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Il pense à son chat qui avait l'habitude, dans ses jeunes années, de grimper sur

son épaule quand il était assis.


Il pense au terrain qui servait pour les activités sportives du collège où il
était inscrit.
Il pense à la couleur de la lumière que projette sa lampe de chevet sur le
plafond de sa chambre.
Il pense qu'il aime bien la bière belge.
Il pense à des choses qu'il ne se rend pas compte qu'il les pense, car il pense
à d'autres trucs en même temps.

Je la vois :
> elle arrive devant le plat de pommes de terre, elle dit : ''C'est des pommes
de terre ?''
> elle cherche des livres dans une bibliothèque en étant jolie.
> elle court.
> elle est fatiguée le soir avec des petits yeux.
> elle n'est même pas là.
> elle fait chier du monde avec ses remarques.
> elle me dit ''tu m'as vue l'autre jour ?''
> elle regarde une personne sans rien dire.

J'aime bien les interstices. C'est pas vraiment le creux, le vide, ou le trou
qui m'intéressent mais les deux surfaces de chaque côté qui se font face, qui
révèlent le trou, le vide, ou le creux, qui se répondent jumelles ou
complémentaires.
Non il n'y a pas de vide entre, mais une tension énergétique invisible pour les
yeux, électrique pour le cerveau, entre les deux faces où il y a plein de rien,
où qu'on peut mettre plein de choses comme du chewing-gum, du papier mâché, du
liquide, de la peau, des petits morceaux de fer. Du reste, ce serait faire
preuve de très peu d'imagination que de remplir, aplanir l'interstice avec ces
choses ou n'importe quelle autre.

Quand t'y penses le goût d'un radis c'est super étrange.

Mon chat fait caca dans le sable parce qu'il aime les sols remués.
Mon chien bouffe tout et n'importe quoi, il part gratter dans le sable pour
manger le caca du chat.
Mon papa en voyant mon chien manger la merde de mon chat se projette de
violentes scènes d'infamie et passe sa tête par la fenêtre ouverte pour lui
crier d'arrêter, mais le chien a déjà tout mangé.
En fait tout va bien, le seul problème c'est celui que je me pose. Qui a raison
de faire ce qu'il fait ? Le problème avec ce problème c'est qu'il m'est apparu
parce que je ne faisais rien à ce moment là, et donc, que je n'étais pas assez
distrait pour l'éviter.

Je n'ai jamais vu une image en vrai.

L'art contemporain c'est nul mais le dire c'est déjà faire de l'art parce que je
le dis avec une certaine exigence alors c'est vraiment pratique. Ce qui n'est
pas évident c'est de savoir quand est-ce que t'arrêtes d'en faire.

Tu fais et tu te rends pas compte que tu fais sur le moment, tu te rends compte
après que tu fais. En fait tu te rends jamais compte que tu fais sur le moment
mais tu te rends compte après que tu fais, c'est-à-dire que d'une part tu te
rends pas compte que tu fais et d'autre part que tu t'en rends compte de ce que
tu fais, parce que t'as fait. Voilà c'est ça où je veux en venir : t'as fait
donc tu sais que tu fais à un moment, mais plus au même, tu fais plus quand tu
sais que t'as fait mais c'est comme ça que tu sais que tu fais à un moment
donné. Tu te rends jamais compte que tu fais mais tout le temps que t'as fait,
que t'as fait, que t'as fait, que t'as fait (autodafé), que t'as fait. Plein de
fois. Tu t'en rends compte une fois que t'es surpris, que tu t'es déclenché toi-
même, que c'est fini de commencer.
Aujourd'hui j'ai rencontré deux patrons quinquagénaires.
L'un d'eux, en expliquant qu'il avait perdu quelques points sur son permis du
fait d'avoir téléphoné en conduisant, protesta sur le fait qu'il était
inadmissible qu'en France on légifère sur de telles restrictions, qu'on nous
empêchait de travailler, que l'état français s'affairait sans cesse à mettre des
bâtons dans les roues des travailleurs intelligents. Puis il continua en disant
qu'en France il était inadmissible d'être traité comme il l'avait été pour une
infraction si bénigne, tandis que dans les banlieues se comptent des racailles
qui piquent les sacs des petites vieilles, braquent des bijouteries, brûlent des
voitures, et dorment bien tranquillement sans que la justice trop laxiste pour
leur cas ne fasse rien pour les punir (dans l'auditoire la majorité des gens
acquièscèrent sans mal). ''C'est ça la France ? Ce pays me fait honte. Mais moi
si ça continue je saurai où aller : à l'étranger. Mais vous savez, j'ai compris
la leçon : je ne bouge plus de chez moi pour travailler puisque dès que je
prends la route on m'empêche de bosser ! Heureusement je gagne le même salaire
qu'avant puisque je n'ai plus mes employés : il vaut effectivement mieux pour
moi que je travaille seul dans ces conditions, il faut travailler avec
intelligence.'' C'est ce qu'il a dit.
Le deuxième patron quinquagénaire a approuvé, et j'ai cru qu'il allait
applaudir. Plus tard je les ai vu repartir respectivement en Mustang et en
Mercédès.

I mé son grin dsel le pti il mé son gr1 de sal sou L, ui é i va fer caca dan ça
cav o bibine. Kwa va zy pépé sor tn atirail é coul coul la came ds ta cane a
marché.

Hier j'ai frotté un tas de souris sur un réverbère et j'ai bien ri parce qu'un
jeune boa est venu pour l'engloutir verticalement par le sommet, mais quand sa
tête est arrivée à quinze centimètres du sol il n'avait plus assez de longueur.

Un homme de collection rentre dans un appartement.


- Darling Darlingdar, dis Darling Dadarglinda, comment s'appellera ton nouveau
livre ?
- ''Briquet de cuiller'', ça parlera de tous ces ustensiles auxquels on colle
des étiquettes, tu sais le truc Bergsonien, alors que putain on peut faire plein
d'autres trucs avec, et penser à eux différemment que ce qu’on veut bien nous en
faire user.
- Mon angelot des cimes, Ô crème du nil, toi qui a trouvé une autre manière
d’utiliser les concombres, cela s'applique t'il aussi à eux ?
- Non. (elle pense loin soudain). Je me souviens quand Grand-pa me giflait,
m'interdisant de jouer avec la nourriture. Que notre plus grand malheur
viendrait en persistant à la considérer comme un bien matériel.

- Qu'est-ce que tu t'es fait au visage ?


- Gu Gu Gu
- Qu'est-ce que tu t'es fait au visage ?
- Qu'est-ce que tu t'es fait au visage ?
- Gu Gu Gu
- Gu Gu Gu

Je suis une fille qui coupe les tomates et la vaisselle, qui fais de la
dentelle, et je brode, et je brode pour ne pas perdre le fil du téléphone.

''Je prends plaisir à regarder les chats se faire les griffes sur le bois, comme
s'ils se préparaient à leur imminente mise en bière. Vivants.''
Edgar Poe

'La couleur de la porte en bois vermoulue d'où sortent des vers blancs à poix
rouges de cinq millimètres était rouge elle aussi et elle s'ouvrait en laissant
apparaître un rayon de lumière blanche qui se répandait à l’heure du thé sur les
lettres de papiers blancs crème disposées sur la commode du salon. Ces lettres
n'étaient autre que les correspondances du père Langin mort durant la guerre
parce que sa famille ne lui donnait pas assez à manger, pas assez à manger alors
qu'il ne faisait que cinquante six kilos et qu'il avait mal au dos, et ça c'est
parce qu'il se courbait trop souvent devant sa boîte à lettre qui était bien
trop basse devant son entrée de maison qui flamboyait d'une constellation de
marbre amené jadis à dos d'un cheval mal ferré du fait que son propriétaire
abusait trop de la liqueur de cassis qu'il produisait dans sa ferme du poitou-
charente et que ça lui faisait perdre la tête, - il faut dire qu'à l'époque la
concurrence était rude dans ce domaine et que les ouvriers ne manquaient jamais
de pain, contrairement à monsieur Langin dont la famille n'avait aucun sens de
l'honneur.''
Balzac

'La plus terrible expérience de ma vie, mais salutaire, fut d'être resté dans
ces tranchées trois ans durant, à tenter de me frayer un chemin dans de la
bouillasse de corps et des torrents de larmes. La pluie était rouge et l'espoir
rimait avec noir. J'eus alors cette fameuse vision qui chamboula toute mon
existence, celle d'un corbeau tenant dans son bec un fromage. Grâce à elle je
sus que je me tirerais de cet enfer.'' Jean de La Fontaine.

''J'ai toujours pensé qu'il me manquait quelque chose dans ma vie'' Adolf
Hitler.

''Bernard Henri Levy.'' Bernard Henri Levy.

''Manu le paysan, tout de sueur, descendit de son tracteur et la baisa.''


Maupassant.

''J'aimais alors ce temps de promenades où de retour de Combray, en traversant


Méséglise, nous allions maman et moi, main dans la main, acheter des madeleines
à la boutique de monsieur Abdülhamid et de sa fille''
Marcel Proust.

''L'eau m'a toujours inspirée, mes mots se désaltèrent à sa source.'' Charles


Bukowski

'J'ai toujours pensé que l'homme méritait qu'on lui fasse une inaliénable
confiance.'' Michel Houellebecq

''Ma tête bourrina comme un missile nucléaire alors que je me cognai sur ce
caillou du désert. Ma tasse de thé trempa le sable chaud.'' James Joyce

''Tant qu'il se fasse, jamais n'auras-tu point vu que le jour ne se lève qu'à
l'heure de mer.'' Ernest Hemingway

- Pourquoi t'as brûlé ce truc ?


- Je sais pas.
- Mais rends-toi compte, personne ne s’y attendait ; ce feu n'était pas à une
place appropriée, il était au milieu d’un trottoir constellé de jambes nues et
d’autres jambes couvertes de textiles par le froid ou l'habitude — le vêtement
est génétique — Les jambes en se croisant étaient des torches, elles couraient
sans but, et les cris mirent fin aux habitudes.
- Je sais.

toute la journée je fais rien je fais rien je fais rien et je fais rien c'est-à-
dire que je n'ai pas aucune idée de ce que je veux faire c'est que j'y pense pas
ça me gêne pas ça m'énerve pas tout le monde peut voir que je fais rien et je
m'en fiche parce que je le vois pas je suis pas vraiment là c'est les autres qui
me le rappellent.

Un voisin est mort et s’il a déménagé, ça revient au même. Qu’il ne soit plus là
ou qu’il ne soit plus tout court, c’est la même chose pour tout le monde. Un
voisin a déménagé et c’est égal s’il est mort. La disparition de ses pas dans
l’allée et l’absence de coups d’yeux jetés par la fente de sa boîte-à-lettre
équivaut à cinquante pages de description Balzacienne. Ça aurait pu être marqué,
c’est ça l’importance d’aujourd’hui.

L'univers se trouve au fond d'une cuvette dans la déflagration du jet de pisse


d'un mec qui tient le bout de son sexe à une hauteur de quatre-vingt six
centimètres. C'est parce que j'ai fait pipi y a pas longtemps et qu'il y avait
beaucoup de mousse scintillante comme des étoiles au fur et à mesure que le jet
ne voulait plus s'arrêter de jeter. Enfin ça, ça sert à rien de le dire.

LE CHIEN – quand je dis le chien, je parle pas du genre canin en général, mais
bel et bien de ce chien, – celui qui a fini le contenu de sa gamelle à l'instant
où sonnèrent les cloches, – dont les cordes assujetties au joug pivotant, –
furent tirées péniblement par les bras d’un jeune moine qui, soit dit en
passant, aime à ses heures gourmandes manger du camembert et boire de ce fameux
cru provenant des grappes que le frère Cottin écrase par la force de ses pieds,
– ABOIE.

Ce matin je me suis dit ''lève toi et marche. eh ouais, eh ouais, eh ouais. Ah


ouais ? non ! non ne me di pa ktu déconne ouah ça déchire j'y crois pas c'est
une chance. allez allez que t'as fait, bon attends qu'est-ce que tu fais. tu
fabriques des ptits trucs c'est mignon j't'aime bien quand t'es pas là. Hum! Je
mange de tout j'avais mal à la tête y a pas longtemps hum que faire, qu'est ce
que je vais faire j'en sais rien je sais pas quoi faire je sais plus quoi faire
de ma peau, ma peau toute seule toute seule ma peau bisous dans le cou y a
beaucoup de choses partout. Vraiment beaucoup de choses. Partout y a beaucoup de
trucs. Partout autour. Ouais beaucoup beaucoup de trucs, tellement de trucs que
tu peux pas les voir tous d'un coup les trucs. Tu les vois peut être quatre par
quatre si c'est des trucs gros mais pas trop gros quand même, par milliers pour
les trucs petits tout petits, ou tout seuls pour les gros très gros. Enfin c'est
bien de faire attention à tout ça, ça occupe bien l'esprit.

Je trouve un cadavre. Je me dis qu'il mérite d'être enterré, mais personne ne


doit me voir parce qu'une personne qui voit une autre personne enterrer une
autre personne dans un champ peut se poser beaucoup de questions. Enterrer un
corps c'est un peu comme si on le cachait, ou alors c'est assumer la
responsabilité de son état. Je creuse longtemps et profondément, si bien que le
sommet de mon crâne ne dépasse plus le sol. Et d'un coup y a un caniche couvert
de bigoudis qui tombe dans le trou. Putain il vient d'où ce caniche que je me
dis ? il me mord les doigts, je lève la tête au ciel, et je vois un p'tit couple
de vieux qui me regarde. "C'est notre caniche qu'ils me disent". Dans ma tête je
me dis que je suis grillé, que ces vieux cons ont des gueules de dénonciateurs,
et que j'irai croupir moi-même dans un trou pour longtemps. En lançant le
caniche dans les bras de la vieille bonne femme, son mari me demande si c'est un
trou pour les cochons que je suis en train de faire. De toute évidence, il n'a
aucune idée de ce que je suis en train de faire. "Non, c'est un trou pour
moutons", que je rétorque. Il me dit qu'il s'en doutait, qu'il hésitait entre
les cochons et les moutons et que, d'ailleurs, il confondait souvent les deux à
cause de leurs plumes. Il me dit aussi que dans sa jeunesse il était un
scientifique, mais raté. Je hoche la tête en guise d'approbation, puis il s'en
va avec sa femme, son chien. J'ai à peine le temps de me remettre de mes
émotions que le couvercle du cercueil s'ouvre et que le mort se redresse
(aurais-je oublié de préciser que le cadavre, bien que sans trou, avait déjà son
cercueil). Je me dis que c'est insensé. ''T'es pas mort ?'' que je lui dis. Il
me dit que non. "Mais je me troues le cul pour toi depuis tout à l'heure", que
je lui fais. Il me dit qu'il n'avait pas vu car il était dans la boîte. Gêné
d'avoir occasionner mes vains efforts, il me dit qu'il veut bien retourner dans
le cercueil à cette condition : qu'il puisse continuer à boire des bières
dedans. "Mais t'es con", que je lui réponds, "tu sais bien qu'une fois à
l'intérieur tu n'auras pas assez de place pour lever le coude". Il me dit que
c'est vrai, que je n'ai qu'à concevoir une bière prévue à cet effet.
fais un trait dans la terre un creux long, un long creux de trait, un trait en
creux en défonce dans la terre, épais comme un p'tit doigt de main, un trait de
main le plus p'tit trait de main, trois fois l'épaisseur d'un lombric, et de la
moitié de l'épaisseur d'une bite standard au repos.

Tandis que l'espoir du condamné s'envolait en fumée, que l'infime part de


gratitude qu'il avait réussi à préserver jusque-là à l'égard des Dieux disparut,
alors qu'ivre de rancoeur il s'en allait couler ses immondes lamentations au
fond de la mer, une étrange apparition survint à la surface de cette vaste
chaîne de falaises hydriques : une canette de soda, ravagée par le sel, voguait
sur les flots, s'avalanchant tel l'alcoolique qui, ayant cédé douloureusement à
la tentation de son vice, tente, une fois de plus, de regagner sa demeure, mais
se voit irrésistiblement happé par les réverbères-phares stationnés sur le bord
du trottoir aux pieds desquels il exécute une danse dédiée à son imbibition
euphorique, laquelle refera inopinément surface par des déjections gastriques
bouillonantes ; et au coin d'un des angles du récipient, préalablement modelé
par le heurt des rochers-marteaux, était recroquevillée, dans l'atmosphère des
relents de gaz acidifiés, une larve verdâtre et visqueuse qui, malgré sa
ridicule envergure, dégageait une pestilence cadavérique. Le vaisseau
d'aluminium jeta l'ancre à moins d'un pied du buveur de tasses ; instantanément
les eaux cessèrent leurs spasmes. L'invertébré hissa une de ses extrémités
gélatineuses, - certainement sa tête (bien qu'il eût été impossible de
distinguer la tête de la queue. Et entre nous, il se pourrait que cette chose
n'ait jamais disposé d'aucune de ces deux caractéristiques anatomiques, et
qu'elle ne doive sa misérable constitution qu'à l'agluttinement de matières
poisseuses), - par l'ouverture en forme de lune du contenant et s'adressa au
pataugeur.
''Eh, toi ! Crasse de blatte, que fais-tu à souiller mon domaine ?''
L'interpellé, profitant de la platitude des eaux pour faire la planche,
demeurait les yeux fixés sur la voûte étoilée (car il faisait nuit), de peur que
s'il déviât d'un degré ses globes oculaires, cela l'immergeât de nouveau, et
pour de bon, dans les abysses. Enfin l’homme tendit la main, extirpa le ver de
son vaisseau pour l’amener au niveau de ses lèvres, et l’avaler. La mastication
finie, il déglutit, et d’un coup, il était revenu à son appartement.

tu dis que tu parles plus car t’as mal de parler. T’as le mal de parler. Le fait
de parler fait mal c’est ce qui sort quand ça parle qui fait mal. Quand ça parle
trop fort alors que tout ce que tu veux c’est bien dormir. Tu veux juste bien
dormir. Depuis que t’as arrêté de dormir, tu penses à un truc, c’est de pouvoir
dormir et de dormir bien le soir. Alors tout le temps que tu dors pas il sert à
faire en sorte de bien dormir le soir quand tu rentres, il sert à éviter tout ce
qui t’empêcherait de dormir bien, les petites choses qui pourraient te
bousculer, te cogner et te faire crier, te faire sortir de douleur. Alors tu
penses tu penses aux gens qui aiment se faire mal. Y a des gens qui aiment faire
mal aux autres mais c’est à ceux qui aiment se faire du mal à eux-même que tu
penses. Ceux qui cherchent à se faire mal ont le bonheur le plus simple alors tu
te dis que tous les gens qui aiment se faire du mal sont heureux, c’est ce que
tu penses. Mais tu préfères continuer normalement parce que t’es quelqu’un de
normal t’es normal tu te le dis dedans ‘‘moi je suis normal’’ ou quand on
demande où tu te situes dans la moyenne tu dis ‘‘je suis normal moi monsieur’’
avec ta voix haute et distincte tu le dis et c’est rassurant de l’entendre c’est
rassurant d’entendre dire qu’il y a du normal dans le coin, à l’extérieur on
voit pas beaucoup de trucs normaux,
le normal c’est ce qu’il y a chez toi, c’est ton petit monde tes petits bibelots
normaux, c’est ton petit monde tout normal, c’est ce qu’il y a dans les
intérieurs, plein de normal et les gens veulent du normal à l’extérieur, leur
normal à eux, ils veulent rentrer quand ils sont à l’extérieur, ils veulent de
l’intérieur dans l’extérieur ils ont rien contre l’extérieur car y a de l’air
mais faudrait des intérieurs avec l’air de l’extérieur mais plus avec la même
aire,
ça serait mieux d’avoir de l’intérieur dans l’extérieur et puis du normal aussi,
du normal partout, du normal à penser. Et c’est ce que tu fais, tu continues ton
normalement, tu continues à manger, à faire caca, à faire comme les autres, à te
regarder dans les yeux des autres, à essayer de voir dans la tête des autres.
C’est à celui qui voit en premier dans la tête de l’autre que revient le droit
de se montrer supérieur. C’est pas sur ta chaise que tu vas être perspicace.
Arrête de te coller arrête, t’es tout collé à la chaise ou c’est la chaise qui
te colle vous êtes tout collés ensemble tout collés mais tout le monde peut dire
qu’en fait non tu l’es pas tu l’es pas de collé, tu te colles pas comme ça c’est
ce que tu crois mais c’est pas possible de se coller à tout comme ça, c’est dans
ta tête, ça rassure de se coller, pourtant c’est pas possible d’être collé, même
au sol t’es pas collé, t’es pas si collé au sol que ça, tu peux te décoller du
sol pendant un petit moment et puis te redécoller aussitôt quand tu te recolles
à lui, et te reredécoller lorsque tu te rerecolles et puis recommencer tout le
temps jusqu’à ce que les petits fils qui sont à l’intérieur de tes jambes soient
en compote, que ça devienne un jus, que ça tombe en dégoulinades autour de toi,
que tu sois plus qu’un ‘autour de toi’, un autour de rien.

Le frog-sun’s a pamplemousse
Der dedans la sea s’enfonce
Als a wood oeild Mickey-Mouse
Qui ouïe des phrases absconces

C’est l’hertellung of a man


Or des femme qu’ist on die plage
Her Papa est Picasso
Elle ist cubist, und sie swim

Titre : 1 petit acculé pudibond.

Pécuniaire leur de oui pourquoi la Vendée lumière fine fleur centrale coeur de
pétales soumises à 5 fois la taille de la terre en direction de la ligne est
reliée à l'extincteur.

Ça veut dire que tu as du chewing-gum dans la semaine et que bientôt on ira


servir en petit pingouin.
sort un peu de savoir y crachent de sous la semaine alors qu'il n'y a plus
affaire ce que tu dis mais ça n'empêche des fois tu peux permettre de faire
certaines choses sont en viande en fichant sont environ fictions se nous ont pu
le.

1:00 899 rouge écarlate voir violette par nombre de son cuir chevelu bonheur
suite orange et tous poitrines de port. 48 12 comme le bleu du ciel tenu son
père équivalent au canapé couleur cuir bien abîmé rouge as.

En inutiles à gauche en canapé en face d'une chaise un peu plus adroit de la


chemise de gauche n'est plus à gauche du canapé qui en face avec aura aucune
photo dessus puis 1 clenche non reliée. Si je n'en peux plus à gauche micro-
ondes débranché écuyer avant tout à gauche le délit il dit. Avait 1 qui donne
sur dehors avec 1 palissade en bois qui empêchent de voir la vue derrière
enquêtons en peu de dehors lui devoir pour Intelsat qui empêchent de voir le
reste de.

Carabine a du cran. Elle est née sur une pellicule de terre rouge, tout le monde
le sait. Tout le monde se questionne en connaissance de cause : pourquoi les
rayures du quadrillage sont de cette couleur ? Pourquoi en éclatant la rétine
suscite beaucoup de bien-pensant de la rétine ? Les gens, qui ils sont ?
Pourquoi vont-ils à une vitesse particulièrement rapide ? L’éclatement est-il
relié au système solaire ? Est-ce que, comme les gens, la lumière - qui est
aussi particulièrement rapide - a une bonne raison de l’être ? Les observations
américaines apparaissent d’un coup dans la rétine mais tu ne sais pas à quelle
vitesse on étale sur une pellicule de terre rouge la personne qui s’occupe de
venir vite. Faut-il croire qu’il s’est passé quelque chose chez les gens entre
leurs points a et leurs points b ?

Carabine à cran cranté était une baleine qui prononça grand crantée car les
prononça son équivalent d'une baleine mars pellicule rouge assoiffée pourquoi
les rayures de quadrillage sont-elles de cette couleur pourquoi en éclatement la
rétine suscite beaucoup de bien pensant de la rétine des gens qui ils sont des I
et pourquoi à 1 vitesse particulièrement rapide cet éclatement est relié au
système solaire c'est-à-dire que la lumière mais possède aussi rapide que seuls
sont par exemple situés observer américaines apparaissaient d'un coup dans la
rétine mais nous tu ne sais pas quelle vitesse tues la personne occupant que se
viennent. Comprend que s'est passé quelque chose à.

La chose à je pense et les carottes et les courants de fond. Le rêve qu'un écart
obtenu. En écart au anglais. Pied peut-être comme ça tu vis en mangeant le
carreau 81 étudies tout à 40 qu'il faut bien et carottes que tu fixes jusqu'au
nombril écuyère à jour tu dis moi j'en démarrai es-tu enfoncé dans 1 trou alors
à ce comme ça que ça se passe en fait tu en fait 1 choisir son trou en or tu
prends le temps de choisir cuisine amont amendé es-tu pudibond a bien choisi
question de toi et il enfonce en faisant entre cuisses dans 1 CR encore dans
quoi tu t'enfonces le conseil ne s'aggraves 1 fois que tu t'enfonçais-tu dire
c'était bien c'était pas bien en fait jamais vraiment savoir l'avance de ce sexe
qu'il a vu.

Le pécule pourquoi le vécu car il suit 1 phrase de Jean perdu dans la montagne
sont tous en nous ont roses aussi offerts par la fenêtre que il pleut mais
d'intérêt n'est pas la d'intérêt et dans l'échelle de centre-ville au centre du
monde car dans ce cas du coeur du monde appartient où nous fabricants de
fléchettes et la ce problème en effet.

10 échéances en. 1 poissons pourront 50, lunettes, 11 si égal plus de poissons


pour que son an, qui sont dans l'espace et des droits qui 4. Dans l'espace qui
ne sont femmes qui sont en séparant coupent les ponts et arts en PC chinois qui
contenu. En ce qui fait que la droite envie tous les ponts. N'ont pas tenu. Tout
dépend en en fait ça, à quoi elle arrive on sait de quels sont salariés est
arrivés à découper. Les circonstances de savoir qu'il est. Pas forcément savoir
et la en fait ce qu'est ce que soie empesée à la droite et tous les coins avec
ont exclusivement toute juste 1 droite qui est séparée. On peut dire que en fait
uniques. Il vit les archontes peut saisir liant faite 1. Cercle. En fait elle 1
petit acculé. Si. A écrit le droit en plus lentement dans le monde qui se sont
mis en sont les. Chacun cent 3
causes de

Ce qu'il est et qu'il faut être un peu, la géométrie du jambon ne fait plus dans
les plans à pourquoi rouge sang cuisson scientifique qui dépasse le pénis dans
quelle histoire que tout du wagon où je sens dans la brume pourquoi cette odeur
de charcuterie vous couplant de M. on essaie pas se laisser. Élie tu parles-tu
bis inquiéter efficacité quelqu'un pouffa marqua par coucou. Il suffit que tu PQ
cul par 1 impôt. Content de

8:01 ligne de ni d'une sculpture, et des gendarmes de la nuit en bases


militaires ont un penseur, en mettant autrui par une campagne ou sur celle de
grands occupé de droit. En jaune, cette victoire fait un essentiel de la
campagne et de ses contemporains étrangers et les postes politiques obtenues
communicants.

J'y fraise l'amour les enlise face aux jeux olympiques d'hiver le coeur y est
quand tempête du cul la voile et sur le feu comme on criait des testicules de
chat crocus mon chat malin me fait des caresses par angle donnant des coups de
tête que vous y frottez sourcils contrefont sont celles de Givenchy pourquoi par
le tabac P long enrôlement enfant de calculs en cacao au cas par cas en pas en
fou filet de 6 gens instruits à ne laisser David Martin amis et signé la nuit 1
le s se aime le cul gros salaires en sont en arrêt des toiles dernièresghj en de
référence à design grosse ville de design but de télévision thème la Bible et
les bulletins de gosse doit respecter car les gosses sont des pilotes plus à
temps. Le
en l'an de bons ans debout de quelques ans cacas au cas par cas en bas en fou
rirent si les gens instruits à y laisser la vie de Martin amis est signé la nuit
le la vie de Martin amis assis la nuit de lundi à Martin lundi dit que ma asséna
1 ami ainsi la cible d'un ami des Macintosh la peur conclut chez 1.Lara bière
Macintosh à des femmes face le cuir chevelu argent le font face aux théories et
qui déterminent mon implant plein père.
En s'approchant ce excellent

Bonjour je appel Tunis lui et toi avait-il quel est ton bulletin de luxe de de
nom en moi car il est le chien qui m'a O1 jour alors que j'étais en train de
pisser ma mère mais le plus de place l'on coule 1 déni récurrent en cours en vue
de ne point mais dit moi tu comprends rien chien et chat animal Laforêt or est-
elle 1 poisson en lice gère 1 élection présidentielle telle la société ne veut
entre autres noirs venus. À quoi tu suis en veux du 11 d'un budget infini
contiens le cours du feu de de de moins en moins car les chiens coule 1 débit
récurrent 20:00 et en jour alors que je suis en train de pisser la mer mais le
plus de place. Les 10 mois

Le petit garçon est derrière sa soeur à vélo. Il obéit quand elle lui dit de
bien rester sur le bas-côté de la route parce qu'il ne veut pas mourir.

Quand tu rentres chez toi tu rentres chez toi de l'extérieur. Comment tu penses
à toi de l'extérieur qu'est-ce que tu vas rentrer chez toi pour penser à ce
qu'il y a autour de ça. En deça de l'autour. Les vautours. Tu nettoies les
casseroles, les assiettes dans l'évier et la fourchette tu nettoies l'évier tu
fixes la limite de l'évier de la fourchette que tu fixes pour la limite de ce
qu'elle est. On aurait dû te dire que c'est bien, que c'est bien, que t'as bien
fixé la limite mon gars ça on aurait dû te le dire. Mais tu lâches la limite et
t'oublies beaucoup de choses comme ta main dans le jus de casserole que t'as
laissé dedans quand tu cris, qu'tu cris et qu'ça sort pas. Qu'ça sorte. T'aurais
pas peur, qu'ça sorte. Qu'ça sorte dta casserole dans la limite ksa sorte dla
limite dla limit jvé met dla neig dan ta gueugueul gueul. Ici ou alors où
chercher dans ce que les autres ont de plus vide.

J’ai choisi ce chemin tranquille pour pisser. Tout est plat, il n’y a que des
champs alentour, on voit loin dans l’horizon qui tranche avec la quasi-
verticalité de mon jet d’urine. Pour trouver une quelconque harmonie dans cette
opposition verticalité/horizontalité qui me tourneboule, je maintiens mon corps
à quatre-vingt-dix degrès avec l’angle formé au milieu de mes deux tibias. Le
carré éphémère ABCD où AB = la longueur mesurable de la plante de mes pieds à la
flexion visible au milieu de mon tibia (en admettant le fait que l’on me voit de
profil) = BC = la distance mesurable à partir de la flexion visible au milieu du
tibia jusqu’à a base de mon sexe = CD = la distance mesurable à partir de la
base de mon sexe jusqu’au point du sol que vient percuter le trop plein de ma
vessie = DA = la distance mesurable à partir du point du sol que vient percuter
le trop plein de ma vessie jusqu’à la plante de mes pieds ; ce carré éphémère
ABCD (où AB = la longueur mesurable de la plante de mes (...)), ce carré dis-je,
a la particularité de sensibiliser trois merles qui passent chacun leur tour en
vol plané au centre du carré, déployant largement leurs ailes, pour que les
plumes de celle de gauche se souillent de mon jet jaunâtre. Sans m’avoir vu,
mais en me lisant, une personne ayant un peu de jugeote saurait que j’ai de haut
tibias. Les trois merles se sont aspergés trois fois chacun avant de partir un
peu plus vers le nord dans le but de répandre la pluie par l’extrémité de leur
barre de ‘V’. Le côté CD du carré ABCD part en pointillés ; il n’y a plus que
ABC.

Je vais mettre de la neige dans une casserole en pensant que c'est un tas de
fourmis, et la faire bouillir jusqu'à ce qu'elles me disent la vérité.

La mer est belle en général. Le général est beau en mer.

Je recomposais ma tête dans mon petit appartement quand j'entendis le voisin


faire tomber son premier sucre dans son café. Il a pris l'habitude de laisser un
certain temps entre la chute du premier et du deuxième sucre. Ce temps varie en
fonction de la composition des sucres. Un sucre de caoutchouc met plus de temps
à se dissoudre qu'un sucre de paille. Or le deuxième sucre ne peut être trempé
tant que celui qui le devance n'est dissout complètement. Dans l'intervalle des
deux sucres je suis dans l'attente, dans le rien, mais quand le son du deuxième
sucre cacophone , je me réveille en quelqu'un d'autre, c'est-à-dire que je
prends conscience de nouvelles aspirations qui me viennent d'un nul part.

Je me trouvais seul chez moi, fixant d’un regard morne les gens qui passaient
sous ma fenêtre. Trouvant le temps long, je m’imaginais en train de coller, sur
le front de chacun, une étiquette sur laquelle figurait le nom d’un animal lui
ressemblant familièrement. Parfois, sur les quelques personnes douées d’une
physionomie particulière, j’hésitais longuement à trouver le nom d’une bestiole
qui leur correspondit parfaitement. Mais une fois que ce fut fait, j’assignai à
ma cible, un type de caractère propre à son apparence animale. En voyant un
homme à la tête de chat, je concluais qu’il s’agissait d’une personne habile,
prudente, autodidacte, et lunatique. En repérant une femme aux grosses lunettes,
je concluais qu’il s’agissait d’une femme-mouche passant son temps à importuner
son entourage, - si il en fut un, - et qui se plaisait très certainement à
fourrer son nez dans les coins les plus insalubres de la ville. Toutefois, ce
jeu, - bien qu’il me permette, durant de tels jours, de ne pas sombrer dans
l’ennui le plus glauque, - se voit dénué d’intérêt dans la mesure où le café, -
installé juste en face de chez moi, - n’attire exclusivement que des habitués de
la boisson qui disposent à peu près tous de la même allure déconfite de chacals
véreux. Ainsi, chaque jour, la chance de trouver des animaux réellement dignes
d’intérêt au sein du quartier, se voit radicalement restreinte par la présence
de ce misérable établissement.

J'ai mal au coeur, et ça n'a rien à voir avec les sentiments, mais plutôt avec
une histoire d'imbibition. Un peu comme s'il y avait une fleur prise sous une
cascade, qui veut pousser grâce à l'eau et en même temps qui peut pas parce que
c'est trop de poids (hahaha).
Coucou.
Mon incohérence tu peux te la foutre au cul, t'entends ? Au cul ! Oui c'est à
toi que je parle, oui toi là, c'est bien à toi que je parle. Tu devrais te
sentir viser, mais tu hésites encore, tu sais pas de qui il s'agit, si c'est de
toi ou si c'est d'un(e) autre, alors que t'es tout(e) seul(e) à ta place et qu'à
côté de toi c'est le vide. Que t'es détaché(e) de tout.
Par exemple, t'es pas collé(e) à ton grille-pain, ni à ton frigo, et même
lorsque tu poses ton derrière sur une chaise, t'es pas vraiment collé(e). T'es
tout(e) seul(e), t'as ta propre limite à toi en dehors du grille pain, du frigo,
et de la chaise. On peut te voir avec un stylo dans les mains, et comprendre à
quel point il résonne en toi, une alchimie. Pourtant t'es complètement
détaché(e) de lui, tes doigts ne collent pas fort au stylo, tu peux les délier
facilement. Et on peut te séparer de ton stylo. Comme on peut te séparer de tout
ce qui compte pour toi.

Hier et les ex-jours présents tu croiseras le chien du quartier. L’ô la haut


reste l’eau reste au froid pour les mouches non pour les mammouths là au fond de
l’air l’intravéneuse non l’extravéneuse de l’âme. Aujourd’hui et ses co-jours
présents le papier est une pastille pour la toux. Pour tous oui et pour les
aspirateurs à sang à sens qui se cachent dans l’eau de mère sale non / et salée.
Sucré de betterave.

Il arpenta les sentiers tracés jadis par les Nazcas, des jours durant,
contemplant les couchers de soleil qui s’y alignent lors des solstices. Il
escalada les cimes Tibétaines et constata que le climat n’avait pas assez
endolori la main de l’homme pour l’empêcher la construction de lieux saints. Il
se rendit à la carrière d’Assouan, ému à la vue d’un long bloc emprisonné dans
le granit que révélèrent les matèlements incessants des boules de dulérite sur
la roche. Il médita à l’intérieur d’un tumulus en Bretagne dont un dolmen
annonçait la cavité, et repartit vers l’est dans l’espérance de trouver dans
l’air ancestral de Babylone, les derniers échos de la langue adamique. Sur
toutes ces terres où des peuples oeuvrèrent pour l’édification d’une
transcendance, il y répandit des larmes d’une émotion si forte qu’il ne put en
comprendre la nature. Il s’étendit sur l’île de Pâques, la terre la plus
éloignée de toute autre, un crocodile océanique vint s’allonger près de lui sur
la berge, et ensemble, ils évoquèrent l’existence d’un soleil si bleu, qu’à
travers l’azur, il n’était point possible d’en discerner la limite.
Son attrait pour les civilisations et les majestuosités dont elles avaient le
courage l’amena à s’intéresser à l’une d’entre elle qui était, — à l’époque de
son périple — dans son plein essor et qui, dit-on, était si puissante qu’elle
était parvenue à assujetir le monde entier en moins d’un siècle. Il s’y
confondit et fut surpris, sinon effaré, par les carcans gris qui avaient fini
par rendre l’essentielle uniformité du monde de ces hommes. Il trouva des lieux
où ce qui était convenu comme étant de l’art y était centralisé en un flux
intarissable. Ainsi il visita Beaubourg, le Tate Modern, le MoMA, et il y rit si
fort, — d’un rire de la couleur du soleil qu’il ne reconnaissait pas, et d’une
façon lumineuse, — que tous les hommes purent, durant un moment, mesurer la
honte qu’ils dissimulaient en leur for intérieur. Ne pouvant se contenir face à
cette mise en scène désolante, il s’insurgea contre ceux qui pensaient qu’il
faisait parti de leur semblable. Il les prenait un à un, les décollait de la
terre, les mettait en proie au vide d’où ils étaient apparus et dont ils avaient
résolument peur, puis, par les mots, les rendait à leur propre ignorance.
Pour quelles raisons avaient-ils renoncés aux éléments, aux énergies, à leurs
Dieux envers qui ils étaient tellement dévôts ? Pour quelles raisons leurs
actions communautaires, plutôt que de se placer sous une même bannière, ne
résidaient plus que dans la volonté de se démarquer d’autrui ? Quelle folie les
a amenée à croire qu’ils pouvaient être leur propre Dieu ? Quelle folie les a
amenée à penser que leur art pouvait se nourrir uniquement de la foi qu’ils
avaient en eux-même ? Pourquoi s’étaient-ils réfugiés dans leurs villes, si
loin de leur terre et de leur mer, comme s’ils s’avouaient être devenus les
parias, et néanmoins maîtres de ce monde ? Comment avaient-ils pu se distancier
autant de ce qui faisait l’essentiel de vivre ? Comment avaient-ils pu se passer
si longtemps le flambeau héréditaire de cette amputation de la vie? A quelles
fins ? Etaient-ils capables seulement de se figurer leur propre fin ? Comment
ne pouvaient-ils pas se rendre compte que leur art n’était que la paraphrase
d’une société malade ? Comment pouvaient-ils se complaire dans un art qui
n’était plus que le questionnement de sa propre remise en cause ? Comment
pouvaient-ils se complaire dans un art qui, — une fois qu’ils l’eurent débarassé
de la foi qu’ils vouaient autrefois à leur environnement originel, — ne parlait
plus que de ses déplacements internes ? Dans un art qui se dévorait de
l’intérieur ? Dans un art qui s’autoproclamait ? Comment ne pouvaient-ils pas se
rendre compte que leur conception de l’art et de l’espace ne se matérialisaient
que pour justifier, crédibiliser l’existence de leur infra-monde névrotique ?
Comment ne pouvaient-ils pas se rendre compte qu’ils ne pouvaient plus rien
concevoir sans parler d’eux-même, sans se mordre la queue ? Comment ne
pouvaient-ils pas comprendre que leur désir de faire état de leur présence au
monde, sans l’éprouver en adéquation avec les éléments, était voué à l’échec ?
Comment ne pouvaient-ils pas pressentir que leur créativité était devenu le
spectacle de leur propre mort ? Que les critiques qu’ils opéraient à l’encontre
de leur propre devenir, — lorsqu’elles avaient lieu lors d’un accès de
conscience, — étaient les tables de dissections sur lesquelles ils
s’amoncelaient ? Comment ne pouvaient-ils pas comprendre que la vanité qui les
poussa à évincer la sélection naturelle provoquerait leur asphyxie ? Comment ne
pouvaient-ils pas voir que leurs institutions mises en place, tous les organes
qui constituaient leur inframonde se comprimaient déjà de l’intérieur au profit
d’une congestion ? Comment pouvaient-ils ne pas se comprendre eux-mêmes ?
Il leur disait tout cela, et il n’entendait en retour aucune réponse, aucune
excuse que cette humanité pouvait donner qui méritait d’être louée, car elles
étaient systématiquement sous le joug du ‘‘je’’. Il leur fit part, en dernière
parole, que l’art est d’en finir avec l’art avant même qu’il ne commence, plutôt
que de pratiquer un art qui se (dé)finit lui-même.

Des amis sautaient du haut d'un building. J'étais en bas en train de boire un
verre avec des filles et, les voyant, je m'exclamai (gravement) : ''Putain les
enculés ils me font chier''. Les éclaboussures. Putain. Putain. Enculés.
Puissiez-vous ne pas vous réjouir après votre mort de l'embarras dans lequel
vous me mîtes en sacrifiant votre importance dans le seul but de me faire du
tort, entreprise louable dans la mesure où je vous serais gré que vous ne
m'imposassiez plus de prise de parole lors de vos présences à mes côtés. Chié.
Dorénavant, j'arpente les rues, rouge de souillure, et plus personne ne me
parle. Oui, je suis assez rouge pour qu'on puisse baisser les yeux d'assez loin.
En fait, je suis assez seul pour que je puisse me reconstruire sans un écho. (du
passé.)

C'est curieux comme le sexe est proche de là où sort la merde. Ce doit être ce
qui le rend particulièrement excitant. Preuve que la merde peut aussi sortir par
la bouche.

J'ai rencontré une guêpe qui n'avait plus la force de voler. Elle tournicotait
sur un morceau de pierre de Caen que je hissai sur un muret sans qu'elle ne s'y
décolle. Le muret qui supporte la pierre sous la guêpe. N'importe quelle guêpe,
trouvant l'élévation importune, aurait au moins fait montre d'une de ses plus
belles offensives aérienne à celui qui, enserrant la pierre sur laquelle elle
vaque, pose ses doigts trop près de son corps bariolé ; or cette guêpe n'était
manifestement pas comme les autres. Elle frottait à l'aide de ses deux pattes du
devant ses épaisses antennes noires avec un acharnement tel que je la suspectai
de se débarrasser de tout son être, couche après couche. A un moment, une
bourrasque de vent survint qui balaya la guêpe de la pierre. La pierre prise
jadis entre la guêpe atone et le muret.

J'éructe la merde du cerveau par l'écriture.

Je suis descendu tellement bas dans la page d'accueil facebook que j'ai trouvé
le profil d'Alexandre Legrand.

Facebook est l'organe-clé du nouveau communisme qui opère non plus une
collectivisation des biens de production définissant l'ancienne version, mais un
processus d'appropriation collective des informations personnelles sans
distinction d'une appartenance à une classe sociale.

Redresser sa mâchoire n'est pas facile, mais ce matin j'ai senti les os de mon
crâne bouger, c'est bon signe.

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Discours de l'amiral Castral lors du pot organisé en l'honneur de l'exécution
provisoire des zouaves libéraux de Malte :

" Je ne sais pas je ne pense pas je ne préconise pas je ne devance pas je ne


projette pas je ne m'immisce pas je ne sais pas je ne singe pas je ne parle pas
je ne rie pas je ne vais pas je ne voyage pas je ne veux pas je ne souffre pas
je ne crois pas je ne prétends pas je ne darde pas je ne bande pas je ne bâton
pas je ne rien que je ne que dalle pas je ne que plus vide je ne que que ma
queue je ne que ce que je que
que."

Bien entendu, nous, le RGCE (le réfectoire des grands cas endormis), ne pouvons
cautionner de tels propos quand nous savons que ce même amiral commanda au cours
du dernier mandat, et ce dans le plus grand secret, un hors-d'oeuvre dont les
composants essentiels furent sujets à de nombreuses tentatives de détournements
à l'exportation. Comment pouvons-nous en effet cautionner de tels propos lorsque
celui qui les tient n'est pas capable de donner au peuple l'exemplarité d'une
assiette ?

Nous vous prions donc de faire suivre ce message sur les réseaux sociaux dans
l'espérance de traduire à la justice le coup de fourchette de l'amiral Castral.
Merci pour votre coopération.

Partagez.
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aujourd'hui je suis allé dans deux supermarchés différents, c'est-à-dire qui se


trouvaient éloignés l'un de l'autre, et aussi incroyable que cela puisse
paraître j'ai trouvé dans le rayon charcuterie du deuxième exactement le même
jambon que dans celui du premier, la même découpe, le même emballage, le même
visuel, la même date de péremption avec la même typo en pointillés... Je n'ai
aucune explication sur ce que je viens de vivre.

Aujourd'hui j'ai reçu une balle dans la tête. C'est pas si mal, elle occupe la
case, puis ça plaît aux femmes.

Dés foies qu’moi j’aime les carton dés foies qu’ça m’pace dans les mains de la
chaire. qu’ça spli facilemen la ou qu’ça s’plie ent lé doits des main dla chair,
la ou qu’ça trou com du papié épé, la ou qu’ça peu voir au traverre avec de
loeil, du cou d’oeil au traverre de l opac carreton pour voir derriere l’bout
d’carton invisible. l’bout de carton évapore le trou. Il n’a plus une certaine
partie de lui du trou qu’il n’a plus, comme un manque ou une ouverture. Une
respiration ? Oui. La nouvelle ère du carton que nous contemplons dans son
travers. Jadis rectangulaire, lisse, droit, plat et plein. Aujourd’hui bossué,
souillé, tordu, déchiré, éventré, dépiauté, balloté, écrabouillé, collisioné,
collé, stylo-et-feutréisé, carambolé, bouillassé, gadouisé, croquéisé par des
ratisés et autres chats sauvagéisés, un cratère, une montagne de pacotille
meurtrie par le dehors, par les pieds, par la marée, par les crottes de pigeons,
les pieds recouverts de crottes de pigeons, par ce qui recouvre les marées, et
puis par l'écume, le sable, les galets, le vent, le bitume, les roues, les
poubelles, d'autres cartons, le plastique qui empêche certains cartons de
respirer, des produits, le sucre, les graisses jetées des restaurants, les
mouches, la pourriture, le foutre, les habits qui jonchent, la sueur des habits
qui jonchent, les mains de ceux qui n'ont rien à faire d'autre que de saisir des
cartons moisis, et celles de ceux qui ramassent parce qu'ils trouvent une
certaine esthétique dans ce qu'ils ramassent, l'évaporation, les couleurs des
arc-en-ciel, les couleurs invisibles des arc-en-ciel, les mégots et les pétards
du quatorze juillet ; bref voilà une montagne de pacotille meurtrie de ne pas
avoir un toit. Je vais prendre soin de toi pauvre petit carton, tu profiteras de
la chaleur d'un foyer affectueux et tu n'auras plus rien à craindre de la
violence du dehors. Viens petit carton, carton unique, carton qui sort du lot de
par son vécu, de par une personnalité qui lui est propre, viens mon carton il
encombre l’enfoiré, salopard de carton toujours dans mes pattes, putain dégage
de là, tiens un coup dans ta face, dis tu l’as senti le cou dans ta fasse hein ?
Mais qu’est ce tu fou batar tu fou koi la, tu rtombes plu loin par terre, tu
mpren pour un con ou koi j’vai t’déchikté pouritur wé jvé tcrevé avec lé den jvé
lécé mé ner prend souin dtoi jvé t montrai moi jvé t'montrai moi jvé te jvéte
oué tvavoir

Chez nous, le spirituel est une lente expiration faite à l'intérieur d'un
tramway bondé, c'est un léger bourdonnement des cordes vocales effectué les yeux
mi-clos lors d'une tablée un peu trop bruyante, c'est la sérénité qui contient
les nerfs, c'est le bien-être sans l'expression, et il est répandu par des
moralisateurs, des amateurs du dimanche qui somnolent dans des gymnases et
achètent les revues appropriées pour ce type d'activités pointillistes (non pas
pointilleuses).
Nous avons tous en tête l'image, ce cliché, du vieux sage stoïque qui chaque
fois qu'il fait part de sa bonne parole semble être touché par la grâce, mais
son visage se crispe t-il de douleur, ses rides se tordent-elles dans une
singulière expression, sa voix s'éraille t'elle lorsqu'enfin il chie ?
Pour ça y a pas à dire, on est tous en manque de Diogène.

J'ai envie de parler et que ce soit important, j'ai envie de sortir des mots qui
soient importants et qui témoignent de l'importance qu'ils ont. Je veux qu'on
écoute ce que j'ai à dire. Qu'on me juge pour ce que je dis. Je veux que les
gens fassent de ce que je dis de l'importance. J'offrirai sur un plateau
l'importance qu'ils se font de mon offre. De la reconnaissance ça s'appelle.
J'exige de vous de la reconnaissance pour des mots que je dis et qui vous
concernent de par l'importance que vous en donnez. J'exige de vous de la
reconnaissance pour des mots que j'ai voulu sans qu'ils ne parlent de moi, sans
qu'ils ne me concernent, ni ne m'évoquent, qui ne peuvent faire sens que pour ce
qu'il y a d'étranger à moi. J'exige de vous de la reconnaissance pour ma retenue
et mon humilité qui sont les garantes de mon inexistence au monde. J'exige de
vous de la reconnaissance car c'est ce qu'il me manque pour être vraiment. non
mais qu'est ce que ça envoie bon sang de bon sang de bois. Non mais franchement
ça envoie. Ca déboîte sa mère. T'as cassé les trois pâtes à mamie dans les
orties. Tu sais ça peut te faire de la tune cette merde. Le problème c'est après
si tu deviens célèbre. Tu es sujet à la surexposition médiatique et tout, c'est
le bordel. Tu sais avec des melons et des dents en or j'espère que t'aimes le
limousines parce que tu risques d'en chier avec dans les embouteillages c'est
une horreur avec la longueur que ça a tu peux pas braquer tu peux rien faire sur
les petites routes embouteillées et même quand t'es en ville c'est la merde
c'est juste bon à se faire remarquer en sortant de boîte avec ta carte VIP tu
fais cent mètres en sortant avec ta limousine puis après tu la ranges pour
reprendre ta poubelle tu sais moi j'ai une 206 toute équipée et s'tu veux j'ai
des portières de R21 si tu veux des portières de R21 pour remplacer tes
portières de R21 ouais c'est ça fais gaffe pour rentrer chez toi moi je vais
faire pareil on sait jamais on peut tomber sur un drôle de loubard sur la route
et bambambam vla qu'il se ramène avec ses potes qui comme lui ont raté leurs
épreuves du bac de l'année dernière et vont faire ce qu'ils font de mieux depuis
trois mois c'est-à-dire dégommer des bouts qui dépassent des épaules des gros
bouts qui dépassent d'entre les deux épaules des gros bouts comme ta grande
gueule

Le troisième type sera une sorte de vache. Les premières images de cet être
natif d'ailleurs proviendront d'un petit robot appelé Christophe Cartier, envoyé
sur un lointain caillou pour prélever quelques herbes et épices. Cette
découverte fera l'émoi des têtes pensantes de la NASA qui jamais n'auront cru
faire une telle découverte. Ils se feront de grandes tapes dans le dos et riront
à coeur joie devant leurs terminaux qui diffuseront les images de la douce bête
broutant. On montrera aux infos les images de l'étrange ruminant, ainsi que les
images des scientifiques s'enlaçant avec des sourires devant les images de
l'étrange ruminant. Celui-ci apparaîtra en décalque sur des t-shirts et des
mugs, surmonté par des légendes très drôles signées par des agents en marketing.
Une fois remis de leur émoi, les scientifiques se pencheront sur un tout nouveau
projet, le projet CAROTTE qui consistera à amener la vache extraterrestre sur
Terre. Un vaisseau pouvant l'accueillir sera envoyé sur la lointaine planète, il
atterrira sur l'aire de pâturage, un robot programmé pour tenir une carotte au
bout d'un fil sortira du véhicule volant et attirera la bête à l'intérieur. Le
voyage de la bête devant durer 200 ans, elle sera cryogénisée tout du long. Une
fois sur Terre, on la décongèlera, elle voudra alors se mettre à brouter, mais
on l'en empêchera immédiatement pour la soumettre à quelques expériences. On
tentera de savoir, entre autres, si cet être, contrairement à ses semblables
terriens, supporte les farines animales, s'il peut bouffer sa merde pour
engraisser plus vite (au plaisir des éleveurs industriels qui élèveront leurs
bénéfices à frais quasi nuls). Et bien sûr on tentera de l'inséminer avec
différentes espèces pour savoir laquelle pourra la féconder. Bref, tout le monde
se sentira content et rassuré de ne pas être seul dans l'univers.

Y a de ces trucs qui m'disent d'ces choses des fois. De ces bidules qui m'font
des remarques à propos d'un machin qui passe dans un endroit à un moment donné,
et pis moi bah parfois je réponds ou je réponds pas même. Ca dépend des choses
qui m'sont dites et du temps qui passe entre le moment où les choses sont
terminées d'être dîtes et le moment où je suis prêt à répondre même si je le
fais pas. Y a un de ces bordels.

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L'indifférence de la politique est politique. Ne pas vouloir parler de politique
est politique, c'est-à-dire que ne pas vouloir parler de politique c'est déjà
assumer le désintérêt que la politique générerait pour certains, soit par le
fonctionnement de ses organes politiques, soit par ses représentants, soit par
sa carence en sex-appeal. Ceci dit, en admettant que ne pas parler de politique
et que parler de politique sont deux propositions différentes, il faut, pour
savoir laquelle de ces deux propositions nous appliquons, s'enquérir de ce qui
est politique et de ce qui n'est pas politique. Entreprise vaine. Comment nous
autres qui nous tenons debout, faisons la bise en guise de bonjour, accrochons
dans nos intérieurs des cadres en faisant attention à ce que les bords
supérieurs soient parallèles au sol, pouvons entendre quoique ce soit à ce qui
n'est pas politique ?

Ce qui n'est pas politique concernerait-il les lapins, les cacahuètes, les
météorites, ou l'eau ? Pas tant que les lapins seront concernés par la politique
de la chasse, les cacahuètes par celle de l'industrie, les météorites par celle
de la recherche, et l'eau par celle de la préservation des ressources.
Cela m'amène à ceci qu'il est navrant - à l'heure d'aujourd'hui du moins - de
croire, tout idiot, tout poète, tout berger, tout voyageur qui prétendrait avoir
capté dans l'essence d'une écorce, d'une fleur, de l'oeil d'un animal, ou dans
le mouvement des vagues un quelque chose qui appartiendrait entièrement à cet
élément, 'un quelque chose qui transcenderait l'homme', car cela ne serait
point.

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Jin Andro pourchassera le machiavélique professeur Isidore jusqu'au centre de la


terre afin d'arracher de ses mains le 'scalpel du doute', un outil doté d'un
grand pouvoir qui, lui seul, pourra parfaire la chirurgie plastique que pratiqua
le professeur Isidore sur Jin Andro.

L'art est une nourriture de l'esprit, il permet à celui qui s'y sent concerné
d'échapper, au moins pour un temps, aux exigences de son quotidien mécanique.
Bien sûr on ne parle pas des artistes qui font de l'art leur mode de vie
mécanique.

L'art c'est pour les branleurs, c'est pas ça qui va tondre ma haie et ramener le
pain sur ma table.

La régression commence quand un homme se préoccupe davantage de ce qui sort de


lui que de ce qui y entre.

Aujourd'hui on est tombés sur un nid de guêpe. Mon chef a appelé les pompiers
qui sont venus, et on les a regardés s’occuper du nid de guêpe. Une haie
attendait d’être taillée à côté mais c’était pas possible parce que les pompiers
ont des uniformes qui hypnotisent. Ils nous ont dit qu'il fallait sécuriser le
périmètre. "Vous avez de quoi le sécuriser ?" qu'ils nous demandent. Par chance
on avait de quoi sécuriser, oui.
Une fois qu'on eut finit de délimiter la zone critique avec du ruban, le plus
jeune des pompiers la pénétra. Il avait revêtu une combinaison de cosmonaute et
il s'avançait péniblement, armé d'une pelle, vers la butte de terre où devait se
trouver le nid. Il essaya de creuser mais la terre était trop dure, il revint
sur ses pas, posa la pelle pour prendre à sa place une pioche, puis alla la
planter à plusieurs reprises à l'endroit où on soupçonnait l'existence du nid.
Curieusement, pas d'agitation de la part des guêpes, on n'en vit pas une pointer
le bout de son dard. Alors le courageux pompier continua de donner des coups de
pioches et élargit le trou. "C'est qu'il doit être profond" affirma mon chef au
bout d'un moment en voyant que le pompier commençait à douter sérieusement de
l’existence d’un nid. Il avait les yeux grands ouverts rivés sur la combinaison
du pompier, il bavait un peu et avait ses jambes fléchies comme celles d'une
grenouille ; c'est ce qui m'a le plus intrigué : ses jambes. Ses genoux
pointaient vers deux directions opposées, il les joignit d'un coup sec en
faisant "croootui". Il écarta à nouveau ses cuisses, les referma, les rouvrit,
les referma, les rouvrit, les referma, les rouvrit, les referma, les rouvrit,
les referma, les rouvrit et les referma encore pour les rouvrir, sans s'arrêter.
crotui crotui crotui crotui crotui crotui. Un aveugle intervint à ce moment là
pour savoir si nous avions besoin d'aide pour changer la roue, nous fîmes
semblant de ne pas le voir.
"Tu aimes mon pas de danse bourrico ?" vociféra mon chef au cosmonaute. Il
tournait sur lui-même avec sa tête tournant dans le sens contraire du reste de
son corps, cela donnait l'impression qu'il se tenait immobile. Interloqué par le
comportement fort peu approprié de mon chef, le plus âgé des pompiers entreprit
d'élever le niveau de discussion, il posa une des mèches de cheveux de sa femme
(il nous appris qu'il en gardait toujours quelques unes dans sa doublure de
manteau) sur la langue d'un cheval hypnotisé qui se trouvait dans le champ à
côté duquel nous nous trouvions, puis il se mit à remuer les parties supérieure
et inférieure du museau de la bête afin de facilité sa mastication ; tout en se
faisant il nous appris que l'huile de noix, en plus de renforcer le cheveu, lui
attribuait une propriété spéciale qui le rendait comestible pour les mangeurs
d'herbe. Apparemment un brin de cheveu badigeonné d'huile de noix équivaut à peu
près à deux bottes et demi de foin.

je n'aime que moi

Je chie à l'image d'une main qui verse de l'eau dans son vin.

"Tu regardes l'oiseau là-bas ?


- Oui.
- Tu regardes l'oiseau ?
- Oui.
- Tu regardes cet oiseau ?
- Oui.
- Cet oiseau ?
- Oui, cet oiseau.
- L'oiseau là ?
- Oui.
- L'oiseau rouge ?
- Oui.
- L'oiseau tout rouge dessous ?
- Oui.
- Et gris bleu dessus ?
- Oui.
- Cet oiseau là, tu le regardes bien, hein ?
- Oui, je le regarde du mieux que je peux.
- Vraiment ?
- Oui.
- Du mieux que tu peux ?
- Oui oui.
- Vraiment du mieux du mieux, mieux que n'importe quel autre regard que t'as
jeté ?
- Je dirais que oui.
- Il faut que t'en sois sûr mon p'tit.
- Eh bien s'il faut que j'en sois sûr, j'en suis sûr.
- Ma parole, mais ce que t'en es sûr !
- Oh oui. Il est vrai que j'ai eu un doute un moment, mais là j'en suis certain.
- 'Certain' ? Ca m'épate.
- T'as encore rien vu.
- Tu sais, j'ai vu l'oiseau bien avant toi.
- Peut-être, mais je continue à le regarder.
- Et pas moi ?
- Non, tu parles.
- Et pas toi ?
- Non je réfléchis.
- Arrête de faire ton intéressant, toi aussi tu parles.
- Et alors, que cela change t-il au fait que tu as commencé à parler ?
- Oui.
- T'as pas dû bien entendre ma question : que cela change t-il au fait que tu
parles ?
- Oui.
- Tu peux pas répondre oui en sachant que ça colle pas.
- Bien sûr que si.
- Sois pas de mauvaise foi, pour une fois que je te demande quelque chose.
- N'inverse pas les rôles.
- Reste à ta place. T'as ta place pas vrai ? Alors garde là, elle est précieuse.
- Mais qu'est-ce que tu dis ?
- J'ai dit ARRÊTE.
- Quel bel oiseau bleu en dessous et gris bleu dessus.
- S'il est gris bleu dessus et bleu dessous, peut-on dire qu'il est bleu tout
court ?
- En fait non, au début on avait dit qu'il était rouge en dessous, pas bleu.
- Ah oui, on est cons.
- Ca arrive.
- Oui, ce n'est qu'un oiseau de toute façon.
- Attends voir. Il est sur une branche ?
- Oui.
- Il est sur une branche, vraiment ?
- Oui.
- Tu trouves ça croyable ?
- Pourquoi ç'la s'rait-il incroyable ?
- J'ai pas dit 'merveilleux', j'ai dit 'croyable'.
- Explique-moi la différence.
- Eh bien, la branche est en bois, et l'oiseau en plume. Et c'est parce que le
bois est plus lourd que la plume que la plume peut se poser dessus, tu vois ?
- Je demandais pas cette différence, mais ouais.
- En conséquence, si le bois est sur la plume on voit un oiseau écrasé.
- Dans ce cas, ne serait-ce pas un oiseau écrasé qu'on r'garde, y a une branche
en haut.
- La branche 'en haut' comme tu dis n'est pas SUR lui, elle est AU-DESSUS de
lui.
- Je vois pas la différence.
- Si on met la branche qui est AU-DESSUS de lui SUR lui, considère qu'il y a une
différence de poids.
- La branche ne pèserait plus le même poids une fois sur l'oiseau ?
- Non, c'est juste que l'oiseau ne sentirait plus son poids.
- Je vois. Il ne sentirait plus son poids car la branche lui aura pris. Quand
même, ça me chiffonne, tu disais pas que la plume et le bois étaient forcément
différents ?
- Si, pourquoi ils ne le seraient plus ?
- Eh bien, si le poids de l'oiseau est pris par la branche une fois qu'elle est
sur lui, c'est qu'il est dans la branche, qu'il EST branche.
- Attends, attends, t'emballes pas avec tes amalgames pourris. En admettant
qu'il soit dans la branche tu peux pas dire qu'il EST branche. Toi par exemple,
il t'arrive parfois d'être à l'intérieur d'un bâtiment, c'est pas pour autant
que tu deviens bâtiment.
- Normal, je n'ai jamais été mort dans un bâtiment, c'est pour ça. La mort ne
peut s’échapper de ce qui est clos.
- Pfff, tu vois la clairière là-bas ? deviens elle.
- Je crois qu’il y a trop d’espace entre chaque arbre pour me le permettre.

tutbats pas trop mou alors tu veux pas t'affirmer tu veux pas prendre de place
t'impose pas c'est de la générosité oui c'est gentil crève va donc dire des
choses intéressantes si tu veux pas lutter oh oui c'est la facilité que tu veux
c'est tellement clodo y a des sdf qui demandent que des pieces pour vivre en
tant que des sdf

Tout le monde qu'est d'dans, ici, i'm'regarde. Il m'ausculte jusqu'au trognon.


Si on considère que mon trognon c'est de rester assis quelque part avec un verre
dans la main

Le savon de Mme Culiscendre glissa de dessous son aisselle, rebondit violemment


sur la fonte de la baignoire, traversa la ruelle de fenêtre ouverte en fenêtre
ouverte pour atterrir dans le creux des mains de Selarjan, concepteur-designer,
qui, dans l’instant, mimait la forme du nouveau diable de cuisine qu'il désirait
soumettre à sa directrice de création. L'apparition extraordinaire et non moins
inattendue du savon dans ses mains fit taire Selarjan. Il ne parlait plus
désormais de la courbure ergonomique du diable conçue pour dorer le coeur des
pommes de terre avant leur épiderme – évitant de trop les griller. Il pensait à
autre chose. Que ce savon n'était pas arrivé dans le creux de ses mains par
hasard, qu'il était arrivé bien trop impeccablement pour que cela soit une
coïncidence. Ce savon était venu des cieux et l'avait choisi. Il était
maintenant l'élu du savon. Il serait destiné à faire de grandes choses. Au
diable les satanés féculents. Il parcourrait les villes, les villages, les
bourgs, les hameaux, et les gens seraient éblouis par son aura divine. Bien sûr
Selarjan était un con. Il n'est pas possible de cuire le coeur d'une patate
avant la peau sans la couper en deux.

Galadilak ass kalidamoon galih ground. Oh c'est quoi ce bordel bordel de cul de
merde chiotte tu me prends pour un con ou quoi tu me prends vraiment pour un con
enculé je t'encule enculé non mais ho. non mais ho quoi tu mprends pour qui la
j'vais à la fermure à la fermure à la fermure stp stp mon refrè héhéhé canapé
beau canapé il est beau le canapé où tu t'allonges gerbé.

On a un triangle et l'idée d'un triangle. Lorsqu’on attribue un côté


rigoureusement droit à l'idée du triangle par dessus l'idée d'un de ses côtés,
on décèle une forme fantôme qui ajoute des potentiels créatifs (voire simplement
ruminatoires) sensibles de faire douter de l'importance du triangle. Déduisons
que l’idée du triangle est plus forte que le triangle puisque le triangle ne
possède pas de formes fantômes.
Le triangle est mort dès lors qu’il existe, à l'image d'une toile de peintre
achevée. On le regarde ce triangle, et qu’est-ce qu’on en déduit ? Qu’il est un
triangle achevé, un triangle dont la perfection fait qu’il ne renvoie qu’à sa
propre condition de triangle. Pas d’anfractuosités, pas de déformations, tout
est bien carré et bien lisse. Il n’y a qu’une forme morte devant nous qui n’en
déduisons rien. L’idée du triangle, elle, nous anime forcément, son
approximation nous oblige à la rattacher à ce quoi elle ressemble le plus – à un
triangle – car, à vrai dire, elle ne ressemble pas à grand-chose. On pourrait
envisager une autre idée d’un triangle sans que nous puissions nous dire qu'elle
évoque un triangle, peut-être l'idée d'un caillou ou d'un nuage, mais pas celle
d'un triangle ; pourtant c'est bel et bien à un triangle que cette forme se
rapporterait.

La conscience morale c'est un truc exclusivement humain, comme la flemme.

c'est une pièce en 2 actes un président défile dans la ville debout dans une
voiture un garde du corps armé d'un sniper se trouve sur un toit il regarde le
président dans sa lunette et sans faire exprès il presse la détente le président
est touché on demande au tireur d'élite pourquoi il a fait ça il dit que c'était
un accident qu'il avait eu mille occasions de tuer le président depuis le temps
et que personne n'est à l'abri d'une étourderie alors ça cause tout le monde est
bien embêté le président est mort pourtant personne n'avait rien contre lui il
est mort par inadvertance alors on sait pas quoi faire le garde du corps
s'excuse c'est pas un mauvais garde du corps on lui dit qu'on lui trouvera un
autre président à garder en attendant le garde du corps est en week end il pense
à tout ça en se promenant dans la rue un sdf lui demande une pièce il lui dit
non le sdf s'en va en grommelant le garde du corps va au travail le lundi il n'a
plus personne à garder alors on lui dit de faire le café et que faire le café
sera peut être la seule chose qu'il fera pour longtemps c'est la merde le garde
du corps se plie aux basses exigences des flics de bureau les années passent le
garde du corps a une calvitie et des rides il est tout déconfit tout penaud il
est proche de la retraite on lui dit qu'il va être licencié sauf que celui qui
lui dit ça c'est le sdf qu'il rencontra des années plus tôt en fait le sdf avait
une fausse barbe et dessous c'était le président il jouait un double rôle depuis
le début c'était une conspiration préparée avec soin depuis des lustres

Je tenais une auto-école, je vivais dans un grand studio aménagé, le jour


n'existait pas, je voyais continuellement, derrière les grandes baies vitrées de
mon chez moi, le grand écran qui maquillait les visages des élèves absorbés de
ses boucles d'images grises. Je rôdais dans ma grotte emballé dans mon costard
discount geignant comme un connard. Il fallait changer. Je fomentai un plan
abominable, un charnier. Je ne sais plus exactement comment cela fut possible
mais, de toute évidence, quelque chose de monstrueux vivait dans cette pièce,
une chose incroyable dont je ne saurais dire si elle était physique ou
inconsistante et qui allait pousser cette entreprise à son terme ; bientôt un
puzzle organique jonchait mon studio, et je trempais jusqu'aux chevilles dans un
melting-pot de liquides tièdes. Je n'étais pas libéré pour autant. J'eus des
visions, régulièrement, à n'importe quels moments, lors de promenades, en
regardant la télé, en donnant la bouffe du chien, ma femme attend décapitée sous
un abri-bus, des rats traversent les passages cloutés aux feux rouges, des
sourires s'étirent aux nuques. Je suis perdu dans un hôtel, devant chaque porte
un homme est avachi qui frappe doucement l’arrière de son crâne contre elle, et
me regarde, fixement. Leurs yeux. Je me déplace pour échapper à leur attention,
ils me suivent. Lorsque je leur tourne le dos ils me refroidissent la nuque, et
lorsque je leur fais face c’est une impression de dents de fourchettes excitant
le fond de casseroles de cuivre qui noue l’arrière de mon crâne. Des décharges
inhibées éraflent l’intérieur de ma boîte crânienne, ça se congestionne puis
s'échappe, effusif, de mes cheminées encéphaliques, se dissout au sommet de mon
crâne et enveloppe le pourtour de ma tête d’une aura à en insensibiliser sur sa
potence Saint Sébastien ; oui, des évaporations nouées comme des lances, des
pointes qui retomberaient sur leur pointe, ressortant cependant qu’elles
rentreraient dans leur entre-deux, des pics impossibles, si aigus que d’autres
pics les surplomberaient invisibles, sans jamais en finir, s’incurvant et
s’éventrant à tour de rôle, jusqu’à la congestion des membres, jusqu’à
l’apoplexie, jusqu’à ce que je comprenne que les auréoles qui illuminent les
saints dans les images pieuses ne furent jamais l'indice de leur sainteté, mais
celle d'un phénomène rare qui consiste en l'évacuation charnelle des dépôts de
l'âme. Les frissons encéphaliques, cette mue spirituelle.

Elle s’est ouverte comme une fleur, doucement…


J’ai vu ses cheveux onduler dans le vent, détachés du crâne pulvérisé dont le
retentissement tut les cigales dans leur rengaine. Ses plombages ont miroité une
dernière fois avant de repoudrer sa gorge tendue dans l’ultime effort d’un cri
sans bruit ; je la vois encore rougir : images de langue orpheline, un cœur à
nu, les tripes débordant de leur écrin, sa trachée visqueuse s’ébrouant —
crinière de jument au bord de la noyade, — mais qu’entends-je soudain, que
sens-je ? Le bruit d’un ongle qu’on émiette, une cascade intestinale aux relents
de fraises digérées ruisselant sous mes chausses ; où que j’aille désormais, mes
semelles imprimeront les affres de sa beauté.
Elle s’est ouverte comme une fleur, doucement, adossée au rouleau compresseur en
marche.

- Regarde les chiens.


- Ce ne sont pas les chiens.
- Les chiens, regarde!
- Ce n'est pas regarde.
- Regarde, chien.
- Pour une fois que tu parles de moi.
- Mais regarde chie un les.
- Oui, du lait.
- Qui sort.
- Qui ?
- Non, pas question.
- Quoi ''pas question'' ?
- Non, j'voulais dire que ce n'était pas une question.
- Qu'est ce que tu voulais dire alors ?
- Que c'est ton lait qui sort blanc du fion.
- Ah oui le laidefion. Il en reste ?
- C'est une question ?
- Non, ce n'en est plus une puisque je le vois devant moi dans cette coupole.
- Quel sens de l'observation !
- Je ne sais pas, moi, lequel ça peut être ?
- C'était de l'ironie.
- Mais bien sûr ! Comment n'ai-je pu le reconnaître ? J'ai pourtant adoré son
bouquin "Les affres du premier degré".
- J'ai mal à la chaussure.
- Tu me fais rire.
- Tu m'fais marrer.
Il s’imagine arpenter son appartement du centre de la pièce jusqu’à la porte,
puis de la porte jusqu’au centre de la pièce ; une fois, deux fois, trois fois,
quatre. L'oeil invente un circuit dans la pièce en incarnant un point mouvant
qui se déplace à la vitesse moyenne d’un corps marchant. Neuf, dix, onze, douze.
Le circuit se précise en se dentelant pour éviter le coin de table ainsi que le
sac posé transversalement contre l’étagère, ce qui contrarie la rectitude de la
perspective. Treize, quatorze, quinze, seize. La mémoire participe à l’effort du
regard, l’œil dessine l’appréhension de son propre corps à l’emplacement du
point mouvant, produisant une ombre fine et instable. Vingt-et-un, vingt-deux,
vingt-trois, vingt-quatre. L’expression du visage, — cet air préoccupé, — la
démarche, — ce pas en crabe permettant d’éviter le coin de table suivi d’un
doublet de la jambe gauche qui enjambe le sac dans un élan précipité, —
l’habitude des gestes, — la tête qui oscille pour contempler l’antique cadre qui
a été décroché récemment, qui tournoie promptement en se rappelant aussitôt
l’absence de la décoration, la légère pression exercée par le pouce et l’index
de la main gauche au niveau du deuxième pan de l’étagère permettant de
s’équilibrer et de se donner l’impulsion nécessaire pour enjamber le sac, la
courbe de la nuque et le renfrognement du nez facilitant un coup d’œil lointain
dans l’alignement du judas, — humanise l’ombre au gré de sa marche pénitente.
Vingt-neuf, trente, trente-et-un, trente-deux. Un étranger familier tourne en
rond dans la pièce.

"Regarde, hé regarde, hé regarde " (je ne regarde pas), hé Gustave regarde,


regarde dis regarde (je regarde), regarde je fais le gorille, dit-elle en tapant
ses poings sur sa poitrine).
-"Ha oui."
-"Regarde, regarde, le gorille !"
-"Oui j'ai vu."
-" Je suis un gorilleuu"
-"Tu ressembles pas tellement à un Gorille."
-"Tu dis ça mais t'as jamais vu un gorille en vrai, moi je suis un gorille"
- "J'ai déjà vu des gorilles plus gros que toi."
- "Où ça ?"
- "Ben, dans des parcs où y a des animaux"
- "Hé Gustave, hé Gustave, qu'est-ce que tu fais ?"
- "Ben, j'écris."
- "Pourquoi tu fais ça ?"
- "Ben, parce que j'aime bien ça"
- "Pourquoi t'aimes bien ça ?"
- "Ben, je sais pas. J'aime bien ça, c'est tout. Il n'y a pas de raisons."
- "Mais y a forcément une raison."
- "Ben, sûrement."
- "Alors, dis !"
- "C'est pour faire parler les bavardes."
- "Ha bon!"
- "Ben ouais."
- "Pourquoi tu dis toujours 'Ben ouais' ? Pourquoi toujours 'ben' avant 'ouais',
tu sais pas dire 'oui' tout court ?"
- "Ben non."
- "Mais pourquoi tu peux pas dire que 'oui' plutôt que d'utiliser que les mêmes
mots ?
(Je ne réponds pas). Allez, dis 'oui' tout court.
- "Oui."
- "Tu vois tu peux dire 'oui'."
- "Ben oui."

Le caillou est l'animal le plus téméraire, son atonie est l'objet d'une longue
maturation de la conscience dont il se galvanisa pour incarner l'inertie
physique et spirituelle. Les plus sages d'entre eux bordent les étendues d'eaux
salées et échappent au creux de la main.

Elle regarde le plat de pommes de terre, elle dit :


"C'est des pommes de terre ?"
J’en profite pour exprimer un doute quant au fait de savoir si je dois donner de
l’importance au verre quand je bois de l'eau, ou préférer employer ''eau'' tout
court, sans le verre. En effet, ce qui est à la base un soucis de tournure — il
m’est effectivement possible grâce au mot verre de multiplier les tournures
telles que ‘‘prendre un verre d’eau’’, ‘‘un verre d’eau bue’’, ‘‘absorber le
contenu d’un verre’’, ou de faire en sorte que le verre aille jusqu’à sa
disparition propre et de celle de l’eau en employant, par exemple : ‘‘avaler son
contenu’’. En revanche, utiliser ''eau'' tout seul, sans ''verre'', donne moins
de possibilités ; je n’en vois que deux évidentes : ‘‘boire de l’eau’’ et
‘‘prendre de l’eau’’ (bien que ''prendre de l'eau'' pose le problème de savoir
comment l’eau est prise : avec un verre ? Une bouteille ? Le creux des mains ?),
— ce qui est à la base un soucis de tournure, disais-je donc, me fait prendre
conscience bêtement que l’eau ne pourrait être sans le verre puisqu'il lui donne
sa forme, qu’il la modèle. Un buveur est un sculpteur qui ne fait pas cas de
fétichisme. Les diverses possibilités sur le plan littéral associées à une
éventuelle matérialité de l’eau supposée par le verre, me poussent, de par ces
attraits respectifs, à considérer le verre d'eau dans la fusion des deux termes
au profit du verdo.

Cette nuit j’ai sauvé des enfants d’un train fou dans un canyon. Son conducteur
avait sauté depuis belle lurette, il avait laissé derrière lui une lettre de
créance que je retrouvai dans la locomotive inoccupée ; les petits criaient, je
ne comprenais rien au tableau de bord, il y avait des boutons à la place du
four, et j’en pressais un où était scotché, à côté, au stylo-feutre, une
abréviation du type ‘‘Retr. Arr. Stp’’. Le train s’est arrêté près d’un gîte où
un afro-américain qui m’avait préalablement demandé de l’aider à recouvrir un
graffiti avec de la peinture grise, — c’est-à-dire de la couleur du mur
(entreprise laborieuse dans la mesure où il trouvait plaisant de me faire perdre
les pédales en coupant mon pot de peinture avec du blanc cassé), — y avait mis
le feu par mégarde à l’aide d’une toile cirée. L’ atmosphère était vachement
orangée et il me semble qu’un palmier se trouvait là car je me suis surpris à
avoir eu envie d’un cocktail. Ensuite je suis allé au supermarché avec papa qui
reçut un coup de fil de sa tante qui s’apprêtait à mourir dans son lit, puis
nous avons croisé un homme à l’intérieur du magasin qui tenait un stand de
pâtisseries, lesquelles pâtisseries il se refusait de faire payer car — comme il
nous le fit savoir — la gratuité était une éthique à ne pas saborder qui avait
fait le succès de l’entreprise familiale depuis dix générations ; ceci
expliquait la longétivité de l’entreprise.

Du polystyrène du beurre du pain rassis un couteau deux clous de chantier


Putain mais qu’est-ce qui s’est passé ?

J’ai du polystyrène plein les habits ; cette matière a quelque chose de spécial.
Tu grattes, ça part en confettis, t’en as partout. Il y a un truc qui fout de
l’électricité statique quand tu grattes et ça colle. Sur les vêtements. C’est un
peu galère. Il n’y a pas de tactique particulière pour retirer les confettis de
polystyrène. J’ai essayé en frottant, en tapant des mains, en sautant sur place.

Coucou mamie
je t’envoie cette petite carte pour te dire que je pense bien à toi, je voulais
en profiter aussi pour te remercier des sous que tu m’as donnés. J’espère que tu
vas bien.
Je te fais de grosses bises, à bientôt.

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