Vous êtes sur la page 1sur 27

GROUPE OSKAR LANGE

TRAVAUX 1971
(

·-·---------------------
ECART 1 NF LAT 1 0 NN1 S T E
ET

CH0 MAGE DEF LAT I 0 NN1 S T E

H. CAMP AN
M. M0 RE AU X
DECEMBRE 1970
- PLAN -

1NTRODUCTI ON

1 - LE MODELE

a.) MMc.hé de1i maJt.c.ha.nfu e6


b) Monna,le
c.) T)(.a.Vail

I1 - EXERCICE VE STATIQUE COMPARATIVE Va.Jtia.ti.on exogène de la.


Ma.Me Mo nUaÂ..11.e

a.) Ca.o c..e.a.o.1>,(_q ue


1 - Le déterminant
2 - Effets de Za variation· de Za Masse Monétaire

b J Ca.6' Keynê..1>,i.en
1 - Plein emploi
2 - Sous emploi

III.- INFLATION ET·CHOMAGE


31

DEMANDE EFFECTIVE
1 NF L AT I 0 N ET CHOMA ·GE

L'aggravation sensible de l'inflation ces dernières années dans l e s ·


pays oc c identaux et simultanément la persistance, voire l ' a ugmentation du chô-
mage , constituent une situation qui parait théoriquement paradoxale . A vrai
dire c' est sans doute notre instrument d'analyse qui nous amène ~ voir l es cho-
ses sous une forme paradoxale. En effet notre outil principal d ' analyse es t ce-
l ui de la théorie de l ' équilibre alors qu'il s'agit d'analyser une situa tion de
déséquilibre évident . Les phénomènes simultanés . d'inflation et de chômage consti-
tuent pour le système social une manière de résoudre des conflits ouverts entre
l es différentes classes d'agents . Le problème qui se pose es t donc d'ana lyser la
manière dont l'appareil socio-politique répond à ces conflits é conomi que s. Le j eu
se joue à plusieurs niveaux · : le niveau économique du fonctionnemen t des marchés
du travail et des marchandises, niveau auquel les tensions appar ai s sen t 1 et un ni-
veau purement politique, aujourd'hui fortement institutionnal isé, qui e st celui
des négociations quasi-permanentes sur les salaires et les prix. C'es t à ce niveau
que l'Etat entre dans le jeu en intervenant dans la négociation e t s i mul tanément
en définissant une politique monétaire.

On va voir qu'il est possible d'étudier ces situations de conf l it et de


déséquilibre au moyen de la thé9rie habituelle de l'équi l ibre à condition de dis-
tinguer nettement les deux niyeaux auxquels le jeu se déroule .

L'étude d'une économie par la méthode de l'équiliore général cons iste à


décr i re un ensemble de valeurs des variables constituant la so lution d 'un s ystème
d'équations. Les variations dont la valeur est ain~i dét erminée, sont de s varia-
bles endogènes . Naturellement , la solution considérée , c'est-à- dire l' é t at du sys-
tème économique, dépend de la forme des équations et en part i culier des val eurs
prises par un certain nombre de paramètres exogènes. Il est tou jours néces saire
d'établir dans le champ des phénomènes étudiés, une coupure ent r e l es é l ément s
considérés comme des données et les éléments déterminés. Cette coupure se t raduit
dans la formalisation et la mise en équations du modèle par le cliva ge entre va-
r iables endogènes et variables exogènes . C'est la nature même du problème étudié
qui détermine la ligne de partage. Dans le modèle d'équilibre de cour t e péri ode
qui suit, les éléments exogènes sont représentés par des variables politiques d'in-
tervention étatique et par des variables de nanure ins t i tutionnelle .

La statique comparative se propose d'analys er les modi f icat i ons de l'état


du système économique engendrées par des causes exogènes . En d'autre s t e rmes, elle
étudie la façon dont se trouve modifiée la solution du système d' é quat ion l ors que
varie un paramètre exogène.

Nous allons étudier une économie en "équilibre de courte péri ode" et, par
application de la méthode de statique comparative, analyser l e changement d 'état du
système engendré pa r une variation de la masse monétaire ou d' aut res paramètres exo-
gènes tendant à modifier le comportement des agents.

L'essentiel du raisonnement de la statique comparative consiste à compa-


rer deux états du système sans se préoccuper des problèmes dynamiques que pose le
passage et la transition d'un état à un autre . Même si les deux états é conomiques
comparés se succèdent dans le temps/ rien, dans le raisonnement de la sta t i que compa-
32

rative, ne permet de décrire l'évolution chronologique précise.qui marque. le


passage d'un état à l'autre.

La nature du modèle d'équilibre considéré ici est celle d'un équili-


bre de courte période au sens de MARSHALL et de KEYNES, c'est-à-dire d'un équi-
libre établi pour une valeur constante de l'équipement sans possibilité d'adap-
tation de celui-ci. Les deux ·.états que l'on comparera seront établis pour le ··
même niveau d 1 équipement. On voit ainsi que la validité de 1 1 application de la
méthode de statique comparative ··à un modèle d "équilibre de courte période repose
entièrement sur le fait que les modifications des comportements sur lesquels re-
pose le modèle, épuisent entièrement leurs effets dans un laps de temps inférieur
au délai de gestation des investissements.

I - LE MOVELE

Le modèle d'équilibre de courte période sur lequel nous raisonnons


est le modèle IS-LM traditionnel, légèrement modifié.

Le.o équa.:tloYll> du. maJtché de.o b-i.eY!l> d. li eJtv-i.ce.o lion:t

- du oôté de. la riemande


C =C (r~p,w)
et
I =I (r)

où C est la consomnation en termes réels,


I, l'investissement en termes réels,
r, le taux d'intérêt,
p, le prix des marchandises en termes de monnaie,
w, le salaire nominal.
..
La forme d~ la fonction de c~nsoDDilation fait·intervenir CODDile toute
équation de demande Walrasienne l'ensemble du système des prix. Les renseigne-
ments particuliers sur la forme précise de la fonction seront fournis ultérieu-
rement.

La fonction d'investissement dépend du taux d'intérêt seul. L'indé-


pendance de l'investissement par rapport aux prix et au salaire présents .repose
sur l'hypothèse d'élasticité de prévision.égale à un.

- du oôté rie l'offre, le produit offert est :


yo = yo (w,p)

Il dépend du salaire réel, c'est-à-dire du salaire nominal et du


prix des marchandises· en terme de monnaie. S 1 agissant de 1 1 offre en courte
p~riode Y ne dépend pas du taux d'intérêt.
0

du oôté de l'offre : la masse monétaire M, est une donnée exogène.


du oôté rie la dem:znrie : l'encaisse désirée des agents est
L = L (r,p,w)
33

L'encaisse désirée dépend de l'ensemble du système de prix. A titre


d'exemple, on peut adopter pour l'encaisse désirée la formule habituelle :

L = .!_ pY 0 + L(r)
V

où v est la vitesse de circulation de la monnaie de transaction. La présence


0
de Y0 plutôt que yd dans la formule sera justifiée plus tard. On sait que Y , le
produit offert, est une fonction décroissante du salaire réel, Y = f(w/p). On
0

voit donc que :

L(r,p,w) = .!..V p f(~) + L(r).


p
Equa.tlono du maJi.ché du :OtavcU-l :
En ce qui concerne le marché des marchandises et le problème des
encaisses, nous n'avons établi aucune distinction entre le comportement de
typé "Keynésien" et de type "classique", Notamment, nous n'avons pas supposé
que la consommation était indépendante du taux d 1 intérêt dans le cas "Keyné-
sien". De même, nous n'avons pas supposé que le besoin <l'encaisses se réduit
au pur besoin de transaction, et par suite ne dépend pas du taux d'intérêt,
dans le cas classique.

On sait que ces hypothèses extrêmes conduisent simplement à carica-


turer soit le modèle classique, soit le modèle Keynésien, et n'ont pas d'inci-
dence significative sur les conclusions. La conclusion qui opp~se fondamenta-
lement KEYNES aux classiques consiste en ce que les variations de la masse mo-
nétaire n'ont pas d'incidence sur le niveau de la production et de l'emploi
dans le modèle classique, tandis qu'elles en ont chez KEYNES.

L 1 hypothèse de base qui différencie les de.ux théories se rapporte à


l'offre de travail. La demande de travail est de même nature dans les deux cas.

Demande de travai'l Nd = Nd (p,w)


La demande de travail par les entreprises dépend du salaire réel,
Elle traduit l'égalité entre le salaire réel et la productivité marginale du
travail. C'est l'exacte contre-partie de la fonction d'offre de marchandises.
En courte période, elle est indépendante du taux de l'intérêt.

Offre de travail : Cas classique : N° = N°(p,w)

L'offre de travail est de type Walrasien. Nous admettons qu'elle n'est


pas sensible au taux d'intérêt en courte période (J), Elle dépend du salaire
réel, c'est-à-dire respectivement du prix en termes de monnaie et du salaire no-
minal.

Cas Keynésien : N° = N°(w) en plein emploi.


L'offre de travail est une fonction croissante du salaire nominal.
Cette fonction ne résulte pas uniquement et directement du calcul économique
individuel. Elle inclut un aspect institutionnel. Qu'il y ait ou non indexation
des salaires sur le niveau des prix par le jeu de conventions collectives, les
contrats privés sont rédigés en termes nominaux et les indexations collectives

( 1) En longue pé!Uode, la .1.:0tu&Wte même de la populaûon 0..ctive e.1.;t


.Uée au ;taux d' ln;têJLU.
(C6. rü..6eU.6.6~on du g~oupe 0-0caJi.-Lange, ~é~on du 10 m~ 1971).
34

ne peuvent pas enrayer les baisses de salaires réels en courte période.


Naturellement, le travail offert est d'autant plus grand que le salaire est
élevé.

Le salaire nominal est rigide à la baisse, C'est une donnée insti-


tutionnelle. Un salaire nominal rigide w
une fois atteint, il n'est pas pos-
sible de le réduire. A ce salaire w
correspond une offre de travail N°.

En sous-emploi, 1' offre de travail de· type Keynésien est i N° N°

;;i
/
1
"" I

;ï• l'i i'i· 'il 0

"'
Le système d'équilibre général de courte période sur les trois
marchés s'écrit alors :

Dans le cas classique C(r,p,w) + I(r) =Y 0


(p,w) marchandises
L(r,p,w) M monnaie
Nd(p,w) = N°(p;w) travail

Système de trois équations à trois inconnues les prix. La seule différence


entre ce. système et la présentation traditionnelle du système IS-LM dans le
cas classique réside en ce que nous avons écrit les fonctions d'offre et de
demande sous une forme canonique dans laquelle les quantités sont les fonctions
et les prix les arguments.

Les trois équations sont indépendantes : Connaissant la forme des


fonctions, nous pouvons tirer les trois prix. Il est essentiel de noter que ce
système d'équations est un système d'équations simultanées. D'un point de vue
strictement économique cela signifie que les trois marchés sont strictement
interdépendants. Il n'en sera pas de même dans le cas Keynésien en sous-emploi.

En résolvant le système pour obtenir les trois prix, puis en portant


les prix dans les différentes fonctions d'offre et de demande précédemment dé-
crites, on tirerait toutes les quantités : l'emploi, la production, la consom-
mation, etc •.. Le système d'équilibre général de courte période traduit une in-
terdépendance. Aucune relation de causalité entre variables endogènes n'apparaît.
En aucune façon, il n'est permis de dire que les prix déterminent les quantités,
que l'investissement détermine la production, que l'emploi détermine la consom-
mation, etc .. ,

Pour plus de· commodité, réécrivons le. système d'équilibre so~s la


35

forme suivante

E = C(r,p,w) + l(r)
y
- y• (p,w) = 0

E = L(r,p,w) - M = 0
m
d
E = N (p, w) - N°(p,w) = 0
n
où Ey, Emet En représentent les demandes excédentaires, nulles à l'équilibre,
de marchandises, <l'encaisses et de travail.

Dans le aas Keynésien, l'équilibre général de courte période s'écrit


en plein-emploi :

E = C(r,p,w) + 1 (r)
y
- y•(p,w) = 0

E = L(r,p,w) - M = 0
m
d
E = N (p, w) - N° (w) = 0
n

Il s'agit encore d'un système de trois équations simultanées qui


traduit connne le précédent, l'interdépendance générale de courte période. Il
n'en diffère que sur un point : la fonction d'offre de travail dans la dernière
équation ne dépend pas du prix des marchandises. La· demande elÇcédentaire de
travail, En est nulle puisque l'on est en plein-emploi, et le marché du travail
est équilibré.

Dans le cas Keynésien en sous emploi, nous avons

E
y
c(r,p,w) + I (r) - y• (p,w) = 0

E L(r,p,w) - M = 0
m
E
n
d - -.
N (p, w) - N = X

où w est le salaire nominal maximal antérieurement atteint et X = En• la demande


excédentaire de travail négative et non nulle, c'est-à-dire le niveau de chômage.
C'est une pure question de terminologie que de savoir s'il faut parler d'équili-
bre de sous emploi ou de déséquilibre.

Le salaire nominal w n'est plus une variable endogène, mais une donnée
historico-institutionnelle exogène du système d'équilibre général de courte
période.· Le salaire nominal a disparu en tant que variable endogène et interdé-
pendante, mais il réapparaît en tant que variable exogène causale. En même temps,
une nouvelle variable endogène apparaît dans la liste des variables quantités :
le chômage, -E •
n
Ceci transforme.profondément la nature du système. Les trois équations
ne forment plus un système d'équations simultanées. Les deux premières équations
peuvent être séparées de la troisième car elles forment un sous-système de deux
équations simultanées à de.ux inconnues, le taux d'intérêt et le prix des marchan-
dises. En résolvant ce premier sous-système nous pouvons tirer l'intérêt et
le prix puis en portant leur valeur dans les fonctions C, 1 et Y0 , nous obtenons
36

le niveau de production, la consommation et l'investissement. En d'autres


termes, le marché des marchandises est lié au problème des encaisses, mais
n'est p~s déterminé par ce qui se passe sur le marché du travail. Au contrai-
re, une relation causale apparaît : le niveau de production et le prix des
marchandises, une fois établis, le niveau de chômage, -En est déterminé sur
le marché du travail. La demande "effective" détermine le niveau de l'emploi.

Le système Keynésien en sous-emploi peut s'écrire d'une manière


plus claire en faisant disparaître la constanté exogène V 1

E = C(r,p) + I(r) - Yo(p) = 0


y
EM = L(r,p) - M = 0

EN = Nd(p) - No = X

II - EXERCICE VE STATIQUE COMPARATIVE. VARIATION EXOGENE VE LA MASSE MONETAIRE


Dans les modèles ci-dessus la masse monétaire représente une variable
exogène essentielle. Elle représente donc un élément causal dans le fonctionne-
ment économique. Nous allons étudier les effets de ses variations.

La question de savoir, quant au fond du problème, si l'offre de mon-


naie doit être considérée comme une variable exogène ou comme . une variable en-
dogène n'est pas l'objet de la présente étude. Considérer la monnaie comme une
variable endogène modifierait sensiblement les modèles . Cela nous conduirait
sans doute à traiter le t aux d'intérêt comme une variable exogène et à repré-
senter le système monétaire comne un système de, pure monnaie de crédit (2). La
véritable question sous-jacente est celle de la nature du taux d'intérêt. Elle
ne peut être abordée que dans le cadre d'une analyse qui fait explicitement in-
tervenir tous les aspects de la production et du capital, c'est-à-dire dans une
analyse de long terme.

Lorsque la masse monétaire varie, la solution du système d'équations


ci-dessus est modifiée. L'ensemble des valeurs des variables endogènes change.
C'est en ce sens que nous passons d'un état d'équilibre de courte période à un
autre état d'équilibre de courte période. La variation de la masse monétaire
provoque des effets discrets sur le marché de la monnaie se traduisant notam-
ment par une première variation du taux d'intérêt. Celle-ci engendre une varia-
tion de la demande de marchandises, et l'équilibre sur le marché des marchandises
-par contre-coup sur le marché du travail- sera perturbé, puis rétabli grâce à
une variation du salaire et des prix. On voit ainsi que la variation exogène de
la masse monétaire entraîne une variation de tous les prix et de toutes les quan-
ti tés. Tout l'intérêt du raisonnement de la statique comparative consiste en ce
qu'il permet de tenir compte de l'ensemble des modifications directes et indirec-
tes des valeurs des variables.

Nous prenons donc la dérivée totale par rapport à M des demandes


excédentaires sur les trois marchés.

( 2) PouJt un e.xe.mp.e.e. de. c.e. bta.Lteme.n-t, c.6. no.ôte. étude. "ê.c.GVtt ..W6la.ü.onl6te.
e.t c.hôma.ge. dê.6.ta.tJ..orUJ.:ite. Ke.ynê.-0ie.n"
p.ttê.-Oe.Yl-tê. à .e.a. Jtê.union de. Vê.ce.mb1te. 1910
du g1toµpe. 0-0caJt-La.nge..
37

L'annulation des trois dérivées totales

dE dE dE
...J_ ID n
dM ' dM ' dM

donne le système d'équations de statique comparative suivant sur lequel nous


allons raisonner

dEY = (2.S:. + l!.) d r + (i)C _ oY


0
) dp + c2.S:. _ ôY 0
) dw = Q
dM ôr or dM ôp op dM ôw ôw dM

dE ID dw _
= (ÔL) dr + (ôL) dp + (ôL) 1 t)
dM ôr dM op dM ôw dM

dE ad _ .Ji_)
ao dp d _ ôN 0 ) dw
n (.Ji_ +(~
= = 0
dM op ap dM aw aw dM

qu'il est plus pratique d'écrire ·sous la forme


0
(~ + Ôl)
0
(ac _ aY ) (ac _ ilY ) dr
0
or or op op ôw ôw dM

ôL ôL oL dp
a; op ôw dM
=

oNd oNo oNd oN° dw


0 Cap- --) (ow - - ) 0
op ow dM

dr
La solution de ce ~ystème d'équations indiquera les valeurs de dM
dp dw'
de dM et de ê!M ,

Connaissant ces valeurs, il sera facile d'en déduire les variations


réelles des quantités
dY dN
ê!M dM' etc.,,

Nous aurons alors comparé à tous points de vue deux états, économiques
correspondants à des niveaux différents de la masse monétaire. Ce qui nous in-
téresse au premier chef, c'est le sens des variations, c'est-à-dire le signe des
dérivées totales
dr dp dw
et
tlM dM cm
-1) Le déterminant : Pour résoudre le système ci-dessus il faudrait connaître
les valeurs et les signes des coefficients de la matrice ci-dessus. Nous allons
démontrer que le déterminant de cette matrice est positif. La démonstration repo-
sera sur une analyse des signes des coefficients et sur une comparaison de la va-
ieur absolue de certains d'entre eux. Soit~ le déterminant. Montrons tout,d'abord
que ses cc.efficients ont les. signes suivapts :
38

+
/;, +
0 +

- Le signe de (8C/8r + 8I/8r) est négatif, puisque la consommation et l'in-


vestissement diminuent lorsque le taux d'intérêt augmente.

- Le signe de (8C/8p - 8Y 0 /8p) est négatif, puisque la consommation diminue


quand le prix augmente, le salaire et le taux d'intérêt restant fixes, (on
néglige les effets revenus), et puisque la production offerte augmente quand
le prix augmente, le salaire restant constant.

- Le signe de (8C/8w - 8Y 0 /8w) est positif puisque naturellement la consommation


augmente lorsque le salaire augmente, cependant que l'offre de marchandises
diminue quand le salaire augmente, le prix restant fixe -(une analyse plus dé-
taillée tenant compte des effets revenus pourrait être faite en introduisant
une hypothèse sur les propensions à consommer relatives des travailleurs et
des capitalistes).

- Le signe de ôL/ôr est négatif, comme dans toute fonction d 1 encaisse.

- Le signe de ôL/ôp est positif, car le besoin d 1 encaisse de transaction aug-


mente lorsque le niveau général des prix augmente.

- Le signe de ôL/ôw est négatif, En effet, nous avons admis que la fonction
d'encaisse pouvait s'écrire :
w
L(r,p,w) = -V1 pf(-) + L(r)
p .

où f(w/p) = Y0 • Dans çette formule nous admettons que le besoin total d 1 encais-
se des entreprises et.des ménages obéit aux mêmes lois que le besoin d'encaisse
des entreprises seules. Ceci est justifié par le fait que, dans le système, la
monnaie détenue par les ménages pénètre dans les encaisses par l'entremise des
paiements des entreprises. Dès lors, la demande d'encaisses des agents aux ban-
ques ne pourra varier que lorsque le besoin d'encaisse des entreprises variera.
Le demande de monnaie n.1 augmente que si les entreprises demandent de la monnaie
aux blDKflleS. Dans ces conditions, on voit que

w
f 1
(~) < 0 car f' (-) < 0
V p p

- Le signe de (ôNd/ôp - ôN°/ôp) est positif puisque la demande de travail aug-


mente quand les prix augmentent, le salaire restant fixe, et puisque l'offre
'· de travail diminue quand le prix augmente (cas classique).

- Le signe de (ôNd/ôw - ôN°/ôw) est négatif car la demande de travail diminue


quand le salaire augmente et l'offre de travail augmente quand le salaire
augmente.

Les signes des coefficients du déterminant /;, sont donc bien ceux que
nous avons annoncés page 38. Il ne suffit cependant pas de connaître les signes
des coefficients pour en déduire le signe de /;,,
39

En développant le déterminant 6 suivant la dernière ligne, on


obtient

6 =

où ow et op sont les déterminants ci-dessus, on a :

ôNd ôN°
- ( ôp
- - - )ôp
<o;ow<P

ôNd
<aw - op < o
de sorte que
6 = (-) X (+) + (-) X (-)

Le signe du déterminant 6 dépend des valeurs absolues de ôw, ôp


ôNd ôN° aNd ôN° /
(ap- - ap-) et (aw- - aw-).

Nous allons montrer successivement que \ _ ôN°1


ap = ôN°
aw I et,
que l6wl < lëpl •

S'agissant de comparer des valeurs absolues nous devons choisir un sys-


tème d'unités de mesure pour les quantités de marchandises, de travail et de mon-
naie. Il est clair en effet que le prix des marchandises en termes de monnaie dé-
pend de l'unité de mesure choisie pour la marchandise. Dans des conditions _écono-
miques identiques, un quintal de blé vaut cent fois plus qu'un kilo. De même, le
salaire réel, nombre d'unités de marchandises qu'il faut donner en échange d'une
unité de travail, dépend de l'unité de mesure du travail et de la marchandise. Nous
choisirons le système d'unités de mesure tel que, dans le voisinage du niveau d'é-
quilibre considéré, le salaire réel soit égal à 1. Ayant choisi ce système d'unités
de mesure, nous devons maintenant le conserver pour toutes les comparaisons.

Dans le système classique, la demande et .l'offre de travail sont fonction


du salaire réel.

d
N (p,w)
40

• On obtiendrait une formule analogue pour l'offre de travail.

w Nd
- 2 - , Même formule pour l'offre de travail.
p a<.!>
p

Un calcul simple montrerait que (ôNd/ôp - ôN°/ôp) = - w/p(ôNd/aw - ôN°/ôw).


puisque dans notre système d'unités de mesure w/p est égal à 1, on a :

~
ôNd _ ôN°
~
1 =1 ôNd
~
_ ôN°·
~
1
(C.Q.F.D.)
1 op op oW oW

Le signe de/;, dépend donc de la comparaison des valeurs absolues de·ôw et de ôp.

et ôp =
ôL
ar
Ces deux déterminants ont en commun la premiere colonne. En outre,
comme la consommation C d'une part, et le· produit offert Y0 d'autre part sont
fonction l'un et l'autre du salaire réel, un raisonnement équivalent au pré-
cédent permettrait de montrer que

et en se plaçant co~e on doit le faire dans le même système d'unité de mesure


tel que w/p = 1 on voit que :

· 1 ac ~ ay• 1 =1~ - ay• 1·


ôp ôp aw aw

Ainsi, dans ce système d'unités de mesure, comparer les valeurs ab-

*
solues de aw et de ôp revient à comparer les valeurs absolues de ôL/ôw et de
ôL/ôp. On voit.aisément que

jôwj < jôpj si 1 ~1<1 1

Or, il en est bien ainsi si nous retenons pour L(r,p,w) la formule


précédemnent utilisée. Nous avons

ÔL .!.V f'(.!) et
-=
aw p

ôL - .!. .!
ap = .!.
V
f (.!)
p V p
f 1 (.!) c'est-à-dire
p '

ôL "') - _w(ô?L • Conme d ans notre systeme


- d' unites
. - de mesur"
=V f(-
dp P P a .
41

P
w est. ega
- l à l ' on a :

3L
3p
= .!..V f(~)
p
- 3L
3w et
1 ~~ 1 = 1 V
.!.. f (~)
p 1 + 1
3L
3w
I· Il est donc clair que

3L 3L
ap >
1 1 1 3w

3N° 3Nd 3N°


Nous avons vu que : 6 - -)èw + (3w- - -)op
3p 3w

Les valeurs absolues des coefficients de ow et de èp sont égales.


D'autre part, lèwl < lopl. Le déterminant 6 est donc du même signe que :
(aNd/3w - 3N°/3w)èp, qui est positif.

Concluo~on : 6 >o
2) Effets d'une augmentation de ia masse monétaire : Nous sommes mainte-
nant en mesure d'étudier toutes les conséquences des variations de la masse
monétaire sur l'état du système économique en appliquant la méthode de la sta-
tique comparative. Pour cela nous résolvons le système d'équations de la page 37
de manière à obtenir les variations du taux d'intérêt, du prix des marchandi-
ses et des salaires dues aux variations de la masse monétairé. Nous en déduirons
ensuite les conséquences sur les quantité.s, notamment le produi.t et l'emploi.

Nous retrouvons sans peine toutes les conclusions classiques qu'on


peut résumer ainsi : l'accroissement de la masse monétaire n'a aucune consé-
quence réelle sur le système économique. Il se traduit simplement par une
augmentation de l'ensemble du système des prix. Augmenter la masse monétaire
(respectivement la r'éduire) a un effet purement inflationiste (déflationiste).
Ceci recoupe les conclusions de la théorie quantitative de la monnaie.

En effet, nous avons


3Nd 3N°
(~ + ~) (- - )
!!E. =
3r 3r 3w 3w > 0 (Cf. tableau de signes page:'.;'$').
dM 6

3Nd 3N°
(~ + ~) ( 3p - al
dw 3r 3r p
=- > 0
dM 6

Nous avons montré que = oNd


~
oN°1 ,
- ap Il en résulte que
1
dp _ dw
dM - dM

Comme dans le modèle classique, toutes les offres et toutes les de-
mandes de quantités réelles sont fonction des prix relatifs, ici du salaire
réel (ni la production de marchandises, ni l'emploi ne sont affectés, puisque
le salaire réel est constant).
42

ayo) (~- - ayo)


op aw aw

oN° ()Nd 8N°


ap-) Caw - aw )
dr 0 (Egalité des valeurs absolues)
dM =-

L'augmentation de la masse monétaire ·est totalement employée à


l'accroissement purement inflationiste des transactions. Enfin, la part de la
consommation et de l'investissement dans le produit national reste constante.

bJ Ccu. Keynu-len :

1) Plein.,-empfoi : Le seul changement fondamental par rapport au cas


précédent concerne, comme nous l'avons vu, l'offre de travail. Tandis que dans
le cas classique, l'offre de travail est fonction du salaire réel ; elle est
fonction seulement du salaire nominal dans le cas Keynésien, ce qui est dû à
l'introduction d'éléments institutionnels dans l'analyse. Le système de base des
équations de statique comparative reste celui de la page 37 , à l'exception de
la dernière ligne qui devient

oNo 1
0 ' aw )

Ce changement ne modifie pas le signe du déterminant ô, qui reste


positif. Il a néanmoins des conséquences considérables : la théorie quantitative
n'' est plus valable - la masse monétaire exerce une influence sur le fonctionne-
ment réel de l'économie. L'emploi et l'intérêt sont liés à la monnaie, ce qui
recoµpe les conclusions de la théorie générale de KEYNES.

En effet, nous avons


3Nd oN°
<ac + ~) (- - ·-)
dp ar ar dW aw:-
= > 0 (comme dans le cas clai;~ique)
dM
ô
J
'

dw
dM
= - < ac
rr + ar )
rr
;\:
8Nd
<;ip )
> 0 (ce qui diffère du cas classique)

Le prix des marchandises et le salaire augmentent, mais d'une ma-


nière qui n'est plus proportionnelle : le salaire' réel diminue, Nous avons :

car :.
<
43

La diminution du salaire réel est le fait nouveau essentiel. C'est


grâce à la diminution du salaire réel que-l'emploi et la production augmen-
tent (même en plein-emploi) sous l'influence de l'accroissement de la masse
monétaire. En effet, l'offre de marchandises et la demande de travail, fonc-
tion du salaire réel, augmentent. Sur le graphique représentant le marché du
travail, la courbe de demande de travail par les entreprises en fonction du
salaire nominal, paramétré par le prix des marchandises, se déplace vers la
droite, tandis que la courbe d'offre de travail, fonction du salaire nominal
seul, donc non paramétrée par le prix, reste à·la même place.

Autre conséquence très importante, l'augmentation de la masse


monétaire provoque une diminution du taux d'intérêt. Nous avons en effet

(~ _ ay·)(~ _ ay•)
ap ap aw aw
·Nd aNd aN°
a )
(~ --
(
aw aw )
dr < 0
= -
dM

Le signe de dr/dM s'analyse facilement par un raisonnement analogue'


au précédent, en tenant compte correctement des signes et des valeurs absolues.

Ainsi l'accroissement de la masse monétaire se traduit par une série


d'effets beaucoup plus complexes que dans le cas classique. Tandis que dans le
cas classique tout l'accroissement était absorbé par l'augmentation inflatio-
niste de l'encaisse de transaction, nous voyons maintenant qu'à ce premier ac-
croissement viennent s'ajouter un accroissement du besoin réel de transaction
dû à l'effet véritablement expansioniste de la monnaie sur la demande effective
et un accroissement de l'encaisse de spéculation dû à la baisse du taux d'inté-
rêt.
44

Une dernière conséquence très considérable convient d'être notée.


Le niveau de l'investissement augmente sous l'influence de la baisse du taux
d'intérêt. La répartition du produit et de la "demande effective" entre consom-
mation et investissement est elle aussi modifiée de sorte que c'est tout l'équi-
libre intertemporel qui est transformé. Il y a place pour une politique moné-
taire de l'accumulation du capital, de la croissance et de la répartition. Cet
aspect de la question ne peut cependant pas être étudié au moyen d'un pÙr modèle
de courte période qui laisse dans l'ombre les relations de l'équilibre capitalis-
tique de l'économie, et qui fausse le rapport du taux d'intérêt monétaire et du
taux de profit.

2) Sous-emploi : Les remarques précédentes sont loin d'épuiser la pro-


blématique Keynésienne. Etudions maintenant le problème du sous-emploi.

Une nouvelle modification doit être apportée au système de base des


équations de statique comparative de la page 37, pour tenir compte du fait que le
salaire nominal est rigide à la baisse et devient un paramètre exogène. Nous
savons qu'en sous-emploi l'offre de travail est une constante N° pour le salaire
exogène W. Il n'est plus question de parler d'une variation de l'offre de travail
(dN°/dW) par rapport à un salaire endogène.

Le salaire ne peut pas s'élever sous l'influence de forces endogènes


tant que l'on est en sous-emploi. La seule variation de salaire que l'on puisse
envisager en sous-emploi serait une pressiçm exogène sur le salaire w, un "cost
push"; Nous laissons de côté cette question pour l'instant.

Le système des équations de statique comparative de la page se dé-


compose comme le système d'équilibre lui-même (cf. page 35), en deux parties
·séparées : un premier système de deux équations à dèux inconnues pour le marché
des marchandises et les encaisses qui permet de tirer dr/dM et dp/dM, et une
équation du marché du'travail dans laquelle l'inconnue est la variation du nombre
de chômeurs ou de la demande excédentaire sur le marché du travail dEN/dM. La
variation du salaire, dw/dM ayant disparu de la liste des inconnues dans le sys-
tème endogène de statique comparative pour être remplacée par la nouvelLe varia-
ble dEN/dM, nous avons :

D'une part dr 0
dM

dp
dM

et d'autre part

Le déterminant du système de deux équations n'est autre que op qui


est négatif comme nous l'avons montré (page 39). Nous tirons :
(ac + l!.)
dp
ar ar
dM ~ --~---> 0
op
45

L'accroissement de la masse monétaire se traduit encore par une


hausse du prix des marchandises. Aucune pression n'est exercée dans le sens
de la hausse des salaires. Sur le graphique du marché du travail la demande de
travail se déplace vers la droite sous l'influence de la variation du prix des
marchandises. La courbe d'offre de travail reste dans sa position. Une partie
plus importante de l'offre rigide N° est employée par les entreprises. Le nom-
bre de travailleurs disposés à travailler au salaire exogène Wen vigueur, mais.
qui ne trouvent pas d'emploi, se troùve réduit.
(~ - oYO)
op op
dr --~---< 0
dM = ÔP
Comme en plein-emploi, le taux d'intérêt diminue. On peut cependant
remarquer que la baisse du taux d'intérêt s'accompagne ici sans doute d'une
hausse du "taux de profit" au sens réel du terme, différente du cas de plein-
emploi. En effet, tandis qu'en plein-emploi la hausse des prix est accompagnée
d'une hausse des salaires (moins que proportionnelle), ici la hausse des prix
ne s'accompagne pas d'une hausse de salaire. Mais comme nous l'avo~s déjà re-
marqué, le modèle ne permet pas de pousser plus avant l'analyse des rapports en-
tre taux d'intérêt réel et taux d'intérêt monétaire.

La dernière équation pour le marché du travaià fournit une mesure de


l'effet sur l'emploi de la création monétaire. Comme oN /op et dp/dM sont de si-
gne positif, dEN/dM est positif. La demande excédentaire de travail augmente
quand la masse monétaire augmente, c'est-à~dire que le chômage diminue.

III - INFLATION ET CHOMAGE

Nous venons d'étudier l'influence de la politique monétaire à l'aide


de la méthode de la statique comparative. D'autres politiques économiques peu-
vent être étudiées à 1 1 aide de cette méthode en analysant 1 1 influence de diffé-
rents paramètres exogènes sur l'état du système économique. Parmi les paramètres
exogènes, le plus important dans un système Keynésien est le niveau du salaire
nominal. Comment le système réagit-il à une augmentation exogène du salaire ?

Naturellement ce problème n'a pas de sens dans un modèle classique où


le salaire est endogène. Dans la société à laquelle se référait le modèle clas-
sique, il n'y avait pas, en principe, d'inflation par les coûts : la détermina-
tion du salaire résultait de mécanismes économiques déterminant les contrats en-
tre personnes privées. Au contraire, comme nous l'avons montré en première partie,
dans la société à laquelle se réfère le modèle Keynésien, le salaire est déterminé
par des conventions collectives et résulte d'un jeu explicitement politique qui
met en présence les organisations syndicales ouvrières, le patronat et le gouver-
nement.

Dire que le salaire est une variable exogène par rapport au modèle
d'équilibre économique de courte période revient simplement à reconnaître que sa
détermination est transférée du "palier" économique (3) du fonctionnement social
au "palier" institutionnel. Dans la société que décrit le modèle Keynésien les
rapports entre groupes sociaux sont en.grande partie institutionalisés.

{3) paUJt emplaye.Ji l'exp41U>-O~an de G. GURVITCH


46

Le problème de la pression inflationiste des salaires ne peut pas


être traité indépendamment du problème de la politique monétaire. C'est un
fait que la fixation d'un niveau de salaire ou d'un rythme d'évolution des sa-
laires par voie de convention nationale, ou à la suite de conflits ouverts en-
tre organisations sociales, n'est pas indépendante de la politique monétaire
déterminée par le gouvernement et les autorités monétaires. C'est donc l'in-
fluence des variations simultanées de deux variables exogènes de nature politi~
que et institutionnelle qu'il faut envisager ' le salaire et la masse monétaire.

Dans le modèle de courte période de la page 35, une variation


simultanée exogène dW du salaire nominal et dM de la masse monétaire, provo-
quera une modification du taux d'intérêt dr, du prix des marchandises en ter-
mes de monnaie dp et de la demande excédentaire de travail dX.

Nous obtenons, par différenciation totale :

dEy = (~
or + ~)dr
8
+ ( c ()yo)d + (ac - ayo) dW 0
or op ap P aw aw
dEM = i!o
or
dr +
.
oL d
Tp" p + dw
oL dW dM
d
dEN = 0 + (2!....) dp + ('Q~d - ;,~o) dW = dX
op w w

ou encore, en faisant passer les termes dW dans le memebre droit

(~
or
+ ~)dr
or
+ (~
ap
ayo)d
dP p (~g - ~r)dw
oL
ar dr +
oL
ap d
p - (~~)dW + dM
d d
c~)d
op p = -c"~
aw ~~JdW + dX

En divisant des deux côtés par dW, et en adoptant l'écriture matricielle on


tire :

(ac+~)(~_ oY
0
dr ayo
) (~ aw )
or or op op dw aw

oL oL dp oL dM)
ar op dw Ca;;; - aw

dp = oN°) + d.l(
dw aw dw

Le système d'équations de statique comparative se décompose ici encore


en deux sous-systèmes : un système de deux équations simultanées pour les mar-
chandises et les encaisses qui décrit les variations de la "demande effective"
et une équation pour le marché du travail qui décrit les variations du chômage.

Nous allons montrer que toute pression salariale se traduit néces-


sairement par une hausse simultanée plus ou moins forte du prix des marchandises.
47

En l'absence de création monétaire, l'augmentation exogène du salaire nomi-


nal se traduit nécessairement par une inflation simultanée des salaires et
des prix, et par une augmentation (ou l'apparition) du taux de chômage. C'est
seulement dans le cas où l'augmentation exogène de la masse monétaire est forte
que la pression salariale peut s'accompagner d'une réduction de chômage, mais
dans ce cas la hausse du prix des marchandises sera supérieure à la hausse exo-
gène des salaires, et le taux d'inflation sera considérable. On voit ainsi quel
problème et quelle alternative politique le "palier" du fonctionnement écono-
mique délègue au 11 palier 11 institutionnel.

L'équation du marché du travail permet de voir dans quelles condi-


tions le taux de chômage augmente (ou apparaît si la situation initiale est une
situation de plein-emploi), dans quelles conditi.ons il reste constant, et dans
quelles conditions il diminue. On a :

d~ = (oNd) d!'. +
dw op dw

où dX/dw est la demande excédentaire de travail, c'est-à-dire l'opposé du ni-


veau de chômage. Le niveau de chômage augmente si dX/dw < O, il diminue si
dX/dw > O.

Il y aura augmentation, maintien suivant que :


l ·.~
' 'î
,(,'.,- '- \ ~-
.~:...' -~ )'
dX < dp
0 c'est-à-dire suivant que
dw >
dw

On voit que l'évolution du niveau de chômage dépend du salaire réel.


Le chômage augmentera si le salaire réel augmente, et il diminuera si le salaire
réel diminue. Nous verrons plus loin qu'en toutes circonstances le salaire et le
prix augmentent, c'est-à-dire qu'il y a toujours inflation.

Le fonctionnement du marché du travail peut être décrit graphiquement


connue suit :

le;t CAS : Le prix des marchandises augmente moins que les salaires, le chômage
augmente (ou apparaît);

En même temps que le salaire s'élève et


passe de W1 à 'ÇÏ2 la courbe de demande de
' '
NtpJ NltJ
4 1
travail se déplace vers la droite sous
1 'influence de la hausse du prix qui passe
\ de p 1 à p 2 • Le chômage augmente_ parce que
---- -- - _,,..__...J le déplacement de la courbe de demande de
travail n 1 èst pas suffisant pour absorber
l'accroissement de l'offre de travail.
•',1
11
,•',
1

N
48

2ème CAS : Le prix des marchandises augmente dans la même proportion que les
salaires, le chômage augmente encore en dépit de l'inflation généralisée pro-
portionnelle des prix et des salaires ·

On part, par exemple, d'une situation de


plein-emploi (N 1 = N1)·
Le déplacement de la courbe de demande de
travail dû à la hausse des prix, absorbe
ff lp,_J
\
\
~
. exactement la diminution d'emploi qui se
serait produite à la suite de la hausse de
salaire, si. le prix était resté constant.
\ Le chômage qui apparaît correspond à l'aug-
' mentation d'offre de travail corrélative à
la hausse du salaire nominal sur la courbe
d'offre.

Ce cas est celui dans· lequel le salaire réel reste constant. Dans le
système d'unités de mesures au voisinage duquel nous raisonnons (tel que W/p = 1)
si le salaire réel reste constant on a : dP/dW = 1.

L'équation du marché du travail devient dX/dw = 3N°/ow qui carres-


pond à l'interprétation graphique ci-dessus.

3ème CAS ; Le prix des marchandises augmente plus que proportionnellement au


salaire. Le chômage diminue. Si l'on part d'une situation de sous-emploi le
chômage peut disparaître complètement à condition que la hausse des prix soit
très forte.

w
La hausse des prix est assez forte pour
d d. déplacer la courbe de demande de travail
N1P.1 /./ rpLJ 111• d'un montant supérieur à la diminution
\ d'emploi qui se serait produite si le prix
w, était resté constant (le long de la !ère
1 courbe). Une partie de l'accroissement de
w,
I"' "
1
l'offre de travail consécutif à la hausse de
salaire peut être employée si le déplacement
de la courbe de demande de travail est suf-
fisant.

Que la variation du niveau de chômage dépende de la variation du sa~


laire réel n'a rien de surprenant. Ce qu'il faut noter cependant, c'est que la
variation du salaire réel consécutive à l'augmentation exogène du salaire nominal
implique toujours une hausse des prix (du moins tant que la masse monétaire n'est
pas systématiquement réduite). Le fait le plus important et le plus intéressant
qui se dégage du modèle consiste précisément en ce que toute pression salariale
49

engendre nécessairement une hausse des prix plus ou moins forte, c'est-à-dire
une inflation généralisée, le plus souvent accompagnée de chômage. Nous allons
montrer qu'il en est bien ainsi. Pour ce faire, il suffit d'étudier le signe
de dP/dw.

Tirons dP/dw du système d'équations de statique comparative de la


page 37
M
dP =
è w
dw -op
où èp s'interprète comme précédemment (page 39) et u' _.est
M ~
1e meme d'eterminant
.
que le déterminant 6w en remplaçant le terme oL/.ow pa~ (oL/ow - dM/dw).

LoHsque la masse monétaire est maintenue constante (dM/dw = 0) le dé-


terminant è = est égal au déterminant èw. Il est facile de voir (en prenant gar-
de au signesw) que le déterminant è t!. augmente en valeur absolue lorsque dM/dw
augmente. On voit ainsi que le rappo~t dp/dw, qui, dans notre système d'unités
de mesure représente la variation du salaire réel (pour de petites variations),
est d'autant plus grand en valeur absolue que dM/dw est fort.

Si la masse monétaire est constante, la variation du salaire réel


s'écrit

dp = 6w
dw op

Or, nous savons que èw et 6p sont de signes opposés. Par conséquent

dP > O
dw

Même lorsque la masse monétaire est constante, la pression salariale


engendre une hausse des prix. Le mécanisme monétaire qui rend possible l'infla-
tion est une conversion de monnaie oisive en monnaie active. (Il y a une hausse
simultanée du taux de l'intérêt) (4). Ce cas est le plus simple et le plus clair.
Il y a à la fois inflation et augmentation (ou apparition) du chômage. Dans ce
cas cependant l'inflation due à la pression des salaires est amortie au niveau
des prix des marchandises. La hausse du prix est moins forte que la hausse de
salaire institutionnellement consentie. En effet, nous savons que :

1 èw 1 < 1 Op

de sorte que dP/dw est inférieur à !. C'est aussi dans ce cas malheureusement,
que l'augmentation du chômage sera la plus forte. Le salaire réel augmente. Le
déplacement de la courbe de demande sur la figure 1 est réduit au minimum. Na-
turellement, pratiquer une politique ouvertement déflationniste (dM/dw < O)
réduirait encore l'inflation mais ~ccroitrait davantage le chômage.

On voit aisément que la hausse des prix pourrait être rendue plus forte
et pourrait, le cas échéant, dépasser la hausse des salaires, etcpar suite entraî-
ner une réduction 'du chômage, si l'on augmentait la masse monétaire d'un montant

(4) on. veAJUL.U 6ac.ile.me.n..t qu.e. dJi./ dii5 > 0 e.n. tté.<1 olvan..t le. <1 y<1.tème. po u.tt ob.te.rWr.
c.e.:t.te. .&tc.o n.n.u.e..
50

plus ou moins fort. On voit dans tous les cas que réduire le chômage revient
à accroître l'inflation et vice et versa.

Le transfert du problème de la détermination des salaires du "palier"


économique au "palier" institutionnel, transfert qui correspond à un changement.
de structure important des sociétés capitalistes, n'a pas résolu tous les pro-
blèmes. Il n'a pas non plus,· contrairement aux apparences, réduit l'importance
du "palier" économique. Quel que soit le dénouement des conflits sociaux adoptés
au plan institutionnel, l'éventail des issues possibles, (ici l'alternative :
inflation ou chômage reste déterminé au niveau économique.
51

D1 S CUS S 1 0 N

La discussion de l'article qui précède avec B. MARIS et C. CRAMPES


a permis de mettre en lumière deux points importants. Le premier point' concerne
le rôle de "l'illusion monétaire". dans le mécanisme du chômage et de l' infla-
tion ; le second concerne l'encaisse de transaction.

1° - L'ILLUSION MONETAIRE
On entend par "illusion monétaire" le fait que l'offre de travail à
court terme dépend du salaire nominal et non pas du salaire réel. Bien que
l'expression "illusion monétaire" ne soit pas employée dans l'article, nous
avons implicitement supposé qu'elle jouait. Cela est particulièrement clair
dans les équations d'offre de travail du dernier système d'équilibre, pages 35
et36. L'hypothèse apparaît nettement à nouveau dans l'expression de la diffé-
renciation du marché du travail en page 42(in fine ), et dans le système dif-
férentiel de statique comparative de la page 44. Enfin, dans tous les graphi-
ques de la troisième partie, le fait que la courbe d'offre de travail ne se
déplace pas, alors que le prix des marchandises varie, repose entièrement sur
l'hypothèse d'illusion monétaire.

L'importance ainsi accordée à l'illusion monétaire est exageree et


inutile. Toutes les conclusions de l'article, et notamment celles qui concer-
nent l'alternative inflation-chômage, restent valables, même en l'absence d'il-
lusion monétaire. La seule hypothèse nécessaire pour atteindre cés conclusions,
et d'autre part, la seule qui soit réellement justifiable, est l'hypothèse de
r~gidité du salaire nominal à la baisse, et, de façon plus large, l'hypothèse
qu'une variation exogène positive du salaire nominal est possible dans une si-
tuation de sous-emploi ou de plein-emploi.

En effet, considérons le système suivant

Ey =c (r,p,w) + I(r) - Y0 (p,w) =o

EM =L (r,p,w) - M = 0

EN = Nd (p,w)
- -
- N°(p,w) = X

dans lequel l'offre de travail est fonction du salaire réel et où le salaire


nominal est une variable exogène. Il n'y a ici aucun comportement correspon-
dant à une "illusion monétaire".

Ce système n'a cependant rien à voir avec un système classique, puis-


que le salaire nominal est une variable exogène et non une var.iable endogène.
C'est là le fait crucial. Si le salaire exogène west fixé trop haut, compte
tenu du montant de la masse monétaire, et si il est rigide à la-baisse, il y
aura nécessairement du chômage (EN = X négatif). La société représentée par ce
système n'est pas une société concurrentielle : la présence d'un salaire supé-
rieur à celui qui équilibrerait l'offre et la demande sur le marché du travail,
n'entraîne pas une concurrence entre les offres de travail. Il ne se produit
pas d'enchères à la baisse du salaire à la porte des usines à l'embauche du
lundi matin. Il existe une collusion entre travailleurs, et celle-ci obéit

Vous aimerez peut-être aussi