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Pr.

MAJIDI
Fatima Zahra
Cours de Macroéconomie &
Pr. LEKHAL
Mostafa

Cycle Fondamental : Sciences économiques et gestion « S2 »


Chapitre III : L'équilibre macroéconomique keynésien

L’analyse macroéconomique s’est effectuée parallèlement au


développement de la comptabilité nationale, est pour une large part à partir des
analyses de J-M Keynes. Ce dernier publie « la théorie générale de l'emploi, de
l’intérêt et de la monnaie » en 1936. À cette époque le monde occidental se remet
lentement et difficilement de la crise économique de 1929. Cette dernière était
caractérisée par un chômage important, une chute de la production et une
importante baisse des prix.
Keynes a proposé dans « la théorie générale » une explication de la crise de
1929 et une politique économique pour remédier à ses effets. L’apport
fondamental de cette théorie consiste dans l’adoption d’une nouvelle approche
d’analyse globale. Il considère en effet que la demande effective est un principal
déterminant de l’activité économique.
L’analyse keynésienne constitue l’un des piliers de la théorie économique,
raison pour laquelle nous allons présenter dans ce chapitre les principes essentiels
de l’équilibre macroéconomiques keynésien.

I- La problématique keynésienne.

Le problème principal posé par Keynes est de savoir comment et à quel


niveau s’établissent la production, le revenu et l’emploi.
Or l’égalité fondamentale de l’équilibre économique est atteinte comme nous
l’avons déjà vu, lorsque :

Production + Importation = Consommation finale + Formation brut de capital


fixe + Variations de stocks + Exportations.
La variation de stocks signifie que tout ce qui a été produit n’a pas été
consommé. La somme des termes de droite de l’égalité ci-dessus constitue la
demande globale effective et c’est celle-ci qui mobilise l’attention de Keynes et
détermine le montant du revenu et du produit national.

II- L’équilibre sur le marché de bien et service.

Pour simplifier l’analyse, nous supposons qu’il n’y a pas d’échanges


extérieurs et de secteur public.
L’étude de l’équilibre économiques peut se faire selon deux optiques
complémentaires : celle du produit national (ou de la production nationale) et celle
du revenu national.

- L’optique du produit :
La production totale est dissociée en production de biens de consommation
et de biens d’investissement. L’égalité fondamentale de l’équilibre s’écrit :
Production = Demande globale (consommation + investissement).
Y=C+I
Cette égalité recouvre celle de l’offre et de la demande. Si les entreprises
produisent, c’est qu’il existe une demande de biens de consommation et de biens
d’investissement.
En remplaçant C par sa valeur fournie au chapitre 2 et en supposant que
l’investissement est une variable autonome la relation précédente devient :
Y= c Y + C0 + I0
- L’optique du revenu :
Le produit intérieur Y étant aussi le revenu national (chapitre I), une partie
de ce dernier est dépensée en achats de biens de consommation et une autre est
non consommée, c'est-à-dire épargnée :
Revenu = Consommation + Epargne
Y=C+S
Et comme Y = C + I = C + S
On en déduit l’égalité fondamentale de l’équilibre économique, celle de l’épargne
et de l’investissement :
I prévue = S prévue (voir l’exemple du cours)
La représentation graphique de la détermination du niveau du produit
(revenu) d’équilibre est faite aux graphiques 1 et 2. Chacun eux correspond à une
étape du raisonnement : le premier ne prend en compte que la consommation, le
second y ajoute l’investissement.

1- La consommation et la détermination du revenu national


d’équilibre.

La fonction de consommation keynésienne a été examinée au chapitre II.


Elle prend la forme d’une droite d’équation :
C = c Y + C0
c : est la propension marginale à consommer.
Co : est la consommation incompressible.
C

C = c Y + Co

Co

0 Y0 Y

Graphique 3 : La consommation et le revenu national d’équilibre

On trace la droite de consommation ainsi que la première bissectrice (OE)


qui représente l’ensemble des points tels que C = Y c’est-à-dire ceux pour lesquels
S= 0 (il n’y a pas d’épargne).
Dans ce schéma simplifié, ou la consommation est le seul déterminant de
l’activité économique, l’équilibre se situe au point E et le produit ou revenu
national d’équilibre est Y0.
Au point y0 les désirs de production et de consommation sont identiques.
En d’autres termes, la production prévue par les entreprises correspond
exactement à la consommation prévue par les ménages.
Quand on se déplace sur la droite C = c Y + Co à droite de E, la partie
hachurée correspond à l’épargne car C< Y et S > 0 ; à gauche de E, C > Y il y a
donc désépargne (voir l’exemple du cours).

2- La consommation, l’investissement et le revenu national


d’équilibre.

Si on ajoute aux dépenses de consommation, les dépenses d’investissement,


étant donné que : Y= C + I
On obtient : Y = cY + C0 + I donc Y = (C0 + I)/ 1-c
Le graphique précédent devient :
C

I cY + Co + I

E’

cY + Co

Y1 Y

Graphique 4 : La consommation, l’investissement et le revenu national d’équilibre

Le point E’ est le point d’équilibre, car seulement à ce niveau Y = C + I


A droite de E’, Y > C +I , il y a accumulation de stocks.
A gauche de E’, Y < C +I , il y a déstockage (voir l’exemple du cours).
3- La prise en compte du secteur public.

L’équilibre macroéconomique entre l’offre et la demande globale s’écrivait


jusqu’ à présent : Y = c Y+ C0 + I. La prise en compte de l’Etat dans ce modèle
modifie les conditions de l’équilibre. Quatre précisions sont nécessaires :
- Les dépenses publiques, notées G, s’ajoutent à la consommation C et à
l’investissement I pour définir la demande globale, soit D= cY + C0 + I +G
(Voir chapitre 1).
- Les impôts (T) sont prélevés par l’Etat pour financer les dépenses
publiques. Pour simplifier, nous retenons des impôts forfaitaires : l’Etat
décide du montant des impôts indépendamment de Y.
- Les transferts (F) sont versés par l’Etat aux ménages sous formes
d’allocations diverses (retraite, chômage, etc.)
- La consommation des ménages(C) dépend à présent, non du revenu
distribué (Y), mais du revenu disponible : Yd= Y-T+F, c’est-à-dire du revenu
après déduction des impôts et adjonction des transferts. Nous écrivons alors :

C = c Yd + C0 = c (Y-T+F) + C0

La condition d’équilibre macroéconomique avec intégration de l’Etat (sans


échanges extérieurs) s’écrit :
Y = C + I+G = c (Y-T+F) + C0+ I0 + G0
Y = cY– cT + cF + C0 + I0 + G0
Y– cY = C0 – cT + cF + I0 + G0
Y(1– c) = C0 – cT + cF + I0 + G0
𝟏
Y= [C0 – cT + cF + I0 + G0]
𝟏−𝒄

Remarque :
Si les impôts et taxe sont proportionnels au revenu global :
T= t Y où t est le taux d’imposition. En remplacent T par son expression, le
revenu global disponible s’écrira :
Yd= Y- tY +F
Or Yd= (1-t) Y +F et C = c Yd + C0
C = c (1-t) Y +cF + C0
Donc Y = C + I+G
Y = c (1-t) Y +cF + C0 + I+ G

Ainsi, en résolvant le modèle, on détermine le niveau du produit Y et de la


consommation C en fonction du niveau de l’investissement I, des dépenses
publiques G, des taxes tY et de Co (voir l’exemple du cours).
𝟏
Y= [C0 + cF + I0 + G0]
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)

Le graphique ci-dessous illustre la détermination de l’équilibre économique


en présence de dépenses publiques.

C Demande totale

I C + I+ G
G E” C+I

C
G

0 Y* Y
Graphique 5 : l’équilibre économique en présence de dépenses publiques

4- Le multiplicateur et l’équilibre macroéconomique.

Le multiplicateur désigne le pouvoir potentiel dont dispose une économie à


multiplier sa production (revenu) suite à un accroissement de la demande.
Une variation de la demande implique une variation de la production. Cette
dernière, génère des revenus qui à leur tour engendrent un accroissement de la
consommation, donc de la demande et par la suite de production etc.

4-1- Le multiplicateur d’investissement.

Supposons que l’économie soit décrite, à un instant donné, par la relation


d’équilibre : Y= C + Io. De combien s’accroît le revenu national d’équilibre si
l’une des composantes autonomes de la demande globale s’élève ? Quel est, par
exemple, l’accroissement du revenu si l’investissement Io augmente en raison de
l’optimisme des entrepreneurs ?
Cette décision d’investir, qui se traduit par la mise en service d’un capital
productif additionnel, a pour conséquence d’augmenter l’emploi et les revenus
des salariés. Cette hausse des revenus accroît la consommation et la production.
L’augmentation de cette dernière se traduit par la distribution de nouveaux
revenus à une autre catégorie de salariés. En conséquence, l’investissement
additionnel initial aboutit à une croissance du revenu national supérieure au
montant de cet investissement initial.

- La formulation du principe de multiplicateur


Le circuit des revenus et des dépenses que nous venons d’exposer peut se
formuler d'une manière simple :
ΔY = k Δ I0
Avec Δ Y = accroissement de revenu
Δ I0 = accroissement de l’investissement
K = multiplicateur d’investissement
La question revient alors à calculer k et à rechercher les facteurs qui le
déterminent. Le multiplicateur d’investissement dépend de la propension
marginale à consommer : plus celle-ci sera forte, plus l’accroissement de la
production et du revenu national sera important ; plus la propension marginale à
consommer sera faible, plus réduit sera l’accroissement de production et du
revenu national.
Nous pouvons formaliser ce raisonnement sous forme d’une relation
algébrique :
Δ Y = k Δ I0

D’où k = Δ Y / Δ I0
Or Y = C + I0
Donc Δ Y = Δ C + Δ I0
D’où Δ I0 = Δ Y - Δ C

En remplaçant I par sa valeur on peut écrire :


ΔY
K=
ΔY− Δ C

En divisant par Δ Y, nous avons :


𝟏
K=
𝟏−𝚫 𝐂/𝚫 𝐘
ΔC
Or = la propension marginale à consommer.
ΔY
ΔC
D’où 1- = la propension marginale à épargner.
ΔY

Conclusion : le multiplicateur d’investissement est égal à l’inverse de la


propension marginale à épargner.
Tout accroissement de revenu qui ne se répercute pas en accroissement de
consommation est une « fuite » qui diminue d’autant l’effet multiplicateur de
l’investissement initial. M. Barre recense quatre origines possibles de fuites :
✓ L’épargne qui peut être soit investie ultérieurement, soit mise en réserve
sous forme d’encaisses liquides ;
✓ Le remboursement de dettes bancaires ;
✓ L’achat de titres représentatifs de capitaux existants ;
✓ Les dépenses sur biens importés qui profitent aux producteurs des pays
étrangers.
A titre d’illustration, le tableau ci-après reproduit l’effet d’un accroissement
de l’investissement de 1000 sur le revenu national dans l’hypothèse d’une
propension marginal à consommer égale à 0,5 :

Effet multiplicateur d’un investissement non répété

Accroissement Accroissement
Accroissement de Accroissement cumulé
Périodes de la consommation du revenu par
l'investissement du revenu
par période période

1 1000 - 1000 1000


2 - 500 500 1500
3 - 250 250 1750
4 - 125 125 1875
5 - 62 62 1937
6 - 31 31 1968
7 - 16 16 1984
8 - 8 8 1992
9 - 4 4 1996
10 - 2 2 1998
-
-
-
N

Dans notre exemple K = 1 / ( 1 - 0 , 5 ) = 2


C'est-à-dire que 1‘investissement de 1000 millions de dirhams procurera un
supplément de revenu national d’environ 2000 millions (Δ Y =2 X 1000).
Le multiplicateur d’investissement est un modèle théorique qui repose sur
deux conditions :
✓ L’économie doit être en situation de sous-emploi : I entraine Y à condition
que le travail et le capital soient partiellement inemployés, et ceci dans tous
les secteurs de l’économie, sinon la hausse du revenu ne sera que monétaire
et débouchera sur un processus inflationniste.
✓ La propension marginale à consommer doit rester stable.
- Le multiplicateur et la réalisation de l’équilibre économique :

A un moment donné, une économie est en un point d’équilibre tel que E 0


sur le graphique 6. L’accroissement de l’investissement entraine une
augmentation de la demande globale :
La droite C + I0 s’élève à C + I0 + Δ I0 et E1 est le nouveau point d’équilibre.
Celui-ci est obtenu lorsque le jeu du multiplicateur à produit tous ses effets, c'est-
à-dire lorsque.
𝟏
ΔY= Δ I0
𝟏−𝚫 𝐂/𝚫 𝐘

I0 C + I0 + Δ I0

E1

Δ I0 C + I0

Δ I0 E0

ΔY

Y° Y1 Y
Graphique 6: Le multiplicateur et l’équilibre économiques

4-2- Multiplicateur et la politique budgétaire.

La condition d’équilibre macroéconomique avec intégration de l’Etat


s’écrit :
𝟏
Y= [C0 – cT + cF + I0 + G0] (1)
𝟏−𝒄

Cette égalité montre que L’Etat peut utiliser trois variables pour réguler la
conjointure : les dépenses publiques, les transferts publics et les impôts. Ces trois
variables agissent sur le niveau de la demande globale.
Pour Keynes, l’augmentation des dépenses publiques ΔG, sous forme de
consommation ou d’investissement publics, le versement de transferts nouveaux
ΔF ou la diminution des impôts des ménages ΔT contribuent à rapprocher
l’économie nationale d’une situation de plein emploi. Le budget de l’Etat devient
un instrument actif de la politique économique. Il permet une croissance de la
demande globale. En relançant l’activité, il a des effets d’entrainement positifs sur
l’ensemble de l’économie, effets qualifiés de multiplicateurs. Trois
multiplicateurs peuvent être mis en évidence : le multiplicateur des dépenses
publiques, le multiplicateur des impôts et le multiplicateur des transferts publics.

4-2-1. Le multiplicateur des dépenses publiques.

Les pouvoirs publics accroissent les dépenses publiques d’une valeur égale
à ΔG. Ils ne touchent pas à la fiscalité, à l’investissement et aux transferts. Les
variables T, I et F demeurent donc constantes.
Cet accroissement des dépenses publiques ΔG induit une variation du
revenu national ΔY. Lorsque l’accroissement des dépenses publiques a épuisé
tous ses effets, le nouveau revenu d’équilibre est égal à :
𝟏
Y + ΔY = [C0 – cT + cF + I0 + G0 + ΔG] (2)
𝟏−𝒄

En soustrayant l’équation (1) de l’équation (2) nous obtenons :


𝟏
ΔY = ΔG
𝟏−𝒄

La variation du montant des dépenses publiques induit un effet


multiplicateur équivalent à celui provoqué par la variation de l’investissement. La
𝟏
valeur du multiplicateur est
𝟏−𝒄

Remarque : Si les impôts et taxe sont proportionnels au revenu global : T= tY


où t est le taux d’imposition. L’équilibre macroéconomique avec intégration de
l’Etat s’écrit :
𝟏
Y= [C0 + cF + I0 + G0] (3)
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)
𝟏
Y + ΔY = [C0 + cF + I0 + G0+ ΔG]
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)

𝟏 𝟏
Y + ΔY = [C0 + cF + I0 + G0]+ ΔG (4)
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕) 𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)

En soustrayant l’équation (3) de l’équation (4) nous obtenons


𝟏
ΔY = ΔG
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)
𝟏
La valeur du multiplicateur est
𝟏−𝒄(𝟏−𝒕)

4-2-2. Le multiplicateur des impôts.

Le maniement de la fiscalité T exerce des effets inverses de ceux induits


par les variations des dépenses publiques. L’accroissement des impôts démunie
en effet le revenu disponible des ménages.
En agissant par la fiscalité, les pouvoirs publics réduisent les impôts d’un
montant égal à ΔT. Ils ne touchent pas aux dépenses publiques, à l’investissement
et aux transferts, les variables G, I et F demeurent constantes.
La réduction ΔT de la fiscalité induit une augmentation du revenu national
ΔY. Lorsque la baisse des recettes fiscales a épuisé tous ses effets, le nouveau
revenu d’équilibre est égal à :
𝟏
Y + ΔY = [C0 – c(T- ΔT) + cF + I0 + G0]
𝟏−𝒄
𝟏 𝐜
Y + ΔY = [C0 – cT + cF + I0 + G0] + ΔT (5)
𝟏−𝒄 𝟏−𝒄

En soustrayant l’équation (1) de l’équation (5) nous obtenons :


𝐜
ΔY = ΔT
𝟏−𝒄
𝐜
L’expression est le multiplicateur fiscal.
𝟏−𝒄

Dans la mesure où c, la propension marginale à consommer, est inférieur à


𝐜 𝟏
1, est inférieur à . Par conséquent, l’augmentation des dépenses publiques
𝟏−𝒄 𝟏−𝒄

exerce un effet mécanique plus important sur la variation du revenu national


qu’une réduction d’impôts du même montant. L’effet multiplicateur de la fiscalité
est plus faible que celui des dépenses publiques.

4-2-3. Le multiplicateur par les dépenses de transferts.

Des calculs et un raisonnement identique établissent que les modifications


des dépenses de transferts ΔF agissent sur le revenu national dans le même sens
que les dépenses publiques. Leur effet est cependant inférieur à celui qui
accompagne une variation des dépenses publiques. Le multiplicateur est égal à
𝐜
sa valeur est identique à celle du multiplicateur fiscal.
𝟏−𝒄

5- L’équilibre de sous-emploi.

En critiquant le concept du marché de travail, Keynes soutient que le niveau


d’emploi d’équilibre n’est pas déterminé directement par la confrontation entre
l’offre et la demande de travail. Le niveau de l’emploi dépend de la demande de
travail par les entreprises, laquelle est déterminée à son tour par le niveau de
production, fonction lui-même de la demande anticipée de biens et services,
appelée par Keynes demande effective.
Niveau de la demande effective → Niveau de production → Niveau de l’emploi.
Ainsi, pour un niveau de production Y1*, le niveau de l’emploi L* est
inférieur au niveau de plein emploi (LP). Et la différence entre L* et LP constitue
du chômage involontaire.
Cet équilibre est donc un équilibre de sous-emploi, dans le sens où il y a du
chômage involontaire, c'est-à-dire des personnes qui acceptent de travailler au
taux de salaire du marché W0 et qui ne trouvent pas d’emploi parce que la
demande effective qui s’adresse aux entreprises ne justifie pas leur emploi.
Keynes estime que l’ajustement de l’offre et de la demande sur les marchés,
y compris celui du travail, se réalise par les quantités plutôt par les prix, ces
derniers étant rigides. Si par exemple, la demande de biens est inférieure à l’offre,
le marché ne s’équilibre pas par une baisse des prix mais par une diminution de
la quantité produite, ce qui induit du chômage.
Toutefois, Keynes ne s’arrête pas à ce constat. Il fait des propositions
permettant d’atteindre le plein emploi. Selon lui, si le libre jeu du marché ne mène
pas au plein emploi, l’intervention de l’Etat devient nécessaire. Ce dernier peut,
par ses politiques économiques de relance (augmentation des dépenses
publiques), stimuler la demande effective, et résorber par la même le sous-emploi
(grâce au multiplicateur de dépenses publiques). Ainsi, si la production passe à
Y2*, le niveau de l’emploi passe à LP, et le chômage involontaire s’annule.

III- L’équilibre sur le marché monétaire.

Comme les classiques, Keynes considère que l’offre de monnaie est


exogène. Cependant, il s’oppose à l’analyse classique (voir chapitre 4) en
montrant que la monnaie n’est pas seulement demandée pour la transaction, mais
qu’elle est aussi demandée pour elle-même, pour un motif de spéculation.
Le taux d’intérêt représente pour Keynes le prix de la renonciation à la
liquidité.

1- L’offre de monnaie.

L’offre de monnaie est la quantité de monnaie mise, à un moment donné, à


la disposition du public par le système bancaire (Banque centrale et banques
commerciales). La banque centrale est en dernier ressort l’institution qui
détermine le volume de la masse monétaire.
Pour Keynes, L’offre de monnaie est une variable déterminée par la banque
centrale, indépendamment du niveau du taux d’intérêt. L’offre de monnaie est
donc exogène.
Taux OM
d’intérêt i

Quantité de monnaie

Graphique 7 : L’offre de monnaie

2- La demande de monnaie.

Pour expliquer la demande de monnaie par les agents économiques non


bancaires, il faut répondre à la question suivante : pourquoi les agents
économiques désirent-ils détenir leur richesse sous forme de liquidités qui ne
rapportent rien alors qu’ils pourraient avec ces liquidités acheter des obligations
qui leur rapporteraient un certain rendement ?

La demande de monnaie keynésienne répond à trois motifs :


- Un motif de transaction qui représente les sommes gardées en dépôts à
vue ou sous forme de billets pour financer les transactions régulières. Les
agents économiques perçoivent la totalité de leur revenu à la fin de mois et
effectuent leurs dépenses tout au long du mois suivant. Ils conservent donc
une certaine somme en argent liquide pour faire face à leurs achats durant la
période considérée. On peut donc poser à priori que la demande de monnaie
pour assurer les transactions dépend du niveau de revenu.
- Un motif de précaution qui représente les encaisses gardées sous forme
liquide pour faire face aux dépenses inattendues et imprévues, l’encaisse de
précaution est directement liée au niveau du revenu.

La demande de monnaie de transaction et de précaution, notée L1, est une


fonction croissante du revenu courant noté Y : L1 = L1(Y) avec L1’ (Y) >0.
Taux L1 L1
d’intérêt i L1=L1(Y)

Quantité de monnaie Y

Graphique 8 et 9 : Demande de monnaie de transaction et de précaution (L1)

- Un motif de spéculation qui représente le désir des agents économiques


de conserver (ou encore de thésauriser) de la monnaie liquide bien qu’elle ne
rapporte pas un intérêt afin de réaliser des placements. L’importance de cette
encaisse liquide supplémentaire appelée encaisse de spéculation varierait en
sens inverses du taux d’intérêt (en considérant la relation inverse entre le
taux d’intérêt et le prix des obligations) :
✓ Lorsque le taux d’intérêt est élevé, le prix des obligations (dans cette
analyse, les titres sont réduits aux seules obligations, simplification qui
n’affecte pas le caractère général de l’analyse) est bas et la demande
spéculative de monnaie est faible. Les ménages ont intérêt à acheter des
obligations bon marché plutôt que détenir de la monnaie ;
✓ Lorsque le taux d’intérêt est bas, le prix des obligations est élevé et la
demande spéculative de monnaie est forte. En effet, les ménages ne sont
pas enclins à acheter des titres au prix fort et ils le sont d’autant moins que
ce prix est élevé et qu’ils anticipent sa baisse. Les ménages ont une
préférence pour la liquidité (voir l’exemple du cours).
A la trappe de liquidité (qui correspond à un niveau très bas du taux
d’intérêt), les individus consacreront toute leur richesse à la détention de la
monnaie car plus tard le taux d’intérêt ne peut qu’augmenter.
La demande de monnaie pour le motif de spéculation notée L2, est une
fonction décroissante du taux d’intérêt, notée i :
L2 = L2 ( i ) avec L2’ ( i ) < 0
Taux
D’intérêt i

i+

Trappe à liquidités

i-

Quantité de monnaie
Graphique 10 : La demande de monnaie pour motif de spéculation

Ainsi, on peut écrire la demande globale de monnaie :


MD = L1 ( Y ) + L2 ( i )
A l’équilibre, l’offre de monnaie doit être égale à la demande de monnaie
autrement dit l’égalité suivante doit être respectée MD= Mo
Le graphique ci-dessous illustre la détermination de l’équilibre sur le
marché monétaire sur le lequel le taux d’intérêt est porté sur l’axe vertical et la
quantité de monnaie (offerte et demandée) sur l’axe horizontal.
Taux
D’intérêt i MD MO

i* E

Quantité de monnaie
Graphique 11 : L’équilibre sur le marché de la monnaie
L’offre et la demande de monnaie s’égalisent au point E, ce qui permet
facilement de déduire le taux d’intérêt d’équilibre du marché i*.

IV- L’équilibre économique en économie ouverte.

Le commerce extérieur exerce une influence importante sur le niveau de


l’équilibre économique.

Soit : M les importations et X les exportations.

Lorsque l’économie s’ouvre sur l’extérieur, l’expression Y = C +I devient


Y+M=C+I+X
Puisque Y = C + S, on a donc : C + S + M =C + I + X
En soustrayant C à chaque membre de l’équation, on obtient :
S+M=I+X
C’est-à-dire :
Epargne + Importations = Investissement + Exportations

1- Le déficit extérieur et l’équilibre.

Quand il y a déficit extérieur, on a M > X


Et S+M>I+X
C + S + M >C + I + X
Donc Y+M>C+I+X

L’offre totale est supérieure à la demande globale ; le schéma est en


déséquilibre et les conséquences économiques sont importantes : réduction de
l’activité intérieure et accroissement du chômage.

2- L’excédent extérieur et l’équilibre.

Quand il y a excédent extérieur, M < X


Donc, S+M<I+X
Et C + S+ M<C + I+ X
D’où Y + M < C + I + X
L’offre totale est donc inférieure à la demande globale. Les conséquences
économiques d’un excédent extérieur sont inverses de celles qui sont dues au
déficit et peuvent souvent se traduire par des poussées inflationnistes.

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