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de manière générale, le modèle IS-LM est souvent conçu comme une représentation
graphique et algébrique des idées véhiculées plus ou moins implicitement par Keynes dans
son œuvre publié en 1936 « la théorie générale de l’emploi, de l’intérêt et de la monnaie »
Ce pendant, certains keynésiens réfutent cette idée de synthèse dont ils nient le caractère
keynésien. Le débat autour du modèle IS-LM
Analyse
- La courbe IS
La courbe IS représente l’ensemble des combinaisons des taux d’intérêt (i) et de revenus (Y)
qui assurent l’équilibre sur le marché des biens et des services. Sur ce marché, le niveau
général des prix étant donné, l’offre globale correspond au revenu global (Y), qui se partage
entre la consommation (C) et l’épargne (S), Y= C+S.
L’investissement est une fonction décroissante du taux d’intérêt (car la hausse du taux
d’intérêt, en augmentant le cout de financement, réduit l e rendement des investissements).
L’épargne est une fonction croissante de revenu.
Ainsi la courbe IS représente les couples de valeurs (Y, i) qui correspondent aux équilibres
sur les marchés des biens et services (S=I). La pente de la courbe IS est négative : Si le taux
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d’intérêt i diminue l’investissement (I) augmente, alors S doit aussi augmenter (I=S), cela
présuppose que Y augmente également. Donc, i et Y varient en sens inverse.
- La courbe LM
La courbe LM représente l’ensemble des combinaisons des taux d’intérêt (i) et de revenus (Y)
qui assurent l’équilibre sur le marché monétaire. Sur ce marché, l’offre (M) est déterminée par
la politique de la banque centrale. La demande de monnaie (L) se partage en une demande
d’encaisse de transaction L1 et une demande d’encaisse de spéculation L2.
L1 est une fonction croissante de revenu (plus on est riche plus on dépense... et plus on a
besoin de moyens de paiement). L1= L1(Y)
La demande d’encaisse de spéculation L 2 est une fonction décroissante du taux d’intérêt car
les cours des titres varient en sens inverse du taux d’intérêt : L2 = L2(i)
Lorsque les taux d’intérêts sont bas, les cours des titres sont élevés, alors les spéculateurs
conservent leurs encaisses monétaires, car ils anticipent alors une baisse de ces cours. Ils les
utilisent au contraire pour acheter des titres lorsque les cours sont bas, espérant réaliser une
plus-value.
La courbe LM représente les couples (Y, i) compatible avec cet équilibre. Sa pente est
positive dans sa ‘’phase normale’’. La partie verticale de la coure correspond à la phase
classique (il n’y a pas de thésaurisation, toute la monnaie est placée) et la partie horizontale
correspond la « trappe à liquidité » (le taux d’intérêt est tellement faible que toute monnaie
supplémentaire est thésaurisée)
- L’équilibre IS-LM
L’intersection des courbes IS et LM donne les couples des valeurs (Y, i) compatibles avec
l’équilibre sur le marché des biens et des services et sur le marché de la monnaie
Taux d’intérêt LM
IS Phase classique
i* Phase classique
Trappe à liquidité
Y* Revenu produit Y
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Dès lors que le marché du travail ne participe pas à la détermination de l’équilibre global, on
peut imaginer que le couple (Y, i) correspond à un « équilibre de sous emploi ». C’est du
moins la conclusion qui intéresse les concepteurs du modèle IS-LM. Hicks visait clairement à
construire un modèle qui pose la question de l’intervention de l’Etat : quelles politiques
peuvent nous rapprocher du plein-emploi ?
L e trait d’union entre les différents marchés est le taux d’intérêt car ce taux joue un rôle dans
les fonctions de production (c’est lui qui détermine le taux de rentabilité des activités en deçà
duquel les entreprises ne doivent plus investir) et sur le marché des capitaux (puisque ce
marché est le marché des fonds prêtables et que les détenteurs de revenus peuvent arbitrer
entre consommer ou épargner en fonction de la plus ou moins grande rémunération qu’on leur
propose sur ce marché en se privant d’une consommation immédiate). C’est donc autours du
taux d’intérêt véritable ‘confluent’ de l’économie réelle et de l’économie des capitaux, que
s’organise la synthèse que propose le modèle IS-LM.
- Et le marché du travail ?
Dans le modèle IS-LM l’équilibre se détermine sans faire appel au marché du travail. Ceci
peut se surprendre mais reflète bien l’essence de la ‘percée keynésienne’.
Dans la vision classique, le marché du travail est le lieu où se détermine les revenus des
salariés. Ces revenus entrent dans la détermination de leur consommation et par ce canal
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s’effectue une connexion avec le marché du travail et le marché des biens, donc le niveau de
production.
Le modèle IS-LM est-il keynésien au sens des idées énoncées par Keynes dans sa théorie
générale ?
Keynes connaissait Hicks et reconnu que son interprétation comme valable. Il l’a critiqué
mais l’a trouvée assez vraisemblable pour une version pragmatique de sa théorie générale.
Hicks, de manière fidèle à la théorie générale, offre une vue globale à l’économie. Il base LM
sur la préférence à la liquidité et les encaisses de précaution, de transaction et de spéculation.
Il respecte aussi le concept de trappe à liquidité. L’idée qu’une hausse de la masse monétaire
agit sur le niveau d’emploi est également keynésienne : pour les classiques, la monnaie est un
voile. De là, découlent la possibilité, les moyens et les effets de l’intervention de l’Etat,
centrale dans la TG et le modèle IS-LM. Le modèle de Hicks est valable en courte période et
en économie fermée, perspective dans laquelle se situe l’analyse keynésienne.
Hicks ‘’oublie’’ des innovations importantes de Keynes, comme les anticipations. Robinson
souligne qu’ ‘une chose qu’il (Keynes) n’a certainement jamais dit est qu’une baisse
définitive du taux d’intérêt entrainerait une hausse définitive des taux d’intérêt’.Hicks
simplifie la mécanique de Keynes, il crée un modèle atemporel où tout se passe
simultanément : c’est négliger tous les effets de dépendance au temps chez Keynes, comme
les prévisions, l’incertitude, les spéculations...
b. le modèle IS-LM déforme les idées de Keynes pour pouvoir les concilier avec
l’approche néoclassique, walrasienne.
On peut toutefois se demander si cette question de la fidélité à la pensée du maitre, qui a été
tant débattue, a finalement une grande importance : Keynes lui-même n’a jamais été fidèle à
ses propres intuitions. Ecoutons un spécialiste de la question, son vieil ami (les deux hommes
se connaissaient très bien sur le plan professionnel comme sur le plan privé) F.A.Von Hayek
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(dans un interview à Reason, 1977 : ‘’(...) Il changeait tout le temps. Il se tenait en quelque
sorte sur une ligne médiane et s’intéressait toujours aux remèdes de l’instant. Dans la dernière
conversation que j’ai pu avoir avec lui (environ trois semaines avant sa mort en 1945), je lui
ai demandé s’il n’avait pas peur de ce que certains de ses élèves avaient ses idées. Il me
répondait ; « oh, ce sont tout simplement des sots. Ces idées étaient très importantes dans les
années 1930, mais si elles devaient un jour devenir dangereuses vous pouvez compter sur
moi- je retournerai l’opinion publique comme çà. « Et il l’aurait fait. Je suis certain que, dans
la période de l’après guerre, Keynes serait devenu un des grands adversaires de l’inflation.