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tu dis que tu parles plus car t’as mal de parler. T’as le mal de parler.

Le fait
de parler fait mal c’est ce qui sort quand ça parle qui fait mal. Quand ça parle
trop fort alors que tout ce que tu veux c’est bien dormir. Tu veux juste bien
dormir. Depuis que t’as arrêté de dormir, tu penses à un truc, c’est de pouvoir
dormir et de dormir bien le soir. Alors tout le temps que tu dors pas il sert à
faire en sorte de bien dormir le soir quand tu rentres, il sert à éviter tout ce
qui t’empêcherait de dormir bien, les petites choses qui pourraient te
bousculer, te cogner et te faire crier, te faire sortir de douleur. Alors tu
penses tu penses aux gens qui aiment se faire mal. Y a des gens qui aiment faire
mal aux autres mais c’est à ceux qui aiment se faire du mal à eux-même que tu
penses. Ceux qui cherchent à se faire mal ont le bonheur le plus simple alors tu
te dis que tous les gens qui aiment se faire du mal sont heureux, c’est ce que
tu penses. Mais tu préfères continuer normalement parce que t’es quelqu’un de
normal t’es normal tu te le dis dedans ‘‘moi je suis normal’’ ou quand on
demande où tu te situes dans la moyenne tu dis ‘‘je suis normal moi monsieur’’
avec ta voix haute et distincte tu le dis et c’est rassurant de l’entendre c’est
rassurant d’entendre dire qu’il y a du normal dans le coin, à l’extérieur on
voit pas beaucoup de trucs normaux,
le normal c’est ce qu’il y a chez toi, c’est ton petit monde tes petits bibelots
normaux, c’est ton petit monde tout normal, c’est ce qu’il y a dans les
intérieurs, plein de normal et les gens veulent du normal à l’extérieur, leur
normal à eux, ils veulent rentrer quand ils sont à l’extérieur, ils veulent de
l’intérieur dans l’extérieur ils ont rien contre l’extérieur car y a de l’air
mais faudrait des intérieurs avec l’air de l’extérieur mais plus avec la même
aire,
ça serait mieux d’avoir de l’intérieur dans l’extérieur et puis du normal aussi,
du normal partout, du normal à penser. Et c’est ce que tu fais, tu continues ton
normalement, tu continues à manger, à faire caca, à faire comme les autres, à te
regarder dans les yeux des autres, à essayer de voir dans la tête des autres.
C’est à celui qui voit en premier dans la tête de l’autre que revient le droit
de se montrer supérieur. C’est pas sur ta chaise que tu vas être perspicace.
Arrête de te coller arrête, t’es tout collé à la chaise ou c’est la chaise qui
te colle vous êtes tout collés ensemble tout collés mais tout le monde peut dire
qu’en fait non tu l’es pas tu l’es pas de collé, tu te colles pas comme ça c’est
ce que tu crois mais c’est pas possible de se coller à tout comme ça, c’est dans
ta tête, ça rassure de se coller, pourtant c’est pas possible d’être collé, même
au sol t’es pas collé, t’es pas si collé au sol que ça, tu peux te décoller du
sol pendant un petit moment et puis te redécoller aussitôt quand tu te recolles
à lui, et te reredécoller lorsque tu te rerecolles et puis recommencer tout le
temps jusqu’à ce que les petits fils qui sont à l’intérieur de tes jambes soient
en compote, que ça devienne un jus, que ça tombe en dégoulinades autour de toi,
que tu sois plus qu’un ‘autour de toi’, un autour de rien.

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