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REPUBLIQUE DU SENEGAL DIRECTION DES RECHERCHES

--------------------------------------- SUR LES SYSTEMES AGRAIRES


MINISTERE DU DEVELOPPEMENT RURAL ET L'ECONOMIE AGRICOLE

LES PROGRAMMES ET PROJETS DE MECANISATION


AU SENEGAL
-----------
PROPOSITIONS D'ACTIONS A METTRE EN PLACE

PAR H.M. MBENGUE


A. FALL
Chercheurs machinistes ISRA

M. HAVARD
Chercheur CEEMAT détaché à l'ISRA

DECEMBRE 1989

I.S.R.A.
(Institut Sénégalais de Recherches Agricoles)

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CEEMAT : Centre d'Etudes et d'Expérimentation en Mécanisation Agricole et


Technologie Alimentaire. Département du CIRAD (Centre de Coopération Internationale
en Recherche Agronomique pour le développement).
i

Résumé

La mécanisation agricole existe au Sénégal depuis le début du siècle, mais son


développement en culture attelée date des années 1960 avec le Programme Agricole. De
nombreux travaux de recherches ont été menés au CNRA de Bambey, et par le biais de
nombreux projets dans les différentes régions du Sénégal. Malheureusement, la suspension
du PA en 1980, s'est traduite par le blocage de la filière machinisme entièrement dépendante
de ce programme. Depuis 1984, se met en place la NPA, dont les orientations sont
fondamentalement différentes du PA, en particulier le désengagement de l'état de toute la
filière : financement, approvisionnement, distribution, ... Au niveau de l'ISRA, cette période est
mise à profit pour rédiger des synthèses sur les études et les expérimentations menées en
matière de mécanisation à travers le pays. Cette note, à partir de la situation actuelle, essaie
de faire ressortir les points saillants de tous ces synthèses, et propose des études et
recherches qui ont été peu ou pas abordées.

La situation actuelle de la mécanisation est présentée à partir des expériences et projets


antérieurs, et au moyen d'une liste des projets en cours. Les niveaux d'investissements et les
caractéristiques des cibles intéressées mettent en évidence plusieurs types de mécanisation :la
motorisation, localisée dans la vallée du fleuve, pour les investissements de plusieurs millions
qui la mettent hors de portée des exploitants, les matériels de technologie post-récolte des
céréales (moulins, décortiqueurs) situés dans les agglomérations urbaines appartiennent à des
privés, et ceux des villages à des associations villageoises en priorité, les matériels de culture
attelée, localisés à plus de 80 % dans le Bassin Arachidier, sont, très souvent, à la portée des
exploitants.

A partir des données ci-dessus, nous avons estimé les besoins potentiels de la filière à 40
milliards pour 5 ans. Nous avons comparé ces chiffres aux données actuelles sur la filière, d'un
point de vue crédit, fiscalité, choix des équipements, ... pour tenter de faire ressortir les lacunes,
les points de blocage car le crédit annuel utilisé ne couvre que 10 % des besoins estimés ces
deux dernières années.

Ces analyses débouchent sur des propositions d'études sur la filière à mettre rapidement en
place pour essayer de lever les facteurs actuels de blocage : enquêtes sur l'utilisation des
matériels en milieu rural, incidence et rôle de la fiscalité sur l'économie du pays et les revenus
des paysans, moyens pour améliorer l'efficacité de l'artisanat rural dans la fabrication et
l'entretien de certains matériels agricoles, la mécanisation est-elle économiquement à la protée
des paysans.

Il ressort aussi un certain nombre d'axes de recherches et d'expérimentation : travail du sol,


récolte et battage mécanisés en riziculture irriguée, semis du riz en culture attelée en
Casamance, transformations du riz et des céréales traditionnelles (riz, maïs, sorgho).
ii

Liste des sigles et abréviations utilisés


AMMAC Action MotoMécanisation Agricole en Casamance
BOAD Banque Ouest Africaine de Développement
BIT Bureau International du Travail. Suisse
CADEF Comité d'Action pour le Développement du Fogny. Basse Casamance
CCCE Caisse Centrale de Coopération Economique. France
CERER Centre d'Etudes et de Recherches sur les Energies Renouvelables. Dakar
CGOT Compagnie Générale des Oléagineux Tropicaux
CNCAS Caisse Nationale de Crédit Agricole Sénégalaise
CRAT Centre Régional Africain de Technologie. Dakar
CRDI Centre de Recherches pour le Développement International. Canada
CUMA Coopérative d'Utilisation du Matériel Agricole
DERBAC Projet Autonome de Développement Rural de la Casamance
DRS Défense et Restauration des Sols
ENCR Ecole Nationale des Cadres Ruraux. Bambey
ENDA Environnement et Développement du Tiers-Monde. Dakar
FAO Food Agricultural Organization. Italie
FAC Fond d'Aide et de Coopération. France
FED Fonds Européen de Développement. Belgique
FENU Fonds d'Equipement des Nations Unies
FIDA Fond International pour le Développement Agricole
FPH Fondation pour le Progrès de l'Homme
GIE Groupement d'Intérêt Economique
INDR Institut National de Développement Rural. Thies
JICA Agence Japonaise de Coopération Internationale. Japon
MAC Mission d'Aide Chinoise. Ziguinchor
MEAC Mission d'Etudes et d'Aménagement du Canal du Cayor
MRES Ministère de la Recherche et de l'Enseignement Supérieur. France
NPA Nouvelle Politique Agricole
ODI Overseas Development Institute, Regent's College, Londres
ONG Organisation Non Gouvernementale
PA Programme Agricole
PAGRI Programme d'Appui aux Agriculteurs
PIDAC Projet Intégré de Développement Agricole de la Casamance
PME Petites et Moyennes Entreprises
PRIMOCA Programme de Développement Rural Intégré de la Moyenne Casamance
PSA Programme de Sécurité Alimentaire
SAED Société d'Aménagement et d'Exploitation des terres du Delta, du fleuve Sénégal et des
vallées du fleuve et de la falémé
SEMA Secteur Expérimental de Modernisation Agricole. Boulel
SISCOMA Société Industrielle Sénégalaise de Constructions Mécaniques et de Matériels Agricoles
SISMAR Société Industrielle Sahélienne de Mécanique, de Matériels Agricoles et de
Représentations
SOCAS Société de Conserveries Agricoles du Sénégal.
SODAGRI Société pour le Développement Agricole et Agro-industriel.
SODEFITEX Société de Développement des Fibres Textiles
SODIZI Socièté de Développement Industriel de Ziguinchor
SOMIVAC Société de Mise en Valeur de la Casamance
SUMA Section d'Utilisation du Matériel Agricole
ULV Ultra Low Volume
UMA Utilisation du Matériel Agricole
UNICEF Programme des Nations Unies pour l'Enfance
USAID U.S. Agency for International Development. Washington, USA
iii

Sommaire

1 INTRODUCTION........................................................................................................................................ 1
2 LES DIFFERENTES ASPECTS DE LA MECANISATION AGRICOLE AU SENEGAL .............................................. 1
2.1 LA MECANISATION AU TRAVERS DES EXPERIENCES PASSEES ET DES PROGRAMMES ET PROJETS EN COURS ....................... 1
2.1.1 La motorisation des opérations culturales ........................................................................................ 2
2.1.2 Les matériels de technologie post-récolte ......................................................................................... 5
2.1.3 La culture attelée............................................................................................................................... 7
2.1.4 Les matériels divers ......................................................................................................................... 12
2.2 LE CONTEXTE ECONOMIQUE ........................................................................................................................ 12
2.2.1 Les demandes de crédit ................................................................................................................... 13
2.2.2 La fiscalité (taxes douanières, fiscales, TVA…) et les subventions ................................................... 14
2.2.3 Les critères de choix d’équipements ................................................................................................ 15
2.2.4 L'impact de financements internationaux et des dons .................................................................... 15
3 PROPOSITIONS D’ACTIONS A METTRE EN ŒUVRE ................................................................................. 15
3.1 LES ETUDES SUR LA FILIERE MACHINISME AGRICOLE.......................................................................................... 15
3.1.1 Les statistiques et les études économiques ..................................................................................... 16
3.1.2 Les besoins en formation ................................................................................................................. 17
3.2 QUELQUES ORIENTATIONS SUR LES RECHERCHES ET EXPERIMENTATIONS A METTRE EN PLACE ................................... 18
3.2.1 Le travail du sol ............................................................................................................................... 18
3.2.2 Les semis en culture attelée ............................................................................................................ 19
3.2.3 Les récoltes et le battage................................................................................................................. 20
3.2.4 Les transformations ......................................................................................................................... 21
4 BIBLIOGRAPHIE ...................................................................................................................................... 22
5 ANNEXE 1............................................................................................................................................... 26
6 ANNEXE 2. MODE DE CALCUL DES TAXES SUR LES MATERIELS AGRICOLES............................................. 28
iv

Tableaux

TABLEAU 1. LES TYPES DE MATERIELS FINANCES A CREDITS PAR LA CNCAS ............................................................................ 13


TABLEAU 2. COUTS DE QUELQUES MATERIELS DE MOTORISATION ET PRIX DES PRESTATIONS CORRESPONDANTES ........................... 26
TABLEAU 3. DIFFERENCES IMPORTANTES SUR LES PRIX DES MATERIELS DE CULTURE ATTELEE EN 1988. ....................................... 26
TABLEAU 4. ESTIMATION REGIONALE DES MISES EN PLACE DES MATERIELS DE CULTURE ATTELEE ENTRE 1950 ET 1980 ET DU CHEPTEL
DE TRAIT UTILISE EN 1980 ................................................................................................................................... 27
TABLEAU 5. DECOMPOSITION DU PRIX DU MATERIEL VENDU 100 FCFA RENDU ROSSO............................................................. 28
TABLEAU 6. EXEMPLE DE DECOMPOSITION DU PRIX DES MATERIELS AGRICOLES IMPORTES ........................................................ 29

Figures

FIGURE 1. COURBES DES MISES EN PLACE CUMULEES DE MATERIELS DE CULTURE ATTELEE. .......................................................... 7
FIGURE 2. ESTIMATION EN FRANCS CONSTANTS DES VOLUMES ANNUELS DE CREDIT ACCORDES PENDANT LE PROGRAMME AGRICOLE. .. 8

Cartes

CARTE 1. LOCALISATION ET AIRES D’INTERVENTION DES PROGRAMMES ET PROJETS AYANT DES ACTIVITES DE MECANISATION AGRICOLE 2
CARTE 2. LA REPARTITION REGIONALE DU MILLION DE MATERIELS DE CULTURE ATTELEE MIS EN PLACE ENTRE 1950 ET 1980 ET LA
LOCALISATION DES ENQUETES ISRA SUR L’UTILISATION ACTUELLE DE CES MATERIELS. ........................................................... 9
CARTE 3. ZONAGE DETAILLE DE LA CULTURE ATTELEE EN BASSE CASAMANCE. RESULTATS DES ENQUETES ISRA............................. 10
v

Avant-propos

Courant 1989, le Ministère du Développement Rural a chargé la Direction de l'Agriculture de


créer un comité ad hoc pour préparer un conseil interministériel sur la mécanisation agricole.
En présence des différentes structures concernées : sociétés de développement (SODEVA,
SODAGRI, SOMIVAC, SODEFITEX, DERBAC), fabricants (SISMAR), financiers (CNCAS),
recherche (ISRA), représentants des paysans (UNCA), ..., la Direction de l'Agriculture a animé
la réunion de création de ce comité le 26 octobre 1989.

Parallèlement, et depuis 2 ans, l'ISRA mène une réflexion sur la mécanisation agricole dans le
cadre du groupe machinisme agricole qui comprend les trois programmes suivants :

- le programme Technologie Post-récolte des céréales, domicilié au CNRA de Bambey,


mais qui a une vocation nationale, dont le coordonnateur est Hyacinthe Modou
MBENGUE;

- le programme Machinisme Agricole en Casamance, domicilié au CRA de Djibèlor, dont


le coordonnateur est Alioune FALL;

- le programme Machinisme Agricole et Technologie Post-récolte dans la vallée du


Fleuve, domicilié au CRA de Saint-Louis, dont le coordonnateur est Michel HAVARD.

Ces réflexions sont suffisamment avancées aujourd'hui pour rédiger la présente étude qui fait
le point des connaissances de l'ISRA sur la situation de la mécanisation agricole. Cette étude
constitue la contribution de base de l'ISRA aux réflexions du comité ad hoc. Bien entendu, ce
travail n'est pas complet, mais il est le point de départ de discussions et de réflexions
ultérieures qui permettront de le compléter.
1

1 Introduction
Depuis 1985, l'ISRA a publié plusieurs études sur différents aspects de la mécanisation au
Sénégal : la culture attelée, les matériels de technologie post-récolte des céréales et tout
récemment sur la motorisation (batteuses à paddy).

Ces documents nous permettent de décrire brièvement la mécanisation : la motorisation des


opérations culturales est un échec dans les terres exondées et se maintient dans le delta du
fleuve; certains matériels post-récolte ont un impact réel sur la transformation des céréales tant
en milieu urbain que rural; la culture attelée à base de matériels légers à tractions équines et
asines (thèmes légers) s'est répandue rapidement dans les exploitations agricoles tandis que
les matériels lourds et la traction bovine nécessaires à l'application des thèmes intensifs (travail
du sol) n'ont pas eu le développement attendu.

Il apparaît très clairement aussi que la forte augmentation des superficies cultivées, liée à
l'introduction de la mécanisation (culture attelée dans ce cas) dans les zones densément
peuplées comme le Bassin Arachidier, a accentué dangereusement les phénomènes érosifs.
Les nouveaux programmes de mécanisation doivent accorder une place prépondérante à
l'aménagement du terroir, en particulier aux actions de DRS (Défense et Restauration des Sols).

Les programmes analysés étaient (sont encore pour certains) rattachés à des ministères
différents : le Programme Agricole (PA), géré par le Ministère du Développement Rural (MDR),
s'intéressait à la culture attelée (1958/1980) et à la motorisation par l'intermédiaire de la SAED,
et la politique dite "D'allègement des travaux de la femme", gérée par le Ministère du
Développement Social, s'intéresse aux matériels de technologie post-récolte des céréales.
L'orientation générale de la NPA est fondamentalement différente des programmes antérieurs,
car l'Etat se désengage de la filière d'approvisionnement en intrants du monde rural. La filière de
"culture attelée" était dépendante à 100 % du PA, alors les mises en place des matériels ont été
bloquées dès l'arrêt du PA en 1980 et elles n'ont pas significativement repris depuis. En
motorisation, la SAED se désengage pour permettre à de nouvelles structures de la relayer.
Quant aux actions de technologie post-récolte, elles ont toujours été, en partie, initiées en
dehors des structures étatiques : projets, particuliers, ... et par conséquent peu touchées par le
désengagement de l'Etat.

Après une présentation des principaux programmes et projets de mécanisation en cours, et une
analyse du contexte et des incidences économiques de la NPA sur la mécanisation agricole,
cette étude propose quelques orientations et perspectives de travail : des études sur la filière
"machinisme agricole" et des recherches et expérimentations sur les différentes opérations
mécanisées.

2 Les différentes aspects de la mécanisation agricole au Sénégal


2.1 La mécanisation au travers des expériences passées et des
programmes et projets en cours
Globalement, on distingue plusieurs types de mécanisation, autant par le montant des
investissements que par les cibles concernées : la motorisation des opérations culturales, les
matériels de technologie post-récolte, la culture attelée, et les matériels divers. La plupart des
programmes et projets cités dans ce paragraphe sont localisés sur la carte 1.
2

Carte 1. Localisation et aires d’intervention des programmes et projets ayant des


activités de mécanisation agricole

2.1.1 La motorisation des opérations culturales

2.1.1.1 La zone du fleuve


Les investissements les plus élevés intéressent la motorisation qui est essentiellement
concentrée dans les périmètres rizicoles de la vallée du fleuve. Hors C.S.S. (Compagnie
Sucrière Sénégalaise), nous estimons le parc en service composé des matériels suivants :
- 100 à 200 tracteurs (50 à 120 cv.), dans lesquels on compte les tracteurs de 65 cv des
SUMA de Nianga (une dizaine), ceux des groupements de Ndombo Thiago (9 tracteurs de
47 cv à 4 roues motrices), de quelques sections villageoises (exemple du 100 cv de la
section de Diawar), ceux des privés compris entre 100 et 120 cv (SOCAS, ...), et pour
terminer les tracteurs d'occasion provenant des réformes de la SAED et de la C.S.S.;
- un millier de groupes motopompes;
3

- environ 60 batteuses à riz (500 à 1.000 kg/h.), et 20 moissonneuses batteuses


principalement concentrées dans le delta. Ces données sont tirées d'une enquête réalisée
en mai 1989 par l'ISRA et un projet FAO (44).

Jusqu'à ces cinq dernières années, la motorisation était, en très grande majorité, gérée par la
SAED qui louait ses services aux paysans à des taux subventionnés qui atteignaient encore 30
à 50 % du prix en 1983. Depuis, la SAED s'est désengagée fin 1988 (elle a réformé ses
matériels qui ont été rachetés par des privés et le personnel de la SAED, surtout les batteuses),
et le parc actuel est réparti entre les privés, les groupements de producteurs, les SUMA, les
projets, ... Pour le moment, les matériels utilisés ne sont pas fabriqués localement et le recours à
l'importation sera nécessaire encore longtemps, excepté peut-être pour les batteuses à riz et
certains matériels d'accompagnement que pourrait fabriquer la SISMAR (elle fabrique déjà des
batteuses du type Borga et envisage prochainement de fabriquer la Votex). Les montants
moyens de plusieurs millions de fcfa pour les investissements mettent ces matériels hors de
portée des exploitations moyennes rizicoles, comprises entre 0,25 et 2 à 3 ha.

Actuellement, les programmes de motorisation sont menés par les institutions nationales (ISRA,
SAED) et par le biais de projets dans les différentes délégations de la SAED.

L'ISRA et la SAED, dans le cadre d'un projet de recherche/développement (Irrigation IV) financé
par la Caisse Centrale et la Banque Mondiale, appuient quelques groupements et sections
équipés pour la gestion de leur équipement et testeront à partir de 1990 des alternatives
techniques en matière de préparation des sols et de récolte. Les matériels retenus permettront
de travailler en sols humides et en boue, et de tester des puissances de tracteur inférieures à
celles utilisées aujourd'hui. Dans le cadre de l'appui aux sections, groupements, ... pour la
gestion de leurs matériels agricoles, la SAED procède à la formation et au recyclage des
chauffeurs de tracteur, pompistes et responsables de la gestion du matériel.

De nombreux tests de matériels ont déjà été réalisés dans le delta sur les motoculteurs sans
beaucoup de succès auprès des paysans (ISRA à Ndombo Thiago entre 1982 et 1984, un projet
italien (Italimpianti) à Podor à partir de 1982 et les chinois à Guédé vers 1970), sur des tracteurs
de faibles puissances (Italimpianti à Podor depuis 1982 et les chinois à Guédé dans les années
1970). Italimpianti continue ses expérimentations et la JICA (coopération japonaise) en prévoie
à Thiago.

La gestion des matériels par les groupements de producteurs fait l'objet de programmes de
travail depuis la fin des années 1970 (expérience des CUMA de la FAO dans le département de
Dagana), mais avec un développement à partir de 1982 (équipements des 12 groupements de
Ndombo Thiago avec des tracteurs de 45 cv sur un financement Caisse Centrale) et 1985
(équipement de 11 SUMA à Nianga avec des tracteurs de 65 cv sur un financement FKW). Ce
dernier programme prévoie sous peu l'équipement de quelques nouvelles SUMA.
Prochainement, la JICA équipera les paysans de Thiago pour la mise en culture des 200 ha
qu'ils viennent d'aménager.

Pour cette zone, où la culture irriguée du riz domine, il faut, à notre avis, améliorer la
coordination entre les divers projets de mécanisation, quelqu'en soit la source de financement,
et valoriser les travaux dèjà réalisés.

2.1.1.2 Les autres zones


Elles ont vécu depuis 1945 de nombreuses expériences qui ont toutes connues des échecs
économiques, en particulier sur les cultures pluviales qui ont des rendements faibles (moins de
2 t/ha) :
- le SEMA de Boulel sur 6.000 ha et la CGOT en Casamance sur 3.000 ha entre 1953 et
1960 sur la culture de l'arachide. La gestion du matériel étant faite en régie. Vu les
4

problèmes de rentabilité économique rencontrés dès les premières années, le SEMA et la


CGOT se sont orientés vers la culture attelée, en particulier la traction bovine. Certains
matériels de culture attelée utilisés aujourd'hui (houe sine, polyculteur, ...) ont été conçus
au SEMA de Boulel (38);
- l'introduction de 10 tracteurs Bouyer (environ 20 cv) à la SODEFITEX à partir de 1976 (1).
Cette expérience a été rapidement abandonnée à la SODEFITEX, contrairement au Mali
et au Burkina Faso où plus de 100 tracteurs sont en service dans chacun de ces pays.
Depuis, la SODEFITEX a relancé des programmes de culture attelée. Parallèlement à
l'expérience de la SODEFITEX, l'ISRA a fait de nombreux essais sur ce tracteur et ses
équipements à la station de Nioro entre 1977 et 1981.

Actuellement, la SODEVA met en œuvre un projet de développement rural (intitulé


Mbour-Louga), financé par le FIDA, qui s'intéresse aux cultures céréalières et au Niébé. Un
volet mécanisation est prévu sur la motorisation avec des tracteurs de 45 à 70 cv pour les
préparations du sol et les battages et sur la culture attelée.

En Casamance, la mécanisation peut-être raisonnée en termes de zones non aménagées


sans maitrise de l'eau (Basse Casamance, Départements de Sédhiou et de Kolda), et de
zones aménagées avec maitrise de l'eau (Vallée de l'Anambé et Gouloumbou). Les
organismes et les projets qui se sont succédés dans l'ancienne région de Casamance ont
toujours privilégié la motorisation dans leur approche du milieu.

Cette motorisation reposait essentiellement sur du matériel acquis par le biais d'accords de
coopération entre le gouvernement Sénégalais et un certain nombre de pays asiatiques et
européens. Les chinois, à travers la MAC, ont introduit les motoculteurs Donfeng-12 de 12 cv,
suivis par les Coréens avec les minitracteurs ICC de 25 cv et les Japonais avec une large
gamme de matériels : motoculteurs de 16 cv, minitracteurs de 25 cv et des tracteurs de 45 et
75 cv. Il faut signaler du côté de la vallée de l'Anambé des tracteurs de marques italienne,
américaine, ...

L'ISRA et le CEEMAT ont réalisé, entre 1975 et 1980, en Basse Casamance et sur le périmètre
de Gouloumbou en collaboration avec la SODEFITEX des tests de motoculteurs de faible
puissance (4 à 6 cv).

Bien entendu, on peut dire, aussi bien pour le fleuve que pour la Casamance, que les
conditions d'utilisation des motoculteurs n'étaient pas réunies (manque d'appui technique en
Casamance, trop grandes diversités de marques de matériels et problèmes de maintenance,
manque d'études économiques approfondies, matériels moins intéressants que les tracteurs
quand la majorité des coûts sont supportés par les projets car le travail est plus lent et plus
pénible), mais c'est insuffisant à notre avis pour expliquer le peu d'intérêt des paysans pour ce
type de matériel. Il serait intéressant de faire une mise au point sur les expériences des
motoculteurs au Sénégal. On constate aussi que le manque de continuité et de coordination
entre les projets d'une part et le manque de maintenance de ces matériels d'autre part ont vite
transformé la zone Sud en un cimetière de matériels motorisés.

Pour le battage, de petites machines ont été introduites sans beaucoup de succès : les
batteuses à pédale chinoise et SISMAR dans les années 1970, la batteuse à pédale Agritom
motorisée (moteur Briggs & Straton de 3 cv) à la SODAGRI ces dernières années.

Aujourd'hui, la motorisation se résume pratiquement aux matériels de la SOMIVAC et de la


SODAGRI :
- le parc de la SOMIVAC (janvier 1988) est composé de 5 tracteurs de 75 cv, 5 tracteurs de
45 cv, 10 minitracteurs de 25 cv et 35 motoculteurs, soit un total de 55 unités. Mais 30
unités, dont 27 motoculteurs, ne sont plus en état d'utilisation par manque de pièces de
rechange. Le parc est géré en régie par le programme AMMAC/UMA de la SOMIVAC. Une
5

phase expérimentale de gestion paysanne vient de démarrer avec 2 minitracteurs de 25 cv


et 2 motoculteurs placés au niveau des groupements de producteurs de Wangaran,
Diegoune, Boukekoum et Bessire. Les prestations de service sur les parcelles paysannes
sont subventionnées. Pour les préparations de sol, les paysans paient de 16.000 fcfa/ha
avec les motoculteurs à 20.000 fcfa/ha avec les tracteurs.
- l'expérience de la SODAGRI est plus récente puisqu'elle date de 1978. La vallée de
l'Anambé couvre une superficie de 110.000 ha dont 55.000 ha rizicultivables. L'objectif
actuel de la SODAGRI est d'aménager, dans les cinq années à venir, 16.265 ha à un
rythme de 1.000 ha/an en moyenne. Les superficies aménagées et cultivées en ce
moment sont de l'ordre de 1.420 ha à raison de 1 à 5 ha par famille. La maitrise de l'eau
n'est complète que sur 500 ha. Dans ces conditions d'exploitation et avec le démarrage de
la double culture les rendements sont passés de 1 t/ha en 1978 à 4 t/ha en 1984. Son parc
est composé de 9 tracteurs de 80 à 200 cv pour les opérations de travail du sol, de 3
moissonneuses batteuses et de 2 batteuses à riz de grandes capacités. Ces matériels sont
gérés en régie par la SODAGRI qui pratique des prestations de service subventionnées
aux taux par ha suivants : 22.000 fcfa pour le labour, 18.000 fcfa pour l'offsettage,
22.000 fcfa pour la moissonneuse batteuse et 11.000 fcfa pour la batteuse. Les paysans
ont la possibilité de payer directement à la SODAGRI ou à la CNCAS. Pour ce dernier
mode de paiement, 34 des 54 GIE des zones aménagées sont éligibles à la banque. La
SODAGRI envisage dans les prochaines phases de céder ces matériels à des
groupements de producteurs. L'expérience vécue actuellement à la SAED depuis 1987
devrait lui être utile dans ce désengagement futur.

Pour l'ensemble de la motorisation, la maintenance et le service après-vente sont insuffisants


pour plusieurs raisons : sur le fleuve, ces opérations étaient du ressort de la SAED avant la
mise en place de la NPA en 1984, et le désengagement des ateliers est réel depuis juin 1989,
le parc en service est encore faible pour inciter les revendeurs de Dakar à ouvrir des
succursales dans les régions. Aujourd'hui, les réparations importantes et l'approvisionnement
en pièces détachées sont faits à Dakar (excepté pour certains matériels placés par NOSOCO
avec la présence de Oualot Agrimat à Saint-Louis). Des tentatives d'installations de privés
sont en cours : reprise de l'atelier SAED de Ross Béthio, création d'un atelier à Kassak Nord
par le GIE delta mécanique appuyé par une ONG (association Diapanté), ..., mais elles sont
insuffisantes en nombre et en investissement car certains matériels utilisés sont complexes à
entretenir (moissonneuses batteuses).

2.1.2 Les matériels de technologie post-récolte


Dans la gamme des investissements intermédiaires, on trouve les machines à moteur de
technologie post-récolte des céréales traditionnelles et celles de transformation du paddy.

Le nombre de machines en service et fonctionnelles (soit environ 1 sur 2) est estimé à (31) :
250 décortiqueurs à riz de type Engelberg de débits moyens compris entre 150 et 250 kg/h (60
% dans la vallée du fleuve, le reste en Casamance), 3.000 moulins/broyeurs à marteaux (66 %
dans le Bassin Arachidier), une cinquantaine de batteuses à mil dans le Bassin Arachidier (80
% de modèles BS 1000 de la SISMAR entrainés par un tracteur de 35 cv.), une vingtaine de
décortiqueurs à mil (le modèle vulgarisé était peu adapté, mais les recherches en cours au
CNRA de Bambey ont permis de modifier, en collaboration avec la SISMAR, le PRL canadien;
le nouveau modèle est expérimenté dans une dizaine de villages).

Avec des montants moyens d'investissements supérieurs à 1 million de fcfa (tableau 1 en


annexe), ces matériels appartiennent à des privés (commerçants, marabouts, ...) qui les
utilisent à poste fixe (moulins et décortiqueurs urbains et semi-urbains) ou de manière
itinérante (décortiqueurs à riz, batteuses à mil) pour du travail à façon; de nombreux modèles
appartiennent aussi à des associations de femmes, de jeunes, ... (25 % des moulins et
décortiqueurs à mil, 30 % des décortiqueurs à riz, quelques batteuses Bamba de Bourgoin).
6

D'une manière générale, les machines appartenant à des privés sont mieux entretenues et
gérées que celles des associations villageoises.

En Casamance, ces matériels (moulins à mil et décortiqueurs à riz) sont essentiellement


concentrés dans les centres urbains (Ziguinchor, Bignona, Kolda, Sédhiou, Vélingara, ...). Les
matériels gérés par les groupements villageois sont principalement acquis sous forme de dons
par l'intermédiaire d'ONG travaillant directement dans le milieu. Les décortiqueurs à riz testés
par l'ISRA et les sociétés d'encadrement (SOMIVAC, SODAGRI,...) n'ont pas donné de bons
résultats : le modèle FAO a été abandonné à cause de l'usure rapide des caoutchoucs, tandis
que les rouleaux des Satake ne sont pas disponibles sur le marché local.

Toutes ces machines peuvent être fabriquées sur place (moteur non compris) par la SISMAR,
et certaines (moulins et décortiqueurs) sont aussi fabriquées par des artisans (25 % des 670
moulins des régions de Thies et Diourbel). Malheureusement, ces artisans rencontrent des
difficultés pour s'approvisionner en matière première de qualité.

Avec la diminution du prix du riz au consommateur en avril 1988 de 30 fcfa/kg, sans


modification du prix du paddy au producteur (85 fcfa/kg), le décorticage par les petites
décortiqueuses n'est plus suffisamment rentable, et les rares investissements dans ces
machines visent un équipement pour la transformation des besoins d'autoconsommation (43).
Même pour les rizeries industrielles (SODAGRI, SAED, DELTA 2000), cette différence de prix
pose de sérieux problèmes de rentabilité. D'ailleurs la rizerie de la SODAGRI de 2 t/h, équipée
d'un séchoir à air chaud de 800 kg/h, a introduit une différenciation de prix selon la qualité des
graines décortiquées.

En 1989, de nombreux programmes de travail et projets s'intéressent aux transformations à


l'échelle villageoise, voire des exploitations agricoles.

L'ISRA par l'intermédiaire du programme de technologie post-récolte au CNRA de Bambey,


travaille sur ces questions depuis 1955. Il en est ressorti de nombreux résultats (batteuse à mil,
décortiqueur PRL, essais de moulins, ...). Le programme en cours suit deux axes principaux :
les enquêtes sur les équipements de technologie post-récolte (financement FAC), la mise au
point, les essais et le suivi d'un décortiqueur à mil en collaboration avec la SISMAR sur un
financement du CRDI. A la demande, des formations de gestionnaires et de responsables de
minoterie sont effectuées.

La SODEFITEX, depuis 2 à 3 ans, mène un programme sur le décorticage et la mouture des


céréales à l'échelle villageoise sur un crédit FAC

L'ENDA a réalisé des travaux à Loumbel Kelly (près de Gossas) sur un moulin à traction
animale. Ce modèle est fabriqué par un artisan de Gossas.

Le projet allemand de Keur Samba Gueye effectue aussi des transformations à une échelle
semi-industrielle, et vend ses produits finis à des commerçants de Dakar.

La FAO, par l'intermédiaire d'un projet domicilié à l'ISRA Saint-Louis et intitulé : "Programme
National de Technologie Rizicole", a démarré des travaux début 1989 sur le battage (batteuse
votex), sur le décorticage (décortiqueur à rouleaux Sataké, enquêtes) et l'étuvage. En seconde
phase, à partir de 1990, il est envisagé d'étendre certaines actions (essais de la batteuse
VOTEX) menées sur le fleuve en Casamance, en particulier sur les périmètres de la
SODAGRI.

La FAO et le CRAT vont mettre en place un projet de coopération technique entre pays en voie
de développement sur la technologie post-récolte du riz. Ce projet vise surtout l'amélioration
des techniques post-récoltes du riz en Gambie, Guinée, Guinée-Bissau et Sénégal.
7

Le PSA, sur financement allemand, s'intéresse à l'équipement des particuliers urbains (privés
et entrepreneurs) en moulins et décortiqueurs de fabrication artisanale, avec des artisans de
Gossas et de Kaolack.

Les actions du Ministère du Développement Social dans le cadre du "programme d'allègement


des travaux de la femme" ont permis l'équipement, sur des fonds FENU et UNICEF, de
nombreux groupements féminins en moulins et décortiqueurs depuis plusieurs années.

Une société privée sénégalaise (la SERRIALS) fabrique une décortiqueuse à mil et
commercialise de petites unités de transformation pour les citadins.

2.1.3 La culture attelée


La gamme des matériels qui demandent les plus faibles investissements est celle des
matériels de culture attelée. C'est dans ce domaine que les crédits d'équipement les plus
importants ont été accordés depuis 1958 (année de mise en œuvre du PA). Ces matériels,
bien qu'ayant été acquis par le biais des coopératives agricoles, étaient rétrocédés aux
paysans.

Les figures 1 et 2 résument l'importance de ce programme en volumes de matériels et de


crédits alloués. Etant donné que ce programme s'appuyait, pour son financement, sur
l'arachide, c'est le Bassin Arachidier qui en a le plus bénéficié (carte 2 et tableau 3).

Figure 1. Courbes des mises en place cumulées de matériels de culture attelée.


8

Figure 2. Estimation en francs constants des volumes annuels de crédit accordés


pendant le programme agricole.
Aujourd'hui, il y aurait entre 800.000 et 900.000 matériels en service. Ce niveau est stable
depuis 1980 malgré l'arrêt des mises en place, soit 30 % de semoirs, 32 % de houes, 16 % de
souleveuses, 15 % de charrettes et 7 % de divers (charrues, butteurs, ...). La traction animale
est composée d'environ 500.000 attelages (44 % d'équins, 44 % d'asins, 12 % de paires de
bovins). Plus de 80 % des matériels et attelages sont utilisés dans le Bassin Arachidier. Les
enquêtes récentes de l'ISRA (carte 2) ont montré qu'un carré (unité d'habitation) a en
moyenne 2 attelages, 1,3 semoir, 1,4 houe, 0,9 souleveuse et 0,6 charrette pour cultiver entre
5 et 10 ha. Bien que la diffusion des matériels ait eu lieu par le biais des coopératives, on a
bien dans ce cas un exemple de l'appropriation individuelle de la mécanisation par les
paysans; ceci est rendu possible avec des montants moyens d'investissements de
100.000 fcfa (tableau 3 en annexe). De plus l'existence d'un marché de l'occasion où les prix
par machine, hors charrette, varient entre 5.000 et 15.000 fcfa, l'importance des prêts, des dons,
... ont favorisé la circulation des matériels entre les carrés et ont permis l'initiation de nombreux
paysans à la traction animale.

De nombreuses actions de formation des forgerons ont été initiées par le BIT et les structures
régionales de Développement pendant et après le PA, aussi bien dans le Bassin Arachidier
qu'au Sénégal Oriental et en Casamance. Certains programmes ont pris aussi en charge
l'équipement d'un nombre limité d'artisans : SODEVA dans le Bassin Arachidier, SODEFITEX
au Sénégal Oriental, BIT et PIDAC en Basse Casamance. Les artisans sont donc fortement
impliqués dans la maintenance des matériels à différentes échelles : village, marché, ville
d'importance régionale, surtout pour la fabrication de pièces détachées et de souleveuses (50
% des modèles recensés dans le Bassin Arachidier). Il y a environ 1 artisan pour 750
machines dans la région de Kaolack et ces forgerons travaillent avec de la matière première
de qualité très moyenne.

La SISMAR peut fabriquer et satisfaire l'ensemble de la demande du pays en matériels de


culture attelée.

En dehors de la région du fleuve, on distingue deux grandes situations dont les points
d'intérêts sont distincts.
9

Carte 2. La répartition régionale du million de matériels de culture attelée mis en place


entre 1950 et 1980 et la localisation des enquêtes ISRA sur l’utilisation actuelle de ces
matériels.

2.1.3.1 Le Bassin Arachidier


Dans le Bassin arachidier, l'objectif prioritaire est le maintien du capital introduit en
s'intéressant à la résolution des contraintes d'ordre logistique (approvisionnement et
maintenance de l'équipement). Il s'agit de mettre sur pied une politique cohérente
d'équipement des exploitations s'appuyant sur une connaissance précise de l'utilisation des
matériels dans le milieu. Les recherches sur les matériels ne concernent que des
améliorations de détail, excepté pour la mise au point de matériels spécifiques de nouvelles
techniques culturales (cas du stériculteur de nématicide et de l'épandeur d'inoculum pour soja
sur lesquels l'ISRA a travaillé en collaboration avec la SISMAR et le projet nématicide en 1983
et 1984). Sur le cheptel de trait, il y a lieu de mettre en place des études de base sur les
chevaux (alimentation, reproduction, amélioration, ...), et de reprendre des travaux sur les
liaisons animal-outil (tests de nouveaux harnachements comme les colliers, jumelage de
10

chevaux, ...). Enfin, il y a lieu de chercher à mécaniser des opérations susceptibles


d'augmenter l'utilisation annuelle des animaux de trait (manèges, exhaure de l'eau, ...).

2.1.3.2 Le Sénégal Oriental et la Casamance,


Le Sénégal Oriental et la Casamance sont les parents pauvres de la recherche et du
développement jusqu'à une époque récente, où des études de base doivent être entreprises à
partir des résultats obtenus à Séfa et Djibélor, car le matériel proposé pour ces régions a été
mis au point pour le Bassin Arachidier. Il est donc nécessaire de tester de nombreux matériels
afin de réaliser un tri vers ceux adaptés aux conditions locales (bovins plus petits, cultures à
plat et sur billons, riziculture pluviale et de bas-fonds, ...) pour ensuite proposer des chaines
cohérentes diffusables en milieu rural. L'ISRA, bien que s'étant intéressé à la traction animale
dans ces régions dans les années 1970, aussi bien à Séfa sur les cultures pluviales qu'à
Djibèlor sur la riziculture inondée, a repris des études en Basse-Casamance depuis 1984 sur
l'utilisation de la traction animale par les paysans (10) et mis en évidence plusieurs zones
(carte 3), sur la mécanisation du semis du riz (semoir super-éco et semoir manuel 2 rangs), et
sur l'entretien mécanique de la riziculture (houe manuelle).

Carte 3. Zonage détaillé de la culture attelée en Basse Casamance. Résultats des


enquêtes ISRA.
11

En dehors de la région du fleuve, on distingue deux grandes situations dont les points
d'intérêts sont distincts.

Le DERBAC vient de démarrer ses activités en Basse Casamance avec la volonté d'améliorer
d'une manière qualitative son approche du milieu paysan. Pour cela, il est prévu la mise en
oeuvre d'une méthodologie apparentée à la méthode BENOR (Visite et formation) axée, d'une
part, sur la constitution de différents groupes de conseil de gestion (équipement, élevage, ...)
et d'autre part, sur le rapprochement avec l'ISRA dans tous les secteurs de l'agriculture et de
l'élevage.

La SODAGRI vient de formaliser sa collaboration avec l'ISRA notamment avec le programme


riz de Djibèlor pour une amélioration de la production rizicole. Par ailleurs, elle s'oriente de plus
en plus vers une certaine diversification des activités menées dans le milieu : une meilleure
intégration agriculture/élevage à travers le projet Agropastoral Intégré (traction animale,
fumure, maitrise de la filière viande) et un volet forêt.

La SODEFITEX, après l'échec du Bouyer, a accentué ses efforts sur la traction animale,
autant sur la formation (centres de dressage, artisanat du fer), que sur la mise au point de
matériels (semoir combiné à un outil de préparation des sols, charrette à 4 roues pour le
transport du coton, semoir à riz à traction animale), et sur l'intégration agriculture-élevage
(étables), sans oublier les problèmes d'approvisionnement (pièces détachées, matériels) et de
crédit d'équipement pour les paysans et les artisans.

2.1.3.3 La région du Fleuve,

Dans la région du Fleuve, l'on voit réapparaitre depuis 1987 des projets visant l'utilisation de la
traction animale en riziculture irriguée, car toutes les expériences antérieures s'étaient
terminées par des échecs (ISRA et SAED dans le delta dans les années 1970, SAED vers
Matam en 1985/1986).

Le projet USAID a introduit en 1987 à Makhana, près de Saint-Louis, une vingtaine de buffles
thailandais. Depuis 2 ans, ces animaux se sont bien adaptés et reproduits (environ 40 têtes
aujourd'hui) dans ce micro-climat particulier qui ne reflète en rien celui de l'ensemble de la vallée
(proximité d'une mare d'eau douce où les animaux peuvent se baigner, chaleur moins forte avec
la proximité de la mer). Dans la seconde phase démarrée fin 1989 pour une durée de 3 ans, le
projet envisage deux types d'actions. La première consiste à mettre un certain nombre
d'animaux chez des paysans, en vue de cerner leur utilisation en milieu rural (près de la ferme si
possible pour des contraintes d'ordre logistique). La seconde portera sur la mise au point de
matériels adaptés aux conditions de travail (sols secs, humides, boueux) spécifiques à la vallée
du fleuve. L'ISRA participera à ces tests.

Le projet FED de Podor a un volet traction animale, axé sur l'utilisation de la traction bovine à
partir du cheptel local (zébu). L'expérience est menée directement avec les paysans (une
quarantaine de paires actuellement). Un gros handicap pour ce projet est la proximité du projet
Italimpianti et des SUMA de Nianga, qui sont axés sur la motorisation, parce que les paysans ne
prennent pas en charge l'ensemble des coûts de la motorisation.

Ces deux projets rencontrent des difficultés pour trouver des matériels adaptés, car il y a peu de
références au Sénégal, excepté les travaux de la station ISRA de Djibèlor en 1972/1973 :
rouleaux piétineurs type djibèlor et malgache modifié, herse espagnole à lames, lames de
planage type djibèlor, remplacement de la roue des charrues par un patin, ... et l'utilisation des
matériels classiques de culture attelée (8).
12

2.1.4 Les matériels divers


En particulier les matériels utilisés pour les traitements phytosanitaires, dont certains sont très
utilisés par les paysans tels les ULV manuels avec pile en culture cotonnière à la SODEFITEX,
les appareils à dos (15 l) à pression entretenue par une pompe manuelle pour les traitements
herbicides sur riz et les divers traitements sur tomate et sur les cultures maraichères. On
trouve aussi toute la gamme des appareils utilisés pour la lutte anti-acridienne (avions,
poudreuses motorisés, ...), mais ceux-ci n'appartiennent pas aux paysans.

Les techniques d'exhaure de l'eau : pompes à main et à pied (quelques centaines), systèmes
à traction animale (guéroult de l'ISRA Bambey, modèles simplifiés de l'ENDA, ...), éoliennes
multipales (plusieurs centaines), motopompes (hors celles du fleuve) et pompes solaires. A ce
niveau, il y a des contraintes importantes, car ces matériels sont souvent donnés pour équiper
des forages qui ont couté plusieurs millions, et l'entretien n'est pas prévu, si bien que ces
matériels tombent en panne quelques mois après leur mise en service et ne sont plus utilisés
faute de réparations. Comment prendre en charge une maintenance qui coûte chère?

La diversification des sources d'énergie : solaire, biogaz. Les travaux sur le solaire sont
principalement réalisés au CERER (séchage poisson, légumes, ...). L'ISRA travaille au CNRA
de Bambey depuis 1984 sur un des procédés de production de biogaz (le transpaille) en vue
de son application dans l'agriculture : entrainement d'un moteur dual/fuel (groupe électrogène)
pour l'irrigation, la mouture, ... Depuis 1987, l'ISRA en teste un modèle avec une exploitation
maraichère des Niayes. La SERAS, sur un financement FAC, en expérimente un modèle plus
gros à l'abattoir de Thies avec un double objectif : produire de l'énergie et lutter contre la
pollution de l'environnement.

En Casamance, des travaux sont menés sur les tranformations artisanales de certains
produits. On peut signaler le projet intitulé "Pilotage par l'Aval de l'Innovation Technologique
dans les filières courtes" mené en collaboration entre l'ISRA de Djibèlor et le GTA (Laboratoire
Systèmes Techniques et Sciences de la Consommation) du CEEMAT. Le produit concerné est
le Néré (Parkia Biglobosa) qui sert à la préparation du Nététou, après décorticage. Ce projet a
mis au point un décortiqueur fabriqué dans les ateliers de la SODIZI. Un modèle sera placé
cette année auprès d'un groupement du CADEF pour un suivi de ses performances. Depuis
1981, l'ENDA s'intéresse à la fabrication de l'huile de palme : une presse a été réalisée par les
forgerons de Kabiline.

2.2 Le contexte économique


A partir des données du paragraphe précédent, nous avons estimé les besoins potentiels sur 5
ans (durée moyenne des crédits) des financements nécessaires pour maintenir ce niveau de
mécanisation et appuyer l'organisation des circuits de maintenance. On arrive à environ 40
milliards de fcfa à partir des hypothèses de calcul suivantes : 25.000 ha à motoriser dans la
vallée du fleuve à raison de 200.000 fcfa/ha/5 ans (chiffre moyen obtenu à partir des
investissements retenus par les SUMA à équiper prochainement dans le delta), 56.000 unités
de culture attelée à distribuer chaque année à raison de 87.800 fcfa/unité 1, 500 machines de
technologie post-récolte des céréales à mettre en place chaque année à raison de 2.000.000
fcfa/unité, et enfin, environ 15 % de ce crédit total pour l'organisation et l'équipement des
réseaux de maintenance et de distribution.

1
Ce chiffre est obtenu à partir des prix "toutes taxes comprises" de 1988 de la SISMAR, augmentés de
35 % de frais de mises en place (distribution, crédit). Les prix suivants ont été utilisés : 114.000
fcfa/semoir, 54.000 fcfa/houe (prix moyen entre une houe sine et une houe occidentale), 47.500
fcfa/souleveuse (prix moyen entre un bâti arara et sa lame souleveuse et une souleveuse firdou
adaptable sur une houe sine), 53.000 fcfa/charrue et 170.000 fcfa/charrette équine.
13

2.2.1 Les demandes de crédit


Créée depuis 1984, la CNCAS s'est progressivement décentralisée dans les différentes
régions. Les conditions d'octroi de prêts sont beaucoup plus contraignantes que lors du PA :
éligibilité d'organisations paysannes reconnues juridiquement (sections villageoises, GIE, ....)
et de privés, apport personnel d'au moins 20 % du crédit demandé, intérêt évolue en même
temps que les taux d'escompte à la Banque Centrale. Ceci a entrainé la constitution de
nombreux GIE (plusieurs centaines dans la vallée du fleuve, 34 dans les zones a ménagées
de la SODAGRI, ...). Leur nombre important a améné une augmentation des droits
d'inscription et un arrêt des prêts de la CNCAS aux nouveaux GIE de la Vallée du fleuve.

Pour le matériel de culture attelée, les crédits d'équipements sont principalement accordés par
les projets à des conditions beaucoup plus intéressantes (en hors taxes et à un taux d'intérêt
nul ou très faible) que la CNCAS (en toutes taxes à des taux d'intérêts de 13,5 % à 15,5 %
depuis peu). Cette dernière n'a accordé, à des sections villageoises, que 62 millions de crédit
d'équipement en 1988/89 et 30 millions en 1989/90, avec un taux de remboursement de 61 %
dans la région de Kaolack pour les crédits accordés en 1988/89.

En motorisation, la CNCAS n'est pas la seule à accorder des crédits. Sur les moissonneuses
achetées cette année, certains fournisseurs (cas de Brazzivoir à Abidjan, ...) et des banques
(cas de la SOGECA pour une moissonneuse), ont octroyé des crédits à leur client. Mais pour
la majorité des groupements, GIE et sections villageoises, les prêts sont accordés par la
CNCAS pour 3 ans, parfois 5. Il existe au moins 2 taux suivant la source de financement : le
taux normal de 15,5 % et le taux de 7 %, subventionné par le FED de Podor pour l'aide à la
création de PME dans cette zone. Le bilan de l'agence de Saint-Louis (dans le compte-rendu
de la séance de travail du 4 juillet 1989 au centre SAED de Ndiayes sur la mise en valeur du
fleuve Sénégal : rôle et place du secteur privé) fait état de 175 millions de fcfa pour l'opération
test de 1987/1988 et de 1.075 millions de fcfa d'encours en mai 1989, pour différents types de
matériels (Tableau 1).

Tableau 1. Les types de matériels financés à crédits par la CNCAS


Année 1988 1989
Crédits accordés en millions de Fcfa 50 250
Décortiqueurs 1 3
GMP 6 35
Batteuses 4 1
Nombre de matériels Tracteurs et offset 4 11
Moissonneuses
1 3
batteuses
Moteurs de GMP 5 8
Légende : GMP. Groupe MotoPompe

En Basse Casamance, dans le département de Bignona, vient de démarrer une expérience


sur un nouveau système de crédit interne à une organisation paysanne (CADEF). Les fonds
de démarrage sont acquis sur une subvention du FPH et un financement de la CCCE. Le
système de prêt repose essentiellement sur l'esprit de groupe solidaire très restreint, ne
dépassant pas cinq membres pour une activité donnée. Le crédit pour cette campagne
agricole 1989/1990 a surtout porté sur l'acquisition d'intrants (semences de riz et d'arachide,
matériels agricoles à traction animale et manuelle). L'agence CNCAS de Ziguinchor est aussi
présente et les demandes de crédit pour la région de Ziguinchor et une partie de celle de
Sédhiou, ont essentiellement porté sur l'acquisition de matériels à traction animale. Le volume
de crédit accordé est toutefois très faible (4 millions fcfa environ). Ce crédit a surtout permis
14

l'achat de paires de bœufs pour un montant de 1,8 millions (43 % prêts), de charrettes à
traction bovine (27 %), de charrues UCF (18 %), de houes sine et occidentales (4 %), de
semoirs (2 %) et une chaîne complète de matériels de culture attelée pour un groupement de
la région de Sédhiou (6 %).

Nous n'avons pas d'informations sur les prêts consentis aux artisans et entreprises s'occupant
de la maintenance des matériels.

En résumé, le montant total des prêts d'équipements (tous organismes de crédits confondus)
ne dépassent pas 1 milliard pour l'année 1989. Bien que ce chiffre ne représente qu'à peine 80
% des investissements consentis (20 % d'apports personnels au minimum), nous sommes
encore loin de nos estimations des besoins à 8 milliards par an. En motorisation, les crédits
accordés se rapprochent beaucoup plus des besoins, ce qui est loin d'être le cas en culture
attelée.

2.2.2 La fiscalité (taxes douanières, fiscales, TVA…) et les subventions


Dans les programmes antérieurs, un certain équilibre existait entre la fiscalité et les
subventions pour soutenir des objectifs précis : développement de la traction animale, en
particulier bovine, au détriment de la motorisation. Aussi, les matériels de traction bovine
étaient largement subventionnés (de 40 à 60 % en 1978/1979), et globalement la fiscalité ne
touchait que les matériels de motorisation (taxes de 27 % sur les tracteurs, 80 % sur les pièces
détachées et 84,3 % sur le carburant en 1978), car les subventions annulaient les taxes sur le
matériel de culture attelée (18 % de subventions et 18 % de taxes sur le montant global du PA
1978/1979) (23). Dans ce système, les artisans locaux qui fabriquent du matériel étaient
particulièrement désavantagés, car la matière d'œuvre de qualité et les machines étaient
taxées à 65 % en 1978, de même que les moteurs pour ceux qui voulaient équiper les moulins
de leur fabrication. Aussi, les moulins artisanaux sont fabriqués, presque totalement, avec des
matériaux de récupération et équipés de moteurs d'occasion.

En 1989, la situation est loin d'être aussi claire : la fiscalité a augmenté et les subventions
n'existent plus, sauf bien entendu par le canal de nombreux projets où les matériels sont
donnés ou rétrocédés à des prix symboliques. La fabrication locale (SISMAR) se retrouve à la
même enseigne (35 % de taxes en moyenne) que les matériels importés (38 % pour les
tracteurs, 28 % pour les matériels agricoles, 80 % pour les pièces détachées des moteurs, plus
de 80 % pour le carburant). Bien sûr, ces chiffres sont théoriques et la quasi-totalité des projets
sur financements extérieurs négocie au cas par cas l'exonération totale des taxes (cas du
financement des SUMA du delta sur une ligne de crédit BOAD, et celles de Nianga sur
financement allemand, ...). On arrive alors à la situation paradoxale suivante : les sections
villageoises du Bassin Arachidier équipées en 1988 en matériels de culture attelée ont payé
les taxes, ce qui n'est pas le cas des paysans encadrés par la SODEFITEX (tableau 2 en
annexe), ni des SUMA et autres groupements du fleuve.

Pour les projets de motorisation, les difficultés se présentent au moment de l'achat des pièces
détachées (taxes de 80 % environ sur les pièces des moteurs et de 40 % sur les matériels
agricoles) et du renouvellement du matériel à la demande des paysans où le paiement des
taxes est exigé. Que veulent dire dans ce cas les études économiques à partir du coût hors
taxes?. Comment effectuer le renouvellement des matériels à l'aide de comptes
d'amortissements approvisionnés sur la base du hors taxes? (7). Prenons l'exemple des
groupements de Ndombo Thiago qui ont reçu leur première chaine d'équipements sur un
financement de la Caisse Centrale à condition d'ouvrir un compte d'amortissement à la banque
pour assurer le renouvellement de leurs équipements environ 5 ans après. Depuis 1982, les
dotations prévues n'ont jamais été intégralement versées, et aujourd'hui la plupart de ces
groupements cherchent des prêts pour remplacer un matériel qui leur a été donné (les
provisions des comptes servant d'apports personnels pour plus de 20 %, il est vrai). Un seul
15

groupement a acquis le nouveau matériel (tracteur, offset, moteur de GMP) sans demande de
prêt, mais cette chaine est moins importante que lors du premier achat (tracteur, offset,
charrue, rotavator, GMP, batteuse, ...).

2.2.3 Les critères de choix d’équipements


On a reproché, à juste titre sur certains matériels, à la SISCOMA de fournir du matériel de
culture attelée de moindre qualité les dernières années de fonctionnement du PA. On a
souvent attribué ce point au manque de concurrence qui ne favorisait pas la recherche de
produits de qualité. Le monopole de la SISCOMA était seulement assorti d'un contrôle des prix
par les services économiques de l'Etat.

Aujourd'hui, ce monopole n'existe plus, et en théorie les matériels de culture attelée, comme
tous les autres matériels agricoles, peuvent être acquis sur appel d'offres. Cette nouvelle
situation doit s'accompagner d'une définition très précise des cahiers des charges des
matériels à acquérir et des services attendus (délais de livraison, maintenance, ...) en tenant
compte des possibilités de fabrication locale. Cette pratique est courante à la SAED et à la
SODEFITEX pour les matériels de motorisation, mais inhabituelle, et par conséquent à mettre
au point, pour le matériel de culture attelée. A défaut, on verra, sous peu, se multiplier les
matériels à traction animale d'origines diverses. On peut déjà citer un exemple récent
(décembre 1987) en Casamance sur un projet maïs, pour lequel la FAO a financé 395 semoirs
et 395 multiculteurs de culture attelée. Un fournisseur italien, moins disant que la SISMAR, a
été retenu pour livrer ce matériel dont les caractéristiques ont été élaborées par les services
techniques de la FAO.

2.2.4 L'impact de financements internationaux et des dons


C'est un point très important, mais que nous présentons pour mémoire, car dépassant très
largement les prérogatives des structures chargées de la définition des orientations en matière
de mécanisation. Nous insisterons sur les mesures à mettre en œuvre pour limiter les effets
négatifs de ces modes d'approvisionnements du monde rural en équipements agricoles.

En riziculture irriguée sur le fleuve, pratiquement chaque pays donateur utilise sur les zones
d'emprise de son projet le matériel de sa fabrication. On peut donc voir, dans la vallée du
fleuve, des machines japonaises, chinoises, coréennes, italiennes, françaises, ... dont la
plupart sont abandonnées peu de temps après la fin des projets, faute de pièces détachées et
d'entretien appropriés.

A ce sujet, l'expérience des matériels de technologie post-récolte est, aussi, très édifiante : les
moulins issus de dons sont, pour la plupart, gérés par des associations villageoises qui ont
beaucoup plus de difficultés à les entretenir que les particuliers (la majorité des moulins en
panne appartiennent à ces associations), et sur les régions de Thies et Diourbel, 14 marques
de moulins et 31 marques de moteurs ont été recensées sur 670 machines (28). Pour ces
derniers matériels, les dons ont été particulièrement important lors de la campagne
présidentielle : 200 moulins dans la région de Saint-Louis, 200 moulins dans le département
de Kédougou, 50 décortiqueurs à riz dans la région de Ziguinchor, ... Une bonne partie de ces
matériels a été fabriquée par un artisan de Kébémer (400 moulins).

3 Propositions d’actions à mettre en œuvre


3.1 Les études sur la filière machinisme agricole
Il ne s'agit pas de se contenter d'énumérer les structures d'importation, de fabrication, de
formation, d'approvisionnement et de financement indispensables pour assurer l'équipement
du monde rural, mais d'analyser, à partir de la situation existante dans un contexte politique et
économique bien défini, les répercussions économiques et sociales de différentes alternatives
16

possibles et prévues en matière de mécanisation. On pense aussi bien aux résultats


macro-économiques (devises, fiscalité, ...) sur le budget de l'Etat, qu'aux modifications de
fonctionnement du crédit, et qu'aux incidences sur les coûts de la mécanisation pour les
systèmes de production, ...

3.1.1 Les statistiques et les études économiques


C'est un travail ambitieux, qui est bien entendu, tributaire de la politique économique en
vigueur. Dans le contexte des programmes d'ajustements structurels en vigueur dans la
majorité des pays de la sous-région, ce travail permettra d'apprécier leurs impacts et leur
viabilité en matière d'équipement et d'approvisionnement (secteur dont l'Etat s'est désengagé)
des paysans en matériels agricoles. Ceci sera réalisé à l'aide d'un certain nombre d'études,
dont les plus urgentes à mettre en place sont les suivantes :

1. Quelles sont les répercussions exactes sur l'économie du pays et sur les revenus des
paysans des différentes taxes sur le matériel agricole ?

Au niveau macro-économique, que cherche-t'on avec la fiscalité agricole, et quel apport réel
au niveau du budget de l'Etat ?. La forte imposition en vigueur protège-t'elle la fabrication
locale ?. Dans la pratique, quels sont les producteurs qui paient réellement la totalité des
taxes ?.

Dans la situation actuelle, où la plupart des groupements bénéficient de l'exonération totale


(financements extérieurs, foyers des jeunes par le biais d'amicales, ...) pour les matériels de
motorisation, pourquoi ne pas officiellement supprimer ces taxes, car les procédures pour
obtenir les exonérations sont longues. Seul l'achat de pièces détachées se fait dans la
majorité des cas en toutes taxes. On se demande si une imposition beaucoup plus légère (5 à
10 %) ne permettrait pas d'alimenter un fond de garantie pour les sinistres agricoles que ne
reconnait pas la CNCAS. On aurait donc un recyclage de ces fonds dans l'agriculture.

2. Comment améliorer l'efficacité de l'artisanat local dans l'entretien et la fabrication de


certains matériels agricoles ?

On part du constat que l'artisanat entretenant le matériel de culture attelée s'est développé en
marge des initiatives de l'Etat, mais les artisans rencontrent d'énormes difficultés pour
s'approvisionner en matière d'œuvre de qualité et pour s'équiper suffisamment sans remettre
en cause la rentabilité économique de leurs ateliers. Nos premières enquêtes sur le Bassin
Arachidier montrent qu'il faut distinguer plusieurs niveaux d'intervention : la ville de Kaolack qui
vend beaucoup de pièces détachées et de matériels d'occasion où les artisans peuvent
diversifier leurs travaux (il est donc plus facile d'y rentabiliser un atelier, et d'ailleurs les
premiers artisans formés dans les villages ne s'y sont pas trompés, car ils sont très vite partis
en ville), puis les villes d'importances régionales et les marchés hebdomadaires pour la vente
de pièces et les réparations demandant la soudure, et enfin les villages pour les petites
réparations urgentes, les crevaisons (la diversification des activités y est difficile et par
conséquent les investissements pour les forgerons de village doivent être limités). Le même
constat a été fait en Casamance (12).

En motorisation, sur le fleuve, la maintenance était assurée jusqu'à cette année par la SAED,
et pour le moment, la plupart des opérations d'entretien sont effectuées par les revendeurs de
Dakar, car les tentatives d'implantations sont encore timides. Les conditions de rentabilité
d'ateliers de motorisation dans la vallée du fleuve restent à définir : peu de privés intéressés
ont la surface financière nécessaire et les revendeurs de Dakar et la SISMAR hésitent à
investir dans des ateliers et magasins sans assurance et connaissance sur le marché de la
motorisation. Le plus important est pour l'instant Oualo Agrimat installé à Saint-Louis, avec
l'appui de NOSOCO MATFORCE. Au Sine Saloum (projet maïs de Keur Samba Gueye) et en
17

Casamance (SOMIVAC et SODAGRI), la motorisation et sa maintenance sont encore sous le


contrôle des projets et sociétés qui y interviennent.

3. Comment améliorer nos connaissances sur l'utilisation du matériel et sur le marché potentiel
afin de fournir des éléments d'informations pour les 2 points ci-dessus et afin de faire une
programmation sur plusieurs années ?

Il est évident que ce n'est possible qu'avec des statistiques suffisamment précises pour être
considérées comme "fiables".

Celles-ci sont recueillies au moyen d'enquêtes fréquentes, légères tout en restant assez
précises, ce qui suppose une méthode d'approche parfaitement maitrisée. L'ISRA y travaille
depuis 1983 sur le matériel de culture attelée et sur les artisans forgerons (Bassin Arachidier et
Casamance), sur le matériel de technologie post-récolte (régions de Thies, Diourbel, Kaolack,
Fatick, et Saint-Louis),et depuis cette année sur les matériels de motorisation dans la vallée du
fleuve (batteuses et moissonneuses batteuses). Les méthodes d'approche et d'analyse sont
au point, les moyens à mettre en œuvre (humains et financiers) et les temps de travail sont
connus pour tous ces types d'enquêtes en fonction de l'aire et des objectifs de travail.

4. A quelles conditions économiques les paysans peuvent-ils raisonnablement acquérir les


équipements agricoles, et par quels moyens ?

Il s'agit de voir quelles sont les différentes possibilités de financement de l'équipement des
paysans et dans quelles mesures elles sont adaptées aux différentes conditions du milieu
rencontrées.

A titre d'exemple, quelle est la viabilité du crédit CNCAS dans les conditions de production
actuelle : taux d'intérêt élevé (15,5 %), apport personnel important (20 %), forte taxation hors
projet (environ 30 %). En matière de culture attelée, cette question est d'actualité, car les
demandes d'équipements par le biais des sections villageoises ont été très faibles en 1988 et
1989 et les taux de remboursement des annuités inférieures à 70 % en moyenne. Ce constat
pose les questions de fonds suivantes : le crédit CNCAS est-il réellement en mesure de
financer les matériels de culture attelée ? et les sections villageoises sont-elles les meilleurs
interlocuteurs au vu de l'expérience malheureuse des coopératives lors du PA?.

3.1.2 Les besoins en formation


On constate, avec le désengagement de l'état, une évolution des besoins qui dépasse le cadre
des formations techniques traditionnelles, qui doivent être redynamisées car les personnes
formées il y a dix à quinze ans ne sont plus les utilisateurs d'aujourd'hui.

Au niveau technicien supérieur et ingénieur, la formation est extrêmement limitée au Sénégal


(2 étudiants de l'INDR se spécialisent cette année en machinisme agricole), et avec le
développement du crédit aux privés et groupements de producteurs, en particulier sur la
motorisation, on ressent le besoin d'un appui au choix des matériels par les paysans et à
l'analyse techniques des demandes de crédit. Bien sûr, ce besoin est limité en nombre, mais il
faut insister auprès des sociétés d'encadrement pour qu'elles prennent en charge cette
fonction.

Le nombre croissant de privés et d'organisations qui s'équipent dans la vallée du fleuve


entraine une demande croissante de formation de conducteurs de tracteurs, de pompistes, de
gestionnaire de la mécanisation au sein des groupements. Il y a là un créneau important pour
la SAED, qui a déjà réalisée plusieurs cycles de formation de chauffeurs, pompistes,
conseillers agricoles, ... Naturellement, la mise en place effective de ces formations rencontre
encore quelques réticences qu'il y a lieu de lever. De nombreuses alternatives existent pour le
18

financement de ces cycles de formations : participation des fournisseurs (prêts de matériels),


de la CNCAS... qui doivent devenir permanent, car il y aura toujours des besoins nouveaux et
des recyclages.

Les formations classiques concernent surtout le matériel de culture attelée (centres de


dressage en culture attelée, démonstrations sur l'utilisation des matériels, artisans, ...), en
particulier à la SODEFITEX.

Il faut aussi encourager la nouvelle démarche du Centre de Guérina (département de


Ziguinchor) qui a inité avec l'ISRA de Djibèlor la formation itinérante dans le cadre des activités
menées avec le CADEF. La formation se déroule ainsi dans les villages et sur les parcelles
paysannes. Elle permet d'embrasser toute la diversité des systèmes de culture et des
stratégies de production mises en oeuvre par les paysans.

Au sein de l'ISRA, nous pensons que des cycles de formations continus et annuels sur la
traction animale et les équipements de technologie post-récolte pourraient être mis en place
au niveau du CNRA de Bambey où les infrastructures (à remettre en état), les matériels et les
terrains d'essais existent. Ces cycles seraient limités à une dizaine de personnes (capacités
d'hébergement du centre) et pourraient être ouverts aux ressortissants des pays de la
sous-région. Le besoin existe car, en 1989, des meuniers et des stagiaires de l'ENCR ont été
accueillis au CNRA de Bambey.

3.2 Quelques orientations sur les recherches et expérimentations à


mettre en place

3.2.1 Le travail du sol

3.2.1.1 En riziculture irriguée


En motorisation, il s'agit de travailler sur différentes alternatives de préparation des sols, soit
en sec, soit en humide, soit en boue visant la mise au point de nouveaux itinéraires techniques
à proposer aux paysans dans le cadre de la double culture. Ce travail est prévu dans le delta
sur le projet Irrigation IV dans le cadre des actions de recherche-développement entre l'ISRA
et la SAED.

En culture attelée, les projets Buffle de l'USAID et FED de Podor, ont sollicité l'ISRA dès leur
mise en place pour le choix des matériels. Par manque de références sur l'utilisation de la
traction animale en rizières irriguées, il n'a pas été possible de leur conseiller d'autres
matériels que ceux utilisés sur les cultures pluviales. Il en résulte des besoins en études de
base, c'est-à-dire en essais de matériels existants testés dans d'autres pays (le rouleau du
Kanol, les herses espagnoles, ...) et en recherches pour la mise au point de matériels
spécifiques. Le projet Buffle va démarrer, sous peu, en seconde phase, une partie de ces
travaux.

La SODEFITEX à Gouloumbou et la SODAGRI à Anambé doivent faire face aux mêmes types
de problèmes que dans la vallée du Fleuve. Dans les zones avec une bonne intégration
agriculture élevage, il y a lieu de mettre en œuvre des stratégies de mécanisation reposant sur
une bonne complémentarité des différentes sources d'énergie : traction animale, motorisation,
culture manuelle. Il est très difficile à l'heure actuelle de mettre au point ou vulgariser une
forme passe-partout. Par exemple, si le labour est exécuté au tracteur pour des problèmes de
capacité insuffisante des animaux de trait, par contre la reprise peut être exécutée à la traction
animale. C'est ainsi que, dans le cadre des activités menées au sein du CADEF, l'ISRA de
Djibèlor essaie depuis 1988 la charrue 8" pour le labour des rizières de nappe et aquatique
après les premières pluies, suivi d'un semis mécanique au semoir manuel.
19

3.2.1.2 En culture pluviale avec la traction animale


En 1986, l'ISRA a repris les études, arrêtées depuis 1982, sur l'utilisation des dents pour le
travail du sol en sec dans le cadre de son programme de DRS à Kaolack (41). L'objectif de ce
travail, vu les échecs des expériences antérieures, vise l'amélioration de l'infiltration de l'eau
des premières pluies afin de réduire le ruisselement (donc l'érosion) et améliorer l'alimentation
hydrique des plantes en début de cycle. En 1989, l'ISRA a introduit une nouvelle dent mise au
point par le CEEMAT, testée à Thyssé Kayemor et à l'INDR de Thies, qui permet de part ses
performances d'obtenir un bon compromis entre le travail visé et la puissance des animaux de
trait. De plus, elle est facile à fabriquer par les artisans, et les premières estimations de prix
obtenues à la SISMAR (environ 10.000 fcfa pour l'équipement sur houe sine ou ariana)
mettent ce matériel à la portée des paysans déjà équipés (27).

Les études récentes de l'ISRA sur la culture attelée en Basse Casamance (8) ont montré que
les butteurs et charrues (corps 10" SISMAR), mis au point pour le Bassin Arachidier ne
répondaient pas exactement aux besoins en travail du sol, ni aux animaux plus petits. Aussi, il
serait particulièrement intéressant de reprendre des tests de divers modèles de charrues
(différentes largeurs et types de versoirs), de butteurs, ainsi que les travaux initiés par la
SISMAR sur les houes sine à destination de la Gambie (adaptation à des animaux plus petits).
Parallèlement à ce travail, il faut s'intéresser à de nouveaux outils pour les préparations de
début de cycle (type outil roulant du CEEMAT) à la nature des aciers pour les socs et les
versoirs (usure moins rapide), à cause des difficultés que rencontrent les paysans pour trouver
ces pièces et les artisans pour trouver de l'acier suffisamment résistant pour les fabriquer.
L'utilisation possible de la traction animale dans les rizières, où il est difficile d'utiliser des
roues, nous amène à proposer des études sur les liaisons animal/outil (chaine, timon) pour
chercher, suivant les situations, le meilleur compromis entre l'adaptation à la puissance des
attelages utilisés, le type de travail recherché, la facilité d'utilisation.

Depuis plus de 40 ans, les différentes structures de recherche et de développement essaient


de diffuser le labour sans beaucoup de succès au Nord de la Gambie, ce qui nous amène à
poser la question suivante : où en sommes-nous en matière de recommandations sur le travail
du sol ?. C'est-à-dire a-t'on vraiment dépassé le débat labour/travail à la dent ?. Que penser de
certaines affirmations que l'on entend parfois à propos de la liaison entre la pluviométrie et le
labour en milieu paysan : 800 à 1.000 mm semble être la limite en deçà de laquelle les
paysans ne pratiquent plus le labour. Ceci se vérifie, dans une certaine mesure, ces dernières
années de sécheresse avec l'apparition des techniques culturales du Sud du Bassin
Arachidier au Nord de la Casamance.

3.2.2 Les semis en culture attelée

3.2.2.1 Le riz en Casamance


Depuis 1985, l'ISRA Djibèlor a repris des travaux sur le semis des rizières avec le semoir
super-éco en traction asine surtout et avec le semoir manuel deux rangs avec un distributeur à
cannelures (9). La SOMIVAC en a placé quelques modèles chez les paysans par le canal du
crédit PIDAC.

En 1988/1989, deux autres semoirs ont été adaptés aux conditions locales de production. Il y a
le DJ-ECO qui est en cours d'expérimentation avec les paysans du CADEF. C'est un semoir à
traction manuelle pour les petites superficies, mis au point dans la perspective d'augmenter la
complémentarité entre la traction animale et la culture manuelle (9). Le second semoir est un
semoir à riz à quatre rangs à traction animale. Ce semoir, testé avec le CADEF depuis 1989
auprès de groupements féminins, vise la mise en œuvre d'une gestion collective (type CUMA)
de matériels à traction animale dont la charrue 8" pour améliorer la productivité de la main
d'œuvre dans les rizières (36).
20

La SODEFITEX s'intéresse aussi à ce problème depuis plusieurs années pour les rizières du
département de Kédougou. En 1989, elle a testé un semoir à traction animale à plusieurs
rangs importé de France (le semoir à poquets Camargue).

Ce semis en ligne est surtout intéressant pour les économies de main d'œuvre pour les
opérations ultérieures d'entretien, et par la possibilité de mécaniser les sarclages (utilisation
de houes manuelles dans les interlignes).

Dans les systèmes de production concernés, la question de fond est la suivante: le semoir
spécifique pour le riz est-il justifié pour les superficies concernées, sachant que le super-éco
est peu adapté au riz et ne sème qu'un rang ?.

3.2.2.2 Le mil et le sorgho en poquets


Les semis sont réalisés avec le super-éco en poquets très allongés (jusqu'à 50 cm) avec un
nombre important de graines. Comme pour le riz, le problème n'est pas la mise au point d'un
semoir plus performant que le super-éco, mais la justification économique d'un tel semoir dans
les conditions actuelles de culture des mils et sorghos.

3.2.2.3 Le coton
La solution la plus satisfaisante est le délintage du coton

3.2.2.4 Les semoirs combinés à un autre appareil


Ces études ne sont pas nouvelles (voire les expériences des années 1960), mais elles
ressortent périodiquement : études de la SODEFITEX sur un outil de travail du sol combiné à
un semoir depuis 1984, étude CEEMAT/ISRA/SISMAR sur l'adaptation d'un injecteur de
nématicide sur le semoir super-éco depuis 1983, étude ISRA/SISMAR sur l'adaptation d'un
épandeur d'inoculum micro-granulé sur le super-éco pour le traitement du sol au semis du soja
entre 1982 et 1984.

Pour résumer ce paragraphe sur les semis, on peut dire : il ne semble pas prioritaire de monter
un programme spécifique sur le semis en culture attelée, mais seulement de s'intéresser à des
études ponctuelles à partir de demandes précises (exemples du stériculteur de nématicide et
de l'épandeur d'inoculum micro-granulé).

3.2.3 Les récoltes et le battage

3.2.3.1 Le riz irrigué


Dans le cadre de la double culture sur le fleuve, ces opérations sont un important facteur
limitant. Les principales combinaisons actuelles sont : l'ensemble des opérations manuelles, la
récolte manuelle et le battage mécanisé, la récolte à la moissonneuse batteuse. Suivant les
situations culturales rencontrées dans la vallée du fleuve, chacune de ces combinaisons aura
sa place, de même que l'utilisation du stripper (machine qui récolte sans couper la paille, ce
qui réduit considérablement la puissance nécessaire pour le fonctionnement de cette
machine).

Ces études sur la récolte et le battage font partie d'une approche globale sur la double culture :
liaison avec les préparations du sol de la culture suivante et avec la gestion de l'eau et des
matériels par les utilisateurs.

Des contacts récents entre l'ISRA/Djibèlor et la SODEFITEX/SODAGRI font nettement


ressortir la nécessité de trouver une solution à ce problème de récolte. La SODEFITEX a
d'ailleurs sollicité l'étude d'une faucheuse à traction animale adaptée à la capacité de traction
des animaux de la région. Les zones les plus indiquées pour ces types de recherches sont
21

celles avec une bonne intégration agriculture/élevage où le paysan est à la fois agriculteur et
éleveur. Au niveau de la SODAGRI, en plus de la récolte, le battage de la première récolte en
double culture pose de sérieux problèmes. Le matériel dont dispose la SODAGRI est
insuffisant pour satisfaire la demande.

3.2.3.2 L’arachide
La récolte ne pose pas de problèmes en culture attelée, mais par contre le battage est toujours
manuel. Les tentatives d'introduction de batteuses à moteur n'ont encore rien donné de
significatif. Les expériences les plus récentes ont porté, il y a 3 ou 4 ans, sur le modèle "firdou"
de Lelous. La main d'œuvre semble encore suffisante et relativement "bon marché" pour
limiter la diffusion du battage mécanique.

3.2.3.3 La paille de riz sur le fleuve


Pour le moment, l'intérêt porté à la paille de riz pour l'alimentation animale est lié à la
pluviométrie. En année moyenne, les demandes sont limitées, si bien que les prix proposés ne
sont pas suffisants pour conditionner mécaniquement et commercialiser ce produit. Le moyen
le plus approprié pour le transport et la distribution de petites quantités passe par l'utilisation
de ramasseuses presses de moyenne densité qui donnent des balles d'environ 15 kg.
Malheureusement, ces machines sont délicates d'entretien et le coût en ficelles de liage est
très élevé (environ 10 % du prix du produit).

Seule une demande importante et régulière de paille de riz justifiera la mise sur pied d'un
programme spécifique sur la valorisation de cette paille par la mécanisation.

3.2.3.4 Les fourrages


On parle toujours de cultures fourragères dans les programmes de recherches, car elles entrent
dans les possibilités de diversification sur les périmètres irrigués du fleuve. Dans les cinq ans à
venir, il y a peu de chance que leur diffusion nécessite de mécaniser leur récolte.

3.2.4 Les transformations


Avec le développement de la double culture sur le fleuve, il faut impérativement s'intéresser au
stockage et au séchage. En 1988 et 1989, le riz de contre saison chaude a été récolté en partie
pendant l'hivernage. Outre les problèmes de moisissures, de pourrissement, le rendement à
l'usinage aurait chuté d'environ 7 à 8 unités par rapport au riz d'hivernage dont le rendement à
l'usinage avoisine 68 % (selon la SAED).

3.2.4.1 Le riz
Au niveau actuel du prix du paddy (85 fcfa/kg au producteur) et du riz sur le marché
(130 fcfa/kg), les transformations par le secteur privé ne sont pas intéressantes avec les
rendements actuels d'usinage. Ce qui n'était pas le cas avant avril 1988 quand le prix du riz
était à 160 fcfa/kg (période pendant laquelle, on a assisté à une diffusion importante des
décortiqueuses villageoises de type Engelberg). Avec les prix actuels, on voit difficilement qui
va prendre le relai de la SAED dans la gestion des rizeries (fortes subventions aujourd'hui, car
le prix de revient du riz est de 178 fcfa à la sortie des usines). La SODAGRI connait les mêmes
problèmes avec sa rizerie de 2 t/h. Elle pense combler le déficit en pratiquant la différenciation
de prix en fonction de la qualité du produit et de la variété (grains courts/grains longs, grains
entiers/grains brisés). L'analyse de cette situation est d'autant plus pertinente et actuelle que la
SODAGRI veut décentraliser les rizeries au niveau des villages avec l'installation d'unités de
petite capacité (12 rizeries de 500 kg/h).

Vu les différences enregistrées dans les rendements à l'usinage, il va falloir très rapidement en
venir à payer le paddy à la qualité : taux d'humidité, rendement à l'usinage, ... Des tests de
décortiqueurs plus performants doivent être entrepris.
22

3.2.4.2 Les autres céréales : mil, maïs, sorgho


Un des plus importants facteurs de blocage est l'absence de circuit de commercialisation
structuré pour ces céréales, car techniquement la transformation industrielle est possible
(grands moulins) et des machines existent pour les transformations artisanales. Le principal
point de réflexion porte sur la mise au point d'une chaine de transformation adaptée au niveau
villageois pour les besoins d'autoconsommation surtout, et qui ne soit pas plus chère que les
moulins actuellement diffusés qui sont surdimensionnés. Cette chaine comprendrait une bat-
teuse, un décortiqueur et un moulin entrainés par un seul moteur.

4 Bibliographie
Cette liste est donnée pour information (elle reprend surtout les références citées dans le texte
et d'autres qui nous paraissent intéressantes à signaler sur les différents points soulevés). Elle
prend en compte les documents, rapports, notes, ... écrits depuis 1985 et parfois des références
plus anciennes pour les expérimentations arrêtées depuis. Pour les autres documents, on peut
se référer à la bibliographie suivante (plus de 300 références) :
Basse I., Bordet D.,1988. La mécanisation agricole au Sénégal. Bibliographie annotée.
CEEMAT, 83 p.
La liste des références ci-dessous n'a pas la prétention d'être exhaustive.
1. Bordet D., 1980. Tracteurs Bouyer TE dans les exploitations encadrées par laSODEFITEX.
Etude Technico-économique. Possibilités d'introduction de motoculteurs dans les périmètres
irriguées du Sénégal Oriental. CEEMAT, Paris, 54 p. Rapport de mission à la SODEFITEX,
novembre 1980.
2. Bordet D., Lhoste P., Le Moigne M., Le Thiec G., 1988. La traction animale en Afrique
Francophone. Etat de L'Art. CEEMAT, 195 p. Rapport dactylographié.
3. Bordet D., 1989. Critères économiques pour la définition des choix de mécanisation. Cas de
la riziculture dans les périmètres irrigués du fleuve. Dans : L'économie de la mécanisation en
régions chaudes. Actes du IXè séminaire d'économie rurale, 12 au 16 septembre 1988,
Montpellier. Une publication du CIRAD.
4. Dokothonon J., 1987. L'expérience de la mécanisation de Ndombo Thiago au service des
nouvelles SUMA. SAED, 35 p.
5. Dokithonon J., Bruyère G., 1988. L'incidence de la mécanisation en milieu paysan sur le
revenu des producteurs. SAED. Communication aux journées d'études sur le crédit agricole
dans la vallée du fleuve sénégal. 25 p.
6. Douanes, 1989. Note N° 3418 du 30 Août 1989. Direction des études et de la règlemen-
tation douanières. Direction Générale des Douanes. Sénégal.
7. Dubois de la Sablonière M., 1982. Projet de Ndombo Thiago. Rapport de mission
d'évaluation. 16 au 30 mars 1982, SCET AGRI/SAED.
8. Fall A., 1985. Situation actuelle de l'environnement et de l'utilisation du parc de matériels de
culture attelée en Basse Casamance. ISRA, Département Systèmes et Transfert, Dakar,
mémoire de confirmation, 145 p.
9. Fall A., 1987. Essai et suivi d'un semoir à riz à deux rangs à traction manuelle. ISRA,
Département Systèmes et Transfert, Dakar. Note d'information 87/3. 25 p.
10. Fall A., 1988. Adoption et principales contraintes à la diffusion des matériels de traction
animale en Basse Casamance. ISRA, Direction de Recherches sur les Systèmes Agraires,
Dakar. Troisième Atelier Régional Ouest Africain sur la traction animale, 7 au 12 juillet 1988,
Saly, Sénégal.
23

11. Fall A., 1988. Eléments de méthodologie et d'analyse pour les enquêtes sur le matériel de
culture attelée. L'expérience de la Basse Casamance. ISRA, Direction de Recherches sur les
Systèmes Agraires, Dakar. Troisième Atelier Régional Ouest Africain sur la traction animale, 7
au 12 juillet 1988, Saly, Sénégal.
12 Fall A., 1989. Maintenance du matériel en Basse Casamance. Dans : l'économie de la
mécanisation agricole en régions chaudes. Actes du IXè séminaire d'économie rurale, 12 au
16 septembre 1988. Une publication du CIRAD.
13. Fall B.N., 1989. Exposé sur le matériel agricole et la politique de mécanisation agricole au
Sénégal. Journées d'études sur le crédit agricole, les semences et l'équipement du monde
rural, 28 avril 1989. SISMAR, Pout.
14 Faye A., Havard M., 1988. Eléments d'analyse de la situation actuelle de la culture attelée
au Sénégal. Perspectives d'études et de recherches. In : P. Starkey and F. Ndiame (Editors),
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Sierra Leone, 241-252 (F). A publication of GATE, Federal Republic of Germany.
15. Faye A., 1989. Le rôle des équidés dans le développement rural en zone sahélo-souda-
nienne du Sénégal. Le cas du cheval dans le sud du Bassin Arachidier. Dans : L'économie de
la mécanisation en régions chaudes. Actes du IXè séminaire d'économie rurale, 12 au 16
septembre 1988, Montpellier. Une publication du CIRAD.
16. Havard M., 1985. Les matériels et les techniques de mise en valeur des ressources
énergétiques disponibles en milieu rural au Sénégal. ISRA, Département Systèmes et
Transfert, Dakar. Document de Travail 85/2, 18 p.
17. Havard M., 1985. Principales caractéristiques et contraintes de gestion du parc de
matériels de culture attelée au Sénégal. ISRA, Département Systèmes et Transfert, Dakar,
Sénégal, Document de Travail 85/2, 94 p. Résumé dans : Machinisme Agricole Tropical 91 :
19-23.
18. Havard M., 1985. La récolte mécanique de l'arachide au Sénégal. Dans : Machinisme
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19. Havard M., 1985. Le semis du riz au Sénégal. Dans : Machinisme Agricole Tropical 92 :
43-58.
20. Havard M., 1986. Les principaux types de travaux du sol effectués par la traction animale
au Sénégal. Observations et mesures utiles pour leur caractérisation dans les essais
agronomiques. Dans : Machinisme Agricole Tropical 93 : 6-15.
21. Havard M., 1986. Les conditions et les méthodes d'application de la fumure minérale au
Sénégal. Dans : Machinisme Agricole Tropical 96 : 42-57.
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Rapport dactylographié, 56 p.
24. Havard M., 1987. Comment évolue le niveau d'équipement en culture attelée des paysans
depuis l'arrêt du PA en 1980 ?. ISRA, Département Systèmes et Transfert, Dakar. Note
d'information 87/9. 19 p.
25. Havard M., 1988. Les conclusions des expérimentations (1950-1985) sur les semis en
culture attelée des principales espèces cultivées. Dans : Machinisme Agricole Tropical 101 :
11-51.
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d'évaluation de la culture attelée. ISRA, Direction de Recherches sur les Systèmes Agraires.
24

Troisième Atelier Régional Ouest Africain sur la traction Animale, 7 au 12 juillet 1988, Saly,
Sénégal.
27. Le Thiec G., Bordet D., 1988. Essais et mise au point d'outil de travail du sol à traction
animale. Dans : Machinisme Agricole Tropical 102 : 47-79.
28. Mbengue H.M., 1986. Les équipements et matériels de traitement post-récolte des
céréales au Sénégal : résultats d'enquêtes dans les régions de Thies et Diourbel. ISRA,
Département Systèmes et Transfert, Dakar, Sénégal. Document de travail 86-5, 39 p.
29. Mbengue H.M., 1986. La mécanisation de la transformation des céréales au Sénégal :
aspects techniques et nutritionnels. ISRA, Département Systèmes, Dakar. Document de
Travail 86/7.
30. Mbengue H.M., Havard M., 1986. La technologie post-récolte du mil au Sénégal. Dans :
Machinisme Agricole Tropical 93 : 21-47.
31. Mbengue H.M., 1987. L'incidence de la politique agricole sur la mécanisation agricole au
Sénégal : cas des équipements de traitement des récoltes de céréales. Etude ODI/ISRA, juillet
1987, Direction des Recherches sur les Systèmes Agraires, Dakar. Rapport dactylographié,
22 p.
32. Mbengue H.M., Havard M., 1989. Une réflexion insuffisante sur les orientations de la
mécanisation au Sénégal. Quelques exemples concrets. ISRA, Direction de Recherches sur
les Systèmes Agraires. Dans : l'économie de la mécanisation en régions chaudes. Actes du
IXème séminaire d'économie rurale, 12 au 16 septembre 1988, Montpellier, France. Une
publication du CIRAD.
33. Mbengue H.M., 1989. Etude d'un décortiqueur adapté aux besoins de transformation
artisanale des mils, maïs et sorgho au Sénégal. ISRA, Direction des Recherches sur les
Systèmes Agraires. Dans : Céréales en régions chaudes. AUPELF-UREF, Editions John
Libbey Eurotext, Paris, pp. 255-263.
34. Morris M., 1985. Le marché parallèle des céréales dans la région du fleuve sénégal. ISRA,
BAME, Document de Travail 85/8.
35. Ndiame F., 1986. La culture attelée dans les systèmes de production de la Basse
Casamance: aspects techniques et implications socio-économiques. ISRA, Département
Systèmes, Note d'information 86/7. 15 p.
36. Ndiame F., 1988. Rôle de la mécanisation dans l'intensification de l'agriculture en Basse
Casamance. ISRA, Direction de Recherches sur les Systèmes Agraires. Troisième Atelier
Régional Ouest Africain sur la traction animale, 7 au 12 juillet 1988, Saly, Sénégal.
37. Ndiame F., 1988. Analyse critique du crédit spécial de promotion de la culture attelée du
PIDAC. Implications pour le crédit agricole en Basse Casamance. ISRA, Direction de
Recherches sur les Systèmes Agraires. Troisième Atelier Régional Ouest Africain sur la
traction animale, 7 au 12 juillet 1988, Saly, Sénégal.
38. Nolle J., 1986. Machines modernes à traction animale. Itinéraire d'un inventeur au service
des petits paysans. AFDI, L'Harmattan, GRET, 478 p.
39. SAED., 1986. Mécanisation et double culture. SAED, périmètre de Boundoum, 25 p.
Rapport dactylographié.
40. SAED., 1987. La traction bovine sur "Hollaldé". SAED, 19 p. Rapport dactylographié.
41. Sene M., 1988. Le travail à la dent en traction bovine pour une meilleure infiltration des
eaux des premières pluies sur sols gravillonnaires en bordure de plateaux : Communauté
Rurale de Kayemor. ISRA, Direction des Recherches sur les Systèmes Agraires. Troisième
Atelier Régional Ouest Africain sur la traction animale, 7 au 12 juillet 1988, Saly, Sénégal.
25

42. Sonko M.L., 1988. Etude de la traction animale en Basse Casamance. La disponibilité en
animaux de trait dans les exploitations agricoles et les contraintes structurelles. ISRA,
Direction des Recherches sur les Systèmes Agraires. Troisième Atelier Régional Ouest
Africain sur la traction animale, 7 au 12 juillet 1988, Saly, Sénégal.
43. Tandia D., 1989. Les décortiqueuses villageoises dans le département de Podor. Résultats
d'enquêtes de juillet 1989. 28 p. ISRA Saint-Louis, Projet FAO GCP/SEN/032/NET :
"Programme National de Technologie Rizicole Après-récolte".
44. Tandia D., Havard M., 1989. Les machines de récolte et de battage du paddy dans la
vallée du fleuve sénégal. Résultats d'enquêtes de mai 1989. 50 p. Direction des Recherches
sur les Systèmes Agraires de l'ISRA, projet FAO GCP/SEN/032/NET : "Programme National
de Technologie Rizicole Après-récolte", Saint-Louis, Sénégal. Rapport provisoire.
26

5 Annexe 1.
Tableau 2. Coûts de quelques matériels de motorisation et prix des prestations
correspondantes
Prix en 1000 Fcfa Prestations
Caractéristiques matériels
Année HT TT (1) Nature Montant
Tracteurs 80 CV 4 RM 1988 7 000 9 240
Offsetage (2) 17 000 Fcfa/ha
63 CV 4 RM 1988 6 500 8 600
Pulvériseur Huard SH 660/20 disques 1988 4 350 5 700
Rotavator Kuhn El 230, 2,3 m 1986 1 050 1 380
Moissonneuses Laverda Type 3400 1988 21 000 27 700 Récolte et
20% récolte
Batteuses MF 1630, 80 cv 1988 14 000 19 000 battage
Colombini, Die 5 cv, 0,5 t/h 1988 3 000 3 900
Batteuses 10% récolte
Alvan Blanch, Die 10 cv 1988 3 500 4 600 Battage
à riz (3)
Votex Ricefan, Die 3,3 cv 1988 900 1 300
Batteuses BS 1000 Sismar sans mot 1988 4 150 5 500
Battage (4) 7 à 10 Fcfa/kg
mil sorgho Bamba, Die 11 cv, 0,35 t/h 1988 2 250 3 000
Moulins Importé Die 11 cv, 0,3 t/h 1985 1 360 1 800
Mouture (4) 10 à 15 fcfa/kg
Broyeurs Artisanal électrique 1985 500
Décortiqueur à Importé Die 10 cv 1985 1 500 2 000 Décorticage
7 à 10 Fcfa/kg
riz Engelberg Artisanal électrique 1 000 (4)
Décortiqueur mil PRL, Dies 10 cv, 150 Décorticage
1985 1 500 2 000 25 fcfa/kg
kg/h (4)
Légende : Die. Diesel ; MF. Massey Ferguson, RM. Roues motrices, mot. moteur
(1) 32 % de taxes au 1/07/88 et 50 % en 1985 ; (2) Prix en 1988 contre18.700 Fcfa/ha en 1987
(3) Enquête post-récolte, programme système, ISRA Saint-Louis, 1987 ;
Source : (4) H.M. Mbengue, 1987.

Tableau 3. Différences importantes sur les prix des matériels de culture attelée en 1988.
Prix SISMAR (a) Prix SOFITEX (b)
Types de matériels
HT TT CNCAS (c) Comptant Crédit
Semoir superéco 63 500 84 780 50 000 59 000
Houe sine 3 dents 37 500 51 720 30 000 35 400
Corps butteur sine 10 000 13 740 12 000 14 160
Charrette à âne 75 000 100 800 76 000 89 680
Charrette à cheval 92 000 126 000 92 000 108 560

Remarques : (a) Les prix SISMAR sont donnés sortie usine à Pout. Le prix de cession aux paysans
incluera en plus les frais de distribution (transport) et les intérêts du crédit consenti par la CNCAS
(13,5 % par an). Pour 1988, on peut négliger le transport qui a été assuré par la SISMAR jusqu'à
Kaolack vu le faible volume de commandes (environ 40 millions de fcfa).
(d) Le prix SISMAR n'inclue pas les disques distributeurs. Dans le prix SODEFITEX, sont compris les
disques à arachide, maïs, sorgho et le cache pour mil.
Sources : (b) Note de service 290/87 du 12/10/1987 de la Direction Générale de la SODEFITEX fixant les
prix de cession des intrants pour la campagne 1988/1989.
(c) Liste des prix de vente de la SISMAR à la CNCAS pour les sections villageoises.
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Tableau 4. Estimation régionale des mises en place des matériels de culture attelée
entre 1950 et 1980 et du cheptel de trait utilisé en 1980
% régionaux
Types de matériels Nombre total
BA CAS SO
Semoirs 311 000 90 6 4
Houes (sine et occidentale) 342.000 88 5 7
UCA (Polyculteur et ariana) 9 500 97 2 1
Matériels de Charrues (tous types) 64 000 18 52 30
culture
attelée (1) Butteurs (tous types) 9 100 6 65 29
Souleveuses 82 000 91 1 8
Charrettes (tous types) 143 000 80 10 10
Total 1950/1980 950 600 82 9 9
Paires de bovins 44 800 74 16 10(**)
Equins 222 400 96 1 3
Attelages (2)
Asins 206 700 93 3 4
Total attelages en 1980 473 900 93 3 4
% Bovins de trait sur effectif de bovins 4 7 3 3
Légende : UCA. Unités de culture attelée dans les années 1960/1970.
BA : Bassin arachidier, CAS. Casamance, SO. Sénégal Oriental
(**): Zone cotonnière (départements de Tambacounda et Kédougou, hors Bandafassi)

Remarques :
- Les bâtis arara sont inclus avec les souleveuses, les charrues et les butteurs du même
nom.
- Les autres types de houes (sine gréco, saloum) n'ont pas été comptabilisés car leur
nombre est insignifiant devant les houes occidentales et sine.
- Nous n'avons pas tenu compte des souleveuses artisanales, non mises en place par le
Programme Agricole, mais le nombre très important de ces modèles dans le Bassin
Arachidier permet de considérer les 91 % comme un minimum.

Sources :(1) Havard M., 1985 (17) ;


(2) Rapports DSPA, SODEVA, SODEFITEX, cités par Faye A., Havard M. 1988.
28

6 Annexe 2. Mode de calcul des taxes sur les matériels agricoles


Actuellement, sur les matériels importés les différentes taxes s'appliquent sur les valeurs
suivantes, à partir du prix hors taxes (P) à l'arrivée à Dakar :

1. Droits de Douanes sur P : PD = P x DD


3 valeurs de DD en % P : 15 % tarif habituel ; 5 % pour matériels des pays CEDEAO ;
exonération

2. Droit Fiscal sur P : PF = P x DF


5 valeurs de DF en % de P : 10 % (DFR) ; 20 % (DFO) ; 30 % (DFM) ; 50 % (DFS) ; avec
possibilités de suspension pour certains produits (engrais, phytosanitaires, tracteurs,
motopompes, matériels agricoles, ...), mais avec un minimum de perception sur certains autres
(pneumatiques, chambres à air, automobiles, ...)

3. COSEC (Conseil Sénégalais des Chargeurs) sur P : 0,3 %


Montant COSEC PC = P x CO

En cumulant ces différentes taxes au prix Hors Taxes P, on obtient un prix avant TVA (PTA), sur
lequel sera calculé le montant de la TVA.

PTA = P + PD + PF + PC = P (1 + DD + DF + CO)

4. Taxe sur la Valeur Ajoutée (TVA) sur PTA : PTVA = PTA x TVA
4 valeurs de TVA en % de PTA : 7 % (TVR) ; 20 % (TVO) ; 30 % (TVM) ; exonérations sur
certains produits (engrais)

Montant de la TVA sur P : PTVA = P x (1 + DD + DF + CO) x TVA

La somme de toutes ces taxes et droits au prix Hors Taxes (P) nous donne le prix Toutes
Taxes comprises (P.TTC) en fonction de P:

P.TTC = P x (1 + DD + DF + CO) x (1 + TVA)

C'est le découpage théorique du calcul sur les matériels importés. En pratique, avec les
différents frais de transit et la marge du vendeur, le calcul réel est un peu plus compliqué
(Tableau 5).
Tableau 5. Décomposition du prix du matériel vendu 100 Fcfa rendu Rosso
Eléments du prix HT TTC
Contenu en import 71 57
Taxes, droits douanes pour Etat 3 20
Prestations de service 26 23
Prix Rendu Rosso 100 100

Pour les matériels fabriqués localement, le calcul est plus délicat et variable suivant les
matériels fabriqués, car à la TVA, il faut ajouter les taxes sur la matière d'œuvre (fer pour les
matériels agricoles), sur la main d'oeuvre, sur les produits d'exploitation de l'entreprise
concernée. A titre d'exemple, la SISMAR donne un montant total des taxes (TVA comprises)
compris entre 30 et 40 % sur les équipements qu'elle fabrique (35 % en moyenne).
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Tableau 6. Exemple de décomposition du prix des matériels agricoles importés


TTC en
Eléments du prix HT TTC
%
1. Prix FOB 100,00
2. Fret : 10% sur lignes régulières Europe 10,00
3. Assurance : 1% (FOB + Fret) 1,10
4. Prix FOB + Fret + Assurance 111,10
5. Commission Expéditeur 3,33
6. Total CAF Dakar 114,43 114,43 57,3
7. CAF ajusté (Barême douanier) 1,09 CAF 115,46 115,46 57,8
8. Droits de douanes = 10% DE (7) 11,54 5,8
9. Droit fiscal suspendu sauf remorque (a)
10. Transit = 5% DE (7) 5,77 5,77 2,9
11. Prix de revient licite 121,23 132,77 66,4
12. Marge importateur : 25% environ ; 10-20% sur appels d’offres 30,31 30,31 15,2
13. TVA = 20% DE (7) + (8) 25,40 12,7
14. COSEC : 0,3 % DE (7) 0,35 0,35 0,2
15. TPS Commission : 17 % DE (10) 0,57 0,57 0,3
16. Préparation : Forfait de 0,2 à 0,4% DE (4) 0,44 0,44 0,2
17. TPS Transit : 17% DE (10) 0,98 0,98 0,5
18. Prix de revient entrepôt Dakar 153,88 190,82 95,5
19. Transport : Exemple Dakar Rosso
Outils tracteurs portés : 150 000 Fcfa
Outils trainés, tracteurs : 200 000 Fcfa (3%) 3,30 3,30 1,7
Moisonneuse batteuse : 400 000 Fcfa
20. Mise en place : aléas de 3% de (18) 4,62 5,72 2,9
21. Prix de vente livré Rosso 161,79 199,84 100

Légende : T.P.S. : Taxes sur les prestations de service


(a) : Pour les matériels fabriqués au Sénégal, tels que remorques, moulins, broyeurs, ... le droit
fiscal est de 30 % de (7).

Remarque : Prix T.T.C. rendu Rosso = 2 fois le prix FOB, port européen
Prix H.T. rendu Rosso = 1,62 fois le prix FOB, port européen

Source : EQUIP PLUS, cité par Bordet D., 1989

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