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Signification et mesure de la pression fiscale

In: Economie et statistique, N°11, Avril 1970. pp. 3-19.

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Signification et mesure de la pression fiscale. In: Economie et statistique, N°11, Avril 1970. pp. 3-19.

doi : 10.3406/estat.1970.1932

http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/estat_0336-1454_1970_num_11_1_1932
Résumé
L'expression très fréquemment employée de « pression fiscale » cache des difficultés d'interprétation
qui rendent son utilisation périlleuse dans les comparaisons internationales. En effet, une partie des
prélèvements sert à alimenter des transferts au profit des ménages ou des entreprises : ces opérations
constituent donc de simples redistributions de revenus. Une autre partie est dépensée sous forme de
salaires ou d'achats de biens ou de services : il s'agit de l'acquisition, par les administrations, des
facteurs nécessaires à la production des services qu'elles ont vocation de fournir gratuitement à la
collectivité (infrastructures, éducation, défense, justice,...).
Dans un cas comme dans l'autre, on voit qu'il n'est pas possible de faire abstraction de la finalité des
dépenses publiques, si l'on veut étudier le poids des recettes fiscales dans l'économie; l'étude revient
en fait à considérer la place des administrations publiques dans l'espace économique du pays
envisagé.
L'essai de comparaison internationale, qui est tenté sur ces bases,, montre que la part des impôts
directs et indirects dans le produit national brut est assez peu différente en France et dans quelques
autres grands pays industriels à économie de marché. Seule la Suède a une pression beaucoup plus
forte, et le Japon une pression beaucoup plus faible. En revanche, les cotisations sociales sont plus
élevées, en France.
L'analyse des dépenses publiques montre que les frais de fonctionnement des administrations sont
nettement plus faibles en France que chez la plupart de ses partenaires; par contre, les redistributions
de revenus y sont plus élevées qu'ailleurs.

Abstract
The very commonly used expression « the weight of taxation » masks difficulties of interpretation which
make its use dangerous in international comparisons.
In practice, part of the amount levied goes to finance transfers to the benefit of households and
enterprises; these operations are therefore a simple redistribution of income. Another part is expended
in the form of salaries and wages or the purchase of goods and services; this represents the acquisition
by general government of the factors needed to produce the services which it is its duty to furnish free
of charge to the community (infrastructures, education, defence, administration of justice, etc.).
In both cases it will be seen that it is impossible to disregard the purpose of public expenditure if it is
desired to study the weight of tax revenue in the economy; the study in practice amounts to consider the
place of general government in the economic structure of the country in question.
The attempt at international comparison on these bases shows that the share of direct and indirect
taxation in the gross national product differs very little in France and in some other big market-economy
industrialised countries. Only in Sweden is the weight much greater and in Japan much less. On the
other hand, social security contributions are higher in France.
The analysis of public expenditure shows that the operating costs of general government are markedly
lower in France than in most of its partner countries; on the other hand, the redistribution of income is
higher than elsewhere.

Resumen
La « presión tributaria » — expresión que se emplea con gran frecuencia — oculta desavenencias en
su interpretation y por lo tanto su utilization résulta peligrosa para Ilevar a cabo equiparaciones
internacionales.
En efecto, una parte de las deducciones sirven para fomentar transferencias en beneflcio de los
hogares o de las empresas : taies operaciones constituen, por lo tanto, redistribuciones de los ingresos,
meramente. Otra parte esta empleada para sueldos o para adquirir bienes y servicios : se trata de la
adquisición por parte de la Administration pública de los factores necesarios para la production de los
servicios que, por vocation propia, suelen proveer gratuitamente a las colec- tividades (infraestructuras,
ensenanza, defensa, justicia,...).
En un caso, como en el otro, vemos que no se puede prescindir de la finalidad de los gastos públicos,
si se quiere examinar el peso de los ingresos tributarios sobre la economfa; su estudio consiste en
punto a considerar el lugar que ocupa la Administration pública dentro del espacio económico del pafs
considerado.
El ensayo de comparacién internacional que se intenta Ilevar a cabo sobre estas bases pone de
evidencia que la portion de los impuestos directos e indirectos en el Producto Nacional Bruto se
diferencia apenas en Francia de la de algunos otros pafses de gran desarrollo industrial y de economla
de mercado. Tan solo Suecia tiene una presión tributaria mucho más acentuada, y Japon una presión
tributaria mucho más baja. En cambio, las cotizaciones sociales son mas elevadas en Francia.
El análisis de los gastos públicos demuestra que las expensas de funcionamiento de la Administration
pública son netamente más bajas en Francia que en la mayorfa de los demás paises; en cambio, la
redistribución de los ingresos es, en Francia, más elevada que en cualquier otra parte.
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VIe
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qui
ici,»

ciation du poids de la fiscalité, dans un pays donné, exige la prise en considération de l'ensemble des
relations entre les administrations publiques et les autres agents économiques. L'étude revient en fait à
examiner la place de celles-ci dans l'économie concernée.
Le rapport se termine par un essai [de comparaison internationale. L'exercice est périlleux et ne saurait
être dissocié de l'étude méthodologique dont il est l'application. Les résultats pourraient en effet se prêter
à des interprétations hâtives si l'on ne gardait pas en mémoire les problèmes conceptuels soulevés préc
édemment.

En utilisant les résultats publiésjpar l'O.C.D.E. qui,


harmonisant les comptes élaborés par les pays membres
offrent la seule source disponible, on trouve que le poids
des impôts français est à peu près identique à ceux des
autres pays étudiés; seuls la Suède a une pression fiscale des
Le rôle
publiques
administrations
économique
beaucoup plus forte et le Japon une pression beaucoup
plus faible. Mais il faudrait pousser plus loin l'analyse :
l'impact de la ponction fiscale dépend évidemment des 1
structures économiques et démographiques et de la répar
tition des impôts entre les divers secteurs qui peuvent
différer considérablement d'un pays à l'autre.
Si l'on ajoute les charges sociales aux impôts proprement
dits, on constate en revanche que les prélèvements ainsi Il existe, dans tous les pays un certain nombre de prél
calculés sont plus élevés en France que dans la plupart des èvements obligatoires sur l'économie. Ces prélèvements
pays étudiés. Mais, comme on l'a déjà souligné1, l'importance peuvent être classés sommairement en deux catégories prin
relative des cotisations sociales en France traduit en fait une cipales :
répartition différente entre salaires directs et indirects, le — la charge fiscale, définie comme l'ensemble des recettes
coût salarial total restant semblable à celui de ■ nos fiscales de l'État et des collectivités locales;
partenaires.
— les cotisations sociales.
L'analyse des dépenses publiques montre que les frais de
fonctionnement administratif sont plus faibles en France que
chez la plupart de ses partenaires, alors que les redistribu On peut également distinguer une troisième catégorie
tions de revenus par les administrations publiques y sont de prélèvements, dont l'importance reste relativement
plus élevées qu'ailleurs. mineure : les prélèvements parafiscaux, au sens strict du
terme, généralement créés au profit d'organismes profes
sionnels.

division
essai
1.* LeCf.
de principal
«économie
comparaison
Étude des
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et statistique,
entreprises
internationale
de n°
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de».: «l'I.N.S.E.E.
Les est
charges
M. Jean-Jacques
des entreprises
Branchu,
françaises
de la: En rapportant l'ensemble de ces prélèvements obligatoires
ou une des catégories définies ci-dessus soit à la production
même d'État, mais dans bien des domaines l'action des admi
nistrations publiques est, d'un pays à l'autre, d'importance
variable, selon leur degré de développement et leur philo
LA NOTION D'ADMINISTRATION PUBLIQUE sophie politique.
DANS LA COMPTABILITÉ NATIONALE Ce qui est en cause ici, c'est donc la place des administra
Le terme «administrations publiques » est utilisé dans cet article tions publiques dans l'économie. Elles sont insérées dans les
dans le sens de la Comptabilité nationale. En fait, ce sens diffère circuits des échanges économiques et financiers et toutes
peu de l'acception courante, et désigné les organismes à but leurs relations avec les autres agents économiques doivent
non lucratif, relevant de la puissance publique, et accomplissant
des tâches d'intérêt général. Les administrations publiques sont être prises en considération. La part du produit national
caractérisées moins par leur nature juridique que par leur acti qui est en quelque sorte dérivée à travers elles par l'inte
vité, qui consiste à fournir à la collectivité — sans les lui vendre rmédiaire des prélèvements obligatoires ne peut être inter
à proprement parler — un certain nombre de services (adminis prétée valablement sans une analyse des principales fonc
trationgénérale, justice, défense, santé, etc.). tions auxquelles répondent leurs dépenses/
Les administrations publiques comprennent :
— l'État (y compris éventuellement les États fédérés);
— les collectivités locales (en France, les communes, dépar
tements, etc.); Dépenses de fonctionnement
— les organismes semi-publics d'action 'économique (ports
autonomes, sociétés d'exploitation des autoroutes, organismes et redistribution .
d'aménagement régional, etc.);
— la Sécurité sociale. Les dépenses des administrations publiques ne servent
pas en totalité à rémunérer du personnel ou à acquérir des
Les organismes publics dont le but est de vendre des services à
la collectivité sont exclus de ce champ, et font partie des entre biens ou des services. Certaines dépenses, telles que les pres
tations sociales ou les subventions, ont pour but de modifier
prises publiques : c'est le cas non seulement des sociétés nationales,
bien qu'elles dépendent de l'État, mais même, malgré son nom, la répartition des revenus; on les appelle dépenses de redis
de l'Administration des Postes et Télécommunications. tribution. Ces opérations ont certes une influence sur l'éc
La Comptabilité nationale française prend également en considé
rationles administrations publiques étrangères et internationales onomie, puisqu'en déviant le flux des revenus, elles changent
(représentations diplomatiques, etc.), et les organismes à but non le comportement des consommateurs et des investisseurs.
lucratif qui ne relèvent pas de la puissance publique, appelés Mais mis à part le coût de la redistribution, elles n'impli
administrations privées (syndicats, organisations professionnelles, quent aucune mobilisation par les administrations de res
églises, associations diverses). Tous ces organismes ne sont pas sources en main-d'œuvre, en biens ou en services, ni aucune
compris dans les « administrations publiques » étudiées dans cet
article. création de biens ou services nouveaux.
Il n'en est pas de même des dépenses de fonctionnement et
d'investissement des services publics qui ont pour, objet
l'acquisition des moyens nécessaires à la production de services
mis gratuitement à la disposition des citoyens: administration
intérieure brute, soit au produit national brut, on obtient générale,, maintien de la sécurité intérieure et extérieure,
des pourcentages qui définissent, pour un pays : services de santé et d'éducation, usage d'infrastructure de
— la pression d'ensemble des prélèvements obligatoires; transport, de loisirs,, etc. Cette activité des administrations
— la pression exercée, à l'intérieur de cet ensemble, par publiques, souvent appelée fonction d'allocation, implique
chacune des catégories de prélèvements (pression fiscale, la mobilisation de facteurs de production (main-d'œuvre,
pression parafiscale, pression des charges sociales). biens d'équipement, produits de consommation) au détr
iment d'autres activités.
Le corps social fait donc un arbitrage entre :
Contreparties — d'une, part, des biens et des services collectifs, fournis
gratuitement par les administrations publiques2, les frais
d'importance variable correspondants étant couverts par les prélèvements fi
scaux et leur charge répartie en pratique suivant les dispo
II s'agit là de notions simples mais qui à beaucoup d'égards sitions de la réglementation fiscale;
apparaissent peu significatives. L'importance .plus grande — d'autre part, les biens et les services rendus sur le marché,
des prélèvements obligatoires dans un pays donné ne dont les consommateurs supportent les coûts directement,
traduit pas nécessairement un moindre rendement du sec à titre individuel.
teur public; on ne peut pas davantage affirmer qu'elle cons
titue en soi un handicap pour l'économie. En calculant la part des dépenses publiques de fonctio
L'interprétation d'un tel' ratio nécessite de procéder à nnement et d'investissement dans le, produit national brut,
l'examen de ce que reçoivent les citoyens, considérés co on aura un indicateur de l'arbitrage réalisé.
l ectivement, en contrepartie des versements auxquels ils
sont astreints. 2. On se réfère ici à une définition économique des administrations publiques
On retrouve dans tous les pays de civilisation avancée qui est celle de la comptabilité nationale. Les services publics qui vendent leurs
produits sur lesle entreprises
marché, tel etlenon
service
dans lesdes administrations
certaines de ces contreparties car elles sont liées à la notion postes -et télécommunications, sont
classés dans (cf. encadré ci-dessus).
Les ressources Le montant du budget, sa structure en ressources et en
emplois, l'importance de son solde et la manière dont il est
II n'y a pas identité entre prélèvements obligatoires et couvert ont une incidence économique importante sur le
ressources des administrations publiques bien que les deux rythme de l'activité économique. Ainsi le budget est utilisé
notions soient assez proches l'une de l'autre. pour assurer la régulation conjoncturelle de l'économie; on
Les prélèvements parafiscaux qui s'inscrivent généralement parle souvent à ce propos d'une troisième fonction écono
au profit d'organismes professionnels ne sont évidemment mique des administrations, la fonction de régulation.
pas compris dans ces ressources, mais leur importance est Cette fonction ne nous intéresse pas directement dans
relativement mineure. cette étude mais il est important de souligner la complexité
du rôle économique des administrations publiques. On com
Par ailleurs les comptes des administrations publiques font prend ainsi que ce rôle ne peut être appréhendé qu'à l'aide
apparaître des ressources qui ne correspondent pas à des d'un compte économique complet.
prélèvements obligatoires. Ce sont : Le schéma de ce compte est présenté au graphique I, p. 8.
— les revenus provenant de la propriété du domaine et Du côté des emplois il fait apparaître l'analyse des dépenses de
des entreprises publiques; redistribution qui fait l'objet du paragraphe suivant. L'ana
lysepar fonctions des dépenses d'allocation n'est pas pré
— divers transferts courants ou en capital, reçus des autres sentée. Elle aurait un très grand intérêt pour les compar
agents (ménages, institutions privées sans but lucratif et aisons internationales, mais on verra plus loin les difficultés
entreprises) ou de l'étranger. de cette analyse compte tenu de l'information disponible.
Les prélèvements fiscaux et les cotisations sociales cons
tituent cependant l'essentiel des ressources. La distinction
faite entre ces deux catégories de prélèvements se justifie De simples reversements
à la fois par le caractère de ressource affectée des cotisations
sociales et par la signification particulière de ces cotisations Dans les dépenses de redistribution, qui sont de simples
pour les assujettis. reversements de revenus prélevés par les administrations,
Si on laisse de côté le cas des assurés sociaux non salariés,
les cotisations sociales sont versées en partie par les emnous distinguerons essentiellement les transferts aux mé
nages et les subventions aux entreprises.
ployeurs et en partie par les salariés. Du point de vue de
l'employeur, l'ensemble salaires directs et cotisations sociales • Les transferts aux ménages correspondent aux presta
représente, en première approximation, le coût d'emploi tionsversées par les organismes de Sécurité sociale- (allo
delà main-d'œuvre; du point de vue du salarié, il y a un cations familiales, remboursements de frais médicaux,
salaire direct, qui lui est versé effectivement, et un gain retraites, etc.), ainsi qu'aux dépenses d'assistance (victimes
indirect; comprenant le total des cotisations sociales, payées de guerre, etc.).
par l'employeur, y compris la fraction retenue sur la feuille Les opérations de Sécurité sociale sont alimentées essen
de paie. tiellement par les cotisations sociales. On constate cepen
dantque les transferts aux ménages sont toujours plus im
portants que les cotisations sociales.
Cette différence est financée par les ressources fiscales
L'équilibre budgétaire des administrations publiques : elle représente la quote-part
de l'État et des collectivités locales dans le financement de la
L'étude de la place des administrations dans l'économie couverture des risques individuels3.
devra donc distinguer nettement la fonction d'allocation La signification économique de cette quote-part des admin
consistant à fournir des services collectifs et la fonction de istrations , mérite .d'être précisée.
redistribution qui a pour but de modifier la répartition des Les risques supportés par les individus peuvent être cou
revenus. De manière symétrique on distinguera les res verts de plusieurs manières :
sources affectées aux opérations de redistribution et les
ressources proprement fiscales. — par les individus eux-mêmes, assumant personnellement
Il convient de souligner cependant le caractère approximat leurs propres risques;
if de cette symétrie. On a déjà vu que les administrations — par des organismes privés, tels que des compagnies d'as
ont des ressources autres que les prélèvements obliga surances à but lucratif, auxquelles les individus s'affilient eux-
toires. Il n'y a pas égalité d'autre part entre les ressources mêmes, ou sont affiliés parles soins de leurs employeurs;
affectées à la redistribution et les dépenses de redistribution. — par les entreprises, auxquelles sont attachés des services
Enfin, au cours d'une période donnée, le total des ressources médicaux, ou qui, comme au Japon remettent aux vieux
et le total des dépenses des administrations publiques ne travailleurs un capital lors de leur départ, plutôt que de les
sont jamais égaux entre eux : il subsiste un solde, rarement affilier à une caisse de retraite;
excédentaire, qui correspond aux dettes (éventuellement
aux créances) des administrations vis-à-vis des autres agents
économiques ou de l'étranger; d'où son nom : besoin de 3. Les frais de gestion et d'équipement des organismes publics de prévoyance
sociale sont compris dans l'ensemble des dépenses de fonctionnement et d'équ
financement (ou au contraire, capacité de financement). ipement des administrations.
PRESSION FISCALE 5
— par les administrations publiques sous forme d'assistance entreprises, qui ne sont pas comptabilisées dans les subvent
directe en nature : c'est le cas de l'assistance médicale gra ions: avantages fiscaux, facilités de crédit, travaux de génie
tuite, par exemple; civil profitant à certaines industries, libéralisme administ
— enfin, par les administrations publiques encore, mais en ratifpour l'implantation d'installations industrielles dans
espèces, sous forme de redistribution de revenus, soit dire certaines zones, prise en charge des nuisances par la collec
ctement (assistance de l'État en cas de cataclysme, par exemp tivité, etc. Le montant des subventions ne donne donc pas
le), soit par le truchement du système collectif de pré une mesure exacte de l'effort que fait un pays, par l'inte
voyance sociale (Sécurité sociale, caisses de retraites ou rmédiaire du budget des administrations publiques, en faveur
d'allocations familiales, etc.). des entreprises.

Ces cinq modes de couverture des risques coexistent dans • D'autres transferts sont effectués par les administrations
tous les pays. Leur importance relative relève d'un choix publiques, sans contrepartie sous forme d'emploi de main-
politique, délibéré ou non, qui caractérise le régime de d'œuvre ou d'acquisitions de biens ou de services; ce sont
chaque pays : les deux premiers modes ont plus d'impor essentiellement :
tanceaux États-Unis; le troisième domine au Japon; le — des opérations vers l'extérieur;
quatrième en Grande-Bretagne; le cinquième en France.
— des transferts en capital au bénéfice des [ménages,
Seuls les deux derniers modes de couverture des risques des institutions privées sans but lucratif et des entreprises
nous intéressent ici, puisqu'ils concernent les, administra (subventions d'équipement).
tions publiques. Comment leur financement est-il assuré ?
Le quatrième mode de couverture (assistance directe en Ces opérations s'apparentent, par leur nature, aux dépens
nature par les administrations publiques) est financé sur les esde redistribution.
dépenses de fonctionnement de l'État ou des collectivités
locales (dépenses de santé publique par exemple).
Quant au cinquième (assistance en espèces) son financ
ementest assuré dans tous les pays, de trois manières : Une étude globale
est insuffisante
— par les individus (cotisations sociales, obligatoires ou
non versées par les assurés); L'analyse présentée ci-dessus du rôle économique des
— par les employeurs (part patronale des cotisations administrations publiques a été volontairement limitée
sociales des salariés); en vue de la rendre aussi opérationnelle que possible.
— enfin par la société dans l'ensemble, au moyen des On verra ci-après qu'elle permet de définir la méthodologie
prélèvements fiscaux. C'est cette troisième partie qui d'une comparaison internationale susceptible d'être expéri
constitue la quote-part des administrations publiques dans mentée avec les informations actuellement disponibles.
le financement de la couverture des risques sociaux; elle Il ne faut pas perdre de vue cependant que cette analyse
est mesurée approximativement par la différence entre n'éclaire que de manière très partielle et insuffisante la
les transferts des administrations publiques aux ménages notion de pression fiscale dont la signification est l'objet
et les cotisations sociales. de cette recherche.
On a montré que la « fonction de redistribution » assurée
• Les subventions aux entreprises poursuivent deux types par les collectivités et organismes publics ne modifie pas,
d'objectifs souvent difficiles à distinguer : par elle-même, la part faite dans l'économie du pays au
secteur soumis aux lois de l'économie de marché : elle
— des objectifs à caractère économique : subventions n'entraîne, au niveau global, aucun prélèvement réel sur
d'équipement à un secteur que l'on souhaite moderniser, les ressources de ce secteur ni sur les biens dont il peut
développement de l'activité économique d'une région, etc.; disposer. En revanche, les dépenses consacrées à la « fonc
— des objectifs à caractère social : assurer la reconvers tion d'allocation » alimentent l'existence d'un secteur public
producteur de services, dont l'importance dans l'économie
ion progressive de houillères sans créer de chômage, d'un pays a nécessairement une influence directe sur la
maintenir des voies ferrées non rentables pour éviter le taille et le comportement du secteur concurrentiel.
dépeuplement d'une région, ou même favoriser les familles
nombreuses par des tarifs préférentiels, dans un but de La contrepartie des prélèvements opérés au profit du
politique démographique.^etc. â secteur public, ce sont les biens et services collectifs mis
par ce dernier à la disposition de la nation. Si le secteur
D'autre part, les bénéficiaires finals des subventions public fonctionne avec autant d'efficacité que le secteur privé
ne sont pas toujours les destinataires directs des sommes et fournit des biens aussi nécessaires aux besoins du pays il
versées : par exemple, les subventions d'équilibre versées ne constitue nullement une charge pour la collectivité. Mais
aux chemins de fer ont souvent pour but le maintien de par sa nature il n'est pas soumis aux lois et aux contraintes
tarifs bas dont les bénéficiaires sont les particuliers ou les du marché dont les mécanismes assurent plus ou moins
entreprises. Enfin, II y a d'autres manières de favoriser les parfaitement la réalisation de cette condition. Ainsi la mesure
de l'importance du secteur public par rapport au produit puisque les produits exportés en sont exonérés et que les
national brut devrait être complétée par la mesure en quant produits importés y sont assujettis. Mais, sur le marché
itéet qualité des services qu'il rend, c'est-à-dire une mesure intérieur, cet impôt s'ajoute au prix d'un produit; son taux
de productivité. plus ou moins élevé peut donc favoriser ou freiner le dévelop
pement du marché intérieur de ce produit, et ceci d'autant
plus que la demande est plus sensible aux fluctuations
Répartition des charges de prix. Dès lors, pour des entreprises qui produisent des
biens à forte élasticité par rapport aux prix, un taux élevé
et des avantages de T.V.A. contribuera à réduire leur marché intérieur.
De même, montrer que les charges sociales représentent Si ce taux est moins élevé dans les pays concurrents, les entre
une fraction plus importante de la production intérieure prises pourraient subir un certain handicap, car leur déve
loppement
brute dans un pays que chez ses voisins, ne permet légitim bénéficieraient s'appuierait sur un marché plus étroit, et elles
ementde conclure que sur un seul point : dans ce pays d'une manière moindre des baisses de prix
le système social de redistribution des dépenses de santé de revient dues aux grandes séries.
est plus développé qu'ailleurs. Mais il n'est légitime de
conclure ni que la fraction du produit national consacré
aux dépenses de santé est plus élevée qu'à l'étranger (car
il faudrait tenir compte des dépenses de santé directement
assumées par les particuliers sur leurs ressources), ni que
le système sanitaire est particulièrement onéreux (pour la
raison précédente et aussi parce qu'il est possible que ce
coût éventuellement plus élevé corresponde à de meilleurs
services) ni que les entreprises subissent de ce fait une charge 2
qui les handicape (car ce qui importe pour elles ce sont les
coûts salariaux globaux — dont les cotisations sociales ne
constituent qu'une partie — et qui peuvent ne pas être
plus élevées qu'ailleurs si les salaires directs sont plus faibles).
Il semble qu'une telle analyse soit essentielle pour l'étude
de la pression fiscale. Et cependant la seule distinction intro
duite ci-dessus pour répondre à cette question concerne
les dépenses de redistribution qui ont été analysées en —uneLe
dans
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— Nous
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qui
: industriels
caractéris
précède
publiquesà
transferts aux ménages et subventions aux entreprises.
De plus on a souligné le caractère formel de cette distinc
tion,les destinataires directs des subventions n'étant pas
toujours les bénéficiaires finals. On mesure donc combien
serait complexe une comparaison fouillée.
La mesure de l'incidence des prélèvements obligatoires tiques opposées et particulièrement intéressantes.
sur telle ou telle catégorie d'agents économiques, se heurte
à des difficultés analogues. Il n'est pas possible de comparer entre eux des chiffres
Il est incontestable que ce sont les entreprises qui paient provenant des budgets des États et des organismes publics :
les impôts sur la dépense et en particulier la T.V.A. C'est les constatations que l'on en tirerait risqueraient de refléter
sans doute pour cette raison que la comptabilité nationale plutôt les divergences entre les méthodes comptables que
met ces impôts à la charge de l'agent « entreprises ». Mais les différences de structure, objets de notre recherche.
la théorie fiscale considère à l'inverse qu'en l'occurence De plus, les organismes concernés sont multiples : État
les entreprises jouent uniquement le rôle de collecteurs central, éventuellement États fédérés, collectivités locales
d'impôts au profit du Trésor, l'impôt étant exclusivement et toutes les administrations qui sont rattachés aux uns
supporté par le consommateur final et ne constituant pas, et aux autres, y compris la Sécurité sociale; les imbrications
sauf dans le cas particulier de « rémanence de taxes » entre les budgets sont telles que l'on se perdrait facilement
une charge du compte d'exploitation des entreprises. dans ce dédale sans parvenir à comparer des choses réell
Or, le choix de l'une ou l'autre optique modifie évidemment ement comparables, ni à séparer avec certitude ce qui appar
de façon essentielle les conclusions que l'on pourrait tirer tient aux entreprises publiques.
d'une comparaison internationale des charges fiscales sur Ces considérations nous contraignent à avoir recours
les entreprises. aux comptes nationaux normalisés publiés par les organisa»
Il n'est pas niable, en fait, que le poids des impôts indirects tions internationales.
et en particulier de la T.V.A. repose en fin de compte, Ces comptes sont en fait établis par les pays membres
de façon générale, sur les ménages. de ces organisations, à partir de ceux qu'ils dressent pour
Il convient cependant de nuancer cette affirmation : leur propre usage, mais cette traduction est faite dans un
la T.V.A. est généralement considérée comme un impôt cadre comptable commun, le Système normalisé de comptab
«neutre», au regard de la compétitivité internationale, iliténationale des Nations unies, avec des nomenclatures
PRESSION FISCALE 7
GRAPHIQUE I. Schéma d'un compte des administrations
publiques (France 1967, en millions de
francs courants et en % du produit national
brut)
EMPLOIS RESSOURCES
relations entre les agents économiques. Dans le cas des
administrations publiques, il s'agit du meilleur instrument
disponible pour analyser les opérations qu'elles effectuent
O) avec les ménages, les entreprises et l'étranger.
Il n'aurait aucun sens de comparer directement des flux,
Ë m»»* par exemple les dépenses des administrations de deux pays.
(1)' x Nous cherchons d'une façon générale à mesurer la proport
a Su- 30- ion des revenus tirés de la production, qui se trouve dérivée
.2 S par les administrations publiques. L'indicateur le plus utilisé
-*- in "a o
REDISTRIBUTION .12ÛZ °° pour donner la mesure de la création de valeur dans une
a économie est le produit national brut. Nous utiliserons
(21,0% du PNB) Oo donc principalement des séries de ratios obtenus en rappor
tantles flux (recettes, dépenses, opérations de sécurité
sociale, etc.) au produit national brut.
Transf. 6 MF 1,2% La structure d'un compte des administrations est repré
(2) sentée par le graphique I.
Subventions Le graphique . présente deux colonnes : à droite, les
d'exploitation 20- ressources, comprennent les impôts, les « autres ressources »
12 MF 20% (revenus de la propriété publique) des transferts divers
Autres reçus par les administrations, et enfin les cotisations sociales
transferts versées par les employeurs et par les assurés. Dans la colonne
14 M F 25%
// / // de gauche, nous trouvons les emplois, avec les transferts
F.B.C.F. courants aux ménages (essentiellement les prestations
sociales), les subventions d'exploitation aux entreprises,
des transferts divers versés à d'autres agents ou à l'extérieur,
a-.Ol/l CM enfin, les dépenses de fonctionnement et d'équipement.
Les deux colonnes ayant leurs sommets alignés, la diff
10- érence de hauteur qui apparaît est le solde, le besoin de
financement dans le cas du graphique.
ALLOCATIONS Nous allons présenter les principaux résultats de l'appli
(17,3% du PNB) cation de cette méthode à la comparaison des comptes des
administrations publiques. Les différentes composantes,
et leurs rapports au produit national brut seront examinées
successivement. On étudiera les ressources (impôts, cotisa
tions sociales et ressources diverses), avant les emplois,
en distinguant ce qui correspond aux fonctions de redistribu
tion et d'allocation.
- 0-
- 1-
Bes.de financé Les impôts
3 MF -0,5%
Nous examinerons ici les impôts proprement dits, c'est-à-
"l.'Part des dépenses de redistribution couvertes par des cotisations sociales. dire l'ensemble des contributions directes et indirectes
des2. cotisations
Part des transferts
sociales. aux ménages couverts par des ressources autres que perçues par les administrations publiques, cotisations sociales
exclues. Ces dernières seront étudiées dans le paragraphe
suivant.
et des définitions identiques d'un pays à l'autre. La condi Le graphique II donne une représentation de l'évolution,
tionde comparabilité se trouve, en général mieux réalisée dans les neuf pays étudiés et de 1959 à 1967, du pourcentage
dans les pays de la Communauté économique européenne des impôts dans le produit national brut, pourcentage
que dans les autres, qui ont quelquefois adopté, pour leur que nous appellerons « taux de pression fiscale ».
statistiques,. des traitements comptables un peu différents. La première constatation que l'on peut faire à la lecture
Il est clair que les chiffres de la Comptabilité nationale de ces courbes est la grande dispersion des taux de
doivent* être utilisés avec esprit critique : ils sont établis pression fiscale, dispersion croissante au cours de la période
en*agrégeant des -informations de sources très diverses; étudiée, puisque les taux vont de 15% (Japon)1 à 26%
la fiabilité relative qu'ils offrent tient à leur cohérence (Suède) en 1959, et de 15 % à 34% (pour les mêmes pays)
entre eux. Il ne faut pas se faire d'illusion sur leur précision, en 1967.
et les conclusions que nous en tirerons feront une grande On remarquera d'autre part, que dans plusieurs pays, le
part à la prudence nécessaire. taux est croissant, depuis 1963 ou 1964 en Italie, Pays-Bas
La Comptabilité nationale a toutefois le mérite de donner et au Royaume-Uni, et même depuis 1959 en Belgique
une représentation assez fidèle et cohérente de toutes les et en Suède, avec un palier, dans ces deux pays, de 1962
35
ooz SUEDE
Q.
3
S
30

ROYAUME-UNI

25

FRANCE

20 ITALIE

GRAPHIQUE II et TABLEAU 1. Pres


sion fiscale dans 9 pays industriels
(Total des impôts proprement dits en % 15 JAPON
national brut) du produit 1959 1960 1961 1952 1963 1964 1965 1956 1367 1958

Accroissement
1959 1962 1967 1968 annuel moyen
1959-1967
% par an x

France 22,8 22,1 22,5 22,4 0,2


Allemagne . . 23,3 25,2 24,8 0,8
Italie 18,4 18,9 20,1 1,0
Belgique 18,8 20,5 22,8 2,2
Pays-Bas 21,7 22,5 24,5 1,4
Royaume-Uni 24,3 25,2 28,0 1.6
Suède 25,7 29,5 33,7 3,1
États-Unis .. 22,6 23,4 23,1 0,2
Japon 15,4 16,5 15,3 0,1

1. Il s'agit ici de l'accroissement moyen du rapport pression fiscale sur produit national brut.

Sources : O.S.C.E et O.C.D.E.


PRESSION FISCALE 9
GRAPHIQUE III et TABLEAU 2.
Cotisations sociales
Total des cotisations aux organismes
publics de sécurité sociale en % du pro
duit national brut 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1966

^'Accroissement
1959 1962 1967 1968 annuel moyen
1959-1967
% par an

France 11,3 12,5 14,1 14,5 2,8


Allemagne.. . 9,6 9,8 10,3 0,9
Italie 8,6 9,6 10,7 2,8
Belgique 6,0 6,9 9,8 6,3
Pays-Bas 7,7 8,3 12,7 6,4
Royaume-Uni 3,7 4,2 4.8 3,3
Suède 3,1 4,6 7,1 9,6
États-Unis... 3,5 4,2 5,2 5,1
Japon 2,4 2,8 3,7 5,6

Sources : O.S.C.E. et O.C.D.E.

à 1964. Enfin, dans quatre pays, le taux de 1967 se trouve Soulignons enfin les deux cas^tout à fait remarquables
à peu près au même niveau qu'au début de la période : de la Suède et du Japon, cas extrêmes, aussi bien par le
il s'agit du Japon (15% environ en 1959 et 1967, avec un niveau des taux de pression fiscale, que par leur évolution
minimum à près de 17% en 1963), des États-Unis (23% de 1959 à 1967.
environ), de l'Allemagne fédérale (environ 25 % depuis Le tableau 1 donne les plus récents résultats disponibles,
1961, mais 23 % en 1959 et 24 % en 1965) et enfin la France, pour les années 1959, 1962 et 1967 (et 1968 pour la France)
dont le taux évolue entre 22 et 23 % depuis 1959. La Bel et les taux d'accroissement annuels moyens correspondants.
gique, partie du niveau de l'Italie (19 % en 1959), a rattrapé
la France en 1967 (22,8%). Les cotisations sociales
On voit qu'en 1967, seuls l'Italie et le Japon ont des taux
inférieurs à celui de la France. En 1968, d'après les données Parmi les neuf pays étudiés, c'est en France que les cotisa
provisoires disponibles, le taux français se serait maintenu tions sociales représentent le pourcentage le plus élevé du
au même niveau qu'en 1967. produit national brut. Ce pourcentage augmente plus vite
Il semble donc possible d'affirmer que la France était, qu'en Allemagne fédérale, mais beaucoup moins vite que
en 1967, parmi les pays industriels qui ont une pression dans la plupart des autres pays (tableau 2 et graphique III).
fiscale relativement faible, à égalité avec la Belgique et les On remarquera les taux très faibles du Japon, de la
États-Unis, .mais distancée par les Pays-Bas, l'Allemagne Grande-Bretagne, des États-Unis et de la Suède. Dans. ce
fédérale et surtout le Royaume-Uni et la Suède. dernier pays, cependant, le taux augmente de près de 10%
10
SUEDE

BELGIQUE
ROYAUME-UNI

GRAPHIQUE IV et TABLEAU 3.
Cumul des impôts et des cotisations
sociales
En % du produit national brut 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1955 1966 1967 1968

Accroissement
19S9 1962 1967 1968 annuel moyen
1959-1967
% par an

France 34,1 34,6 36,6 36,9 1.0


Allemagne. . . 32,9 35,0 35,1 0,8
Italie 27.0 28,5 30,8 1,7
Belgique 24,8 27,4 32,6 3.4
Pays-Bas 29,4 30,8 37,2 3.0
Royaume-Uni 28,0 29,4 32,8 2,0
Suède 28,8 34.1 40.8 4,5
États-Unis. .. 26,1 27,6 28,3 1.0
Japon 17,8 19,3 19,0 0,8

Sources : O.S.C.E. et O.C.D.E.


PRESSION FISCALE 11
TABLEAU 4. Dépenses de redistribution des administrations publiques
Transferts aux ménages et subventions aux entreprises en
% du produit national brut
Transferts aux ménages Part des transferts Subventions d'exploitation aux entreprises
aux ménages
sement non couverte sement
1959 1962 1967 1968 annuel par les 1959 1962 1967 1968 Accrois
annuel
moyen cotisations sociales moyen
1959-1967 1959-1967
% par an % du P.N.B. (1) % par an
1959 1967

France 13,0 14,6 16,5 16,8 3,0 1,7 2,4 1.5 2,0 2,0 2,7 3.7
Allemagne. . 13,1 12,7 14,7 1,4 3,5 4,4 0,6 0,8 0,8 3.7
Italie 11,3 11,2 14,1 2,8 2,7 3,4 1.3 1,4 1.6 2,6
,

Belgique 10,6 9,2 12,6 2,2 4,6 2,8 1.2 1,1 1,3 0.9
Pays-Bas 9,9 10,7 15,4 5,7 2,2 2,7 1.3 0,9 0,7 -7,0
Royaume-Uni 6,8 6,9 8,5 2,8 3,1 3,7 1.5 2,1 2,0 3,7
Suède 8,0 8,6 11,4 4,5 4,9 4,3 1,4 1,6 1,5 0,8
États-Unis. . . 4,9 5,3 5,8 2,1 1.4 0,6 0,2 0,2 0,2
Japon 3,9 3,7 4,3 1.2 1,5 0,6 0,8 0,3 0,7 -1,5

(1) La décimale est donnée à titre indicatif, mais ne doit pas faire illusion quant à la précision de ces taux, calculés par différence.
Sources : O.S.C.E. et O.C.D.E.

par an en moyenne, de 1959 à 1967. On notera aussi la Comme dans le cas des cotisations sociales, nous consta
croissance rapide des taux de la Belgique et des Pays-Bas terons que c'est en France que les transferts aux ménages
(plus de 6 % par an). Ce dernier pays est près de rattraper représentent le pourcentage le plus élevé du produit national
la France à cet égard. brut.
La part plus importante des cotisations sociales dans le
produit national brut français, traduit une différence dans
la structure des coûts de main-d'œuvre : en France, en effet, Les transferts aux ménages
la répartition entre les deux composantes du coût de la
main-d'œuvre : le versement direct et les cotisations sociales, Ce pourcentage augmente assez régulièrement de 3 % par
est assez différente de ce qu'elle est dans les autres pays : an de 1959 à 1967, comme le montrent le tableau 4 et le
la part du versement direct est plus faible, et la part des graphique V. Cet accroissement est plutôt plus rapide,
coûts indirects plus importante, le coût total n'étant pas en moyenne, sur l'ensemble de la période 1959-1967 que
très différent du coût pratiqué en Allemagne, en Belgique dans les autres pays, à l'exception de la Suède et des Pays-Bas
ou aux Pays-Bas, par exemple 4. (6 % par an). Mais l'Allemagne fédérale et l'Italie tendent
Le tableau 3 et le graphique IV montrent l'évolution à se rapprocher du niveau français au cours des dernières
du total des prélèvements (impôts plus cotisations sociales), années. Les États-Unis et le Japon ont des taux très bas
par rapport au produit national brut des pays étudiés. et non croissants; celui du Royaume-Uni tend à se relever,
Les autres ressources des administrations comprennent : surtout depuis 1964. On remarque enfin que l'écart entre la
— les revenus provenant de la propriété du domaine France, les Pays-Bas, l'Allemagne et l'Italie en 1967 est
et des entreprises publiques; assez faible et compris entre 1 et 3 % de leurs produits
— des transferts divers, courants ou en capital, qui pro intérieurs bruts respectifs.
viennent d'autres agents (ménages, institutions privées Les différentes catégories de prestations sociales n'ont
sans but lucratif et entreprises) ou de l'extérieur. pas la même importance d'un pays à l'autre. Une étude de
Ces opérations sont d'un montant relativement faible. l'O.S.C.E. (comptes sociaux 1962-1965) montre ainsi que les
Malheureusement, il est difficile de les comparer d'un prestations pour charges de famille sont nettement plus
pays à l'autre, car les chiffres contenus dans les comptes considérables en France que dans les autres pays de la C.E.E;
nationaux ne sont pas toujours établis suivant des méthodes En Allemagne, au contraire les pensions (prestations pour
comptables identiques : certains pays ne font apparaître, vieillesse, décès ou invalidité) sont beaucoup plus impor
par exemple que le solde d'opérations effectuées dans les tantes qu'en France, et d'ailleurs encore accrues par des
deux sens entre les administrations et d'autres agents. prestations bénévoles des employeurs.
Des ressources des administrations, nous allons mainte
nantpasser aux dépenses en commençant par les dépenses
de redistribution. 4. Voir Économie et statistique, n° -4, . 6.
12
ROYAUME-UNI

GRAPHIQUE V.
Transferts aux ménages
En % du produit national brut 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968

Évolution 1959/1967 (1968 pour la France;

GRAPHIQUE VI. Subventions aux


entreprises
En % du produit national brut 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968
PRESSION FISCALE 13
TABLEAU 5. Dépenses de redistribution
En % du produit national brut

Dépenses de redistribution nettes


Total brut des dépenses de redistribution des cotisations sociales a

Accroissement Accroissement
1959 1967 annuel moyen 1959 1967 annuel moyen
1959-1967 1959-1967
% Par an % par an

France 14,5 18,5 3.1 3,2 4.4 4.1


Allemagne. . 13,7 15,5 1.6 4,1 5.2 3,0
.

Italie 12,6 15,7 2,8 4,0 5,0 2,8


Belgique 11,8 13,9 2,0 5.8 4,1 -4.5
Pays-Bas 11.2 16,1 4,6 3,5 3,4 -0,4
Royaume-Uni 8,3 10,5 3,0 4,6 5.7 2,7
Suède 9,4 12,9 4,0 6,3 5,8 -1.0
États-Unis... 5,1 6,0 2,0 1,6 0,8 -8,0
Japon 4,7 5,0 0,8 2.3 1,3 -7,0

1. Transferts aux ménages plus subventions aux entreprises.


2. Transferts aux ménages moins cotisations sociales, plus subventions aux entreprises.
Sources : O.C.D.E et O.S.C.E.

La différence entre les transferts aux ménages et les coti Il faut préciser que les chiffres ci-dessus ne concernent que
sations sociales donne une mesure de la quote-part des les subventions d'exploitation aux entreprises. Les subvent
administrations publiques dans le financement de la couver ionsd'équipement sont incluses dans les autres transferts,
ture des risques sociaux. qui seront étudiés plus loin.
S'agissant d'une différence entre deux grandeurs du même
ordre, il est illusoire de vouloir la connaître avec précision. En France, la quasi totalité des subventions (y compris
Disons tout de même qu'en 1967, cette quote-part de l'État les subventions d'équipement), sont destinées aux entrep
et des collectivités locales était comprise entre 2 et 3 % rises publiques (78% du total des subventions en 1967
du produit national brut en France, en Belgique et aux Pays- et 72 % en 1968) et à l'agriculture directement ou indirecte
Bas; très faible aux États-Unis et au Japon (moins de 1 %); ment (11 % en 1967 et 17% en 1968).
plus élevée en Italie et au Royaume-Uni (de 3 à 4%); plus Il n'est malheureusement pas possible, à l'aide des données
importante encore en Suède et en Allemagne (4 à 5 % du de Comptabilité nationale, de comparer pour les différents
produit national brut). Depuis 1959, cette quote-part des pays, l'ensemble des subventions aux entreprises, y comp
administrations semble avoir augmenté en France, en ris les subventions d'équipement, ces dernières étant
Allemagne et en Italie, diminué en Belgique, aux États-Unis confondues avec les autres transferts en capital.
et au Japon, et être restée inchangée aux Pays-Bas, au
Royaume-Uni et en Suède.
Autres transferts
Les subventions aux entreprises D'autres opérations, effectuées par les administrations
sans contrepartie en main-d'œuvre, en biens ou en services,
C'est en France que les subventions d'exploitation aux sont assimilables aux dépenses de redistribution. Il s'agit
entreprises sont les plus élevées relativement au produit d'opérations à destination des pays étrangers, ou de trans
national brut (tableau 4 et graphique VI). ferts en capital au bénéfice des entreprises ou des ménages.
Le pourcentage des subventions d'exploitation aux entre
prises est passé en France de 1,5 à 2,0 % du produit national Il n'est pas possible de les comparer à cause des diff
brut entre 1959 et 1967. Il a subi un accroissement import érences de traitement comptable entre les pays. Ceci est
anten 1968, atteignant 2,7% du produit national brut. regrettable surtout à cause des subventions d'équipement
Seul, le Royaume-Uni a atteint, de 1959 à 1964, des taux que nous ne pouvons pas totaliser avec les autres subvent
supérieurs à la France, dont il se rapprochait à nouveau ionsaux entreprises.
en 1967. Le tableau 5 permet de comparer l'ensemble des dépenses
Quatre pays se placent au-dessous de 1 % : les États- de redistribution (mis à part les autres transferts dont il
Unis, le Japon, l'Allemagne et, depuis 1962, les Pays-Bas. vient d'être question) dans les neuf pays industriels.
Les autres pays, Belgique, Italie, Suède, Royaume-Uni
se situent entre 1 et 2 % du produit national brut. Les taux correspondants sont plus élevés en France que
14
dans les autres pays, et ils ont subi une augmentation de la Suède (5,8 %) et supérieur à celui des Pays-Bas (3,4 %)
importante de 1959 à 1967. Toutefois, les Pays-Bas tendent de la Belgique (4,1 %) et surtout des États-Unis et du Japon.
à se rapprocher de la France. Mis à part ces deux derniers pays, on ne peut pas dire qu'il
Les taux contenus dans les colonnes de droite ont été y ait des différences considérables entre les pays étudiés,
obtenus à partir des précédents, en en retranchant les pour quant à la part des ressources fiscales et diverses qui est
centages des cotisations sociales relatifs au produit national redistribuée aux ménages et aux entreprises.
brut. Ces nouveaux taux représentent la part des dépenses de Ces chiffres sont cependant incomplets, puisqu'ils ne
redistribution qui est financée par les administrations comprennent pas les transferts en capital; nous reviendrons
sur leurs ressources ordinaires, cotisations sociales exclues. plus loin sur ce point.
A concurrence du montant des cotisations sociales, on Nous allons terminer en examinant les dépenses d'allo
considère ici que les organismes de sécurité sociale fonc cation. Ces dépenses comprennent les frais de fonctionnement
tionnent comme les mutuelles, et redistribuent simplement des administrations publiques, et leurs achats d'équipements
les cotisations de leurs adhérents, employeurs et salariés. (formation brute de capital fixe).
Le coût du service rendu par les administrations consiste
dans les frais de gestion de ces organismes, qui sont inclus
dans les dépenses de fonctionnement et d'investissement
que nous envisagerons plus loin.
La part financée directement par les administrations sur Les dépenses de fonctionnement
leurs ressources fiscales, principalement, s'élève, en France
à 4,4% du produit national brut en 1967, contre 3,2% en Le graphique VII décrit l'évolution de la part des dépenses
1959, ce qui représente le plus rapide accroissement constaté. de fonctionnement dans le produit national brut. Dans les
Mais, le taux de 4,4% reste inférieur à celui de l'Allemagne dépenses de fonctionnement, on a indu le versement des
(5,2%), de l'Italie (5,0%), du Royaume-Uni (5,7%) et intérêts de la dette publique (mais non les remboursements)

25

SUEDE
ROYAUME-UNI
U.S.A.

20
PAYS-BAS

ALLEMAGNE
BELGIQUE
ITALIE
15

10 JAPON

GRAPHIQUE VII.
Dépenses de fonctionnement
(En % du produit national brut) 1959 1960 1961 1962 1963 1964 1965 1966 1967 1968
PRESSION FISCALE 15
25
PAYS-BAS
mza. —"
.

ALLEMAGNE
--" ^ -
20 BELGIQUE
GRAPHIQUE VIII. 1 ITALIE
Dépenses de fonctionnement — —'
et d'investissement —— FRANCE

.
(Pays de la Communauté économique
européenne)
15
En % du produit national brut 1959 1960 1961 1952 1963 1964 1965 1966 1967 1968

en considérant ces intérêts comme le prix payé par les admi gique (3,1 %); les Pays-Bas le dépassent nettement (4,9 %);
nistrations pour un service particulier (voir également le l'Italie par contre est très en dessous (2,3 %).
tableau 6). Si l'on considère l'évolution de ces taux depuis 1959, on
On constate que la France est, à part le Japon, le pays où observe qu'en France, les investissements des administrat
les dépenses de fonctionnement des administrations pu ions publiques ont augmenté par rapport au produit natio
bliques sont les plus faibles, par rapport au produit national nalbrut, plus vite que dans les autres pays du Marché
brut. De plus, la France est le seul pays où ces dépenses commun.
croissent moins vite que le produit national brut depuis Le tableau 7 et le graphique VIII montrent le niveau et
1959. l'évolution de l'ensemble des dépenses d'allocation, fon
ctionnement et investissement, en pourcentage du produit
Si l'on examine le graphique VII, on remarque deux groupes national brut, dans les pays du Marché commun.
de trois pays, dont les taux sont assez voisins : la Suède, le La courbe représentative du taux français contraste net
Royaume-Uni et les États-Unis, qui se situent entre 19 et tement avec celle des autres pays, à la fois par sa place, en-
22 % du produit national brut, et d'autre part l'Allemagne, dessous de toutes les autres, et par sa croissance quasi nulle.
la Belgique et" l'Italie, entre 14 et 17%. Les Pays-Bas se On remarque également la stagnation suivie de reprises des
placent entre ces deux groupes, leur taux évoluant de 16 à taux allemand, belge et néerlandais à partir de 1963 et la
19 %; le Japon en-dessous de 10 %, et même à 9 % de 1961 chute du taux italien en 1967. En France, le pourcentage des
à 1962. En France, par contre, le taux par rapport au produit dépenses d'allocation remonte légèrement de 1966 à
national brut baisse, de 15 % en 1959 à 13,6 % en 1966. En 1968. Ces remarques sont évidemment peu différentes de
1959, le taux français se situait dans le groupe Allemagne- celles que nous avons faites à propos des dépenses de fonc
Belgique-ltalie; en 1967, il se place à trois points au-dessous. tionnement, sauf que la décroissance relative de ces der
nières, en France, est remplacée par une légère croissance,
du fait de l'augmentation très vive des investissements.
Les dépenses d'investissement Ne perdons pas de vue la signification de ces chiffres :
certains services peuvent être fournis concurremment de
deux manières : gratuitement par les administrations pu
La comparabilité des statistiques relatives aux dépenses bliques, (ce qui revient en réalité à en répartir la charge par
d'investissement des administrations publiques est moins !g biais de la législation fiscale), ou à titre onéreux, par des
bien assurée que les autres données, car il y a des diver entreprises publiques ou privées (la charge étant supportée
gences méthodologiques entre les comptes des différents par les bénéficiaires). C'est le cas par exemple de l'enseigne
pays. Il est donc préférable de limiter la comparaison aux ment, des soins médicaux, des assurances-vie, etc.. Lorsque
cinq grands pays de la Communauté économique européenne nous étudions et comparons la part des dépenses d'allocation
dont les comptabilités nationales sont plus homogènes. dans les économies de plusieurs pays, c'est justement l'a
Le tableau 6 montre que le pourcentage des dépenses rbitrage fait par chaque nation entre ces deux modes de répar
d'équipement dans le produit national brut en 1967 est en tition des charges découlant de la production. des biens et
France à un niveau moyen (3,7 %) un peu inférieur à celui des services que nous considérons : répartition collective et
de l'Allemagne (4,0 %), un peu supérieur à celui de la distribution gratuite, ou au contraire, distribution onéreuse.
16
TABLEAU 6. Dépenses d'allocation
Dépenses de fonctionnement et dépenses d'équipement en % du produit national brut

Accroissement
1959 1962 1967 1968 annuel moyen
1959-1967
% par an

1 . Dépenses de fonctionnement
France 14,8 14.1 13,6 14,0 —1,0
Allemagne 14,0 15,5 17.4 2,7
Italie 14.7 14.8 16,0 1,1
Belgique 15,0 15,2 16.7 1,3
Pays-Bas 16.0 17,3 19.0 2,2
Royaume-Uni 20,0 20.7 22,0 1.2
Suède 19.0 20.8 22,6 2.2
États-Unis 19.5 20,3 21,9 1.4
Japon 9.8 8,0 9,7 —0.1

2. Dépenses d'équipement a :
France 2,2 2.8 3,7 3,6 6,0
Allemagne 3,2 4,0 4.0 2,8
Italie 3.1 2,9 2,3 —3,5
Belgique 2.1 2,3 3,1 5,0
Pays-Bas 4.1 4.5 4,9 2,3

1.2. YFormation
compris lebrute
versement
de capitaldesfixe
intérêts de la dette publique.
des administrations publiques. La comparabilité n'est bien assurée que pour les pays de la C.E.E.

Sources : O.S.C.E. et O.C.D.E.

TABLEAU 7. Total des dépenses d'allocation


Dépenses de fonctionnement et d'équipement en % du produit national brut

Accroissement
1959 1962 1967 1968 annuel moyen
1959-1967
% par an

France. . ., 17,0 16,9 17,3 17,6 0,2


Allemagne 17,2 19.5 21.4 2.7
Italie 17.8 17,7 18.3 0.4
Belgique. . 17,1 17,5 19,8 1.9
Pays-Bas.., 20.1 21.8 23,9 2.2

Dans le tableau 7 sont additionnées les deux parties du tableau 6.


PRESSION FISCALE 17
0 671103 5
EMPLOIS RESSOURCES EMPLOIS RESSOURCES

Transferts Cotisations Red is tri b.


aux des cotis.
ménages sociales sociales Cotisations
sociales
14,1

.
-30 16.5 14,1 14.T 30-

(quote-part 1,2
desadm.)(1) GRAPHIQUE IX.
Solde
Subv. des 20- Compte des administrations
-20 2.4 transferts publiques en France (1967)
Transf. et subv.
Impôts
2,5 5,7
En ressources, les graphiques font apparaître
les impôts et les cotisations sociales. En emplois
'f.b.c.f/ 22,5 dans la représentation simplifiée, un rectangle
^3/7// Impôts égal à celui des cotisations sociales (14,1)
22,5 représente - la redistribution ■ de celles-ci aux
ménages, sous forme de prestations sociales.
»'Dépenses^ Un autre rectangle (5,7) représente le solde des
•10 10- opérations et transferts divers ; enfin, le rec
/Dépenses' 'defonct/ tangle hachuré (17,3) représente les dépenses
17,3 '/ et d'// de fonctionnement et d'investissement. La diff
/// foncttV
de / /investi/y érence de hauteur des colonnes « ressources » et
« emplois » correspond au besoin (ou à la
/ 13,6 y capacité) de financement.
Cette présentation a l'intérêt de faire appar
aître :
fP 1. la redistribution de revenus opérée par les
0- administrations publiques en distinguant sépa
-0 _l -1- rément :
1 — la redistribution des cotisations aux assurés
Bes. de f î -0,5 Bes.de financé
-05 sociaux;
Représentation complète Représentation simplifiée 2 — la partie des dépenses de redistribution qui
est finalement financée sur les ressources fiscales;
1.2. Part
Cettedesreprésentation
transferts auxs'obtient
ménages après
non couverte par les
avoir soldé les cotisations
transferts etsociales.
les subventions y compris la 2. les dépenses d'allocation ;
part des transferts aux ménages non couverte par les cotisations sociales : solde des transferts et sub 3. le solde du compte des administrations.
ventions = quote-part des administrations + subventions + autres transferts versés — transferts reçus.

de l'extérieur, y compris la part des administrations dans le


financement de la Sécurité sociale (voir le graphique IX).
La simplification introduite masque une partie de la re
distribution des revenus : celle qui est compensée par des
transferts ou des ressources autres que les impôts ou les
3 cotisations sociales (revenus de la propriété du domaine
public).
En ce qui concerne l'équilibre des comptes, on cons
desLecomptes
l'Allemagne
graphique
de
Un fédérale,
dessynthèse
essai
administrations
X donne
de l'Italieuneet publiques
des
représentation
Pays-Bas.
de laIl France,
fait
simplifiée
appar
de tate qu'à l'exception de l'Italie, la situation des pays de la
Communauté économique européenne en 1967 est diff
érente de celle de 1959 : la France, l'Allemagne et les Pays-Bas
aître, en pourcentage du produit national brut, les grands avaient un excédent de ressources (capacité de financement)
flux financiers et les besoins et capacités de financement. seul celui de l'Allemagne était relativement important (2 %
Pour faciliter les comparaisons, et permettre de distinguer du produit national brut). En Italie, au contraire, les dépenses
d'une manière plus claire la fonction de redistribution et la dépassaient les recettes avec un besoin de financement de
fonction d'allocation, on a introduit une simplification en 1,5 % du produit national brut. En 1967, tous les pays ont
remplaçant par leur solde les opérations et les transferts- des- besoins- de financement, surtout Tltalie-(près-de-2 %
divers en provenance et à destination des autres agents et du. produit national brut) et l'Allemagne. (1,5 %).
18
GRAPHIQUE X. Comptes des administrations publiques en 1959 et 1967]
dans les pays de la Communauté économique européenne
1959 1967
EMPLOIS RESSOURES
EMPLOIS RESSOURCES

30 30 30

20 20 20

10 10 10

(1) Recettes fiscales; (2) Cotisations sociales; (3) Solde des transferts et subventions; (4) Dépenses de fonctionnement et d'investissement; (5) Capacité et
(6) besoin de financement.

L'importance des recettes et des dépenses des adminis de fonctionnement et d'investissement représentaient, en
trations publiques relativement au produit national brut 1967, 58 % du total des dépenses en Allemagne, 56 % en
apparaît comme plus grande en France que dans les autres Italie, contre 46 % en France. Le compte des administra
pays. Toutefois, l'écart s'est nettement réduit, de 1959 à tions néerlandaises; par contre, affecte une physionomie
1967; les Pays-Bas ont rattrapé la France, et la distance la toute différente : le solde des transferts et subventions,
séparant de l'Allemagne fédérale est restée faible. c'est-à-dire la partie des dépenses de redistribution qui est
On remarque, d'autre part, la place relativement plus couverte par l'impôt, ne représente qu'une très faible part
grande qu'occupe en France, la fonction de redistribution des dépenses des administrations publiques : moins de 3 %.
(prestations sociales, subventions et solde des transferts Plus du. tiers des dépenses est couvert par les cotisations
divers) : plus de la moitié (54 %) du total des « emplois ». sociales (34 %), et près des deux tiers correspond aux dé
De ces dépenses de redistribution, deux tiers correspondent penses de fonctionnement et d'investissement (63 %) en
à la part financée par les cotisations sociales; le solde des 1967 contre 70 % en 1959). Il est ainsi intéressant de rappro
transferts et subventions, couvert par la fiscalité, en repré cher,pour terminer, les comptes des administrations fran
sente le tiers. Les dépenses d'allocation, contre-partie des çaises et néerlandaises, qui répondent à deux conceptions
services distribués gratuitement par les administrations, très différentes du rôle des administrations publiques :
représentent moins de la moitié des dépenses totales, aussi dans les deux pays, les administrations distribuent à la com
bien en 1959 qu'en 1967. munauté des services et des revenus. En France, plus de la
En examinant les comptes des administrations des trois moitié de leurs dépenses (les transferts étant soldés) cor
autres pays, il semble que l'Allemagne et l'Italie aient évolué, respondent à des distributions de revenus; un tiers de celles-
de 1959 à 1967, vers une structure se rapprochant un peu ci sont financées par des ressources fiscales ordinaires. Aux
de la structure française, en ce qui concerne les dépenses Pays-Bas, les deux tiers des dépenses sont des frais relatifs
de redistribution. Toutefois, celles-ci restent loin d'atteindre à la production de services gratuits. L'Allemagne et l'Italie
la moitié du total des dépenses. Par contre, les dépenses ont des structures intermédiaires. ■
PRESSION FISCALE 19
2.

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