Vous êtes sur la page 1sur 24

Retrouver ce titre sur Numilog.

com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

BONJOUR LA GALÈRE !
Retrouver ce titre sur Numilog.com

DU MÊME AUTEUR

Drôles d'oiseaux, Éditions R. Laffont (en collaboration


avec Robert Mallat et Jacky Redon)
Cest peut-être ça l'amour, Balland, 1986
Les amies de ma femme, Balland, 1987
Graine de tendresse, Balland, 1989
Qu'est-ce qu'elles me trouvent?, Balland, 1990
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Philippe Adler

BONJOUR LA GALÈRE !

ÉDITIONS BALLAND
33, rue Saint-André-des-Arts
75006 Paris
Retrouver ce titre sur Numilog.com

© Éditions Balland, 1984 et 1991


Retrouver ce titre sur Numilog.com

à Sylvie,
Emmanuelle, Toto, Be-Bop
et les autres...
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Aujourd'hui encore, Papa est rentré vers 7 heu-


res du matin. Juste avant que mon quartz ne
sonne. Je venais de me réveiller. Le sixième sens,
quoi. A moins que ce n'ait été le déclic du
téléphone quand il l'a reposé. C'est quand même
fou ce mec. Il passe la nuit dehors, avec une nana à
tous les coups, et à peine rentré at home, il faut
qu'il lui téléphone. Pour lui dire que c'était bien.
Ils ont dû aller voir un film ensemble.
Evidemment, je l'avais entendu partir hier soir.
Il devait être 11 heures, 11 heures et quart. Il est
d'abord allé dans la chambre de Raphaële. Il y est
resté, facile deux ou trois minutes. Après, il s'est
pointé dans la mienne. Je faisais semblant de
dormir. Il est resté immobile, à me regarder,
sourire tendro-mélancolique. Un vache de temps.
J'ai pas compté mais ça faisait facile une séquence
de pub à la télé. Après le journal de 20 heures. Tu
Retrouver ce titre sur Numilog.com

vois, genre quatre minutes, à vingt bâtons les


trente secondes. Et puis, il s'est penché sur le lit et
il m'a embrassé.
Au fond, j'ai été con. C'est à ce moment-là que
j'aurais dû ouvrir l'œil et l'attaquer. En lui posant
les questions. En cascade : « Alors Papa, ça déblo-
que avec Maman, hein? C'est vraiment grave ?
Nous, on n'a pas envie de vous voir vous séparer.
On vous aime. Et puis, vous pourriez pas arrêter
un peu de vous déchirer ? Et pourquoi Maman elle
dort presque plus jamais là ? Et toi, qu'est-ce que
tu peux bien faire toutes les nuits dehors ? » Voilà.
J'aurais dû. Mais je me suis dégonflé et j'ai fait
semblant de dormir.
Après qu'il ait fermé la porte sur la pointe des
gonds, je me suis relevé et je suis allé dans son
bureau. Enfin, dans la discothèque, plus précisé-
ment. Dans un double album d'Ornette Coleman,
enregistré « live » au Golden Circle de Stockholm
— il sait bien que j'écouterai jamais un truc comme
ça — il planque une revue qu'un copain lui a
rapportée de Copenhague. Un truc vraiment
cochon avec plein de gens qui font l'amour. A la
page 19, il y a même une négresse avec des seins
énormes et un ahurissant tablier de sapeur. J'igno-
rais qu'il y eût des Noirs au Danemark, faudra que
j'en parle à la prof de géo. Enfin bref, j'ai emporté
la revue dans mon bed et j'ai fait une jolie carte de
France dans mes draps à petites fleurs. Après, je
Retrouver ce titre sur Numilog.com

suis allé finir le calendos, j'ai rangé la revue et je


me suis endormi du sommeil du juste.
Je ne sais pas si j'ai ronflé, mais en tout cas j'ai
bien dormi jusqu'à ce moment où je l'ai entendu
rentrer. Finalement, il est assez hallucinant de
constater que les parents n'ont pas encore compris
que lorsqu'un couple bat de l'aile, ce sont nous, les
mômes, qui en sommes les premiers informés. Ils
font comme si alors que nous on sait que. Bref, le
réveil a sonné cinq minutes plus tard dans sa
soucoupe pleine de pièces de un franc, et Papa est
arrivé aussi sec, en pyjama, la gueule enfarinée :
« Bonjour les enfants, c'est l'heure, faut vous
lever. » Il est allé préparer le petit déjeuner
pendant qu'on faisait semblant de se laver les dents
et on a bouffé des croissants congelés. Chauds sur
le dessus et froids à l'intérieur. Comme moi,
souvent. J'ai failli lui demander pourquoi il n'avait
pas acheté des croissants frais au passage mais là
encore ça a bloqué. Raphaële a voulu savoir quand
Maman allait rentrer de voyage, Papa a répondu :
« Bientôt, bientôt » et il a allumé la radio. A 7 h 40,
on l'a entendu faire son petit speech sur le jazz —
« une réédition fa-bu-leu-se de Sidney Bechet » —,
après il a écouté la Bourse, il a dit que merde, Wall
Street baissait encore et on est partis à l'école. Vous
voulez qu' j' vous dise ? A tous les coups, il a dû
aller se recoucher.
Retrouver ce titre sur Numilog.com
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Papa, un jour, m'a raconté comment il avait


rencontré Maman. Dans un café ! Non, mais vous
vous rendez compte ! Dans un café ! Moi, je croyais
qu'on trouvait sa bonne femme à l'école, au Club
ou grâce à une petite annonce de Libé. Mais dans
un bistrot, ça jamais ! C'était le Sélect à Montpar-
nasse. Papa m'a expliqué qu'à l'époque, il faisait
partie d'une bande de déconneurs impénitents. Je
cite. Des mecs qui, lui mis à part, ont plutôt réussi,
genre toubibs, avocats d'affaires, patrons de la télé.
A l'époque, c'était vers la fin des sixties, il paraît
qu'on se marrait bien à Montparnasse. Papa termi-
nait ses études de Droit. Il les a faites pour faire
plaisir à son père puis il est devenu journaliste. Ce
dont il avait toujours rêvé. Mais attention, pas le
journaliste intelligent qui parle de politique ou qui
suit les flics dès qu'il y a un cadavre. Non, il s'est
spécialisé dans le jazz et le rock and roll. Ben oui je
Retrouver ce titre sur Numilog.com

m'excuse, j'étais pas né. Frais et moulu de l'Uni-


versité, le voilà donc qui décide de consacrer sa vie
à parler de tous ces musicôss qui soufflent dans une
trompinette en sniffant de la coke et en tirant des
blondes qui ne rêvent que de gros sexes. Parce
qu'il paraît que les Noirs ont des zigounettes
géantes. C'est vrai, j'en ai vu un, une fois, dans un
dictionnaire médical qui en avait une aussi longue
que la rue de Vaugirard, mais il paraît qu'il était
malade. Et par contre, à l'école, j'ai vu celle de
Diouf. Diouf, il est sénégalais, eh ben, son
machin, il est pas plus long que le mien.
Au Sélect, la spécialité de la bande à Papa, c'était
les Suédoises de l'Alliance Française et les danseu-
ses nues des Folies-Bergère. Ça, il paraît que c'est
un bon truc. Parce que ces nanas, elles passent
leurs soirées à lever la jambe pour les blaireaux et,
quand elles sortent du turbin, y a plus personne
dans les rues pour la bagatelle. Alors au Sélect, ils
avaient compris ça et tous les soirs à minuit un
charter s'en allait consoler les danseuses de French
Cancan. Mais Papa donnait pas tellement dans la
chorégraphe parce que les filles aux Folies, il faut
qu'elles fassent dans les 1,78-1,80 m et lui s'est
arrêté de grandir à 1,73.
Un jour, il m'a même raconté que la première
fille qu'il ait jamais draguée était plus grande que
lui. Alors, il avait trouvé un truc : dans les rues, il
restait toujours assis sur sa bicyclette en roulant sur
Retrouver ce titre sur Numilog.com

le trottoir alors que la nana devait marcher en


ballerines, dans le caniveau. Ah ! c'est pas un
Major de l'X qui aurait inventé ça ! Et ça fonc-
tionne toujours. Je m'en suis même servi une fois
au Pouldu. Ou à Benodet, je m' souviens plus.
Donc lui, il donnait plutôt dans la belle étran-
gère, priorité à la Scandinave, réputée très facile et
condescendance pour l'Allemande ou l'Anglaise.
Alors, allez m'expliquer pourquoi un jour, il s'en
est allé draguer Maman. Une Dijonnaise ! Sans
doute est-ce à cause du vignoble : Papa a toujours
aimé picoler. Tu devrais le voir devant un Pom-
mard 70 ou un La Lagune 61. Il est là, il salive, il
parle de la robe, de la jambe, de la cuisse. Bref, il
ramène tout à la fesse !
Et c'est ainsi qu'il emballa ma mère. Assez
rapidement, d'après ce que j'ai cru comprendre.
Tragique erreur ! Faut savoir faire monter le désir.
Si, si, c'est encore valable ce truc. Même depuis
Mai 68. Faut que le mec et la nana tirent un peu la
langue. Normal après tout. Si l'Annapurna était à
la portée de toutes les bourses, plus personne
n'irait s'y geler les couilles! Mais, d'après ce
qu'elle m'a raconté, Maman a toujours été une
rapide. Calamity Jane, quoi. Elle n'aime pas voir
les roses faner sur tige. C'est pas le genre lèche-
vitrine. Quand un mec lui plaît, elle attend pas les
soldes.
Or donc, après un flirt orageux — ruptures en
Retrouver ce titre sur Numilog.com

cascade —, ils se sont mariés. Etaient-ils faits l'un


pour l'autre ? Apparently not, si l'on en juge par
l'état actuel du couple. Mais attention, car on n'a
encore rien vu, c'est là que surgit la vraie balour-
dise. Et c'est à Papa de porter la plus grande part
du feutre. Tu sais ce qu'ils ont fait ces ploucs ? Eh
ben, eux qui avaient quand même bien vécu l'un
comme l'autre avant de s'osmoser et qui savaient
donc que les têtards ne naissent pas dans les choux,
ils m'ont fabriqué tout de suite, illico presto, la
première ou la deuxième nuit. Ah ! pas de doute, je
suis un enfant de l'amour. J'aurais pu attendre un
peu et on n'en serait peut-être pas là aujourd'hui.
Papa, il avait quand même de la pratique. C'était
pas la première fille qu'il tenait dans ses bras. Il
savait qu'il faut parfois descendre en marche,
calculer l'Ogino ou mettre la Olla. Eh ben là,
non. On est mariés, on peut y aller. Pas un coup
d'œil sur le calendrier, ouvrez les vannes, faites
pleuvoir, du pain et des jeux, allez Paris-Saint-
Germain.
Ça n'a pas loupé. Quelques jours après son
mariage, Maman commençait à réclamer du
python en boîte de chez Paul Corcellet.
Voilà donc comment et pourquoi mes parents
n'eurent point de véritable honeymoon et ne
connurent pas ces deux ou trois ans de liberté
souvent nécessaires au jet de la gourme et à
l'assagissement de la jeunesse. Deux années plus
Retrouver ce titre sur Numilog.com

tard, en prime, il y eut ma frangine, Raphaële, qui


n'est pas vraiment un cadeau, elle non plus. Et les
difficultés de la vie. Là, on pourrait en faire toute
une tartine. Le boulot. Le métro. Les impôts. Les
p'tits chefs. Et... et... et... Je sais pas quoi encore
mais il a dû y en avoir des bonheurs loupés tout au
long de la route pour qu'on en arrive aujourd'hui là
où on en est. Parce que, ça, j'peux vous le dire et je
suis formel : y a de l'eau dans le jazz.
Faut dire que je suis un peu comme les chevaux.
A quatorze ans à peine, j'ai déjà une antenne
comack et je sens la terre trembler avant même que
les échelles de Riche-Terre se mettent à frémir.
Alors je vous raconte pas la dégradation progres-
sive des rapports, les gueulantes subites, les scènes
brutales pour les motifs les plus imprévisibles et les
cris qui s'apaisent comme par miracle dès que
Raphaële ou moi pointons notre nez. Une fois, je
les ai même entendus se dire : « Les enfants ne
doivent rien en savoir. » Rien en savoir de quoi,
putain ? Quand les dîners se déroulent dans une
atmosphère à couper au six-lames. Quand il n'y a
plus de sourires que contraints, contrits et forcés.
Quand on ne fait plus jamais la fête à la maison.
Quand les amis ne viennent plus dîner. Quand
vous surprenez l'un ou l'autre, chuchotant ou
souriant au téléphone. Ah ! le téléfon, voilà le signe
qui ne trompe pas. Quand, dans un couple, les
intéressés commencent à faire des sourires à l'ébo-
Retrouver ce titre sur Numilog.com

nite, y a plus qu'à enfiler les gilets de sauvetage, et


demander aux violons de jouer : « Plus près de toi,
mon Dieu. » L'iceberg est dans la Marie Brizard et
le blizzard s'en retrouve carrément polaire.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

Hier soir, Papa a donné un dîner. Ils étaient


deux : Robert et lui. Plus Raphaële et moi. Il fait
vachement bien la cuisine, Papa. Il a même des
spécialités : le poulet, le steack et le rôti quand il a
vraiment le temps. Il met des piments rouges
partout, aussi quand on verse la sauce, faut-il faire
vachement gaffe parce que les petits machins
rouges qui tombent, ce n'est pas des lardons. Ça
brûle. Il paraît que ça fait également bander. Moi,
j'ai pas besoin de ça. En ce moment, j'ai tout le
temps la trique. Un rien me fait démarrer. Une
publicité Dim à la télé ou bien les bouquins que
Papa a sur le cinoche — Jane Russel, Marilyn,
Jayne Mansfield, Linda Lovelace — et hop, tur-
gescence du tissu. Aussi, les piments, moi je les
évite. Un jour même, y a pas long, j'ai bandé en
classe de géométrie. Je te raconte pas. Là, je l'avais
carrément à angle droit. Le vrai triangle isocèle.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

J'avais qu'une trouille, c'est qu'on m'appelle. Tu


vois l'horreur ? Elève machin au tableau ! Et toi, tu
te pointes avec ton truc qui t'ouvre la route en
fanfare. Bonjour la rage ! Enfin, balisons. On ne
m'a point appelé. Où j'en étais ?
Ah ! oui, Papa et la bouffe. Ce que l'on préfère
Raph et moi, c'est quand il nous fait sa recette
Bocuse. C'est génial. Il sort tout ce qu'il y a dans le
frigo, étale tout sur le formica, se gratte les
valseuses et soupire : « Bon, ben, qu'est-ce qu'on
pourrait fabriquer avec tout ça ? » nous on lui
répond : « La recette Bocuse, Papa ! » et il se met
au travail. Généralement, il commence par mettre
des pâtes déjà cuites dans la poêle, du jambon qu'il
coupe en petits dés ou alors des restes de poulet,
puis il fait fondre le fromage — toujours du suisse,
genre Jura, Appenzell ou Beaufort —, après il
rajoute des tomates en tranches ou des feuilles de
salade, il casse des œufs par-dessus, il sale, poivre,
épice, herbe de Provence et en dix minutes tout
est prêt. Ça fait un truc solide, compact d'accord,
mais qu'est-ce que c'est bon, surtout avec du Coca.
Papa, la bouffe, il connaît. Un vrai murfal.
D'ailleurs, ça se voit quand il est de profil.
Lorsqu'il est en voyage et qu'il est seul, il va
toujours dans les meilleurs restaurants et fait à
chaque fois le même plan. Pendant qu'il savoure, il
prend des notes. Sur tout et rien. Des idées
d'articles. Les mecs à qui il faut qu'il téléphone
Retrouver ce titre sur Numilog.com

quand il sera rentré. Enfin, n'importe quoi tu vois.


Mais il paraît que ça marche toujours. Les maîtres
d'hôtels le prennent pour un inspecteur du Miche-
lin et le soignent comme un coq en pâte.
En tout cas, hier soir, pour son pote Robert —
nous on l'appelle Tonton Rô-Rô mais il est même
pas de la famille —, Papa s'était mis en cinq. Une
vraie clappe de fête. Du foie gras. En boîte, mais
bon. De l'entrecôte et des patates sautées. Conge-
lées mais extra quand même. Du fromage.
Dégueulasse le fromage. De la Boulette d'Avesnes.
Un truc qui vous suffoque à trois cents mètres.
— Pourquoi t'as acheté ça ? j'ai demandé.
— Pour faire fuir les cafards, m'a répondu
Papa.
— Mais y a pas d' cafards, a dit Raphaële.
— Ben, tu vois, c'est que ça marche, il a
rétorqué en se marrant.
Rien à redire. Pour le dessert, y avait de la
mousse au chocolat de chez Lenôtre. Super. La
fête, quoi. Papa et Robert se sont un peu bourré la
gueule, je présume puisque Robert avait apporté
trois bouteilles de Chasse-Spleen et que ce matin
j'ai retrouvé les trois cadavres dans la poubelle.
Quand je suis allé me coucher, il était plus de
23 heures, ce qui prouve bien que Papa devait être
pompette, puisque Raphaële cette tarée il l'avait
envoyée au lit à 21 heures, eh ben, ils se tâtaient
Retrouver ce titre sur Numilog.com

pour savoir s'ils ouvraient la troisième boutanche


avant d'attaquer l'armagnac.
Robert, c'est un peu le même genre que Papa, en
un peu plus vieux et en chauve. Il fait plein de
trucs mais surtout il travaille à la radio. Enfin
bientôt, à l'en croire, faudra dire il travaillait.
Cet été, il part en vacances. Peinard. Tout va
bien. Son émission marche le tonnerre, mieux, ils
viennent de la lui rallonger. Le jour de son retour,
il arrive dans son appartement pour entendre tinter
le téléphone. Chic, un vieux coup qui m'appelle, il
se dit et il décroche. Manque de pot, c'est sa radio.
— Ah! bonjour, Robert. Alors, ces vacances
c'était bien ?
— Oui, très.
— Bon, ben voilà... euh... Ici, on a un petit
problème.
— Ah ! bon, fait Robert. Et il se réjouit. Il se
dit : Y a un collègue qui doit être malade, on va me
demander de faire un remplacement.
— Ben voilà, euh, fait la voix. Ton émission,
tout le monde l'adore, mais euh... on va la
supprimer.
Robert en reste muet. De saisissement. Il paraît
que c'est comme ça qu'on farcit les carpes. On les
saisit par la queue, on leur annonce une tuile et
hop, on les gave ! Finalement, il arrive à faire gloup
dans le téléphone, alors l'autre comprend qu'il est
toujours là.
Retrouver ce titre sur Numilog.com

— Une grille de radio, tu sais, c'est pas extensi-


ble comme un bas nylon et on a une autre émission
à mettre sur l'antenne. Alors, euh... C'est la tienne
qu'on a décidé d'arrêter.
— Mais...
— Bien entendu, tu passes nous voir et on
regarde ensemble les aménagements à trouver.
T'en fais pas Robert, tu sais bien que tu fais partie
des meubles.
Clic. Tut-tut-tut. Robert en tombait de plus
haut que la navette spatiale. Son émission était
super. Je le sais, je l'écoutais parfois. Il passait ce
genre de disques qu'on n'entend nulle part ail-
leurs, sauf chez Papa et il avait toujours des trucs
passionnants à t'expliquer. Alors, consterné, il
défait même pas sa Vuitton achetée à Vintimille,
appelle un cab et débarque à la radio. Où tout le
monde lui fait aussi sec des salamalecs, du style :
« T'en fais pas vieux. Ici, tout le monde t'a à la
bonne, on va te trouver autre chose. » Effective-
ment, dans les jours qui suivent, ils lui proposent
de passer au service promotion, puis à la météo.
« Ben oui, tu serais génial à la météo. Regarde
Gilot-Pêtré, c'est une star », puis aux chiens écra-
sés, puis à plus rien du tout.
— Maintenant, dit Rô-Rô à Papa, je ne me fais
plus d'illusion. Ils attendent la fin de l'année pour
me lourder. Comme une écorce de citron bien
pressé. Mais ce qu'il y a de marrant, il a ajouté
Retrouver ce titre sur Numilog.com

PHILIPPE ADLER
BONJOUR LAGALÈRE roman

Rien ne va plus entre Alexandre, chroniqueur de jazz et de


rock à la radio, glandeur, flambeur, dragueur, et sa femme
Dominique, styliste de mode. Ils ne peuvent plus vivre
ensemble, et la situation se dégrade sous le regard conster-
né et ironique de leurs enfants, Stéphane, 14 ans, et
Raphaële, 12 ans. Stéphane, qui veut comprendre et agir,
consigne dans son «journal de bord »les progrès du mal,
des premiers-signes-qui-ne-trompent-pas au bouquet
final : un «happy end »après l'explosion et la déchirure.
Sa vision des choses, qui est, dans l'esprit et la lettre, celle
des jeunes branchés des années 80, incarne un acte de
refus. Pour n'être pas emportés dans la tourmente, pour
tenter d'influer sur le cours des événements, pour lutter
sournoisement contre les intrus, Stéphane et Raphaële
refusent le fait accompli du divorce et le rôle de specta-
teurs impuissants.
Vert, drôle et swingant quand ils se révoltent, émouvant et
pathétique quand ils craignent de se perdre en perdant
leurs parents, ce récit d'un divorce à l'amiable est aussi une
leçon d'espoir. Grâce à leur forte personnalité ces deux
jeunes laissés-pour-compte de la séparation s'en sortent.
Au lieu de sombrer dans la mélancolie, ils contre-attaquent
dans la bonne humeur, la fantaisie et la dérision. Même si
le cœur n'y est pas toujours...
Bonjour la galère, premier roman de Philippe Adler, vient
d'être adapté à la télévision pour A2, en deux épisodes de
90 mn par Caroline Huppert avec dans les rôles
principaux : Guy Marchand, Laura Betti, Eva Grimaldi,
Nancy Grilli.
Depuis, Philippe Adler a publié plusieurs romans, notam-
ment Les amies de ma femme qui s'est vendu à plus de
250 000 exemplaires, toutes éditions confondues.
Participant d’une démarche de transmission de fictions ou de savoirs rendus difficiles d’accès
par le temps, cette édition numérique redonne vie à une œuvre existant jusqu’alors uniquement
sur un support imprimé, conformément à la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012
relative à l’exploitation des Livres Indisponibles du XXe siècle.

Cette édition numérique a été réalisée à partir d’un support physique parfois ancien conservé au
sein des collections de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.
Elle peut donc reproduire, au-delà du texte lui-même, des éléments propres à l’exemplaire
qui a servi à la numérisation.

Cette édition numérique a été fabriquée par la société FeniXX au format PDF.

La couverture reproduit celle du livre original conservé au sein des collections


de la Bibliothèque nationale de France, notamment au titre du dépôt légal.

*
La société FeniXX diffuse cette édition numérique en accord avec l’éditeur du livre original,
qui dispose d’une licence exclusive confiée par la Sofia
‒ Société Française des Intérêts des Auteurs de l’Écrit ‒
dans le cadre de la loi n° 2012-287 du 1er mars 2012.

Vous aimerez peut-être aussi