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John
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Hugo Claus
Né à Bruges en 1929, il est aujourd'hui
l'un des maîtres incontestés de la littéra-
ture néerlandaise. Poète, essayiste, dra-
maturge, peintre (il fit partie du groupe
Cobra avec Appel et Alechinsky), roman-
cier, il est l’auteur du Chagrin des Belges,
dont le retentissement a été considé-
rable.
https://archive.org/details/lepassedecompose0000clau
LE PASSÉ
DÉCOMPOSÉ
HUGO CLAUS
LE PASSÉ
DÉCOMPOSÉ
roman
TRADUIT DU NÉERLANDAIS
PAR ALAIN VAN CRUGTEN
ÉDITIONS DU SEUIL
27, rue Jacob, Paris VI
Ce livre est édité par Anne Freyer-Mauthner
ISBN 2-02-037860-4
Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation
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« J'avoue que ce n’est pas le plus beau de notre histoire,
mais qu'est-ce que vous voulez, l’homme est ce qu’il est,
son prochain, il faut toujours qu'il l’'emmerde ou qu'il le baise. »
La Rumeur.
& Fovris 2168 Éétiorians
4 Bill
Assieds-toi là. Un peu plus près. Du côté de ma bonne
oreille. Les petits maux de la vieillesse, hein. Tu verras
quand tu auras mon âge. Les rhumatismes. Les pertes de
mémoire. Moi qui étais si fier de ma mémoire. Le moindre
détail de chaque dossier.
Au commissariat, quand ils ne s’en sortaient pas,
même avec dix ordinateurs, ils disaient : « Passez ce dos-
sier à Gilbert ! »
Bon. Où ai-je bien pu fourrer ma pipe ? Tu vois, ça
commence. J'ai dà l'oublier quelque part. Ah, la voilà.
Bon. Tu es bien assis ? Parce qu'on n'en aura pas fini
avant ce soir. Je veux que tu me donnes des détails. Tout
est affaire de détails.
Prends ton temps. Si quelque chose ne te revient pas,
tu t’arrêtes, tu respires à fond. Avant tout, il faut respirer
calmement. J'ai remarqué que tu bégayais parfois. C’est
normal. Il y a des gens que ça fait rire, ils rient même au
nez des bègues. Pas moi.
D'ailleurs, je comprends souvent à demi-mot. J'ai des
années d'expérience de l’interrogatoire. Ce que les gens
ont à raconter, mensonge ou pas, la plupart du temps je le
sais avant qu'ils le disent.
LE PASSÉ DÉCOMPOSÉ
Plus jamais.
— Je viens d'arriver.
— Tu es en avance. Comment ça se fait ? »
J'ai voulu commencer à parler des heures irrégulières
du tram quand Vanneste est arrivé et a dit qu’il était
temps que je porte une montre comme n'importe quel
employé et qu'il y en avait déjà de très fiables à six ou
sept cents francs.
Un mois après notre mariage, Alice m'avait fait
cadeau d’une montre. Il n’y avait pas besoin de la
remonter et on pouvait nager avec. Il n’y avait pas de
chiffres dessus, mais des petites barres pas très nettes.
Quand elle a vu que je ne la portais pas à cause des
petites barres, elle l’a portée elle-même. Elle est dans
le garage, si vous voulez la voir. Avec son sac à main en
cuir rouge.
Des bagages ?
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Le chagrin, ça passe.
Non. Merci.
Oui.
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Arrête.
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Refais-le.
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Sur la photo...
Revoir ?
Lis-la.
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patient avec elle, mais pas trop, car le chemin doit être
hérissé d’épines.
N'oublie pas non plus qu’un service en vaut un autre.
Bien à toi, John. »
J'ai lu la lettre sept fois, c’est comme ça qu’elle est
imprimée dans ma tête. Je me suis imaginé celui qui
l’a écrite, un homme instruit, moqueur, impertinent,
comme Dekerpel et Vanneste, ces types qui emploient
des mots pour baiser des types comme moi.
Alors, j'ai su clairement ce que j'avais à faire. Clair
comme le jour. Dekerpel était allé trop loin, il avait
dépassé les bornes.
J'ai caché les photos et la lettre sous le linge d'Alice,
que j'avais laissé rangé, sans y toucher, dans l’armoire
de la chambre à coucher que je n'avais plus jamais
ouverte. J'ai pensé un moment que je sentais son par-
fum, mais c'était sans doute impossible après tout ce
temps.
Quand les mohameds ont commencé à chanter leurs
prières, je suis sorti. Je suis allé en tram jusqu’au port.
Il y avait un bateau russe gris, couleur plomb. Les
tuyaux d'évacuation sifflaient et gargouillaient. Mais je
ne me suis pas calmé. John, que j'ai dit à l'expéditeur
de cette affreuse lettre, John, ne crois pas que tu vas
t'en tirer comme ça. Dekerpel et toi, John, vous allez
payer ça.
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La police.
La police. Non.
Pourquoi pas ?
Pas nécessairement.
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Comme tu voudras.
Où on en était ?
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Non.
Respire à fond.
Façon de parler.
En trois mots.
A l'enterrement de Camilla.
Quelles attaques ?
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Angèle Vandendriessche ?
Cette nuit-là, j'ai mal dormi. J'ai pris des pilules, sans
succès. Résultat des courses : quand Monsieur Félix est
venu dans la réserve, ce qui arrivait une fois tous les
deux ans, j'étais encore tout abruti.
« Charlot, a dit Monsieur Félix, va me chercher un
paquet de Belga et trois Bounty. Et ne te dépêche pas. »
Puis il a dit : « Fieu, il faut que je te dise quelque chose
de la part de ma mère. Ton travail en général, le maga-
sin n’a jamais eu à s’en plaindre. Nous avons toujours
pu compter sur toi. Bien que compter, ça ne soit pas
ton fort, hein ? »
Il a montré la chaise de bureau Mario Sereni, numéro
deux cent huit, chromes et cuir bordeaux, que Charlot
venait de déballer, les housses de plastique et l’embal-
lage étaient jetés par terre, ça faisait négligé. Il a insisté
pour que je m'asseye dessus.
« Dans l'affaire des livres disparus et des Omnibus
camouflés et des irrégularités de comptabilité dont
nous ne pouvons pas encore estimer l’envergure.… »
Il s’est arrêté et il a dit que j'étais mal assis. Il s’est
mis à genoux à côté de la chaise et, le souffle court, il a
réglé la hauteur du siège.
« C’est mieux ainsi ? »
J'ai fait oui. « Fieu, c’est peut-être injuste, mais c’est
à coup sûr nécessaire. »
Il avait certainement appris son texte par cœur. Mais
pas assez bien.
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« Dites toujours.
- Tu connais les conditions. Les conditions sont
valables pour tout le monde. »
Il était en panne. Il a eu l'air soulagé quand Rita est
entrée dans la réserve pour venir chercher cinq flacons
d'encre de Chine, que je l’ai aidée à emballer. Rita por-
tait son jogging turquoise très serré et brillant. On
voyait la trace de son slip.
Monsieur Félix a attendu qu’elle soit partie et il a dit:
« Ça fait déjà un moment que maman est à la recherche
d’un autre magasinier. Quelqu'un de plus jeune et de
plus rapide. Ne nous voilons pas la face, Fieu, ces der-
niers temps, nous tous, je veux dire tout le personnel,
nous avons l'impression que tu n’as absolument plus la
tête à ton travail. Ce n’est pas ta faute, et s’il fallait abso-
lument trouver un fautif, ce serait plutôt ta mère, qui
t'a laissé tomber sur la tête quand tu étais petit garçon. »
Je n’ai pas pu rester plus longtemps assis sur la chaise
Mario Sereni. Je me suis redressé.
« Reste assis », a dit sèchement Monsieur Félix. Il a
gratté longtemps sa joue qui ne le chatouillait pas.
« Il faut qu’on calcule avec Monsieur Émile ce qu’on
te doit pour ton pécule de vacances, ton treizième mois
et tout ce qui est habituel. Et maman est difficile.
— C’est l’âge, Monsieur Félix.
— Oui. Et puis elle n’est plus la même depuis qu’elle
est allée en Chine comme dame de compagnie de la
reine Élisabeth, quand Élisabeth est allée jouer du vio-
lon pour les petits enfants chinois. Elle le prend de haut
maintenant. Tu peux naturellement encore rester une
semaine, même si tu as fait des fautes professionnelles
graves, tu pourras mettre ton remplaçant au courant.
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Oui ?
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Le même jour ?
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Je ne sais plus.
Et ensuite ?
J'aurais pu.
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Trois ?
Et tu as choisi Dekerpel.
Ça ne fait rien.
Dekerpel a dit : « Tu m'as cassé le nez. Ça va te faire
de sérieux frais.
— Tu es assuré, je lui ai dit.
— Ça fera un procès.
— Certainement. Un procès que tu aurais pu éviter, si
tu avais montré un peu de repentir ou si tu avais avoué
ne fût-ce qu’une petite chose. »
Il n’écoutait pas. Avec un air étonné, il a pris le troi-
sième volume du Monde animal. Je lui ai arraché le
livre des mains avant qu'il puisse faire des taches avec
ses pattes dégueulasses pleines de sang.
« Est-ce que tu sais combien ça vaut ? qu’il a demandé,
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Je te crois.
Juste. C’est vrai. Vous avez raison, le chat n’était pas là.
Et ensuite ?
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Oui.
Continue.
Continue.
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Oui.
Combien de sacs ?
Où ?
Combien ?
Combien de sacs ?
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Moi, non.
Dans un château.
En Belgique ? Au Bénélux ?
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Je n’en ai pas.
Naturellement.
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Du notaire.
Le notaire Albrecht ?
Continue.
Évidemment.
Les détails.
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I] fait dans les armes, les chars, les explosifs. Il était sur
le point de négocier un sous-marin russe quand on l’a
arrêté. Maintenant, il est dans l’une de leurs prisons, un
bunker, il cuit et rôtit à dix mètres sous le sol du désert.
Mais ça, Judith ne l’a jamais su. Heureusement. Elle
a eu sa part de malheurs.
Venger ? Pourquoi ?
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C'était la loi.
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Tu en es bien sûr?
De quoi ?
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Un pistolet ou un revolver?
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Oui, un revolver.
Jamais.
Ce qui signifie ?
Je vous l'ai déjà dit. Je lis ces mots dans ma tête. Beau-
coup de mots me reviennent du temps où j'étais dans la
classe de Maître Arsène, avant que ma malheureuse
mère m'ait fait tomber avec son tandem. J'étais le plus
malin de la classe. Je lisais des livres alors. Parfois, il y
a des mots et même des phrases de ces livres qui me
reviennent et souvent je reconnais ce qu’ils veulent
dire.
Judith a été triste toute la soirée. J'ai essayé de lui
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Quoi d'autre ?
Le reste.
Ceux de là-bas.
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Oui. Elle a mis son nom six ou sept fois sur les papiers,
à l'endroit qu’il lui indiquait. Chaque fois qu'elle signait,
elle me donnait le papier à lire. Ça ne m'intéressait pas.
C'étaient toutes sortes de termes bizarres, mal tapés à
la machine, des colonnes de chiffres. La seule chose
que je me rappelle, c’est une facture de son étude qui se
rapportait à la mort de Camilla.
Je peux vous la lire par cœur. Dans ma tête.
Fais-le.
C'est bien.
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Devant moi.
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Comment ?
Non.
Non. Non. Nom de Dieu, non! Elle est allée vers lui et
il l’a laissée venir, il n’avait pas l’air de se méfier ou
d’avoir peur. Elle est venue tout près de lui, elle a donné
un petit coup sur le dossier de son fauteuil pour le faire
pivoter vers elle. Avec sa manière familière de bouger,
souple et sexy, elle s’est assise sur ses genoux. Elle a mis
ses bras autour de son cou. Même à ce moment-là, il
n’a pas eu de soupçon. Elle parlait comme une toute
petite fille sur les genoux de son père. Avec ses lèvres
gonflées tout près de l'oreille dans les boucles grises, elle
a demandé où Papa cachait ses sous. Et que Papa ne
vienne pas prétendre que ses sous étaient bien au chaud
à la banque, la petite Juju ne le croirait pas, car Papa
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Il est mort.
Continue.
Continuer quoi ?
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Étouffé. Je crois.
Oui.
Oui, quoi ?
Je ne sais plus.
Noël.
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Parce que, sur les photos, on ne voit pas qui a fait quoi.
Tu crois ?
Pas vous ?
Vous pensez ?
Naturellement.
Merci.
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Tout l'argent ?
Sans compter ?
Rien.
Si vous le dites.
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Donc, Aït Ahmad est parti dans une Volvo. Quelle cou-
leur?
Angèle ? Vandendriessche ?
Oui.
Continue.
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Trois ?
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Félicitations.
Merci.
Merci.
Non.
Quel malheur ?
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Moi ?
Quand ?
Faire quoi ?
Alice ?
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Oui, ça aussi.
Et ensuite ?
Continue.
— Jamais de la vie.
— Dans la chambre Louis XVI que Camilla avait amé-
nagée d’après les photos des Monuments nationaux. »
Ça, c'était étrange. Car parfois je rêve, quand je ne
fais pas le cauchemar des dogues, je rêve d’une chambre
majestueuse toute en couleur crème, et dans le lit à bal-
daquin sont couchées deux femmes. Une blanche et une
sombre. Toutes les deux m'embrassent. Je me laisse
faire. Pendant des heures. Je n’en ai jamais assez. Je les
caresse, je les lèche. Je dis même comme un petit gamin,
avec ma voix d'avant ma chute: « J'ai une femme à la
vanille et une au chocolat. »
Et puis Judith a commencé à mourir. Elle criait si
fort que j'ai tenu un torchon mouillé contre sa bouche.
Puis j'ai téléphoné au 900 et je leur ai demandé de
vous appeler. Parce que c’est vous qui me connaissez le
mieux.
Monsieur Blaute.
Oui, Noël.
Et quoi d'autre ?
Je veux être le chien qui doit être abattu une fois qu’il a
mangé de la chair humaine. Il faut qu’on m’abatte.
C’est tout ?
C’est tout.
Du même auteur
Poèmes
Mercure de France, 1965
L'Étonnement
Complexe, 1986
et « Bibliothèque cosmopolite », Stock, 1999
Honte
Actes-Sud, 1987
LGE 1990
L'Espadon
de Fallois, 1989
L'Amour du prochain
M. Sell, 1989
collection « Points », n°R427, Seuil, 1991
Le Désir
de Fallois, 1990
L'Empereur noir
de Fallois, 1993
Gilles et la nuit
Calmann-Lévy, 1995
Belladonna
de Fallois, 1995
LGE 1997
La Rumeur
de Fallois, 1997
Théâtre complet
: VOL 2 54
L'Age d'homme, 1990, 1992, 1993, 1997, 2000
. Poèmes
L'Age d'homme, 1998
RÉALISATION : PAO ÉDITIONS DU SEUIL
IMPRESSION SUR ROTO-PAGE PAR L IMPRIMERIE FLOCH À MAYENNE
DÉPÔT LÉGAL : FÉVRIER 2000. N° 37860 (47794)
Le Passé décomposé se présente — en apparence —
comme un sombre roman policier et revêt la forme d’un
interrogatoire de police serré, mené par un commissaire
à la retraite qui connaît le suspect depuis son enfance.
Le redoutable enquêteur, à la fois faussement bonhomme
et volontairement avare de mots, pousse l’homme inter-
rogé à un long monologue, avec ses refus, ses réticences,
ses demi-mots, ses phases d’agressivité et ses déballages
brutaux.
Ainsi Noël, le narrateur, quadragénaire frustre à la
limite de la débilité mentale, avec cependant d'étranges
éclairs d'intelligence et de compréhension du monde,
s'impose en meurtrier et instrument de vengeance
comme l'une des figures les plus fortes et les plus singu-
lières du roman moderne.
L'atmosphère lourde, étouffante parfois, n’est pas sans
refléter celle de la Belgique récente en proie aux affaires
scandaleuses et criminelles. L'auteur la tempère par le
recours aux portraits satiriques, aux traits grotesques qui
déclenchent un rire grinçant.
Hugo Claus est un grand de la littérature qui sait
élever à l’universel l'évocation de la médiocrité petite-
bourgeoise de province. Il est aussi un homme de
contrastes et Le Passé décomposé est à son image : du sang
et du rire, de la tendresse et de l'horreur, de l’obscénité et
de la poésie.
g J1ll378604
ISBN 2.02.0378604 / Imprimé en France 2.2000 95 F