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Le magazine

du développement
agricole et rural
des pays ACP
http://spore.cta.int

N°147
juin-JUILLET 2010
interview
,
Michael Hailu
teur
nouveau direc
e carrière
du CTA : “Fair
ure,
dans l’agricult
!”
c’est possible

AGRObiodiversité
Une longueur
d’avance
petits ruminants
Peaux
et troupeaux

aide alimentaire

Prévenir
l’urgence
partageons les connaissances au profit des communautés rurales
Sommaire Spore N° 147 - juin-JUILLET 2010
Aide alimentaire
Prévenir
Michael Hailu
Le moment Éditorial
l’urgence où jamais… L’agriculture évolue. Spore
fait sa révolution. Fer de INTERVIEW
Le magazine
du développement
agricole et rural
des pays ACP
http://spore.cta.int

N°���
JUIN�JUILLET ����
Michael Hailu,

lance du Centre technique


nouveau directeur
carrière
du CTA : “Faire
ure,
dans l’agricult
!”
c’est possible

de coopération agricole
4 12
AGROBIODIVERSITÉ
Une longueur
d’avance

et rurale (CTA) dans son


PETITS RUMINANTS

À LA UNE interview
Peaux
et troupeaux

action en faveur des pays Prévenir


AIDE ALIMENTAIRE

l’urgence
ACP, votre magazine est Partageons les connaissances au profit des communautés rurales

Agrobiodiversité l’un des rares produits


d’information encore accessibles là où les
Une longueur pistes s’ensablent et où il n’existe pas de

d’avance kiosque à journaux. Le voici désormais plus


varié, et toujours aussi riche !
Tous les deux mois, il vous présentera, en
28 pages, l’essentiel de l’information
enmatière de développement agricole et
rural ACP.

13
Dès la prochaine parution, cet éditorial

dossier y décryptera l’actualité. De nouvelles


rubriques voient le jour : “Élevage”,
4 | À la une “Commerce”, “Environnement”… jusqu’à
la page “Business” où l’on découvrira de
6 | Actualités vraies réussites entrepreneuriales et des
7 | Agriculture sources d’inspiration pour les business
8 | Élevage et pêche modèles de demain.
Spore figurait déjà sur les bureaux des
9 | Environnement ministres, mais il lui manquait parfois un zest
10 | Recherche d’insolence. Un invité de marque se prête
désormais aux questions de la rédaction.
11 | Business
Cette interview acérée donne le ton. Le
12 | Interview magazine n’oublie pas les faits et le partage
du savoir. Il en va ainsi du dossier central,
13 | DOSSIER qui analyse les grands sujets du moment,
Agrobiodiversité : une longueur d’avance mais vous emmène, aussi, en reportage, à
Enrayer le déclin de la biodiversité agricole est impératif. Surtout pour les pays ACP. la rencontre de ceux qui font l’agriculture,
façonnent et pensent le monde rural. Enfin,
17 | Point de vue votre point de vue n’est pas oublié. Votre
Chief Nelson Neuso : tradition et conservation courrier sera désormais publié dans chaque
Le leader zimbabwéen nous explique pourquoi les cultures vont mieux numéro et, pour mieux vous servir, Spore
quand l’environnement est préservé. multiplie les graphiques, fait la part belle
à la photographie et adopte une mise en
18 | Reportage page limpide et aérée. Alors, écrivez-nous !
Namibie : un trésor enfoui Faites-nous part de vos découvertes ou de
La “griffe du diable”, Harpagophytum zeyheri, au secours des San de Namibie. vos réactions… et bonne lecture !

20 | Focus
La rédaction
Petits ruminants
21 | Publications
Photo de couverture : © Alamy/Hemis.fr

25 | Nouvelles du CTA
est le magazine bimestriel du Centre technique de coopération agricole et rurale (CTA). Le CTA est régi par l’Accord de Cotonou entre le groupe des pays
d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP) et l’Union européenne, et financé par l’UE. • CTA • Postbus 380 • 6700 AJ Wageningen, Pays-Bas
• Tél. : +31 317 467 100 • Fax : +31 317 460 067 • E-mail : cta@cta.int • Site Web : www.cta.int • DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Michael Hailu • COMITÉ DE RÉDACTION : Thierry Doudet,
Stéphane Gambier, Anne Legroscollard, Isolina Boto, Vincent Fautrel, José Felipe Fonseca, Karen Hackshaw, Ibrahim Tiémogo • RÉDACTION : Directrice de la rédaction : Marie-Agnès
Leplaideur • Rédactrice en chef de la version française et coordinatrice : Denise Williams • Syfia International, 20 rue du Carré-du-Roi, 34 000 Montpellier, France • Rédactrice
en chef de la version anglaise : Clare Pedrick • Via dello Spagna 18, 06049 Spoleto (PG), Italie • Version portugaise : Manuela Paixão • CORRESPONDANTS : N. Ackbarally (Maurice),
B. Bafani (Zimbabwe), I. Esipisu (Kenya), R. Gildharie (Guyana), A. Labey (France), C. Nforgang (Cameroun), F. Patard (France), J.-M. Saint-Fleur (Haïti), M. Seck (Sénégal), B. Simona
(Congo), S. Van Bosch (Namibie), A. Wandimoyi (RD Congo), F. Zvomuya (Afrique du Sud) • AUTRES CONTRIBUTEURS : J. Bodichon, L. de Araújo, F. Idir Le Meur,
IlO traduction, D. Manley, Tradcatts • DESIGN ET MISE EN PAGE : Intactile DESIGN, France • IMPRESSION : Pure Impression, France • © CTA 2010 – ISSN 1011-0054

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 


à la une
Aide alimentaire

Prévenir l’urgence
L’aide alimentaire répond de plus en plus souvent à des urgences. Pour
les prévenir, les donateurs préfèrent aujourd’hui acheter localement
et développer l’agriculture longtemps concurrencée par les dons.

V
ingt millions de personnes en Afrique de l’Est Résumant les principales critiques faites à ces dons, le
– Burundi, Éthiopie, Kenya, Somalie, et Soudan –, Club du Sahel note que l’aide alimentaire ne répond pas
près de 10 millions en Afrique de l’Ouest, Niger nécessairement à l’évolution des besoins de sécurité ali-
en tête, ont faim actuellement… Vingt et un pays mentaire des populations des pays en développement, ni
africains auront besoin d’aide alimentaire immédiate en aux intérêts de leur production agricole.
2010, selon la FAO. Ces secours sont destinés à parer à
des situations d’urgence souvent liées à des catastrophes Aide déliée
naturelles mais qui peuvent aussi résulter de conflits ou Qu’elle soit d’urgence ou non, il a été pendant longtemps
de politiques agricoles inappropriées. L’aide alimentaire reproché aux donateurs de faire de l’aide un exutoire pour
d’urgence représente aujourd’hui entre la moitié et les leurs excédents agricoles. Si la position de l’UE a changé
deux tiers de l’aide alimentaire apportée chaque année à son aide est aujourd’hui déliée, c’est-à-dire que les dons
l’Afrique, bénéficiaire de plus de la moitié de celle distri- ne sont plus prélevés obligatoirement sur les stocks euro-
buée dans le monde. Depuis les années 1980, les situations péens –, celle des USA est restée sensiblement la même :
Au Sud Soudan,
d’urgence y ont triplé, malgré les quelque 2,25 milliards € 75 % des dons doivent être effectués en produits améri- des femmes tirent
d’aide alimentaire fournis chaque année à ce continent et cains et les USA alimentent le PAM à hauteur de 60 %. Il des sacs largués
par le PAM
les 25 milliards € d’achats de produits importés. en résulte une concurrence avec les productions locales,
vers le point
Dans les années 1990, les pays africains bénéficiaient comme l’a reconnu Bill Clinton, ancien président des de distribution.
essentiellement de l’aide programme afin d’acheter des
céréales pour combler le déficit entre la demande natio-
nale et la production locale. La vente de ces céréales à la
population leur procurait, en outre, des fonds de contre-
partie. Une autre forme d’aide, qui a été largement utilisée
ces dernières décennies, vise à permettre aux populations
les plus vulnérables de développer des activités rentables
sans avoir à dépenser pour leur alimentation. C’est aussi
le cas des programmes comme Vivres contre travail ou
Vivres contre formation qui se sont multipliés. Désormais,
c’est l’aide d’urgence, laquelle nourrit aux plus vite ceux
qui n’ont plus rien à cause de catastrophes naturelles ou
de conflits, qui domine. Dans ces cas-là, l’aide est donnée
directement à ceux qui en ont besoin et non aux États.
Actuellement, c’est le cas pour près des trois quarts de
l’aide.
Toutes aides confondues, les principaux donateurs res-
tent les USA, l’UE et le Japon, mais la majeure partie de
leurs dons passe aujourd’hui par les agences internationa-
les comme le Programme alimentaire mondial (PAM) qui
distribue plus de la moitié de l’aide mondiale. Il faut aussi
compter avec les grandes ONG internationales ou natio-
nales – souvent opérateurs du PAM – et les entreprises
privées. Cette multitude d’intervenants complique parfois
la répartition et la distribution des stocks, surtout lorsque
certaines crises ont eu un fort écho médiatique. Les États
et les sociétés civiles se plaignent de ne pas y être toujours
suffisamment associés. Le gouvernement rwandais, lui, a
même décidé de refuser, sauf en cas d’extrême urgence,
les distributions alimentaires pour pousser les gens à se
nourrir eux-mêmes.

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à la une
États-Unis, devant la Commission des affaires étrangè- Sont plus particulièrement ciblés, dans ces projets, les
res du Sénat américain en mars dernier. Les exportations réfugiés et déplacés, et les plus vulnérables – malades du
de riz américain ont contribué à l’effondrement de la pro- sida, femmes et, en particulier, écoliers pour les inciter à
duction locale haïtienne et l’abondante aide envoyée pour aller en classe.
conjurer les crises humanitaires, et souvent vendue sur les
marchés, a nui grandement à l’agriculture de ce pays. Règles à suivre
En outre, selon Save the Children en République Ces nouvelles orientations sont au centre des discus-
démocratique du Congo, l’acheminement des céréales y sions sur La charte pour la prévention et la gestion des crises
coûte 15 fois plus cher que l’achat sur le marché local. alimentaires, révision de la Charte de l’aide alimentaire de
Ailleurs, l’aide importée coûte aux donateurs 30 à 50 % de 1990 du Comité inter-États de lutte contre la sécheresse
plus que des achats locaux. De plus, les durées d’achemi- au Sahel (CILSS), et sur la renégociation de la Convention
nement sont plus longues, 4 ou 5 mois en moyenne contre relative à l’aide alimentaire (CAA). Le concept d’assistance
un mois. alimentaire y remplacerait celui d’aide, élargissant ainsi
la panoplie des moyens utilisables : aide en nature, en
Diversifier les formes d’aide argent, en outils… Les deux documents insistent sur la
Se fournir sur place est donc désormais privilégié. Au nécessité de bien connaître les situations et d’améliorer
cours des six premiers mois de 2009, le PAM a acheté les systèmes d’alerte précoce, qui reposent à la fois sur des
74 % des aliments dans les pays en développement. Il a mesures scientifiques et des connaissances empiriques,
aussi lancé des programmes “Achats pour le progrès” de pour anticiper les crises et intervenir très rapidement. La
leur production à de petits agriculteurs à prix équitables. transparence des opérations et la participation de tous les
Ceux-ci bénéficieront de formations, d’infrastructures, acteurs figurent aussi parmi les règles à suivre.
d’intrants… Réduire la vulnérabilité des pays est le maître mot. Il faut
En Sierra Leone, la coopérative des agricultrices de agir sur les causes structurelles de l’insécurité alimentaire
Koinadugu (750 femmes) fournit du riz au PAM acheté – difficultés d’accès au marché, manque d’intrants, baisse
à un prix fixe, ce qui a permis d’accroître la production des prix, conflits, problèmes politiques ou nutritionnels
et d’envoyer les enfants à l’école. Au Mali, l’ONG Afrique – qui amplifient les facteurs conjoncturels. S’attaquer aux
Verte et son partenaire AMASSA (Association malienne racines de ces maux est indispensable pour assurer dura-
pour la sécurité et la souveraineté alimentaires) aident blement la sécurité alimentaire des populations, qui passe
les petits agriculteurs à produire régulièrement et d’une avant tout par leur capacité à se nourrir elles-mêmes.
qualité répondant aux exigences du PAM. Bien souvent,
en effet, les achats locaux s’avèrent
difficiles car, faute de marchés or-
s loin
Pour aller plu
ganisés, l’approvisionnement n’est
pas toujours fiable, en quantité
comme sur les délais, et les pro-
duits fournis ne répondent pas tou-
jours aux critères demandés. Enfin,
CAA
Convention relative à l’aide alimentaire
il faut veiller à ce que ces achats ne
http://tinyurl.com/25tv84h
fassent pas monter les prix et n’en-
gendrent pas de pénuries locales. CTA
C’est pourquoi, estime le pré- 18e Briefing de Bruxelles
sident de la Banque mondiale, L’aide humanitaire et le développement rural
dans les pays ACP
Robert Zoellick, “dans bien des cas,
http://tinyurl.com/23xnwqq
il est bon de fournir un appui en
espèces ou sous forme de coupons, FAO
plutôt que sous forme d’aliments, Situation alimentaire mondiale
ce qui peut contribuer, localement, http://tinyurl.com/yg2fd3q
à la constitution de marchés ali- Forum de Bamako
mentaires et à l’accroissement de www.forum-bamako.org/news.php
la production agricole”, sans faus-
ser les marchés. OCDE / Club du Sahel
Le PAM favorise aussi le redé-
et de l’Afrique de l’Ouest
Charte de l’aide alimentaire
marrage de la production dans
http://tinyurl.com/2algkxr
les projets Liens entre l’aide d’ur-
gence, la réhabilitation et le déve- Programme alimentaire mondial
loppement (LARD). En Éthiopie, le www.fr.wfp.org
projet MERET aide les communau- Réseau de prévention
tés à construire des barrages et à des crises alimentaires
© IRIN 2010

creuser des puits pour éviter la dé- www.food-security.net


sertification, accroître et diversifier
leurs cultures.

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ACTUALITÉS
de nombreuses organisations
TIC
qui travaillent sur toutes sor-
Téléphones tes de projets pour améliorer

portables pour

© J M Saint-Fleur
différents aspects dans les
pays du Sud, selon le scien-
données rurales tifique Carl Hartung. Les
■ Grâce à un système développé pour les outils que nous avons dé-
régions reculées des pays du Sud, les télé- veloppés peuvent aider
HAÏTI
phones portables peuvent à présent servir ces derniers à collecter
L’urgence à collecter les données. Le Kit de données diverses données et à

du long terme en partage (ODK) conçu par les chercheurs


de l’Université de Washington (USA) est un
les analyser très rapi-
dement.”
■ Quatre mois après le séisme qui a ravagé
jeu d’outils gratuit qui utilise Android, un Ce système aide déjà les
Haïti le 12 janvier 2010, les actions d’ur-
système mobile en open source pour collec- agents de santé communautaires à locali-
gence se prolongent pour nourrir et loger les
ter et traiter l’information. ser les maladies et à effectuer des tests sur les
victimes de cette catastrophe tandis que les
Selon les chercheurs, le potentiel d’ODK patients dans le cadre du Modèle académique
autorités haïtiennes tentent, avec l’appui de
est élevé en matière de collecte d’un lar- pour l’accès aux services de santé (AMPATH)
la communauté internationale, de relancer
ge éventail de données rurales. “Il existe dans les zones rurales du Kenya. À Zanzibar,
un secteur agricole déstabilisé.
le personnel des services communautaires
Alors que la saison culturale de printemps
de santé vétérinaire se sert d’ODK pour col-
est entamée, les campagnes haïtiennes doi-
lecter des informations fournies par les pro-
vent à la fois faire face à la destruction de
priétaires de bétail, tandis qu’en Ouganda le
nombreuses infrastructures (routes, marchés,
système guide le développement de Farmer’s
canaux d’irrigation, unités de transformation
Friend, un service de téléphonie mobile qui
de la canne à sucre…) et à l’afflux des cita-
© Open Data Kit

dispense des conseils agricoles par SMS.


dins. Les petits agriculteurs, déjà en situation
précaire pour la plupart d’entre eux, ont dû http://code.google.com/p/open-data-kit
sacrifier du bétail et parfois épuiser leurs se-
mences pour nourrir les nouveaux venus.
Avant le tremblement de terre, les paysans
haïtiens assuraient, sans grands moyens, 40 % OGM
de la nourriture du pays, selon le Fonds inter- LIBRE ACCÈS
national de développement agricole (FIDA), le Croissance à
reste étant importé. Leur apport est aujourd’hui
Combler les lacunes deux vitesses
plus vital que jamais : le nombre d’Haïtiens en du savoir Les cultures génétiquement modifiées
proie à l’insécurité alimentaire atteint plus Une plateforme de distribution de revues occuperaient aujourd’hui environ
de 2,5 millions sur huit millions d’habitants. à comité de lecture sur les biosciences 134 millions d’hectares et leur surface
Le gouvernement haïtien, par le biais de son ambitionne d’aider à réduire la fracture continuerait d’augmenter surtout dans
ministre de l’Agriculture, a demandé aux internationale concernant les savoirs. les pays en développement, se félicite
bailleurs internationaux de veiller à ce que leur Bioline International est une coopérative un rapport du Service international pour
aide ne devienne pas un obstacle à la relance d’édition scientifique œuvrant pour un libre l’acquisition des applications agro-
de la production locale. La distribution rapide accès à une information de qualité sur la biotechnologiques (ISAAA). Les Amis de la
d’intrants et d’outils agricoles, promise par la santé, la biodiversité, l’environnement, Terre, eux, rappellent que 99 % des OGM
FAO, pourrait apporter une bouffée d’oxygène la conservation et le développement sont cultivés pour les agrocarburants et
à plus de 600 000 paysans. international. l’alimentation animale.
www.bioline.org.br

FINANCEMENT
Transparence du COTON
développement L’or blanc dans le rouge
© Syfia International

Ce service en ligne de suivi du financement La production africaine de coton a baissé de 42 % entre 2004 et
du développement propose une information 2009, chutant de 2 à 1,17 million de tonnes de fibres. En Afrique
complète et précise sur l’aide dans le monde de l’Ouest et du Centre qui produisent environ 60 % du coton
entier. Gratuit et accessible à tous via un du continent, la baisse atteint les 50 %. Une chute attribuée
portail Internet facile à utiliser, AidData à la baisse des cours mondiaux de ces dernières années, à la flambée du prix des
recense près d’un million de documents sur intrants, mais aussi à la montée en puissance de la concurrence asiatique. Les 37 pays
ce financement. Les utilisateurs peuvent africains qui cultivent l’or blanc n’assurent plus que 2,5 % de la production mondiale
effectuer des recherches par mots-clés, alors que près de 25 millions de personnes sur le continent dépendent du coton. Seule
bailleurs ou régions. exception notable, le Burkina, devenu le premier producteur du continent et où le
www.aiddata.org coton est OGM à 95 %.

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AGRICULTURE
HORTICULTURE
Lutter contre SEMENCES
les éléments Matières premières
■ Confrontés aux conditions Le Projet sécurité semencière, coordonné
climatiques les plus extrêmes par le Réseau d’analyse de la politique
que les Caraïbes aient connues, de l’alimentation, de l’agriculture et des
les agriculteurs guyanais re- ressources naturelles (FANRPAN), donne
courent à des techniques de aux agriculteurs du Malawi, du Swaziland,
pointe pour produire toute de la Zambie et du Zimbabwe un accès
l’année. S’inspirant de techni- à des semences améliorées, les aidant
ques en provenance de Chine, ainsi à pénétrer ce secteur de production
du Moyen-Orient ou des USA commerciale. Objectif du projet : la stabilité
(serres tropicales, irrigation au de l’approvisionnement en semences et des
goutte-à-goutte, culture hydro- revenus des agriculteurs.
ponique), des centaines d’entre www.fanrpan.org
eux font pousser fruits et légu-
mes – pastèques, concombres,
potirons, poivrons, tomates ou commandent les chercheurs, de détecter très

© R Gildharie
choux – pour les marchés lo- tôt sa présence. L’insecte entouré de sa toile est
caux et l’exportation. visible sur la face inférieure des feuilles qu’il
Auparavant, les pluies et la pique pour en sucer la sève, ce qui provoque
sécheresse pouvaient anéan- Le goutte- d’abord leur jaunissement puis leur chute,
tir les récoltes. “Je ne perds à-goutte Ravageurs parfois fatale pour la plante. L’huile de neem,
plus mes récoltes depuis que permet
de produire
j’utilise le goutte-à-goutte et toute l’année
L’ail contre bien connue en milieu paysan au Sahel,
s’avère, elle aussi, comme étant un
j’obtiens plus qu’assez de légu- au Guyana. l’araignée rouge bon acaricide.
mes pour la vente”, affirme Clement Suklall, ■ Au Sénégal, une équipe de chercheurs du

INRA © A. Migeon
cultivateur à Parika. Les techniques sont laboratoire d’entomologie et d’acarologie du dé-
aussi reprises par plusieurs grandes sociétés partement de biologie de l’Université de Dakar
agricoles, dont Bounty Farms, principal pour- a fait le bilan de cinq années de vulgarisation,
voyeur de volailles du Guyana qui désormais auprès des horticulteurs, de l’utilisation de l’ail
exporte aussi des fruits et des légumes. pour lutter contre l’araignée rouge (Tetranychus
“Les agriculteurs ont rapidement adopté evansi). Cet acarien, originaire d’Amérique du

© Jade Syfia
ces techniques, car ils constatent leur utilité et Sud, est particulièrement redouté des produc-
les bénéfices qu’ils peuvent engranger, surtout teurs sénégalais de tomates et autres solanacées
dans le contexte du changement climatique”, car il est capable d’anéantir les récoltes.
explique le Dr Oudho Homenauth, directeur L’ail s’est révélé un acaricide efficace dans Tetranychus evansi, un L’équipe de chercheurs
de l’Institut guyanais de recherche agrono- la lutte biologique. La solution utilisée pour redoutable prédateur conseille également aux
de la tomate au
mique. Ces techniques sont aussi employées le traitement se compose de 100 g d’ail pilé et Sénégal (grossi) maraîchers de séparer
par les agriculteurs d’Antigua, de la Barbade, d’un demi-litre d’eau mélangé à 10 g de savon des autres les cultures
de la Jamaïque, de Trinité-et-Tobago et dans de Marseille. On traite bien la face inférieure sensibles à T. Evansi dans les parcelles et d’éli-
d’autres régions des Caraïbes très touchées des feuilles sans arroser de toute la journée. miner ou traiter efficacement les plantes réser-
par la sécheresse ces derniers mois. Deux traitements, espacés de six jours, suffi- voirs comme le papayer et le ricin à la fin de
sent pour éradiquer T. evansi. À condition, re- chaque campagne agricole.

MAÏS
BANANIER
Non aux raies noires Variétés performantes
Des chercheurs travaillent au développement de variétés
La cercosporiose ou maladie des raies
de maïs adaptées aux faibles quantités d’engrais que les
© CIMMYT

noires a fait son apparition récemment à


agriculteurs africains ont les moyens de se procurer. Les
Saint-Vincent et Sainte-Lucie ainsi qu’en
rendements de ces petits paysans d’Afrique subsaharienne sont
Guyane. Face à son extension, qui menace
très inférieurs à ceux des pays du Nord, essentiellement en raison de la pauvreté des
toute la production de bananes de toute
sols et de leur accès limité aux engrais. Le projet Maïs amélioré pour les sols africains
la région caraïbe, le projet interrégional
(IMAS), géré par le Centre international d’amélioration du maïs et du blé (CIMMYT)
Banane durable Caraïbes est engagé
et ses partenaires, mobilise des outils biotechnologiques et utilise des approches
dans une course contre la montre pour
transgéniques ainsi que des techniques de reproduction classiques pour mettre au
surveiller et contenir et la progression de ce
point des variétés à rendement 30 à 50 % supérieur. Les nouvelles variétés seront libres
champignon.
de droits pour les sociétés semencières qui vendent aux petits paysans.

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 


élevage ET PÊCHE
LABEL
Perche durable

© Syfia International
Pour sauvegarder la perche du Nil, Naturland, une ONG
allemande, a créé une certification accordée sur des critères
de bonnes pratiques de pêche, de prix équitables et
d’amélioration des revenus des populations locales. Après avoir

FAO © F Paladini
éliminé la plupart des 500 espèces de poissons du lac Victoria, la perche du Nil, qui
a vu ses effectifs et sa taille se réduire au fil des ans, est aujourd’hui menacée par
la pêche illégale et la surpêche. Les stocks sont tombés de 1,9 million de tonnes en
1998 à 370 000 t en 2008, selon la FAO. Quelque deux millions de personnes vivent de
Il aura fallu la pêche et de la vente de ce poisson dont près de 200 000 t sont exportées chaque
SANTÉ ANIMALE 16 ans pour année surtout vers l’UE.
Adieu éliminer la
peste bovine www.naturland.de/naturland_fish.html

peste bovine dans le monde.

■ C’est la fin annoncée de l’une des maladies AVICULTURE


animales les plus dévastatrices au monde. Avec
l’éradication des derniers foyers probables de
L’œuf
la maladie, la FAO, l’Organisation mondiale et la caille
de la santé animale (OIE) et d’autres parte- ■ L’élevage des cailles ou
naires se préparent à annoncer l’éradication coturniculture (du latin
de la peste bovine. Depuis son lancement en Coturnix) a pris son envol au
1994, le Programme mondial d’éradication de Cameroun il y a deux ans à
la peste bovine (GREP) a sans cesse combattu la suite de la publication par
la maladie. Former les éleveurs à reconnaître La Voix du paysan d’un arti-
la maladie, élaborer des plans d’action d’ur- cle sur les vertus thérapeuti-
gence, mettre en place des protocoles de bio- ques et diététiques des œufs

© Syfia International
sécurité et des programmes nationaux de suivi de caille. Devant l’enthou-
et de contrôle sont autant de tactiques qui ont siasme des lecteurs, la revue
été déployées. Entre 1994 et 2009, près de fait paraître en mars 2009 un
170 pays et territoires ont réussi à éradiquer dossier sur cet élevage et ses
la peste bovine et obtenu la certification OIE. divers débouchés et organise,
La dernière épidémie confirmée s’est pro- en collaboration avec le Centre de documen- Les œufs de caille font
duite en 2001 au Kenya. La FAO, “vaccinée” tation pour le développement rural (CDDR), un malheur au Cameroun
et le bonheur des éleveurs.
par des cas dramatiques de résurgence résul- des journées d’information et de démons-
tant en général d’un arrêt trop précoce des tration dans plusieurs villes camerounai-
programmes, s’est engagée à attendre l’achè- ses. Les groupements d’intérêt économique
vement des dernières activités de contrôle en et les coopératives d’éleveurs de cailles se
SÉCHERESSE
2011 avant de déclarer officiellement la dis- multiplient à travers le pays et un Conseil
parition de l’épizootie. Si, comme on le pense interprofessionnel des cailles du Cameroun Moins de cultures,
généralement, la peste bovine est éliminée, (CICaC) se crée en 2009. plus d’animaux
ce sera la première fois dans l’histoire que L’élevage de la caille se pratique dans des À l’heure où un climat plus chaud et
l’humanité aura réussi à vaincre une maladie cages faciles à construire avec des maté- une pluviométrie instable compliquent
animale. riaux locaux à raison de 70 oiseaux au mètre l’agriculture vivrière, le bétail serait un
carré (un mâle pour quatre ou cinq femel- nouvel espoir pour les paysans africains.
les). Les cages peuvent être superposées. Selon les experts, le changement climatique
ÉDUCATION La caille ne consomme que 20 g d’aliment pourrait rendre impropres à ce type de
Réseau pour l’Afrique par jour et sa ration peut être formulée par cultures entre 500 000 et 1 million de km2
Le Réseau universitaire de la pêche l’éleveur en fonction de la matière première de terres dans les dix prochaines années.
(FishNet), mené par le Nouveau partenariat dont il dispose. C’est un élevage assez sim- Mais d’après une nouvelle étude, la terre
pour le développement de l’Afrique (NEPAD) ple à mener à condition de veiller à mainte- sur laquelle vivent quelque 20 à 35 millions
vise à augmenter le nombre de chercheurs nir une température constante et de ne pas d’habitants actuellement peut encore se
africains spécialistes de la pêche et à stresser les animaux par le bruit. La première prêter à l’élevage. “Le bétail – en particulier
redynamiser des stocks piscicoles en déclin. ponte intervient au bout de six semaines les animaux connus pour leur tolérance à la
Il recrute et forme des chercheurs au seulement. Une femelle peut pondre jusqu’à chaleur et à la sécheresse – peut survivre
sein d’universités membres. Il participera 300 à 400 œufs par an. La vente de la chair, dans des conditions bien plus difficiles
également au Partenariat pour les pêcheries des cailleteaux, des géniteurs et de la fiente que les cultures”, explique le corédacteur
africaines (PAF). peut aussi rapporter. du rapport, Philip Thornton de l’Institut
www.nepad.org Contact :
international de recherche sur le bétail.
cicac2009@yahoo.fr

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environnement
AGRICULTURE URBAINE SANTÉ
Cultiver avec Arbre guérisseur CONSERVATION
les eaux usées ■ Les habitants de São Tomé et Príncipe
se sont mis depuis quelque temps à plan-
Opportunités et
■ L’horticulture utilisant les eaux usées trai-
tées est une source de revenus bienvenue
ter dans leurs propres jardins et potagers le innovations
pó-sabom (Dracaena arborea), un arbre qui Une ressource en ligne offre des comptes-
pour les agriculteurs urbains de Bulawayo
peut atteindre 20 m de hauteur et qui est rendus réguliers des nouvelles études sur la
au Zimbabwe. Plus de 1 000 cultivateurs
doté de propriétés rares : il sert à soigner conservation ainsi qu’une base de données
qui tiraient auparavant 75 € par an de leurs
toutes sortes de blessures et d’affections de la sur les financements, incluant les bourses
arrière-cours gagnent à présent 720 € en
peau, chez l’enfant comme chez l’adulte. Les des gouvernements ou des fondations.
guérisseurs villageois utilisent le pó-sabom à Les visiteurs s’inscrivent et reçoivent un
de nombreuses fins : ainsi, un thé à base de bulletin électronique bimensuel gratuit, qui
racines et d’écorce soulage les maux de dents recense toutes les nouvelles études et les
et des tisanes apaisent les éruptions cutanées. opportunités de financement ajoutées à la
Plus d’un millier de remèdes prescrits par les base de données.
40 guérisseurs les plus respectés de ces îles www.conservationmaven.com
et les sages-femmes se sont avérés efficaces.
Comparés à des remèdes plus anciens issus
d’arbres et de plantes médicinales d’autres
pays africains, ils agissent plus rapidement.
Les résultats positifs des tests biologiques
et phytochimiques menés sur 15 variétés de
cet arbre incitent les populations à se tour-
ner aujourd’hui vers les plantes de leur jardin
pour soigner les maladies africaines couran-
tes, car elles n’ont pas les effets secondaires
de certains médicaments de synthèse.

JACINTHE D’EAU
Apprivoiser
© B Bafani

© I Isipisu
l’envahisseur
■ Un biochimiste kényan a réussi à transfor-
Kethi Khumalo Le Dr Simon N.
(à gauche) et Kelvinmoyenne grâce à la vente mer l’une des plantes aquatiques les plus des- dernière, j’ai appliqué de
Mwaura présente
Nkomo utilisent de légumes et autres pro- tructrices en divers produits pour les cultu- l’engrais liquide sur mes son engrais de
les eaux usées. duits cultivés dans le cadre res et le bétail. Le Dr Simon N. Mwaura a pommes de terre et ré- jacinthe d’eau.
d’un projet pilote lancé par la municipalité conçu un équipement capable de broyer 10 t colté 122 sacs sur un seul hectare.”
de Bulawayo et le Partenariat de développe- de jacinthes d’eau (Eichhornia crassipes) en La jacinthe se décline en trois produits
ment municipal pour l’Afrique orientale et 8 heures, pour fabriquer un engrais très riche principaux : engrais liquide ou en granulés
australe (MDPESA). adapté aux terres arides. et sels minéraux pour le bétail. Six années
L’eau est traitée selon les normes de “J’utilise l’engrais bio liquide pour faire d’essais aux champs à Dubaï, au Kenya et en
l’Organisation mondiale de la santé pour pousser des pastèques et les récoltes sont Zambie ont démontré que ces produits sont
l’usage agricole et les légumes doivent être bien plus saines qu’avant”, explique Martin riches en nitrates, phosphore et potassium,
cuits avant consommation afin de réduire les Ndege, cultivateur de l’est du Kenya. et qu’ils disposent d’une capacité à transfor-
risques liés à des agents pathogènes. “L’utili- Joséphine Mulei, de la province de la Vallée mer du sable du désert en un terreau tout en
sation de cette eau n’est pas très répandue, du Rift, est tout aussi enthousiaste : “La saison stimulant la rétention d’humidité.
rappelle Takawira Mubvami, coordinateur
du programme d’agriculture urbaine du
MDPESA. Bulawayo est la première à utiliser FORÊTS
des eaux traitées pour les cultures.”
Des légumes-feuilles tel le colza ainsi que
Sauver la forêt de Mau
Le projet du gouvernement kényan de sauver la forêt de Mau est
le pois du Cap et le maïs sont cultivés sur
© I Isipisu

en passe d’atteindre son objectif : la plantation de dix millions


les 350 ha de la parcelle du projet Plantation d’arbres. Depuis le lancement de la campagne en janvier, quelque
de gommiers, en banlieue de Bulawayo. Pour 21 000 ha de terres ont déjà été plantés d’essences indigènes
Kelvin Nkomo, agriculteur, le projet assure et une extension de 20 000 ha supplémentaires a démarré. Avec 22 forêts couvrant
un revenu stable qui paie les frais de scolarité 400 000 ha et une valeur estimée de 225 millions €, le complexe de Mau est le massif
et, si les premiers clients avaient des réticen- forestier le plus vaste du Kenya. La forêt a toujours été l’une des principales sources d’eau
ces, ils sont de plus en plus disposés à ache- du pays. Mais ces dernières années, les activités humaines dans la zone et la déforestation
ter ces légumes après qu’on leur a expliqué massive ont asséché la plupart des rivières et des cours d’eau qui la traversaient.
les normes de sécurité.

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 


RECHERCHE
PRODUITS DE LA MER BIODIVERSITÉ
Soigner Haricots sauvages domestiqués
les intoxications Les agriculteurs namibiens participent à des essais de domestication du haricot
marama (Tylosema esculentum), plante vivace menacée qui pousse à l’état sauvage
■ Quatre cents millions de personnes, sur-
tout dans la région Pacifique tropicale, vivent en Afrique australe. Plus de 45 producteurs ont planté des semences dans le cadre
sous la menace de la ciguatera. Cette intoxi- du projet financé par le Kirkhouse Trust basé au Royaume-Uni, le Programme de
cation alimentaire, due à la consommation développement du PNUD et l’Université de Namibie.
de poissons et de coquillages, qui touche au “Tous nos animaux et plantes domestiques étaient sauvages autrefois. Nous avons assisté
moins 100 000 personnes chaque année, a à la disparition de certaines espèces. Nous tentons d’empêcher que cela se produise pour
des enjeux économiques et de santé publique les haricots marama”, déclare le Dr Percy Chimwamurombe. Très nutritives, les graines
importants. Les symptômes (vomissements, de cette plante contiennent plus de 30 % de protéines. Les haricots peuvent être grillés,
diarrhées, etc.) peuvent se prolonger des mois bouillis ou moulus pour en faire de la bouillie ou une boisson.
voire des années. Jusqu’ici l’unique moyen de
prévention était de s’abstenir de consommer
BANANES
des produits de la mer : un interdit qui à la fois
pénalise la pêche et bouleverse les habitudes
EAU
High-tech contre
alimentaires, entraînant l’apparition de mala-
dies cardiovasculaires, d’obésité et de diabète. Échanges de savoirs les maladies
■ En Afrique, des chercheurs utilisent des
L’Initiative centres d’excellence en gestion
systèmes de géopositionnement par satel-
de l’eau, lancée par le Nouveau partenariat
lite (GPS) et des systèmes d’information
pour le développement de l’Afrique
géographique (SIG) pour s’attaquer à deux
(NEPAD), a ouvert des centres dans
maladies mortelles des bananes. L’objectif
plusieurs pays d’Afrique australe (Afrique
de cette approche high-tech est d’élaborer
du Sud, Botswana, Malawi, Mozambique,
une représentation visuelle de la distribu-
Namibie et Zambie) pour promouvoir la
© IRD/D Laurent

tion du Bunchy top des bananiers (BBTD) et


coopération et le transfert de savoirs
du flétrissement bactérien Xanthomonas du
entre institutions de recherche sur l’eau.
L’objectif est d’élargir le réseau à toute la bananier (BXW). Les deux maladies sont à
région. l’origine de pertes massives dans certaines
Le faux-tabac, un régions d’Afrique subsaharienne et selon
En l’absence d’anti- remède traditionnel l’Institut international d’agriculture tropicale
dote connu, les cher- redécouvert par NANOTECHNOLOGIES
les scientifiques (IITA), en l’absence d’action d’urgence, tou-
cheurs de l’Institut de
recherche pour le développement (IRD, Fran-
Piles à algues tes les variétés usuelles de bananiers risquent
Une équipe de chercheurs en de disparaître. Aucune espèce n’est réputée
ce), en collaboration avec d’autres instituts de
nanotechnologies (voir Spore n° 124) résistante au BBTD ou au BXW.
recherche de la région, ont testé une centaine
de l’Université suédoise d’Uppsala a
de plantes traditionnellement utilisées pour
mis au point une batterie qui ne pèse
soigner la ciguatera. Parmi elles, le faux-tabac
presque rien, capable de se recharger
(Heliotropium foertherianum), un petit arbuste
en un temps record. Cette pile, facile
souvent planté sur les plages, s’est distingué par
à fabriquer, se compose d’une couche
sa teneur en acide rosmarinique, déjà connu
ultrafine de cellulose, issue de l’algue
pour ses propriétés anti-virales et anti-bacté-
verte Cladophora, enrobée de polymères
riennes, entre autres. L’IRD a déposé un brevet conducteurs d’énergie.
pour développer des dérivés à fort pouvoir dé-
www.angstrom.uu.se/eng
toxifiant capables de traiter la ciguatera.
© IITA/L Kumar

http://tinyurl.com/y4362fg

ESPÈCES INVASIVES Localiser les


Des chercheurs et des fonc- bananiers
Des hôtes importuns tionnaires de plusieurs pays malades
pour mieux
D’après une étude coordonnée par le Programme mondial sur les espèces invasives (Burundi, Kenya, Ouganda,
les soigner
(GISP), les espèces exotiques invasives sont l’une des trois menaces majeures qui République démocratique du
pèsent sur la planète. La plupart des pays se sont engagés à l’échelle internationale Congo, Rwanda, Tanzanie et Zambie) ont
dans la lutte contre ce fléau, mais seule la moitié d’entre eux a introduit de nouvelles été formés à utiliser les programmes de sur-
lois et ils sont encore plus rares à avoir lancé des actions appropriées sur le terrain. veillance spatiale pour contrôler les maladies
L’étude Indicateurs mondiaux d’invasion biologique : nombre des espèces, impact sur dont la propagation a été rapide ces derniè-
la biodiversité et réponses politiques a révélé qu’en moyenne 50 espèces non indigènes res années. Un second atelier prévu au mois
menaçaient chacun des pays du monde. Le nombre des espèces exotiques invasives de juin servira à affûter les aptitudes à utili-
recensées va de neuf pour la Guinée équatoriale à 222 pour la Nouvelle-Zélande. ser les GPS et SIG pour localiser les plants de
bananiers endommagés.

10 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


BUSINESS
TRANSFORMATION
Lait de graines TECHNOLOGIES
de courge Marché virtuel
■ Le plus souvent, on mange la chair de
Le Fonds africain d’appui au développement
la courge et on jette les graines. Joséphine
de l’entreprise finance la recherche sur
Enoce Bouanga le déplore. Cette ingénieure
le développement de nouveaux cultivars,
en développement rural congolaise a consa-
le contrôle des parasites et maladies et
cré une thèse à La valorisation alimentaire
l’amélioration des techniques d’irrigation.
de la courge et fait breveter en 2008 par

© B Simona
Son site Internet héberge un Marché virtuel
l’Organisation africaine de la propriété
où les institutions de recherche peuvent
intellectuelle (OAPI) le procédé de fabrica-
présenter les technologies d’ores et déjà
tion de son lait de graines de courge. Une
disponibles pour le secteur privé.
boisson aux qualités nutritionnelles et diété- équipement se résume à un broyeur à mar-
www.aecfafrica.org/rib
tiques remarquables, selon elle. teaux et un robot électrique. Le décorticage
Cette mère de famille de 35 ans a monté des graines de courge se fait à la main, une
sa propre entreprise Enoce Bio à Pointe- opération longue à raison de cinq sacs de
Noire en 2006. C’est à la suite d’un stage au 50 kg par mois. La capacité de production notamment dans la cueillette des fruits et
centre Songhaï au Bénin qu’elle s’est lancée de sa petite unité est de 10 000 sachets de dans la fabrication de jus de fruits, mécani-
dans la transformation de divers produits. farine de soja d’un kilo par mois et de 100 l sée ou traditionnelle à la main.
Aidée de quelques femmes, elle produit et de lait de courge par semaine. Joséphine L’objectif prioritaire est d’améliorer les
commercialise aussi un mélange de farines se dit bio et fière de l’être. “Mes produits, conditions de vie, en recourant à des mé-
de soja et de maïs. Pour l’heure, Joséphine dit-elle, sans additifs chimiques peuvent se thodes et des techniques plus modernes.
en est encore à un stade artisanal. Son conserver entre six et douze mois.” Cabinda, avec l’appui du Brésil et de la
Chine, s’est progressivement dotée de cen-
tres médicaux, d’un réseau de transport
EMPLOI
public par autobus et camionnettes qui

SOLAIRE
Retenir les jeunes relie les villages aux centres urbains ainsi
■ L’enclave de Cabinda, province à l’extrême que d’un système de distribution d’eau. Le
Les lumières nord de l’Angola, est l’une des principales Luxembourg a également financé différents
de la microfinance pourvoyeuses de richesses du pays grâce à programmes de mécanisation agricole en
La microfinance a aidé des milliers de l’exploitation du pétrole. Pourtant, le nom- Angola afin de développer la sécurité ali-
ménages ruraux du Vanuatu à accéder bre de chômeurs y est de plus en plus élevé, mentaire et la production pour le marché
à l’éclairage électrique à énergie solaire. en particulier chez les jeunes. Pour que ces interne mais aussi pour l’exportation.
Le programme Lighting Vanuatu (Éclairer derniers cessent d’émigrer parce qu’ils ne Dans la province de Cabinda, d’autres
le Vanuatu) est né du partenariat entre trouvent pas de travail, Cabinda a décidé de programmes communautaires, financés
l’institution locale de microfinance construire, dans la municipalité de Belize, une par les USA, concernent la lutte contre la
VANWODS, l’Association pour les énergies usine de fabrication de jus de fruits, un stade malaria, la prévention et la lutte contre
renouvelables et l’électricité au Vanuatu de football et un atelier de panneaux solaires. le sida et la création d’un département
(VANREPA) et sa branche commerciale Ces secteurs offrent à la population locale d’anglais au sein de l’Institut supérieur des
Green Power. – les jeunes et les femmes – des débouchés sciences de l’éducation (ISCED).

INNOVATION Crédit
© Syfia International

Accompagner les Une carte


jeunes entrepreneurs pour les planteurs
La première structure d’accompagnement
Les planteurs mauriciens de canne à sucre peuvent à présent
de projets de création d’entreprises obtenir une carte de crédit pour financer leur activité. Cette
d’Afrique de l’Ouest a été lancée au carte, proposée par une banque locale, la Bank One, permet aux agriculteurs de sortir de
Sénégal par l’IRD et l’Université Cheikh l’argent aux guichets automatiques de toutes les banques et de payer leurs achats dans
Anta Diop de Dakar. Elle aidera les de nombreux points de vente d’intrants agricoles. L’agriculteur dispose d’une ligne de
jeunes diplômés porteurs de projets crédit permanente sans garantie à un taux d’intérêt de 12 % par an contre 24 % pour les
innovants, issus de ces établissements et autres cartes de crédit. Le montant maximum du crédit autorisé est fixé en fonction de
de l’enseignement supérieur sénégalais, la superficie exploitée par le bénéficiaire, à raison de 30 000 roupies (environ 800 €) par
à lancer leur propre entreprise en les hectare. La carte est valable pour une période de trois ans, renouvelable.
accompagnant tout au long du processus “À 12 % l’an, estime Guirdharry Jugessur, c’est une bouffée d’oxygène pour nous,
de la création. planteurs, qui souffrons toujours de problèmes de liquidités. Jusqu’ici, pour financer
http://tinyurl.com/2fncaq8 nos plantations, nous devions contracter des prêts bancaires avec tout ce que cela
comporte comme paperasse et comme frais.”

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 11


interview
michael hailu

Le moment
où jamais…
Avant de prendre les rênes du CTA, Michael
Michael Hailu, spécialiste de la
communication et des savoirs pour
Hailu, son nouveau directeur, nous parle des
la recherche et le développement
agricoles, a été directeur de
défis qui attendent les agriculteurs ACP.
la communication au Centre Il nous explique pourquoi c’est le bon
international pour la recherche
en agroforesterie (ICRAF). moment pour faire carrière dans l’agriculture.
Bien qu’impliqué depuis longtemps fortes, d’infrastructures agricoles robustes et plus efficace à réduire la pauvreté que celle
dans le développement, vous d’un environnement politique apte à dynami- d’autres secteurs. Les gouvernements ACP et
êtes nouveau pour les lecteurs ser la productivité. L’expansion agricole s’est les bailleurs internationaux ont renouvelé
de Spore. Pouvez-vous nous en beaucoup appuyée sur la conversion d’espa- leurs engagements à augmenter les investis-
dire un peu plus à votre sujet ? ces et forêts vierges en terres agricoles, ce sements agricoles. C’est de bon augure pour
Je suis né en Éthiopie et j’ai étudié à l’Uni- qui menace la durabilité environnementale l’avenir dans les pays en développement. Par
versité d’Addis-Abeba et à l’Université de et la capacité des écosystèmes à assurer des conséquent, faire carrière dans l’agriculture
Pittsburgh aux USA. Ma formation profes- services vitaux. L’hypothèque du changement – en tant que cultivateur, vulgarisateur, en-
sionnelle porte sur la gestion de la commu- climatique pèse lourdement sur l’agriculture trepreneur ou chercheur – devrait être très
nication et des savoirs pour la recherche et des pays ACP, du fait de l’augmentation de la prometteur et gratifiant. En s’y engageant,
le développement agricoles. J’ai travaillé variabilité climatique et des risques de séche- les jeunes s’aideront eux-mêmes, et ils aide-
25 ans dans ce domaine, en Afrique et en resses et d’inondations. ront aussi leurs pays à lutter contre la pau-
Asie surtout, et souvent voyagé dans d’autres vreté et l’insécurité alimentaire.
Qu’en est-il des petits agriculteurs
régions du monde.
de ces pays en particulier ? Qu’espérez-vous apporter à votre
Comment cela vous a-t-il L’accès aux intrants, capitaux, à la terre et nouveau poste au CTA ? Avez-vous
préparé à votre nouveau poste autres biens essentiels à l’accroissement de des changements en tête ?
de directeur du CTA ? la productivité agricole leur fait défaut. La J’apporterai mes nombreuses années d’expé-
Je pense tout d’abord que ma longue associa- faiblesse des infrastructures rurales et l’ab- rience et un solide réseau de contacts pro-
tion avec le CTA – quasiment depuis les ori- sence d’informations actualisées sur les mar- fessionnels à travers le monde, pour faire
gines au milieu des années 1980 – m’a aidé chés les empêchent de vendre leurs produits avancer la mission de soutien à l’agriculture
à bien connaitre l’organisation et certains à des prix compétitifs. En outre, les petits et au développement agricole dans les pays
membres de son personnel. Cela devrait
m’aider à prendre le train en marche. J’ai
aussi la chance d’avoir développé un solide
“Faire carrière dans l’agriculture
réseau de collègues actifs dans les secteurs devrait être très prometteur et gratifiant”
de la recherche et du développement agrico-
les, ainsi que de la gestion de l’information agriculteurs ACP – les femmes surtout – man- ACP du CTA. J’envisage de revoir la stratégie
et de la communication dans les pays ACP, en quent d’organisations qui leur permettraient actuelle du Centre avec mes collègues et les
particulier en Afrique. de renforcer leur pouvoir de négociation et partenaires pour garantir que celle-ci est co-
d’influencer les politiques à l’échelle natio- hérente avec les défis auxquels les pays ACP
Quels sont, selon vous, les principaux
nale et internationale. sont confrontés et qu’elle exploite pleine-
défis qui attendent les pays ACP ?
ment les TIC pour relever ces défis.
Pour la plupart des pays ACP, parvenir à la Notre prochain numéro spécial
sécurité alimentaire pour une population en sera consacré à la démographie et Je profite de cette occasion pour remercier
croissance rapide continue d’être un défi ma- à la nécessité d’attirer les jeunes les gouvernements ACP et nos partenaires
jeur. Avec une population mondiale de neuf vers des carrières rurales. Qu’avez- pour leur soutien actif au travail du CTA, et
milliards d’individus prévue en 2050, la pro- vous à dire à ces derniers ? la Commission européenne pour son enga-
ductivité devra augmenter d’environ 70 % par La bonne nouvelle, c’est qu’après des années gement à long terme et son appui financier.
rapport au niveau actuel pour répondre à la dans l’ombre l’agriculture figure de nouveau J’ai hâte de travailler avec nos acteurs clés
demande. La flambée des prix en 2007 et 2008 aux agendas internationaux – en tant que pour que le CTA poursuive son importante
a aggravé l’insécurité alimentaire de nom- vecteur majeur de réduction de la pauvreté contribution dans la médiation des savoirs et
breux pays ACP. Par ailleurs, ces États man- et de croissance économique. Il s’est avéré la formation des compétences pour le déve-
quent de capacités de recherche nationales que la croissance agricole était quatre fois loppement agricole.

12 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


dossier
L’agrobiodiversité est la pierre angulaire de la sécurité alimentaire et
sa préservation est essentielle à l’adaptation des systèmes agricoles
face aux défis, entre autres, de la croissance démographique et du
changement climatique. La diversité végétale et animale à la disposition
des producteurs décline rapidement, mais certaines communautés
ACP prennent des mesures pour protéger leur patrimoine génétique.

AGRObiodiversité
Une longueur
d’avance

© Syfia International

17 | POINT DE VUE 18 | REPORTAGE EN NAMIBIE


Chief Nelson Neuso : Un trésor enfoui
tradition et conservation
Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 13
dossier

L
es hommes ont plus transformé leur environnement
dans le dernier demi-siècle qu’à n’importe quel
autre moment de leur histoire. Cette évidence sta-
tistique émerge du rapport Évaluation des écosystè-
mes pour le millénaire (EM), qui révèle les pertes massi-
ves en biodiversité des dernières décennies. Au cours du
dernier siècle, plus de trois quarts des cultivars connus se
sont éteints, et avec eux les traits uniques qu’ils avaient ac-
quis sur des millénaires – leur capacité à survivre aux étés
chauds ou aux hivers froids, à prospérer dans des contex-
tes de sécheresse ou dans des zones sujettes aux inonda-
tions et à résister aux parasites ou aux maladies.
L’agrobiodiversité – terme englobant tout élément lié
aux systèmes agricoles : plantes, arbres, animaux, insec-
tes, microbes, germes et champignons – joue un rôle pivot
dans les écosystèmes, assurant contrôle des parasites, pol-
linisation, contrôle de l’érosion et production de biomasse.
La diminution de la diversité génétique entraîne celle des
chances de croissance et d’innovation indispensables aux
dynamiques agricoles, alors que la croissance démogra-
phique explose et que la planète fait face à de graves défis indigènes et de recherche scientifique et la réunion des
environnementaux. meilleurs attributs d’Oryza glaberrima de souche africaine
L’agriculture est le premier bénéficiaire de la biodiver- et d’Oryza sativa d’origine asiatique.
sité et les agriculteurs en sont ses principaux gardiens ; À Yala, dans l’ouest du Kenya, un groupement commu-
leur mode de conduite des cultures et des animaux a une nautaire paysan préserve les variétés locales des principaux
influence considérable sur les écosystèmes. Afin d’attirer légumes indigènes et cultures vivrières de l’extinction. De-
l’attention sur les risques et encourager de meilleures venu le premier producteur kényan de semences végétales
pratiques dans ce domaine, les Nations unies ont déclaré indigènes – protolaria (mitoo/mroo), chlorophytum (akeyo/
2010 Année internationale de la biodiversité. Pour l’agri- chinsaga) et morelle noire (managu/osuga) principale-
culture, cela signifie adopter des systèmes qui favorisent ment –, le groupe Adapter la technologie en adaptant la
l’agrobiodiversité, tels que l’agroforesterie et l’agriculture recherche (TATRO) a décroché un contrat lucratif de pro-
de conservation. Cela implique aussi – pour les pays du duction avec la Kenya Seed Company l’année dernière.
Sud surtout – de valoriser la diversité botanique et anima-
le locale issue de siècles d’histoire, plutôt que de suivre la
tendance à la concentration sur quelques variétés conçues Cartographier la flore sur SIG
pour une agriculture intensive. La cartographie de la flore avec les systèmes d’information géographique
Les savoirs traditionnels sont une ressource inestimable (SIG) représente un potentiel énorme pour les botanistes ; elle leur
pour garantir le développement, la poursuite et l’adapta- permettrait de mieux comprendre la distribution de la flore et de ses
tion de pratiques agricoles durables et permettre aux com- biotopes. Des chercheurs du projet mené en partenariat par la Banque de
munautés de se protéger de chocs inéluctables. Au Mo- semences du millénaire et les jardins botaniques de Kew utilisent des SIG
zambique, pendant la longue guerre civile, les savoirs sur pour localiser et entreposer les semences de quelques-unes des espèces
les espèces végétales sauvages telles que l’arbre mungomu les plus rares et les plus menacées des régions arides de Madagascar.
ont eu un rôle majeur pour préserver de la famine des L’île abrite environ 12 000 plantes, dont la plupart ne se retrouvent nulle
communautés rurales. part ailleurs dans le monde. Nombre de ces plantes ont des propriétés
médicinales, mais leur habitat est menacé. À l’aide d’appareils SIG
L’union parfaite manuels, les botanistes ont déjà réussi à retrouver et à documenter
Le partenariat idéal associe savoirs traditionnels et re-
40 espèces forestières sauvages connues d’ignames de Madagascar, et
cherche locale, combinant l’information sur les variétés
à découvrir neuf espèces qui leur étaient inconnues. Les communautés
culturales très résistantes et nécessitant peu d’intrants
qu’utilisent les agriculteurs et des variétés à cycle court rurales de l’île comptent sur ces tubercules sauvages pour compléter une
et haut rendement potentiel créées par les chercheurs et récolte de riz incertaine.
mises à la disposition du plus grand nombre. Le succès http://tinyurl.com/yex8m6t
du riz Nerica s’enracine dans la combinaison de savoirs

14 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


dossier

de la dolique et de l’igname en Tanzanie, la conservation de


cultivars locaux de millet, maïs et sorgho au Sénégal. “Il est
important que ce travail soit fait par les agriculteurs locaux
eux-mêmes, selon Shakeel Bhatta de la FAO. Ils sont les plus
touchés par les menaces sur la biodiversité – en raison du
changement climatique, par exemple – et ils sont aussi au
cœur de la réponse à apporter.”
Les femmes sont les acteurs clés de la protection de l’agro-
biodiversité. Un groupement paysan essentiellement fémi-
nin du district de Ntchisi au centre du Malawi conserve, do-
cumente et développe les cultures indigènes (pois bambara,
gombo, haricots locaux, millet et arachide, par exem-
ple). Des initiatives similaires sont en cours en Éthiopie,
au Lesotho, au Mali, en Sierra Leone et au Zimbabwe. “Les
cultures indigènes diffèrent des hybrides. Elles sont très

© Syfia International
fiables ; certaines ont une valeur médicinale. Nous ne pou-
vons donc pas les ignorer”, nous dit Diniwe Mereki, agri-
cultrice au Malawi. Dans l’est du Kenya, le groupement
de femmes Kyanika s’est fixé pour mission de trouver et
conserver les calebasses locales. Ces femmes en ont décou-
Vendeuse
de patates douces Dans le Limpopo, en Afrique du Sud, le Conseil de la re- vert 78 variétés dans leur seul district, qui ont été classées
sur un marché cherche agronomique étudie les systèmes de savoirs locaux en 32 espèces dont l’une, comestible, avait pratiquement
du Sud-Kivu des agriculteurs et aide ces derniers à identifier et documen- disparu. Elles ont depuis appris des anciens à préparer le
en RD Congo
ter les cultures et à améliorer la préservation des semences légume et le consomment ; elles en font aussi la promo-
traditionnelles. Parallèlement, en Éthiopie, les petits exploi- tion auprès des autres membres de la communauté.
tants de la région du Tigré ont développé des variétés d’orge
adaptables à des conditions Espèces menacées
instables et aux besoins lo-
caux, variétés dont même
les chercheurs admettent la
supériorité par rapport aux
cultivars recommandés par
les phytogénéticiens.
© 2006 SASI Group (Université de Sheffield)
et Mark Newman (Université du Michigan)

Partage équitable
Faire valoir et protéger
les droits de propriété intel-
lectuelle est crucial dans la
lutte pour la biodiversité. Le
Traité international sur les
ressources génétiques vé-
gétales pour l’alimentation
et l’agriculture (ITPGR) de
la FAO, entré en vigueur en Ci-dessus : Rang Pays Pour 1000
2004, permet aux gouvernements, agriculteurs, instituts de La taille des 1 Maurice 471
pays montre la 2 Madagascar 443
recherche et agro-industries de collaborer, d’unir leurs res- proportion des
3 Équateur 431
sources génétiques et d’en partager les bénéfices. Plusieurs espèces animales et
végétales menacées 4 Sri Lanka 395
projets dits de “bénéfices partagés” destinés à aider les agri- 5 Jamaïque 382
d’extinction.
culteurs à conserver leurs ressources génétiques végétales 6 Cuba 373
ont été lancés suite au traité. Parmi eux, un système visant Ci-contre : 7 Malaisie 349
à développer les méthodes traditionnelles de conservation Nombre d’espèces 8 Philippines 345
animales et
in situ du maïs et des haricots à Cuba, le renforcement de la 9 Fidji 341
végétales menacées
conservation à la ferme et l’usage du sorgho, de l’éleusine, d’extinction en 2004. 10 USA 335

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 15


dossier
La préférence pour les aliments importés dans de nom-
breux pays ACP a massivement érodé la biodiversité agri- Biodiversité marine
cole. Un certain nombre d’initiatives cherchent à enrayer Le panel d’initiatives lancées par des organisations locales, avec des
cette tendance. Les producteurs ouest-africains sont à la activités qui vont de l’étiquetage des tortues aux sentiers écologiques,
pointe des tentatives destinées à défendre leur identité améliore les perspectives de conservation de la biodiversité dans les
alimentaire. Depuis des décennies, les agriculteurs – du Caraïbes. Grupo Jaragua, un groupe de citoyens et de chercheurs de
Bénin, Ghana, Nigeria et Togo en particulier – collectent et la République dominicaine, aide à gérer le Parc national de Jaragua,
domestiquent les variétés sauvages d’igname, développant l’un des parcs terrestres et maritimes les plus vastes de la région. L’ONG
des pratiques agronomiques qui maximisent la productivité Bahamas National Trust gère le réseau de parcs nationaux qui va couvrir
du tubercule. Le fonio fait un retour en Guinée Conakry et 20 % des mers du pays. Le Protocole sur les zones et la vie sauvage
au Mali, depuis sa redécouverte par la diaspora vivant en spécialement protégées (SPAW), entré en vigueur en 2000, a été élaboré
Europe. Le taro – tubercule essentiel au Cameroun et légu-
par les pays caribéens pour fournir des normes et des mécanismes utiles à
me-feuilles au Ghana –, le niébé et le madack, qui pousse
l’harmonisation des efforts de conservation menés dans toute la région.
sur les bordures les plus sèches de la bande sahélienne
longeant le désert saharien, sont autant de cultures vivriè-
res traditionnelles africaines importantes. “Si les agricul- Si l’on veut qu’elles aient une chance de fonctionner, les
teurs ne cultivaient pas ces plantes, elles auraient disparu initiatives destinées à conserver l’agrobiodiversité doivent
depuis longtemps, ce qui aurait compromis l’adaptation impliquer les communautés locales. Basé sur l’application
au climat en Afrique et érodé la base de la sécurité alimen- des techniques et savoirs locaux dans la gestion des res-
taire future”, déclare le Dr Raymond Vodouhe, chercheur sources naturelles, le projet participatif de restauration,
à Bioversity International. conservation et gestion durable des terres humides inté-
rieures et des forêts protégées de manière traditionnelle
Restons “local” d’Agona Kwanyako, au Ghana, est une réussite. À Matafa’a,
Une énergique campagne de sensibilisation du public sur aux Samoa, des communautés sont engagées dans la
l’île de Pohnpei dans le Pacifique a permis de raviver l’intérêt conservation de leurs écosystèmes de mangrove qui les
pour l’un de ses aliments les plus précieux, la banane karat. protègent des ondes de tempête. Au Vanuatu, les villageois
L’avenir semble également s’éclaircir pour deux autres ali- ont reçu des aides pour élargir les zones d’interdits tem-
ments traditionnels en Micronésie. Cinq années d’étude ont poraires des aires côtières et marines de Gaua, Santo et
montré que le pandanus (Pandanus tectorius) et la poire d’ail Tanna, ce qui favorise l’implication des insulaires dans la
(Crataeva speciosa) sont riches en caroténoïdes qui aident à conservation de la biodiversité locale.
protéger les populations d’une déficience en vitamine A et Les petits agriculteurs et pasteurs jouent un rôle consi-
de l’anémie. Tous ces aliments locaux ont été de plus en plus dérable dans la conservation de la biodiversité, car ils élè-
négligés ces dernières années en raison des changements de vent des races de bétail qui exploitent des environnements Vente de légumes-
feuilles dans
régimes alimentaires et de modes de vie ainsi que d’une dé- marginaux dans des conditions climatiques extrêmes. La un supermarché
pendance croissante vis-à-vis des aliments importés. diversité des espèces animales domestiques disparaît de Nairobi, Kenya

© S. Mann/IPGRI

16 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


dossier

Point de vue
néanmoins à un rythme inquiétant car les espèces loca-
les sont croisées ou remplacées par des animaux exotiques
à plus forts rendements et parce que les habitats des pas-
teurs et de leurs animaux disparaissent progressivement. Dans le district de Sanyati, le leader
Le cheptel Somba de race pure, une variété petite et ro- zimbabwéen Chief Nelson Neuso
mène une campagne de conservation
buste originaire du Togo, a décliné brutalement, victime de la biodiversité par des méthodes
de croisements effectués sans discernement. C’est là une traditionnelles. Selon lui, la perte rapide
évolution dramatique car ces animaux sont adaptés au des espèces dans sa communauté est
imputable aux activités humaines.
système de production et au climat local et sont naturelle-

© F Zvomuya
Il a récemment lancé le projet Zunde
ment résistants à la trypanosomiase. raMambo, basé sur la conservation
Trouver des niches de marché pour les produits issus de de la biodiversité comme rempart
à la sécheresse et à la famine.
l’élevage est l’un des moyens d’assurer la survie de ces es-

Tradition
pèces et de permettre aux populations qui les élèvent d’en
tirer de meilleurs revenus. Au Puntland, en Somalie, des
réseaux informels de femmes ont mis sur pied un système
de commercialisation du lait de chamelle, collecté par
les bergers éloignés, vers la ville en pleine croissance de et conservation
Boosaso, stimulant ainsi la demande pour ces animaux.
Dans la province du Cap-Oriental en Afrique du Sud, le gou-
vernement a créé un abattoir et une tannerie pour abattre
“ Les menaces que représentent le changement
climatique, l’agriculture non durable ainsi que le déclin
du développement et de la biodiversité s’intensifient.
et transformer les chèvres Umzimvubu natives de la région. Librement traduit, Zunde raMambo signifie “grenier du
L’usine-coopérative produit viande, saucisses et hambur- chef”. La communauté laboure, plante, sème et récolte
gers, coussins de cuir et autres articles d’artisanat. Elle vend bénévolement pour Zunde raMambo. Nous constatons
la viande aux villes voisines et les articles d’artisanat via des que les cultures vont mal si l’environnement n’est
boutiques spécialisées dans toute l’Afrique du Sud. pas préservé. Nous avons introduit des techniques
d’agroforesterie et de culture mixte pour lutter contre
l’érosion des sols et conserver la biodiversité grâce à
une agriculture durable.
Nous avons lancé ce projet après avoir remarqué que
la dégradation de l’environnement était responsable
de certaines des sécheresses et d’autres phénomènes
qui se sont abattus sur nous. Depuis une quinzaine
d’années, la sécheresse est plus fréquente et
dévastatrice dans cette région. Cela tient à la perte de
biodiversité, car de nombreux arbres ont été abattus,
en particulier les variétés considérées comme sacrées
et associées aux rites pour faire tomber la pluie.
L’axe majeur de notre campagne est d’essayer de
montrer aux citoyens les réelles implications futures
de la perte en biodiversité sur notre quotidien. Nous
Chiffres clés encourageons l’utilisation d’engrais bio et de semences
traditionnelles. Pendant la récolte ou le travail aux

12
champs, des agents des services de l’agriculture et de
espèces végétales et 14 l’environnement viennent donner des cours sur les
espèces animales assurent avantages de l’agriculture de conservation.
l’essentiel de l’alimentation Lorsque j’étais adolescent, nous avons appris qu’il
de la planète. n’existait pas de futur durable sans une meilleure

75
résilience des écosystèmes. Nous croyions alors que nos
© Syfia International

% au moins de toutes les esprits coutumiers contrôlaient certains sites sacrés et


cultures vivrières connues que cela empêchait la surexploitation. Il était interdit
ont disparu dans le d’abattre certains arbres.
courant du siècle dernier. Mais les croyances traditionnelles reculent et l’abattage

20
des arbres, le pâturage et l’empiétement sur la forêt
% environ des races de s’intensifient. Grâce à notre projet, nous tentons
bétail sont aujourd’hui d’enseigner aux populations que la biodiversité a
en danger. 9 % se seraient éteintes. un rôle crucial à jouer en faveur de cultures plus

20
résistantes. La biodiversité augmente notre capacité
% au moins des pâturages seraient dégradés en raison du d’adaptation au changement climatique, elle
surpâturage et de la surexploitation des sols. améliore la santé et la nutrition ; elle favorise aussi
la protection environnementale et le développement
économique.
” Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 17
dossier

reportage EN NAMIBIE
Un trésor enfoui
Les San de Namibie, qui connaissent les vertus de la “griffe du diable”
depuis des siècles, cherchent à protéger leur unique source de revenus.
“Vous utilisez cette plante que nous appelons Xam!abo des éléphants en maraude sentent l’eau que transpor-
lorsque votre jambe est tordue et que vous ne pouvez la tent nos ânes et nous poursuivent. La saison dernière,
tendre”, explique Dickson Spreuke, assis à l’ombre d’un un groupe d’hommes partis en cueillette a passé plu-
grand manketti dans son village. Spreuke est un /Kwe sieurs jours sur un arbre à cause d’une rencontre avec
San d’âge mûr, qui vit dans le parc national Bwabwata, au des lions.”
nord de la Namibie. Sa génération, élevée et nourrie de Avant le lancement du programme, c’était un
récits de chasse et de cueillette, a vu son espace de vie se dur travail sans garantie de gain. “Lors des cueillet-
réduire sous les divers gouvernements. tes nocturnes, des opérateurs peu scrupuleux ache- De gauche
Pour améliorer la situation, l’ONG locale Développe- taient la griffe du diable aux San au prix dérisoire de à droite :
ment rural intégré et conservation de la nature (IRDNC) 3 N$ (0,3 €) le kilo, rappelle Friedrich Alpers de La forme
a lancé en 2008 un programme de promotion des bé- l’IRDNC. Le commerce était incontrôlé, illégal et non du fruit de
néfices de la récolte durable de plantes indigènes telles durable.” l’Harpagophytum
explique
que le Xam!abo. Communément connue sous le nom Un contrat avec un exportateur local qui vend en son nom de
de “griffe du diable” (Harpagophytum zeyheri), cette Europe et aux USA a été une promesse de sécurité, “griffe du diable”.
plante est, en Occident, un remède populaire contre les confie Tol’tjolo. Les /Kwe espèrent obtenir bientôt une Les racines
rhumatismes, l’arthrite et la gastrite. certification biologique pour leur récolte de griffe du sont déterrées
avec précaution
diable. “Nous pourrons peut-être alors gagner jusqu’à pour garantir
Un commerce mieux contrôlé 25 N$ (2,5 €) par kilo”, espère Spreuke. Montrant leur les récoltes futures.
“Deux mois par an, nous nous enfonçons dans la technique de récolte, des villageois déterrent une racine Les tranches de
brousse pour déterrer ces plantes”, explique Johannes avec leurs mains et des haches émoussées. “Un volet griffe sont mises
à sécher sur
Tol’tjolo, président du Kyaramacan Trust qui défend du programme garantit que la récolte s’opère sur un un filet à l’abri
les intérêts des 5 000 habitants de Bwabwata. “Parfois mode durable, explique Alpers. Seuls les tubercules des animaux.
© S van den Bosch

18 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


dossier
secondaires sont prélevés, pas la racine mère.” Après

s loin
Pour aller plu
avoir déterré un plant, Tol’tjolo referme le trou avec soin
pour assurer une bonne repousse. Pendant ce temps, sa
femme tranche la griffe et étale les morceaux sur un
filet pour les faire sécher.
Internet
Droits et menaces Alliance for Zero Extinction
Selon Dave Cole, directeur de Produits naturels indi- www.zeroextinction.org
gènes pour le Millenium Challenge Account, qui appuie Année internationale de la biodiversité
la création de revenus par la cueillette de plantes, les www.cbd.int/2010
San connaissent les vertus curatives de la griffe depuis Bioversity International
des siècles ; pourtant les grandes entreprises pharma- www.bioversityinternational.org
ceutiques ignorent leurs droits de propriété intellectuel- • Plate-forme Recherche pour l’agrobiodiversité
le. “La griffe du diable était commercialisée bien avant www.agrobiodiversityplatform.org
la mise en place de la Convention sur la diversité bio- CTA
logique”, dit-il. Elle ne connaît à ce jour aucune pénu- • Briefing de Bruxelles : La biodiversité
rie, mais le changement climatique pourrait changer la et le développement rural dans les pays ACP
donne. “Les anciens disent qu’il fait plus chaud et plus http://tinyurl.com/y222uxa
sec qu’auparavant, ajoute Spreuke. Dans un environne- • Connaissances pour le développement :
ment plus aride, ces plantes souffriront.” dossier sur la biodiversité
http://tinyurl.com/y3dbl5p
En outre, les éleveurs causent des dégâts sur les zones de
• ICT Update, décembre 2009, n°52
conservation, car leurs bovins piétinent les plantes. La pire http://ictupdate.cta.int
menace pourrait cependant venir des développeurs étran-
gers. “Un grand projet agricole a déjà été proposé dans FAO
www.fao.org/ag
les limites du parc”, selon Alpers. Dix milliers d’hectares
• Adding values to livestock diversity. Marketing
de biodiversité précieuse et protégée seront anéantis pour to promote local breeds and improve livelihoods.
faire place à des cultures irriguées intensives.” Les zones Par E. Mathias & P. Mundy, 2010
traditionnelles de cueillette seront détruites. Or, sans ces
First People Worldwide
ressources naturelles, les San s’enfonceront dans la pau-
Indigenous stewardship initiative
vreté. “Hormis la griffe du diable, nous n’avons pas de www.firstpeoplesworldwide.org
sources de revenus, affirme Tol’tjolo, qui en a tiré quelque
30 € la saison dernière. Ce n’est pas beaucoup, mais sans
Fonds fiduciaire mondial
pour la diversité des cultures
cela il n’y aurait rien.” www.croptrust.org/main
Servaas van den Bosch IIED
Institut international pour l’environnement
et le développement
www.iied.org
• The Governance of Nature and the Nature
of Governance: Policy that works for biodiversity
and livelihoods, 2008. Téléchargeable en PDF sur :
www.iied.org/pubs/pdfs/14564IIED.pdf
Practical Action
http://practicalaction.org
• Biodiverse agriculture for a changing climate.
Par J. Ensor
UICN
Union internationale pour la conservation de la nature
www.iucn.org
Institut des ressources mondiales
www.wri.org

Livres
• Conservation et utilisation durable
de la diversité agricole. Guide de référence
Par CIP-UPWARD en collaboration avec GTZ, CRDI,
IPGRI et SEARICE
© S van den Bosch

© S van den Bosch

3 volumes
2005, 672 p.
Tome 1 : http://tinyurl.com/3a5vfeq
Tome 2 : http://tinyurl.com/33tctos

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 19


focus
petits ruminants

Peaux et troupeaux
une source de revenus monétaires. Le lait de en Afrique du Sud avant de se propager vers
Moins exigeants que les chèvre est plus nutritif et plus digeste que ce- le nord. Le vecteur est un insecte. Il n’existe
bovins, bons pourvoyeurs lui des vaches laitières et, à quantité de lait pas de vaccin actuellement.
égale, la chèvre nécessite moins d’espace de
de protéines, de pâturage. En cas d’urgences
lait et de peaux, les Les petits ruminants jouent également un Les petits ruminants jouent aussi un rôle
rôle important dans l’agriculture en consom- essentiel pour les personnes rendues vul-
petits ruminants mant les déchets des récoltes et en fournis- nérables par la sécheresse ou les conflits.
s’adaptent à bien des sant du fumier pour les sols. Dans les zones
arides et pauvres des districts de Mwingi
Au Sahel, après les grandes sécheresses, les
pasteurs ont d’abord reconstitué leurs trou-
situations, y compris et Kitui (Province Orientale), au Kenya, un peaux avec des petits ruminants, moins chers
programme gouvernemental appuyé par et plus rapidement productifs que les bovins.
en zones urbaines et Farm Africa a ciblé 1 000 ménages pauvres Au Burundi, Caritas a distribué 1 000 chèvres
périurbaines, et dans et en particulier les femmes qui traditionnel- pour aider 1 000 réfugiés de retour dans leur
lement s’occupent de ces ruminants, pour pays.
les environnements améliorer les techniques d’élevage et déve- Les petits ruminants sont de plus en plus
les plus hostiles. lopper la vente de lait. Ce projet devrait être présents dans les zones urbaines et périur-

D
reproduit dans d’autres régions et pays. baines. Une étude menée à Maradi (Niger) a
ans les pays ACP, les petits rumi-
nants occupent une place impor-
tante à côté des bovins et des vo-
lailles. En Afrique subsaharienne,
la production de moutons et de chèvres re-
présente 20 % du volume des viandes, loin
derrière la production bovine, mais prati-
quement à égalité avec les volailles. L’Afrique
compte quelque 120 millions de petits rumi-
nants dont 65 millions en Afrique de l’Ouest
(Nigeria : 34,5 millions) et 45 millions en
Afrique de l’Est (Soudan : 23,5 millions).
Dans les Caraïbes, où l’on compte quel-
que 1,4 million de moutons, les Barbados
Blackbelly, originaires de la Barbade, sont

© Syfia International
très populaires du fait de leur extrême fé-
condité qui en fait l’une des races ovines les
plus prolifiques au monde. Dans le Pacifique,
seules les îles Fidji comptent un cheptel si-
gnificatif avec 80 200 ovins et caprins. La
Papouasie-Nouvelle-Guinée et Vanuatu en La capacité des ovins et surtout des ca- montré que 61 % des ménages La viande
comptent chacun moins de 3 000. prins à subsister dans des zones impropres à urbains et 81 % des ménages de chèvre est
très appréciée
toute autre forme de production agricole en périurbains pratiquent ce type en Afrique
Robustes et peu exigeants fait souvent l’unique ressource pour les ha- d’élevage. Plus de la moitié de de l’Est
L’élevage des petits ruminants est souvent bitants. Toutefois, il faut veiller à ce que les la production est destinée à la (ici au
Sud-Kivu).
l’affaire des femmes contrairement à l’éle- animaux ne contractent pas deux graves ma- vente sur pied.
vage bovin qui est à la charge des hommes. ladies : la peste des petits ruminants (PPR) et À côté de la viande et du lait et des fro-
La filière est peu professionnalisée et les sys- la fièvre catarrhale ovine (FCO) – ou maladie mages pour la chèvre, l’utilisation des peaux
tèmes d’élevage restent très traditionnels. de la langue bleue. La PPR, causée par un pour la fabrication industrielle de chaussures
Ils font l’objet de peu de travaux de recher- virus, peut provoquer une forte mortalité et et de gants représente un débouché intéres-
che sur le plan de l’amélioration génétique prendre l’aspect de véritable épidémie com- sant. L’Afrique produit 14,9 % des peaux et
et de l’alimentation. Élevés pour la viande me en 2007-2008, en Afrique de l’Est. La pré- cuirs à l’échelon mondial, mais peu d’articles
(moutons et chèvres en particulier en Afrique vention est possible par vaccination ou par finis à l’exception de l’Éthiopie qui compte
de l’Est où leur viande est très prisée), le lait isolement des troupeaux infectés. Maladie une unité de fabrication d’articles en cuir
(chèvres surtout) et les peaux, ces animaux virale non contagieuse, la FCO affecte tous de chèvre haut de gamme, Taytu Trade and
constituent un apport nutritionnel important les ruminants, mais les symptômes sont plus Industry, qui vend ses sacs à main dans les
dans les familles pauvres et, le cas échéant, aigus chez les moutons. Elle a été découverte plus grands magasins de mode du monde.

20 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


publications
Le best of des Sous les feux La dynamique
plantes africaines de la rampe de l’élevage
Plantes africaines Le rôle des médias La situation mondiale
prometteuses dans le développement de l’alimentation et de
PROTA, 2010, 181 p. agricole et rural des l’agriculture. Le point sur
ISBN 978-92-9081-435-1 pays ACP l’élevage
CTA nº 1576 Résumé exécutif FAO, 2009, 198 p.
20 unités de crédit CTA n° 1582 ISBN 978-92-5-206215-8
2 unités de crédit 56 €
Téléchargeable en PDF sur : Earthprint Ltd
http://tinyurl.com/35obsds PO Box 119
Synthèse des travaux Stevenage Hertfordshire
CTA n° 1579 SG1 4TP, Royaume-Uni
10 unités de crédit Fax : +44 1438 748 844
Pour fêter ses 10 ans, le PROTA publie Téléchargeable en PDF sur : customerservices@earthprint.com
cet ouvrage qui répertorie les 25 plan- http://tinyurl.com/2vxurpt Téléchargeable gratuitement sur :
Site Internet du séminaire : http://tinyurl.com/25o9w5j
tes à plus fort potentiel de développement en http://annualseminar2009.
Afrique en termes de production et de com- cta.int/fr ■ La FAO fait ici le point sur l’élevage qui fait
mercialisation. vivre un milliard de personnes parmi les plus
En dépit de son retour sur l’agenda du
Le caya blanc, la roselle et le sorgho des pauvres du monde. Depuis quelques décennies,
développement, l’agriculture reste sous-
teinturiers figurent au top 3 de la liste. Dans ce secteur, particulièrement dynamique s’est
représentée dans la plupart des médias. Jour-
la vallée du Rift, au Kenya, 150 agriculteurs “révolutionné” à une telle vitesse que les ré-
naux, magazines, radio et TV peuvent pourtant
ont augmenté leurs revenus à la suite d’une glementations, contrôles et le recul nécessaires
faire beaucoup pour sensibiliser les popula-
formation sur la culture du caya blanc (Cleo- pour une analyse des pratiques n’ont pas suivi.
tions à ces questions et encourager les déci-
me gynandra). Utilisée comme herbe potagère Ce rapport de la FAO estime que ce n’est pas
deurs politiques à s’impliquer plus activement
et condiment, cette plante peut être cultivée la mise en place de quelques actions qui suffira
dans les processus d’innovation agricole et ru-
dans toutes les régions tropicales et subtro- à relever le défi d’une autosuffisance alimen-
rale. Le séminaire annuel du CTA organisé à
picales. Elle aurait également des vertus mé- taire respectueuse de l’environnement, mais
Bruxelles en Belgique, du 12 au 16 octobre
dicinales, un effet répulsif sur les insectes et bien la forte implication de tous les acteurs. Il
2009, était centré sur le rôle des médias dans
pourrait être transformée en huile. préconise le soutien aux petits exploitants, la
le développement agricole et rural des pays
Au village de Séguénéga, dans la région réutilisation des déchets, la relocalisation des
ACP. Éveillant largement l’intérêt des journalis-
de Yatenga au Burkina Faso, 60 familles ont unités de production animale intensive à dis-
tes et des acteurs du développement agricole
testé, quant à elles, la culture de la roselle tance des villes et la définition des priorités en
et rural, il a réuni plus de 170 experts de la
(Hibiscus sabdariffa) qui leur procure un re- fonction du développement de chaque pays.
presse et de la radio et télévision rurale – cher-
venu et un aliment supplémentaires. La rosel- L’élevage pourrait contribuer davantage à
cheurs, spécialistes en communication et déci-
le se prête aussi à la fabrication de boissons. la réduction de la pauvreté par des réformes
deurs des six régions ACP – ainsi que des insti-
Quant au sorgho des teinturiers, une céréale politiques et institutionnelles judicieuses et
tutions nationales des pays de l’UE et des
à fort rendement qui pousse dans les zones par un accroissement du volume des investis-
organisations régionales et internationales.
arides du monde entier, on le consomme habi- sements publics et privés qui contribueraient
Les rapports de l’événement sont à présent
tuellement en grains ou sous forme de farine. à renforcer la capacité des petits éleveurs.
disponibles en ligne et sous forme papier.
Toutefois, dans la région de Parakou, province
Il est également possible de télécharger ou
de Borgou au Bénin, sa transformation en
d’obtenir les DVD de plusieurs des vidéos Légiférer sur la participation
poudre comme colorant alimentaire rapporte
présentées lors du séminaire. Le Résumé exé- Appliquer des politiques de
plus que les feuilles et tiges séchées habituel-
cutif comprend la Déclaration de Bruxelles développement inclut nécessairement une
lement proposées sur les marchés.
émise à la fin de cet événement de cinq jours, participation active de la société civile.
Les 22 autres plantes présentées, parmi les-
des comptes-rendus du blog de préparation Mais comment faire en sorte que l’action
quelles le karité, le curcuma ou encore la gre-
du séminaire, des résumés et d’autres docu- participative réussisse et se poursuive ? Ce
nadille d’Afrique, n’ont pas encore été expéri-
ments, tandis que la Synthèse des travaux se livre, qui s’appuie sur l’étude de plusieurs
mentées dans le cadre de projets pilotes mais
concentre sur les conclusions et les recom- actions conduites au Sénégal, conclut à
elles possèdent tous les atouts pour l’être.
mandations qui ont émergé du séminaire. la nécessité d’inscrire la participation des
citoyens dans un cadre juridique légal.
Inventaire Société civile et participation au
des ressources végétales développement
Par A. Jones
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Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 21


publications
Diagnostiquer Gare aux rongeurs ! Les marchés
les maladies en zone aride
Les rongeurs de l’Afrique

de la tomate sahélo-soudanienne
Par L. Granjon et J.-M.
Duplantier
African drylands
commodity
Les maladies de la IRD/MNHN, 2010, 216 p. Par S. Cohen
tomate. Identifier, ISBN 978-2-7099-1675-2 UNCCD/FAO/CFC, 2009,
connaître, maîtriser 32 € 82 p.
Par D. Blancard (ed.) IRD Éditions ISBN  978-92-95043-38-1
Quæ, 2009, 690 p. Centre IRD de Montpellier Secretariat of the United
ISBN 978-2-7592-0328-4 911, avenue Agropolis Nations Convention to
79 € - Ebook : 45,50 € BP 64501, 34394 Montpellier Combat Desertification
Éditions Quæ cedex 5, France Hermann-Ehlers-Strasse 10
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France ■ Les rongeurs, hormis les rares espèces Téléchargeable
Fax : +33 1 30 83 34 49 gratuitement sur :
qui peuvent être chassées ou élevées pour la http://tinyurl.com/
serviceclients-quae@
versailles.inra.fr consommation – comme l’aulacode et le rat de y3uby6b
www.quae.com Gambie –, ont dans l’ensemble une mauvaise
■ Sur le continent africain, 325 millions de
image. Ils ravagent les cultures, dévorent les
■ Quatrième légume le plus produit dans le personnes vivent sur des terres dégradées ou
stocks alimentaires et transmettent des mala-
monde, la tomate est consommée en moyen- arides. La désertification progressant, ce livre
dies, parfois mortelles, à l’homme et au bétail.
ne à hauteur de 12 kg par personne et par an. souligne le potentiel du commerce intérieur
Mieux les connaître est donc très important si
Si la mondialisation a augmenté les échan- de ces régions avec les faiblesses qu’il lui
l’on souhaite limiter leurs dégâts.
ges et la production, elle a aussi favorisé la faut surmonter. Il préconise l’extension des
Ce livre est le fruit de trois décennies de col-
propagation des virus, ravageurs et autres zones de marché intérieur où agriculteurs et
lectes et d’études menées dans six pays d’Afrique
maladies, qu’il importe de diagnostiquer le éleveurs pourraient vendre directement leurs
sahélo-soudanienne (Burkina Faso, Mali,
plus précocement possible car la tomate est productions.
Mauritanie, Niger, Sénégal et Tchad) par le
un légume fruit très sensible. Il présente, en anglais, dix-neuf produits
Museum national d’histoire naturelle (MNHN,
Plus qu’une encyclopédie, cet ouvrage de base en décrivant le marché pour cha-
France) et l’Institut de recherche pour le dé-
a été conçu comme un véritable outil de cun : chiffres de production, prix, pistes de
veloppement (IRD, France). Croquis, cartes
diagnostic des affections de la tomate. Les transformation… Des liens aident utilement
et photos à l’appui, il montre l’extraordinaire
symptômes sont d’abord astucieusement à approfondir le sujet. Les fruits, les oléa-
diversité de ces mammifères dans cette zone :
classés en fonction de leur localisation sur la gineux, le bétail, les produits de la mer, les
de la minuscule souris naine sahélienne qui ne
plante : tige, feuille, fruit… Leur origine pro- céréales, le tabac, le sucre, les légumes, les
pèse que 4 g au grand aulacode qui avoisine les
bable est ensuite précisée. Une fois la cause épices, le coton et les biocarburants sont
4 kg. Chacune des 63 espèces retenues ici est
clairement déterminée, vous pouvez passer passés au peigne fin pour que chacun puisse
présentée par une fiche qui indique sa taxono-
au chapitre suivant pour en savoir plus. Des choisir la meilleure production possible selon
mie, son écologie, sa reproduction et son abon-
fiches synthétiques présentent les principaux les conditions géographiques, la concurrence
dance, son aire de distribution, etc. Des clés de
ennemis de la tomate et ils sont nombreux ! et les capacités locales de fabrication.
détermination aident à identifier les espèces.
Vous saurez tout sur la biologie et les carac- L’objectif de cet ouvrage est de favoriser
L’introduction de cet ouvrage alerte sur l’im-
téristiques des agresseurs (champignons, le dialogue entre tous les intervenants et de
pact du changement climatique et de l’inter-
bactéries, virus, etc.) : fréquence de propa- créer un consensus autour de stratégies glo-
vention de l’homme sur les milieux naturels,
gation, stigmates et méthodes de protection, bales de développement.
observé dans la région. Au Sénégal, par exem-
etc. Abondamment illustré de tableaux, de
ple, des gerbilles ont littéralement colonisé cer-
schémas et de photos très explicites, ce guide
taines zones arides, menaçant les champs de
est à mettre entre les mains des profession-
nels de la tomate, des chercheurs, des ensei-
mil. Quelques règles de base pour protéger les Écosystèmes forestiers
récoltes au champ ainsi que dans les greniers et Principalement adressée aux experts
gnants et des étudiants.
entrepôts sont également rappelées. techniques, scientifiques et décideurs
du domaine forestier, l’étude présente
les dernières connaissances sur
Sine-Saloum dans l’objectif les liens entre les forêts et l’eau,
Partez à la découverte de la région notamment dans les espaces sensibles
multiclassée qu’est le delta Sine-Saloum, Sénégal : Sine-Saloum la forêt de l’océan comme les forêts de montagne et les
au Sénégal. À travers 150 photographies Par F. Vezia, J.-C. Rufin et Y. Paccalet forêts marécageuses.
La Martinière, 2009, 192 p.
prises sur terre et depuis un ULM,
ISBN 273-2-439-657 Les forêts et l’eau
suivez les pirogues d’îlot en îlot sur les 29,90 € Par L. S. Hamilton,
quelque 2 000 bras des fleuves ourlés Éditions de La Martinière Études FAO : Forêts nº 155
de mangroves. Ces photos en disent 25, boulevard Romain Rolland FAO, 2009, 110 p.
75014 Paris, France ISBN 978-92-5-206090-1
plus long que de longues études sur ce Fax : +33 1 41 48 81 98 17,60 €
patrimoine naturel inestimable. www.editionsdelamartiniere.fr Adresse Earthprint, voir page 21

22 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


publications
Plantes à guérir À la rencontre Dialoguer
Plantes médicinales et des migrants pour changer
médecine traditionnelle
d’Afrique Migrants des Suds Systèmes de production
(nouvelle édition) Sous la direction de V. Baby- et durabilité dans les
Par A. Sofowora Collin, G. Cortès, L. Faret pays du Sud
Karthala, 2010, 384 p. et H. Guétat-Bernard Par B. Thibaud et A. François
ISBN 978-2-8111-0330-9 IRD Éditions, PULM Karthala, 2010, 312 p.
32 € Éditions, 2009, 504 p. ISBN 978-2-8111-0308-8
Éditions Karthala ISBN 978-2-7099-1668-4 28 €
22-24, boulevard Arago 42 € Ebook : 25 €
75013 Paris, France Voir adresse IRD, page 22 Adresse Karthala
Fax : 00 33 1 45 35 27 05 voir ci-contre
www.karthala.com

■ Plus de 200 000 espèces végétales sur les


■ Dans les contextes particuliers des pays du
300 000 recensées à l’heure actuelle dans le
Sud, des paysans qui, pour la plupart, ont à
monde poussent dans les pays tropicaux, no- ■ Si rester ne résout pas le problème, la solu-
peine de quoi survivre doivent aussi penser
tamment en Afrique où la flore est d’une ex- tion est de partir. Ce dicton bambara résume
à l’avenir et modifier leurs pratiques pour
ceptionnelle richesse. La première édition de à lui seul les stratégies des migrants des Suds
pérenniser leur environnement. À travers
cet ouvrage consacré aux plantes médicina- auxquels est consacré cet ouvrage. Les migra-
des cas au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, en
les et à la médecine traditionnelle d’Afrique tions internationales y sont abordées à travers
Guinée, au Sénégal, mais également dans
remonte à 1982. En trente ans, les choses ont l’extrême diversité des trajectoires, qu’il s’agis-
l’océan Indien, l’Amérique du Sud, l’Australie
beaucoup changé et en particulier le regard se des migrations Sud-Nord ou Sud-Sud à par-
et l’Asie, ce livre présente quelques solutions
des scientifiques sur les savoirs ancestraux tir de l’Afrique, de l’Amérique et de l’Asie.
innovantes en ce sens et suggère des solutions
liés aux plantes. Qui sont ces hommes, femmes, familles du
à certaines difficultés d’application. Comme
Parallèlement, le renchérissement des prix Sud nombreux à décider de tout quitter pour
un leitmotiv revient cette idée que rien ne peut
des médicaments dits modernes a poussé reconstruire, avec plus ou moins de difficul-
se faire sans l’appropriation des techniques et
nombre d’Africains à revenir aux sources de tés, leur vie à l’extérieur de leur pays voire de
des idées par les populations concernées.
leur médecine. Dans certains pays, la po- leur continent. Des géographes, des sociolo-
Ainsi, à Dentiola, au Mali, l’analyse de
pulation se soigne à 90 % en consultant les gues, des démographes, des économistes et
la production de fumure a mis en évidence
guérisseurs appelés parfois plus respectueu- des anthropologues ont croisé leurs regards
l’importance d’un échange de connaissances
sement tradipraticiens. et leurs disciplines pour composer ce livre
entre chercheurs et paysans et d’une meilleu-
Des ponts de plus en plus nombreux sont aux multiples facettes. Ils se sont focalisés
re prise en compte des savoirs locaux. Dans
jetés entre la médecine dite moderne et la sur les trajectoires des migrants ainsi que sur
cette zone cotonnière du Mali, la rotation des
médecine traditionnelle à base de plantes. Ce les effets économiques et sociaux dans les
cultures et l’apport de fertilisants sont utili-
livre, écrit par un éminent spécialiste, entend territoires traversés par ces flux migratoires.
sés, mais la quantité de fumure disponible
contribuer à ce dialogue fécond en recensant “Dans les lieux de départ, les transferts des
reste insuffisante. En comparant les prati-
et revalorisant ces connaissances pour les migrants ne peuvent suppléer à la déficience
ques, les chercheurs se sont aperçus que les
mettre à la disposition des étudiants en méde- des politiques d’encadrement du développe-
cultivateurs utilisaient parfois la “fumure de
cine, en pharmacie, en chimie et en biologie. ment par l’État. Dans les lieux d’arrivée, l’ab-
la fosse” (mélange de déchets domestiques et
Cette nouvelle édition enrichie présente les sence d’intervention publique fait reposer sur
de fosse fumière) qu’eux-mêmes ne connais-
différentes méthodes de soin, les principales les seuls migrants le coût social, psychologi-
saient pas. Cette technique paysanne permet
plantes utilisées et leurs principes actifs et des que, humain et économique de la migration.”
d’augmenter le volume produit. Ils ont remar-
conseils sur la préparation des médicaments. Telle est la conclusion des auteurs pour qui la
qué à l’inverse que leurs recommandations
complexité du sujet aujourd’hui interpelle les
concernant le lessivage des sols n’étaient pas
politiques du Sud comme du Nord.
du tout “parlantes” pour les agriculteurs et
L’écho des campagnes donc qu’elles n’avaient aucune chance de les
Au menu du numéro d’avril 2010 d’Agri convaincre de changer leurs pratiques.
Infos, mensuel d’informations agricoles Normes régionales
et rurales sénégalais, des articles sur
la pêche, l’agriculture biologique en Comment mettre en place des normes de
Afrique, les maraîchers de Bamako, qualité pour les produits commercialisés
le fameux couscous de mil sérère et localement et régionalement en Afrique
toujours des échos des campagnes… de l’Ouest ? À partir d’études de cas Normes de qualité pour les produits
sur le gari (farine de manioc) et le agroalimentaires en Afrique de l’Ouest
Agri Infos poisson, les auteurs conseillent d’agir Par A. Alpha et C. Broutin
BP 17130 AFD, 2009, 230 p.
Dakar-Liberté, Sénégal en concertation avec tous les acteurs, Téléchargeable à l’adresse suivante :
Fax : +221 824 53 38 en élaborant des normes d’étape pour http://tinyurl.com/ydb4fdm
madiensec@yahoo.fr permettre au secteur artisanal de Agence française de développement (AFD)
Abonnement un an : 5, rue Roland Barthes
Afrique/UEMOA : 12 500 FCFA s’adapter et en soutenant financièrement 75598 Paris Cedex 12, France
Europe : 25 € et techniquement ces changements. www.afd.fr

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 23


publications
Les céréales, L’édition à l’heure le secteur, méritait bien qu’on lui consacre
un livre, paradoxalement disponible unique-
reines de du numérique ment sur papier… pour le moment. Le pre-

la transformation
mier mérite de cet ouvrage est de familiariser
L’Édition électronique ses lecteurs avec le jargon du numérique. Il
Coll. Repères
esquisse les grandes tendances de l’édition
Par M. Dacos et P. Mounier
Couscous, boulgour et La Découverte, 2010, de demain et soulève au passage quelques
polenta. Transformer et 128 p. points clés à éclaircir dont l’épineux problè-
consommer les céréales ISBN  978-2-7071-5729-4
dans le monde me du droit d’auteur à l’heure du numérique.
9,50 €
Par H. Franconie, M. Éditions La Découverte Un chapitre est consacré aux conditions éco-
Chastanet et F. Sigaut (dir.) 9 bis, rue Abel-Hovelacque nomiques de l’édition électronique. Vous y
Karthala, 2010, 480 p. 75013 Paris
ISBN 978-2-8111-0285-2 trouverez aussi quelques conseils pour créer
France
32 € Fax : 33 1.49.59.10.72 votre propre blog. Mais le plus grand bou-
Ebook : 29 € www.editionsladecouverte.fr leversement annoncé concerne l’édition en
Adresse Karthala voir page 23
réseau grâce à laquelle des communautés
d’internautes lecteurs-auteurs pourront créer
■ Le livre est-il à la veille d’une nouvelle ré-
■ Avoine, blé, orge, maïs, millet, sorgho, riz, eux-mêmes des contenus.
volution ? De plus en plus d’éditeurs propo-
sarrasin… Cet ouvrage est une invitation au
sent, à un prix légèrement inférieur, des ver-
voyage dans le vaste monde de la transforma-
tion des céréales et des plantes assimilées (qui-
sions numériques de leurs ouvrages. Google, Pour obtenir
de son côté, s’est attaqué à la numérisation
noa, amarante ou manioc). De l’Asie à l’Eu-
de la quasi-totalité des ouvrages disponibles.
les publications
rope, en passant par le Maghreb et l’Afrique Les publications du CTA
De nombreuses revues scientifiques ont opté
de l’Ouest, les céréales sont à la base d’une
pour la diffusion en ligne. Les premiers lec- identifiées dans Spore par la
infinité de plats comme le couscous, les
bouillies, le pain, de boissons comme la
teurs de e-books (comme le Kindles) ont fait feuille verte sont disponibles
leur apparition aux États-Unis et plus récem- gratuitement pour les abonnés
bière, mais aussi de friandises et de desserts.
ment en Europe, mais leur prix élevé (300 €)
Mais que sait-on vraiment de ces céréales qui au Service de distribution des
les confine encore à une clientèle aisée, qui
depuis des millénaires fournissent à l’homme publications (SDP) du CTA. Les
peut ainsi glisser dans sa valise des milliers et
l’énergie nécessaire à ses activités journaliè- autres lecteurs peuvent les
des milliers de pages.
res ? Des ethnologues, des anthropologues
et des historiens vous feront découvrir à tra-
Le livre numérique se fait donc peu à peu acheter auprès du distributeur
une place dans l’édition qui reste cependant commercial du CTA. Seules les
vers ce tour géographique et historique les
dominée à 95 % par l’imprimé. Cette nouvel-
techniques de préparation et de transforma- organisations agricoles et rurales
le donne, si elle ne bouleverse pas encore
tion (y compris industrielle) des céréales. À et les particuliers résidant dans
l’heure de la globalisation, ce livre se veut un les pays ACP peuvent s’abonner
antidote à la “cacophonie culinaire” en dé-
crivant précisément la diversité des aliments
Agir c’est investir au SDP. Les abonnés au SDP
du monde et les relations qu’ils entretiennent L’agriculture est naturellement sensible bénéficient chaque année d’un
avec les peuples qui les ont élaborés. au changement climatique dont les certain nombre d’unités de
populations des pays en développement crédit gratuites pour obtenir des
feront le plus les frais. Un nouveau
publications du catalogue du
rapport de recherche évalue les
Gouverner autrement CTA. La liste des publications
conséquences de ces changements sur
En étayant l’ouvrage d’expériences la sécurité alimentaire et prévoit que disponibles est consultable dans
personnelles, l’auteur développe 25 millions d’enfants de plus souffriront le catalogue électronique du CTA
une manière radicalement différente de malnutrition en 2050. Un tel scénario
de gouverner : décentraliser les
(http://cta.esmarthosting.net/).
n’est pourtant pas inéluctable et pourrait
politiques, intégrer les populations à Toutes les autres publications,
ne pas se réaliser en augmentant de
leur développement et modifier l’aide 4,97 milliards € les investissements qui sont précédées d’un carré,
internationale. Un plaidoyer pour une annuels en développement rural. sont disponibles chez les éditeurs
autre gouvernance. mentionnés ou dans les librairies.
Changement climatique : impact
Reconstruire l’Afrique, sur l’agriculture et coûts de l’adaptation
vers une nouvelle gouvernance Par G. C. Nelson et al.
fondée sur les dynamiques locales IFPRI, 2009,
Distributeur commercial
Par O. Sy ISBN 978-0-89629-536-0 SMI (Distribution Services) Ltd
Éditions Charles Léopold Mayer, 2009, 222 p. Téléchargeable à l’adresse suivante :
ISBN 978-2-84377-149-1 http://www.ifpri.org/node/6190 PO Box 119, Stevenage
19 € Institut international de recherche sur les politiques Hertfordshire SG1 4TP
Éditions Charles Léopold Mayer alimentaires
38, rue Saint-Sabin 2033 K Street, NW Royaume-Uni
75011 Paris Washington, DC 20006-1002, USA
Fax : + 33 1 43 14 75 99 Fax : +1 202 467 4439
Fax : + 44 1438 748844
www.fph.ch www.ifpri.org E-mail : CTA@earthprint.co.uk
24 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010
nouvelles du cta
www.cta.int

Jeunes : saisissez votre chance !


La vie en milieu rural n’est pas
toujours aisée pour les jeunes
des pays ACP et l’agriculture
ne les attire guère. Les
technologies de l’information
et de la communication (TIC)
sauront-elles inverser la
tendance ? Pour recueillir leurs
idées et points de vue, le CTA

© Genardis
lance un grand concours de
sensibilisation. (lire page 26)

5 questions à André Vugayabagabo


Coordinateur de programmes senior au CTA
Agronome de formation, André Vugayabagabo est aussi homme de terrain.
Pour qu’ils soient plus durables, les
Depuis son arrivée au CTA, en 1992, il a organisé des visites d’étude et des
séminaires sur des thèmes de développement agricole et rural des pays systèmes d’approvisionnement en eau
ACP. Il est actuellement chargé de l’organisation du prochain séminaire doivent être entretenus. Dans le secteur
annuel du CTA et du programme de soutien aux conférences (SSP).
agricole, une gestion efficace et durable
Pourquoi avoir choisi l’eau des ressources en eau ne sera possible que
1 pour thème du séminaire si les exploitants agricoles sont en mesure
annuel du CTA ? d’acheter l’eau qu’ils consomment. Cette
Près des deux tiers de la consommation condition pose de sérieux problèmes aux
d’eau douce sont absorbés par les besoins exploitants agricoles à très faibles revenus.
agricoles. Une bonne gestion de l’eau
Comment concilier une gestion
est un facteur important pour accroître la 4
© CTA

rationnelle de l’eau avec les


production vivrière et atteindre la sécurité
droits des peuples autochtones ?
alimentaire. Le séminaire sur l’eau s’inscrit
Une gestion rationnelle de l’eau n’est
donc dans cette perspective.
pas antinomique avec les droits des
En 2010, quels sont les enjeux peuples autochtones. Il faudrait réfléchir
Mes 5 dates 2 liés à l’eau pour les pays ACP ? sur le renforcement des capacités des
1967 : Entrée à l’école secondaire L’un des enjeux majeurs est l’investissement communautés rurales pour qu’elles soient
(pré-séminaire à Cyahinda, Butare, dans l’irrigation. Il permet d’accroître les des acteurs à part entière dans la mise en
au Rwanda). rendements des cultures de 100 à 400 %, œuvre des programmes de gestion de l’eau.
1980 : Début de ma carrière professionnelle selon la FAO. Autre enjeu majeur pour les
L’eau pourrait être à l’origine
au ministère de l’Agriculture et de pays ACP : tenir compte de la gestion des 5 d’un conflit prochain ?
l’Élevage, Rwanda. ressources en eau dans les programmes de
Non. Toutefois, les problèmes de
lutte contre le changement climatique.
1982 : Affectation à l’Institut de disponibilité et d’accessibilité de l’eau
recherche agronomique et Une eau rare et chère à recycler continueront d’être des sources de
zootechnique (IRAZ/CEPGL), 3 menacera-t-elle les économies à préoccupation majeures pour les différents
Burundi faibles revenus ? acteurs et décideurs politiques. Ils
1983 : Mariage officiel à la commune. Oui, bien sûr. Au-delà de la faible doivent réfléchir ensemble aux meilleures
disponibilité de l’eau, se pose aussi un stratégies de gestion durable et équitable
1992 : Entrée au CTA
sérieux problème de coût et d’accessibilité. de l’eau.

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 25


nouvelles du CTA
Jeunes

Saisissez votre chance !


(suite de la page 25) Informations sur les Développement rural et TIC, une formation
prix du marché par téléphone portable, avancée au Web 2.0, un concours de blogs, la
échange d’expériences par blogs ou groupes participation à des rencontres internationa-
de discussion, utilisation de l’Internet pour les et l’animation d’un portail d’information

© S. Freedsman/PANOS-REA
le marketing des productions… Voilà ce qui avec espace de réseautage social.
pourrait modifier le rapport à l’agriculture et Si vous avez entre 18 et 35 ans, si vous
offrir davantage d’opportunités aux jeunes. vivez dans un pays ACP ou en êtes origi-
Pour les sensibiliser davantage aux enjeux naires, que vous viviez en milieu urbain ou
du développement agricole et renforcer leurs rural et surtout si vous suivez une forma-
capacités sur l’utilisation des technologies tion agricole ou êtes jeune producteur, alors
de l’information, le CTA lance une opéra- ce programme vous concerne. Son nom ? Contact :
tion sur mesure. Au menu ? Un concours de ARDYIS : Agriculture, Développement rural Ken Lohento
rédaction sur le thème Jeunes, Agriculture, et Jeunesse dans la Société de l’Information. ardyis-project@cta.int

TEXTOS FOIRE DU LIVRE


Rencontrez le CTA
• Le Briefing de Bruxelles Où ? En Afrique du Sud, à la Foire du Li-
du 16 juin se penchera sur vre du Cap. Quand ? Du 30 juillet au 2 août
prochains. Pourquoi ? Pour en savoir plus sur
la situation des jeunes
nos activités et nos services. Pour nous faire
dans les zones rurales • Le part de vos besoins. Pour découvrir la vaste
CTA lance une plateforme gamme de nos publications : de l’ouvrage
de référence au guide pratique, elles sont
Web pour permettre à ses mises à votre disposition sans frais si vous
partenaires de mieux travaillez dans le secteur du développement
agricole et rural.
travailler en réseau De notre côté, nous souhaitons nouer de
(http://partners.cta.int) nouveaux partenariats et renforcer nos liens
avec les maisons d’édition, les groupes de
• Rendez-vous en août pour
presse, les distributeurs et agences de com-
découvrir un numéro spécial munication africains.
de Spore consacré aux Alors n’hésitez pas, contactez-nous déjà par
mail (cta@cta.int) et rendez-vous là-bas !
relations tumultueuses de
la croissance démographique GENARDIS
et de l’agriculture
Des récompenses
• Le CTA prospectera le
Mozambique et l’Angola en
pour les projets innovants
Une véritable parité hommes-femmes est même inattendues de leurs expériences. “En
juin-juillet pour évaluer
le fruit d’une lente évolution que freinent Éthiopie, par exemple, nous explique Mme
l’impact de ses produits et souvent les normes et traditions sociales. Fetien Abai, l’Université de Mekelle nous
services, et rencontrer de Conscients des enjeux, le CTA et ses parte- avait offert six ordinateurs grâce auxquels
naires ont lancé, en 2002, le programme nous avions monté un centre d’information.
nouveaux partenaires • À GENARDIS. Son but ? Encourager des pro- Nous avons organisé une formation en jar-
paraître prochainement : jets de développement agricole et rural inno- dinage destinée non seulement aux femmes
vants, fondés sur les nouvelles technologies mais aussi aux jeunes ayant interrompu leurs
14 guides pratiques du CTA
et tenant compte de l’équité hommes-fem- études secondaires, aux personnes âgées,
en kiswahili • Nouvelles mes. Rappelons que ces projets sont choisis aux chefs de district et au personnel de l’uni-
sur concours et récompensés par une dona- versité. Nous avons annoncé cette formation
perspectives de partenariat
tion de plusieurs milliers d’euros. à grand renfort de panneaux et de bannières.
entre le CTA et Ingénieurs En mars dernier, les lauréats de dix Intrigué par les panneaux, un investisseur lo-
sans frontières : affaire à pays se sont retrouvés à Johannesburg, en cal s’est arrêté et y a participé. Il a tellement
Afrique du Sud. Ils ont ainsi pu dialoguer et été impressionné qu’il nous a offert cinq ordi-
suivre. faire part des retombées positives et parfois nateurs et mille outils de jardinage.”

26 | Spore 147 | Juin-JUILLET 2010


p o s t @ l e nouvelles du CTA
Boîte Services
aux lecteurs
Bon ketchup Des abeilles Écrire à Spore
Merci aux lecteurs qui nous ont signalé dans les arbres CTA — rédaction de Spore
des erreurs de dosage dans la recette de L’apiculture permet d’améliorer ses PO Box 380
ketchup reprise dans le Guide Pratique du revenus. Pour bien commencer, 6700 AJ Wageningen
CTA sur la transformation de la tomate. nous dit Marieke Mutssaers, “élevez Pays-Bas
Voici la recette correcte : les abeilles sous les arbres. Cela augmente Fax : + 31 317 460067
le rendement grâce à la pollinisation E-mail : spore@cta.int
Ingrédients : croisée par les abeilles ainsi que la
1 kg de pulpe de tomates
150 g de sucre
production de miel et de pollen”.
S’abonner à Spore
45 g d’oignons finement émincés Recevoir la version imprimée
Mélange d’épices (macis, cannelle, cumin, L’abonnement est :
cardamome, poivre noir moulu, poivre blanc Le bio ça paie • gratuit pour les organisations et
moulu, gingembre moulu) présentées dans Le consommateur européen est friand de particuliers vivant dans les pays ACP
un sachet en mousseline – selon goût et produits cultivés de façon biologique. “En (Afrique, Caraïbes, Pacifique)
disponibilité ; vous pouvez ajouter de la poudre franchissant ce pas supplémentaire vers et dans l’UE : CTA Spore
de chili pour faire une sauce tomate au chili. l’agriculture biologique, nous dit Colbert subscriptions,
Sel (ajoutez selon votre goût) Sangnie, nos producteurs trouveront là une PO Box 173
80 g de vinaigre vraie alternative au sous-développement et à 6700 AJ Wageningen
la dépendance des pays pauvres vis-à-vis de Pays-Bas
Préparation : l’agro-industrie chimique, une revalorisation
1. Mélangez 50 grammes de sucre, la pulpe de
ou spore@cta.int
de leurs produits et des meilleurs revenus,
tomates, les oignons et les épices. • payant pour toute autre adresse :
une voie de protection de l’environnement de
2. Amenez doucement à ébullition pour dissoudre 36 € par an (6 numéros) :
production, de leur propre santé et de celle
le sucre, en remuant fréquemment pour éviter abonnement à souscrire auprès
des consommateurs.”
qu’il ne brûle. Continuez de chauffer doucement du distributeur commercial
jusqu’à ce que le volume soit réduit de moitié. (voir page 24).
3. Retirez le sachet d’épices.
4. Ajoutez les 100 g de sucre restants, le
Bonne nouvelle Recevoir le résumé
En réaction à l’article Des fruitiers à la
sel et le vinaigre. Laissez cuire à feu doux gratuit par e-mail
place des bananiers, Justine Mwanje
5 à 10 minutes en remuant constamment. Abonnez- vous à l’édition e-mail
ajoute : “Outre l’amélioration de la sécurité
Déterminez le taux de solides solubles (TSS) à (90 kb) à :
alimentaire, les agriculteurs profiteront
l’aide d’un réfractomètre (la température doit
des produits et services des arbres. Une
http://spore.cta.int
avoisiner 10-12° Brix). Si vous n’avez pas de
planification minutieuse aura un impact ou envoyez un e-mail vierge à :
réfractomètre, vérifiez que le sucre et le sel join-spore-fr@lists.cta.int
positif sur les modes de subsistance. Il s’agit
soient complètement dissous et que la sauce Pour la version texte seulement :
par conséquent d’une bonne nouvelle.”
prenne une consistance épaisse. Retirez la join-spore-text-fr@lists.cta.int
sauce du feu.
5. Laissez refroidir jusqu’à 80 °C puis LIRE SPORE SUR ÉCRAN
versez à chaud dans des bouteilles ou des Pas besoin d’engrais • sur le Web : consultez spore.cta.int
bocaux préalablement stérilisés. Fermez L’article sur les engrais du • par satellite : captez les émissions
hermétiquement. numéro d’avril a lui aussi de Spore Plus sur les canaux d’Afristar
6. Laissez refroidir à température ambiante. suscité des réactions dont des programmes multimédia de First
7. Stockez au frais à l’abri de la lumière. celle de Ken Hargesheimer qui Voice International. Informations
Source : Practical Action — estime que “les agriculteurs détaillées : spore@cta.int
Tomato Processing Technical Brief n’en ont pas besoin”.“Ils
devraient, dit-il, pratiquer une Reproduire Spore
culture bio, sans labour, en place et avec une
Erratum irrigation au goutte-à-goutte en saison sèche.
• Pour un usage non commercial,
Dans le dossier sur La vidéo participative les articles de Spore peuvent être
Ils n’ont besoin d’acheter que des semences
du précédent numéro de Spore (n°146), librement reproduits à condition de
à pollinisation libre pour les cultures, les
plusieurs photographies d’InsightShare ne mentionner la source. Merci d’envoyer
engrais verts et les plantes de couverture.
lui ont pas été attribuées (pages 9 et 10).
Rien d’autre. Cela ramènera leurs coûts à
une copie à la rédaction.
Nous vous prions d’excuser cette erreur,
presque zéro et doublera leurs rendements • Pour toute reproduction à des
d’autant qu’InsightShare a contribué très
tout en réduisant la main-d’œuvre de 50 % fins commerciales, demandez
utilement à la préparation de cet article. l’autorisation préalable.
par rapport à la culture classique.”

Juin-JUILLET 2010 | Spore 147 | 27

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