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Chapitre III : la demande de monnaie

Les agents non financiers dé/ennent de la monnaie


(appelée «encaisses monétaires») parce que celle-ci
remplit les fonc/ons que nous avons étudiées
précédemment. En effet, la monnaie d’aujourd’hui
n’a d’autre valeur que celle liée aux fonc/ons qu’elle
remplit.
L’étude de la demande de monnaie correspond à
l’étude des mo#fs qui poussent les agents non
financiers à détenir la monnaie.
Il y a principalement trois grandes approches
théoriques pour étudier la demande de monnaie :
l’approche de l’école de Cambridge, l’approche
Keynésienne et l’approche des Monetaristes.

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1- De l’équation de Fisher à l’approche de l’école de
Cambridge
1-1- La théorie quantitative de la monnaie
L’idée des classiques, selon laquelle il y a une relation positive
entre la quantité de monnaie en circulation et le niveau des
prix, a été formulée par l’économiste américain Irving Fisher
en 1910, sous forme d’équation dans le cadre de la Théorie
Quantitative de la Monnaie (TQM).
L’équation de la TQM est la suivante :
M.V = P.T
où :
M est la quantité de monnaie en circulation,
P est le niveau général des prix,
T est le volume des transactions et
V est la vitesse de circulation de la monnaie, qui est le nombre
de paiements qu’effectue la monnaie durant une période
donnée.
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M.V = P.T
• L’idée de I. Fisher est la suivante :
Si nous analysons le total de l’ensemble des échanges d’une
année, la valeur totale de la monnaie payée durant cette
année (M.V) est égale à la valeur totale des biens achetés
cette année (P.T).
Le total de la monnaie payée dépend de la quantité de
monnaie en circulation (M), mais cette quantité est utilisée
plusieurs fois puisqu’une une même unité de monnaie
pouvant servir à plusieurs échanges en une année, alors il
convient de prendre en compte également sa vitesse de
circulation (V), pour obtenir la monnaie payee M.V.
V dépendant des habitudes de paiement et Fisher suppose
qu’ells sont stables à court terme, donc V est stable à court
terme. 2
M.V = P.T
En se basant sur la théorie Classique, I. Fisher considère que le volume de

transactions T dans une économie ne dépend pas de la quantité de

monnaie M. Par conséquent, pour T donné, si M s’accroît, P s’accroît sans

impacter T. Un accroissement de la quantité de monnaie en circulation est

donc lié à un accroissement des prix. Le stock de monnaie ne fait que

modifier le niveau des prix sans avoir d’influence sur l’économie réelle,

puisque la monnaie est neutre.

L’équation quantitative de la monnaie sera ensuite reformulée par

l’école de Cambridge sous la forme d’une fonction de demande de

monnaie.
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1-2- La demande de monnaie selon l’école de Cambridge
Pour A. C. Pigou (1917) et A. Marshall (1922), la demande
de monnaie naît de la volonté des individus de détenir
des liquidités leur permettant d’effectuer des
transactions. On retrouve donc l’idée des classiques selon
laquelle la monnaie est exclusivement transactionnelle
puisqu’elle ne joue que le rôle d’intermédiaire des
échanges.
L’équation de Cambridge, après modification de celle de
Fisher, est la suivante :
Md= K.P.Y
Avec Md: demande de monnaie ou encaisses monétaires;
Y : Revenu ;
k: coefficient d’utilisation monétaire ;
P : niveau des prix.

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Md= K.P.Y devient :
Md
= k.Y
𝑷
Avec :
Md
étant défini par Pigou comme les encaisses “réelles”, qui représentent les
𝑷
encaisses déflatées du niveau général des prix, c’est-à-dire le pouvoir d’achat
de ces encaisses.
Si le revenu Y augmente, les encaisses réelles augmentent.
Pigou va montrer que si le niveau des prix augmente, les agents rationnels
vont chercher à maintenir leurs encaisses réelles afin que leur pouvoir d’achat
ne varie pas, la demande de monnaie va donc s’accroître. Les agents vont
ainsi chercher à accroître la part de leur revenu qu’ils détiennent en
encaisses monétaires: c’est l’effet d’encaisse réelle ou effet Pigou.
En faisant ceci, les agents rationnels ne vont pas être victimes de l’illusion
monétaire.
L’illusion monétaire est le comportement qui consiste à confondre
accroissement des encaisses monétaires et accroissement du pouvoir d’achat.
En effet, en période de hausse des prix, l’accroissement des encaisses
monétaires n’implique pas forcément un accroissement du pouvoir d’achat.
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Md
= k.Y
𝑷
Si la quantité de monnaie augmente et si le niveau
général des prix reste inchangé, le pouvoir d’achat
augmente. Si les facteurs de productions ne sont
toujours pas plainement employés, donc l’équilibre
n’est toujours pas atteint, la demande augmente
suite à l’augmentation de la monnaie et l’offre
s’ajuste également et continue à augmenter.
Mais en situation d’équilibre (le plein-emploi des
facteurs de production) l’offre ne peut plus
s’accroître. À l’équilibre alors, si la monnaie
augmente et la demande continue à augmenter, les
prix montent.
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Md
De 𝑷
= k.Y ressort :
Md
k= 𝑷.𝒀
Le coefficient k exprime le rapport entre la quantité de
monnaie demandée et la valeur des biens et services existant
dans l’économie. Il mesure donc le nombre d’unités
monétaires nécessaires pour réaliser une unité d’échange, et
non pas comme la vitesse de circulation où on mesure le
nombre de fois qu’une unité monétaire a été utilisée.
Si par exemple k =0,5, cela veut dire que la quantité de
monnaie demandée sera égale à la moitié de la valeur des
biens et services échangés au cours d’une période donnée.
Pour réaliser par exemple des échanges d’une Valeur totale de
10 milliards de dirhams en une année, l’économie a besoin
d’une quantité de monnaie de 5 milliards de dirhams.

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2- L’approche Keynésienne de la demande de
monnaie
L’analyse keynésienne distingue trois motifs de
détention de la monnaie: le motif de
transaction (2.1), un motif de précaution (2.2)
et un motif de spéculation (2.3).
En effet, intuitivement, les agents économiques
détiennent la monnaie soit pour effectuer des
transactions, soit pour prévoir des achats
ultérieurs, soit enfin, pour spéculer.

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2-1- Le motif de transaction
Ce motif correspond au besoin de monnaie pour la réalisation courante
des échanges personnels et commerciaux. Il se décompose en deux.
Un motif du revenu pour les ménages qui résulte du fait qu'un certain
délai s'écoule normalement entre le moment où le revenu est encaissé et
le moment où il est décaissé sous forme de dépenses diverses; pendant
ce délai, les ménages conservent (demandent/détiennent) une certaine
quantité de monnaie.
Les entreprises ont un motif professionnel qui correspond à la nécessité
qu'elles ont de détenir une trésorerie pour équilibrer dans le temps les
dépenses engagées dans la production courante et les recettes
antérieurement obtenues de la vente de leurs produits.
Le motif de transaction détermine donc une demande d'encaisses actives
liée à la fonction d'intermédiaire des échanges de la monnaie. Cette
demande pour le motif de transaction n'a rien d'original et dépend,
comme dans l'analyse Classique et de celle de Cambridge, de façon
croissante du revenu.
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2-2- Le motif de précaution

La demande de monnaie pour motif de précaution


doit s’interpréter, selon Keynes, comme « le souci
de parer aux éventualités d’une dépense soudaine ;
l’espoir de profiter d’occasions non prévues d’achat
avantageux et enfin, le désir de garder un avoir de
valeur nominale immuable (conservant la valeur)
pour faire face à une obligation future stipulée en
monnaie. »
Plus le revenu augmente plus la detention de la
monnaie par les agents pour motif de precaution
augmente.
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L’augmentation du revenu des agents fait alors
augmenter la demande (la détention) de la monnaie
pour motif de transactions T et pour motif de
précaution P.
La demande de monnaie L1 pour les deux motifs T et
P est alors une fonction positive du revenu Y :

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2-2- Le motif de spéculation
Les agents économiques qui s’interessent à l’achat de titres de créance, comme
les obligations, prennent en considération le niveau des taux d’intérêt avant
d’investir en titres. Quand les taux d’intérêt (la rémunération) sur le marché des
obligations est élevé, les agents investissent leur liquidité en achetant
immédiatement des titres puisqu’ils anticipent une baisse des taux au futur.
Toutefois, quand le niveau des taux d’intérêt des titres est faible, les agents
économiques préférent plutôt attendre et garder leur liquidité -demande de
monnaie pour motif de spéculation- puisqu’ils anticipent que les taux d’intérêt
vont augmenter après : c’est la préférence pour la liquidité.
Les agents demandent la monnaie pour motif de spéculation pour deux
raisons :
1- Parce qu’ils cherchent une rémunération élevée des titres sous forme de
taux d’intérêt;
2- Parce qu’ils veulent éviter le risque de perte en capital lié au prix des
obligations lors de la revente, vu que ce prix baisse quand le taux d’intérêt
augmente ultérieurement//expliqué lors du cours magistral.

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Quand le taux d’intérêt baisse, la demande de monnaie
augmente au dériment de la demande de titres, mais quand ce
taux augmente, la demande de monnaie baisse puisque les
agents demandent plutôt les titres.

La demande de monnaie pour motif de spéculation Ms

• La trappe à liquidité : est quand les agents économiques estiment


que le taux d’intérêt est arrivé à son niveau minimum et qu’il ne peut
pas baisser davantage, chose qui les pousse à demander davantage
de la monnaie pour motif de spéculation même si le taux ne change
plus. La préférence pour la liquidité est telle qu'elle devient absolue,
dans le sens où presque tout le monde préfère conserver de la
monnaie plutôt que de détenir des titres de créance.
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La demande totale de la monnaie selon Keynes

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Récapitulatif de la demande de monnaie dans
l’analyse Keynésienne :

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3- La demande de monnaie selon
Milton Friedman
• En 1956, Milton Friedman (1912-2006) propose une nouvelle théorie de
la demande de monnaie qui constitue selon lui une nouvelle formulation
de la théorie quantitative de la monnaie.
La demande de monnaie relève de la théorie de la demande d'actifs, elle
dépend de la richesse des individus et des rendements anticipés des
autres actifs comparés à celui de la monnaie.
• Cette demande de monnaie pour une période donnée dépend selon M.
Friedman du revenu permanent Yp (en non pas du revenu courant) du
rendement anticipé de la monnaie (rm), du rendement anticipé des
actions (ra), du rendement anticipé des autres titres (rb), et du taux
d'inflation anticipé (p*).

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• Quand les rendements des actions et des autres titres
augmentent comparativement avec le rendement de la
monnaie, la demande de monnaie diminue,
• Quand l'inflation anticipée augmente la valeur des
actifs détenus ne se déprécie pas alors que celle de la
monnaie diminue, donc il est plus rentable de détenir
des actifs réels que de la monnaie (on se débarasse de la
monnaie parce qu'elle perd de sa valeur)
• Quand le revenu augmente la demande de monnaie
augmente parce que plus de revenu permet plus de
transcations.

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