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GROUPE OSKAR LANGE

TRAVAUX 1971
(

·-·---------------------
E X I S T E N C E D ' U N E QU I L I B RE

D AN S UN E E C0 N0 M I E D E

"DROIT MONOPOLISTE"

M. M0 RE AU X
SEPTEMBRE 1971
-PLAN-

I - THEORIE VE L'ECHANGE ET LIBERTE VE CONTRACTER

II - LE MONOPOLE
A - Exemple d'une économ,le compo6ée de deux ~nd.lvh:LU6
é c.ha.ng eaAf: deux b~en6 .
B - CM dOJ'IJ.> lequel le nomb1te de b~en6 e.:t le nomblte d' agenû
6ont quelconque6.
a) Premier système monopoliste
b) Seaond système monopoliste

III - EXISTENCE V'UN EQUILIBRE VANS LES ECONOMIES VE VROIT MONOPOLISTE

A - EU6.tence d'un équ-Ulb1te dOJ'IJ.> le p1tern,le1t MJM;ème monopow.te.


- Définition de l'équilibre
- Premier théorème d'existenae
- Second théorème d'existenae
B - EU6.tence d'un équ-Ulb1te dOJ'IJ.> le· 6econd 6!{6.tème monopow.te.
- Définition de l'équilibre
- Troisième théorème d'existence.
BIBLIOGRAPHIE
59

Ex·r sTE Nc E D uN EQu I L I BRE DANs uNE


I

EC0 NOMI E DE " DROI T M0 N0 P0 L I S TE"

La majorité des travaux sur les économies d'échanges ont, jusqu'à


présent, supposé des modes d'organisation des échanges dans lesquels les
droits de chacun des échangistes sont les mêmes. Personne n'y bénéficie d'au-
cun privilège sanctionné par la règle de droit. Certes les pouvoirs de chaque
agent, encore que le terme soit bien vague, ne sont pas identiques, mais cette
inégalité ne résulte pas (directement) de la règle de droit : elle a générale-
ment pour origine une répartition particulière des avoirs initiaux. Dans la
présente note nous étudierons des économies d'échanges purs, c'est-à-dire des
économies dans lesquelles les seuls biens existant sont des biens finals
n'ayant pas à être produits, dont le droit reconnaît à un agent particulier
certains privilèges. Nous montrerons que l'on peut définir dans ces économies
un équilibre, et que cet équilibre existe lorsque les avoirs initiaux et les
préférences des agents vérifient certaines conditions.

I - THEORIE VE L'ECHANGE ET LIBERTE VE CONTRACTER


Une théorie de l'échange suppose un système juridique dans lequel
est reconnu à deux agents au moins le droit de disposer de deux biens au
moins et à un agent au moins (pas nécessairement l'un des deux précédents) le
droit de formuler des propositions de cession de biens.

Par droit de disposition d'un agent sur un bien (ou une quantité
définie d'un bien) il faut entendre la liberté pour cet agent soit de consommer
ce bien (si cette opération a un sens pour lui), soit de céder ce bien à un
autre agent si la proposition lùi en est faite, soit de refuser de céder ce
bien si la proposition lui en est faite. Si l'opération qui consiste à consom-
mer le bien a un sens pour l'agent considéré, il est superflu d'énoncer la
troisième possibilité puisqu'elle est impliquée par les deux précédentes. Si-
non la troisième possibilité doit être expressément mentionnée.

Le droit de consommer un bien et le droit de céder ce même bien sont


deux droits distincts. Il n'existe aucun système dans lequel certains individus
ne se verraient pas reconnaître le premier pour certains biens au moins. Dans
les systèmes qu'on pourrait qualifier de libéraux les deux droits sont généra-
lement confondus. C'est la somme de ces deux droits que nous appellerons droit
de disposition.

Le droit de formuler des propositions de cessions est conceptuelle-


ment distinct du précédent. Dans les systèmes libéraux ce droit est également
confondu avec le précédent. Plus précisément il est reconnu à tous les agents,
bien que ce principe souffre quelques exceptions. Ce genre de distinction n'est
pas propre aux échanges de biens entre agents : on pensera, par exemple, aux
modalités de fixation de l'ordre du jour d'une assemblée. Pour ce qui concerne
les échanges de biens le système juridique n'est complètement spécifié que s'il
permet de déterminer qui peut proposer quelles cessions à qui.

Des possibilités d'échanges réelles identiques peuvent se définir par


des. systèmes de droits de disposition et de droits de propositions différents.
60

L'inégalité des échangistes peut provenir soit du fait qu'ils n'ont pas le.'l--
mêmes droits de disposition, soit du fait qu'ils n'ont pas les ~mes droits
de propositions, l'égalité n'impliquant évideunnent pas que les possibilités
de disposition et de proposition ne soient ·l'objet d'aucune restriction.

On dira qu'une cession est librement consentie si elle résulte


d'une réponse positive à une proposition de cession. On appellera système
d'échanges par contrat libre un système dans lequel tous les agents se voient
reconnaître un droit de disposition sur certaines quantités de biens, et dans
lequel toutes les cessions sont librement consenties. Un tel système ne sup-
pose pas l'égalité de tous au regard de la loi, Les conditions posées sont
simplement des conditions minimales sans lesquelles il serait difficile de
parler encore de liberté de contracter.

Nous appellerons agent toute personne ayant une existence juridique.


Nous supposerons dans ce qui suit que tout un individu est un agent, et que
les seuls agents sont des individus. Remarquons simplement que la réglementa-
tion de la constitution des personnes est une autre source d'inégalité dans
certains systèmes juridiques.

II - LE MONOPOLE
Le monopole est généralement décrit comme une situation dans laquelle
un vendeur écoule sur un marché un ou plusieurs biens dont il possède l'exclu-
sivité, les acheteurs, supposés habituellement nombreux, agissant de façon non-
coordonnée. Peu de choses sont généralement dites sur la gènèse à'une telle si-
tuation, sinon quelques remarques de bon sens dont l'ensemble peut difficilement
c 0nstituer une théorie.

Dans une économie d'échanges où les avoirs initiaux des individus sont
quelconques, une telle situation peut avoir pour origine :

le fa'it que l'informatron n'est pas gratuite


le fait que la constitution de coalitions peut avoir un coût
très élevé pour chaque échangiste
- le fait que le droit ne reconnaît pas aux divers agents les
mêmes possibilités.

A quelques exceptions près, assez récentes au demeurant, la théorie


économique intègre médiocrement les deux premiers faits lorsqu'elle a pour
ambition la description de l'ensemble du système et non quelques marchés isolés.
C'est le dernier cas que nous étudierons.

A - Exemple d'une économle compo~ée de deux -lncü.v~d~ échangeant deux b~e~.

Soit une économie composée de deux individus 1 et 2 ayant le droit de


disposer des quantités a 1 et a 1 , et, a 2 et a~ des .biens 1 et 2 respectivement.
1 2 l

La règle de droit de cette économie reconnaît deux types de proposi-


tiens

- Les propositions de prix auxquels les cessions peuvent s'ef-


fectuer, sans spécification des quantités.
- les propositions de quantité à un prix proposé.
61

Le droit de formuler des propositions de prix ne peut être exercé


que par l'échangiste N°1. L'échangiste N°2 n'a le droit de formuler que des
propositions de quantités. L'exercice de ce droit est donc subordonné à la
réception préalable d'une proposition de prix.

Le marché fonctionne alors selon le schéma suivant

- L'échangiste N°1 propose un système de prix à l'échangiste N°z',


- L'échangiste N°2. propose à son. tour à l'échangiste N°1 les
quantités qu'à ce prix il désire échanger.
- L'échangiste N°1 accepte la proposition et dans ce cas on pro-
cède aux échanges, ou bien la refuse et propose un nouveau système de prix.

L'initiative des propositions de prix dont bénéficie le premier agent


lui confère une position privilégiée : tout accord entre les deux échangistes
ne pourra intervenir qu'à un système de prix choisi par le premier. Le contrat
reste libre en ce sens qu'aucun transfert de bien. ne peut intervenir contre la
volonté de l'une des parties.

On peut représenter la position des deux échangistes sur un diagramme


d 1 Edgeworth -Bowley (figure ci-dessous) (1). Le point a représente les avoirs
initiaux. La courbe II', que nous appellerons courbe de réponse du "monopolé",
est le lieu des points de tangence entre les droites passant par a et les cour-
bes d'indifférence du second échangiste. Elle indique les quantités de biens
qui maximiseraient l'utilité du second échangiste à divers pri~ proposés par

l 'écliangiste J. L'échangiste 1 a intérêt à proposer un prix égal à la pente de


la droite aE, E étant le point de tangence entre la courbe de réponse de l'échan-
giste 2 et une courbe d'indifférence de l'échangiste 1. Tout autre système de

( 1) Ce -0c.héma. uJ:. emp1twU:é à. L. S. Shapley eJ:. M. Shub.leh [+]


62

prix entraînera de la part de l'échangiste 2 une proposition de quantités cor~


respondant à un niveau d'utilité plus faible pour le monopoleur. On remarquera
que, sauf cas particulier, le point d'équilibre ainsi déterminé ne se trouve
pas sur la courbe P représentant l'ensemble des optima de Pareto. Le diagramme
permet de comparer la situation d'équilibre avec monopole à la situation d'équi-
libre concurrentiel déterminée par l'intersection de II' avec P. L'équilibre
concurrentiel correspond à une répartition moins favorable au monopoleur. Ob- .
servons enfin qu'au_ système de prix qu'il annonce (pente de aE) le monopoleur
n'obtient pas les quantités de biens qu'il obtiendrait sur un marché de concur-
rence parfaite qui serait équilibré à ce prix : aE est tangente à une courbe
d'indifférence du monopoleur supérieure à la courbe d'indifférence tangente à
II' en E.

B - CM da.n<> lequel. le nomb1te de b.len<> e,t le nomb1te d' a.gen-to J.>on:t qu.d-
c.onqueJ.>

Le passage d'une économie comportant deux biens à une économie com-


portant n biens ne pose aucun problème particulier. L'accroissement du nombre
des agents mérite par contre une étude plus détaillée. Plusieurs types d'or-
ganisation des échanges, plusieurs systèmes juridiques sont en effet conceva-
bles qui sanctionnent tous la suprématie d'un agent sur chacun des autres.

a) Premier système monopoliste


Un premier système est. celui dans lequel 1 1 ensemble' des échanges a
lieu simultanément. Le marché fonctionne comme suit :
- le monopoleur annonce un système de prix unique.
- Chaque monopolé répond par un ensemble d'offres et de demandes.
La somne de ces offres et de ces demandes sur l'ensemble des monopolés définit
pour chaque bien une offre et une demande excédentaire.
- Le monopoleur peut alors équilibrer ces _offres et ces
demandes en s'appropriant les offres excédentaires et en fournissant sur ces
avoirs initiaux les demandes excédentaires. L'ensemble de ces offres et de ces
demandes à ce système de prix constitue son opportunité d'échanges. Il peut
également refuser ces propositions de quantités et annoncer un autre système
de prix.

b) Second système monopoliste


Ce second système confère au monopoleur des pouvoirs encore plus
étendus. Les échanges s'y effectuent en deux temps.

Ier Temps : Le monopoleur propose à chaque échangiste un système de prix.


Ces systèmes de prix ne sont pas nécessairement les mêmes.

Chaque monopole répond par un ensemble d'offres et de demandes •

. Le monopoleur accepte d'échanger les quantités que chaque monopolé


lui propose ou bien refuse à son tour un nouveau système de prix.

2ème Temps : Les échanges entre le monopoleur et les autres agents ayant
été effectués, des échanges entre les agents s'effectuent de façon quelconque.
Ils peuvent être organisés selon un mode concurrentiel, ou selon toute autre
règle de droit. En particulier parmi ces autres agents, l'un peut à son tour
63

bénéficier de privilèges. On peut ainsi concevoir une hiérarchie de monopo-


leurs. La description de l'état final du système dépend donc des hypothèses
retenues pour ce second stade des échanges, qui d'ailleurs n'existe pas né-
cessairement.

Dans ce deuxième type.d'organisation, il n'existe pas de système


de prix commun à tous les agents. Il n'existe pas de valeur d'échange des
produits indépendamment des personnes entre lesquelles ces biens sont échan-
gés.

Enfin ce système, et ses variantes, est celui qui accorde le plus


de privilèges à un seul agent, dans lequel on puisse encore parler de con-
trats libres. L'extension des pouvoirs du monopoleur supposerait que les ces-
sions de biens ne soient plus toutes librement consenties, au sens où nous
avons défini ce terme.

III - EXISTENCE V' UN EQUILIBRE VANS LES ECONOMI.ES VE VROIT MONOPOLISTE


Nous noterons :

- Les agents par les indices supérieurs i = 1, .... ,m. Le


monopoleur recevra l'indice 1, les autres agents les indices 2, 3, ... , m.

- Les biens par les indices inférieurs j = 1, ••• , n. x représen-


tera un vecteur de biens. Le vecteur des avoirs initiaux de !~agent i sera
noté ai.

p un vecteur de n prix. Nous raisonnerons sans bien numéraire.

- La relation de préférence faible de l'agent i par ~ i, et la


relation de préférence stricte par >i·

- Sauf mention expresse de contraire nous ferons les hypothèses


suivantes sur les champs de préférence et les avoirs initiaux des agents, va-
lables pour tout i :

1) Xi domaine de définition de la relation de préférence de


l'agent i est convexe et fermé dans Rn.
2) Xi C. R~.
i
3) si xi E. xi, alors pour tout y ~X , y E. Xi•
4) Si X >·Y· x, y E Xi' alors ax + Sy >ix' avec a> o, B> o
a + B= ( . ') .
convexite 1

i
5) Pour tout x EX., les ensembles
1

{yE.X. j'yl...xi} et {y Ex. j y . .\x.}


1 rt' 1 1 ]. 1
sont fermés (continuité)
6) Pour x, y f. X. si x ~ y alors x.)oiy et si x >y
. 1
alors x} .y.
1
7) Les avoirs initiaux ai sont en quantités finies.
.64

A - Ex.ll.tence d' U11 équ,i,UbJte dano le pJte.m,leJt J.HJJ.dème monopofüte

Après avoir défini de façon précise ce qu'il faut entendre par


équilibre dans ce premier système, nous montrerons que sous les hypothèses
posées ci-dessus un tel équilibre existe si les avoirs initiaux satisfont
un certain nombre de conditions.

Définition de l'équilibre
On dit que le (m+I)- tuple

(
A1
x A2
,x , ... , Jfl1, p)
constitué de vecteurs xi E. Xi pour tout i, et d •·un vecteur p ~ o est un
équilibre du premier système monopoliste si les cinq conditions suivantes
sont remplies :

a) Pour chaque agent à l'exception du monopoliste, xi est


un ensemble de biens le plus préféré parmi les xi E. Xi tels que :

i=2, ••• ,m

b) L'allocation (x 1 , x2 , •• , Jfl1) est une allocation réali-


1
sable, c. est-à-dire

c) L'ensemble de biens reçus finalement par le monopoleur


est possible pour lui, c'est-à- dire
m .
I <a' - xi) ~- - a1
i=2
d) Le monopoleur est en équilibre comptable, c'est-à-dire
1 1
<p, A ....
X > .;; <p,
A
a >
x
et de plus 1 est un vecteur le plus préféré parmi les vecteurs x 1 possibles
pour lui, c'est-à-dire vérifiant :
m .
x1 ;; I <a' - xi) + a1 ,-xi.: x1
i=2
e) Pour tout système de prix p > 0 et toute allocation
(x 1 , x 2 , ••• , xm) vérifiant les conditions a, b, c ~t d ci-dessus pour ce
système de prix on a :

Théorème 1
Si chaque,écha~giste est doté d'avoirs 1n1t1aux ai tels qu'il existe
b~ Xi vérifiant a 1 > b1, et si les champs de préférences vérifient les hy-
pothèses (1) à (7) ci-dessus, alors il existe un équilibre monopoliste.
65

La démonstration utilise la méthode de restriction du domaine·des


préférences introduite par ARROW et DEBREU (J) pour démontrer l'existence
d'un équilibre concurrentiel (2). On construit alors un équilibre monopoliste
en supposant les champs restreints. On montre ensuite que c'est un équilibre
monopoliste pour l'économie initiale.

a) Restriotion des domaines.

Soient :
m m
X =l X.1 a =l ai
i= 1 i=I
S'.il existe une allocation d'équilibre elle doit itre possible,
c'est-à-dire qu'elle doit vérifier
m .
I x1 <
i=I
soit encore

0 <
=

comme simultanément
m
l ai - ~l -xi "'
,._ a - X,, on a
i=l i=!
m . m .
l a1 - I x1 t: {(a - X)
i=I i=!
Formons alors les ensembles suivants :

X.=
1
{xilxi E. X., (a -
. 1
l
'.J.
X
s
i = 1, 2, ... , m
lrS

Ces ensembles ont les propriétés suivantes

x.11/J,
1
../i=2, .. .,m
sous les hypothèses du théorème. En effet :

a i < bi
donc
m . m m i
l bl < l~ a i =====> o < l a
i=! i=! i=I
et donc :

( 2) Vo.<A VEBREU (3.) , eha.pd.!Le V.


66.

S i(Al
o Am, p
x , ... , x
. xi pour
A) est un équilibre monopoliste, xi€. --
tout i. En effet toute allocation d'équilibre devant être réalisable, elle
doit vérifier les inégalités dont nous somnes partis.
- ~
Xi est un sous-ensemble convexe de Xi.Xi est l'intersection de deux
ensembles convexes, l'un est R~, l'autre s'obtient comme sommes et différences

-
d'ensembles convexes,
~

X·i est borné. Considérons une suite quelconque {x1»} de points de Xi•
Par construction elle vérifie 1 1 inégalité :
xi" < a
= -l X
Sv
'
V = 1' 2' ... ; s # i
s#i
n i > ci ) y
Comme xi" 6 x. C. R+, il existe c i €Rn tel que X = 1 ' 2,
l +
. -
De meme . .
i 1 existe c
s te 1 ,que x sv ~ c s , V= 1, 2, ... ; s r
.J.
i . Donc
xl.>l. est borné inférieurement par ci, est borné supérieurement par a - c 8 , ceci l
quelle que ·soit la suite considérée. s#i

b) Construction des fonctions de demandes des échangistes 2, 3, ..• , m


,.,.
Comme les ensembles Xi sont bornés (i = 2, ... , m) on peut t9ujours
5;.\mstr~i':'e ~n.cube C = {xJ(j ~ Xj ~ ?j• j = !, 2, .. ., n} tel que o, b 1 e Cet
xi c. c·. inter1eur de c. -
Remarquons ~lors que les ensembies C f'Xi(i = 2, ... , m) sont compacts
car fermés et bornés, convexes, car formé de l'intersection de deux ensembles
èonvexes et non-vides car xi C. (C f'l Xi).

Définissons sur ces ensembles les fonctions de demande des m - 1 échan-


gis tes 2, 3, ...
' m comme $UÎt ·I

Di(p) = {xiJ<p, xi> < <p, ai> i


X E:. (C (\X.)
' i
xi~. x quel que soit x6. (cl\Xi) te1 que <p,x> < <p,ai>}
ri =
Ces fonctions de demande sont les propriétés suivantes :

Pour tout p· '.'. o, Di(p) est convexe, compact et non-vide. En premier


lieu pour tout. p ~ o, Il existe tm,ij oui;-s au moins un x 6 (C (\X.) tel que
<p, x> ~ <p, ai> : en effet bi < a1, bi é (C (\.Xi) vérifie touj~urs simulta-
nément ces deux conditions. L'ensemble des points x vérifiant ces deux condi-
tions est convexe et compact car C () J:li est convexe et compact, ·et l'ensemble
des points x vérifiant <p, x> $ <p, a 1 > est convexe et fermé, leur intersec-
tion est donc convexe et compa~te. Comme la relati·on de préférence est conti-
nue il existe un point au moins de cette intersection qui est le plus préféré et
l'ensemble des points les plus préférés est compact, Comme la relation de pré-
férence est convexe les éléments les plus préférés forment un ensemble convexe.

Di(p) est homogène de degré 0, puisque la contrainte budgétaire est


homogène de degré O. Nous ne considérons donc que le simplexe
n
p = {p\p ~ 0, l p. = !}
n j=J J
67

Di(p) est une applica~ion fermée de.Pn dans C. Il nou~ suffit de


montrer que pour toute suite {xiu} de points convergean> vers xi et toute
S1;lite..{pV} de points de Pn convergeant vers p €. Pn si xiV6 oi(pv) alors
xiG oi (p) .

. Soient donc {pv}, Hm pv =pet {xiv}, Hm xiv =xi, xi'i:: Di(pv).


Comme x~"e oi(pV), xive(C nxifcÏui est fermé! et donrxi G (C (\Xi).
Conme :iciYvérifie la c.ontrainte budgétair~ xi la vérifie aussi en vertu de la
c<;>ntinuité ciu produit intérieure : <p, xi> ~ <p, a·i>. Montrons alors que .
x' est préféré à tout x t (C ('\ Xi) vérifiant la contrainte <p, x> ~ <p, ai>.
i
i
Remarquons que <p, a > > o pour tout p ~ o car a > bi n
€ R+· Soit
alors

À'\) ; v=l,2, ...


i i V i
max [ <p V , a + b > , <p , x + b >]

où x est un vecteur de C 1\ X.i vérifiant la contrainte budgétaire pour p.


On a :

.1 > ÀV > 0 v=l,2, ...

et comme x vérîfie la contrainte budgétaire pour p et que le produit intérieur


est continu :

< ' ai + bi>


Lim "·v = ----...,..-'---:------...,-- =
v->«> max[<p, ai + bi> , <p, x + bi>]

Posons alors xv = (1-Àv)bi + Àvx, V= 1, 2, .•.

Comme (cnx.) est convexe, biG. (x.n C) et xé(X. (\.c)


i i i
xV (X.(\ C)
i

Or comme par hypothèse xi est un élément le plus préféré de ~Xi () C) parmi


ceux qui vérifient la contrainte budgétaire pour pV, on a : xi V 1i xV, v = 1, 2, ••

Comme la relation de préférence est continue on a, à la limite,


i
X ~i x. Donc xit; oi(p).

a) Fonctions de réponse de l'ensemble des monopolée,


A toute proposition de prix p ~ o du monopoleur, l'ensemble des
autres agents répond par la proposition d 1 échanges nets. suivante :
m . m .
O(p) = l ai - l Di(p)
i=2 i=2
68

qu'on écrira plus simplement O(p) = a - D(p) en posant


m .
a=l a'
i=2
et
n .
D(p) l D'(p).
i=2
Les biens que ces agents, globalement, sont disposés à céder au monopoleur
apparaissent avec le signe positif, les biens qu'ils voudraient acquérir avec
le signe négatif.
i
L'application O(p) a les mêmes propriétés que les applications D (p),
à savoir

O(p) est convexe, compact et non-vide pour tout p l 0


O(p) est homogène de degré 0,
O(p) est une application fermée de P dans /', avec
n
6 = a- (C + c + ... + C)

m- fois

d) Construction de Z'équiZibre monopoliste


d.I) Considérons dans P
n
l'ensemble Pn défini counne suit

Pn = {plp G Pn' 3x 6 O(p) : x + a 1 ~ o}


où a 1 est la dotation.initiale du monopoleur.

P possède' les propriétés suivantes


n
Pn f' r/J, En effet 1 1 ensemble des agents non-monopoleur remplit les
conditions d'existence d'un équilibre concurrentiel (les prix d'équilibre y
sont même strictement positifs). Soit p le système de prix d'équilibre concur-
rentiel de cette sous économie. On a pour tout x é O(p), x ~ o, et donc
X + al > o. Donc p- e P -
n'
.
Pn ~st fermé. Supposons en effet le ~ontraire et soit {pV} une suite
de points de Pn convergeant vers un point p fj:. Pn• Soit alors· {xV} une suite de
points xV E: 0 (p V) vérifiant xv + a 1 ~ o, Une telle suite existe toujours par
hypothèse, et appartient au graphe de 1 1 application O(p) définie sur Pn· ·1 1 ap-
plication étant fermée on peut toujours choisir une sous-suite {pv', x~'}
qui converge vers {p,x}, avec x E; O(p). Counne x~' + a 1 6 o, x + a 1 6 o, ce qui
contredit p t Pn ·

d.2) Considérons alors l'application O(p) définie sur P et qui


n
associe à tout p" ·P l'ensemble O(p) défini par
n
ij(p) = {xlx e~(p) et x + a 1 > o}

Cette application est également fermée et son graphe est compact.


69

=
Soit maintenant l'ensemble P défini par :
n
Pn = {plp € P,
n
O(p) + a 1(1X, ./
~
91}
=P a des propriétés analogues à P, c'est-à-dire :
n n
P est non-vide pour la même raison que P . Il contient en effet
p système dR prix d'équilibre concurrentiel d'une é2onomie ne comprenant
que les agents non-monopoleurs en vertu des hypothèses posées sur les avoirs
initiaux et de l'hypothèse 3) posée sur les champs de préférences.
=
Pn est f~rmé. La démonstration est analogue à celle donnée pour la
même propriété de Pn ; cette propriété tient au .fait que X1 est fermé.
-
d.3) Considérons enfin l'application O(p) définie sur Pn comme suit
=
O(p) = {xlx O(p) + a 1 (\xi}
=
= Cette application est fermée et l'ensemble X, des points x tels que
xé.O(p), p €. Pn est compact car fermé et borné. ~omme la relation de préfé-
rencll du monopoleur est continue, il existe x 1 E. XI tel que x1,> i X pour tout
x € X1• A ce vecteur x 1 correspond un vecteur prix p. Ce vecteur est le vecteur
prix cherché.
m i m •
x 1 € la - l 1
D (p) + a 1 , et tout ensemble de m-1 vecteurs x 2 , .. ,xm
i=2 i=2
tels que xi E- Di(p) et
ailocation d'équilibre. i=2
ai I
i=2
I
xi + a 1 = x 1 , constitue avec x1 une

Le (m+I) - tuple (x 1 , x 2 , , xm; p) est un équilibre monopoliste.


Il vérifie en effet les cinq conditions définissant. un équilibre monopoliste
sur l'économie initiale (sous la restriction des domaines posée).
Ai
a) pour chaque échangiste i = 2, ••. , m, x est un ensemble de biens
le plus préféré parmi tous les xi xi.vérifiant <p, xi> ~ <~, ai>, Su~posons le
contraire, c'est-à-dire qu'il existe xl €Xi tel que xi 1 J: xl et <p, xl> ~ <p, ai>.

Al ors comme X i est convexe tout point y i du segment [ x i ,xAil appartient


o ,

En vertu des hypothèses de convexité de la relation de préférence tout


point du segment à l'exception de xi est strictement préféré à xi, .Enfin tous
les points du segment vérifient la contrainte budgétaire. Comme xi est un point
intérieur de C on peut toujours choisir un point du segment qui sera strictement
préféré à xi et qui appartiendra à (C (\Yi) ; ce qui contredit xi€ Di(p).

b) L'allocation (x 1 , ... ' xm) est réalisable par construction.

o) L'allocation (x 1 , x 2 , ... ' xm) est possible pour le monopoleur


par construction.

d) L'équilibre budgétaire du monopoleur résulte du fait que sous les


hypothèses du théorème.chaque ag~nt non-monopoleur est en équilibre stricte,
c'est-à-dire que <p, xl> = <p, a 1 > pour i = 2, ••• ,m. En effet, en vertu des
hypothèses posées sur les champs de préférence il existe xi é Xi tel que
70

xi>. xi (il suffit de prendre xi ) xi - hypothèse 6). Tout point yi du


segm~nt [xi ,xi], à 1' exclusion de xi' est strictement préféré à xi (cf. a
page précédente).

Si on suppose que pour un certain i (=2, .. , m) on a <p, xi> < <p, ai>,
on peut alors choisir un yi assez proche de xi pour vérifier cette inégalité dans
ce cas xi n'est pas un point le plus préféré parmi ceux qui respectent la con~
trainte budgétaire.

Enfin x 1 est un vecteur le plus préféré parmi ceux qui vérifient


m m
X < Iai -i
X I+ al ,
i=2 i=2
en vertu de l'hypothèse 6) sur les préférences.

e) Pour tout système p ~ o et toute allocation (x 1 , x ,


2
••• , xm)
- .... 1 1
vérifiant les conditions a, b, cet d ou a x ~1x . Ceci est évident pour tout
p E Pn étant donnée la construction de la solution. Il reste à montrer que pour
p = o on ne peut pas avoir d'équilibre. Or l'hypothèse 6), qui est une hypothèse
d'insatiabilité exclut cette possibilité.

La condition posée sur les avoirs initiaux peut paraître assez forte,
puisqu'elle revient à supposer que chaque échangiste est doté d'une quantité
strictement positive de chaque pien. Elle intervient lorsqu'o..n démontre que
Di(p), p G Pn·

Il est cependant possible d'élargir la condition imposée sur les


àvoirs initiaux, et de poser simplement ai~ bi en utilisant une méthode dont
s'es~ ser~i NIKAIDO (5) pour généraliser les résultats de NIKAID9 (4), et qui
consiste a : . . .·
a) .restreindre le domaine Pn à P~ de telle sorte que D (p) soit
1

fermée sur pl.


n .
1
b) Etendre l'application D (p) définie sur Pi à P de telle sorte que
l'extension obtenue soit une application fermée sur P ~ n
n
c) Construire O(p), O(p), O(p) etc ... conme précédelllllent.
m d) Montrer que l'équilibre monopoliste ainsi obtenu est tel que
p i=2
Pi.
n
Il est possible alors de démontrer le théorème suivant (3)

Théorème 2 :

Si chaque.écha~giste est doté d'avoirs initiaux ai tels qu'il existe


i:,i é Xi vérifiant al bl, si les avoirs initiaux des agents non-monopoleurs
vérifient :
m .
> i=2l b1,
si les champs de préférence de tous les agents vérifient les hypothèses (J) à
(7) et si les préférences des agents non-monopoleurs sont strictement monotones,
il existe alors un équilibre monopoliste.

(3) On en btouveJta la. démoru.:Ota:-tlon daru. nobte .thèoe.


71

B - E:U-6.tenc.e d'un é.qu,i,Ubfl.e da.YLJ.i .te .oec.ond .oy.o.tème monopo.U.0.te

Rappelons que dans ce système le processus d'échanges s'effectue


en deux temps, et que la détermination de la répartition finale des biens
entre les échangistes dépend des hypothèses particulières sous lesquelles
s'effectuent les échanges entre les agents 2, 3, ... , m au cours du second
stade du processus. La première tâche consiste donc à définir ce qu'il
faut entendre par équilibre du premier stade du processus. Si sous certai-
nes conditions cet équilibre existe il faut alors examiner les situations
des agènts 2, 3, ... , m, et si celles-ci correspondent aux hypothèses sous
lesquelles les économies fonctionnant selon le système juridique supposé
pour le second possèdent un équilibre, il existe un équilibre général pour
l'ensemble du processus. Nous n'établirons ici que l'existence d'un équi-
libre pour le premier stade du processus.

Nous noterons pi(i = 2, ... , m) le système de prix utilisé par le


monopoleur pour ses échanges avec l'agent i.

Définition de l'équilibre premier stade du pr•ooessus.

On dit que le (2m - !) - tuple


.... m ... z
( -1
X , -X 2 ,
... ,X' p' ... '
constitué de vecteurs xit. X. (i = !, ... , rn) et de m - 1 systèmes de prix
pi ?: o (i = 2, , .. , m) est ufi équilibre du· premier stade du processus rnono-
poliste du second type, s'il vérifie les conditions suivantes

-1
a) Pour chaque agent à l'exception du monopoleur x est un ensemble ·
de biens le plus préféré parmi les xi E X. tels que
1
... i ï ... i i
<p , X > ~ <p , a > i = 2, ... , m

b) L'allocation (x 1 , x 2 , ••• , xm) est une allocation réalisable,


c'est-à-dire
m i
I a
i=l
a) L'ensemble de biens reçu finalement par le monopoleur est un
ensemble possible pour lui, c'est-à-dire

y (ai - xi) > - a 1


i=2

d) L'ensemble de biens x 1 est un ensemble le plus préféré parmi les


ensembles x 1 possibles pour lui, c'est-à-dire vérifiant
m . .
x' ::: Ica 1 - x1
) + a', x 1 e x,
-i=2

e) Pour tout système de prix (p 2 ' p 3 ' •.• ' p m) et toute allocation
(xi, x2, •.• , xn) vérifiant a, b, c et d pour ce système de prix, on a :
-1 '- xi
X 'T l
72

11 est possible de démontrer un théorème.analogue au premier


théorème d'existence précédent. Nous n'en donnerons pas la démonstration,
qui est en tout point semblable.

Théorème J

Si chaque échangiste est doté d'avoirs initiaux ai tels qu'il


existe bi é Xi vérifiant ai > bi, si les champs de préférence vérifient
les hypothèses ( 1) à (7), alors il existe un équilibre pour le premier
stade d'un processus d'échanges dans une économie monopoliste du second
type.

La généralisation correspondant au second théorème du point A)


.•Précédent n'est pas ici possible. L'hypothèse équivalente à l'hypothèse
m • m .
}:al> }:hl
i=2 i=2

serait ici ai) hi pourtant i = 2, ... , m qui est justement l'hypothèse qu'on
désire affaiblir.
B I B L I 0 GRA P H I E

1. - K. J. ARROW e:t G. DEBREU - "EX..U...te11c.e on a.11 Eqc.UübJU..urn noJt a.


CompWtive Ec.011orm/ -
Ec.011ome:tJU..c.a. Vol. 22 11' 3
(juLU.e:t 19541

2. - H. CAMPAN - "PJU..x, PJtoù)..tô, Ca.pda.l e:t PJtoduc.tio11,


Rema.Jtqu.e ou.Jt dM c.on.tJtov<?-MM a.11ue1111u
e.t Jtéc.en.tu" - (a.Jttic.le ot.Uva.11.t) •

Il
3. - G. VEBREU - "ThéoJU..e de la. Va.leu.Jt - Vu11od 1966

4. - H. NIKAIVO - "011 .the Cla.M.tc.a.l Mu.l.tila..teJta.l Exc.ha.11ge


PJtoblem"- Me:tJtoec.ono~c.a. 1956 p. 135-145

5. - H. NIKAIVO - "A Supplemen.ta.Jty No.te .to "On .the ClMo.tc.a.l


Mu.l.tüa..teJta.l Exc.ha.nge PJtoblem" -
Me:tJtoec.onom.tc.a. 1957 p. 209-210

6. - M. PUZZO - "Le Pa.JtJta..tn".

7. - L. SHAPLEY e:t M. SHUBI K - "Conc.ep.tô a.nd .theoJU..M on PMe Compe,U..û.011 "


.tn E-0-0a.y-0 .tn Ma..thema..t.tc.a.l Ec.onom.tu .tn
HonoJt on Ooka.Jt MoJtgeno.teJtn - M. Shub.tk
edUoJt - PJU..nc.e:ton Un.tv<?-MUy PJtMo 196 7
74

DI S CUS S I 0 N
La discussion de cet article à la réunion d'octobre 1971, avec
E. CAMPAN, H. CAMPAN, C. CRAMPES et B. MARRIS a permis de mettre en lumière-
1' élément fondamental du droit de monopole. Nous rendons compte ici de cette
discussion et de la nouvelle réflexion qu'elle a provoquée,

A) La discussion a mis en évidence l'importance de la discrimination


dans le pouvoir de monopole et le fait que ce pouvoir fait du monopoliste un mar-
chand qui achète pour revendre en prélevant pour son propre compte des marchan-
dises indépendamment de toute fourniture personnelle de services, c'est-à-dire
indépendamment de toute dotation initiale en travail notamment.

On peut mettre en évidence ce qui nous semble maintenant essentiel


dans le pouvoir de monopole en comparant le schéma de la page à un nouveau
schéma que nous allons proposer. Dans le schéma de la page -qui correspond au
modèle I- le monopoleur apparaît comme un coéchangiste disposant d'avoirs ini-
tiaux et qui par conséquent fournit effectivement des services. Son droit d'an-
nonce monopolistique lui permet de se placer au point E plutôt qu'au point C de
la courbe de contrat et d'accroître par là son utilité davantage qu'il ne pour-
rait le faire en équilibre concurrentiel. Mais il est clair qu'il apporte néces-
sairement quelque chose dans l'échange en puisant dans ses avoirs initiaux.
L'importance des avoirs initiaux tient à l'absence de discrimination dans l'exer-
cice du pouvoir de monopole.

Au contraire sur le nouveau schéma que nous proposons, l'agent qui bé-
néficie d'un droit d'annonce monopolistique, agent dont la fonction d'utilité
n'apparaît pas dans le schéma, retire son revenu en l'absence de tout avoir initial
de la pratique de la discrimination dans l'annonce des prix d'achat et de vente aux
agents 1 et 2.
....-~~~-~.,--~-..:,~,--~~~~~~~~~~,--~......,~
1

.. 1

'
75

Sur ce schéma seuls figurent les agents 1 et 2 qui sont les mono-
polés. Ces deux agents maximisent leur fonction d'utilité face à deux systèmes
de prix différents qui leur sont proposés par le marchand monopoleur. A ces
tarifs discriminatoires l'agent 1 offre la quantité ac de bien A, demonde la
quantité ai3 de bien B. L'agent 2 offre la quantité .ay de bien B et demande la
quantité ab. de bien A. On voit par exemple que le monopoleur achète la quantité
ac de bien A à l'agent 1 et revend la quantité ab à l'agent 2 en prélevant au
passage le surplus be grâce à la discrimination. Simultanément il prélève un
surplus Sy dans son opération d'achat et de revente du bien B. Cette conclusion
recoupe dans le modèle II, point c de la définition de l'équilibre (page 71), la
possibilité de prélever un surplus sans prestation de services dans le cas où
a est nul.

Il est important de bien voir que le monopoleur propose à chaque agent


plusieurs systèmes de prix, c'est-à-dire des prix d'achat et des prix de vente
différents. Sur le schéma III relatif à la situation d'un monopolé particulier
les propositions du monopoleur sont représentées par deux droites passant par le
point Q des dotations initiales du monopolé.

La demi droite QX représente la proposition : "J'achète du bien B et


je vends du bien A au prix représenté par la pente QX". La demi droite QY traduit
la proposition: "Je vends du bien B et j'achète du bien A au prix représenté par
la droite QY". Suivant la forme de sa carte d'indifférence le monopolé e~timera
qu'il lui est utile de répondre à l'une ou à l'autre de ces deux annonces. Dans
notre cas de figure le monopolé trouve avantage à se placer au point Q' qui accroît
son utilité. Il vend du bien B en échange du bien A.

Il n'est pas dupe de la pression qu'exerce sur lui le monopoleur. Il se


rend bien compte en effet que si au prix QY (celui auquel il ne peut pas répondre)
il pouvait -contrairement à la proposition qu'on lui fait- acheter du bien A et
vendre du bien B, il augmenterait bien davantage sa satisfaction en se plaçant en
Q" •
Tb

La puissance du pouvoir de monopole d'annonces discriminatoires


est encore plus grande qu'il ne le paraît dans les schémas ci-dessus, Dans
ces schémas en effet le monopoleur annonce seulement deux systèmes de prix
aux monopolés. En fait il lui est possible de proposer plusieurs systèmes
de prix et d'acheter et de vendre effectivement chaque unité de bien A et
de bien B à des prix différents. C'est la pratique de la discrimination par (l)
les quantités. Elle correspond à l'usage le plus abusif du droit de monopole .,

B) A la réflexion le pur droit d'initiative du monopoleur dans les


annonces semble représenter assez bien les annonces de salaires et de prix
par les entreprises en régime de propriété privée du Capital. Il est clair
en effet que toute entreprise se trouve dans la situation de proposer l'achat
de travail et la revente de ce travail sous forme de marchandises à des tarifs
discriminatoires après avoir prélevé un surplus.

Dans la réalité la forme la plus répandue du "Droit Monopoliste"


est le droit de propriété. des moyens de production et l'on est c'onduit à pen-
ser que c'est précisément ce caractère monopolistique du droit de propriété
qui est à la base du taux de profit attaché à la propriété du capital. La pos-
sibilité de prélever des marchandises en l'absence de toute fourniture de ser-
vices représente le privilège du rentier bénéficiaire du revenu du capital,
privilège qu.i lui permet de consommer sans travailler,

Cette discussion et cette réflexion recoupent largement les conclu-


sions qui semblent devoir être actuellement tirées des controverses récentes
sur la théorie du capital (2).

C) Il est vrai qu'en un certain sens le monopoleur fournit un service


et accroît l'utilité collective dans la mesure où, en provoquant des échanges,
il améliore la situation des deux monopolés. Le service rendu consiste à recher-
cher l'imformation sur les potentialités d'échange et il n'y aurait pas de gain
pour le monopoleur s'.il n'y avait pas d'accroissement de satisfaction des mono-
polés. C'est un point sur lequel on attire parfois l'attention. Cependant l'exer-
cice du droit de monopole consiste précisément à monopoliser cette information
et à en empêcher la diffusion. Cette limitation imposée à la circulation de l'in-
formation est l'essence même du monopole. L'activité de recherche et d'échange
d'information est aussi à la base de tout service administratif, On ne voit que
trop naturellement à quels abus peut conduire un système bureaucratique qui enraye
la décentralisation de l'information,

11) PoWL une .utuo;tJi.a.t,i..011 à pune 11.oma.ncée du 6011ct.lo1111ement de ce 9e1111.e de ôlJô-


-tème 011 pou.Ma. ôe 11.epoll.tetr. à l' exceU.en-t ouvtr.a.ge oWL la. Ma.66.la. de MM.la PUZZO [ l.
(2) c0. L'a.ll.t.<.cle ou.lva.11-t de H. CAMPAN, [].

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