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Le chômage : une insuffisance de la demande ou des coûts salariaux trop élevés ?

Introduction :
Au cours de ce dossier, nous chercherons à expliquer l’origine du chômage en
confrontant deux approches. La première consiste à dire que l’insuffisance de la
demande est responsable du chômage. La seconde défend qu’un coût salarial trop
élevé est à l’origine du chômage. Mais nous nous appliquerons en premier à définir le
contexte socio-économique. Nous analyserons d’abord les grandes évolutions du
marché de l’emploi depuis 1970 avant de voir que le chômage est devenu chronique
depuis la fin des Trente Glorieuses.

Thème II : Formation et emploi D3 1


Le chômage : une insuffisance de la demande ou des coûts salariaux trop élevés ?

Sommaire :

I. Comment l’emploi et le chômage évoluent-ils en France ? [3-7]

1) L’évolution de l’emploi en France [3-4]


a) Des changements dans les caractéristiques et la structure de
l'emploi [3-4]
b) L’évolution de la population active [4]

2) L’évolution du chômage [5-7]


a) Une définition plurielle du chômage [5-6]
b) La progression du chômage en France (1946-2010) [6]
c) Classification du chômage [6]
d) Influence des caractéristiques sociales [7]

II. Les salaires, un coût trop élevé pour les entreprises ? [8-9]

1) Introduction [8]
2) Définition [8]
3) Indicateurs [8]
4) Conséquences d'un cout de travail trop élevé [9]
5) Conclusion [9]

III. L’insuffisance de la demande : une explication au chômage ? [10-11]


IV. Synthèse [12]

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Le chômage : une insuffisance de la demande ou des coûts salariaux trop élevés ?

I. Comment l’emploi et le chômage évoluent-ils en France ?

1) L’évolution de l’emploi en France

Par définition, un emploi est un travail rémunéré et déclaré. L’emploi peut être salarié
ou indépendant.
L’activité se définit donc par le fait de posséder ou de rechercher un emploi rémunéré
et déclaré.

La population française est partagée en deux grands ensembles.


Tout d’abord, nous distinguons la population active qui se divise en deux catégories. La
première est composée des chômeurs qui sont les personnes dépourvues d’activité et
qui sont activement à la recherche d’un emploi tandis que les actifs possédant un
emploi forment la population active occupée.
Par opposition, les inactifs sont la partie de la population qui n’a pas ou ne recherche
pas d’emploi (personnes au foyer, les individus en cours de scolarité, les retraités).

Le taux d’activité représente la part des actifs dans la population en âge de travailler,
on le calcule donc ainsi :

a) Des changements dans les caractéristiques et la structure de l'emploi

Depuis 1970, l’emploi a évolué. Nous assistons à :


 Une salarisation de l'emploi : 91% des emplois en France sont aujourd'hui des emplois
salariés, alors qu'ils n'étaient que 69% en 1970.

 L’augmentation du niveau de qualification des emplois, à l’origine d’importantes


disparités.

 Une tertiarisation de l'emploi : depuis 1970, nous assistons à l’effondrement du


secteur secondaire substitué par l’essor des services, part qui représente aujourd’hui
80% de l’emploi en France.

Le développement des formes particulières d’emploi :

Le travail stable et à temps plein représente la norme depuis les Trente glorieuses.
Mais la mondialisation et la concurrence toujours plus importante engendrent le
développement des formes particulières d’emplois par les entreprises : les emplois
atypiques, non fondées sur un CDI à temps plein. En effet, elles mettent à disposition
des entreprises une main-d’œuvre moins couteuse et plus flexible, en fonction de ses
besoins (demande de produits saisonniers). De plus, ils concernent principalement les

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moins de 25 ans (plus de la moitié des emplois des jeunes), servant d’extension aux
périodes d’essais trop brèves (suppression du CPE, Contrat première embauche).

Cependant, la plupart des emplois atypiques sont des emplois précaires parmi lesquels
nous pouvons citer :
• le CDD (contrat à durée déterminée) : l’embauche se fait pour une période définie à
l’avance, de 1 mois à 18 mois renouvelable une fois ;
• le travail intérimaire : les contrats sont de très courte durée, le salarié travaille pour
une agence d’intérim qui lui fournit des « missions » dans des entreprises qui ont
besoin ;
• les stages, l’apprentissage ;
• les contrats aidés : financés en partie et pendant un certain temps par la collectivité.

Le développement de ce type de contrats se fait au détriment des salariés qui


encourent des risques d’exclusion. En effet, ces emplois précaires proposent des
revenus faibles, entraînant un épanouissement social moindre, et sont instables ; les
salariés se retrouvant fréquemment au chômage.

Le marché du travail est donc partagé entre le marché des emplois stables et celui des
emplois précaires. On parle alors de dualisme ou de segmentation. Cependant, les
actifs rencontrent des difficultés à passer du marché des emplois précaires à celui des
emplois stables.

b) L’évolution de la population active :

La croissance économique des Trente glorieuses a permis l’entrée sur le marché du


travail les générations nombreuses du baby-boom, des femmes (féminisation
enclenchée lors des guerres mondiales et favorisée par des évolutions législatives, et
des immigrés. A cette période, le nombre d’actifs va fortement augmenter passant
d’environ 20 millions d’actifs à 28.6 millions aujourd’hui. Cette évolution diffère selon les
populations : si l’on compare le taux d’activité des hommes à celui des femmes, celui
des hommes régresse depuis les années 1980 alors que celui des femmes a fortement
progressé, passant de 40 % environ dans les années 1970 à près de 60 % aujourd’hui.

Cependant cette hausse est contrebalancée par le recul de l’âge de départ en


retraite (actuellement de 62 ans) et l’âge d’entrée moyen dans le marché du travail qui
augmente (23 ans). En effet, en raison du chômage, la majorité des jeunes
entreprennent des longues études.

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2) L’évolution du chômage :

a) Une définition plurielle du chômage

Les chiffres officiels du chômage sont donnés par des études statistiques. Ainsi, être
chômeur n’a pas la même signification selon les organismes chargés du calcul.
On distingue deux principaux indicateurs du chômage en France :

Le chômage selon Le chômage selon Pôle


l’INSEE et le BIT Emploi
PSERE
DEFM
Population sans emploi
Indicateurs Demandeurs d’emploi
à la recherche d’un
en fin de mois
emploi

Un chômeur est une Trois critères :


personne en âge de
• être sans emploi ;
travailler (à partir de 15
ans) qui répond au trois • être disponible pour
critères suivants : travailler ;

• être inscrit à Pôle


- être sans emploi, c'est- Emploi.
à-dire ne pas avoir
Elle tient compte
travaillé au moins une
également :
Définitions heure durant une
semaine de référence ; • des personnes ayant
une activité réduite
- être disponible pour (moins de 78 heures
prendre un emploi dans dans le mois) mais qui
continuent à chercher
les 15 jours ;
un emploi à temps
- avoir cherché plein ;
activement un emploi
dans le mois précédent • des inscrits à Pôle
ou en avoir trouvé un Emploi n’effectuant
qui commence dans aucune recherche
moins de trois mois. d’emploi.

Ces deux types de mesure n’ont pas la même logique :

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- Pôle Emploi a pour objectif de recenser mensuellement les personnes ayant droit aux
allocations chômage et de leur proposer des emplois.

- l’INSEE et le BIT (Bureau International du Travail) cherchent à établir des statistiques


annuelles correspondant à une réalité économique.

L’INSEE s’appuie sur l’enquête emploi réalisée directement auprès de la population


mais aussi des Demandeurs d’Emploi en Fin de Mois (DEFM), liste établie par le Pôle
emploi. Cette liste est celle des chômeurs de catégorie A (à la recherche d’un emploi et
sans avoir exercé d’emploi durant la période de référence).

Cependant, cette mesure du taux de chômage est inexacte. En effet, la totalité des
demandeurs d’emplois sont regroupés sur 5 listes différentes (au total 6 151 400
demandeurs d’emplois en 2016) De plus, ces chiffres ne prennent pas en compte
les chômeurs découragés, non-inscrits au Pôle Emploi, les DOM, ainsi que la
population de flexion (occupe actuellement un emploi non-déclaré ou précaire mais
est à la recherche d’un emploi). Le taux de chômage est ainsi inexact, sous-évalué.

b) La progression du chômage en France (1946-2010) :

Lors de la période de forte croissance économique des Trente Glorieuses (1946-1975),


moins de 3% de la population active était au chômage en France. A la fin de cette
période, le chômage massif a fortement augmenté en France jusque dans les années
1990, où environ 10% de la population active était au chômage. Il a ensuite diminué
jusqu’en 2008 où la crise mondiale a fait de nouveau augmenter le taux de chômage.
Lors du quatrième trimestre 2015, il était de l’ordre de 10.3% de la population active (2.9
millions). Or, en période de crise, la durée passée au chômage augmente (chômage de
longue durée). En France, les chômeurs de longue durée (plus d’un an passé au
chômage) représentent 40 % du total des chômeurs. La durée du chômage augmente
avec l’âge et la probabilité d’en sortir diminue également.

c) Classification du chômage :

On distingue 4 formes de chômage différentes :

→ Le chômage conjoncturel : c’est un chômage temporaire lié à une baisse


ponctuelle de l’activité économique (exemple : fermeture d’une unité de
production due à la perte d’un client important).
→ Le chômage structurel : c’est l’absence durable d’emplois sur le marché du
travail, conséquences des mutations de l’économie (changements
technologiques modifiant l’offre d’emplois). Les actifs se retrouvent alors en
inadéquation avec les offres du marché de l’emploi et les qualifications
demandées.

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→ Le chômage frictionnel : c’est le temps que va mettre une personne pour


retrouver un nouvel emploi (période intermédiaire entre deux emplois).
→ Le chômage technologique : c’est le chômage généré par une plus grande
utilisation du capital technique dans le processus productif (robotisation).

d) Influence des caractéristiques sociales

Le chômage qui ne touche pas tous les actifs de la même façon. En effet, certaines
catégories sociales en sont plus victimes que d’autres.

→ Il touche plus les femmes que les hommes (+2 points en moyenne entre le
taux de chômage des femmes et celui des hommes durant la période 1970 à
2000). Si aujourd’hui cette différence s’amoindrit, les femmes occupent
majoritairement des emplois considérés précaires.
→ Il atteint majoritairement les jeunes (15-24 ans). En 2013, un quart des jeunes
de 15 − 24 ans était au chômage, alors que le taux de chômage moyen (des
personnes ayant de 15 à 64 ans) était de 10%.
→ Il varie en fonction du degré d’études et des diplômes obtenus.

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II. Le salaire, un coût trop élevé pour l'entreprise ?

1) Introduction :

La question du chômage, qui ne cesse d’augmenter, divise et intrigue en France. Etant


l'une des préoccupations majeures des Français, certains pointent du doigt
l'inefficacité des politiques face à la situation.

Quelles en sont les réelles causes ? Celui- ci serait-il dû à un coût salarial trop élevé ?

2) Définition :

Le monde économique libéral, pour qui l'économie est avant tout une affaire
individuelle et libre, revendique le fait est que le salaire est compris dans le coût de
production. Celui- ci, dépendant lui-même directement des prix de ventes.

Cout salarial

Charges
Salaire brut
patronales

Salaire net +
Cotisations
sociales

*Les cotisations sociales sont l'ensemble des versements effectués par l'employeur et
le salarié, calculé proportionnellement au salaire et servant à financer les divers
organismes publics chargés de la protection sociale (assurance, maladie, retraites...)

3) Indicateurs :

Le coût du travail peut se mesurer à l'échelle mondiale et internationale par le coût


salarial horaire. Cependant, pour effectuer ses comparaisons il faut avant tout prendre
un compte la productivité du travail qui peut varier d'un pays à l'autre.

En effet, si dans un pays X les salaires sont en moyenne plus élevé que dans celui Y
mais que les employés de ce même pays sont 2 fois moins productifs, l'employeur
privilégiera le pays X.

On utilisera donc pour la comparaison internationale le coût salarial unitaire réel


appelle aussi CSU. Ce coût tient compte à la fois de l'indice des prix (c'est un coût «
réel ») et de la productivité du travail (d'où le mot « unitaire »).

• CSU = Coût salarial total (coût horaire moyen de la main d'œuvre*nombre


d'heures de travail) /quantité produite

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• La question du coût de travail reste cruciale, la concurrence devenant de plus en
plus forte, on prévoit ainsi une égalisation de ces coûts à l'avenir.

4) Conséquences d'un cout de travail trop élevé :

• Incite au remplacement du travail par des moyens techniques (tel que la


mécanisation), perdant ainsi des emplois.
• Conduire à une stratégie de délocalisation vers des pays ou la main d'œuvre est
la moins chère.
• Une perte de la compétitivité vis à vis des produits concurrents, qui pourrait
conduire à la réduction des embauches et même à la faillite.
• Réduire la marge de profit de l'entreprise qui pourrait par la suite devenir un frein
pour l'innovation de l'entreprise et son développement.

5) Conclusion :

Un employeur n'embauchera un salarié que si la productivité marginale (production


obtenue par le dernier travailleur embauché) est supérieure au coût marginal (cout de
ce dernier).

Néanmoins, il est difficile, voire quasiment impossible d'établir une réelle relation entre
les coûts salariaux et le niveau des taux de chômage qui ne cessent d'augmenter. En
effet, réduire par exemple les cotisations sociales est dur, celles-ci sont
indispensables aux bonnes conditions de travail.

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Le chômage : une insuffisance de la demande ou des coûts salariaux trop élevés ?

III. L’insuffisance de la demande : une explication au chômage ?

En deux trimestre, fin 2008 et début 2009, la production industrielle des trente pays de
l'OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Économique) est
retombée à son niveau de 1996. Dans ces mêmes pays, 15 millions de personnes ont
perdu leur emploi dans cette même période.

Leur nombre pourrait atteindre 25 millions en 2010. Au niveau mondial, la production a


été négative en 2009 pour la première fois depuis le Seconde Guerre mondiale.

Pour Keynes, le seul fonctionnement du marché n’aboutit qu’exceptionnellement à


l'utilisation de toutes les quantités de facteurs de production disponibles. En effet, rien
ne dit que le volume de production que les entrepreneurs souhaitent mettre en œuvre
conduise au plein emploi (c’est à dire à l’utilisation de toute la main-d’œuvre
disponible dans l’économie).

Pour cet économiste, le niveau de l’emploi n’est pas fixé sur le marché du travail, mais
il résulte directement du niveau global de la production qui lui-même résulte de la
demande effective.

La demande effective est la demande de biens de production (EX : machines) et de


biens de consommation présente et anticipée (= prévue…) par les chefs d’entreprise
lorsqu’ils décident de produire, d’investir et éventuellement d’embaucher. C'est à dire
lorsqu'ils mettent en œuvre leur production (quantité à produire, combinaison
productive : quantité de capital et quantité de travail).

Ce concept permet à J.M. Keynes d’expliquer comment il peut exister des situations de
sous-emploi, c’est à dire des situations dans lesquelles l’embauche n’est pas suffisante
pour utiliser toute la main-d’œuvre disponible dans l’économie et dans lesquelles le
chômage se développe.

Lorsque les chefs d'entreprise « anticipent », cela signifie qu’ils se font une certaine
idée de la demande future qui leur sera adressée. Par rapport à cette anticipation, ils
vont donc décider d’un certain volume de production à mettre en œuvre et donc d’un
certain volume d’emploi à utiliser et d’investissement à réaliser pour y parvenir. En
effet, pour Keynes, en situation d’incertitude (ce qui est le propre de l’économie de
marché), c’est l’état d’esprit (plutôt optimiste ou plutôt pessimiste) des entrepreneurs
qui orientera leurs décisions. Une excessive prudence de leur part les conduit à
anticiper une faible demande effective, ce qui provoque alors un sous-emploi durable,
qui renforce encore le pessimisme des entreprises, car un chômeur et sa famille
devront faire face à une chute de leurs ressources financières, consommeront moins,
ce qui aura pour conséquence de renforcer encore la baisse de la demande.

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Le chômage : une insuffisance de la demande ou des coûts salariaux trop élevés ?

Fiche synthèse de l'exposé

• Le chômage est dû à une demande effective trop haute faite par les entrepreneurs, que
leurs entreprises ne peuvent pas réaliser et cause la perte des emplois.
• Demande effective : est la demande adressée aux entreprises et prévue par les
entrepreneurs

I L’évolution de l’emploi en France :

• Changement des caractéristiques et de la structure de l’emploi :

→ Salarisation →Tertiarisation →Féminisation →Hausse du niveau de qualification

 Développement des formes particulières d’emplois dits atypiques (CDD, intérims, stages,
apprentissages)

 Mondialisation,  Concurrence

 Main d’œuvre moins chère, plus flexible

 Risque d’exclusion des salariés = Dualisme du marché de l’emploi

II. L’évolution du chômage en France :

• Evolution du chômage en France :

Fin Trente Glorieuses  = chômage de longue durée 

Crise mondiale  = taux de chômage ≈ 10%

Il existe 4 formes de chômages :

- le chômage conjoncturel - le chômage structurel

- le chômage frictionnel - le chômage technologique

III. Les couts salariaux :

Cout salarial
CSU=Cout salarial total
(cout horaire moyen de
la main
Salaire brut
Charges d'oeuvre*nombre
patronales
d'heures de travail)
/quantité produite

Salaire net +
Cotisations
sociales

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