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du développement
agricole et rural
des pays ACP
http://spore.cta.int
N°147
juin-JUILLET 2010
interview
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Michael Hailu
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du CTA : “Fair
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dans l’agricult
!”
c’est possible
AGRObiodiversité
Une longueur
d’avance
petits ruminants
Peaux
et troupeaux
aide alimentaire
Prévenir
l’urgence
partageons les connaissances au profit des communautés rurales
Sommaire Spore N° 147 - juin-JUILLET 2010
Aide alimentaire
Prévenir
Michael Hailu
Le moment Éditorial
l’urgence où jamais… L’agriculture évolue. Spore
fait sa révolution. Fer de INTERVIEW
Le magazine
du développement
agricole et rural
des pays ACP
http://spore.cta.int
N°���
JUIN�JUILLET ����
Michael Hailu,
de coopération agricole
4 12
AGROBIODIVERSITÉ
Une longueur
d’avance
À LA UNE interview
Peaux
et troupeaux
l’urgence
ACP, votre magazine est Partageons les connaissances au profit des communautés rurales
13
Dès la prochaine parution, cet éditorial
20 | Focus
La rédaction
Petits ruminants
21 | Publications
Photo de couverture : © Alamy/Hemis.fr
25 | Nouvelles du CTA
est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne, et financé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas
• Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • E-mail : cta@cta.int • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Thierry Doudet,
Stéphane Gambier, Anne Legroscollard, Isolina Boto, Vincent Fautrel, José Felipe Fonseca, Karen Hackshaw, Ibrahim Tiémogo • RÉDACTION : Directrice de la rédaction : Marie-Agnès
Leplaideur • Rédactrice en chef de la version française et coordinatrice : Denise Williams • Syfia International, 20 rue du Carré-du-Roi, 34 000 Montpellier, France • Rédactrice
en chef de la version anglaise : Clare Pedrick • Via dello Spagna 18, 06049 Spoleto (PG), Italie • Version portugaise : Manuela Paixão • CORRESPONDANTS : N. Ackbarally (Maurice),
B. Bafani (Zimbabwe), I. Esipisu (Kenya), R. Gildharie (Guyana), A. Labey (France), C. Nforgang (Cameroun), F. Patard (France), J.-M. Saint-Fleur (Haïti), M. Seck (Sénégal), B. Simona
(Congo), S. Van Bosch (Namibie), A. Wandimoyi (RD Congo), F. Zvomuya (Afrique du Sud) • AUTRES CONTRIBUTEURS : J. Bodichon, L. de Araújo, F. Idir Le Meur,
IlO traduction, D. Manley, Tradcatts • DESIGN ET MISE EN PAGE : Intactile DESIGN, France • IMPRESSION : Pure Impression, France • © CTA 2010 – ISSN 1011-0054
Prévenir l’urgence
L’aide alimentaire répond de plus en plus souvent à des urgences. Pour
les prévenir, les donateurs préfèrent aujourd’hui acheter localement
et développer l’agriculture longtemps concurrencée par les dons.
V
ingt millions de personnes en Afrique de l’Est Résumant les principales critiques faites à ces dons, le
– Burundi, Éthiopie, Kenya, Somalie, et Soudan –, Club du Sahel note que l’aide alimentaire ne répond pas
près de 10 millions en Afrique de l’Ouest, Niger nécessairement à l’évolution des besoins de sécurité ali-
en tête, ont faim actuellement… Vingt et un pays mentaire des populations des pays en développement, ni
africains auront besoin d’aide alimentaire immédiate en aux intérêts de leur production agricole.
2010, selon la FAO. Ces secours sont destinés à parer à
des situations d’urgence souvent liées à des catastrophes Aide déliée
naturelles mais qui peuvent aussi résulter de conflits ou Qu’elle soit d’urgence ou non, il a été pendant longtemps
de politiques agricoles inappropriées. L’aide alimentaire reproché aux donateurs de faire de l’aide un exutoire pour
d’urgence représente aujourd’hui entre la moitié et les leurs excédents agricoles. Si la position de l’UE a changé
deux tiers de l’aide alimentaire apportée chaque année à son aide est aujourd’hui déliée, c’est-à-dire que les dons
l’Afrique, bénéficiaire de plus de la moitié de celle distri- ne sont plus prélevés obligatoirement sur les stocks euro-
buée dans le monde. Depuis les années 1980, les situations péens –, celle des USA est restée sensiblement la même :
Au Sud Soudan,
d’urgence y ont triplé, malgré les quelque 2,25 milliards € 75 % des dons doivent être effectués en produits améri- des femmes tirent
d’aide alimentaire fournis chaque année à ce continent et cains et les USA alimentent le PAM à hauteur de 60 %. Il des sacs largués
par le PAM
les 25 milliards € d’achats de produits importés. en résulte une concurrence avec les productions locales,
vers le point
Dans les années 1990, les pays africains bénéficiaient comme l’a reconnu Bill Clinton, ancien président des de distribution.
essentiellement de l’aide programme afin d’acheter des
céréales pour combler le déficit entre la demande natio-
nale et la production locale. La vente de ces céréales à la
population leur procurait, en outre, des fonds de contre-
partie. Une autre forme d’aide, qui a été largement utilisée
ces dernières décennies, vise à permettre aux populations
les plus vulnérables de développer des activités rentables
sans avoir à dépenser pour leur alimentation. C’est aussi
le cas des programmes comme Vivres contre travail ou
Vivres contre formation qui se sont multipliés. Désormais,
c’est l’aide d’urgence, laquelle nourrit aux plus vite ceux
qui n’ont plus rien à cause de catastrophes naturelles ou
de conflits, qui domine. Dans ces cas-là, l’aide est donnée
directement à ceux qui en ont besoin et non aux États.
Actuellement, c’est le cas pour près des trois quarts de
l’aide.
Toutes aides confondues, les principaux donateurs res-
tent les USA, l’UE et le Japon, mais la majeure partie de
leurs dons passe aujourd’hui par les agences internationa-
les comme le Programme alimentaire mondial (PAM) qui
distribue plus de la moitié de l’aide mondiale. Il faut aussi
compter avec les grandes ONG internationales ou natio-
nales – souvent opérateurs du PAM – et les entreprises
privées. Cette multitude d’intervenants complique parfois
la répartition et la distribution des stocks, surtout lorsque
certaines crises ont eu un fort écho médiatique. Les États
et les sociétés civiles se plaignent de ne pas y être toujours
suffisamment associés. Le gouvernement rwandais, lui, a
même décidé de refuser, sauf en cas d’extrême urgence,
les distributions alimentaires pour pousser les gens à se
nourrir eux-mêmes.
portables pour
© J M Saint-Fleur
différents aspects dans les
pays du Sud, selon le scien-
données rurales tifique Carl Hartung. Les
■ Grâce à un système développé pour les outils que nous avons dé-
régions reculées des pays du Sud, les télé- veloppés peuvent aider
HAÏTI
phones portables peuvent à présent servir ces derniers à collecter
L’urgence à collecter les données. Le Kit de données diverses données et à
FINANCEMENT
Transparence du COTON
développement L’or blanc dans le rouge
© Syfia International
Ce service en ligne de suivi du financement La production africaine de coton a baissé de 42 % entre 2004 et
du développement propose une information 2009, chutant de 2 à 1,17 million de tonnes de fibres. En Afrique
complète et précise sur l’aide dans le monde de l’Ouest et du Centre qui produisent environ 60 % du coton
entier. Gratuit et accessible à tous via un du continent, la baisse atteint les 50 %. Une chute attribuée
portail Internet facile à utiliser, AidData à la baisse des cours mondiaux de ces dernières années, à la flambée du prix des
recense près d’un million de documents sur intrants, mais aussi à la montée en puissance de la concurrence asiatique. Les 37 pays
ce financement. Les utilisateurs peuvent africains qui cultivent l’or blanc n’assurent plus que 2,5 % de la production mondiale
effectuer des recherches par mots-clés, alors que près de 25 millions de personnes sur le continent dépendent du coton. Seule
bailleurs ou régions. exception notable, le Burkina, devenu le premier producteur du continent et où le
www.aiddata.org coton est OGM à 95 %.
© R Gildharie
choux – pour les marchés lo- tôt sa présence. L’insecte entouré de sa toile est
caux et l’exportation. visible sur la face inférieure des feuilles qu’il
Auparavant, les pluies et la pique pour en sucer la sève, ce qui provoque
sécheresse pouvaient anéan- Le goutte- d’abord leur jaunissement puis leur chute,
tir les récoltes. “Je ne perds à-goutte Ravageurs parfois fatale pour la plante. L’huile de neem,
plus mes récoltes depuis que permet
de produire
j’utilise le goutte-à-goutte et toute l’année
L’ail contre bien connue en milieu paysan au Sahel,
s’avère, elle aussi, comme étant un
j’obtiens plus qu’assez de légu- au Guyana. l’araignée rouge bon acaricide.
mes pour la vente”, affirme Clement Suklall, ■ Au Sénégal, une équipe de chercheurs du
INRA © A. Migeon
cultivateur à Parika. Les techniques sont laboratoire d’entomologie et d’acarologie du dé-
aussi reprises par plusieurs grandes sociétés partement de biologie de l’Université de Dakar
agricoles, dont Bounty Farms, principal pour- a fait le bilan de cinq années de vulgarisation,
voyeur de volailles du Guyana qui désormais auprès des horticulteurs, de l’utilisation de l’ail
exporte aussi des fruits et des légumes. pour lutter contre l’araignée rouge (Tetranychus
“Les agriculteurs ont rapidement adopté evansi). Cet acarien, originaire d’Amérique du
© Jade Syfia
ces techniques, car ils constatent leur utilité et Sud, est particulièrement redouté des produc-
les bénéfices qu’ils peuvent engranger, surtout teurs sénégalais de tomates et autres solanacées
dans le contexte du changement climatique”, car il est capable d’anéantir les récoltes.
explique le Dr Oudho Homenauth, directeur L’ail s’est révélé un acaricide efficace dans Tetranychus evansi, un L’équipe de chercheurs
de l’Institut guyanais de recherche agrono- la lutte biologique. La solution utilisée pour redoutable prédateur conseille également aux
de la tomate au
mique. Ces techniques sont aussi employées le traitement se compose de 100 g d’ail pilé et Sénégal (grossi) maraîchers de séparer
par les agriculteurs d’Antigua, de la Barbade, d’un demi-litre d’eau mélangé à 10 g de savon des autres les cultures
de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago et dans de Marseille. On traite bien la face inférieure sensibles à T. Evansi dans les parcelles et d’éli-
d’autres régions des Caraïbes très touchées des feuilles sans arroser de toute la journée. miner ou traiter efficacement les plantes réser-
par la sécheresse ces derniers mois. Deux traitements, espacés de six jours, suffi- voirs comme le papayer et le ricin à la fin de
sent pour éradiquer T. evansi. À condition, re- chaque campagne agricole.
MAÏS
BANANIER
Non aux raies noires Variétés performantes
Des chercheurs travaillent au développement de variétés
La cercosporiose ou maladie des raies
de maïs adaptées aux faibles quantités d’engrais que les
© CIMMYT
© Syfia International
Pour sauvegarder la perche du Nil, Naturland, une ONG
allemande, a créé une certification accordée sur des critères
de bonnes pratiques de pêche, de prix équitables et
d’amélioration des revenus des populations locales. Après avoir
FAO © F Paladini
éliminé la plupart des 500 espèces de poissons du lac Victoria, la perche du Nil, qui
a vu ses effectifs et sa taille se réduire au fil des ans, est aujourd’hui menacée par
la pêche illégale et la surpêche. Les stocks sont tombés de 1,9 million de tonnes en
1998 à 370 000 t en 2008, selon la FAO. Quelque deux millions de personnes vivent de
Il aura fallu la pêche et de la vente de ce poisson dont près de 200 000 t sont exportées chaque
SANTÉ ANIMALE 16 ans pour année surtout vers l’UE.
Adieu éliminer la
peste bovine www.naturland.de/naturland_fish.html
© Syfia International
sécurité et des programmes nationaux de suivi de caille. Devant l’enthou-
et de contrôle sont autant de tactiques qui ont siasme des lecteurs, la revue
été déployées. Entre 1994 et 2009, près de fait paraître en mars 2009 un
170 pays et territoires ont réussi à éradiquer dossier sur cet élevage et ses
la peste bovine et obtenu la certification OIE. divers débouchés et organise,
La dernière épidémie confirmée s’est pro- en collaboration avec le Centre de documen- Les œufs de caille font
duite en 2001 au Kenya. La FAO, “vaccinée” tation pour le développement rural (CDDR), un malheur au Cameroun
et le bonheur des éleveurs.
par des cas dramatiques de résurgence résul- des journées d’information et de démons-
tant en général d’un arrêt trop précoce des tration dans plusieurs villes camerounai-
programmes, s’est engagée à attendre l’achè- ses. Les groupements d’intérêt économique
vement des dernières activités de contrôle en et les coopératives d’éleveurs de cailles se
SÉCHERESSE
2011 avant de déclarer officiellement la dis- multiplient à travers le pays et un Conseil
parition de l’épizootie. Si, comme on le pense interprofessionnel des cailles du Cameroun Moins de cultures,
généralement, la peste bovine est éliminée, (CICaC) se crée en 2009. plus d’animaux
ce sera la première fois dans l’histoire que L’élevage de la caille se pratique dans des À l’heure où un climat plus chaud et
l’humanité aura réussi à vaincre une maladie cages faciles à construire avec des maté- une pluviométrie instable compliquent
animale. riaux locaux à raison de 70 oiseaux au mètre l’agriculture vivrière, le bétail serait un
carré (un mâle pour quatre ou cinq femel- nouvel espoir pour les paysans africains.
les). Les cages peuvent être superposées. Selon les experts, le changement climatique
ÉDUCATION La caille ne consomme que 20 g d’aliment pourrait rendre impropres à ce type de
Réseau pour l’Afrique par jour et sa ration peut être formulée par cultures entre 500 000 et 1 million de km2
Le Réseau universitaire de la pêche l’éleveur en fonction de la matière première de terres dans les dix prochaines années.
(FishNet), mené par le Nouveau partenariat dont il dispose. C’est un élevage assez sim- Mais d’après une nouvelle étude, la terre
pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ple à mener à condition de veiller à mainte- sur laquelle vivent quelque 20 à 35 millions
vise à augmenter le nombre de chercheurs nir une température constante et de ne pas d’habitants actuellement peut encore se
africains spécialistes de la pêche et à stresser les animaux par le bruit. La première prêter à l’élevage. “Le bétail – en particulier
redynamiser des stocks piscicoles en déclin. ponte intervient au bout de six semaines les animaux connus pour leur tolérance à la
Il recrute et forme des chercheurs au seulement. Une femelle peut pondre jusqu’à chaleur et à la sécheresse – peut survivre
sein d’universités membres. Il participera 300 à 400 œufs par an. La vente de la chair, dans des conditions bien plus difficiles
également au Partenariat pour les pêcheries des cailleteaux, des géniteurs et de la fiente que les cultures”, explique le corédacteur
africaines (PAF). peut aussi rapporter. du rapport, Philip Thornton de l’Institut
www.nepad.org Contact :
international de recherche sur le bétail.
cicac2009@yahoo.fr
JACINTHE D’EAU
Apprivoiser
© B Bafani
© I Isipisu
l’envahisseur
■ Un biochimiste kényan a réussi à transfor-
Kethi Khumalo Le Dr Simon N.
(à gauche) et Kelvinmoyenne grâce à la vente mer l’une des plantes aquatiques les plus des- dernière, j’ai appliqué de
Mwaura présente
Nkomo utilisent de légumes et autres pro- tructrices en divers produits pour les cultu- l’engrais liquide sur mes son engrais de
les eaux usées. duits cultivés dans le cadre res et le bétail. Le Dr Simon N. Mwaura a pommes de terre et ré- jacinthe d’eau.
d’un projet pilote lancé par la municipalité conçu un équipement capable de broyer 10 t colté 122 sacs sur un seul hectare.”
de Bulawayo et le Partenariat de développe- de jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) en La jacinthe se décline en trois produits
ment municipal pour l’Afrique orientale et 8 heures, pour fabriquer un engrais très riche principaux : engrais liquide ou en granulés
australe (MDPESA). adapté aux terres arides. et sels minéraux pour le bétail. Six années
L’eau est traitée selon les normes de “J’utilise l’engrais bio liquide pour faire d’essais aux champs à Dubaï, au Kenya et en
l’Organisation mondiale de la santé pour pousser des pastèques et les récoltes sont Zambie ont démontré que ces produits sont
l’usage agricole et les légumes doivent être bien plus saines qu’avant”, explique Martin riches en nitrates, phosphore et potassium,
cuits avant consommation afin de réduire les Ndege, cultivateur de l’est du Kenya. et qu’ils disposent d’une capacité à transfor-
risques liés à des agents pathogènes. “L’utili- Joséphine Mulei, de la province de la Vallée mer du sable du désert en un terreau tout en
sation de cette eau n’est pas très répandue, du Rift, est tout aussi enthousiaste : “La saison stimulant la rétention d’humidité.
rappelle Takawira Mubvami, coordinateur
du programme d’agriculture urbaine du
MDPESA. Bulawayo est la première à utiliser FORÊTS
des eaux traitées pour les cultures.”
Des légumes-feuilles tel le colza ainsi que
Sauver la forêt de Mau
Le projet du gouvernement kényan de sauver la forêt de Mau est
le pois du Cap et le maïs sont cultivés sur
© I Isipisu
http://tinyurl.com/y4362fg
© B Simona
Son site Internet héberge un Marché virtuel
l’Organisation africaine de la propriété
où les institutions de recherche peuvent
intellectuelle (OAPI) le procédé de fabrica-
présenter les technologies d’ores et déjà
tion de son lait de graines de courge. Une
disponibles pour le secteur privé.
boisson aux qualités nutritionnelles et diété- équipement se résume à un broyeur à mar-
www.aecfafrica.org/rib
tiques remarquables, selon elle. teaux et un robot électrique. Le décorticage
Cette mère de famille de 35 ans a monté des graines de courge se fait à la main, une
sa propre entreprise Enoce Bio à Pointe- opération longue à raison de cinq sacs de
Noire en 2006. C’est à la suite d’un stage au 50 kg par mois. La capacité de production notamment dans la cueillette des fruits et
centre Songhaï au Bénin qu’elle s’est lancée de sa petite unité est de 10 000 sachets de dans la fabrication de jus de fruits, mécani-
dans la transformation de divers produits. farine de soja d’un kilo par mois et de 100 l sée ou traditionnelle à la main.
Aidée de quelques femmes, elle produit et de lait de courge par semaine. Joséphine L’objectif prioritaire est d’améliorer les
commercialise aussi un mélange de farines se dit bio et fière de l’être. “Mes produits, conditions de vie, en recourant à des mé-
de soja et de maïs. Pour l’heure, Joséphine dit-elle, sans additifs chimiques peuvent se thodes et des techniques plus modernes.
en est encore à un stade artisanal. Son conserver entre six et douze mois.” Cabinda, avec l’appui du Brésil et de la
Chine, s’est progressivement dotée de cen-
tres médicaux, d’un réseau de transport
EMPLOI
public par autobus et camionnettes qui
SOLAIRE
Retenir les jeunes relie les villages aux centres urbains ainsi
■ L’enclave de Cabinda, province à l’extrême que d’un système de distribution d’eau. Le
Les lumières nord de l’Angola, est l’une des principales Luxembourg a également financé différents
de la microfinance pourvoyeuses de richesses du pays grâce à programmes de mécanisation agricole en
La microfinance a aidé des milliers de l’exploitation du pétrole. Pourtant, le nom- Angola afin de développer la sécurité ali-
ménages ruraux du Vanuatu à accéder bre de chômeurs y est de plus en plus élevé, mentaire et la production pour le marché
à l’éclairage électrique à énergie solaire. en particulier chez les jeunes. Pour que ces interne mais aussi pour l’exportation.
Le programme Lighting Vanuatu (Éclairer derniers cessent d’émigrer parce qu’ils ne Dans la province de Cabinda, d’autres
le Vanuatu) est né du partenariat entre trouvent pas de travail, Cabinda a décidé de programmes communautaires, financés
l’institution locale de microfinance construire, dans la municipalité de Belize, une par les USA, concernent la lutte contre la
VANWODS, l’Association pour les énergies usine de fabrication de jus de fruits, un stade malaria, la prévention et la lutte contre
renouvelables et l’électricité au Vanuatu de football et un atelier de panneaux solaires. le sida et la création d’un département
(VANREPA) et sa branche commerciale Ces secteurs offrent à la population locale d’anglais au sein de l’Institut supérieur des
Green Power. – les jeunes et les femmes – des débouchés sciences de l’éducation (ISCED).
INNOVATION Crédit
© Syfia International
Le moment
où jamais…
Avant de prendre les rênes du CTA, Michael
Michael Hailu, spécialiste de la
communication et des savoirs pour
Hailu, son nouveau directeur, nous parle des
la recherche et le développement
agricoles, a été directeur de
défis qui attendent les agriculteurs ACP.
la communication au Centre Il nous explique pourquoi c’est le bon
international pour la recherche
en agroforesterie (ICRAF). moment pour faire carrière dans l’agriculture.
Bien qu’impliqué depuis longtemps fortes, d’infrastructures agricoles robustes et plus efficace à réduire la pauvreté que celle
dans le développement, vous d’un environnement politique apte à dynami- d’autres secteurs. Les gouvernements ACP et
êtes nouveau pour les lecteurs ser la productivité. L’expansion agricole s’est les bailleurs internationaux ont renouvelé
de Spore. Pouvez-vous nous en beaucoup appuyée sur la conversion d’espa- leurs engagements à augmenter les investis-
dire un peu plus à votre sujet ? ces et forêts vierges en terres agricoles, ce sements agricoles. C’est de bon augure pour
Je suis né en Éthiopie et j’ai étudié à l’Uni- qui menace la durabilité environnementale l’avenir dans les pays en développement. Par
versité d’Addis-Abeba et à l’Université de et la capacité des écosystèmes à assurer des conséquent, faire carrière dans l’agriculture
Pittsburgh aux USA. Ma formation profes- services vitaux. L’hypothèque du changement – en tant que cultivateur, vulgarisateur, en-
sionnelle porte sur la gestion de la commu- climatique pèse lourdement sur l’agriculture trepreneur ou chercheur – devrait être très
nication et des savoirs pour la recherche et des pays ACP, du fait de l’augmentation de la prometteur et gratifiant. En s’y engageant,
le développement agricoles. J’ai travaillé variabilité climatique et des risques de séche- les jeunes s’aideront eux-mêmes, et ils aide-
25 ans dans ce domaine, en Afrique et en resses et d’inondations. ront aussi leurs pays à lutter contre la pau-
Asie surtout, et souvent voyagé dans d’autres vreté et l’insécurité alimentaire.
Qu’en est-il des petits agriculteurs
régions du monde.
de ces pays en particulier ? Qu’espérez-vous apporter à votre
Comment cela vous a-t-il L’accès aux intrants, capitaux, à la terre et nouveau poste au CTA ? Avez-vous
préparé à votre nouveau poste autres biens essentiels à l’accroissement de des changements en tête ?
de directeur du CTA ? la productivité agricole leur fait défaut. La J’apporterai mes nombreuses années d’expé-
Je pense tout d’abord que ma longue associa- faiblesse des infrastructures rurales et l’ab- rience et un solide réseau de contacts pro-
tion avec le CTA – quasiment depuis les ori- sence d’informations actualisées sur les mar- fessionnels à travers le monde, pour faire
gines au milieu des années 1980 – m’a aidé chés les empêchent de vendre leurs produits avancer la mission de soutien à l’agriculture
à bien connaitre l’organisation et certains à des prix compétitifs. En outre, les petits et au développement agricole dans les pays
membres de son personnel. Cela devrait
m’aider à prendre le train en marche. J’ai
aussi la chance d’avoir développé un solide
“Faire carrière dans l’agriculture
réseau de collègues actifs dans les secteurs devrait être très prometteur et gratifiant”
de la recherche et du développement agrico-
les, ainsi que de la gestion de l’information agriculteurs ACP – les femmes surtout – man- ACP du CTA. J’envisage de revoir la stratégie
et de la communication dans les pays ACP, en quent d’organisations qui leur permettraient actuelle du Centre avec mes collègues et les
particulier en Afrique. de renforcer leur pouvoir de négociation et partenaires pour garantir que celle-ci est co-
d’influencer les politiques à l’échelle natio- hérente avec les défis auxquels les pays ACP
Quels sont, selon vous, les principaux
nale et internationale. sont confrontés et qu’elle exploite pleine-
défis qui attendent les pays ACP ?
ment les TIC pour relever ces défis.
Pour la plupart des pays ACP, parvenir à la Notre prochain numéro spécial
sécurité alimentaire pour une population en sera consacré à la démographie et Je profite de cette occasion pour remercier
croissance rapide continue d’être un défi ma- à la nécessité d’attirer les jeunes les gouvernements ACP et nos partenaires
jeur. Avec une population mondiale de neuf vers des carrières rurales. Qu’avez- pour leur soutien actif au travail du CTA, et
milliards d’individus prévue en 2050, la pro- vous à dire à ces derniers ? la Commission européenne pour son enga-
ductivité devra augmenter d’environ 70 % par La bonne nouvelle, c’est qu’après des années gement à long terme et son appui financier.
rapport au niveau actuel pour répondre à la dans l’ombre l’agriculture figure de nouveau J’ai hâte de travailler avec nos acteurs clés
demande. La flambée des prix en 2007 et 2008 aux agendas internationaux – en tant que pour que le CTA poursuive son importante
a aggravé l’insécurité alimentaire de nom- vecteur majeur de réduction de la pauvreté contribution dans la médiation des savoirs et
breux pays ACP. Par ailleurs, ces États man- et de croissance économique. Il s’est avéré la formation des compétences pour le déve-
quent de capacités de recherche nationales que la croissance agricole était quatre fois loppement agricole.
AGRObiodiversité
Une longueur
d’avance
© Syfia International
L
es hommes ont plus transformé leur environnement
dans le dernier demi-siècle qu’à n’importe quel
autre moment de leur histoire. Cette évidence sta-
tistique émerge du rapport Évaluation des écosystè-
mes pour le millénaire (EM), qui révèle les pertes massi-
ves en biodiversité des dernières décennies. Au cours du
dernier siècle, plus de trois quarts des cultivars connus se
sont éteints, et avec eux les traits uniques qu’ils avaient ac-
quis sur des millénaires – leur capacité à survivre aux étés
chauds ou aux hivers froids, à prospérer dans des contex-
tes de sécheresse ou dans des zones sujettes aux inonda-
tions et à résister aux parasites ou aux maladies.
L’agrobiodiversité – terme englobant tout élément lié
aux systèmes agricoles : plantes, arbres, animaux, insec-
tes, microbes, germes et champignons – joue un rôle pivot
dans les écosystèmes, assurant contrôle des parasites, pol-
linisation, contrôle de l’érosion et production de biomasse.
La diminution de la diversité génétique entraîne celle des
chances de croissance et d’innovation indispensables aux
dynamiques agricoles, alors que la croissance démogra-
phique explose et que la planète fait face à de graves défis indigènes et de recherche scientifique et la réunion des
environnementaux. meilleurs attributs d’Oryza glaberrima de souche africaine
L’agriculture est le premier bénéficiaire de la biodiver- et d’Oryza sativa d’origine asiatique.
sité et les agriculteurs en sont ses principaux gardiens ; À Yala, dans l’ouest du Kenya, un groupement commu-
leur mode de conduite des cultures et des animaux a une nautaire paysan préserve les variétés locales des principaux
influence considérable sur les écosystèmes. Afin d’attirer légumes indigènes et cultures vivrières de l’extinction. De-
l’attention sur les risques et encourager de meilleures venu le premier producteur kényan de semences végétales
pratiques dans ce domaine, les Nations unies ont déclaré indigènes – protolaria (mitoo/mroo), chlorophytum (akeyo/
2010 Année internationale de la biodiversité. Pour l’agri- chinsaga) et morelle noire (managu/osuga) principale-
culture, cela signifie adopter des systèmes qui favorisent ment –, le groupe Adapter la technologie en adaptant la
l’agrobiodiversité, tels que l’agroforesterie et l’agriculture recherche (TATRO) a décroché un contrat lucratif de pro-
de conservation. Cela implique aussi – pour les pays du duction avec la Kenya Seed Company l’année dernière.
Sud surtout – de valoriser la diversité botanique et anima-
le locale issue de siècles d’histoire, plutôt que de suivre la
tendance à la concentration sur quelques variétés conçues Cartographier la flore sur SIG
pour une agriculture intensive. La cartographie de la flore avec les systèmes d’information géographique
Les savoirs traditionnels sont une ressource inestimable (SIG) représente un potentiel énorme pour les botanistes ; elle leur
pour garantir le développement, la poursuite et l’adapta- permettrait de mieux comprendre la distribution de la flore et de ses
tion de pratiques agricoles durables et permettre aux com- biotopes. Des chercheurs du projet mené en partenariat par la Banque de
munautés de se protéger de chocs inéluctables. Au Mo- semences du millénaire et les jardins botaniques de Kew utilisent des SIG
zambique, pendant la longue guerre civile, les savoirs sur pour localiser et entreposer les semences de quelques-unes des espèces
les espèces végétales sauvages telles que l’arbre mungomu les plus rares et les plus menacées des régions arides de Madagascar.
ont eu un rôle majeur pour préserver de la famine des L’île abrite environ 12 000 plantes, dont la plupart ne se retrouvent nulle
communautés rurales. part ailleurs dans le monde. Nombre de ces plantes ont des propriétés
médicinales, mais leur habitat est menacé. À l’aide d’appareils SIG
L’union parfaite manuels, les botanistes ont déjà réussi à retrouver et à documenter
Le partenariat idéal associe savoirs traditionnels et re-
40 espèces forestières sauvages connues d’ignames de Madagascar, et
cherche locale, combinant l’information sur les variétés
à découvrir neuf espèces qui leur étaient inconnues. Les communautés
culturales très résistantes et nécessitant peu d’intrants
qu’utilisent les agriculteurs et des variétés à cycle court rurales de l’île comptent sur ces tubercules sauvages pour compléter une
et haut rendement potentiel créées par les chercheurs et récolte de riz incertaine.
mises à la disposition du plus grand nombre. Le succès http://tinyurl.com/yex8m6t
du riz Nerica s’enracine dans la combinaison de savoirs
© Syfia International
fiables ; certaines ont une valeur médicinale. Nous ne pou-
vons donc pas les ignorer”, nous dit Diniwe Mereki, agri-
cultrice au Malawi. Dans l’est du Kenya, le groupement
de femmes Kyanika s’est fixé pour mission de trouver et
conserver les calebasses locales. Ces femmes en ont décou-
Vendeuse
de patates douces Dans le Limpopo, en Afrique du Sud, le Conseil de la re- vert 78 variétés dans leur seul district, qui ont été classées
sur un marché cherche agronomique étudie les systèmes de savoirs locaux en 32 espèces dont l’une, comestible, avait pratiquement
du Sud-Kivu des agriculteurs et aide ces derniers à identifier et documen- disparu. Elles ont depuis appris des anciens à préparer le
en RD Congo
ter les cultures et à améliorer la préservation des semences légume et le consomment ; elles en font aussi la promo-
traditionnelles. Parallèlement, en Éthiopie, les petits exploi- tion auprès des autres membres de la communauté.
tants de la région du Tigré ont développé des variétés d’orge
adaptables à des conditions Espèces menacées
instables et aux besoins lo-
caux, variétés dont même
les chercheurs admettent la
supériorité par rapport aux
cultivars recommandés par
les phytogénéticiens.
© 2006 SASI Group (Université de Sheffield)
et Mark Newman (Université du Michigan)
Partage équitable
Faire valoir et protéger
les droits de propriété intel-
lectuelle est crucial dans la
lutte pour la biodiversité. Le
Traité international sur les
ressources génétiques vé-
gétales pour l’alimentation
et l’agriculture (ITPGR) de
la FAO, entré en vigueur en Ci-dessus : Rang Pays Pour 1000
2004, permet aux gouvernements, agriculteurs, instituts de La taille des 1 Maurice 471
pays montre la 2 Madagascar 443
recherche et agro-industries de collaborer, d’unir leurs res- proportion des
3 Équateur 431
sources génétiques et d’en partager les bénéfices. Plusieurs espèces animales et
végétales menacées 4 Sri Lanka 395
projets dits de “bénéfices partagés” destinés à aider les agri- 5 Jamaïque 382
d’extinction.
culteurs à conserver leurs ressources génétiques végétales 6 Cuba 373
ont été lancés suite au traité. Parmi eux, un système visant Ci-contre : 7 Malaisie 349
à développer les méthodes traditionnelles de conservation Nombre d’espèces 8 Philippines 345
animales et
in situ du maïs et des haricots à Cuba, le renforcement de la 9 Fidji 341
végétales menacées
conservation à la ferme et l’usage du sorgho, de l’éleusine, d’extinction en 2004. 10 USA 335
© S. Mann/IPGRI
Point de vue
néanmoins à un rythme inquiétant car les espèces loca-
les sont croisées ou remplacées par des animaux exotiques
à plus forts rendements et parce que les habitats des pas-
teurs et de leurs animaux disparaissent progressivement. Dans le district de Sanyati, le leader
Le cheptel Somba de race pure, une variété petite et ro- zimbabwéen Chief Nelson Neuso
mène une campagne de conservation
buste originaire du Togo, a décliné brutalement, victime de la biodiversité par des méthodes
de croisements effectués sans discernement. C’est là une traditionnelles. Selon lui, la perte rapide
évolution dramatique car ces animaux sont adaptés au des espèces dans sa communauté est
imputable aux activités humaines.
système de production et au climat local et sont naturelle-
© F Zvomuya
Il a récemment lancé le projet Zunde
ment résistants à la trypanosomiase. raMambo, basé sur la conservation
Trouver des niches de marché pour les produits issus de de la biodiversité comme rempart
à la sécheresse et à la famine.
l’élevage est l’un des moyens d’assurer la survie de ces es-
Tradition
pèces et de permettre aux populations qui les élèvent d’en
tirer de meilleurs revenus. Au Puntland, en Somalie, des
réseaux informels de femmes ont mis sur pied un système
de commercialisation du lait de chamelle, collecté par
les bergers éloignés, vers la ville en pleine croissance de et conservation
Boosaso, stimulant ainsi la demande pour ces animaux.
Dans la province du Cap-Oriental en Afrique du Sud, le gou-
vernement a créé un abattoir et une tannerie pour abattre
“ Les menaces que représentent le changement
climatique, l’agriculture non durable ainsi que le déclin
du développement et de la biodiversité s’intensifient.
et transformer les chèvres Umzimvubu natives de la région. Librement traduit, Zunde raMambo signifie “grenier du
L’usine-coopérative produit viande, saucisses et hambur- chef”. La communauté laboure, plante, sème et récolte
gers, coussins de cuir et autres articles d’artisanat. Elle vend bénévolement pour Zunde raMambo. Nous constatons
la viande aux villes voisines et les articles d’artisanat via des que les cultures vont mal si l’environnement n’est
boutiques spécialisées dans toute l’Afrique du Sud. pas préservé. Nous avons introduit des techniques
d’agroforesterie et de culture mixte pour lutter contre
l’érosion des sols et conserver la biodiversité grâce à
une agriculture durable.
Nous avons lancé ce projet après avoir remarqué que
la dégradation de l’environnement était responsable
de certaines des sécheresses et d’autres phénomènes
qui se sont abattus sur nous. Depuis une quinzaine
d’années, la sécheresse est plus fréquente et
dévastatrice dans cette région. Cela tient à la perte de
biodiversité, car de nombreux arbres ont été abattus,
en particulier les variétés considérées comme sacrées
et associées aux rites pour faire tomber la pluie.
L’axe majeur de notre campagne est d’essayer de
montrer aux citoyens les réelles implications futures
de la perte en biodiversité sur notre quotidien. Nous
Chiffres clés encourageons l’utilisation d’engrais bio et de semences
traditionnelles. Pendant la récolte ou le travail aux
12
champs, des agents des services de l’agriculture et de
espèces végétales et 14 l’environnement viennent donner des cours sur les
espèces animales assurent avantages de l’agriculture de conservation.
l’essentiel de l’alimentation Lorsque j’étais adolescent, nous avons appris qu’il
de la planète. n’existait pas de futur durable sans une meilleure
75
résilience des écosystèmes. Nous croyions alors que nos
© Syfia International
20
des arbres, le pâturage et l’empiétement sur la forêt
% environ des races de s’intensifient. Grâce à notre projet, nous tentons
bétail sont aujourd’hui d’enseigner aux populations que la biodiversité a
en danger. 9 % se seraient éteintes. un rôle crucial à jouer en faveur de cultures plus
20
résistantes. La biodiversité augmente notre capacité
% au moins des pâturages seraient dégradés en raison du d’adaptation au changement climatique, elle
surpâturage et de la surexploitation des sols. améliore la santé et la nutrition ; elle favorise aussi
la protection environnementale et le développement
économique.
” Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 17
dossier
reportage EN NAMIBIE
Un trésor enfoui
Les San de Namibie, qui connaissent les vertus de la “griffe du diable”
depuis des siècles, cherchent à protéger leur unique source de revenus.
“Vous utilisez cette plante que nous appelons Xam!abo des éléphants en maraude sentent l’eau que transpor-
lorsque votre jambe est tordue et que vous ne pouvez la tent nos ânes et nous poursuivent. La saison dernière,
tendre”, explique Dickson Spreuke, assis à l’ombre d’un un groupe d’hommes partis en cueillette a passé plu-
grand manketti dans son village. Spreuke est un /Kwe sieurs jours sur un arbre à cause d’une rencontre avec
San d’âge mûr, qui vit dans le parc national Bwabwata, au des lions.”
nord de la Namibie. Sa génération, élevée et nourrie de Avant le lancement du programme, c’était un
récits de chasse et de cueillette, a vu son espace de vie se dur travail sans garantie de gain. “Lors des cueillet-
réduire sous les divers gouvernements. tes nocturnes, des opérateurs peu scrupuleux ache- De gauche
Pour améliorer la situation, l’ONG locale Développe- taient la griffe du diable aux San au prix dérisoire de à droite :
ment rural intégré et conservation de la nature (IRDNC) 3 N$ (0,3 €) le kilo, rappelle Friedrich Alpers de La forme
a lancé en 2008 un programme de promotion des bé- l’IRDNC. Le commerce était incontrôlé, illégal et non du fruit de
néfices de la récolte durable de plantes indigènes telles durable.” l’Harpagophytum
explique
que le Xam!abo. Communément connue sous le nom Un contrat avec un exportateur local qui vend en son nom de
de “griffe du diable” (Harpagophytum zeyheri), cette Europe et aux USA a été une promesse de sécurité, “griffe du diable”.
plante est, en Occident, un remède populaire contre les confie Tol’tjolo. Les /Kwe espèrent obtenir bientôt une Les racines
rhumatismes, l’arthrite et la gastrite. certification biologique pour leur récolte de griffe du sont déterrées
avec précaution
diable. “Nous pourrons peut-être alors gagner jusqu’à pour garantir
Un commerce mieux contrôlé 25 N$ (2,5 €) par kilo”, espère Spreuke. Montrant leur les récoltes futures.
“Deux mois par an, nous nous enfonçons dans la technique de récolte, des villageois déterrent une racine Les tranches de
brousse pour déterrer ces plantes”, explique Johannes avec leurs mains et des haches émoussées. “Un volet griffe sont mises
à sécher sur
Tol’tjolo, président du Kyaramacan Trust qui défend du programme garantit que la récolte s’opère sur un un filet à l’abri
les intérêts des 5 000 habitants de Bwabwata. “Parfois mode durable, explique Alpers. Seuls les tubercules des animaux.
© S van den Bosch
s loin
Pour aller plu
avoir déterré un plant, Tol’tjolo referme le trou avec soin
pour assurer une bonne repousse. Pendant ce temps, sa
femme tranche la griffe et étale les morceaux sur un
filet pour les faire sécher.
Internet
Droits et menaces Alliance for Zero Extinction
Selon Dave Cole, directeur de Produits naturels indi- www.zeroextinction.org
gènes pour le Millenium Challenge Account, qui appuie Année internationale de la biodiversité
la création de revenus par la cueillette de plantes, les www.cbd.int/2010
San connaissent les vertus curatives de la griffe depuis Bioversity International
des siècles ; pourtant les grandes entreprises pharma- www.bioversityinternational.org
ceutiques ignorent leurs droits de propriété intellectuel- • Plate-forme Recherche pour l’agrobiodiversité
le. “La griffe du diable était commercialisée bien avant www.agrobiodiversityplatform.org
la mise en place de la Convention sur la diversité bio- CTA
logique”, dit-il. Elle ne connaît à ce jour aucune pénu- • Briefing de Bruxelles : La biodiversité
rie, mais le changement climatique pourrait changer la et le développement rural dans les pays ACP
donne. “Les anciens disent qu’il fait plus chaud et plus http://tinyurl.com/y222uxa
sec qu’auparavant, ajoute Spreuke. Dans un environne- • Connaissances pour le développement :
ment plus aride, ces plantes souffriront.” dossier sur la biodiversité
http://tinyurl.com/y3dbl5p
En outre, les éleveurs causent des dégâts sur les zones de
• ICT Update, décembre 2009, n°52
conservation, car leurs bovins piétinent les plantes. La pire http://ictupdate.cta.int
menace pourrait cependant venir des développeurs étran-
gers. “Un grand projet agricole a déjà été proposé dans FAO
www.fao.org/ag
les limites du parc”, selon Alpers. Dix milliers d’hectares
• Adding values to livestock diversity. Marketing
de biodiversité précieuse et protégée seront anéantis pour to promote local breeds and improve livelihoods.
faire place à des cultures irriguées intensives.” Les zones Par E. Mathias & P. Mundy, 2010
traditionnelles de cueillette seront détruites. Or, sans ces
First People Worldwide
ressources naturelles, les San s’enfonceront dans la pau-
Indigenous stewardship initiative
vreté. “Hormis la griffe du diable, nous n’avons pas de www.firstpeoplesworldwide.org
sources de revenus, affirme Tol’tjolo, qui en a tiré quelque
30 € la saison dernière. Ce n’est pas beaucoup, mais sans
Fonds fiduciaire mondial
pour la diversité des cultures
cela il n’y aurait rien.” www.croptrust.org/main
Servaas van den Bosch IIED
Institut international pour l’environnement
et le développement
www.iied.org
• The Governance of Nature and the Nature
of Governance: Policy that works for biodiversity
and livelihoods, 2008. Téléchargeable en PDF sur :
www.iied.org/pubs/pdfs/14564IIED.pdf
Practical Action
http://practicalaction.org
• Biodiverse agriculture for a changing climate.
Par J. Ensor
UICN
Union internationale pour la conservation de la nature
www.iucn.org
Institut des ressources mondiales
www.wri.org
Livres
• Conservation et utilisation durable
de la diversité agricole. Guide de référence
Par CIP-UPWARD en collaboration avec GTZ, CRDI,
IPGRI et SEARICE
© S van den Bosch
3 volumes
2005, 672 p.
Tome 1 : http://tinyurl.com/3a5vfeq
Tome 2 : http://tinyurl.com/33tctos
Peaux et troupeaux
une source de revenus monétaires. Le lait de en Afrique du Sud avant de se propager vers
Moins exigeants que les chèvre est plus nutritif et plus digeste que ce- le nord. Le vecteur est un insecte. Il n’existe
bovins, bons pourvoyeurs lui des vaches laitières et, à quantité de lait pas de vaccin actuellement.
égale, la chèvre nécessite moins d’espace de
de protéines, de pâturage. En cas d’urgences
lait et de peaux, les Les petits ruminants jouent également un Les petits ruminants jouent aussi un rôle
rôle important dans l’agriculture en consom- essentiel pour les personnes rendues vul-
petits ruminants mant les déchets des récoltes et en fournis- nérables par la sécheresse ou les conflits.
s’adaptent à bien des sant du fumier pour les sols. Dans les zones
arides et pauvres des districts de Mwingi
Au Sahel, après les grandes sécheresses, les
pasteurs ont d’abord reconstitué leurs trou-
situations, y compris et Kitui (Province Orientale), au Kenya, un peaux avec des petits ruminants, moins chers
programme gouvernemental appuyé par et plus rapidement productifs que les bovins.
en zones urbaines et Farm Africa a ciblé 1 000 ménages pauvres Au Burundi, Caritas a distribué 1 000 chèvres
périurbaines, et dans et en particulier les femmes qui traditionnel- pour aider 1 000 réfugiés de retour dans leur
lement s’occupent de ces ruminants, pour pays.
les environnements améliorer les techniques d’élevage et déve- Les petits ruminants sont de plus en plus
les plus hostiles. lopper la vente de lait. Ce projet devrait être présents dans les zones urbaines et périur-
D
reproduit dans d’autres régions et pays. baines. Une étude menée à Maradi (Niger) a
ans les pays ACP, les petits rumi-
nants occupent une place impor-
tante à côté des bovins et des vo-
lailles. En Afrique subsaharienne,
la production de moutons et de chèvres re-
présente 20 % du volume des viandes, loin
derrière la production bovine, mais prati-
quement à égalité avec les volailles. L’Afrique
compte quelque 120 millions de petits rumi-
nants dont 65 millions en Afrique de l’Ouest
(Nigeria : 34,5 millions) et 45 millions en
Afrique de l’Est (Soudan : 23,5 millions).
Dans les Caraïbes, où l’on compte quel-
que 1,4 million de moutons, les Barbados
Blackbelly, originaires de la Barbade, sont
© Syfia International
très populaires du fait de leur extrême fé-
condité qui en fait l’une des races ovines les
plus prolifiques au monde. Dans le Pacifique,
seules les îles Fidji comptent un cheptel si-
gnificatif avec 80 200 ovins et caprins. La
Papouasie-Nouvelle-Guinée et Vanuatu en La capacité des ovins et surtout des ca- montré que 61 % des ménages La viande
comptent chacun moins de 3 000. prins à subsister dans des zones impropres à urbains et 81 % des ménages de chèvre est
très appréciée
toute autre forme de production agricole en périurbains pratiquent ce type en Afrique
Robustes et peu exigeants fait souvent l’unique ressource pour les ha- d’élevage. Plus de la moitié de de l’Est
L’élevage des petits ruminants est souvent bitants. Toutefois, il faut veiller à ce que les la production est destinée à la (ici au
Sud-Kivu).
l’affaire des femmes contrairement à l’éle- animaux ne contractent pas deux graves ma- vente sur pied.
vage bovin qui est à la charge des hommes. ladies : la peste des petits ruminants (PPR) et À côté de la viande et du lait et des fro-
La filière est peu professionnalisée et les sys- la fièvre catarrhale ovine (FCO) – ou maladie mages pour la chèvre, l’utilisation des peaux
tèmes d’élevage restent très traditionnels. de la langue bleue. La PPR, causée par un pour la fabrication industrielle de chaussures
Ils font l’objet de peu de travaux de recher- virus, peut provoquer une forte mortalité et et de gants représente un débouché intéres-
che sur le plan de l’amélioration génétique prendre l’aspect de véritable épidémie com- sant. L’Afrique produit 14,9 % des peaux et
et de l’alimentation. Élevés pour la viande me en 2007-2008, en Afrique de l’Est. La pré- cuirs à l’échelon mondial, mais peu d’articles
(moutons et chèvres en particulier en Afrique vention est possible par vaccination ou par finis à l’exception de l’Éthiopie qui compte
de l’Est où leur viande est très prisée), le lait isolement des troupeaux infectés. Maladie une unité de fabrication d’articles en cuir
(chèvres surtout) et les peaux, ces animaux virale non contagieuse, la FCO affecte tous de chèvre haut de gamme, Taytu Trade and
constituent un apport nutritionnel important les ruminants, mais les symptômes sont plus Industry, qui vend ses sacs à main dans les
dans les familles pauvres et, le cas échéant, aigus chez les moutons. Elle a été découverte plus grands magasins de mode du monde.
de la tomate sahélo-soudanienne
Par L. Granjon et J.-M.
Duplantier
African drylands
commodity
Les maladies de la IRD/MNHN, 2010, 216 p. Par S. Cohen
tomate. Identifier, ISBN 978-2-7099-1675-2 UNCCD/FAO/CFC, 2009,
connaître, maîtriser 32 € 82 p.
Par D. Blancard (ed.) IRD Éditions ISBN 978-92-95043-38-1
Quæ, 2009, 690 p. Centre IRD de Montpellier Secretariat of the United
ISBN 978-2-7592-0328-4 911, avenue Agropolis Nations Convention to
79 € - Ebook : 45,50 € BP 64501, 34394 Montpellier Combat Desertification
Éditions Quæ cedex 5, France Hermann-Ehlers-Strasse 10
C/o Inra editions@ird.fr 53113 Bonn, Allemagne
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France ■ Les rongeurs, hormis les rares espèces Téléchargeable
Fax : +33 1 30 83 34 49 gratuitement sur :
qui peuvent être chassées ou élevées pour la http://tinyurl.com/
serviceclients-quae@
versailles.inra.fr consommation – comme l’aulacode et le rat de y3uby6b
www.quae.com Gambie –, ont dans l’ensemble une mauvaise
■ Sur le continent africain, 325 millions de
image. Ils ravagent les cultures, dévorent les
■ Quatrième légume le plus produit dans le personnes vivent sur des terres dégradées ou
stocks alimentaires et transmettent des mala-
monde, la tomate est consommée en moyen- arides. La désertification progressant, ce livre
dies, parfois mortelles, à l’homme et au bétail.
ne à hauteur de 12 kg par personne et par an. souligne le potentiel du commerce intérieur
Mieux les connaître est donc très important si
Si la mondialisation a augmenté les échan- de ces régions avec les faiblesses qu’il lui
l’on souhaite limiter leurs dégâts.
ges et la production, elle a aussi favorisé la faut surmonter. Il préconise l’extension des
Ce livre est le fruit de trois décennies de col-
propagation des virus, ravageurs et autres zones de marché intérieur où agriculteurs et
lectes et d’études menées dans six pays d’Afrique
maladies, qu’il importe de diagnostiquer le éleveurs pourraient vendre directement leurs
sahélo-soudanienne (Burkina Faso, Mali,
plus précocement possible car la tomate est productions.
Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) par le
un légume fruit très sensible. Il présente, en anglais, dix-neuf produits
Museum national d’histoire naturelle (MNHN,
Plus qu’une encyclopédie, cet ouvrage de base en décrivant le marché pour cha-
France) et l’Institut de recherche pour le dé-
a été conçu comme un véritable outil de cun : chiffres de production, prix, pistes de
veloppement (IRD, France). Croquis, cartes
diagnostic des affections de la tomate. Les transformation… Des liens aident utilement
et photos à l’appui, il montre l’extraordinaire
symptômes sont d’abord astucieusement à approfondir le sujet. Les fruits, les oléa-
diversité de ces mammifères dans cette zone :
classés en fonction de leur localisation sur la gineux, le bétail, les produits de la mer, les
de la minuscule souris naine sahélienne qui ne
plante : tige, feuille, fruit… Leur origine pro- céréales, le tabac, le sucre, les légumes, les
pèse que 4 g au grand aulacode qui avoisine les
bable est ensuite précisée. Une fois la cause épices, le coton et les biocarburants sont
4 kg. Chacune des 63 espèces retenues ici est
clairement déterminée, vous pouvez passer passés au peigne fin pour que chacun puisse
présentée par une fiche qui indique sa taxono-
au chapitre suivant pour en savoir plus. Des choisir la meilleure production possible selon
mie, son écologie, sa reproduction et son abon-
fiches synthétiques présentent les principaux les conditions géographiques, la concurrence
dance, son aire de distribution, etc. Des clés de
ennemis de la tomate et ils sont nombreux ! et les capacités locales de fabrication.
détermination aident à identifier les espèces.
Vous saurez tout sur la biologie et les carac- L’objectif de cet ouvrage est de favoriser
L’introduction de cet ouvrage alerte sur l’im-
téristiques des agresseurs (champignons, le dialogue entre tous les intervenants et de
pact du changement climatique et de l’inter-
bactéries, virus, etc.) : fréquence de propa- créer un consensus autour de stratégies glo-
vention de l’homme sur les milieux naturels,
gation, stigmates et méthodes de protection, bales de développement.
observé dans la région. Au Sénégal, par exem-
etc. Abondamment illustré de tableaux, de
ple, des gerbilles ont littéralement colonisé cer-
schémas et de photos très explicites, ce guide
taines zones arides, menaçant les champs de
est à mettre entre les mains des profession-
nels de la tomate, des chercheurs, des ensei-
mil. Quelques règles de base pour protéger les Écosystèmes forestiers
récoltes au champ ainsi que dans les greniers et Principalement adressée aux experts
gnants et des étudiants.
entrepôts sont également rappelées. techniques, scientifiques et décideurs
du domaine forestier, l’étude présente
les dernières connaissances sur
Sine-Saloum dans l’objectif les liens entre les forêts et l’eau,
Partez à la découverte de la région notamment dans les espaces sensibles
multiclassée qu’est le delta Sine-Saloum, Sénégal : Sine-Saloum la forêt de l’océan comme les forêts de montagne et les
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Adresse Karthala voir page 23
réseau grâce à laquelle des communautés
d’internautes lecteurs-auteurs pourront créer
■ Le livre est-il à la veille d’une nouvelle ré-
■ Avoine, blé, orge, maïs, millet, sorgho, riz, eux-mêmes des contenus.
volution ? De plus en plus d’éditeurs propo-
sarrasin… Cet ouvrage est une invitation au
sent, à un prix légèrement inférieur, des ver-
voyage dans le vaste monde de la transforma-
tion des céréales et des plantes assimilées (qui-
sions numériques de leurs ouvrages. Google, Pour obtenir
de son côté, s’est attaqué à la numérisation
noa, amarante ou manioc). De l’Asie à l’Eu-
de la quasi-totalité des ouvrages disponibles.
les publications
rope, en passant par le Maghreb et l’Afrique Les publications du CTA
De nombreuses revues scientifiques ont opté
de l’Ouest, les céréales sont à la base d’une
pour la diffusion en ligne. Les premiers lec- identifiées dans Spore par la
infinité de plats comme le couscous, les
bouillies, le pain, de boissons comme la
teurs de e-books (comme le Kindles) ont fait feuille verte sont disponibles
leur apparition aux États-Unis et plus récem- gratuitement pour les abonnés
bière, mais aussi de friandises et de desserts.
ment en Europe, mais leur prix élevé (300 €)
Mais que sait-on vraiment de ces céréales qui au Service de distribution des
les confine encore à une clientèle aisée, qui
depuis des millénaires fournissent à l’homme publications (SDP) du CTA. Les
peut ainsi glisser dans sa valise des milliers et
l’énergie nécessaire à ses activités journaliè- autres lecteurs peuvent les
des milliers de pages.
res ? Des ethnologues, des anthropologues
et des historiens vous feront découvrir à tra-
Le livre numérique se fait donc peu à peu acheter auprès du distributeur
une place dans l’édition qui reste cependant commercial du CTA. Seules les
vers ce tour géographique et historique les
dominée à 95 % par l’imprimé. Cette nouvel-
techniques de préparation et de transforma- organisations agricoles et rurales
le donne, si elle ne bouleverse pas encore
tion (y compris industrielle) des céréales. À et les particuliers résidant dans
l’heure de la globalisation, ce livre se veut un les pays ACP peuvent s’abonner
antidote à la “cacophonie culinaire” en dé-
crivant précisément la diversité des aliments
Agir c’est investir au SDP. Les abonnés au SDP
du monde et les relations qu’ils entretiennent L’agriculture est naturellement sensible bénéficient chaque année d’un
avec les peuples qui les ont élaborés. au changement climatique dont les certain nombre d’unités de
populations des pays en développement crédit gratuites pour obtenir des
feront le plus les frais. Un nouveau
publications du catalogue du
rapport de recherche évalue les
Gouverner autrement CTA. La liste des publications
conséquences de ces changements sur
En étayant l’ouvrage d’expériences la sécurité alimentaire et prévoit que disponibles est consultable dans
personnelles, l’auteur développe 25 millions d’enfants de plus souffriront le catalogue électronique du CTA
une manière radicalement différente de malnutrition en 2050. Un tel scénario
de gouverner : décentraliser les
(http://cta.esmarthosting.net/).
n’est pourtant pas inéluctable et pourrait
politiques, intégrer les populations à Toutes les autres publications,
ne pas se réaliser en augmentant de
leur développement et modifier l’aide 4,97 milliards € les investissements qui sont précédées d’un carré,
internationale. Un plaidoyer pour une annuels en développement rural. sont disponibles chez les éditeurs
autre gouvernance. mentionnés ou dans les librairies.
Changement climatique : impact
Reconstruire l’Afrique, sur l’agriculture et coûts de l’adaptation
vers une nouvelle gouvernance Par G. C. Nelson et al.
fondée sur les dynamiques locales IFPRI, 2009,
Distributeur commercial
Par O. Sy ISBN 978-0-89629-536-0 SMI (Distribution Services) Ltd
Éditions Charles Léopold Mayer, 2009, 222 p. Téléchargeable à l’adresse suivante :
ISBN 978-2-84377-149-1 http://www.ifpri.org/node/6190 PO Box 119, Stevenage
19 € Institut international de recherche sur les politiques Hertfordshire SG1 4TP
Éditions Charles Léopold Mayer alimentaires
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24 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010
nouvelles du cta
www.cta.int
© Genardis
lance un grand concours de
sensibilisation. (lire page 26)
© S. Freedsman/PANOS-REA
le marketing des productions… Voilà ce qui avec espace de réseautage social.
pourrait modifier le rapport à l’agriculture et Si vous avez entre 18 et 35 ans, si vous
offrir davantage d’opportunités aux jeunes. vivez dans un pays ACP ou en êtes origi-
Pour les sensibiliser davantage aux enjeux naires, que vous viviez en milieu urbain ou
du développement agricole et renforcer leurs rural et surtout si vous suivez une forma-
capacités sur l’utilisation des technologies tion agricole ou êtes jeune producteur, alors
de l’information, le CTA lance une opéra- ce programme vous concerne. Son nom ? Contact :
tion sur mesure. Au menu ? Un concours de ARDYIS : Agriculture, Développement rural Ken Lohento
rédaction sur le thème Jeunes, Agriculture, et Jeunesse dans la Société de l’Information. ardyis-project@cta.int