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IDEP/ET/XXXV/299
NATIONS UNIES ,.
INSTITUT AFRICAIN
· ,DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE Mr. CHAFANEL
; ET DE PLANIFICATION
1• ... ·-··-·· J_., .....
D A.K AR

LA NOTION MODERNE DES FINANCES PUBLIQUES

. ' .

.·,. . , ~~-E8!~8-E:_.3~'-f2:~3BEË~ ..J?:±-È~3:.9:~:..;:~~:!_~!!8~!~~ nt liée à la co nee :p_!ion


~~~~-::~.!~.z.~~~-~~-~~~~~8::..::~~-:de -~l~::~~::~-~~i~8~...;È;~~:...R8~~8~~~~-R~È~~~~' ·.e ·t · en
particulie·i ' 'de ~~~at.

alltrefois : 1 'Etat était chargé d'une mission limitée (maintien de


liordre,représentation de la nation) qui s'est progressivement
. . . ·'' ' '

étendue, d'abord sous forme .&e "règlementations", :puis sous


forme de mise en place et èe gestion de services nouveaux.

aujourd'hui : l'Etat assume des tâches très vastes et multiformes


· et il est ·considéré comme responsable dé ·rr·êqiiilior-e d.e la
nation et notamment de sa prospérité économique.

Une telle évolution entraîna une modification :prq:fonde : - des


----------~~~-- -~ ._ . _,_
notions cl~~~~g~es, - ~~s mé~~is~~~-~ci~~s et du rôle~~-R8~vo~~ publics,-
de _l~grganisatio:: des -~gll~~_!i vi tés subordOrnié.ei"s:

A- EVOLUTION DES NOTIONS CLASSIQUES.-


• Les finances publiques ne sont plus chargées de satisfaire quel-
ques besoins collectifs élémentaires, elles doivent désormais réaliser
l' intervent.ion de_ l'Etat dans le .domaine éoçmomiq,u e et social.

a) évo lution du concept de laâépense publique:


- de la dépense de consommation à la dépense de transfèrt
~épen~~~administr~~~~es =consommation véritable (ex. ~ dépenses
. , .militaires)
" G.e transfert redistribution. du revenu national
(~x. : dépenses sociales )
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- de la de pense neutre à la dépense active


l'Etat interventionniste succèdant à l'Etat libéral veuFüri~rr=f: e r

la vie de la communauté nationale . en modifiant la répartition de s


biens,des services et des revenues entre les individus (théo ri e
du filtre) po'Ur · substï·tîier à · d-ë s-"â:é-penses privées... iriiproduc ti v e s des
dépenses publiqu es productives.

---. ......... -·- .. ....,,........Dans


:l· · .: ... · ··: ·
..
cet.te conception, .la notion de charge publiqu e n'a de s ens qu e
_.~ - · ·- -~-- . ... ... . .. .. ..·
. .. --:-.:-:~:": ."":""~~~ -..~-::-:---------..":':"'-:--_-::-::·-:-";'; --:--~'":"""':-:---. ..:...-------·-
.. dans son r~pport ave c l ' économie d~. .la nation . Ainsi s eul c&>nstj_tuer ait
----'""'!~~-~-~~~~-~":":"'- .~.~-~-------7":~:-.- ·-:.::-::~-: -:- .-:-~ ::-. :::---:--- 0 -·-- ' o0 0 .. - 0 ·... oo O o - · 0 OH 0 0 o O

une charge véritable le prélèvement net sur la subst a~c e é conë'üii{iu'e' , c 1 es t-


à- dire la consommation de l'Etat ) l es dé penses administratives se tr a dui -
.' . ·, \ .·, . . -·~- .
raient par une charge publique et non l e s dé pensen de 't ransfert. En f a it,
la dépense qe transfert elle- même constitue Une charge Gi ell e détourne
une fraction du r evenu national d· emplois product i f s v e r s d'autres qui l e
/·). ·.Q .·"'
sont mo ins •
•• ,l ..... :

· :• . . . .___- :
1 ère conclusion
---- '7""~--
f'éür-~ ' la chasse aux dé penses improd).lcti v e s
(no tamment d ans l e _s e ct'ëüï' ''dê s ~ëpens e s adm.inistr é1ti ves ), - _E~c b.e rc :b~..E.t.
la substitution de la dépe nse publique à Ïa dépense prj_vé e aura ou ~--~2

1° - -~impôt : de laneutralité à ' llint·e r ve-ntion · ·-···--· -·· · ~

neutralité : c'est l'égalité fiscale- on est passé de l a


pro portionnalité rigoüreuse à l a personnalisation d a ~l ' im­

pôt (discrimina tion selon l'origine de s r evenus; progres-


sivité , abattement pour charges de famille, minimùm v it a l ..• )
interventionnisme dive rs e s formes - variati on ·de la
pression fisc al e ~ di s crimination ~ s urtaxati on , -
(ex ~ e ncouragemell t ou dé courageme nt de c er t a. .i. ne s... fo
...
r mr~s

d ' activité , - r é duction de s iné galités socia~ e s •. .)

2 ° - l es produits du do maine et de s en treR~i~~s publ iques :


l e domaine e st souvent ma l ex ploité
la création d' entr e pri ses publiques do it ê tre pr é c e dé e
d'etude s att e ntive s a fin d ' appr é ci e r s'il n ' exi s t e pas des
moyens plus simples d ' obt enir le même r é sultat .
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3°- 1 'emprunt .: autrefois procédé de rece.tte .extraordinaire


1
~, aujourd'hui : la distinctiçnJ. . ~e .J'emprunt et de 1 'imp_ô.t est
.. . - -·-·· --- -· .... -- .... --. - .. --- -. ... .. . - ... ---
beaucoup moins tranchée (contrainte morale de l'emprunt
--- . - ...
..

affaiblissement de la notion de charge corrélative). En fait, le


choi~ dé;pendra souvent de consi~érations d'opportunité.

4°- les manipulations monétaires : prohibées sévèrement par les


financiers classiques elles sont considérées aujourd'hui comme
n.n inoyen d'intervention économique (expérience Roosevelt,
théorie du "pouvoir d'achat'', du "plein emploi", poli'tique du
.: ;
_~.'~ürcui t" en période ..de pénurie). _ .. . .......
.,
--· 2ênre cohciusion : · si les moyens de pré-lèvement sont nOmbreux leurs
incidences, notamment ~sychologiques sont varià.blèï3 f dans·-- rè~s pays en voie
de développement où les économies sont parfois fragiles, où les comportements
humain:S . peuvent être très mouvants une grande prudence dails .. le.S-.llhoix sera
la marque de la sagesse.

· B- LE BUDGET MODERNE.-

a) évolution de la notion même de budget.


"Le budget est l'acte par lequel sont prévues et autorisées les
récettê§ ··e t ·1es d'épenses an:nuëlles de PEtat e·t des autres services que les
lois assujétissent aux mêmes règles"· (déc~ 31...;5.;;.1862 a. 5 L Ce·tte notion tra-
ditionnelle est aujourd'hui ~épassée. Le budget reste un acte de prévision,
- --------~-------------~-----------

un acte .::!:~~tor~~~!ion et un acte anmiel - mais il est devënu beaucoup plus


c'est l'arme i'une politique économique (primes, subventions, droits de douane •• )
et sociaie (dépenses dréduc·ation, sanitaires, de transfert ••. ) , - c'est
aussi un de.s moyens d'une poli ti que . de co:n,jonc.ture, 1 'Etat a d' aboÏ·d envi-
sagé d'atténuer la répercussion de la dépression sur sa propre situation
(déflation budgétaire, recherche de ressources stables) puis·îl en est venu
à une action plus ambitieuse visant à ranimer une économie défaillante par
la vertu de la dépensè publique (déficit budgétaire systématique, budget
humain, budgets cycliques). Dans l'actuelle conception des finances publiques
la notion dtéquilibre budgétaire cède de plus en plus le pas 'à l'i.:.C:5o _d' or:..t~i libn=:
national (problème que nous retrouverons la semaine prochaine).
.· ·, ,

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b) transformation des principes traditionnels.~ :

les principes d'annualité, d'universalité et d'unité ont subi


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~~-~~~ÈE~~~~~-~~E~~~~io~~ :
aimuali te : douzièmes provisoires, crédits additionnels (crédit s
supp~_é mentaires, crédits extraordinaires, crèdi ts
d'engagement)
universalité : affectation de certaines recettes
unité : budgets autonomes, budgets annexes, com~tes spéciaux
ces principes étaient inspirés par des considérations de clarté et
de sincérité. On ne doit pas les considé rer comme périmés. car il~

répondent à nn souci de saine gestion financière et d'efficacité


düdcontrôle parlementaire, il convi ë nt seulement d'écarter leur
·.~

trop grande rigueur.

c) . éyolution du rôle respectif du Ministre des Finances et du


Parlement.-
- ,.._prématie de fait du Ministre des Finances :
rôle déterminant dans la préparation du budget prépare seul le
budget etes recettes, - pos ition de force dans la préparation du
budget des dé penses qu 'il défend seul devant le Parlement.
pouvoirs juridiques r econnus : con t~-~~~-~~~~~~es~~~~~~~'
~~~~!~ppement ~~-R~~~~~E-~~-~~~~E~~~~~~ (Qui s'étend parfois
jusqu'à de simpl es arrêtés).
:rédige l'exposé des motifs de la loi budgétaire : présentation
u programme économique et .f inancier du gouvërriement.
J
regroupement des Finances et de l'Economie Nationale.

Nécessité po ur le Parlement de porter son attention sur les comptes.


régime brit a nnique ~ le budget es t considéré essentiellement
comme un acte d'administration (depuis le standing arder de 1713
la Chambre des Communes a décidé d'interdire à ses membres l' exe r-
cice du droit d'initiative en matière financière) -mais en
revanche contrôle parlementaire rigoureux et prompt de l'exécution
(Committee of Public Accounts).
•.l
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• •
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b) les d émembr ements du budget (par ex. : l e s offices en droit fran çai~)
pour individuali se r certaii s services ou pour affect er de s recettes à des
...
dépenses déterminées peuvent ne pas se rattacher au budget général et échap-
per à certaines r ègl e s budgétaires e t notamment au vot e du Pàrlement.

Conclus ion : un s o in particulier doit être apporté au recensement de


tout e s . les.:._manj f:es.-tations des financea ..publigues. Il convi en t de ne pas . .. _
. oublier que l'ée±ll.i.Ii'bi'e .. fin.a nci.er . g lobaL.ne dépend pas du seul budget de
l'Etat mais encore de tous les organismes qui interviennen:t'::dans la gesti.~n
d e s finances publiques et dont cert a ins par le caractère dérogatoire dé -leur
fonctionn e ment peuvent constituer un danger véritable (cas des compt es
spé ciaux du Tréso r que nous.. v e rrons plus ..loin).

D- LES INTERVENTIONS DE L'ETAT DANS LA PRODUCTION.-

Nous rie vbulons pas étudj.er ici l es différent e s form es d' int erv en 'ti on
de l'Et a t dans l'activité économi~ue (par ex . : dans un ~~uci.~~gui~~ÈE~
contrôle de l -' i-nitiative privèe 9 règleme~t.ation. .des ...prix e t.éie s salaires,
économie dirigé e, - dans un but de développem~nt : planification, - ave c
un ~Èje~!~!-~~ puissance : monopol es et nationalisations, - ou à des fins
sociale s et poli tique s: limit a tion des fortun ee. et des rev.~nu.s. ...des partic~li e ::-s , :
~--~---------------~-- ;
c ~s questions sont examinées ailleu~ ~ . Il s'agit s implement de cons tat e r
.. l' e.xtension des . acti.v ité.s de l 'E-:;at et de · voir les problèmes .financi e rs
qu'elle. pose . ..... ....... ... .. .-....... ..

Autr e f ois, les interventi on s de l'Et a t dans l a production r es taient


exceptionnell es et s'effectuai e nt d ans l es cadres du droit public qui
spé cialement aménagés . pouvaient s uff ire : r égi e - conc e ssion- office public
é· t~blissein e nt public. Mais aujourd'hui on assi s te à une ext ension const ant <::
des activités industri e lles e t c omme rcial es de l'Et a t ( ex . : Angleterre,
France, pays en voie de déve loppement ), qui prennent le plus souvent la form e
de . sociétés nationales oü . d e sociétés d' économi.e.::. mix.te .• Devant . une t e ll e
ext ension, la né ces s ité d'une c e rtaine systématis a tion s e fait s entir :
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l'importance de ce n~uveau domaine est déjà une raison, mais il en


est une autre :
l'incidence que peut avoir la gestion sur les finances publiques,
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une exploitation dèficitaire se traduira par un appel financier à
l'Etat.
Il semble que la formule doit être cherchée dans un régime commun de
caractère statutaire participant à la fois du droit privé et du droit public.
Pour unifier la gestion (puisque instrument d'une politique écono-
mique)
Il
!~~~!~~E-~~-~~~E~le (assurer le respect des directives données)
E~ch~E~~~E-~~-~~~~~~~-~~~E~~-~~E~~~~~~!-~~~-~~!~Eêt~-~~-~~~at :
gestion souple : règles de gestion commerciale, responsabilité des
----------
administrateurs, souci de rentabilité (exploitation équilibrée
prix de vente~ au prix de revient lequel doit comprendre une
marge d'autofinancement)
~~~~~e des intérêts de l'Etat : composition du conseil d'adminin-
tration, contrôle financier, approbation des décisions essentiel-
les).

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