néanmoins pris connaissance (CE, 6 juin 2012, Société RD Machine Outils,
n°342328).
Sont visées les autres pièces du dossier et, le cas échéant, d’autres pièces
(l’ordonnance de taxation des frais d’expertise, la requête au fond pour les décisions de
référé, la décision ou l’avis de référence pour les ordonnances de série, etc…). Ces
autres pièces sont alors visées avec des tirets, sans sauts de ligne, « Vu : » étant placé
en facteur commun et le premier tiret étant celui des « autres pièces du dossier ».
Un jugement qui vise une note en délibéré enregistrée à une date postérieure à
celle de la lecture de cette décision est entaché, au regard des dispositions de l’article
R. 741-2 du code de justice administrative, d’une irrégularité qui en justifie l’annulation
(CE, 4 octobre 2010, Commune de Saint-Sylvain d’Anjou, n°310801).
Doivent être visés les textes dont il est fait application, explicitement ou
implicitement, dans le jugement.
99
Les textes d’égale valeur sont mentionnés dans l’ordre chronologique.
Les codes sont cités par ordre alphabétique, sauf le code de justice
administrative qui est cité à la fin.
Les textes sont visés avec des tirets, sans sauts de ligne, « Vu : » étant placé en
facteur commun. Il n’est pas nécessaire de viser les textes modificatifs d’un texte dont
on fait application (lorsqu’on applique « le code dans sa rédaction issue de la loi X », il
est inutile de viser la loi X). Les textes sont visés avec leur numéro et leur date, mais
sans leur titre (sauf lorsque le titre est un élément d’identification du texte, pour les
textes anciens, les arrêtés ou encore les conventions internationales). En revanche,
dans les motifs de la décision juridictionnelle, seuls la date et le titre du texte cité
doivent être mentionnés et pas son numéro.
En principe, les textes sont mentionnés sans majuscule (la loi du …, le décret n°
…, le traité de Rome, la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme
et des libertés fondamentales, le code général des impôts). Seule fait exception la
Constitution, qui comporte toujours une majuscule.
Vu :
Lorsqu’il est statué par ordonnance, les dispositions des articles R. 742-1 et
suivants du CJA sont applicables. Il résulte de l’article R. 742-2 que, dans les visas
100
d’une ordonnance, il n’est pas nécessaire d’analyser les moyens présentés dans les
requêtes et mémoires (CE, 21 octobre 2009, Avellino, n° 320320 : est seul applicable
aux ordonnances l’article R. 742-2 du CJA, qui ne prescrit pas de viser les mémoires
ne comportant pas de conclusions nouvelles. Par suite, une cour qui annule une
ordonnance au motif qu’elle n’a pas visé tous les mémoires conformément aux
dispositions de l’article R. 741-2 du CJA, lequel n’est relatif qu’aux décisions,
méconnaît le champ d’application de la loi.)
101
Le président / La présidente du tribunal a désigné X, premier
conseiller/première conseillère, pour exercer les pouvoirs qui
lui sont attribués par les dispositions du code de l’entrée et du
séjour des étrangers et du droit d’asile.
La mention "Les parties ont été régulièrement averties du jour de l’audience" fait
foi jusqu’à preuve contraire (CE, 17 mai 1991, Mascarel, n° 107655 ; CE, 1er février
1989, Jakobsen, n° 90823).
La mention selon laquelle les parties ont été entendues est obligatoire seulement
dans le cas où les parties ont présenté des observations orales (CE, 9 décembre 1996,
Époux El Hor, n° 162875). Un jugement mentionnant à tort qu’une partie a présenté
des observations orales à l’audience est entaché d’irrégularité (CE, 4 novembre 1996,
Élections municipales de Saint-Mathieu, n° 172580). La possibilité de présenter des
observations orales est réservée aux seules parties à l’instance sous peine d’entacher
le jugement d’irrégularité (CE, 16 janvier 2002, Syndicat national de la police en tenue,
n° 196637).
102
Visas relatifs à l’audience – Principe.
103
leurs mandataires ont formulé leurs observations orales, soit, si ces parties sont
absentes ou ne sont pas représentées, après appel de leur affaire à l'audience.
3.2 JONCTION
Le juge n’est jamais tenu de joindre. Mais il peut statuer par une seule décision
sur des requêtes distinctes dirigées contre le même acte, qu’il s’agisse d’une décision
administrative ou juridictionnelle.
Il peut également être opportun de joindre des requêtes dirigées contre des
décisions distinctes mais liées, présentées par un même requérant. Le juge peut aussi
statuer par une seule décision lorsqu’il est parallèlement saisi de conclusions tendant,
d’une part, à l’annulation d’une décision et, d’autre part, à celle de son retrait.
La jonction n’entraîne pas de fusion des instances, elle ne peut avoir d’influence
sur le sens de la décision à intervenir dans chacune des requêtes (CE, 28 janvier 1987,
Comité de défense des espaces verts, n° 39145, inédite ; CE, 27 juillet 2005, Belin, n°
228554).
Si, dans l’hypothèse où des conclusions communes sont présentées par des
requérants différents dans plusieurs requêtes que la juridiction décide de joindre, il
suffit que l’un des requérants soit recevable à agir devant la juridiction pour que le juge
puisse, au vu d’un moyen soulevé par celui-ci, faire droit à ces conclusions communes,
en revanche, les conclusions propres à chaque requérant ne sauraient être accueillies
104
sans que les fins de non-recevoir qui leur sont opposées aient été écartées. Par suite,
si le juge peut faire droit à des conclusions communes d'annulation ou de suspension
présentés par plusieurs requérants dès lors qu’il admet la recevabilité de la requête de
certains d'entre eux, il ne peut, sans erreur de droit, accueillir les conclusions
présentées au titre de l’article L. 761-1 du code de justice administrative par une des
parties sans statuer sur la fin de non-recevoir soulevée à l’encontre de cette dernière
par la partie adverse (CE, 13 juin 2005, Ville de Chevreuse, n° 276481)
Cette décision précise ainsi que lorsque le juge est parallèlement saisi de
conclusions tendant, d’une part à l’annulation d’une décision et d’autre part, à celle de
son retrait et qu’il statue par une même décision, il lui appartient de se prononcer sur
les conclusions dirigées contre le retrait puis, sauf si, par l’effet de l’annulation qu’il
prononce, la décision retirée est rétablie dans l’ordonnancement juridique, de constater
qu’il n’y a plus lieu pour lui de statuer sur les conclusions dirigées contre cette dernière
3.2.1 VISAS
105
En cas de jonction, il convient en principe de viser successivement les mémoires
et les pièces de chaque dossier. Lorsque la jonction concerne des affaires dans
lesquelles les mémoires introductifs d’instance ainsi que les mémoires en défense et
en réplique sont identiques et que seules varient éventuellement les dates
d’enregistrement de ces mémoires, il est en principe préférable de viser
successivement l’ensemble des productions de chaque affaire. Mais il faut se borner,
pour l’analyse des mémoires en défense ou en réplique identiques, à se référer aux
moyens du numéro précédent, plutôt que de reproduire l’analyse complète de
l’argumentation déjà analysée.
3.2.2 MOTIFS
Requêtes jointes - Motifs.
Le motif de jonction n’a pas à être précédé d’un titre et le dispositif du jugement
ne doit pas consacrer d’article à la jonction. Le tribunal n’est jamais tenu de procéder à
la jonction d’affaires présentant un lien de connexité entre elles, mais il est
recommandé de joindre des requêtes dirigées contre la même décision. Par ailleurs, le
juge n’est pas tenu de répondre à des conclusions aux fins de jonction.
106
Les requêtes n° … et n° …, présentées par (pour)
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE, ont le même objet. Il y a lieu de
les joindre pour statuer par un seul jugement.
Lorsque, par suite d’une erreur d’enregistrement, des documents relatifs à une
même affaire ont été enregistrés sous deux numéros différents, il est toujours possible,
lorsqu’il n’a pas encore été statué sur la première requête, de procéder, par jugement,
à la jonction des deux numéros (CE, 6 avril 1936, Sieur Cousin, Rec. p. 461). Mais la
mise en œuvre de cette solution, qui intervient nécessairement en fin d’instance, peut
se heurter à des difficultés techniques liées à Télérecours, en obligeant le greffe à
mener de front, dans cette application, l’instruction sous deux numéros distincts de
requêtes ou de mémoires relevant en réalité d’une même instance.
Il est préférable de privilégier alors, le plus tôt possible, une mesure de radiation
du registre.
107
La requête enregistrée sous le n° Y constitue en réalité le double
de la requête enregistrée sous le n° X sur laquelle il est statué par le
présent jugement. Cette requête doit donc être rayée du registre du
greffe du tribunal.
Dispositif :
Dispositif :
Dispositif :
108
Article 2 : Copie de la présente ordonnance sera adressée à... (ensemble
des parties)
Il peut enfin se produire que des productions soient enregistrées, par erreur,
après le jugement de la première requête.
S’il s’agit d’un doublon de cette dernière, il semble difficile de ne pas la regarder
comme une nouvelle requête qu’il convient de traiter comme telle, même si elle encourt
vraisemblablement le rejet au titre de l’autorité de la chose jugée.
Dispositif :
1° Il faut d’abord vérifier qu’il n’y a pas eu désistement soit ordinaire, soit d’office
dans les cas prévus aux articles R. 612-5 (défaut de production par le demandeur du
mémoire complémentaire annoncé malgré la mise en demeure qui lui a été adressée
ou défaut de rétablissement du dossier), R. 611-8-1 (défaut de production d’un
mémoire récapitulatif dans le délai imparti) et R. 612-5-1 du code de justice
administrative (défaut de réponse à une invitation à confirmer expressément le
109
maintien de la requête) et R. 612-5-2 (défaut de confirmation de la requête suite au
rejet d’un référé-suspension pour défaut de moyens sérieux).
3° Vient ensuite la question d’un éventuel non-lieu, si le litige a perdu son objet,
par exemple par suite du retrait devenu définitif de la décision attaquée.
4° Puis il faut vérifier, même si le défendeur n’en fait pas état, si la requête n’est
pas entachée de forclusion ou d’autres irrecevabilités. Pour certaines d’entre elles, que
la juridiction ne peut retenir sans avoir invité le demandeur à régulariser sa requête, le
rapporteur doit vérifier en consultant Skipper, si une telle invitation a été adressée au
requérant ; à défaut il demande au greffe d’y procéder. Par ailleurs, avant d’opposer
une irrecevabilité pour défaut de ministère d’avocat, le rapporteur doit vérifier si une
demande d’aide juridictionnelle a été formée et, dans ce cas, si elle a fait l’objet d’une
décision de rejet devenue définitive (soit parce qu’elle n’a pas été contestée, soit parce
que, saisi d’un recours dirigé contre ce rejet, le président de la CAA a rejeté celui-ci).
indemnité ;
110
dépens éventuels, ce qui concerne essentiellement les frais d’expertise, le
cas échéant d’office.
1 - Jonction
2 - Intervention
3 - Désistement ordinaire
4 - Désistement d’office
7 - Non-lieu
8 - Recevabilité
9 - Fond :
Excès de pouvoir :
a) légalité externe
b) légalité interne
Responsabilité :
c) droits de la victime :
o montant
o intérêts
111
d) droits de la caisse primaire d’assurance maladie (s’il y a lieu)
g) L. 761-1 CJA
10 - Exécution
4.2 DESISTEMENT
● Désistement – Désistement prononcé par ordonnance – Cas
général.
Dans tous les cas, le désistement prime la compétence, qu’il soit pur et simple,
qu’il résulte de conclusions erronées à fin de non lieu, (CE, 11 mai 1994, Congrégation
des Sœurs de Saint-Joseph de Lyon, n° 125812 ; CE, 9 décembre 1970, Syndicat
intercommunal pour l’utilisation des décharges contrôlées dans la région de
Montmorency et Entreprise J. Fayolle et Fils, nos 79556 et 79595) ou qu’il soit prononcé
d’office (CE, Section, 28 janvier 1994, Ministre des départements et territoires d’outre-
mer, n° 142456). Il convient donc d’en donner acte sans rechercher si le tribunal est,
en l’espèce, compétent.
La pratique courante veut qu’il soit donné acte des désistements par ordonnance
des présidents de formation de jugement ou des magistrats désignés à cet effet (article
R. 222-1 1° du CJA). Les désistements peuvent cependant être portés devant une
formation collégiale s’ils posent une question de droit ou lorsque des conclusions
reconventionnelles ont été présentées. Lorsqu’un désistement intervient après
inscription au rôle de l’affaire, l’usage est de l’y maintenir et d’en donner acte par
jugement.
En cas de désistement, chaque mémoire doit être visé mais il n’est pas
nécessaire d’analyser les moyens.
Vu la procédure suivante :
112
Vu les autres pièces du dossier.
ORDONNE :
Article 2 : (Notification)
4.2.1.1CAS GENERAL
● Désistement – Désistement résultant d’une manifestation de volonté
du requérant – Règles générales.
Il doit être écrit, signé et émaner d’une personne capable ou de son mandataire.
Il doit, dans tous les cas, être communiqué au défendeur, sauf si la requête n’a
pas été communiquée à ce dernier (régularisation en cours, dispense d’instruction).
113
d’instance n’implique que la renonciation du requérant à la demande sur laquelle le
tribunal est appelé à statuer. Le désistement d’action est la renonciation pure et simple
à tout recours fondé sur le même objet, la même cause et opposant les mêmes parties
(un tel recours est donc irrecevable). En l’absence de précision de la part du requérant,
le désistement est réputé d’instance. Il n’en va autrement que si le caractère de
désistement d’action résulte sans aucune ambiguïté des écritures du requérant (CE, 12
avril 2022, M. Broaweys, 451778, B).
Lorsqu’il a été donné acte du désistement, il n’y a plus lieu de statuer sur les
interventions tant en demande (CE, Section, 16 décembre 1994, Secrétaire d’Etat
chargé de l’environnement, n° 105798) qu’en défense (CE, 20 avril 2005, Syndicat
national des entreprises artistiques, n° 264348) ni sur une seconde requête ayant le
même objet mais introduite antérieurement à ce donné acte (CE, 23 octobre 1992, Ville
d’Hyères, n° 101764).
De même, lorsque le tribunal a sursis à statuer pour saisir le Conseil d’Etat d’une
demande d’avis, cette demande devient sans objet lorsqu’il est donné acte au
requérant de son désistement (CE, Avis, 26 mars 2003, Société Marseillaise du tunnel
Prado-Carénage, n° 251816).
Le Conseil d’Etat considère qu’il n’y a pas non-lieu à se prononcer sur le renvoi
d’une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil constitutionnel dès lors qu’il
n’a pas été donné acte au requérant de son désistement (CE, 1er février 2012,
Commune des Angles, n°353945). Ce n’est que s’il a été donné acte de ce
désistement, qu’il n’y a pas lieu, pour le Conseil d’Etat, à se prononcer sur le renvoi de
la question (CE, 31 mars 2014, Commune de Saint-Germain-en-Laye, n° 374855).
114
Sur la contestation par le requérant du désistement présenté par son avocat : cf.
« avocats »
En cas de désistement, chaque mémoire doit être visé mais il n’est pas
nécessaire d’analyser les moyens.
Vu la procédure suivante :
Ou :
115
au moins le grade de premier conseiller désignés à cet effet par le
président de leur juridiction peuvent, par ordonnance : 1° Donner acte
des désistements(…) ».
4.2.1.2CAS PARTICULIERS
4.2.1.2.1 Désistement d’action
● Désistement – Désistement résultant d’une manifestation de volonté
du requérant – Cas particuliers – Désistement d’action.
Il est rappelé qu’à défaut de préciser explicitement dans ses motifs et son
dispositif qu’il donne acte d’un désistement d’action, le jugement est réputé donner
acte d’un désistement d’instance.
Vu la procédure suivante :
116
Désistement – Désistement résultant d’une manifestation
de volonté du requérant – Cas particuliers – Désistement
d’action – Dispositif.
Lorsque le requérant renonce à certains moyens (il peut, par abus de langage,
utiliser le terme de désistement), le jugement peut se borner à indiquer dans ses motifs
qu’il n’y a plus lieu d’examiner ces moyens mais le dispositif n’a pas à en donner acte.
Vu la procédure suivante :
117
Dans le dernier état de ses écritures, résultant de son mémoire
(récapitulatif) enregistré le …, @TA__AR_T_NOMFREQABREG
demande ….
Le désistement doit, en principe, être exprès mais des conclusions à fin de non-
lieu peuvent être considérées comme un désistement.
Tel est le cas, notamment, lorsque la requête n’est, en réalité, pas devenue sans
objet (CE, 11 juin 1993, Commune de Clermont-Ferrand, n° 128127 ; CE, 27 juillet
2005, M. Renaut, n°264438).
118
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE a présenté le ... des
conclusions à fin de non-lieu. La décision attaquée n’ayant pas été
rapportée, la requête n’est pas devenue sans objet. Dès lors, ces
conclusions équivalent à un désistement pur et simple. Rien ne s’oppose
à ce qu’il soit donné acte de ce désistement.
Ou :
119
● Désistement – Désistement résultant d’une manifestation de volonté
du requérant – Acceptation et retrait du désistement.
Dans tous les cas, l’acte de désistement doit être notifié au défendeur qui peut
l’accepter explicitement.
Si le désistement est expressément refusé (ou accepté avec maintien exprès des
conclusions reconventionnelles), il doit être statué sur les conclusions
reconventionnelles et uniquement sur ces dernières, même si « lesdites conclusions
amènent nécessairement le juge à apprécier les mérites de l’action principale engagée
devant lui, nonobstant le désistement du demandeur » (CE, Section, 22 décembre
1950, Sieur Barbier, Rec. p. 640).
120
4.2.1.2.5 Dépens et frais non compris dans les dépens
(L.761-1)
● Désistement – Désistement résultant d’une manifestation de volonté
du requérant – Dépens et frais non compris dans les dépens.
Le désistement est, par ailleurs, sans incidence sur les conditions d’application
des dispositions relatives aux frais d’instance.
Il peut se soulever d’office, comme son nom l’indique mais le tribunal n’y est pas
tenu : même en l’absence du mémoire complémentaire annoncé, il a toujours la
possibilité de clore l’instruction et d’arrêter la date de son audience sans fixer un délai
pour la production du mémoire complémentaire ni adresser de mise en demeure en ce
sens (CE, 10 octobre 1990, Consorts Roussel, n° 94808 ; CE, 25 octobre 2010,
Société civile d’exploitation agricole du domaine de Haute Grée, n°308697).
En revanche, lorsqu’une telle mise en demeure a été envoyée et n’a pas été
suivie d’effet dans le délai imparti, le désistement d’office doit être constaté, (par
exemple, pour le cas de l’absence du mémoire complémentaire annoncé : CE 9 mars
208 Mme Eveno-Lapinard, n° 402378).
121
comme un désistement d’action : il s’agit désormais aussi d’un désistement d’instance
(CE, 20 février 2013, Commune d’Allauch, n°362201).
en cas de défaut de rétablissement par une partie des pièces qui lui ont été
communiquées à sa demande (article R. 612-5 du CJA) cf. « défaut de
rétablissement du dossier » ;
122
l’application télérecours, le point de départ de ce délai est la date de première
consultation, certifiée par l’accusé de réception délivré par l’application informatique,
ou, à défaut de consultation dans un délai de deux jours ouvrés à compter de la date
de mise à disposition dans l’application, à l’issue de ce délai (R. 611-8-2 du CJA). Si la
demande a été adressée par voie postale, le délai fixé pour la production du mémoire
récapitulatif court, lorsque l'intéressé a retiré le pli recommandé contenant la demande
dans le délai de conservation au guichet postal, à compter de la date de ce retrait (CE,
25 mars 2020, Mme Marie-France Lacoste, 432717).
123
1. Aux termes de l’article R. 222-1 du code de justice
administrative : « Les présidents de tribunal administratif (…), les
premiers vice-présidents des tribunaux (…), le vice-président du
tribunal administratif de Paris, les présidents de formation de jugement
des tribunaux (…) et les magistrats ayant une ancienneté minimale de
deux ans et ayant atteint au moins le grade de premier conseiller
désignés à cet effet par le président de leur juridiction peuvent, par
ordonnance : 1° Donner acte des désistements ». Aux termes de
l’article R. 611-8-1 du code de justice administrative : « Le président de
la formation de jugement (…) peut demander à l’une des parties de
reprendre, dans un mémoire récapitulatif, les conclusions et moyens
précédemment présentés dans le cadre de l’instance en cours, en
l’informant que, si elle donne suite à cette invitation, les conclusions et
moyens non repris seront réputés abandonnés. (…) / Le président de la
formation de jugement (…) peut en outre fixer un délai, qui ne peut être
inférieur à un mois, à l’issue duquel, à défaut d’avoir produit le
mémoire récapitulatif mentionné à l’alinéa précédent, la partie est
réputée s’être désistée de sa requête ou de ses conclusions incidentes.
La demande de production d’un mémoire récapitulatif informe la partie
des conséquences du non-respect du délai fixé ».
L’article R. 612-5 du CJA prévoit que lorsque le demandeur n’a pas produit le
mémoire complémentaire dont il avait expressément annoncé l’envoi, il est réputé
s’être désisté. Il n’est possible de donner acte de ce désistement qu’après avoir mis le
124
requérant en demeure de produire le mémoire annoncé. Il n’est en revanche pas
nécessaire de faire précéder cette mise en demeure d’une invitation à produire dans un
délai déterminé (CE, 17 mai 2006, Mallein, n° 272327).
La mise en demeure, qui ne peut être signée que par le président de la formation
de jugement (ou le cas échéant un rapporteur ayant reçu délégation à cet effet), doit
mentionner précisément les conséquences de la carence du destinataire : une lettre se
bornant à faire référence à l’article R. 612-5 du CJA sans le citer ni préciser la sanction
prévue dans le cas où le délai imparti n’est pas respecté, ne saurait valoir mise en
demeure au sens de cet article (CE, 30 décembre 1998, Département de l’Aisne, n°
165372).
L’annonce d’un mémoire ultérieur doit être claire et ne peut être implicite :
l’annonce de « l’explicitation ultérieure d’autres motifs d’annulation » n’est pas celle
d’un mémoire complémentaire qui permette d’envoyer la mise en demeure, préalable
au désistement d’office (CE, 21 octobre 1994, Guttin et autres, n° 138078). Il en est de
même d’un mémoire motivé, régulièrement présenté par un requérant sans avocat et
formulant des conclusions "sous réserve de tous autres éléments de droit ou de fait à
produire ultérieurement par mémoire complémentaire, et sous réserve de tout autre
recours" (CE, 5 juillet 2013, Solidaires Douanes, n° 35660). Si la requête est intitulée
« requête sommaire » mais qu’aucun mémoire complémentaire n’est annoncé dans
cette requête, le requérant doit être regardé comme n’ayant pas exprimé l’intention de
présenter un mémoire complémentaire (CE, 22 octobre 2010, M. Burgaud, n° 333004).
125
imparti (CE, Section, 19 novembre 1993, Société Le Noroit, n° 119389). L’obligation
pour le juge de prononcer, dans ce cas, un tel désistement ne cède que si la mise en
demeure s’avère injustifiée ou irrégulière (CE 9 mars 2018 Mme Eveno-Lapinard, n°
402378).
126
Désistement – Désistement d’office – Défaut de
production du mémoire complémentaire annoncé (CJA,
art. R. 612-5) – Motifs – Formation collégiale.
127
[Copie en sera adressée à Y…]
L’article R. 612-5 du CJA prévoit que lorsque le demandeur n’a pas rétabli le
dossier, il est réputé s’être désisté. Il n’est possible de donner acte de ce désistement
qu’après avoir mis le requérant en demeure de rétablir le dossier. Il n’est en revanche
pas nécessaire de faire précéder cette mise en demeure d’une invitation à rétablir le
dossier dans un délai donné (CE, 17 mai 2006, Mallein, n° 272327).
La mise en demeure, qui ne peut être signée que par le président de la formation
de jugement (ou le cas échéant un rapporteur délégué), doit mentionner précisément
les conséquences de la carence du destinataire : une lettre se bornant à faire référence
à l’article R. 612-5 du CJA sans le citer ni préciser la sanction prévue dans le cas où le
délai imparti n’est pas respecté, ne saurait valoir mise en demeure au sens de cet
article (CE, 30 décembre 1998, Département de l’Aisne, n° 165372).
Le délai imparti par la mise en demeure est un délai franc (CE, 3 novembre
1989, Mme William, n° 80152). Il n’est pas prolongé par les délais de distance prévus à
l’article R. 421-7 (CE, 14 février 2007, Azri, n° 293523). Si cette mise en demeure est
adressée par l’application télérecours, le point de départ de ce délai est la date de
première consultation, certifiée par l’accusé de réception délivré par l’application
informatique, ou, à défaut de consultation dans un délai de deux jours à compter de la
date de mise à disposition dans l’application, à l’issue de ce délai (R. 611-8-2 du CJA).
128
Aux termes de l’article R. 611-6 du code de justice
administrative : « Le président de la juridiction (…) peut…autoriser le
déplacement des pièces, pendant un délai qu’il détermine, dans une
préfecture ou une sous-préfecture, ou au greffe d’une autre juridiction
administrative. En cas de nécessité reconnue, il peut également
autoriser la remise momentanée de ces pièces, pendant un délai qu’il
fixe, entre les mains des avocats des parties ou des représentants de
l’administration ». Aux termes de l’article R. 612-5 du même code :
« Devant les tribunaux administratifs (…) si le demandeur, malgré la
mise en demeure qui lui a été adressée (…) dans les cas mentionnés au
second alinéa de l’article R.611-6, n’a pas rétabli le dossier, il est
réputé s’être désisté ».
129
en demeure qui lui a été adressée le… sur le fondement des dispositions
de l’article R. 612-5 du même code. Ainsi
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE doit être réputé s’être désisté de
sa requête. Il y a lieu, dès lors, de donner acte de son désistement.
Depuis le 1er janvier 2017, lorsque l’état du dossier permet de s’interroger sur
l’intérêt que conserve la requête, le président de la formation de jugement peut inviter
le requérant à confirmer expressément le maintien de ses conclusions (R. 612-5-1 du
code de justice administrative). Le délai imparti au requérant, qui ne peut être inférieur
à un mois, est un délai franc (CE, 24 octobre 2019, société Prologia, 424812).
130
Le juge d’appel vérifie que l'intéressé a reçu la demande mentionnée par les
dispositions de l'article R. 612-5-1 du CJA, que cette demande fixait un délai d'au
moins un mois au requérant pour répondre et l'informait des conséquences d'un défaut
de réponse dans ce délai, que le requérant s'est abstenu de répondre en temps utile et
apprécie si le premier juge, dans les circonstances de l'affaire, a fait « une juste
application » des dispositions de l'article R. 612-5-1. En cassation, c’est un contrôle de
« l’usage abusif » de la faculté ouverte par ces dispositions qui est opéré (CE, 17 juin
2019, El Bouatmani, 419770 : CE, 12 février 2020, Ministre de l'action et des comptes
publics c/ Société Realnet, 421219).
131
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE a été, en application des
dispositions de l’article R. 612-5-1 du code de justice administrative,
invité, par un courrier du président de la formation de jugement du ..., à
confirmer expressément le maintien de ses conclusions et informé de ce
que, à défaut de confirmation, il serait réputé s’être désisté d’office.
Aucune confirmation n’étant parvenue à la juridiction dans ce délai,
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE … doit être réputé s’être désisté
de sa requête. Dès lors, il y a lieu de donner acte de ce désistement.
A défaut, il est réputé s’être désisté de cette requête, à condition toutefois que la
notification de l’ordonnance de référé ait comporté cet avertissement de manière
explicite.
132
présentée sur le fondement de l’article L. 521-1 au motif qu’il n’est pas
fait état d’un moyen propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute
sérieux quant à la légalité de la décision, il appartient au requérant,
sauf lorsqu’un pourvoi en cassation est exercé contre l’ordonnance
rendue par le juge des référés, de confirmer le maintien de sa requête à
fin d’annulation ou de réformation dans un délai d’un mois à compter
de la notification de ce rejet. A défaut, le requérant est réputé s’être
désisté. / Dans le cas prévu au premier alinéa, la notification de
l’ordonnance de rejet mentionne qu’à défaut de confirmation du
maintien de sa requête dans le délai d’un mois, le requérant est réputé
s’être désisté ».
133
La requête en référé n° de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE
tendant à la suspension de l’exécution de (décision attaquée) a été
rejetée par ordonnance du (…) au motif qu’aucun des moyens qu’il y
avait présentés n’était propre à créer, en l’état de l’instruction, un doute
sérieux quant à la légalité de cette décision.
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE a été, en application des
dispositions de l’article R. 612-5-2 du code de justice administrative,
informé, dans la notification de l’ordonnance de référé, de ce qu’il lui
appartenait de confirmer expressément, dans le délai d’un mois, le
maintien de sa requête au fond et de ce qu’à défaut de confirmation, il
serait réputé s’être désisté d’office. Aucune confirmation n’étant
parvenue à la juridiction dans ce délai,
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE … doit être réputé s’être désisté
de sa requête. Dès lors, il y a lieu de donner acte de ce désistement.
4.3 INCOMPETENCES
Incompétences – Caractère d’ordre public des règles de compétence.
134
apparaît qu’une juridiction de l’ordre judiciaire a décliné la compétence de son ordre de
juridiction, par une décision qui n’est plus susceptible de recours, le tribunal
administratif devra surseoir à statuer et saisir le Tribunal des conflits sur le fondement
de l’article 32 du décret n° 2015-233 du 27 février 2015, auquel renvoie l’article R. 771-
1 du CJA. . (Pour de plus amples développements sur cette question, on se reportera à
la partie Questions préjudicielles).
Depuis le 1er janvier 2019, lorsque la juridiction saisie l’est d’un contentieux relatif
à l'admission à l'aide sociale, elle transmet le dossier de la procédure, sans préjuger de
la recevabilité de la demande, à la juridiction de l'autre ordre de juridiction qu'elle
estime compétente par une ordonnance qui n'est susceptible d'aucun recours (article
32 du décret n° 2015-233 du 27 février 2015).
ORDONNE :
135
Article 1er : La requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREG est
rejetée comme portée devant une juridiction incompétente pour en
connaître.
Ou :
Mais :
136
comme un contrat administratif et que la construction du bâtiment
industriel envisagé présentait le caractère de travaux publics. Par suite,
la juridiction administrative est compétente pour connaître (…) du litige
ayant trait aux conditions d’exécution de la convention du (…).
137
sont prises par des autorités administratives, dès lors que ces décisions
sont inhérentes à la gestion d’un régime spécial.
Ex. : CE, 5 octobre 1983, Bureau d’Aide Sociale de la ville de Paris, n° 41571.
138
Incompétence de la juridiction administrative –
Hospitalisation d’office.
Ou :
Ex. : CE, 15 avril 2011, Garde des Sceaux, ministre de la justice et des libertés
c. Mme Ribailly, n°346213
139
l’Union européenne ne saurait être regardée comme détachable de la
conduite de la procédure judiciaire et relever de la compétence
administrative. Il en va ainsi, alors même que la personne recherchée
purgerait en France une peine en raison de faits autres que ceux visés
par le mandat d’arrêt et que la chambre de l’instruction aurait différé la
remise de celle-ci, en application de l’article 695-39 du code de
procédure pénale.
Ex. : CE, 6 juillet 2015, Garde des Sceaux, Ministre de la justice c/ M. et Mme
Rizvanovic, n° 388456
s’agissant du contentieux des travaux publics, au fait que l’on ne doit plus viser la
loi du 28 Pluviôse An VIII, dont l’article 4 qui constituait le fondement de la
compétence de la juridiction administrative, a été malencontreusement abrogé
par l’ordonnance n° 2006-460 du 21 avril 2006, relative à la partie législative du
code général de la propriété des personnes publiques,
Ex. : CE, 7 août 2008, Société anonyme de gestion des eaux de Paris, n°
289329.
140
Compétence de la juridiction administrative – Agents
publics.
Ou :
Vu :
- le code de l’action sociale et des familles ;
- le code de l’organisation judiciaire ;
- le code de la sécurité sociale ;
- le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 ;
- le code de justice administrative.
141
2° Résultant de l’application de l’article L. 132-8 (…) » du même code.
L’article L. 132-8 de ce code prévoit notamment qu’un recours en
récupération de l’aide sociale qu’il a servie peut-être exercé par le
département contre le bénéficiaire revenu à meilleure fortune.
ORDONNE :
142
4.3.2 INCOMPETENCE DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF AU SEIN DE
LA JURIDICTION ADMINISTRATIVE
4.3.2.1REGLES GENERALES
● Incompétence du tribunal administratif – Règles générales.
Sur le plan territorial, la compétence entre les tribunaux suit les règles posées
par les dispositions de principes énoncées sous les articles R. 312-1 à R. 312-5 du
CJA (lesquels forment la section 1). L’article R. 312-1 énonce la règle générale. La
section 2 comporte, sous les articles R. 312-6 à R. 312-19, un ensemble d’exceptions ;
il convient de s’y reporter.
Il peut être dérogé aux règles normales de compétence dans deux cas : pour
prévenir un risque de partialité objective de la juridiction (article R. 312-5) et pour
mettre en œuvre le mécanisme de connexité entre plusieurs affaires. Les règles de
connexité interviennent dans cinq situations définies par le code de justice
administrative dont trois intéressent directement les tribunaux administratifs : connexité
entre des demandes relevant de la compétence d’un tribunal administratif et des
demandes relevant de la compétence en premier ressort du Conseil d’Etat (articles R.
143
341-1 à R. 341-4) ; connexité entre des demandes relevant de la compétence de deux
tribunaux administratifs (articles R. 342-1 à R. 342-3) et connexité entre des demandes
relevant de la compétence d’un tribunal administratif et des demandes relevant de la
compétence de premier ressort d’une cour administrative d’appel (articles R. 345-1 à
R. 345-4). Il importe de souligner que des demandes distinctes qui ne correspondent
pas au même degré de jugement ne sauraient présenter entre elles un lien de
connexité (CE, 16 juin 2004, Bianchin, n° 265915).
Cette saisine doit impérativement intervenir dans les trois mois à compter de
l’enregistrement de l’ordonnance de renvoi de la juridiction initialement saisie (CE, 29
juillet 2020, M. Le Nadan, 435998). A l’expiration de ce délai, sa compétence ne peut
plus être remise en cause, sauf à opposer l’incompétence de la juridiction
administrative (CE, 17 octobre 2022, Association France Nature Environnement Ile-de-
France et autres, n° 459219).
144
4.3.2.2INCOMPETENCE MATERIELLE DU TRIBUNAL ADMINISTRATIF
4.3.2.2.1 Renvoi de l’affaire au Conseil d’Etat
Incompétence matérielle du tribunal administratif –
Renvoi au Conseil d’Etat – Décision collégiale – Renvoi
de toute l’affaire.
DECIDE :
DECIDE :
145
y a lieu, dès lors, de transmettre le dossier à [juridiction administrative
compétente].
DECIDE :
Ainsi qu’il a été rappelé, lorsqu’il est constaté que le tribunal n’est pas
territorialement compétent, l’affaire est normalement transmise sans délai par
ordonnance au tribunal administratif territorialement compétent, mais cette
transmission peut également être effectuée par jugement lorsque cette incompétence
territoriale n’a été identifiée que tardivement.
Lorsque tout ou partie des conclusions dont est saisi en premier ressort le
tribunal administratif relève de la compétence d’une juridiction administrative de droit
commun (TA, CAA, CE), le tribunal administratif est compétent, nonobstant les règles
de répartition des compétences entre juridictions administratives, pour rejeter les
146
conclusions entachées d’une irrecevabilité manifeste insusceptible d’être couverte en
cours d’instance ou pour constater qu’il n’y a pas lieu de statuer sur tout ou partie des
conclusions (R. 351-4 du CJA).
4.3.2.5CONNEXITE
● Incompétence du tribunal administratif – Connexité – Définition.
un acte réglementaire et un acte individuel pris sur son fondement (CE, 28 juillet
2000, Tamèze et Girard, n° 188494),
147
l’arrêté de reconduite à la frontière d’un étranger et le refus de titre de séjour
dont il fait l’objet (CE, 9 octobre 2002, Epoux Boughir, n° 221784 ; CE, 27 juillet
2005, Aloui, n° 257290).
les demandes d’annulation d’actes formant les éléments successifs d’une même
opération juridique (CE, Assemblée, 16 avril 1986, Compagnie luxembourgeoise
de télédiffusion et autres, n° 75040) ; cette hypothèse vise également
l’expropriation (CE, 17 février 1967, Société nouvelle des Entreprises d’Hôtels et
autres, n° 00060 ; CE, 12 avril 1967, Société nouvelle des Entreprises d’Hôtels et
autres, n° 68380) ou l’élaboration des documents d’urbanisme (CE, Section, 8
octobre 1976, Le Blant, n° 93279),
Ce sont les dispositions des articles R. 341-2 et suivants, ainsi que R. 342-1 et
suivants qui décrivent les différents mécanismes applicables en cas de connexité.
Ainsi, s’il décèle une connexité entre une demande enregistrée devant le tribunal
administratif et une demande déjà pendante devant le Conseil d’Etat, le président du
tribunal administratif renvoie l’affaire à ce dernier par ordonnance (article R. 341-2
alinéa 1er) ; il peut y être invité par ordonnance du président de la section du
contentieux du Conseil d’Etat, lorsque la connexité est découverte par la chambre
intéressée (article R. 341-2 alinéa 2).
148
Le principe posé par l’article L. 222-1 du CJA est, s’agissant du jugement des
affaires ordinaires, celui de la collégialité (avec comme corollaire, celui de l’imparité) de
la formation de jugement. La formation de jugement de droit commun, à l’intérieur de la
chambre, comprend trois membres (article R. 222-18) mais l’article R. 222-19 lui donne
la possibilité de renvoyer le jugement de toute affaire à une formation plus importante
comme la formation en chambres réunies (prévue, pour les tribunaux de plus de deux
chambres à l’article R. 222-19-1), la formation élargie ou la formation plénière (prévues
à l’article R. 222-20, ou, pour le tribunal administratif de Paris, à l’article R. 222-21).
L’article L. 222-1 du CJA admet cependant qu’il soit fait exception à la règle de
collégialité au regard de l’objet du litige ou de la nature des questions à juger. L’affaire
sera alors jugée par un magistrat statuant seul. Il existe ici deux cas de figure : les
ordonnances de l’article R. 222-1 et les jugements de l’article R. 222-13.
Il n’est cependant pas exclu que l’ordonnance intervienne après une phase
d’instruction, lorsque se produit l’évènement qui la motive (désistement, non-lieu) ou
que sont mis en évidence, par le défendeur, les éléments qui la justifient (irrecevabilité
ou incompétence manifestes). Rien n’interdit, au demeurant, que soit prise une
ordonnance après renvoi d’une affaire inscrite à une audience publique (CE, 30 avril
1993, Commune d’Arcangues, n° 122075).
L’article R. 222-1 énumère 7 cas dans lesquels peut intervenir une ordonnance.
Mais une même ordonnance peut être prise sur le fondement de plusieurs de ces
dispositions lorsque la requête comprend des conclusions distinctes appelant
respectivement des solutions relevant de chacune d’elles (ex. requête faisant l’objet
d’un désistement partiel, et manifestement irrecevable pour le surplus).
149
Cette hypothèse couvre également le cas des désistements d’office (CE, 8
février 1995, Hébert, n° 149044).
La requête sera alors rejetée comme portée devant une juridiction incompétente
pour en connaître.
Le texte vise deux hypothèses dans lesquelles le recours aux ordonnances est
alors possible :
Ces dispositions n’ont, par ailleurs, ni pour objet ni pour effet de permettre un
rejet par ordonnance lorsque la juridiction s'est bornée à communiquer au requérant,
en lui indiquant le délai dans lequel il lui serait loisible de répondre, le mémoire dans
lequel une partie adverse a opposé une fin de non recevoir. En pareil cas, à moins que
150
son auteur n'ait été invité à la régulariser dans les conditions prévues à l'article R. 612-
1 du CJA, la requête ne peut être rejetée pour irrecevabilité que par une décision prise
après audience publique (CE, 14 octobre 2015, M. et Mme Godrant, n° 374850).
Il faut souligner que dans tous les cas, l’irrecevabilité doit être manifeste : ainsi
l’existence d’une discussion à trancher sur les conditions de l’affichage du permis de
construire ne permet-elle pas de recourir à une ordonnance pour rejeter la requête
comme tardive (CE, 5 décembre 2001, Mme Dugas, n° 225511).
5° Requêtes qui ne comportent plus d’autre question à trancher que les dépens
et les frais de l’article L. 761-1 du CJA.
Cet alinéa permet à l’auteur de l’ordonnance de statuer dans tous les cas sur la
charge des dépens et sur les conclusions présentées (ou maintenues) par les parties
sur le fondement de l’article L. 761-1 du CJA. Il lui appartiendra, notamment de
déterminer, en l’absence de dépens, celle des parties qui doit être regardée comme la
partie perdante.
Pour juger par ordonnance de telles requêtes, le texte pose pour conditions :
151
alors qu’objectives et automatiques (CE, 20 mai 2005, Reboul, n° 267836). Cette
orientation a conduit à écarter le recours aux ordonnances de série dans le
contentieux des retraits de points de permis de conduire (CE, 20 février 2008,
Ministre d’Etat, ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire c/
Waterlot et Waterlot, n° 294396 ; pour le cas du contentieux des bonifications
d’ancienneté pour le calcul des pensions des fonctionnaires : cf. CE, 24
septembre 2007, Murzeau, n° 289334).
Ou :
152
ordonnance en application des dispositions de l’article R. 222-1 du code
de justice administrative.
Ou :
Une analyse très fine des moyens doit être réalisée de manière à justifier qu’ils
relèvent de l’une des rubriques permettant le recours à la technique du rejet par
ordonnance (cf. Etude d’Alexandre Ciaudo : « Le rejet par ordonnance des recours
manifestement mal fondés », Droit Administratif, Juin 2009, p.7). Le rejet par
ordonnance n’appelle pas en revanche, lors de la rédaction de celle-ci, une réponse
précise aux moyens. Pour un exemple de contrôle exercé sur le recours à l’alinéa 7
dans un cas où un moyen non fondé a été à tort qualifié d’inopérant (cf. CE, 9 juin
2010, Iche, n° 320027).
153
au moins le grade de premier conseiller désignés à cet effet par le
président de leur juridiction [ne garder que la mention utile] peuvent,
par ordonnance : (…) 7° Rejeter, après l’expiration du délai de
recours ou, lorsqu’un mémoire complémentaire a été annoncé, après la
production de ce mémoire, les requêtes ne comportant que des moyens
de légalité externe manifestement infondés, des moyens irrecevables,
des moyens inopérants ou des moyens qui ne sont assortis que de faits
manifestement insusceptibles de venir à leur soutien ou ne sont
manifestement pas assortis des précisions permettant d’en apprécier le
bien-fondé (…) » ;
4.4.2.1GENERALITES
● Compétence du magistrat statuant seul – Juge unique de l’article R.
222-13 – Généralités.
Les litiges d’exécution de jugements rendus par un magistrat statuant seul sont
tranchés dans les mêmes conditions, y compris lorsqu’il ne s’agit que de liquider une
astreinte, sauf à les renvoyer en formation collégiale dans les conditions
précédemment décrites (CE, avis, 29 décembre 2000, Clouzeau, n° 257411).
154
4.4.2.2CHAMP D’APPLICATION
● Compétence du magistrat statuant seul – Juge unique de l’article R.
222-13 – Champ d’application.
Le 10° de cet article inclut aussi, dans les compétences du juge unique, une
rubrique générale, à savoir les actions indemnitaires, le critère de compétence étant
alors constitué par le montant des indemnités demandées.
Les litiges relatifs aux prestations, allocations ou droits attribués au titre de l’aide
ou de l’action sociale, du logement ou en faveur des travailleurs privés d’emploi
relèvent du juge unique. Les requêtes présentées dans ces matières sont instruites et
jugées dans les conditions prévues aux articles R. 772-5 et suivants du CJA.
1. Les litiges intéressant des mesures réglementaires ont été considérés comme
étant exclus de la compétence du juge unique (CE, 16 juin 2004, Syndicat national des
sapeurs-pompiers professionnels des Landes, n° 265641).
155
2. L’intervention d’un organe disciplinaire collégial est prévue par le statut
général de la fonction publique. L’article L. 532-5 du code général de la fonction
publique, qui codifie l’article 19 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983 portant droits et
obligations des fonctionnaires, dispose qu’ « Aucune sanction disciplinaire autre que
celles classées dans le premier groupe de l'échelle des sanctions de l'article L. 533-1
ne peut être prononcée à l'encontre d'un fonctionnaire sans consultation préalable de
l'organisme siégeant en conseil de discipline au sein duquel le personnel est
représenté.».
La liste des sanctions du premier groupe n’était cependant pas identique d’une
branche de la fonction publique à l’autre jusqu’à l’entrée en vigueur de la loi
n° 2019-828 du 6 août 2019 de transformation de la fonction publique, qui, pour les
trois fonctions publiques, y a rangé les avertissements, les blâmes et les exclusions
temporaires de fonction pour une durée maximale de trois jours (voir les articles 66 de
la loi n° 84-16 du 11 janvier 1984 portant dispositions statutaires relatives à la fonction
publique de l’Etat, 89 de la loi n° 84-53 du 26 janvier 1984 portant dispositions
statutaires relatives à la fonction publique territoriale et 81 de loi n° 86-33 du 9 janvier
1986 portant dispositions statutaires relatives à la fonction publique hospitalière).
Depuis le 1er mars 2022, ces dispositions sont codifiées aux articles L. 532-5 et L. 533-
1 du code général de la fonction publique.
Cette rédaction semble exclure ainsi les pensions versées aux anciens
combattants et prévues par le code des pensions militaires d’invalidité et des victimes
de la guerre, qui relevaient jusqu’alors du juge unique (CE, 13 décembre 2006, Ministre
de la défense c/Diop, n°286073).Par ailleurs, un litige qui n’est pas relatif aux droits à
pensions d’un agent public mais à la détermination de la collectivité publique à laquelle
il revient de prendre en charge la part patronale de cotisation de retraite n’est pas un
litige en matière de pensions au sens du 3° de l’article R. 222-13 du CJA (CE, 23 juillet
2010, Assemblée de la province des îles Loyauté, n° 328831). Il en va de même de
l’action indemnitaire engagée par un agent public tendant à obtenir réparation d'un
préjudice subi du fait de renseignements erronés sur ses droits à pension (CE, 10 juillet
2019, Mme Chekhab, 416754).
En revanche, entrent dans cette catégorie les litiges relatifs à l’octroi d’une rente
viagère d’invalidité (CE, 3 juillet 2020, M. Larbi, 424647).
S’agissant du 5°, ne relèvent du juge unique que les litiges tendant à la décharge
ou à la réduction des impositions concernées, ou les litiges concernant leur
156
recouvrement (CE, 9 novembre 2005, Danglehant, n° 269670) ce qui exclut les recours
pour excès de pouvoir dirigés, par exemple, contre les décisions de l’administration
fiscale modifiant les bases des impositions locales (CE, 5 mai 2006, Commune de
Coupvray, n° 270502). C’est là une différence notable par rapport à l’hypothèse visée
au 7° qui concerne un contentieux d’excès de pouvoir.
au permis de conduire.
157
Les dispositions du 10° de l’article R. 222-13, combinées avec celles des articles
R. 222-14 et R. 222-15, attribuent au juge unique une compétence générale pour
statuer sur les actions indemnitaires lorsque le montant total des indemnités
demandées dans la seule requête introductive d’instance est inférieur ou égal à 10 000
euros (CE, 4 mars 2009, M. Prosdocimi, n° 321665), sans tenir compte ni des intérêts
ni des sommes réclamées au titre de l’article L. 761-1 du CJA.
4.5 NON-LIEU
Non-lieu – Remarques générales.
158
prononcé après une audience publique. De même, l’intervention de la cause de non-
lieu peu avant l’audience n’appelle pas forcément le renvoi de l’affaire, qui fera alors
l’objet d’un jugement.
D’une façon générale, il n’y a plus lieu de statuer sur une requête lorsque l’objet
de celle-ci a entièrement disparu postérieurement à son introduction, pour quelque
cause que ce soit.
1. Une attention toute particulière doit être portée à la date à laquelle les
conclusions de la requête ont perdu leur objet. Si cette date est antérieure à celle de
159
l’introduction de la requête, il faut rejeter cette requête comme irrecevable, et non
prononcer un non-lieu à statuer (CE, 9 juillet 1982, Ministre du travail et de la
participation c/ Magnien, n° 23413).
Le Conseil d’Etat a toutefois précisé sur ce point que dans le cas de retrait de la
décision attaquée, si la décision de retrait bien qu’antérieure au recours, n’a été portée
à la connaissance du requérant qu’après son introduction, la requête doit être
considérée comme ayant perdu son objet et non comme irrecevable (CE, 2 mai 2016,
SARL Nice Music, n° 386655).
Il en est de même en plein contentieux objectif, lorsque l’acte attaqué est retiré,
que ce retrait ait ou non un caractère définitif (par exemple dans le contentieux de
pleine juridiction des installations classées pour la protection de l’environnement et des
autorisations environnementales ; en matière de différends audiovisuels : CE, 9 juillet
2010, Société NRJ 12, n°309352, 309353 ; pour le contentieux électoral : Guide du
rapporteur à la section du contentieux, 2.2.1.2.1. Non lieu).
Il convient de relever que si la décision est retirée en cours d’instance pour être
remplacée par une décision, individuelle ou règlementaire, ayant la même portée, le
recours doit être regardé comme tendant également à l’annulation de la nouvelle
décision. Si le juge doit prononcer alors, lorsque le retrait est définitif, un non-lieu sur
les conclusions dirigées contre la décision initiale, il doit en revanche statuer sur les
conclusions dirigées contre la nouvelle décision (CE, 25 octobre 2018, Formentin
n° 414375 ; v. pour un ex. : CE, 25 novembre 2020, Confédération de l’encadrement-
confédération générale des cadres et a., 434920 et a., point 33, B sur un autre point).
Par construction, un décret qui n'avait pas encore été rendu applicable à la date de son
abrogation n’a pu recevoir d’exécution (CE, Assemblée, 12 décembre 1953, Union
160
nationale des associations familiales, n° 16479, p. 545). De même, sont devenues
sans objet des conclusions tendant à l'annulation de dispositions réglementaires dont
l'entrée en vigueur était différée et qui n'ont pas produit d'effet avant l'entrée en vigueur
d'un décret, devenu définitif du fait du rejet des conclusions tendant à son annulation,
les remplaçant par des dispositions de portée différente (CE, 15 décembre 2021,
Confédération de l’encadrement-confédération générale des cadres et a., 452209 et
a.).
Pour la caducité : CE, 13 juillet 2007, Chopinaud, n° 280775 ; CE, 7 mai 2015,
Dechoz, Ombret et autres c/ Ministre du travail, n os 371137 ; 371141 et autres ou
encore ; CE, 12 novembre 2014, Fédération de l’hospitalisation, n° 360264) ;
161
La circonstance qu’un acte abrogatif n’aurait pas remédié à l’illégalité dont il est
soutenu que l’acte abrogé était entaché est sans incidence sur le fait que l’abrogation a
eu pour effet de priver de son objet un litige relatif au refus d’abrogation (CE, 15 juin
2016, Association nationale des opérateurs détaillants en énergie (ANODE), n°
381255).
cas où un acte réglementaire fait l’objet d’un recours pour excès de pouvoir en
tant qu’il ne comporte pas une disposition particulière et que, avant que le juge
ait statué, l’administration modifie l’acte en cause en ajoutant la disposition
demandée : CE, 16 juillet 2014, Fédération départementale des chasseurs de la
Charente-maritime et autres, nos 363446 ; 363447 et autres.
Cas du recours dirigé contre le refus opposé à une demande de prendre toute
mesure d’organisation du service pour remédier à une carence, dont l’effet utile
réside dans l’injonction que le juge peut prescrire d’office de prendre les mesures
jugées nécessaires tout en laissant aux autorités compétentes le soin de
déterminer, parmi les mesures juridiques, financières, techniques ou
d’organisation qui sont susceptibles d’être prises, celles qui sont les mieux à
même d’assurer le respect des obligations qui leur incombent, ces mesures
intervenant en cours d’instance : CE, 9 juin 2022, M. Ahain et a., n° 455754.
A l’inverse, dans le cas où le litige tend à l’annulation pour excès de pouvoir d’un
refus de l’administration d’accomplir une action et que l’action en cause est
devenue impossible en cours d’instance : CE, 30 décembre 2014, Section
française de l’observatoire international des prisons – OIP c\ Ministère de la
justice, n° 362496
162
Dans la même veine, l’objet du litige doit être regardé comme ayant disparu dans
le cas où l’impossibilité de prescrire la mesure à la date à laquelle le juge statue
résulte de la modification du contexte légal et règlementaire. Il en va ainsi, dans
le cas du refus d’accorder une dérogation à caractère temporaire à l’interdiction
d’usage de certains produits phytosanitaires, lorsqu’à la date à laquelle le juge
statue, aucune dérogation ne peut plus être légalement accordée car la date
limite d’octroi d’une dérogation est dépassée, de sorte qu’aucune injonction ne
pourrait être prononcée par le juge en application de l’article L. 911-1 du code de
justice administrative, alors que c’est dans cette injonction que résiderait le seul
effet utile de l’annulation (CE, 12 juillet 2021, Association générale des
producteurs de maïs, n° 427387).
Dans le cas où des conclusions à fin de non-lieu ont été présentées par l’une ou
l’autre des parties, il convient naturellement de les viser, mais aussi d’analyser les
moyens de fait et de droit présentés par la partie concernée à l’appui de ces
conclusions.
Il soutient que :
-…
163
Il résulte de ce qui précède que, dès la date à laquelle elle a été
enregistrée, la requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREG était
dépourvue d’objet. Elle est, par suite, irrecevable.
Ou :
164
Non-lieu ordinaire – Motifs – Excès de pouvoir –
Intervention en cours d’instance de mesures
d’organisation du service permettant d’assurer le
respect des obligations incombant à l’administration
165
d’exécution de la part de …, est devenue sans objet. Il n’y a, dès lors,
plus lieu d’y statuer.
Lorsque le non-lieu ne porte que sur une partie des conclusions – ce qui est le
cas notamment lorsque la requête comporte des conclusions tendant au
remboursement des frais non compris dans les dépens –, il convient, dans le dispositif
comme, d’ailleurs, dans les motifs, de limiter clairement la portée de ce non-lieu aux
seules conclusions concernées.
Article 2 : [Notification.]
Article 1er : Il n’y a pas lieu de statuer sur les conclusions de la requête
de @TA__AR_T_NOMFREQABREG tendant à …
Article 3 : [Notification.]
Cette situation recouvre deux séries d’hypothèses : les lois de validation et les
lois interprétatives d’une part, et les lois d’amnistie, d’autre part.
166
De même, l’intervention d’une loi validant les résultats d’un concours ou d’un
examen prive d’objet le litige relatif à la contestation desdits résultats (CE, 3 novembre
1999, Allary, n° 199399).
4.5.2.2LOIS D’AMNISTIE
Non-lieu législatif – Lois d’amnistie.
L’amnistie des faits ayant justifié une sanction prive normalement d’objet la
requête tendant à l’annulation de cette sanction, pourvu que les conditions posées par
la loi d’amnistie soient remplies et que les effets de la sanction aient entièrement
disparu par l’effet de cette loi.
167
Non-lieu législatif – Amnistie des faits ayant justifié la
sanction contestée.
Cette hypothèse est expressément prévue par l’article R. 634-1 du CJA, selon
lequel : « Dans les affaires qui ne sont pas en état d’être jugées, la procédure est
suspendue par la notification du décès de l’une des parties ou par le seul fait du décès,
de la démission, de l’interdiction ou de la destitution de son avocat. Cette suspension
dure jusqu’à la mise en demeure pour reprendre l’instance ou constituer avocat ».
1°) Lorsque l’affaire est en état d’être jugée à la date de la notification du décès,
(CE, 17 décembre 1954, Serre, AJDA 1955 II, p. 111), la procédure qui n’est pas
suspendue, peut se poursuivre jusqu’au jugement final. La reprise d’instance est
possible mais ne conditionne pas la poursuite de la procédure (CE, 10 octobre 2018,
Société Trane, n° 400807).
Selon le président Odent, une affaire est en état s’il peut y être statué sans faire
procéder à une nouvelle mesure d’instruction. Selon M. Lasry, une affaire est en état
lorsque, dans le contentieux de pleine juridiction, il y a production d’un mémoire par
chacune des parties ou expiration du délai prévu à cet effet et, dans le contentieux de
l’annulation, lorsqu’il y a production d’observations par chacun de ceux que le juge a
invités à le faire ou expiration des délais prévus à cet effet (CE, Section, 12 octobre
1956, Mathias, conclusions Lasry, AJDA 1956, p.413 ; CE, Section, 6 juin 1986,
Fédération des fonctionnaires, n° 55751).
Une affaire est en tout état de cause en état d’être jugée à la date de la
notification du décès de l’un des requérants aux juges du fond lorsque cette notification
168
intervient postérieurement au dépôt du mémoire en défense (CE, 7 novembre 2022,
Mme Benoist et a., n°455631).
Dans le cas où il a été procédé à une expertise, l’affaire est en état après le
dépôt du rapport de l’expert et l’expiration du délai fixé aux parties pour en prendre
connaissance (CE, Assemblée, 4 janvier 1957, Blang, conclusions Laurent, AJDA
1957, p. 107), sous réserve de l’obligation faite au juge d’inviter le demandeur qui avait
expressément réservé l’évaluation de son préjudice au vu d’un rapport de l’expert à
chiffrer le montant de ses prétentions indemnitaires. Le juge doit alors statuer, même si
aucun héritier n’a déclaré reprendre l’instance (CE, 2 décembre 1977, Dame Rossier,
n° 00700).
3°) Il faut enfin réserver le cas de la matière électorale dans laquelle l’action
engagée a un caractère purement personnel ce qui conduit, en cas de décès, au non-
lieu pur et simple (CE, 26 juin 1996, Elections municipales d’Anse, n° 172002).
Il n’y a lieu de se prononcer sur les conclusions en reprise d’instance que si leur
recevabilité est contestée. Le jugement mentionnera alors le nom et la qualité en vertu
de laquelle l’ayant-cause déclare reprendre l’instance.
4.5.3.2DISPARITION DU DOSSIER
Non-lieu en l’état – Disparition du dossier – Motif et dispositif.
170
à @TA__AR_T_NOMFREQABREG sont demeurées sans réponse.
Dans ces circonstances, il n’y a pas lieu, en l’état, de statuer sur la
requête.
4.6 RECEVABILITE
4.6.1 GENERALITES
● Recevabilité – Généralités.
1. L’irrecevabilité est une question d’ordre public qui peut être invoquée à tout
moment de la procédure et qui doit être soulevée d’office, après mise en œuvre de la
procédure de communication prévue par l’article R. 611-7 du CJA (exception faite du
cas de la représentation irrégulière des incapables : cf. « absence de qualité pour
représenter le requérant ») sauf s’il est fait application des articles R. 222-1
(ordonnance) et R. 611-8 (dispense d’instruction) de ce code.
S’agissant des conditions dans lesquelles le juge peut soulever d’office une
irrecevabilité : cf. « moyens relevés d’office ».
Si une fin de non-recevoir avait été opposée par la partie adverse, il convient
alors de faire apparaître dans les motifs que la circonstance que le jugement ne se
prononce pas sur celle-ci ne résulte pas d’une inadvertance du juge. A cette fin, on
utilise la formule « sans qu’il soit besoin d’examiner la fin de non-recevoir opposée par
X… ». Elle constitue un motif de la décision et non un intitulé. Elle n’a donc pas à être
soulignée.
Ou :
171
4. Lorsqu’une irrecevabilité est invoquée à tort par le défendeur et si le tribunal
fait droit au fond aux conclusions du requérant, il se prononce obligatoirement sur la
recevabilité et considère que « la fin de non-recevoir opposée par *** et tirée de *** doit
être écartée ».
Il en résulte que, lorsque toutes les conclusions d’une requête doivent être
rejetées, un article unique suffit dans le dispositif. En revanche, lorsque le sort de
certaines conclusions est différent (désistement, non-lieu, annulation…), il convient de
les distinguer soigneusement dans le dispositif.
Article 2 : [Notification.]
172
Article 2 : Le surplus des conclusions de la requête est rejeté.
Article 3 : [Notification.]
Pour rejeter par ordonnance sur le fondement de l’article R. 222-1 du CJA une
requête dont l’irrecevabilité a été soulevée par un mémoire en défense, il est toutefois
nécessaire de procéder à une mise en demeure de régulariser, même si le mémoire a
été communiqué (CE, 14 octobre 2015, M. et Mme Godrant, n° 374850, B).
Lorsque le recours est présenté par un mineur, le juge doit également inviter
l’intéressé à se faire représenter (CE, Section, 9 juillet 1997, Mlle Kang, n° 145518).
Les requérants doivent en outre être invités à régulariser leurs demandes lorsqu’elles
sont insuffisamment liées entre elles et qu’elles sont présentées dans une « requête
collective » (CE, Section, 30 mars 1973, David, n° 80717).
173
que le requérant confirme ses conclusions et alors même que l'administration aurait
auparavant opposé une fin de non-recevoir fondée sur l'absence de décision (CE,
Section, 27 mars 2019 Consorts Rollet, n°426472).
Cette position a pour effet de maintenir en vigueur les solutions dégagées par les
jurisprudences antérieures permettant de régulariser l’absence de liaison du
contentieux par l’intervention en cours d’instance de la décision statuant sur la
réclamation formée avant la saisine du juge par le dépôt, après enregistrement de la
requête, d’une réclamation donnant lieu, avant que le juge statue, à une décision
expresse ou implicite. (CE, 11 avril 2008, Etablissement français du sang, n° 281374 ;
CE, 4 décembre 2013, Meliane, n° 354386).Toutefois, la liaison du contentieux par la
production d’un mémoire en défense de l’administration concluant au rejet des
conclusions n’est plus possible (Cf 4.6.3.2. Absence décision préalable).
Il en est de même lorsque la requête est présentée dans une langue autre que le
français (CE, 18 octobre 2000, Société Max-Planck-Gesellschaft, n° 206341). (cf
4.6.4.2.10 Requête en langue étrangère).
174
[motif d’irrecevabilité]. Ainsi, la requête est manifestement
irrecevable.
Ce sont des actes qui ne sont qu’un élément de la procédure d’élaboration d’une
autre décision. Leur irrégularité ne peut être mise en cause qu’à l’occasion du recours
formé contre la décision que ces mesures ont pour objet de préparer (CE, Section, 15
octobre 1982, Ministre de l’éducation nationale c/ Rode, n° 37626) ; il n’en va
autrement que si elles constituent la dernière intervention dans le processus
décisionnel (CE, 20 octobre 2000, Mme Bukspan, n° 201061).
Collectivités locales :
Agriculture :
Enquêtes publiques :
175
Enquête parcellaire (CE, 27 janvier 1967, Epoux Binet et
Association de défense des intérêts communs des expropriés et
délogés de Maisons-Laffitte, n° 66462).
Exception : sont recevables les recours dirigés contre les actes faisant
obstacle au déroulement des enquêtes (contrôle restreint) :
Fonction publique :
Notes administratives diffusant les avis émis par les C.A.P. (CE, 6
décembre 1991, Pierre et Syndicat national des personnels de l’éducation
surveillée, n° 94201).
Urbanisme :
Santé :
Environnement :
176
Discipline sportive :
Ou :
177
conseil de discipline de recours de la fonction publique territoriale, dans la mesure où
ils concernaient une décision prononçant une sanction et s’imposaient à l’autorité
disciplinaire (CE, 9 décembre 1994, Ville de Toulouse c/ Mme Jourquet, n°148036) ou
des observations définitives formulées par les chambres régionales des comptes sur la
gestion d’une collectivité territoriale ou d’un ou plusieurs des établissements, sociétés,
groupements et organismes mentionnés aux articles L. 211-4 à L. 211-6 et L. 211-8 du
code des juridictions financières (CE, Section, 15 juillet 2004, Chabert, n° 267415).
Toutefois, un recours pour excès de pouvoir sera recevable dans les hypothèses
suivantes :
Sur l’hypothèse spécifique des avis qui ne sont pas une étape de la procédure
administrative, des recommandations, mises en garde et prises de position : voir
4.6.3.1.5. Actes ne constituant pas des décisions.
Bien que non susceptibles de recours, ces mesures peuvent engager, en cas de
conséquences dommageables, la responsabilité des personnes publiques (CE,
Section, 9 juin 1978, Spire, n° 08397).
178
Les mesures disciplinaires infligées à un militaire (CE, Assemblée, 17 février
1995, Hardouin, n°107766, avec conclusions P. Frydman) constituent des décisions
faisant grief susceptibles d’être déférées au juge de l’excès de pouvoir.
Exceptions :
La punition ne constitue pas une décision si elle est sans effet sur la carrière du
militaire : avertissement (CE, 8 février 1999, Etienne, n° 180856).
Bien que le Conseil d’Etat ne la regarde pas explicitement comme une mesure
d’ordre intérieur, une mesure de translation d’une personne prévenue, destinée à
assurer sa mise à la disposition de la justice en exécution d’un ordre de
translation prescrit par un magistrat de l’ordre judiciaire pour les seules
nécessités de l’instruction ou du jugement, qui est décidée afin de permettre le
bon déroulement des procédures judiciaires dans le respect des dispositions
relatives à la compétence territoriale des juridictions et, par nature provisoire et
n’apportant aucune restriction aux droits des détenus, ne constitue pas un acte
susceptible de recours pour excès de pouvoir. (CE, 30 mars 2017, Section
française de l’Observatoire international des prisons, n° 395126).
179
La décision par laquelle le directeur d’une maison d’arrêt refuse d’acheminer un
courrier adressé par un détenu à un autre détenu présente, quel que soit le
contenu de cette correspondance, le caractère d’une mesure d’ordre intérieur
(CE, 8 décembre 2000, Frerot, n° 162995) ; en revanche, la décision par laquelle
un chef d’établissement pénitentiaire fixe les modalités essentielles de
l’organisation des visites aux détenus est toujours constitutive d’un acte faisant
grief (CE, 26 novembre 2010, Ministre d’Etat, garde des sceaux, ministre de la
justice c/ Bompard, n°329564).
180
Gironde, n° 260672 ; pour un refus d’accorder une autorisation d’absence pour
commodité personnelle à titre discrétionnaire : CE, 11 mai 2011, Caisse des
dépôts et consignations, n°337280). Il en va également ainsi des mesures qui,
tout en modifiant leur affectation ou les tâches qu’ils ont à accomplir, ne portent
pas atteinte aux droits et prérogatives que les agents tiennent de leur statut ou à
l’exercice de leurs droits et libertés fondamentaux, ni n’emportent perte de
responsabilités ou de rémunération. Le recours contre une telle mesure, à moins
qu’elle ne traduise une discrimination (CE, 15 avril 2015, Pôle Emploi, n°
373893), est irrecevable, alors même que la mesure de changement d’affectation
aurait été prise pour des motifs tenant au comportement de l’agent public
concerné (CE, Section, 25 septembre 2015, Bourjolly c/ Ministère du travail,
Emploi, Formation Professionnelle et Dialogue Social, n° 372624).
La répartition des enfants entre les différentes sections d’une même école
maternelle est une mesure d’ordre intérieur (CE, 30 septembre 1994, Sulzer,
n° 135686) ; sont toutefois susceptibles de recours le refus de passage en classe
supérieure (CE, 6 juillet 1949, Andrade, Rec. p. 331) ou un changement d’orientation
(CE, 1er décembre 1965, Neher, Rec. p. 648) ou le refus de modifier une option (CE,
Section, 5 novembre 1982, Attard, n° 23394).
3° En matière sportive, sont susceptibles de recours « les actes pris tant par les
arbitres et les juges des compétitions à caractère sportif que par les organes des
fédérations en cette matière », dans la mesure où il s’agit d’apprécier « les principes et
les règles applicables qui s’imposent aux auteurs de tout acte accompli dans l’exercice
d’une mission de service public » (CE, Section, 25 janvier 1991, Vigier, n° 104497). En
revanche, les décisions que les arbitres sont amenés à prendre au cours d’une
compétition pour assurer le respect des règles techniques du jeu, ainsi que les
décisions prises en cette matière par les organes de la fédération sur réclamation des
intéressés, ne sont pas des actes susceptibles de faire l’objet de recours pour excès de
pouvoir (CE, Section, 13 juin 1984, Association club athlétique Mantes-la-Ville,
n° 44648). Ces solutions sont antérieures aux dernières modifications du code du
181
sport, qui définit les prérogatives des différents organismes et institutions en charge de
l’organisation du sport et en décrit le régime administratif et contentieux.
Plus ponctuellement c’est également le cas pour les appréciations portées sur le
bulletin de notes d’un élève, qui ne sont pas détachables de la décision prise en fin
d’année scolaire sur l’orientation de l’élève (CE, Assemblée,14 avril 1995, Koen, n°
157653).
182
missions dont elles sont investies, quoique non décisoires, peuvent faire l’objet
d’un recours pour excès de pouvoir dans deux hypothèses (CE, deux décisions
d’assemblée du 21 mars 2016, Société NC Numéricable, n°390023, et Société
Fairvesta International GmbH et autres, n°s 368082, 368083, 368084) :
- et, d’autre part, lorsqu'ils sont de nature à produire des effets notables,
notamment de nature économique, ou lorsqu’ils ont pour objet d'influer de
manière significative sur les comportements des personnes auxquelles ils
s'adressent.
Ces solutions ont par ailleurs été étendues au-delà de la sphère des autorités de
régulation : ainsi, l’appréciation dont la Haute autorité pour la transparence de la
vie publique assortit la déclaration de situation patrimoniale d'un député est, au
regard des effets notables d'une telle appréciation sur la personne du député et
de son influence sur le comportement des personnes, notamment des électeurs,
auxquelles elle s'adresse, susceptible de recours (CE, Assemblée, 19 juillet
2019, Mme Le Pen, n°426389).
183
Par cette décision, le CE a réitéré le critère du caractère impératif de ces actes
comme critère de recevabilité, tel qu’il résultait de sa décision de Section
Duvignières (CE, Section, 18 décembre 2002, Duvignères, n° 233618).
• Les décisions qui sont mentionnées ci-dessous ont été rendues avant la décision
GISTI du 12 juin 2020. Leur pérennité devra donc être confirmée à la lumière des
nouveaux critères posés par cette décision. Avaient ainsi été jugés non susceptibles
de recours :
184
Des documents émanant de l’administration fiscale et ne constituant pas
des actes susceptibles de recours : pour le précis de fiscalité édité par le
ministère des finances : CE, 1er mars 2004, Syndicat national des
professions de tourisme CGC, n° 254081 ; pour les énonciations d’une
instruction fiscale commentant une contribution sociale pour laquelle les
agents de l’administration fiscale ne détiennent aucun pouvoir : CE, 21
octobre 2015, M. Pierson, n° 374927 ; pour la réponse contenue dans une
"foire aux questions" disponible en ligne, renvoyant, sans s’y substituer, à
des circulaires ministérielles : CE, 17 mai 2017, M. Lacquemant, n°
404270 ; pour une fiche incluse dans la « carte des pratiques et montages
abusifs » publiée sur le portail en ligne du ministère de l’économie et des
finances : CE, 12 juillet 2017, M. Bourgeois, n° 401997 ; pour le courrier
électronique par lequel la direction nationale des vérifications de situations
fiscales répond à une demande d’information adressée par les
représentants de l’Institut des avocats conseils fiscaux : CE, 7 février 2018,
M. Benmoussa, n° 402034.
Les renseignements, déclarations d’intention, quels que soient leur forme et leur
degré de précision, telle une mesure qui se limite à donner des renseignements
sur l’état du droit, ne sont pas susceptibles de recours, ce qui concerne :
Dans certains cas, les mises en demeure de régulariser une situation ne sont
pas susceptibles de faire l’objet d’un recours quand, par exemple, elles se
bornent à rappeler les obligations qui résultent des textes en vigueur sans
contenir d’injonction, c’est-à-dire qu’elles se contentent de rappeler le dispositif
législatif et/ou réglementaire et d’inviter l’administré à s’y conformer, comme
l’intéressé y est, de toute façon, tenu :
185
Mise en demeure adressée à un particulier de demander une
autorisation qui lui est nécessaire, comme, par exemple, un permis
de construire pour la réalisation de certains travaux (CE, 27 juillet
1988, Ministre de l’urbanisme, du logement et des transports c/
SARL L’Ile aux loisirs, n° 62233).
Par ailleurs, une mise en demeure qui n’a pas d‘effets juridiques
propres, dès lors que l’administration devra diligenter d’autres mesures
pour pouvoir procéder à une exécution d’office, ne présente pas le
caractère de décision susceptible de recours (v. s’agissant des
contraventions de grande voirie, eu égard à la nécessité d’une
procédure juridctionnelle préalable pour mettre à exécution les
mesures de remise en l’état du domaine : CE, 14 juin 2022, SA
Immobilière de la Pointe du Cap Martin, 455050).
Les décisions qui n’existent pas, qui n’existent pas encore ou qui n’existent plus
ne sont pas susceptibles de recours pour excès de pouvoir :
186
Les conclusions tendant à l’annulation d’une décision dont le retrait a été
notifié à son destinataire avant l’introduction de la requête sont
irrecevables (CE, 9 juillet 1982, Ministre du travail et de la participation c/
Magnien, n° 23413).
Les mesures superfétatoires telles que la suite donnée par l’administration à une
demande inutile (à propos d’une autorisation d’agrandissement d’exploitation
agricole accordée à titre superfétatoire : CE, 28 juillet 1999, Sergent, n° 165165)
mais la jurisprudence est très nuancée à cet égard et tient compte des
conséquences que pourrait avoir une telle décision sur le demandeur ou les
tiers : il peut ainsi annuler pour incompétence le refus d’autorisation de
licenciement d’un salarié, alors que celui-ci n’était pas (ou plus) un salarié
protégé (CE, 28 février 1997, Julien, n° 153547) ou admettre la recevabilité d’un
recours contre un refus d’autorisation opposé dans un cas où aucune
autorisation n’était requise (CE, 27 septembre 1999, Gruet, n° 163122).
187
d’autres personnes que les agents chargés de la mettre en œuvre, ne
saurait être regardée comme faisant grief. Dès lors, les conclusions de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE tendant à l’annulation des
mentions précitées (…) de la note de service contestée ne sont pas
recevables.
Les conventions ne peuvent pas faire l’objet devant le juge de l’excès de pouvoir
de recours en annulation à l’exception :
Ou :
188
Eu égard à la nature particulière des liens qui s’établissent entre
une collectivité publique et ses agents non titulaires, les contrats par
lesquels il est procédé au recrutement de ces derniers sont au nombre
des actes dont l’annulation peut être demandée au juge administratif par
un tiers y ayant un intérêt suffisant.
189
expresse (CE, 8 décembre 1989, Ministre de l'agriculture c/ Joslet, n° 87434 ; à noter
toutefois une solution inverse s’agissant de la liaison du contentieux préalablement à
une action en reconnaissance de droits : CE, 15 novembre 2021, Union fédérale des
consommateurs Que Choisir Nancy et sa région, n°454125), une décision implicite
censée émaner de ladite autorité (CE, 8 août 1990, Ministre de l’agriculture, n° 73563,).
Cette solution n’est pas applicable lorsque le silence de l’administration fait naître une
autorisation tacite (CE, 31 mai 1989, S.A. Baltz-Sanirec, n° 71508, AJDA 1990, p. 429).
Ou :
190
connaissance, le Conseil d’Etat a posé la règle selon laquelle le destinataire de la
décision ne peut exercer de recours juridictionnel au-delà d’un délai raisonnable. En
règle générale et sauf circonstances particulières dont se prévaudrait le requérant, ce
délai ne saurait, sous réserve de l’exercice de recours administratifs pour lesquels les
textes prévoient des délais particuliers, excéder un an à compter de la date à laquelle
une décision expresse lui a été notifiée ou de la date à laquelle il est établi qu’il en a eu
connaissance. (CE, Assemblée, 13 juillet 2016, M. Czabaj. n° 387763). Cette règle est
d’application immédiate, y compris aux litiges en cours.
Sauf cas particulier (par exemple, dans le cas où le terme du délai est prévu à la
date d’envoi du recours, et non de sa réception au greffe : CE, 24 juin 2022, Mme
Laaroubi, n°453757), le délai de recours contentieux est, qu’il soit exprimé en mois ou
en jours, un délai franc (CE, 14 novembre 1980, Divol, n° 20136, AJDA 1981, p. 487 ;
CE, Section, 22 juillet 1992, Commune de Neuilly-sur-Seine, n° 137344 ; v. CE, 19 avril
2000, Epoux Motheron, n° 200043 pour le délai de saisine du juge du référé fiscal). Il
ne comprend ni le jour qui lui sert de départ ni le jour de l’échéance. La requête est
ainsi recevable si elle est présentée le lendemain du jour de l’échéance. Il s’ensuit, par
exemple, que, pour une décision notifiée le 16 février, le délai de recours contentieux
de deux mois commence à courir le 17 février ; il expire le 17 avril. Un recours introduit
le 17 avril est recevable ; introduit le 18, il est tardif (CE, 4 mai 1951, Barnoud, T. p.
798 ; CE, 8 juillet 1992, Epoux Fillon, n° 122262).
191
Fourcade, n° 75506, décision qui fait application des articles 641 et 642 du nouveau
code de procédure civile).
En revanche, une requête expédiée le jeudi 28 août 1975 à 18 heures et qui est
parvenue au tribunal administratif le 30 août, alors que le délai expirait le 29, n’a pas
été postée en temps utile ; la requête a donc été considérée comme tardive (CE, 14
juin 1980, X, n° 10720 ; voir aussi CE, 8 juillet 2009, Eluther, n° 321449).
Il convient en outre de signaler les prorogations et les reports des délais qui ont
été opérés en raison de la crise sanitaire par l’ordonnance n° 2020-305 du 25 mars
2020 portant adaptation des règles applicables devant les juridictions de l'ordre
administratif et l’ordonnance n°2020-306 du même jour relative à la prorogation des
délais échus pendant la période d'urgence sanitaire et à l'adaptation des procédures
pendant cette même période.
192
c) En matière d’urbanisme, pour les formalités d’affichage, voir l’article R. 600-2
du code de l’urbanisme Cf Contentieux de l’urbanisme.
193
tribunal *** que le ***. Ainsi, elle a été présentée tardivement et n’est,
par suite, pas recevable.
ou :
194
d'un retrait de points, dont l'administration n'est pas en mesure d'éditer des copies,
doivent être regardées, sauf preuve contraire, comme conformes au modèle qui sert de
base à leur édition automatisée par l'Imprimerie nationale, lequel comporte la mention
des délais et voies de recours (CE, 3 février 2022, Ministre de l’intérieur c/ M.
Fuatuyiasa Manazanza Bafuasa, n° 454046).
En cas d’erreur sur la mention des voies de recours et, notamment, s’agissant de
la nécessité d’exercer un RAPO, le délai ne court pas (CE, 1er avril 1992, Abit,
n°88068 ; CE, 15 novembre 2006, Toquet, n° 264636). Si la notification de la décision
attaquée ne mentionne qu’une possibilité de recours administratif, en en précisant
néanmoins l’administration destinataire et le délai imparti pour le former, ce dernier
délai est opposable au requérant qui a formé un tel recours administratif, même s’il
n’était pas informé de ce qu’il constituait un préalable obligatoire avant toute saisine du
juge (CE, 9 février 1996, Ragot, n° 161450 ; en contentieux fiscal : CE, 23 mars 2012,
Ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de
l'Etat c/ Société Sonavi, 325404).
Aucune tardiveté ne saurait par ailleurs être opposée au requérant qui aurait
respecté des indications erronées (CE, 8 janvier 1992, Masses, n° 113114 ; CE, 19
février 2001, El Hirach, n° 228994). Mais les mentions relatives au délai de recours
contre une décision administrative doivent être regardées comme étant seules
opposables au destinataire de la décision lorsqu’elles conduisent à indiquer un délai
plus long que celui qui résulterait des dispositions normalement applicables (CE, 7
décembre 2009, Ministre de l’éducation nationale c/ Karroum, n°315064). Il en est de
même en cas d’ambiguïté qui conduirait le requérant à supposer à tort que l’exercice
d’un recours administratif conserverait le délai de recours, dans une hypothèse où tel
n’est pas le cas (par exemple, en matière de refus de séjour assorti d’une obligation de
quitter le territoire français : CE, 4 décembre 2009, Ministre de l’immigration c/
Hammou, n° 324284).
Lorsqu’une décision est remise en mains propres à son destinataire, elle est
régulièrement notifiée même si celui-ci refuse de signer l’acte de notification. La
mention indiquant que l’intéressé s’est vu remettre cette décision en mains propres
mais a refusé de signer la notification fait foi jusqu’à preuve contraire (CE, 25 mars
2013, Etablissement public d’ingénierie pour l’informatique et les technologies de
l’information et de la communication du Val-de-Marne (SIIM 94), n°352586). Voir aussi
CE, 10 mai 2017, Murviel c/ Ministère de l’intérieur n° 396279.
195
En cas de retour du pli recommandé contenant la décision, la notification est
réputée avoir été régulièrement accomplie à la date à laquelle ce pli a été présenté à
l’adresse de l’intéressé, dès lors - du moins - qu’il résulte soit de mentions précises,
claires et concordantes portées sur l’enveloppe, soit, à défaut, d’une attestation du
service postal ou d’autres éléments de preuve, que le préposé a, conformément à la
réglementation en vigueur, déposé un avis d’instance informant le destinataire que le
pli était à sa disposition au bureau de poste (CE, 20 juin 2000, Fabris, n° 186177).
196
ne lui était pas opposable, il résulte de ce qui précède que le recours
dont M. Czabaj a saisi le tribunal administratif de Lille plus de vingt-
deux ans après la notification de l’arrêté contesté excédait le délai
raisonnable durant lequel il pouvait être exercé. Sa demande doit, en
conséquence, être rejetée comme tardive.
En effet, lorsque la publication d’un acte suffit à faire courir à l’égard des tiers,
indépendamment de toute notification, le délai de recours contre cet acte, les
dispositions des articles L. 112-3 et L. 112-6 du CRPA n’ont ni pour objet ni pour effet
de faire obstacle à ce que, en cas de recours gracieux formé par ces tiers contre l’acte
en cause, le délai de recours contentieux recommence à courir à leur égard à compter
de l’intervention de la décision explicite ou implicite de rejet de ce recours gracieux,
même en l’absence de délivrance d’un accusé de réception mentionnant les voies et
délais de recours (CE, 8 juin 2016, M. Derenemesnil et Mme Derenemesnil,
n° 387547).
197
d’avoir un intérêt leur donnant qualité pour agir contre la décision et à condition que ce
recueil soit aisément consultable par ces personnes. (CE, Section, 27 juillet 2005,
Millon, n° 259004 ; CE, 10 mai 2017 Société Cora et autres. n° 395220).
Ou :
198
Il ressort des pièces du dossier que *** en date du *** a été publié
le ***. La requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’a été
enregistrée au greffe du tribunal que le ***. Ainsi, elle a été présentée
tardivement et n’est, par suite, pas recevable.
L’article 21 de la loi du 12 avril 2000 relative aux droits des citoyens dans leurs
relations avec les administrations avait fixé le délai au terme duquel le silence gardé
par l’administration sur une demande fait naître une décision implicite de rejet à deux
mois, au lieu de quatre auparavant. L’article 4 du décret n° 2000-1115 du 22 novembre
2000 avait modifié l’article R. 421-2 du CJA en ce sens.
Le code des relations entre le public et l’administration prévoit que la liste des
procédures pour lesquelles le silence gardé sur une demande vaut décision
d’acceptation est publiée sur le site Legifrance (v. la rubrique dédiée). Il prévoit aussi
que, par exception, le silence gardé par l’administration pendant deux mois vaut
décision de rejet dans un certain nombre d’hypothèses (article L. 231-4). L’application
du principe « silence vaut acceptation » peut être écartée par décret en Conseil d’Etat
et en conseil des ministres (article L. 231-5). Il prévoit également que des délais
différents peuvent être fixés par décret en Conseil d’Etat.
On notera que la fixation d’un délai supérieur au délai de deux mois pour la
naissance d’une décision implicite de rejet n’a pas pour effet de rendre également
applicable ce délai s’agissant des recours administratifs formés contre la décision
initiale, qui doivent être regardés comme implicitement rejetés au terme du délai de
deux mois de droit commun (CE, 27 mars 2006, Kaci, n° 283409).
Pour l’application de l’article 19 de la loi du 12 avril 2000, il a été jugé que le délai
de recours contentieux contre une décision implicite résultant du silence de
l’administration ne court qu’à la condition qu’un accusé de réception de la demande ait
été délivré (CE, 19 février 2003, Préfet de l’Hérault c/ Houdane, n° 243427).
Les dispositions de cet article ont été reprises à l’article L. 112-12 du code des
relations entre le public et l’administration. Comme auparavant, elles ne sont pas
applicables aux relations entre l’administration et ses agents (article L. 112-7), la notion
d’agent devant être entendue strictement (cf., excluant les membres de la famille d’un
fonctionnaire demandant la réparation de préjudices propres : CE, 10 décembre 2021,
M. Mora et a., n° 440845 ).
199
Il a été jugé, pour l’application des dispositions de la loi du 12 avril 2000, qu’elles
n’étaient pas applicables aux demandes adressées par le représentant de l’Etat aux
collectivités territoriales dans le cadre du contrôle de légalité (CE, 1er juillet 2005, Ville
de Nice, n° 258509).
Il a aussi été jugé que les dispositions des articles 19 et 20 de la loi du 12 avril
2000 sont sans incidence sur l’opposabilité du délai imparti aux tiers pour saisir la
juridiction d’une demande dirigée contre le rejet des recours administratifs (gracieux ou
hiérarchiques) qu’ils formeraient à l’encontre d’autorisations individuelles créant des
droits au profit de leur bénéficiaire : l’absence d’accusé de réception d’une demande
n’empêche donc pas le délai de courir dès la naissance de la décision implicite (CE,
avis, Section, 15 juillet 2004, Epoux Damon, n° 266479).
Il est rappelé que les règles dégagées par la jurisprudence Czabaj, relatives au
délai raisonnable au-delà duquel le destinataire d'une décision ne peut exercer de
recours juridictionnel – qui ne peut en règle générale excéder un an sauf circonstances
particulières dont se prévaudrait le requérant – sont également applicables à la
contestation d'une décision implicite de rejet née du silence gardé par l'administration
sur une demande présentée devant elle, lorsqu'il est établi que le demandeur a eu
connaissance de la décision. La preuve d'une telle connaissance ne saurait résulter du
seul écoulement du temps depuis la présentation de la demande. Elle peut en
revanche résulter de ce qu'il est établi, soit que l'intéressé a été clairement informé des
conditions de naissance d'une décision implicite lors de la présentation de sa
demande, soit que la décision a, par la suite, été expressément mentionnée au cours
de ses échanges avec l'administration, notamment à l'occasion d'un recours gracieux
dirigé contre cette décision. Le demandeur, s'il n'a pas été informé des voies et délais
de recours dans les conditions prévues par l'article 19 de la loi n° 2000-321 du 12 avril
2000 et l'article R. 112-11-1 du code des relations entre le public et l'administration
dispose alors, pour saisir le juge, d'un délai raisonnable qui court, dans la première
hypothèse, de la date de naissance de la décision implicite et, dans la seconde, de la
date de l'événement établissant qu'il a eu connaissance de la décision (CE, 18 mars
2019, M. Jounda Nguegoh, n° 417270).
Depuis le 1er janvier 2017, une décision implicite de rejet fait courir le délai de
recours contentieux de deux mois (R. 421-3 du CJA), même dans les matières du plein
contentieux (à l’exception du contentieux de l’exécution des contrats : cf. : art. R. 421-2
du CJA dans sa rédaction issue du décret n°2019-1502 du 30 décembre 2019), à
condition toutefois que l’administration ait accusé réception de la demande dans les
conditions prévues par les articles L. 112-3 et R. 112-5 du code des relations entre le
public et l’administration. (Sur la question des conditions d’entrée en vigueur de ces
dispositions : cf CE, 30 janvier 2019, M. Fernandez, n° 420797 et CE, 3 juin 2020,
Echarroudi, 428222). Outre le contentieux fiscal, (CE, 7 décembre 2016, Société
Cortansa, n° 384309) et sauf dispositions spéciales, il n’existe désormais plus que
deux situations dans lesquelles seule la notification d’une décision expresse fait courir
le délai de recours contentieux : la décision prise par ou sur avis d’assemblées locales
ou d’organismes collégiaux, dans le seul contentieux de l’excès de pouvoir (CE, 4 mars
2021, M. Sanson, 445956) et l’exécution d’une décision de la juridiction administrative.
200
née une décision implicite de rejet. Toutefois, lorsqu’une décision
explicite de rejet intervient avant l’expiration de cette période, elle fait
à nouveau courir le délai de recours ».
Ou :
Soit que l’intéressé ait fait l’objet d’une convocation régulière à la séance (CE, 27
septembre 2000, Fabre, n° 189006), même s’il n’a pas assisté à cette dernière
(CE, 24 mai 1995, Ville de Meudon, n° 150360).
201
Soit qu’il ait effectivement participé à la séance (CE, 25 juin 1976, Romeyron et
autres, n° 00052).
En revanche, elle ne s’applique pas aux personnes morales ayant, en tant que
telles, des représentants au sein d’organismes collégiaux (CE, 28 juillet 1995, Caisse
primaire d’assurance maladie de Montpellier, n° 127568 ; CE, 31 mars 2008, Syndicat
intercommunal à vocation unique pour le plan d’aménagement du Sundgau,
n° 297961).
L’introduction par un tiers d’un recours pour excès de pouvoir contre certaines
dispositions d’un acte divisible révèle sa connaissance acquise de l’acte entier et fait
courir le délai de recours contentieux pour l’ensemble des dispositions de l’acte en
cause (CE, 17 avril 2015, Stade Toulousain Rugby, n° 375685).
202
d'enregistrement du premier au greffe de la juridiction saisie (CE, 11 décembre 2013,
Mme N’Dre Regnault, n° 365361).
Cette solution est néanmoins exclue dans le cas où la première requête est une
requête indemnitaire, même si elle est fondée sur l’illégalité de la décision considérée
(CE, 5 décembre 1994, Chambre régionale de commerce et d’industrie du Languedoc-
Roussillon, n°150332) ainsi que dans le cas d’une requête tendant à l’organisation
d’une expertise pour préciser les conditions d’intervention d’une décision (CE, 8 juillet
2002, Hôpital local de Valence d’Agen, n° 229843).
Ce mécanisme ne joue pas pour les décisions réglementaires (CE, 7 juillet 1993,
Syndicat CGT du personnel de l’hôpital Dupuytren, n° 101415).
Ainsi, le Conseil d’Etat a jugé que ce principe général du droit fait obstacle à ce
que puisse être contestée indéfiniment une décision administrative individuelle dont il
est établi que son destinataire a eu connaissance. Lorsque les délais de recours ne
sont pas opposables, l’intéressé doit alors exercer son recours dans un délai
raisonnable. Pour une décision expresse, ce délai, en règle générale et sauf
circonstances particulières, ne saurait excéder un an à compter de la notification ou de
la date à laquelle il est établi que l’intéressé en a eu connaissance (CE, Assemblée, 13
juillet 2016, M. Czabaj, n° 387763).
203
Office national d’indemnisation des accidents médicaux c. Mme Charrieras, n°
392312).
Le recours contentieux consécutif au rejet d’un recours gracieux doit être regardé
comme dirigé contre la décision administrative initiale. Si le juge administratif est saisi,
dans le délai de recours contentieux qui a recommencé de courir à compter de la
notification du rejet du recours gracieux, de conclusions dirigées formellement contre le
seul rejet du recours gracieux, il interprète les conclusions qui lui sont soumises
comme étant aussi dirigées contre la décision administrative initiale. (CE, 7 mars 2018,
Mme Bloch, n°s 404079 404080).
204
deux points, CE, 22 janvier 2013, Commune de Cran Gevrier, n°347929).Sauf texte
spécial en disposant autrement, le mandat n’est pas nécessairement écrit mais, dans
le cas d’un mandat verbal dont l’existence ne peut être présumée à raison des seuls
termes du recours administratif, il appartient au juge d’apprécier, au vu de l’ensemble
des circonstances de l’espèce, si le recours administratif peut être regardé comme
ayant été présenté par une personne qui avait qualité pour ce faire au nom du
demandeur. (CE, 19 juillet 2017, M. Bennett et SCI La Sauvagine, n° 402185).
Le délai de recours contentieux n’est prorogé qu’une seule fois, par l’exercice
d’un recours gracieux ou hiérarchique (CE, 27 février 1935, Sieurs Séguéla et autres,
Leb. p. 249 ; CE, 16 mai 1980, SA Clinique Sainte-Croix, n° 14022).
A défaut d’un recours gracieux du préfet dirigé contre l’acte ou d’une demande
tendant à ce que l’autorité locale en complète la transmission, le délai imparti au
205
représentant de l’Etat court à compter de la réception de l’acte (CE, Section, 13 janvier
1988, Mutuelle générale des personnels des collectivités locales et de leurs
établissements, n° 68166, conclusions M. Roux, AJDA 1988, p. 142) même dans le cas
d’une transmission initiale incomplète, complétée spontanément par la collectivité
(CE, 17 octobre 2003, District de Bastia, n° 223296). Le préfet peut faire suivre sa
demande de transmission de pièces d’un recours gracieux (CE, 4 novembre 1996,
Département de la Dordogne, n° 114956 ; CE, 15 mai 2013, Office public de l’habitat
de Nice, n° 357031). Toutefois, le délai de recours court lorsque la transmission initiale
est complète, sans prolongation possible par une demande de pièces qui ne sont pas
nécessaires au contrôle de légalité (CE, 31 mars 1989, Préfet, Commissaire de la
République de la région Languedoc-Roussillon c/ Mme Alary, n° 83329 ;
CE, 6 décembre 1989, Département de la Haute-Corse, n° 93756).
Une demande d’aide juridictionnelle est interruptive de délai si elle est formée
dans le délai de recours, éventuellement prolongé par un recours administratif.
206
l'administration pouvant notifier elle-même ce rapport par tout moyen donnant date
certaine à sa réception (CE, 18 décembre 2009, Centre hospitalier de Voiron, 311604).
La saisine du juge judiciaire doit, pour proroger le délai de recours, tendre aux
mêmes fins. Il n’en va pas ainsi de la saisine, par un employeur, aux fins de résolution
du contrat de travail d’un salarié protégé alors que la décision contestée est le refus
d’autoriser son licenciement (v., s’agissant de l’absence de prorogation du délai de
recours hiérarchique : CE, 23 janvier 1981, Ministre du Travail et de la participation c/
S.A. "Etablissements de teinture et d'impression de Tournon, 08059).
1. En principe, une fois le délai de recours expiré contre une décision, une
nouvelle instruction du dossier n’est pas de nature à rouvrir ce délai, même si la
requête est elle-même introduite dans le délai de recours contre la seconde décision, ;
cette dernière sera regardée comme purement confirmative de la première
(CE, Section, 28 mars 1952, 3 espèces, Sieur Martin, Sieur Piteau et Sieur Lhuillier,
p. 198 ; CE, Assemblée, 4 avril 1952, Gerbaud, p. 211).
207
implicite de rejet résultant du silence gardé pendant plus de deux mois
par @TA__AR_T_NOMFREQABREGE sur ce recours gracieux. Le
nouveau recours gracieux présenté par l’intéressé le *** n’a pas
conservé à son profit le délai du recours contentieux. La décision
explicite de rejet de ce second recours gracieux, en date du ***, n’a pu
avoir qu’un caractère confirmatif et n’a pas été de nature à rouvrir le
délai du recours contentieux. Dans ces conditions, la requête enregistrée
le *** au greffe a été présentée tardivement et n’est, par suite, pas
recevable.
208
conséquences d’une codification à droit constant par une ordonnance qui a pu
procéder aux modifications nécessaires pour assurer le respect de la hiérarchie
des normes : CE, 24 février 2022, ADDE, n°450422) ;
lorsqu’a été prévue la mise en œuvre d’un droit qui peut être exercé à tout
moment ;
Lorsque cette jurisprudence est appliquée, il convient de ne pas faire usage des
termes « moyens » et « conclusions » mais plutôt de ceux de « prétentions » et de
« demandes nouvelles ». Cette jurisprudence n’est pas applicable en contentieux fiscal
en vertu des dispositions de l’article L. 199 C du Livre des procédures fiscales.
209
Ou :
2) Lorsque le juge de l’excès de pouvoir est saisi par un tiers d’un recours contre
une décision d’autorisation qui est, en cours d’instance, soit remplacée par une
décision de portée identique soit modifiée dans des conditions qui n’en altèrent pas
l’économie générale, le délai ouvert au requérant pour contester le nouvel acte ne
commence à courir qu’à compter de la notification qui lui est faite de cet acte (CE,
Assemblée, 23 mars 1973, Compagnie d’Assurances "L’Union", n° 80513 ;
CE, Assemblée, 15 avril 1996, Institut de radiologie et autres, n° 128997 ; CE, 25 mai
2005, Commune de Banon, n° 270273 ; voir aussi CE, 14 novembre 2010, Association
fédération d’action régionale pour l’environnement et autres, n°318342). Cette règle
vaut alors même que le nouvel acte a fait l’objet de mesures de publicité (CE, 7 janvier
1976, Dame Evain, n° 90964, T. p. 749). Au surplus, lorsque des formalités de
publicités sont prescrites pour que le délai commence à courir à l’égard des tiers,
l’absence de ces formalités fait obstacle à ce que cette seule notification en cours
d’instance puisse emporter forclusion du recours (CE, 23 mai 2011, Paris habitat –OPH
et Ville de Paris, n° 339610 et a.).
210
● Irrecevabilités non régularisables – Absence de recours
administratif préalable obligatoire – Généralités.
Lorsqu’un recours administratif préalable prévu par un texte est mal dirigé, il
appartient à l’administration, devant laquelle a été présenté à tort le recours, de le
rediriger vers l’autorité compétente pour l’examiner. Lors d’un recours devant la
juridiction administrative et dans une telle situation, la requête ne peut pas être rejetée
comme irrecevable pour défaut de recours administratif préalable (CE, 10 avril 2002,
Fédération française de football, n° 233118). Ce principe n’est toutefois pas absolu : v.,
s’agissant de l’absence d’obligation de transmission à la commission de recours des
militaires : CE, 19 mai 2004, Jouve, n°248175. Une personne soumise à l’obligation de
présenter un recours administratif préalable n’est, sauf disposition contraire, recevable
à présenter un recours contentieux contre la décision rendue par l’autorité saisie à ce
titre, qui confirme la décision initiale en se substituant à celle-ci, que si elle a elle-même
exercé le recours préalable (CE, Section, 28 juin 2013, SAS Coutis, n°355812).
Cas particulier des recours introduits avant la décision prise sur RAPO :
211
La circonstance que l’administration n’ait pas opposé cette fin de non-recevoir et
ait défendu au fond ne régularise pas l’irrecevabilité d’un recours porté directement
devant le juge administratif sans avoir été précédé d’un recours préalable obligatoire
(CE, 6 mai 1977, Garrigues, n° 02962 ; CE, 25 janvier 2016, Ministre de la défense c/
M. Haudot, n° 387856).
212
l’auteur du recours à l’obligation de saisir (la commission prévue) par le
décret du (date) préalablement à l’introduction d’un recours
contentieux.
Sur les notions d’intérêt et de qualité pour agir cf. Chronique Azibert et de
Boisdeffre, AJDA 1987, p. 332 et Chapus, Droit du contentieux administratif 11 ème éd.,
n° 563 et suivants.
213
- en premier lieu, si l’absence d’intérêt est manifeste et n’est pas susceptible
d’être couverte par l’invocation en cours d’instance d’un autre intérêt (pour le cas d’un
syndicat de fonctionnaires : CE, 23 juillet 2014, Fédération des syndicats de
fonctionnaires, n° 362559) ;
- en second lieu, dans le cas où un autre intérêt est susceptible d’être invoqué en
cours d’instance, après que la juridiction a invité à régulariser la requête, lorsque cette
invitation est restée lettre morte à l’expiration du délai imparti pour ce faire.
Il n’y a pas lieu, en principe, d’inviter le requérant à justifier de son intérêt à agir
(en vertu des règles selon lesquelles le juge ne procède pas à un acte d’instruction
pour soulever d’office une irrecevabilité qui ne ressort pas du dossier).
Une personne dont le nom est mentionné dans les visas d’une décision de
sanction de l’Autorité des marchés financiers (AMF) mais qui n’est pas sanctionnée par
cette décision n’a pas intérêt à contester cette sanction (CE, 28 novembre 2014,
Société Arkeon Finances et autres, n° 362868).
Le requérant doit justifier d’un intérêt personnel (CE, 27 mai 2015, M. Briard, n°
383076). Il ne peut par ailleurs demander l’annulation d’une décision qu’il a lui-même
sollicitée, sauf circonstances particulières en ayant altéré le caractère volontaire (CE, 9
juin 2017, M. Meriba, n° 406062), ce dont le juge administratif doit s’assurer, en cas de
contestation du requérant sur ce point (CE, 20 octobre 2014, M. Kugel et autres,
n° 361909).
214
L'autorité administrative qui a pris une décision sur injonction du juge
administratif, qu'il lui ait été ordonné de prendre une mesure dans un sens déterminé
ou de statuer à nouveau sur la demande d'un administré, n'a qualité ni pour demander
l'annulation ou la suspension de sa propre décision, ni pour exercer une voie de
recours contre une décision juridictionnelle rejetant la demande de tiers tendant aux
mêmes fins. Il appartient seulement à cette autorité, si elle s'y croit fondée, d'exercer
les voies de recours ouvertes contre la décision juridictionnelle qui a prononcé
l'injonction (CE 28 septembre 2018, Commune des Sables d’Olonne, n° 416670).
Sur l’intérêt à agir dans le contentieux des agents publics : voir CE, 7 décembre
1956, Dame Delecluse-Dufresne, n° 26528, p. 466 ; CE, Section, 10 juillet 1995,
Mme Laplace, n° 141654 ; en particulier, sur le contentieux de la désignation du
successeur du requérant évincé : CE, 17 décembre 2007, Dazord, n° 301317 ;
CE, Section, 8 avril 2009, Chambre des métiers et de l’artisanat de la Moselle,
n° 289314 ; CE, 26 juin 2009, Ministre de la santé c/ Dargegen, n° 296911).
215
CFDT du ministère des affaires étrangères n° 311291 ; CE, 23 juillet 2014, Fédération
des syndicats de fonctionnaires, n° 362559).
Le lien entre le recours d’une association et son objet social doit être
suffisamment direct (CE, 30 décembre 2014, Association des familles victimes de
saturnisme, n° 367523). Par exemple, une association de défense des droits des
étrangers a un intérêt pour agir contre une note relative aux demandes d’asile
présentées par des étrangers placés en rétention administrative en vue de leur
éloignement (CE, 30 juillet 2014, La Cimade, n° 375430).
Un syndicat ne peut se prévaloir des termes généraux de ses statuts allant au-
delà de l’objet assigné aux syndicats professionnels par le code du travail pour justifier
de son intérêt pour agir (CE, 27 mai 2015, Syndicat de la magistrature, n° 388705).
216
échéant, par d’autres pièces du dossier. Le juge ne saurait ainsi se fonder sur la seule
circonstance que l’objet d’une association, tel que défini par ses statuts, ne précise pas
de ressort géographique, pour en déduire que l’association a un champ d’action
"national" et qu’elle n’est donc pas recevable à demander l’annulation d’actes
administratifs ayant des effets "exclusivement locaux" (CE, 17 mars 2014, Association
des consommateurs de la Fontaulière, n° 354596).
Il est à noter qu’un agrément est parfois nécessaire pour ester en justice.
A l’inverse, l’agrément délivré à certaines associations, sans être une condition de
recevabilité, peut être de nature à faciliter la reconnaissance de son intérêt à agir.
Sur les actions collectives créées par la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016
de modernisation de la justice du XXIe siècle, cf. « actions collectives »
Cf. aussi CE, 6 octobre 1978, Association de quartier La Corvée-La Roche des
Fées, n° 09419 ; cf. solution inverse, à propos d’une association dont l’activité s’exerce
au niveau régional : CE, 10 février 1997, Association de défense, de protection et de
valorisation du patrimoine naturel et historique de Corse, n° 140841 ; ou du quartier
d’une commune : CE, 20 octobre 2017, Association de défense de l’environnement et
du cadre de vie du quartier Epi-D’or-Saint-Cyr-L’école, n°400585.
217
Irrecevabilités non régularisables – Absence d’intérêt
donnant qualité pour agir – Organisme ou association –
Groupement de propriétaires – Motifs.
Les prétentions des parties peuvent être extrêmement variées et, en règle
générale, il sera répondu qu’il n’appartient pas à la juridiction administrative de les
accueillir.
Exemples :
218
Irrecevabilités non régularisables – Requêtes
irrecevables par leur objet – Conclusions tendant à
d’autres fins qu’une annulation ou une condamnation à
verser une somme d’argent – Motifs.
Ou :
Le juge ne peut pas non plus ordonner la publication de ses décisions aux frais
de l’une des parties (CE, Section, 13 juin 1984, Association club athlétique Mantes-la-
Ville, n° 44648).
Autres exemples :
Ou :
219
Il n’appartient pas à la juridiction administrative d’intervenir dans
la gestion du service public en adressant, sous menace de sanctions
pécuniaires, des injonctions à ceux qui ont contracté avec
l’administration lorsque celle-ci dispose à l’égard de ces derniers des
pouvoirs nécessaires pour assurer l’exécution du marché.
Sauf dans les cas et selon les modalités prévues aux articles L.77-12-1
et suivants du code de justice administrative, il n’appartient pas à la juridiction
administrative d’accueillir des conclusions en déclaration de droits.
Ou :
220
Il peut s’agir de demandes d’annulation d’une décision non détachable d’une
opération ou d’une procédure régie par des dispositions particulières (exception de
recours parallèle).
221
Un fonctionnaire en retraite qui n’a pas attaqué la décision de suspendre les
arrérages de pension n’est pas recevable à demander en se fondant sur l’illégalité de
cette décision, une indemnité égale au montant des arrérages non payés (CE, 2 mai
1959, Lafon, p. 1043).
Ou :
Ou :
222
Cette délibération, fondée sur les aptitudes des candidats, a un
caractère indivisible. Il résulte des termes mêmes de sa requête que
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’a entendu demander
l’annulation de cette délibération qu’en tant qu’elle a écarté sa propre
candidature. Ces conclusions sont, par suite, irrecevables.
Toutefois, dès lors qu’il avait conclu une transaction avec les
responsables des dommages autres que le bureau d’études au lieu de
poursuivre la condamnation conjointe et solidaire de l’ensemble des
constructeurs, l’office ne pouvait réclamer à ce bureau une somme
supérieure à celle correspondant à la part de responsabilité propre de ce
dernier.
223
● Irrecevabilités non régularisables – Requêtes irrecevables par leur
objet - Impossibilité pour l’administration de demander au juge de
prononcer une mesure qu’elle a le pouvoir de prendre – Principe
- le contentieux des créances détenues par une personne publique sur une autre
personne publique. Cette exception se justifie par l’absence de pouvoirs coercitifs dont
dispose, dans ce cas, la personne publique créancière, même à l’encontre d’une
collectivité territoriale, dès lors que la procédure d’inscription d’office d’une dépense au
budget de cette collectivité n’est pas automatique, lorsqu’elle ne procède pas d’une
décision juridictionnelle (cf. CE, 31 mai 2010, Société communauté d’agglomération
Vichy Val d’Allier, n° 329483 et CE, 11 février 2011, Syndicat mixte pour la valorisation
touristique du pic du Midi, n° 337428) et, à plus forte raison, à l’encontre de l’Etat
(CE, 11 mai 2009, Ville de Toulouse, n° 296919).
224
4.6.4 IRRECEVABILITES REGULARISABLES
ne contiennent pas l’exposé des faits, moyens ou conclusions (R. 411-1 CJA) ;
La motivation par référence est admise si est jointe, notamment, copie d’une
autre requête, d’un jugement antérieur ou d’un recours administratif préalable. Mais si
la copie n’est pas jointe à la requête, elle ne pourra valablement être adressée au
tribunal que jusqu’à l’expiration du délai de recours (CE, 13 mars 1987, Mme Alepee
Fabre, n° 51325).
Une requête rédigée en langue étrangère ne peut être rejetée pour défaut de
motivation : CE, 18 octobre 2000, Société Max Planck-Gesellschaft, n° 206341 (cf.
« requêtes en langue étrangère »).
Les juridictions peuvent rejeter, après l’expiration des délais de recours, les
requêtes qui ne contiennent l’exposé d’aucun moyen.
225
Enfin, il convient de tenir compte des règles relatives à l’aide juridictionnelle : si
le requérant, qui a demandé l’aide juridictionnelle avant l’expiration du délai de recours,
a obtenu la désignation d’un avocat à ce titre et si cet avocat n’a pas produit de
mémoire, le juge ne peut, afin d’assurer au requérant le bénéfice effectif du droit qu’il
tire de la loi du 10 juillet 1991, rejeter la requête sans avoir préalablement mis l’avocat
désigné en demeure d’accomplir, dans un délai qu’il détermine, les diligences qui lui
incombent et porté cette carence à la connaissance du requérant, afin de le mettre en
mesure, le cas échéant, de choisir un autre représentant (CE, 9 avril 2015, M. Hassine,
n° 378595).
Exemples :
Ou :
Ou :
226
indique les nom et domicile des parties. Elle contient l’exposé des faits
et moyens, ainsi que l’énoncé des conclusions soumises au juge.
L’auteur d’une requête ne contenant l’exposé d’aucun moyen ne peut la
régulariser par le dépôt d’un mémoire exposant un ou plusieurs moyens
que jusqu’à l’expiration du délai de recours ». La requête de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’est assortie d’aucun moyen. Si
un mémoire motivé a été enregistré le ***, la personne qui l’a présenté
n’a pas qualité pour agir au nom du requérant. Dès lors, ce mémoire
n’est pas de nature à couvrir l’irrégularité dont est entachée la requête.
La demande de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’est donc pas
recevable et ne peut qu’être rejetée.
Elle tient lieu de l’information prévue à l’article R. 611-7. Elle est signée par ou
pour le greffier en chef. A l’inverse, une lettre informant les parties, en application de
l’article R. 611-7 du code de justice administrative, que la décision est susceptible
d’être fondée sur un moyen relevé d’office et tiré de l’absence de production de la
décision attaquée, sans mentionner la possibilité de régulariser la requête ni fixer un
227
délai à cette fin, ne saurait tenir lieu de l’invitation à régulariser prévue par l’article
R. 612-1 du même code (CE, 13 juillet 2016, M. Delhaye, n° 388803).
- Exemple :
228
Aux termes de l’article R. 411-3 du code de justice
administrative : « Les requêtes, doivent, à peine d’irrecevabilité, être
accompagnées d’une copie.».
Quelques précisions :
1°) L’article R. 412-1 n’est pas applicable dans le contentieux des obligations de
quitter le territoire français avec placement en rétention administrative ou assignation à
résidence car l’article R. 776-18 du CJA prévoit que les décisions attaquées sont
produites par l’administration.
229
3°) Pour respecter les prescriptions de l’article R. 412-1, il suffit, en cas de
décision implicite, que le demandeur produise un accusé de réception ou un récépissé
postal de son recours gracieux ou hiérarchique (CE, 3 juillet 1991, Desault, n° 89462).
- Exemple :
Depuis le 1er janvier 2017, date d’entrée en vigueur sur ce point du décret
« Jade » n°2016-1480 du 2 novembre 2016, une requête indemnitaire, même en
matière de travaux publics, n’est recevable qu’après l’intervention de la décision prise
par l’administration sur une demande préalablement formée devant elle (R. 421-1 du
CJA). Toutefois, le Conseil d’Etat a estimé que la jurisprudence antérieure qui
admettait plusieurs possibilités de liaison du contentieux en cours d’instance (cf par
exemple CE, 11 avril 2008, Etablissement français du sang, n° 281374 ; CE, 4
décembre 2013, Meliane, n° 354386) demeure partiellement applicable (CE, Section,
27 mars 2019, Consorts Rollet n° 426472 ; pour la confirmation de la possibilité de
liaison même lorsque la demande est adressée en cours d’instance : CE, 21 juin 2021,
Commune de Montigny-lès-Metz et M. Helmstetter, 437744 et a.).
Cette exigence de liaison du contentieux n’est par ailleurs pas applicable aux
conclusions relatives à une créance de travaux publics dirigées contre une personne
230
privée non chargée d’un service public administratif (CE, 27 avril 2021, Communauté
de communes du Centre Corse, 448467).
Il importe de relever que le contentieux n’est lié que sur les seules causes
juridiques contenues dans la demande préalable ou qui sont d’ordre public (v., par
extension : CE, 10 août 2005, Maigret, n° 266027.).
Par ailleurs, dans l’hypothèse où des postes de préjudices sont nés, se sont
aggravés, ou se sont révélés dans toute leur ampleur postérieurement à la décision de
rejet de la réclamation préalable, une nouvelle demande peut être présentée à
l’administration, cette nouvelle liaison du contentieux n’étant en revanche pas
nécessaire si un litige indemnitaire fondé sur la même cause juridique était déjà
pendant.
231
Aux termes de l’article R. 421-1 du code de justice
administrative : « La juridiction ne peut être saisie que par voie de
recours formé contre une décision (…) / Lorsque la requête tend au
paiement d’une somme d’argent, elle n’est recevable qu’après
l’intervention de la décision prise par l’administration sur une
demande préalablement formée devant elle ». La condition tenant à
l'existence d'une décision de l'administration doit être regardée comme
remplie si, à la date à laquelle le juge statue, l'administration a pris une
décision, expresse ou implicite, sur une demande formée devant elle,
régularisant ce faisant la requête.
Depuis le 1er janvier 2017, les avocats, les personnes publiques (à l’exception
des communes de moins de 3 500 habitants) et les organismes privés chargés de la
gestion permanente d’une mission de service public ont l’obligation de présenter leurs
écritures par Télérecours sous peine d’irrecevabilité de la requête ou de la mise à
l’écart des débats des autres écritures après invitation à régulariser (R. 414-1 et R.
612-1 du CJA pour les requérants, R. 611-8-2 du CJA pour les défendeurs). Pour les
requérants, cette invitation s’effectue dans les conditions prévues par les dispositions
de l’article R. 612-1 du CJA.
De même, ces personnes ont l’obligation d’indexer les pièces jointes par des
signets lorsque plusieurs pièces sont transmises dans un même fichier ou de libeller
explicitement les fichiers comportant une seule pièce jointe sous peine d’irrecevabilité
de la requête ou de mise à l’écart des débats des autres écritures après invitation à
régulariser non suivie d’effet (R. 414-3 et R. 612-1 du CJA pour les requérants, R. 611-
8-2 CJA pour les défendeurs). Ces obligations s’appliquent de la même manière aux
interventions (R. 632-1 du CJA). S’agissant de la mise en œuvre de ces dispositions :
cf CE, Section, 5 octobre 2018, M. Sergent et autres, n°418233 ; CE 25 janvier 2019,
SARL Attractive Fragrances et Cosmetics, n° 415582 ; CE, 14 juin 2019, Mme Tekour,
420861).
232
Les mêmes règles de recevabilité s’appliquent aux requêtes introduites par des
personnes de droit privé autres que celles chargées de la gestion permanente d’un
service public qui sont autorisées, depuis le 7 mai 2018, à introduire leurs requêtes par
télérecours (« Télérecours citoyens »), lorsqu’elles font usage de cette faculté (articles
R. 414-6 à R. 414-11 du CJA). Par exception, ces personnes sont dispensées de
l’obligation de produire un inventaire détaillé de leurs pièces jointes, l’application
permettant sa génération automatique (R. 414-9 du CJA).
233
morale de droit public autre qu’une commune de moins de 3 500
habitants ou un organisme de droit privé chargé de la gestion
permanente d’un service public, la requête doit, à peine
d’irrecevabilité, être adressée à la juridiction par voie électronique au
moyen d’une application informatique dédiée accessible par le réseau
internet. La même obligation est applicable aux autres mémoires du
requérant (…) ».
234
Pour les requêtes enregistrées à compter du 1er janvier 2021 :
235
elle est, par suite, irrecevable en application des dispositions de l’article
R. 414-3 du même code et doit, dès lors, être rejetée.
Les conclusions d’une requête collective, qu’elles émanent d’un requérant qui
attaque plusieurs décisions ou de plusieurs requérants qui attaquent une ou plusieurs
décisions, sont recevables dans leur totalité si elles présentent entre elles un lien
suffisant (CE, Section, 30 mars 1973, David, n° 80717 ; CE, 19 janvier 1983, De
Bouard et autres, n° 27720 ; CE, 23 décembre 1994, Commune de Clairvaux
d’Aveyron, n° 97449).
Pour une requête présentée par plusieurs requérants, l’article R. 411-5 du CJA
exige la désignation d’un représentant unique parmi les signataires lorsque la requête
n’est pas signée par un avoué ou un avocat. A défaut d’une telle désignation dans la
requête, le représentant unique est le premier dénommé, à moins que ce dernier, averti
par le greffe, ne provoque la désignation d’un autre représentant unique par les
signataires.
Sur les actions collectives créées par la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016
de modernisation de la justice du XXIe siècle, cf. « actions collectives ».
236
4.6.4.2.5.1 Requête unique contre des décisions distinctes
Irrecevabilités régularisables – Régularisations possibles
après l’expiration du délai de recours – Requêtes
collectives – Requête unique contre des décisions
distinctes - Requête recevable – Motifs.
Ou :
Ou :
237
collectives – Requête présentée par plusieurs requérants
– Requête recevable – Motifs.
238
Le ministère d’avocat n’est pas obligatoire en matière de recours pour excès de
pouvoir.
Les avocats n’ont pas à justifier de leur mandat : CE, Avis, Section, 29 novembre
1991, Syndicat des commerçants non sédentaires de la Savoie, n° 129441.
239
La requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE qui tend à
*** n’entre dans aucun des cas où une requête peut être formée sans le
ministère d’un avocat. Toutefois, un mémoire signé par un avocat a été
ultérieurement produit. Ainsi, le vice dont était entachée la requête a été
couvert.
240
est établi qu’il a bien été reçu par l’intéressé (CE, 14 novembre 2011, Alloune, n°
334764).
Le tribunal peut être valablement saisi par télécopie (CE, 2 octobre 1995,
Ministre de la santé et de l’action humanitaire, n° 146391 et CE, 13 mars 1996, M.
Diraison, n° 112949) ou, par courrier électronique (CE, 28 décembre 2001, Elections
municipales d’Entre-deux-Monts, n° 235784). Mais le requérant devra veiller à
régulariser sa requête en y apposant sa signature ou en produisant un exemplaire
dument signé.
Un requérant mineur doit être invité à régulariser par la production d’un mémoire
par un représentant légal (CE, Section, 9 juillet 1997, Mlle Kang, n° 145518).
Mais une personne morale dissoute peut former un recours pour excès de
pouvoir contre la décision administrative prononçant sa dissolution (CE, Section,
22 avril 1955, Association Rousky-Dom, p. 202).
241
S’agissant des associations, leur action est limitée, lorsqu’elles ne sont pas
déclarées, au recours pour excès de pouvoir contre les décisions qui portent atteinte
aux intérêts collectifs qu’elles ont pour objet de défendre (CE, 16 octobre 1985,
Ministère de l’agriculture c/ Sté des courses de Questembert-Malestroit, n° 53759).
L’article R. 431-5 du CJA prévoit toutefois que les personnes physiques peuvent
se faire représenter par une association agréée au titre des articles L. 141-1, L. 611-1,
L. 621-1 et L. 631-1 du code de l’environnement, dès lors que les conditions prévues
aux articles L. 142-3, L. 611-4, L. 621-4 et L. 631-4 dudit code sont réunies et selon les
modalités prévues par les articles R. 142-1 à R. 142-9 dudit code.
Toutefois, les recours présentés par une personne privée de la capacité d’agir en
justice peuvent être recevables si sont contestées des décisions qui affectent le
principe fondamental de la liberté individuelle (CE, 10 juin 1959, Dame Poujol, p. 355).
242
Les personnes morales de droit privé sont représentées par les personnes
physiques désignées par les dispositions législatives ou réglementaires, quand elles
existent.
243
régulièrement autoriser son président à agir en justice en son nom
(CE, 19 janvier 2015, SCP François Morel et Jean-François Morel, n° 374218).
244
[En l’absence, dans les statuts d’une association, de stipulation
réservant expressément à un autre organe la capacité de décider de
former une action devant le juge administratif, celle-ci est régulièrement
engagée par l’organe tenant des mêmes statuts le pouvoir de représenter
en justice cette association. Dans le silence des statuts sur ce point,
l’action ne peut être régulièrement engagée que par l’assemblée
générale.]
Les personnes morales de droit public sont représentées par les personnes
physiques désignées par les lois ou règlements et compte tenu, le cas échéant, des
principes régissant les délégations.
L’Etat est représenté par le préfet ou le préfet de région lorsque le litige est né de
l’activité des administrations civiles de l’Etat dans le département ou la région (article
R. 431-10 du CJA) sauf pour les litiges qui se rapportent à l’action éducative (y compris
la gestion des personnels), aux actions d’inspection de la législation du travail, à la
comptabilité publique et à la fiscalité. Pour plus de détails : cf. « communication des
mémoires – destinataires ». Dans les autres cas, les mémoires en défense sont
présentés par le ministre intéressé. Des dispositions spécifiques concernent les
tribunaux administratifs de Papeete, de Nouvelle-Calédonie, de Mamoudzou et de
Mata-Utu.
Le pouvoir de déférer des actes des collectivités territoriales ne peut faire l’objet
d’une délégation de signature, sauf au secrétaire général de préfecture, lequel peut
légalement recevoir délégation du préfet pour l’exercice du contrôle de légalité (article
43 du décret n° 2004-374 du 29 avril 2004) : voir par exemple CE, 16 décembre 1994,
Office public d’HLM du Var, n° 146528. C’est le secrétaire général de la préfecture qui
assure la suppléance du préfet en cas de vacance, d’empêchement ou d’absence. Il
exerce cette compétence de plein droit (article 45 du décret n° 2004-374 du 29 avril
2004, voir CE, 16 novembre 2001, Préfet de la Réunion, n° 184682). Il appartient à la
partie qui conteste la qualité du secrétaire général à intenter une action en justice
d’établir que le préfet n’était ni absent ni empêché. (Pour l’hypothèse de conflit
d’intérêts entre l’exécutif local et la collectivité, et son incidence sur la recevabilité et
l’office du juge : cf CE, 30 janvier 2020, Commune de Païta, n° 421952).
245
action soit à défendre. Mais le maire peut recevoir délégation générale pour ester en
justice au nom de la commune pendant la durée de son mandat (CE, 4 mai 1998, Mme
de Verteuil, n° 188292). Une telle délégation générale n’est valable que si un texte le
prévoit (CAA Lyon, 1er juillet 1999, EDF, n° 99LY00685). Ce n’est pas le cas pour les
départements et les régions.
246
Conséquences d’un défaut de qualité :
Dans tous les cas, une demande formée par une personne n’ayant pas qualité
pour représenter l’intéressé pourra être régularisée en cours d’instance, dans le
délai imparti par le tribunal, par exemple si :
247
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE se disant mandataire de ***
a présenté une requête ***.
248
dudit code sont réunies et selon les modalités prévues par les articles
R.142-1 à R.142-9 dudit code ».
Dans les deux cas de figure, les dépens seront mis à la charge du prétendu
mandataire (CE, 30 mai 1973, Syndicat intercommunal des eaux de Casserousse, n°
84794), ce qui devrait conduire le juge, sauf s’il en décide autrement, à en faire de
même pour les frais non compris dans les dépens.
Une demande est également recevable lorsque, quoique non chiffrée, elle est
chiffrable avec certitude par la seule application d’un texte (par exemple : abattement
applicable à une base, réduction applicable à une cotisation, application d’un taux de
249
pénalité, montant d’un salaire ou d’une prime, etc.). Voir en ce sens : CE, 19 mai 1976,
Gibelin, n° 99275 ; CE, 9 décembre 1988, Servans, n° 83489 ; CE, 23 février 2001,
Brun, n° 194919.
Lorsque le requérant, dûment invité à chiffrer sa demande, n’a pas déféré à cette
invitation dans le délai qui lui était imparti, sa requête n’est plus régularisable et peut
être rejetée par ordonnance.
250
La requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’est pas
rédigée en langue française. @TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’a
pas produit, avant l’expiration du délai imparti par le tribunal, de
traduction en langue française par une personne assermentée. La
requête se trouve ainsi entachée d’une irrecevabilité manifeste et doit
être rejetée.
Si le juge est en principe tenu de se prononcer sur les moyens soulevés, il n’a en
revanche pas à répondre expressément à l’ensemble des arguments qui sont avancés
par les parties à l’appui de leurs moyens (CE, 29 mai 1963, Bizouerne, n° 50827,
p. 818 ; CE, Section, 16 novembre 1973, Delle Petit, n° 85840).
En outre, la réponse que le juge apporte aux moyens doit être proportionnée à la
teneur de l’argumentation développée (CE, Section, 1er décembre 1972, Sieur Fouche,
n° 84644 ; CE, Assemblée, 11 janvier 1974, Dame Mazel, n° 82810).
La réponse aux moyens doit être en parfaite cohérence avec l’analyse des
moyens telle qu’elle figure dans les visas. Lorsqu’un moyen nécessite une
interprétation, on peut le signaler en utilisant, avant d’y répondre, la formulation
suivante : « le requérant doit être regardé comme invoquant un moyen tiré de … ».
251
En revanche, le juge ne doit pas prendre parti sur les moyens abandonnés par le
requérant (CE, 28 avril 1961, Sieur Leron, n° 48861, p. 271 ; CE, 2 mai 1969, Sieur
Ourabah, n° 70443). L’abandon d’un moyen doit être explicite et formel (CE, 8 févr.
1956, Galtier, n° 4552, p. 59) ou résulter de la production d’un mémoire récapitulatif qui
ne reprend pas certains moyens (art. R. 611-8-1 du CJA).
On prendra garde par ailleurs à l’utilisation à bon escient des formules « il n’est
pas contesté que … » (signifiant qu’une partie ne contredit pas une circonstance de fait
alléguée par une partie adverse) et « il est constant que » (signifiant que les parties
relatent une même circonstance de fait que, par conséquent, le juge tient pour vraie).
On fera de même pour d’autres formules telles que « moyen manquant en fait » (v. les
recommandations données par le vade-mecum, p. 22).
Lorsque le juge rejette les prétentions d’une requête « par les moyens qu’elle
invoque », cette formule exprime le fait qu’un moyen qui n’est pas d’ordre public et qui
n’est pas invoqué par le requérant aurait pu conduire à une solution différente s’il avait
été soulevé (CE, Section, 23 mars 1962, Sieur Mast, n° 9994, p. 203).
Lorsqu’un litige peut relever de ces deux types de contentieux (CE Section, 9
décembre 2011, M. Gérard Marcou, n°337255), la formulation des conclusions de la
requête et la formulation des moyens eux-mêmes peuvent être décisives s’agissant de
la qualification retenue par le juge (CE, 8 mars 1912, Lafage, n° 42612, p. 348 ; CE,
19 juin 1991, Meyet, n° 82265).
En cas de rejet de la requête, des sous-titres peuvent être utilisés pour structurer
la décision lorsque plusieurs moyens sont invoqués, surtout si ces moyens sont
nombreux.
252
Ces sous-titres débutent par les mots « Sur… », puis « En ce qui concerne… »
puis « S’agissant de … » et enfin « Quant à … ». Les sous-titres structurant la décision
entre moyens de légalité externe et moyens de légalité interne doivent toutefois être
évités lorsqu’on a un doute sur la classification d’un moyen et que l’affaire ne nécessite
pas que cette question soit tranchée. Sur les questions de classification : cf. « moyens
de légalité ».
Sur la responsabilité :
Sur le préjudice :
253
Dans l’hypothèse habituelle où le juge se borne à faire apparaître un unique
moyen d’annulation, il convient de faire figurer dans les motifs du jugement une formule
marquant que ce n’est pas par une inadvertance que les autres moyens de la requête
ne sont pas examinés (voire l’ensemble de ces moyens en cas d’annulation sur un
moyen relevé d’office). Cette formule s’intègre alors dans le corps d’un motif (« …par
suite, et sans qu’il soit besoin… » ; CE, 4 juin 2007, Société IFGEC, n° 265771).
Depuis l’adoption de la nouvelle rédaction des décisions, il est préférable de renoncer à
inclure la formule en question dans un sous-titre. Elle ne peut plus davantage
constituer à elle-seule un intertitre.
254
français, n° 413712). Lorsque le requérant choisit de présenter, outre des conclusions
tendant à l’annulation d’un titre exécutoire, des conclusions à fin de décharge de la
somme correspondant à la créance de l’administration, il incombe au juge administratif
d’examiner prioritairement les moyens mettant en cause le bien-fondé du titre qui
seraient de nature, étant fondés, à justifier le prononcé de la décharge. Là encore,
dans le cas où il ne juge fondé aucun des moyens qui seraient de nature à justifier le
prononcé de la décharge mais retient un moyen mettant en cause la régularité formelle
du titre exécutoire, le juge n'est tenu de se prononcer explicitement que sur le moyen
qu'il retient pour annuler le titre : statuant ainsi, son jugement écarte nécessairement
les moyens qui assortissaient la demande de décharge de la somme litigieuse.
Par suite et sans qu’il soit besoin de se prononcer sur les moyens
de la requête (…), l’arrêté du (…) doit être annulé.
255
Lorsqu’on a un doute sur la cause juridique à laquelle appartient un moyen et
que l’affaire ne nécessite pas que cette question soit tranchée, il est préférable de la
réserver.
Les moyens de légalité externe peuvent être examinés dans l’ordre suivant :
incompétence de l’auteur de l’acte attaqué, vice de procédure, vice de forme. Le vice
de procédure entache la procédure qui a précédé l’acte attaqué ; le vice de forme
entache l’acte lui-même (exemple : un défaut de motivation).
Les moyens d’incompétence sont d’ordre public et sont donc relevés d’office.
256
…. Il en résulte que la décision du … par laquelle
@TA__AR_T_NOMFDEF a … a été prise par une autorité
incompétente. @TA__AR_T_NOMFREQABREGE est dès lors fondé
à en demander l’annulation.
Ou :
Ou :
Ou :
Ou :
257
Ou (dans l’état du droit résultant du décret n° 2005-850 du 27
juillet 2005 relatif aux délégations de signature des membres du
Gouvernement) :
5.1.1.2VICE DE PROCEDURE
Moyens de légalité externe – Vice de procédure – Les principaux
moyens.
258
effet d’affecter la compétence de l’auteur de l’acte. Il appartient au juge
administratif d’écarter, le cas échéant de lui-même, un moyen tiré d’un
vice de procédure qui, au regard de ce principe, ne lui paraît pas de
nature à entacher d’illégalité la décision attaquée. En statuant ainsi, le
juge ne relève pas d’office un moyen qu’il serait tenu de communiquer
préalablement aux parties.
CE, 17 février 2012, Société Chiesi SA, n°332509
5.1.1.3VICE DE FORME
Moyens de légalité externe – Vice de forme – Motivation
suffisante – Décision expresse.
Ou :
259
La motivation de la décision … n’est exigée par aucun texte ni
aucun principe.
CE, 25 juillet 2007, Conseil national de l’ordre des pharmaciens, n° 285961
Ou :
Ou :
260
5.1.2.2ERREUR DANS LES MOTIFS DE DROIT
5.1.2.2.1 Erreur de droit
Moyens de légalité interne – Erreur de droit – Notion.
Tel est le cas lorsque l’administration a fait application d’une norme inexistante,
inapplicable, irrégulière, ou encore inexactement interprétée.
261
CE, 20 déc 2006, M. GRIESSINGER, n° 271980
- par leur objet : le requérant qui saisit le juge de l’excès de pouvoir d’une
exception d’illégalité ne vise à obtenir l’annulation que d’une seule décision, alors qu’il
vise à obtenir l’annulation de deux décisions lorsqu’il invoque l’annulation par voie de
conséquence ;
- par les conditions dans lesquelles ces moyens peuvent être utilement
invoqués : en cas d’annulation par voie de conséquence, aucune des deux décisions
contre lesquelles des conclusions à fin d’annulation ont été présentées n’est devenue
définitive. L’exception d’illégalité, lorsqu’elle concerne une décision à caractère
réglementaire, hypothèse la plus fréquente, permet de faire produire des effets au
constat qu’une décision devenue définitive est illégale. La jurisprudence est dès lors
plus exigeante quant à l’étroitesse du lien qui doit exister entre les deux actes
lorsqu’est invoquée une exception d’illégalité que lorsqu’est demandée une annulation
par voie de conséquence ;
262
L’exception d’illégalité est un moyen particulier, consistant à soutenir devant le
juge de l’excès de pouvoir que la décision individuelle attaquée est illégale en raison de
l’illégalité d’une autre décision, dont elle fait application ou qui constitue sa base légale,
contre laquelle des conclusions à fin d’annulation ne sont pas présentées car la
décision dont on « excipe » ainsi de l’illégalité est une décision devenue définitive ou
faisant partie d’une opération complexe.
Compte tenu des liens de droit étroits qui existent entre les deux décisions,
l’illégalité de la première décision affecte la légalité de la seconde et permet d’en
obtenir l’annulation pour ce seul motif, alors même qu’aucun vice propre n’est
susceptible d’entraîner son annulation.
Quant à l’annulation par voie de conséquence, il s’agit également d’un moyen qui
permet d’obtenir l’annulation par le juge de l’excès de pouvoir d’une décision contestée
devant lui, pour un motif tiré de l’illégalité d’une autre décision administrative dont elle
procède, mais dans l’hypothèse cette fois-ci où cette dernière décision est elle-même
annulée à la demande du requérant ou l’a été antérieurement ou concomitamment à la
demande d’un autre requérant. Dans ce cas, l’annulation de la première décision
entraîne l’annulation de la seconde « par voie de conséquence », alors même que
l’annulation de la première décision a été prononcée par une décision juridictionnelle
qui n’est pas définitive.
L’exception d’illégalité peut être invoquée par toute partie à un litige, y compris
par le préfet au titre d’un déféré préfectoral (CE, 9 décembre 1988, Département du
Tarn et Garonne, n° 76678).
A l’égard des actes administratifs, le juge peut être appelé à se prononcer sur
des exceptions d’illégalité fondées sur des motifs d’inconstitutionnalité ou
d’incompatibilité avec le droit de l’Union européenne ou de contrariété avec une
stipulation conventionnelle.
263
faire. Les écritures produites sont en ce cas qualifiées d’observations, quelle que soit la
façon dont elles sont intitulées.
L’exception tirée de l’illégalité d’un acte dont la décision attaquée fait application
ou qui constitue sa base légale est un moyen de légalité interne, même si les
vices invoqués à l’encontre de cet acte sont uniquement des vices de forme ou de
procédure (CE, 10 juillet 1995, Commune de la Tremblade et Garde des Sceaux,
s
Ministre de la justice, n° 148139 148136). En revanche, l’exception d’illégalité d’un
texte qui régit la procédure d’adoption de l’acte administratif attaqué est un moyen de
légalité externe (CE, 14 novembre 2012, Association France Nature Environnement
Réseau Juridique, n° 340539).
L’exception tirée de l’illégalité d’un acte règlementaire peut être invoquée à tout
moment même après l’expiration du délai du recours contentieux contre cet acte (CE,
Section, avis, 30 décembre 2013, Okosun, n° 367615), sauf disposition spécifique
contraire (ex. : article L. 600-1 du code de l’urbanisme ; CE, Section, 5 mai 1995, Sté
Coopérative maritime Bidassoa et autres, n° 140579).
- d’une part, le caractère opérant du moyen tiré de cette exception d’illégalité est
subordonné à la condition que la décision administrative ultérieure ait été prise pour
l’application du premier acte ou que celui-ci en constitue la base légale (cf. « exception
d’illégalité »), ce qui est le cas lorsque cette décision constitue un acte d’application du
règlement (CE, Section, 10 février 1967, Société des établissements Petitjean,
nos 59125 et autres) ou lorsque l’acte réglementaire définit l’infraction sanctionnée
par la décision attaquée (CE, Section, 24 janvier 1992, Association des centres
distributeurs Edouard Leclerc, n° 68122) ;
264
Moyens de légalité interne – Exception d’illégalité des
règlements – Lien entre la décision attaquée et le
règlement.
Ou :
265
Si, dans le cadre de la contestation d’un acte réglementaire par
voie d’exception à l’appui de conclusions dirigées contre une décision
administrative ultérieure prise pour son application ou dont il constitue
la base légale, la légalité des règles fixées par cet acte réglementaire, la
compétence de son auteur et l’existence d’un détournement de pouvoir
peuvent être utilement critiquées, il n’en va pas de même des conditions
d’édiction de cet acte, les vices de forme et de procédure dont il serait
entaché ne pouvant être utilement invoqués que dans le cadre du
recours pour excès de pouvoir dirigé contre l’acte réglementaire lui-
même et introduit avant l’expiration du délai de recours contentieux.
5.1.2.2.2.2.2 Exception d’illégalité d’une loi méconnaissant les stipulations d’un traité
international
266
peut plus faire l’objet d’aucun recours, y compris en cassation (CE, 28 juillet 2011,
Commune de Bourg Saint-Maurice, n° 336945). L’exception tirée de l’illégalité d’une
décision individuelle est également irrecevable, par application de la jurisprudence
Czabaj, lorsqu’elle est soulevée après l’expiration d’un délai raisonnable à compter de
la date à laquelle il est établi que l’intéressé en a eu connaissance (CE, 27 février
2019, M. Law-Tong, n° 418950).
Une telle exception d’illégalité demeure toutefois recevable lorsque les décisions
concernées forment entre elles une opération complexe – c’est-à-dire lorsque la
décision finale ne peut être prise qu’après l’intervention d’une ou de plusieurs
décisions spécialement édictées pour permettre la réalisation de l’opération dont l’acte
final sera l’aboutissement (CE, Section, 2 juin 1967, Ville de Toulon, n° 62502).
En revanche, une action indemnitaire fondée sur l’illégalité d’une décision non
réglementaire définitive à objet purement pécuniaire est irrecevable (CE, sect., 2 mai
1959, Ministre des finances c/ Lafon, p. 282 ; CE, 8 novembre 2000, Commune de
Faa’a, n° 194039).
267
L’illégalité d’un acte administratif non réglementaire ne peut être
utilement invoquée par voie d’exception à l’appui de conclusions
dirigées contre une décision administrative ultérieure que si cette
dernière décision a été prise pour l’application du premier acte ou s’il
en constitue la base légale. Dans le cas où l’acte et la décision ultérieure
constituent les éléments d’une même opération complexe, l’illégalité
dont l’acte serait entaché peut être invoquée en dépit du caractère
définitif de cet acte.
Ou :
268
La jurisprudence est moins exigeante quant à l’étroitesse du lien qui doit exister
entre les deux actes lorsqu’est demandée une annulation par voie de conséquence
que lorsqu’est invoquée une exception d’illégalité.
269
Cette décision a été prise sur le fondement de la décision faisant
obligation à @TA AR_T_NOMFREQABREGE de quitter le territoire
français. Elle doit être annulée par voie de conséquence de l’annulation
prononcée ci-dessus.
Ou :
Ou :
Il résulte de ce qui a été dit ci-dessus que doit être écarté le moyen
invoqué par @TA AR_T_NOMFREQABREGE tiré de ce que la
décision portant obligation de quitter le territoire français devrait être
annulée par voie de conséquence de l’annulation de la décision de refus
de titre de séjour.
Ou :
Ou :
L’erreur de fait est celle que commet l’administration lorsque la réalité des motifs
de fait sur lesquels elle se fonde est entachée d’inexactitude matérielle (CE, 14 janvier
1916, Camino, n° 59679, p. 15).
Ou :
271
S’agissant des mesures de police :
Ou :
Ou :
Ou :
272
Il appartient au juge de l’excès de pouvoir, saisi de moyens en ce
sens, de rechercher si les faits reprochés à un agent public ayant fait
l’objet d’une sanction disciplinaire constituent des fautes de nature à
justifier une sanction et si la sanction retenue est proportionnée à la
gravité de ces fautes.
Ou :
273
raison notamment de la difficulté à pourvoir le poste resté vacant, il ne
ressort pas des pièces du dossier que le ministre aurait, dans les
circonstances de l’espèce, commis une erreur manifeste d’appréciation
au regard des nécessités du service.
CE, 8 juin 2015, Ministre de l’éducation nationale, de l’enseignement supérieur et de la
recherche, n° 375625
Ou :
Ou :
274
intérêts publics qu’elle comporte ne sont pas excessifs eu égard à
l’intérêt qu’elle présente.
5.1.2.4DETOURNEMENT DE POUVOIR
Moyens de légalité interne – Détournement de pouvoir.
C’est un moyen que l’on ne retient qu’à titre subsidiaire. Les moyens d’erreur de
droit, d’erreur de fait ou d’erreur d’appréciation lui sont préférés lorsqu’ils sont fondés.
275
Traditionnellement, lorsque le moyen est écarté, la motivation peut se résumer à
une simple affirmation. Suivant les cas, elle peut toutefois être plus étoffée. Et lorsque
le moyen est accueilli, on doit expliquer en quoi le détournement de pouvoir est
constitué.
Ou :
Sur la responsabilité :
276
5.2.1 IMPUTABILITE
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire –
Imputabilité.
Ou :
Ou :
Ou :
277
de la commune de …. a commis une faute en délivrant des
renseignements erronés au préfet, il résulte de l’instruction qu’en
émettant cet avis, le maire agissait toujours au nom de l’Etat, de sorte
que l’erreur qu’il aurait éventuellement pu commettre n’est pas
susceptible d’engager la responsabilité de la commune.
CE, 9 novembre 2015, M. et Mme Vandenbeuck, n° 380299
5.2.2 FAUTE
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire – Faute.
Elle peut prendre la forme d’une décision illégale, d’un agissement ou d’une
omission de l’administration.
Ou :
L’administration qui s’est enrichie sans cause au détriment d’un tiers qui s’est
appauvri peut se voir condamnée à réparer le préjudice qu’elle a créé (CE, Section, 20
octobre 2000, Société Citécable Est, n° 196553).
278
d’office, la nullité du contrat, les cocontractants peuvent poursuivre le
litige qui les oppose en invoquant, y compris pour la première fois en
appel, des moyens tirés de l’enrichissement sans cause que l’application
du contrat frappé de nullité a apporté à l’un d’eux ou de la faute
consistant, pour l’un d’eux, à avoir passé un contrat nul, bien que ces
moyens, qui ne sont pas d’ordre public, reposent sur des causes
juridiques nouvelles.
CE, Section, 20 octobre 2000, Société Citécable Est, n° 196553
Ou :
5.2.4 RISQUE
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire – Risque.
Le dommage qui résulte de la réalisation d’un risque causé par des choses, des
méthodes ou des situations dangereuses est susceptible d’engager la responsabilité
de l’administration.
Ou :
279
pour lequel la prévention est établie dans les cas visés aux articles 15 et
16 de l’ordonnance précitée, leur emploi crée un risque spécial et est
susceptible, en cas de dommages causés aux tiers par les enfants confiés
soit à des établissements spécialisés soit à une « personne digne de
confiance », d’engager, même sans faute, la responsabilité de la
puissance publique à leur égard.
CE, Section, 5 décembre 1997, Garde des sceaux c/ Pelle, n° 142263
280
comportant des risques élevés dont la réalisation est à l’origine du
dommage.
CE, 12 décembre 2014, Mme Bourgeois, n° 365211
281
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire -
Défaut d’entretien normal – Absence.
Ou :
282
Pour apprécier ce caractère causal, le juge administratif ne fait pas application
de la théorie dite « de l’équivalence des conditions », selon laquelle toutes les
conditions nécessaires à la réalisation du dommage sont considérées comme ses
causes.
La méthode qu’il utilise est celle connue sous le nom de « théorie de la cause
adéquate », en vertu de laquelle la réalisation d’un dommage est attribuée à celui des
faits dont on peut estimer qu’il est sa « cause directe » (CE, Section, 14 octobre 1966,
Marais, n° 60783, p. 548 ; cf. également concl. J. Arrighi de Casanova sur CE, Section,
9 juin 1995, Ministre des affaires sociales et de l’emploi c/ Lesprit, n° 90504).
Ou :
Ou :
283
Il résulte de l’instruction, et n’est d’ailleurs pas contesté, que
Mme X. a fait l’objet, alors qu’elle était employée par la commune de
Cheval-Blanc et affectée au sein de l’école primaire, de brimades
répétées dont le ou les auteurs n’ont jamais pu être identifiés, (…). A la
suite de ces agissements, et alors qu’elle n’avait manifesté jusque là
aucun trouble d’ordre psychique ou comportemental, elle a été placée
en congé de maladie en raison d’un état anxio-dépressif important et
n’a, jusqu’à la délivrance de son brevet de pension, plus jamais
réoccupé son emploi. Si un rapport d’expertise psychiatrique (…)
énonce que le décalage entre la gravité de l’état dépressif présenté par
[la requérante] et les difficultés qu’elle avait rencontrées dans son
milieu professionnel témoignait de l’existence d’une « faille psychique»
qui, jusqu’alors, ne s’était pas manifestée, il relève également que cet
état constitue une conséquence des agissements dont elle a été victime.
Ainsi, eu égard à la gravité et au caractère exceptionnel des faits
survenus dans l’exécution de son service et de l’absence de toute
manifestation antérieure de la maladie dont elle souffre, l’impossibilité
permanente d’exercer ses fonctions dans laquelle s’est trouvée Mme X.
doit être regardée comme ayant pour cause directe des faits précis
survenus dans le cadre du service. Par suite, Mme X. est fondée à
demander l’annulation du brevet de pension qui lui a été délivré en tant
qu’il ne prévoit le versement d’aucune rente viagère d’invalidité.
CE, 19 janvier 2015, Mme Coulon, n° 377497
Ou :
Ou :
Ou :
Ou :
286
@TA__AR_T_NOMFDEF et à X % celle de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE.
CE, 30 mai 2005, M. Tordjman, n° 265307.
5.2.9 PREJUDICE
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire – Préjudice.
L’existence d’un préjudice est une des conditions nécessaires pour prononcer la
condamnation d’une personne publique (voir, par exemple, pour l’existence d’un
préjudice moral distinct des souffrances physiques et du déficit fonctionnel temporaire
subi par une personne contaminée par le virus de l’hépatite C, CE, 27 mai 2015, M.
Cogez, n° 371697).
Le préjudice doit être certain ; même s’il peut n’être que futur ou correspondre à
une « perte de chance ». Dans ce dernier cas, son évaluation est réalisée en tenant
compte de l’ampleur de la chance perdue (CE, 11 mars 2009, Lafforgue, n° 305274),
ce qui peut se traduire par la référence expresse à un pourcentage correspondant à la
fraction du dommage liée à cette perte de chance (CE, Section, 5 janvier 2000,
Consorts T., n° 181899 ; CE, 10 avril 2009, Moracchini, n° 295774 ; CE, 8 octobre
2014, SIVOM de Saint-François-Longchamp Montgellafrey, nos 370990 et 374632 ; CE,
287
25 mars 2016, Mme Bokobza, n° 386199). Un préjudice éventuel ne peut donner lieu à
une indemnisation (v. par ex., pour le préjudice résultant d’un refus illégal de permis de
construire : CE, 15 avril 2016, Commune de Longueville, n° 371274).
Le préjudice doit être indemnisable, ce qui, par exemple, n’est pas le cas en
principe des dommages causés par les servitudes d’urbanisme (cf. article L. 160-5 du
code de l’urbanisme et CE, Section, 3 juillet 1998, Bitouzet, n° 158592).
Il doit être réparé intégralement (CE, 30 juillet 1997, Mme Mendes, n° 133577).
288
le juge administratif ne peut rejeter des conclusions indemnitaires au seul motif que les
pièces du dossier ne lui permettent pas d’évaluer le préjudice ; il lui appartient
d’apprécier lui-même le montant du préjudice en faisant usage, le cas échéant, de ses
pouvoirs d’instruction (CE, 15 décembre 2010, Groupement d’intérêt économique
garde ambulancière 80 et autres, n° 330867 ; CE, 27 novembre 2015, Caisse primaire
d’assurance maladie du Doubs, n° 378266). En revanche, si une partie s’abstient de
répondre à une mesure d’instruction visant à permettre au juge d’établir l’étendue d’un
préjudice, le juge peut en conclure que ce préjudice est inexistant (CE, 6 décembre
2017, Société GPE Audit et Conseil, n° 405651).
Par exception, l’existence du préjudice peut dans certains cas être présumée (v.
par ex. CE, 5 juin 2015, M. Langlet, n° 370896, et CE, Section, 3 décembre 2018, M.
Bermond, n° 412010, s’agissant du préjudice moral résultant de conditions de
détention caractérisant une atteinte à la dignité humaine ; CE, 3 mars 2017, Ministre de
la défense c/ M. Pons, n° 401395, s’agissant du préjudice d’anxiété des travailleurs
exposés à l’amiante bénéficiant de l’allocation spécifique de cessation anticipée
d’activité).
Ou :
Ou :
289
Il résulte de l’instruction et notamment de …, que
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE a ainsi perdu des chances
sérieuses d’obtenir … et est par suite fondé à soutenir que la
responsabilité de @TA__AR_T_NOMFDEF est engagée à son égard. Il
sera fait une juste appréciation de l’indemnité à laquelle il a droit,
compte tenu notamment de … et de …, en condamnant
@TA__AR_T_NOMFDEF à lui verser une indemnité de ….
CE, 27 mai 1987, Legoff, n° 59158
Ou :
Ou :
290
5.2.10 DROITS DES CAISSES DE SECURITE SOCIALE
Moyens développés à l’appui d’une demande indemnitaire - Droits des
caisses de sécurité sociale – Règles générales.
Afin de respecter l’ensemble des exigences posées par l’article L. 376-1 du code
de la sécurité sociale dans sa rédaction issue de la loi du 21 décembre 2006, la section
du contentieux du Conseil d’Etat, dans son avis M. Lagier du 4 juin 2007 (n°s 303422
304214 ; concl. M. L. Derepas), a chargé le juge administratif de déterminer les droits
des parties de la manière suivante :
L’avis M. Lagier du 4 juin 2007 (n°s 303422 304214) invitait le juge administratif à
présenter les postes de préjudices susceptibles d’être indemnisés de la manière
suivante :
291
- Préjudices patrimoniaux : dépenses de santé, frais liés au handicap, perte de
revenus, incidence professionnelle ou scolaire, frais d’assistance ou d’obsèques, etc.
(cf., à titre d’exemple, les décisions : CE, 24 octobre 2008, Centre hospitalier
régional d’Orléans, n° 290733 ; CE, 2 septembre 2009, Mme Peignien, n° 292783 ; CE,
4 décembre 2009, Cts El Khebbaz, n° 309521 ; CE, 9 décembre 2009, Mme Rambeau,
n° 301216).
En vertu des mêmes dispositions, une caisse de sécurité sociale qui a versé des
prestations à la victime d’une contamination transfusionnelle peut exercer un recours
subrogatoire contre le fournisseur des produits sanguins infectés, même en l’absence
de faute de celui-ci. En revanche, elle ne peut exercer un tel recours contre un
établissement de transfusion sanguine qu’à la condition que celui-ci soit couvert par
une assurance (CE, 17 juin 2016, Etablissements français du sang, n° 383479).
292
S’agissant des frais liés au handicap :
293
condamnation – Cas d’une indemnisation limitée à une
perte de chance.
Avant de faire droit aux prétentions du requérant, le juge doit écarter les moyens
de défense susceptibles de faire échec aux moyens développés à l’appui de la requête
ou constater, le cas échéant, d’office que les moyens invoqués ne peuvent prospérer.
Un moyen inopérant est un moyen qui, même s’il est fondé, ne peut avoir aucune
incidence sur la solution du litige.
- une illégalité entachant une décision que l’administration était tenue de prendre
(cas de compétence liée) ;
295
l’invocation de l’illégalité d’une décision à laquelle la décision attaquée, prise sur un
recours administratif à caractère obligatoire, s’est substituée.
Même si le Conseil d’État admet le rejet implicite des moyens inopérants (CE,
Section, 25 mars 1960, Boileau, n° 35805, p. 234), il convient en règle générale de les
écarter expressément.
Ou :
Ou :
Ou :
296
avec leurs dispositions ». Il en résulte qu’une opération ne peut être
légalement déclarée d’utilité publique que si elle est compatible avec les
orientations du schéma directeur en vigueur. Toutefois, une déclaration
d’utilité publique ne constitue pas une mesure d’application d’un
schéma directeur non plus d’ailleurs que d’un autre document
d’urbanisme. Par suite, le moyen tiré de l’illégalité d’un schéma
directeur ou de sa modification ou de l’illégalité d’un autre document
d’urbanisme ne peut être utilement invoqué à l’encontre d’une
déclaration d’utilité publique, alors même que ce document
d’urbanisme ou sa modification aurait eu pour objet de rendre possible
l’opération déclarée d’utilité publique.
Ou :
297
Lorsque le juge déduit des motifs d’une décision administrative que
l’administration se trouvait en situation de compétence liée et écarte l’ensemble des
moyens dirigés contre cette décision comme inopérants, il ne relève pas d’office un
moyen mais se borne à exercer son office en répondant aux moyens soulevés devant
lui. Il n’est, par suite, pas tenu de communiquer, comme moyen d’ordre public (MOP),
l’existence de cette situation de compétence liée sur le fondement de l’article R. 611-7
du code de justice administrative (CE, 22 octobre 2014, Mme Guessas, n° 364000). En
revanche, s’il ne ressort ni des termes de la décision attaquée ni des pièces du dossier
que l’administration estimait être dans une situation de compétence liée, le juge ne
peut se fonder sur une telle compétence liée sans inviter préalablement les parties à
présenter leurs observations (CE, 15 décembre 2016, Commune de Saint-Denis
d'Oléron, n° 389141).
298
sur la recevabilité des moyens invocables devant le juge d’appel (CE, avis ctx, 13
février 2019, Sté active immobilier, n° 425568) ou devant le même juge après
cassation et renvoi (CE, 24 avril 2019, Mme Brunel, M. Thouret, Mme Bonnet et M.
Berjal, nos 417175 417198). L’article R. 600-4 du code de l’urbanisme, qui permettait la
cristallisation des moyens en matière d’urbanisme a été abrogé – étant précisé qu’un
nouvel article R. 600-5 du code de l’urbanisme prévoit une cristallisation automatique
des moyens passé un délai de deux mois à compter de la communication aux parties
du premier mémoire en défense.
Est également irrecevable une exception tirée de l’illégalité d’une décision non
réglementaire devenue définitive (CE, Section, 20 juin 1997, Kessai, n° 168019).
Ou :
Ou :
299
Pour demander l’annulation de l’arrêté du … ordonnant sa
reconduite à la frontière, @TA__AR_T_NOMFREQABREGE excipe
de l’illégalité de la décision du … par laquelle le préfet de … lui a
refusé la délivrance d’un titre de séjour. Si l’intéressé, qui a formé le …
un recours hiérarchique contre cette décision, est recevable à exciper de
l’illégalité de celle-ci, il n’établit toutefois pas l’illégalité de cette
décision, en se bornant à soutenir que …. S’il invoque aux mêmes fins
l’illégalité de la décision du … par laquelle le ministre de l’intérieur lui
a refusé le bénéfice de l’asile territorial, en tant qu’elle fonde la
décision du préfet de … du …, il ressort des pièces du dossier que le
recours hiérarchique du … n’était pas dirigé contre cette décision,
laquelle est, depuis lors, devenue définitive, de sorte que
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE ne peut exciper de son illégalité
au soutien de ses prétentions.
CE, 11 juin 2003, Préfet du Val d’Oise c/ M. Ali Youcefi, n° 223536
300
peut pas être soulevée d’office par le juge administratif (CE, Section, 8 novembre 1974,
Epoux Figueras, n° 83517 ; CE, 6 juin 1984, Communes de Bandol et de Sanary-sur-
Mer, n°s 45876 45958). Elle doit en outre être invoquée avant que le juge de premier
ressort ne se soit prononcé sur le fond (CE, Section, 29 juillet 1983, Ville de Toulouse
c/ Tomps, n° 23828).
Elle a pour effet de mettre fin à l’exigibilité d’une créance lorsqu’un délai de
quatre années s’est écoulé sans être suspendu ou interrompu à compter du 1er janvier
de l’année suivant celle durant laquelle la dette de la personne publique est née.
301
nouveaux, résultant d’une aggravation directement liée au fait générateur et
postérieure à la consolidation.
302
L’autorité de la chose jugée s’attache de manière générale aux jugements qui
ont été rendus « au fond ». Elle concerne à la fois le dispositif et les motifs qui en sont
le soutien nécessaire. Elle implique que ce qui a été jugé soit respecté.
Sont également revêtues de cette autorité absolue les constatations de fait qui
sont le soutien nécessaire des décisions des juridictions répressives, dès lors que ces
dernières sont devenues définitives et qu’elles statuent sur le fond de l’action publique
(CE, 29 mai 2009, Commune de Ligne, n° 319334). Ainsi, en principe, l’autorité de la
chose jugée au pénal ne s’impose à l’administration comme au juge administratif qu’en
ce qui concerne les constatations de fait que les juges répressifs ont retenues et qui
sont le support nécessaire du dispositif d’un jugement devenu définitif, tandis que la
même autorité ne saurait s’attacher aux motifs d’un jugement de relaxe tirés de ce que
les faits reprochés ne sont pas établis ou de ce qu’un doute subsiste sur leur réalité.
Exceptionnellement, lorsque la légalité de la décision administrative est subordonnée à
la condition que les faits qui servent de fondement à cette décision constituent une
infraction pénale, l’autorité de la chose jugée s’étend alors à la qualification juridique
donnée aux faits par le juge pénal (CE, Ass., 12 octobre 2018, SARL Super Coiffeur,
n° 408567). Par conséquent, l’administration fiscale n’a pas la possibilité de se
prévaloir, pour établir l’imposition, de pièces ou de documents obtenus par une autorité
administrative ou judiciaire dans des conditions déclarées ultérieurement illégales par
le juge pénal (CE, 15 avril 2015, Société Car Diffusion 78, n° 373269). En revanche,
une décision du juge pénal estimant une procédure de contrôle fiscal nulle n’empêche
pas le juge administratif, auquel il incombe seul d’apprécier les faits au regard de la loi
pénale, d’écarter un moyen tiré de l’irrégularité de cette procédure (CE, 14 octobre
2015, Mme Amos Succession Amos, n° 360426). Dans un autre domaine, lorsqu’un
juge pénal a relevé qu’un étranger a fait usage de faux documents administratifs, il ne
découle pas nécessairement de telles constatations que l’ensemble des actes
accomplis sous l’identité ainsi usurpée doivent être regardés comme accomplis par
l’étranger qui s’est rendu coupable de cette usurpation mais il convient de tenir compte
du caractère particulier des documents produits sous couvert d’une usurpation
d’identité (CE, 17 octobre 2014, M. Mbilia-Andulu, n° 365325). Le moyen tiré de la
méconnaissance de l’autorité absolue de la chose jugée par le juge pénal est d’ordre
public (CE, Section, 16 février 2018, Mme Thomas, n° 395371).
L’autorité relative de la chose jugée peut être opposée lorsque les trois identités
d’objet, de cause et de parties sont réunies (CE, Section, 29 novembre 1974, Epoux
Gevrey, n° 89756). En l’absence d’identité, cette autorité n’est pas opposable. Ainsi,
l’autorité de chose jugée dont sont revêtus les motifs d’un jugement d’annulation
reconnaissant l’imputabilité de la maladie d’un fonctionnaire au service ne font pas
obstacle à ce que la cause de cette affection soit à nouveau discutée devant la
juridiction saisie d’une demande tendant à l’indemnisation par un tiers, sur un autre
fondement juridique, des préjudices qui en résultent (CE, 5 novembre 2014, ONIAM c/
M. Coppola, n° 363036).
Une décision de non-lieu à statuer est dépourvue d’autorité parce qu’elle met fin
à un litige contentieux sans statuer sur celui-ci (CE, Section, 19 mars 1948, Dame
Ventura, Rec. p. 137 ; CE, Section, 9 janv. 1959, Dame Boigé et autres, Rec. p. 31).
Par exception, en matière indemnitaire, l’autorité de chose jugée d’un jugement définitif
de non-lieu, fondé sur le versement de la somme demandée par le requérant, peut être
opposée par l’autre partie (CE, Section, 23 décembre 1988, S.A. des techniciens et
ouvriers du bâtiment, n° 40591).
Un jugement qui rejette une demande pour irrecevabilité n’a aucune autorité de
la chose jugée sur ce qu’il n’a pas tranché, c’est-à-dire sur le fond de la demande.
Ainsi, lorsque le juge administratif a rejeté des prétentions indemnitaires irrecevables
faute d’avoir été dirigées contre une décision préalable, l’exception de chose jugée ne
303
peut pas être opposée à une nouvelle requête recevable, présentée après que le
contentieux ait été lié (CE, 18 juin 1986, Mme Krier, n° 49813). La solution est
identique lorsque le motif d’irrecevabilité retenu, tiré de ce que la requête ne comportait
pas l’exposé de faits et de moyens, a été corrigé dans une nouvelle demande qui a le
même objet et qui est dûment motivée (CE, 11 juin 1999, Grabias, n° 185169).
L’exception de chose jugée n’est pas une fin de non-recevoir ; elle concerne le
fond du droit. On évitera donc, si l’exception de chose jugée est accueillie, d’utiliser une
formulation réservée aux irrecevabilités.
Par ailleurs, les ordonnances du juge des référés, en raison de leur caractère
provisoire, ne sont pas revêtues de l’autorité de la chose jugée ; elles sont en revanche
exécutoires et, en vertu de l’autorité qui s’attache aux décisions de justice, obligatoires
(CE, Sect., 5 nov. 2003, n° 259339, Assoc. Convention vie et nature pour une écologie
radicale).
Ou :
304
dirigées contre le refus implicite que le Premier ministre avait opposé à
cette demande, l’expiration … du délai de transposition de la directive
… constitue une circonstance de droit nouvelle, postérieure à la
décision implicite par laquelle le Premier ministre avait rejeté la
précédente requête de …. Ainsi, la présente requête n’a pas le même
objet que celle qui a donné lieu à la décision du Conseil d’Etat statuant
au contentieux …. Par suite, et contrairement à ce que soutient …,
l’autorité de chose jugée qui s’attache à cette décision ne peut lui être
opposée.
CE, 27 juillet 2001, Coopérative de consommation des adhérents de la mutuelle assurance
des instituteurs de France (CAMIF), n° 218067
Le juge n’est pas tenu de procéder à une telle mise en demeure avant de
statuer. Mais, il doit, s’il y procède, en tirer toutes les conséquences de droit. Ainsi, si la
mise en demeure est restée infructueuse, il lui appartient seulement de vérifier que
l’inexactitude des faits exposés dans les mémoires du requérant ne ressort d’aucune
pièce du dossier (CE, 30 décembre 2009, M. Konte, n° 314972).
En effet, le contenu des pièces du dossier peut démentir les faits auxquels il est
acquiescé (CE, 16 octobre 1957, Commune de Challes-les-Eaux p. 537).
305
un mémoire en défense. Cette mise en demeure est demeurée sans effet.
L’inexactitude des faits allégués par
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE ne ressort d’aucune des pièces
versées au dossier. Dans ces conditions, @TA__AR_T_NOMFDEF
doit être réputé avoir admis leur exactitude matérielle conformément
aux dispositions précitées de l’article R. 612-6 du code de justice
administrative.
Un moyen d’ordre public est relatif à une question d’une importance telle que le
juge méconnaîtrait lui-même la règle de droit qu’il a pour mission de faire respecter si
la décision juridictionnelle rendue n’en tenait pas compte.
- qu’ils peuvent être invoqués par les parties à tout moment de la procédure, y
compris après l’expiration du délai de recours contentieux ;
- qu’ils doivent être relevés d’office par le juge s’ils ressortent des pièces du
dossier au vu desquelles il statue.
Lorsqu’il envisage de fonder sa décision sur un moyen d’ordre public et qu’il n’est
pas fait application des dispositions des articles R. 222-1 (ordonnance) et R. 611-8
(dispense d’instruction), le juge doit en informer les parties avant la séance de
jugement conformément aux prescriptions de l’article R. 611-7 du CJA. Si cette
formalité n’a pas pu être respectée, il convient de rayer l’affaire du rôle (CE, Section,
30 octobre 1992, Ministre des affaires étrangères et secrétaire d’Etat aux grands
travaux c/ Association de sauvegarde du site Alma Champ de Mars, n° 140220).
306
Lorsqu’elle intervient alors que l’instruction est close, l’information des parties n’a
pas, par elle-même, pour effet de rouvrir l’instruction (CE, Sect., 25 janvier 2021,
Mme Lebret et autres, n° 425539).
Lorsqu’un moyen ne figurait pas à l’origine dans les écritures du requérant, mais
est présenté par ce dernier, avant la clôture de l’instruction, à la suite de la
communication que lui a faite le juge en application de l’article R. 611-7, il doit être
regardé comme régulièrement soulevé alors même qu’il s’avérerait que le moyen
n’avait pas à être relevé d’office (CE, 30 juin 1999, Foucher, n° 190038). Mais, si une
partie, en réponse à un courrier du juge l’informant, en application de l’article R. 611-7
du code de justice administrative, de ce que sa décision est susceptible d’être fondée
sur un moyen relevé d’office, se borne à faire connaître par un simple courrier son
assentiment à ce moyen sans développer aucune argumentation, elle ne saurait être
regardée comme ayant, par cette affirmation, expressément repris le moyen énoncé
par le juge et comme ayant ainsi soulevé un nouveau moyen auquel le juge serait tenu
de répondre (CE, 7 novembre 2012, Société France Immobilier Group, n°328670).
Si le juge renonce finalement à se fonder sur ce moyen, il n’est pas tenu, dans
cette hypothèse, de se prononcer expressément sur son bien-fondé (CE, 7 novembre
2012, Société France Immobilier Group, n° 328670), y compris lorsqu’en réponse à la
communication qui lui a été faite par le juge qu’un moyen était susceptible d’être relevé
d’office, une partie a présenté, postérieurement à la clôture de l’instruction, une
argumentation qui doit la faire regarder comme ayant expressément repris ce moyen
(CE, Sect., 25 janvier 2021, Mme Lebret et autres, n° 425539).Cf. également « moyens
relevés d’office »
Les éléments relevant de l’office du juge sont, comme les moyens d’ordre public,
soulevés par lui, quand bien même les parties ne les évoquent pas. La distinction entre
les deux notions concerne en particulier la question de l’information des parties.
Lorsque le juge relève d’office un moyen d’ordre public, il doit toujours informer les
parties, conformément à l’article R. 611-7 du CJA (sur les moyens d’ordre public, voir
5.3.8). Lorsqu’il exerce son office, cette information des parties n’est pas requise, sauf
cas particuliers (cf. ci-après).
307
En ce qui concerne la réponse à l’argumentation du requérant, le principe est
qu’il est de l’office du juge d’apporter aux moyens du requérant la réponse qui lui
semble pertinente quel que soit le contenu des écritures présentées en défense devant
lui et sans qu’il y ait lieu de procéder à l’information des parties prévue par l’article R.
611-7 du CJA (pour l’énoncé de ce principe : CE, 2 juin 2010, Fondation de France,
n° 318014). Ainsi, le juge ne relève pas d’office un moyen mais se borne à exercer son
office quand :
- il fait application des règles de droit régissant la matière : par exemple, lorsqu’il
rejette la demande de réparation d’un préjudice en se fondant sur l’absence de lien de
causalité directe entre ce préjudice et l’action de la collectivité dont la responsabilité est
recherchée (CE, 26 mars 2003, Santinacci, n° 244533) ou lorsque, saisi de conclusions
mettant en jeu la responsabilité de la puissance publique, il constate qu’une des
conditions d’engagement de la responsabilité publique n’est pas remplie et cela alors
même qu’il fonde ce constat sur des dispositions législatives ou réglementaires non
invoquées en défense (CE, 30 novembre 2005, Guitard et autres, n° 269546) ;
- il vérifie si le litige entre bien dans le champ du texte invoqué devant lui (CE, 14
mars 2001, Consorts Bureau, n° 204073 ; CE, 2 juin 2010, Fondation de France,
n° 318014) ;
- il examine s’il est compétent pour examiner un moyen soulevé devant lui (CE,
13 février 2015, SA Groupe Bigard, n° 376864) ;
- relever d’office l’irrecevabilité (et non l’inopérance) d’un moyen (CE, 14 février
1997, Mme Chartier, n° 152641) ; toutefois, le juge peut soulever d’office, sans
communication aux parties, l’irrecevabilité d’un moyen fondé sur une cause juridique
distincte de ceux invoqués dans le délai de recours contentieux lorsque ce moyen a été
présenté après l’inscription de l’affaire au rôle (CE, 8 février 1999, Siano et autres, n°
180058) ;
308
- se substituer au défendeur pour apporter la contradiction au requérant sur le
plan factuel (CE, 30 mai 2007, Boscher, n° 274477) ;
- soulever l’autorité de chose jugée d’un jugement (CE, 9 août 2006, Commune
de Noyant la Gravoyère et autre, n° 258885) ;
- relever une tardiveté (en l’espèce celle fondée sur la jurisprudence Czabaj)
différente de celle opposée par une fin de non-recevoir d’un défendeur (en l’espèce
tirée de l’expiration des délais de recours) (CE, 28 mars 2018, Maître Depreux,
agissant en qualité de liquidateur judiciaire de la société imprimerie Georges frères c/
M. Monier, n° 410552).
Enfin, le juge exerce son office, mais doit recueillir les observations des parties,
sans que cette obligation soit fondée sur l’article R. 611-7 du CJA, mais plutôt sur le
respect du caractère contradictoire de la procédure et la loyauté des débats lorsque :
- il est conduit, pour vérifier que les dispositions invoquées devant lui sont
applicables au litige, à se fonder sur un acte dépourvu de caractère réglementaire (CE
1er juin 2015, Commune de Mareil-le-Guyon, n° 368335 ; CE 12 novembre 2014,
Commune de Pont-Aven, n° 369147) ;
Ou :
309
CE, 21 avril 1986, Hai Chrun, n° 43402
Ou :
Ou :
Ou :
Ou :
310
produits par la disposition déclarée inconstitutionnelle, de les remettre
en cause en écartant, pour la solution de ce litige, le cas échéant
d’office, cette disposition, dans les conditions et limites fixées par le
Conseil constitutionnel ou le législateur.
CE, Assemblée, 13 mai 2011, Mme M’Rida, n°316734.
Elle ne doit pas être confondue avec la substitution de motifs (v. la distinction
précisée par CE, 12 juillet 2013, Commune de Chasse-sur-Rhône, n°348967).
Elle est soumise à des conditions précisées par la jurisprudence, qui diffèrent
selon la nature du contentieux.
En excès de pouvoir, lorsqu’il constate que la décision contestée devant lui aurait
pu être prise, en vertu du même pouvoir d’appréciation, sur le fondement d’un autre
texte que celui dont la méconnaissance est invoquée, le juge peut substituer ce
fondement à celui qui a servi de base légale à la décision attaquée, sous réserve que
l’intéressé ait disposé des garanties dont est assortie l’application du texte sur le
fondement duquel la décision aurait dû être prononcée (CE, Section, 3 décembre 2003,
Préfet de la Seine-Maritime c/ El Bahi, n° 240267).
La substitution de base légale relève de l’office du juge qui peut donc y procéder
d’office (sauf en matière fiscale : CE, Section, 27 septembre 2006, Société Janfin,
n° 260050) après avoir au préalable mis les parties à même de présenter des
311
observations sur ce point (CE, Section, 3 décembre 2003, Préfet de la Seine-Maritime
c/ El Bahi, n° 240267). Lorsque le requérant a lui-même évoqué dans ses écritures,
pour l’écarter, la possibilité d’une telle substitution, le juge n’est pas tenu d’informer les
parties de l’éventualité qu’il y procède (CE, 26 novembre 2012, Ahmed, n°349827).
Dans le contentieux des OQTF faisant l’objet d’un juge unique, la substitution de
base légale ne peut parfois être prononcée sans renvoi à la formation collégiale : dans
l’hypothèse où, saisi d’un recours pour excès de pouvoir exercé à l’encontre d’une
OQTF fondée sur les 1°, 2°, 4° ou 6° du I de l’article L. 511-1 du CESEDA (depuis le
1er mai 2021, 1°, 2° ou 4° de l’article L. 611-1 du CESEDA), le président du tribunal
administratif ou le magistrat qu’il désigne à cette fin constate que cette décision aurait
pu être prise, en vertu du même pouvoir d’appréciation, sur le fondement des 3°, 5°, 7°
ou 8° du I du même article (depuis le 1er mai 2021, 3,°, 5° ou 6° de l’article L. 611-1 du
CESEDA), il ne peut, dès lors que le législateur a expressément prévu la compétence
de la formation collégiale du tribunal administratif pour statuer sur la légalité des OQTF
assorties d'un délai de départ volontaire fondées sur ces dispositions, procéder à une
substitution de la base légale de la décision attaquée sans renvoyer l’examen du
recours à cette formation de jugement (CE, 6 novembre 2019, Mme Cubas Martinez,
no 431585).
312
5.3.10 SUBSTITUTION DE MOTIFS
Substitution de motifs – Notion.
Elle consiste pour le juge, saisi d’un moyen de défense en ce sens présenté par
l’administration auteur de la décision attaquée (CE, 5 février 2014, Société Pludis,
n° 367815), y compris un organisme collégial (v. CE, 13 mars 2006, SARL Marseille
Diffusion, n° 268988, s’agissant d’une autorité administrative indépendante), à
substituer au motif erroné sur lequel repose la décision attaquée un motif justifiant cette
décision.
Ainsi, en excès de pouvoir (CE, Section, 6 février 2004, Mme Hallal, n° 240560) :
- le juge doit apprécier s’il résulte de l’instruction que l’administration aurait pris la
même décision si elle s’était fondée initialement sur ce motif ;
Le juge ne peut y procéder d’office (CE, Section, 6 février 2004, Mme Hallal,
n° 240560 ; CE, 4 février 2013, Section de communes de Brousse-et-Selves,
n° 346584), à la différence de la substitution de base légale. Pour autant, il n’est pas
nécessaire que l’administration formule une demande expresse de substitution de
motifs, c’est-à-dire qu’elle indique expressément qu’elle sollicite une telle substitution :
il suffit que l’administration fasse valoir que sa décision en litige est légalement justifiée
par un motif, de droit ou de fait, autre que celui initialement indiqué, de telle sorte que
l’auteur du recours soit, par la seule communication des écritures de l’administration,
mis à même de présenter ses observations sur la substitution de cet autre motif au
motif initial (CE, 19 mai 2021, Commune de Remire Montjoly, n° 435109).
Le juge n’est jamais tenu de faire droit à une telle substitution de motifs,
lorsqu’elle lui est demandée.
313
304966) ou lorsqu’elle s’est méprise sur l’objet de la demande (CE, 15 juin 2007, M. et
Mme Djabeur Djezzar, n° 289612).
La substitution de motifs peut parfois être demandée afin de compléter les motifs
de la décision initiale : ainsi, lorsque la légalité d’une décision administrative est
subordonnée à la satisfaction de plusieurs conditions par le bénéficiaire de cette
décision, l’administration, qui a omis de vérifier le respect d'une des conditions au
cours de la procédure administrative, peut faire valoir pour la première fois devant le
juge de l’excès de pouvoir le motif tiré de ce que cette condition était, en réalité,
remplie à la date de la décision attaquée. Il appartient alors au juge, après avoir mis
l’auteur du recours à même de présenter ses observations sur ce nouveau motif, de
rechercher si celui-ci, combiné à celui qui avait été retenu initialement, est de nature à
fonder légalement la décision. Dans l’affirmative, le juge peut écarter le moyen tiré de
l’erreur de droit qu’aurait commise l’administration en s’abstenant d’examiner l’une des
conditions légales de la décision, sous réserve que le défaut d’examen de cette
condition n’ait pas privé l’intéressé d’une garantie procédurale (CE,
27 septembre 2006, Mme Pillods, n° 278563).
Il est vrai que, pour établir que la décision attaquée était légale,
@TA__AR_T_NOMFDEF invoque, dans son mémoire en défense
communiqué à @TA__AR_T_NOMFREQABREGE, un autre motif,
tiré de ce que cette dernière ne justifiait pas, à la date de cette décision,
….
314
entendu se fonder initialement sur ce motif. Il n’y a dès lors pas lieu de
procéder à la substitution demandée.
Lorsqu’une décision repose sur plusieurs motifs parmi lesquels certains sont
légaux et d’autres illégaux, le juge de l’excès de pouvoir ne procède pas à une
annulation automatique. Il recherche si l’administration aurait pris la même décision en
ne se fondant que sur les motifs légaux (CE, Assemblée, 12 janvier 1968, ministre de
l’économie et des finances c/ Mme Perrot, n° 70951).
Ou :
Ou :
315
Il ne ressort pas des pièces versées au dossier que … auraient,
ensemble ou séparément, par leurs activités et notamment par leurs
écrits, leurs déclarations ou leurs actions collectives, provoqué à la
haine, à la discrimination ou à la violence au sens du 6° de l’article L.
212-1 du code de la sécurité intérieure.
316
moyens avant de soulever la question préjudicielle et de surseoir à statuer (CE, 4
octobre 1961, Ministre des armées c/ Pozniakoff, p. 532).
La décision par laquelle le juge administratif sursoit à statuer doit en outre être
regardée comme ayant implicitement mais nécessairement statué sur la compétence
de la juridiction administrative (CE, 11 octobre 1972, Ministre de l’équipement et du
logement c/ Judeaux, n°84122) et sur la recevabilité des conclusions présentées au
fond (CE, 10 décembre 2012, Ministre du budget, des comptes publics et de la fonction
publique c/ Société Rhodia, n°317074). L’autorité de chose jugée qui s’attache à cette
décision s’oppose à ce qu’il soit statué à nouveau sur ces questions et peut être
relevée d’office par le juge (CE, 23 janvier 1980, X., n° 11128, T. p. 661).
317
En outre, lorsque, à l’occasion d’un litige relevant de la compétence de la
juridiction administrative, une contestation sérieuse s’élève sur la validité d’un acte
relevant de la compétence du juge judiciaire, il appartient en principe au juge saisi de
ce litige de surseoir à statuer jusqu’à ce que l’autorité judiciaire se soit prononcée sur la
question préjudicielle que présente à juger cette contestation. Mais ce principe connaît
trois exceptions (CE, Section, 23 mars 2012, Fédération SUD santé sociaux, n°
331805).
c) Par ailleurs, dans l’hypothèse où le législateur a prévu que les mesures prises
pour l’application de la loi seront définies par un accord collectif conclu entre les
partenaires sociaux, dont l’entrée en vigueur est subordonnée à l’intervention d’un
arrêté ministériel d’extension ou d’agrément, il appartient au juge administratif,
compétemment saisi d’un recours pour excès de pouvoir dirigé contre cet arrêté, de se
prononcer lui-même, compte tenu de la nature particulière d’un tel accord, sur les
moyens mettant en cause la légalité de ce dernier.
Le juge du fond qui estime, à tort, que l’interprétation d’un acte de droit privé ne
soulève pas de difficulté sérieuse justifiant une question préjudicielle à l’autorité
judiciaire, commet une erreur de droit sur la qualification juridique des faits (CE, 4 août
2006, Société anonyme immobilière du parc Monceau, n° 278315).
318
testateur). Le tribunal de grande instance territorialement compétent doit alors être
saisi.
6.1.1.1MOTIFS
Décisions avant dire droit – Questions préjudicielles –
Question préjudicielle à l’autorité judiciaire – Motifs.
319
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE tendant à [objet de la requête]
jusqu’à ce que la juridiction compétente se soit prononcée sur cette
question préjudicielle.
320
6.1.1.2DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Questions préjudicielles –
Question préjudicielle à l’autorité judiciaire – Dispositif.
La question préjudicielle est mentionnée dans les visas du jugement qui tranche
le litige et qui porte un numéro identique à celui du jugement avant dire droit, ainsi que
la décision par laquelle l’autorité judiciaire a répondu à la question (juste avant le visa
du code de justice administrative). Le sens de la réponse figure dans les motifs.
Vu :
- textes ;
- le jugement n° … du [date] du [juridiction judiciaire s’étant
prononcée] ;
-le code de justice administrative ;
321
Par jugement en date du [date] le tribunal administratif a sursis à
statuer sur la requête de @TA__AR_T_NOMFREQABREGE jusqu’à
ce que [juridiction judiciaire saisie] se soit prononcée sur la question de
savoir si [question en litige].
Jusqu’au 1er décembre 2009, en cas de difficulté portant sur l’interprétation des
traités communautaires ou d’un acte de droit dérivé, ou sur la validité d’un tel acte, la
question était directement soumise par le juge administratif à la Cour de justice des
communautés européennes, en application de l’article 234 du traité instituant la
Communauté européenne. Les visas des textes comportaient : « - le traité instituant la
Communauté européenne (notamment son article 234) ».
322
Un tableau de suivi des questions préjudicielles posées à la Cour de justice de
l’Union européenne par les juridictions administratives se trouve dans la rubrique
productions du CRDJ sur l’intranet.
Le Conseil d’Etat, saisi d’une demande d’avis portant sur l’interprétation du droit
de l’Union européenne par un tribunal administratif, en application de l’article L. 113-1
du CJA, n’est pas compétent pour saisir la Cour de justice de l’Union européenne
d’une question préjudicielle (CE, avis, Section, 4 février 2000, Mouflin, n° 113321).
Pour des exemples de rédaction : CE, 25 janvier 2017, Jahin, n° 397881 ; CE, 20
septembre 2017, Société Sofina, Société Rebelco, Société Sidro, n°s 398662, 398663,
398666, 398672, 398674, 398675 (et pour un sursis à statuer dans une autre affaire
dans l’attente des réponses à ces question : CE, 28 juillet 2018, Société GBL Energy et
autre, n°s 415120, 415123) ; CE, 26 juillet 2018, Quadrature du Net et autres et
Igwan.net, n°s 394922 394925 397844 397851.
6.1.2.1MOTIFS
323
Décisions avant dire droit – Questions préjudicielles –
Renvoi à la Cour de justice de l’Union européenne –
Motifs.
6.1.2.2DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Questions préjudicielles –
Renvoi à la Cour de justice de l’Union européenne –
Dispositif.
324
et les motifs du jugement qui tranche le litige et qui porte un numéro identique à celui
du jugement avant dire droit.
Vu :
- textes ;
- l’arrêt n° … du [date] de la Cour de justice de l’Union
européenne ;
- le code de justice administrative ;
Dans l’arrêt du [date] par lequel elle s’est prononcée sur les
questions dont le tribunal administratif l’avait saisie à titre préjudiciel
[le cas échéant après avoir écarté les autres moyens des requêtes], la
Cour de justice de l’Union européenne a dit pour droit que [les
dispositions litigieuses] doivent être interprétées comme [sens de la
réponse de la Cour].
325
6.2 TRANSMISSION D’UNE QUESTION PRIORITAIRE DE
CONSTITUTIONNALITE
● Transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité –
Présentation générale.
2° Elle ne doit pas avoir déjà été déclarée conforme à la Constitution dans les
motifs et le dispositif d’une décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des
circonstances ;
L’article 23-3 précise qu’en principe, la juridiction sursoit à statuer tant que n’est
pas connue la décision soit du Conseil d’Etat soit du Conseil constitutionnel mais
aménage des exceptions à cette règle. Toutefois, le cours de l’instruction n’est pas
suspendu.
Ces dispositions ont été précisées, pour les tribunaux administratifs notamment,
aux articles R. 771-3 à R. 771-10 du CJA.
326
Ces dispositions ne font pas obstacle à ce que les parties procèdent
spontanément à une régularisation avant que la fin de non-recevoir leur soit opposée.
La QPC constitue un moyen qui peut être invoqué à tout moment au cours de
l’instruction.
La QPC peut notamment être présentée dans le cadre d’une note en délibéré. Si
le juge décidé, dans l’intérêt d’une bonne justice, de rouvrir l’instruction, la question
prioritaire de constitutionnalité posée est recevable, nonobstant le fait que la partie qui
la soulève n’invoque aucune circonstance qu’elle n’était pas en mesure de faire valoir
avant la clôture de l’instruction, ni aucune circonstance de droit nouvelle que le juge
devrait relever d’office (CE, 28 janvier 2011, M. Huchon, n°338199, T. p. 114).
L’auteur d’une QPC à laquelle ont été appliquées les dispositions de l’article
R. 771-6 (v. infra) justifie d’un intérêt à intervenir au soutien de la demande de renvoi
mettant en cause la même disposition législative par les mêmes motifs. En revanche, il
n’est pas recevable à invoquer dans ce cadre des moyens d’inconstitutionnalité
différents des moyens présentés devant le tribunal ou la cour par l’auteur de la QPC
transmise au Conseil d’Etat, hormis le cas où il établirait les avoir lui-même soumis à la
juridiction qui a différé sa décision (CE, 4 avril 2011, Mme Moussa, n°345661, p. 152 ;
CE, 20 avril 2011, Département de l’Hérault, Département des Côtes d’Armor, n°s
346227 et 347269, T. pp. 798, 807, 1119).
Lorsque la question est recevable, elle fait l’objet d’une instruction, sauf s’il
apparaît de manière certaine qu’il n’y a pas lieu de la transmettre au Conseil d’Etat (R.
327
771-5). Une exigence de célérité s’impose pour la conduite de l’instruction et la
procédure contradictoire doit être adaptée en conséquence.
328
● Transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité –
Désistement.
Dès lors, il appartient au juge saisi d’un litige portant sur l’application de ces
dispositions identiques antérieures de le constater, sans qu’il y ait lieu de saisir le
Conseil constitutionnel d’une nouvelle question prioritaire de constitutionnalité (QPC),
dès lors qu’au regard des dispositions du deuxième alinéa de l’article 62 de la
Constitution, d’une part, les dispositions en cause ont auparavant été abrogées, de
sorte qu’une nouvelle décision du Conseil constitutionnel ne pourrait avoir cet effet, et,
d’autre part, que le litige soumis au juge est au nombre de ceux pour lesquels le
requérant peut, en vertu de la décision du Conseil constitutionnel, bénéficier des effets
de la déclaration d’inconstitutionnalité prononcée par cette décision. Par suite, une
QPC dirigée contre les dispositions identiques aux dispositions postérieures déclarées
contraires à la Constitution est sans objet et il n’y a pas lieu de la renvoyer au Conseil
constitutionnel (CE, 16 janvier 2015, Société Métropole Télévision, n° 386031)
329
indirectement résulter que de l’incompatibilité d’une loi avec la directive qu’elle
transpose, qui suscite des difficultés d’interprétation justifiant le renvoi d’une question
préjudicielle à la Cour de justice de l’Union européenne (CE, Assemblée, 31 mai 2016,
Jacob, n° 393881).
Lorsque les conditions prévues sont remplies, la question doit être transmise.
330
Les dispositions de l’article 23-3 de la loi organique autorisent la juridiction saisie
à transmettre une question prioritaire de constitutionnalité sans surseoir à statuer dans
tous les cas où « la loi ou le règlement prévoit qu’elle statue dans un délai déterminé
ou en urgence ». En outre, lorsque le sursis à statuer risquerait d’entraîner des
conséquences irrémédiables ou manifestement excessives pour les droits d’une partie,
la juridiction qui décide de transmettre la question peut statuer sur les points qui
doivent être immédiatement tranchés.
Le juge du référé liberté saisi d’une QPC a l’obligation de l’examiner sauf en cas
d’incompétence de la juridiction administrative, d’irrecevabilité ou de défaut d’urgence.
S’il ne rejette pas les conclusions qui lui sont soumises pour l’un de ces motifs, il lui
appartient de se prononcer, en l’état de l’instruction, sur la transmission au Conseil
d’Etat de la question prioritaire de constitutionnalité ou, pour le juge des référés du
Conseil d’Etat, sur le renvoi de la question au Conseil constitutionnel. Même s’il décide
de renvoyer la question, il peut, s’il estime que les conditions posées par l’article L.
521-2 du code de justice administrative sont remplies, prendre les mesures provisoires
ou conservatoires nécessaires, compte tenu tant de l’urgence que du délai qui lui est
imparti pour statuer, en faisant usage de l’ensemble des pouvoirs que cet article lui
confère (CE, Section, 11 décembre 2015, M. Cédric Domenjoud, n° 395009, qui
confime CE, juge des référés, 16 juin 2010, Mme Diakité, n° 340250).
331
6.2.1 VISAS
Vu la procédure suivante :
332
Vu les autres pièces du dossier ;
Vu :
- la Constitution, notamment son article 61-1 ;
- l’ordonnance n° 58-1067 du 7 novembre 1958 ;
- (disposition législative litigieuse) ;
- le code de justice administrative ;
6.2.2 MOTIFS
333
garantis par la Constitution est, à peine d’irrecevabilité, présenté dans
un écrit distinct et motivé (…) ». (Partie ayant soulevé la question de
constitutionnalité) n’a pas présenté dans un mémoire distinct le moyen
tiré de ce que (références de la disposition litigieuse) porte atteinte aux
droits et libertés garantis par la Constitution. Ce moyen n’est, par suite,
pas recevable et ne peut qu’être écarté.
Ou :
334
contestée au regard de la Constitution n’est par conséquent pas
applicable au présent litige. …
Ou :
Ou :
S’il est statué par voie d’ordonnance, celle-ci ne peut se prononcer que sur la
transmission de la question prioritaire de constitutionnalité, le magistrat délégué à cet
effet n’étant pas compétent pour statuer sur une exception d’incompétence ou de non-
lieu ou une fin de non-recevoir. L’article R. 771-8 précise par ailleurs qu’il n’est pas fait
obstacle à la mise en oeuvre des pouvoirs prévus par l’article R. 222-1 du CJA.
S’il est statué par voie de jugement sur la transmission de la QPC, il s’agira d’un
type particulier de décision avant dire droit. Afin de respecter le caractère prioritaire de
la question de constitutionnalité, le jugement ne devra se prononcer sur aucun des
autres moyens invoqués, ce qui ne dispensera pas la formation de jugement, le cas
échéant, de statuer sur les questions nécessairement préalables à l’examen de tout
moyen (exceptions d’incompétence, non-lieu, fins de non-recevoir).
Sur le cas des QPC présentées dans le cadre de procédures de référé cf.
transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité – Procédures à délai
déterminé ou d’urgence.
336
que la disposition contestée soit applicable au litige ou à la procédure,
[(ou) constitue le fondement des poursuites (cette mention figurera dans
l’hypothèse où il sera soutenu qu’une disposition législative relative à
une contravention de grande voirie porterait atteinte aux droits et
libertés garantis par la Constitution)], qu’elle n’ait pas déjà été déclarée
conforme à la Constitution dans les motifs et le dispositif d’une
décision du Conseil constitutionnel, sauf changement des circonstances
et que la question ne soit pas dépourvue de caractère sérieux. Le second
alinéa de l’article 23-2 de la même ordonnance précise que : « En tout
état de cause, la juridiction doit, lorsqu’elle est saisie de moyens
contestant la conformité d’une disposition législative, d’une part, aux
droits et libertés garantis par la Constitution et, d’autre part, aux
engagements internationaux de la France, se prononcer par priorité sur
la transmission de la question de constitutionnalité au Conseil d’Etat
(…) ».
(…)
337
conséquences irrémédiables ou manifestement excessives pour les
droits d’une partie ». Dans le présent litige, le sursis à statuer risquerait
d’entraîner des conséquences irrémédiables ou manifestement
excessives pour les droits de (mention du nom de la partie concernée).
Il y a donc lieu de statuer sur les autres points du litige qui doivent être
immédiatement tranchés.
(…)
6.2.3 DISPOSITIF
Pour assurer une parfaite mise à jour des tableaux, il est impératif que toute
décision de transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité au Conseil
d’Etat mentionne avec précision, dans son dispositif, les références de la disposition
législative contestée. S’il s’agit d’une disposition codifiée, ce sont les références du
texte résultant de la codification qui doivent être mentionnées. S’il s’agit d’une
disposition non codifiée, ce sont les références du texte d’origine qui doivent être
mentionnées. Dans les deux cas, s’il s’agit d’une disposition qui a fait l’objet d’une
modification depuis, respectivement, sa codification ou son adoption, il importe
d’ajouter à ces références, après la formule « dans sa rédaction issue de … », les
références de la modification. La référence de l’article (ou des articles en cas de
modification) doit, si cela est nécessaire pour éviter toute ambiguïté, être détaillée au
niveau du paragraphe voire de l’alinéa, de la phrase ou des mots.
338
Question prioritaire de constitutionnalité – Dispositif –
Transmission au Conseil d’Etat – Cas général.
Ou :
Ou (selon le cas) :
Article 2 : (dispositif par lequel il est fait droit à la requête, dans le cas
où un autre moyen que celui d’inconstitutionnalité invoquée, le permet)
Ou :
L’autorité relative de chose jugée peut être opposée lorsque la triple identité de
parties, d’objet et de cause est remplie. Il y a identité d’objet et de cause entre deux
QPC soulevant la conformité de la même disposition législative à la même disposition
constitutionnelle, quand bien même l’argumentation présentée serait différente. Cela ne
s’oppose toutefois pas à ce que, dans certaines circonstances bien particulières, quand
le caractère sérieux d’une QPC dépend d’une interprétation du droit de l’Union
européenne, une partie puisse présenter à nouveau une QPC après que la CJUE se
soit prononcée, sans que l’autorité de la chose jugée puisse lui être opposée (CE, 31
mai 2016, M. Jacob, n° 393881).
340
faisant référence à la décision du Conseil constitutionnel. Il n’est pas utile de rappeler
au regard de quels droits ou libertés la disposition a été critiquée.
Dans tous les cas, le visa de la décision du Conseil constitutionnel statuant sur la
QPC est à insérer juste avant celui du code de justice administrative.
Vu :
- [le cas échéant : la Constitution, notamment son article 62 ;]
- (les textes appliqués) ;
- la décision n° ... du [date de la décision du Conseil
constitutionnel] statuant sur la question prioritaire de constitutionnalité
soulevée par X ;
- le code de justice administrative ;
341
les remettre en cause en écartant, pour la solution de ce litige, le cas échéant d'office,
cette disposition, dans les conditions et limites fixées par le Conseil constitutionnel ou
le législateur (CE, Ass., 13 mai 2011, M’Rida, n° 316734).
342
par cette décision. Par sa décision n° 2010-108 QPC en date du 25 mars
2011, le Conseil constitutionnel a jugé que « si, en principe, la
déclaration d’inconstitutionnalité doit bénéficier à l’auteur de la
question prioritaire de constitutionnalité et la disposition déclarée
contraire à la Constitution ne peut être appliquée dans les instances en
cours à la date de la publication de la décision du Conseil
constitutionnel, les dispositions de l’article 62 de la Constitution
réservent à ce dernier le pouvoir tant de fixer la date de l’abrogation et
reporter dans le temps ses effets que de prévoir la remise en cause des
effets que la disposition a produits avant l’intervention de cette
déclaration ».
Le juge du litige, s’il n’a pas fait droit à l’ensemble des conclusions du requérant
en tirant les conséquences de la déclaration d’inconstitutionnalité d’une disposition
législative prononcée par le Conseil constitutionnel, doit examiner, dans l’hypothèse où
un moyen en ce sens est soulevé devant lui, s’il doit, pour statuer sur les conclusions
qu’il n’a pas déjà accueillies, écarter la disposition législative en cause du fait de son
incompatibilité avec une stipulation conventionnelle ou, le cas échéant, une règle du
droit de l’Union européenne dont la méconnaissance n’aurait pas été préalablement
sanctionnée (CE, Ass., 13 mai 2011, M’Rida, n° 316734 et CE, 10 avril 2015, Société
Red Bull on Premise et autre, n° 377207).
343
Question prioritaire de constitutionnalité – Décision de
contrariété à la Constitution – Contrôle de la
compatibilité des lois avec le droit de l’Union
européenne ou les engagements internationaux
Le jugement avant dire droit par lequel un tribunal administratif renvoie une
question au Tribunal des conflits recouvre deux hypothèses distinctes :
344
Le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 relatif au Tribunal des conflits et aux
questions préjudicielles figure, en règle générale, dans les visas, même si l’on peut
considérer que sa mention à l’article R. 771-1 du code de justice administrative est
suffisante.
6.3.1.1MOTIFS
[Exposé du litige].
345
6.3.1.2DISPOSITIF
● Décisions avant dire droit – Renvoi au Tribunal des conflits –
Prévention des conflits négatifs – Dispositif.
La décision rendue par le Tribunal des conflits est mentionnée à la fois dans les
visas et dans les motifs du jugement. Ce jugement porte un numéro identique à celui
du jugement avant dire droit.
346
Cependant, dans les faits, la pratique du Tribunal des conflits a pu varier et
certaines de ses décisions ne procèdent pas explicitement à cette mise à néant de la
procédure suivie devant l’ordre incompétent, notamment lorsqu’il a été saisi en même
temps au titre de l’article 35 du décret de 2015. Il faut alors adapter la rédaction en
conséquence (Ex. : CE, 20 mars 2009, Kim, n° 285222).
Vu :
- textes ;
- la loi du 24 mai 1872 relative au Tribunal des conflits ;
- le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 ;
- le code de justice administrative ;
347
[visas des nouveaux échanges de mémoires]
Vu :
- textes ;
- la loi du 24 mai 1872 relative au Tribunal des conflits ;
- le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 ;
- le code de justice administrative ;
DECIDE :
DECIDE :
348
6.3.2 RENVOI D’UNE QUESTION DE COMPETENCE
6.3.2.1MOTIFS
Décisions avant dire droit – Renvoi au Tribunal des
conflits – Renvoi d’une question de compétence – Motifs.
6.3.2.2DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Renvoi au Tribunal des
conflits – Renvoi d’une question de compétence –
Dispositif.
349
Article 3 : Il est sursis à statuer sur les conclusions de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE mentionnées à l’article précédent
jusqu’à ce que le Tribunal des conflits ait tranché la question de savoir
quel est l’ordre de juridictions compétent pour statuer sur lesdites
conclusions.
Vu :
- textes ;
- la loi du 24 mai 1872 relative au Tribunal des conflits ;
350
- le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 ;
- le code de justice administrative ;
Vu :
- textes ;
- la loi du 24 mai 1872 relative au Tribunal des conflits ;
- le décret n° 2015-233 du 27 février 2015 ;
- le code de justice administrative ;
(…)
351
Le juge administratif dispose d’un large pouvoir d’instruction (cf. « instruction » et
« mesures supplémentaires d’instruction »). L’article L. 5 du CJA consacre le caractère
contradictoire de l’instruction ; le livre VI (instruction) en détaille les mesures et le livre
V (référé) contient deux dispositions propres à l’instruction (articles R. 531-1 et R. 532-
1).
Le juge dispose d’un pouvoir discrétionnaire pour apprécier l’utilité d’une mesure
d’instruction. Toutefois, ce pouvoir n’est pas sans limites. Sur ces points : cf.
« instruction » et « mesures supplémentaires d’instruction ».
Les mesures qui peuvent être ordonnées par la voie du référé portent sur la
constatation de faits (R. 531-1 : référé constat) ou concernent « toute mesure utile
d’expertise ou d’instruction » (R. 532-1 : référé instruction). Elles sont soumises à un
régime spécifique (cf. « référé constat instruction expertise ») et n’entrent pas dans le
champ des décisions avant dire droit. Toutefois, par l’effet du renvoi organisé par
l’article R. 625-1 (« Le cas échéant, il peut être fait application du titre III du livre V »),
la formation de jugement peut, lorsque cela lui est demandé, dans le cadre d’un
jugement avant dire droit, prendre des mesures équivalentes, de constatation de faits
ou d’instruction, à celles visées par les articles R. 531-1 et R. 532-1.
Le tableau ci-dessous récapitule les différents cas de figure prévus par le titre II
du livre VI du code :
352
Expertise R. La juridiction Oui Expertise sur les points Un expert
621-1 déterminés par sa
décision
Visite des lieux R. La juridiction Oui Transport sur les lieux Un ou plusieurs membres
622-1 pour y faire les de la formation de jugement
Ou le président de Non constatations et les
la formation de vérifications déterminés
jugement par la décision
Enquête R. La juridiction Oui Enquête sur les faits dont Devant la formation de
623-1 la constatation lui paraît jugement (à la barre) ou
utile à l’instruction de devant un de ses membres
l’affaire (au TA ou sur place)
Avec audition témoins
Autres mesures R. (La juridiction dans Mesures visées au titre III (Expert le cas échéant)
d’instruction 625-1 le cadre d’une du livre V (référé) =
requête au fond) constat (R. 531-1) et
mesure d’expertise ou
d’instruction (R. 532-1)
C’est également sous la forme d’un jugement avant dire droit qu’en pratique
l’Autorité de la concurrence, en application de l’article L. 462-3 du code de commerce,
est saisie pour avis (on prendra garde de ne pas confondre cette saisine avec une
question préjudicielle). (cf. « saisine pour avis de l’Autorité de la concurrence »).
L’article R. 626-3 permet au tribunal d’user des dispositions des articles 730 à
732 du nouveau code de procédure civile en matière de commissions rogatoires
internes. En application de ces dispositions, le tribunal peut, en cas d’éloignement des
parties ou des lieux, commettre, au besoin d’office, un autre tribunal (juridiction de
353
niveau égal) qui lui paraît le mieux placé sur le territoire afin de procéder à tous les
actes qu’il estime nécessaire.
Le juge peut expliciter, dans une décision mettant fin à l’instance, son refus de
procéder au supplément d’instruction demandé par une partie (cf. CE, 4 octobre 1978,
Sieur Gilbert Isaac, n° 7685 : « Il résulte de ce qui précède, et sans qu’il y ait lieu
d’ordonner les suppléments d’instruction sollicités par le requérant, que […] ») mais il
n’est pas tenu d’y procéder.
Il ne sera traité ci-après que des mesures d’instruction prises sous forme de
jugement avant dire droit.
6.4.1.1 MOTIFS
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Supplément d’instruction – Motifs.
6.4.1.2 DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Supplément d’instruction – Dispositif.
354
Les visas du jugement après réponse débutant par la mention du jugement avant
dire droit, il n’est pas nécessaire de viser à nouveau les productions antérieures à ce
jugement mais uniquement celles qui lui sont postérieures. Le supplément d’instruction
est mentionné dans les visas et les motifs du jugement qui tranche le litige et qui porte
un numéro identique à celui du jugement avant dire droit.
(…)
6.4.2 EXPERTISE
● Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction – Expertise –
Présentation générale.
355
6.4.2.1 MOTIFS
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Expertise – Motifs.
6.4.2.2 DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Expertise – Dispositif.
Article 3 : Les frais d’expertise sont réservés pour y être statué en fin
d’instance.
Article 4 : Tous droits et moyens des parties, sur lesquels il n’est pas
expressément statué par le présent jugement, sont réservés jusqu’en fin
d’instance.
356
Les visas du jugement après dépôt du rapport de l’expert débutant par la
mention du jugement avant dire droit, il n’est pas nécessaire de viser à nouveau les
productions antérieures à ce jugement mais uniquement celles qui lui sont
postérieures. Le jugement qui tranche le litige porte un numéro identique à celui du
jugement avant dire droit.
On n’omettra pas, tant dans les motifs que dans le dispositif du jugement, de
statuer sur la prise en charge des frais d’expertise.
(…)
(…)
(…)
357
(…)
L’article R. 622-1 prévoit que la visite des lieux peut être décidée par jugement
avant dire droit ou par le président de la formation de jugement « au cours de
l’instruction ». Dans ce dernier cas, cette décision doit, en tant qu’acte d’instruction,
être notifiée aux parties comme il est dit au deuxième alinéa de l’article R. 611-3.
Une visite des lieux opérée à l’occasion de l’audience publique sans en avertir
les parties entache d’irrégularité le jugement (CE, 8 juillet 1998, Commune de Scy-
Chazelles, n° 153072). Il en va de même lorsque, après l’audience publique, le tribunal
administratif se rend sur les lieux en présence des parties, sans que le procès-verbal
établi à la suite de la visite des lieux ait été communiqué aux parties ni que l’instruction
ait été rouverte (CE, 29 avril 1994, Association des Amis de Saint-Martin-de-Peille et
autres, n° 134352).
Les dispositions de l’article R. 622-1 du CJA ne font pas obligation aux membres
du tribunal désignés pour se transporter sur les lieux de siéger lors du jugement
définitif de l’affaire (CE, 9 juillet 1997, Société Colombier Associates, Société civile
immobilière Villa Colombier, n° 122472).
6.4.3.1 MOTIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Visite des lieux – Motif.
358
dispositions de l’article R. 622-1 du code de justice administrative,
d’ordonner une visite des lieux par [désignation du ou des membres ou
de la formation de jugement devant se transporter sur les lieux] en vue
de [constatations et/ou vérifications à déterminer]. [en tant que de
besoin : qu’au cours de la visite, sera entendu(e) à titre de
renseignement [désignation de la personne]. Les opérations se feront
également en présence des parties [préciser éventuellement] et du
greffier. Les parties seront averties du jour et de l’heure auxquels la
visite des lieux se fera.
6.4.3.2 DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Visite des lieux – Dispositif.
Article 1er : Il est ordonné une visite des lieux par [désignation du ou
des membres du tribunal ou de la formation de jugement] en vue d’y
faire les constatations et vérifications suivantes : [à préciser].
6.4.4 ENQUETE
● Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction – Enquête –
Remarques générales.
La juridiction peut, soit sur la demande des parties, soit d’office, prescrire une
enquête sur les faits dont la constatation lui paraît utile à l’instruction de l’affaire (R.
623-1). L’enquête se distingue de l’expertise et de la visite des lieux en ce qu’elle ne
conduit pas à de simples constatations matérielles, mais procède au recueil de
témoignages pour éclairer un point obscur (CE, 22 juin 1963, Poncin, p. 393,
conclusions Braibant, RDP 1964.811 à propos de l’exactitude d’une mention figurant
dans un procès-verbal de délibération de jury de recrutement d’agents publics et la
solution d’annulation après enquête, celle-ci ayant révélé l’inexactitude de la mention :
CE, 17 avril 1964, Poncin, p. 337, ou encore, CE, 18 avril 1969, Crts Vitry, n° 70391,
AJDA 1969.362 note Homont et p. 424, conclusions Morisot, à propos de la
composition exacte du dossier soumis à enquête publique). L’enquête peut être utilisée
pour déterminer les conditions dans lesquelles une délibération arguée d’inexistence a
359
été adoptée ou pour apprécier des données techniques et concurrentielles complexes
(ici en matière de renseignements téléphoniques) : CE, Section, 25 juin 2004, Sté
Scoot France, Sté Fonecta, n°s 249300, 249722, AJDA 2004.1702, Chronique C.
Landais et F. Lenica.
Les parties sont invitées à présenter leurs témoins (R. 623-3). Le juge peut
également convoquer ou entendre toute personne dont l’audition lui paraît utile à la
manifestation de la vérité (R. 623-3).
Les témoins ont droit au remboursement de leurs frais (R. 623-8 et R. 761-1).
6.4.4.1 MOTIFS
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Enquête – Motif.
360
d’ordonner une enquête sur ce point qui aura lieu devant [le tribunal ou
un membre de la formation de jugement (qui [le cas échéant] se
transportera sur les lieux)].
6.4.4.2 DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Enquête –Dispositif.
Article 1er : Il sera procédé, avant de statuer sur [la requête ou les
conclusions], à une enquête devant le tribunal ou devant [préciser le
nom du magistrat et sa qualité], le [date] à [heures], à [lieu] en vue de
[objet à préciser].
Article 3 : Les parties sont invitées à présenter leurs témoins aux jours,
heure et lieu fixés à l’article 1er.
Article 4 : Tous droits et moyens des parties sur lesquels il n’est pas
statué par le présent jugement demeurent réservés jusqu’en fin
d’instance.
361
6.4.5 VERIFICATION D’ECRITURES
● Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction – Vérification
d’écritures – Remarques générales.
La vérification d’écritures est prévue à l’article R. 624-1 CJA, mais elle intervient
rarement. Elle est confiée à un ou plusieurs experts. Il peut y être procédé en présence
d’un des membres de la juridiction. L’expert a droit au remboursement de ses
honoraires et le cas échant de ses frais et débours dans les conditions fixées à l’article
R. 621-11 (art. R. 624-2).
Elle peut être prescrite lorsque le juge ne s’estime pas en mesure d’apprécier lui-
même l’authenticité d’un document ou d’une signature. Il est en droit de le faire en ce
qui concerne les actes administratifs. Car, si aucune disposition n’institue de procédure
de jugement de faux par les juridictions administratives, le principe de la séparation des
autorités administratives et judiciaires s’oppose à ce que l’exactitude des mentions
contenues dans un acte administratif soit appréciée par un tribunal de l’ordre judiciaire,
sauf lorsqu’une loi prévoit expressément que les mentions d’un acte administratif font
foi jusqu’à inscription de faux. En-dehors de cette hypothèse, il appartient à la
juridiction administrative d’examiner l’exactitude des mentions contenues dans un acte
administratif : s’agissant d’une décision juridictionnelle (CE, Assemblée, 4 mars 1955,
Athias, p. 129 ; CE, 5 juin 1985, Gubry, n° 55731), d’une décision administrative (CE,
Section, 1er avril 1955, Delarue, p. 195, RDP 1955, p. 986, note Waline), d’un procès-
verbal d’adjudication (CE, Section, 30 septembre 1955, Leroux, p. 455), d’une lettre
administrative versée à un dossier (CE, 7 décembre 1979, Chami, n° 11164), voire de
documents postaux (CE, Section, 30 novembre 2007, Pucci, n° 266500). En revanche,
le juge administratif n’est pas compétent lorsque ce sont des actes privés qui sont
argués de faux (CE, 27 octobre 1967, Sarl X, n° 70659, AJ 1967 p. 421).
ordonne par les soins d’une direction chargée des affaires sanitaires et sociales
une enquête sur la moralité d’un candidat aux emplois réservés (CE, 18
novembre 1977, Da Costa, n° 3586) ;
362
pourtant pas prévue par la loi (CE, 20 juillet 2005, Sté Fiducial Informatique et
Sté Fiducial Expertise, n° 279180) ;
C’est un mode plus léger d’investigation que la juridiction peut utiliser lorsqu’elle
rencontre une question à caractère technique dont la résolution, indispensable à la
solution du litige, ne requiert pas d’investigations complexes ne nécessitant pas une
expertise.
Le consultant, à qui le dossier de l’instance n’est pas remis, n’a pas à opérer en
respectant une procédure contradictoire à l’égard des parties.
L’avis est consigné par écrit. Il est communiqué aux parties par la juridiction.
Dans les mêmes conditions et après convocation des parties, les observations
orales d’une personne qualifiée peuvent être recueillies soit par le rapporteur, soit par
la formation de jugement.
363
A l’inverse de l’avis technique dont la formation collégiale peut charger un tiers
en application de l’article R. 625-2, les observations présentées sur le fondement de
l’article R. 625-3 doivent être regardées comme celles d’un « amicus curiae » ; elles
n’ont donc pas à être indemnisées.
Cette disposition très innovante peut être utilisée lorsque le juge, confronté à une
question nouvelle et complexe, souhaite mesurer les effets de la décision qu’il doit
rendre. On pourra lire avec intérêt les conclusions du commissaire du gouvernement E.
Glaser décrivant la mesure d’instruction diligentée dans l’affaire Douwens Prats
préfigurant cette procédure sur un mode écrit (CE, 6 avril 2007, Douwens Prats, n°
293238).
Pour une mise en œuvre de cette disposition par le Conseil d’Etat, v. CE,
Assemblée, 23 décembre 2011, M. Eduardo José kandyrine de brito paiva, n°303678
(Avis d’amicus curiae de G. Guillaume, RFDA 2012, n°1, p. 19).
6.5.1 MOTIFS
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Saisine pour avis de l’Autorité de la concurrence –
Motifs.
364
Selon l’article L. 462-3 du code de commerce, l’Autorité de la
concurrence « peut être consultée par les juridictions sur les pratiques
anticoncurrentielles définies aux articles L. 420-1, L. 420-2 et L. 420-5
et relevées dans les affaires dont elles sont saisies ». En vertu de ces
dispositions, le juge administratif peut, lorsqu’il doit apprécier la
légalité d’un acte administratif en prenant en compte le droit de la
concurrence, consulter l’Autorité de la concurrence et lui demander des
éléments d’appréciation. Il y a lieu pour le tribunal administratif, dans
les circonstances de l’espèce, de faire application des dispositions
précitées du code de commerce et de demander à l’Autorité de la
concurrence de lui fournir tous éléments nécessaires à l’appréciation
des moyens ainsi soulevés.
6.5.2 DISPOSITIF
Décisions avant dire droit – Mesures d’instruction –
Saisine pour avis de l’Autorité de la concurrence –
Dispositif.
Article 2 : [Notification]
365
Par un jugement du [date], le tribunal administratif, avant de
statuer sur les conclusions de la requête de X… tendant à [objet de la
requête], a invité l’Autorité de la concurrence à lui fournir tous
éléments d’appréciation susceptibles de lui permettre de déterminer si
[objet du litige par ex. si la mutuelle concernée est placée en situation
d’abuser d’une position dominante sur un marché].
Vu :
- textes ;
- le code de justice administrative ;
(…)
366
1990, p. 556). Elle ne peut porter sur une question déjà tranchée par un jugement du
tribunal annulé par la cour administrative d’appel (CE, Avis, Section, 6 octobre 1995,
M. Chevillon, n° 169666). Toutefois, une demande d’avis qui porte sur une question
controversée est recevable alors même qu’il existe déjà plusieurs décisions du Conseil
d’Etat (CE, Avis, Plénière, 19 octobre 1990, Chardon, n° 117924, RJF 1990, p. 786
avec les conclusions Fouquet, p. 738). En revanche, des questions portant de manière
générale sur l’office du juge telles que celles de savoir si une question se soulève
d’office ou si dans un cas, il est possible de procéder à une substitution de base légale,
ne soulèvent pas de questions nouvelles présentant des difficultés sérieuses justifiant
que soit posée une demande d’avis (CE, 5 juillet 2013, M. Houeto, n°367908). En
outre, une demande d’avis ne peut être transmise par le juge du référé provision de
première instance ou d’appel, dans la mesure où une obligation dont l’existence
soulève une question de droit présentant une difficulté sérieuse ne peut être regardée
comme une obligation dont l’existence n’est pas sérieusement contestable (CE, 3
octobre 2012, Société Colas Nord Picardie, n° 360840).
Eu égard tant à son objet qu’à l’impossibilité d’en contester les énonciations, le
jugement de transmission, qui n’est pas susceptible de recours, constitue une mesure
d’administration de la justice. Elle est dépourvue d’autorité de la chose jugée (CE, 7
juillet 2000, Clinique chirurgicale du Coudon, n° 199324). A la différence de la question
préjudicielle, la demande d’avis peut être adressée sans que le tribunal ait
nécessairement statué sur les autres questions posées par le litige.
Il est souhaitable d’appeler l’attention sur le fait que la demande d’avis ne doit
fournir l’occasion d’une consultation juridique, trop générale ou abstraite, sur des
questions qui ne correspondent pas aux moyens soulevés ou qui ne conditionnent pas
la solution du litige.
L’avis rendu par le Conseil d’Etat n’est pas susceptible de recours (CE, 17
novembre 1997, Mme Doukouré, n° 188163).
Lorsque le Conseil d’État est saisi d’une demande d’avis portant sur
l’interprétation du droit de l’Union européenne, celui-ci n’est pas compétent pour saisir
la Cour de justice de l’Union européenne d’une question préjudicielle. Il appartient au
tribunal administratif d’apprécier la nécessité de saisir lui-même la Cour de justice afin
qu’elle statue sur la question posée (CE, Avis, Section, 4 février 2000, Mouflin, n°
213321). (cf. « renvoi à la Cour de justice de l’Union européenne »).
Lorsque les juges du fond ont donné acte du désistement de l’instance ayant
donné lieu à une demande d’avis au Conseil d’Etat sur le fondement des dispositions
de l’article L. 113-1 du CJA, la demande d’avis devient sans objet devant le Conseil
d’Etat qui prononce un non-lieu sur cette demande (CE, 26 mars 2003, Société
Marseillaise du tunnel Prado-Carénage, n° 251816). En revanche, lorsque les juges du
fond n’ont pas donné acte du désistement, ce désistement ne fait pas obstacle à ce
que le Conseil d’Etat rende un avis sur la question de droit qui lui est soumise (CE,
Avis, 26 mars 2001, Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie c/ Mme
Poinot-Thibaud, n° 227921).
Une demande d’un requérant, ayant saisi le président d’un tribunal administratif
statuant en référé, afin qu’il transmette au Conseil d’Etat le dossier d’une affaire dont il
avait saisi le tribunal administratif, sur le fondement de l’article L. 113-1 du CJA, n’est
pas au nombre de celles sur lesquelles il appartient au juge de statuer. De telles
conclusions doivent être rejetées comme irrecevables (CE, 21 février 1992, Orsane, n°
120876).
6.6.1 MOTIFS
● Décisions avant dire droit – Renvoi pour avis au Conseil d’Etat -
Motifs.
367
Le tribunal n’est pas tenu de trancher les autres points en litige avant de saisir le
Conseil d’Etat d’une demande d’avis (CE, avis, Plénière, 19 octobre 1990, Chardon, n°
117924, RJF 1990, p. 786 avec les conclusions Fouquet, p. 738).
La juridiction, qui dispose en la matière d’un pouvoir souverain, n’est pas tenue
de statuer sur une demande tendant à ce qu’elle saisisse le Conseil d’Etat pour avis.
Toutefois, certains tribunaux administratifs se prononcent explicitement en retenant
que la question soulevée ne présente pas le caractère d’une question de droit nouvelle
au sens de l’article L. 113-1 du CJA, ou par la formule : « sans qu’il soit besoin de
transmettre pour avis au Conseil d’Etat la question de droit ».
6.6.2 DISPOSITIF
● Décisions avant dire droit – Renvoi pour avis au Conseil d’Etat -
Dispositif.
368
ou, à défaut, jusqu’à l’expiration du délai de trois mois à compter de la
transmission du dossier prévue à l’article 1er.
Article 3 : Tous droits et moyens des parties sur lesquels il n’est pas
expressément statué par le présent jugement sont réservés jusqu’en fin
d’instance.
Les visas du jugement après réponse du Conseil d’Etat débutant par la mention
du jugement de transmission, il n’est pas nécessaire de viser à nouveau les
productions antérieures à ce jugement mais uniquement celles qui lui sont
postérieures. L’avis rendu par le Conseil d’Etat est mentionné dans les visas du
jugement qui tranche le litige et qui porte un numéro identique à celui du jugement par
lequel le dossier a été transmis au Conseil d’Etat.
Si l’avis rendu par le Conseil d’Etat n’a pas l’autorité de la chose jugée et ne lie
pas la juridiction dont la demande émane, il « annonce la position qu’adoptera le juge
suprême s’il est saisi au contentieux de la question » (selon la formule du président
Chabanol dans son commentaire sur CE, 6 mai 1996, Lorenzy-Palanca, n° 148503).
Vu :
- textes ;
- le code de justice administrative ;
369
DISPOSITIF) (MAJ JUIN 2023)
Réponse aux conclusions.
Toutefois, dès lors que le juge administratif dirige seul l’instruction, il est admis
de rejeter implicitement des conclusions tendant à ce qu’il soit sursis à statuer jusqu’à
l’intervention d’une décision judiciaire (CE, 16 février 1966, Echernier, Rec. p. 112),
des conclusions tendant à ce que soit prescrit une expertise (CE, 26 avril 1963, Dame
Lombardo, T.p. 958) ou une enquête (CE, 7 juillet 1978, Cazeneuve, n° 94152, T. p.
919) ou encore la production de pièces (CE, 7 octobre 1983, Dlle Limoge, n°35249,
Rec. p. 403). Dans toutes ces hypothèses, le silence gardé par le juge sur ces
conclusions signifie leur rejet mais, pour autant, celui-ci peut aussi choisir de les
écarter par une brève incidente dans le paragraphe de conclusion (« il résulte de tout
ce qui précède que, sans qu'il soit besoin d’ordonner une expertise … »).
1° que la juridiction saisie soit compétente pour connaître du litige entre le tiers,
appelé en cause, et l’une des parties ;
370
7.1.1 MOTIFS
Réponse aux conclusions – Déclaration de jugement
commun – Motifs.
7.1.2 DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Déclaration de jugement
commun – Dispositif.
7.2 REJET
7.2.1 MOTIFS
7.2.1.1CAS GENERAL
7.2.1.2DEMANDE D’INDEMNISATION
Réponse aux conclusions – Rejet – Motifs – Demande
d’indemnisation.
371
Il résulte de l’instruction que […]. Ainsi la responsabilité de
@TA__ORD_T_ATRATT n’est pas engagée. Dès lors,
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’est pas fondé à demander la
condamnation de Y au versement d’une indemnité.
Ou :
7.2.2 DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Rejet – Dispositif.
Le cas échéant :
7.3 ANNULATION
7.3.1 ANNULATION INTEGRALE
7.3.1.1MOTIFS
Réponse aux conclusions – Annulation – Annulation
intégrale – Motifs.
Ou :
372
Il résulte de ce qui précède, et sans qu’il soit besoin de se
prononcer sur les autres moyens de la requête, que [l’acte attaqué] doit
être annulé.
7.3.1.2 DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Annulation – Annulation intégrale –
Dispositif.
L’annulation dans l’article 1er de l’acte attaqué conduit, s’il y a lieu, le juge à
répondre dans les articles suivants aux conclusions accessoires présentées par le
requérant (cf. « réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge »).
En règle générale, l’objet des actes annulés, qui a déjà été mentionné dans les
visas et, le cas échéant, dans les motifs, n’est pas repris dans le dispositif. Les arrêtés
et les délibérations sont accompagnés de leur date et de l’indication de l’autorité
compétente (par ex. l’arrêté du … du préfet de …). La même règle s’applique, dans la
généralité des cas, s’agissant d’autres décisions (par ex. la décision du … prise par
…).
Si les annulations prononcées par le juge peuvent porter sur l’intégralité de l’acte
attaqué, elles peuvent également ne porter que sur une ou plusieurs de ses
dispositions. Ces annulations partielles sont prononcées par le juge soit d’office soit à
la demande des parties (cf. par ex. CE, 13 juillet 2006, France Nature Environnement,
n° 286711, pour une demande tendant à l’annulation pour excès de pouvoir d’un article
d’une ordonnance en tant qu’il a abrogé la disposition d’un article de code). Les
annulations partielles sont souvent qualifiées d’annulations « en tant que » (par ex.,
annulation d’un arrêté portant nomination de plusieurs personnes, en tant qu’il procède
à la nomination d’une seule d’entre elles) ou d’annulations « en tant que ne pas » (en
matière d’urbanisme, cf. « L’étendue de l’annulation : la question de l’annulation
partielle »).
Seule une annulation partielle peut être prononcée lorsque le seul moyen fondé
n’affecte qu’une partie divisible de l’acte attaqué. Le Conseil d’Etat rappelle « la règle
générale selon laquelle le juge administratif, lorsqu’il constate une illégalité qui n’affecte
373
qu’une partie divisible de la décision qui lui est déférée, se borne à annuler cette
partie » (CE, 22 mars 2018, Association Novissen et autres, n° 415852).
Enfin, le juge peut toujours estimer que les requérants sont seulement fondés à
demander l’annulation partielle de l’acte attaqué (par exemple : CE, 6 juillet 2016,
Compagnie des Gaz de Pétrole Primagaz et Société Vitogaz France, nos 390457 et
autres). Il doit alors veiller à écarter explicitement tous les moyens de la requête qui
auraient été susceptibles de conduire à une annulation totale de l’acte, comme l’illustre
cette dernière décision.
374
Ou, quand le requérant fait évoluer, en cours d’instance, le cadre
du litige, par ex. en renonçant à certaines conclusions à la suite de la
communication d’un moyen d’ordre public :
Ou :
7.3.2.2DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Annulation – Annulation partielle –
Dispositif.
L’annulation partielle dans l’article 1er de l’acte attaqué conduit le juge, s’il ne fait
pas droit intégralement aux conclusions à fin d’annulation dont il est saisi, à rejeter le
surplus dans l’article suivant. S’il y a lieu, il doit également répondre dans les articles
suivants aux conclusions accessoires présentées par le requérant (cf. « réponse aux
demandes accessoires et autres pouvoirs du juge »).
375
Article 1er : Les articles [nos] de [acte attaqué] sont annulés.
Ou :
Ou :
Et, s’il n’est pas fait droit intégralement aux conclusions à fin
d’annulation :
Un juge, saisi d’une contestation portant sur une sanction que l’administration
inflige à un administré non usager du service public, se prononce, compte tenu des
pouvoirs dont il dispose pour contrôler une sanction de cette nature, comme juge de
plein contentieux. Il lui appartient de prendre une décision qui se substitue à celle de
l’administration et, le cas échéant, de faire application d’une loi nouvelle plus douce
entrée en vigueur entre la date à laquelle l’infraction a été commise et celle à laquelle il
statue (CE, Assemblée, 16 février 2009, Société ATOM, n° 274000).
7.3.4 MOTIFS
Réponse aux conclusions – Réformation d’une sanction –
Motifs.
376
Ou :
7.3.5 DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Réformation d’une sanction –
Dispositif.
Ou :
Ou :
Ou :
377
7.4 INDEMNISATION D’UN PREJUDICE
Réponse aux conclusions – Indemnisation d’un préjudice –
Généralités.
7.4.1 MOTIFS
Réponse aux conclusions – Indemnisation d’un préjudice –
Motifs.
Si des intérêts sont demandés ainsi que, le cas échéant, leur capitalisation : cf.
« intérêts et capitalisation ».
378
Dans le cas où le juge ne tient pas compte seulement du préjudice
subi, mais aussi de l’importance respective des fautes de
l’administration et des fautes du requérant ou des faits imputables à ce
dernier et dans tous les cas où le juge fixe le montant de l’indemnité
d’après son appréciation de l’ensemble des circonstances de l’espèce :
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE, en demandant la
condamnation de [partie condamnée] à lui verser une somme de …
euros, n’a pas fait une évaluation exagérée de son préjudice.
7.4.2 DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Indemnisation d’un préjudice –
Dispositif.
Lorsque le juge est saisi en premier ressort d’un contentieux indemnitaire, l’objet
de la requête n’est pas l’annulation de la décision attaquée. Celle-ci n’est en effet
intervenue que pour lier le contentieux, comme le prescrit l’article R. 421-1 du CJA.
L’objet du litige est la condamnation du défendeur à indemniser le requérant. Au regard
de cet objet, qui conduit le juge à se prononcer sur le droit de l’intéressé à percevoir la
somme qu’il réclame, les vices propres dont serait, le cas échéant, entachée la
décision qui a lié le contentieux sont sans incidence sur la solution du litige (CE, 11 juin
2003, M. Colin, n° 248865).
379
En ce qui concerne la réponse à apporter aux demandes de versement d’intérêts
et, le cas échéant, de capitalisation de ces intérêts : cf. « intérêts et capitalisation ».
Cas général :
Ou :
380
7.5 MODULATION DANS LE TEMPS
7.5.1 MODULATION DE L’ANNULATION D’UNE DECISION
ADMINISTRATIVE
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des effets
des décisions du juge de l’excès de pouvoir – Modulation de
l’annulation des décisions.
Le juge administratif s’est reconnu le pouvoir de moduler dans le temps les effets
de ses annulations contentieuses. Cette modulation peut intervenir d’office (CE,
Assemblée, 11 mai 2004, Association AC ! et autres, n°s 255886, 255887, 255888,
255889, 255890, 255891, 255892 CE, Assemblée, 23 décembre 2013, Société
Métropole Télévision (M6) et Société Télévision Française 1 (TF1), n°s 363702
363719, p. 328), sur demande de l’une des parties (CE, Section, 25 février 2005,
France Telecom, n° 247866), ou même sur demande d’un intervenant (CE, 28 avril
2006, M. Dellas et autres, n° 242727, 243359, 243385, 243703).
Cette limitation des effets de l’annulation peut n’affecter qu’une partie de l’acte
litigieux (CE, 7 mai 2015, Association des comédiens et intervenants audiovisuels et M.
Dufournier de Damas, n° 375882 ; CE, 5 octobre 2015, Association des amis des
intermittents et précaires et autres, nos 383956 et autres ; CE, 22 septembre 2022,
Conseil national des barreaux et autres et Syndicat des avocats de France et autre,
n°436939, 437002).
Ce pouvoir ne peut être mis en œuvre dans le cas d’une annulation prononcée
pour méconnaissance du droit de l’Union tel qu’interprété par la Cour de justice de
l’Union européenne dans un arrêt où elle a rejeté les conclusions dont elle était saisie
quant à une limitation dans le temps des effets de cet arrêt (CE, 28 mai 2014,
Association Vent de colère ! Fédération nationale et autres, n° 324852).
Cette possibilité de moduler dans le temps les effets d’une annulation a d’abord
été utilisée, dans le domaine des décisions réglementaires par la décision Association
AC ! et autres, puis par la décision France Telecom ou encore la décision CE, 21
décembre 2006, Union syndicale solidaires fonctions publiques et assimilés,
n° 287812. Elle trouve aussi à s’appliquer, à la suite de la décision CE, 12 décembre
381
2007, M. Sire, n° 296072, aux décisions individuelles. Cette jurisprudence devrait
logiquement s’appliquer aux décisions dites « d’espèce » telles que les déclarations
d’utilité publique.
La modulation des effets d’une annulation contentieuse s’apprécie, dans tous les
cas, au regard du ou des motifs d’annulation retenus (le juge mettant en balance la
gravité de ce ou de ces motifs d’annulation avec l’importance des effets de l’annulation)
(cf. pour un refus de différer dans le temps l’annulation prononcée : CE, Ass., 21 avril
2021, French Data Network et autres, n°393099, 394922, 397844, 397851, 424717).
Par ailleurs, les juges du fond apprécient souverainement, sous réserve de
dénaturation, l'existence de conséquences manifestement excessives qu’emporterait
l’annulation rétroactive d’un acte administratif (CE, 1er juillet 2022, M. Nguyen et autres,
n°452223).
La mise en œuvre de cette jurisprudence, quand elle est envisagée d’office par
le juge, conduit ce dernier à adresser aux parties une mesure supplémentaire
d’instruction, qui peut être rédigée de la manière suivante :
Le supplément d’instruction ainsi que les réponses apportées par les parties
doivent être visés et analysés dans la décision.
7.5.1.1DECISIONS REGLEMENTAIRES
7.5.1.1.1 Effet différé de l’annulation
7.5.1.1.1.1 Motifs
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’annulation des décisions – Décisions
réglementaires – Effet différé de l’annulation – Motifs.
7.5.1.1.1.2 Dispositif
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’annulation des décisions – Décisions
383
réglementaires – Effet différé de l’annulation –
Dispositif.
384
celles qui [dispositions pour lesquelles la question de la modulation de
l’annulation ne se pose pas] doivent être regardés comme définitifs.
CE, Assemblée, 11 mai 2004, Association AC ! et autres, n° 255886.
7.5.1.1.2.2 Dispositif
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’annulation des décisions – Décisions
réglementaires – Limitation de la portée rétroactive de
l’annulation – Dispositif.
Article 1er : [La décision attaquée] est annulée en tant que [dispositions
divisibles de l’acte faisant l’objet d’une annulation].
7.5.1.2DECISIONS INDIVIDUELLES
7.5.1.2.1 Motifs
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des effets
des décisions du juge de l’excès de pouvoir – Modulation de
l’annulation des décisions – Décisions individuelles – Motifs.
385
Il résulte du supplément d’instruction auquel il a été procédé que,
compte tenu de la nature du motif d’annulation retenu et alors qu’aucun
autre moyen n’est de nature à justifier l’annulation prononcée par le
présent jugement, l’annulation rétroactive de [acte attaqué] porterait, eu
égard à [données de contexte, par ex. la nature et la durée des fonctions
exercées], une atteinte manifestement excessive à [situation à
préserver]. Dès lors, il y a lieu, dans les circonstances de l’espèce, de ne
prononcer l’annulation de [acte attaqué] qu’à l’expiration d’un délai
d’un mois à compter de la date du présent jugement.
Ex : CE, 12 décembre 2007, M. Sire, n° 296072.
7.5.1.2.2 Dispositif
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’annulation des décisions – Décisions
individuelles – Dispositif.
7.5.2.1MOTIFS
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’abrogation des décisions – Décisions
réglementaires – Effet différé de l’abrogation – Motifs.
386
changement de circonstances de droit ou de fait postérieur à son édiction, afin
que puissent toujours être sanctionnées les atteintes illégales qu’un acte
règlementaire est susceptible de porter à l’ordre juridique. Il statue alors
prioritairement sur les conclusions à fin d’annulation.
7.5.2.2DISPOSITIF
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions du juge de l’excès de pouvoir –
Modulation de l’abrogation des décisions – Décisions
réglementaires – Effet différé de l’abrogation –
Dispositif.
7.5.3.1.1 Motifs
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets d’une décision juridictionnelle – Rejet des
387
conclusions à fin d’annulation d’un acte précédemment
suspendu.
Compte tenu de ce qui précède, il n’y a pas lieu de statuer sur les
conclusions présentées à titre subsidiaire par
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE tendant à l’annulation des
dispositions de [acte attaqué] fixant à [date] la date de son entrée en
vigueur et à défaut à ce qu’il soit enjoint à l’Etat de fixer une nouvelle
date pour l’application de l’article … de façon à laisser [aux requérants
ou, plus largement, aux entreprises d’un secteur] un délai raisonnable
388
pour [par ex. : se conformer aux nouvelles obligations qui leur
incombent].
Ex : CE, Section, 27 octobre 2006, Société Techna S.A. et autres, n° 260767.
7.5.3.1.2 Dispositif
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets d’une décision juridictionnelle – Rejet des
conclusions à fin d’annulation d’un acte précédemment
suspendu.
7.5.3.2.1 Motifs
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets d’une décision juridictionnelle – Modulation de
l’effet d’une décision d’annulation précédemment
suspendue par le juge des référés.
389
qui peuvent en résulter et auxquelles l’administration ne serait pas en
état de parer immédiatement elle-même, à porter atteinte au principe de
sécurité juridique, il appartient au juge administratif, le cas échéant
d’office, d’apprécier s’il y a lieu de décider que sa décision
d’annulation soit accompagnée de mesures transitoires destinées à
assurer le respect de ce principe et, en ce cas, de prescrire la publication
de sa décision au Journal officiel de la République française.
7.5.3.2.2 Dispositif
Réponse aux conclusions – Modulation dans le temps des
effets des décisions juridictionnelle – Modulation de
l’effet d’une décision d’annulation précédemment
suspendue par le juge des référés.
8.1 INTERVENTION
8.1.1 GENERALITES
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Intervention - Généralités
390
L’intervention proprement dite (intervention volontaire) est le fait pour une
personne physique ou morale de se joindre spontanément à une instance qu’elle n’a
pas introduite et dans laquelle elle n’a pas été appelée en cause (elle est ainsi distincte
de l’appel en cause, en garantie ou en déclaration de jugement commun que la
doctrine range parfois sous le terme générique d’« interventions forcées »). Un
mémoire, même présenté comme une intervention, constitue un mémoire en défense
(si l’auteur du mémoire doit être regardé comme une partie) ou des observations en
réponse (s’il s’agit d’une personne dont le tribunal souhaite connaître la position) si le
tribunal a communiqué, même par erreur, la requête à l’auteur de ce mémoire (CE, 5
juillet 1972, Société anonyme de transit et de consignation, n° 80671). Dans ce cas, les
visas du jugement doivent analyser la prétendue intervention comme des observations
en réponse ou comme un mémoire en défense présentés par son auteur en réponse à
la communication qui lui a été donnée de la requête et il n’y a pas lieu de rédiger un
paragraphe particulier ou un article du dispositif.
Le mémoire en intervention produit après clôture n’est pas visé (même décision).
L’auteur d’une intervention n’étant pas partie à l’instance, il ne dispose pas d’un
droit d’accès aux pièces de la procédure (CE, Section, 25 juillet 2013, OFPRA c. Mme
Edosa Felix, n° 350661) et les dispositions de l’article L. 761-1 CJA font obstacle à ce
que la partie perdante soit condamnée à payer la somme qu’il demande au titre des
frais exposés et non compris dans les dépens (CE, 19 janvier 1994, Portel, n° 143421),
sauf lorsqu’il aurait eu intérêt à former tierce opposition (CE, 10 janvier 2005,
Association Quercy-Périgord, n° 265838 ; cf. « recevabilité » de la demande de frais
non compris dans les dépens).
391
Intervention tendant au rejet de la requête :
Il soutient que ... (ou, le cas échéant : par les mêmes motifs que
ceux exposés par@TA__AR_T_NOMFDEF).
- elle doit être formée par un mémoire distinct (article R. 632-1 CJA, premier
alinéa). Le juge n’est pas tenu, même si cela est souhaitable, d’inviter l’intervenant à
régulariser sa demande (CE, 12 décembre 2003, M. Ammouche – Mme Bangue
Nambea, n° 235234, 237932) ; le rejet d’une intervention irrecevable n’a pas à être
précédé de l’avertissement prévu à l’article R. 611-7 (CE, 22 juin 1992, Commune de
Rothau, n° 65142).
- son auteur doit justifier d’un intérêt suffisant eu égard à la nature et à l’objet du
litige (CE, Section, 25 juillet 2013, OFPRA c. Mme Edosa Felix, n° 350661). Cet intérêt
est différemment apprécié selon que l’on est en excès de pouvoir (intérêt largement
reconnu, notamment au profit des groupements) ou en plein contentieux. Ainsi,
l’intervention lors d’un recours indemnitaire n’est recevable que si l’issue du
contentieux indemnitaire lèse de façon suffisamment directe les intérêts de
l’intervenant (CE, 30 mars 2015, Association pour la protection des animaux sauvages
(ASPAS), n° 375144).
- elle doit être motivée (CE, Section, 12 juin 1981, Grimbichler, n° 13173). La
motivation peut être faite par référence aux moyens de la requête (CE, 7 avril 2004, M.
392
Fristot, n° 250187). S’il intervient à l’appui d’une demande, l’auteur de l’intervention ne
peut, réserve faite des moyens d’ordre public, présenter des moyens fondés sur une
cause juridique distincte de celle sur laquelle repose la requête principale. Il peut en
revanche présenter des moyens différents de ceux du requérant appartenant à la
même cause juridique. Le juge est tenu d’examiner les moyens invoqués par
l’intervenant et d’y répondre, sous peine d’irrégularité de sa décision (CE, 5 novembre
1990, Péan, n° 79657).
- Un intervention collective est recevable dès lors qu’au moins l’un des
intervenants est recevable (CE, 15 octobre 2014, Union nationale du personnel en
retraite de la gendarmerie et autres, nos 358876 et autres)
393
400144 ; CE, 27 juin 2016, Société APSIS, n° 398585). Eu égard au caractère
accessoire, par rapport au litige principal, d’une question prioritaire de
constitutionnalité, une intervention, aussi bien en demande qu’en défense, n’est
recevable à l’appui du mémoire par lequel il est demandé au Conseil d’Etat de
renvoyer une telle question au Conseil constitutionnel qu’à la condition que son auteur
soit également intervenu dans le cadre de l’action principale (CE, 6 mars 2015, Comité
Harkis et Vérité, n° 373400).
Ou :
DECIDE :
394
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du
juge – Intervention irrecevable – Motifs – Dispositif.
Ou
Ou
Ou
Sur l’intervention de X :
DECIDE :
395
8.1.3 CAS DE DESISTEMENT DE LA REQUETE
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Intervention – Cas de désistement de la requête
Le juge doit, même lorsque la requête fait l’objet d’un désistement, se prononcer
sur l’intervention. L’intervention fait alors l’objet d’un non-lieu (CE, 21 octobre 1983,
Fédération nationale de la mutualité française, n° 23136).
DECIDE :
Le juge doit, même lorsque la requête fait l’objet d’un non-lieu, se prononcer sur
l’intervention et statuer sur sa recevabilité (CE, 7 juillet 2004, Fédération des syndicats
des autonomes PTT Midi-Pyrénées, n° 220697).
396
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du
juge – Intervention – Cas de non-lieu à statuer sur la
requête – Motifs – Dispositif.
Sur l’intervention de X :
DECIDE :
397
nouvelle instruction d’un dossier de demande (de permis de construire, de titre de
séjour, etc.) est nécessaire à la suite d’une annulation pour illégalité externe de la
décision attaquée.
Le juge administratif doit tenir compte des motifs d’annulation lorsqu’il prononce
son injonction. Par exemple, l’annulation, par une décision juridictionnelle, d’une
décision par laquelle l’administration a attribué une subvention à une association, pour
un motif d’irrégularité de forme ou de procédure, n’implique pas nécessairement que
celle-ci soit immédiatement restituée à l’administration par l’association (CE, Section,
398
1er juillet 2016, Commune d’Emerainville et syndicat d’agglomération nouvelle de
Marne-la-Vallée-Val-Maubuée, nos 363047 et 363134).
Enfin, le juge ne peut prononcer une injonction sur le fondement de ces articles
lorsqu’il condamne une personne à verser une somme d’argent, dès lors que les
dispositions du II de l’article 1er de la loi du 16 juillet 1980, reproduites à l’article L. 911-
9 du code de justice administrative, permettent à la partie gagnante d’obtenir le
mandatement d’office de la somme que la partie perdante est condamnée à lui verser
(CE, 6 mai 1998, Lother, n° 141236 ; CE, 24 novembre 2003, Société Le Cadoret, n°
250436).
Sur l’injonction :
DECIDE :
399
Article 2 : Il est enjoint au [maire, préfet…] de de délivrer
[l’autorisation en cause] à X dans le délai de … à compter de la
notification du présent jugement.
Refus d’abrogation :
Sur l’injonction :
DECIDE :
DECIDE :
8.2.2 ASTREINTE
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Astreinte.
Seules sont traitées ici les conclusions aux fins d’astreinte présentées à titre
accessoire. Pour les litiges d’exécution, dans lesquels la demande d’astreinte fait
l’objet des conclusions principales : cf. « Demandes d’exécution » et pour la liquidation
de l’astreinte : cf. « Liquidation de l’astreinte ».
400
Le prononcé d’une astreinte ab initio est, toutefois, exceptionnel et n’intervient
que lorsque des circonstances particulières permettent de suspecter un mauvais
vouloir de l’administration.
Il doit toujours être fixé un point de départ à l’astreinte (CE, 3 juin 2009, M. Huet,
n°313198).
DECIDE :
401
d’ordonner cette édiction dans un délai de…. Dans les circonstances de
l’espèce il y a lieu de prononcer contre la commune (ou : l’Etat, etc.), à
défaut pour elle (lui) de justifier de l’exécution du présent jugement
dans un délai de … à compter de sa notification, une astreinte de
…euros par jour jusqu’à la date à laquelle ce jugement aura reçu
exécution.
DECIDE :
Ou :
DECIDE :
402
8.3 INTERETS ET CAPITALISATION
8.3.1 INTERETS MORATOIRES
Nota : les demandes d’intérêts sont sans incidence sur la détermination du seuil
de compétence du magistrat statuant seul fixé par l’article R. 222-13 CJA (cf. article
R. 222-15).
8.3.1.1GENERALITES
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Intérêts moratoires – Observations générales.
Les intérêts moratoires (du latin mora, retard), aussi appelés intérêts au taux
légal, sont destinés à réparer pour le créancier d’une somme d’argent le préjudice né
de l’indisponibilité de cette somme en raison du défaut d’exécution de son obligation
par le débiteur. Ils étaient régis par les articles 1153, 1153-1 et 1154 de l’ancien code
civil, que le juge administratif appliquait. Depuis le 1er octobre 2016, il faut se référer
aux articles 1231-6, 1231-7 et 1343-2 du code civil.
Lorsque le juge condamne l’une des parties à verser à l’autre une somme
d’argent, la question des intérêts moratoires ne se présente pas toujours de la même
façon. Deux hypothèses doivent être distinguées :
a) Lorsque les intérêts moratoires ont été demandés par le créancier, ils courent
à compter de la « sommation de payer », c’est-à-dire de la demande adressée par le
créancier au débiteur de verser la somme due (1231-6 1er alinéa du code civil). Le plus
souvent, il s’agit de la réclamation préalable. Il s’agit du jour où la demande de
paiement du principal est parvenue à l’administration (CE, 5 janvier 2011, M et Mme
Font, n°334905).
Lorsqu’ils ont été demandés, et quelle que soit la date de cette demande, les
intérêts moratoires dus en application de l’article 1231-6 du code civil courent à
compter du jour où la demande de paiement du principal est parvenue au débiteur. A
défaut d’une telle demande préalable, les intérêts moratoires, lorsqu’ils sont demandés
dans la requête, courent à compter de cette saisine (CE, 13 décembre 2002,
Compagnie d’assurance Lloyd’s de Londres, n° 203429). Ils peuvent aussi être
demandés au cours d’une instance postérieure introduite exclusivement en vue
d’obtenir le paiement des intérêts, sans qu’y fasse obstacle la circonstance que la
demande d’intérêts moratoires ait été présentée postérieurement au versement du
principal (CE 10 octobre 1962, Froussard et Richard, p. 527, CE, 20 mars 2002,
Antoine, n° 218388).
403
la demande introductive d’instance est donc sans influence sur le point de départ des
intérêts (CE, 11 juillet 1990, Gatt, n° 57514).
404
préalable à l’administration ou, à défaut, de l’enregistrement de sa requête introductive
d’instance (CE, Section, 9 décembre 2011, Marcou, n°337255).
(CE, 26 mai 1989, Centre hospitalier universitaire d’Amiens / Mme Trancart et autres, n°
59636)
405
Intérêts moratoires – Rejet – Dispositif.
Le plus souvent, la somme due au titre des intérêts moratoires (et de leur
éventuelle capitalisation) porte sur une créance versée en une fois. Il est alors
recommandé d’indiquer la date précise à compter de laquelle les intérêts courent afin
d’éviter des difficultés d’exécution du jugement.
Mais il arrive que la somme due au titre des intérêts moratoires (et de leur
éventuelle capitalisation) porte sur des créances successives, par exemple lorsque doit
être indemnisé un préjudice continu (intérêts dus sur des pertes de loyers consécutives
à un refus de concours de la force publique : CE, 29 juillet 1983, S.A. HLM "Travail et
Propriété", n°28927 ; CE, 14 mai 1986, Société immobilière Vernois, n°37839 ; intérêts
accordés au titre des arrérages échus d’une rente : CE, 11 février 1981, CPAM de
Thionville et Mme Festor, n°5690 ; CE, 22 novembre 1996, Centre hospitalier général
de Neufchâteau c/ Brenier, n°121920).
Lorsque le montant d’une indemnité ne peut être fixé qu’à la fin d’une année, la
somme porte intérêt à compter du 31 décembre de ladite année (CE, 14 juin 2000,
Commune de Staffelfelden, n°184722 ; CE, 28 juin 1972, Société des Gorges du Pont-
du-Diable, n°74177).
En vertu de l’article 1343-1 du code civil (ancien article 1254), lorsqu’une dette
porte intérêt, le paiement partiel du débiteur s’impute d’abord sur les intérêts. Par
conséquent, dans cette hypothèse, le débiteur peut être condamné à verser les intérêts
au taux légal sur la différence entre le total de la somme en principal et intérêts, due
avant l’intervention du paiement partiel, et la somme en principal (CE, 11 juillet 1991,
Commune de la Queue-en-Brie c/ Société Santerne, n° 89184).
Ou :
406
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE a droit, à compter du …,
date de sa réclamation à l'Etat, aux intérêts des loyers trimestriels échus
avant cette date et, pour la période postérieure à cette date, à ceux qui
courent à compter de la date d'échéance de chaque loyer trimestriel.
Ou :
Le juge peut décider d’accorder une indemnité comprenant déjà les différents
intérêts dont elle a pu, par le passé, être productrice (intérêts moratoires, capitalisation
des intérêts : CE, 5 décembre 2007, Bussière, n° 286241). Il est alors précisé que le
débiteur versera au créancier la somme due, « y compris tous intérêts échus au jour du
jugement ». Cette pratique, qui permet de s’affranchir du calcul des intérêts, peut être
de nature à simplifier l’exécution du jugement. Elle doit toutefois n’être mise en œuvre
qu’à titre exceptionnel, et pour des affaires mineures et/ou anciennes pour lesquelles la
détermination d’une indemnité précise est délicate.
407
Intérêts moratoires – Octroi – Cas où l’indemnité est
accordée y compris tous intérêts échus au jour du
jugement – Dispositif.
8.3.1.4CAS PARTICULIERS
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Intérêts moratoires - Cas particuliers.
a) Expertise
La partie qui a fait l’avance des frais et honoraires de l’expert, lesquels ne sont
pas mis finalement à sa charge, a droit aux intérêts depuis le jour de leur versement
(CE, 16 novembre 1984, OPHLM de Lunéville c/ S.A. Cracco, n° 42236).
b) Sous-traitance
c) Marchés publics
d) Garantie décennale
408
8.3.2 INTERETS COMPENSATOIRES
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Intérêts compensatoires – Observations générales.
Par exception au principe selon lequel les intérêts moratoires suffisent à réparer
le préjudice subi du fait du retard de paiement, le dernier alinéa de l’article 1231-6 du
code civil (anciennement dernier alinéa de l’article 1153) permet au créancier victime
d’un préjudice distinct du seul retard de versement de la somme due d’obtenir des
dommages et intérêts. On parle alors d’intérêts compensatoires, qui peuvent être
accordés par le juge administratif à la condition que la mauvaise foi (le juge
administratif utilise plutôt l’expression « mauvais vouloir manifeste ») du débiteur soit
établie et que le créancier ait subi un préjudice particulier, distinct du simple retard de
paiement (CE, 20 janvier 1988, Consorts Loiseau, n° 64293). A la différence des
intérêts moratoires, le juge peut condamner un cocontractant au versement d’intérêts
compensatoires alors même que le contrat dont est issue la créance est un contrat de
droit privé, puisqu’il s’agit alors d’une question de responsabilité d’une personne
publique (même arrêt). Le montant des intérêts compensatoires n’est pas limité et est
apprécié compte tenu des circonstances de l’espèce (pour une condamnation à un
montant élevé à ce titre : CE, Section, 20 mars 1974, Société "France-Reconstruction-
Plan", n° 65240 ; CE, 4 novembre 1987, Compagnie des travaux hydrauliques, n°
48007).
Demande fondée :
Ou
L’article 1343-2 du code civil, (anciennement article 1154) dispose que « Les
intérêts échus, dus au moins pour une année entière, produisent intérêt si le contrat l’a
prévu ou si une décision de justice le précise. »
Est ainsi instaurée ce qu’il est d’usage d’appeler « capitalisation des intérêts »
(car les intérêts échus forment un nouveau capital qui produira lui-même des intérêts)
ou « anatocisme ».
1) Les dispositions de l’article 1343-2 du code civil ont pour objet de prévoir la
capitalisation des intérêts échus au cours de la période pendant laquelle le principal de
la créance n’ayant pas encore été payé, les intérêts continuent de courir. Mais elles
sont également applicables dans le cas où le débiteur, s’étant acquitté de sa dette en
principal, a interrompu le cours des intérêts mais ne les a pas payés, sous réserve que
ces intérêts portent sur une période d’au moins une année entière. La capitalisation
des intérêts qui ont couru jusqu’au jour du paiement du principal et de ceux qui
continuent à courir sur ces intérêts peut ainsi être demandée à tout moment, sur ce
fondement, devant le juge du fond, avant comme après le paiement en principal (CE, 4
mai 2007, Société Sabipat Guyane, n°264009, abandonnant, sur ce point, CE, Section,
16 janvier 1987, Ribot, n°66309, CE, 6 mai 1983, Société Distrelec, n°28850 et CE, 26
juillet 1985, Commune d’Aucun, n°40137).
410
5) Et le juge administratif peut accorder la capitalisation des intérêts alors qu’il
n’a pas encore été procédé à la liquidation de l’indemnité et que le décompte des
intérêts qui y sont relatifs n’a pas été fait (CE, 27 avril 1984, Maison de retraite de
Guer, n°39041, sol. impl.).
411
8.4 FRAIS NON COMPRIS DANS LES DEPENS
8.4.1 CAS GENERAL
8.4.1.1GENERALITES – CHAMP D’APPLICATION
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge - Frais
non compris dans les dépens – Cas général – Champ d’application.
Aux termes de l’article L. 761-1 du CJA : « Dans toutes les instances, le juge
condamne la partie tenue aux dépens ou, à défaut, la partie perdante, à payer à l’autre
partie la somme qu’il détermine, au titre des frais exposés et non compris dans les
dépens. Le juge tient compte de l’équité ou de la situation économique de la partie
condamnée. Il peut, même d’office, pour des raisons tirées des mêmes considérations,
dire qu’il n’y a pas lieu à cette condamnation ».
Les « frais exposés et non compris dans les dépens » recouvrent principalement
les honoraires d’avocats. Peuvent s’y ajouter les frais de constat d’huissier (CE, 13
mars 1998, Grundisch, n°157081), ou de déplacements et de démarches. De façon
plus générale, les coûts supportés pour la présentation de la requête ou l’organisation
de la défense, alors même que le requérant ou le défendeur n’a pas été représenté par
un avocat, peuvent faire l’objet d’un remboursement : il a ainsi été jugé que l’article
L. 761-1 ne faisait pas obstacle à ce qu’une personne morale, notamment l’Etat, puisse
demander le remboursement des frais exposés dans l’instance et non compris dans les
dépens, par exemple lorsqu’elle fait état des coûts supportés par ses services (CE, 30
novembre 2007, Société L’immobilière Groupe Casino, n°304825). Mais une personne
publique ne peut se borner à faire valoir, à l’appui de sa demande, que le litige a
entraîné un surcroît de travail pour ses services et doit faire état précisément des frais
spécifiques exposés dont il lui revient d’indiquer la nature (CE, 3 novembre 1999,
Ministre délégué au budget c/ Sudaka n°187747 ; CE, 3 octobre 2012, Ministre de la
défense c. Société ARX, n°357248).
Les dépens comprennent pour leur part « les frais d’expertise, d’enquête et de
toute autre mesure d’instruction dont les frais ne sont pas à la charge de l’Etat »
(R. 761-1). Ils comprenaient également, lorsqu’ils étaient dus, le « droit de timbre » et
la contribution pour l’aide juridique. En revanche, les frais et dépens, notamment les
frais d’expertise, qu'a définitivement supportés une personne en raison d'une instance
judiciaire dans laquelle elle était partie, ne constituent pas des dépens dans le cadre de
l’instance administrative mais sont au nombre des préjudices dont elle peut obtenir
réparation de la part de l'auteur du dommage, sauf dans le cas où ces frais et dépens
sont supportés en raison d'une procédure qui n'a pas de lien de causalité directe avec
le fait de cet auteur (CE, 16 octobre 1974, Commune de Furiani c/ Bertucci, n° 90555 ;
CE, 29 décembre 2006, Communauté de communes du canton de Saint-Jean-
d’Angely, n° 264720).
Les frais non compris dans les dépens sont couramment dénommés « frais
irrépétibles ». Cette expression, datée et incorrecte (les frais en cause sont répétibles,
précisément, c’est-à-dire remboursables), ne doit pas être utilisée dans les jugements.
En outre, et bien que le texte mentionne le terme « condamnation » et que les parties
l’emploient habituellement, il a été jugé préférable - notamment pour éviter toute
exploitation du jugement dans certaines affaires sensibles - de privilégier l’expression
« mettre à la charge de ». Les mots « condamnation » ou « condamner » ne doivent
donc être employés ni dans les visas, ni dans les motifs, ni dans le dispositif.
412
- contentieux de l’excès de pouvoir, alors même que sont interdites dans ce
contentieux les conclusions reconventionnelles ;
- contentieux électoral ;
- contentieux fiscal ;
Elles s’appliquent également dans les cas où le juge rejette une demande
comme portée devant un ordre de juridiction incompétent pour en connaître (CE, 14
février 2013, Mme Hutin, n°362256).
Mais les dispositions de l’article L. 761-1 CJA ne sont pas applicables lorsque le
tribunal, saisi de la demande d’un contribuable tendant à exercer une action
appartenant à une collectivité territoriale, statue comme autorité administrative et non
comme autorité juridictionnelle (CE, 13 mai 1994, Levais, n°150047).
8.4.1.2RECEVABILITE
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge - Frais
non compris dans les dépens – Recevabilité de la demande.
Les dispositions de l’article L. 761-1 CJA ne sont pas appliquées d’office par le
tribunal (CE, 19 juillet 1991, Commune de Famars et Bouton, n°121741). Les
conclusions tendant à son application doivent donc être expresses et chiffrées, à peine
d’irrecevabilité (CE, 10 février 1992, Consorts Rigaut, n°116670 et CE, 27 mars 1991,
Commune de La Garde / Dorel, n°71860). En vertu de l’interdiction de statuer ultra
petita, le juge ne pourra pas accorder plus que ce qui est demandé.
La demande de remboursement des frais non compris dans les dépens doit avoir
été présentée en cours d’instance, avant l’expiration de la procédure au titre de
laquelle ce remboursement est demandé (CE, 13 mars 1991, M. Dousset, n°120260). Il
n’est pas possible de les introduire dans le cadre d’une instance postérieure spécifique
(même arrêt). Il a également été jugé qu’un requérant n’était pas fondé à demander la
condamnation de l’autre partie à lui verser une somme correspondant à des notes
d’honoraires d’avocat établies à des dates antérieures à celle de l’introduction de
l’instance (CE, 8 octobre 1993, Société d’achats et de ventes de biens immobiliers
(SAVBI), n°116686). La circonstance que le requérant ait déclaré se désister purement
et simplement de sa requête ne fait pas obstacle à ce que le juge soit saisi par le
défendeur de conclusions tendant, sur le fondement des dispositions de l’article L. 761-
413
1 du code de justice administrative, au remboursement de frais exposés par lui et non
compris dans les dépens (CE, 3 décembre 2014, Mme Spicher-Bernier, n° 363846).
- signataire d’une requête collective : un tel signataire, s’il n’a pas lui-même
qualité pour agir, ne peut se voir, même si la requête est accueillie, accorder le
remboursement des frais exposés par lui et non compris dans les dépens (CE, 8 juillet
2005, Communauté d’agglomération de Moulins, n°268610).
La demande en remboursement des frais non compris dans les dépens doit être
formulée à l’encontre de la personne publique au nom de laquelle la décision litigieuse
a été prise. Ainsi les décisions prises par le directeur général de l’Agence nationale de
sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) dans l’exercice des pouvoirs
qu’il tient du code de la santé publique le sont au nom de l’Etat, en vertu de l’article L.
5322-2 de ce code. Par suite, les conclusions tendant à ce qu’il soit mis à la charge de
l’ANSM une somme au titre de l’article L. 761-1 CJA sont irrecevables (CE, 9 février
2018, ANSM, n° 414845). Il en va de même, par exemple, lorsque le maire agit en tant
qu’autorité déconcentrée et que des conclusions tendant à l’application de l’article L.
761-1 sont dirigées contre la commune.
Le remboursement des frais non compris dans les dépens est mis à la charge, le
cas échéant, de la personne morale (l’Etat, la commune, le département,
l’établissement public, etc.) et non de son représentant (le ministre, le préfet, le maire,
etc.).
414
Seule une partie perdante peut être tenue de rembourser les frais non compris
dans les dépens exposés par l’autre partie.
- La partie perdante est d’abord une partie au litige : seules les personnes ayant
cette qualité peuvent être condamnées à payer les frais non compris dans les dépens
(CE, 11 décembre 1991, Mme Reboul et M. Hefner, n°104923), le cas échéant
solidairement (CE, Section, 16 décembre 1994, Société immobilière du théâtre des
Champs-Élysées, n°119099). Il résulte des dispositions de l’article L. 761-1, qui ne
mentionnent que les parties, qu’elles ne peuvent être appliquées aux intervenants, qui
ne peuvent donc pas en principe être condamnés sur leur fondement (CE, 29 juillet
1998, Charnine, n° 165152), ni aux personnes appelées en la cause pour observations
qui ne sont pas partie à l’instance (CE, Section, 28 juillet 1999, Le Goff, n°165523). A
noter que des conclusions tendant, sur le fondement de l’article L. 761-1, à ce que le
remboursement des frais non compris dans les dépens soit mis à la charge d’une
personne qui n’était pas partie à l’instance doivent être rejetées par le juge comme non
fondées, et non comme irrecevables. Par suite, ce rejet n’a pas à être précédé de la
communication d’un moyen d’ordre public (CE, 25 mai 2005, Fouque, n°265267).
Est assimilée à une partie, pour l’application de l’article L. 761-1, la personne qui
aurait eu qualité pour former tierce opposition si elle n’avait pas été mise en cause (CE,
10 janvier 2005, Association Quercy-Périgord, n°265838).
- La partie perdante est ensuite celle qui succombe à l’instance. Les dispositions
de l’article L. 761-1 font ainsi obstacle à ce que le juge mette à ce titre une somme à la
charge d’une partie qui n’est pas la partie perdante.
Il arrive parfois que le juge donne partiellement satisfaction à une partie : par
exemple, lorsqu’un acte divisible est annulé partiellement, ou lorsqu’un partage de
responsabilité est prononcé. Dans une telle hypothèse, la partie qui a perdu sur
l’essentiel du litige doit être regardée comme la partie perdante (CE, 13 mars 1992,
Ministre de l’agriculture, n°106680 ; CE, 19 juin 2017, Syndicat des copropriétaires de
la résidence Butte Stendhal et autres, n° 394677). S’il n’est pas possible de déterminer
une telle partie (par exemple en cas de partage de responsabilité à 50-50), le juge
apprécie l’opportunité de condamner néanmoins l’une des parties, ou les deux, ou de
rejeter les conclusions présentées au titre de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative.
415
La fixation de la somme due au titre de l’article L. 761-1 n’est pas subordonnée à
la présentation de justificatifs (CE, 13 mars 1991, Ministre des affaires sociales et de la
solidarité/Conate, n°121636). Ceux-ci pourront donc ne pas être exigés lorsque les
prétentions paraissent raisonnables. Il en irait différemment si elles étaient importantes
ou discutées.
Si plusieurs requêtes sont jointes, le juge raisonne requête par requête (voir par
exemple : CE, 26 octobre 1992, Tosseri, n°106963). Si, par l’effet de la jonction, il suffit
que l’un des requérants soit recevable et fondé pour faire droit aux conclusions en
annulation, le juge doit statuer sur les fins de non-recevoir opposées à chaque requête
et ne pourra accorder le remboursement de frais non compris dans les dépens qu’aux
seuls requérants dont les conclusions sont recevables (CE, 13 juin 2005, Ville de
Chevreuse, n°276481). Il en va de même pour les requêtes collectives (CE, 8 juillet
2005, Communauté d’agglomération de Moulins, n°268610).
Intérêts sur les frais : alors même que le jugement ne le précise pas, la somme
allouée au titre des frais non compris dans les dépens est productive d’intérêts dans
les conditions prévues par l’article 1231-7 du code civil (CE, 30 mars 1994, Mme
Loubet, n°142026 et CE, 28 juillet 2000, Roca, n°191373), à compter du jugement (CE,
26 octobre 1994, M. et Mme Colliez, n°128413).
8.4.1.5INCIDENTS DE PROCEDURE
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge - Frais
non compris dans les dépens – Incidents de procédure.
416
l’administration donnant satisfaction au requérant, l’administration peut être regardée
comme la partie perdante (CE, 13 mars 1991, Conate, n°121636). Le fait que le
requérant ait demandé le remboursement des frais non compris dans les dépens
postérieurement à la décision ayant conduit au non-lieu à statuer ne fait pas obstacle à
ce que le juge puisse accorder ce remboursement (CE, 25 octobre 2006, Société
AGDE Distribution, n°273954).
8.4.1.6REDACTION
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge - Frais
non compris dans les dépens – Rédaction.
Lorsque le remboursement est accordé, il fait l’objet d’un article distinct dans le
dispositif. Lorsque le remboursement n’est pas accordé, il fait l’objet d’un article distinct
dans le dispositif dans deux cas : si cette demande est présentée par une personne
autre que l’auteur de la requête (notamment le défendeur), ou si elle est présentée par
le requérant dont les autres conclusions ont été accueillies. Lorsque l’ensemble des
conclusions de l’auteur de la requête est rejeté, y compris les conclusions au titre des
frais non compris dans les dépens, l’article unique de rejet de la requête suffit et il n’y a
pas lieu de rejeter séparément les conclusions présentées à ce titre.
A noter enfin qu’en dépit d’un usage répandu, il n’y a pas lieu de faire précéder
dans tous les cas d’un sous-titre le paragraphe statuant sur les conclusions au titre de
l’article L. 761-1. Cela n’est justifié que si le jugement comporte d’autres sous-titres.
Ou :
417
Conclusions présentées par un intervenant ou par un tiers mis en
cause :
Ou :
Ou :
418
Les dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice
administrative font obstacle à ce que soit mise à la charge de X, qui
n’est pas, dans la présente instance, la partie perdante, la somme que Y
demande au titre des frais exposés par [lui] et non compris dans les
dépens.
Rejet de la demande :
Ou :
Ou :
419
Cas où le requérant est la partie perdante :
420
Préciser «globalement» ou «respectivement» lorsqu’il y a
plusieurs personnes qui ont présenté une demande.
Demande rejetée :
Ou :
421
l’article 37 de la loi du 10 juillet 1991. Dans tous ces cas, il ne faut pas omettre dans les
visas la mention de la loi n° 91-647 du 10 juillet 1991.
Par ailleurs, les dispositions de l’article L. 761-1 ne font pas, par elles-mêmes,
obstacle à ce que le paiement de frais exposés et non compris dans les dépens soit
mis à la charge d’une partie qui bénéficie de l’aide juridictionnelle (CE, 9 juin 2006,
Mme Delrue, n°283001). Ces frais ne peuvent en revanche être mis à la charge de
l’Etat au titre de l’aide juridictionnelle (CE, 30 décembre 2011, Boiguile, n°350458).
1) Rejet de la demande :
422
bénéficié d’une aide juridictionnelle totale. Dans ces conditions, les
conclusions de la requête tendant à ce qu’il soit mis à la charge de ***
une somme de *** sur le fondement de l’article L. 761-1 du code de
justice administrative doivent être rejetées.
CE, 10 janvier 2000, Boualaoui, n°197591
2) Acceptation de la demande :
423
- Partie bénéficiant de l’aide juridictionnelle partielle :
424
Aide juridictionnelle totale :
Article *** : *** versera à *** (nom de l’avocat) une somme de ***
euros en application des dispositions du deuxième alinéa de l’article 37
de la loi du 10 juillet 1991, sous réserve que (nom de l’avocat) renonce
à percevoir la somme correspondant à la part contributive de l’Etat.
425
n°121006). Cette condamnation ne doit pas être confondue avec les conclusions
reconventionnelles pour recours abusif traitées au chapitre suivant.
L’amende peut être infligée en toutes matières, même en référé (CE, 10 mai
1989, S.A. des Etablissements Laurent n° 96810). Jugé, à cet égard, que la
circonstance que le juge des référés se prononce sans faire usage de la procédure
prévue par l’article L. 522-3 CJA (rejet sans audience) ne fait pas obstacle à ce qu’il
prononce une amende au titre de l’article R. 741-12 du même code, le caractère abusif
de la demande pouvant notamment apparaître au cours de l’instruction ou de
l’audience publique (CE, 23 janvier 2008, M. et Mme Mazo, n°308591).
L’amende peut être infligée d’office par le tribunal qui n’est pas tenu de justifier
son prononcé par une motivation spéciale (CE, 17 novembre 1999, Société Sodex, n°
199098) : il a ainsi été jugé que l’absence de motivation sur ce point ne constitue pas
une irrégularité du jugement (CE, 9 novembre 2007, Mme Pollart, n° 293987). Il peut
cependant être utile, dans certains cas, de donner une indication quant aux raisons qui
conduisent à regarder la requête comme abusive.
L’amende n’est pas applicable à l’Etat (CE, 27 avril 1979, Ministre délégué à
l’économie et aux finances c/ Mme Lestrade, n°11485). Mais elle peut être infligée à
toute autre collectivité publique (CE, 26 mars 1971, Département de Seine-et-Marne,
n°78753).
L’amende ne peut être prononcée qu’à l’encontre d’une partie à l’instance, et non
contre un intervenant (CE, 13 mars 1998, Bertin, n°170594). Cette partie ne peut être
que le requérant ; le tribunal ne peut donc infliger une amende pour recours abusif à
une commune qui avait la qualité de défendeur au motif que les appels en garantie
formés par elle auraient eu un caractère abusif (CE, 15 avril 1988, Commune de
Lompnieu, n°69315). L’amende ne peut non plus être prononcée lorsque le tribunal
statue comme autorité administrative et non comme autorité juridictionnelle, par
exemple lorsqu’il est saisi en application des articles L. 2132-5 et suivants du code
général des collectivités territoriales (exercice par un contribuable des actions
appartenant à la commune : CE, 13 mai 1994, Levais, n°150047).
L’amende ne peut être infligée au requérant dont la requête est accueillie (CE,
21 octobre 1994, Comité de défense intercommunal de Maisons-Mesnil-le-Pecq,
n°144617).
426
Il y a lieu de statuer explicitement sur la condamnation dans les motifs comme
dans le dispositif. Afin d’assurer l’effectivité du recouvrement de l’amende, le dispositif
doit toujours prévoir la notification de la décision au directeur départemental des
finances publiques.
427
Article 2 : Les conclusions de Y tendant à l’application des dispositions
de l’article R. 741-12 du code de justice administrative à l’encontre de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE sont rejetées.
428
Le juge peut rejeter les conclusions reconventionnelles en se bornant à faire état
« des circonstances de l’espèce » (CE, 1er juillet 1981, Centre hospitalier de la
Rochelle, n°17068 ; CE, 10 février 1982, Société de construction R. Magnier, n°24491).
En revanche, il est nécessaire que le défendeur assortisse ses conclusions
reconventionnelles des justifications nécessaires, à défaut de quoi elles ne sauraient
être accueillies (CE, 4 juillet 1980, S.A. Forrer et Cie, n°03433).
Ou
429
Si X demande que @TA__AR_T_NOMFREQABREGE soit
condamné à lui verser la somme de…, en réparation du préjudice que
lui aurait causé le caractère prétendument abusif de sa requête, ces
conclusions ne peuvent, dans les circonstances de l’espèce, être
accueillies.
Ou
430
8.7 SUPPRESSION DES ECRITS INJURIEUX,
OUTRAGEANTS OU DIFFAMATOIRES
Réponse aux demandes accessoires et autres pouvoirs du juge –
Suppression des écrits injurieux, outrageants ou diffamatoires.
Lorsque le juge est incompétent pour statuer sur le fond d’un litige, il est
également incompétent pour ordonner la suppression de passages d’un mémoire qu’il
aurait jugés injurieux, outrageants ou diffamatoires (CE, 31 juillet 1992, Mlle Ribert,
n°121006).
La demande de suppression peut émaner d’une partie, d’un avocat, voire du tiers
également concerné par les passages en cause (CE, 6 avril 1887, Election de
Mirebeau, p. 322), qui formera le cas échéant une intervention en ce sens. La
suppression des passages injurieux, outrageants ou diffamatoires doit être décidée au
besoin d’office (CE, 8 mars 1905, Elections de Gosier, p.238 ; CE, 13 juin 1958,
Castang, n°38110, p. 350). Il ne semble pas que la suppression d’office de tels
passages doive être précédée de la mesure d’information des parties prévue à l’article
R. 611-7 du CJA, puisque cette suppression est sans conséquence sur la solution
apportée au litige.
La suppression peut concerner, s’il y a lieu, des passages contenus dans les
mémoires de l’administration (CE, 5 janvier 1944, Ministre des pensions c/ Société des
anciens Etablissements industriels de Nogent, p. 4).
Exemples :
431
"partialité" et "d’ingérence" présentent un caractère injurieux (CE, 12 décembre 1975,
Consorts Pelletier, n° 86940).
- les passages d’une requête déclarant que "chaque fois qu’un tribunal des
pensions adjuge à un demandeur le bénéfice de ses conclusions, le ministre interjette
appel régulièrement ..." et qu’il "est un principe de l’administration de retarder les
procédures au maximum, ceci dans un but facile à deviner ..." ne présentent pas un
caractère injurieux au sens des dispositions de l’article 24 du Code de procédure civile
et de l’article 41 de la loi du 29 juillet 1881 (CE - Commission spéciale de cassation des
pensions - 28 octobre 1988, Huber, p.922).
Le 6ème alinéa (auquel renvoie l’article L. 741-3 du CJA) prévoit que les
tribunaux peuvent réserver l’action publique des parties et l’action civile des parties et
des tiers, dans le cas de faits diffamatoires étrangers à la cause. Il appartient le cas
échéant au tribunal d’indiquer dans son jugement les motifs du rejet des conclusions
en réserve de l’action en diffamation (CE, 12 février 1960, Sevelle, n° 39280, p. 111 ;
CAA Lyon, 10 novembre 1993, L’hôtel et Rogier et autres, n° 93LY00241)
Suppression :
Refus de suppression :
Ou :
432
Contrairement à ce que soutient X, les termes de la requête de
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE, malgré leur virulence, n'excèdent
pas les limites de la controverse entre parties dans le cadre d'une
procédure contentieuse. Dès lors, il n’y a pas lieu d’en prononcer la
suppression par application des dispositions de l’article 41 de la loi du
29 juillet 1881, reproduites à l’article L. 741-2 du code de justice
administrative, qui permettent aux tribunaux, dans les causes dont ils
sont saisis, de prononcer la suppression des écrits injurieux, outrageants
ou diffamatoires.
(CE, 25 février 2016, M. Bonneaud, n° 397202)
Ou :
433
Réserve de l’action en diffamation :
Ou :
Le cas échéant :
9.1 AUDIENCE
Sur les visas relatifs à l’audience : cf. « visas relatifs à l’audience ».
Le rôle des audiences est arrêté par le président du tribunal (article R. 711-1 du
CJA). Il est communiqué au rapporteur public (même texte).
En pratique, c’est le rapporteur qui prépare le rôle, en fonction des objectifs qui
lui ont été assignés, sous le contrôle du président de chambre. Il est éminemment
souhaitable que ne soient enrôlés que des dossiers qui ont effectivement été étudiés
par le rapporteur et qui ne nécessitent plus de mesures d’instruction, y compris la
434
communication aux parties d’un moyen d’ordre public (sur la communication aux
parties d’un moyen d’ordre public : cf. « moyens d’ordre public »).
Les parties doivent être convoquées sept jours au moins avant l’audience.
Toutefois, en cas d’urgence, ce délai peut être réduit à deux jours par une décision
expresse du président de la formation de jugement qui est mentionnée sur l’avis
d’audience (article R. 711-2 du CJA). Il s’agit de délais francs (CE, 26 mai 1993,
Letellier et autres, n°s 93088 et autres).
En principe, les parties sont convoquées par voie postale, sous forme de lettre
recommandée avec accusé de réception. L’article R. 711-2 du CJA autorise,
néanmoins, une notification par « la voie administrative » moyennant l’établissement
d’un récépissé ou d’un procès-verbal de la notification ad hoc. Il appartient au tribunal
de veiller à ce que l’envoi postal soit en mesure d’arriver à destination en temps utile,
compte tenu des délais normaux d’acheminement (cf. pour des périodes de
mouvement de grève des services postaux : CE, 21 juin 1996, Ville de Marseille c/
Caroubi, 138308 et CE, 18 mars 1981, Société fermière et de participations, ,n°s 93498
et autres).
Si une partie est représentée par un avocat, elle est valablement avisée de la
date de l’audience en la personne de son mandataire. Toutefois, lorsque l’avis
d’audience, régulièrement notifié au seul avocat, n’a pu lui être remis en raison d’un
changement d’adresse et a été retourné au greffe de la juridiction, il appartient à celle-
ci, en cas d’insuccès des nouvelles tentatives pour joindre l’avocat, d’avertir
personnellement le requérant par tous moyens (CE, 15 juillet 2004, Mayne, n° 248680 ;
CE, 29 octobre 2012, Mme Ozil, n°347199).
Les intervenants doivent aussi être convoqués. Toutefois, une association pour
le compte de laquelle aucun mémoire n’a été déposé au greffe du tribunal administratif
et donc pour laquelle aucune intervention n’a été formée avant la date de clôture de
l’instruction n’a pas la qualité de partie à l’instance, alors même que son avocat a fait
connaître avant cette date au président du tribunal administratif qu’il s’inscrivait en vue
de former une telle intervention. Le président du tribunal administratif n’a donc pas
l’obligation de lui notifier l’ordonnance de clôture de l’instruction ni de la convoquer à
l’audience (CE, Section, 16 décembre 1994, Secrétaire d’Etat auprès du Premier
ministre, chargé de l’environnement et Fédération départementale des chasseurs de la
Creuse, n° 105798).
435
9.1.2.2COMMUNICATION DU SENS DES CONCLUSIONS DU RAPPORTEUR PUBLIC
Concrètement, les parties sont informées par l’avis d’audience qu’elles reçoivent,
de la possibilité dont elles disposent de connaître le sens des conclusions du
rapporteur public sur l’application informatique Sagace ou, à défaut, en prenant contact
avec le greffe. Il est recommandé, en pratique, de mettre en ligne sur Sagace le sens
des conclusions 48 heures au moins avant l’audience.
• Dans les cas mentionnés ci-dessus, le rapporteur public qui, après avoir
communiqué le sens de ses conclusions, envisage de modifier sa position doit, à peine
436
d’irrégularité de la décision, mettre les parties à même de connaître ce changement
(CE, 4 mai 2016, M. Delay, n° 380548).
Il doit également le faire s’il a un tel lien avec l’avocat de l’une des parties, et, en
particulier, dans le cas où il aurait, pour une affaire personnelle, recouru aux services
de cet avocat (CE, 28 décembre 2009, Sylvanise, n° 322603).
De même, il convient également que deux magistrats qui ont un lien de parenté
ou d’alliance (au sens large) ne siègent pas dans la même formation de jugement.
437
Il en va de même pour les autres commissions administratives, même sans texte
(cf. pour la participation du commissaire du gouvernement à une commission
d’expulsion des étrangers : CE, 24 octobre 1997, El Alj, n° 165516).
438
solution qui pourrait être réservée à une nouvelle demande de suspension (CE, 2
novembre 2005, M. et Mme Fayant, n° 279660).
9.1.3.2RECUSATION
● Audience – Abstention, récusation et renvoi pour cause de
suspicion légitime – Récusation.
Elle ne peut viser qu’un ou, le cas échéant, un petit nombre de magistrats
nommément désignés. Si elle vise la totalité ou la quasi totalité des membres de la
juridiction, elle doit être regardée comme une demande de renvoi pour cause de
suspicion légitime (CE, 3 mai 1957, Nemegyei, p. 279 ; cf. « renvoi pour cause de
suspicion légitime »).
Une demande de récusation ne peut être formée que par une « partie » et cette
demande doit être présentée, « à peine d’irrecevabilité » dès que la partie « a
connaissance de la cause de la récusation » et au plus tard, avant la fin de l’audience
(article R. 721-2 du CJA et CE, 17 juin 1988, Bady, n° 47210). Concrètement,
néanmoins, la partie qui entend demander la récusation d’un magistrat ne sera
légitimement en situation de le faire qu’après avoir eu connaissance de la composition
de la formation de jugement (sinon celle qui est arrêtée, du moins celle qui est
légitimement prévisible, concernant notamment le président de chambre, voire le
rapporteur, en raison de la signature d’un acte d’instruction).
« La récusation doit être formée par la partie elle-même ou par son mandataire
muni d’un pouvoir spécial » (article R. 721-3 du CJA). Elle peut être présentée par écrit
ou oralement à l’audience. Un procès-verbal est alors établi par le greffier d’audience.
439
Dans tous les cas, elle doit, toutefois, « à peine d’irrecevabilité, indiquer avec précision
les motifs de la récusation et être accompagnée des pièces propres à la justifier »
(article R. 721-4 du CJA).
Lorsqu’une demande de récusation vise un juge des référés, celle-ci peut être
examinée par un autre juge ayant cette qualité, selon les modalités prévues par le livre
V du code de justice administrative, sans qu’il soit nécessaire de renvoyer à une
formation collégiale (CE, juge des référés, 6 février 2015, SARL Les Productions de la
Plume et M. M’Bala M’Bala, n° 387757).
Le renvoi pour cause de suspicion légitime peut être demandé à tout moment de
la procédure « avant que la juridiction compétemment saisie n’ait rendu une décision
au fond » (CE, 12 mai 1958, Demaret, p. 271 ; CE, 30 mars 1979, Jeault, n° 06473).
Cette procédure ne peut être utilisée pour demander qu’une affaire soit renvoyée
d’une formation de la juridiction compétente à une autre formation de la même
juridiction (CAA Paris, 15 mai 2006, Debergue, n°05PA03975).
440
9.1.4 REPORT DE L’AUDIENCE
● Audience – Report de l’audience.
- le BAJ n’a pas statué sur la demande d’aide juridictionnelle présentée par l’une
des parties ou que le délai de recours contre la décision de rejet rendue par le BAJ
n’est pas expiré ou encore que le président de la CAA n’a pas encore statué sur le
recours dont il est saisi, sous réserve néanmoins de la possibilité d’admission
provisoire à l’aide juridictionnelle (cf. « obligation pour le tribunal de surseoir à
statuer ») ;
- l’une des parties admises au bénéfice de l’aide juridictionnelle, n’a pas d’avocat
désigné pour l’assister ou qu’il doit être procédé à une nouvelle désignation (CE, 24
mars 1982, Katchetoff, n° 28192 ; CE, 28 novembre 2008, Mecherouh, n° 292772) (cf.
« obligation pour le tribunal de surseoir à statuer ») ;
-> si l’une des parties a produit, avant la clôture de l’instruction, des conclusions
ou moyens nouveaux qui ne peuvent être utilement discutés par les autres parties
avant cette clôture (CE, 29 juillet 1998, Syndicat des avocats de France et autres, n°s
188715 et autres), ou si une intervention est intervenue, avant la clôture de
l’instruction, qui comporte un moyen non invoqué par les autres parties dont dépend la
solution du litige (CE, 1er mars 1995, Association « Groupe information Asile », n°
124550 : cf. « Interventions - généralités ».
-> si l’une des parties a produit, après la clôture de l’instruction, un mémoire qui
contient soit l’exposé d’une circonstance de fait qu’elle n’était pas en mesure
d’invoquer avant la clôture de l’instruction et que le juge ne pourrait ignorer sans fonder
sa décision sur des faits matériellement inexacts, soit d’une circonstance de droit
nouvelle ou que le juge devrait relever d’office (CE, Section, 27 février 2004, Préfet des
Pyrénées-orientales c/ Abounkhila, n° 252988) (cf. « clôture et réouverture ») ;
-> un moyen d’ordre public susceptible d’être soulevé par le juge n’a pas été
communiqué aux parties (cf. « moyens d’ordre public ») ;
-> les parties n’ont pas été informées d’une modification du sens des conclusions
du rapporteur public (cf. « communication du sens des conclusions du rapporteur
public ») ;
-> une mise en cause obligatoire n’a pas été faite (par exemple, les organismes
sociaux dans le cas d’une demande de réparation d’un préjudice corporel : cf. « mise
en cause »).
441
En dehors de ces hypothèses, le président de la formation de jugement n’est pas
tenu de faire droit à une demande de renvoi qui lui est présentée par l’une des parties
(CE, 19 avril 1989, Zimbris, n° 80244 ; CE, 11 février 2002, Elections municipales de
Brasles, n° 235093 ; CE, Section, 16 juillet 2010, Colomb, n° 294239) même en cas de
constitution tardive d’avocat (CE, 2 novembre 2005, Gouverneur, n° 267143). Le juge
n’a pas davantage à motiver le refus qu’il oppose à une demande de renvoi (CE,
Section, 16 juillet 2010, Colomb, n°294239).
Après avoir fait l’objet d’une expérimentation (cf. article 2 du décret n° 2009-14
du 7 janvier 2009), le déroulement de l’audience est, aux termes du décret n° 2011-
1950 du 23 décembre 2011, désormais fixé comme suit, par l’article R. 732-1 du CJA :
après l’appel de la ou des affaires par le greffier (sur l’appel de plusieurs affaires : cf.
« conclusions du rapporteur public »), le rapporteur présente son rapport, le rapporteur
public prononce ses conclusions s’il n’en est pas dispensé puis les parties présentent
leurs observations.
9.1.5.2RAPPORT
● Audience – Déroulement de l’audience – Rapport.
Ce rapport consiste en pratique en une lecture abrégée des visas qui doivent
être complets et tenir notamment compte des dernières productions des parties. Il doit
aussi mentionner, le cas échéant, l’existence et la date d’effet de la clôture
d’instruction.
En cas de désistement pur et simple, le rapporteur, sans lire son rapport, peut se
borner à indiquer que le requérant s’est désisté.
442
Ou :
443
A cet effet, il ne peut se borner à s’en rapporter à la sagesse du tribunal (CE,
Section, 13 juin 1975, Sieur Adrasse, n° 93747), ni à conclure au rejet d’une requête
sans exposer, même succinctement, les motifs de la solution qu’il propose à la
formation de jugement d’adopter (CE, 11 février 2004, Melle Pepiot, n° 232755). S’il
conclut exclusivement au renvoi de l’affaire, la formation de jugement ne peut passer
outre (CE, 14 février 1912, ministre des travaux publics c/ Passard, p. 904).
Les mentions du jugement réputées faire foi indiquent toujours : « Après avoir
entendu à l’audience publique du … : les conclusions de …, rapporteur public ». Aussi,
s’il est fréquemment d’usage que le rapporteur public ne prononce pas l’entièreté de
ses conclusions en cas d’absence des parties, il convient, néanmoins, de veiller à
respecter une prise de parole minimale de sa part, sur toutes les affaires, lors de
l’audience publique.
Aux termes de l’article L. 732-1 du CJA, « dans des matières énumérées par
décret en Conseil d’Etat, le président de la formation de jugement peut dispenser le
rapporteur public, sur sa proposition, d’exposer à l’audience ses conclusions sur une
requête, eu égard à la nature des questions à juger ». Ces matières sont énumérées
par l’article R. 732-1-1.
Seules les parties ou leurs avocats peuvent présenter des observations orales
(CE, 16 janvier 2002, Syndicat national de la police en tenue, n° 196637). Si elle
n’intervient pas elle-même, une partie personne physique ne peut être représentée que
par un avocat, à l’exclusion de tout autre tiers, y compris son conjoint (CE, 25 octobre
1996, Commune d’Olivet, n° 128723) ou son fils (CE, 5 juillet 2004, Lescure, n°
243801). Si une partie est représentée à l’audience, les observations sont présentées,
en vertu de l’article R. 732-1 du CJA, par son avocat. Il est, toutefois, d’usage de
laisser également la partie s’exprimer personnellement si elle le souhaite. Dans ce cas
les visas du jugement le mentionnent.
444
Les administrations peuvent faire présenter leurs observations à l’audience par
tout agent disposant d’un mandat signé de l’autorité compétente.
9.1.5.5POLICE DE L’AUDIENCE
9.1.5.5.1 Pouvoirs du président
● Audience – Déroulement de l’audience – Police de l’audience –
Pouvoirs du président.
Les dispositions de l’article R. 732-1 l’autorisent à retirer la parole aux parties qui
« ne sont pas en mesure de discuter leur cause avec la modération ou la clarté
requise ».
Le président peut faire expulser une personne qui n’obéirait pas à ses injonctions
(2ème alinéa de l’article R. 731-2).
9.1.5.5.2 Huis-clos
● Audience – Déroulement de l’audience – Police de l’audience – Huis-
clos.
445
● Audience – Déroulement de l’audience – Police de l’audience –
Prohibition de l’enregistrement de l’audience.
L’article 38 ter de la loi du 29 juillet 1881 sur la liberté de la presse dispose que
« Dès l’ouverture de l’audience des juridictions administratives ou judiciaires, l’emploi
de tout appareil permettant d’enregistrer, de fixer ou de transmettre la parole ou l’image
est interdit. Le président fait procéder à la saisie de tout appareil et du support de la
parole ou de l’image utilisés en violation de cette interdiction.
Toute infraction aux dispositions du présent article sera punie de 4 500 euros
d’amende. Le tribunal pourra en outre prononcer la confiscation du matériel ayant servi
à commettre l’infraction et du support de la parole ou de l’image utilisé.
En cas d’urgence, il est toujours possible de « lire sur le siège » une décision,
c’est-à-dire de fixer la date de sa lecture le jour même de l’audience, même en dehors
du cas du contentieux obligations de quitter le territoire français avec placement en
rétention pour lequel l’article R. 776-27 du CJA le prévoit expressément..
446
9.1.6 TENUE D’UNE NOUVELLE AUDIENCE
La tenue d’une nouvelle audience s’imposera chaque fois que l’instruction aura
été rouverte.
Seuls les articles R. 522-8 et R. 778-5 du CJA autorisent qu’il soit dérogé à
l’obligation de tenir une nouvelle audience après réouverture de l’instruction, en
particulier pour permettre la production de nouvelles pièces, en matière respectivement
de référé et de contentieux du droit au logement opposable.
Lorsqu’il est saisi d’une note en délibéré, il appartient dans tous les cas au juge
administratif d’en prendre connaissance avant la lecture de la décision. S’il a toujours
la faculté, dans l’intérêt d’une bonne justice, de rouvrir l’instruction et de soumettre au
débat contradictoire les éléments contenus dans la note en délibéré, il n’est tenu de le
faire à peine d’irrégularité de sa décision que si cette note contient l’exposé : a) soit
d’une circonstance de fait dont la partie qui l’invoque n’était pas en mesure de faire état
avant la clôture de l’instruction et que le juge ne pourrait ignorer sans fonder sa
décision sur des faits matériellement inexacts ; b) soit d’une circonstance de droit
nouvelle ou que le juge devrait relever d’office (CE, 12 juillet 2002, M. et Mme Leniau,
n° 236125).
La formation « supérieure » peut être une formation collégiale ordinaire pour les
affaires relevant de la compétence du juge unique (2ème alinéa de l’article R. 222-19 du
CJA), la formation de chambres réunies (article R. 222-19-1 du CJA), la formation
plénière (1er alinéa de l’article R. 222-20 du CJA), la formation élargie (2ème alinéa de
l’article R. 222-20 du CJA) ou au tribunal administratif de Paris, l’une des formations
prévues par l’article R. 222-21 du CJA.
447
Un tel renvoi ne nécessite pas d’être formalisé par une ordonnance. L’inscription
au rôle de l’audience de la formation « supérieure » suffit (CE, 21 décembre 2007,
Mme Lipietz et autres, n°305966).
Dans le cas où les parties seraient informées, par lettre, du renvoi de l’affaire en
formation « supérieure » et des motifs de ce renvoi, elles n’ont pas être invitées à
présenter des observations sur les motifs de ce renvoi (CE, 1er février 2012, SA RTE
EDF Transport, n°338665).
9.2 NOTIFICATION
9.2.1 GENERALITES
● Notification – Généralités.
Les principes gouvernant la notification des jugements sont régis par les articles
R. 751-1 à R. 751-13 du CJA.
Le jugement doit être notifié, par les soins du greffe « à toutes les parties en
cause » par lettre recommandée avec demande d’avis de réception ou par télérecours,
sauf dans certains contentieux spéciaux (contraventions de grande voirie notamment).
Le terme de parties doit être entendu largement puisqu’il recouvre aussi les
intervenants.
S’agissant des contraventions de grande voirie, il a été jugé que les dispositions
particulières de l’article L. 774-6 du CJA relatives aux jugements rendus en la matière,
aux termes desquelles « Le jugement est notifié aux parties, à leur domicile réel, dans
la forme administrative par les soins du préfet, sans préjudice du droit de la partie de le
faire signifier par acte d’huissier », ne concernent que les jugements rendus en premier
ressort par le tribunal administratif.
Seule la notification (et non l’envoi d’une simple copie) au domicile réel de la
partie elle-même fait courir le délai d’appel ainsi que le délai de rectification d’erreur
matérielle et de tierce opposition. Seuls les actes de procédure sont accomplis à
l’égard du mandataire (articles R. 411-6 et R. 431-1 du CJA), à l’exclusion de la
notification (CE, 19 janvier 1998, S.A.R.L. Armement frigorifique martiniquais,
n°165164). Par ailleurs, seul l’avis de réception postale permet d’établir l’existence et la
date de la notification. Cette notification régulière au domicile réel de la partie fait courir
le délai d’appel alors même qu’elle aurait fait élection de domicile chez son avocat (CE,
8 juillet 2002, SCI du 21-23 rue du bouquet de Longchamp, n° 234426).
448
Par ailleurs, l’article R. 751-3 CJA permet également, lorsqu’une requête, un
mémoire en défense ou un mémoire en intervention a été présenté par plusieurs
personnes physiques ou morales sans mandataire, de notifier la décision au seul
représentant unique, désigné par les parties ou à défaut le premier dénommé (article
R. 411-5 pour les requérants, art. R. 611-2 pour les défendeurs et intervenants).
En toute matière, la notification ne peut être faite qu’à l’adresse donnée par le
requérant lui-même, à qui il appartient de communiquer ses changements d’adresse en
cours d’instance (ce dont il a été avisé dans l’accusé de réception de sa requête) ; en
principe, il n’appartient donc pas au greffe, après avoir spontanément fait une
recherche, de notifier le jugement à une autre adresse que celle que lui aura donnée
(ou confirmée) le requérant et, en particulier, de refaire une nouvelle notification, après
échec de la première (la jurisprudence estimant d’ailleurs que cette seconde
« notification » ne fait pas courir le délai d’appel ou de cassation : CE, 26 mars 2003,
société Elyo, n° 234593, inédit ; tout au plus lui est-il loisible de procéder alors à une
simple communication du jugement, sans mention des délais et voies de recours).
En vertu de l’article R. 751-8 du CJA, lorsque l’Etat est partie, le jugement doit,
en principe, être notifié au ministre « dont relève l’administration intéressée au litige »
(y compris lorsque la décision attaquée a été prise par le maire au nom de l’Etat,
auquel cas copie du jugement est adressée au maire), car seule cette notification fait
courir le délai de recours, même si c’est le préfet ou une autorité déconcentrée qui a
représenté l’Etat au cours de la procédure en application de l’article R. 431-10 du CJA.
Par exception, la notification est faite au préfet lorsqu’il a la qualité pour faire
appel, soit :
- dans les matières pour lesquelles le pouvoir de faire appel lui a été déconcentré
(cf. la liste mentionnée à l’article R. 811-10-1 du CJA).
Lorsque le jugement doit être notifié au ministre, copie doit en être transmise au
préfet ainsi que, s’il y a lieu, à l’autorité déconcentrée (par exemple le recteur, le
directeur régional du travail qui a assuré la défense de l’Etat devant la juridiction (article
R. 751-8 du CJA, 1er alinéa). Copie peut en être adressée au maire lorsqu’il a agi au
nom de l’Etat.
449
Lorsque le jugement doit être notifié au préfet, copie doit en être transmise au
ministre.
Cette formule vise, dans l’ordre : le(s) requérant(s), le(s) défendeur(s), le(s)
ministre(s) intéressé(s), la (les) personne(s) mise(s) en cause et l’(les) intervenant(s).
Exemples :
450
« Le présent jugement sera notifié à la commune de *** (et non pas : au maire de
***) au département de *** (et non pas : au président du conseil départemental de ***),
à la société *** », etc.
« Le présent jugement sera notifié au ministre de *** (ou au préfet de ***) et non
pas : à l’Etat.
Cette formule ne doit viser que les personnes auxquelles sont destinées les
notifications.
452
9.2.4 LETTRE D’ACCOMPAGNEMENT MENTIONNANT LES VOIES
DE RECOURS
● Notification – Lettre d’accompagnement mentionnant les voies de
recours – Mention de la nature de la voie de recours
- litiges relatifs aux refus de concours de la force publique pour exécuter une
décision de justice ;
- litiges relatifs aux décisions prises en matière fiscale sur des demandes de
remise gracieuse ;
Les ordonnances prises sur les demandes de provision sont également rendues
en premier et dernier ressort lorsque l’obligation dont se prévaut le requérant porte sur
un litige pour lequel le tribunal statue en premier et dernier ressort.
Ce même article prévoit, toutefois, par dérogation, que sont susceptibles d’appel
les jugements rendus :
453
- en matière indemnitaire, en cas de connexité avec un litige susceptible d’appel ;
2) Les ordonnances de séries sont rendues en premier et dernier ressort par les
tribunaux administratifs quel que soit l’objet du litige (12ème alinéa de l’article R. 811-1
du CJA)
Il en va de même pour les jugements rendus sur les recours contre le tableau
des électeurs sénatoriaux et sur les contestations de l’élection des délégués d’une
commune appartenant au collège élisant les sénateurs (article L. 292 du code
électoral).
- en vertu des dispositions de l’article R. 321-1 du CJA, les litiges relatifs aux
élections municipales et cantonales, cette compétence s’étendant aux élections des
454
conseillers communautaires depuis l’entrée en vigueur de la loi du 17 mai 2013 (CE, 4
mai 2016, M. Boinet, inédit) ; les litiges portant sur certaines opérations préalables aux
opérations électorales, à l’instar de la contestation dirigée contre les opérations de
révision des listes électorales (CE., Assemblée, 3 février 1989, Maire de Paris, n°
104680), d’un recours contre un arrêté préfectoral de convocation des électeurs en vue
de renouveler un conseil municipal (CE, 17 novembre 2010, Min. de l’intérieur c/
Hugon et a., n°339489, A) ou d’une contestation relative à l’institution ou la
reconduction des bureaux de vote (CE, 2 décembre 1998, Legrand, n° 188935) ; les
litiges portant sur les désignations des membres et syndicats auxquels appartient la
collectivité, telle que celle des représentants de la commune aux conseils de district
(CE, 19 juin 1992, M. Degris, n° 127421), ou celle des membres de la commission
d’appel d’offres au sein du conseil municipal (CE, 30 mars 2007, Techer, n°298103), et
les litiges relatifs à l’élection du président du bureau d’un comité de syndicat
d’agglomération nouvelle (CE, 20 juin 1990, M. Philippe et autres c/ Rossot, n° 109618
110221) ou du président d’un S.I.V.O.M. (CE, 24 septembre 1990, M. Gaucher, n°
109495) ;
455
concerne(nt) ou à tous huissiers de justice à ce requis en ce qui concerne les voies de
droit commun contre les parties privées, de pourvoir à l’exécution de la présente
décision ».
L’acte inexistant est un acte entaché d’une illégalité particulièrement grave. Pour
reprendre les séries d’hypothèses citées par le Président Odent (p. 951 et s.), il peut
s’agir d’incompétences manifestes tirant vers l’usurpation de pouvoirs telle une
décision préfectorale annulant des élections municipales (CE, Assemblée, 31 mai
1957, Rosan Girard, n°26188) ou une voie de fait (TC, 27 juin 1966, Guigon, n°01889,
T. 903 ; CE, 11 mars 1998, Ministre de l’intérieur c/ Mme Auger, n°169794), de
nominations pour ordre (CE, Section, 30 juin 1950, Massonaud, p. 400 avec concl.
Delvolvé ; CE, 22 mai 2015, M. de Haro, n° 376079), de décisions prises en
méconnaissance de la limite d’âge des fonctionnaires (CE, Section, 3 février 1956, de
Fontbonne, p. 45 ; CE, 26 octobre 2005, Pinguet et autres, n°s 260756 et autres), ou de
pseudo-rectificatifs modifiant des actes réglementaires précédemment publiés (CE, 12
février 1958, Salomon, p. 92). On peut encore citer les arrêtés accordant un titre de
séjour postérieurement à une condamnation devenue définitive d’interdiction définitive
du territoire (CE, 18 mars 1998, Khellil, n°160933). On peut enfin faire état du cas de la
décision résultant, « à l’évidence, d’une pure erreur matérielle » (CE, 28 décembre
2005, M. Richevaux, n° 279432 ; CE, 7 janvier 2013, M. Dupé, n° 342062).
- il peut être contesté devant le juge de l’excès de pouvoir, par voie d’action ou
d’exception, sans condition de délai (CE, Assemblée, 15 mai 1981, Maurice, n° 33041 ;
CE, 8 décembre 1982, Commune de Dompierre-sur-Besbre, n° 33596 ; CE, 10
novembre 1999, Préfet de la Drôme, n° 126382), le cas échéant par le préfet dans le
cadre du contrôle de légalité des actes des collectivités territoriales (CE, 28 février
1986, Commissaire de la République des Landes, n° 62206) ;
456
- non créateur de droits, il peut être retiré à tout instant (CE, Section, 29
novembre 2002, Assistance publique – hôpitaux de Marseille, n° 223027) ;
- l’inexistence est d’ordre public et doit donc être soulevée d’office (CE, 5 mai
1971, Préfet de Paris, n° 75655).
- L’acte inexistant ne peut être annulé puisqu’il est réputé ne pas exister. Il est
alors déclaré par le juge « nul et de nul effet » (par ex. : CE, 28 février 1986,
Commissaire de la République des Landes, n° 62206) ou « nul et non avenu » (par
ex. : CE, Ass. 31 mai 1957, Rosan Girard, n° 26188;26325). Les actes adoptés sur le
fondement d’un acte inexistant sont eux-mêmes déclarés « nuls et de nul effet » ou
« nuls et non avenus » et suivent le régime, notamment contentieux, des actes
inexistants (CE, Section, 9 novembre 1990, Fléret, n°78012 ; CE, 10 novembre 1999,
Préfet de la Drôme, n° 126382) ;
10.1.1 VISAS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Déclaration
d’inexistence – Visas.
10.1.2 MOTIFS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Déclaration
d’inexistence – Motifs.
Les motifs explicitent les raisons conduisant à regarder l’acte déféré comme
inexistant. Ils se terminent par la formule : « Il appartient au tribunal de déclarer [cet
acte] nul et de nul effet ».
457
Ex. : CE, 27 février 1987, Procureur général près la Cour d’appel
de Paris c/ Landreau, n°52997, inédit)
10.1.3 DISPOSITIF
● Questions spécifiques à certains types de recours – Déclaration
d’inexistence – Dispositif.
458
Article 2 : [Notification].
Les parties n’ont plus à saisir le juge administratif (ou judiciaire), puisque le
jugement rendu par le juge judiciaire (ou administratif) vaut saisine de la juridiction de
l’autre ordre désignée. En conséquence, la jurisprudence antérieure selon laquelle un
jugement du juge judiciaire entendant saisir le juge administratif d’une question
préjudicielle n’avait pas lui-même pour effet, en l’absence de conclusions présentées
par une partie, de saisir le juge administratif (CE, Ass., 7 juillet 1995, MMe Wimmer et
autres, n° 152883;157580) n’est plus d’actualité. Dans le cas où le juge judiciaire
aurait, à tort, fait application des règles antérieures au 1er avril 2015, en impartissant
aux parties un délai pour saisir le juge administratif et en justifier, est alors regardée
comme régulière une saisine de ce dernier par l’une des parties (CE, 14 juin 2017, SA
Banque populaire Méditerranée, n° 405088).
459
En application du dernier alinéa de l’article R. 811-1 du code de justice
administrative, le tribunal administratif statue en premier et dernier ressort sur les
recours sur renvoi de l’autorité judiciaire. Les jugements rendus sur renvoi de l’autorité
judiciaire en appréciation de validité sont donc seulement susceptibles d’un pourvoi en
cassation devant le Conseil d’Etat.
Dans le domaine contractuel, lorsque le juge administratif est saisi sur renvoi
d’une juridiction judiciaire de la question de la validité d’un contrat administratif, il lui
appartient d’apprécier, eu égard notamment à la nature et à la gravité de l’irrégularité
qui entache ce contrat, s’il doit l’annuler ou prononcer toute autre mesure, ou, en cas
de litige relatif à l’exécution de ce contrat, s’il doit l’écarter ou en faire application pour
régler le litige. Il appartient, par ailleurs, au seul juge judiciaire, saisi d’un litige relatif à
ce contrat, d’apprécier les conséquences qu’il entend le cas échéant tirer de
l’irrégularité dont le juge administratif a déclaré qu'était entaché un contrat administratif.
(CE, 11 avril 2014, Commune de Saint-Denis, n° 359719).
460
juridiction étrangère sous réserve qu’aucune stipulation de droit international n’y fasse
obstacle (CE, Assemblée, 27 octobre 2000, Société B.F.G. Bank Luxembourg S.A., n°
172350, cf. conclusions G. Goulard).
10.2.1 VISAS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
appréciation de validité – Visas – Début.
Compte tenu des termes de l’article R. 431-2, devant les tribunaux administratifs,
le recours en appréciation de validité d’un acte administratif est dispensé du ministère
d’avocat. C’est aussi la solution retenue par le 2° de l’article R. 432-2 du CJA, pour les
recours en appréciation de validité portés directement devant le Conseil d’Etat.
Vu la procédure suivante :
10.2.2 MOTIFS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
appréciation de validité – Motifs.
461
coopérative agricole de Savy-Berlette, p. 468). On veillera donc à utiliser la formule « il
ressort des pièces du dossier » plutôt que « il résulte de l’instruction ». Toutefois, la
recevabilité d’une requête en appréciation de validité n’est pas soumise aux conditions
posées pour l’exercice du recours pour excès de pouvoir (CE, 23 février 2003,
Paganon, n° 240780).
Ou :
Ou :
10.2.3 DISPOSITIF
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
appréciation de validité – Dispositif.
Lorsque les conclusions présentées par l’une ou l’autre des parties en suite du
jugement de renvoi tendent à faire déclarer l’illégalité de l’acte litigieux (ce qui est le
cas le plus fréquent), ces conclusions doivent être rejetées purement et simplement si
l’examen des moyens recevables ne conduit pas à constater l’illégalité alléguée. Dans
le cas contraire, il convient, dans le dispositif, de déclarer l’acte illégal, le cas échéant
seulement partiellement.
462
Lorsque ces conclusions tendent à ce qu’il soit déclaré que l’acte litigieux n’est
pas entaché d’illégalité, le dispositif consistera, selon le cas, dans la déclaration que
l’acte est illégal ou que l’exception d’illégalité soulevée devant le juge judiciaire n’est
pas fondée. Cette dernière formule est en effet préférable à celle, parfois utilisée,
consistant à déclarer l’acte légal, qui peut (à tort) paraître conférer à l’acte un « brevet
de légalité ».
Article … : [Notification.]
Ex. : CE, 14 mars 1997, Compagnie du funiculaire du pic du
Grand Jer de Lourdes, n° 158532 ; CE, 23 juillet 1993,
Laisné, n° 121550
Article 1er : Il est déclaré que les moyens par lesquels Y… conteste la
légalité de la décision (ou : l’arrêté,…) du … par laquelle (ou : lequel)
… ne sont pas fondés.
Ou :
463
Article … : [Notification.]
Ex. : CE, 24 avril 1970, Epoux d’Halluin, n°s 76724 76725 ; CE, 18
décembre 1987, Caisse centrale de secours mutuels
agricoles c/ Lespinasse, n° 57349 ; CE, 13 mars 1992,
Commune des Mureaux et ministre du budget, n°s 115606,
117734
Article … : [Notification.]
Ex. : CE, 27 mars 2000, Mme Brodbeck, n° 155831 ; CE, 14 juin
2017, SA Banque populaire Méditerranée, n° 405088.
Depuis le 1er avril 2015, lorsque la solution d'un litige dépend d'une question
soulevant une difficulté sérieuse et relevant de la compétence de la juridiction
judiciaire, la juridiction administrative initialement saisie la transmet à la juridiction
judiciaire compétente. Elle sursoit à statuer jusqu'à la décision sur la question
préjudicielle (R. 771-2 du code de justice administrative). Cf. « Question préjudicielle à
l’autorité judiciaire ».
464
De la même manière, lorsque la solution d'un litige dépend d'une question
soulevant une difficulté sérieuse et relevant de la compétence de la juridiction
administrative, la juridiction judiciaire initialement saisie la transmet à la juridiction
administrative compétente en application du titre Ier du livre III du code de justice
administrative. Elle sursoit à statuer jusqu'à la décision sur la question préjudicielle.
Par conséquent, depuis cette date, les parties n’ont plus à saisir le juge
administratif, puisque le jugement rendu par le juge judiciaire vaut saisine de la
juridiction administrative désignée.
Le recours direct en interprétation d’un acte administratif est une voie de droit
permettant à toute personne y ayant intérêt de demander au juge compétent, en
l’absence de tout renvoi de l’autorité judiciaire, d’interpréter un acte administratif, qu’il
s’agisse d’un acte unilatéral ou d’un contrat, mais à la condition que son application
soulève un litige « né et actuel » (par ex : CE, 27 octobre 2000, conseil supérieur de
l’ordre des experts-comptables, n° 216722) dont la résolution est commandée par
l’interprétation demandée (CE, 23 mai 1980, commune d’Evaux-les-Bains, n° 17583).
Lorsque le juge administratif est saisi d’un recours direct en interprétation, il lui
appartient de se prononcer, eu égard à la nature et à l’objet d’un tel recours (qui relève
du plein contentieux), en prenant en compte les circonstances de droit et de fait à la
date de sa décision (CE, 9 juillet 2010, Mme Lembezat, n° 313989).
10.3.2.1 VISAS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
interprétation – Recours direct en interprétation – Visas – Début.
465
de cassation ou d’un avoué est obligatoire, doit être regardé comme dispensé de ce
ministère.
Vu la procédure suivante :
10.3.2.2 MOTIFS
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
interprétation – Recours direct en interprétation – Motifs.
10.3.2.3 DISPOSITIF
● Questions spécifiques à certains types de recours – Recours en
interprétation – Recours direct en interprétation – Dispositif.
467
Article 1er : Il est déclaré que …
Article … – [Notification.]
Les deux conditions les plus remarquables de la tierce opposition sont incluses
dans sa définition. L’auteur de la tierce opposition doit être demeuré un tiers par
rapport à l’instance, c’est-à-dire n’avoir été ni présent, ni représenté, ni régulièrement
appelé à l’instance (par ex., CE, 8 février 1999, Sagne et autres, n°161799 ; CE, 15
février 2016, SCA des producteurs de reblochon de la vallée de Thônes et autres, n°
391159 ; CE, 6 juillet 2016, Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de
l’environnement et du travail et autre, nos 398574 et 398608 ; CE, 23 mars 2015, Mme
Veyset, n° 366813). Il doit, en outre, justifier d’un droit auquel le jugement a préjudicié,
condition appréciée à l’aune du dispositif de la décision juridictionnelle et non à celle de
ses seuls motifs. Par exemple, le jugement par lequel un tribunal administratif a enjoint
à une administration de communiquer à un requérant des documents qui concernent
directement un tiers n'ayant pas été mis en cause, lequel a en outre été privé de la
possibilité de faire valoir que les documents pourraient comporter des secrets protégés
par la loi, préjudicie à un droit de ce tiers. Celui-ci a donc qualité pour faire tierce
opposition contre le jugement (CE, 22 juillet 2016, Société Eoliennes en mer îles d’Yeu
et de Noirmoutier, n° 399942). Pour une présentation de ces conditions, il est renvoyé
au manuel Droit du contentieux administratif (R. Chapus), n° 1477 et suiv.
Si ces différentes conditions sont remplies, il faut encore, pour que l’auteur de la
tierce opposition obtienne satisfaction, que celui-ci fasse apparaître que la juridiction a
mal jugé, autrement dit que c’est indûment que ses droits ont été lésés.
Etant une voie de rétractation, elle doit toujours être portée devant la juridiction
dont émane le jugement contesté (sous réserve du cas où il a été frappé d’appel,
comme indiqué ci-après). Devant les tribunaux administratifs notamment, elle est
ouverte à l’encontre de toute décision juridictionnelle en vertu de l’article R. 832-1 du
CJA.
468
délais de distance (article R. 832-4). Toutefois, le délai pour former tierce opposition
est réduit à quinze jours en matière de constat (article R. 531-1).
Si l’appel est pendant, la personne qui aurait eu qualité pour former tierce
opposition est alors recevable à intervenir dans la procédure d’appel. La personne
recevable à ainsi intervenir dans cette procédure y acquiert la qualité de partie à
l’instance.
S’il a été déjà statué sur l’appel et que la personne qui aurait eu qualité pour
former tierce opposition n’a été ni présente ni représentée devant la juridiction d’appel,
elle est recevable à frapper de tierce opposition l’arrêt rendu par celle-ci, s’il préjudicie
à ses droits, y compris lorsqu’il s’agit d’un arrêt de rejet pour irrecevabilité (, 2 juillet
2014, M. Gerin et autres, n° 366150 ; CE, 11 octobre 2017, MMe Desiage et autres, n°
414148).
Si la tierce opposition est formée dans une matière où le tribunal est tenu de se
prononcer dans un délai déterminé à peine de dessaisissement, elle doit, le cas
échéant, être renvoyée au Conseil d’Etat (CE. 11 mai 1990, Mme François, n° 68760).
10.4.1 VISAS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en tierce opposition – Visas des requêtes et
mémoires complémentaires.
Vu la procédure suivante :
469
Par une requête en tierce opposition, enregistrée le…, X...
demande au tribunal administratif :
10.4.2 MOTIFS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en tierce opposition – Motifs – Irrecevabilité –
Absence de préjudice à un droit – Condition appréciée à
l’aune du seul dispositif.
470
que @TA__AR_T_NOMFREQABREGE était partie à l’instance ayant
abouti à ce jugement (ou : à cette ordonnance) et a présenté ses
observations ainsi qu’il résulte des visas du jugement attaqué (ou : de
l’ordonnance attaquée). Par suite, il n’est pas recevable à former tierce
opposition au jugement (ou : à l’ordonnance) du tribunal administratif
du …
Ou :
Ou :
Sur la requête de Y… :
471
[motifs par lesquels le tribunal rejuge l’affaire]
Ou :
Sur la requête de Y… :
472
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en tierce opposition – Motifs – Admission au
fond – Rejugement du litige.
10.4.3 DISPOSITIF
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en tierce opposition – Dispositif – Rejet.
Article 2 : [Notification]
Article 4 : [Notification]
473
10.5 RECTIFICATION D’ERREUR MATERIELLE
● Questions spécifiques à certains types de recours – Rectification
d’erreur matérielle – Principes.
Une partie peut également signaler au président une erreur ou une omission et
lui demander de faire usage de ses pouvoirs dans le délai qui lui est imparti. Cette
saisine ne constitue pas une requête (CE, Section, 26 juillet 1996, Parrel, n° 146448).
Le silence du président permet à la partie de faire usage des voies de recours
ordinaires contre la décision du tribunal administratif.
474
en cassation ouvert contre la décision dont la correction est demandée, sauf le cas où
le président use de son pouvoir de rectification.
10.5.1 VISAS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en rectification d’erreur matérielle – Visas des
requêtes et mémoires complémentaires.
Vu la procédure suivante :
10.5.2 MOTIFS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en rectification d’erreur matérielle – Motifs.
475
10.5.3 DISPOSITIF
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en rectification d’erreur matérielle – Dispositif.
Ou :
Un tel recours ne peut en revanche avoir pour objet d'obtenir la correction d'une
erreur contenue dans la décision juridictionnelle en cause. La correction d'une telle
erreur ne peut être obtenue, selon le cas, que par la formation, dans le délai prévu par
les dispositions applicables, d'un appel, d'un pourvoi en cassation ou, le cas échéant,
d'un recours en rectification d'erreur matérielle (CE, 27 juillet 2016, M. Duc, n° 388098).
Il peut être présenté sans condition de délai. Le ministère d’avocat est obligatoire
dès lors qu’il l’était dans le cadre du recours ayant donné lieu à la décision sujette à
interprétation. Le requérant ne peut soulever que des questions déjà soumises au juge
au cours de l’instance ayant abouti à la décision à interpréter.
476
l'occasion d'un recours sur renvoi de l'autorité judiciaire, des questions autres que
celles qui ont été renvoyées par cette autorité. Le juge administratif, lorsqu'il est saisi
d'un recours en interprétation d'un de ses précédents jugements sur renvoi de l'autorité
judiciaire, est tenu de donner l'interprétation qui lui est demandée sans qu'y fasse
obstacle la circonstance que le précédent jugement serait dénué d'ambiguïté. En
revanche, il ne peut, sous couleur d'interprétation, remettre en question un point
définitivement tranché par le précédent jugement (CE, 11 octobre 2017, Me Raymond,
agissant en qualité de liquidateur judiciaire de la SARL Lezeau, n° 397604).
Dans les deux cas, les juges qui ont pris part à une décision faisant l’objet d’un
recours en interprétation peuvent participer au jugement de ce recours (CE, 10 janvier
2007, Association des victimes du Crédit mutuel, n° 298146).
10.6.1 VISAS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en interprétation d’une décision juridictionnelle
– Visas des requêtes et mémoires complémentaires.
Vu la procédure suivante :
10.6.2 MOTIFS
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en interprétation d’une décision juridictionnelle
– Motifs – Recevabilité – Absence.
477
Dans son jugement (ou : son ordonnance) du …, le tribunal
administratif a [description des motifs et, le cas échéant du dispositif]. Il
résulte de ces motifs (ou du rapprochement de ces motifs et du
dispositif) que le tribunal, qui ne s’est pas prononcé sur …, a entendu
juger que … Le jugement (ou : l’ordonnance) doit être interprété(e) en
ce sens.
10.6.3 DISPOSITIF
Questions spécifiques à certains types de recours –
Recours en interprétation d’une décision juridictionnelle
– Dispositif – Rejet.
Article 2 : [Notification]
Article 2 : [Notification]
10.7 TRANSACTION
10.7.1 HOMOLOGATION D’UNE TRANSACTION
Le juge administratif est compétent pour homologuer une transaction dont l’objet
est le règlement ou la prévention d’un litige relevant de sa compétence (CE,
Assemblée, avis, 6 décembre 2002, Syndicat intercommunal des établissements du
second cycle du second degré du district de l’Hay-les-Roses, n° 249153) ou du moins
ressortissant « principalement » à sa compétence (TC, 18 juin 2007, société Briançon
bus et Brunet, n° C3600).
La décision par laquelle le juge statue sur une demande d’homologation est une
décision juridictionnelle soumise aux voies de recours de droit commun (CE, avis, 4
avril 2005, société Cabinet JPR Ingénierie, n° 273517).
478
La demande n’est recevable que si elle porte sur un contrat transactionnel
effectivement conclu. Toutefois, dans certains cas, le consentement des parties à une
transaction peut être établi par tout élément, en dépit de l’absence de signature d’une
convention (CE, 10 février 2014, SA Gecina, n° 350265). Lorsque ce contrat doit être
soumis à l’approbation de l’assemblée délibérante d’une collectivité territoriale ou d’un
ou plusieurs des conseils d’un établissement public, le juge ne peut être saisi qu’après
cette approbation. Les contrats de transaction soumis au contrôle de légalité ne
peuvent faire l’objet d’une demande d’homologation avant d’avoir été transmis au
représentant de l’Etat (CE, Assemblée, avis, 6 décembre 2002, Syndicat
intercommunal des établissements du second cycle du second degré du district de
l’Hay-les-Roses, n° 249153.).
Cette solution n’est certainement plus applicable lorsque le juge est saisi pour
homologation d’un accord conclu dans le cadre d’une médiation régie par les articles
L. 213-1 et s. du CJA, le nouvel article L. 213-4 du CJA (dans sa rédaction issue de
l’art. 5 de la loi n° 2016-1547 du 18 novembre 2016) disposant désormais que :
« Saisie de conclusions en ce sens, la juridiction peut, dans tous les cas où un
processus de médiation a été engagé en application du présent chapitre homologuer et
donner force exécutoire à l’accord issu de la médiation ».
On peut également s’interroger sur le point de savoir si elle reste applicable aux
transactions conclues spontanément par les parties en dehors de tout processus de
médiation car les dispositions de l’article 2052 du code civil sur lesquelles elle était
expressément fondée, ont été modifiées et se bornent désormais à prévoir que : « la
transaction fait obstacle à l’introduction ou à la poursuite entre les parties d’une action
en justice ayant le même objet ».
479
règles d’ordre public (CE, Section, 19 mars 1971, Mergui, n° 79962). S’agissant des
accords conclus dans le cadre d’une médiation, l’article L. 213-3 du CJA dispose
expressément que « l’accord auquel parviennent les parties ne peut porter atteinte à
des droits dont elles n’ont pas la libre disposition ».
Ainsi, les principes qui régissent l’action des collectivités publiques et des
personnes chargées d’une mission de service public s’opposent à ce qu’une autorité
investie d’un pouvoir réglementaire, à laquelle il revient d’exercer cette compétence
dans l’intérêt général au regard des divers intérêts dont elle a la charge, s’engage, par
la voie d’un contrat, à faire usage, dans un sens déterminé, du pouvoir réglementaire
qui lui a été conféré. Un contrat conclu en méconnaissance de ces principes, qui sont
d’ordre public, a un objet illicite (CE, 9 juillet 2015, Football Club des Girondins de
Bordeaux et autres, nos 375542 et 375543).
Lorsque la transaction est intervenue au cours d’une instance dont le juge était
préalablement saisi, il lui appartient, après avoir homologué la transaction, de constater
le non-lieu à statuer sur la requête ou lorsque la partie requérante a subordonné son
désistement à l’homologation, de lui donner acte de son désistement. S’il refuse
l’homologation de la transaction, il lui appartient de statuer sur la requête (CE, 11 juillet
2008, société Krupp Hazemag, n° 287354 – solution implicite).
480
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE n’a pas d’autre objet que de
mettre fin, par des concessions réciproques, au litige entre les parties
[ou au litige porté par les parties devant la juridiction administrative].
Le protocole a été régulièrement signé, n’est pas constitutif d’une
libéralité de la part de @TA__AR_T_NOMFDEF et ne méconnaît
aucune autre règle d’ordre public. Ainsi, rien ne s’oppose à son
homologation.
…..]
DECIDE:
La conclusion d’une transaction, que celle-ci ait été ou non homologuée, rend
irrecevable la présentation par l’une des parties de conclusions contentieuses ayant fait
l’objet de l’accord transactionnel (CE, 11 décembre 1987, Boulacheb et Khelfa, n°
76937 ; CE, 28 janvier 1994, société Raymond Camus et compagnie, n° 49518).
En revanche, le juge peut être saisi des difficultés éventuelles d’exécution d’une
transaction, dans le cadre d’un contentieux contractuel classique (CE, 5 mai 1971, Ville
de Carpentras c/ Delhomme, n° 77007).
481
Le juge administratif peut donner acte du désistement des conclusions d’une
requête dans l’hypothèse où le défendeur produit devant lui un protocole transactionnel
comportant une clause de renonciation à toute instance et action qu’il a conclu, sur le
fondement de l’article 2044 du code civil, avec le requérant et dont la soumission au
débat contradictoire n’a suscité aucune observation de la part de ce dernier (CE, 18
novembre 2011, Ligue d’escrime du Languedoc-Roussillon, n° 343117).
Cf. Tableaux de suivi et fiches de détection sur le site intranet du Conseil d’Etat
Cf. pour une présentation détaillée : Fascicule 70-24 « Actions collectives devant
le juge administratif » du Jurisclasseur (à paraître).
Elle se fonde sur des cas individuels présentés L’action n’a pas à se fonder sur des cas
par le demandeur. individuels.
Cette action peut présenter une double finalité 2° Elle peut également tendre au bénéfice d’une
complémentaire : somme d’argent légalement due ou à la
- faire cesser le manquement à l’origine d’un décharge d’une somme d’argent illégalement
482
dommage réclamée.
- et/ou obtenir la réparation des préjudices subis
à raison de ce dommage. 3° Elle peut s’exercer dans tous les domaines
relevant de la compétence du juge administratif.
2° Spécificités selon le domaine d’application de
l’action de groupe : A noter : Elle ne peut en aucun cas tendre à la
reconnaissance d’un préjudice.
A ce jour, le législateur a ouvert la possibilité
d’introduire une action de groupe dans quatre
domaines :
483
juridiction compétente est désignée par le
président de la section du contentieux.
1° Prescription et délais de recours : cf. art. L. 1° Prescription et délais de recours : cf. art. L.
77-10-18 du CJA 77-12-2 du CJA
La prescription et les délais de recours des La prescription et les délais de recours sont
actions individuelles sont suspendus jusqu’à ce interrompus jusqu’à ce que la décision statuant
que la décision statuant sur l’action de groupe sur l’action en reconnaissance de droits soit
soit devenue irrévocable ou jusqu’à passée en force de chose jugée.
l’homologation de l’accord passé entre le
demandeur et le défendeur. Lorsque la décision est passée en force de
chose jugée, c’est la publication des décisions
A noter : le cours de la prescription reprend pour rendues sur le site internet du Conseil d’Etat qui
une durée minimum de six mois. fait courir les nouveaux délais (cf. infra point 7).
2° Droit de maintenir une requête individuelle A noter : L’introduction d’une nouvelle action en
rattachable à une action de groupe : cf. art. R. reconnaissance de droits postérieurement à cette
77-10-3 du CJA publication n’interrompt pas, de nouveau, ces
délais.
Procédure spécifique en trois étapes :
- Le requérant est informé de l’existence d’une 2° Droit de maintenir une requête individuelle
action de groupe en cours et de son droit à rattachable à une action en reconnaissance de
former une intervention. droits : cf. art. R. 77-12-3 du CJA
- Il est mis en demeure, dans un délai d’un mois
minimum, de confirmer son intention de maintenir Règles identiques
sa requête, sous peine d’un désistement d’office.
- En cas de maintien de la requête, la juridiction
saisie ou par la juridiction désignée par le
Conseil d’Etat pour en connaître doit, en principe,
surseoir à statuer jusqu’à ce que la décision
rendue sur l’action de groupe soit devenue
irrévocable.
- Règle générale : cf. art. L. 77-10-4 du CJA L’action en reconnaissance de droits peut être
introduite par les associations régulièrement
L’action de groupe « de droit commun » peut être déclarées ainsi que les syndicats
introduite par les associations agréées ainsi professionnels régulièrement constitués, à la
que les associations régulièrement déclarées condition que leur objet statutaire comporte la
depuis cinq ans au moins et dont l’objet défense de l’intérêt en cause dans le litige.
statutaire comporte la défense d’intérêts Aucune condition de durée d’existence n’est
484
auxquels il a été porté atteinte. fixée.
485
Renvoi aux règles de droit commun, sauf Idem : cf. art. R. 77-12-1 du CJA
dispositions particulières : cf. art. L. 77-10-2 et
R. 77-10-1 du CJA. 1° Liaison du contentieux : cf. art. R. 77-12-4 du
CJA
1° Liaison du contentieux :
Réclamation préalable obligatoire auprès de
- Règle générale : cf. art. L. 77-10-5 du CJA l’autorité compétente. Le silence gardé par cette
autorité pendant quatre mois vaut décision de
Mise en demeure préalable obligatoire de rejet.
l’auteur du manquement allégué avec un délai de
réponse de quatre mois. 2° Contenu de la requête : cf. art. R. 77-12-5 et
R. 77-12-6 du CJA
- Dispositions non applicables en matière de
santé (art. L. 1143-2 du code de la santé Règles identiques
publique).
6. Office du juge
486
d’être réparés pour chacune des catégories de
personnes constituant le groupe qu’il a identifiées
ainsi que la nature de la procédure mise en
œuvre (individuelle ou collective) ;
- le cas échéant, en cas de procédure collective
de liquidation des préjudices, habilite le
demandeur à négocier avec le défendeur
l’indemnisation des préjudices subis par les
membres du groupe et fixe le montant ou tous
les éléments permettant l’évaluation de ces
préjudices ainsi que les délais et les modalités de
la négociation et la réparation.
7. Spécificités procédurales
1° Formation de jugement : cf. art. R. 77-10-8 du 1° Formation de jugement : cf. art. R. 77-12-9 du
CJA CJA
3° Voies de recours : cf. art. L. 77-10-25 et R. 77- - Publication des décisions rendues, sans
10-9 du CJA attendre qu’elles soient devenues
irrévocables, avec l’indication, le cas échéant,
- Effet suspensif de l’appel formé contre une des voies de recours dont elles font l’objet.
décision reconnaissant la responsabilité du
défendeur. 3° Voies de recours : cf. art. L. 77-12-4 et R. 77-
12-10 du CJA
- Appel toujours possible, quelle que soit la
matière concernée. Règles identiques
1° En cas de succès de l’action : cf. art. L. 77-10- 1° En cas de succès de l’action : cf. art. L. 77-12-
19 à L. 77-10-21 du CJA 3 et R. 77-12-19 du CJA
487
il a déjà été statué par une décision devenue chose jugée.
irrévocable.
2° En cas d’échec de l’action : cf. art. R. 77-12-
2° En cas d’échec de l’action : cf. art. R. 77-10- 20 du CJA
12 du CJA
Règles identiques.
- Absence d’autorité de la chose jugée d’une
décision qui rejette une action de groupe.
1° Invocabilité des décisions : cf. art. L. 77-10-8 1° Procédure d’exécution individuelle devant
du CJA l’administration : cf. art. L. 77-12-3 et R. 77-12-13
du CJA
- La décision reconnaissant la responsabilité du
défendeur est invocable par les personnes - La décision reconnaissant des droits est
lésées lorsqu’elle devient irrévocable. invocable par la personne intéressée lorsqu’elle
est passée en force de chose jugée, sous
- La procédure comporte deux étapes : une réserve que sa créance ne soit pas déjà prescrite
phase d’adhésion préalable au groupe et une ou son action forclose.
phase d’indemnisation proprement dite qui diffère
selon la nature de la procédure mise en œuvre. - La personne intéressée adresse une
« demande d’exécution individuelle » auprès de
2° Procédure individuelle de réparation des l’autorité administrative compétente. Aucune
préjudices : cf. art. L. 77-10-10 à L. 77-10-12 et adhésion à un groupe n’est requise.
art. R. 77-10-16 à R. 77-10-20 du CJA
2° Saisine du « juge de l’exécution » : cf. art. L.
- La personne lésée qui souhaite adhérer au 77-12-5, R. 77-12-8 et R. 77-12-14 à R. 77-12-18
groupe adresse une demande de réparation au du CJA
demandeur à l’action ou directement à la
personne déclarée responsable, dans les délais - Si sa demande d’exécution individuelle n’est
et conditions fixés par la décision statuant sur la pas suivie d’effet, la personne intéressée peut
responsabilité et selon les modalités prescrites saisir le « juge de l’exécution » dans le délai de
par le CJA. recours contentieux habituel.
3° Procédure de liquidation collective des A noter : Le juge compétent est un juge ad hoc :
préjudices : cf. art. L. 77-10-13, L. 77-10-14 et il ne s’agit ni du juge qui a statué sur l’action
art. R. 77-10-16, R. 77-10-18 à R. 77-10-20 du initiale, ni du juge mentionné à l’article L. 911-4
488
CJA du CJA.
Il s’agit d’un contentieux répressif qui obéit, comme tel, à des principes de droit
pénal. Mais il n’a pas seulement un objet répressif dès lors qu’il vise également à
assurer la réparation des atteintes portées au domaine public. Selon les expressions
usuelles, l’action publique se double ainsi d’une action domaniale.
Les contraventions de grande voirie sont définies, pour l’essentiel, par les articles
L. 2132-2 et suivants du code général de la propriété des personnes publiques, les
règles procédurales contentieuses étant fixées par les articles L. 774-1 et suivants du
code de justice administrative, dispositions de nature législative s’agissant d’une
procédure pénale, au sens de l’article 34 de la Constitution.
489
Le contentieux des contraventions de grande voirie relève de la compétence d’un
magistrat statuant seul (article L. 774-1 CJA) mais n’est pas dispensé du prononcé de
conclusions par un rapporteur public.
490
- Pour le domaine public ferroviaire, il s’agit, concurremment avec le préfet, de
la société SNCF Réseau et de sa filiale mentionnée au 5° de l’article L. 2111-
9 du code des transports, c’est-à-dire la société SNCF Gares & Connexions
(article L. 2232-1 du code des transports).
- Pour le domaine public inclus dans le périmètre d’un parc national, il s’agit
du directeur de l’établissement public que constitue le parc (article L. 331-19-
1 du code de l’environnement).
- Pour le domaine public inclus dans le périmètre d’un parc naturel marin, il
s’agit du directeur de l’Office français de la biodiversité et, sur délégation, de
ses représentants auprès des conseils de gestion (article L. 334-7 du code
de l’environnement).
10.9.1.2 INSTRUCTION
491
L. 774-2 du CJA). Cette notification constitue une formalité substantielle (CE, 21 février
1979, Blanchard, n° 04762).
Dans le cas où le procès-verbal a été notifié par le préfet mais que la réparation
du domaine n’est pas prise en charge par l’Etat, il est, le cas échéant, possible de
mettre également en cause la personne qui pourrait bénéficier du versement de
l’indemnité assurant cette réparation.
Les mesures d’instruction de droit commun (expertise, visite sur les lieux …)
peuvent, si c’est nécessaire, être mises en œuvre en matière de contravention de
grande voirie (pour une expertise : CE, 15 mars 1968, Société Intrafor, n° 71588 ou
CE, 7 janvier 1983, Société des Sablières d’Ancenis, n° 30441 et 35700 ; pour une
visite sur les lieux : CE, 29 mai 1974, Muscinesi, n° 86598 et autres).
10.9.1.3 AUDIENCE
492
Il faut impérativement veiller à tenir l’audience dans le délai d’un an à compter du
dernier acte d’instruction du dossier.
La notification du jugement aux parties est faite par l’autorité de poursuite (article
L. 774-6 du CJA). C’est à elle seule, par conséquent, que sera adressée l’expédition du
jugement.
10.9.2 VISAS
Vu :
- les autres pièces du dossier ;
493
- le procès-verbal de contravention de grande voirie du *** ;
- le certificat constatant la notification du procès-verbal,
comportant invitation à produire une défense écrite ;
- l’état des frais avancés pour la remise en état des installations
du domaine public [s’il y a lieu ] ;
Vu :
- le code général de la propriété des personnes publiques ;
- le code de procédure pénale ;
- le code de justice administrative ;
2°) ordonne la remise en état des lieux, [le cas échéant : sous
astreinte de *** par jour de retard].
10.9.3 MOTIFS
10.9.3.1 ACTION PUBLIQUE
10.9.3.1.1 Non lieu
494
propriété des personnes publiques font obstacle, tant que se poursuit l'occupation sans
titre de la dépendance du domaine public, à la prescription de l'action publique et
permettent de prononcer une peine d'amende pour chaque jour où l'infraction est
constatée).
495
● Questions spécifiques à certains types de recours – contravention
de grande voirie – motifs – action publique – moyens de défense,
pouvoirs et office du juge
Il appartient aux juges du fond de rechercher, au besoin d'office, si, à la date des
faits relevés à l'encontre de l'auteur d'atteintes portées au domaine public, ces atteintes
étaient réprimées par une contravention de grande voirie. Ils doivent dans ce cas,
avant de statuer au titre de l'action publique, également vérifier qu'à la date à laquelle
ils statuent, l'atteinte portée au domaine public constitue toujours une telle
contravention (CE, 7 décembre 2015, Société CMA CGM, n° 362766).
L’exception d’illégalité est admise selon les règles du droit commun, notamment
pour contester la légalité de la décision refusant de renouveler ou refusant
l’autorisation d’occupation du domaine public (CE, Section, 26 juillet 1982, Boissier,
n° 28307).
Dès lors que l’infraction est constituée et qu’aucune cause exonératoire n’a été
admise, le juge est tenu de prononcer une amende, sans pouvoir en dispenser l’auteur
de la contravention (CE, 9 février 1979, Secrétaire d'Etat aux Postes et
Télécommunications c/ Entreprise Pagès, n° 10626), mais il est libre d’en fixer le
montant dans les limites prévues par la loi, en fonction des circonstances de l’affaire,
sans être tenu par les conclusions de l’administration. Alors même que les textes ne
prévoient pas de modulation des amendes, le juge, qui est le seul à les prononcer, peut
moduler leur montant dans la limite du plafond que constitue le montant de l’amende
496
prévu par ces textes et du plancher que constitue le montant de la sanction
directement inférieure, pour tenir compte de la gravité de la faute commise, laquelle est
appréciée au regard de la nature du manquement et de ses conséquences (CE, 25
octobre 2017, M. Margollé, n° 392578).
***. Dans ces conditions, *** a commis une faute qui, dans les
circonstances de l’espèce, doit être assimilée à un cas de force majeure
de nature à justifier la relaxe de *** des fins de la poursuite.
497
● Questions spécifiques à certains types de recours – contravention
de grande voirie – motifs – action domaniale - généralités
L’action domaniale ne perd pas son objet du fait de la prescription (CE, 22 avril
1988, SA Entreprise Dodin, n° 59512), de l’amnistie (CE, 19 avril 1972, Epoux Vacher,
n° 82859) ou de l’extinction de l’action publique pour cause de décès de la personne
poursuivie (CE, 24 février 1989, Secrétaire d’Etat à la mer c/ Alix, n° 92525).
La circonstance que l’atteinte portée au domaine public ne soit plus réprimée par
une contravention de grande voirie à la date à laquelle les juges du fond statuent ne
fait pas obstacle à ce qu’ils statuent sur la contravention dont ils ont été saisis au titre
de l’action tendant à la réparation des dommages portés au domaine public (CE, 7
décembre 2015, Société CMA CGM, n° 362766).
- la remise en état des lieux si elle n’a pas encore été effectuée (démolition
d’ouvrages plantés sur le domaine public, enlèvement de matériaux...) ;
Le juge peut ne pas évaluer d’office le montant des frais de remise en état, si
ceux-ci n’ont pas été encore liquidés à la date du jugement, le contrevenant conservant
la faculté, si les dépenses exposées par l’administration et réclamées par elle lui
paraissent excessives, d’en discuter ultérieurement la liquidation devant le tribunal
administratif (CE, 7 janvier 1976, Yannakakis et société John Latsis Tankers Spécial
Anonymous Maritime Company, n° 90827 et s.).
La condamnation est prononcée toutes taxes comprises lorsque la TVA grève les
travaux de réparation et que l’autorité administrative qui supporte ces travaux ne peut,
à l’instar de l’Etat, déduire le montant de la TVA (CE, 18 juin 1997, Ministre de
l’équipement c/ Galano, n° 156875).
498
Dans le cas où le préfet ne précise pas la personne à qui doit être versée
l’indemnité assurant la réparation, il y a lieu de s’assurer d’office que c’est bien l’Etat
(et non une autre personne) qui supporte les frais de réparation.
499
● Questions spécifiques à certains types de recours – contravention
de grande voirie – motifs – condamnation sous astreinte
Dès qu'il est saisi par le préfet d'un procès-verbal constatant une occupation
irrégulière du domaine public, et alors même que la transmission n'est ni assortie, ni
suivie de la présentation de conclusions tendant à faire cesser l'occupation irrégulière
et à remettre le domaine public en l'état, le juge de la contravention de grande voirie
est tenu d'y faire droit sous la seule réserve que des intérêts généraux, tenant
notamment aux nécessités de l'ordre public, n'y fassent obstacle. Il en résulte que
lorsque l'atteinte au domaine public procède de l'édification d'un ouvrage public, c'est
au seul préfet qu'il appartient d'apprécier si une régularisation de la situation de
l'ouvrage public demeure possible et si sa démolition entraînerait, au regard de la
balance des intérêts en présence, une atteinte excessive à l'intérêt général, soit avant
d'engager la procédure de contravention de grande voirie en transmettant au juge le
procès-verbal, soit après l'engagement de la procédure dont il peut se désister (CE, 23
décembre 2010, Ministre d'Etat, ministre de l'écologie, du développement et de
l'aménagement durables, n° 306544).
Le régime de ces astreintes n’est pas fixé par les articles du livre IX du code de
justice administrative. Aussi, les dispositions de l’article L. 911-8 du code de justice
administrative qui permettent de verser une part de l’astreinte non au profit du
requérant mais au profit du budget de l’Etat ne sont pas applicables (CE, 5 février
2014, Voies navigables de France, n° 364561).
500
● Questions spécifiques à certains types de recours – contravention
de grande voirie – motifs – conclusions accessoires – frais de
procès-verbal
Des frais frais non compris dans les dépens peuvent également être mis à la
charge de la partie qui succombe à l’instance, et en particulier du contrevenant (CE,
avis, 28 septembre 1994, Préfet de l’Aube c/ SARL Gueritte, n° 158563 : avis émis sur
la question du remboursement du droit de timbre que l’autorité de poursuite devait
acquitter).
10.9.4 DISPOSITIF
Article 1er : *** est condamné à payer une amende de *** euros.
501
Questions spécifiques à certains types de recours –
contravention de grande voirie – dispositif – relaxe
502
10.10.1 QUESTIONS PREALABLES
Ainsi, il n’y a plus lieu de statuer sur les conclusions tendant à l’annulation d’une
décision ayant rejeté une demande d’autorisation d’urbanisme lorsque,
postérieurement à la saisine de la juridiction, l’autorité administrative a délivré
l’autorisation sollicitée, à moins que cette autorisation présente un caractère provisoire
pour avoir été délivrée en exécution d’une décision du juge des référés.
Mais cette solution est vraisemblablement remise en cause par le second alinéa
de l’article L. 424-5 du code de l’urbanisme, issu de la loi « ELAN » du 23 novembre
2018, selon lesquelles « La délivrance antérieure d'une autorisation d'urbanisme sur un
terrain donné ne fait pas obstacle au dépôt par le même bénéficiaire de ladite
autorisation d'une nouvelle demande d'autorisation visant le même terrain. Le dépôt de
cette nouvelle demande d'autorisation ne nécessite pas d'obtenir le retrait de
l'autorisation précédemment délivrée et n'emporte pas retrait implicite de cette
dernière ». Désormais, seul le retrait explicite, devenu définitif, d’une autorisation
d’urbanisme semble être de nature à entraîner le non-lieu à statuer sur les conclusions
dirigées contre elle.
10.10.1.2.1 Principes
503
L’article R. 600-1 du code de l’urbanisme oblige, à peine d’irrecevabilité, les
personnes (y compris les préfets) qui intentent une action devant une juridiction
administrative, contre les décisions qu’il énumère, à avertir de ce recours l’auteur de la
décision attaquée et son bénéficiaire, dans un délai de 15 jours francs. Cette obligation
vaut également pour les recours administratifs (voir infra).
C’est normalement une copie du texte intégral du recours qui doit être notifiée et
non une simple lettre d’information (CE, avis, Section, 1er mars 1996, Association
Soisy Etiolles, n° 175126, AJDA 1996, p. 566) ni un courrier électronique non
accompagné d’une copie du recours (CE, 3 mars 2008, Mme Laporte et autres,
n° 278168). Mais a été regardée comme satisfaisant à cette exigence une lettre
reprenant intégralement l’exposé des faits et moyens ainsi que les conclusions de la
demande signée par l’auteur de la requête et introduite le même jour devant le tribunal
(CE, 2 juillet 2008, Association Collectif Cité Benoit, n° 307696).
Selon un autre avis du 6 mai 1996 (CE, avis, Section, 6 mai 1996, M. Andersen,
n° 178473, AJDA 1996, p. 568) il appartient au juge, au besoin d’office, de rejeter le
déféré ou le recours comme irrecevable lorsque son auteur, après y avoir été invité par
lui, n’a pas justifié de l’accomplissement des formalités requises par l’article R. 600-1. Il
peut y être procédé par voie d’ordonnance prise sur le fondement de l’article R. 222-1
4° du CJA (CE, 13 juillet 2011, Mme Cassan, n°314093). Si cependant le requérant
répond par courrier à une telle invitation mais en ne produisant pas les justificatifs
annoncés, l’irrecevabilité ne peut être opposée qu’après une nouvelle invitation à
régulariser (CE, 26 mai 2009, Mme Kyung A Min épouse Loiseau, n° 316252). La
régularisation doit cependant avoir lieu avant la clôture de l’instruction (CE, 19
décembre 2008, Montmeza et Mme Lançon, n° 297716). Elle ne pourra jamais
intervenir en cause d’appel (CE, 27 octobre 2008, Association Ploemeur vie et nature,
n° 301600).
504
Le défaut de notification du recours peut être pallié par un désistement et
l’introduction d’un nouveau recours régulièrement notifié, pourvu que ce second
recours ait été intenté dans le délai de recours contentieux (CE, 17 mars 2017,
Association Novissen, n°397107).
505
Elle ne s’impose pas non plus, depuis l’entrée en vigueur le 13 avril 2019 du
décret n°2019-303 du 10 avril 2019 pris pour l’application de l’article L. 600-5-2 du
code de l’urbanisme, à la contestation d'un permis modificatif, d'une décision
modificative ou d’une mesure de régularisation dans les conditions prévues par cet
article (cf ci-dessous « La régularisation des autorisations d’urbanisme »).
506
antérieure au décret n° 2007-18 du 5 janvier 2007. Ces dispositions ne sont
applicables qu'aux auteurs de recours dirigés contre des décisions valant autorisation
d'occupation ou d'utilisation du sol (CE, 25 septembre 2013, Maunoury, n° 351903).
L’obligation de notification ne s’applique qu’aux recours qui sont susceptibles de
remettre en cause une autorisation d’urbanisme, et non aux recours dirigés contre des
décisions de refus ou plus largement des décisions « négatives ».
Ainsi, sont visés par l’obligation de notification les recours concernant les actes
suivants :
507
d) La décision d’exercice du droit de préemption (CE, 30 décembre 2003,
Commune de Saint-Gratien, n° 249402).
f) Les certificats d’urbanisme négatifs (CE, Avis, 1er avril 2010, Mme Roques et
M. Hirigoyen, n° 334113).
508
l’avoir préalablement informé, dans les conditions prévues à l’article R. 411-5 du CJA,
qu’il est regardé par la juridiction comme le représentant unique des requérants (CE, 9
octobre 2002, M. et Mme Alesandrini, n° 234417).
509
Contentieux de l’urbanisme – Questions préalables -
L’obligation de notification des recours en matière
d’urbanisme – Demande d’aide juridictionnelle – Motifs.
510
De même, l'absence de mention dans l'affichage de l'obligation de notification du
recours a pour seul effet de rendre inopposable l'irrecevabilité prévue à l'article R. 600-
1 du code de l'urbanisme, mais n'empêche pas le déclenchement du délai de recours
contentieux mentionné à l'article R. 600-2 du même code, pourvu qu’il ait lui-même été
mentionné sur le panneau d’affichage (CE, 19 novembre 2008, Société Sahelac et
Mme Juventin, n° 317279).
D’autre part, quelles que soient les conditions dans lesquelles l’autorisation a été
portée à la connaissance des tiers, le recours dirigé contre elle n’est plus recevable au-
delà d’un délai de six mois courant à compter de l’achèvement de la construction.
511
La jurisprudence a précisé les modalités d’administration et de contestation de la
preuve de l’achèvement des travaux pour l’application de l’article R. 600-3 (CE, 6
décembre 2013, Mme Gouaty, n° 358843).
- les délais qui n’ont pas expiré avant le 12 mars 2020 sont, à cette date,
suspendus, et recommencent à courir à compter du 24 mai 2020 pour la
durée restant à courir le 12 mars 2020, sans que cette durée puisse être
inférieure à sept jours ;
512
excéder, à compter de la fin de cette période, le délai légalement imparti pour agir,
dans la limite de deux mois ».
L’article L. 600-1-2, modifié, à compter du 1er janvier 2019, par la loi n° 2018-
1021 du 23 novembre 2018 portant évolution du logement, de l'aménagement et du
numérique (ELAN) dispose : « Une personne autre que l’Etat, les collectivités
territoriales ou leurs groupements ou une association n’est recevable à former un
recours pour excès de pouvoir contre une décision relative à l'occupation ou à
l'utilisation du sol régie par le présent code que si la construction, l’aménagement ou le
projet autorisé sont de nature à affecter directement les conditions d’occupation,
d’utilisation ou de jouissance du bien qu’elle détient ou occupe régulièrement ou pour
lequel elle bénéficie d’une promesse de vente, de bail, ou d’un contrat préliminaire
mentionné à l’article L. 261-15 du code de la construction et de l’habitation. / Le
présent article n'est pas applicable aux décisions contestées par le pétitionnaire ».
Ces dispositions, contre lesquelles une QPC avait été formée et rejetée par le
Conseil d’Etat (CE, 27 juin 2014, Society of architects and developers, n° 380645),
sont applicables aux seuls recours formés contre les décisions intervenues après leur
entrée en vigueur (CE, 18 juin 2014, SCI Monou et autres, n° 376113).
La définition de l’intérêt pour agir se rapproche de ce qui avait été jugé jusque-là
en urbanisme pour les entreprises commerciales dont l’intérêt à agir avait été admis
lorsque les caractéristiques particulières de la construction envisagée étaient de nature
à affecter par elles-mêmes les conditions d’exploitation de cet établissement (CE,
Sect., 13 mars 1987, Société albigeoise de spectacles, n° 55525 ; CE, 22 février 2002,
Société Quick SA, n° 216088).
513
Il appartient au défendeur, s’il entend contester l’intérêt à agir du requérant,
d’apporter tous éléments de nature à établir quelles atteintes alléguées sont
dépourvues de réalité.
Après une application stricte de ces principes aux voisins immédiats d’une
construction (CE, 10 février 2016, M. et Mme Peyret et autres, n° 387507), le Conseil
d’Etat a évolué vers un contrôle spécifique de leur intérêt à agir. En effet, le voisin
immédiat se trouve dans une situation particulière et justifie, en principe d’un intérêt à
agir lorsqu’il fait état devant le juge d’éléments relatifs à la nature, à l’importance ou à
la localisation du projet de construction (CE, 13 avril 2016, Bartolomei, n° 389798). S’il
n’existe plus de présomption jurisprudentielle d’intérêt pour agir du voisin immédiat, la
preuve que ce dernier doit rapporter de son intérêt à agir est donc moins exigeante.
A noter que le Conseil d’Etat a jugé, revenant sur une ancienne jurisprudence,
que le titulaire d’une autorisation d’urbanisme est toujours recevable à demander
l’annulation d’une ou de plusieurs prescriptions dont celle-ci est assortie (CE, Sect., 13
mars 2015, Mme Ciaudo, n° 358677). Il peut utilement soulever à l’appui de telles
conclusions tout moyen relatif au bien-fondé des prescriptions qu’il critique ou au
respect des exigences procédurales propres à leur édiction. Toutefois, le juge ne peut
annuler ces prescriptions, lorsqu’elles sont illégales, que s’il résulte de l’instruction
qu’une telle annulation n’est pas susceptible de remettre en cause la légalité de
l’autorisation d’urbanisme et qu’ainsi ces prescriptions ne forment pas avec elle un
ensemble indivisible (même décision).
514
requérant qui saisit le juge administratif d’un recours pour excès de
pouvoir tendant à l’annulation d’un permis de construire, de démolir ou
d’aménager, de préciser l’atteinte qu’il invoque pour justifier d’un
intérêt lui donnant qualité pour agir, en faisant état de tous éléments
suffisamment précis et étayés de nature à établir que cette atteinte est
susceptible d’affecter directement les conditions d’occupation,
d’utilisation ou de jouissance de son bien. Il appartient au défendeur,
s’il entend contester l’intérêt à agir du requérant, d’apporter tous
éléments de nature à établir que les atteintes alléguées sont dépourvues
de réalité. Le juge de l’excès de pouvoir apprécie la recevabilité de la
requête au vu des éléments ainsi versés au dossier par les parties, en
écartant le cas échéant les allégations qu’il jugerait insuffisamment
étayées mais sans pour autant exiger de l’auteur du recours qu’il
apporte la preuve du caractère certain des atteintes qu’il invoque au
soutien de la recevabilité de celui-ci.
515
Bourganiauds, n° 313386), il était seulement exigé que le dépôt des statuts soit
intervenu antérieurement à l’affichage de la demande de la pétitionnaire. Le Conseil
constitutionnel a admis la conformité à la Constitution de la version initiale de cet article
(Décision n° 2011-138 QPC du 17 juin 2011).
516
Il ressort des pièces versées au dossier et notamment de l’article
*** de ses statuts que @TA__AR_T_NOMFREQABREGE a pour seul
objet « l’établissement, la gestion et l’entretien de tous travaux destinés
à permettre ou à faciliter l’usage collectif des parties du lotissement
placées sous le régime de l’indivision forcée, la répartition des dépenses
entre les membres du syndicat, le recouvrement et le paiement de ces
dépenses». L’exécution du permis de construire accordé à *** n’est pas
de nature à affecter l’usage collectif des parties communes de celui-ci,
mais seulement des droits individuels de certains propriétaires. Ainsi,
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE est sans intérêt et partant sans
qualité pour demander l’annulation de ce permis.
CE, 4 décembre 1981, Association syndicale libre du lotissement « Le
Club et autres », n° 23758 et 30737
Les associations doivent, pour leur part, et sous la même peine d’irrecevabilité,
accompagner les requêtes de leurs statuts, ainsi que du récépissé attestant de sa
déclaration en préfecture.
Ces dispositions ne peuvent être opposées sans que l’auteur de la requête soit
invité à la régulariser en produisant les pièces requises (CE, 3 juillet 2020, Conseil
national des Barreaux et Syndicat des avocats de France, n° 424293).
- Le contrôle exercé sur la légalité des autorisations d’urbanisme par rapport aux
dispositions permissives du règlement national d’urbanisme (RNU - "le projet peut être
refusé…", "le permis peut imposer…") est dit "asymétrique", c’est-à-dire qu’il diffère
selon que l’autorisation a été ou non délivrée.
517
Lorsqu’elle a été délivrée, le juge se borne à contrôler l’erreur manifeste
d’appréciation commise par l’administration (CE, Ass., 29 mars 1968, Société du
lotissement de la plage de Pampelonne, n°59004 ; CE, 1er mars 2013, M. et Mme
Fritot, n° 350306).
518
Dans le contentieux de l’urbanisme, le juge ne peut, en application des
dispositions de l’article L. 600-4-1 du code de l’urbanisme, avoir recours à la technique
dite de « l’économie des moyens » qui prévaut en contentieux général et qui permet
(sous réserve de la jurisprudence issue de la décision CE, 21 décembre 2018, Société
Eden, n°409678 : voir « Examen des moyens ») de se prononcer sur le seul moyen qui
suffit à justifier la solution qu’il adopte alors même que seraient soulevés à l’appui du
recours d’autres moyens fondés d’annulation. Il doit donc se prononcer sur l’ensemble
des moyens qui lui semblent de nature à entraîner l’annulation ou la suspension de la
décision attaquée et faire, de préférence explicitement, apparaître qu’il a écarté les
autres moyens estimés non fondés, en recourant à une formulation selon laquelle
« pour l’application de l’article L. 600-4-1 du code de l’urbanisme, aucun des autres
moyens invoqués n’est susceptible, en l’état du dossier, de fonder » l’annulation ou la
suspension.
Le juge qui annule un acte intervenu en matière d’urbanisme ne doit donc pas
utiliser la formule « sans qu’il soit besoin d’examiner les autres moyens de la requête »
qui est propre à l’économie de moyens : s’il le fait, il « laisse entendre que d’autres
moyens invoqués auraient éventuellement pu conduire à l’annulation de la décision
attaquée » et entache ainsi son jugement d’irrégularité (CE, 16 juin 2004, Société
Laboratoire de biologie végétale Yves Rocher, nos 254172, 264448). En revanche, si,
ayant retenu un motif d’annulation ou de suspension, il s’abstient de mentionner
expressément dans les motifs de son jugement les moyens autres que celui qu’il a
retenu, il est regardé comme les ayant implicitement écartés et n’entache pas son
jugement d’irrégularité (CE, Sect., 8 avril 2009, Commune de Banon, n° 307515).
En cas d’annulation partielle, après s’être prononcé sur les moyens qui lui
semblent être de nature à la justifier, le juge doit en outre écarter chacun des moyens
d’annulation totale et ceux qui auraient pu conduire à une autre annulation partielle (ce
qui peut se trouver en matière de PLU par exemple).
[motif d’annulation].
519
Référé-suspension – Moyen propre à créer un doute
sérieux
520
L’application de ces dispositions législatives n’a pas été remise en cause par
l’intervention de la décision CE, 18 mai 2018, Fédération des finances et affaires
économiques de la CFDT, n° 414583, qui juge que d’une manière générale, mais sous
réserve de dispositions contraires, l’exception d’illégalité d’un acte réglementaire
fondée sur un vice de forme ou de procédure devient inopérante après l’expiration du
délai de recours contentieux ouvert contre ce dernier (voir en ce sens l’analyse de la
décision CE, 18 février 2019, Commune de l’Houmeau, n° 414233).
A tout moment cependant, une nouvelle date de cristallisation des moyens peut
être fixée, lorsque le jugement de l'affaire le justifie.
Cet article R. 600-5 n'est pas applicable aux décisions contestées par le
pétitionnaire, ni aux recours dirigés contre des actes réglementaires.
521
procédure, par les dispositions de l’article L. 600-1 du code de l’urbanisme (cf. ci-
dessus « Contentieux de l’urbanisme – La recevabilité des moyens »).
D’une part, le moyen tiré de l’illégalité d’un document d’urbanisme à l’appui d’une
autorisation individuelle n’est opérant que s’il est accompagné d’une critique de
l’autorisation à l’aune du document remis en vigueur, en application de l’article L. 600-
12 (auparavant L. 121-8), à la suite de la reconnaissance de l’illégalité du document en
cause (CE, Sect., 7 février 2008, Commune de Courbevoie, n°297227 et autres ; voir
également CE, 16 décembre 2016, Société Ligérienne Granulats SA, n° 391452,
s’agissant du recours dirigé contre une autorisation d’exploitation d’une installation
classée). A noter que cette règle ne vaut que pour les recours dirigés contre les
autorisations, et non contre les refus. En effet, le pétitionnaire dont la demande a été
rejetée peut quant à lui se borner à une critique du document d’urbanisme sur le
fondement duquel l’autorisation individuelle a été refusée (CE, 30 décembre 2009,
Commune du Cannet des Maures, n° 319942).
522
Lorsqu’il est constaté que des travaux nécessitent la délivrance d’un permis de
construire mais n’ont fait l’objet que d’une simple déclaration, le maire est tenu de
s’opposer aux travaux déclarés et d’inviter le pétitionnaire à présenter une demande de
permis de construire. Dans ce cas, sont inopérants les moyens soulevés à l’appui d’un
recours dirigé contre l’arrêté d’opposition à travaux (CE, 9 juillet 2014, Commune de
Chelles, n° 373295).
De même, lorsqu’une demande porte sur des travaux qui concernent un bâtiment
ayant été édifié sans l'autorisation prévue par les dispositions du code de l'urbanisme,
cette demande doit porter sur l’ensemble du bâtiment. Le maire a donc compétence
liée pour s’opposer à une déclaration de travaux concernant ces seuls travaux (CE, 27
juillet 2012, Mme Da Silva Soares, n°316155).
Les moyens dirigés contre les vices du permis initial régularisés par le permis
modificatif ou la mesure de régularisation sont inopérants dès lors que le juge confirme
la légalité du permis modificatif ou de la mesure de régularisation, que cet acte soit
intervenu avant l’instance (CE, 8 décembre 1995, Association de défense des riverains
de Central Park, n° 122319) ou en cours d’instance (CE, 2 février 2004, SCI Fontaine
de Villiers, n° 238315). Pour un développement, cf. « la régularisation des autorisations
d’urbanisme ».
f) Adaptations mineures
Les autorisations d’urbanisme ont pour seul objet d'assurer la conformité des
travaux qu'elles autorisent avec la réglementation d'urbanisme. Sauf texte spécial, est
donc inopérante l’invocation d’une législation distincte, telle que les dispositions du
code de commerce relatives à l’aménagement commercial (CE, 7 mars 2018, Mme
Bloch, n°404079), celles du code de l’environnement relatives aux installations
classées (CE, 20 mars 2000, Société Carrefour France, n° 191418), les règles de
construction figurant dans le code de la construction et de l’habitation, à l’exception de
celles relatives aux établissements recevant du public (article L. 425-3 du code de
l’urbanisme ; CE, 9 juillet 2018, Audemard, n° 411206) et aux immeubles de grande
hauteur (voir l’article L. 425-2 du code de l’urbanisme), les normes de construction
homologuées par l’AFNOR (CE, 16 juin 2003, Cristiani et Marcelli, n° 232694) ou la
législation sur le remembrement rural (CE, 24 novembre 1978, Epoux Rive, n° 05723).
523
10.10.4 LA REGULARISATION DES AUTORISATIONS
D’URBANISME
Rien ne fait obstacle à ce qu’un nouvel acte soit pris par l’autorité administrative
compétente de sa propre initiative, sans qu’elle soit saisie d’une demande en ce sens
de la part du bénéficiaire de l’autorisation, du moins lorsque la régularisation est
possible sans modifier les caractéristiques du projet (en particulier pour régulariser un
vice de forme ou de procédure).
524
Dans une telle hypothèse, le juge se prononce en réalité sur la légalité du permis
final, tel que modifié, et non successivement sur les deux versions de la même
autorisation. Cette solution vaut également dans le cas où la modification intervient en
cours d’instance (CE, 9 décembre 1994, SARL Séri, n° 116447 ; CE, 2 février 2004,
SCI Fontaine de Villiers, n° 238315).
Ces solutions valent aussi bien pour une mesure de régularisation prise par
l’autorité administrative compétente de sa propre initiative, sans avoir été saisie d’une
demande en ce sens par le pétitionnaire.
525
déclaration préalable initialement obtenue et que ce permis modificatif, cette décision
modificative ou cette mesure de régularisation ont été communiqués aux parties à cette
instance, la légalité de cet acte ne peut être contestée par les parties que dans le cadre
de cette même instance ».
526
CE, 2 février 2004, SCI Fontaine de Villiers, n° 238315 dont la formule de principe a été
précisée par CE, 24 avril 2019, Mme Brunel et autres, n° 417175
A) Champ d’application
Il n’appartient pas, eu égard à son office, au juge des référés, qui statue en
urgence, de faire usage des pouvoirs conférés au juge du fond par l’article L. 600-5-1
et de surseoir à statuer pour permettre la régularisation de l’autorisation contestée (CE
22 mai 2015, SCI Paolina, n°385183).
De même, la portée des modifications du projet qui sont admises pour parvenir à
la régularisation de l’autorisation est très large. Le Conseil d’Etat juge ainsi qu’un vice
entachant le bien-fondé de l'autorisation d'urbanisme est susceptible d'être régularisé
527
en application de l'article L. 600-5-1 du code de l'urbanisme, même si cette
régularisation implique de revoir l'économie générale du projet en cause, dès lors que,
premièrement, les règles d'urbanisme en vigueur à la date à laquelle le juge statue
permettent une mesure de régularisation et, deuxièmement, celle-ci n'implique pas
d'apporter à ce projet un bouleversement tel qu'il en changerait la nature même (CE, 2
octobre 2020, Barrieu, n° 438318).
B) Mise en œuvre
Si le juge envisage de surseoir à statuer dans ce cadre, il doit inviter les parties à
présenter leurs observations sur ce point. A noter que la question de savoir si cette
invitation est requise lorsqu’une partie a expressément demandé au juge de recourir au
mécanisme de l’article L. 600-5-1 dans un mémoire en défense qui a été communiqué
au requérant n’est pas encore réglée en jurisprudence.
528
observations sur la régularisation dont l’autorité administrative ou le pétitionnaire se
prévaut (même arrêt).
Si le sursis est accordé, il convient de veiller à ce que le délai fixé par le juge soit
compatible avec les règles qui régissent la délivrance du permis de construire
modificatif. Il faudra tenir compte des exigences procédurales (consultations
notamment) imposées par ces règles.
Si le juge refuse de faire droit à une demande de sursis à statuer présentée par
l’autorité administrative ou par le pétitionnaire, sa décision doit être motivée sur ce
point, selon l’article L. 600-5-1 dans sa version issue de la loi du 23 novembre 2018.
2°) Postérieurement au sursis, les parties doivent être mises à même, le cas
échéant, de présenter leurs observations sur la mesure de régularisation intervenue.
Lorsque le recours dirigé contre une autorisation d’urbanisme est rejeté après
recours à la procédure de régularisation prévue par l’article L. 600-5-1, les requérants
doivent néanmoins être regardés comme la partie qui perd pour l’essentiel, pour
l’application de l’article L. 761-1 du code de justice administrative (CE, 19 juin 2017,
Syndicat des copropriétaires de la résidence Butte Stendhal et autres, n° 394677).
529
décisions individuelles ») de sursis à statuer dans le contentieux des documents
d’urbanisme.
A) Champ d’application
La loi prévoit deux réserves à cette possibilité de sursis à statuer en vue d’une
régularisation, s’agissant des SCOT et des PLU :
L’article L. 600-9, qui institue des règles de procédure qui ne concernent que les
pouvoirs du juge administratif en matière de contentieux de l'urbanisme, est, en
l'absence de dispositions expresses contraires, d'application immédiate aux instances
en cours, y compris lorsque les actes attaqués ont été adoptés avant leur entrée en
vigueur (CE, Sect., 22 décembre 2017, Commune de Sempy, n° 395963, préc.).
B) Mise en œuvre
La loi prévoit que les parties doivent être invitées à présenter leurs observations
sur la mise en œuvre du sursis à statuer pour régularisation.
530
parties à présenter leurs observations sur le principe de l'application de l'article L. 600-
9 du code de l'urbanisme, surseoir à statuer en vue d'obtenir l'ensemble des éléments
permettant la régularisation (CE, Sect., 22 décembre 2017, Commune de Sempy, n°
395963, préc.).
531
d’agglomération Grenoble Alpes métropole, n° 301615, qui fixe les critères à prendre
en compte pour apprécier l’unicité du permis).
532
Le pouvoir ainsi conféré au juge administratif est un pouvoir propre : son
exercice n’est pas subordonné à la présentation de conclusions en ce sens (CE, 15
octobre 2014, SCI des Fins et Commune d’Annecy, n° 359175) ; lorsqu’il le met en
œuvre, il se borne à exercer son office et n’est donc pas tenu de recueillir au préalable
les observations des parties (CE, 4 octobre 2013, M. Andrieu et Mme Perrée,
n° 358401).
S’il l’estime nécessaire, le juge peut assortir sa décision d’un délai pour que le
pétitionnaire dépose une demande d’autorisation modificative afin de régulariser
l’autorisation partiellement annulée : cette règle d’origine jurisprudentielle (CE, 9 avril
2014, Commune de Saint-Martin-le-Vinoux, n° 338363) figure désormais dans le texte
de l’article L. 600-5.
Ou :
Si le principe est que l’illégalité d’un document d’urbanisme peut être utilement
invoquée à l’encontre d’un permis de construire, il faut tenir compte de plusieurs règles,
d’origine jurisprudentielle ou législative, visant à sécuriser juridiquement les
autorisations d’urbanisme en limitant les conséquences de l’annulation ou de la
déclaration d’illégalité du document d’urbanisme dont il a été fait application pour les
délivrer.
Toutefois, si un permis de construire ne peut être délivré que pour un projet qui
respecte la réglementation d’urbanisme en vigueur, il ne constitue pas un acte
534
d’application de cette réglementation ; on ne peut donc pas se borner à exciper de
l’illégalité d’un règlement d’urbanisme à l’appui d’un recours contre une autorisation
individuelle. L’annulation d’un permis de construire à la suite de l’annulation ou de la
déclaration d’illégalité du plan local d’urbanisme (et quelle que soit la nature de
l’illégalité retenue) est toutefois possible dans le cas où le projet méconnaît également
le document d’urbanisme antérieur remis en vigueur (en application de l’article
L. 600-12, cf ci-dessous), la partie à l’instance devant toutefois faire valoir que ce
permis méconnaît les dispositions pertinentes ainsi remises en vigueur (CE, Sect.,
7 février 2008, Commune de Courbevoie, n° 297227). La circonstance que la
disposition du plan local d’urbanisme annulée a été spécialement prise pour permettre
l’octroi de l’autorisation en litige ne suffit pas à justifier une annulation par voie de
conséquence, si la partie à l’instance ne développe pas d’argumentation en ce sens
(CE, 16 novembre 2009, Société les résidences de Cavalière, n° 308623). Ces
solutions valent également lorsque l’exception d’illégalité du document d’urbanisme est
invoquée à l’appui d’un recours dirigé contre une autorisation d’exploitation délivrée au
titre de la législation sur les installations classées pour la protection de l’environnement
(CE, 16 décembre 2016, Société Ligérienne Granulats SA, n° 391452).
535
2°) Ce cadre jurisprudentiel s’entend désormais sous réserve des dispositions du
nouvel article L. 600-12-1 du code de l’urbanisme, créé par la loi ELAN du 23
novembre 2018.
L’article précise qu’il « n'est pas applicable aux décisions de refus de permis ou
d'opposition à déclaration préalable. Pour ces décisions, l'annulation ou l'illégalité du
document d'urbanisme leur ayant servi de fondement entraîne l'annulation de ladite
décision ».
Ainsi, s’agissant des recours dirigés contre une autorisation d’urbanisme, les
règles jurisprudentielles rappelées ci-dessus ne valent plus qu’en présence d’une
annulation ou d’une déclaration d’illégalité du document d’urbanisme pour un motif qui
n’est pas étranger aux règles d’urbanisme applicables au projet soumis au juge.
Lorsque, à l’inverse, cette annulation ou cette déclaration d’illégalité repose sur un
motif étranger aux règles d’urbanisme applicables au projet, alors l’invocation de
l’illégalité du document d’urbanisme sera, en tout état de cause, inopérante.
536
- si ce ou ces motifs n'affectent que certaines règles divisibles du document
d'urbanisme, la légalité de l'autorisation contestée n'est appréciée au regard
du document immédiatement antérieur que pour les seules règles
équivalentes nécessaires pour assurer le caractère complet et cohérent du
document. S'agissant en particulier d'un plan local d'urbanisme (PLU), une
disposition du règlement ou une partie du document graphique qui lui est
associé ne peut être regardée comme étant divisible que si le reste du plan
forme avec les éléments du document d'urbanisme immédiatement antérieur
le cas échéant remis en vigueur, un ensemble complet et cohérent.
537
lorsque est intervenue une décision juridictionnelle déclarant ce
document illégal, pour quelque motif que ce soit.
538
réexaminer la demande initiale sur le fondement des dispositions
d'urbanisme applicables à la date de la décision annulée (CE, 23 février
2017, M. et Mme Néri et SARL Côte d’Opale, n° 395274). De même, la
condition posée par l'article L. 600-2 du code de l'urbanisme imposant que la
demande ou la déclaration soit confirmée dans les six mois suivant la
notification de l'annulation au pétitionnaire doit être regardée comme remplie
lorsque la juridiction enjoint à l'autorité administrative de délivrer l'autorisation
d'urbanisme sollicitée (CE, 25 mai 2018, Préfet des Yvelines et autres, n°
417350).
Le juge des référés, saisi d’une demande présentée sur le fondement de l’article
L. 521-1 du code de justice administrative peut prononcer la suspension d’un refus de
délivrance d’une autorisation d’urbanisme. Les effets d’une telle suspension ont été
précisés par la jurisprudence (CE, Section, 7 octobre 2016, Commune de Bordeaux,
n° 395211).
Un tel permis peut être retiré à la suite du jugement rendu au principal sur le
recours pour excès de pouvoir formé contre la décision initiale de refus sous réserve
que les motifs de ce jugement ne fassent pas par eux-mêmes obstacle à ce que
l’administration reprenne une décision de refus.
Cette décision de retrait doit toutefois intervenir dans un délai raisonnable, qui ne
peut, eu égard à l’objet et aux caractéristiques du permis de construire, excéder trois
mois à compter de la notification à l’administration du jugement intervenu au fond.
Elle ne peut en outre être prise qu’après que le pétitionnaire a été mis à même
de présenter ses observations.
L’article L. 424-5 du code de l’urbanisme, qui fixe les conditions de retrait d’un
permis de construire, n’est pas applicable à une telle décision de retrait.
539
Il en est de même lorsque le bénéficiaire du permis se désiste de son recours en
annulation, mettant ainsi un terme à l’instance engagée au fond, auquel cas le délai
court à compter de la notification à l’administration de la décision donnant acte du
désistement.
Il en va également ainsi s’il est mis fin à la suspension par une nouvelle décision
du juge des référés dans les conditions prévues à l’article L. 521-4 du code de justice
administrative ou du fait de l’exercice d’une voie de recours contre la décision du juge
des référés.
Contentieux de l’urbanisme
Tel n’est pas le cas du recours formé par un syndic représentant un syndicat,
justifiant d’un intérêt pour agir contre l’arrêté en litige mais ayant omis de justifier de sa
qualité pour agir au nom de ce syndicat (CE, 16 octobre 2017, Office public de l’habitat
de la ville d’Avignon, n° 396494).
Il résulte de ces dispositions qu’elles ne sont pas applicables dans le cadre d’un
recours formé contre une décision de non-opposition à une déclaration préalable.
540
10.11.1.1 CONTENTIEUX DE PLEINE JURIDICTION DE L’AUTORISATION
ENVIRONNEMENTALE ET DES INSTALLATIONS CLASSEES POUR LA
PROTECTION DE L’ENVIRONNEMENT - CHAMP D’APPLICATION –
AUTORISATION ENVIRONNEMENTALE
541
- les décisions prises, sur le fondement de l’art. L. 181-15 du même code, en
cas de déclaration ou de demande d’autorisation de changement de bénéficiaire de
l’autorisation environnementale ainsi qu’en cas de demande de renouvellement ou
de prolongation d’une telle autorisation.
542
- les décisions statuant sur la constitution ou la révision des garanties
financières (art. L. 516-1).
543
d’objet la contestation de la première autorisation, sur laquelle il n’y a, dès lors, plus
lieu de statuer (CE, 17 décembre 2014, Ministre de l’écologie, du développement
durable et de l’énergie et autre c/ société Maroni Transport International, n° 364779 et
365632).
10.11.2.2 RECEVABILITE
10.11.2.2.1 Délai de recours
544
● Questions spécifiques à certains types de recours - Contentieux de
pleine juridiction de l’autorisation environnementale et des
installations classées pour la protection de l’environnement –
Questions préalables – Recevabilité – Délai de recours
1) Autorisation environnementale
- Par les tiers intéressés en raison des inconvénients ou des dangers pour les
intérêts mentionnés à l'article L. 181-3, dans un délai de quatre mois à compter de :
- 1° Par les tiers intéressés en raison des inconvénients ou des dangers que le
fonctionnement de l'installation présente pour les intérêts mentionnés aux articles L.
211-1 et L. 511-1 dans un délai de quatre mois à compter du premier jour de la
publication ou de l'affichage de ces décisions ;
545
● Questions spécifiques à certains types de recours - Contentieux de
pleine juridiction de l’autorisation environnementale et des
installations classées pour la protection de l’environnement –
Questions préalables – Recevabilité – Délai de recours – Absence
de prorogation - Prolongation par un recours administratif
Pour pouvoir contester une décision prise au titre de la police des installations
classées, les tiers personnes physiques doivent justifier d’un intérêt suffisamment
direct leur donnant qualité pour en demander l’annulation, compte tenu des
inconvénients et dangers que présente pour eux l’installation en cause, appréciés
notamment en fonction de la situation des intéressés et de la configuration des lieux
(CE, 13 juillet 2012, Société Moulins Soufflet et ministre d’Etat, ministre de l’écologie,
546
de l’énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies
vertes et des négociations sur le climat n° 339592, 340536).
2) Le III de l’article L. 514-6 du code de l’environnement dispose que les tiers qui
n’ont acquis ou pris à bail des immeubles ou n’ont élevé des constructions dans le
voisinage d’une installation classée que postérieurement à l’affichage ou à la
publication de l’acte portant autorisation ou enregistrement de cette installation ou
atténuant les prescriptions primitives ne sont pas recevables à déférer cet arrêté à la
juridiction administrative. Ce texte, maintenu par l’art. 5 de l’ordonnance n° 2017-80 du
26 janvier 2017 relative à l'autorisation environnementale, est applicable à l’autorisation
environnementale d’une installation classée dès lors que, conformément à l’art. L. 512-
1 de ce code, l’autorisation d’une telle installation est une autorisation
environnementale.
Les tiers placés dans une telle situation ne sont pas davantage recevables à
intervenir au soutien d'une demande d'annulation de cet arrêté (CE, 16 mars 2018,
Mme Bories et autres, n° 408182).
547
…, qui était propriétaire de son habitation avant même l’adoption
de l’arrêté en litige, réside dans la commune de … à moins de 800
mètres du projet d’implantation de l’installation d’élevage porcin à la
périphérie de la commune de …, laquelle installation est susceptible de
présenter notamment des nuisances olfactives. Eu égard à la nature et à
la localisation de cette exploitation, l’intéressé justifie d’un intérêt
suffisamment direct pour demander l’annulation de l’arrêté préfectoral
du … autorisant cet élevage.
1) Règles de procédure :
548
10 janvier 2011, Association Oiseaux nature et association de sauvegarde des vallées
et de prévention des pollutions n° 317076 ; CE, 15 mai 2013, Société ARF n° 353010 ;
CE, 16 mars 2018, Mme Bories et autres, n° 408182 ; CE, 26 juillet 2018, Association
"Non au projet éolien de Walincourt-Selvigny et Haucourt-en-Cambrésis" et autres, n°
416831 ; CE, 27 septembre 2018, Association Danger de tempête sur le patrimoine
rural et autres, n° 420119).
2) Règles de fond :
a) Circonstances de droit :
549
CE, 10 janvier 2011, Association Oiseaux Nature, association de sauvegarde des
vallées et de prévention des pollutions n° 317076).
b) Circonstances de fait :
550
Questions spécifiques à certains types de recours -
Contentieux de pleine juridiction de l’autorisation
environnementale et des installations classées pour la
protection de l’environnement - Office et pouvoirs du
juge – Office du juge – Rejet d’une demande
d’abrogation – Motifs et dispositif
DECIDE :
551
juge – Office du juge – Abrogation d’une décision –
Motifs et dispositif
DÉCIDE :
En conséquence, le juge ne saurait exercer les pouvoirs spéciaux qui lui sont
reconnus en cette matière dans des conditions qui conduiraient à priver le public
intéressé, qu’il s’agisse d’un demandeur, d’un exploitant ou de tiers, d’une garantie de
procédure. En outre, s’il dispose des mêmes pouvoirs que l’administration, il n’en a pas
davantage et ne saurait donc décider d’une mesure qu’elle ne pourrait prendre (CE, 7
mai 1969, Ministre de l’industrie c/ Sieur Spasaro n° 73879).
552
la contestation d’une autorisation ou de décisions complémentaires
– Cas général
1) Saisi d’un recours contre une autorisation ou une décision imposant des
prescriptions additionnelles à une installation existante, il appartient au juge de se
prononcer sur l’étendue des droits et obligations accordés aux exploitants ou mis à leur
charge par l’autorité compétente au regard des circonstances de fait et de droit existant
à la date à laquelle il statue (CE, 5 juillet 2006, SARL Entreprise H. Olivo, n° 259061 ;
CE, sect., 21 juin 2013, Communauté d'agglomération du Pays de Martigues, n°
352427 ; CE, 17 décembre 2014, Ministre de l'écologie, du développement durable et
de l'énergie et autre c/ Société Maroni Transport International, n° 364779 et 365632 ;
CE, 16 mars 2018, Mme Bories et autres, n° 408182).
Parmi les éléments que le juge peut prendre en compte, figure la possibilité,
reconnue à l’administration par l’article L. 514-2 du code de l’environnement (article L.
171-7 depuis le 1er juillet 2013) d’autoriser elle-même, dans un tel cas de figure, la
poursuite de l’exploitation jusqu’à ce qu’il soit statué à nouveau sur la demande
d’autorisation (CE, 15 mai 2013, Société ARF n° 353010 ).
S’agissant d’une faculté susceptible d’être exercée par le juge « au titre de son
office », sa mise en œuvre ne paraît pas devoir relever du champ d’application de
l’article R. 611-7 du code de justice administrative. Mais il est sans doute de bonne
pratique de susciter les observations des parties sur ce point.
Lorsqu’il est décidé de ne pas recourir à cette faculté, le juge peut, sur le
fondement de l’article L. 911-1 du code de justice administrative, légalement enjoindre
au préfet de mettre en œuvre à l’égard de l’exploitant les pouvoirs qu’il tient de l’article
article L. 171-7 du code de l’environnement, qui permet à l’administration de mettre un
exploitant en demeure de régulariser sa situation dans le délai qu’elle détermine,
d’édicter dans l’attente des mesures conservatoires dont la suspension du
fonctionnement de l’installation et enfin, si la mise en demeure n’a pas été respectée,
de faire application des mesures, notamment les sanctions, prévues au II de l’article L.
171-8 comme d’ordonner la fermeture ou la suppression de l’installation ainsi que la
remise en état des lieux (CE, 15 septembre 2004, SARL Lecouffe Darras n° 230665).
553
Mais le juge peut lui-même, et le cas échéant, mettre l’exploitant en demeure de
déposer, à titre de régularisation, une nouvelle demande d’autorisation, dans le délai
qu’il détermine (CE, 4 mai 1998, Teallier n° 161336). Rien non plus ne fait obstacle à
ce qu’il autorise la poursuite de l’exploitation à titre provisoire et prescrive à l’exploitant
de présenter cette nouvelle demande.
DECIDE :
554
l’exploitation, dans le respect de prescriptions identiques à celles
imposées par l’arrêté annulé en date du ....
D'une part, le I de l’art. L. 181-18 prévoit que le juge peut, après avoir constaté
que les autres moyens dont il est saisi ne sont pas fondés, soit limiter la portée ou
les effets de l'annulation qu'il prononce si le ou les vices qu'il retient n'affectent
qu'une partie de la décision ou une phase seulement de sa procédure d'instruction
(dont l’art. L. 181-9 du même code prévoit qu’elle comporte les phases d’examen,
d’enquête publique et de décision), soit surseoir à statuer pour permettre la
régularisation devant lui de l'autorisation environnementale attaquée lorsque le ou
les vices dont elle est entachée sont susceptibles d'être régularisés par une
décision modificative.
555
Dans tous les cas, le sursis à statuer a pour objet de permettre la régularisation
de l'autorisation attaquée. Cette régularisation implique l'intervention d'une décision
complémentaire qui corrige le vice dont est entachée la décision attaquée. S'il
constate que la régularisation a été effectuée, le juge rejette le recours dont il est
saisi.
Dans les deux cas, le texte prévoit que le juge peut demander à l'administration
de reprendre l'instruction. Cette nouvelle instruction devra déboucher sur une
nouvelle décision portant, en cas d'annulation totale, sur l'ensemble de la demande
d'autorisation environnementale et, en cas d'annulation d'un élément divisible, sur
ce seul élément.
3) Suspension de l’autorisation
556
Lorsqu'il prononce l'annulation, totale ou partielle, d'une autorisation
environnementale, le juge de pleine juridiction des autorisations environnementales
a toujours la faculté, au titre de son office, d'autoriser lui-même, à titre provisoire, et
le cas échéant sous réserve de prescriptions complémentaires qu'il fixe lui-même
et pour un délai qu'il détermine, la poursuite de l'exploitation, des activités ou des
travaux en cause dans l'attente de la délivrance d'une nouvelle autorisation par
l'autorité administrative. Les dispositions de l'article L. 181-18 du code de
l’environnement n'ont ni pour objet ni pour effet de lui retirer ce pouvoir.
Dans tous les cas, que ce soit pour suspendre l'exécution de l'autorisation
attaquée ou pour délivrer une autorisation provisoire, il appartient au juge de
prendre en compte, pour déterminer l'opportunité de telles mesures, l'ensemble des
éléments de l'espèce, notamment la nature et la portée de l'illégalité en cause, les
considérations d'ordre économique et social ou tout autre motif d'intérêt général
pouvant justifier la poursuite de l'exploitation, des activités ou des travaux et
l'atteinte éventuellement causée par ceux-ci aux intérêts visés par les articles L.
181-3 et L. 181-4 du code l'environnement ou à d'autres intérêts publics et privés.
a) Cas général
557
décision attaquée, la régularisation implique non seulement que la procédure de
consultation soit reprise, mais aussi que le nouvel avis soit porté à la connaissance
du public. Il revient au juge, lorsqu’il sursoit à statuer en vue de la régularisation, de
rappeler ces règles et de fournir toute précision utile sur les modalités selon
lesquelles le public devra être informé et, le cas échéant, mis à même de présenter
des observations et des propositions, une fois le nouvel avis émis et en fonction de
son contenu (sur tous ces points : CE, avis, 22 mars 2018, Association Novissen et
autres, n° 415852 ; CE, avis, 27 septembre 2018, Association Danger de tempête
sur le patrimoine rural et autres, n° 420119).
558
Sur les conclusions tendant à ce que le tribunal délivre à la société
… l’autorisation d’exploitation sollicitée :
DECIDE :
559
1) Lorsque le juge administratif annule un refus d’autoriser une installation
classée et accorde lui-même l’autorisation aux conditions qu’il fixe ou, le cas échéant,
en renvoyant le bénéficiaire devant le préfet pour la fixation de ces conditions, la voie
de la tierce opposition est ouverte contre cette décision.
Les procédures initiées antérieurement au 1er avril 2019 restent soumises aux
textes qui étaient alors applicables.
560
- pour les contrats de concession, de l’ordonnance n° 2016-65 du 29 janvier 2016
relative aux contrats de concession et du décret n° 2016-86 du 1er février 2016.
- CE 24 mai 2017, Sté Régal des Iles, n° 407213, pour la requalification d’une
concession en marché public ;
1/ Les « marchés publics » sont définis comme « des contrats à titre onéreux
conclus par écrit entre un ou plusieurs opérateurs économiques et un ou plusieurs
pouvoirs adjudicateurs et ayant pour objet l’exécution de travaux, la fourniture de
produits ou la prestation de services » (v. pour les « pouvoirs adjudicateurs » : art. 2 de
la directive 2014/24/UE du 26 février 2014 sur la passation des marchés publics ; pour
les « entités adjudicatrices » : art. 2 de la directive 2014/25/UE du 26 février 2014
relative à la passation de marchés par des entités opérant dans les secteurs de l’eau,
de l’énergie, des transports et des services postaux).
561
« L’attribution d’une concession de travaux ou d’une concession de services
implique le transfert au concessionnaire d’un risque d’exploitation lié à l’exploitation de
ces travaux ou services, comprenant le risque lié à la demande, le risque lié à l’offre ou
les deux. (…) La part de risque transférée au concessionnaire implique une réelle
exposition aux aléas du marché, telle que toute perte potentielle estimée qui serait
supportée par le concessionnaire ne doit pas être purement nominale ou négligeable »
(ibid.).
En revanche, « des risques tels que ceux liés à une mauvaise gestion ou à des
erreurs d’appréciation de l’opérateur économique ne sont pas déterminants aux fins de
qualifier un contrat de marché public ou de concession de services, de tels risques
étant, en effet, inhérents à tout contrat, que celui-ci corresponde à un marché public de
services ou à une concession de services » (CJUE, 10 mars 2011, Privater
Rettungsdienst und Krankentransport Stadler, C-274/09, §37 et 38).
Les marchés publics et les concessions sont définis par le code de la commande
publique (art. L. 1110-1 CCP et s. pour les marchés publics ; art. L. 1120-1 CCP et s.
pour les contrats de concession). Ils sont chacun régis par une partie spécifique du
code (la deuxième partie pour les marchés publics, la troisième partie pour les
concessions).
562
(art. L. 1121-1 CCP ; CE, 7 novembre 2008, Département de la Vendée, n° 291794 ;
CE, 5 juin 2009, Sté Avenance, n° 298641 ; CE, 7 mars 2014, CHU de Rouen et Sté
Télécom services, n° 372897 ; CE, 24 mai 2017, Sté Régal des Iles, n° 407213).
10.12.2.1 DESISTEMENT
10.12.2.2 COMPETENCE
10.12.2.2.1 Compétence de la juridiction française
563
lorsque, l’une au moins des parties au contrat étant une personne de droit public
français, le lieu d’exécution du contrat est, en tout ou en partie, situé à l’étranger.
564
Une convention régie par le droit français peut néanmoins comporter une clause
d’arbitrage au profit d’une instance arbitrale siégeant à l’étranger (notamment
lorsqu’elle concerne une transaction transfrontalière). Dans ce cas, la décision est
regardée comme émanant d’une autorité étrangère. En l’absence de dispositions
conventionnelles attribuant la compétence à l’ordre juridique français, cette décision
n’est pas soumise aux juridictions françaises. La juridiction administrative française est
dès lors toujours incompétente pour connaître d’un recours dirigé contre une sentence
arbitrale étrangère (CE, 19 avril 2013, Syndicat mixte des aéroports de Charente, n°
352750 362020).
Contrat international :
565
litige, le tribunal de Landau est seul compétent ». Ainsi, il résulte des
clauses de cette convention que la commune volonté des parties a été de
la soumettre aux règles du droit allemand. Dès lors, le juge administratif
n’est pas compétent pour en connaître.
Ex. : CE, 30 mars 2005, SCP de médecins Reichheld et Sturtzer, n°
262964
Arbitrage international :
Les marchés publics sont au nombre des contrats qui relèvent d’un
régime administratif d’ordre public. Dans l’hypothèse où le litige né de
l’exécution ou de la rupture d’un tel contrat, conclu entre une personne
morale de droit public française et une personne de droit étranger, est
soumis à l’arbitrage et donne lieu à une sentence arbitrale rendue en
France, le recours dirigé contre cette sentence, qui implique le contrôle
de sa conformité aux règles impératives du droit public français
auxquelles sont nécessairement soumis de tels contrats, relève de la
compétence du juge administratif et est porté devant le Conseil d’Etat
en application de l’article L. 321-2 du code de justice administrative.
Dans le cas où la sentence arbitrale a été rendue par une juridiction
siégeant à l’étranger, la juridiction administrative française est en
revanche incompétente pour connaître d’un recours dirigé contre cette
sentence.
566
10.12.2.2.2 Répartition de la compétence entre les deux
ordres de juridiction
La même solution s’appliquait aux marchés publics dont la passation avait été
engagée entre le 1er avril 2016 et le 1er avril 2019 en application de l’ordonnance
n° 2015-899 du 23 juillet 2015 relative aux marchés publics, dont l’article 3 qualifiait de
contrat administratif les marchés publics passés par des personnes publiques en
application de ses dispositions. À l’inverse, les marchés conclus par des personnes
publiques et qui n’entraient pas dans le champ d’application de l’ordonnance ne
bénéficiaient pas de cette qualification légale (CE, 5 février 2018, Centre national
d’études spatiales, n° 414846) ;
- tous les baux emphytéotiques passés par les collectivités territoriales, leurs
groupements, les établissements publics territoriaux et les établissements publics de
santé (5° et 6° de l’art. L. 2331-1, repris aux art. L. 1311-2 et L. 1311-3 du code général
des collectivités territoriales, L. 2122-20 et L. 2122-21 du code général de la propriété
des personnes publiques et L. 6148-6 du code de la santé publique).
En outre, certains contrats passés entre personnes privées peuvent relever par
exception de la compétence administrative. Ce qui peut se présenter en cas de
mandat, contrat accessoire à un contrat administratif, ou pour les participants à un
même travail public ou des sous-traitants.
568
- un critère matériel : un contrat peut être administratif :
- en raison de ses clauses (si au moins une des clauses, notamment par les
prérogatives reconnues à la personne publique contractante dans
l’exécution du contrat, implique, dans l’intérêt général, que le contrat relève
du régime exorbitant des contrats administratifs ; pour cette définition
renouvelée, qui s’est substituée à celle de « clause exorbitante du droit
commun », voir TC, 13 octobre 2014, Société Axa France IARD c/ MAIF,
n° 3963 ; TC, 2 novembre 2020, Société Eveha, n° 4196) ;
569
D’une part, l’ensemble immobilier en cause, dont l’utilisation est
réservée aux membres de l’association, n’est pas affecté à l’usage direct
du public.
570
Critère de la clause exorbitante (nouvelle définition) :
Critères vérifiés :
571
Ex : TC, 8 Février 2021, SNCF et SNCF Réseaux c/ Société Entropia Conseil,
n° 4201.
572
compétence des juridictions administratives, que ces litiges présentent ou non un
caractère contractuel (pour une confirmation récente : Cass., civ. 1re, 18 juin 2014,
n° 13-19.408).
Autrement dit, les contrats dont la nature est déterminée par un critère
jurisprudentiel et qui sont conclus pour les seuls besoins des activités d’un EPIC
relèvent de la compétence de la juridiction judiciaire. En revanche, ces mêmes contrats
passés par un SPIC relatifs à celles de ses activités qui ressortissent par leur nature à
des prérogatives de puissance publique, relèvent du juge administratif (TC, 16 octobre
2006, Caisse centrale de réassurance c/ Mutuelle des Architectes Français, n° 3506).
573
les contrats conclus pour les besoins de ses activités relèvent de la
compétence de la juridiction judiciaire, à l’exception de ceux
comportant une clause qui implique, dans l’intérêt général, qu’il relève
du régime exorbitant des contrats administratifs ou relevant d’un régime
exorbitant du droit commun ainsi que de ceux relatifs à celles de ses
activités qui ressortissent par leur nature de prérogatives de puissance
publique.
Ex : TC, 7 avril 2014, Société Services d’édition et de ventes publicitaires
(SEVP) c/ Office du Tourisme de Rambouillet et société Axiom-Graphic, n° 3949
574
n° 02651 ; TC, 15 novembre 1999, Commune de Bourisp c/ Commune de Saint-Lary-
Soulan, n°03144 pour celui des clauses), le cas échéant, de manière combinée (CE,
1er mars 2000, Commune de Morestel et syndicat du collège de Morestel, n°192790).
575
Le contentieux des contrats passés entre personnes privées est porté en principe
devant le juge judiciaire. Mais il peut également relever dans certaines hypothèses de
la compétence du juge administratif : en cas de mandat, de contrat accessoire à un
contrat administratif ou pour les participants à un même travail public.
Les contrats passés par les personnes privées, même chargées d’une mission
de service public, sont des contrats de droit privé (TC, 3 mars 1969, Société
interprofessionnelle du lait et de ses dérivés « Interlait », n° 01926, Rec. p. 682) y
compris notamment s’ils portent sur des travaux publics (TC, 17 janvier 1972, SNCF c/
Entreprise Solon et Barrault, n° 1966, Rec. p 944).
Le juge judiciaire a également compétence pour connaître des litiges relatifs aux
marchés passés par les personnes morales de droit privé soumises aux règles de
passation de la commande publique. C’est le cas des marchés passés par :
576
organique, la personne privée est regardée comme agissant à la place ou pour le
compte d’une personne publique et si un des critères matériels du contrat administratif
est vérifié.
578
Elle a trouvé un prolongement :
La nature des missions en cause, les contrôles exercés par les autorités
publiques, l’existence le cas échéant de « droits exclusifs » pour l’exécution de la
mission administrative, ont ainsi conduit à admettre dans ces domaines spécifiques la
compétence administrative aux contrats secondaires passés entre personnes privées.
Mais cette jurisprudence a également connu récemment une évolution qui tend à
en restreindre le champ d’application (v. infra).
Une personne privée doit ainsi être regardée comme agissant, en principe et «
en l’absence de conditions particulières », pour son propre compte lorsqu’elle contracte
avec d’autres personnes privées dans trois hypothèses :
579
Hydratec, ministère de l’écologie, n° 3853), y compris lorsque le
concessionnaire réalise l’ouvrage public qu’elle remet immédiatement à
la collectivité publique. Privilégiant une approche globale du contrat, le
Conseil d’Etat avait déjà écarté le caractère de mandat d’une
convention d’aménagement lorsqu’elle n’avait pas comme « seul objet »
de faire réaliser pour son compte des ouvrages destinés à lui être remis
(CE, 11 mars 2011, Communauté d’agglomération du Grand Toulouse,
n° 330722 ; TC, 11 décembre 2017, Commune de Capbreton, n° 4103) ;
Dans ces deux dernières hypothèses, le juge peut être conduit à vérifier
l’existence de conditions particulières. Dans l’affaire Société d’exploitation de la Tour
Eiffel, l’examen de ces conditions se rapproche de la vérification des critères utilisés
auparavant dans la technique du faisceau d’indices.
580
Hypothèse de la concession d’ouvrage public
581
Toutefois, ce revirement de jurisprudence fait l’objet d’une modulation dans le
temps ; il doit être regardé comme ne s’appliquant qu’aux contrats conclus
postérieurement au 9 mars 2015 (cf. sur la mise en œuvre de cette modulation : CE, 17
juin 2015, Société des autoroutes Paris-Rhin-Rhône, n°383203).
582
l’exploitation ou l’entretien de l’autoroute ne peut, en l’absence de
conditions particulières, être regardée comme ayant agi pour le compte
de l’Etat. Les litiges nés de l’exécution de ce contrat ressortissent à la
compétence des juridictions de l’ordre judiciaire. Cependant, ainsi que
l’a jugé le Tribunal des conflits par décision du 9 mars 2015, la nature
juridique d’un contrat s’appréciant à la date à laquelle il a été conclu,
les contrats conclus par une société concessionnaire antérieurement au 9
mars 2015 sous le régime des contrats administratifs demeurent régis
par le droit public et continuent de relever des juridictions de l’ordre
administratif. Par suite, le présent litige relève de la compétence de la
juridiction administrative.
Ex. : CE, 17 juin 2015, Sociétés Autoroutes Paris Rhin Rhône, n° 383203
La notion d’accessoire suppose que les deux contrats aient un lien juridique
suffisamment étroit, permettant de les regarder comme indissociables. La
jurisprudence l’a admis à propos d’un contrat de cautionnement regardé comme
l’accessoire d’un contrat de prêt. Le contrat de cautionnement est administratif si le
contrat de prêt est administratif (TC, 22 juin 1998, Agent judiciaire du Trésor c/
Miglierina, n° 03003) ou de droit privé si le contrat de prêt est de droit privé (CE, 28
octobre 2002, Commune de Moisselles n° 232060 ; TC, 12 janvier 1987, Ville
d’Eaubonne, n°02440).
Ce lien a encore été admis à propos de contrats annexes prévus par un contrat-
cadre passé en vertu du code des marchés publics (TC, 19 mars 2007, France
Télecom c/ Centre hospitalier de Châteaudun, n° 3564).
Mais il ne suffit pas que le contrat soit conclu en vue de l’élaboration d’un contrat
ultérieur pour qu’il en soit l’accessoire. Il en a été jugé ainsi :
585
Toutefois, lorsque le juge administratif est saisi d’un litige né de l’exécution d’un
marché de travaux publics opposant le maître d’ouvrage à des constructeurs qui ont
constitué un groupement pour exécuter le marché, il est compétent pour connaître des
actions en garantie engagées par les constructeurs les uns envers les autres si le
marché indique la répartition des prestations entre les membres du groupement. Si tel
n’est pas le cas, le juge administratif est également compétent pour connaître des
actions en garantie entre les constructeurs, quand bien même la répartition des
prestations résulterait d’un contrat de droit privé conclu entre eux, hormis le cas où la
validité ou l’interprétation de ce contrat soulèverait une difficulté sérieuse (TC, 9 février
2015, Société Ace European Group Limited c/ M. Targe et autres, n° 3983).
586
Ex. : TC, 9 février 2015, Sté Ace European Group Limited c/ M. Targe et autres, n° 3983
Aucune dérogation à cette règle d’ordre public ne peut être instituée par voie
contractuelle pour attribuer, par exemple, directement au Conseil d’Etat ou à une cour
administrative d’appel le jugement des litiges relatifs à un contrat (solution issue de la
jurisprudence CE, 5 janvier 1972, Société Unitchadienne c/ ministre d’Etat chargé de la
défense nationale, n° 78436).
Les tribunaux administratifs sont également juges de droit commun des litiges
relatifs aux actes individuels détachables des contrats qui sont des recours pour excès
de pouvoir ouvert à certains tiers (CE, Ass., 4 avril 2014 Département du Tarn-et-
Garonne, n°358994 : cf. « recours des tiers au contrat »).
L’homologation d’une transaction peut intervenir pour la première fois devant les
tribunaux administratifs comme devant les autres degrés de la juridiction (CE, Ass., 11
juillet 2008, Société Krupp Hazemag, n° 287354, qui juge qu’elle peut être présentée
même pour la première fois devant le juge de cassation).
588
Société Fosmax Lng, n° 388806). Si le recours est porté par erreur devant un tribunal
administratif, il appartient au président de cette juridiction de le transmettre au Conseil
d’Etat en application de l’article R. 351-2 du CJA.
Cette faculté est néanmoins subordonnée à la condition que l’intérêt public ne s’y
oppose pas – ce que le juge vérifie (CE, 28 avril 1976, Schmitt, n° 94780).
590
Ex. : CE, 18 mars 2005, Gombert, n° 265143
Cf. « connexité »
Il sera fait observer que des conclusions pécuniaires qui ne mettent pas en
cause la responsabilité du défendeur, mais tendent au règlement de sommes
impayées relatives à l’exécution d’un contrat, ne revêtent pas un caractère
indemnitaire, au sens du 10° (ex 7°) de l’article R. 222-13 du CJA (CE, 8 juin 2011,
Société ateliers constructions métalliques Gibard, n° 331982).
591
résiliation et que ce terme est survenu à la date à laquelle le juge statue
(CE, 23 mai 2011, Société d’aménagement d’Isola 2000, société de
gestion d’Isola 2000, n°323468 ; CE, 17 juin 2015, Société Les Moulins,
n° 389044).
Le juge du contrat, saisi par une partie d’un litige relatif à une
mesure d’exécution d’un contrat, peut seulement, en principe,
rechercher si cette mesure est intervenue dans des conditions de nature
à ouvrir droit à indemnité. Toutefois, une partie à un contrat
administratif peut, eu égard à la portée d’une telle mesure d’exécution,
former devant le juge du contrat un recours de plein contentieux
contestant la validité de la résiliation de ce contrat et tendant à la reprise
des relations contractuelles.
592
X (nom du cocontractant) demande au tribunal administratif de
condamner (nom de la personne publique) à lui verser la somme de …
euros assortie d’intérêts moratoires et compensatoires au titre du solde
du marché et en réparation des différents préjudices subis au cours de
l’exécution de celui-ci.
593
10.12.2.4 RECEVABILITE DES RECOURS (HORS-REFERES)
RECOURS DES AUTRES actes de la passation intérêt personnel, direct 2 mois après
TIERS des contrats de droit et certain publication ou
privé notification de l’acte
+ certains actes de la
passation des contrats
administratifs
RECOURS DE PLEIN CONTENTIEUX D’UN TIERS TENDANT À CE QU’IL SOIT MIS FIN À L’EXÉCUTION D’UN CONTRAT
tous contrats intérêt personnel, direct
RECOURS DES TIERS
administratifs et certain
594
RECOURS POUR EXCES DE POUVOIR CONTRE LES ACTES DETACHABLES DE L’EXECUTION DU CONTRAT
DEFERE PREFECTORAL actes unilatéraux des sans condition 2 mois après
collectivités territoriales transmission des actes
et de leurs au contrôle de légalité
établissements publics
actes unilatéraux pris
RECOURS DES AUTRES pour l’exécution des intérêt personnel, direct 2 mois après
TIERS contrats administratifs et certain publication ou
ou de droit privé notification de l’acte
RECOURS DE PLEIN tout contrat administratif cocontractant ayant subi 2 mois après
CONTENTIEUX CONTESTANT la résiliation notification de la
LA VALIDITE D’UNE MESURE décision de résiliation
DE RESILIATION
RECOURS DE PLEIN tout contrat administratif toute partie au contrat variable selon la faute
CONTENTIEUX EN invoquée
RESPONSABILITE
CONTRACTUELLE
Le déféré préfectoral peut être formé contre les actes unilatéraux des collectivités
territoriales ou de leurs établissements publics devant être transmis obligatoirement au
contrôle de légalité (v. pour les communes l’article L. 2131-6 du code général des
collectivités territoriales qui dispose : « Le représentant de l’Etat dans le département
défère au tribunal administratif les actes mentionnés à l’article L. 2131-2 qu’il estime
contraires à la légalité dans les deux mois suivant leur transmission »).
Toutefois le législateur n’a pas entendu par ces dispositions limiter la faculté qu’a
le préfet de former un recours pour excès de pouvoir à l’encontre de tous les actes des
595
collectivités territoriales (CE, Sect., 13 janvier 1988, Mutuelle générale des personnels
des collectivités locales, n° 68166).
Le préfet n’a pas à justifier d’un intérêt particulier pour demander l’annulation des
actes unilatéraux des collectivités territoriales et de leurs établissements publics situés
dans son ressort de compétence territoriale.
- les actes de la passation des contrats de droit privé, dès lors que le recours en
contestation de validité ouvert par l’arrêt « Tarn-et-Garonne » ne concerne que
les contrats administratifs ;
- les actes de la passation des contrats administratifs autres que les décisions
ayant trait au choix du cocontractant, la délibération autorisant la signature du
contrat et la décision de le signer. Il s’agit notamment des décisions
d’approbation des contrats par les autorités de tutelle (CE, 23 décembre 2016,
596
Association Etudes et consommation CFDT du Languedoc-Roussillon et
Association ATTAC Montpellier, n° 392815). Il pourrait s’agir également, par
exemple, des délibérations se prononçant sur le principe même du recours à un
type de contrat dans les cas où la loi le prévoit (délégations de service public,
contrats de partenariat ; v., sous le régime antérieur à Tarn-et-Garonne, CE, 24
novembre 2010, Association fédération d’action régionale pour l’environnement
(FARE) et autres, n° 318342) et des décisions par lesquelles l’administration
renonce à la conclusion d’un contrat (déclaration d’infructuosité ou déclaration
sans suite pour motif d’intérêt général).
L’entreprise figurant sur la liste des candidats admis à déposer une offre mais
n’ayant pas remis d’offre présente tout de même un intérêt à agir (pour un appel
d’offres restreint : CE, Sect. 6 décembre 1995, Département de l’Aveyron, n°s 148964
et pour une délégation de service public : CE, 29 mars 2000, Syndicat central des
transporteurs automobiles professionnels de la Guadeloupe, n° 192098).
Chaque membre d’un groupement est recevable à agir, même s’il n’en est pas le
mandataire CE, 23 octobre 1992, Bourdiel, n° 107107).
c) les contribuables locaux si les actes de la passation d’un contrat ont des
conséquences financières sur le budget local (CE, 25 avril 1994, Mme Aguila, n°
89602 ; CE, 26 mai 2009, Département des Deux-Sèvres, n° 297085).
597
décembre 2008, Société d’exploitation du casino de Fouras et Commune de Fouras, n°
294597) ;
- la lésion de leurs intérêts doit résulter des stipulations mêmes du contrat (CE,
11 mai 2011, Société lyonnaise des eaux France, n° 331153).
e) les Agences Régionales de Santé (ARS) : une ARS ne peut, en cette seule
qualité, être regardée comme justifiant d’un intérêt lui donnant qualité pour demander
au juge administratif d’annuler ou de suspendre un marché public d’un établissement
public de santé de son ressort. Il lui appartient, au contraire, comme à tout tiers, de
démontrer qu’elle a été lésée dans ses intérêts de façon suffisamment directe et
certaine par la passation ou les clauses d’un tel marché pour en contester la validité ou
demander la suspension de l’exécution de ce marché (CE, 2 juin 2016, Ministre des
affaires sociales et de la santé c/ Centre hospitalier Emile Roux du Puy-en-Velay et
autres, n°s 395033 et 396645).
Le délai de recours est le délai de droit commun de deux mois prévu par l’article
R. 421-1 du code de justice administrative.
Pour les élus locaux, le délai de recours contre une délibération autorisant la
signature d’un contrat court dès le jour de la séance où la délibération a été votée,
même s’ils n’ont pas eu communication du contrat approuvé (CE, 27 octobre 1989, De
Peretti c/ Commune de Sarlat, n° 70549) et même s’ils n’ont pas siégé, dès lors qu’ils
ont été régulièrement convoqués (CE, 24 mai 1995, Ville de Meudon, n° 150360).
Le déféré préfectoral peut être formé contre les contrats des collectivités
territoriales ou de leurs établissements publics devant être transmis obligatoirement au
contrôle de légalité.
Pour les communes, l’article L. 2131-6 code général des collectivités territoriales
dispose : « Le représentant de l’Etat dans le département défère au tribunal
administratif les actes mentionnés à l’article L. 2131-2 qu’il estime contraires à la
légalité dans les deux mois suivant leur transmission. »
Toutefois le législateur n’a pas entendu, par ces dispositions, limiter la faculté
qu’a le préfet de former un recours à l’encontre de tous les actes des collectivités
territoriales (CE, Sect., 13 janvier 1988, Mutuelle générale des personnels des
collectivités locales et de leurs établissements, n° 68166). Il pourrait donc déférer au
juge administratif un contrat administratif qui n’avait pas à lui être obligatoirement
transmis.
598
transmis au contrôle de légalité « les conventions relatives aux emprunts, les marchés
et les accords-cadres d'un montant au moins égal à un seuil défini par décret, les
marchés de partenariat ainsi que les contrats de concession, dont les délégations de
service public, et les concessions d'aménagement ».
Le préfet n’a pas à justifier d’un intérêt particulier pour contester la validité des
contrats des collectivités territoriales et de leurs établissements publics situés dans son
ressort de compétence territoriale.
Le recours peut également être dirigé contre un avenant à un contrat signé après le
4 avril 2014 (CE, 20 novembre 2020, Association Trans’Cub et autres, n° 428156).
- à tout tiers susceptible d’être lésé dans ses intérêts de façon « suffisamment
directe et certaine » par la passation du contrat ou par ses clauses (CE, Ass. 4
avril 2014, Département de Tarn-et-Garonne, n° 358994), ce qui inclut
notamment les concurrents évincés (quand bien même leur offre aurait-elle pu
être rejetée comme irrégulière ou inacceptable : CE, 15 mars 2019, SA
Gardéenne d’économie mixte, n° 413584).
En revanche, sont dénués d’un tel intérêt les conseils régionaux de l'ordre des
architectes pour contester un contrat de conception-réalisation (CE, 3 juin 2020,
Département de la Loire-Atlantique, n° 426932) ou le Conseil national des barreaux
contre un marché d'assistance à maîtrise d'ouvrage, alors même que ce marché confie
à son attributaire une mission pouvant comporter la rédaction d'actes juridiques (CE,
20 juillet 2021, Société Espélia, n° 443346).
600
,
10.12.2.4.1.2.3 Recours de plein contentieux d’un tiers tendant à ce qu’il soit mis
fin à l’exécution d’un contrat
- le préfet ;
- tout tiers susceptible d'être lésé dans ses intérêts de façon suffisamment
directe et certaine par la décision refusant de faire droit à sa demande de mettre fin à
l'exécution du contrat.
Les moyens soulevés doivent, sauf lorsqu'ils le sont par le représentant de l'Etat
dans le département ou par les membres de l'organe délibérant de la collectivité
territoriale ou du groupement de collectivités territoriales compte-tenu des intérêts dont
ils ont la charge, être en rapport direct avec l'intérêt lésé dont le tiers requérant se
prévaut. Il appartient au juge du contrat d'apprécier si les moyens soulevés sont de
nature à justifier qu'il y fasse droit et d'ordonner, après avoir vérifié que sa décision ne
portera pas une atteinte excessive à l'intérêt général, qu'il soit mis fin à l'exécution du
contrat, le cas échéant avec un effet différé.
602
Un tiers à un contrat administratif susceptible d’être lésé dans ses
intérêts de façon suffisamment directe et certaine par une décision
refusant de faire droit à sa demande de mettre fin à l’exécution du
contrat, est recevable à former devant le juge du contrat un recours de
pleine juridiction tendant à ce qu’il soit mis fin à l’exécution du contrat.
Les tiers ne peuvent utilement soulever, à l’appui de leurs conclusions
tendant à ce qu’il soit mis fin à l’exécution du contrat, que des moyens
tirés de ce que la personne publique contractante était tenue de mettre
fin à son exécution du fait de dispositions législatives applicables aux
contrats en cours, de ce que le contrat est entaché d’irrégularités qui
sont de nature à faire obstacle à la poursuite de son exécution et que le
juge devrait relever d’office ou encore de ce que la poursuite de
l’exécution du contrat est manifestement contraire à l’intérêt général. A
cet égard, les requérants peuvent se prévaloir d’inexécutions
d’obligations contractuelles qui, par leur gravité, compromettent
manifestement l’intérêt général. En revanche, ils ne peuvent se
prévaloir d’aucune autre irrégularité, notamment pas celles tenant aux
conditions et formes dans lesquelles la décision de refus a été prise. En
outre, les moyens soulevés doivent, sauf lorsqu’ils le sont par le
représentant de l’Etat dans le département ou par les membres de
l’organe délibérant de la collectivité territoriale ou du groupement de
collectivités territoriales compte tenu des intérêts dont ils ont la charge,
être en rapport direct avec l’intérêt lésé dont le tiers requérant se
prévaut.
Le recours pour excès de pouvoir est ouvert aux tiers contre les clauses
réglementaires contenues dans un contrat administratif divisibles des autres
stipulations de ce contrat (CE, Ass., 10 juillet 1996, Cayzeele, n° 138536).
603
ouvrages, et les tarifs des péages applicables sur le réseau concédé (à l'inverse des
clauses relatives au régime financier ou à la réalisation des ouvrages : CE, 9 février
2018, Communauté d’agglomération du Val d’Europe, n° 404982).
Les clauses réglementaires d’un contrat sont par nature divisibles de l’ensemble
du contrat (CE, 8 avril 2009, Association Alcaly et autres, n°s 290604 et autres ; CE, 31
juillet 2009, Société les Sables d’or, n° 303876.
Le législateur n’ayant pas entendu par ces dispositions limiter la faculté qu’a le
604
préfet de former un recours pour excès de pouvoir à l’encontre de tous les actes des
collectivités territoriales (CE, Sect., 13 janvier 1988, Mutuelle générale des personnels
des collectivités locales et de leurs établissements, n° 68166), celui-ci peut également
déférer des actes qui n’avaient pas à lui être obligatoirement transmis pour devenir
exécutoires, s’il en est saisi par une autre voie.
Le préfet n’a pas à justifier d’un intérêt particulier pour demander l’annulation
des actes unilatéraux des collectivités territoriales et de leurs établissements publics
situés dans son ressort de compétence territoriale.
10.12.2.4.1.4.2 Recours pour excès de pouvoir des tiers autres que le préfet
contre les actes détachables de l’exécution du contrat
Peuvent être contestés par des tiers par la voie du recours en excès de pouvoir :
- la décision prise par une personne publique de résilier un contrat (CE, Ass., 2
février 1987, Société TV6, n° 81131, Rec. p. 28) ;
- la décision prise par une personne publique de modifier un contrat (CE 29 avril
1987, Commune d’Elancourt, n° 51022) ;
605
peut donc pas faire l’objet d’un recours en annulation (CE, 17 décembre 2008,
Association pour la protection de l’environnement du Lunellois, n° 293836).
606
ailleurs, la décision de refus de résiliation des deux conventions
constitue un acte détachable des contrats. En relevant dans ces
conditions que les stipulations contenues dans les deux conventions
n’étaient pas de nature à léser de façon suffisamment directe et certaine
les intérêts des sociétés requérantes, que la mission de pré-
commercialisation n’avait pas pour effet de porter atteinte au droit de
priorité dont celles-ci bénéficiaient et que par suite ces sociétés ne
justifiaient pas d’un intérêt direct de nature à leur donner qualité pour
agir contre le refus de résilier ces contrats, le juge des référés du
tribunal administratif de Paris a donné aux faits de l’espèce une
qualification juridique erronée. Son ordonnance doit, dès lors, être
annulée.
Ex : CE, 8 décembre 2004, Société Eiffel-distribution et société Levallois-
Distribution, n° 270432
● Recours des tiers au contrat - Recours pour excès de pouvoir des tiers
autres que le préfet contre les actes détachables de l’exécution du
contrat – Recevabilité – Délai d’action
Le recours en contestation de validité du contrat par l’une des parties est ouvert
contre tous les contrats administratifs (CE, Ass., 28 décembre 2009, Commune de
Béziers, n° 304802). Cet arrêt abandonne l’appellation d’« action en nullité », que la
jurisprudence reprenait auparavant de l’article 1304 du code civil.
607
La seule qualité de partie au contrat confère un intérêt pour en contester la
validité (CE, Ass., 28 décembre 2009, Commune de Béziers, n° 304802).
Ce recours peut être intenté de la propre initiative d’une des parties ou répondre
à une injonction faite par le juge de l’excès de pouvoir ayant annulé un acte détachable
de la passation du contrat.
Les clauses du contrat relatives au règlement des différends entre les parties,
notamment celles qui organisent une procédure de règlement amiable préalable à
toute action contentieuse, sont opposables même lorsque l’action d’un des
cocontractants tend à l’annulation du contrat (CE, 10 juillet 2020, Sté Excelcia,
n° 433643).
608
10.12.2.4.2.2 Recours de plein contentieux contestant la validité d’une mesure
de résiliation et tendant à la reprise des relations contractuelles
La partie au contrat qui a subi la résiliation doit exercer ce recours dans un délai
de deux mois à compter de la date à laquelle elle a été informée de la mesure de
résiliation.
609
(même arrêt) ou lorsqu’elle a été prononcée pour motif d’intérêt général (CE, 28 janvier
2013, Commune de Rennes, n° 348365).
Le juge du contrat, saisi par une partie d’un litige relatif à une
mesure d’exécution d’un contrat, peut seulement, en principe,
rechercher si cette mesure est intervenue dans des conditions de nature
à ouvrir droit à indemnité. Toutefois, une partie à un contrat
administratif peut, eu égard à la portée d’une telle mesure d’exécution,
former devant le juge du contrat un recours de plein contentieux
contestant la validité de la résiliation de ce contrat et tendant à la reprise
des relations contractuelles. Elle doit exercer ce recours dans un délai
de deux mois à compter de la date à laquelle elle a été informée de la
mesure de résiliation. De telles conclusions peuvent être assorties d’une
demande tendant, sur le fondement des dispositions de l’article L. 521-1
du code de justice administrative, à la suspension de l’exécution de la
résiliation, afin que les relations contractuelles soient provisoirement
reprises.
Ex. : CE, Sect., 21 mars 2011, Commune de Béziers, n° 304806
Le juge administratif est compétent pour connaître de toute action fondée sur le
non-respect des obligations résultant d’un contrat administratif.
610
le juge du contrat pour obtenir le paiement de créances fondées sur l’application de
clauses contractuelles (CE, 26 décembre 1924, Ville de Paris c/ Chemin de fer
métropolitain, n° 77229, Rec. p. 1065 ; CE, Sect., 5 novembre 1982, Société Propétrol,
n° 19413, Rec. p. 380), y compris s’il s’agit uniquement d’intérêts à valoir sur une
créance principale (CE, 8 mai 1961, Jouanneau, Rec. p. 1152). Ainsi, dès lors que la
créance trouve son origine dans un contrat, la faculté d'émettre un titre exécutoire dont
dispose une personne publique ne fait pas obstacle à ce que celle-ci saisisse le juge
administratif d'une demande tendant à son recouvrement, notamment dans le cadre
d'un référé-provision engagé sur le fondement de l'article R. 541-1 du code de justice
administrative (CE, 24 février 2016, Département de l’Eure, n° 395194).
611
Ainsi l’affectataire final ou le locataire d’un ouvrage public présentant des
désordres n’est pas recevable à rechercher directement la responsabilité des
constructeurs pour mauvaise exécution des travaux (CE, 5 février 1982, Dondel, n°
17961, Rec. p. 53 ; CE, 10 juillet 1987, Bureau d’aide sociale de la Ville de Paris, n°
35879, Rec. p. 265 ; CE, 30 décembre 1998, Société Laitière de Bellevue, n° 150297).
612
03LY00245).
613
- Subrogation conventionnelle de la personne publique :
Cette possibilité semble reposer sur un principe général du droit et non sur
les dispositions du code civil, qui ne sont pas visées par les décisions précitées.
- Groupements solidaires :
- Groupements solidaires :
C’était le cas du CCAG travaux de 1976 dont l’article 50.5 doit être
614
interprété comme habilitant le mandataire à représenter les autres membres du
groupement en justice CAA Paris, 12 juin 1990, Département du Val-de-Marne,
n° 89PA00253, B) et c’est également le cas du CCAG de 2009 qui est rédigé
sur ce point dans les mêmes termes (article 50.6).
615
On doit parler alors d’ « irrecevabilité contractuelle » (v. sur ce point : CE,
27 octobre 2010, Centre hospitalier des Quatre Villes, n° 332056).
- Prescription
Une réception avec réserves ne met pas fin aux rapports contractuels en
ce qui concerne les prestations ou parties d’ouvrage réservées (v. pour une
formulation récente CE, 16 janvier 2012, Commune du Château d’Oléron, n°
352122), même si le maître d’ouvrage n’a pas prolongé le délai de garantie de
parfait achèvement (CE, 30 décembre 2013, Société Eiffage Construction et
autres, n° 356611, inédite).
616
Mais si le maître d’ouvrage notifie le décompte général d’un marché public
de travaux alors même que des réserves relatives à l’état de l’ouvrage achevé
n’ont pas été levées et qu’il n’est pas fait état des sommes correspondant à la
réalisation des travaux nécessaires à la levée des réserves au sein de ce
décompte, le caractère définitif de ce dernier a pour effet de lui interdire toute
réclamation correspondant à ces sommes, même si un litige portant sur la
responsabilité des constructeurs est en cours devant le juge administratif CE,
20 mars 2013, Centre hospitalier de Versailles, n° 357636).
1°) décompte entaché d’une erreur matérielle ou établi sur la base de faux :
617
En vertu de l’article 1269 du code de procédure civile (ancien art. 541) : «
Aucune demande en révision de compte n’est recevable, sauf si elle est
présentée en vue d’un redressement en cas d’erreur, d’omission ou de
présentation inexacte ». Le juge administratif fait application de ces dispositions
en y ajoutant l’hypothèse de la fraude (CE, 10 décembre 1969, Commune de
Saint-Mandrier, n° 73756).
618
détermination intervient définitivement lors de l’établissement du solde
du décompte définitif. Seule l’intervention du décompte général et
définitif du marché a pour conséquence d’interdire au maître de
l’ouvrage toute réclamation à cet égard.
Ex. : CE, 6 avril 2007, CH de Boulogne-sur-Mer, n° 264490
619
Le Conseil d’Etat a précisé que « il résulte des termes mêmes de l’article R. 635-
1 du code de justice administrative et de l’objet du désaveu qui est de faire prononcer
la nullité d’un acte ou d’une procédure accompli par l’avocat, et le cas échéant du
jugement sur lequel ils ont influé, afin de permettre la reprise de l’instance au stade de
l’acte annulé, que le désaveu ne peut être engagé qu’à l’encontre d’un acte
effectivement accompli, tel qu’un désistement, un consentement, un aveu, un
acquiescement ou une offre, mais pas à l’occasion d’une simple carence, omission ou
abstention ». En conséquence, l’omission de déposer un mémoire ampliatif, alors
même qu’elle a conduit au désistement d’office de la requête, n’est pas regardée
comme un cas d’ouverture de l’action en désaveu (CE, 6 février 2004, Frugier,
n° 255007).
Cette action doit être enregistrée en tant que telle d’autant que, la plupart du
temps, l’acte désavoué aura déjà donné lieu à une décision juridictionnelle. Le 2 ème
alinéa de l’article R. 635-1 du CJA prévoit qu’elle doit être communiquée aux « autres
parties », comprendre les parties concernées par la procédure initiale. Elle doit
également être communiquée à l’avocat concerné. Si cela apparaît opportun, elle peut
également être communiquée, pour observations, au bâtonnier du barreau dont il
relève.
Une partie est recevable à engager l’action en désaveu tant que la décision
juridictionnelle sur laquelle les actes ou procédures qu’elle entend désavouer ont pu
avoir une influence n’est pas devenue irrévocable (CE, 17 novembre 2010, Mme
Layus-Coustet, n°312594).
620
Questions spécifiques à certains types de recours –
Actions dirigées contre un avocat - Action en désaveu –
Requalification - Motifs
621
jugement. La demande en désaveu est communiquée aux autres
parties ».
Ou :
622
ce désistement, @TA__AR_T_NOMFREQABREGE a formé devant le
tribunal administratif une action en désaveu contre son avocat.
DECIDE :
Article 2 : ….
623
S’agissant du fond, on pourra se reporter notamment à la décision CE, 25 juin
2014, M. et Mme Thanacody et autre, n° 359629, 359630.
En son sein, l’article L. 77-13-1 prévoit que « Lorsque les actions tendant à
prévenir, faire cesser ou réparer une atteinte portée au secret des affaires relèvent de
la juridiction administrative, le juge peut mettre en œuvre les mesures prévues au
chapitre II du titre V du livre Ier du code de commerce, sous réserve des adaptations
réglementaires nécessaires. ».
11. REFERES
Les référés d’urgence sont prévus par les dispositions du titre II du livre V du
code de justice administrative (articles L. 521-1 à L. 523-1 et R. 522-1 à R. 523-3).
Le juge des référés statue en urgence lorsqu’il est saisi d’un référé-suspension,
d’un référé-liberté ou d’un référé conservatoire (mesures utiles).
624
Le référé-liberté permet d’ordonner toute mesure de sauvegarde justifiée par
l’urgence lorsqu’un acte, un agissement ou une carence de l’administration porte une
atteinte grave et manifestement illégale à une liberté fondamentale. Le juge des référés
se prononce dans un délai de quarante-huit heures (délai indicatif) (art. L.521-2).
La loi n° 2016-483 du 20 avril 2016 a créé une formation de trois juges des
référés (v. dernier alinéa de l’article L. 511-2 du CJA). La composition de ces
formations collégiales statuant en référé est fixée pour chaque affaire par le président
du tribunal administratif (art. R. 511-1 du CJA). Le président prend sa décision eu
égard à la nature de l’affaire, et quel que soit le type de référé en cause. Il est toujours
possible au juge des référés, statuant dans les conditions prévues au dernier alinéa de
l’article L. 511-2 du code de justice administrative, de renvoyer l’affaire à une autre
formation de jugement dans les conditions de droit commun.
Le juge des référés statue au terme d’une procédure écrite et orale (art. L. 522-
1). La procédure est contradictoire mais « les exigences de la contradiction sont
adaptées à celles de l’urgence » (art. L. 5) .
Instruction
625
Lorsque la demande est mise à l’instruction, elle est notifiée aux défendeurs et
les délais les plus brefs sont donnés aux parties pour fournir leurs observations (par
ex., pour le référé liberté : comp. CE, 22 avril 2010, Ministre d’Etat, garde des sceaux,
ministre de la justice et des libertés, n° 338662 et JRCE, 23 janvier 2013, Commune de
Chirongui, n° 365262). Ces délais doivent être rigoureusement observés. A défaut, il
est passé outre sans mise en demeure (art. R. 522-4).
S’il est demandé au juge des référés de prononcer les mesures visées aux
articles L. 521-1 et L. 521-2, de les modifier ou d’y mettre fin, les parties sont
convoquées sans délai et par tous moyens à l’audience (art. L.522-1 et R. 522-6).
Compte tenu de la nature même d’une action en référé, qui ne peut être intentée
qu’en cas d’urgence et ne permet que de prendre des mesures provisoires, le
demandeur n’est pas tenu de solliciter l’autorisation en justice prévue par le statut de la
personne morale qu’il représente (CE, Section, 28 novembre 1980, Ville de Paris c/
Roth, n° 17732 ; CE, 13 novembre 2002, Association Alliance pour les droits de la vie,
n° 248310 ; CE, 13 décembre 2005, Commune de Cabries, n° 280329). Cette dispense
ne s’applique qu’aux actions en référés soumises, en vertu des dispositions
applicables, à une condition d’urgence ou à de très brefs délais (CE, 30 mai 2016,
Société OPH Lille Métropole Habitat, n° 376187).
L’intervention est admise en matière de référé (CE, ord. réf., 12 janvier 2001,
Mme Hyacinthe, n° 229039 ; CE, ord. réf., 3 janvier 2003, Mme Belmina et autres, n°
253045 ; CE, ord. réf., 11 octobre 2007, Belbachir, n° 309369). La circonstance que le
représentant d’un intervenant que le juge des référés a décidé d’entendre ne justifie
pas d’un mandat l’habilitant à s’exprimer au nom de la personne qu’il représente n’est
pas de nature à entacher la procédure d’irrégularité (CE, 4 juin 2012, La Poste,
n°347563). Dans le cadre du référé suspension, une intervention, aussi bien en
demande qu’en défense, n’est recevable qu’à la condition que son auteur soit
également intervenu dans le cadre de l’action principale (CE, 10 avril 2013, Fédération
Réseau Sortir du Nucléaire et autres, n°367014).
Audience
En revanche, il peut être statué sans audience sur un référé « mesures utiles »
sauf lorsque le juge des référés est saisi d’une demande d’expulsion d’un occupant
sans titre du domaine public (CE, 24 novembre 2006, Wuister, n° 291294 ; CE, 1er
octobre 2007, Agence foncière et technique de la région parisienne, n° 299464 à
229473). Le juge des référés n’est pas tenu de convoquer les parties à une audience
publique avant de procéder à la liquidation de l’astreinte dont il a assorti l’injonction
faite à l’une des parties sur le fondement de l’article L. 521-3 du CJA.
626
Le mémoire tardif du défendeur doit, le cas échéant, être communiqué à
l’audience pour respecter le caractère contradictoire de la procédure (CE, ord. réf., 22
mars 2001, Commune d’Eragny-sur-Oise, n° 231463).
Dès lors que l’instruction se poursuit à l’audience, le juge des référés ne commet
pas d’irrégularité en se fondant sur des éléments qui ont été apportés au cours de
l’audience publique et dont l’autre partie n’a pu avoir connaissance, faute pour elle
d’avoir été présente ou représentée lors de cette audience (CE, 29 janvier 2003,
Société Chourgnoz SAS et SCI Résidence du Lac, n° 249499).
L’instruction est close à l’issue de l’audience à moins que le juge des référés ne
décide de différer la clôture de l’instruction à une date postérieure dont il avise les
parties par tous moyens (art. R. 522-8 ; CE, 18 octobre 2006, Syndicat des
copropriétaires de l’immeuble « Les Jardins d’Arago », n° 294096). Afin d’accélérer la
procédure, il est prévu en pareille hypothèse que les productions complémentaires
déposées après l’audience et avant la clôture de l’instruction peuvent être adressées
directement aux autres parties, sous réserve pour la partie qui y procède d’apporter au
juge la preuve de ses diligences. Lorsqu’il décide de communiquer, après la clôture de
l’instruction, un mémoire qui a été produit par les parties avant ou après celle-ci, le juge
des référés doit être regardé comme ayant rouvert l’instruction. Il lui appartient, en
pareil cas, sauf à fixer une nouvelle audience, d’informer les parties de la date et, le
cas échéant, de l’heure à laquelle l’instruction sera close. Il ne peut rendre son
ordonnance tant que l’instruction est ainsi rouverte (CE, 26 septembre 2012, Garde
des sceaux, ministre de la justice c/ M. Théron, n°359479).
Le juge des référés a toujours la faculté, comme tout magistrat statuant seul, de
renvoyer le dossier à une formation collégiale. Dans ce cas, un procès-verbal de
l’audience doit être établi et versé au dossier. Ce procès- verbal, qui est dressé sous la
responsabilité du juge des référés, est signé par celui-ci et par le greffier chargé de
l’audience (art. R. 522-11). Bien que la question ne soit tranchée ni par les textes, ni
par la jurisprudence, le juge des référés parait pouvoir procéder à un tel renvoi sans
avoir préalablement tenu une audience de référé, même si une note du Président de la
section du contentieux, en date du 24 novembre 2000, a plutôt préconisé la solution
inverse.
Lorsqu’une demande de récusation vise un juge des référés, celle-ci peut être
examinée par un autre juge ayant cette qualité, selon les modalités prévues par le livre
V du code de justice administrative, sans qu’il soit nécessaire de renvoyer à une
627
formation collégiale (CE, 6 février 2015, SARl Les Productions de la plume et M.
M’Bala M’Bala, n° 387757).
Sur la possibilité pour le juge des référés de participer ultérieurement à une autre
formation de jugement sur la même affaire : cf. « abstention spontanée (déport) »
Mentions
Les mentions de l’ordonnance de référé sont celles qui sont prévues par le
régime de droit commun des ordonnances (art. R. 522-11 et R. 742-1 à R. 742-5).
Si les dispositions de l’article R. 742-2 n’ont pas pour effet d’imposer au juge des
référés d’analyser ou de mentionner dans les visas de son ordonnance les moyens
développés par les parties à l’appui de leurs conclusions, il doit toutefois répondre aux
moyens soulevés, en tant que de besoin, au titre de la motivation de son ordonnance
(CE, 4 octobre 2004, Roels, n° 265162).
Il doit indiquer, le cas échéant, qu’il a été fait application des articles R. 522-8
(report de la clôture de l’instruction) et R. 522-9 (communication d’un moyen d’ordre
public).
La minute de l’ordonnance est signée du seul magistrat qui l’a rendue (art. R.
742-5). La signature du greffier n’est donc pas requise (CE, 6 mars 2006, Commune de
Roquebrune-sur-Argens, n° 283909). Mais la circonstance que l’ordonnance a été
signée en outre par le greffier est sans incidence sur sa régularité (CE, 2 avril 2004,
Sogéa, n° 257599).
Notification
L’ordonnance est notifiée sans délai et par tous moyens aux parties (art. R. 522-
12). Pour plus de détails : cf. « notification ».
Lorsqu’une ordonnance doit être notifiée à l’Etat, la notification doit être adressée
au ministre dont relève l’administration intéressée au litige, y compris dans les matières
mentionnées à l’article R. 811-10-1, dès lors que seul le ministre et non le préfet peut
représenter l’Etat devant le Conseil d’Etat (art. R. 751-8 ; CE, ord. réf., 28 octobre
2010, Ministre de l’immigration c/ M.et Mme Youssoupov, n° 343893).
628
A défaut de notification régulière, le délai de recours contre l’ordonnance ne
court pas (CE, 25 mai 2005, Ministre de l’éducation nationale c/ Mme Boyer, n°
275825, notification à tort au recteur au lieu du ministre).
Caractère exécutoire
le droit commun : l’ordonnance prend effet à partir du jour où la partie qui doit s’y
conformer en reçoit notification ;
une hypothèse intermédiaire : le juge des référés peut décider que l’ordonnance
sera exécutoire aussitôt qu’elle aura été rendue ;
Copies
Eu égard à leur caractère provisoire, les décisions du juge des référés, n’ont pas
l’autorité de la chose jugée : elles ne s’imposent ni au juge qui les a rendues ni au juge
du principal.
Le juge des référés, qui a rejeté une première requête, peut être ainsi saisi d’une
nouvelle demande tendant aux mêmes fins (CE, ord. réf., 13 octobre 2004, Hoffer, n°
273046 ; CE, 30 juin 2006, Société Les Tamarines et autres, n° 286105). Et le fait que
le juge des référés ait donné acte d’un désistement, même qualifié de désistement
d’action, ne peut faire obstacle à ce que la même partie réitère ultérieurement devant le
juge des référés une demande tendant aux mêmes fins, si elle s’y estime fondée (CE,
28 décembre 2012, Mme Chakour et autres, n°353459).
Néanmoins, les décisions du juge des référés sont exécutoires et, en vertu de
l’autorité qui s’attache aux décisions de justice, obligatoires (CE, Section, 5 novembre
2003, Association « Convention vie et nature pour une écologie radicale », n° 259339).
629
- lorsque le juge des référés a prononcé la suspension d’une décision
administrative (art. L. 521-1 du CJA) et qu’il n’a pas été mis fin à cette suspension - soit
par l’aboutissement d’une voie de recours, soit dans les conditions prévues à l’article L.
521-4 du CJA, soit par l’intervention d’une décision au fond - l’administration ne saurait
légalement reprendre une même décision sans qu’il ait été remédié au vice que le juge
des référés avait pris en considération pour prononcer la suspension,
Le rejet est prononcé sans que soit communiqué un moyen relevé d’office (art.
R. 522-10).
630
Le rejet de l’article L. 522-3 ne fait pas obstacle à ce qu’une nouvelle demande
ayant le même objet soit présentée à nouveau et soit instruite s’il apparait que le motif
qui avait justifié le rejet initial a disparu.
Le juge des référés peut en toute hypothèse, par une ordonnance prise sur le
fondement de l’article L. 522-3, rejeter les conclusions présentées sur le fondement de
l’article L. 521-2 pour incompétence de la juridiction administrative sans être alors tenu
d’examiner la question prioritaire de constitutionnalité soulevée devant lui (CE, 16
janvier 2015, Mme Lehuédé, n° 374070).
Version longue :
Version allégée :
631
La requête de ….. tend à …. Ainsi, elle ne relève pas de la
compétence de la juridiction administrative [indiquer le motif de
l’incompétence]. Par suite, il y a lieu de la rejeter selon la procédure
prévue par l’article L. 522-3 du code de justice administrative.
Il est impossible de présenter dans une même requête des conclusions relevant
de procédures de référés différentes dès lors qu’elles sont « présentées, instruites,
jugées et, le cas échéant, susceptibles de recours selon des règles distinctes ».
632
11.1.2.2.2 Absence de requête au fond (référé-suspension)
● Référés d’urgence – Ordonnances de tri – Irrecevabilité manifeste –
Absence de requête au fond (référé-suspension).
Si le recours au fond doit être précédé d’un recours administratif, le référé est
recevable dès lors que l’intéressé a justifié, en produisant une copie de ce recours, qu’il
a engagé des démarches pour obtenir l’annulation ou la réformation de la décision
contestée (CE, Section, 12 octobre 2001, Société Produits Roche, n° 237376 ; CE, 6
novembre 2002, SA Le Micocoulier, n° 246830).
Il n’appartient pas au juge des référés de régulariser une requête qui comporte, à
la fois des conclusions à fin de suspension et des conclusions au fond, en prenant
l’initiative de l’enregistrer sous deux numéros distincts (CE, 26 janvier 2007,
Association La Providence, n° 297991).
633
A défaut de production d’une copie de la requête au fond, le juge des référés
peut rejeter pour irrecevabilité la demande de suspension sans avoir préalablement
invité le requérant à la régulariser (CE, 27 août 2001, Mlle Oliva, n° 236502).
634
Par exemple, sont irrecevables :
des conclusions tendant au prononcé d’une mesure ayant le même effet que
celle que l’administration serait tenue de prendre en cas d’annulation pour excès
de pouvoir de la décision (injonction de délivrer un titre de séjour dans le cadre
d’un référé-liberté : CE, ord. réf., 14 février 2003, Mlle Fatma Fouzi, n° 254185 ;
injonction de publier la vacance d’un poste de directeur de préfecture dans le
cadre d’un référé-suspension : CE, 9 juillet 2001, Ministre de l’intérieur c/ Le
Berre, n° 232818) ;
des conclusions excédant celles présentées devant le juge du fond (CE, ord. réf.,
31 mars 2003, Union nationale de l’Apiculture, n° 254638).
des conclusions tendant à la suspension d’un acte administratif qui n’est pas
susceptible de recours. Lorsque cette irrecevabilité ressort des pièces du dossier
soumis au juge des référés, il doit la relever d’office (CE, 2 décembre 2015,
Ecole centrale de Lyon, n° 386979).
635
● Référés d’urgence – Ordonnances de tri – Irrecevabilité manifeste –
Recours au fond ayant un caractère suspensif.
Il résulte des pouvoirs confiés au juge par ces dispositions, des délais qui lui
sont impartis pour se prononcer et des conditions de son intervention que la procédure
spéciale qu’elles prévoient présente des garanties au moins équivalentes à celles des
procédures régies par le livre V du code de justice administrative. Cette procédure
636
spéciale est donc exclusive de celles prévues par le livre V du code de justice
administrative, en particulier de la procédure de référé-liberté.
La procédure de tri peut être utilisée pour ce motif aussi bien en matière de
référé-liberté que de référé-suspension. Pour l’appréciation de la notion d’urgence : cf.
en matière de référé-suspension : « urgence » et en matière de référé-liberté
« urgence ».
La procédure de tri peut être utilisée pour ce motif aussi bien en matière de
référé-liberté (CE, ord. réf., 3 avril 2003, M. Menard, n° 255391) que de référé-
suspension (CE, ord. réf., 8 février 2005, Cergan, n° 277219 ; CE, ord. réf., 17 juin
2005, Mme Marin, n° 281608).
Dans ce cas, une motivation exhaustive de l’ordonnance n’est pas exigée. Après
avoir visé la requête, analysé les moyens et cité les dispositions en application
desquelles il statue, le juge des référés peut se borner à relever que manifestement
aucun des moyens invoqués par le requérant ne lui parait propre à créer, en l’état de
l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la décision contestée (CE, 19
novembre 2003, Mme Guillet, M. Le Dudal, n° 258318) ou, en matière de référé-liberté,
qu’à l’évidence, aucune des énonciations de la requête, ni aucune des pièces du
dossier ne fait apparaître une atteinte grave et manifestement illégale à une liberté
fondamentale (CE, ord. réf., 17 juin 2005, Mme Marin, n° 281608).
Référé-suspension :
637
Aux termes de l’article L. 521-1 du code de justice
administrative : « Quand une décision administrative, même de rejet,
fait l’objet d’une requête en annulation ou en réformation, le juge des
référés, saisi d’une demande en ce sens, peut ordonner la suspension de
l’exécution de cette décision, ou de certains de ses effets, lorsque
l’urgence le justifie et qu’il est fait état d’un moyen propre à créer, en
l’état de l’instruction, un doute sérieux quant à la légalité de la
décision ». Aux termes de l’article L. 522-3 du même code : « Lorsque
la demande ne présente pas un caractère d’urgence ou lorsqu’il
apparaît manifeste, au vu de la demande, que celle-ci ne relève pas de
la compétence de la juridiction administrative, qu’elle est irrecevable
ou qu’elle est mal fondée, le juge des référés peut la rejeter par une
ordonnance motivée sans qu’il y ait lieu d’appliquer les deux premiers
alinéas de l’article L. 522-1 ». (ou : qu’en vertu de l’article L. 522-3 du
même code, le juge des référés peut, par une ordonnance motivée,
rejeter une requête, sans instruction ni audience, notamment lorsqu’il
apparaît manifeste, au vu de la demande, que celle-ci est mal fondée).
Exemples :
absence d’une décision administrative (CE, ord. réf., 31 janvier 2001, Association
Promouvoir, n° 229484 ; CE, ord. réf., 20 décembre 2005, M. Meyet, n°
288253) ;
absence d’intérêt à agir (CE, 6 mars 2002, SNC Montmorency, n° 239772 ; CE, 5
juillet 2006, Commune de la Possession, n° 285809/286016) ;
638
Lorsque l’irrecevabilité invoquée est propre à la demande de référé, mais aussi
lorsqu’elle vaut aussi bien pour les conclusions à fin d’annulation que pour celles à fin
de suspension, le juge se prononce sur la fin de non-recevoir au titre de la recevabilité
de la requête en référé, contrairement aux hypothèses dans lesquelles une
irrecevabilité est propre à la requête en annulation (CE, 23 février 2011, Société
Chazal, n°339826).
Si la décision dont la suspension est demandée est divisible, le juge des référés
peut éventuellement n’en prononcer que la suspension partielle (CE, ord. réf., 29 avril
2010, Matelly, n° 338462).
Lorsque la suspension est prononcée, elle prend fin, au plus tard, avec le
jugement sur le fond.
Mais le juge des référés, saisi sur le fondement de l’article L. 521-1 du code de
justice administrative, ne peut, sans excéder son office, ordonner une mesure qui
aurait des effets en tous points identiques à ceux qui résulteraient de l’exécution par
l’autorité administrative d’un jugement annulant la décision administrative contestée
(CE, Section, 7 octobre 2016, Commune de Bordeaux, n° 395211).
En revanche, le juge des référés ne peut d’office faire usage d’un pouvoir
d’injonction lorsqu’il prononce la suspension d’une mesure positive. Une telle injonction
doit lui être demandée (CE, 15 avril 2005, Socrate, n° 271600). Si tel n’est pas le cas,
le Conseil d’Etat a cependant jugé qu’il était loisible au juge des référés, en tenant
compte de l’objet du litige, du moyen retenu comme sérieux et de l’urgence propre à
l’affaire qui lui est soumise, de rappeler de sa propre initiative les mesures qui
s’imposent à l’administration pour assurer l’exécution de la suspension qu’il prononce
(CE, 9 mai 2005, SCI Pauline, n° 269452 ; rapp., s’agissant des jugements, CE,
Assemblée, 29 juin 2001, Vassilikiotis, n° 213229 ; CE, 27 juillet 2001, Titran, n°
222509).
639
11.1.3.1 VISAS
Référés d’urgence – Référé-suspension – Visas.
Vu :
- les autres pièces du dossier ;
- la requête enregistrée sous le n° tendant à … .
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
11.1.3.2 MOTIFS
11.1.3.2.1 Urgence
● Référés d’urgence – Référé-suspension – Motifs – Urgence.
640
L’urgence s’apprécie de manière concrète, compte tenu des justifications
fournies par le requérant (art. R. 522-1). Celui-ci doit apporter des éléments précis sur
sa propre situation et sur les conséquences que peut entraîner la décision. Des
considérations générales sur la portée de la décision ne suffisent pas à caractériser
une situation d’urgence (CE, ord. réf., 20 août 2003, M. Antagnac, n° 259500 ; CE, ord.
réf., 30 mars 2006, M. Afane-Jacquart, n° 291549).
Cependant, l’urgence n’est pas admise lorsque le requérant s’est placé lui-
même dans une situation d’urgence en raison de sa propre négligence (CE, ord. réf., 9
janvier 2001, Deperthes, n° 228928 ; CE, ord. réf., 12 mai 2004, Parti Les Verts, n°
267366). C’est le cas, par exemple, s’il ne saisit pas le juge des référés dans un délai
utile (CE, ord. réf., 20 novembre 2006, Mme Belmonte, n° 298653), ou conteste le
refus opposé à une demande qu’il a tardée à présenter (CE, 15 juillet 2004, Mlle
Yekini, n° 262385).
Ainsi que l’a précisé la décision Confédération nationale des radios libres (CE,
Section, 19 janvier 2001, n° 228815), l’urgence à suspendre une décision peut être
admise alors même que cette décision n’aurait un objet ou des répercussions que
purement financiers et que, en cas d’annulation, ses effets pourraient être effacés par
une réparation pécuniaire. A été notamment reconnu comme caractérisant une
situation d’urgence le fait pour un fonctionnaire d’avoir été privé de son traitement
pendant plusieurs mois (CE, ord. réf., 22 juin 2001, Creurer, n° 234434).
641
Pour apprécier l’immédiateté du préjudice, le juge tient compte de la date
prévisible du jugement au fond (CE, ord. réf., 24 avril 2001, Société Produits Roche, n°
231401 ; CE, ord. réf., 8 septembre 2006, M. Bonal, n° 296910), des dates respectives
d’introduction de la requête au fond et de la demande de suspension (CE, ord. réf., 14
septembre 2001, Van de Walle, n° 238110), de la date d’entrée en vigueur de la
décision (CE, ord. réf., 28 février 2001, Union syndicale Groupe des 10, n° 229881).
Le juge des référés peut, sans commettre d’erreur de droit, rejeter pour défaut
d’urgence une demande de suspension d’un acte retiré avant l’intervention de son
ordonnance alors même qu’il aurait pu opposer un non-lieu (CE, 30 décembre 2002, M.
Urban, n° 248895) .
Le juge des référés doit motiver l’urgence qui justifie la suspension de l’exécution
de la décision (CE, Section, 28 février 2001, Préfet des Alpes-Maritimes – Société Sud-
Est assainissement, n° 229562). Il lui appartient, afin, notamment, de mettre le juge de
cassation en mesure d’exercer son contrôle, de faire apparaître les raisons de droit et
de fait pour lesquelles soit il considère que l’urgence justifie la suspension de l’acte
attaqué, soit il estime qu’elle ne la justifie pas. Le respect de cette exigence s’apprécie,
toutefois, au regard des justifications apportées dans la demande et de l’argumentation
présentée en défense (CE, Section, 25 avril 2001, Association des habitants du littoral
du Morbihan (A.H.L.M.), n° 230025 ; CE, 16 avril 2010, Secrétaire d’Etat chargé du
commerce c/ Mlle Rousseau, n° 331312).
Ne motive ainsi pas suffisamment son ordonnance le juge des référés qui se
borne à relever l’urgence justifiant la suspension demandée sans en indiquer les motifs
(CE, 21 novembre 2001, Ministre de l’intérieur c/ M. Lyamani, n° 229809).
11.1.3.2.1.1 Existence
Référés d’urgence – Référé-suspension – Motifs –
Urgence – Existence.
642
administratif, d’apprécier concrètement, compte tenu des justifications
fournies par le requérant, si les effets de l’acte litigieux sont de nature à
caractériser une urgence justifiant que, sans attendre le jugement de la
requête au fond, l’exécution de la décision soit suspendue. L’urgence
doit être appréciée objectivement compte tenu de l’ensemble des
circonstances de l’affaire.
11.1.3.2.1.2 Absence
Référés d’urgence – Référé-suspension – Motifs –
Urgence – Absence.
Ou :
644
lui) de réaliser immédiatement le projet qui a motivé l’exercice du droit
de préemption. Dans ces conditions, la condition d’urgence énoncée à
l’article L. 521-1 du code de justice administrative doit être regardée
comme remplie.
Ou :
645
L’urgence justifie que soit prononcée la suspension d’un acte
administratif lorsque l’exécution de celui-ci porte atteinte de manière
suffisamment grave et immédiate à un intérêt public, à la situation du
requérant ou aux intérêts qu’il entend défendre. Cette condition
d’urgence est, en principe, constatée dans le cas d’un refus de
renouvellement ou d’un retrait de titre de séjour. Par suite, M. …
demandant la suspension du refus de renouvellement du titre de séjour
qui lui a été opposé et le préfet … ne faisant état d’aucune circonstance
particulière de nature à faire échec à cette présomption, la condition
d’urgence prévue à l’article L. 521-1 du code de justice administrative
doit être regardée comme remplie.
Le juge des référés peut également être saisi d’une question prioritaire de
constitutionnalité (CE, ord. réf., 16 juin 2010, Mme Diakité, n° 340250). Pour plus de
détails : cf. « transmission d’une question prioritaire de constitutionnalité ». Le juge des
référés peut en toute hypothèse, y compris lorsqu’une QPC est soulevée devant lui,
rejeter les conclusions présentées sur le fondement de l’article L. 521-1 du CJA pour
irrecevabilité ou pour défaut d’urgence. S’il rejette les conclusions à fin de suspension
pour l’un de ces motifs, il n’y a pas lieu, pour le juge des référés, de statuer sur la
demande de renvoi au Conseil constitutionnel d’une QPC (CE, 19 novembre 2010,
Benzoni, n°344014).
Si le juge des référés ne rejette pas les conclusions à fin de suspension pour l’un
de ces motifs, il lui appartient de se prononcer, en l’état de l’instruction, sur la
transmission de la QPC au Conseil constitutionnel. Même s’il décide de lui renvoyer la
question, il peut faire usage des pouvoirs que l’article L. 521-1 lui confère pour
ordonner à titre provisoire la suspension de l’exécution de l’acte attaqué, s’il estime que
les conditions posées par cet article sont remplies (CE, juge des référés, Mme
Schreuer, n° 400913).
Par ailleurs, il peut retenir un moyen qui est soulevé devant lui mais qui n’est pas
soulevé dans la requête au fond et n’est pas d’ordre public sauf si ce moyen relève
d’une cause juridique distincte de celle à laquelle se rattachent les moyens soulevés
dans l’instance au fond dans le délai de recours contentieux (CE, 30 décembre 2002,
Société Cottage Wood, n° 249860).
646
Le juge du référé suspension peut prononcer la suspension de l’exécution d’un
arrêté en tant seulement qu’il entre en vigueur prématurément. Il peut assortir cette
suspension d’une injonction de fixer une nouvelle date d’entrée en vigueur (CE, juge
des référés, 13 juin 2016, Société Menarini France, nos 399765 et autres).
Si aucun des moyens n’est regardé comme étant susceptible de créer un tel
doute, il suffit d’utiliser la formule synthétique selon laquelle « les moyens tirés de
[analyse des moyens invoqués] ne sont pas propres, en l’état de l’instruction, à créer
un doute sérieux quant à la légalité de la décision attaquée ». Dès lors que les visas
font apparaître une liste exhaustive des moyens invoqués, il est loisible au juge des
référés de se borner à utiliser la formule « aucun des moyens invoqués n’est, en l’état
de l’instruction, de nature à créer un doute sérieux quant à la légalité de la décision
attaquée » (CE, 14 mars 2001, Mme Aalilouch, n° 230268 ; CE, 26 septembre 2001,
Sté de transports La Mouette, n° 231081).
11.1.3.2.2.1 Existence
Référés d’urgence – Référé-suspension – Motifs – Moyen
propre à créer un doute sérieux – Existence.
11.1.3.2.2.2 Absence
Référés d’urgence – Référé-suspension – Motifs – Moyen
propre à créer un doute sérieux – Absence.
647
Le(s) moyen(s) tiré(s) de [analyse du ou des moyens retenus] est
(ou : sont) propre(s), en l’état de l’instruction, à créer un doute sérieux
sur la légalité de la décision attaquée. En revanche, pour l’application
des dispositions de l’article L. 600-4-1 du code de l’urbanisme, le(s)
moyen(s) tiré(s) de [analyse du ou des moyens écartés] n’est pas (ou :
ne sont pas) de nature à faire naître un tel doute.
11.1.3.3 DISPOSITIF
11.1.3.3.1 Octroi de la suspension
Référés d’urgence – Référé-suspension – Dispositif –
Octroi de la suspension.
Article X : [Notification]
Article 2 : [Notification]
Saisi d’une demande justifiée par l’urgence, le juge des référés peut ordonner
toutes mesures nécessaires à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une
personne morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la gestion
d’un service public aurait porté, dans l’exercice de ses pouvoirs, une atteinte grave et
manifestement illégale.
En cas de voie de fait, le juge des référés est compétent, comme le juge
judiciaire, pour enjoindre à l’administration d’y mettre fin (CE, 12 mai 2010, M. Alberigo,
n° 333565 ; JRCE, 23 janvier 2013, Commune de Chirongui, n°365262).
Le juge des référés ne peut être saisi par un mineur non émancipé, qui ne
dispose pas, en principe, de la capacité pour agir en justice, sauf circonstances
particulières justifiant que, eu égard à son office, il ordonne une mesure sur le
fondement de l’article L. 521-2 du code de justice administrative (CE, 30 décembre
2011, Boiguile, n°350458; CE, 12 mars 2014, M. Kaibo, n° 375956).
648
portée à une liberté fondamentale pouvant résulter tout aussi bien d’un agissement ou
d’une carence que d’une décision de l’administration.
11.1.4.1 VISAS
Référés d’urgence – Référé-liberté – Visas.
Vu la procédure suivante :
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
649
Ont été entendus au cours de l’audience publique (à l’issue de
laquelle il a été décidé de prolonger l’instruction jusqu’au ….à
….heures) :
- le rapport de M ….., juge des référés ;
- les observations de ………. ;
- les observations de …….. .
11.1.4.2 MOTIFS
11.1.4.2.1 Urgence
● Référés d’urgence – Référé-liberté – Motifs – Urgence.
Mais le seul constat d’une atteinte grave et prolongée ou répétée à une liberté
fondamentale peut aussi suffire à caractériser l’urgence (violation du secret des
correspondances, CE, 9 avril 2004, Vast, n° 263759 ; carence persistante de
l’administration à exécuter un jugement annulant une mesure d’éloignement prise à
l’encontre d’un étranger en droit d’obtenir une carte de séjour portant la mention « vie
privée et familiale », CE, ord. réf., 11 juin 2002, Ait Oubba, n° 247649 ; refus prolongé
d’accorder le concours de la force publique, CE, ord. réf., 21 novembre 2002, Gaz de
France, n° 251726 ; refus d’admission au séjour au titre de l’asile, CE, 17 mars 2010,
Wahidi, n° 332586).
650
11.1.4.2.1.1 Existence
11.1.4.2.1.2 Absence
Version longue :
651
à la sauvegarde d’une liberté fondamentale à laquelle une personne
morale de droit public ou un organisme de droit privé chargé de la
gestion d’un service public aurait porté, dans l’exercice d’un de ses
pouvoirs, une atteinte grave et manifestement illégale. Le juge des
référés se prononce dans un délai de quarante-huit heures ». Lorsqu’un
requérant fonde son action non sur la procédure de suspension régie par
l’article L. 521-1 du code précité mais sur la procédure de protection
particulière instituée par l’article L. 521-2 de ce code, il lui appartient
de justifier de circonstances caractérisant une situation d’urgence qui
implique, sous réserve que les autres conditions posées par l’article L.
521-2 soient remplies, qu’une mesure visant à sauvegarder une liberté
fondamentale doive être prise dans les quarante-huit heures.
Version abrégée :
652
n° 284307), la liberté d’entreprendre et la liberté du commerce et de l’industrie (CE,
ord. réf., 12 novembre 2001, Commune de Montreuil-Bellay, n° 239840), la liberté
d’opinion (CE, Section, 28 février 2001, Casanovas, n° 229163), le droit de grève (CE,
9 décembre 2003, Mme Aguillon, n° 262186), le droit à assurer de manière effective sa
défense devant le juge (CE, ord. réf., 18 septembre 2008, Benzineb n° 320384), la
présomption d’innocence (CE, ord. réf., 14 mars 2005, Gollnisch, n° 278435), le droit
au respect de la vie (CE, Section, 16 novembre 2011, Ville de Paris et société
d’économie mixte PariSeine, n°s 353172 et 353173 ; CE, Ass., 14 février 2014, Mme
Lambert et autres, n°s 375081 375090 375091), le droit de ne pas subir un traitement
qui serait le résultat d’une obstination déraisonnable (CE, Ass., 14 février 2014, Mme
Lambert et autres, n°s 375081 375090 375091), la liberté de se marier (CE, 9 juillet
2014, M. Mbaye, n° 382145), le droit de ne pas être soumis à un harcèlement moral
(CE, 19 juin 2014, Commune du Castellet, n° 381061), le droit à un recours effectif
(CE, juge des référés, 19 janvier 2016, Association musulmane El Fath, n° 396003), le
droit de ne pas être soumis à des traitements inhumains et dégradants (CE, 27 juillet
2016, Département du Nord c/ M. Badiaga, n° 400055)..
653
Le juge des référés peut également être saisi d’une question prioritaire de
constitutionnalité (CE, ord. réf., 16 juin 2010, Mme Diakité, n°340250).
Le juge des référés peut opérer d’office une substitution de base légale, après
avoir mis à même les parties de présenter leurs observations (CE, ord. réf., 19 mars
2014, M. Muhamat Ibrahim, n° 376232).
11.1.4.3 DISPOSITIF
11.1.4.3.1 Référé accordé
Référés d’urgence – Référé-liberté – Dispositif – Référé
accordé.
Article 2 : [Notification]
Article 2 : [Notification]
Si son domaine privilégié est celui de l’expulsion des occupants sans titre du
domaine public ou de la communication de documents administratifs, il s’applique
également dans des hypothèses très variées afin de prévenir la survenance ou
l’aggravation d’une situation dommageable ou de sauvegarder l’intérêt général :
654
injonction de prendre des mesures conservatoires destinées à faire
échec ou à mettre un terme à un péril dont il n’est pas
sérieusement contestable qu’il trouve sa cause dans l’action ou la
carence de l’autorité publique (CE, Section, 16 novembre 2011,
Ville de Paris et société d’économie mixte PariSeine, n°s 353172 et
353173).
Le juge des référés, notamment saisi sur le fondement de l’article L. 521-3, est
compétent, comme le juge judiciaire, pour enjoindre à l’administration de faire cesser
une voie de fait (CE, 12 mai 2010, M. Alberigo, n° 333565).
Si la requête n’est pas rejetée par ordonnance de tri (art. L. 522-3 du CJA), elle
doit faire l’objet d’une instruction contradictoire (CE, 28 mai 2001, Codiam, n° 230692).
Lorsque, au vu de la demande dont il est saisi, le juge des référés estime qu’il y
a lieu, non de la rejeter en l’état pour l’une des raisons mentionnées à l’article L. 522-3,
mais d’engager la procédure prévue à l’article L. 522-1 en communiquant la demande
au défendeur, il lui incombe de poursuivre l’instruction dans le respect du caractère
contradictoire de la procédure. Notamment, s’il entend se fonder sur des éléments
contenus dans un mémoire produit par l’une des parties, il lui appartient, avant de
statuer, de mettre l’autre partie en mesure, par tous moyens, d’en prendre
connaissance et d’y répondre.
655
Mais la tenue d’une audience publique n’est pas, en principe, obligatoire (CE, 27
mai 2015, Compagnie nationale du Rhône, nos 385235 et 386045). Les exigences de la
contradiction impliquent que les parties soient informées du délai dans lequel elles sont
autorisées à produire leurs observations en réponse à un mémoire, dès lors qu’en
l’absence d’audience, elles ne sont pas mises en mesure d’exposer éventuellement
leurs observations avant que le juge ne statue (CE, 15 février 2012, Société nationale
des chemins de fer français et réseau ferré de France, n°s 351174 et 351186).
11.1.5.1 VISAS
Référés d’urgence – Référé mesures utiles – Visas.
Vu la procédure suivante :
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
11.1.5.2 MOTIFS
11.1.5.2.1 Communication des documents administratifs
● Référés d’urgence – Référé mesures utiles – Motifs –
Communication des documents administratifs.
656
Lorsqu’une instance au fond a été introduite, la demande est dépourvue d’utilité
dès lors qu’il appartient au juge saisi d’un recours en excès de pouvoir de faire usage
de ses pouvoirs généraux d’instruction pour ordonner, le cas échéant, les
communications nécessaires à la solution du litige (CE, 11 octobre 1989, Wade, n°
106414 ; CE, 28 septembre 1994, Mazeron, n° 146681 ; CE, ord. réf., 1er avril 2005,
Potolot, n° 279177 ; CE, 20 février 2012, Valéry, n°353134).
Dès lors que le référé ne peut faire obstacle à l’exécution d’une décision
administrative, la demande ne doit pas avoir été précédée d’une décision de l’autorité
administrative refusant de communiquer les documents en cause (CE, 10 mars 1995,
Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche c/ Colasse, n° 158582).
Lorsque le juge des référés est saisi d’une demande d’expulsion d’un occupant
du domaine public, il lui appartient de rechercher si, au jour où il statue, cette demande
présente un caractère d’urgence, d’utilité et ne se heurte à aucune contestation
sérieuse (CE, 6 avril 2001, Ministre de l’éducation nationale c/ Cros Decan et Mme
Michel, n° 230000 ; CE, Section, 16 mai 2003, SARL Icomatex, n° 249880 ; CE, 1er
octobre 2007, Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP), n°
299464 à 299473 ; CE, 23 juillet 2010 RATP-Soc. Promo Métro n°335132 ; CE, 1er
février 2012, Padureanu, n°349749).
657
Si le juge du référé-mesures utiles peut ordonner l’expulsion d’un occupant du
domaine public d’une collectivité territoriale lorsque, au jour où il statue, cette demande
présente un caractère d’urgence et ne se heurte à aucune contestation sérieuse, il
n’entre pas dans l’office du juge administratif d’autoriser la collectivité à demander à
l’Etat, sur le fondement des dispositions du code des procédures civiles d’exécution, le
concours de la force publique pour l’exécution de cette décision. De telles conclusions
sont donc irrecevables (CE, 5 octobre 2016, Association Atelier d’architecture
autogérée, n° 396143)..
Le juge des référés doit convoquer les parties à une audience publique, eu égard
au caractère quasi-irréversible de la mesure qu’il peut être conduit à prendre, aux
effets de celles-ci sur la situation des personnes concernées et dès lors qu’il se
prononce en dernier ressort (CE, 24 novembre 2006, Wuister, n° 291294 ; CE, 1er
octobre 2007, Agence foncière et technique de la région parisienne (AFTRP), n°
299464 à 299473).
Le juge des référés n’a pas le pouvoir d’accorder à l’occupant un délai pour
quitter les lieux (CE, Section, 3 octobre 1958, Société des Autocars garonnais, n°
37051, Rec. p. 468). Mais il peut prévoir que son injonction soit assortie d’une astreinte
et prévoir que celle-ci ne commencera à courir qu’à l’expiration d’un délai qu’il lui
appartient de fixer (CE, 6 avril 2001, Ministre de l’Education nationale c/ Cros Decan et
Mme Michel, n° 230000 ; CE, 19 mai 2003, Mme Monteil, n° 250987 ; CE, 2 juin 2006,
Chambre de commerce et d’industrie Marseille -Provence, n° 286465).
11.1.5.3 DISPOSITIF
11.1.5.3.1 Référé accordé
Référés d’urgence – Référé mesures utiles – Dispositif –
Référé accordé.
658
Article 1er : Il est enjoint à …… de communiquer à …..
[énumération des documents]) dans un délai de …. jours à compter de
la notification de la présente ordonnance.
Article 2 : [Notification]
Ou :
Article 2 : [Notification]
Article 2 : [Notification]
Les référés en matière de passation de contrats et marchés ont fait l’objet d’une
profonde réforme avec l’ordonnance n° 2009-515 du 7 mai 2009 relative aux
procédures de recours applicables aux contrats de la commande publique et le décret
n° 2009-1456 du 27 novembre 2009, relatif aux procédures de recours applicables aux
contrats de la commande publique, qui modifient le régime applicable au référé
précontractuel régi par les articles L. 551-1 et suivants du code de justice
administrative, et instituent une nouvelle procédure de référé, le référé contractuel,
prévu aux articles L 551-13 et suivants du même code.
659
Le référé précontractuel est institué par l’article L. 551-1 du CJA qui dispose,
dans sa version désormais en vigueur, que : « Le président du tribunal administratif, ou
le magistrat qu’il délègue, peut être saisi en cas de manquement aux obligations de
publicité et de mise en concurrence auxquelles est soumise la passation par les
pouvoirs adjudicateurs de contrats administratifs ayant pour objet l’exécution de
travaux, la livraison de fournitures ou la prestation de services, avec une contrepartie
économique constituée par un prix ou un droit d’exploitation, la délégation d’un service
public ou la sélection d’un actionnaire opérateur économique d’une société d’économie
mixte à opération unique. Il peut également être saisi en cas de manquement aux
mêmes obligations auxquelles sont soumises, en application de l’article L. 521-20 du
code de l’énergie, la sélection de l’actionnaire opérateur d’une société d’économie
mixte hydroélectrique et la désignation de l’attributaire de la concession. Le juge est
saisi avant la conclusion du contrat. ».
660
travaux sur le consulat général de France à Djibouti, n’ayant pas la nature d’un marché
public, passé en application du code des marchés publics ou au sens du droit
communautaire, et n’entrant pas dans le champ des dispositions de l’article L. 551-1 du
CJA ; CE, 19 janvier 2011, Chambre de commerce et d’industrie de Pointe-à-Pitre,
n°341669 : convention permettant à son titulaire d’aménager et d’exploiter une
boutique hors taxe dans un aéroport, qualifiée de convention d’occupation du domaine
public et non pas de délégation de service public quand bien même elle est assortie de
prescriptions tenant à la qualité du service, à l’aménagement des horaires d’ouverture
et à la promotion des produits locaux, dès lors qu’elle n’a pas pour objet ou pour effet
de confier la gestion du service public au cocontractant).
661
3 novembre 1995, CCI de Tarbes et des Hautes-Pyrénées, n° 157304), et ce même si
la validité de la signature est manifestement contestable (CE, 7 mars 2005, Société
Grandjouan-Saco, n° 270778), car il n’appartient pas au juge des référés
précontractuels de contrôler la validité de la signature d’un contrat (CE, 8 février 1999,
Société Campenon Bernard SGE, n° 188100). Dès lors que les pouvoirs conférés au
juge des référés précontractuels ne peuvent plus être exercés après la conclusion du
contrat, le juge du référé précontractuel qui statue après la passation du contrat peut
régulièrement rendre une ordonnance, qui constate qu’en raison de cette passation, la
requête n’a pas ou n’a plus d’objet, sans tenir d’audience publique (CE, 7 mars 2005,
Société Grandjouan-Saco, n° 270778).
662
d’aménagement et de construction des Alpes-Maritimes – Côte d’Azur Habitat, n°
308464).
ou
Les articles L. 551-4 du CJA, pour ce qui concerne les contrats passés par les
pouvoirs adjudicateurs, et L. 551-9, pour les contrats passés par les entités
adjudicatrices, prévoient que l’exercice du référé précontractuel suspend la procédure
de passation, et que le contrat ne peut être signé à compter de la saisine du tribunal
administratif et jusqu’à la notification au pouvoir adjudicateur ou à l’entité adjudicatrice
de la décision juridictionnelle.
Pour donner son plein effet à cette suspension automatique, il est prévu une
obligation de notification par le requérant de son recours au pouvoir adjudicateur ou à
l’entité adjudicatrice, qui doit être effectuée en même temps et selon les mêmes
modalités que le dépôt du recours devant la juridiction (articles R. 551-1 et R. 551-2)
(sur ce point cf. « obligation de notification du recours au pouvoir adjudicateur ou à
l’entité adjudicatrice »).
La communication du référé par le tribunal est réputée avoir été reçue par le
pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice dès sa mise à disposition dans
l’application Télérecours (CE, 17 octobre 2016, Ministre de la défense c. Société
Tribord, n°400791). La circonstance que la notification ait été faite en dehors des
horaires d'ouverture de ce service est dépourvue d'incidence, le délai de suspension
663
courant à compter non de la prise de connaissance effective du recours par le pouvoir
adjudicateur, mais de la réception de la notification qui lui a été faite (CE
14 février 2017, Société des eaux de Marseille, n° 403614).
Sauf dans le cas des marchés passés par l’Etat, une requête en référé
précontractuel peut également être présentée par celui-ci lorsque la Commission
européenne lui a notifié les raisons pour lesquelles elle estime qu’une violation grave
des obligations de publicité et de mise en concurrence applicables a été commise.
(article L. 551-10 du CJA, 2ème alinea)
La qualité pour agir s’apprécie de manière plus souple que dans le cadre du
contentieux général, et eu égard aux caractéristiques particulières de la procédure
prévue par l’article L. 551-1 du CJA et aux courts délais dans lesquels elle est
enserrée.
664
représentant légal d’exercer en son nom une action en justice, cette obligation ne
s’applique pas, eu égard aux contraintes qui leur sont propres, aux actions en référé
soumises, en vertu des dispositions applicables, à une condition d’urgence ou à de très
brefs délais (CE, 30 mai 2016, Société OPH Lille Métropole Habitat, n° 376187).
Une entreprise membre d’un groupement ayant présenté une offre a un intérêt à
la conclusion du contrat et est ainsi recevable à saisir le juge des référés sur le
fondement des dispositions de l’article L. 551-1 du CJA, y compris en son nom
personnel : CE, 18 juin 2010, Commune de Saint Pal de Mons, n° 337377.
665
passation du marché devra assortir l’injonction éventuellement prononcée d’une
formule du type : « Il est enjoint à [le pouvoir adjudicateur], s’il entend conclure un
marché du même objet, de reprendre la procédure de passation en se conformant à
ses obligations de publicité et de mise en concurrence » (CE, 8 avril 2005, Société
Radiometer, n° 270476).
S’agissant des contrats passés par les entités adjudicatrices et des contrats
passés dans les domaines de la défense ou de la sécurité, l’article L. 551-6 du CJA
prévoit, outre la possibilité d’ordonner à l’auteur du manquement de se conformer à ses
obligations et de suspendre l’exécution de toute décision qui se rapporte à la passation
du contrat, la possibilité pour le juge d’assortir sa décision d’injonction ou de
suspension d’une astreinte provisoire puis éventuellement définitive. Le juge peut
prendre en considération, dans l’exercice de ce pouvoir, les intérêts susceptibles d’être
lésés et notamment l’intérêt public pour renoncer à faire usage de cette compétence
lorsque les inconvénients qu’elle comporte pourraient l’emporter sur les avantages
escomptés (article L. 551-7).
Le juge peut prononcer d’office les mesures prévues aux articles L. 551-2 et
L. 551-6 et n’est donc pas tenu par les demandes des parties (article L. 551-12). Cette
disposition étend la possibilité reconnue par la jurisprudence au juge du référé
précontractuel d’aller au-delà de ce que réclamait le requérant CE, 20 octobre 2006,
Commune d’Andeville, n° 289234 : le juge du référé précontractuel peut annuler la
procédure de passation d’une délégation de service public même si le requérant ne
demandait que sa suspension ; CE, 15 décembre 2006, Société Corsica Ferries, n°
298618).
Lorsqu’il entend prononcer d’office une mesure qui n’est pas demandée par les
parties, le juge doit toutefois au préalable en informer les parties et les inviter à
présenter leurs observations en leur indiquant le délai qui leur est imparti à cette fin, ou
le cas échéant, la date de l’audience où elles pourront les produire (article R. 551-4).
Lorsque les parties ont saisi le juge de conclusions subsidiaires tendant à ce qu’il
prenne « toute autre mesure qu’il jugerait plus adaptée dans le cadre de ses pouvoirs
de pleine juridiction », il peut prononcer l’annulation de l’ensemble de la procédure
sans informer préalablement les parties de cette possibilité (CE, 23 novembre 2011,
Département des Bouches-du-Rhône, n°350519).
666
Référé précontractuel – Régime procédural – Pouvoirs du
juge – Visas.
Vu la procédure suivante :
Vu
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
- Opérance des seuls moyens liés aux manquements relatifs aux obligations de
publicité et de mise en concurrence :
Seuls peuvent être utilement invoqués devant le juge du référé précontractuel les
manquements relatifs aux obligations de publicité et de mise en concurrence (par
exemple, caractère inopérant du moyen tiré de l’absence de consultation du comité
667
technique paritaire ou de la commission des services publics, CE, 24 octobre 2008,
Syndicat intercommunal d’eau et d’assainissement de Mayotte et SNC Sogea Mayotte,
n° 300034 ; mais peut être utilement soulevé, dans certains cas, le moyen tiré de
l’irrégularité de la composition de la commission d’appel d’offres : CE, 27 juillet 2001,
Société Degremont et syndicat intercommunal d’assainissement et de protection de
l’environnement de Toulon, La Valette, La Garde, Le Pradet, n°s 232820, 232950).
- Opérance des seuls moyens liés aux manquements qui, eu égard à leur portée
et au stade de la procédure auquel ils se rapportent, sont susceptibles d’avoir lésé le
requérant :
Dès lors que les personnes habilitées à agir pour qu’il soit mis fin aux
manquements à des obligations de publicité et de mise en concurrence sont celles
susceptibles d’être lésées par de tels manquements, il appartient au juge du référé
précontractuel de rechercher si l’entreprise qui le saisit se prévaut de manquements
qui, eu égard à leur portée et au stade de la procédure auquel ils se rapportent, sont
susceptibles de l’avoir lésée ou risquent de la léser, fût-ce de façon indirecte, en
avantageant une entreprise concurrente (CE, Section, 3 octobre 2008, Syndicat mixte
intercommunal de réalisation et de gestion pour l’élimination des ordures ménagères
du secteur est de la Sarthe (SMIRGEOMES), n° 305420, AJDA 2008, p. 2161, note E.
Geffray, S.-J. Liéber). Ainsi, le moyen tiré de la méconnaissance des dispositions du
code général des collectivités territoriales encadrant la durée d'une délégation de
service public peut être utilement soulevé par le demandeur à condition que ce dernier
soit lésé par cette méconnaissance, compte tenu de sa portée et du stade de la
procédure auquel elle se rapporte (CE, 15 décembre 2008, Communauté
intercommunale des villes solidaires, n° 312350). De même, le moyen tiré de la
méconnaissance par le cahier des prescriptions techniques particulières de
spécifications légales applicables au marché ne peut utilement être invoqué qu’à la
condition qu’un tel manquement, eu égard à sa portée et au stade de la procédure
auquel il se rapporte, soit susceptible d’avoir lésé l’entreprise qui l’invoque (CE, 4
février 2009, Commune de Toulon, n° 311344). A cet égard, la circonstance que l'offre
du concurrent évincé, auteur du référé contractuel, soit irrégulière ne fait pas obstacle à
ce qu'il puisse se prévaloir de l'irrégularité de l'offre de la société attributaire du contrat
en litige (CE, 27 mai 2020, Société Clean Building, n°435982).
Dans une décision du 24 mars 2021, NAMA Symvouloi Michanikoi kai Meletites
AE – LDK Symvouloi Michanikoi AE, C-771/19, la Cour de justice de l’Union
européenne a dit pour droit qu’un soumissionnaire qui a été exclu d’une procédure de
passation de marché public à un stade antérieur à la phase d’attribution de ce marché
et dont la demande de sursis à exécution de la décision l’excluant de cette procédure a
été rejetée, peut invoquer, dans sa demande de sursis à exécution de la décision
admettant l’offre d’un autre soumissionnaire, introduite concomitamment, tous les
moyens tirés de la violation du droit de l’Union en matière de marchés publics ou des
règles nationales transposant ce droit, y compris des moyens qui ne présentent pas de
lien avec les irrégularités en raison desquelles son offre a été exclue. Aucune décision
du Conseil d’Etat ne se prononce, à ce jour, sur les conséquences à tirer de cette
nouvelle jurisprudence.
668
septembre 2015, Association de gestion du conservatoire national des arts et métiers
des pays de la Loire et autres, n° 390041).
669
Référé précontractuel – Champ d’application du référé précontractuel –
Compétence territoriale du juge du référé précontractuel.
des autorités publiques dénommées dans le contrat (CE, 26 juin 2015, Ministre
de la défense c. Société Olympe Service, n°389599).
Eu égard aux pouvoirs ainsi conférés au juge par la loi, qui lui permettent
notamment de faire obstacle à la passation d’un contrat, et à la circonstance que
l’ordonnance rendue par le juge n’est pas susceptible d’appel, les parties doivent être
mises à même de présenter au cours d’une audience publique des observations orales
à l’appui de leurs observations écrites (CE, Assemblée, 10 juin 1994, Commune de
Cabourg, n° 141633). Toutefois, ces pouvoirs conférés au juge du référé
précontractuel ne peuvent plus être exercés après la conclusion du contrat. Il en
résulte que, lorsqu’il se prononce après la passation du marché, le juge du référé
précontractuel peut régulièrement rendre une ordonnance qui constate qu’en raison de
cette passation, la requête n’a pas ou n’a plus d’objet, sans tenir d’audience publique :
CE, 7 mars 2005, Société Grandjouan-Saco, n° 270778.
670
secret lui est opposé à tort, d’enjoindre à cette partie de produire les pièces en cause
et de tirer les conséquences, le cas échéant, de son abstention (CE, 17 octobre 2016,
Commune d’Hyères-les-Palmiers et Mme Maestracci, nos 400172 et 400175).
La circonstance que le juge du référé précontractuel s'est fondé sur des pièces
communiquées en violation du secret des affaires n'est pas de nature à entacher
d'irrégularité ni d'erreur de droit son ordonnance, dès lors que ces pièces ont pu être
discutées contradictoirement par les parties. (CE, 9 juin 2021, Société Lorany Conseils,
n°449643)
Le principe d’impartialité ne fait pas non plus obstacle à ce qu’un magistrat ayant
prononcé, sur le fondement de l’article L. 551-1 du code de justice administrative
(référé précontractuel), l’annulation de la procédure de passation d’un marché public
statue sur une demande présentée sur le fondement de l’article L. 521-1 du même
code et tendant à la suspension de l’exécution du marché attribué après reprise de la
procédure de passation conformément à la première décision juridictionnelle (CE, 19
janvier 2015, Société Ribière, n° 385634).
671
des moyens irrecevables, des moyens inopérants ou des moyens qui ne sont assortis
que de faits manifestement insusceptibles de venir à leur soutien ou ne sont
manifestement pas assortis des précisions permettant d’en apprécier le bien-fondé.ne
paraît cependant pas applicable puisqu’il ne peut être mis en œuvre qu’ « après
l’expiration du délai de recours ». En effet, il n’existe pas à proprement parler de délai
de recours en matière de référé précontractuel, celui-ci pouvant être mis en oeuvre
jusqu’à la signature du contrat.
- Pour les contrats dont la passation n’est pas soumise à une obligation de
publicité préalable et pour les contrats soumis à publicité préalable auxquels ne
s’applique par l’obligation de communiquer la décision d’attribution aux candidats non
retenus, le juge ne peut statuer avant un délai de 11 jours à compter de la publication
de l’intention de conclure le contrat prévue à l’article L. 551-15 du CJA.
Le juge dispose d’un délai pour statuer fixé par voie réglementaire (article L. 551-
11). Ce délai est fixé à vingt jours par l’article R. 551-5. Le délai prévu par l’article R.
551-5 a toutefois une valeur simplement indicative et il n’est pas prescrit à peine de
dessaisissement du juge (pour le délai prévu par les dispositions existantes avant
l’entrée en vigueur du décret n° 2009-1456 du 27 novembre 2009 relatif aux
procédures de recours applicables aux contrats de la commande publique : CE,
Section, 3 novembre 1995, District de l’agglomération nancéienne, n° 152484 ; CE, 2
juillet 1999, SA Bouygues et autres, n° 206749). Notons que désormais le
dépassement du délai ne permet plus la signature du contrat, qui reste suspendue
« jusqu’à la notification au pouvoir adjudicateur de la décision juridictionnelle » (article
L. 551-4).
672
Il résulte des dispositions des titres II et V du livre V du code de
justice administrative, et notamment des articles L. 551-1 et L. 521-1,
que les demandes formées devant le juge des référés sur le fondement
de l'article L. 551-1 sont présentées, instruites, jugées et, le cas échéant,
susceptibles de recours selon des règles différentes de celles applicables
aux demandes présentées sur le fondement de l'article L. 521-1. Dès
lors, elles ne peuvent, sous peine d'irrecevabilité, être présentées
simultanément dans une même requête.
L’article R. 551-1 du CJA pour les contrats passés par les pouvoirs adjudicateurs
et l’article R. 551-2 pour ce qui concerne les contrats passés par les entités
adjudicatrices instituent une obligation pour le représentant de l’Etat ou l’auteur du
recours de notifier son recours au pouvoir adjudicateur, et ce, en même temps que le
dépôt du recours et selon les mêmes modalités. Ces articles précisent que cette
notification est réputée accomplie à la date de sa réception par le pouvoir adjudicateur
ou l’entité adjudicatrice. Cette formalité, prévue dans l’intérêt de l’auteur du référé en
vue d’éviter que le marché contesté ne soit prématurément signé par le pouvoir
adjudicateur, n’est pas prescrite à peine d’irrecevabilité du recours (CE, 10 novembre
2011, Ministre de la défense, n° 341132).
Si elle n’a pas été mise en cause dans la procédure, l'entreprise à laquelle devait
être attribué le contrat dont la passation a été suspendue par une ordonnance du juge
du référé précontractuel est recevable à former tierce opposition contre cette
ordonnance (CE, 15 juin 2001, Syndicat intercommunal d’adduction d’eau potable
(SIAEP) de Saint-Martin-en-Ré, la Flotte-en-Ré et Sainte-Marie-en-Ré et Société
aquitaine gestion urbaine et rurale, n°228856).
673
11.2.2 REFERE CONTRACTUEL
La juridiction ne peut être saisie qu’après la signature du contrat, mais elle doit
l’être au plus tard le trente et unième jour suivant la publication d’un avis d’attribution
du contrat ou, pour les marchés fondés sur un accord-cadre ou un système
d’acquisition dynamique, suivant la notification de la conclusion du contrat. En
l’absence de publication d’avis ou de notification, la juridiction pourra être saisie jusqu’à
l’expiration d’un délai de six mois à compter du lendemain du jour de la conclusion du
contrat (article R. 551-7).
674
L’article L. 551-14 prévoit que les personnes habilitées à agir sont les mêmes
que celles ayant intérêt à former un référé précontractuel, c’est à dire les personnes qui
ont un intérêt à conclure le contrat et qui sont susceptibles d’être lésées par des
manquements aux obligations de publicité et de mise en concurrence auxquelles sont
soumis ces contrats, ainsi que le représentant de l’Etat dans le cas des contrats
passés par une collectivité territoriale ou un établissement public local.
Cette similitude trouve toutefois sa limite dans le fait que le référé contractuel
« n’est pas ouvert au demandeur ayant fait usage du recours en référé précontractuel
dès lors que le pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice a respecté la suspension
prévue à l’article L. 551-4 ou à l’article L. 551-9 et s’est conformé à la décision
juridictionnelle rendue sur ce recours ».
S’agissant des marchés passés selon une procédure formalisée, sont seuls
recevables à saisir le juge d’un référé contractuel, outre le préfet, les candidats privés
de la possibilité de présenter utilement un recours précontractuel, lorsque le pouvoir
adjudicateur ou l’entité adjudicatrice n’a pas communiqué la décision d’attribution aux
candidats non retenus ou n’a pas observé, avant de signer le contrat, un délai de onze
jours après cette communication, ainsi que ceux qui ont engagé un référé
précontractuel lorsque le pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice n’a pas respecté
l’obligation de suspendre la signature du contrat prévue aux articles L. 551-4 ou
L. 551-9 du code de justice administrative ou ne s’est pas conformé à la décision
juridictionnelle rendue sur ce référé (CE, 24 mai 2017, Ville de Paris, n°407047).
S’agissant des marchés passés selon une procédure adaptée, l’exercice d’un
référé précontractuel ne rend irrecevable le référé contractuel que si le pouvoir
675
adjudicateur a, d’une part, rendu publique son intention de conclure le contrat et
respecté un délai minimum de onze jours après cette publication, d’autre part s’il n’a
pas signé le contrat alors que le référé précontractuel avait été formé.
Ainsi, le recours est recevable lorsqu’il est introduit par un concurrent évincé qui
avait antérieurement présenté un référé précontractuel alors qu’il était dans l’ignorance
du rejet de son offre et de la signature du marché et lorsque le pouvoir adjudicateur n’a
pas fait application des dispositions du premier alinéa de l’article L. 551-15 du CJA et
n’a pas rendu publique son intention de conclure le contrat ni observé un délai de onze
jours entre cette publication et la conclusion du contrat (CE, 29 juin 2012, Société
Chaumeil, n°358353)F.
676
11.2.2.1.4 Pouvoirs du juge du référé contractuel
Le juge peut ainsi suspendre l’exécution du contrat même d’office, pour la durée
de l’instance, sauf s’il estime, en considération de l’ensemble des intérêts susceptibles
d’être lésés et notamment de l’intérêt public, que les conséquences négatives de cette
mesure pourraient l’emporter sur ses avantages (article L. 551-17).
Le juge doit prononcer la nullité du contrat dans le cas où aucune des mesures
de publicité requises pour sa passation n’a été prise, ou lorsqu’a été omise une
publication au Journal officiel de l’Union européenne dans le cas où une telle
publication est prescrite. La même annulation est prononcée lorsqu’ont été méconnues
les modalités de remise en concurrence prévues pour la passation des contrats fondés
sur un accord-cadre ou un système d’acquisition dynamique (article L. 551-18).
S’agissant des marchés passés selon une procédure adaptée, qui ne sont pas
soumis à l’obligation, pour le pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice, de notifier
aux opérateurs économiques ayant présenté une offre, avant la signature du contrat, la
décision d’attribution, l’annulation d’un tel contrat ne peut, en principe, résulter que du
constat des manquements mentionnés aux deux premiers alinéas de l’article L. 551-18,
c’est-à-dire de l’absence des mesures de publicité requises pour sa passation ou de la
méconnaissance des modalités de remise en concurrence prévues pour la passation
des contrats fondés sur un accord-cadre ou un système d’acquisition dynamique. Le
juge du référé contractuel doit également annuler un marché à procédure adaptée, sur
le fondement des dispositions du troisième alinéa de l’article L. 551-18 du code de
justice administrative, ou prendre l’une des autres mesures mentionnées à l’article
L. 551-20 dans l’hypothèse où, alors qu’un recours en référé précontractuel a été
formé, le pouvoir adjudicateur ou l’entité adjudicatrice n’a pas respecté la suspension
de signature du contrat prévue aux articles L. 551-4 ou L. 551-9 ou ne s’est pas
conformé à la décision juridictionnelle rendue sur ce référé (CE, 19 janvier 2011, Grand
port maritime du Havre, n°343435).
677
Cependant, si le prononcé de la nullité du contrat se heurte à une raison
impérieuse d’intérêt général, le juge peut sanctionner le manquement par la résiliation
du contrat, par la réduction de sa durée ou encore par une pénalité financière imposée
au pouvoir adjudicateur ou à l’entité adjudicatrice (article L. 551-19). Cette raison ne
peut être constituée par la prise en compte d’un intérêt économique que si la nullité du
contrat entraîne des conséquences disproportionnées et que l’intérêt économique
atteint n’est pas directement lié au contrat, ou si le contrat porte sur une délégation de
service public.
Le juge peut prononcer la nullité du contrat (et dans les cas visés à l’article
L. 551-18, il est tenu de le faire), le résilier, en réduire la durée ou imposer une pénalité
financière lorsque le contrat a été signé avant l’expiration du délai exigé après l’envoi
de la décision d’attribution aux opérateurs économiques ayant présenté une
candidature ou une offre ou pendant la suspension résultant de la saisine du juge du
référé précontractuel (article L. 551-20).
Lorsque le juge du référé contractuel est saisi d’un contrat signé avant
l’expiration du délai exigé après l’envoi de la décision d’attribution aux opérateurs
économiques ayant présenté une candidature ou une offre ou pendant la suspension
de la signature, il doit, pour en prononcer l’annulation sur le fondement du troisième
alinéa de l’article L. 551-18 du CJA, rechercher explicitement si est remplie la
condition, posée à cet alinéa, selon laquelle les manquements aux obligations de
publicité et de mise en concurrence ont affecté les chances du demandeur d’obtenir le
contrat. Il est tenu, en vertu des dispositions de l’article L. 551-20 du CJA, soit de priver
d’effets le contrat en l’annulant ou en le résiliant, soit de prononcer une sanction de
substitution consistant en une pénalité financière ou une réduction de la durée du
contrat. Il doit alors, pour déterminer la mesure qui s’impose, prendre en compte,
notamment, la nature et l’ampleur de la méconnaissance constatée, ses conséquences
pour l’auteur du recours, ainsi que la nature, le montant et la durée du contrat en cause
et le comportement du pouvoir adjudicateur (CE, 30 novembre 2011, Société DPM
protection Centre Hospitalier Andrée Rosemon, n°s 350788 et 350792).
Peuvent être prononcées d’office les mesures visées aux articles L. 551-17 à
L. 551-20, sous réserve que le juge en informe préalablement les parties et les invite à
présenter leurs observations en indiquant le délai qui leur est donné pour présenter
leurs observations ou, le cas échéant, la date de l’audience où elles pourront les
produire (articles L. 551-21 et R. 551-8).
Vu la procédure suivante :
- de résilier le contrat … ;
Vu
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
679
Le président du tribunal administratif a désigné M.…. en
application de l’article *** du code de justice administrative.
Le juge dispose d’un délai pour statuer fixé à un mois par l’article R. 551-9. Le
délai prévu par l’article R. 551-9 a toutefois une valeur simplement indicative et il n’est
pas prescrit à peine de dessaisissement du juge.
Le référé provision est prévu par les dispositions des articles R. 541-1 à R.541-6
du code de justice administrative.
L’article R. 541-1 dispose que le juge des référés peut, même en l’absence d’une
demande au fond, accorder une provision au créancier qui l’a saisi lorsque l’existence
de l’obligation n’est pas sérieusement contestable. Il peut, même d’office, subordonner
le versement de la provision à la constitution d’une garantie.
680
11.3.1 DETERMINATION DE LA JURIDICTION COMPETENTE
● Référé provision – Détermination de la juridiction compétente.
Sous réserve des dérogations prévues à l’article R. 431-2 du CJA, la requête doit
être présentée par le ministère d’avocat, selon la règle applicable en plein contentieux.
En cas d’inexécution d’un jugement ou d’un arrêt qui, après avoir admis que
l’une des parties était titulaire d’une créance, la renvoie devant l’autorité compétente
pour qu’il soit procédé à la liquidation de cette créance, cette partie peut, sans que les
dispositions de l’article L. 911-4 du code de justice administrative y fassent obstacle,
681
saisir le juge des référés, sur le fondement de l’article R. 541-1 du code de justice
administrative, d’une demande tendant à ce que lui soit allouée une provision au titre
de la créance en cause. Celle-ci doit alors être évaluée en fonction du caractère non
sérieusement contestable de l’obligation résultant du jugement ou de l’arrêt qui n’a pas
reçu exécution (CE, 27 juillet 2015, M. Le Bihan, n° 373057).
* D’une part, une demande de provision émanant d’une personne publique est
recevable lorsque le débiteur est, lui aussi, une personne publique, à moins que la
collectivité créancière ait déjà émis une titre exécutoire contre lequel le débiteur a
formé opposition, à caractère suspensif (CE, 11 mars 2011, Syndicat mixte pour la
valorisation touristique du pic du Midi, n° 337428).
* D’autre part, lorsque la créance trouve son origine dans un contrat, la faculté
d’émettre un titre exécutoire dont dispose une personne publique ne fait pas obstacle à
ce que celle-ci saisisse le juge administratif d’une demande tendant à son
recouvrement, notamment dans le cadre d’un référé-provision engagé sur le fondement
de l’article R. 541-1 du code de justice administrative (CE, 24 février 2016,
Département de l’Eure, n° 395194), sauf si elle a décidé, préalablement à cette saisine,
d'émettre des titres exécutoires en vue de recouvrer les sommes en litige (CE,
15 décembre 2017, Société Ryanair Designated Activity Company et société Airport
Marketing Services Limited, n° 408550).
L'article R. 541-1 du code de justice administrative (CJA) n’a ni pour objet ni pour
effet de permettre à un requérant de faire obstacle au caractère suspensif du sursis à
exécution ordonné par le juge d’appel à l’égard d’un jugement prononçant une
condamnation pécuniaire. Il s’ensuit qu’est irrecevable la demande tendant à l’octroi
d’une provision formée devant le juge des référés, lorsque celle-ci porte sur l’obligation
en litige dans l’instance ayant donné lieu au prononcé du sursis à exécution (CE,
6 novembre 2020, Société Corsica Ferries et Collectivité de Corse, nos 439598, 441324
et 441620).
Le juge du référé provision statue en la forme des référés, selon les modalités
prévues aux articles L. 511-1 et L. 511-2. Il statue seul et sans conclusions du
rapporteur public. Il ne résulte d’aucune disposition du code de justice administrative ni
d’aucun principe que le juge des référés, lorsqu’il statue, en application des
dispositions de l’article R. 541-1 du CJA, sur une demande de provision, ait l’obligation
de tenir une audience publique (CE, 20 mars 2000, Département des Hauts-de-
Seine, n° 199013 ; CE, 25 octobre 2002, Centre hospitalier de Colson, n° 244729).
682
Toutefois, s’il est décidé de tenir une audience, les dispositions de l’article
R. 613-2 du code de justice administrative sont applicables. Il en résulte que l’absence
de mention dans l’avis d’audience de l’intervention de la clôture de l’instruction trois
jours francs avant la date de l’audience fait obstacle à cette clôture. En pareil cas,
l’instruction doit être considérée comme close le jour de l’audience lorsque l’affaire est
appelée (CE, 2 mai 2016, Ministre de l’intérieur c/ Société Guy Dauphin
Environnement, nos 385545 et 385593).
- Le juge des référés peut rejeter sans instruction contradictoire des conclusions
tendant à l’octroi d’une provision sur le fondement des dispositions de l’article R. 541-1
du CJA lorsque l’obligation dont se prévaut le requérant ne peut manifestement être
regardée comme non sérieusement contestable (CE, ord. réf., 26 février 2007, Riche,
n° 301893).
En outre, le juge ne peut fixer une provision sans avoir examiné un moyen
présenté en défense qui n’est pas inopérant (CE, 21 février 2003, Département de la
Seine-Maritime, n° 230872).
683
Il appartient au juge du fond de préciser les éléments sur lesquels il se fonde
pour décider que l’existence de l’obligation est ou non sérieusement contestable (CE,
27 juin 1997, Centre hospitalier de Lagny, n° 163496). Ne constitue pas une obligation
non sérieusement contestable celle qui pose une question de droit soulevant une
difficulté sérieuse (CE, 22 octobre 2008, Commune de Plestin-Les-Greves, n° 309956 :
Il n’appartient pas au juge du référé provision de trancher le cas échéant une telle
question, l’obligation étant alors sérieusement contestable ; CE, 3 octobre 2012,
Société Colas Nord Picardie, n° 360840 : Le juge du référé provision de première
instance ou d’appel ne peut davantage, en application de l’article L. 113-1 du code de
justice administrative, soumettre pour avis au Conseil d’Etat une question de droit
posant une difficulté sérieuse, v. 6.6. Renvoi pour avis au Conseil d’Etat).
Le juge des référés doit donc examiner si les moyens qui lui sont présentés par
le défendeur, quels qu’ils soient, ne conduisent pas à regarder comme sérieusement
contestable l’obligation invoquée à l’encontre de ce dernier (CE, 9 février 2004,
Billerach, n° 254438).
Le montant de la provision que peut allouer le juge des référés n’a d’autre limite
que celle résultant du caractère non sérieusement contestable de l’obligation dont les
parties font état. Dans l’hypothèse où l’évaluation du montant de la provision résultant
de cette obligation est incertaine, le juge des référés ne doit allouer de provision, le cas
échéant assortie d’une garantie, que pour la fraction de ce montant qui lui paraît revêtir
un caractère de certitude suffisant (CE, Section, 6 décembre 2013, M. Eric Thévenot,
n° 363290). Le montant de la provision accordée peut toutefois atteindre la totalité des
sommes en litige (CE, 20 mars 2000, Département des Hauts-de-Seine, n° 199013).
684
partage des responsabilités n’est pas sérieusement contestable (CE, 16 janvier 2012,
Commune du Château d’Oléron, n°352122).
L’octroi d’une provision en référé ne fait pas obstacle à ce qu’une expertise soit
prescrite à la fois sur les causes du fait dommageable à l’origine du préjudice et sur
ses conséquences (CE, 15 février 2008, Heliot, n° 303863).
L’article R. 541-1 du CJA prévoit que le juge peut, même d’office, subordonner le
versement de la provision à la constitution d’une garantie, laquelle doit être
soigneusement définie de manière à prévenir toute difficulté d’exécution. Lorsque le
juge des référés a accordé une provision moyennant la constitution d’une garantie à un
créancier qui fait le choix de s’en tenir exclusivement à cette seule action en référé et
que le débiteur de la provision ne conteste pas l’ordonnance, ni n’introduit de requête
tendant à la fixation définitive du montant de sa dette en application de l’article R. 541-
4 du CJA, l’obligation de constituer la garantie devient caduque à l’expiration du délai
mentionné par cet article, sans qu’il soit nécessaire que le juge du référé ait
préalablement mentionné cette caducité dans son ordonnance (CE, 20 décembre
2006, Me Bes, n° 293399).
Le juge du référé provision statue en la forme des référés, et les mesures qu’il
ordonne ont en principe un caractère provisoire. Les décisions du juge du référé
provision sont donc exécutoires et obligatoires mais n’ont pas l’autorité de la chose
jugée.
L’article R. 541-4 du CJA prévoit que si le créancier n’a pas introduit de demande
au fond dans les conditions de droit commun, la personne condamnée au paiement
d’une provision peut saisir le juge du fond d’une requête tendant à la fixation définitive
685
du montant de la dette dans un délai de deux mois à partir de la notification de la
décision de provision rendue en première instance ou en appel.
Dans le cas où l’obligation se rattache à une action indemnitaire autre que celles
portant sur des litiges énumérés aux 1° à 7° de l’article R. 811-1, le montant de
l’obligation en cause doit être regardé comme excédant le montant déterminé par les
articles R. 222-14 et R. 222-15 lorsque les conclusions présentées en référé tendent
au versement d’une provision d’un montant supérieur à 10 000 euros.
686
2°) de mettre à la charge de … la somme de … sur le fondement
des dispositions de l’article L. 761-1 du code de justice administrative.
Ou
687
11.4.2 REFERE CONSTAT
Le référé constat est institué par les dispositions des articles R. 531-1 et R. 531-
2 du CJA.
L’objet du constat est simple : permettre de constater des faits ; et ce n’est que
cela. Toutefois, cette opération doit, comme le prévoit l’article R. 531-1, être confiée à
un expert.
Par ailleurs, une formation de jugement, dans le cadre de ses pouvoirs généraux
d’instruction, peut décider de désigner un expert pour procéder au constat d’un fait
nécessaire à la solution d’un litige (en application notamment de l’article R. 625-1),
sans avoir besoin d’être saisie en référé.
Une procédure très voisine du référé constat est prévue par l’article 7 de la loi du
29 décembre 1892 relative aux dommages causés à la propriété privée par l’exécution
des travaux publics en cas d’occupation temporaire de terrains. (cf. « loi du 29
décembre 1892 - occupation temporaire de terrains – procès-verbal de l’état des
lieux »).
Il est précisé qu’une demande de constat peut avoir le caractère d’un recours
relatif au fait générateur, à l’existence ou au montant d’une créance, susceptible
d’interrompre le cours de la prescription quadriennale (CE, 8 décembre 1995, société
Sogea, n° 138873).
688
La saisine du juge des référés se fait sur « simple requête » et peut être
présentée sans ministère d’avocat. Elle n’est pas subordonnée au respect de la règle
de la décision administrative préalable. Il ne doit être demandé au juge des référés
« rien de plus que la constatation de faits ». Toutefois, ces faits doivent être
« susceptibles de donner lieu à un litige devant la juridiction » (article R. 531-1). La
mesure doit présenter un caractère utile. La décision est prise par voie d’ordonnance
rendue par le président du tribunal administratif ou son délégué (article R. 533-1).
Lorsque les faits dont la constatation est demandée ne sont pas survenus dans
le ressort du tribunal saisi, il y a lieu de transmettre, par ordonnance du président du
tribunal ou du magistrat qu’il a délégué, le recours au tribunal administratif compétent
territorialement ou, en cas de difficultés, au président de la section du Conseil d’Etat,
en application des dispositions de l’article R. 351-3 du CJA.
En ce qui concerne les défendeurs, ils ont qualité pour interjeter appel contre la
décision rendue par le juge des référés s’ils ont été invités, avant qu’il ne soit statué sur
la demande, à présenter leurs observations et s’ils auraient eu qualité, s’ils n’avaient
pas été appelés à la cause, pour former tierce opposition à son encontre (CE, 21 mars
2012, Garde des sceaux, ministre de la justice et des libertés c/ Assafar, n° 353511).
689
notification de l’ordonnance (article R. 531-1). Par ailleurs, celui qui introduit la tierce
opposition doit établir que la mesure de constat préjudicie à un de ses droits, cette
condition étant difficilement remplie s’agissant de simples constatations (pour un
rejet de la tierce opposition : CE, Section, 21 février 1969, Consorts Dospital n° 70205 ;
voir pour une admission : CE, 27 mai 1991, Société Centrale nucléaire à neutrons
rapides, n°103975, 106552).
11.4.2.2.1 Visas
Référés constat instruction-expertise – Référé constat –
Régime de droit commun – Visas.
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
11.4.2.2.2 Motifs
690
11.4.2.2.2.1 Faits insusceptibles de donner lieu à un litige devant le juge
administratif
Lorsque les faits ne sont pas susceptibles de donner lieu à un litige devant le
juge administratif, la requête n’est pas recevable et doit également être rejetée. C’est le
cas par exemple lorsque la demande de constat se rattache à un litige portant sur les
conditions d’application d’un contrat d’abonnement entre un particulier et un
concessionnaire de distribution d’eau (CE, 6 juillet 1979, Gourier, n° 15197), ou
lorsqu’elle tend à faire constater que les prélèvements d’organes effectués en
exécution d’une décision du juge d’instruction sont insuffisants pour permettre
de déterminer toutes les causes d’un décès (CE, 31 octobre 1986, Roland, n° 74378).
Lorsqu’il est demandé au juge du référé constat plus que la constatation des
faits, cette partie de la demande doit être rejetée, sous peine d’entacher l’ordonnance
d’irrégularité. C’est le cas notamment lorsque la demande porte sur des éléments
d’expertise (recherche des causes et/ou des remèdes à un désordre) ou concerne la
fixation du montant d’un préjudice ou la condamnation à des dommages et intérêts
(CE, 6 juillet 1979, Gourier, n° 15197) ou toute autre demande se trouvant hors du
champ de la procédure de constat (CAA de Nantes 3 juin 2010, M. China, n°
10NT00569).
Ou :
691
Il n’appartient pas au juge des référés saisi d’une demande de
constat de (par exemple : fixer le montant d’un préjudice ou de
condamner l’administration à des dommages intérêts). Les conclusions
présentées à cette fin par @TA__AR_T_NOMFREQABREGE ne
peuvent être accueillies.
La demande doit également, pour être recevable, comporter l’indication des faits
sur lesquels le constat doit porter (CE, 31 octobre 1986, Roland, n° 74378).
11.4.2.2.2.4 Utilité
L’utilité n’a pas été retenue dans les cas suivants : demande de vérification d’un
affichage non prescrit par des dispositions législatives ou réglementaires (CE, Ord. réf.,
23 mai 2005, Hoffer, n° 280731), mesures visant à faire vérifier l’authenticité d’un
arrêté figurant dans le dossier administratif de l’intéressé (CE, 6 septembre 1993,
Tisler, n° 144393), ou à faire vérifier l’état de l’exécution de travaux lorsqu’ils ont fait
l’objet d’un document de synthèse porté à la connaissance des intéressés (CE, 27 mai
1991, Société Centrale Nucléaire à Neutrons Rapides NERSA, n° s 103975;106552) ou
sont relatives à la situation des conditions générales de détention dans une prison
lorsqu’un rapport détaillé a été fait sur les points objet de la demande de constat (CAA
de Nantes, 3 juin 2010, M. China, n° 10NT00569).
La demande ne doit pas être présentée à un moment où les faits ne peuvent plus
être constatés (CE, 28 septembre 2011, Garde des sceaux, ministre de la justice et
des libertés c/ Lévêque, n°347585).
Par ailleurs, quand les conditions du constat sont remplies, le juge des référés
n’est pas tenu de procéder à la désignation de l’expert. Il garde son pouvoir
d’appréciation de l’utilité du recours à cette procédure. C’est le cas notamment lorsque
le demandeur peut faire constater les faits par huissier de justice (CE, 26 juillet 1982,
SA Sous-traitants associés de l’électronique, n° 40701, cas où il s’agissait d’établir la
692
preuve d’une occupation d’une usine par le personnel en interdisant tout accès ; CE, 7
janvier 1983, MAAF, n° 43272, à propos d’un état des lieux et des conditions de la
circulation automobile devant un immeuble).
Ou :
693
La demande présentée par @TA__AR_T_NOMFREQABREGE
et qui tend à (objet de la demande) entre dans le champ des dispositions
du premier alinéa de l’article R. 531-1 du code de justice
administrative. Il y a lieu de désigner un expert afin de (par ex :
constater et décrire la situation de tel bien immobilier ou mobilier).
11.4.2.2.3 Dispositif
● Référés constat instruction-expertise – Référé constat – Régime de
droit commun – Dispositif.
Lorsque la mesure est utile, la mission de l’expert est définie à l’article 1er du
dispositif. Dans tous les autres cas, le dispositif est celui d’une ordonnance de rejet.
- constater …,
- décrire …,
694
Article 4 : Le constat aura lieu en présence de … (désignation).
Le référé constat est parfois utilisé en vue de prévenir des contentieux liés à des
opérations de travaux publics. Ce constat répond au régime de droit commun.
Il ne doit porter que sur l’état des immeubles avant le début et/ ou après la fin
des opérations de travaux. Lorsqu’il est demandé davantage qu’un simple constat, il
convient de privilégier les dispositions du référé expertise et notamment celles
contenues au 2ème alinéa de l’article R 532-1 qui prévoient que le juge des référés
« peut notamment charger un expert de procéder, lors de l’exécution de travaux
publics, à toutes constatations relatives à l’état des immeubles susceptibles d’être
affectés par des dommages ainsi qu’aux causes et à l’étendue des dommages qui
surviendraient effectivement pendant la durée de sa mission ». Toutefois, cette
procédure ne permet pas, par exemple, de faire porter l’expertise sur les aspects
comptables de l’exploitation d’un commerce affecté par les opérations de travaux
publics.
11.4.2.3.1 Visas
Référés constat instruction-expertise – Référé constat –
Constat en matière de travaux publics – Ordonnance –
Visas.
695
11.4.2.3.2 Motifs
Référés constat instruction expertise – Référé constat –
Constat en matière de travaux publics – Motifs.
11.4.2.3.3 Dispositif
Référés constat instruction expertise – Référé constat –
Constat en matière de travaux publics – Dispositif.
696
Article 6 : L’expert déposera son rapport au greffe en deux
exemplaires dans un délai de (à préciser) à compter de la notification de
la présente ordonnance. Des copies seront notifiées par l’expert aux
parties intéressées. Avec leur accord, cette notification pourra s’opérer
sous forme électronique. L’expert justifiera auprès du tribunal de la date
de réception de son rapport par le demandeur et les personnes
intéressées.
En vertu de l’article R. 556-1 du CJA, lorsque le juge administratif est alors saisi
par le maire, sur le fondement de l’article L. 129-3 du code de la construction et de
l’habitation (cas de la sécurité des immeubles collectifs à usage principal d’habitation)
ou de l’article L. 511-3 du même code (cas des bâtiments menaçant ruine), d’une
demande tendant à la désignation d’un expert, il est statué suivant la procédure de
référé prévue à l’article R. 531-1 du CJA.
697
Il est proposé ci-après une mission type pour l’hypothèse la plus fréquente qui
concerne les immeubles menaçant ruine. Elle pourra être adaptée lorsqu’est mise en
œuvre la procédure relative à la sécurité dans un immeuble collectif à usage principal
d’habitation.
11.4.2.4.1 Visas
Référés constat instruction expertise – Référé constat –
Constat en matière de bâtiments menaçant ruine et de
sécurité des immeubles collectifs à usage principal
d’habitation – Requête relative à un bâtiment menaçant
ruine – Visas.
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
11.4.2.4.2 Motifs
Référés constat instruction expertise – Référé constat –
Constat en matière de bâtiments menaçant ruine et de
sécurité des immeubles collectifs à usage principal
d’habitation – Requête relative à un bâtiment menaçant
ruine – Motifs.
698
l’imminence du danger et mis fin durablement au péril, le maire, sur le
rapport d’un homme de l’art, prend acte de leur réalisation et de leur
date d’achèvement. / Si elles n’ont pas mis fin durablement au péril, le
maire poursuit la procédure dans les conditions prévues à l’article L.
511-2 ».
11.4.2.4.3 Dispositif
Référés constat instruction expertise – Référé constat –
Constat en matière de bâtiments menaçant ruine et de
sécurité des immeubles collectifs à usage principal
d’habitation – Requête relative à un bâtiment menaçant
ruine – Dispositif – Mission.
699
Article 2 : L’expert accomplira sa mission dans les conditions
prévues aux articles énumérés à l’article R. 531-2 du code de justice
administrative.
Une procédure très voisine du référé constat est prévue par la loi du 29
décembre 1892 relative aux dommages causés à la propriété privée par l’exécution
des travaux publics en cas d’occupation temporaire de terrains (complétée notamment
par le décret du 12 mars 1965). Cette procédure permet de passer outre le refus ou le
désaccord du propriétaire et de faire dresser d’urgence, par un expert désigné par le
président du tribunal administratif, le procès-verbal de constat de l’état des lieux de
parcelles dont l’occupation temporaire a été autorisée par un arrêté préfectoral en vue
des travaux qu’il mentionne.
Le déroulement de la procédure :
L’occupation temporaire doit être autorisée par arrêté préfectoral (article 3). Les
articles 4 à 7 de la loi organisent une procédure chronologique dont chacune des
700
étapes constitue un acte d’exécution juridique de l’arrêté. Ainsi, est un acte d’exécution
de l’arrêté du préfet la saisine du président du tribunal administratif en vue d’obtenir la
désignation d’un expert pour l’établissement du procès-verbal de constat des lieux
(article 7) (CE, 15 décembre 2000, Garzaro, n° 198652, voir conclusions G. Bachelier).
L’exécution de l’arrêté fait obstacle à sa péremption (article 8) (même arrêt).
Un régime spécifique :
701
savoir si le représentant d’une autre « administration » visée à l’article 1er de la loi de
1892 pour le compte de laquelle l’occupation serait autorisée par le préfet, pourrait
saisir le président du tribunal (CE, 4 décembre 1970, Cros et société « Le Bouchon
rapid », n° 77040 : cas où la saisine du juge avait été faite en référé directement par la
ville et un syndicat intercommunal et où le Conseil d’Etat l’avait requalifiée comme
étant intervenue sur le fondement des deux derniers alinéas de l’article 7 de la loi de
1892).
Dans le cadre des attributions qui lui sont conférées par l’article 7 de la loi du 29
décembre 1892, tel qu’il a été modifié par le décret du 12 mars 1965, il n’appartient pas
au juge des référés de rechercher si une occupation temporaire a, en fait, le caractère
d’une expropriation illégalement poursuivie (CE, 4 décembre 1970, Cros et société
« Le Bouchon rapid », n° 77040).
Ainsi, le propriétaire (ou son représentant) n’a pas nécessairement à être appelé
en cause devant le tribunal. En revanche, il doit être invité à être présent sur les lieux
lors de l’établissement du procès-verbal d’urgence. En cas d’absence, le maire peut lui
désigner d’office un représentant.
702
dommage » est « dressé en trois expéditions » dont l’une est destinée à être déposée
en « mairie » et les « deux autres » à être remises aux « parties intéressées».
11.4.2.5.1 Visas
Référés constat instruction-expertise – Référé constat –
Loi du 29 décembre 1892 – Occupation temporaire –
Requête tendant à faire dresser le procès-verbal de l’état
des lieux – Visas.
Vu :
- les autres pièces du dossier ;
- l’arrêté du préfet de … en date du … autorisant l’occupation
temporaire des parcelles par … .
Vu :
- la loi du 29 décembre 1892 sur les dommages causés à la
propriété privée par l’exécution de travaux publics ;
- le code de justice administrative ;
11.4.2.5.2 Motifs
Référés constat instruction-expertise – Référé constat –
Loi du 29 décembre 1892 – Occupation temporaire –
Requête tendant à faire dresser le procès-verbal de l’état
des lieux - Motifs.
703
Aux termes de l’article 7 de la loi du 29 décembre 1892 : « A
défaut pour le propriétaire de se faire représenter sur les lieux, le maire
lui désigne d’office un représentant pour opérer contradictoirement
avec celui de l’administration ou de la personne au profit de laquelle
l’occupation a été autorisée. / Le procès-verbal de l’opération qui doit
fournir les éléments nécessaires pour évaluer le dommage est dressé en
trois expéditions destinées, l’une à être déposée à la mairie, et les deux
autres à être remises aux parties intéressées. / Si les parties ou les
représentants sont d’accord, les travaux autorisés par l’arrêté peuvent
être commencés aussitôt. / Dès le début de la procédure ou au cours de
celle-ci le président du tribunal administratif désigne, à la demande de
l’administration, un expert qui, en cas de refus par le propriétaire ou
par son représentant de signer le procès-verbal ou en cas de désaccord
sur l’état des lieux, dresse d’urgence le procès-verbal prévu ci-dessus. /
Les travaux peuvent commencer aussitôt après le dépôt du procès-
verbal ; en cas de désaccord sur l’état des lieux, la partie la plus
diligente conserve néanmoins le droit de saisir le tribunal administratif
sans que cette saisine puisse faire obstacle à la continuation des
travaux ».
11.4.2.5.3 Dispositif
Référés constat instruction-expertise – Référé constat –
Loi du 29 décembre 1892 – Occupation temporaire –
Requête tendant à faire dresser le procès-verbal de l’état
des lieux –Dispositif – Mission.
704
Article 5 : Le procès-verbal sera établi en présence de …
(désignation de l’administration concernée ou de la personne déléguée
dans les droits de l’administration) et du … (nom du propriétaire ou de
son représentant).
Le « référé instruction » (tel est le nom que lui donne le code de justice
administrative) est plus connu sous le nom de « référé expertise ». En effet, si les
mesures d’instruction qui sont à la disposition du juge du principal (cf. « mesures
d’instruction ») peuvent être prescrites par le juge des référés, l’expertise est de loin
celle qui est la plus fréquemment utilisée dans ce domaine. Ce référé est actuellement
prévu par les dispositions des articles R. 531-2 à R. 532-4 du CJA. Il tend à « prescrire
toute mesure utile d’expertise ou d’instruction » (article R. 532-1).
Le second alinéa de l’article R. 532-1 prévoit que le référé expertise peut servir à
prévenir le contentieux de dommages de travaux publics. On parle alors de référé
préventif (cf. « référé instruction expertise – référé préventif »).
Ce référé ne doit pas être, non plus, confondu avec le référé conservatoire de
l’article L 521-3 du CJA en vertu duquel « En cas d’urgence (…), le juge des référés
peut ordonner toutes autres mesures utiles sans faire obstacle à l’exécution d’aucune
décision administrative » (cf. « référé mesures utiles »).
La saisine du juge des référés aux fins de rechercher les causes d’un dommage
interrompt le délai de recours contentieux contre la décision rejetant expressément la
705
demande d’indemnité. Le nouveau délai commence à courir à nouveau à compter de la
notification au requérant du rapport de l’expert ou de l’ordonnance du juge rejetant la
demande d’expertise. L’administration peut notifier elle-même ce rapport par tout
moyen donnant date certaine à sa réception (CE, 18 décembre 2009, Centre
hospitalier de Voiron, n° 311604). Pour la mise en œuvre de cette jurisprudence dans
le cadre des nouvelles dispositions de l’article R. 621-9 du CJA qui prévoient qu’il
appartient à l’expert de notifier aux parties intéressées copies de son rapport, il sera
demandé à l’expert, dans la décision qui le désigne, de justifier auprès du tribunal de la
date de réception de son rapport par les parties ; ce qu’il pourra faire en adressant à la
juridiction les accusés de réception des envois en recommandé postal ou les pièces
attestant de l’envoi aux parties, par la voie électronique, de la copie de son rapport et
de sa réception par ces dernières.
Sur le prononcé d’une expertise par voie de jugement avant dire droit : cf.
« expertise ».
Le référé instruction n’est plus soumis à une condition d’urgence depuis 1988
(décret n° 88-907 du 2 septembre 1988 portant diverses mesures relatives à la
procédure administrative contentieuse). L’article R. 532-1 n’est d’ailleurs pas au
nombre des dispositions du titre II du livre V relatives au « juge des référés statuant en
urgence ». Doivent être regardées comme abandonnées, les solutions anciennes qui
faisaient de l’urgence une des conditions du référé expertise (par ex : CE, 1er février
1990, INAO c/ SCI Domaine de Figuières, n° 110731 ; CE, 15 octobre 1982, Chambre
de commerce et d’industrie de Marseille et autres, n°s 23637, 28037, 28042).
706
expertise est communiquée « immédiatement au défendeur éventuel avec fixation d’un
délai de réponse » (article R. 532-2). Toutefois, le juge doit veiller à limiter ces
échanges au strict nécessaire. En effet, le juge des référés, se prononce à la suite
d’une procédure particulière adaptée à la nature de la demande et à la nécessité
d’assurer une décision rapide. La procédure de référé, qui garantit le caractère
contradictoire de la procédure, se suffit à elle-même. Ainsi, le juge n’est pas tenu de
communiquer systématiquement les mémoires en réponse (CE, 19 avril 1972,
Département de la Haute-Loire, n° 85010 ; CE, 11 mars 1996, SCI du domaine des
Figuières, n° 161112). Il en va de même des mémoires en intervention présentés par
des tiers (CE, 23 décembre 1988, Cayzeele, n° 96597). Toutefois, il faut réserver
l’hypothèse où le juge des référés pourrait rejeter totalement ou partiellement la
demande d’expertise en se fondant sur des pièces et mémoires produits par la partie
adverse (comp. CE, 28 mai 2001, Société Codiam, n° 230692).
Par ailleurs, il a été jugé que peuvent être appelées à l’expertise ordonnée sur le
fondement des dispositions de l’article R. 532-1 du CJA les personnes qui ne sont pas
manifestement étrangères au litige susceptible d’être engagé devant le juge de l’action
qui motive l’expertise (CE, 26 septembre 2008, Robert, n° 312140). Il a été jugé, en
outre, que le juge du référé peut appeler à l’expertise en qualité de sachant toute
personne dont la présence est de nature à éclairer ses travaux (CE, 26 septembre
2008, Robert, n° 312140).
Une fois ordonnée, l’expertise peut faire l’objet d’une modification de son
périmètre par extension ou par réduction, soit à la demande d’une des parties, et ce,
dans un délai de deux mois qui suit la première réunion d’expertise, soit, à tout
moment, à la demande de l’expert (article R. 532-3). Cette modification peut concerner
les parties à l’expertise ou la mission elle-même (article R. 532-3). Avant toute
modification, le juge des référés doit veiller à instaurer un débat contradictoire entre les
parties (article R. 532-4).
707
relatif aux compétences et au fonctionnement des juridictions administratives, AJDA
2010 p. 605 et suivantes). On s’en tiendra aux aspects essentiels suivants.
L’article R. 621-1 prévoit, depuis le 1er janvier 2017, que « L’expert peut se voir
confier une mission de médiation. Il peut également prendre l’initiative, avec l’accord
des parties, d’une telle médiation. ». L’article R. 621-7-2 règle, dans une telle
hypothèse, les questions liées au paiement à l’expert de ses frais et honoraires.
Les opérations d’expertise elles-mêmes sont réglées par les articles R. 621-7 à
R. 621-8-1. L’article R. 621-7-1 permet de résoudre les difficultés liées à l’absence de
production des documents nécessaires à l’accomplissement de la mission, sollicités
auprès des parties par l’expert. L’article R. 621-8-1 prévoit la possibilité d’organiser
pendant le déroulement des opérations d’expertise, une ou plusieurs séances dites
« audience d’expertise ». Il s’agit en réalité d’un « rendez-vous verbal » de nature à
« débloquer » une expertise (cf. D. Chauvaux et J. Courtial, op. cit.).
L’article R. 621-9 prévoit également que les parties sont ensuite invitées par la
juridiction à fournir leurs observations dans le délai d’un mois. Cette disposition n’est
cependant pertinente que s’il existe une procédure au fond. Il en va de même des
dispositions de l’article suivant en vertu duquel les experts peuvent être appelés par la
juridiction à fournir des explications complémentaires utiles devant la juridiction, et
notamment à se prononcer sur les observations recueillies en application de l’article R.
621-9 (article R. 621-10).
Les experts ont droit à des honoraires ainsi qu’au remboursement de leurs frais
et débours. Ils établissent un état de leurs vacations, frais et débours. Le président du
tribunal procède à leur liquidation et à leur taxation. Des montants distincts sont fixés
pour chacun des experts ou sapiteurs. C’est au terme d’une procédure contradictoire
que le président du tribunal peut fixer le montant de la rémunération à un niveau
inférieur au montant demandé (article R. 621-11).
708
Même en l’absence d’instance principale engagée à l’issue de l’expertise, la
partie à la charge de laquelle ont été mis les frais d’expertise n’est pas recevable à
former un recours indemnitaire ayant pour objet la condamnation d’une autre partie à
réparer le préjudice résultant pour elle du paiement des frais d’expertise. L’exception
de recours parallèle s’y oppose dès lors qu’il existe un recours spécifique contre
l’ordonnance de taxation (CE, 10 février 2016, Communauté d’agglomération Côte
Basque – Adour, n° 382016).
11.4.3.2.1 Visas
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction expertise – Régime – Ordonnance – Cas
général – Visas.
Ou :
709
conclut au rejet de la requête ; / conclut au rejet des conclusions
tendant à (…) ;
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
11.4.3.2.2 Motifs
Selon une formule constamment répétée par le Tribunal des conflits, le juge du
référé saisi, quel qu’il soit, ne peut refuser de se prononcer dès lors que, sur le fond, le
litige est de nature à relever, fût-ce pour partie, de la compétence de l’ordre auquel il
appartient (TC, 17 octobre 1988, SA entreprise Niay, n° 2530B). Cette solution
s’applique aussi bien au juge administratif qu’au juge judiciaire. Elle permet de
désigner un seul expert lorsque l’expertise est susceptible de servir devant les deux
ordres de juridiction.
La demande d’expertise doit être rejetée lorsqu’il est demandé au juge des
référés d’ordonner une mesure d’instruction qui porte à titre exclusif sur un litige dont la
connaissance au fond ne ressortit manifestement pas à l’ordre de juridiction auquel il
appartient (TC, 23 octobre 2000, Société Capraro et SMABTP, consorts Gendrot-Exiga
c/ Drire du Lot, n° 3220 ; TC, 20 juin 2005, Mme Orem n° 3449, cas d’application à
propos d’un litige ne trouvant sa source que dans le contrat de droit privé liant un
locataire à un office public de HLM).
710
administratif – Compétence du juge administratif –
Existence.
Ou :
Ou :
711
Lorsque le litige auquel se rattache la demande d’expertise ne relève pas du
tribunal qui a été saisi, il y a lieu de transmettre, par ordonnance du président du
tribunal ou du magistrat qu’il a délégué, le recours à la juridiction administrative
compétente en faisant application des dispositions du code de justice administrative
relatives au règlement des questions de compétence (articles R. 351-2 et suivants)
(CE, 30 novembre 2001, Ville de Chelles et autres, n° 231492). (cf. « incompétence du
tribunal administratif au sein de la juridiction administrative »).
Parmi les exemples de rejet, on peut citer une demande d’expertise portant :
- sur l’appellation d’un vin (CE, 11 mars 1996, SCI du domaine des Figuières, n°
161112)
- sur le caractère médical ou non d’un produit (CE, 24 mai 1978, Camplan, n°
04841)
Mais, il s’agit le plus souvent d’une question de rédaction. Pour éviter de faire
porter l’expertise sur une question de droit, il suffit de la faire porter sur les faits qui
permettront à la juridiction de trancher les questions de droit soumises à son examen.
712
Ainsi, il ne faut pas demander, par exemple, à l’expert de dire si les malfaçons
constatées sont « de nature à » compromettre la solidité de l’ouvrage ou à le rendre
impropre à sa destination (conditions auxquelles est subordonnée la mise en jeu de la
garantie décennale) mais de fournir au tribunal les éléments permettant de dire si les
malfaçons sont de cette nature. Des exemples de missions proposées fourniront plus
loin des modèles de rédaction dans différents domaines d’expertise (cf. « dispositif »).
Une demande au fond qui serait irrecevable prive la mesure d’expertise d’utilité.
L’irrecevabilité doit être, pour le juge des référés, manifeste (CE, 3 juillet 1970, Ministre
de la santé publique et de la sécurité sociale c/ Heurté, n° 79343). Appelé à déterminer
l’utilité de la mesure d’expertise, le juge des référés ne peut s’abstenir de prendre parti
sur une irrecevabilité ou une prescription au motif que la question relève de
l’appréciation du juge du fond (CE, 19 décembre 2008, M. et Mme Marina, n° 314505).
713
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction-expertise – Régime – Motifs – Utilité –
Absence – Tardiveté de la demande au fond.
L’existence d’un recours au fond ne fait pas obstacle, dans son principe, à
l’engagement d’une demande en référé (CE, 9 février 1962, Vivien, Rec. p. 100 ; CE,
30 janvier 1963, Belin, Rec. p. 59).
714
Mais en matière d’excès de pouvoir, la requête en référé doit démontrer qu’il
existe une circonstance particulière qui confère à cette demande un caractère d’utilité
différent de celui de la mesure que le juge de l’excès de pouvoir peut ordonner dans
l’exercice de ses pouvoirs de direction de l’instruction (CE, Ord. réf., 30 septembre
1998, Association 3M France, n° 199166). Toutefois, il ne faut vraisemblablement pas
appliquer cette solution de manière trop mécanique. Tout dépend des circonstances
propres à chaque affaire (CE, 12 décembre 2007, Commune de Gargenville,
n° 298155, et conclusions Aguila).
S’il résulte de l’article R. 625-1 du code de justice administrative qu’il peut être
fait application des dispositions de l’article R. 532-1, alors même qu’une requête à fin
d’annulation est en cours d’instruction, il appartient au juge des référés d’apprécier
l’utilité de la mesure demandée sur ce fondement en fonction des données de l’espèce.
Pour que le juge ordonne l’expertise, il faut que le requérant justifie de ce que cette
mesure aurait un caractère d’utilité différent de la mesure que le juge de l’excès de
pouvoir, saisi de la requête à fin d’annulation, pourra décider, le cas échéant, dans
l’exercice de ses pouvoirs de direction de l’instruction (CE, juge des référés, 27
novembre 2014, Commune de Saint-André de Boëge et Commune de Boëge, nos
385843 et 385844).
715
● Référés constat instruction-expertise – Référé instruction-expertise
– Régime – Motifs – Utilité – Absence – Mesure pouvant être
obtenue par d’autres moyens.
Le juge des référés rejette les demandes qui peuvent être satisfaites par d’autres
moyens ou qui sont redondantes.
N’est pas utile une expertise ayant le même objet qu’une étude d’impact (CE, 10
décembre 1982, Ville d’Aix-en-provence, n° 38655) ou qui porte sur des éléments
connus et établis (CE, Assemblée, 17 décembre 1976, Férignac, n° 00217).
La mesure n’est pas davantage utile lorsque le juge dispose déjà d’éléments
d’information suffisants au dossier, lorsque la question posée à l’expert ne conditionne
pas la solution d’un litige né ou à venir, lorsque l’utilité ne ressort pas des pièces
produites et des griefs énoncés (CE, 13 novembre 1992, Goedefroit, n° 133798, à
propos de la contestation des appréciations d’un jury d’examen). De même lorsque le
dossier de l’instance contient déjà de nombreux rapports médicaux, une nouvelle
expertise médicale n’est pas utile (CE, 20 décembre 2000, Deniel, n° 224663).
Mais la seule circonstance qu’une expertise ait déjà été réalisée ne dispense pas
le juge d’apprécier l’utilité d’une nouvelle expertise demandée (CE, 4 octobre 2010, M.
et Mme Jeljeli, n°332836).
Expertise médicale :
716
un caractère utile. Dès lors, la demande d’expertise médicale formulée
par @TA__AR_T_NOMFREQABREGE ne peut qu’être rejetée.
Ex. : CE, 20 décembre 2000, Deniel, n° 224663
11.4.3.2.2.4.4 Existence
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction-expertise – Régime – Motifs – Utilité –
Existence.
Cas général :
717
échéant : qu’il y a lieu, dès lors, d’ordonner une expertise en la confiant
à un collège d’experts).
Ces demandes peuvent être variées. Celle tendant à l’établissement d’un pré-
rapport, qui n’est pas exigé, doit être rejetée, de même que celle tendant au règlement
des frais d’expertise qui n’est pas opéré par l’ordonnance de désignation.
718
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction-expertise – Régime – Motifs – Autres
demandes – Frais d’expertise.
11.4.3.2.3 Dispositif
719
administrative. Il ne pourra recourir à un sapiteur sans l’autorisation
préalable du président du tribunal administratif.
720
Article 3 : Préalablement à toute opération, les experts prêteront
serment dans les formes prévues à l’article R. 621-3 du code de justice
administrative.
2°) donner un avis motivé sur les causes et origines des désordres
et malfaçons dont s’agit, en précisant s’ils sont imputables aux travaux
de construction, à la conception, à un défaut de direction ou de
surveillance, à leur exécution ou encore aux conditions d’utilisation et
d’entretien de l’immeuble endommagé et, dans le cas de causes
multiples, d’évaluer les proportions relevant de chacune d’elles ;
721
4°) donner son avis motivé sur la demande chiffrée présentée par
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE tendant à l’évaluation du coût des
travaux ;
3°) donner un avis motivé sur les causes et origines des désordres
et malfaçons dont s’agit, en précisant s’ils sont imputables aux travaux
de construction, à la conception, à un défaut de direction ou de
surveillance, à leur exécution ou encore aux conditions d’utilisation et
d’entretien de l’immeuble endommagé et, dans le cas de causes
multiples, d’évaluer les proportions relevant de chacune d’elles ;
5°) donner son avis motivé sur la demande chiffrée présentée par
@TA__AR_T_NOMFREQABREGE tendant à l’évaluation du coût des
travaux ;
722
(pour la suite de la mission : cf. exemple de mission type - cas
général)
723
3°) déterminer, d’une part, la date de consolidation des blessures
et, d’autre part, la durée de l’incapacité temporaire totale, le taux
d’incapacité permanente partielle, le préjudice esthétique, les
souffrances physiques, le préjudice d’agrément, en relation directe avec
l’accident ;
3°) donner son avis sur le point de savoir si les diagnostics établis
et les traitements, interventions et soins prodigués et leur suivi ont été
consciencieux, attentifs, diligents et conformes aux données acquises de
la science, et s’ils étaient adaptés à l’état de X et aux symptômes qu’elle
/il présentait ; donner notamment son avis sur la pertinence des
diagnostics des équipes médicales du centre hospitalier de […], et
l’utilité des gestes opératoires pratiqués ;
724
5°) donner son avis sur le point de savoir si le dommage corporel
constaté a un rapport avec l’état initial de X, ou l’évolution prévisible
de cet état ; le cas échéant, déterminer la part du préjudice présentant un
lien de causalité direct, certain et exclusif avec un manquement
reproché à l’établissement, en excluant la part des séquelles à mettre en
relation avec la pathologie initiale, son évolution ou toute autre cause
extérieure ;
725
12°) donner son avis sur la répercussion de l’incapacité
médicalement constatée sur la vie personnelle et professionnelle de X.
Le référé préventif est prévu au second alinéa de l’article R. 532-1 du CJA. Il est
mis en œuvre dans le cadre des opérations de travaux publics. Il permet que le juge
des référés puisse « notamment charger un expert de procéder, lors de l’exécution de
travaux publics, à toutes constatations relatives à l’état des immeubles susceptibles
d’être affectés par des dommages ainsi qu’aux causes et à l’étendue des dommages
qui surviendraient effectivement pendant la durée de sa mission ». Ce mécanisme
favorise, en pratique, une indemnisation plus rapide des victimes de travaux publics et
réduit le nombre de recours en cas d’opérations d’envergure.
Le juge des référés compétent est celui qui appartient au tribunal dans le ressort
duquel se trouve le lieu où le fait générateur du dommage est susceptible de se
produire (CE, 30 novembre 2001, Ville de Chelles et autres, n° 231492)
11.4.3.3.1 Visas
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction-expertise – Référé préventif – Visas.
Vu :
- (textes) ;
- le code de justice administrative ;
726
Le président du tribunal administratif a désigné M.…. en
application de l’article *** du code de justice administrative.
11.4.3.3.2 Motifs
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction-expertise – Référé préventif – Motifs.
11.4.3.3.3 Dispositif
Référés constat instruction-expertise – Référé
instruction expertise – Référé préventif – Dispositif –
Mission.
727
présente un caractère d’urgence et, dans l’affirmative, de dire si une
dégradation ou une aggravation de l’état présenté actuellement par un
immeuble, ou un élément de ces immeubles est susceptible de créer un
danger.
11.5.1.1 GENERALITES
● Référés spéciaux – Régimes spéciaux de suspension – Généralités.
728
11.5.1.2 TABLEAU DES REGIMES SPECIAUX DE SUSPENSION
NATURE DE LA OBJET DELAI IMPARTI VOIE DE DELAI DE
DEMANDE AU JUGE POUR RECOURS RECOURS
STATUER
Déféré préfectoral Suspension des 1 mois Appel devant la 15 jours (art. R.
actes des CAA 554-1 du CJA)
collectivités
territoriales
soumis à
l’obligation de
transmission (art.
L. 554-1 du CJA)
Déféré Suspension des 1 mois Appel devant la 2 mois
préfectoral actes des CAA
collectivités
territoriales pris
en matière
d’urbanisme, de
marchés, de
contrats de
partenariat et de
délégations de
service public
(art. L. 554-2 du
CJA et L. 2131-6,
alinéa 4, du
CGCT)
Déféré préfectoral Suspension d’un 48 heures Appel devant le 15 jours
acte d’une président de la
collectivité section du
territoriale de contentieux du
nature à Conseil d’Etat
compromettre
l’exercice d’une
liberté publique
ou individuelle
(art. L. 554- 3 du
CJA et L. 2131-6,
alinéas 5 et 6, du
CGCT)
Déféré du Suspension de Meilleurs délais Appel devant la 2 mois
directeur général certaines CAA
de l’agence délibérations du
régionale de conseil de
santé surveillance et
décisions du
directeur des
établissements
de santé (art. L.
554-6 du CJA et
L. 6143-4,
dernier alinéa,
du code la santé
publique)
729
Déféré du Suspension des 1 mois Appel devant la 2 mois
ministre chargé actes pris par les CAA
des sports fédérations
sportives en vertu
de la délégation
mentionnée à
l’article L. 131-14
du code du sport
(art. L. 554-8 du
CJA et art. L. 131-
20 du code du
sport)
730
Demande dirigée Suspension de Meilleurs délais Cassation 15 jours
contre une cette décision
décision prise après des
d’aménagement conclusions
soumise à une défavorables du
enquête préalable commissaire
enquêteur ou
sans que
l’enquête publique
requise ait eu lieu
(art. L. 554-12 du
CJA et L. 123-16
du code de
l’environnement)
731
Référé en matière Demande 48 heures Appel devant le 15 jours
d’informatique et présentée par le président de la
libertés président de la section du
Commission contentieux du
nationale de Conseil d’Etat
l’informatique et
des libertés, en
cas d’atteinte
grave et
immédiate aux
libertés
mentionnés à
l’article 1er de
cette loi dans la
mise en œuvre
d’un traitement ou
l’exploitation de
données à
caractère
personnel par une
personne
publique ou une
personne privée
chargée d’une
mission de
service public (art.
R. 555-1 et L.
521-2 du CJA)
Référé en Demande Meilleurs délais Cassation 15 jours
matière tendant au
d’informatique et prononcé de
libertés toutes mesures
utiles de nature
à éviter toute
dissimulation ou
toute disparition
de données à
caractère
personnel par
une personne
publique ou une
personne privée
chargée d’une
mission de
service public
(art. R. 555-2 et
L. 521-3 du CJA)
Référé en matière
de bâtiment
menaçant ruine et
de sécurité des
immeubles
collectifs à usage
principal
d’habitation (art.
R. 556-1 du CJA)
(cf. « Référé
constat en
matière de
bâtiments
732
menaçant ruine et
de sécurité des
immeubles
collectifs a usage
principal
d’habitation »)
La procédure du contentieux fiscal est régie par les articles R. 772-1 à R. 772-4
du code de justice administrative, qui renvoient au livre des procédures fiscales. Par
ailleurs, certaines dispositions du code général des impôts sont également applicables
en matière de procédure contentieuse (restitution de taxe sur la valeur ajoutée par ex.).
Remarques générales
733
industriels et commerciaux ; elle ne peut être utilisée dans les visas puisqu’on vise des
cotisations d’impôt qui sont établies au titre d’une année et non d’un exercice.
Les visas dans cette hypothèse suivent ce modèle : la société anonyme (SA) X,
venant aux droits de la société à responsabilité limitée (SARL) Y… demande la
décharge de la cotisation supplémentaire d’impôt sur les sociétés à laquelle a été
assujettie la SARL Y …..
Il s’agit essentiellement de l’impôt sur le revenu et des taxes locales. Pour les
seuls impôts directs locaux, il faut préciser "dans les rôles de la commune de ...".
734
Imposition supplémentaire - Emission d’un rôle ou d’un
avis de mise en recouvrement.
735
12.1.1.2 VISAS DES MEMOIRES EN DEFENSE
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement - Visas - Visas
des mémoires en défense.
736
12.1.1.3 VISAS DES AUTRES PIECES ET DES TEXTES
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt -
Visas - Visas des autres pièces et des textes.
On signalera :
- qu’on vise en même temps « le code général des impôts et le livre des
procédures fiscales » ;
- que lorsqu’on vise une directive, ce qui est relativement fréquent, il n’y a pas
lieu de faire précéder ses références de l’abréviation « n° ».
Le juge de l’impôt, lorsqu’il a joint les requêtes distinctes présentées par deux
requérants (relatives à la même imposition des deux membres d’un foyer fiscal), ne
peut, sans méconnaître le caractère contradictoire de la procédure, fonder sa décision
à l’égard du deuxième requérant sur un élément qui n’était mentionné que dans la
requête du premier requérant sans avoir au préalable communiqué cette requête au
deuxième requérant pour lui permettre d’y apporter, le cas échéant, une contradiction
(CE, 29 octobre 2012, Kessler, n° 346641).
Cas général
737
Les requêtes n°... et n°... de @TA__AR_T_NOMFREQ sont
relatives à une même imposition (ou présentent à juger des questions
semblables). Il y a lieu de les joindre pour statuer par un même
jugement (ou une même ordonnance).
12.1.2.1.2 Désistement
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement - Motifs -
Questions préalables - Désistement de la requête - Présence de
conclusions reconventionnelles - Majoration de droits pour sursis
de paiement abusif.
738
Le désistement de @TA__AR_T_NOMFREQ est pur et simple.
Rien ne s’oppose à ce qu’il en soit donné acte.
12.1.2.1.3 Incompétence
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement - Motifs-
Questions préalables - Incompétence du tribunal - Compétence des
tribunaux de l’ordre judiciaire.
Les textes d’où résulte la compétence des tribunaux de l’ordre judiciaire ne sont
pas les mêmes selon l’impôt en cause.
739
Dans sa requête, @TA__AR_T_NOMFREQ demande la
décharge des [rappels de droits d’enregistrement et des pénalités
correspondantes…] qui lui ont été réclamés.
740
En application des dispositions précitées du code de la sécurité
sociale, il n’appartient qu’au tribunal des affaires de sécurité sociale
territorialement compétent de connaître des conclusions de la requête
dirigées contre la contribution sociale généralisée. Par suite, cette partie
des conclusions de la requête ne peut qu’être rejetée comme portée
devant une juridiction incompétente pour en connaître.
741
l’expression par l’administration de son intention
d’établir une nouvelle imposition.
12.1.2.1.5 Irrecevabilité
Une demande au tribunal administratif qui n’a pas été précédée d’une
réclamation à l’administration, ou qui est présentée le même jour que cette
réclamation, est prématurée et, par suite, irrecevable.
Attention : si la requête est en principe irrecevable dès lors qu’elle ne tend pas à
la décharge ou à la réduction d’une imposition mise en recouvrement, l’article L. 190 du
livre des procédures fiscales (deuxième alinéa) permet la contestation de la réduction
742
d’un déficit déclaré ou d’un excédent de taxe sur la valeur ajoutée déductible sur la
taxe sur la valeur ajoutée collectée à compter de la réponse aux observations du
contribuable ou de la notification de l’avis de la commission départementale des
impôts.
S’agissant des décisions implicites de rejet, il résulte des dispositions des articles
R. 772-1, R. 198-10 et R. 199-1 du livre des procédures fiscales (LPF) qu’en cas de
silence gardé par l’administration fiscale pendant six mois sur sa réclamation, le
contribuable peut saisir le tribunal administratif d’une demande en décharge. Le délai
de recours contentieux ne peut courir à son encontre tant qu’une décision expresse de
rejet de sa réclamation, laquelle doit être motivée et, conformément aux prévisions de
l’article R. 421-5 du code de justice administrative, comporter la mention des voies et
délais de recours, ne lui a pas été régulièrement notifiée (CE, 7 décembre 2016,
Société Cortansa, n° 384309). Par conséquent, l’article R. 421-3, tel que modifié par le
décret n° 2016-1480 du 2 novembre 2016, n’est pas applicable au contentieux de
l’assiette.
744
Aux termes de l’article R. 199-1 du livre des procédures fiscales :
« L’action doit être introduite devant le tribunal compétent dans le
délai de deux mois à partir du jour de la réception de l’avis par lequel
l’administration notifie au contribuable la décision prise sur sa
réclamation, que cette notification soit faite avant ou après l’expiration
du délai de six mois prévu à l’article R. 198-10. Toutefois, le
contribuable qui n’a pas reçu de décision de l’administration dans le
délai de six mois mentionné au premier alinéa peut saisir le tribunal
dès l’expiration de ce délai. L’administration peut soumettre d’office au
tribunal la réclamation présentée par un contribuable. Elle doit en
informer ce dernier ».
745
12.1.2.1.5.3 Conclusions excédant les prétentions de la réclamation
Appréciation année par année pour les impôts directs, soumis au principe
d’annualité, mais pour l’ensemble de la période litigieuse en matière de taxe sur la
valeur ajoutée : CE, 25 juillet 1980, M. Marc, n°12438.
L’article L. 277 du livre des procédures fiscales prévoit une procédure spécifique
de sursis de paiement.
746
la demande dans leur réclamation et précisé le montant ou les bases du
dégrèvement auquel ils estiment avoir droit.
747
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Questions préalables - Irrecevabilité -
Demande de paiement des intérêts moratoires (L. 208 du
LPF)
Le raisonnement est identique à celui que l’on adopte pour les intérêts
moratoires.
748
Demande de sursis à statuer (en l’absence de question
préjudicielle).
Les décisions prises par l’administration sur les réclamations gracieuses des
contribuables (article L. 247 du livre des procédures fiscales) peuvent faire l’objet de
recours pour excès de pouvoir ; elles sont soumises au contrôle restreint du juge. La
formule préconisée ci-dessous s’insère le plus souvent dans un jugement statuant sur
une requête de plein contentieux portant sur l’assiette de l’impôt, pour répondre à des
conclusions subsidiaires présentées à titre gracieux.
749
revenu à laquelle il a été assujetti au titre de l’année…). Cette
transaction a été exécutée par le redevable. Par suite, les dispositions
législatives précitées s’opposent à la remise en cause tant des droits en
principal (ou : des impositions) que des pénalités mises à la charge du
contribuable. Dès lors [et en admettant même, comme le prétend le
requérant, que le bien-fondé des droits (ou : des impositions) et des
pénalités ne serait pas établi], sa requête ne peut qu’être rejetée.
Exemple :
Lorsque l’affaire s’y prête, il est conseillé de classer les moyens soulevés en
respectant les trois terrains juridiques spécifiques du contentieux fiscal : la régularité de
la procédure d’imposition, le bien-fondé de l’impôt (qui inclut, outre le principe et le
montant des rectifications, l’assujettissement à l’impôt ou la détermination du
redevable, la prescription et la charge de la preuve) et les pénalités.
750
Sur l’étendue du litige : (s’il y a eu un dégrèvement après
l’introduction de la requête)
Ou
Ou
751
En ce qui concerne les dividendes reçus de… :
Il convient de vérifier avec beaucoup de soin les références faites aux textes
invoqués et, en particulier, de reproduire très exactement les numérotations d’articles
en respectant notamment les majuscules ou minuscules des alinéas. On citera par
exemple l’article 49 octies D de l’annexe III au code général des impôts et l’article R.
200-2 du livre des procédures fiscales ; mais l’on se référera au 2° de l’article 260 du
code général des impôts et non à l’article 260-2°.
En matière d’impôt sur les sociétés, on n’omettra pas, s’agissant des règles
d’assiette, de se référer à l’article 209 du code général des impôts, qui rend applicable
à cet impôt les dispositions relatives aux bénéfices industriels et commerciaux :
ou
752
Les charges qui peuvent être déduites des résultats pour la
détermination du bénéfice imposable, en vertu des dispositions
combinées des articles 38, 39 et 209 du code général des impôts,
doivent correspondre à une gestion commerciale normale.
753
les faits énoncés par le requérant sans avoir égard au contenu du
mémoire de l’administration.
Exemple
754
contribuable en ait été informé par l’envoi ou la remise d’un avis de
vérification. Cet avis doit préciser les années soumises à vérification
(...) ».
Si, depuis sa modification par la loi de finances rectificative pour 2008, l’article
L. 80 A du livre des procédures fiscales permet d’invoquer une interprétation
administrative relative, non seulement à l’assiette de l’impôt, mais aussi au
recouvrement ou aux pénalités, les instructions ministérielles ou la documentation
administrative de base relative à la procédure d’imposition ne peuvent être invoquées
sur son fondement.
Voir plus généralement, sur cette question les conclusions de G. Goulard sous
CE, 26 février 2003, Société Pierre de Reynal et Compagnie, n° 223092, les
conclusions de P. Collin sous CE, Section, 20 juin 2003, Société des établissements
Lebreton, n° 232832 et l’article d’O. Fouquet à la RJF sur CE, 21 mai 2007, Ministre de
l’économie, des finances et de l’industrie c/ Société Sylvain Joyeux, n° 284719 et
observations à la RJF 2008 n°1107 sous CE SA Solamat-Merex précité.
12.1.2.2.5.1 Preuve
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Examen au fond de la requête - Bien-
fondé des impositions - Charge de la preuve - Preuve
dépendant de la procédure - Imposition d’office.
756
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Examen au fond de la requête - Bien-
fondé des impositions - Charge de la preuve - Preuve
dépendant de la procédure - Refus des rectifications.
757
fondé des impositions - Charge de la preuve - Preuve
incombant toujours au contribuable.
Elle ne s’attache qu’à ceux des motifs de la décision qui sont le soutien
nécessaire de son dispositif.
758
dispositif. Il ressort de l’examen de l’arrêt (ou du jugement) du...,
devenu définitif, par lequel la cour d’appel (ou le tribunal de grande
instance) de... a condamné @TA__AR_T_NOMFREQ [pour fraude
fiscale], que son dispositif est seulement fondé sur la circonstance
que... . Ainsi, l’autorité absolue de la chose jugée ne s’étend pas,
contrairement à ce que soutient l’administration, à... .
Mais pas à l’appréciation de ces faits par le juge pénal au regard de la loi fiscale.
On doit toujours répondre sur le terrain de la loi fiscale avant de répondre sur le
moyen tiré de l’article L. 80 A du livre des procédures fiscales.
Un moyen tiré de l’article L. 80 A du livre des procédures fiscales, même s’il n’est
pas fondé, n’est pas inopérant ; il convient donc d’y répondre: CE, 25 novembre 2005,
Société Comptoir agricole du Languedoc, n° 265489 ; CE, 28 décembre 2005, M.
Deltour, liquidateur de la Société Sodinel, n° 263982.
Il convient de souligner qu’on ne doit pas employer dans les jugements le terme
de "doctrine" administrative. On écrira « le paragraphe... de la documentation
administrative de base dans sa version à jour au... » ou « le paragraphe… de
l’instruction publiée au bulletin officiel des finances publiques - impôts le… sous la
référence... ». On peut citer le passage utile de la tolérance invoquée s’il n’est pas trop
long ou le résumer.
759
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Examen au fond de la requête - Bien-
fondé des impositions - Article L. 80 A du livre des
procédures fiscales.
ou
12.1.2.2.5.5 Compensation
760
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt -
Motifs - Examen au fond de la requête - Bien-fondé des impositions -
Compensation - Compensation demandée par l’administration.
12.1.2.2.6 Pénalités
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Examen au fond de la requête -
Pénalités - Procédure d’établissement des pénalités -
Motivation.
761
Sur les pénalités :
ou
Après que la Cour européenne des droits de l’homme a jugé que l’article 6§1 de
la convention européenne de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales est applicable à la majoration d’impôt prévue par l’article 1729 du CGI
(CEDH, 24 février 1994, Bendenoun c/ France avec chronique RJF 1994 p.383), le
Conseil d’Etat a été amené à préciser la portée de l’applicabilité de cet article par un
avis du 31 mars 1995 : CE, Section, 31 mars 1995, Ministre du budget c/ SARL Auto-
industrie Méric, n° 164008 et surtout par un avis du 8 juillet 1998 : CE, 8 juillet 1998,
Fattell, n° 195664. Les principes de l’avis Fattell ont été transposés aux pénalités de
l’article 1728 du CGI (CE, 8 mars 2002, SARL Clinique médicale de Mazargues, n°
224304). Le dernier état de la jurisprudence (par ex. CE, 27 juin 2008, Société
Ségame, n° 301343 pour les pénalités de l’article 1761 du CGI) a été validé par la
CEDH (CEDH, 7 juin 2012, Ségame c. France, 4837/06 avec chronique RJF 2012 p.
699).
762
On notera qu’à l’inverse de l’article 6 de la convention, l’article 14 §3 du pacte
international relatif aux droits civils et politiques relatif au droit à ne pas contribuer à sa
propre incrimination a été jugé inapplicable aux sanctions fiscales (CE, 17 mars 2010,
SARL Café de la Paix, n° 309197).
L’article 1733 du code général des impôts était applicable jusqu’à l’intervention
de l’ordonnance n° 2005-1512 du 7 décembre 2005. C’est désormais le II de l’article
1727 du code qui exonère de l’intérêt de retard les insuffisances ne résultant pas d’un
manquement délibéré, lorsqu’elles n’excèdent pas un certain pourcentage de la base
d’imposition, pourcentage qui varie selon qu’il s’agit de l’impôt sur le revenu ou des
droits d’enregistrement. Cette exonération ne concerne pas tous les impôts.
763
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Motifs - Examen au fond de la requête -
Pénalités - Manquement délibéré établi.
764
[Pour déterminer si les dispositions de l’article... du code général
des impôts, dans leur rédaction applicable à la date du présent
jugement, instituent une sanction plus douce que celle prévue par la
législation en vigueur avant l’intervention de cette loi, il convient de ne
prendre en compte que le taux de majoration prévu par le nouveau texte
en cas d’absence de bonne foi, à l’exclusion des intérêts de retard.]
Version courte :
765
acquitté avant le jugement. La majoration est exigible en totalité dès
l’émission d’un rôle ou d’un avis de mise en recouvrement ».
2 - Il convient, dans un jugement avant dire droit, de se prononcer sur toutes les
questions qui peuvent être réglées en l’état.
3 - Une extrême attention doit être apportée à la cohérence entre les motifs du
jugement qui donnent satisfaction partielle ou totale au requérant et le dispositif.
12.1.3.2 DESISTEMENT
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Dispositif - Désistement des conclusions
reconventionnelles de l’administration - Majoration de
droits pour sursis de paiement abusif (L. 280 du LPF).
12.1.3.3 NON-LIEU
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Dispositif - Non-lieu partiel.
766
Article 1er : Il n’y a pas lieu de statuer sur les conclusions de la
requête de @TA__AR_T_NOMFREQ, à concurrence des
dégrèvements de cotisations [supplémentaires] de… (ou de droits /
rappels de taxe sur la valeur ajoutée) prononcés par le directeur… au
titre des années… (ou de la période du... au…).
Article 2 : ...
Il ne faut pas oublier de se prononcer sur les pénalités et les intérêts de retard.
Décharge totale
Réduction en droits
767
l’année... [et des pénalités correspondantes...], à hauteur respectivement
de... euros et de... euros.
Exemple 1
Exemple 3
768
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Dispositif - Admission des prétentions - Impôt
acquitté spontanément lors du dépôt d’une déclaration.
Par exemple impôt sur les sociétés ou taxe sur la valeur ajoutée
769
la cotisation supplémentaire d’impôt sur le revenu à laquelle il a été
assujetti au titre de l’année…), une majoration de droits au taux de... %
par mois entier écoulé entre le..., date d’enregistrement de sa requête au
greffe du tribunal, et la date du présent jugement.
12.1.4.1 VISAS
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt –
Visas - Visa de la requête - Requête à fin de suspension de
l’exécution.
770
cotisation supplémentaire d’impôt sur le revenu à laquelle il a été
assujetti au titre de l’année ...).
12.1.4.2 MOTIFS
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt -
Motifs - Examen au fond de la requête - Référé suspension.
12.1.4.3 DISPOSITIF
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt -
Référé suspension-Dispositif.
771
Article 1er : Jusqu’à ce qu’il ait été statué sur la requête de
@TA__AR_T_NOMFREQ, enregistrée le... sous le n°..., l’exécution
des articles n°... du rôle mis en recouvrement le... relatif aux cotisations
de (préciser la nature de l’impôt) établies au titre des années... (ou de
l’avis de mise en recouvrement en date du... relatif aux rappels de
taxes... et aux pénalités correspondantes mis à sa charge au titre de la
période du... au...) est suspendue.
12.1.5 EXPERTISE
Pour plus d’éléments : cf. « référé instruction expertise ».
12.1.5.1 MOTIFS
● Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de l’impôt -
Mesure d’expertise nécessaire – Motifs - Charge définitive des frais
d’expertise - Remarques générales.
Aux termes de l’article R. 207-1 du livre des procédures fiscales : « (…) Les frais
d’expertise sont supportés par la partie qui n’obtient pas satisfaction. Le contribuable
qui obtient partiellement gain de cause participe aux frais en proportion de la part de sa
demande qui a été rejetée et compte tenu de l’état du litige au début de l’expertise ».
Les frais ne sont donc pas répartis forfaitairement mais très précisément selon
les règles posées par cet article. Ils sont supportés par le contribuable dans la
proportion exacte de la part de sa demande qui a été rejetée (CE, 6 décembre 1989,
Ministre de l’économie, des finances et du budget c/ Latour, n° 58924). Le calcul de
cette proportion s’apprécie en bases et non en droits (CE, 31 janvier 1990, Dragon, nos
50667, 61440).
772
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Mesure d’expertise nécessaire – Motifs -
Charge définitive des frais d’expertise - Répartition des
frais d’une expertise ordonnée à l’occasion d’un seul
litige.
773
12.1.5.2 DISPOSITIF
Contentieux fiscal - Contentieux de l’établissement de
l’impôt - Dispositif - Jugement avant dire droit - Expert.
Le dispositif (et non les motifs) doit définir avec précision les points de fait sur
lesquels devra porter l’expertise, en prévoyant, le cas échéant, autant de questions
qu’il est utile.
3) ...
Article 2 : L’expertise aura lieu dans les conditions fixées par les
articles R. 621-1 et suivants du code de justice administrative, sous
réserve des dispositions de l’article R. 200-12 du livre des procédures
fiscales.
774
1) d’examiner les écritures comptables tenues par
@TA__AR_T_NOMFREQ au cours de l’exercice clos en... ainsi que
tous les documents que celui-ci présenterait aux fins de justifier que... ;
4) ....
Article 4 : L’expertise aura lieu dans les conditions fixées par les
articles R. 621-1 du code de justice administrative, sous réserve des
dispositions de l’article R. 200-12 du livre des procédures fiscales.
775
L’article L. 281 du livre des procédures fiscales donne compétence au juge de
l’exécution, qui est un juge judiciaire, pour connaître des contestations portant sur la
régularité en la forme des actes de poursuite. Il donne compétence au juge de l’impôt
pour connaître des contestations portant sur l’obligation de payer la somme dont le
recouvrement est poursuivi. Celui-ci est le juge qui serait compétent en matière
d’assiette. Il s’agira donc le plus souvent du juge administratif (impôt sur le revenu,
impôt sur les sociétés, taxe sur la valeur ajoutée, impôts locaux…) mais parfois du juge
judiciaire (droits d’enregistrement, TGAP, droits sur les alcools…). Lorsque le
contribuable est une entreprise en difficulté soumise à une procédure collective et que
la contestation est relative à la mise en œuvre des règles propres à la procédure
collective, le tribunal de la procédure collective est compétent, alors même que
l’obligation de payer porte sur une dette d’impôt dont le contentieux d’assiette relève du
juge administratif (TC, 13 avril 2015, MM. Martini c/ Ministère des finances et des
compte publics, n°3988 ; Mme Levy c/ Direction départementale des finances
publiques du Val de Marne, n° 3998).
Il n’est pas exclu qu’une requête contienne à la fois des conclusions relatives à
l’assiette et des conclusions relatives au recouvrement. Dans la mesure où la formation
collégiale est compétente pour connaître des deux contentieux, le jugement se
prononcera successivement sur les deux terrains, selon leurs règles respectives, à
condition que chacun des deux contentieux ait donné lieu à une procédure préalable
régulière (par exemple CE, 17 juin 1988, Zany, n° 77972 ; CE, 22 mars 1991, Chartier,
n° 64566). Lorsque la clarté du débat contentieux l’impose, on peut trouver commode,
si le requérant ne s’y oppose pas, de scinder la requête et d’enregistrer sous deux
numéros distincts les conclusions d’assiette et celles de recouvrement.
12.2.1.1.1 Visas
776
pénalités] [et le cas échéant : , ainsi qu’aux majorations et frais liés à
leur recouvrement].
12.2.1.1.2 Motifs
La distinction posée par l’article L. 281 du livre des procédures fiscales, qui n’est
pas toujours évidente à opérer, requiert d’analyser l’objet de la requête. Cette analyse
implique de lire les conclusions dont le tribunal est saisi au regard des moyens
soulevés.
777
Par exemple, une requête demandant "l’annulation" d’un acte de poursuite en
invoquant uniquement ou essentiellement des moyens relatifs à l’existence de
l’obligation de payer, au montant de la dette compte tenu des paiements effectués ou à
l’exigibilité de la somme réclamée sera lue sans difficulté comme une requête tendant
à la décharge de l’obligation de payer. Inversement, une requête qui tendrait à la
"décharge de l’obligation de payer" tout en ne soulevant que des moyens ayant trait à
la régularité en la forme de l’acte de poursuite devrait être requalifiée en requête
tendant à l’annulation pour irrégularité de l’acte de poursuite, avant d’être rejetée
comme portée devant une juridiction incompétente pour en connaître.
778
quelconques dont la perception incombe aux comptables publics
doivent être adressées à l'administration dont dépend le comptable qui
exerce les poursuites (…)/ Les contestations relatives au recouvrement
ne peuvent pas remettre en cause le bien-fondé de la créance. Elles
peuvent porter : 1° Sur la régularité en la forme de l'acte ; 2° A
l'exclusion des amendes et condamnations pécuniaires, sur l'obligation
au paiement, sur le montant de la dette compte tenu des paiements
effectués et sur l'exigibilité de la somme réclamée. / Les recours contre
les décisions prises par l'administration sur ces contestations sont
portés dans le cas prévu au 1° devant le juge de l'exécution. Dans les
cas prévus au 2°, ils sont portés : a) Pour les créances fiscales, devant
le juge de l'impôt prévu à l'article L. 199 (…) ».
Ou :
12.2.1.1.2.1.3 Irrecevabilité
779
Contentieux fiscal - Recouvrement - Contentieux de
l’obligation de payer - Demande de décharge - Motifs -
Questions préalables - Irrecevabilité - Absence d’acte de
poursuite.
Les délais de recours ne sont opposables au contribuable que s’ils ont été
mentionnés, ainsi que les voies de recours, dans la notification de la décision rejetant
la réclamation préalable (CE, 29 octobre 2001, Mme Trachel, n° 221713) ou, en cas de
décision implicite de rejet, dans l’accusé de réception de la réclamation.
781
contribuable, ce délai ne peut excéder un an (CE, Section, 31 mars 2017, Ministre des
finances et des comptes publics c/ M. Amar, n° 389842).
782
12.2.1.1.2.2 Examen au fond
Le délai de prescription de quatre ans prévu par l’article L. 274 du livre des
procédures fiscales est interrompu, notamment, par tout acte de poursuite
régulièrement notifié au contribuable.
783
- pour le moyen tiré de ce qu’un commandement de payer ne pouvait
régulièrement intervenir en raison du sursis de paiement dont bénéficiait
alors le contribuable : CE, 21 mars 2008, M. Caillieret, n° 285448).
Il y aura lieu d’écarter de tels moyens comme inopérants car portés devant un
juge incompétent pour en connaître (cf. « moyens inopérants »).
Sur la prescription :
784
- moyens se rattachant à la régularité en la forme de l’acte (par exemple :
CE, 15 juin 2005, Ministre de l’économie, des finances et de l’industrie c/ M.
Pachulski, n° 235353) ; relevant à ce titre de la seule compétence du juge
judiciaire, ils doivent être écartés comme inopérants, et non au fond, ce qui
entacherait le jugement d’incompétence (par exemple : CE, 21 mars 2008,
M. Caillieret, n° 285448).
Est également inopérant le moyen tiré des vices propres entachant la décision
de l’administration rejetant la réclamation préalable à la saisine du juge (CE, 20 janvier
1989, Cahn, nos 69963-79697).
785
Examen au fond – Moyens inopérants – Moyen tiré des
vices propres de la décision de rejet de la réclamation.
D’une part, en application de l’article R. 281-3-1, les moyens autres que ceux
relatifs à la régularité en la forme de l’acte de poursuite – il s’agit donc de moyens qui,
en principe, relèvent de la compétence du juge de l’impôt – ne peuvent être invoqués
que dans un délai de deux mois à compter de la notification de tout acte de poursuite si
le motif invoqué porte sur l’obligation de payer ou le montant de la dette ou à compter
de la notification du premier acte permettant de les soulever pour les autres motifs.
C’est le cas, par exemple, du moyen tiré de la prescription de l’action en recouvrement,
qui doit être invoqué à l’encontre du premier acte de poursuite faisant suite à
l’expiration du délai de prescription (par exemple CE, 28 mars 2007, Société
Halluméca, n° 289613, 289614).
786
D’autre part, en application de l’article R. 281-5, le juge ne peut se prononcer
que sur des éléments de fait déjà soumis à l’administration à l’occasion de la
réclamation préalable ayant précédé la saisine du juge. Toutefois, ces dispositions ne
font pas obstacle à ce que le contribuable soulève des moyens nouveaux devant le
juge – du moment qu’il ne fait valoir à leur appui aucun élément de fait autre que ceux
déjà exposés devant l’administration (CE, 17 mars 1999, Gouet, n° 163929 avec
chronique E. Mignon à la RJF 5/99 n° 642 ; CE, 28 mars 2007, Société Halluméca, n°
289613, 289614).
787
présenté à l’appui d’une demande en décharge de l’obligation de
payer découlant de ces poursuites.
12.2.1.1.3 Dispositif
● Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux de l’obligation de
payer – Demande de décharge – Dispositif.
788
Article 1er : @TA__AR_T_NOMFREQ est déchargé de
l’obligation de payer les sommes mentionnées dans le commandement
de payer du …, à hauteur, respectivement, de ... et ... .
12.2.1.2.2 Motifs
12.2.1.2.2.1 Questions préalables
Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux de
l’obligation de payer – Référé suspension – Motifs –
Questions préalables – Non-lieu.
789
conclusions tendant à obtenir la suspension de l’exécution de cet acte de
poursuite sont devenues sans objet.
12.2.1.2.3 Dispositif
790
Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux de
l’obligation de payer – Référé suspension – Dispositif –
Suspension totale de l’obligation de payer.
- d’une part (art. L. 552-1 ou L. 279), ceux portant sur l’appréciation de la validité
ou de la valeur des garanties proposées par le contribuable pour échapper aux
mesures conservatoires (le juge du référé fiscal est alors saisi du rejet, par le
comptable chargé du recouvrement, des garanties proposées) ;
- d’autre part (art. L. 552-2 ou 5e alinéa de l’art. L. 277), ceux portant, dans
l’hypothèse d’un rejet des garanties par le comptable ou par le juge du référé fiscal, sur
les mesures conservatoires prises par le comptable chargé du recouvrement (le juge
791
du référé fiscal est alors saisi d’une demande de limitation ou d’abandon d’une de ces
mesures conservatoires).
Lorsque les sommes dont le recouvrement est en jeu sont des montants d’impôts
directs ou de taxes sur le chiffre d’affaires, le juge du référé fiscal est un juge
administratif (art. L. 279, 1er alinéa et art. L. 277, dernier alinéa).
12.2.2.1 VISAS
12.2.2.1.1 Visa de la requête
792
conservatoire le... par le (comptable public compétent) pour avoir
paiement de la somme de ... correspondant à (description de la nature
de l’impôt).
12.2.2.2 MOTIFS
12.2.2.2.1 Questions préalables
12.2.2.2.1.1 Incompétence
793
Par une décision du ... postérieure à l’enregistrement de la requête,
le (comptable public compétent) a accepté les garanties proposées par
@TA__AR_T_NOMFREQ à l’appui de la demande de sursis de
paiement dont était assortie sa réclamation devant le (chef de service
compétent pour statuer sur la réclamation d’assiette). Dès lors, la
demande formée par @TA__AR_T_NOMFREQ devant le juge du
référé est devenue sans objet.
12.2.2.2.1.3 Irrecevabilité
En cas de refus des garanties par le comptable, le juge du référé fiscal doit être
saisi par le contribuable qui conteste son appréciation dans un délai de quinze jours
après réception de la lettre recommandée par laquelle ce refus lui a été opposé (article
L. 279, 1er alinéa).
794
Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux du
sursis de paiement – Motifs – Questions préalables –
Irrecevabilité – Appréciation des garanties –
Insuffisance de consignation.
Il existe une exception (si l’on met à part le cas de la jurisprudence CE, ord. ref.,
13 juin 2007, M. Michel Soppelsa, n° 306252 déjà citée) lorsque le contribuable a
formulé, après un rejet d’une première offre de garanties, une nouvelle offre. Dans ce
cas, la jurisprudence admet que le silence gardé par le comptable fait naître une
décision implicite de rejet attaquable devant le juge du référé fiscal (CE, 10 décembre
2008, M. et Mme Kuroiwa, n° 313190).
796
de la créance du Trésor), a rejeté la proposition de
@TA__AR_T_NOMFREQ. Le requérant demande au juge du référé
administratif de décider que les garanties offertes répondent aux
conditions prévues par l’article L. 277 du livre des procédures fiscales
(variante : de le dispenser de garanties autres que celles déjà
constituées).
Il revient au juge du référé fiscal, juge de plein contentieux, non de statuer sur la
légalité de la décision du comptable, mais d’apprécier lui-même si les garanties offertes
répondent aux conditions prévues à l’article L. 277 (CE, 1er décembre 1999, SA Lucas
France, n° 184304 ; CE, 10 octobre 2003, M. Cayrou, n° 244144).
797
Lorsque le débat contentieux ne porte que sur la question de la valeur des
garanties proposées mais qu’il résulte de l’instruction que celles-ci sont, plus
radicalement, impropres à assurer le recouvrement, le juge du référé fiscal doit relever
d’office ce moyen, après avoir mis les parties à même d’en débattre contradictoirement
(CE, 30 janvier 2009, M. Thacker, n° 312683).
798
@TA__AR_T_NOMFREQ de ce que cette valeur excédait celle de la
garantie exigible sont inopérants.
799
Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux du
sursis de paiement – Motifs – Examen au fond –
Admission des prétentions – Limitation d’une mesure
conservatoire.
12.2.2.3 DISPOSITIF
Contentieux fiscal – Recouvrement – Contentieux du
sursis de paiement – Dispositif – Admission des
prétentions – Appréciation des garanties.
On notera que, lorsque le juge du référé fiscal saisi d’un litige portant sur le
caractère suffisant des garanties fait droit à la demande du contribuable, il n’y a pas
lieu d’annuler la décision du comptable rejetant les garanties proposées.
800
Article n : Les conclusions tendant à ... sont renvoyées devant une
formation collégiale du tribunal.
Ainsi :
801
l’engagement par l’administration de la procédure de flagrance fiscale et
celle des mesures conservatoires prononcées au regard des dispositions
applicables et au vu des éléments qui lui ont été soumis par les parties (CE,
3 octobre 2016, Société Spécial Bannow Bay Shellfish Limited et autres, n°
401383).
12.3.1 VISAS
Contentieux fiscal – Contentieux de la remise gracieuse –
Visas.
802
[Mémoire en défense….]
12.3.2 MOTIFS
Contentieux fiscal – Contentieux de la remise gracieuse –
Motifs.
12.3.3 DISPOSITIF
● Contentieux fiscal – Contentieux de la remise gracieuse – Dispositif.
Dès lors qu’il s’agit d’un recours pour excès de pouvoir, et même s’il s’agit d’une
demande de décharge de responsabilité solidaire, si l’on estime que le contribuable
doit obtenir satisfaction, il ne faut pas le décharger de l’obligation de payer la somme
ou réduire la solidarité dans une proportion qui paraîtrait fondée compte tenu des
803
écritures du contribuable, mais se borner à annuler la décision attaquée dans son
ensemble.
13.1 PRESENTATION
804
consultables sur l’intranet : Outils et ressources documentaires juridiques/Productions
de la SRE)
Compétence du tribunal
De même, lorsque le Conseil d’Etat est saisi d’un appel, il devient compétent
pour se prononcer sur une demande d’exécution (CE, 30 janvier 2002, M. Haouas, n°
199854).
Les délais.
805
Une demande d’exécution présentée prématurément peut être régularisée par
l’écoulement du temps (CE, Section, 5 mai 1995, Mme Berthaux, n° 162283).
La forme de la demande.
L’objet de la demande.
En premier lieu, la demande d’exécution ne doit pas être dépourvue d’objet dès
l’origine. Il en va notamment ainsi lorsqu’est demandée l’exécution d’une décision
juridictionnelle de rejet, au nombre desquelles sont les arrêts d’appel annulant un
jugement et rejetant la demande de première instance (CE, 19 juillet 2017, Ville de
Paris, n° 388403). Il en va également ainsi lorsque l’exécution est intervenue
antérieurement à la demande d’exécution présentée à la juridiction, auquel cas la
demande doit être rejetée comme irrecevable (CE, Ass., 22 janvier 1982,
Administration générale de l'Assistance publique à Paris, n° 26296). En revanche, il y
aura non-lieu à statuer sur la demande lorsque l’exécution est intervenue
postérieurement à la demande d’exécution (voir Non-lieu).
De même, la demande d’exécution doit être dirigée contre une personne morale
de droit public ou une personne privée chargée d’un service public (articles L. 911-5 et
R. 931-2 du CJA). Il convient toutefois de réserver les contraventions de grande voirie,
pour lesquelles s’applique un principe général du droit selon lequel les juges ont la
faculté de prononcer une astreinte en vue de l’exécution de leurs décisions, y compris
à l’encontre d’une personne physique occupant irrégulièrement le domaine public (CE,
25 septembre 2013, Tomaselli, n° 354677 ; CE, 5 février 2014, Voies navigables de
France, n° 364561 ; CE, 15 octobre 2014, Voies navigables de France, n°s 338746 et
a.).
Par ailleurs, la demande d’exécution ne peut tendre qu’à l’édiction par l’autorité
administrative des mesures strictement nécessaires à l’exécution du jugement. Toute
demande ayant un objet autre que celui que le jugement a tranché sera donc regardée
comme portant sur un litige distinct (CE, 4 novembre 1996, Mlle Kerbache, n° 173691).
Tel est fréquemment le cas de demandes qui tendent à l’octroi d’indemnités
accessoires à une condamnation auxquelles le requérant prétend avoir droit sans que
le tribunal se soit prononcé sur ce point. Il a notamment été jugé que la contestation de
l’équivalence entre l’emploi occupé par l’agent avant son éviction et celui dans lequel il
a été effectivement réintégré constituait un litige distinct, sauf dans le cas où ce défaut
d’équivalence est manifeste (CE, 16 février 2007, M. Cordier n° 282032) ou que
l’injonction de réintégrer l’agent illégalement évincé n’a manifestement, en raison des
modalités de la réintégration à laquelle il a réellement été procédé, pas été suivie
d’effet (CE, 13 juin 2016, AP-HP, n° 396691).
806
du code de justice administrative n’était pas applicable dans les cas visés par ces
textes (CE, 6 mai 1998, Lother n° 141236 ; 24 novembre 2003, Société « Le Cadoret »,
n° 250436). Un tempérament a toutefois été apporté : lorsque la décision
juridictionnelle ne fixe pas précisément le montant de la somme due ou lorsque le
calcul de celui-ci soulève une difficulté sérieuse, la demande tendant au prononcé
d’une injonction sous astreinte est recevable, et ce même si ce mandatement n’a pas
été sollicité (CE, 25 octobre 2017, Société JC Decaux France, n°s 399407 et a.). Par
ailleurs, la question de la possibilité d’introduire une demande d’exécution après échec
de la procédure de paiement forcé prévue par la loi du 16 juillet 1980 n’a, à ce jour, pas
été tranchée par la jurisprudence. Enfin, il arrive parfois qu’en pratique, et pour des
raisons d’efficacité, le magistrat chargé de l’exécution préfère malgré tout tenter
d’obtenir, notamment lorsque sont en cause des sommes modestes (et notamment une
condamnation aux frais irrépétibles), l’exécution du jugement via la procédure de
l’article L. 911-4 du CJA, en mettant en œuvre la phase administrative.
La phase administrative :
Le formalisme est des plus réduits durant cette phase administrative. Une fois
enregistrée, la demande est communiquée à l’administration pour observation. Si dans
cette phase administrative, la procédure n’est pas soumise au principe du
contradictoire (CE, 27 septembre 2002, Commune de Solers, n° 217012), la
communication des mémoires ou pièces produites est néanmoins de nature à rendre la
procédure plus efficace.
La phase juridictionnelle :
807
(même décision). Dès lors que l’intéressé peut présenter une nouvelle demande
d’exécution, c’est cette voie qui, en pratique, est privilégiée au recours contre le rejet
de la demande d’ouverture de la procédure juridictionnelle.
Le requérant qui souhaite obtenir l’exécution d’un jugement ayant défini les
mesures d’exécution qu’il implique sur le fondement des articles L. 911-1 et L. 911-2 du
CJA peut se borner à demander que soit prononcée une astreinte.
808
Enfin, le prononcé d’une astreinte ne met pas fin à la mission du juge de
l’exécution, auquel il incombe de se prononcer sur sa liquidation. Cf. : 13.4. Liquidation
de l’astreinte.
ORDONNE :
Article 1er : Une procédure juridictionnelle est ouverte pour l’exécution du jugement n° … en
date du … du tribunal administratif de X.
809
Article 2 : (Notification).
13.3.1 VISAS
Vu la procédure suivante :
810
Par un mémoire en date du…, [autorité administrative ou organisme en
charge de l’exécution] conclut au rejet de la demande de M. X / à ce qu’un non-
lieu à statuer soit prononcé.
Il soutient que … ;
Vu la procédure suivante :
811
Par un mémoire en date du…, [Autorité administrative ou organisme en
charge de l’exécution] conclut au rejet de la demande de M. X / à ce qu’un non-
lieu à statuer soit prononcé.
Il soutient que … ;
Vu la procédure suivante :
Il soutient que … ;
812
13.3.2 MOTIFS
13.3.2.1 NON-LIEU
La demande peut, le cas échéant, être rejetée par ordonnance pour irrecevabilité
manifeste en application de l’article R.222-1 du CJA (CE, 16 juillet 2014, Mme Talbaux,
n° 362230).
813
Jugement sur demande d’exécution – Motifs- Rejet pour
irrecevabilité – Tardiveté de la demande d’ouverture de
la procédure juridictionnelle
814
Jugement sur demande d’exécution - Motifs – Rejet pour
irrecevabilité- Demande dépourvue d’objet dès l’origine.
815
astreinte ». Il résulte de ces dispositions que la juridiction administrative ne
peut être saisie d’une demande d’exécution que de ses propres décisions. Ni
ces dispositions, ni aucune autre disposition ne permettent à une personne,
partie à une instance devant l’autorité judiciaire, de saisir le tribunal
administratif d’une demande tendant à l’exécution de la décision rendue par
cette autorité. @TA__AR_T_NOMFREQABREGE demande au tribunal
administratif l’exécution non d’une de ses décisions mais d’une décision d’une
juridiction civile. Cette demande est, par suite, irrecevable et ne peut, dès lors,
qu’être rejetée.
816
13.3.2.2.6 Demande consistant en un litige distinct
817
Aux termes de : [citation selon le cas de l’article L. 911-1 ou de l’article L.
911-2]. Aux termes de l’article L. 911-4 du même code : « En cas d’inexécution
d’un jugement ou d’un arrêt, la partie intéressée peut demander au tribunal
administratif ou à la cour administrative d’appel qui a rendu la décision d’en
assurer l’exécution. (…)Si le jugement ou l’arrêt dont l’exécution est demandée
n’a pas défini les mesures d’exécution, la juridiction saisie procède à cette
définition. Elle peut fixer un délai d’exécution et prononcer une astreinte ».
818
Jugement sur demandes d’exécution – Motifs- Rejet au
fond – Changement dans les circonstances de fait ou de
droit
819
d’en assurer l’exécution. (…) Si le jugement ou l’arrêt dont l’exécution est
demandée n’a pas défini les mesures d’exécution, la juridiction saisie procède à
cette définition. Elle peut fixer un délai d’exécution et prononcer une astreinte ».
820
13.3.2.4 PRONONCE DES MESURES D’EXECUTION ET REJET DE LA DEMANDE
D’ASTREINTE
Jugement sur demande d’exécution sous astreinte –
Motifs - Prononcé des mesures d’exécution et rejet de la
demande d’astreinte
821
Demande d’exécution sous astreinte – Motifs - Prononcé des
mesures d’exécution et condamnation à astreinte
822
Aux termes de l’article L. 911-4 du code de justice administrative : « En cas
d’inexécution d’un jugement ou d’un arrêt, la partie intéressée peut demander au
tribunal administratif ou à la cour administrative d’appel qui a rendu la décision
d’en assurer l’exécution. (…)Si le jugement ou l’arrêt dont l’exécution est
demandée n’a pas défini les mesures d’exécution, la juridiction saisie procède à
cette définition. Elle peut fixer un délai d’exécution et prononcer une astreinte ».
13.3.3 DISPOSITIF
Article 2 : [notification]
Article 2 : [notification]
823
Article 4 : [notification]
Article 4 : [notification]
Article 3 : [notification]
824
pour exécuter, celle-ci s’est acquittée de manière satisfaisante de son obligation avant
de prononcer soit un non-lieu à liquidation, soit une décision de liquidation de
l’astreinte.
L’article R. 921-7 du CJA, tel que modifié par le décret n° 2017-493 du 6 avril
2017, prévoit désormais que c’est en premier lieu le président de la juridiction qui a la
charge de s’assurer du suivi des astreintes, dès leur date d’effet. A cet effet, une
vigilance particulière est requise afin que les jugements prononçant des astreintes
soient identifiés au sein des greffes. Il est alors loisible au président d’effectuer de
nouvelles diligences pour s’assurer de la bonne exécution du jugement prononçant une
astreinte et il doit, sauf à prononcer un non-lieu par ordonnance, faire part à la
formation de jugement de l’état d’avancement de l’exécution. Celle-ci statue alors sur la
liquidation de l’astreinte.
Dès lors qu’une astreinte a été prononcée, seule une nouvelle décision
juridictionnelle pourra clore la procédure et permettre la clôture du dossier par Skipper.
S’il constate que le jugement n’a pas été exécuté, le juge prononcera une
liquidation provisoire de l’astreinte calculée à compter de la date de notification de la
décision d’astreinte et jusqu’au jour du délibéré. La décision par laquelle le juge
procède à la liquidation d’une astreinte provisoire doit être motivée (CE, 6 octobre
2010, Commune du Castellet, n°307683). Une nouvelle liquidation pourra intervenir
ultérieurement et ce, jusqu’à exécution complète de la chose jugée (CE, 11 octobre
1999, M. Geronimi, n° 201765). Le Conseil d’Etat a même considéré que le juge
administratif pouvait augmenter le taux de l’astreinte, après avoir procédé à une
première liquidation provisoire, compte tenu de l’opposition persistante à l’exécution
d’un jugement (CE, 22 novembre 1999, Lother, n° 141236).
825
Lorsqu’il est procédé à la liquidation de l’astreinte, l’article L. 911-8 du CJA
prévoit par ailleurs, en vue d’éviter tout enrichissement indu de la victime, qui peut par
ailleurs obtenir des dommages-intérêts, qu’une partie de l’astreinte peut ne pas être
versée au requérant mais à l’Etat (à l’exception des astreintes prononcées dans le
cadre des contraventions de grande voirie, cf. CE, 15 octobre 2015, Voies navigables
de France, précité). Cette possibilité ne joue pas lorsque c’est l’Etat qui est débiteur de
l’astreinte, de sorte que le juge pourra attribuer l’intégralité du montant de l’astreinte au
requérant ou, à l’inverse, ne pas condamner l’Etat à verser la part restante après
condamnation à verser une fraction au requérant (CE, 30 mars 2001, Epoux Ribstein,
B).
13.4.1.1 VISAS
Vu la procédure suivante :
13.4.1.2 MOTIFS
13.4.1.2.1 Décision exécutée
826
Le jugement du tribunal du … a été notifiée à ... le ... . [autorité
administrative ou organisme en charge de l’exécution] de ... a justifié
avoir ... . Il doit, par suite, être regardé comme ayant exécuté cette
décision. Il n’y a, dès lors, pas lieu de procéder à la liquidation de
l’astreinte.
827
organisme en charge de l’exécution] doit être, par suite, regardé comme
n’ayant pas, à cette date, exécuté cette décision. Il y a lieu, dès lors, de
procéder au bénéfice de ... à la liquidation de l’astreinte pour la période du ...
inclus au ... inclus, au taux de ... par jour, soit ... . Compte tenu des
circonstances de l’espèce, il convient d’allouer à X… la moitié de cette somme.
13.4.1.3 DISPOSITIF
Non-lieu :
Article 2 : [notification]
Condamnation :
828
Article 2 : La présente décision sera notifiée à X… et à [autorité
administrative ou organisme en charge de l’exécution].
Suppression de l’astreinte :
14. MEDIATION
● Médiation - Définition.
● Médiation - Généralités.
Celle-ci peut intervenir soit à l’initiative des parties (art. L. 213-5 et L.213-6 du
CJA) soit à l’initiative du juge (art. L. 213-7 à L. 213-10 du CJA).
829
L. 213-1 du CJA). Le processus de médiation implique la présence de deux ou
plusieurs parties. Le recours à un médiateur ne peut résulter de la demande d’une
seule partie.
Dans ces deux dernières situations, un dossier est ouvert et enregistré par le
greffe sous l’application Skipper.
Attention : aux termes de l’article L. 213-5 du CJA, les parties peuvent solliciter le
président de juridiction « en dehors de toute procédure juridictionnelle ». Dès lors, si un
contentieux a déjà été porté devant le juge, elles ne peuvent plus s’adresser au
président de juridiction ; elles peuvent, en revanche, si elles le souhaitent, demander
au président de la formation de jugement chargée du litige d’organiser cette médiation.
L’accord entre les parties pour organiser une médiation n’exige aucun
formalisme et pourra être attesté par différents moyens (convention ou protocole
cosigné, échange de courriers, procès-verbal de réunion…).
830
14.1.2.2 LA SUSPENSION DES DELAIS DE PRESCRIPTION
L’organisation d’une médiation à l’initiative des parties suspend les délais de
prescription (art. L. 213-6 du CJA).
L’accord entre les parties pour organiser une médiation n’exige aucun
formalisme et pourra être attesté par différents moyens (convention ou protocole
cosigné, lettres, procès-verbal de réunion…).
- la CAA est susceptible d’être saisie en appel d’un jugement rendu sur le litige.
Cette demande précise l’objet du différend entre les parties afin de permettre au
président de juridiction de désigner un médiateur dont les compétences sont adaptées
au litige.
La demande est enregistrée par le greffe sous l’application Skipper avec création
d’un nouveau dossier. Le greffe de la juridiction accuse réception aux parties de leur
demande (v. manuel des greffes).
831
14.1.3.3 LA DESIGNATION DU MEDIATEUR
La décision par laquelle le président de juridiction procède à la désignation du
médiateur après accord des parties n’a pas de caractère juridictionnel et est
insusceptible de recours.
Le médiateur peut être une personne physique ou morale (art. R. 213-2 CJA).
La décision de désignation est adressée par lettre simple aux parties et par lettre
avec avis de réception au médiateur (modèle dans Skipper). N’ayant pas de caractère
juridictionnel, cette décision n’est pas revêtue des attributs propres à un acte
juridictionnel (mention « au nom du peuple français », formule exécutoire).
Il peut fixer un délai pour la réalisation de la mission. A titre indicatif, les délais
communément pratiqués sont de 3 à 6 mois selon la nature du litige.
832
14.1.3.4.2 La rémunération du médiateur
Le médiateur ne peut être rémunéré s’il s’agit d’un magistrat ou d’un agent de la
juridiction (art. L. 213-5 CJA).
Des barèmes de référence peuvent être fixés par une convention cadre signée
dans le ressort de chaque juridiction.
Il peut être prévu le versement d’une allocation provisionnelle à faire valoir sur le
montant de cette rémunération.
833
14.1.4.2 CONFIDENTIALITE
Sauf accord contraire des parties, la médiation est soumise au principe de
confidentialité (art. L. 213-2 alinéa 2 du CJA).
Ainsi, s’il estime que le litige dont il est saisi est susceptible de trouver une
solution amiable par la voie de la médiation, le juge adresse aux parties, ou à leurs
conseils, une lettre leur proposant le recours à la médiation et leur fixant un délai pour
y répondre (art. R. 213-5 du CJA).
834
différend, y compris au cours d’une audience, ce qui impliquera, le cas échéant, la
réouverture de l’instruction.
835
le président d’une formation de jugement collégiale,
le juge unique,
Un avocat peut être désigné comme médiateur, mais à la condition que son
impartialité soit objectivement garantie (notamment absence de tout lien avec l’une des
parties).
836
14.2.2.4 LA NATURE DE L’ORDONNANCE PORTANT DESIGNATION DU
MEDIATEUR
- à l’initiative du médiateur ;
Le médiateur ne peut être rémunéré s’il s’agit d’un magistrat ou d’un agent de la
juridiction (art. L. 213-8 CJA).
Des barèmes de référence peuvent être fixés par une convention cadre signée
dans le ressort de chaque juridiction.
837
14.2.3.2 PROVISION ET ALLOCATION PROVISIONNELLE
Si l’article L. 213-8 du CJA a prévu la possibilité qu’une provision soit consignée
en faveur du médiateur, sous peine de caducité de sa désignation, ces dispositions,
faute d’organisation réglementaire de la consignation, ne peuvent être appliquées en
l’état.
C’est seulement à défaut d’accord que le juge procède à leur répartition. Cette
répartition est faite à parts égales, à moins que le juge n’estime qu’une telle répartition
est inéquitable au regard de la situation économique des parties.
Lorsque l’aide juridictionnelle a été accordée à l’une des parties, les frais
incombant à la partie bénéficiaire de l’aide juridictionnelle sont à la charge de l’Etat,
sauf retrait de l’aide juridictionnelle prononcé sur le fondement de l’article 50 de la loi
n° 91-647 du 10 juillet 1991. La rétribution du médiateur relevant de l’aide
juridictionnelle ne peut toutefois excéder le montant de 256 euros prévu par l’article
118-11 du décret n° 91-1266 du 19 décembre 1991.
838
14.3.1 LE RECUEIL DES CONSENTEMENTS SUR LE DEROULE
DE LA MEDIATION
Les parties peuvent, à leur initiative, consulter un expert (ou un tiers tel que
mentionné à l’article R. 213-9 du CJA), le médiateur pouvant le suggérer aux parties
sans qu’il en ait l’initiative.
La sollicitation d’un tel expert se fait en dehors du juge qui organise la mission de
médiation. Sa rémunération n’est donc pas prise en compte par le juge lorsqu’il est
amené à fixer le montant de la rémunération du médiateur. Il revient aux seules parties
de s’accorder librement sur la prise en charge de son coût.
- du constat par le médiateur d’un défaut d’accord à l’issue du délai qui lui a été,
le cas échéant, imparti par le juge ;
839
- de la sortie, à tout moment, de l’une ou l’autre des parties, du processus de
médiation (art. R. 213-9 du CJA) ;
L’accord trouvé entre les parties en cas de réussite de la médiation n’a pas
nécessairement à être formalisé. Il peut se traduire par exemple par un retrait ou une
modification de la décision attaquée, ou par un désistement du requérant.
Si un accord de médiation est signé par les parties, il n’a pas à être transmis
spontanément à la juridiction par le médiateur.
L’accord de médiation s’applique de lui-même entre les parties qui l’ont signé.
840
14.4 LA DEONTOLOGIE DU MEDIATEUR
14.4.2 CONFIDENTIALITE
Sauf accord contraire des parties, la médiation est soumise au principe de
confidentialité (art. L. 213-2 alinéa 2 du CJA).
841
Les demandes relevant des attributions des préfets de région relèvent de la
compétence des cours administratives d’appel (même article).
Aucune condition n’est posée par le code pour la recevabilité d’une telle
demande. Il est, toutefois, d’usage de refuser de répondre à une demande d’avis
portant sur une question pendante au contentieux ou susceptible de conditionner
directement une saisine contentieuse, notamment sous la forme d’un déféré.
La demande d’avis est instruite par un rapporteur et délibérée par une formation
collégiale. Celle-ci correspond généralement à l’une des chambres du tribunal. Elle ne
donne évidemment pas lieu à une présentation en audience publique et au prononcé
de conclusions du rapporteur public. Celui-ci peut, en revanche, être associé au
délibéré de la formation collégiale.
Les magistrats qui ont participé au délibéré aux termes duquel l’avis a été rendu
ne peuvent participer à la formation de jugement qui aura, le cas échéant, à connaître
d’un litige afférent à la décision prise à la suite de cet avis (CE, 7 août 2008,
Association des Terres minées, n° 312022).
Préfet de ***
Avis du ***
REPUBLIQUE FRANÇAISE
(*** chambre)
EST D’AVIS,
….
****, président,
****, conseiller
****, conseiller
842
Le président du tribunal administratif [Le président de la ***
chambre]
Le conseiller-rapporteur
On notera que si une autorisation du tribunal a été accordée pour l’action initiale,
une nouvelle autorisation est nécessaire pour un appel, qu’il soit principal ou incident,
ou un pourvoi en cassation (CE, 16 janvier 2004, Méry, n° 254839 ; CE, 24 septembre
2010, Asselin, n°336117).
Pour être recevable, une demande d’autorisation de plaider, outre qu’elle ne peut
être présentée par un contribuable qui aurait lui-même eu intérêt à agir en son nom
personnel (CE, 28 avril 2006, Cassinari, n° 280878), doit principalement répondre à
deux conditions.
Elle doit, en premier lieu, avoir été précédée d’une demande ayant le même
objet, adressée, même par un autre contribuable (CE, Section, 22 juillet 1992, Grapin,
n° 134986), à la collectivité locale concernée d’agir elle-même ; cette formalité étant
qualifiée de substantielle par la jurisprudence et n’étant pas susceptible d’être
régularisée (CE, 22 juillet 1992, Avrillier, n° 134976 ; CE, 30 septembre 2011, Tête,
n°341089).
Ensuite, il faut que la collectivité ait refusé, par une décision expresse ou
implicite de rejet, d’engager l’action envisagée et qu’elle ne soit pas revenue sur son
refus au moment où le tribunal statue (CE, Section, 19 décembre 1995, Union pour la
843
sauvegarde des intérêts des contribuables et du patrimoine cabourgeais, n° 161372 ;
CE, Assemblée, 26 juin 1992, Le Mener, n° 137343).
Cette décision de refus, quelle que soit sa forme, peut être contestée dans un
délai de deux mois par le contribuable, sous réserve qu’il ait été informé des voies et
délais de recours (la solution CE, 15 janvier 1999, O’Neilly, n° 196248 paraît, à cet
égard, dépassée). Il lui appartient de saisir le tribunal par un « mémoire détaillé »
(article L. 2132-6 du CGCT). Le mémoire est transmis au maire, au président du
conseil général ou du conseil régional, par l’intermédiaire du préfet, saisi par le
président du tribunal, en application de l’article R. 2132-1 (ou R. 3133-1, R. 4143-1 ou
R.5211-49) du CGCT, afin d’être soumis à l’assemblée délibérante. Le tribunal dispose
pour statuer d’un délai de deux mois à l’issue duquel il est dessaisi.
- une action en rescision pour cause de lésion de plus des 7/12ème d’une vente
de terrains à une société de construction (CE, Assemblée, 26 juin 1992, Lepage-Huglo
et autres, n° 137345) ;
- les demandes tendant à être autorisé à déposer une plainte avec constitution
de partie civile pour dénoncer les agissements de parents d’élèves afin d’obtenir
l’inscription de leurs enfants dans certaines écoles (CE, Assemblée, 22 juillet 1992,
Commune de Neuilly-sur-Seine, n° 137344) ;
- ou encore une plainte avec constitution de partie civile pour des faits liés à la
concession de la réalisation et de l’exploitation du terminal routier dit « Prado
844
Carénage » à Marseille (CE, Assemblée, 26 juin 1992, Pezet et San Marco, n° 134980
et autres).
La chance de succès de l’action est appréciée quant à elle par le tribunal qui se
livre à un examen qui, de prime abord, doit rendre envisageable une issue favorable au
regard des éléments apportés au débat par le demandeur. Cette appréciation peut être
délicate lorsque l’action envisagée relève de la compétence des juridictions judiciaires,
notamment répressives (pour la constitution de partie civile, v. CE, 26 octobre 2011,
Région Guadeloupe et Société Global Carribean Network, n°s 347254 et 348391).
En l’absence de décision, le recours doit être formé dans le même délai calculé à
compter de l’expiration du délai imparti au tribunal pour statuer (CE, 9 juillet 1993,
Commune de Saint-Pierre, n° 143624).
Vu :
- les autres pièces du dossier ;
- la justification par le demandeur de son inscription au rôle de la
commune (du département, de la région) de *** ;
- la délibération en date du ***, par laquelle le conseil municipal
(général, régional) de *** déclare se refuser à exercer l’action dont
s’agit.
Vu :
- le code général des collectivités territoriales ;
- le code de justice administrative ;
DECIDE:
DECIDE:
846
INDEX
847
Déclaration d’intention, 185 Fonctionnaire, 180
Déclaration de jugement commun, 90, 370 Fonds de garantie des victimes des actes de
Défaut d’entretien normal, 281 terrorisme et d’autres infractions, 45
Défaut de rétablissement du dossier, 128 Formation de jugement, 60, 447
Défenseur des droits, 45, 92, 450 Formule exécutoire, 455
Déféré préfectoral, 79, 176, 205, 416, 449 Frais d'expertise, 69, 356, 372
référé, 729 fiscal, 773
Délai de distance, 190 Frais non compris dans les dépens (irrépétibles), 70, 89,
Délai de jugement, 30 412
Délai de recours, 190 Garantie décennale
fiscal, 744, 781 expertise, 722
interruption, 63, 203 Garanties (fiscal), 791, 795, 796
Délai raisonnable, 196 remboursement des frais de constitution, 748
Délais de recours, 830 Greffier, 24
Délégation de signature, 257 Hospitalisation d'office, 139
Demande accessoire, 390 Huis-clos, 445
Dépens, 69, 121, 151, 356, 372 Immeubles menaçant ruine
Déport, 437 référé, 697
Désaveu d’avocat, 619 Imputabilité, 277
Désistement, 72, 112, 396, 416 Incompétence
acceptation, 119, 738 auteur de l'acte, 256
fiscal, 738, 766 juridiction administrative, 72, 134
Désistement d’action, 116 juridiction administrative (fiscal), 739, 777
Désistement d’office, 121 juridiction administrative (référé), 630, 681, 710
Désistement partiel, 117, 149 tribunal administratif, 143, 145, 146
Dessaisissement, 30 tribunal administratif (référé), 631, 681, 711
Détenu, 179 Injonction, 89, 220, 397, 807
Détournement de pouvoir, 275 référé, 655
Direction des finances publiques (fiscal), 736 installations classées pour la protection de
Disparition du dossier, 170 l’environnement, 542
Dispense Installations classées pour la protection de
conclusions du rapporteur public, 102, 444 l'environnement, 540
instruction, 37 Délai de recours, 545
Dispositif, 370 Intérêt pour agir, 546
fiscal, 766, 788 Non lieu, 543
Domaine public, 223 Recours administratif, 546
ECSFP (fiscal), 754 Instruction, 24
Election de domicile, 448 clôture, 55, 96
Elève avocat, 444 dispense, 37
Elèves, 181 mesure, 49, 93
Enquête, 94, 359 référé, 625, 673, 683, 688, 706
Enregistrement de l’audience, 445 réouverture, 57, 96
Enrichissement sans cause, 278 supplément, 94, 354
Erreur d'appréciation, 271 Intérêt pour agir, 213
Erreur de droit, 261 Intérêts, 89, 403
Erreur de fait, 271 capitalisation, 410
Erreur d'enregistrement, 107 frais d'expertise, 408
Erreur manifeste d'appréciation, 273 frais non compris dans les dépens, 416
Exception d’illégalité, 262, 263, 264, 266 garantie décennale, 408
Exception de recours parallèle, 222 sous-traitance, 408
Exception d'illégalité Intérêts au taux légal, 403
Acte non réglementaire, 266 Intérêts compensatoires, 409
Règlements, 264 Intérêts de l'art. L. 208 du LPF, 747
Exécution, 804 Intérêts du code des marchés publics, 408
Exigibilité (fiscal), 783 Intérêts moratoires, 403
Expertise, 95, 355, 705 Intervention, 93, 390, 414
fiscal, 772 Interventions, 93
récusation, 708 Irrecevabilité, 173
Expulsion d'un occupant sans titre (référé), 657 fiscal, 742, 779
Faute, 278 manifeste, 150
FGTI, 45 manifeste (référé), 632
Fiscal, 733 référé, 661, 681, 712
Acte de poursuite, 775 Régularisable, 173
Assiette, 733 Régularisables, 225
Obligation de payer, 775 Irrecevabilités
Recouvrement, 775 Non régularisables, 174
Remise gracieuse, 802 Jonction, 104, 161, 416
848
fiscal, 737 irrecevable (fiscal), 786
Non lieu, 105 légalité externe, 256
Juge unique, 155 légalité interne, 260
Jugement avant dire droit, 26, 53, 94, 355, 357, 438, nouveau, 441
766 Violation de la loi, 260
Langue étrangère, 250 Moyen d’ordre public, 47, 49, 306, 441, 798
Lecture sur le siège, 446 Moyens de défense, 295
Liberté fondamentale (référé), 652 Moyens irrecevables
Lien de causalité, 282 Moyen nouveau, 300
Loi de validation, 166 Moyens nouveaux, 300
Loi interprétative, 166 Neutralisation des motifs, 315
Loi nouvelle plus douce (fiscal), 764 Non-lieu, 72, 158, 396, 416
Magistrat statuant seul, 154 fiscal, 741, 779
fiscal, 156 référé, 662
Majeur protégé, 82, 242 Note en délibéré, 99, 447
majeurs protégés, 82 notes en délibéré, 84
Majoration de droits pour sursis de paiement abusif Notification, 448
(fiscal), 736, 738, 765 référé, 628
Manoeuvres frauduleuses (fiscal), 764 Obligation de quitter le territoire français, 144, 193,
Marché public 228, 229, 446, 636
expertise, 723 aide juridictionnelle, 61, 62
Médiateur Observateur, 92, 414
Déontologie, 833, 841 Observations, 92
Désignation, 832, 835 ONIAM, 44
Rémunération, 833, 837 Ordonnance, 158, 174
Médiation, 829 R. 222-1, 100, 134, 149
Confidentialité, 841 renvoi, 80
Déroulé des opérations, 838 tri des référés, 630
initiative des parties, 829 Ordre d’examen des questions, 109
initiative du juge, 834 fiscal, 750
Mémoire Part contributive de l'Etat, 72, 421
complémentaire ou ampliatif, 79, 124 Partie, 414
récapitulatif, 54 perdante, 414
Mémoire complémentaire, 79, 109, 209 Pénalités (fiscal), 761
Mémoire en défense, 84 Pensions, 156
Mémoire récapitulatif, 79, 109, 122, 252 Personnes morales, 77, 215, 243
Mesure d’ordre intérieur, 178 redressement ou liquidation, 82
Mesure préparatoire, 175 Personnes physiques, 77
Mesure superfétatoire, 187 Pièces, 98
Mesures conservatoires (fiscal), 791 Pièces complémentaires, 52
Militaire, 178 Pièces jointes, 229
Mineur, 81, 242 Police de l’audience, 445
Ministère d'avocat, 85, 110, 238, 455 Préjudice, 89, 287
recours en appréciation de validité, 461 Préjudice corporel, 43, 291, 370
recours en interprétation d’une décision expertise, 723
juridictionnelle, 476 Prescription, 300
référé constat, 689 Suspension, 831
référé instruction, 706 Prescription (fiscal), 783
référé liberté, 626 Prescription décennale, 301
référé provision, 681 Prescription quadriennale, 38, 300
tierce opposition, 468 Preuve (fiscal), 756
Minute, 149, 360, 474, 628, 766 Privilège du préalable, 223
Mise en cause, 42, 291, 370 Procédure collective (fiscal), 776
Mise en demeure Procédure contradictoire, 59
administration, 185 Proposition, 177
tribunal, 45, 125 Provision, 380, 680
Modulation des effets de l’annulation, 95, 381 Publicité du jugement, 219
Motivation QPC, 450, 646, 654
décision attaquée, 259 Qualité pour agir, 241
Moyen, 90, 251 Question préjudicielle
doute sérieux (référé), 646 autorité judicaire (fiscal), 788
économie, 253 Rapporteur, 24
économie (référé), 647 Rapporteur public, 436, 443
imprécis, 300 Réclamation préalable (fiscal), 742, 746, 780
inopérant, 295 Réclamation soumise d'office (fiscal), 735
inopérant (fiscal), 784, 798 Reconventionnel
irrecevable, 209, 298 cf. Conclusions reconventionnelles, 223
849
Recours abusif, 425, 428 Sanction, 88, 272, 273
Recours administratif, 86, 203 Secret, 51
Recours administratif préalable obligatoire, 86, 210, Sens des conclusions, 436
212, 546 Série, 72, 101, 102, 151
Recours en appréciation de validité, 459 Sous-titre, 252
Recours en déclaration d’inexistence, 456 fiscal, 750
Recours en interprétation d’une décision juridictionnelle, SPIC, 138
476 Substitution de base légale, 311
Recours en interprétation d'un acte administratif, 464, fiscal, 760
624 Substitution de motifs, 313
direct, 465 Supplément d’instruction, 355
sur renvoi, 464 Suppression des écrits injurieux, outrageants ou
Recours pour excès de pouvoir diffamatoires, 431
Fiscal, 185 Sursis à statuer (fiscal), 748
Rectification d’erreur matérielle, 474 Sursis de paiement (fiscal), 742, 746, 791
Récusation, 437, 439, 441 Télécopie, 77, 241
Référé constat, 688 Télérecours, 228, 230, 232
Référé constat en matière de bâtiments menaçant ruine et Texte, 99
de sécurité des immeubles collectifs a usage principal fiscal, 752
d’habitation, 697 Tierce opposition, 468, 559, 560
Référé constat en matière de travaux publics, 695 Tolérance légale (fiscal), 763
Référé contractuel, 674 TPG, 450
Référé expertise, 705 Transaction, 223, 478
fiscal, 772 désistement, 118, 481
Référé fiscal, 791 fiscal, 741, 749
Référé informatique et libertés, 732 homologation, 478
Référé mesures utiles, 654 Travaux publics, 140
Référé précontractuel, 659 référé constat, 695
Référé provision, 680 référé constat loi 1892, 700
Référé suspension, 387, 509, 639 référé préventif, 726
fiscal, 770, 789, 792 Ultra petita, 113, 413
régimes spéciaux, 728 fiscal, 750
Référé-liberté, 648 Urbanisme, 502
Référés, 624 Annulation partielle, 374, 531
Régularisation, 36, 64, 173, 225, 227 Asymétrie du contrôle en matière d'autorisation
Rejet, 371 d'occupation du sol, 517
Remise gracieuse (fiscal), 749 Conclusions reconventionnelles, 540
Renseignement, 185 Contentieux, 502
Renvoi Déclarations d'illégalité, 535
audience, 441 Economie des moyens, 254, 518, 647
autre formation de jugement, 447 Effets des annulations, 534
CE pour incompétence, 144, 145 Effets des déclarations d'illégalité, 534
QPC, 452 Examen des moyens, 518
suspicion légitime, 440 Formalités d'affichage, 193
TA / CAA, 144, 145 Information préalable, 503
Réouverture de l'instruction, 57, 96 Intérêt à agir, 218, 513, 517
Report d'audience, 59 Notification du recours, 64, 151
Report de l'audience, 441 Opérance des moyens, 521
Représentation de l'Etat, 39 Prescriptions, 532
Représentation du requérant, 242 Procureur de la République, 450
Reprise d’instance, 169 RECEVABILITE DES MOYENS, 520
Requête, 77 Réglement national d'urbanisme, 517, 518
collective, 451, 452 Régularisation des autorisations d’urbanisme, 524,
copie, 228 529
motivation, 225 Sursis à statuer, 527
référé, 625 Urgence
signature, 240 référé suspension, 640
Requête collective, 236, 414, 416 référé-liberté, 650
Réserve, 219 Véhicule, 138
Responsabilité, 137 Vérification administrative, 362
Responsabilité hospitalière Vérification d’écritures, 362
expertise, 724 Vice de forme, 259
Rétablissement du dossier, 109 Vice de procédure, 258
Risque, 279 Visite des lieux, 53, 94, 358
Rôle, 434 Voie de fait (référé), 648, 655
Rupture d'égalité devant les charges publiques, 282 Voie de recours, 453
Sagace, 38 référé, 630, 673, 680, 686, 688, 706
850
Voies et délais de recours, 196
851