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La régie-production.

Introduction : la production de films

a. La production cinématographique

On désigne par « production cinématographique », le processus par lequel un film est produit.
Couvrant toutes les phases depuis le financement du projet ( devis estimatif, recherche des
financements, etc. ) jusqu'au tirage des copies de films, la production cinématographique est
assurée par des structures juridiques appelées sociétés de production 1, seules habilitées à produire
des films et à en assurer la bonne fin.

b. Le(s) producteur(s)

Le producteur, personne morale (société productrice) ou physique (personnalités telles que : Tarak
ben Ammar, Hassan Daldoul, A. Bahaeddine Attia ou Dino de Laurentis), est celui qui réunit le
financement nécessaire à la réalisation d’un film et qui se charge ou qui charge une tierce partie
(producteur exécutif) à en assurer la production.
Compte tenu des coûts relativement élevés des films, souvent il est impossible à un seul producteur
de trouver tous les fonds nécessaires au financement du film. Il devra donc s’associer à d’autres
producteurs, dans le cadre d’une co-production, pour pouvoir boucler son budget de production.
Les co-producteurs sont donc appelés les producteurs associés.
Le producteur délégué est souvent le co-producteur majoritaire. Initiateur du projet, il est
responsable du film depuis sa gestation jusqu à sa sortie en salles.
Le producteur exécutif est celui qui sera chargé par le producteur ou le producteur délégué, lorsqu’il
s’agit d’une co-production, pour assurer la production du film : préparation, tournage et finition.

c. La production de film

Le producteur va confier la production d’un film, soit à un producteur exécutif, lorsqu’il s’agit d’une
grande production mettant en œuvre beaucoup de moyens financiers, matériels et humains
(superproduction cinématographique, feuilleton, etc.), soit à un directeur de production lorsqu’il s’agit
d’un film aux moyens plus modestes.
Initiateur du projet, le producteur achète souvent les droits du livre ou du scénario, réunit les
vedettes du film, choisit un réalisateur, décide des grandes orientations du film, recherche les
financements nécessaires et décide des dates de tournage et de sortie du film, en fonction
d’impératifs économiques et artistiques.. Il s’assure alors le concours d’un directeur de production
pour assurer la préparation, le tournage et la finition du film.

d. Le directeur de production

Le directeur de production, représentant du producteur qui lui confie une partie de ses pouvoirs,
sera responsable de mener à terme la fabrication du film, dans les limites qui auront été fixées par
le producteur et le réalisateur (budget, nombre de semaines de tournage, format de tournage, lieux
de tournage, etc.).
Si l’assistant réalisateur est chargé de l’organisation et de la gestion technique et artistique du film,
le directeur de production est chargé de l’organisation et de la gestion matérielle, administrative et
financière du film.
Le travail du directeur de production consiste à évaluer le coût de production du film, à engager et à
réunir les moyens matériels, techniques et artistiques à mettre en œuvre. Aussi doit-il veiller à la
bonne marche des travaux, rendre compte du déroulement des travaux au producteur selon le plan
de travail établi et maintenir les coûts dans les limites du devis calculé au départ et accepté par le
producteur.
Gestionnaire, le directeur de production doit être aussi un bon diplomate capable de gérer et de
maîtriser une équipe technique et artistique qui sera souvent mise à rudes épreuves physiques et
psychiques ( intempéries, froid, chaleur, éloignement, tensions, etc.).
Il sera aidé dans sa tâche par un ensemble de collaborateurs réunis dans le département
production-régie

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La distribution et l’exploitation cinématographiques sont assurées par des sociétés de distribution et d’exploitation.
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ISAMM Enseignant : Khaled W. Barsaoui
La régie-production.

1 La régie-production

1.1 L’équipe production-régie

Le directeur de production supervise une équipe relativement importante qui lui permettra de
s’acquitter au mieux de ses tâches administratives et financières. Le nombre des collaborateurs et la
durée de leur contrat variera en fonction des moyens à mettre en œuvre et de la taille du budget
alloué au film .

1.1.1 L’équipe production

Celle-ci est composée, outre le directeur de production :


 d’une secrétaire ou coordinatrice de production
 d’un administrateur-comptable.
 d’un comptable
 et éventuellement d’un conseiller de production.

1.1.2 L’équipe régie

Celle-ci se compose :
 d’un régisseur général
 d’un régisseur d’extérieur
 d’un régisseur de plateau
 d’un régisseur de figuration
 et éventuellement de tout autre régisseur selon les nécessités du tournage : régisseur d’armes,
régisseur d’animaux, régisseur chargé du transport, régisseur chargé du ravitaillement en eau,
etc.

1.2 L’accès au métier

Le directeur de production est titulaire de la carte professionnelle délivrée par le Ministère de la


culture selon des critères tels que :
 avoir exercé la fonction de régisseur général sur au moins trois long métrages
 avoir été producteur de films
 avoir exercé la fonction de premier assistant réalisateur de films de long métrage.

Il faudra relever au passage que les études ne donnent pas accès immédiatement au poste qui
exige de l’expérience et de la responsabilité. Un diplôme universitaire, la maîtrise de plusieurs
langues et des connaissances en matière de la législation du travail sont vivement souhaitées,
hormis la connaissance et la parfaite maîtrise du processus de fabrication d’un film.

1.3 L’engagement du directeur de production

Un directeur de production peut être engagé par un producteur de deux manières :


 soit pour effectuer, à partir d’un scénario, le devis estimatif d’un film qui permettra au producteur
d’entamer le processus de recherche des financements et d’étudier l’éventuelle rentabilité et/ou
faisabilité du film. Cette première évaluation sera dite « au-dessus de la ligne » (below the
ligne), car au-dessus de cette ligne se trouvent les postes suivants qui ne seront pas chiffrés à
ce stade : le sujet, les auteurs, le metteur en scène, le producteur, les comédiens principaux, les
charges sociales et les incidences de ces postes sur le reste du devis.
 Soit encore, après avoir décidé en commun accord avec le réalisateur, d’entamer la production
du film et auquel cas, le directeur de production sera appelé à engager les moyens à mettre en
œuvre pour la fabrication du film.

Son travail va couvrir toutes les étapes de la fabrication du film, depuis la préparation jusqu’à la
finition où il s’agira d’évaluer, de réunir et d’engager les moyens techniques, artistiques et matériels
nécessaires au bon déroulement du tournage.

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2 Le travail pendant la préparation

En premier lieu, le directeur de production doit évaluer financièrement les moyens à mettre en
œuvre. Le devis lui permettra de le faire.

2.1 Le devis

2.1.1 Définition

Le devis est le moyen qui permet d’évaluer le coût de production d’un film. Pour cela, le
directeur de production est amené à « dépouiller » le sujet.

2.1.2 Le dépouillement du scénario

Il s’agira de répertorier les différents lieux où se déroule l’action, en les regroupant ( intérieur et
extérieur, décors naturels ou studios, dans Le Grand Tunis et en-dehors du Grand Tunis, en
Tunisie et à l’étranger, etc.), de relever la présence des personnages dans chaque lieu pour
apprécier leur durée d’emploi, les scènes nécessitant une grande figuration (la qualité de la
figuration, le nombre), la quantité et le concours d’animaux, de moyens de locomotion, d’armes
et d’accessoires spéciaux, de déterminer les saisons (été, hiver), les effets ( jour, nuit, pluie,
vent, brouillard, vent de sable, etc.), les époques ( contemporaine, passée, future), les trucages
et effets spéciaux, etc.

2.1.3 L’ébauche du plan de travail

Une fois ce « dépouillement » préliminaire établi, il faudra alors envisager un plan de travail
témoin pour apprécier la durée de tournage, élément essentiel pour déterminer le coût du film. Il
s’agira alors de déterminer le nombre de semaines de préparation, de tournage et de finition et
de les répartir géographiquement, en fonction des spécificités du scénario.
Il faudra alors chiffrer, à partir des éléments précédents les salaires des techniciens et ouvriers,
les cachets des comédiens et de la figuration, des charges sociales qui en découlent, le coût
des décors et des aménagements ( studios ou décors naturels), des meubles et accessoires, les
voyages, transports et défraiements, les moyens particuliers nécessaires (véhicules, pellicules,
moyens techniques et matériel, laboratoires), le coût du montage et de la sonorisation, les
assurances, frais de régie, frais financiers, frais généraux et imprévus, etc.

2.1.4 Le devis estimatif

Tout devis comporte les rubriques suivantes :

1. Droits artistiques
2. Personnel
3. Interprétation
4. Charges sociales
5. Décors et costumes
6. Transports, défraiements, régie
7. Moyens techniques
8. Pellicules et laboratoires
9. Assurances et divers

Le devis peur avoir diverses présentations des rubriques, il doit cependant respecter
impérativement la numérotation à deux, trois et quatre chiffres que l’on trouve dans le devis
annexé.

2.1.5 Un modèle de devis

(voir document annexe 1).

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2.2 L’engagement de l’équipe technique et artistique

2.2.1 L’engagement de l’équipe technique2

Le directeur de production, une fois engagé, devra s’assurer le concours d’une secrétaire de
production et, en accord avec le réalisateur, choisira un assistant-réalisateur qui devra
immédiatement s’atteler à la tâche d’établir un plan de travail, à partir du dépouillement du
scénario, et de trouver les décors (repérages) et les rôles pour le film (casting).
Il devra également établir un calendrier pour l’engagement des divers collaborateurs du film
selon les nécessités de la préparation et du tournage.
Les techniciens et les comédiens seront engagés pour des durées déterminées, en fonction des
durées prévues dans le plan de travail et qui seront consignées dans des contrats qui seront
signés par les deux parties (comédiens et techniciens d’une part, et, directeur de production,
d’autre part.

2.2.1.1 le contrat techniciens

Le contrat devra préciser les points suivants : la fonction, le titre du film, le réalisateur, le
producteur, les lieux géographiques du tournage, la date du début de l’engagement, la durée de
l’engagement et la possibilité de la prolonger, la rémunération et les modalités de paiement et la
publicité qui sera faite en faveur du technicien.
Par ailleurs, des conditions générales valables pour tous les techniciens seront prévues au recto
du contrat et stipulant les conditions de travail, de voyage et de déplacement, la possibilité de
subrogation, le cas de force majeure, les moyens de régler d’éventuels litiges.. etc.

( voir document annexe 3 ).

2.2.2 L’engagement de l’équipe artistique

2.2.2.1 Le contrat comédiens

Celui-ci devra préciser :


Le rôle pour lequel le comédien est engagé, le titre du film, le nom du réalisateur, le producteur,
la date du début de l’engagement, la durée de l’engagement ( au cachet pour un nombre x de
cachets ou au forfait pour un forfait global, ou à la semaine pour un nombre x de semaines), la
durée éventuelle et les dates prévues pour la synchronisation, si nécessaire, du rôle, la
rémunération et les modalités de règlement, la rémunération en cas de dépassement de la
durée prévue, la publicité prévue, les lieux géographiques de tournage, les conditions de
voyage, d’hébergement.
Au même titre que le contrat techniciens, des conditions générales seront annexées au recto
devant préciser les conditions de travail, le cas de force majeure, l’exclusivité, la subrogation, le
règlement des litiges éventuels, etc.
( voir document annexe 4 ).

2.2.2.2 Lettre d’engagement de la figuration

Il y’a lieu de distinguer les rôles, pour lesquels des contrats en bonne et due forme sont prévus
et la figuration spéciale ou raccord qui sera recrutée selon un accord ou une lettre
d’engagement dûment signée.
(voir document annexe 5).

Les enfants mineurs ont besoin, quelque soit le type de contrat, de l’accord légal de leurs
parents ou tuteurs légaux. Les enfants de moins de seize ans ont besoin, en outre, d’une
autorisation spéciale du Ministère des affaires sociales.

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Il ne sera pas question, ici, des contrats de production audiovisuelle qui concernent les différents auteurs (scénariste, dialoguiste, compositeur, etc.),
ainsi que le réalisateur en sa qualité d’auteur et pour lesquels des contrats de cession de droit seront prévus avec le producteur. ( voir document
annexe 2).
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2.3 Autorisations et permis de tournage

Le tournage de films, quelques soient les durées et les formats sont soumis à autorisations dont
la plus importante, celle du Ministère de tutelle, le ministère de la culture.
Un tournage, sans autorisation préalable, peut être arrêté à tout moment, et le matériel
confisqué par les agents de l’ordre public. C’est pour cette raison également que les membres
de l’équipe de tournage doivent disposer de copies de l’autorisation de tournage qui peut leur
être demandée à n’importe quel moment.

2.3.1 L’autorisation de tournage du Ministère de la culture3

C’est l’autorisation de base sans laquelle il ne peut y avoir de tournage. Le directeur de


production devra alors en faire la demande auprès du Ministre de la culture en lui précisant les
dates, les lieux de tournage, le titre du film, le réalisateur, le(s) producteur(s) et en veillant à
joindre à la lettre de la demande une copie du scénario et un dossier bleu intitulé « Demande
d’autorisation de tournage du film » à récupérer auprès de la Direction du cinéma et de
l’audiovisuel du Ministère de la culture.

2.3.1.1 Le dossier bleu

« La demande d’autorisation de tournage » est un dossier de couleur bleue, disponible à La


direction du cinéma et de l’audiovisuel du Ministère de la culture et devant être dûment rempli et
signé par le directeur de production du film. Il comporte des informations devant porter sur :
le titre du film, le réalisateur, les producteurs, leur nationalité, le genre du film, le format, la
durée, le support de tournage, les langues du commentaire et des dialogues, la description des
opérations techniques devant être effectuées en Tunisie et/ou à l’étranger, les lieux et périodes
des prises de vues en décors naturels, les laboratoires ou seront déposés les négatifs, etc.
Outre les membres de l’équipe artistique et technique (avec le numéro de leur carte d’identité
professionnelle) devant travailler sur le film, le directeur de production devra adjoindre des
copies :
 des curriculum vitae des techniciens et artistes
 un dossier financier du film (devis, plan de financement, etc ;)
 un engagement d’embauche de techniciens tunisiens
 un engagement de prêt de copie pour visionnage.

2.3.1.2 L’autorisation de tournage

L’autorisation de tournage est un document officiel délivré par le Ministère de la culture qui
précise :
Le titre du film, le format, le réalisateur, sa nationalité, les producteurs et leur nationalité, les
périodes et les lieux, en Tunisie, de préparation et de tournage du film.
L’autorisation de tournage, en cas d’expiration des dates, peut être prorogée sur simple
demande au Ministère de la culture.
Les autorisations de tournage des films étrangers sont délivrées aux sociétés de production
cinématographique tunisiennes qui font office de producteurs exécutifs.
Ce document n’autorise pas le tournage à l’intérieur des édifices publics et privés qui demeurent
soumis à autorisations préalables des parties concernées.

2.3.2 Les autorisations de tournage particulières

Il faudrait préciser que certains sites stratégiques et édifices nationaux relevant de la sécurité et
de la souveraineté nationales ( casernes, ministères, ports et aéroports, postes de
télécommunication, etc.) sont strictement interdits à filmer et nécessitent, le cas échéant, des
autorisations particulières.

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Une autorisation de repérages peut être également délivrée à un producteur, à sa demande en précisant les lieux et les
périodes, pour lui permettre d’effectuer sans encombres, ses repérages en Tunisie.
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2.3.2.1 Le Ministère de l’Intérieur

Il y’a lieu, pour le bon déroulement de tout tournage, d’informer par courrier Le Ministère de
l’intérieur, des lieux et périodes de tournage et de solliciter en second lieu et si nécessaire, son
concours et son soutien logistique ( service d’ordre, véhicules de police et de la garde
nationale, armes, uniformes, prisons, etc.) ou les permis particuliers pour l’accès aux sites et
édifices qui relèvent de sa compétence ( ports, aéroports, etc.).
La lettre de la demande doit être impérativement accompagnée d’une copie de l’autorisation de
tournage délivrée par le Ministère de la culture et éventuellement d’une copie du scénario ou
des séquences pour lesquelles l’intervention et le concours du ministère sont sollicités.
Le directeur de production sera alors amené à assurer le suivi avec les services concernés du
Ministère de l’intérieur qui ne délivre pas de permis ou d’autorisation écrite.
Certains services comme le service d’ordre, les armes, uniformes, véhicules, sont fournis en
contre-partie d’une rémunération.

2.3.2.2 Le Ministère de la Défense Nationale

La même procédure est exigée quand il s’agit de solliciter le concours du Ministère de la


Défense Nationale (casernes, armes, véhicules, équipements spéciaux, etc.). Il y’a lieu
également de rappeler que la plupart des services rendus par l’armée Nationale seront facturés
selon des tarifs en vigueur que le directeur de production devra négocier.

2.3.2.3 Tournages dans les ports et aéroports tunisiens

L’autorisation du Ministère de l’intérieur, de La Douane Tunisienne et de l’office de l’aviation


civile et des aéroports (OACA) sont nécessaires à l’accès aux sites ( liste nominative de l’équipe
technique et artistique avec copies des pièces d’identité, liste du matériel, dates fermes, etc.).

2.3.2.4 Autres Ministères et Organismes nationaux

Les autres ministères et organismes nationaux ( offices, entreprises nationales, etc.) seront
sollicités également selon la même procédure ( lettre de demande précisant les lieux, périodes
et conditions de tournage, copie de l’autorisation de tournage et tout autre document
susceptible de faciliter les démarches).

2.3.2.5 Les permis de tournage payants

Le permis tournage dans l’enceinte des aéroports tunisiens est désormais payant. L’accès et le
montant sont à négocier avec l’Office de l’aviation civile et des aéroports (OACA).
Le tournage des ou dans les sites et monuments archéologiques et historiques est également
payant. La demande est à faire auprès de l’Agence nationale de mise en valeur et de protection
du patrimoine (ANPE).

2.3.2.6 Le permis de prises de vues aériennes

Le dossier est relativement compliqué et nécessite un délai d’au moins 30 jours. Le dossier doit
être déposé auprès du Ministère de l’équipement et devra contenir : la liste de l’équipe
technique avec copie de leurs pièces d’identité, les membres de l’équipage et la nature de
l’appareil, la liste détaillée du matériel de prise de vues, le plan de vol et les sites à filmer, les
périodes de tournage.
Les appareils de vol (avions ou hélicoptères) seront à négocier à part, avec les loueurs habituels
(Armée Nationale ou Tunisavia).

2.3.2.7 L’agence tunisienne de communication extérieure (ATCE)*

L’ATCE sera sollicitée chaque fois qu’une société de production cinématographique devra
assurer la production exécutive d’un programme audiovisuel destiné à des chaînes de télévision
étrangères. L’ATCE dont la mission est de faciliter le travail des journalistes étrangers en visite,

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se chargera de l’obtention des autorisations et permis de tournage spéciaux : écoles,


universités, mosquées, sites et monuments historiques, etc.

*Cette agence, considérée comme un outil de propagande de l’ancien régime, a été dissoute
après le 14 janvier 2011. Un service minimum est assuré depuis par La Présidence du
Gouvernement

2.3.2.8 Les autorisations au niveau régional

Le Directeur de production, ayant informé et/ou sollicité les permis nécessaires auprès de
ministères de tutelle, devra informer et prendre contact avec l’administration régionale et locale
(gouvernorats, directions et inspections régionales, offices régionaux, etc. pour assurer le suivi
des dossiers.

2.4 Contrats et accords de location

Pour se prémunir contre d’éventuels litiges, le directeur de production devra établir des contrats
précisant les conditions d’utilisation, de restitution et de compensation des moyens qui devront servir
au tournage

2.4.1 Le contrat de location des décors

Lorsque les tournages devront avoir lieu dans des domaines particuliers ( terrains, appartements,
villas, boutiques, etc.), il y’a lieu d’établir une convention ou un accord avec le(s) propriétaires.
Parfois, il est utile d’établir un constat des lieux pour éviter les litiges éventuels.
La convention ou l’accord devra préciser : le titre du film, la production, les lieux nécessaires au
tournage et aux besoins annexes (bureaux lieux de maquillage et costumes, …), la durée
nécessaire (depuis la préparation jusqu-à la remise en état), les dates prévues avec les possibilités
de changement, la compensation financière prévue et le mode de règlement, les problèmes
d’assurance, la somme à verser en cas de dépassement, l’importance des prises de vue à
effectuer..

2.4.2 Le contrat de location des accessoires

Ce contrat est utile pour les accessoires de valeur. Il devra surtout préciser les conditions
d’utilisation, de restitution, le montant de la location et de la compensation, en cas de détérioration.

2.4.3 Le contrat de location du matériel et des studios

Le directeur de production devra également prospecter auprès des loueurs de matériel et des
prestataires de service pour avoir le meilleur rapport qualité-prix. C’est alors qu’il établira ses listes
de matériel et de prestations ( salles de montage, de sonorisation, laboratoires) et qu’il demandera
aux sociétés concernées de proposer, dans un devis, leur meilleure offre de prix. C’est alors qu’il
fera son choix et celui-ci devra, dans tous les cas, prendre en considération l’offre la mieux disante
par rapport à l’offre la moins disante.
Les listes porteront sur :
 le matériel de prise de vues (caméra et accessoires)
 le matériel de prise de son
 le matériel d’éclairage, les accessoires et les consommables : lampes, gélatines, filtres, etc..
 le matériel de machinerie.

2.5 Assurances

Le producteur devra également contracter des assurances pour se protéger et protéger le tournage.

2.5.1 La responsabilité civile

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Cette assurance sert à protéger la responsabilité du producteur pour tout accident pouvant être
causé à des tiers par toute personne avec qui il est lié par un lien de subordination (employés
salariés du film). Cette assurance devrait couvrir tout le film, depuis la préparation jusqu’à la copie
« 0 ».

2.5.2 L’assurance des comédiens et de la figuration

Il s’agit de contracter une assurance au profit du personnel artistique qui le protègera en cas de
maladie ou d’accident corporel survenus lors du tournage (prise en charge des frais de soin et
d’hospitalisation, allocations-maladie, capital-décès ou capital à octroyer au sinistré en cas
d’invalidité corporelle, etc.).
Quant aux techniciens, ils doivent être affiliés à la caisse nationale de sécurité sociale pour pouvoir
être engagés sur le film.

2.5.3 L’assurance du matériel

Celle-ci dépend des clauses figurant sur le contrat de location. Généralement, elle porte sur les
risques de vol et d’incendie du matériel. Aussi le directeur de production doit-il fournir aux assureurs
la liste et la valeur financière du matériel à assurer pour déterminer les primes.

2.5.4 L’assurance des décors et des accessoires de valeur

Cette assurance est contractée essentiellement pour se protéger contre les risques d’incendie, de
vol et de dégradation des décors et des accessoires lors de leur utilisation. Elle est souvent exigée
par les propriétaires lorsqu’il s’agit de décors ou d’objets de valeur.

2.5.5 L’assurance du négatif

C’est probablement l’assurance la plus chère et par conséquent la plus difficile à effectuer et à
accepter de part et d’autre. En Tunisie, les assureurs, d’une part, et, les producteurs, de l’autre, ne
semblent disposés à mettre les sommes nécessaires à couvrir ce type de sinistres.
Aussi les primes se réduisent-elles à couvrir le remboursement de la valeur du négatif vierge, en cas
de détérioration, d’accident ou de perte.

2.6 Régie

Ayant établi son devis selon un plan de travail, engagé les techniciens et le personnel artistique,
obtenu les décors et accessoires, le matériel de tournage, le directeur de production devra veiller
maintenant à s’occuper des moyens logistiques à mettre en œuvre pour assurer le tournage.

2.6.1 Transport, hébergement et défraiements

Le directeur de production va consacrer un soin particulier pour assurer les meilleures conditions de
travail à l’équipe technique et artistique.

2.6.1.1 Le transport

La production devra alors mettre à la disposition de l’équipe le matériel roulant indispensable pour
transporter le personnel et le matériel . Des chauffeurs seront également engagés, en fonction des
besoins spécifiques à chaque département.

2.6.1.2 Restauration et hébergement

La production doit assurer un repas-plateau quotidien pour l’ensemble du personnel. Cela peut être
un déjeuner ou un dîner, en fonction des horaires de travail. Quand il s’agit d’une journée de travail
continue, un lunch-packet sera distribué et l’équipe disposera alors d’une pause de 30 minutes au
lieu de 60 pour la journée normale. Elle doit également assurer un service minimum de confort-
plateau : eau, boissons chaudes, petites collations, etc.
Lorsque l’équipe est en déplacement ( une distance supérieure à 60 km de la base de la
production), la production devra lui assurer le logement, la restauration et un défraiement quotidien.
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Le directeur de production fera alors le nécessaire pour assurer l’hébergement du personnel, en


fonction des exigences du tournage. Il fera les réservations nécessaires, négociera les meilleurs
tarifs avec les hôteliers et s’arrangera pour que l’équipe puisse bénéficier des meilleures conditions
de logement.
Il s’arrangera également pour recruter un service de catering pour assurer les repas-plateaux sur les
lieux de tournage, et le cas échéant, un service restauration à organiser avec les hôtels ou les
restaurants de la place.

2.6.1.3 Défraiements

Appelé aussi per diem, le défraiement est le montant quotidien alloué par la production à l’ensemble
du personnel, pour la prise en charge des frais personnels occasionnés par le déplacement
(téléphone, blanchissement, etc.). Il varie entre 5 et 10 dinars, en fonction des moyens de la
production. Ce montant pourrait être augmenté du montant d’un repas au cas où celui-ci n’est pas
assuré par la production.

2.6.2 Moyens logistiques et intendance

Par moyens logistiques et intendance, on désigne généralement tous les moyens nécessaires au
fonctionnement de cette extraordinaire machine qu’est la production d’un film : aménagement des
locaux de repos pour les comédiens et de travail pour le personnel (ateliers de construction, dépôts
d’accessoires, locaux pour les costumes et les maquillages, bureaux de production,), aménagement
des voies d’accès au plateau, des aires de parking pour les véhicules, des locaux pour la
restauration, etc.
La production aura également à engager le personnel ouvrier nécessaire au gardiennage et à
l’entretien des divers locaux.
Dès lors, il est clair qu’une telle entreprise ne saurait être menée à terme sans le recours à un
service administratif et financier conséquent.

2.7 Gestion financière et administrative

2.7.1 Le service administratif et financier

Le service administratif et financier est constitué du personnel qui assiste le directeur de production
à s’acquitter au mieux de ses tâches qui sont à la fois nombreuses et délicates.
D’abord, la coordinatrice de production ( ou secrétaire de production), assistante du directeur de
production, elle coordonne le travail de bureau, supervise la rédaction des contrats et du courrier et
en assure le suivi et le classement. Véritable plaque tournante, elle assure tous les contacts avec les
protagonistes (équipe du plateau, équipe de préparation, prestataires et autres…).
En véritable gestionnaire financier, l’administrateur comptable devra tenir les comptes financiers de
la production. C’est lui qui, sur instructions du directeur de production, avance l’argent, paye le
personnel (salaires et défraiements), règle les factures que lui sont transmises. Au préalable, il aura
établi un échéancier financier.

2.7.2 L’échéancier financier

Pour assurer les liquidités nécessaires à la préparation, au tournage et à la finition, le directeur de


production devra, en étroite collaboration avec l’administrateur comptable, établir un échéancier qui
détermine hebdomadairement les besoins en argent liquide, sous forme de prévisions, pour pouvoir
honorer les divers engagements de la production : (paiement des salaires et défraiements,
règlement des frais de régie, etc.). L’échéancier sera transmis depuis la préparation au producteur
qui fera le nécessaire pour permettre à la production de disposer, en temps utile, des moyens
financiers prévus.

2.7.3 La situation comptable

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A intervalles réguliers (généralement après chaque semaine de tournage), l’administrateur


comptable établit une situation comptable et un rapport financier. Il s’agit d’établir un coût probable
qui fait ressortir, par rubrique les variations par rapport au devis (économie ou dépassement).

3 Le travail pendant le tournage

Le directeur de production aura veillé à ce que l’assistant réalisateur lui fournisse, depuis la
préparation, un plan de travail définitif qui servira de guide à la production et qui lui permettra
d’établir les prévisions financières nécessaires. Au moment d’entamer le tournage, la feuille de
service devra reprendre les grandes lignes prévues dans le plan de travail et y apporter les
éventuels changements nécessaires en fonction des aléas et des nouvelles exigences du tournage.

3.1 L’avant tournage

3.1.1 La feuille de service

Rédigée sous la responsabilité du premier assistant réalisateur, la feuille de service, avant d’être
distribuée, doit obtenir l’aval du directeur de production qui a son mot à dire concernant
l’organisation générale du travail ( horaires, convocations, moyens techniques et humains à mettre
en œuvre, etc.). Outre l’organisation de la journée de tournage et les prévisions du lendemain, la
feuille de service inclut la feuille de transport qui organise le déplacement du personnel et du
matériel et dont le directeur de production est responsable.

3.1.2 Le transport

Le directeur de production organise le transport et supervise le départ effectif de l’équipe. Entre-


temps, Il aura veillé au réveil de l’équipe et fait en sorte que le personnel et les artistes soient à
l’heure, dans les locaux des costumes et du maquillage. Sa présence est d’une grande importance
pour pouvoir prendre les décisions qui s’imposent en cas de défaillances.

3.1.3 La régie-plateau

Le directeur de production aura également veillé à ce que la régie de plateau soit déjà sur place,
avant l’arrivée de l’équipe, pour préparer le plateau, le sécuriser, placer les véhicules aux bons
endroits de telle sorte qu’ils ne gênent pas le « champ », ouvert le décor s’il s’agit d’un intérieur,
préparé les loges des comédiens, etc.

3.1.4 Les locaux costumes, maquillage, coiffure

Souvent, la régie devra s’arranger pour trouver sur place les locaux qui serviront aux costumes et au
maquillage, surtout quand les décors sont relativement éloignés de la base.

3.1.5 Le confort-plateau et le catering

La régie devra également veiller au confort de l’équipe et faire en sorte qu’elle puisse disposer de
toutes les commodités ( boissons chauds, petites collations, toilettes, chaises pour les comédiens,
locaux de repos chauffés ou climatisés pour les comédiens, etc.). Un soin particulier doit être
réservé à la cantine en aménageant un local ou en prévoyant une tente.

3.2 Le tournage

3.2.1 Le démarrage de la journée de tournage

Une fois tous les départs effectués, le directeur de production rejoint le plateau et fera en sorte que
le travail commence à l’horaire prévu. Il réfléchira, avec l’assistant réalisateur et les autres chefs de
département aux problèmes qui surgiront et proposera les solutions adéquates.

3.2.2 Le service d’ordre

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ISAMM Enseignant : Khaled W. Barsaoui
La régie-production.

Le directeur de production, une fois le premier plan tourné, pourra alors s’occuper de superviser la
préparation des prochains décors et de la journée du lendemain. Il aura quand même fait en sorte
que le plateau soit bien sécurisé et qu’il ne risque pas d’être perturbé par de quelconques nuisances

3.2.3 Le suivi des décors en préparation

Le chef décorateur, conformément aux prévisions du plan de travail, doit livrer les décors aux dates
prévues. Le directeur de production sera assez vigilant pour en faire le suivi et vérifier s’ils le seront
effectivement. Le cas échéant, il devra envisager, avec l’assistant réalisateur et le chef décorateur
d’autres alternatives qui pourraient par ailleurs s’imposer d’elles-mêmes, compte tenu de certains
aléas : intempéries, indisponibilité des comédiens, imprévus, etc.

3.2.4 La préparation de la journée du lendemain

C’est alors qu’il commencera à préparer la journée du lendemain, à vérifier que les convocations ont
été lancées, que les moyens demandés par la mise en scène sont disponibles, etc. , enfin à vérifier
que tout est au point pour le lendemain.

3.2.5 La feuille de service et le transport

C’est lors de la pause-repas que le directeur de production s’entretiendra avec l’assistant réalisateur
sur le déroulement de la journée de travail, des éventuels changements à opérer dans la feuille de
service et/ou le plan de travail. Ils pourront alors prendre d’un commun accord les décisions qui
s’imposent et qui figureront sur la feuille de service du lendemain qui devra être distribuée à la fin du
tournage.

3.3 L’après tournage

Le directeur de production supervisera la fin de la journée et veillera à ce que tout soit rentré dans
l’ordre : retour de l’équipe et de la figuration, sécurisation ou remise en état du décor, récupération
des bobines, ..

3.3.1 La récupération des bobines tournées et des rapports

A la fin de la journée, le directeur de production récupère les bobines tournées (image et son) etl
organisera leur envoi au laboratoire ou au studio de montage, s’il s’agit de bandes vidéo. Il récupère
aussi les divers rapports (rapports image, rapport montage, rapport son, etc.).
Le rapport de production effectué par la scripte est un outil indispensable qui permet au directeur de
production de suivre le déroulement de la production et de tenir le producteur informé de la situation
du film par rapport aux prévisions ( avance ou retard, quantité de pellicule consommée, nombre de
plans tournés par rapport aux prévisions, causes et origines des retards, etc.). La journée n’est pas
finie pour autant, car, de retour au bureau, le directeur de production devra faire le point avec le
reste de l’équipe

3.3.2 Le bilan de la journée et mise à jour du plan de travail

C’est ainsi qu’un bilan de la journée sera effectué au jour le jour. Des réunions relativement
importantes pourraient être organisées, chaque fois que nécessaire, pour trouver les solutions
adéquates aux problèmes rencontrés.
Des changements au niveau du plan de travail seraient alors proposés aux principaux concernés
( décorateur, costumier, directeur de production, réalisateur, etc.) qui devraient les discuter avant de
les valider.

3.3.3 La projection des rushes

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La régie-production.

Un local doit être aménagé pour permettre la projection des rushes. Des séances seront organisées
par l’assistant dont le lieu et l’horaire figureront sur la feuille de service.
Les projections sont destinées aux techniciens qui doivent vérifier le travail effectué.
Les comédiens ne sont pas généralement admis à ces séances .

4 Le travail pendant la finition

4.1.1 La remise en état des décors et rendus

A la fin du tournage des prises de vue, ne resteront que les personnels nécessaires aux rendus des
matériels et costumes loués, à la démolition ou remise en état des décors et bien entendu la
secrétaire de production et l’administrateur comptable pour régler les factures et payer les salaires
des techniciens et des comédiens.

4.1.2 Le solde de tout compte

Il ne restera plus alors au directeur de production qu’à établir le solde de tout compte et remettre les
archives de la production au producteur qui devra alors superviser lui-même ou par l’intermédiaire
du personnel de sa société, les travaux de post production du film.

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