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Correction TD 1 : Comptabilité nationale, indices de prix

Exercice 1 : Question de cours


1. Expliquer les identités comptables suivantes, en économie fermée (rappel : Y désigne le PIB, C la consommation privée, I
l’investissement privé, G les dépenses gouvernementales, T les taxes et S l’épargne) :
– Y = C + I +G .
– Y T = C +S.
Y = C +I +G : équation comptable (qui signifie que cette relation doit être vraie à chaque période - assure la cohérence entre
variables dans l’économie) dite d’équilibre emplois-ressources (ou Demande-Offre, respectivement : "ce qui est produit est
acheté" par quelqu’un, par un agent économique : les consommateurs ou les entreprises ou l’Etat), ici dans une économie
fermée (pas d’échange avec le reste du monde : pas d’importation, pas d’exportation dans ce premier exercice). Par conven-
tion comptable, les biens et services non-durables nécessaires aux producteurs (les consommations dites intermédiaires) -
donc à la production des biens et services et qui seront vendus aux autres agents économiques - ne sont pas comptabilisés
dans cette équation. Cette équation permet de calculer le PIB ou Produit intérieur brut d’un pays.
Y T = C + S : "Le revenu disponible (i.e. la production Y qui est aussi la richesse totale redistribuée dans l’économie à
travers des salaires et des dividendes principalement, moins les impôts versés à l’Etat) est toujours consommé ou épargné".

Remarque : la définition précise du PIB se révèle complexe, nous en présentons ici une version schématisée. Le PIB est une
mesure de la production d’une économie. Cette mesure est basée sur un système d’informations performant qui donne une
vision juste de l’état d’une économie.
Pour l’Histoire : lors de la grande dépression de 1929, les responsables politiques et économiques ont réalisé qu’ils n’avaient
aucune mesure de l’activité économique et de son évolution. On a compris qu’on était dans une grande dépression plusieurs
années après qu’elle se soit enclenchée quand on a vu le chômage monter de façon très élevée, notamment aux Etats-Unis.
Après la seconde guerre mondiale, tous les pays développés ont mis en place des systèmes d’informations sur le niveau de
la production.
2. Quelle relation existe entre I ,S ,G , T ? Que devient cette relation lorsque G = T = 0 (absence de gouvernement) ? Interpréter
la seconde, puis la première.
Quelques définitions :
D’abord, (I + G ) S : le besoin (>0) ou la capacité (<0) net(te) de financement de l’économie ; pour être à l’équilibre il faut
que I + G = S .
Ensuite, G T : le solde des administrations publiques qui vaut 0 à l’équilibre, soit G = T , sinon on a soit un déficit public
(>0) soit un excédent public (<0).

Quelle relation entre I ,S ,G et T ? A l’équilibre, on a donc I + G = S avec S = (Y T ) C soit I + G = (Y T) C (notre


équilibre emplois-ressources).
Maintenant si G = T = 0 : alors I = Y C et la richesse est soit investie soit consommée, et S = I .

Cette équation a longtemps intrigué les économistes. D’une part, l’épargne est la part du revenu que les agents ont décidé de
ne pas consommer immédiatement, soit en mettant de l’argent dans une banque ou sous un matelas, soit par l’achat d’un
terrain naturel, d’une maison déjà existante ou de quelques actions Microsoft. L’investissement, d’autre part correspond à
la somme de la valeur des biens d’investissement (machines, etc.) vendus au cours de cette année. L’équation S = I a une
interprétation simple si les personnes épargnait directement sous la forme de nouveaux biens d’équipement - mais ce n’est
pas le cas (les gens épargnent principalement au moyen d’instruments financiers). Donc, pour interpréter l’équation S = I, il
faut revenir aux autres équations, c’est-à-dire : Y = C + I et Y = C + S en l’absence de gouvernement (i.e. G=T=0). S = I arrive,
pas mécaniquement, mais comme une condition d’équilibre : la partie du produit qui ne correspond pas à la consommation
est I, tandis que la part du revenu qui ne correspond pas à la consommation est S.
S - I = G - T signifie plus ou moins la même chose, sauf qu’il y a maintenant un autre agent dans l’économie. G + I est mainte-
nant la partie du produit qui ne correspond pas à la consommation, tandis que S + T est la part du revenu qui ne correspond
pas à la consommation. Donc G - T = S - I est une condition d’équilibre dont l’interprétation est la même que ci-dessus.

En résumé :
(a) Tout revenu provient de la vente d’un bien/service
(b) Tout revenu est consommé ou épargné
(c) Les biens/services sont des biens de consommation ou d’investissement
(d) C’est une nécessité comptable que I=S en l’absence de gouvernement
(e) Sinon, cette relation devient I+G-T=S pour les mêmes raisons
(f) La relation I=S est donc une relation d’équilibre, pas une relation mécanique (l’épargne n’est pas de l’investissement)
Exercice 2 : Les identités comptables Dans ce deuxième exercice, nous devons passer en économie dite ouverte, soit : Y + M =
C + I + G + X avec M et X les importations et les exportations respectivement.
Que se passe-t-il sur les différents agrégats macroéconomiques français lorsque :
1. J’achète un ordinateur (produit en France) à 100e et l’installe chez moi pour jouer ; Relation entre Y et C et Y=C=100.
2. J’achète un ordinateur (produit en France) à 100e et l’installe dans mon entreprise pour travailler ; Relation entre Y et I et
Y=I=100.
3. Reprendre les deux premières questions avec un ordinateur produit en Chine ; Relation entre les importations M et C ou I
respectivement.
4. J’achète un appartement pour 200 000e dans un immeuble construit il y a 10 ans ; Pas de lien avec le PIB : pour les biens
anciennement produits.
5. J’achète un appartement pour 200 000e dans un immeuble neuf ; Relation entre Y et I et Y=I=200000
6. J’achète un produit nettoyant pour 5e et je fais le ménage chez moi ; Relation en Y et C (l’auto-consommation rentrant dans
C et C=Y=5
7. Une entreprise de ménage achète un produit nettoyant pour 5e et fait le ménage chez moi, je paie l’entreprise de ménage
15e ; Relations en Y et C uniquement, les consommations intermédiaires ne rentrant pas dans le calcul du PIB. C=Y=15
8. Une entreprise de ménage achète un produit nettoyant pour 5e et fait le ménage chez Google, Google paie l’entreprise de
ménage 15e, et par ailleurs Google vend un téléphone portable à 100e ; Relations en Y et C : C = Y = 100 (ou Y et I si le
téléphone est vendu à une entreprise).
9. Le gouvernement embauche un enseignant résidant en France et le paie 100e pour donner un cours ; Relation entre G et Y :
l’enseignant produisant un cours ; G = Y = 100
10. Le gouvernement embauche un enseignant résidant en Espagne et le paie 100e pour donner un cours en France ; Relation
entre G et les importations M : G = M = 100
11. Une école privée embauche un enseignant résidant en France et le paie 100e pour donner un cours, HEC encaisse 10 000e
de frais de scolarité ; Relations entre Y et C : Y = C = 10000 (par convention comptable, les frais de scolarité sont de la consom-
mation).
12. J’importe une machine d’Allemagne pour 1 000e que j’installe dans mon entreprise, je produis de la farine et en vends pour
2 000e à des consommateurs français ; Relations entre Importations et I : I=M=1000 ; et entre Y et C tel que Y=C=2000.
13. J’importe un moteur d’Allemagne pour 1 000e que j’installe dans une voiture neuve que je vends 10 000e à un français pour
son usage personnel. M=1000, C=10000 et Y=9000.

Exercice 3 : Limites du PIB comme mesure de la valeur d’usage créée


1. Citer des exemples de situations où une valeur d’usage est créée sans que cela ne se traduise par une valeur monétaire dans
le PIB. Parent.e au foyer. Bénévolat. Marché noir. Pollution : valeur économique négative créée mais pas comptabilisée.
Le PIB n’est donc pas une mesure exacte de l’activité économique. On a vu avec la Pollution que xertaines activités écono-
miques créent des dommages non intégrés dans le calcul du PIB. Par exemple, les émissions de carbone ont un coût pour
les générations futures : elles modifient l’équilibre climatique, elles dégradent l’environnement.
2. Citer des exemples de situations où une valeur monétaire apparaît dans le PIB sans qu’une valeur d’usage ne soit créée.
Essence dépensée dans les bouchons. Augmentation des prix.

Exercice 4 : Indices de prix et de quantité, PIB réel


1. Le PIB (nominal) américain était de 526 milliards de $ en 1960 et de 14 256 milliards de $ en 2009. Le prix de 33cl de Coca
Cola est passé de 0,10$ à 0,75$.
a) Quel a été le taux de croissance annuel moyen du PIB nominal américain ? La moyenne arithmétique vaut :
(14256-526)/526/(2009-1960) = 0,5327 soit 53,27 pourcent par an.
Cette relation est sujette à critiques puisque ça n’est pas un taux de croissance qui s’applique chaque année mais un
taux de croissance qu’il faut multiplier par 2009-1960=49 pour être valable. Il faut préférer calculer le taux de croissance
moyen du géométrique qui vaut dans notre cas : (14256/526)1/(2009 1960) 1 = 6.97%p.a .
b) On suppose que l’évolution du prix du Coca Cola est représentative de l’évolution de l’ensemble des biens. Quelle a été
le taux de croissance annuel moyen du PIB réel américain pendant cette période ? L’inflation annuelle moyenne ?
Pour l’inflation (la hausse des prix) : (0,75/0,1)1/(2009 1960) 1 = 4, 20%p a r a n .
Ensuite, le taux de croissance annuel moyen du PIB réel vaut, sachant que PIB réel en t = PIB nom. en t / prix en t :
((14256/0,75)/(526/0.1))1/(2009 1960) 1 = 2.66%p e r a n n u m.
Le PIB peut donc être évalué en volume ou en valeur. En valeur, on parle de PIB nominal ou à prix courant, c’est-à-dire
non corrigé de l’inflation.
Pour mesurer la croissance réelle, on doit éliminer l’impact de l’inflation et calculer le PIB en volume ou à prix constant.
Il est donc logique que le taux de croissance en valeur ait été supérieur au taux de croissance en volume, puisqu’il y a
toujours eu de l’inflation.
2. La production d’une économie est donnée par la table 1.
vin fromage
quantité prix quantité prix
2017 50 0,50 100 1
2018 45 2 150 1,20

TABLE 1

a) Expliquez pourquoi le PIB réel n’est pas défini de manière univoque.


On n’a pas le même chiffre selon qu’on prenne comme référence les prix de l’année t ou t+1 ; et comme la quantité de
vin et la quantité de fromage croissaient à des taux différents, il n’y avait pas d’indice de PIB réel "parfait".

Les indices dits de Laspeyres et Paasche vont choisir des années de référence différentes : la période initiale (notée 0)
pour Laspeyres ; la période courante (notée t) pour Paasche).
Les systèmes de comptes nationaux dans l’Union européenne utilisent des indices de Laspeyres pour calculer les varia-
tions en volume et les indices de Paasche pour calculer les variations des prix.
b) Calculez le taux de croissance du PIB réel par l’approche de l’indice de Laspeyres. Variation des prix selon Laspeyres :
Sum(P0 x Qt) / Sum(P0 x Q0) = (0,5*45+1*150)/(0,5*50+1*100) = 1,38 soit 38 pourcents de croissance.
c) Calculez le taux de croissance du PIB réel par l’approche de l’indice de Paasche. Variation des quantités selon Paasche :
Sum(Pt x Qt) / Sum(Pt x Q0) = (2*45+1,2*150)/(0,5*50+1*100)
2*50+1,2*100 = 1,22 soit 22 pourcents de croissance.
d) Pourquoi dit-on que l’indice de Laspeyres tend à sur-estimer l’inflation, alors que l’indice de Paasche tend à la sous-
estimer ? L’indice de Laspeyres tend à sur-estimer l’inflation parce qu’il ne prend pas en compte les substitutions qu’opèrent
les ménages quand les prix relatifs changent.

Exercice 5 : Bonus Citez d’autres problèmes dans l’estimation du PIB réel en pratique (i.e. du point de vue des institutions statis-
tiques).
La difficile prise en compte de la qualité dans les statistiques nationales : certains biens voient leurs qualités évoluer rapide-
ment au cours du temps, par exemple les microprocesseurs des ordinateurs plus puissants ; les nouvelles voitures qui consomment
moins... alors que leur prix baissent.
Comment prendre en compte la hausse de la qualité dans la PIB ? Les offices statistiques (l’INSEE en France) tentent d’estimer
des coefficients de qualité, avec plus ou moins de succès (puissance de calcul pour microprocesseur... mais cela s’avère beaucoup
moins clair pour beaucoup de biens : par ex. pour l’alimentaire).
Autre difficulté : dès lors qu’on a au moins trois dates (comme dans la réalité), se pose le problème du choix de l’année de
référence pour Laspeyres...

***

Commentaire de documents
Le graphique 1 représente les parts de l’investissement privé et de la consommation privée dans le PIB (I/Y et C/Y avec les nota-
tions usuelles) depuis 1947 aux Etats-Unis. Le graphique 2 représente le taux de croissance de l’indice des prix de l’investissement
privé, l’indice des prix de la consommation privée et l’indice des prix du PIB. Le graphique 3 représente l’évolution du rapport de
l’investissement privé réel sur la consommation privée réelle. Sur tous les graphiques, les zones grisées représentent les trimestres
de récession.
1. Qu’observez-vous sur le graphique ci-dessous ? Graph.1 : parts de I et C dans le PIB sont assez constantes en volume : res-
pectivement moins de 20 pourcents et plus de 60 pourcents.
Graph. 2 : On observe ici des prix : prix de C, I et Y. On observe des variations de prix importantes ! avec un maximum dans
les années 70...
Graph. 3 : Le rapport I sur C en valeur (réel) est croissant sur toute la période considérée.
2. Comment expliquer que le taux de croissance de l’indice des prix de l’investissement privé soit plus faible que celui de la
consommation à partir de 1980-82 ? C’est que le changement technique s’est concentré dans les industries produisant des
biens d’investissement (vrai aussi pour les biens de consommation durables qui incluent les voitures, l’équipement de la
maison, etc.).
3. Quelles peuvent être les conséquences d’une baisse du prix relatif des biens d’investissement par rapport aux biens de
consommation ? 1. Une augmentation de la profitabilité des entreprises : un des inputs (le capital productif ) coûtant moins
cher.
2. Un moteur de la croissance.
3. L’effet sur le marché du travail (et donc sur les inégalités) va dépendre du degré de substituabilité entre les machines et les
travailleurs : si les machines demandent beaucoup de travail humain, alors chômage et inégalités faibles, salaires forts ; Le
contraire, si les machines remplacent les travailleurs...
FIGURE 1: Evolution de la part de l’investissement privé nominal dans le PIB nominal (pointillés) et de la part de la consommation
privée dans le PIB nominal (trait plein), Etats-Unis 1947–2019.

FIGURE 2: Taux de croissance annuel des déflateurs de la consommation privée (trait plein), de l’investissement privé (pointillés) et du
PIB (tirets-pointillés gris), Etats-Unis 1948-2019.
FIGURE 3: Le ratio (investissement privé réel)/(consommation privée réelle), Etats-Unis 1947–2019.

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