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Les théories de la monnaie

Les théories monétaires ont pour objectif d’analyser les relations


causales entre le volume (la quantité) de la monnaie en circulation
et certaines variables économiques. Elles décrivent le mécanisme
de transmission des changements intervenant dans la circulation
monétaire aux effets produits sur les variables dites " réelles "
(emploi, niveau d’activité) et/ou sur les prix.
Trois théories :
- La monnaie est neutre : la théorie quantitative de la monnaie
- La monnaie est active : la théorie Keynésienne
- La monnaie est dangereuse : l’apport de M. Friedman

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Les théories de la monnaie
1- La théorie quantitative de la monnaie
 La monnaie n’a pas d’utilité propre, elle ne procure aucun avantage,
il n’y a donc aucune raison de conserver de la monnaie.
Toute l’épargne étant dans ces conditions nécessairement placée, la
confrontation de l’offre de capital (constituée par l’épargne) à la
demande de capital (pour financer l’investissement) détermine le
prix du capital (le prix des fonds prêtables), qui n’est rien d’autre
que le taux d’intérêt.
 Consommer tout de suite apporte plus d’utilité que consommer plus
tard puisque consommer plus tard c’est prendre le risque que cette
consommation ne soit plus possible : on dit que les agents ont une
préférence pour le présent (recevoir 1000 euros aujourd’hui est
toujours préféré à recevoir 1000 euros dans un an).
Il n’est pas rationnel de conserver de la monnaie inemployée (ou
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bien on consomme ou bien on place).
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Détermination du taux de préférence pour le présent
 Pour connaître le taux de préférence pour le présent d’un individu il
suffit de lui demander quelle somme il faut lui donner dans un an pour
qu’il soit aussi heureux que si on lui donnait 1000 euros aujourd’hui.
S’il répond 1100 euros alors son taux de préférence pour le présent
vaut 10 %, s’il répond 1050 euros alors le taux de préférence pour le
présent vaut 5 %...
Taux d’intérêt, préférence pour le présent et épargne
 Si un individu à un taux de préférence pour le présent valant 5 %,
alors il épargnera dès que le taux d’intérêt est supérieur à 5 % et il
épargnera d’autant plus que le taux d’intérêt sera plus élevé. Pour un
revenu donné, l’épargne d’un individu est une fonction croissante du
taux d’intérêt.

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 Taux d’intérêt, rendement du capital et investissement
Pour qu’une entreprise décide d’emprunter pour financer un
investissement il faut que le rendement escompté de cet achat
d’équipement soit plus élevé que l’intérêt qu’il faut payer aux
prêteurs. Si le taux d’intérêt est de 5 % alors que le rendement anticipé
est de 7 %, un emprunt de 1000 euros coûtera 50 euros mais
rapportera 70 euros. Il est rationnel d’emprunter dans ce cas. Toutes
choses égales par ailleurs, la demande de capital augmente quand le
taux d’intérêt diminue.

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 Il existe un taux d’intérêt d’équilibre qui égalise l’offre globale de
capital (l’épargne de l’ensemble des agents) et la demande globale de
capital (la demande de capitaux pour financer l’investissement). Ce
taux d’intérêt dépend seulement des préférences des individus, du
système des prix relatifs et des grandeurs réelles (quantités produites,
revenu réel) .
 Dans cette conception de l’épargne et de l’investissement le taux
d’intérêt est une grandeur réelle parfaitement indépendante de la
quantité de monnaie émise par les autorités monétaires. La
confrontation de cette offre de monnaie exogène et d’une demande de
monnaie entièrement déterminée par la valeur des transactions
s’exprime par l’équation de la théorie quantitative :
Mo = Md = P. Q / V
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 Cette équation : Mo = Md = P. Q / V implique que toute
augmentation de la quantité de monnaie en circulation "M" entraîne
une augmentation du niveau des prix "P" si la quantité produite "Q"
est indépendante de la quantité de monnaie en circulation et si la
vitesse de circulation de la monnaie "V" est constante. Ces deux
conditions sont remplies dans l’analyse classique et néoclassique
"basique" pour laquelle la monnaie est simplement un instrument
permettant de faciliter les échanges.

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2- La théorie Keynésienne
 Lorsque John Maynard Keynes (1883-1946) écrit la Théorie générale
de l’emploi de l’intérêt et de la monnaie, il propose une analyse
économique faisant une place nouvelle à la monnaie.
 La théorie keynésienne affirme que la monnaie présente un avantage
important : la monnaie est un actif sans risque présentant l’avantage
d’être immédiatement disponible. On peut conserver de la monnaie
parce que la liquidité est un avantage qui compense le fait que la
monnaie ne permet pas de percevoir un revenu.
 Cette conception de la monnaie complète l’analyse keynésienne du
partage du revenu entre consommation et épargne.

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 Pour Keynes, le taux d’intérêt ne sert pas à décider si on affecte le
revenu à la consommation ou à l’épargne, ce n’est pas le prix qu’il
faut payer pour compenser la préférence pour le présent du prêteur.
C’est le prix qu’il faut payer pour compenser la préférence pour la
liquidité, autrement dit pour que l’épargnant décide de placer son
épargne.
 Partage du revenu entre consommation et épargne.
Dans l’analyse keynésienne les habitudes de consommation sont
stables. La consommation est proportionnelle au revenu, et la relation
entre consommation et revenu est mesurée par la propension à
consommer. Celle-ci est stable à moyen terme ce qui revient à dire
que les ménages ne changent pas facilement leurs habitudes de
consommation. Une modification du taux d’intérêt n’affecte que très
modérément le comportement de consommation et donc d’épargne
puisque l’épargne c’est le revenuJAAD
qui n’est pas consommé. 8
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Taux d’intérêt Keynésien
 Si l’épargne ne dépend pas du taux d’intérêt celui-ci ne peut plus être
le prix du capital (équilibre entre épargne et investissement) comme
dans la théorie traditionnelle.
 Le taux d’intérêt dans l’analyse keynésienne a une autre fonction pour
les épargnants. Il est le prix qu’ils demandent pour renoncer à la
liquidité. Plus le taux d’intérêt est élevé et plus la demande de
monnaie correspondant au motif de spéculation (arbitrage entre
liquidité et placement) est faible.
Pour la relation entre taux d’intérêt et investissement, l’analyse
keynésienne, par des moyens différents de l’analyse traditionnelle,
obtient les mêmes résultats. L’investissement est favorisé par des taux
d’intérêt faibles et pénalisé lorsque le taux d’intérêt augmente.

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 Le taux d’intérêt est présent dans les deux mondes que l’analyse
traditionnelle séparait.
 Dans le monde monétaire il est une des composantes de la demande
de monnaie.
 Dans le monde réel il est une des composantes de la demande de
produits (investir c’est acheter des équipements).
 L’analyse dichotomique est remplacée par celle d’une économie
monétaire de production. L’augmentation de la quantité de monnaie
en circulation, toutes choses égales par ailleurs, entraîne une baisse
des taux d’intérêt, ce qui stimule l’investissement, la production et
l’emploi. La monnaie n’est plus neutre. Elle est active.

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3- L’apport de Milton Friedman
 Milton Friedman (1912-2006) propose une nouvelle théorie de la
demande de monnaie qui constitue selon lui une nouvelle formulation
de la théorie quantitative de la monnaie.
 La demande de monnaie dépend de la richesse des individus et des
rendements anticipés des autres actifs comparés à celui de la monnaie.
 Friedman cherche une relation déterminant la valeur désirée des
encaisses réelles (le pouvoir d’achat que les agents détiennent sous
forme monétaire).
 La demande de monnaie pour une période donnée dépend selon lui du
revenu permanent, du rendement anticipé de la monnaie, du
rendement anticipé des actions, du rendement anticipé des autres
titres, et du taux d’inflation anticipé.
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3- L’apport de Milton Friedman
 Quand les rendements des actions des titres et des actifs autres que la
monnaie augmentent, la demande de monnaie diminue, puisque la
comparaison entre rendement de la monnaie et rendements des autres
actifs devient moins favorable à la monnaie.
 Quand l’inflation anticipée augmente la valeur des actifs détenus ne se
déprécie pas alors que celle de la monnaie diminue, donc il est plus
rentable de détenir des actifs réels que de la monnaie . On se
débarrasse de la monnaie parce qu’elle perd de sa valeur.
 Quand le revenu augmente la demande de monnaie augmente parce
que plus de revenu permet plus de transactions.

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3- L’apport de Milton Friedman
 La grande nouveauté dans l’analyse de M. Friedman est le
remplacement du revenu courant par le revenu permanent.
• Le revenu courant : c’est le revenu perçu pendant la période. Il est
sensible aux évolutions conjoncturelles.
• Le revenu permanent : c’est un indicateur de la richesse. La richesse
d’un individu c’est son patrimoine, c’est un stock résultant de
l’accumulation de ressources pendant toute la vie. Le revenu
permanent c’est le revenu qu’un consommateur peut consommer en
maintenant constante la valeur de son capital, ou bien encore, si la
richesse d’un individu vaut 200 000 euros et si le taux d’intérêt annuel
est de 5 %, le revenu permanent vaut 10 000 euros .

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3- L’apport de Milton Friedman
 Pour Friedman , la consommation n’est pas proportionnelle au revenu
courant, elle est proportionnelle au revenu permanent. Un individu ne
modifie pas sa consommation habituelle parce que son revenu varie
accidentellement. Il adapte sa consommation à ce qu’il considère être
son standing de vie habituel, son revenu permanent. Il n’y a donc pas
de lien stable entre consommation et revenu courant.
 Si la demande de monnaie dépend du revenu permanent elle est
beaucoup plus stable que si elle dépend du revenu courant qui est
sensible à la conjoncture et comporte une composante aléatoire.
Comme par ailleurs Milton Friedman montre que les mouvements du
taux d’intérêt ne modifient pas beaucoup les écarts entre les
rendements des autres actifs et celui de la monnaie, il peut conclure en
disant que la demande de monnaie ne dépend pas (ou très faiblement)
du taux d’intérêt. JAAD 14
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3- L’apport de Milton Friedman
 Dans ces conditions la demande de monnaie ne dépend que du revenu
permanent et une augmentation de l’offre de monnaie qui dépasserait
celle de la production réelle ne peut avoir qu’un seul effet :
l’augmentation du niveau général des prix.
 On retrouve le résultat de la théorie quantitative de la monnaie.
Mais, pour Milton Friedman, l’analyse doit être complétée par la
prise en compte des effets déstabilisants de l’inflation.
L’inflation a des conséquences dans l’économie réelle à court terme.
 Selon Friedman, la monnaie n’est pas neutre elle est dangereuse
quand elle est manipulée sans précaution.

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