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Lesteintures

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Jacqueline Jourdan
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C T C A C O S
DL BERGER-LEVRAULT
Digitized by the Internet Archive
in 2022 with funding from
Kahle/Austin Foundation

https://archive.org/details/lesteinturesnatu0000jour
Les teintures
naturelles
Les teintures
naturelles
Jacqueline Jourdan

Le berger vert
BERGER-LEVRAULT
Cet ouvrage a été réalisé sous la direction
de Jean-Marie Martin
La couverture a été conçue par
l'atelier Pascal Vercken
d'après un dessin
de Jean-Paul Barthe
Les illustrations sont
de Lise Devivaise
Le secrétariat de rédaction a été assuré
par Anne-Marie Veujoz

sn Lrout 183
EEOU |
© Berger-Levrault. 1980.
229. bd Saint-Germain 75007 Paris
ISBN 2.7013.0336-2
LA COULEUR
AU NATUREL
D: les temps les plus reculés, l’homme, émerveillé par
les couleurs environnantes (ciel, végétaux, terres et
roches, animaux...), a éprouvé le besoin de colorer tout
d’abord certaines parties de son corps, puis ses vêtements, ses
objets familiers et son habitation.
II a utilisé, en premier lieu, les terres colorées que la nature lui
offrait, ensuite il a réussi à extraire de certaines plantes et
certains animaux une plus grande gamme de teintes.
Plus tard, depuis l’antiquité jusqu'à l'ère industrielle du siècle
dernier, on employait encore les pigments végétaux de plantes,
graines ou fruits. D'ailleurs, bon nombre de ces végétaux
tinctoriaux étaient cultivés dans nos régions (garance. gaude...)
et on utilisait aussi la cochenille.
Si, aujourd’hui, l’industrie textile a abandonné ces teintures
naturelles pour les produits de la chimie organique, certains
colorants sont toujours utilisés dans l’alimentation : cochenille,
safran, curcuma.., et quelques autres dans les produits de
beauté.
Et le besoin des citadins de renouer avec la nature remet au
goût du jour tous ces colorants et teintures naturels.
Dans une première partie de cet ouvrage, deux tableaux
indiquent les principales matières végétales et animales, ainsi
que leur utilisation textile.
La pratique de la teinture textile est abordée dans ses grandes
lignes. Travail long et minutieux, exigeant un espace suffisant et
beaucoup de patience et de courage. Mais les résultats se
révèlent souvent étonnants et admirables.
un
Les préparations cosmétiques pour l’épiderme et les cheveux,
avec l’art d’accommoder les plantes familières, sont traitées
dans ce livre ainsi que les colorants alimentaires convenant à
chaque usage culinaire. Ceux-ci sont accompagnés de quelques
recettes élémentaires.
Enfin, la dernière partie est destinée à la coloration de
matériaux aussi divers que le bois, le cuir, la paille et le raphia,
les cires et encaustiques, les bougies, les fleurs séchées et la
mousse naturelle.

Kermeés et cochenille

Le kermès est le corps desséché d’une femelle de


coccidé qui vit sur le chêne kermès (Quercus coccifera
L.). Démunie d'ailes, elle adhère aux feuilles à l'aide
d'un duvet cotonneux blanchâtre. Elle s'accouple en
avril. Dès lors, sa morphologie change : son corps
prend une forme sphérique, ses pattes et ses antennes
s’atrophient. Puis elle pont ses 2000 œufs, meurt, mais
continue à recouvrir ses œufs comme si elle les
couvait. La récolte se faisait, autrefois, en Languedoc,
de mai à la mi-juin.
C'est au début du XVI‘ siècle que les Espagnols
découvrent, au Mexique, la Cochenilla (cochenille)
que les indigènes utilisaient comme colorant rouge,
semblable à celui du kermès. C'est le corps desséché
de la femelle d'un autre coccidé, le Coccus cacti L..
qui vit sur une cactée, Opuntia coccinellifera, commu
nément appelée Nopal. La femelle, également dépour-
vue d'ailes et de pattes, se fixe, par ses mandibules,
aux raquettes duveteuses, où elle pond ses œufs qu'elle
enduit d’une cire blanchätre. La récolte se fait à trois
époques de la belle saison : mai, juillet et octobre.
Actuellement, la cochenille continue à être élevée au
Mexique. Kermès et cochenille sont tués et desséchés
par différents moyens.
2
Les végétaux
colorants

a uee

Les teintures et colorants naturels se rencontrent en grand


nombre dans la nature. Ils comprennent les végétaux tincto-
riaux et les colorants d’origine animale, les uns poussant dans
nos régions à l’état sauvage ou cultivés, les autres importés des
quatre coins du monde.
Les principales matières colorantes sont résumées dans les
deux tableaux ci-dessous. Nous avons indiqué leur utilisation
pour les diverses fibres textiles (les teintures pour textiles étant
les plus utilisées), mais certains colorants se retrouvent dans les
produits de beauté, l’alimentation et divers matériaux.
Les reports à ces tableaux sont indiqués dans le texte. Les
plantes marquées d’un astérisque donnent une teinture grand
teint, résistante au soleil et au savon. Celles marquées de 2
astérisques permettent d'obtenir des changements de couleurs.
à l’aide de mordants.
B Principaux végétaux tinctoriaux de nos régions
Saisons de la Textiles
récolte
rt

Bleu Prunellier Bois, haies, taillis Automne (prunelles, Laine et soie


pâle mûres)

Beige | Bouleau blanc Sols légers en Automne (écorce) Coton, laine, lin
brun et toutes régions sur toute son épais- et soie
marron seur

Châtaignier Automne (bogues Coton, laine, lin


(cultivé ou vertes)! et soie sans
sauvage) De l'automne au mordançage
printemps (écorce) (voir page 28)
Automne (glands Coton, laine, lin
frais ou rougis à et soie
l’intérieur par
humidité}
Genévrier. Terrains secs : Eté (rameaux), toute Coton, laine, lin
commun * collines, landes, l’année (baies frai- et soie
montagnes ches ou séchées)

Hêtre Climats humides Automne (cupules Coton, laine, lin


de plaine et fraiches) et soie sans
de montagne mordançage

Marronnier Parcs, bords des Automne (bogues Coton, laine, lin


avenues et routes vertes) et soie sans mor
dançage

Mélèze Clairières, pâtu- Automne (aiguilles Coton, laine, lin


rages. montagnes séchées) et soie

Merisier ou Bois et presque Printemps et Coton, laine, lin


cerisier partout automne (écorce) et soie
sauvage

1. Peut être remplacée par les bogues de marron d'Inde ou les faines du hêtre.
2. De petits morceaux d’écorce sont vendus sous l’appellation de Quercus cortex
chez les droguistes.
3. Seul conifère perdant ses aiguilles.
4. Les écorces du merisier des oiseaux, ou bois puant ou merisier d'Amérique,
conviennent aussi.

8
Coloris|\ Plantes Habitai Saisons de la Textiles
récolte

Noyer* Champs, jardins Dejuillet à Coton, laine, lin


septembre (feuilles et soie
fraiches) non mordancés
Juin à octobre avec brou,
(enveloppe verte mordancés avec
de la noix) enveloppe,
Toute l’année mordances où
(brou de noix ou non avec feuilles
feuilles séchées)

Pin, sapin Bois, parcs Toute l’année avec Coton, laine et


(ou autres les pommes soie
conifères) fraiches ou sèches,
ou branches
fraîches hachées

Pommier Jardins, vergers et Printemps (écorce Laine et soie,


commun pépinières fraiche) coton, lin

Prunellier Bois. haies, taillis Printemps et Laine non


automne (écorce) mordancée, mais
vinaigre

Sumac des Sols arides et cal- Printemps-automne Coton, laine, lin


corroyeurs caires du Midi (écorces et feuilles) et soie

Sumac de Parcs et jardins Printemps-automne Coton, laine, lin


Virginie (écorces et feuilles) et soie sans moOr-
dançage

Arbousier Sols rocailleux sili- Printemps ou Laine non


ceux de l'Ouest et automne (écorces) mordancée
du Sud : montagne,
maquis

Lieux humides et Automne (écorce Laine sans


long des cours séchée) où prin- mordançage
d’eau temps
(écorce fraiche)

Chêne de Bois, long des Automne (cupules) Coton, laine, lin


Turquie chaussées et soie
Coloris Plantes Habitat Saisons de la Textiles
récolte
Gris |Orcanette Lieux sablonneux | Toute l’année Laine ou soie
(Alkanna et rocailleux (racines fraiches ou |(mordancée à
tinctoria) du Midi séchées) l’étain)
Friches, bords des | Printemps (jeunes
chemins, lisières de |pousses)
bois

Parcs, jardins Au printemps Laine mordan-


(jeunes rameaux cée avec une
hachés) cuillerée à soupe
A l’automne (baies) |de sel

Landes siliceuses del Printemps


l'Ouest et du Centre] (rameaux en
boutons ou fleuris)
Arbre de Judée | Parcs etjardins Avril-mai Laine
du Midi (brindilles rouges
et feuilles
vertes rouges)
Bouleau Sol léger en toutes | Maï-juin (feuilles) | Coton, laine, lin
régions et soie
Bruyères* Abondantes dans | Juin-juillet (jeunes | Coton, laine et
toutes variétés, landes, montagnes | rameaux en bou- soie
la meilleure : et sous-bois tons)
Callune ou
Fausse Bruyère

Camomille des Bords des routes, Juillet-août (fleurs)


teinturiers sols pierreux,
(Anthemis de l'Est et du Sud.
linctoria) ou jardins (cultivée)

Sauvage (prés secs Toute l’année


ou bords des che- jusqu’à la floraison
mins) ou cultivée (plante entière, sauf
(potager) racine)

adresses ci-après).
6. Même utilisation et mêmes nuances avec le lierre et la vigne vierge.
7. Même coloris et même procédé avec le genêt à balai.

10
1 Plantes Habitat Saisons de la Textiles
récolte
Jaune |Chénopode Mauvaise herbe des | Printemps-été Laine
terrains en friches, | (toute la plante
bords des chemins | sans les racines)
et potagers

Epine-vinette* | Partout en terrains | Printemps-automne | Laine et soie


(Berberis calcaires écorce)
vulgaris) .
Fumeterre Bords des chemins | Printemps (toute la | Laine
et friches plante et racines)

Arbre à per- Sauvage : sols Toute l’année Coton, laine et


ruques ou bois rocheux et arides (écorce et bois) soie
jaune des du Sud-Est
teinturiers et du Midi
Cultivée au jardin

Gaillet ou caille| Partout : prés En été (plante en


j et talus fleurs)
De l’automne au
printemps (avec les
racines)
Gaude (Reseda A l’état sauvage : Eté-automne Laine et soie
luteola) champs incultes, (plante entière, mordancées
terrains sablonneux, de sa floraison avec ajout de
dans le nord-ouest à sa fructification) craie en poudre
de la France et pays
européens (devenue
très rare : cueillette
interdite).
Cultivée : dans sols
secs, légers et pro-
fonds
Genêt* des Bois et pâturages Juin (jeunes pousses Laine et soie
teinturiers avant floraison)
Toute l’année (ra-
meaux séchés)
Géranium Bords des chemins. Printemps (toute la
sauvage ou Bec| prés humides ou plante, sauf racines)
de grue sous-bois
Peuplier Parcs et prés Printemps (bran- Laine et soie
humides ches et feuilles mordancées à
nouvelles) l’étain
Coloris Plantes Habitat Saisons de la Textiles
récolte

Pommier Jardins, vergers, Eté (feuilles)}® Laine et soie


commun * pépinières
Sarriette des Bois, prés et landes |Eté (plante entière
teinturiers* sauf racines, avant |mordancée avec
(Serratula floraison) j i
tinctoria)

Seneçon Long des routes et | Août-septembre |Laine et soie


Jacobée* des prés (toute la plante
(Senecio avant
Jacobaea) floraison, sans
racines)
Sumac (voir ci-
dessus : coloris
brun)**

Tanaisie Bords des chemins. |Eté (tiges en début | Laine et soie


des cours d’eau. de floraison) dans un 2° bain
terrains vagues ammoniacal

Verge d’or Sauvage : bords des | Eté (toute la plante |Coton, laine et
routes, des haies avant floraison, soie
et des bosquets sauf racines)
Cultivée : plante
d’ornement

Nerprun des Collines rocailleuses Fin automne-hiver Laine et soie


teinturiers* du Midi (baies noires Pour nuancer
(Rhamnus séchées dites coton et lin
infectoria) « baies d'Avignon »
ou « de Perse »)

Nerprun Partout dans haies et |Toute l’année


purgatif* taillis du Midi (écorce fraiche ou
(Rhamnus séchée ; baies
cathartica) vertes ou müres)

Nerprun non Plante médicinale Toute l’année


épineux ou (officinale) cultivée (écorce fraiche ou
bourdaine* séchée : baies
(Rhamnus vertes ou mûres)
frangula)

8. Les feuilles de pommier peuvent être remplacées par celles d’abricotier, d’aman-
dier, de pêcher et de poirier.

12
Plantes Habitat Saisons de la Textiles
récolte

Rouge |Garance Terres sablonneuses De l'automne au Coton, laine, lin


cultivée* des pays chauds printemps (racines et soie mordan-
(Rubia Murs, décombres, rougeâtres cés à l’alun
tinctoria) lisières des champs : a pulvériser
ou Garance dans le Midi et racines
sauvage (Rubia sauvages
peregrina) pour obtenir
un rose saumon)
Lichens* Forêt, montagne, Selon les
(Parmelia bord de mer espèces : laine,
saxatilis) Sur roches, murs et soie, coton et lin
— crustacés écorces
Sur roches, murs et
— foliacés écorces ou terre Toute l’année
Sur arbres ou autre
— touffus support en touffes
dressées ou pendan-
tes

Orcanette Sols calcaires et Eté (racines Laine ou soie


sableux des bords fraiches mordancée à
de mer. et Midi ou séchées
)!° l’étain

Alchemille Partout dans les Printemps-été


(Alchemilla terrains humides : (plante entière)
vulgaris) prés, chemins

Millepertuis Partout, le long des Ete (boutons ou Laine et soie


(Hypericum chemins et dans les fleurs)
perforatum) prés secs

Mürier blanc Partout dans le Midi Eté Laine, coton et


et noir* (arbre pour l'élevage (fleurs et feuilles) soie
du ver à soie) et dans
les parcs
| Œillet d’Inde!! Jardin (en bordures) Eté et automne Laine et soie
| ou rose d’Inde ou en jardinière (fleurs fraîches ou mordancées
(Tagetes) fanées)

9. Poudre à se procurer dans le commerce en raison des difficultés de sa culture


(voir adresses ci-après).
10. Ou poudre de racine d’orcanette dans le commerce (voir adresses ci-après).
11. Même coloris avec coréopsis, dahlia, souci, zinnia.

13
Plantes Habitat Saisons de la
récolte

Orange |Oignon Potager : tous les Hiver (peaux Laine alunée et


oignons à pelure sèches) soie mordancée
colorée à l’étain

Vert |Ajonc (après un


1°" bain pour
l’obtention d’une
couleur jaune
d’or**. Voir ci-
dessus : coloris
jaune)
Bruyère Callune |Partout dans Toute l’année Coton, laine et
ou fausse landes, montagnes (rameaux séchés) soie (avec ajout
bruyère et sous-bois de sulfate de fer
(Calluna vulga-
ris)
Carotte!? Sauvage : bord Toute l’année (fanes| Laine
des chemins et après floraison)
prés secs
Cultivée : jardins
potagers
Figuier Sauvage : dans le Printemps (rameaux| Laine
Sud et jeunes feuilles)
Cultivé : dans les
endroits bien
exposés
Fougère-aigle Sous-bois Printemps (frondes | Laine
ou collines non ouvertes)
Ou été (seulement
les cimes)
Tous endroits Du printemps à Laine
humides l'automne (écorce
fraiche)
Mouron.des Mauvaise herbe Toute l’année Laine (sert
(loiséaux/. - des terrains (toute la plante de mordançage,
humides et sans racine) voir recette bois
de Campêche)

12. Résultats ‘identiques/ avec le cerfeuil sauvage (Chaerophyllum hirsitum ou


sÿl-sstre). /
Coloris Plantes Habitat Saisons de la Textiles
récolte

Vert [Mürier* (voir ci Laine, soie, co-


dessus : coloris ton mordancés
orange) avec du sulfate
de cuivre

Nerprun Haies et taillis du Eté-automne (baies |Laine


purgatif* Midi ” müres)
Tanaisie Terrains incultes, | Eté (tiges en début
bords des chemins {de floraison) Laine et soie
et rivières

Partout en bord des Avril (jeunes


chemins et des branchages)
demeures

Violet Myrtille ou Terrains acides des | Eté (baies müres) L aine et soie
airelle noire sous-bois monta- non mordancées
gneux (Alsace en
particulier)

Haies, bords des Automne (mûres) Laine et soie


chemins, dans lisié- mordancées
res de bois, terrains avec ajout de
en friches noix de galle ou
chlorure d’étain

Sureau Bords des chemins Août-septembre Laine avec


et des murs d’habi- (baies en début de crème de tartre
tations maturité) et chlorure
d’étain

15
# Teintures animales et végétales exotiques
Origine et présentation Textiles

Indigotier* Plante d'Asie, d'Afrique et d'Amérique] Coton. laine,


({ndigo/fera (remplaçant le pastel et les renouées del lin et soie
tinctoria) nos régions et donnant l’indigo par
macération et fermentation de feuilles),
vendue en poudre

Cachou (mimosa Arbustes de l’Inde (en poudre) Coton, laine,


catechu et acacia lin et soie
catechu)

Bois de Campêche Arbre de l’Amérique centrale et Coton, laine,


(Haematoxylon des Antilles (sous forme de copeaux) lin et soie
campechianum)

Bois jaune ou de Mürier originaire d'Amérique centrale Coton, laine


muürier des teintu- et des Antilles (poudre jaune) et soie
riers* (Chloro-
phora tinctoria)

Quercitron* Chêne d'Amérique du Nord dit chêne Coton. laine,


(Quercus nigra) jaune (écorce et bois sous forme de lin et soie
copeaux)

Safran des Indes Plante des Indes et de Malaisie (racine Coton, laine
(Curcuma) en poudre appelée curcuma, employée et soie
en teinture à la place du safran, moins
solide mais moins onéreux ; sert égale-
ment comme épice dans le curry)

Carthame ou Plante herbacée annuelle cultivée dans Coton, laine


safran bâtard les pays d'Asie et du Moyen-Orient et soie
(Carthamus (fleurs séchées pulvérisées)
tinctorius)

Henné Arbrisseau d’Asie, d'Orient et d’Afri-


(Lawsonia henna) que du Nord (feuilles séchées réduites
en poudre)
Rocou ou achiote Arbuste d'Amérique du Sud, des Coton, laine
(Bixa orellana) Antilles, de l’Inde et de la Malaisie et soie
(teinture extraite des graines du fruit,
vendue en graines ou en poudre
d’achiote)
Bois de Pernam- | Arbuste des Indes et du Brésil Coton. lin,
bouc ou laine et soie
bois rouge
(diverses variétés
du genre Caesalpi-
nia)

Bois de santal Tiré d’un arbre originaire de l’Inde, Coton. laine,


(Pterocarpus d’Indonésie et d’Afrique occidentale lin et soie
santalinus)

Cochenille* Insecte du Mexique, Guatemala et Laine et soie


(Coccus cacti) Pérou vivant sur les raquettes d’un
cactus (Opuntia coccinellifera). La
femelle d’une autre coccidé (Cocus ilicis
ou Kermésilicis), vivant autrefois en
France sur les feuilles de chêne
(Quercus coccifera), était récoltée avant
la ponte, desséchée et réduite en poudre
sous le nom de kermès

Bois de Campêche
(voir ci-dessus : co
loris gris)**

Bois de Pernam-
bouc (voir ci-des-
sus : coloris
rouge)**

Cochenille (voir
ci-dessus : coloris
rouge)**

Où trouver ces produits exotiques ?

La cochenille et certaines plantes que nous venons de citer


n'étant plus cultivées dans nos régions (pastel ou renouées pour
l’indigo) et provenant aujourd’hui de pays étrangers (indigo-
tier), d’autres dont la cueillette est interdite à l’état sauvage et la
17
culture difficile (la gaude) se trouvent dans le commerce, chez
les importateurs suivants :
e Etablissements Sennelier (adresse p. 21),
e HBM, 3, rue Saint-Nicolas, 75011 Paris (bois tinctoriaux),
e Ducros et Fils, 26170 Buis-les-Baronnies.
N.B. Le noir n'étant pas une couleur, tout comme le blanc, il
peut être obtenu avec les végétaux contenant beaucoup de
tanin, en ajoutant du sulfate de cuivre ou de fer comme
mordants et en concentrant les bains de gris, de brun et de vert.
Ainsi les fibres de laine foncent en utilisant les rhizomes de l'iris
pseudacorus, l'écorce de l’aulne (avec alun, puis bain de sulfate
de cuivre après teinture), les feuilles et les écorces du frêne
(Fraximus exeelsior), les écorces et les glands du chêne (avec
alun, puis sulfate de fer après teinture) et les rhizomes de
nénuphar (Nymphaea alba).

Comment savoir si une plante a un pouvoir colorant


Ecraser le végétal entre les doigts: s’il laisse une
tache, il peut être tinctorial.
Faire infuser une partie de la plante dans une
bouteille contenant de l'ammoniaque : si, après quel-
ques jours, l'ammoniaque se colore, le végétal est
tinctorial et l'on peut lui consacrer quelques essais en
petites quantités.
Ces essais sont indispensables, car la couleur de la
Jleur ou de la graine ou autre partie de la plante n’a
pas toujours la même couleur en teinture.
Les lichens prélevés sur les troncs d'arbres sont
(oujours tinctoriaux. Ils se récoltent toute l’année
(préférer l'hiver où les autres végétaux se font rares) et
toujours à l’état humide.
La préparation
des plantes tinctoriales

Certaines plantes, poussant à l’état sauvage, sont en voie de


disparition, comme la gaude par exemple. Il est possible de
cultiver, dans son jardin, quelques espèces rares à condition de
trouver les graines! et de posséder un sol propice à leur culture.
Sauf pour les animaux en voie de disparition, aucune loi
officielle ne protège, en France, la flore des bois, des montagnes
et des rivages.
Cependant, la glane ne doit pas être un pillage systématique. Se
munir d’une petite flore pour reconnaître les plantes. Ne
ramasser que la quantité nécessaire à ses besoins et laisser
toujours quelques spécimens sur le lieu de la cueillette, pour la
reproduction. Prélever écorces et bois sur des branches fraiche-
ment élaguées au printemps ou sur celles qui tombent à
l’automne.

Cueillir à point

De plus, la cueillette des plantes et autres matériaux tinctoriaux


doit se faire à point pour obtenir de bonnes teintures :
e En règle générale, ne jamais récolter, pour les conserver, des
plantes mouillées par la pluie ou la rosée. Cueillir par temps sec
et, de préférence, le matin après évaporation de la rosée.
e Une exception cependant : les lichens. Ils se récoltent après la
pluie ou à la fonte des neiges (à détacher avec une partie de son
support : écorce, fragment de roche, terre durcie. à l’aide
d’une lame tranchante).

1. Voir, dans la même collection, Faire ses graines.

19
e Les fleurs sont cueillies au début de floraison ou avant leur
complet épanouissement selon les cas.
e Les baies et les fruits se récoltent en début de maturité.
e Les racines : à l'automne et de préférence le soir.
e Ecorces et bois : au printemps sur les branches élaguées de
tous les arbres et sur les résineux ; en automne et à la fin de
l'hiver, sur les branches tombées des feuillus.
° Les algues: après la récolte, les laver à l’eau de mer pour les
débarrasser de leurs impuretés et les faire sécher à l'ombre.

Les conserver au sec

Aussitôt cueillies, les plantes doivent être triées : élimination


des feuilles et fleurs fanées, des baies abîimées..
Il convient de distinguer deux catégories de végétaux tincto-
riAUX :

Les végétaux utilisés à l’état sec

Ils doivent être utilisés en teinture une fois séchés (exemple: la


gaude).
e Pour les plantes à tiges, faire de petits bouquets, les attacher
par un lien de raphia ou de ficelle et les suspendre, la tête en
bas, dans un endroit sec, obscur et bien ventilé (cellier, grange,
grenier). Si le local est trop éclairé, enrouler les bouquets dans
un papier de journal qui, en plus, les protégera de la poussière.
e Pour les autres, difficiles à suspendre, les étaler sur des claies
ou un papier de journal et les faire sécher également à l’ombre.
e Faire sécher au soleil ou à four tiède les racines coupées en
morceaux et les baies.
e Inutile de faire sécher les lichens et les écorces : ils sont à
ranger dans des boites à l'abri de l'humidité.
e Pour les mousses, confectionner des paquets très serrés, liés||
en bottes et faire sécher au sec.
Ensuite conserver ces matières bien déshydratées dans des sacs |
en papier ou des bocaux fermant hermétiquement, à l’abri de|
l’humidité et à l’ombre.

20
On peut ainsi conserver les plantes pendant un an, les racines et
les écorces jusqu’à deux ans, les lichens de deux à trois ans.

Les végétaux utilisés à l’état frais

Ceux-ci doivent être utilisés aussitôt après la cueillette pour


éviter la moisissure. ;
e Les fleurs : les plonger dans le bain de teinture telles quelles.
e Les feuilles et plantes entières : les hacher à l’aide de ciseaux
ou d’un sécateur.
e Les racines et les bois : les broyer dans le mortier avec un
pilon ou les râper à l’aide d’une râpe à bois.
e Les écorces : les casser en petits morceaux à la main.
e Les baies : les écraser au mortier.
e Les lichens : les piler au mortier pour en faire une pâte (secs,
ils sont à réduire en poudre passée au tamis).

Où acheter et commander les plantes rares ou exotiques ?

Ceux qui ne possèdent pas de jardin, qui n’habitent pas à la


campagne ou ne trouvent pas, dans leur région, la plante
désirée, peuvent s'adresser :

En pharmacie-herboristerie (pour les plantes médicinales) et


commander au besoin celles qui manquent : ou s'adresser
directement à :
-
e Coopération de la Pharmacie française, 4, rue du Chemin
çage).
Vert, 75011 Paris (vend aussi des produits de mordan

Dans quelques établissements spécialisés dans les plantes


tinctoriales de nos régions :
Etablissements Sennelier, 3, quai Voltaire, 75007 Paris : et 4
bis. rue de la Grande-Chaumière. 75006 Paris (également pour
produits tinctoriaux exotiques et plusieurs produits de mordan-
er :
çage. Pour expéditions en France et à l'étranger, s'adress
34, rue Le Brun, 75013 Paris).
21
SE SES

Le materiel

Pour les bains de mordançage et de teinture :


Une grande bassine ou un fait-tout en tôle émaillée avec
couvercle (l'émail est inattaquable aux produits). Deux ou trois
bassines en tôle émaillée, en aluminium ou en acier inoxydable,
avec couvercle, pour les lavages et les rinçages. Une lessiveuse
pour chauffer l’eau des lavages et des rinçages.
Un vieux poëlon pour la garance ou la cochenille. Un foyer de

10
1) |
bois avec trépied ou réchaud pour lessiveuse ou cuisinière. Des
bâtons ou spatules pour remuer les bains. Un thermomètre à
conserves. Une balance pour peser végétaux et fibres. Une
petite balance de précision (pèse-lettres) pour les produits
chimiques. Cordelettes et ficelles pour les écheveaux.

Pour la préparation des végétaux :


Une scie ou râpe à bois, .un mortier avec pilon, un tamis, un
couteau ou une lame émoussée, un sécateur, de la gaze ou
de la toile à beurre (pour confection des sachets). Des tabliers
imperméables et des gants de caoutchouc. De vieux chiffons.
Les textiles

On peut teindre toutes les fibres textiles avec les teintures


végétales. Celles-ci conviennent mieux aux fibres naturelles
d’origine animale ou végétale qu'aux fibres artificielles et
synthétiques qui trouvent davantage d’affinités avec les teintu-
res chimiques.

Les fibres d'origine animale


e De toutes les fibres naturelles, la laine est celle qui prend le
mieux la couleur en offrant des coloris vifs.
Elle peut se teindre sous toutes ses formes : en toison, en
écheveaux, en tissage, en tricot (ou crochet).
e La soie prend bien la teinture en écheveaux comme en tissu.
A noter : Les fibres animales ne supportent pas de hautes
températures. La laine redoute les écarts de températures (eaux
tièdes constantes) et l’essorage brutal.

Les fibres d'origine végétale


Ce sont principalement : le coton, le lin, le chanvre, le jute, la
ramie, le sisal.. Elles sont plus rebelles aux teintures végétales
et donnent des coloris beaucoup plus pâles que ceux obtenus
avec la laine et la soie. On peut les teindre en écheveaux ou en
pièces de tissu.
A noter: Ces fibres supportent l’ébullition, les écarts de
températures et l’essorage.

Les fibres artificielles et synthétiques


Pour obtenir quelque résultat, utiliser des tissus non mélangés,
non teints et non blanchis.
Une remarque : Par contre, les tissus métis comprenant deux
ou plusieurs fibres naturelles donneront une couleur différente
pour chaque fibre. Il peut en résulter des effets inattendus,
parfois très réussis.

24
La préparation des fibres
Avant de teindre, il est souvent nécessaire de laver ou de
dégraisser les fibres :

La laine
e Pour une laine brute (laine en suint) : un simple lavage à l’eau
tiède et au savon de Marseille en paillettes (50 g par kilo de
laine).
e Pour une toison : dans une eau ammoniacale (2 dl pour 20
litres d’eau), puis laver à l’eau savonneuse tiède ou avec des
cristaux de soude (30 g par kilo de laine). Bien rincer. Mêmes
principes pour certaines soies, cotons ou lins bruts.
e Pour les écheveaux (de 100 à 150 g retenus par 4 liens assez
lâches) : dans une eau savonneuse tiède, rincer à l’eau tiède puis
progressivement froide.
e Pour blanchir une laine dessuintée : tremper avec de l’eau
oxygénée à 120 volumes (15 cm° pour 1 litre d’eau froide) et 3
gouttes d’ammoniaque. Remuer, plonger la laine et brasser
durant 30 minutes minimum. Ou encore, étaler les laines sur la
rosée des prés (également valable pour les toiles brutes en fibres
de coton ou de lin).
e Rincer les tissus apprêtés.

La soie
e Pour faire disparaître la charge d’une soie grège en tissu ou
en écheveaux (enfermer ceux-ci dans des sachets en gaze ou
toile à beurre pour éviter d’emméêler les fils), tremper durant 30
minutes en remuant dans un bain savonneux très chaud, puis
rincer à l’eau chaude à même température et ensuite tiède.
Cette opération s’appelle décreusage.
e Pour une soie déjà déchargée des grès (ou séricine), laver
simplement dans un bain tiède savonneux, puis rincer à l’eau
également tiède.

Le coton et le lin
Ils peuvent subir, selon les cas, trois opérations : | a
e Pour les fibres brutes enveloppées de corps gras, faire bouillir

25
les écheveaux ou le tissu durant 2 heures dans un bain de savon
et de cristaux de soude (100 g de savon et 60 g de cristaux pour
1 kilo de coton ou de lin). Rincer et laisser sécher.
e Les cotons et lins bruts en échereaux, ou les tissus neufs non
deécatis doivent ètre soumis à un bain contenant beaucoup de
tanin pour prendre la teinture. Faire bouillir durant 2 heures le
coton ou le lin dans un bain de sumac.
e Pour les tissus ayant subi plusieurs nettoyages, un simple
lavage à l’eau très chaude savonneuse et un bon rinçage
suffisent.

La qualite de l’eau
La qualité de l’eau pour le lavage et la teinture est très impor-
tante. L'eau de pluie est la meilleure.
e Une eau « dure » (calcaire) forme avec les sels calcaires et le
savon des auréoles de chaux qui s’incrustent dans les fibres,
d’où une mauvaise fixation de la teinture et des différences de
tonalités. Elle ternit aussi les nuances ou fait virer la couleur.
e Une eau ferrugineuse peut produire de l’oxyde de fer, qui,
en se fixant sur les fibres, produit des taches de rouille. L’oxyde
de fer est susceptible également d’agir comme mordant en
modifiant la couleur désirée.
Il est donc nécessaire, si l’on ne dispose pas d’eau de pluie,
d’épurer ces eaux de deux façons :
— Faire bouillir l’eau avant toute opération. L’ébullition pro-
longée élimine les carbonates de chaux et de magnésie, ainsi
que l’oxyde de fer.
— On peut adoucir une eau « dure » chimiquement en l’addi-
tionnant d’ammoniaque, de carbonate de soude ou de bicar-
bonate de soude ou d’acide acétique (vinaigre) qui précipitent
les sels de chaux et les rendent insolubles.
Le meilleur moyen est d’avoir recours à des appareils adoucis-
seurs d’eau qui, placés sur les canalisations d’amenée d’eau, la
traitent automatiquement avant la distribution.
e Quant à une eau trop douce, il convient de la durcir en y
diluant de la craie en poudre (5 g par 15 1 d’eau) (voir p. 28
et 41).

26
La teinture
des textiles

Il y a plusieurs méthodes de teinture : celle que nous préconi-


sons s’avère la plus simple et la plus efficace. Elle se résume
aux opérations suivantes :
27
Le mordançage
Pour fixer les couleurs, on doit procéder au mordançage avant
de teindre. Ce travail préliminaire est indispensable pour les
teintures végétales qui, ne contenant pas de mordants naturels
(sauf celles contenant des tanins : voir tableaux). doivent être
fixées par des mordants soit naturels (urine fermentée. sel,
vinaigre, noix de galle, cendres de bois. tartre de tonneau...)
soit par des produits chimiques d’origine naturelle (alun,
ammoniaque, acide acétique. acide tartrique...). Divers mor-
dants naturels conviennent pour certaines plantes mais pas
pour d’autres. Aussi est-il plus simple d'adopter l’alun', le plus
souvent associé à l'acide tartrique ou crème de tartre-, qui rend
les couleurs plus vives et plus uniformes et qui convient à toutes
les teintures végétales.

B Autres mordants

On peut également nuancer les fibres à teindre, mordancées ou


non à l’alun et à la crème de tartre, avec un deuxième mordant :
e d'origine végétale : vinaigre d’alcoo!l (1 cuillerée à café) ou
gros sel (1 poignée pour 15 litres de teinture) pour obtenir des
couleurs plus vives et plus solides ; noix de galle (100 g pour 1
kilo de fibres) pour foncer les bruns ou les verts : cendres de
bois (1 kilo pour 10 litres d'eau bouillante) pour foncer les
bruns. verts et gris : craie en poudre (5 g pour 15 litres de bain
de teinture) pour rendre calcaire‘ une eau trop douce.
e d'origine chimique : ammoniaque (remplaçant l’urine utilisée
autrefois) à raison d’un volume pour 3 volumes d’eau;
hydrosulfite de soude pour la teinture à l’indigo et certains
lichens.

1. Chez les pharmaciens, droguistes ou fournisseurs de produits chimiques pour


laboratoires.
2. Ces produits sont en vente chez les droguistes ou les fournisseurs de teintures
végétales.
3. Par contre, l’eau calcaire convient à certaines teintures végétales comme la gaude,
la verge d’or, la garance, etc.

28
Pouvoir colorant
des principaux mordants chimiques
d'origine naturelle

Les mordants, qui ont eux-mêmes un pouvoir colorant, peu-


vent affecter, dans une certaine mesure, la couleur de la tein-
ture ou en changer complètement le ton. C’est pourquoi il est
conseillé d’utiliser un mordant dont la couleur se rapproche
de celle de la teinture.

Mordants ! % par 100 g de laine sèche?

Alun (poudre blanche) Jaune, vert-jaune

Chrome ou bichromate Gris, jaune clair,


potassium or, rouge
(poudre orange)

Vitriol bleu ou sulfate de cuivre


(cristaux bleus)

Tartre ou bitartrate — A utiliser seul pour les tein-


de potassium tures de cochenille : 20 g.
(poudre blanche) — À utiliser avec l’alun pour
les teintures à la garance :
1/4 de la quantité d’alun.

1. Chez les droguistes et pharmaciens.


2. Egalement valables pour soie et poils. Ces pourcentages sont à augmenter pOur
les fibres végétales et synthétiques.

29
Comment mor dancer

La laine
Pour 1! kg : 250 à 200g d'alun - 50 g de crème de tartre - 25
litres d’eau froide.
Remplir d’eau le récipient émaillé. Faire dissoudre dans une
écuelle d’eau tiède la crème de tartre puis l’alun. Verser dans le
chaudron en remuant. Lorsque l’eau est tiède, plonger la laine
(préalablement mouillée).
Continuer à chauffer doucement pendant 1 heure environ mais
sans faire bouillir (eau frémissante).
Eloigner du feu et laisser refroidir le bain.
Sortir la laine, l’égoutter. Ne pas rincer. On peut teindre
aussitôt.
Ou enfermer la laine humide dans un chiffon pendant 5 à 6
jours, en humectant de temps à autre avec l’eau de mordança-
ge. Faire sécher la laine avant de procéder à la teinture (la laine
sèche peut attendre plusieurs semaines ou plusieurs mois avant
d’être teinte).

La soie
Pour 500 g : 225 g d’alun - 30 g de crème de tartre - 15 litres
d’eau.
Dissoudre dans de l’eau tiède la crème de tartre. puis l'alun.
Verser ce mélange dans le bain d’eau tiède (récipient émaillé).
Y plonger la soie et chauffer doucement jusqu’à 45 °C environ.
Eloigner du feu et laisser ainsi macérer pendant 12 heures, en
remuant souvent le tissu. |
Retirer la soie, la rincer et la teindre humide.

Le coton et le lin
Pour 1! kg : 250 g d'alun - 60 g de crème de tartre - 16 g de
soude - 25 litres d’eau.
Dissoudre dans de l’eau tiède la crème de tartre, l’alun et la
soude. Bien mélanger. Ajouter les fibres mouillées et laisser
bouillir à feu doux pendant une heure.

30
La mise en couleur

La méthode adoptée ici est celle utilisée après mordançage. Elle


est valable pour la laine et toutes les autres fibres à quelques
variantes près. Elle se fait en deux temps :

B Za préparation du bain
Mettre en très petits morceaux les végétaux frais ou secs (voir
cueillette et préparation en p. 19); ceux réduits en poudre
doivent être trempés à l’avance dans une eau tiède. En principe,
utiliser le même poids de végétaux que de matières à teindre.
Verser l’eau nécessaire (24 litres environ pour 1 kilo d’éche-
veaux ou 30 litres pour 1 kilo de tissu sec). Porter à ébullition
pendant un temps variant suivant la nature et l'intensité du
coloris désiré (de 30 minutes environ pour les fleurs à plusieurs
heures pour les plantes ligneuses, les écorces...).
Retirer du feu et laisser refroidir jusqu’à 40 °C environ.
Plonger le coton ou le lin, chauffer et laisser bouillir 90 minutes.
Faire refroidir pendant 24 heures, puis rincer.

B Za coloration
Dans le bain tiède, placer les écheveaux ou les tissus préalable-
ment mouillés. Chauffer doucement à la température conve-
nant à chaque type de fibre.

sil
e La laine
Porter à ébullition en remuant souvent pendant 30 à 60 minutes
environ selon la teinte voulue. Baisser le feu et laisser frémir
(90 °C). Eloigner de la source de chaleur et laisser refroidir
dans le bain la teinture (la pièce continue à prendre la couleur)
jusqu’à 30 ou 40 °C. Retirer la laine et la plonger dans l’eau de
rinçage à même température que celle de la teinture (tiède).
Rincer abondamment à l’eau tiède jusqu’à ce qu’elle ne dégorge
plus (facultatif : ajouter à l’eau du dernier rinçage du vinaigre à
raison d’une cuillerée à café pour 2 litres d’eau). Essorer
légèrement sans tordre. Suspendre sur une corde à linge ou un
séchoir et laisser sécher à l’ombre dans un endroit bien aéré.
Retourner plusieurs fois les écheveaux.

e La soie
Même recette que pour la laine en prenant toutefois les
précautions suivantes : enfermer le produit tinctorial dans un
sachet de gaze, ou filtrer la décoction avant d’y plonger la soie
(pour éviter les taches) et ne pas faire bouillir, mais chauffer
jusqu’à 50 °C au maximum.

e Le coton et le lin
Ils supportent l’ébullition et demandent des durées de teinture
plus longues que celles de la laine (de 1 à 1 heure 30 au,
minimum). En fin d'opération, il est possible de les laisser
refroidir dans le bain de teinture durant 12 à 24 heures.

Remarque : Les fibres artificielles et synthétiques peuvent :


suivre les mêmes traitements de mordançage et de teinture que |
la soie, aux mêmes températures et aux mêmes doses.
Pour les fibres végétales autres que celles du coton et du lin, :
utiliser les mêmes procédés de préparation, mordançage et |
teinture. |
Il est toutefois bon de réaliser quelques essais préalables sur des |
échantillons.

& Vos grand-mères teignaient leurs rideaux de dentelle


blancs avec du thé (après infusion) pour obtenir un ton beige. |
La teinture
aux lichens

Les propriétés tinctoriales des lichens proviennent des acides


qu'ils contiennent. Les uns teignent par décoction dans une eau
acide (vinaigre d’alcool) : les autres par fermentation dans
lammoniaque (appelés orseilles et donnant des pourpres et des
écarlates).
Certains ne possèdent pas de propriété tinctoriale. De plus le
lichen est très difficile à identifier, il convient donc de procéder
à des essais sur un petit échantillon. Après la récolte du
spécimen, procéder de la façon suivante :
e Prendre une poignée de lichen, le pulvériser s’il est sec ou en
faire une pâte s’il est frais avec, au besoin, un peu d’eau. Mettre
dans un récipient émaillé poudre ou pâte avec de l’eau non
calcaire et une cuillerée à café de vinaigre d’alcool. Laisser
bouillir durant 30 minutes environ. Puis introduire dans ce bain
quelques brins ou un petit morceau de laine, lavée mais non
mordancée, et attendre la coloration. Si quelque coloris que ce
soit apparaît, il s’agit d’un lichen feignant par décoction.
e Sinon, essayer le procédé par fermentation : reprendre une
autre poignée de ce même lichen, faire une pâte, la verser dans
une eau ammoniacale dans les proportions de deux volumes
d’eau non calcaire pour un volume d’ammoniaque. Exposer le
récipient dans un endroit relativement chaud (15 à 20 °C).
Remuer plusieurs fois par jour en rajoutant, si besoin. de l'eau
ammoniaquée dans les mêmes proportions. Au bout de trois à
quatre jours, vérifier s’il en résulte une coloration rouge violette
ou bleue. Il s’agit alors d’une orseille qui teinte par fermenta-
tion.
N.B. : Certains lichens comprennent un acide pouvant teindre à
la fois par décoction ou par fermentation comme l'Érernia
prunasti.
33
Les recettes types

Les lichens sont valables pour toutes les fibres : laine, soie,
coton et lin.

B Teintures par décoction


Elles vont du brun roux au jaune clair.

Pour laine et soie


Même poids de lichens et de fibres non mordancées - 1 cuillerée
à soupe de vinaigre d'alcool par livre de lichens - eau non
calcaire dans un chaudron en fonte pour les rouges bruns ;
émaillé pour les jaunes.
Faire bouillir les lichens durant 3 heures dans ce bain. Laisser |
tiédir. Plonger la laine mouillée et laisser frémir pendant au
moins une heure ou davantage selon le coloris désiré, en
remuant assez souvent. Après refroidissement total, retirer la
laine et l’essorer. Rincer dans plusieurs eaux et faire sécher à |
l'ombre.

Pour coton et lin |


Remplir un chaudron en fonte, en alternant avec une couche de |
lichens, une couche de textile non mordancé, une couche de |
lichens, etc. jusqu'aux 3/4 du récipient. Laisser frémir 3 ou 4 |
heures, puis refroidir. Rincer dans l’eau chaude, puis tiède.
Cette recette est également valable pour les tissus ou les |
écheveaux de laine épaisse.

B Teintures par fermentation (ou orseilles)

La palette s'étend des rouges intenses aux violets. On trouve de |


l’orseille en poudre (sèche prête à l'emploi) dans le commerce |
ou l'on peut la préparer soi-même selon la formule suivante: |
Bien faire sécher le lichen frais, le réduire en poudre et le passer
au tamis. Dans un bocal en verre, fermant hermeétiquement,
verser la poudre de lichen, recouvrir d’eau ammoniacale

34
(1 volume d'ammoniaque pour 2 volumes d'eau). Boucher.
Placer le récipient dans un endroit chaud (20°C minimum).
Rajouter, si le mélange devient trop épais. un peu d'eau
ammoniacale dans les mêmes proportions. remuer au moins
deux fois par jour et laisser fermenter pendant | à 4 semaines
(nuance violette au début. virant au rouge intense ensuite). Une
fois la fermentation terminée. déboucher le bocal et faire
évaporer dans un endroit bien chauffé, en continuant à remuer
de temps en temps la mixture. Le résultat donne une poudre se
conservant très longtemps.

Pour laine et soie


Dans un récipient émaillé, verser dans le bain de teinture le
lichen frais (moitié du poids de la fibre) ou l’orseille en poudre
(1/10 du poids du textile) (recette ci-dessus). Placer la laine
mouillée et mordancée. Couvrir le récipient et chauffer douce-
ment jusqu’à 80 °C.
A ce stade, ajouter : du vinaigre d’alcoo!l (voir dose ci-dessus)
pour donner un rouge plus vif ou des cristaux de soude à raison
d’une demi-cuillerée à café pour la rendre plus bleue.
Eloigner du foyer, laisser tremper le textile dans le bain pendant
1 à 3 jours. Rincer abondamment et sécher à l'ombre.
Remarque : La garance et la cochenille, associées à l’orseille,
donnent de plus jolies nuances et une plus grande solidité à la
couleur.
Préparation spéciale
des trois couleurs fondamentales

Les couleurs primaires sont le rouge, le jaune et le bleu. En


teinture, comme en peinture, il est possible, à partir de ces
coloris de base, de réaliser toutes les couleurs possibles, en
particulier toutes les tonalités de vert, orange, violet et brun.
Pour la teinture, il suffit de faire des bains successifs de colo-
rants différents ou par addition de mordants. Voici quelques
recettes qui vous permettront d’obtenir les couleurs fonda-
mentales. La teinte fauve est obtenue par adjonction de brou
de noix.

BbEU)
B Cuve à l’indigo
Très recherchées et utilisées autrefois pour leur très belle
teinture, les feuilles de l’indigotier sont peu employées de nos |
jours, En raison de la longue préparation qu’elles nécessitent.
Parmi les recettes, retenons une des plus simples :
215 g d’indigo en poudre - 100g de garance en poudre - 100g
de son - 650 g de carbonate de soude.
Mélanger les ingrédients dans 15 litres d’eau et laisser macérer |
une semaine environ dans un endroit chaud (30 °C) jusqu’à ce |
qu’une écume bleue apparaisse à la surface et qu’une forte |
odeur s’en dégage ; ne pas oublier de remuer. Puis placer la |
laine ou le coton préalablement mordancé à l’alun (voir |
page 29) en chauffant sans faire bouillir et en remuant de temps
à autre. Retirer régulièrement la laine du bain (30 minutes

36
d’aération, 30 minutes dans le bain et ainsi de suite) pour
vérifier l'intensité du bleu et ce jusqu’à la couleur désirée. Sortis
du bain d’indigo, la laine et le coton sont de couleur verte. C’est
par oxydation à l'air qu’ils deviennent bleu plus ou moins
intense selon la durée d’immersion. Rincer à l’eau tiède et faire
sécher.
Attention ! Brasser modérément l’indigo (sans remuer le dépôt
au fond du récipient) de façon que le liquide demeure bieñ vert.
S’il tourne au bleu par oxydation, le bain n’a plus d’effet.

JAUNE
B Cuve à la gaude (jaune)
Mordançage : Préparer un bain avec 20 litres d’eau froide,
250 g d’alun et 60 g de crème de tartre. Mélanger et faire
chauffer. Lorsque le bain atteint 35-40 °C, introduire la laine
et porter à ébullition pendant 2 heures. Remuer tout au long
de la cuisson. Retirer et faire égoutter les écheveaux au-dessus
du bain, les presser dans un torchon de toile et laisser sécher
dans un endroit humide 2 à 4 jours.
Teinture : jeter 1 kg de laine mordancée depuis deux à trois
jours dans environ 18 litres de décoction à 35 ou 40° (décoc-
tion passée), puis élever progressivement la température jus-
qu’à 80° pendant une heure.
Sortir les écheveaux du bain, les laisser égoutter et les mettre
à sécher à l’ombre.
Pour obtenir un jaune clair : mettre 1 kg de gaude sèche dans
30 litres d’eau froide et porter à ébullition une heure à une
heure trente.
Pour obtenir un jaune moyen : verser 2 kg de gaude sèche
dans 30 litres d’eau froide et porter à ébullition pendant le
_ même laps de temps.
37
ROUGE
B Cuve
à la garance
bre Pour 1 kg de laine, verser dans 20 litres d’eau
315 g d’alun et 65 g de crème de tartre environ. Se reporter!
aux mêmes opérations et aux mêmes cuissons que pour le
mordançage de la gaude (voir page précédente).
Teinture :Un kilo de laine mordancée exige un bain de 500 g de}
garance en poudre dans 20 litres d’eau. Comme toujours, |
diluer fréquemment la solution et porter celle-ci jusqu’à 40 °C.}
C’est le moment propice pour plonger la laine en ayant soin|
de tourner très souvent à l’aide du bâton. Augmenter progres-|
sivement la température du bain de 40 à 90 °C durant troisf!
heures. Enlever les écheveaux du bain, les essorer et les faireh
sécherà l'ombre.
Attention ! Ne jamais baisser la température du bain del!
garance sous peine de faire descendre au fond de la cuve Fi
masse colorante du bain.

B Cuve à la cochenille (rouge écarlate) |


Mordançage : Pour 1 kg de laine, mélanger 200g d’alun||
100 g de crème de tartre dans 18 litres d’eau. Pibcedes de lab
même façon qu'avec le mordançage de la garance.
Teinture : Dans 18 litres d’eau à 35 °C, introduire 1 kg del
kermés en poudre fine que l’on porte à ébullition. Dés le pre-
mier bouillon, plonger 1 kg de laine mordancée et porter
nouveau à ébullition en tournant sans arrêt pendant deux|!
heures. Sortir les écheveaux, les égoutter, essorer et sécher à!
l'ombre. |

38 |
_
DU BEIGE CLAIR
AU TON FAUVE
B Le brou de noix
À côté de ces couleurs fondamentales, il faut
noter la préparation particulière du brou de
noix, utilisé dans de nombreux domaines
(bois et produits de beauté par exemple).
Le brou de noix donne des tonalités allant
du beige clair au brun très foncé, en passant
par le noisette et le fauve.
Mordançage : Faire un bain se composant
de 250 g d’alun et de 60 g de crème de tartre
pour 20 litres d’eau. Pratiquer les mêmes
opérations que celles du mordançage de la
gaude (page 37).
Teinture : Pour 1 kg de laine mordancée,
faire bouillir pendant 15 minutes 18 ou
20 litres de macération de brou (plus diluée
d'eau pour les tons clairs, ou en laissant
bouillir la macération plus longtemps afin
d'obtenir une macération plus concentrée
destinée aux tons très foncés).
Tremper les écheveaux humectés & eau tiède
dans le bain à une température de 40 °C
durant une heure, monter jusqu'à 80 °C au
maximum sans faire bouillir. Sortir les
écheveaux, les essorer et les faire sécher à
l'ombre. Pour les couleurs composées, voir
page 56.

39
Quelques conseils

Pour les bains de mordançage et de teinture, prévoir une


quantité d’eau suffisante : écheveaux et tissus doivent être
complètement immergés. Pour éviter l’évaporation, placer le
couvercle sur les récipients. Si la réduction d’eau est trop
grande, remplacer par une même quantité d’eau à la même
température.
Tout au long de la cuisson, remuer le bain pour que les fibres
s’imprègnent de façon uniforme.
Avant de plonger les écheveaux dans un bain de mordançage
ou de teinture, les attacher ensemble, sans serrer, par une
grosse ficelle afin qu’ils ne s’'emmélent pas.

Ne jamais teindre une laine brute (laine en suint) ou un tissu


apprêté. Les laver auparavant (voir p. 25).
Ne jamais tordre la laine et la soie, les presser délicatement
dans un linge et les faire égoutter.
Faire plusieurs essais de teinture sur de petits échantillons :
écheveaux de 25 à 30g ou morceaux de tissus avec une
quantité de végétaux égale ou supérieure au poids de ces
échantillons.
Pour teindre ou mordancer les écheveaux de soie fine, les
enfermer dans des sachets en mousseline pour éviter qu'ils ne |
s’emméêlent.
Le brou de noix, la garance, le santal, l’indigo et les lichens :
doivent être mis à tremper une nuit entière avant leur emploi.
A lexception de quelques recettes exigeant une eau calcaire, |
toutes les étapes de lavage, mordançage, teinture et rinçage ;
donnent de meilleurs résultats avec une eau douce (eau de |
|
40 |
source, de pluie) ou une eau adoucie (par adoucisseur) ou avec
un apport de vinaigre d’alcool (un verre pour 5 litres d’eau
environ).
Pour les teintures exigeant une eau calcaire, et si l'eau est trop
« douce », ajouter de la craie en poudre (5 g pour 15 litres
d’eau).
Les tissus, lavés de nombreuses fois, prennent davantage la
couleur que les tissus neufs.
Après chaque bain de mordançage ou de teinture, bien laver le
récipient à l’eau savonneuse et bien rincer.

Une fibre mouillée est plus foncée qu’une fibre sèche.


La couleur variant d'un bain à un autre, teindre dans un
même bain toutes les fibres nécessaires à la confection d'un
ouvrage.
Après le bain de teinture ne pas exposer la laine à de brusques
changements de température ; la rincer dans des bains suc-
cessifs de plus en plus froids.
Eviter l’utilisation de récipients oxydables (fer, fonte, cuivre)
qui altérent la couleur du bain ou tachent les fibres ; s'équiper
d'ustensiles émaillés qui se nettoient bien.
Pour répéter une même opération, noter les doses du bain de
teinture avec, éventuellement, un échantillon du produit coloré.
Pour tirer Le maximum des matières colorantes, les concasser,
les broyer, les piler ou les pulvériser.
Ne jamais mettre une fibre sèche directement dans du mor-
dant ou de la teinture.
Ne pas opérer à mains nues. Enfiler des gants de caoutchouc
suffisamment résistants (dans les établissements spécialisés en
matériel de chimie).
Attention ! ne pas laisser à la portée des enfants les produits
chimiques même s’ils ne sont pas toxiques ; les mettre sous clés.
41
La coloration
des produits de beaute

Les anciennes matières colorantes sont le vermillon!, le carmin|


de cochenille, l’orcanette, le safran et le curcuma ou encore le
caramel. Jadis, on utilisait aussi le noir de fumée, provenant de
la combustion, en vase clos, du bois de vigne et de noyaux de
pêche. Ces matières colorantes, d’origine végètale ou animale.}
diffèrent selon les usages cosmétiques. |

1. Extrait, dans l'antiquité, du cinabre ou sulfure de mercure et, plus tard, de la


graine rougeâtre qui croît sur un arbuste de type petit houx, dans nos régions)
méridionales.

42
B Crèmes et fards

Les couleurs appliquées à la peau sont le carmin de cochenille


(rouge) et le charbon végétal (noir) réduits en poudre pour la
poudre de riz (amidon et surtout amidon du riz), le rouge à
joue, le font de teint et le noir pour sourcils, l’orcanette pour le
rouge à lèvres.
Seuls les fards gras et liquides sont susceptibles d’accepter les
mélanges de colorants réduits en poudre. Il suffit d'introduire la
quantité de poudre nécessaire pour obtenir le coloris désiré.

B Teintures et lotions pour les cheveux

Pour teindre les cheveux, les plus belles teintures végétales sont
celles obtenues par l’emploi du henné! et du brou de noix (voir
page 39), tandis que les reflets sont réalisés à l’aide de romarin,
sauge et camomille.

Pour noircir : extrait de brou de noix


Se procurer, à l’époque de la maturité des noix, des écorces
vertes (brou).

1"° recette :
Broyer les écorces, jeter dessus de l’eau douce dans laquelle on
a fait dissoudre 1 % de sel de cuisine. Au bout de 3 jours,
verser dans un grand chaudron et chauffer 4 à 5 heures à une
température voisine de l’ébullition ; au cours de l’opération,
ajouter une quantité d’eau égale à celle évaporée. Laisser
refroidir. Exprimer le liquide au moyen d’une toile ou d’un petit
pressoir ; remettre le liquide dans le chaudron et laisser réduire
du quart de son volume. Laisser refroidir à nouveau et ajouter
15 % d’alcool pharmaceutique à 90°. On peut ajouter une
essence parfumée? (10 à 15 g). Mettre en flacon.

1. Le henné : petit arbuste d'Afrique du Nord et d’Asie dont les feuilles, d’un vert
grisâtre, sont séchées et réduites en poudre. Les femmes arabes se teignent en jaune
safran les ongles des doigts et des orteils, ainsi que les cheveux pour leur donner des
reflets roux.
2. Voir La maison parfumée dans la même collection.

43
Au moment de son utilisation, il est bon d’ajouter à cet extrait
de brou de noix un peu de glycérine pure pour adoucir la
chevelure.
N.B.: Avant d’appliquer la teinture, il faut dégraisser les
cheveux avec un shampooing.

2° recette : brou de noix + alun — longévité.


L’extrait de brou de noix ayant tendance à perdre ses
propriétés colorantes au bout d’un certain temps, on prolonge
sa conservation avec de l’alun, produit absolument inoffensif",
en procédant comme suit :
500 g d’écorces de noix vertes - 30g d’alun - 120g d'eau
distillée - 300 g d'alcool à 95°.
Laisser macérer 48 heures, puis extraire le liquide comme dans
la recette précédente. Ajouter à l’extrait l’alcool. Diluer l'extrait
suivant la nuance désirée.

Pour donner des reflets aux cheveux sombres : romarin et sauge


Le romarin accentue les reflets, la sauge intensifie les nuances
sombres.
Faire infuser 1 cuillerée à soupe de l’une ou l’autre de ces
plantes dans un demi-litre d’eau bouillante. Se laver une
première fois les cheveux avec le shampooing habituel, rincer,
puis utiliser la lotion de sa fabrication pour le rinçage.

Pour obtenir des reflets roux : henné


Acheter du henné en poudre. Diluer la dose dans de l’eau tiède. |
Ajouter une cuillerée à café d’huile alimentaire pour éviter le |
dessèchement des cheveux. Faire chauffer à feu doux en |
remuant pour former une bouillie de la consistance d’un |
cataplasme. En enduire, à l’aide d’une spatule ou d’un pinceau, |
les cheveux. Relever ceux-ci sur le sommet de la tête. Laisser |
reposer durant 15 à 20 minutes. Rincer abondamment. |

1. En vente dans les pharmacies. |


Pour éclaircir les cheveux blonds ou leur donner des reflets
dorés : camomille
Se rincer les cheveux avec une infusion de camomille allemande
ou matricaire.
100 g de fleurs séchées (mises en sachets) pour I litre d'eau.
Jeter les fleurs de camomille dans l’eau bouillante. Faire infuser
pendant 20 minutes. Laisser refroidir. Après lavage, rincer
plusieurs fois les cheveux avec cette lotion. Laisser agir 10
minutes minimum avant de rincer abondamment à l’eau claire.

B Pour colorer les extraits, les huiles et les pommades

En vert : par macération, dans de l’eau distillée ou dans de


l'alcool pharmaceutique, des feuilles d’épinard, de violette et de
Cassis.
En jaune : par ajout de safran en poudre ou par macération de
fleurs de jonquille.
En rouge : avec de la cochenille réduite en poudre.
Avec les fleurs et les feuilles fraiches, le traitement se fait
immédiatement après la cueillette pour éviter les risques de
moisissure. Ou bien, si l’on doit attendre, étaler les végétaux,
dans un endroit bien frais, aéré et ombragé, en couche de faible
épaisseur et en prenant soin de les remuer tous les jours.

Les Romains teignaient leurs cheveux avec les baies de


sureau.

Jadis, on exprimait de la bourrache (Borrago officina-


rum) une teinture verte.

Pour se noircir les sourcils, les frotter avec des baies de


sureau ou un morceau de liège ou de girofle brûlé à la
bougie, ou encore avec du noir d'encens. (La Toilette de
Flore)

45
Les colorants
alimentaires

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Si la coloration des aliments n’apporte rien au goût, elle a, par


contre, un effet psychologique certain auprès du consomma-
teur. Les aliments doivent avoir un aspect appétissant. Les
colorants dits « naturels » sont des extraits de produits naturels
(faune et flore) au nombre très limité. Les autres colorants, en
grande majorité, sont des produits artificiels.
46
Les matières premières les plus utilisées pour fabriquer soi-mé-
me ses colorants sont :
Pour le rouge : la cochenille (à acheter en poudre) ou la
betterave rouge.
Pour le jaune : le rocou (qui sert à la coloration des beurres et
fromages), le curcuma (préparation du curry), le safran.
Pour le rose : le paprika (en poudre).
Pour le brun : le caramel (obtenu à partir du sucre chauffé), la
carotte, le thé, le café, la chicorée.
Pour le vert : les parties vertes d’une plante (chlorophylle) : les
feuilles de l’ortie blanche, de l’épinard.
Pour l'orange : des pelures d’oignon de couleur.
Pour le bleu : des pétales de jacinthe, de bleuet.
Pour le violet (violet rouge) : des fruits de cassis, de myrtille...
Ces produits permettent, à eux seuls ou par leur mélange, une
gamme appréciable de coloris.

Les applications diverses

Certaines de ces matières premières sont plus particulièrement


employées pour telle ou telle catégorie d’aliments.

Les laitages
e Le carmin de cochenille, qui donne une couleur fraise, aux
yaourts.
e Le rocou, donnant un ton jaune aux beurres et fromages.
e Le caramel brun ou la carotte pour les bruns jaunes.

Les vins, liqueurs, sirops, pâtisseries, entremets, glaces et


confiseries
e Le caramel brun soutenu.
e L'infusion de pétales de fleurs bleues ou l’indigo.
Le carmin de cochenille.
La chlorophylle de feuilles et parties vertes des plantes.
Les baies de cassis, myrtilles, sureau..
La betterave rouge pour les vins et liqueurs.
47
La charcuterie
e Le caramel brun très soutenu pour badigeonner l’extérieur ou
enveloppe des aliments : peau de saucisse, par exemple.
e Carmin de cochenille (rouge), paprika ou rocou (jaune).

Les poissons
e Le carmin de cochenille (rouge), le caramel (brun) et le rocou
(jaune).

Les sauces, potages, condiments


e Le curcuma (jaune).
e La carotte (brun).
e La betterave rouge.

Les recettes

La plupart de ces recettes sont connues. Rappelons seulement


les principes de base.

Les infusions
Matières colorantes : thé, café, chicorée...
Jeter les matières colorantes dans l’eau, porter à ébullition,
laisser infuser et passer.

Les macérations (à l’eau ou à l’alcool)


Matières colorantes : pétales de fleurs bleues (bleuets, jacin-
thes..) pour le bleu; feuilles vertes (ortie blanche...) pour le
vert ; baies de cassis, de myrtilles, de sureau... pour le violet.
Faire macérer pétales ou feuilles dans l’alcool! jusqu’à l’absorp-
tion de la couleur.
Laisser macérer 4 à 5 mois les fruits, puis extraire le jus à
travers un torchon, ou à l’aide d’un minipressoir ou d’un
moulin à légumes. Conserver le jus dans des bocaux fermés
hermétiquement et à l’abri du jour.

Les ébullitions
Matières colorantes : betterave rouge, épinard, pelures d’oi-
gnon rouge.
48
Mettre dans l’eau bouillante (la betterave crue à l’eau froide),
laisser bouillir le temps nécessaire. Passer le jus.

Le sucre caramélisé
Faire fondre à feu doux quelques morceaux de sucre (ou en
poudre ou cristallisé) avec un peu d’eau dans une casserole ou
un moule (pour les entremets et gâteaux). Une fois fondu,
chauffer à feu vif jusqu’à l'obtention de la couleur désirée (ou
brun clair ou brun fonce).

e Pour un emploi immédiat, le verser dans le lait, les crèmes.


entremets, etc.

e Ou le conserver en ajoutant du jus de citron (pour éviter la


cristallisation) dans un récipient en verre bien bouché (bocal,
pot à confitures. flacon.….).

Carottes pour sauces et bouillons


Faire sécher de petites carottes à four doux jusqu’à ce qu’elles
prennent une teinte brun foncé. Les conserver à l’abri de
l'humidité et les incorporer au moment de la préparation
culinaire.

Les colorants en poudre


Matières colorantes d’origine exotique : carmin de cochenille,
rocou, curcuma, safran, paprika.
Incorporer directement ces poudres en cours de préparation ou
dans le produit fini en mélangeant bien : riz, mayonnaise,
crème, sauce...

B Les œufs colorés

Pour les fêtes de Pâques, renouez avec la tradition ancestrale


des œufs durs colorés.
A la campagne ou dans quelques crèmeries, se procurer
quelques œufs de poule naine, guère plus gros que des œufs de
pigeon, et des œufs de caille très décoratifs.
49
Les différents coloris
Le rouge’ : avec du jus de betteraves rouges cuites.
L'orange” : avec des pelures d'oignons rouges de préférence.
Lejaune!’ : avec du safran et du curcuma (en poudre).
Le vert” : avec du jus d’épinard.
Le marron clair : avec de la chicorée ou du thé très fort.
Ne pas teinter les coquilles qui ont une belle coloration
naturelle ou qui sont pigmentées (certains œufs de poule, de
caille, de dinde). Pour ne pas casser les œufs, les placer au fond
d’une casserole, sans les cogner et ajouter une poignée de sel.
Recouvrir d’eau froide et laisser bouillir 15 à 20 minutes selon
leur grosseur (3 à 5 minutes pour les œufs de caille). Laisser
refroidir dans l’eau avec le colorant choisi. Puis placer les œufs
teintes sur une feuille de papier d'aluminium. Egaliser ou enle-
ver l'excédent de couleur en tamponnant à l’aide d’une petite
éponge ou d’un morceau de coton. Dès qu’une face est sèche,
retourner l’œuf.
En harmonisant les couleurs, on peut composer de jolies
coupes d'œufs pour les fêtes de Pâques.

Les Slaves utilisent la pelure d'oignon pour teindre leurs


œufs de Pâques. Pour cela, ils enveloppent les œufs à
colorer de couches plus ou moins épaisses de pelures
d'oignon, le tout maintenu dans un morceau de gaze. Ils
Jont bouillir une vingtaine de minutes. Débarrassés de
leur enveloppe, les œufs sont colorés d'un brun rouge
marbré selon l'épaisseur de la pelure.
Le riz aura une teinte plus appétissante en ajoutant dans
l’eau de cuisson un peu de safran (1 ou 2 pincées) qui
donnera également bon goût.
Rien de plus agréable à l'œil qu’un entremets, une crème
fraîche, un yaourt, une mayonnaise, une sauce, teintés
avec un colorant en poudre, et, de plus, si facile à
réaliser !
1. Verser le jus de betterave ou la poudre de safran (ou curcuma) dans l’eau,
mélanger et placer les œufs sans infusion préalable.
2. Jeter les matières colorantes dans l’eau, porter à ébullition, laisser infuser et
passer. Placer les œufs dans cette eau refroidie et laisser cuire le temps nécessaire.

50
La teinture
des materiaux divers

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pa?

Bois, cirages et crèmes, cires et encaustiques, Cuir, herbes et


bouquets secs, mousses, paille et raphia, bougies. peuvent
également se colorer à l’aide de plantes tinctoriales ou de colo-
rants alimentaires. A l'exception du cuir qui demande une pré-
paration de bains plus élaborés, les autres matériaux utilisent
des recettes faciles à réaliser.
sil
B Bois

Dans ce cas, il s’agit uniquement d’assombrir la tonalité du bois


par deux procédés.

A la chicorée (ton noyer relativement clair): préparer une


décoction de 100g de chicorée pour 1 litre d’eau. Passer au
pinceau.

Au brou de noix (voir recette p. 39) : soit dilué plus ou moins à


l’eau et passer au pinceau (mais éviter les auréoles pour les tons
clairs) ; soit dilué à l’huile de lin, à passer avec un chiffon de
laine.

B Cirages et crèmes

Pour colorer un cirage ou une crème incolore, il suffit d’ajouter


des colorants en poudre préalablement dissous dans l’eau. Les
proportions du colorant varient avec l’intensité des tons désirés.
On obtient ainsi :
du jaune, avec du bois jaune ;
du rouge, avec la garance ;
du carmin, avec la cochenille ;
du noir, avec du bois de Campêéche ou du noir de fumée et un
peu de bleu de Prusse (en liquide).

B Cires et encaustiques

On peut colorer la cire ou l’encaustique au moyen de colorants


naturels : orcanette, cachou, quercitron... (voir tableau p. 8).
Si la cire est destinée aux parquets aussi bien qu’aux meubles, il
est préférable de lui conserver sa couleur naturelle. Elle
conviendra ainsi à tous les usages : au parquet de chêne, à
l’armoire en merisier, aux chaussures ou au sac en cuir.
Par contre, si elle est destinée à un usage précis, on peut la
teinter légèrement, mais sa coloration doit demeurer au-dessous
du ton du bois ou du cuir, pour ne pas foncer la nuance. On
52
peut la colorer avec l’orcanette, le cachou, le quercitron.. à
raison de 60 g de colorant pour 250 g de cire (ou encaustique)
que l’on fait fondre en même temps qu’elle :
en rouge, avec l’orcanette ;
en brun, avec le cachou ;
en jaune clair, avec le quercitron ou le nerprun des teinturiers.

B Cuirs et peaux

Après avoir tanné!, assoupli et nettoyé à fond les peaux, les


faire sécher jusqu’au moment de leur emploi.
C'est dans cet état que l’on teint les peaux. Mais la teinture
nécessite, là aussi, l'application d’un fixateur ou mordant (voir
p. 28).
Les principaux mordants sont l’alun (pour les couleurs claires)
et la noix de galle (pour les couleurs foncées).

Les matières tinctoriales

B Zes colorants du cuir

Ils sont d’origine animale et végétale, et de toutes les cou-


leurs. Les principales couleurs simples sont :
Pour le rouge : la cochenille (origine animale) : la garance. tous
les bois (de Campéche, bois rouge du Bresil, bois de santal...).
l’orcanette, l’orseille.
Pour le jaune : le curcuma (remplaçant le rocou assez coûteux).
le quercitron (ou chêne jaune), le mürier des teinturiers (ou bois
jaune du Brésil), la gaude, les graines de nerprun des teinturiers,
l’épine-vinette?.
Pour le bleu : l’indigo.
Pour le vert : difficile à obtenir par les végétaux, on y parvient
en mélangeant les matières bleues et jaunes.
Pour les bruns et noirs : la noix de galle, le cachou, le sumac, le
brou de noix, le troëène et le henné.

1. Sauf pour les peaux vouées au rouge qui se teignent avant le tannage.
2. Voir tableaux page 8 à 17.

53
Les bains

Lorsque les matières tinctoriales se dissolvent facilement à


l’eau, on peut laisser macérer les cuirs dans le liquide froid ;
mais, le plus souvent, on est obligé de porter le bain à ébullition.
Les substances tinctoriales sont utilisées en brins, en copeaux
ou en poudre.
On peut procéder selon deux méthodes : la teinture à la plonge
et la teinture à la brosse.

À la plonge : le bain de teinture se fait dans un récipient de bois


en forme d’auge (dimensions : de 90 à 120 cm de longueur x
40 à 45 cm de largeur au fond et de 45 à 50 cm à l’ouverture x
40 à 45 cm de profondeur). On met une seule peau à la fois
dans l’auge, avec la quantité de couleur nécessaire.
Auparavant, ramollir la peau, si elle est trop sèche, en
l’aspergeant d’eau claire. Plier la peau dans le sens de la
longueur chair contre chair. La passer dans le mordant.
Egoutter. Plonger ensuite la peau dans le bain de teinture en
commençant par les pattes arrière et en laissant glisser peu à
peu le reste jusqu’à la tête, tout en remuant bien la peau dans le
milieu du bain. Retirer du bain. Retourner la peau sans la
déplier, la plonger et répéter la même opération jusqu’à ce que
la matière colorante soit presque épuisée.
Retirer de l’auge et faire égoutter, pour éviter les plis, sur un
chevalet.
On peut répéter l'opération avec un 2°, 3° et 4° bain.

À la brosse! : ramollir la peau. L’étaler, côté chair en dessus,


sur une table en verre. Tremper une brosse à longs poils dans le
bain de mordançage (si besoin est), et l’appliquer sur la peau
aussi régulièrement que possible. Puis de la même maniére,
tremper le pinceau dans le bain de teinture et passer autant de
couches nécessaires pour obtenir la nuance désirée.

1. Ce procédé ne s’applique pas pour les rouges.

54
Les couleurs du cuir

Maroquin rouge
Cochenille en poudre : 30 g par peau - mordant : 50 g environ
d’alun par peau.
Dissoudre l’alun dans un litre et demi environ d’eau bouillante.
Laisser refroidir. Dans l’eau encore tiède, plonger la peau pliée
en deux dans le sens de la longueur, chair contre chair. Laisser
immerger quelques instants. Retirer du bain la peau que l’on
met à égoutter, puis qu’on tord et qu’on étend, enfin, sur un
chevalet pour éviter les plis. On peut également se contenter de
passer une éponge imprégnée du mordant sur le côté de la fleur
(côte chair).
La peau étant mordancée, il faut la teindre. Préparer un bain de
cochenille : faire bouillir quelques minutes, dans un récipient en
cuivre, avec un litre et quart d’eau (proportion pour une seule
peau), avec une petite quantité d’alun et de crème de tartre pour
un meilleur rendement. Passer cette décoction à travers un linge
fin et la verser dans l’auge.
Employer alors le procédé par immersion ou au moyen de la
brosse (voir ci-dessus).
Faire sécher les peaux à l’ombre, les rincer à l’eau claire, les
égoutter, les faire sécher à nouveau.

Maroquin bleu
Avec de l’indigo
Le bain se prépare de la même façon que celui destiné aux
textiles (voir page 31).
Il s’applique à la brosse et à froid.
Maroquin jaune
Nerprun des teinturiers : 1 kg pour 13 litres d'eau pure - alun :
500 g.
Faire bouillir durant 3/4 d’heures de la graine de nerprun
concassée dans l’eau, en y ajoutant l’alun. Quand l’alun est
55
dissous, éloigner le récipient du feu et brasser le contenu. Cette
nuance s'applique à la brosse, lorsque la peau est bien sèche, et
en deux couches : l’une en longueur, l’autre en travers.

Remarque.
Les couleurs composées s’obtiennent, soit en mélangeant les
couleurs simples (voir page 36), soit en appliquant une ou
plusieurs couleurs l’une sur l’autre. La difficulté consiste à
répartir uniformément la couleur sur la surface de la peau, quel
que soit le procédé utilisé : à la plonge, à la brosse ou à
l'éponge.
Voici quelques couleurs que l’on peut obtenir avec les couleurs
fondamentales ou simples (rouge, bleu et jaune) selon les
proportions du mélange :
avec le rouge et le bleu : violet, pourpre, lilas, amarante,
mauve...
avec le rouge et le jaune : orangé, souci...
avec le jaune et le bleu : une grande variété de verts...

B Herbes et bouquets secs


Bien qu'il ne soit guère recommandé, pour raison d’esthétique,
de colorer des fleurs, feuillages et herbes, il est parfois
nécessaire de rehausser le coloris de certains éléments d’un
bouquet sec à l’aide de colorants naturels dont les teintes sont
plus nuancées que celles obtenues avec des colorants chimi-
ques.

Les tiges des herbes sèches n’absorbent pas toujours la solu-


tion de la même façon, y compris deux tiges d’un même pied.
Dans ce cas, il faut plonger les feuilles dans le colorant pendant
plusieurs heures, puis les faire sécher sur du papier de journal à
l'air ou dans un abri aéré.

Avec les colorants alimentaires


(Pour les matières premières colorantes, voir page 46.)
Placer les tiges des végétaux fraichement cueillis dans une
solution de teinture (1 cuillerée à soupe environ de colorant

56
pour 1008 d’eau ou 1 di). Laisser tremper plusieurs heures
jusqu’au moment où le végétal a pris la couleur désirée.
Retirer alors les tiges du bain. Faire sécher à l’air, soit en les
suspendant par la queue, soit en les étalant sur un papier de
Journal ou un papier absorbant.
Si certaines plantes absorbent mal par la tige le colorant, les
plonger dans le bain de coloration pendant plusieurs heures,
puis les faire sécher comme indiqué ci-dessus.

Avec les plantes tinctoriales


(Pour les plantes tinctoriales, se reporter aux tableaux pages
a)
Préparer le bain de teinture avec les végétaux choisis, laisser
frémir sur le feu avant utilisation. Plonger les herbes dans cette
solution en les retournant. Une fois la teinte désirée obtenue, les
retirer et les étaler sur un papier pour les faire sécher.

B Mousse naturelle
Laver la mousse à l’eau, la faire sécher. Choisir les brins les
plus beaux et les plus longs pour les mettre en paquet. En
séchant, la couleur a tendance à passer, seule la teinture permet
de lui redonner des coloris lumineux.

Pour obtenir du vert : mettre dans un chaudron du curcuma


(jaune) et un peu d’alun. Faire bouillir une heure. Tirer la tein-
ture à clair et y ajouter du carmin d’indigo. Pendant que ce
mélange est encore chaud, plonger la mousse en l’enfonçant.
La laisser macérer pendant 4 heures. La retirer et la faire sécher
à l'ombre.

Pour obtenir une couleur brune : faire une décoction de bois


rouge du Brésil (en poudre) mélangé d’eau et de sulfate de fer.

B Paille et raphia
La paille et le raphia peuvent se teindre avec des colorants à
base végétale, mais ils demandent une préparation préalable.
fl
Les mettre en écheveaux ou en petites bottes. Les faire tremper
dans de l’eau tiède légèrement savonneuse jusqu’à ramolisse-
ment puis les rincer. Ensuite les plonger dans le bain de teinture
tiède additionnée du produit de mordançage choisi (en général
l’alun). La couleur désirée obtenue, les retirer du bain, les rincer
et les mettre à sécher à plat sur des linges éponge usagés ou du
papier absorbant.

B Bougies décoratives

Le matériel
3/4 de paraffine et 1/4 de stéarine ; des colorants : solides à
râper au couteau ou avec une lame émoussée (craie à la cire ou
pastels à l’huile)', ou secs à piler au mortier (gouache. craie,
pastel), ou liquides (voir teinture pour textiles, page 27)? ; des
moules (du commerce) ou un récipient en verre (pot à
confitures, verre à moutarde...) ou une boîte d'emballage en
Carton, boite à conserves... ; une mêche de coton tressé de
grosseur proportionnée au diamètre de la bougie et de 2 à 3 cm
plus longue que la hauteur du moule ; un bâton où une cuillère
en bois.

La fabrication
Faire fondre doucement au bain-marie* le mélange paraffine-
stéarine. Retirer du feu avant ébullition, incorporer le colorant
liquide ou sec (pulvérisé), bien remuer avec le bâton. Tremper,
dans le mélange liquéfié pas trop chaud, la mèche, la retirer et
bien la tendre en la tenant par les deux extrémités et laisser
sécher jusqu’à durcissement. Placer la mèche ainsi raidie au
centre du moule. La maintenir en place d’une main ; avec
l’autre main, couler une première couche pour fixer la base de
la mèche, puis verser le reste en une ou deux fois. Laisser
refroidir. Si une cavité se forme autour de la mèche, combler
cette cavité en ajoutant de la cire fondue.

1. Les pastels à l’huile ou à sec offrent une très riche palette de coloris.
2. Ces articles s’achètent dans les librairies éducatives, drogueries ou magasins de
fournitures pour artistes ou artisanat.

58
Attention ! La cire chaude réagit comme la graisse bouillante :
elle s’enflamme au contact d’une source de chaleur et provoque
des brûlures profondes. Eviter de chauffer directement sur une
flamme (de plus, la cire surchauffée s’abime) ou intercaler une
plaque d’amiante entre celle-ci et le récipient. Ne jamais trop
remplir la casserole pour éviter tout débordement. Donc il est
préférable d’opter pour le bain-marie.

Des bougies multicolores


Préparer chaque colorant isolément dans un récipient. On peut
obtenir, selon les procédés :

Des effets marbrés : couler la première couche chaude pour


assurer une bonne stabilité, puis la suivante suffisamment
chaude pour faire fondre la précédente, former un mélange
diffus. Et ainsi de suite.

Des bandes parallèles : éviter de couler la 2° et les couches


suivantes trop chaudes de façon à ne pas faire fondre les
précédentes couches.
Si l’on désire réaliser des bandes de couleur inclinées, il faut
pencher le moule d’un côté pour la deuxième couche, de l’autre
côté pour la troisième couche et ainsi de suite. et remettre
droit le moule afin d’égaliser le sommet de la bougie.

Une variante : on peut également ajouter un parfum liquide, en


même temps que le colorant, pour obtenir une bougie odo-
tante.

1 Voir La maison parfumée, Berger-Levrault, même collection.

5)
Teintures à effets décoratifs

Les teintures végétales donnent aussi la possibilité de réaliser


toutes sortes de teintures décoratives sur fibres textiles ou tis-
sus. On peut ainsi obtenir :
Œ Un effet chiné Sur écheveau en plongeant la moitié dans le
bain de teinture; le retirer et le rincer jusqu’à ce que l’eau
devienne claire ; tremper l’autre moitié dans un bain d’une
autre couleur. Laisser les teintures se rejoindre pour obtenir
un fil de deux coloris ou, au contraire, laisser une zone non
teinte pour obtenir un fil de trois couleurs.
B Une surteinture en utilisant un bain ayant déjà servi : il
donnera des coloris plus clairs sur l’écheveau que l’on trempe
ensuite dans un deuxième bain plus concentré, en harmonie
avec la première couleur.
Œ Des dégradés, des bandes ou divers dessins par ligature,
en nouant en plusieurs endroits une ficelle de coton bien serrée
autour de l’écheveau. Tremper dans un premier bain de tein-
ture, enlever les ligatures (à ces endroits les fibres restent blan-
ches ou plus claires), tremper dans un second bain de couleur
différente. On peut aussi déplacer les ligatures au cours des
bains successifs pour obtenir des zones de couleurs différentes
sur un même écheveau. Bien rincer entre les bains.
Les mêmes procédés peuvent s’appliquer sur les tissus. Dans
le cas de ligatures, on peut se servir d’un bâtonnet, d’une bille,
d’un bouton permettant de pratiquer plus aisément les motifs.
Pour obtenir des décorations multicolores, procéder de la même
façon que pour les écheveaux. Rincer dans une dernière eau
vinaigrée, essorer et repasser humide.
Remarque : Pour éviter de colorer les parties en réserve des éche-
veaux ou des tissus, ne pas les laisser séjourner trop longtemps
dans les bains, mais bien concentrer les bains de teinture.

60
Index
Alun, 28 Cueillette des plantes, 19
Bains colorants (textiles), 31 Cuirs et peaux, 53
Cuve à la cochenille, 38
Bains de mordançage (textiles), 31
Cuve à l’indigo, 36
Beige, 8-38
Cuve à la garance, 38
Beige-brun, 8, 53
Bleu, 36, 53
Cuve à la gaude, 37
Bleu pâle, 8 Eau douce, 26
Bougies décoratives, 58 Eau dure, 26
Bougies multicolores, 59 Eau ferrugineuse, 26
Bouquets secs, 56 Ebullitions, 48
Bois, 52 Encaustique, 52
Brou de noix, 38 Entremets, 47
Brun fauve, 38
Fibres animales, 24
Carmin, 6, 37 Fibres artificielles et synthétiques,
Carottes (sauces et bouillons), 49 2475?
Charcuterie, 48 Fibres végétales, 24
Cire, 52
Gaude, 37
Cirages et crèmes, 52
Garance (cuve à la), 38
Chrome (bichromate de potassium),
Glaces, 47
56
Gris, 9, 10
Cochenille, 6, 38
Colorants alimentaires, 46, 49, 50, Herbes, 56
56
Infusions, 48
Colorants du cuir, 53
Indigo (cuve à l”), 36
Coloration des extraits, huiles et
pommades, 45 Jaune 10 M2 375$
Confiseries, 47
Kermès, 6
Condiments, 48
Conseils (textiles), 40 Laine, 25, 32, 34, 35
Conservation des végétaux, 20 Laitages, 47
Coton, 25, 30, 32, 34 Lichens, 33 à 35
Crèmes et fards, 43 Lin, 25, 30, 32, 34
Couleurs composées, 56 Liqueurs, 47

61
Macération, 48 Sauces, 48
Maroquin rouge, bleu, jaune, 55 Sirops, 47
Marron, 8, 53 Sucre caramélisé, 49
Matériel (teintures textiles), 22, 23 Soie, 25, 30, 32, 34,35
Mordançage, 30,31 Tartre (ou bitartrate de potassium),
Mordants, 28, 29
28
Mousse naturelle, 57
Teinture à la brosse, 54
Teinture à la plonge, 54
Noir, 18, 53
Teinture des fibres textiles, 27
Œufs colorés, 49 Teintures animales et végétales exo-
Orange, 13, 14 tiques, 16, 17
Teintures à effets décoratifs, 60
Paille, 57 Teintures aux lichens, 34, 35
Patisserie, 47 Teintures et lotions pour cheveux,
Plantes tinctoriales, 8 à 17, 57 43
Poissons, 48 Teintures de matériaux divers, 51
Potages, 48 Textiles, 24
Préparation des fibres, 25
Préparation des plantes tinctoriales, Végétaux colorants, 7 à 17
19 Vert, 14, 15, 53
Vins, 47
Raphia, 57 Violet, 15
Rouge, 13; 38,53 Vitriol bleu (ou sulfate de cuivre),
Rouge écarlate, 38, 53 28
5 ©

Table
un La couleur au naturel 34 La mise en couleur
Principaux végétaux tinctoriaux de 34 La préparation du bain
nos régions 34 La coloration
Bleu pâle 36 Préparation spéciale des trois cou-
Beige, brun et marron leurs fondamentales
Gris 36 Bleu
Jaune 37 Jaune
Rouge 38 Rouge
Orange 39 Le beige et les tons fauves
Vert 40 Quelques conseils
Violet
Teintures animales et végétales 42 La coloration des produits de
exotiques beauté
Bleu 43 Crèmes et fards
Brun 43 Teintures et lotions pour les che-
Gris veux
Jaune 45 Pour colorer les extraits, les huiles
Orange et les pommades
Rouge
Violet
Où trouver ces produits exotiques
46 Les colorants alimentaires
Comment savoir si une plante a un
47 Les laitages
47 Les vins, liqueurs, sirops, pâtisse-
pouvoir colorant
ries, entremets, glaces et confise-
La préparation des plantes tincto-
ries
riales
48 La charcuterie
Le matériel
48 Les poissons
Les textiles
48 Les sauces, potages et condiments
La qualité de l’eau
49 Les œufs colorés
La teinture des textiles
Le mordançage 51 La teinture des matériaux divers
Pouvoir colorant des différents 52 Le bois
mordants chimiques d’origine natu- 52 Les cirages et les crèmes
relle 52 Cires et encaustiques
Le mordançage de la laine 53 Cuirs et peaux
Le mordançage de la soie 56 Herbes et bouquets secs
Le mordançage du coton et du lin Si Mousse naturelle
La mise en couleur sf Paille et raphia
La teinture aux lichens 58 Bougies
Achevé d'imprimer
sur les presses
de l’Imprimerie Moderne de l’Est
25, Baume-les-Dames.
Dépôt légal : 1‘ trimestre 1980
N° d’imprimeur : 6256
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