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Cétoacidose diabétique
A. Carlier, C. Amouyal

La cétoacidose diabétique est une complication grave du diabète qui se développe dans un contexte
d’insulinopénie (totale ou, plus rarement, relative). L’activation des hormones de la contre-régulation,
particulièrement du glucagon, favorise la production par le foie des corps cétoniques (l’acide ␤-
hydroxybutyrique [majoritaire], l’acide acétoacétique décarboxylé par la suite en acétone), à l’origine
de l’acidose métabolique pouvant entraîner la mort. La polyurie osmotique secondaire à l’hyperglycémie
induit une déshydratation associée à des pertes d’électrolytes pouvant être majeures. Cliniquement, après
un syndrome cardinal marqué, peuvent apparaître des signes d’acidoses métaboliques comme une poly-
pnée, des troubles digestifs ou des troubles de la conscience et l’haleine cétonique, voire une respiration de
Kussmaul. Le diagnostic de cétoacidose diabétique repose sur la présence de trois critères : une élévation
de la glycémie (parfois modérée dans certains cas), une cétonémie élevée et un pH acide. La prise en
charge urgente, le plus souvent en soins intensifs, consiste en une réhydratation intensive associée à une
insulinothérapie en intraveineux et un rééquilibre hydroélectrolytique, plus particulièrement potassique.
En dehors des hypoglycémies et hypokaliémies qui compliquent souvent la prise en charge, la complication
la plus redoutée, surtout chez l’enfant, est l’œdème cérébral. Pour conclure, la cétoacidose diabétique,
en survenant dans la majorité des cas chez des patients diabétiques connus, pourrait être largement
prévenue par la réalisation d’un diagnostic précoce et l’éducation des patients diabétiques de type 1.
© 2018 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.

Mots-clés : Hyperglycémie ; Cétose ; Acidose ; Potassium ; Œdème cérébral

Plan  Introduction
■ Introduction 1 La cétoacidose diabétique représente l’une des complications
■ Physiologie 1 aiguës les plus sérieuses du diabète. Elle survient le plus souvent
Anomalie du métabolisme glucidique 2 au cours du diabète de type 1 et peut, dans certains cas, consti-
Anomalie du métabolisme lipidique et des cétones 2 tuer le mode d’entrée dans la maladie. Il est également possible
Anomalie du métabolisme de l’eau et des électrolytes 3 de l’observer au cours du diabète de type 2 dans des circonstances

particulières. On assiste à une perpétuelle augmentation de cette
Diagnostic 3
Clinique 3 pathologie ces dernières années. Aux États-Unis, le nombre annuel
Biologique 3 d’hospitalisations pour cétoacidose est passé de 80 000 en 1988
à 140 000 en 2009 [1] . Alors que la cétoacidose était systématique-
■ Étiologies 4 ment fatale avant la découverte de l’insuline en 1922, la mortalité
Insulinopénie absolue 5 observée dans les pays développés est désormais nettement infé-
Insulinopénie relative avec facteurs déclenchant la cétoacidose 5 rieure à 1 %. Elle peut être plus élevée en cas de comorbidité sévère,
■ Formes cliniques 5 chez les enfants ou les personnes âgées [2, 3] .
Grossesse 5 Le pronostic lié à cette pathologie dépend de la capacité du
Diabète africain ou diabète de type 2 cétosique 5 patient à réagir devant une hyperglycémie aiguë et de la rapidité
Diabète de type 1 fulminant 5 d’instauration du traitement. Ce dernier repose sur l’association
Cétoacidose et consommation de cannabis 6 d’une réhydratation, d’une insulinothérapie et d’une correction
■ Diagnostics différentiels 6 des troubles hydroélectrolytiques (en particulier des troubles du

potassium).
Traitements 6
Restauration de l’hémodynamique 6
Insulinothérapie 6
Correction des troubles hydroélectrolytiques 8  Physiologie (Fig. 1)
■ Complications 8
La cétoacidose diabétique se définit comme un déséquilibre
■ Surveillance 9 métabolique résultant de l’association d’une carence insulinique
■ Prévention 9 (relative ou absolue) et d’une augmentation des hormones de
■ Conclusion 9 la contre-régulation (glucagon, catécholamines, hormone de
croissance et cortisol) [4] . L’augmentation du glucagon a une

EMC - Endocrinologie-Nutrition 1
Volume 15 > n◦ 4 > octobre 2018
http://dx.doi.org/10.1016/S1155-1941(18)79592-9
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Figure 1. Physiopathologie du coma hyperos-


↑ Hormones de la
molaire et de la cétoacidose (d’après [6] ).
Carence contre-régulation Carence
insulinique absolue insulinique relative

↑ Lipolyse ↑ Protéolyse Cétogenèse


↑ Acides gras libres ↓ Synthèse protéique minime ou absente
↑ Cétogenèse
↓ Réserve alcaline

↑ Substrats de la
Cétoacidose néoglucogenèse

Triglycérides ↓ Utilisation du glucose ↑ Néoglucogenèse ↑ Glycogénolyse

Hyperlipidémie Hyperglycémie

Glycosurie

Déplétion hydrosodée

Déshydratation Hyperosmolarité

Insuffisance rénale
aiguë fonctionnelle

Coma hyperosmolaire

Cétoacidose

importance majeure dans le développement d’une cétoacidose Tant que la filtration glomérulaire reste conservée, la glycémie
mais elle n’est pas indispensable. En effet, les patients ayant subi est le plus souvent modérément élevée. En revanche, elle peut
une pancréatectomie totale développent une cétoacidose lorsque s’aggraver rapidement avec la baisse de la diurèse osmotique en
l’insulinothérapie est interrompue, et ce malgré l’absence d’une cas d’insuffisance rénale fonctionnelle.
hyperglucagonémie majeure [5] .

Anomalie du métabolisme lipidique


Anomalie du métabolisme glucidique et des cétones
La première conséquence du déficit en insuline et de En l’absence de substrat énergétique glucosé, la cellule se
l’augmentation des hormones de la contre-régulation est tourne vers le métabolisme des acides gras. La carence en insuline
l’hyperglycémie. En effet, l’activation de la néoglucogenèse ainsi que l’augmentation des catécholamines (via leur récepteur
hépatique (dépendante de l’augmentation du rapport gluca- alpha 3) activent l’action de la lipase adipocytaire : c’est la lipo-
gon/insuline et de l’hypercortisolémie) et la non-utilisation du lyse [7] . La dégradation des triglycérides adipocytaires par la lipase
glucose par les tissus périphériques sont à l’origine de l’élévation entraîne une libération massive d’acides gras libres et de glycérol
de la glycémie. Cependant, il faut bien noter qu’une cétoacidose dans le sang. Le glycérol devient un précurseur de la néogluco-
peut aussi se déclarer en l’absence d’élévation majeure de la glycé- genèse hépatique et les acides gras libres sont oxydés en acétyl-
mie. En effet, en cas d’utilisation de pompe externe avec diffusion coenzyme A dans le foie. Dans ce contexte, l’hyperglucagonémie
d’insuline en continue, les réserves d’insuline sous-cutanée étant a un rôle crucial puisqu’elle oriente plutôt l’utilisation de
très faibles, une cétoacidose apparaît très rapidement si le système l’acétyl-coenzyme A vers la voie métabolique de la cétogenèse.
se bloque, et ce avant même que la glycémie n’ait eu le temps de L’acétyl-coenzyme A est ainsi oxydée en corps cétoniques : l’acide
s’élever. ␤-hydroxybutyrique (majoritaire) et l’acide acétoacétique. Libérés
L’hyperglycémie, lorsque qu’elle est présente, entraîne par la dans la circulation périphérique, ces acides peuvent servir de sub-
suite une glycosurie, une diurèse osmotique et une déshydrata- strats énergétiques aux tissus périphériques et sont ensuite filtrés
tion. par le rein puis partiellement excrétés dans les urines.

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Tableau 1.
Critère diagnostique de la cétoacidose selon les recommandations américaine ou anglaise (d’après [10] ).
États-Unis Royaume-Uni
Minime Modéré Sévère
a
Glycémie (mg/l) > 250 > 200 ou histoire ancienne de diabète
pH du plasma 7,25–7,3 7–7,24 <7 < 7,3
Bicarbonate (mEq/l) 15–18 10–14 < 10 < 15
Cétonurie b Positif > 2+
Cétonémie Positif > 3 mmol/l
Trou anionique c > 10 > 12 > 12 NA
État de conscience Alerte État stuporeux Somnolence/coma NA

NA : non applicable.
a
Il existe des cas de cétoacidose euglycémique.
b
Méthode : réaction nitroprusside.
c
Calcul : (Na – [Cl + HCO3 (mEq/l)]) : normal = 12 ± 2.

Un troisième corps cétonique est également produit : l’acétone. Phase de cétoacidose


Il provient de la décarboxylation non enzymatique de l’acide acé-
Elle se caractérise par l’intensification des symptômes préexis-
toacétique et n’a aucune utilité métabolique. Il est éliminé par
tants et l’apparition de nouvelles manifestations cliniques.
voie respiratoire et confère à l’haleine une odeur caractéristique.
La rétention de ces trois corps cétoniques est aggravée par la
Déshydratation
déshydratation et contribue à l’installation d’une acidose méta-
bolique. Elle est secondaire à l’hyperglycémie et à la diurèse osmo-
tique. Elle prédomine sur le secteur extracellulaire et associe pli
cutané, tachycardie et hypotension artérielle. L’évolution vers
Anomalie du métabolisme de l’eau un collapsus cardiovasculaire est à craindre. Une déshydratation
intracellulaire, caractérisée par une sécheresse des muqueuses,
et des électrolytes une soif intense et une hypotonie des globes oculaires, peut s’y
La diurèse osmotique secondaire à l’hyperglycémie et à la associer. Malgré l’importance de cette déshydratation, la diurèse
cétonémie est responsable de la perte importante de plusieurs osmotique reste conservée.
minéraux et électrolytes comme le sodium, le potassium, le cal-
cium, le chlore, le magnésium et le phosphore [8, 9] . Dyspnée
La perte de sodium est majorée par les vomissements. La dyspnée à deux ou quatre temps de Kussmaul correspond
L’hypovolémie qui en découle provoque l’apparition d’un hyper- à une tachypolypnée dont la fréquence apparaît supérieure à
aldostéronisme secondaire. 20 cycles respiratoires par minute. Ce signe clinique caractéris-
De plus, progressivement, le pool potassique global se vide. tique peut être toutefois absent dans les situations d’acidose sévère
En effet, on observe un passage du potassium intracellulaire déprimant les centres respiratoires. La surveillance de la fréquence
vers le secteur extracellulaire favorisé par la carence insuli- respiratoire représente donc un élément fondamental de la prise
nique, l’acidose et l’hyperosmolarité plasmatique. Le potassium en charge thérapeutique.
extracellulaire est alors éliminé par voie rénale du fait de
la diurèse osmotique, des corps cétoniques éliminés en sel Tableau digestif
potassique et de l’hyperaldostéronisme. Il s’installe donc pro- Un tableau digestif pouvant mimer une urgence chirurgicale
gressivement une carence potassique globale mais la kaliémie (notamment chez l’enfant) associe des nausées, des vomissements
(mesure du potassium extracellulaire) peut être élevée, normale ou ou des douleurs abdominales susceptibles d’aggraver la déshydra-
basse. tation. Il se voit dans 40 à 75 % des cas [11] . Une pancréatite aiguë
peut être mise en évidence dans certains cas (particulièrement en
cas de diabète fulminant) [12] .
 Diagnostic
Tableau neurologique
Le diagnostic de cétoacidose repose sur la présence d’une triade Les troubles de la conscience concernent uniquement 10 % des
biologique : hyperglycémie, cétonémie, acidose métabolique. patients. Lorsqu’il existe un coma, celui-ci est calme, associé à une
L’American Diabetes Association (ADA) [10] propose de classer les aréflexie ostéotendineuse et sans signe de localisation à l’examen
patients en trois catégories de gravité dépendantes de la pro- neurologique.
fondeur de l’acidose et des troubles neurologiques : cétoacidose La quasi-totalité des patients (70 %) se présentent dans un état
mineure, modérée et sévère (Tableau 1). stuporeux et les 20 % restants ont une conscience tout à fait nor-
male.
Clinique Hypothermie
Dans la majorité des cas, la cétoacidose diabétique se met en L’hypothermie est fréquente, favorisée par l’acidose et la vaso-
place progressivement (quelques jours). Dans certains cas par- dilatation périphérique. Il est toutefois nécessaire de rechercher
ticuliers, l’apparition est plus brutale, comme chez les enfants, un syndrome infectieux sous-jacent, notamment lorsque la tem-
les femmes enceintes et les sujets âgés, ou à l’occasion du dys- pérature est inférieure à 35 ◦ C.
fonctionnement de la pompe à insuline (obstruction du cathéter,
désinsertion, panne de pompe).
Biologique
Phase de cétose simple Le diagnostic de cétoacidose repose sur trois critères : une gly-
Au cours de cette phase, les manifestations cliniques secon- cémie seuil, la présence de cétone, la confirmation de l’acidose
daires aux anomalies biologiques apparaissent, c’est le syndrome métabolique. La mesure des différents électrolytes dont la kalié-
cardinal : syndrome polyuropolydypsique, polyphagie et amai- mie conditionne également la prise en charge thérapeutique de
grissement. cette urgence médicale.

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Glycémie seuil
Généralement, l’hyperglycémie est franche en situation de ▲ Mise en garde
cétoacidose, souvent supérieure à 2,5 g/l (13,9 mmol/l), seuil
diagnostique proposé par l’ADA (Tableau 1). Ces critères diagnos-
Mesures de la cétonémie et de la cétonurie
tiques sont actuellement débattus [13] . En effet, l’augmentation
du nombre de cétoacidoses pauci-hyperglycémiques comme chez
Mesure de la cétonémie (technique à privilégier)
• Simple et rapide (à l’aide d’un lecteur combinant
les femmes enceintes [14] ou secondaires à la prise d’inhibiteur du
sodium/glucose cotransporteur 2 (SGLT2) [15] tend à remettre en glycémie-cétonémie capillaires).
cause l’un des éléments de la triade : le critère d’hyperglycémie. • Précise (l’acide ␤-hydroxybutyrique est pris en compte).
C’est pourquoi les recommandations anglaises de 2011 [16] ont • Reproductible.
abaissé le seuil diagnostique glycémique à 2 g/l (11 mmol/l). Il y • Permet un diagnostic plus précoce.
est également précisé que l’hyperglycémie n’est pas obligatoire au • Permet de confirmer la guérison plus rapidement que la
diagnostic, la notion d’antécédent de diabète est suffisante. cétonurie.
Mesure de la cétonurie (à défaut)
Présence de cétone • Contraignante (bandelettes urinaires + urines).
La cétogenèse hépatique génère deux types de corps céto- • Imprécise (ne mesure que l’acide acétoacétique d’où
niques : l’acide ␤-hydroxybutyrique et l’acide acétoacétique. résultat sous-estimé).
Physiologiquement, ces deux acides sont synthétisés en quan- • Risque d’erreurs liées aux bandelettes périmées ou mal
tité équimolaire. En cas de cétoacidose diabétique, la production stockées, à l’utilisation d’urines non fraîches, aux inter-
d’acide ␤-hydroxybutyrique est majoritaire. Lors de leur accumu-
actions médicamenteuses (résultat faussement positif ou
lation, ces deux corps cétoniques sont à l’origine de l’acidose
métabolique. Le troisième corps cétonique, l’acétone (issue de la
négatif).
• Diagnostic retardé (élimination urinaire des corps céto-
décarboxylation de l’acide acétoacétique) n’intervient pas dans
l’acidification du sang. niques retardée par rapport à la cétonémie).
En pratique courante, deux méthodes diagnostiques des corps • Confirmation de la guérison retardée (risque de « sur-
cétoniques sont disponibles : la bandelette urinaire et la mesure traitement »).
capillaire de la cétonémie par les lecteurs glycémiques.
La mesure des corps cétoniques capillaires (ou cétonémie) cor-
respond au dosage de l’acide ␤-hydroxybutyrique, la normale est
par insuline [9] . Dans de rares cas, la kaliémie initiale est abais-
inférieure à 0,5 mmol/l. Lors d’une cétoacidose, la concentration
sée suite à des vomissements, une diurèse importante ou à une
est en moyenne de 5 mmol/l mais peut atteindre les 30 mmol/l.
éventuelle prise de diurétiques.
Les bandelettes urinaires, en utilisant la méthode colo-
La natrémie reflète les pertes hydrosodées. Elle peut, dans cer-
rimétrique semi-quantitative au nitroprussiate, ne détectent
tains cas, se révéler normale ou haute mais s’avère le plus souvent
que l’acide acétoacétique et l’acétone. Cette mesure tend à
abaissée. Il est toutefois nécessaire de vérifier qu’il ne s’agit pas
sous-estimer la quantité de corps cétoniques puisque l’acide
d’une fausse hyponatrémie liée à une hyperglycémie ou à une
␤-hydroxybutyrique (acide majoritaire) n’est pas détecté. Ces ban-
hypertriglycéridémie. Le calcul de la natrémie corrigée apparaît
delettes sont également susceptibles de se positiver en présence
donc indispensable. Sa formule est la suivante : natrémie corri-
de substances possédant un groupe sulfhydryle (captopril, péni-
gée = natrémie mesurée + 1,6 × (glycémie [g/l] – 1).
cillamine [17] , N-acétylcystéine [18] ) et être ainsi à l’origine de
Une natrémie corrigée élevée témoigne d’une déshydratation
faux positifs. Des faux négatifs peuvent s’observer lorsque les
intracellulaire associée.
bandelettes ont été conservées dans de mauvaises conditions
L’osmolalité plasmatique est le plus souvent modérément aug-
ou utilisées sur des urines non fraîches. De plus, le monitoring
mentée, entre 300 et 325 mOsm/kg. Associée à une cétoacidose
urinaire des corps cétoniques est en retard sur la réponse thé-
sévère, l’hyperosmolalité est un facteur de risque de trouble de la
rapeutique à l’insulinothérapie [19] . En effet, lorsque la quantité
conscience [23] .
d’insuline délivrée est suffisante pour freiner la voie métabo-
Le trou anionique [Na – (Cl + HCO3 )] est généralement supé-
lique de la cétogenèse, la production d’acide ␤-hydroxybutyrique
rieur à 12 meq/l, ce qui traduit la présence de corps cétoniques
s’effondre rapidement, ce qui n’est pas détecté par les bandelettes
non dosés. L’intensité du trou anionique varie parallèlement à la
urinaires.
diminution du taux de bicarbonates.
Il est donc actuellement recommandé de doser l’acide ␤-
L’urée et la créatinine, lorsqu’elles sont élevées, témoignent
hydroxybutyrique sanguin (cétonémie) au cours de la cétoacidose.
d’une insuffisance rénale fonctionnelle.
Confirmation de l’acidose métabolique
Autres paramètres biologiques
L’acidose se caractérise par un pH artériel inférieur à 7,30. La
réserve alcaline paraît abaissée, inférieure à 15 mmol/l, voire infé- Bien que non indispensables au diagnostic, quelques para-
rieure à 10 mmol/l dans les formes sévères (pH inférieur à 7). mètres biologiques peuvent également préciser la gravité de la
L’utilisation du pH artériel pour le diagnostic de cétoacidose, cétoacidose et orienter la prise en charge thérapeutique.
du fait de sa méthode de prélèvement plus invasive que le pH vei- Il est fréquent d’observer une hyperleucocytose à polynucléaires
neux, est remise en question ces dernières années. Plusieurs études neutrophiles, liée à la démargination des leucocytes secondaire à
ont comparé l’utilisation du pH veineux ou artériel sans montrer l’acidose, à l’élévation de la cortisolémie et des catécholamines.
de supériorité diagnostique à la mesure artérielle du pH [20, 21] . Une Elle ne témoigne pas pour autant de l’existence d’un syndrome
analyse récente de 400 cas de cétoacidose a démontré que le pH infectieux sous-jacent. En revanche, lorsque l’hyperleucocytose
artériel pouvait être raisonnablement estimé par la concentration dépasse les 25 000/ml, il reste recommandé de rechercher un foyer
de bicarbonate veineux [22] . infectieux [24] .
Pour ces raisons, les recommandations anglo-saxonnes [16] pro- L’élévation des enzymes pancréatiques (amylase et lipase) peut
posent l’utilisation du pH veineux plutôt qu’artériel pour le se voir dans 16 à 25 % des cas [25] mais elle ne possède aucune
diagnostic de cétoacidose. valeur diagnostique.

Mesure des différents électrolytes


 Étiologies
Lors de la cétoacidose, le pool potassique global est vide. Cepen-
dant, la kaliémie (mesure du potassium extracellulaire) est le plus La cétoacidose est une complication qui concerne essentielle-
souvent normale, voire haute dans 30 % des cas. Il est important ment les patients diabétiques de type 1. Elle peut révéler la maladie
de se rappeler que le déficit potassique se révèle lors du traitement ou survenir au cours de son évolution. Le diabète dit « africain »

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est une cause fréquente non auto-immune dans cette population


de cétoacidose, celle-ci peut survenir de façon récurrente après
des périodes de rémission de l’insulinopénie, le patient doit en
être informé.
“ Point fort
Facteurs favorisants ou déclenchants de la cétoa-
cidose
Insulinopénie absolue • Méconnaissance du diabète (30 %).
La cétoacidose survient chez des patients diabétiques de type 1 • Inobservance thérapeutique (20 %) ou traitement
au décours de plusieurs situations : inadapté.
• le diabète est méconnu (30 % des cas). La cétoacidose révèle la • Arrêt accidentel de l’insulinothérapie (dysfonctionne-
maladie ;
ment d’une pompe à insuline ou inefficacité d’une
• le diabète est connu et traité de façon inadaptée.
Un facteur favorisant est retrouvé dans 20 % des cas. Il
insuline).
• Facteur médicamenteux (inhibiteurs de SGLT2, tacro-
s’agit essentiellement de troubles du comportement alimentaire
(concernant surtout les filles), de difficultés socioéconomiques limus, pentamidine, L-asparaginase, antipsychotiques
et du déni de la maladie. Ces facteurs s’observent notamment atypiques, etc.).
dans les épisodes récidivants de cétoacidose. La carence insuli- • Infections (30 à 50 %), surtout pulmonaires et urinaires.
nique, dans ces cas, est secondaire à l’arrêt « plus ou moins » • Pathologies intercurrentes (stress, traumatisme, infarc-
volontaire de l’insulinothérapie par le patient. Il peut également tus du myocarde, etc.).
s’agir d’une carence insulinique liée à un dysfonctionnement de • Pathologie hormonale (phéochromocytome, hyperthy-
l’insulinothérapie (problème de pompe ou de stylo à insuline, ou roïdie, syndrome de Cushing).
inefficacité d’une insuline, par exemple insuline ayant été exposée • Grossesse.
à une forte chaleur ou ayant été congelée).
• Facteurs médicamenteux (corticoïdes, ␤2-mimétiques,
etc.).
• Aucun facteur retrouvé (2 à 10 %).
Insulinopénie relative avec facteurs
déclenchant la cétoacidose
Ces situations s’observent fréquemment et concernent
les patients diabétiques connus. Elles sont responsables de  Formes cliniques
l’augmentation brutale et parfois imprévisible des besoins en
insuline non ou insuffisamment compensés. Grossesse
Les syndromes infectieux sont des facteurs déclenchants fré-
quents (30 à 50 %), essentiellement pneumopathies et infections La survenue d’une cétoacidose au cours de la grossesse est une
urinaires hautes (pyélonéphrites) [4] . complication sérieuse, mettant en jeu le pronostic vital du fœtus
Les affections intercurrentes comme les accidents vasculaires et de la mère. Elle survient généralement en fin de grossesse et
cérébraux, les infarctus du myocarde, les pancréatites, les trau- concerne essentiellement les patientes diabétiques de type 1, inau-
matismes sont bien connus pour être pourvoyeurs de cétoacidose gurant parfois le diabète.
chez les patients diabétiques. Elle tend à apparaître plus rapidement que chez les patientes
Également certains traitements peuvent favoriser une cétoa- non enceintes et pour des glycémies plus basses (inférieures à
cidose chez les patients prédisposés, comme les corticoïdes, les 2 g/l). Au cours de la grossesse chez les patientes diabétiques de
sympathomimétiques (par exemple, la dobutamine). Certains type 1 : plusieurs éléments peuvent expliquer le risque plus accru
agents pharmacologiques pourvoyeurs de cétoacidose agissent par de cétoacidose [35] :
un effet toxique sur les cellules b des îlots de Langerhans [26] : • l’augmentation de l’insulinorésistance (2e et 3e trimestres) ainsi
c’est le cas du tacrolimus [27] ou de la pentamidine [6] , de la que l’élévation de certaines hormones (progestérone, cortisol et
L-asparaginase [28] et des antipsychotiques atypiques [29] . Ces prolactine) favorisent l’hyperglycémie ;
dernières années, émergent des cas de cétoacidose parfois sans • les nausées et vomissements favorisent la déshydratation ;
hyperglycémie majeure secondaires à la prise d’une nouvelle • l’alcalose respiratoire de la femme enceinte est compensée par
classe thérapeutique : les inhibiteurs du SGLT2 (thérapeutique une augmentation de l’excrétion rénale de bicarbonates.
non disponible en France à l’heure actuelle) [15, 30] . Devant Le passage des corps cétoniques à travers la barrière placentaire
l’inquiétude suscitée par ces différents cas, la Food and Drug est responsable d’une hypoxie à l’origine d’une souffrance fœtale,
Administration (FDA) a émis une alerte en mai 2015. L’origine pouvant évoluer vers la mort in utero [36] .
de la cétoacidose avec ces traitements n’est pas clairement éta-
blie. Cependant, plusieurs hypothèses physiopathologiques ont
été évoquées. Dans un premier temps, il existe une élévation Diabète africain ou diabète de type 2
asymptomatique du ␤-hydroxybutyrate sous inhibiteurs de SGLT2 cétosique
possiblement liée à la glucopénie relative, allant jusqu’à mimer
les taux mesurés chez les patients sous régime pauvre en glucide. Le diabète de type 2 cétosique (ou diabète africain ou bien dia-
De plus, il a été observé une réabsorption excessive des cétones bète de type 1B) est un sous-type de diabète décrit principalement
par le rein et une baisse du rapport insuline/glucagon [31] . Un chez les patients originaires d’Afrique noir. La particularité de
groupe de travail canadien [31] recommande que tout patient pré- ces patients est de présenter des périodes d’insulinopénie abso-
sentant des signes cliniques de cétoacidose sous inhibiteurs de lue pouvant conduire à une cétoacidose suivies de périodes de
SGLT2 doit se rendre aux urgences quelle que soit sa glycémie à rémission. On observe alors une récupération de la fonctionna-
la recherche d’une cétoacidose. Ils identifient des populations à lité pancréatique parfois totale autorisant au moins un sevrage
plus haut risque de cétoacidose sous inhibiteurs de SGLT2 chez insulinique complet et parfois même une suspension de tous les
qui la prescription de cette thérapeutique doit être plus suivie, traitements pendant plusieurs mois ou années [37] . Les mécanismes
voire remise en cause : patients avec un diabète de type 2 carencés impliqués dans la physiopathologie de cette maladie ne sont tou-
en insuline, régime pauvre en glucide, consommation excessive jours pas connus.
d’alcool, patients peu compliants.
Les pathologies hormonales (hyperthyroïdie [32] , phéochromo-
cytomes [33] , maladie de Cushing [34] , etc.) sont susceptibles de
Diabète de type 1 fulminant
favoriser la survenue d’une cétoacidose chez des patients diabé- Le diabète fulminant de type 1 est un sous-type indépendant de
tiques. diabète de type 1 principalement décrit en Asie, mais aussi dans

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Tableau 2.
Diagnostics différentiels de la cétoacidose (d’après [4] ).
Cétose de Cétoacidose Acidose Acidose Intoxication aux Intoxication au Coma Coma
jeune lactique alcoolique salicylés méthanol ou hyperosmolaire hypoglycémique
éthylène glycol
pH du plasma Normal ↓ ↓ ↓↑ ↓↑ ↓ Normal Normal
Glycémie Normale ↑ Normale ↓ ou normale ↓ ou normale Normale ↑↑ ↓↓
Glycosurie Négative ++ Négative Négative Négative Négative > 500 mg/dl < 30 mg/dl
Cétonémie Légèrement ↑↑ Normale Légèrement ↑ ou Normale ↑ ↑Légèrement ou Négative
augmentée normale normale
Trou anionique Légèrement ↑ ↑ ↑ ↑ ↑ Normal Normal
augmenté
Osmolarité Normale ↑ Normale Normale Normale ↑↑ > 330 mosm/kg Normale
Acide urique Normal ↑ Normal ↑ Normal Normal Normal Normal
Divers Lactates > 200 Mesure Mesure Coma agité
plasmatique : plasmatique :
salicylés positives méthanol positif

les populations caucasiennes [38] . Il est caractérisé par un début Ce traitement doit être réalisé dans une unité de soins intensifs
brutal : cétoacidose suivant une courte période de symptômes si le patient présente des critères de gravité [10, 44] (Tableau 3) :
d’hyperglycémie (< 15 jours) sans auto-anticorps. Au moment du • une cétoacidose sévère (pH < 7) ;
diagnostic, l’hyperglycémie est importante et toujours supérieure • des troubles de la conscience, une hypotension, anasarque ;
à 16 mmol/l, l’hémoglobine glyquée HbA1c est basse (inférieure • des comorbidités ou pathologies intercurrentes sévères (sepsis,
à 8,7 %) (72 mmol/mol), l’insulinopénie est totale et persis- infarctus du myocarde, etc.).
tante (peptide C effondré) [12] . En comparaison avec le diabète de
type 1 auto-immun, les cellules bêta-pancréatiques sont presque
complètement détruites au diagnostic de la maladie et l’on Restauration de l’hémodynamique
observe des dommages substantiels des cellules alpha. L’origine
La correction des volumes extracellulaire et intracellulaire et
de cette maladie est inconnue. Des facteurs environnementaux
la restauration de la perfusion rénale constituent les trois prin-
tels que l’infection virale sont soupçonnés de participer au déve-
cipaux objectifs de la réhydratation. Débuter une réhydratation
loppement de cette pathologie [39] . Récemment, quelques cas de
intensive seule en début de traitement a l’avantage de permettre
diabètes fulminants ont été décrits à la suite d’une immunothé-
une première mesure de la kaliémie, indispensable avant d’initier
rapie oncologique : les anticorps monoclonaux anti-programmed
l’insulinothérapie [4] . En l’absence de pathologies cardiaque ou
cell death 1 (PD-1) [40] .
rénale sous-jacentes, il est recommandé de débuter la réhydrata-
tion à l’aide de soluté de chlorure de sodium (NaCl) à 0,9 % à
la dose de 15 à 20 ml/kg au cours de la première heure (soit 1 à
Cétoacidose et consommation de cannabis 1,5 l pour un adulte) puis de diminuer les doses de 4 à 14 ml/kg par
La consommation de produits illicites comme le cannabis n’est heure. Le déficit en eau doit être corrigé pour moitié dans les 12 à
pas rare chez les jeunes patients atteints de diabète de type 1 [41] 24 premières heures de traitement. Il est possible d’utiliser du NaCl
et souvent associée à un équilibre plus précaire du diabète [42] . à 0,45 % lorsque la natrémie initiale est normale ou élevée [10] .
La consommation de cannabis concomitante à un épisode de Il est nécessaire, le plus souvent rapidement, de remplacer le
cétoacidose pourrait être responsable d’un déséquilibre acidoba- soluté de NaCl par un sérum glucosé à 5 % (associé à 4–5 g de
sique (cétoacidose à pH anormalement élevé par rapport au taux NaCl/l) dès que la glycémie passe sous les 2 g/l. Cet ajout per-
de bicarbonate) [43] . Les auteurs de cette étude australienne sou- met de garder des débits d’insuline suffisants pour poursuivre la
lignent donc l’intérêt en cas d’équilibre acidobasique inhabituel freination de la libération des acides gras libres.
lors d’un épisode de cétoacidose, de rechercher une consomma-
tion illicite de drogue (en particulier le cannabis).
Insulinothérapie
La quantité d’insuline délivrée en intraveineux pour traiter
 Diagnostics différentiels la cétoacidose a nettement diminué ces dernières années. Nous
sommes maintenant arrivés à de faibles doses. La concentra-
La cétoacidose repose sur une triade : hyperglycémie, céto- tion plasmatique doit être capable d’inhiber la néoglucogenèse
némie, acidose métabolique. Tous ses éléments ne sont pas hépatique, la lipolyse et la cétogenèse (soit une concentration
pathognomoniques de cette maladie et peuvent se rencontrer au plasmatique supérieure à 80 ␮U/ml) [45] .
cours de différentes situations. Une analyse fine des paramètres Les différents consensus actuels s’accordent à proposer un
biologiques aide souvent au diagnostic traitement initial par insuline (humaine ou analogue) en intra-
L’ensemble de ces pathologies ainsi que leurs caractéristiques veineux à la dose de 0,1 à 0,14 U/kg par heure [10, 16] . La
biologiques sont présentées dans le Tableau 2. baisse attendue de la glycémie avec ce traitement doit être de
0,5 à 0,75 mg/dl par heure. Si la glycémie ne s’est pas abais-
sée de 10 % la première heure, un bolus intraveineux d’insuline
de 0,14 U/kg peut être délivré en plus du protocole de base.
 Traitements Lorsque la glycémie devient inférieure à 2 g/l, il est nécessaire
de réduire la quantité d’insuline intraveineuse entre 0,02 et
La cétoacidose diabétique est une urgence médicale dont le trai- 0,05 U/kg par heure et d’y associer la perfusion de sérum glucosé
tement (Fig. 2) repose sur : à 5 %. Les recommandations anglaises proposent un algorithme
• la restauration de l’hémodynamique ; plus complexe de décroissance de l’insulinothérapie fondée sur
• une insulinothérapie adaptée, permettant la correction de la baisse de la glycémie, de la cétonémie et la remontée des
l’hyperglycémie, de l’acidose métabolique et de la cétonémie ; bicarbonates.
• la correction des troubles hydroélectrolytiques ; L’insulinothérapie intraveineuse doit être poursuivie tant que
• le traitement d’un éventuel facteur déclenchant. persiste la cétonémie (la correction de l’hyperglycémie étant plus

6 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Cétoacidose diabétique  10-366-H-10

Cétoacidose chez l’adulte

Réhydratation Insulinothérapie Potassium

NaCl 0,9 % 15-20 ml/kg Intraveineuse à la seringue Si K+ < 3,3 mmol/l :


(soit 1 à 1,5 l) en électrique 0,1 à 0,14 U/kg ne pas donner d’insuline
1 heure sans bolus substituer K+ en urgence

Évaluer la natrémie Surveillance de la glycémie Si K+ > 5,2 mmol/l : ne pas


corrigée toutes les heures donner de potassium
contrôle kaliémie toutes
les 2 heures

Élevée Normale Basse Glycémie ne s’est Glycémie


pas abaissée de s’abaisse de 10 %
10 % en 1 heure en 1 heure Si K+ entre 3,3 et 5,2 mmol/l :
administration de K+ :
1,5 à 2 g/l
NaCl 0,45 % NaCl 0,9 %
Objectif kaliémie : entre
4 à 14 ml/kg/h 4 à 14 ml/kg/h
Faire un bolus intraveineux 4 et 5 mmol/l
(soit 250 à 500 ml/h) (soit 250 à 500 ml/h)
0,14 U/kg en plus de
l’intraveineuse
à la seringue électrique
Dès que la glycémie atteint
2 g/l
Dès que la glycémie atteint
2 g/l
Remplacer par
glucose 5 % + 4 g de NaCl
4 ml/kg/h
Intraveineuse à la seringue
(soit 150 à 250 ml/h)
électrique
Réduire la dose : 0,02
à 0,05 U/kg/h

Relais sous-cutané
Si patient peut manger,
bicarbonate > 18 mmol/l,
glycémie < 2 g/l, cétonémie
négative, pH > 7,3.
Attendre 2 heures avant
d'arrêter l'intraveineuse à
la seringue électrique

Figure 2. Arbre décisionnel. Traitement thérapeutique dans le cas d’une cétoacidose chez l’adulte (d’après [10] ). NaCl : chlorure de sodium.

Tableau 3. sous-cutanée ne peut s’envisager que si le patient est à nouveau


Situations cliniques nécessitant une prise en charge de la cétoacidose en capable de se réalimenter correctement et si :
soin intensif. • les bicarbonates sont supérieurs à 18 mmol/l ;
Infarctus du myocarde • le pH est supérieur à 7,3 ;
Insuffisance cardiaque • le trou anionique est inférieur à 12 mmol/l ;
Insuffisance rénale aiguë • la glycémie est inférieure à 2 g/l (11 mmol/l) ;
Insuffisance respiratoire aiguë • la cétonurie est négative ou l’acétonémie inférieure à
Trouble de la conscience 0,5 mmol/l à deux reprises.
Coma Si le patient a été précédemment traité par insuline, on rétablit
Choc sa dose antérieure. Pour les patients naïfs d’insuline, une dose
Hypothermie arbitraire de 0,5 à 0,8 u/kg peut être débutée. L’insulinothérapie
Sepsis intraveineuse à la seringue électrique est arrêtée deux heures après
Pancréatite aiguë le début du traitement sous-cutané.
Saignement digestif Le consensus anglais propose également d’associer à
Hyperkaliémie ou hypokaliémie l’insulinothérapie intraveineuse à la seringue électrique une insu-
line basale sous-cutanée de longue durée d’action pour faciliter la
transition du traitement insulinique intraveineux à sous-cutanée,
rapide que la disparition de la cétonémie), en maintenant une en évitant l’apparition d’un rebond d’hyperglycémie et de céto-
glycémie entre 1,5 et 2 g/l. Outre ces critères, le relais par voie némie à l’arrêt du traitement intraveineux. L’efficacité de cette

EMC - Endocrinologie-Nutrition 7
10-366-H-10  Cétoacidose diabétique

attitude thérapeutique par rapport au traitement conventionnel


est encore controversée [46, 47] . Complications
de la
cétoacidose
Correction des troubles hydroélectrolytiques
[4]
Apport de potassium
Le pool potassique global au cours de la cétoacidose est toujours
effondré. Le traitement par insuline, la correction de l’acidose Liées au traitement Évolutives
et l’expansion du volume extracellulaire vont aussi diminuer la
concentration de potassium, et ce rapidement. Ainsi, lorsque - œdème cérébral - infections +++
la kaliémie initiale est inférieure à 5,2 mmol/l et que la diu- - détresse respiratoire aiguë - thromboses vasculaires
rèse est suffisante (50 ml/h), une supplémentation potassique - acidose hyperchlorémique - pancréatite aiguë
doit être instaurée. Afin de maintenir une kaliémie entre 4 et - hypoglycémie - gastrite hémorragique
- hypokaliémie - mouvements anormaux
5 mmol/l, il est souvent nécessaire d’ajouter à chaque litre de
- hypophosphorémie
sérum physiologique 1,5 à 2 g de potassium. Si la kaliémie se révèle
initialement inférieure à 3,3 mmol/l, il est impératif de retarder
l’insulinothérapie et d’instaurer immédiatement un traitement
par potassium au pousse seringue électrique, sur une voie veineuse
centrale, afin d’obtenir une kaliémie supérieure à 3,3 mmol/l. Grossesse
En l’absence d’hypokaliémie ou de critère de gravité, le contrôle
initial de la kaliémie est réalisé quatre heures après le début du trai- - mort fœtale in utero
tement. Une surveillance du rythme cardiaque est indispensable - prématurité
lorsque la kaliémie est inférieure à 4 mmol/l (scope). - mort maternelle

Apport de bicarbonates Figure 3. Complications de la cétoacidose.


L’utilisation de bicarbonates reste controversée malgré les
complications possibles dues à une acidose sévère (défaillance
cardiaque, hépatique, cérébrale, etc.). Aucune étude prospective L’œdème cérébral est également une complication rare mais
randomisée n’a montré de bénéfice à l’ajout de bicarbonates au de très mauvais pronostic qui touche 0,7 à 1 % des patients
cours de la cétoacidose avec pH supérieur à 6,9 [48] . Néanmoins, avec cétoacidose, plus particulièrement les enfants. La mortalité
il est recommandé d’utiliser une perfusion de bicarbonate de dépasse les 40 % lorsque les symptômes neurologiques sont établis
sodium à 14/1000 (400 ml à renouveler si nécessaire) lorsque le et la récupération sans séquelle est inférieure à 7–14 % pour les
pH sanguin est inférieur à 6,9 [10] . survivants [51] . L’œdème cérébral apparaît habituellement dans les
24 heures après le début du traitement mais est parfois déjà présent
Apport de phosphore lors de l’examen initial. Les premiers symptômes sont les cépha-
L’hypophosphorémie s’accompagne de plusieurs manifesta- lées, suivies d’une altération rapide de la conscience puis de signes
tions cliniques lorsqu’elle est sévère (inférieure à 0,32 mmol/l) : de souffrance cérébrale (convulsion, arrêt respiratoire, etc.). Les
une détresse respiratoire, une faiblesse musculaire, un dysfonc- mécanismes à l’origine de cette complication gravissime ne sont
tionnement cardiaque et une éventuelle anémie hémolytique. La pas encore bien connus et plusieurs hypothèses ont été soulevées.
phosphorémie diminue au moment du traitement de la cétoaci- Tout d’abord, il a été évoqué qu’un mouvement osmotique de
dose par réentrée intracellulaire du phosphore. l’eau du secteur extracellulaire vers le secteur intracellulaire après
Les différentes études n’ont cependant démontré aucun effet correction trop rapide de la glycémie et de la cétonémie pour-
bénéfique de la correction du déficit en phosphore mais, au rait être à l’origine de l’œdème cérébral [52] . Une autre hypothèse
contraire, un risque accru de survenue d’une hypocalcémie res- impliquerait le transporteur membranaire Na+/H+. En effet, en cas
ponsable de crises de tétanie [49] . de cétoacidose, la grande quantité d’ions H+ intracellulaires auto-
Néanmoins, certains auteurs recommandent de coupler la rise le transfert massif du sodium en intracellulaire et pourrait être
correction de l’hypophosphorémie et de l’hypokaliémie, par uti- la cause de l’œdème [53] .
lisation de phosphate de potassium. Un œdème aigu pulmonaire peut être observé au cours du
traitement de la cétoacidose diabétique. Il se traduit par une extra-
Anticoagulation préventive vasation d’eau dans les poumons responsable d’une diminution
La prescription d’une héparine de bas poids moléculaire, bien de la compliance pulmonaire et de l’apparition d’une détresse res-
que non démontrée, est recommandée par certains auteurs chez piratoire. Le mécanisme mis en jeu est similaire à celui observé
les patients présentant des facteurs de risque thromboemboliques dans l’œdème cérébral. Les patients âgés, présentant une altéra-
(sujet âgé, hyperosmolalité, antécédents de thromboses vascu- tion de leur fonction rénale ou cardiaque, sont plus à risque de
laires). développer cette complication. Ce syndrome de détresse respira-
toire peut cependant s’observer chez des patients indemnes de
toute pathologie rénale, cardiaque ou pulmonaire sous-jacente.
 Complications (Fig. 3) Une réhydratation lente et la surveillance de certains paramètres
(auscultation pulmonaire, tension artérielle, pouls, saturation en
L’hypoglycémie et l’hypokaliémie sont les complications les oxygène et diurèse) s’avèrent nécessaires afin de limiter le risque
plus fréquentes du traitement de la cétoacidose. Une surveillance de survenue de cette complication.
étroite avec monitoring régulier de ces paramètres permet un Au cours de la cétoacidose diabétique, plusieurs facteurs prédis-
ajustement thérapeutique plus adapté (sérum glucosé dès que gly- posent le patient à la survenue de thromboses vasculaires :
cémie tombe sous la barre des 2 g/l, apport potassique régulier • la déshydratation, l’hyperosmolalité et le bas débit cardiaque
stable pour maintien d’une kaliémie autour des 4 à 5 mmol/l). entraînent une augmentation de la viscosité sanguine ;
L’acidose métabolique hyperchlorémique est une complication • des troubles de la coagulabilité sont fréquemment observés (élé-
rare mais transitoire qui peut apparaître après la résolution de vation du fibrinogène et de l’activité plaquettaire, diminution
la cétoacidose. Le mécanisme physiopathologique principal est de l’antithrombine III).
représenté par la perte urinaire de kétoanions, substrats néces- L’utilisation de faibles doses d’héparine de bas poids molé-
saires à la régénération des bicarbonates. D’autres mécanismes culaire peut être envisagée à titre prophylactique lorsque les
entrent en jeu, notamment l’utilisation excessive de solutés de patients présentent des facteurs de risque (insuffisance veineuse,
réhydratation riches en chlorures ou pauvres en bicarbonates [50] . antécédents thromboemboliques). Cependant, aucune étude n’a
Cette complication est généralement sans conséquence. clairement démontré l’efficacité d’un tel traitement.

8 EMC - Endocrinologie-Nutrition
Cétoacidose diabétique  10-366-H-10

 Surveillance [2] Mays JA, Jackson KL, Derby TA, Behrens JJ, Goel S, Molitch ME, et al.
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L’attention des praticiens est centrée sur la tolérance clinicobiolo-
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gique de la cétoacidose et du traitement instauré mais également
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sur la recherche de complications comme l’œdème cérébral ou [4] Nyenwe EA, Kitabchi AE. The evolution of diabetic ketoacidosis:
l’hypokaliémie. En effet, les paramètres vitaux (pouls, tension an update of its etiology, pathogenesis and management. Metabolism
artérielle, saturation en oxygène, température, glycémie) et l’état 2016;65:507–21.
de conscience (ou tout autre signe pouvant évoquer l’installation [5] Barnes AJ, Bloom SR, Goerge K, Alberti GM, Smythe P, Alford
d’un œdème cérébral : céphalée, vomissements, etc.) sont sur- FP, et al. Ketoacidosis in pancreatectomized man. N Engl J Med
veillés étroitement : toutes les 30 minutes pendant une heure 1977;296:1250–3.
puis toutes les deux heures. Biologiquement, la kaliémie, les bicar- [6] Herchline TE, Plouffe JF, Para MF. Diabetes mellitus presenting with
bonates et le pH veineux sont dosés toutes les quatre heures. ketoacidosis following pentamidine therapy in patients with acquired
L’électrocardiogramme est toujours réalisé à l’arrivée et répété en immunodeficiency syndrome. J Infect 1991;22:41–4.
fonction de la kaliémie. La recherche d’une infection profonde [7] Nurjhan N, Consoli A, Gerich J. Increased lipolysis and its consequences
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(hémoculture, radiographie du thorax, examen cytobactérien des
Invest 1992;89:169–75.
urines ou autres) doit être réalisée si l’acidose persiste au-delà de [8] DeFronzo RA, Cooke CR, Andres R, Faloona GR, Davis PJ. The effect of
six heures ou si des signes cliniques sont évocateurs. insulin on renal handling of sodium, potassium, calcium, and phosphate
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mortalité s’est fortement réduite ces dernières années puisqu’elle [11] Umpierrez G, Freire AX. Abdominal pain in patients with hyperglycemic
est désormais inférieure à 1 %. Cependant, la récidive de cétoa- crises. J Crit Care 2002;17:63–7.
cidose est liée à un surrisque de mortalité important comme le [12] Imagawa A, Hanafusa T, Awata T, Ikegami H, Uchigata Y, Osawa H, et al.
montrent Gibb et al. [3] . En effet, sur 300 patients hospitalisés aux Report of the committee of the Japan Diabetes Society on the research
Royaume-Uni entre 2007 et 2012 ayant présenté plus de 600 cas of fulminant and acute-onset type 1 diabetes mellitus: new diagnostic
de cétoacidose, les patients récidivant avaient un risque de décès criteria of fulminant type 1 diabetes mellitus (2012). J Diabetes Investig
dans les cinq ans de 23 % contre 5,2 % chez les patients ayant 2012;3:536–9.
présenté un seul épisode de cétoacidose. Un âge plus jeune et une [13] Dhatariya KK, Vellanki P. Treatment of Diabetic Ketoacidosis
catégorie socio-professionnelle plus basse semblaient être liés à la (DKA)/Hyperglycemic Hyperosmolar State (HHS): novel advances in
récidive de la cétoacidose. the management of hyperglycemic crises (UK versus USA). Curr Diab
Rep 2017;17:33.
Même si le premier facteur de risque de cétoacidose chez les
[14] Guo RX, Yang LZ, Li LX, Zhao XP. Diabetic ketoacidosis in pregnancy
patients diabétiques connus reste l’inobservance thérapeutique, tends to occur at lower blood glucose levels: case-control study and a
il est important de leur rappeler les situations à risque comme la case report of euglycemic diabetic ketoacidosis in pregnancy. J Obstet
grossesse, l’utilisation d’une pompe à insuline et les pathologies Gynaecol Res 2008;34:324–30.
intercurrentes. Chez les patients diabétiques de type 1 comme de [15] Peters AL, Buschur EO, Buse JB, Cohan P, Diner JC, Hirsch IB.
type 2 sous inhibiteurs de SGLT2, une attention particulière doit Euglycemic diabetic ketoacidosis: a potential complication of treat-
être portée puisque plusieurs cas de cétoacidose euglycémique ont ment with sodium-glucose cotransporter 2 inhibition. Diabetes Care
été rapportés. 2015;38:1687–93.
Ainsi, la prévention de cette complication reste un élément [16] Savage MW, Dhatariya KK, Kilvert A, Rayman G, Rees JE, Courtney
essentiel de la prise en charge des patients diabétiques. Elle CH, et al. Joint British Diabetes Societies guideline for the management
porte essentiellement sur des programmes d’éducation thérapeu- of diabetic ketoacidosis. Diabet Med 2011;28:508–15.
tique, de suivi et de support psychologique [4] , permettant, le cas [17] Csako G. False-positive results for ketone with the drug mesna and other
free-sulfhydryl compounds. Clin Chem 1987;33(2Pt1):289–92.
échéant, une adaptation thérapeutique par le patient lui-même
[18] Williamson J, Davidson DF, Boag DE. Contamination of a specimen
pour éviter le passage de cétose à cétoacidose. with N-acetyl cysteine infusion: a cause of spurious ketonaemia and
hyperglycaemia. Ann Clin Biochem 1989;26(Pt2):207.
 Conclusion [19] Umpierrez GE, Watts NB, Phillips LS. Clinical utility of beta-
hydroxybutyrate determined by reflectance meter in the management
of diabetic ketoacidosis. Diabetes Care 1995;18:137–8.
La cétoacidose est une complication grave du diabète dont le
[20] Herrington WG, Nye HJ, Hammersley MS, Watkinson PJ. Are arterial
diagnostic est fondé sur une triade de signes : hyperglycémie, aci- and venous samples clinically equivalent for the estimation of pH, serum
dose métabolique, cétonémie. La prise en charge thérapeutique bicarbonate and potassium concentration in critically ill patients? Diabet
repose sur trois piliers : restauration de la volémie, insulinothéra- Med 2012;29:32–5.
pie, rééquilibre des troubles ioniques (principalement apport de [21] Malatesha G, Singh NK, Bharija A, Rehani B, Goel A. Comparison of
potassium). La prévention de la cétoacidose porte principalement arterial and venous pH, bicarbonate, PCO2 and PO2 in initial emergency
sur une éducation thérapeutique adaptée, tout particulièrement department assessment. Emerg Med J 2007;24:569–71.
nécessaire chez certaines populations plus à risque de présenter [22] Nyenwe EA, Wan JY, Kitabchi AE. Venous serum bicarbonate concen-
cette complication (femme enceinte, patients sous pompe à insu- tration predicts arterial pH in adults with diabetic ketoacidosis. Endocr
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A. Carlier, MD.
C. Amouyal, MD (chloe.amouyal@aphp.fr).
Service de diabétologie, Hôpital Pitié-Salpêtrière, AP–HP, Sorbonne Université, 83, boulevard de l’Hôpital, 75013 Paris, France.

Toute référence à cet article doit porter la mention : Carlier A, Amouyal C. Cétoacidose diabétique. EMC - Endocrinologie-Nutrition 2018;15(4):1-10 [Article
10-366-H-10].

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