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Chapitre I : la fonction de consommation globale

Dr. Brahim MANSOURI, FSJES, UCA,


Marrakech, Maroc.

1. Quelques généralités sur la consommation


- La consommation : "l'acte d'un agent
économique qui utilise ou transforme des
biens et services".
- Utilisation directe de biens et services :
consommation finale (le consommateur)
- Transformation des biens et services :
consommation intermédiaire (le producteur)
- Consommation : destruction
immédiate (biens non durables: Non-
Durables) VS destruction progressive
(biens durables: Durables).

- La consommation est destructive de


valeur (Consumption destroys value)
alors que la production est créatrice de
valeur (Production creates value).
* Définition générale: "La consommation est
la quantité (ou la valeur) des biens et services
utilisés pour la satisfaction des besoins
individuels et collectifs« : Consommation en
valeurs nominale et réelle (Nominal and Real
Consumption).

- Une voiture personnelle : consommation


- Matériel et outillage d’une entreprise :
investissement (Investment).
- Construction d’une maison : investissement
2. Qu’est-ce qui détermine la consommation
finale des ménages ?
- Du côté de la demande : revenu, patrimoine,
pouvoir d’achat, comportement des groupes
sociaux, accès au marché, réglementation,
endettement de l’Etat, déficit budgétaire, taux de
change, etc.
- Du côté de l’offre : niveau de production, coûts,
structure de la concurrence locale et internationale,
etc.
- Le rôle clé du revenu dans la détermination de la
consommation (théorie keynésienne).
- Loi d’Engel : le coefficient budgétaire de
l’alimentation (CBA) diminue lorsque les revenus
s’accroissent.
CBA = Dépenses alimentaires/Budget
total de la consommation
3. Modélisation de la consommation
globale et concepts connexes
C t  c0  c1 .Yd t   t
où C est la consommation globale, Yd est le revenu
global disponible (Disposable Aggregate Income)
défini comme étant le revenu global minoré des
impôts et taxes, c0 et c1 sont des paramètres à
estimer, t est le temps, et є est une variable aléatoire
d’espérance mathématique nulle et de variance finie.
La loi psychologique fondamentale: "la consommation
augmente avec le revenu mais moins
proportionnellement" : c1 ∈ ]0 ; 1[
Dans le modèle keynésien de la
consommation globale :

* cO est la consommation incompressible


correspondant à la valeur de C lorsque Yd est
nul.
* c1 est la "propension marginale à
consommer"
(Marginal Propensity to Consume).
 c1 : coefficient directeur (ou pente)
de la droite représentative de C en
fonction de Yd.
 c1 est également la dérivée première
de C par rapport à Yd.
dC t
 D’où : c 1  0
DYd t
 En statistique discrète, on écrit :
c1
 Ct
0
Yd t
En analyse mathématique élémentaire, le
fait que pmc > 0, c’est-à-dire que c1>0,
signifie que lorsque le revenu global
disponible (Yd) augmente, la consommation
globale (C) augmente, mais moins
proportionnellement (c1 ∈ ]0 ; 1[). Rappelons
que pmc est la propension marginale à la
consommation (‫الحدي لالستهالك‬
ِّ ‫)الم ْيل‬
4. Au-delà de la linéarité de la fonction
de consommation
• John Maynard Keynes ne s’est jamais prononcé
sur la forme (linéaire ou non linéaire) de la
fonction de consommation globale.

• Ce sont ses disciples qui ont linéarisé une telle


fonction.

• Question clé: que se passera-t-il si la fonction de


consommation n’est pas linéaire? → Examinons un
modèle non linéaire de la consommation globale !
→→→
C t  c .Yd t  .t ;
'
c1
'
0
où C est la consommation globale, Yd est le
revenu global disponible (Aggregate
Disposable Income), c0’ et c1’ sont des
coefficients à estimer, et η est une variable
aléatoire à espérance mathématique nulle
et à variance finie.

Ce modèle est évidemment non linéaire


(‫)نَ ُمو َذجٌ غ ْير َخ ِّطي‬.
Pour linéariser ce modèle, on doit
introduire le logarithme népérien (ln) :

ln C t  lnc   c lnYd t   ln t ;


'
0
'
1

où c1’ est l’élasticité de C par rapport à Yd.


Elasticité : Démonstration

d lnC t 
.dC t 
d lnC t  dC t
c 
'

d lnYd t  d lnYd t 
1

.dYd t 
dYd t
 dC t 
  taux de on de C
 C  
 dYd t  taux de on de Yd
 
Y 
 dt 
 eC
Yd
On démontre aussi que :

eC pmc
 ;
Yd PMC
où pmc est la propension marginale à
consommer et PMC est la propension
moyenne à consommer.
PMC s’appelle aussi le "taux de
consommation" , c’est-à-dire la part de C dans
Yd (ou Y).
5. Résumé des concepts clefs
• La consommation globale (C) : partie du
revenu global (Y) affectée à la
consommation des biens et services.
• Le revenu global (Y) : une mesure du
revenu agrégé d’un pays (PIB, RNB, PNB,
etc.).
• Le revenu global disponible (Yd) est le
revenu global (Y) net des impôts et taxes
(T) : Yd = Y - T .
• La consommation incompressible (c0) : la
partie de la consommation globale (C) qui ne
dépend pas du revenu (même si le revenu est
nul, les gens arrivent à consommer).

• La propension marginale à consommer


(pmc) : c’est la part de la variation de la
consommation globale dans la variation de
Yd, ou la variation (absolue) de la
consommation globale due à une variation
(absolue) du revenu global disponible.
•Les accroissements de C et de Yd
s’expriment soit en variations
infinitésimales (d), soit en variations
discrètes (∆).

• La propension moyenne à consommer


(PMC) : c’est la part de la consommation
globale dans le revenu global, (Y) (ou dans
le revenu global disponible : Yd).
• L’élasticité-revenu de la consommation
(Income Elasticity of Consumption) : c’est
le degré de sensibilité de C à Yd, c’est-à-
dire le rapport entre le taux de variation
de C et le taux de variation de Yd.

• L’élasticité-revenu de la consommation
s’exprime comme étant le rapport entre
la propension marginale à consommer
(pmc) et la propension moyenne à
consommer (PMC).
• Dans les pays moins développés, pmc,
PMC et eC/Yd tendent à être plus élevés en
comparaison avec les pays les plus
développés.

• La raison en est que dans le monde moins


développé, certains besoins économiques
et sociaux ne sont pas encore satisfaits,
poussant ainsi les ménages à consacrer des
fractions élevées de leurs revenus à la
consommation.
• On démontre que Y = C + S ; où S (Savings) est
l’épargne globale considérée par Keynes comme
étant la partie du revenu qui reste après avoir
consommé (Résidu).
• En revanche, pour les classiques/néoclassiques,
épargner consiste à réserver une partie du
revenu à la consommation future.
• On distingue habituellement la consommation
du secteur public (Consommation publique
courante) et la consommation du secteur privé
(Consommation privée).
• Les salaires des fonctionnaires publics font
partie de la consommation publique.
6. Alternatives théoriques à la fonction
keynésienne de consommation globale
- Théorie du revenu permanent (effet de richesse):
Fisher (microéconomie), Friedman (macroéconomie);
- Impact du revenu retardé;
- L’effet Hystérésis;
- Théorie du cycle de vie: éducation, activité, retraite;
- Prise en compte de la nature des catégories
sociales (Dusenberry): c’est la théorie du revenu
relatif, originellement formulée par James Stemble
Duesenberry. Ce dernier estime que certains groupes
sociaux tendent à imiter la consommation d’autres
groupes à revenus supérieurs: "démonstration" de
statut social, ce qui déclenche une hausse de leur
propension à consommer.
7. Qu’en est-il du Maroc ?
• pmc = 0,83
• Interprétation: si le revenu global disponible
augmente d’une unité monétaire nationale (1
DH), la consommation finale des ménages
s’accroitrait de 0,83 DH
• PMC = 0,84
• Interprétation: les ménages consacrent 84% de
leur revenu global disponible à la consommation
(la consommation globale rapportée au revenu
global disponible vaut 0,84).
• Elasticité-revenu = 0,79
• Interprétation: lorsque le revenu global
disponible s’accroit de 1%, la consommation
globale des ménages augmenterait de 0,79%.
• Eviction (Crowding-out) de la
consommation privée par la
consommation publique: la consommation
courante du secteur public évince la
consommation globale des ménages, en
raison notamment de la pression que l’Etat
exerce sur les ressources financières
disponibles, surtout à travers la dette
publique intérieure (Effet d’éviction:
Crowding-out Effect ‫)مفعول اإلزاحة‬.

• Inégalités sociales: disparités dans les


dépenses des ménages: riches, moins
riches, ville, campagne, etc.
Bibliographie indicative (non exhaustive)
1. Fascicule résumé de macroéconomie
(pour tous les groupes). (Al-Maarifa)
2. Nos cours de macroéconomie sur la
plateforme "Academia" (nous mettrons
les liens URL des cours sur les réseaux
sociaux).
3. Livre du prof. Ahmed Trachen: Economie
politique;
4. Vos lectures personnelles;
5. Pas de "copier-coller" à l’examen (même
si vos copiez du fascicule lui-
même)…Utilisez votre propre style.

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