MARDI 24 JANVIER 2023
Tech Pasqal, champion européen Matières premières Pourquoi les prix devraient
de la course à l’ordinateur quantique
// P. 24
Automobile :
la percée chinoise
Liu Xiao/Xinhua via AFP et Pasqal
l La Chine exporte désormais plus de voitures que l’Allemagne,
et devrait dépasser le Japon à court terme. l Les marques occidentales
peinent à suivre leurs rivales locales sur le marché chinois, le plus
grand du monde. l Le méconnu BYD rivalise presque avec Tesla.
l L’électrification du secteur est un puissant accélérateur pour Pékin.
// PAGES 18-19 ET « CRIBLE » PAGE 34
analyses
Détectez
les opportunités Les femmes s’accrochent-
de votre marché. elles moins au pouvoir ?
Abonnez
vos équipes
Par Jean-Marc Vittori
au temps d’avance.
Découvrez nos ofres Entreprises : Jacinda Ardern a décidé de ne plus
être Première ministre de Nouvelle-
abo-entreprises.lesechos.fr
Zélande. A 42 ans, elle est vidée de
son énergie, selon ses propres mots :
« Je n’en ai plus assez dans le réser-
voir. » Ce n’est pas la première fois
qu’un haut dirigeant quitte le pou-
voir sans y être contraint. Catherine
Guillouard, patronne de la RATP, a
démissionné en septembre dernier
pour s’occuper de ses parents âgés.
Mais le contraste est saisissant
ISSN0153.4831 115e ANNÉE
NUMÉRO 23883 34 PAGES avec ce qui se passe d’ordinaire
Antilles-Réunion 4,50 €. Belgique 4,00 €. en politique. La norme, c’est
Espagne 4,90 €. Luxembourg 4,20 €. de s’accrocher le plus longtemps
Maroc 42 DH. Suisse 6,40 FS. Tunisie 9 TND. possible, dans le droit fil de la
monarchie où le roi de droit divin
régnait jusqu’à sa mort. // PAGE 12
rester élevés cette année
// P. 28 ET L’ÉDITORIAL D’ALEXANDRE COUNIS PAGE 16
Nucléaire :
les vérités de
l’Autorité de sûreté
NUCLÉAIRE Alors que le gou-
vernement mise beaucoup sur
la relance de l’atome pour pro-
duire de l’électricité dans les
années à venir – que ce soit avec
des constructions neuves ou
avec des réacteurs dont la durée
de vie serait étendue à 50 ans,
voire bien au-delà – l’Autorité de
sûreté nucléaire veut jouer car-
tes sur table. Elle se propose de
donner de la visibilité aux pou-
voirs publics sur la durée de vie
réelle des centrales françaises,
explique aux « Echos » son pré-
sident, Bernard Doroszczuk.
Pour cela, ce dernier se dit prêt
alainfinger/iStock
à s’inspirer des standards amé-
ricains qui permettent d’ores et
déjà d’autoriser le fonctionne-
ment de certains réacteurs âgés
de 80 ans… // PAGE 21
Retraites : Borne
résolue à avancer
SOCIAL Après la présentation en
Conseil des ministres lundi du projet
de réforme des retraites, la Première
ministre a affiché sa « détermina-
tion » à avancer et assumé de deman-
der aux Français de travailler pro-
gressivement plus longtemps,
restant inflexible sur le recul de l’âge
Bertrand Guay/Reuters
légal à 64 ans. Elisabeth Borne a mis
en avant les gains de pouvoir d’achat
et assuré avoir « traqué les injustices ».
Les marges de manœuvre pour faire
évoluer le texte au Parlement sont
réduites. // PAGES 2 ET 4
SE DONNER
DES AILES
En Allemagne,
les entreprises
boudent
le bouclier
énergétique
Comment la Mafia
EUROPE Le bouclier tarifaire alle-
a conquis les élites mand à 200 milliards d’euros ne
Par Olivier Tosseri fait plus frémir le reste de l’Europe.
Et pour cause, outre-Rhin, les Dans un monde en mouvement perpétuel, TNP maîtrise l’art de la
Retraites : un aveu- entreprises boudent ce dispositif transformation et de la performance. Un art essentiel pour repenser, avec
de prise en charge par l’Etat des les entreprises, leurs chaînes de valeur, leurs chaînes industrielles, leurs
glement très français chaînes logistiques. Transformer durablement pour innover et pour préparer
coûts de l’énergie. Il est jugé trop demain. Viser plus haut, se dépasser pour mieux performer, dès aujourd’hui.
Par Pascal Perri
bureaucratique, avec des condi-
tions trop restrictives, et moins Présent en Europe, en Afrique et en Asie, TNP est un cabinet de conseil engagé,
innovant et hybride, à la croisée des métiers et de la technologie. Nos 1000
La tech est morte, intéressant depuis que les cours collaborateurs développent chaque jour des solutions globales pour transformer
vive la tech ! du gaz et de l’électricité se sont les projets de nos clients en succès. Des projets toujours innovants, toujours en
détendus. Au-delà de l’Allemagne, avance… Et si le prochain était le vôtre ?
Par Sylvain Duranton la chute des prix de l’énergie va sou-
Nous transformons vos idées en réalité.
lager les finances publiques de tous Et nous leur donnons des ailes.
Balise, ADN… Le big les pays qui ont mis en place des
bang de la traçabilité boucliers tarifaires. L’économie RÉALISONS ENSEMBLE
atteindrait 0,9 point de PIB en Alle- DES CHOSES REMARQUABLES :
Par Jacques Henno magne, et 0,3 point en France, selon WWW.TNPCONSULTANTS.COM
// PAGES 11 À 14 les analystes de Citi. // PAGE 8

FRANCE
Retraites : Elisabeth Borne affiche sa
« détermination » à faire passer la réforme
l Le projet de loi sur la réforme
des retraites a été présenté lundi
en Conseil des ministres.
l La Première ministre, à l’occasion
de ses vœux à la presse, a défendu le
texte mordicus et assumé de deman-
der de travailler plus longtemps.
SOCIAL
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
« Espoir » et « détermination ». C’est
sous ces auspices que la Première
ministre, Elisabeth Borne, a voulu
lundi, à l’occasion de ses vœux à la
presse, placer l’année 2023. Celle-ci,
s’ouvre avec la très contestée
réforme des retraites, qui a été pré-
sentée dans la matinée en Conseil
des ministres. « Espoir », car les
Français « ont tout pour réussir »,
a-t-elle assuré. Et « détermination »
car « nous avons des convictions à
défendre », a martelé la cheffe du
gouvernement en pensant d’abord
et avant tout à la réforme des retrai-
tes à faire passer.
Et si Elisabeth Borne a redit
« mesurer pleinement ce que devoir
travailler plus longtemps signifie
pour beaucoup de Français », elle a
souligné encore une fois le carac-
tère « progressif » de la réforme.
« Sans relâche »
Si la Première ministre a assuré ne
« pas ignorer le mouvement social de
la semaine dernière », elle a souligné
que sa « responsabilité » est « de
trouver un chemin, entendre les
Français, expliquer et convaincre ».
Et tant pis si les sondages montrent
une opposition croissante à la
réforme, la cheffe du gouvernement
défend le projet bec et ongles et
incite ses ministres et les parlemen-
taires à faire de même sur le terrain.
« Sans relâche », a-t-elle lancé
dans une anaphore, « nous avons
travaillé ce texte dans le cadre de la
concertation » avec les partenaires
sociaux. Et ce, « pour qu’il se tra-
duise par de meilleures pensions
pour les futurs retraités et un renfor-
cement du pouvoir d’achat pour les
retraités actuels » – un des argu-
ments que le gouvernement tente
de mettre en avant.
La stratégie de l’obstruction séduit moins à gauche
Après l’avoir agitée comme
une menace, une partie
des élus de gauche semble
renoncer à la stratégie
d’obstruction au Palais-
Bourbon. Pour eux, il est
essentiel de discuter en
séance du report de l’âge
légal, disposition qui
cristallise la contestation.
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
Faire de l’Assemblée nationale une
ZAD, comme le dit la secrétaire
nationale des Verts Marine Tonde-
lier ? Ou être dans une « ferme oppo-
sition », comme le souhaite Fran-
çois Ruffin, député de la Somme ? Si
les partis de gauche réunis au sein
de la Nupes sont unanimes pour
s’opposer à la réforme des retraites,
ils se cherchent encore une straté-
gie commune à deux semaines de
l’arrivée du projet de loi à l’Assem-
blée nationale. Le sujet occupe les
réunions de l’intergroupe au Palais-
Bourbon mais rien n’a encore été
décidé.
Deux lignes cohabitent toujours.
En octobre dernier, Mathilde Panot,
« Sans relâche, a-t-elle ajouté,
nous avons travaillé pour qu’il soit
juste en identifiant celles et ceux qui
ne doivent pas être soumis à la règle
générale de décalage de l’âge de
départ. » Une allusion aux carrières
longues mais aussi aux départs
anticipés pour handicap, invalidité
ou inaptitude. Elisabeth Borne est
même allée jusqu’à assurer avoir
« traqué les injustices dans les moin-
dres détails ». Un point sur lequel le
gouvernement peine à convaincre.
Elisabeth Borne a
assuré avoir « traqué
les injustices dans les
moindres détails ».
Un point sur lequel
le gouvernement
peine à convaincre.
Mais c’est aussi « dans l’Hémicycle
que le débat va maintenant se pour-
suivre », a souligné Elisabeth Borne,
qui espère un « débat projet contre
projet », des enrichissements. Reste
que les marges de manœuvre sont
étroites. Pas de bougés en vue sur le
recul de l’âge à 64 ans et l’accéléra-
tion de la réforme Touraine. « Je
doute que dans le débat parlemen-
taire surgisse une idée qui permette
sans cela l’équilibre », a tranché la
Première ministre.
Interrogée sur ceux qui devront
cotiser 44 ans, Elisabeth Borne a
assumé, soulignant que cela concer-
nait des carrières longues qui pour-
ront partir jusqu’à quatre ans avant
l’âge légal de 64 ans. De même, inter-
rogée sur les femmes aux carrières
complètes qui vont perdre une par-
tie du bénéfice des trimestres acquis
pour enfant, elle a également
assumé, justifiant, sur les femmes,
une « attention particulière » à celles
qui ont des petites pensions, des car-
rières longues, pénibles et hachées.
« A la fin, pour que le système
la présidente du groupe LFI à
l’Assemblée nationale, avait évoqué
l’idée de déposer 1.000 amende-
ments par député LFI, ce qui aurait
fait plus de 70.000 amendements
rien que pour le parti de Jean-Luc
Mélenchon. Pour mémoire, la pré-
cédente réforme des retraites
m e n é e p a r l e g o u ve r n e m e n t
d’Edouard Philippe en 2020 avait
donné lieu à 41.000 amendements,
dont la moitié déposée par LFI qui
comptait 17 députés, ce qui avait
obligé le gouvernement à recourir à
l’article 49-3 de la Constitution.
Evolution
Cette stratégie de l’obstruction ne
fait plus du tout l’unanimité au sein
de la Nupes et même à LFI. Depuis
l’automne dernier, Mathilde Panot
a, elle-même, légèrement évolué.
« Nous allons faire des milliers
d’amendements en essayant d’avoir
une technique parlementaire agile
pour nous permettre de discuter de
différents sujets et éviter que le gou-
vernement mette à la fin du texte,
c’est-à-dire sans jamais discuter, l’âge
légal à 64 ans », a-t-elle déclaré
samedi dernier sur BFMTV. Les
parlementaires de gauche crai-
La cheffe du gouvernement défend le projet de réforme des retraites bec et ongles et incite ses ministres et les parlementaires
à faire de même sur le terrain. Photo Alain Jocard/Pool/AFP
retrouve son équilibre, on ne peut pas
dire que personne ne va travailler plus
longtemps », a-t-elle coupé, ajoutant
que les femmes continueraient en
moyenne à partir un peu plus tôt
que les hommes tout en ayant une
espérance de vie plus longue.
Quant au choix du véhicule juri-
dique – un projet de loi de finance-
ment de la Sécurité sociale rectifica-
tif (PLFRSS) –, Elisabeth Borne l’a
estimé « naturel », susceptible de
contrer « le blocage et l’obstruc-
tion ». Et elle a évacué les risques
d’inconstitutionnalité liés à la limi-
tation dans le temps des débats
imposée par l’article 47.1. « Je vous
confirme qu’on essaie de présenter
des projets de loi constitutionnels », a
coupé la cheffe du gouvernement.
Elle a toutefois fait des ouvertu-
res sur les modalités des rachats de
trimestres ou encore des « souples-
ses » sur les quatre trimestres pour
l’éducation d’un enfant qui peuvent
gnent de voir le gouvernement met-
tre les mesures les plus favorables
aux salariés en début d’examen, ce
qui rendrait plus incompréhensible
la stratégie d’obstruction. Pour eux,
il est essentiel de discuter en séance
du report de l’âge légal, disposition
qui cristallise les oppositions.
« Il y aura une volonté de ferme
opposition, mais qui permette au
texte d’avancer. Il n’y aura pas
1.000 amendements par député », a
déclaré dimanche sur France 3 le
député de la Somme, François Ruf-
fin, dont le nom circule pour être
responsable du texte pour LFI. Le
« Il y aura une
volonté de ferme
opposition, mais
qui permette au
texte d’avancer.
Il n’y aura pas 1.000
amendements
par député. »
FRANÇOIS RUFFIN
LFI
être partagés entre conjoints. En
revanche, tout en saluant avec une
certaine dose d’ironie la « créati-
vité » du Modem, Elisabeth Borne a
confirmé que le gouvernement
« n’a aucune intention d’ouvrir un
débat sur les 35 heures ».
L’idée de travailler 30 minutes de
plus par semaine, évoquée au sein
du groupe Modem a d’ailleurs été
retirée. « Mais je remercie le Modem
de nous avoir rappelé cette belle
mesure de la campagne [présiden-
tielle, NDLR] qu’est le compte épargne
temps universel », a souri Elisabeth
Borne, tout en reconnaissant que le
débat sur les retraites était difficile
en France car il interroge aussi le
rapport au travail. « Avec le chômage
de masse, la qualité de vie au travail a
toujours été mise de côté, c’est sur la
question du bon emploi qu’il faudra
progresser », a-t-elle indiqué, ren-
voyant ce chantier au printemps.
Après la réforme des retraites. n
député de Seine-Saint-Denis, Alexis
Corbière, est aujourd’hui sur la
même longueur d’onde. « Nous
allons créer les conditions d’un
débat », a-t-il déclaré lundi sur
Public Sénat.
Coup de force
La gauche accuse le gouvernement
de vouloir raccourcir la discussion
en recourant à l’article 47-1 de la
Constitution qui limite à 50 jours le
temps d’examen du projet de loi au
Parlement. Tous les responsables
de la gauche sont montés au cré-
neau pour dénoncer ce qu’ils consi-
dèrent comme un coup de force du
gouvernement.
« On doit trouver du temps de
parole pour porter la contradiction
au gouvernement », abonde un
député socialiste, également
opposé à la stratégie d’obstruction.
Dans la guerre de communica-
tion qui bat son plein, forte d’une
première journée de mobilisation
réussie dans la rue, la gauche ne
veut pas se faire accuser d’empê-
cher le débat. Elle joue gros sur la
réforme des retraites, alors que de
très fortes dissensions internes tou-
chent LFI et le PS. n
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
La semaine bouche
cousue
Si les syndicats ont une semaine pour remobiliser,
Emmanuel Macron tente au contraire de faire
retomber le soufflé. Voici comment.
LE FAIT
DU JOUR
POLITIQUE
de Cécile
Cornudet
mmanuel Macron
E a payé trop cher
ses petites phrases
abruptes dans le dernier
quinquennat pour ne pas
risquer l’excès inverse.
Depuis la mobilisation
de jeudi, lui et ses ministres
se disent ouverts, refusent
la posture « Juppé droit
dans ses bottes », au point
de donner le sentiment qu’ils
pourraient en partie être
perméables à la pression
de la rue.
Ce lundi de Conseil des
ministres, l’impression doit
être levée, signifie-t-il. Il faut
tenir. « Le président de la
République a dit sa
détermination », affirme
Olivier Dussopt (Travail).
Elisabeth Borne embraye.
Beaucoup de femmes vont
y perdre ? Elle assume.
De ce lundi au 31 janvier,
date de la prochaine journée
d’action, il y a une semaine,
une semaine déterminante
dont l’exécutif a décidé de
se servir. C’est Laurent Berger
(CFDT) qui a imposé dans
l’intersyndicale cette date
lointaine pour avoir le temps
de mobiliser : et si c’était
au contraire l’occasion de
faire retomber (au moins
un peu) le soufflé ? Semaine
bouche cousue, veut le chef
de l’Etat, pas un mot
de travers, rien qui ne vienne
non plus alimenter le récit
d’une équipe aux abois.
Il n’y a pas que des réussites
02
loin de là. Après des
semaines de concertations,
il n’y a toujours pas de
consensus dans le pays sur la
nécessité de faire la réforme.
Dans les sondages,
les Français refusent de
travailler plus longtemps.
Mais est-ce si inquiétant ?
Sur le terrain, des députés
comme Aurore Bergé
(Renaissance) ou Frédéric
Valletoux (Horizons) disent
qu’on leur parle davantage
d’accès aux soins et de
pouvoir d’achat que de
retraites. Les trois élections
législatives partielles dont
le premier tour se déroulait
dimanche ne se sont pas
transformées en défouloir
contre la réforme.
La gauche, qui aurait pu
bénéficier de ce bras de fer
social, s’enfonce dans ses
querelles de parti (le PS est
en train de battre les records)
ou ses hésitations
stratégiques. Même le RN,
qui fait son lit de la
contestation, fuit l’opposition
constructive à l’Assemblée
et demande un référendum.
Ce qui fait dire au politologue
Dominique Reynié : si « la
classe politique demeure, la
classe gouvernante, elle,
s’étiole » (Radio Classique).
Restent les syndicats,
très actifs dans les médias,
en conférence de presse
mercredi. La vraie
Dessins Kim Roselier pour « Les Echos »
opposition, c’est eux,
notamment l’omniprésent
Laurent Berger. Mais
maintenir la flamme n’est pas
chose aisée. Sa pétition,
qui engrangeait 50.000 puis
70.000 signatures par jour,
est tombée à 20.000 depuis
dimanche. Lui, a une
semaine pour refaire parler.
ccornudet@lesechos.fr
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Intermédiaire en assurances immatriculé à l’ORIAS sous le numéro 07 003 608. Crédit photo Gettyimages.
FRANCE
L’Agirc-Arrco tire son épingle du jeu Les divergences
Le régime de retraite
complémentaire des salariés
du privé devrait voir ses
excédents gonfler avec le
report de l’âge légal de 62 à
64 ans. D’autres régimes
vont, eux, rester dans le
rouge malgré la réforme.
Solenn Poullennec
@SolennMorgan
Les régimes de retraite complé-
mentaires devraient tirer leur épin-
gle du jeu de la réforme des retrai-
tes. Celle-ci doit « en particulier »
augmenter les excédents du régime
Agirc-Arrco, le régime de retraite
complémentaire obligatoire des
salariés du privé, souligne l’étude
d’impact préparée par le gouverne-
ment.
Pour mémoire, la réforme pré-
sentée en Conseil des ministres ce
lundi doit permettre à l’ensemble
du système de retraite d’être à
l’équilibre d’ici à 2030, contre un
déficit attendu à 13,5 milliards
d’euros. Cet équilibre global cache
cependant d’importantes dispari-
tés dans la situation financière des
régimes à cette échéance. Les régi-
mes alignés qui couvrent les sala-
riés du privé, les contractuels de la
fonction publique, les artisans et
commerçants devraient notam-
ment rester dans le rouge.
De 2 milliards d’euros
à fin 2021, l’excédent
annuel de l’Agirc-
Arrco devrait être
au-dessus de
5 milliards en 2022.
Pour l’Agirc-Arrco, l’excédent en
question serait supérieur à 5 mil-
liards d’euros à horizon 2030, souli-
gne le document qui accompagne
le projet de loi rectificatif du finan-
cement de la Sécurité sociale dis-
cuté en commission à l’Assemblée à
partir de la semaine prochaine.
Le régime de retraite complé-
mentaire est déjà dans le vert
aujourd’hui. A fin 2021, il affichait
un excédent annuel de 2 milliards
d’euros. Cet excédent devrait être
au-dessus de 5 milliards en 2022, du
fait du rebond économique excep-
tionnel enregistré après la crise du
Covid. Déjà lors de la préparation de
la réforme des retraites, l’exécutif
lorgnait sur les finances des régi-
mes pour financer l’augmentation
du minimum de pension. Ce scéna-
rio, de nature à hérisser les parte-
naires sociaux qui pilotent l’Agirc-
Arrco, ne s’est pas concrétisé.
Dans le même temps, le report de
l’âge légal de 62 à 64 ans et l’aug-
mentation de la durée de cotisation
requise pour partir à taux plein
La réforme aura des effets limités sur la dette publique en 2027
Le Haut Conseil des
finances publiques a donné,
dans un avis rendu public
lundi, une première
estimation de l’impact
budgétaire de la réforme
pour 2023. A plus long
terme, les sages jugent
que celle-ci « ne suffira pas
seule » à redresser
les comptes publics.
RETROUVEZ DOMINIQUE SEUX
DANS L’ÉDITO ÉCO
À 7H45
DU LUNDI AU VENDREDI
augmenteront les cotisations béné-
ficiant au régime et lui feront faire
des « économies ». De quoi dégager
près 2,6 milliards d’euros pour
l’Agirc-Arrco en 2027 et 4,5 mil-
liards d’ici à 2030.
Les comptes du régime seront
toutefois affectés par certaines
« mesures d’accompagnement »
prévues dans la réforme, comme le
maintien des conditions de départ
pour les personnes invalides, l’amé-
nagement du dispositif des carrières
longues, etc. Mais pas de quoi remet-
tre en cause de solides excédents.
Les partenaires sociaux
devraient s’emparer de la question
de leur utilisation à partir d’avril,
selon nos informations. Déjà cet
automne, le Medef avait promis de
lancer une discussion avec les par-
Renaud Honoré
@r_honore
Le redressement des comptes
publics réclamera au gouverne-
ment plus que la seule réforme des
retraites. C’est le message délivré
hier par le Haut Conseil des finances
publiques. Comme d’ordinaire avec
chaque législation budgétaire, le
Haut Conseil des finances publiques
SUR
tenaires sociaux gérant le régime
sur le sujet « dès le projet de loi
connu ». Le système de malus tem-
poraire, mis en place pour redres-
ser les comptes du système, doit de
toute façon être rediscuté en 2023.
La CNRACL dans le rouge
L’augmentation de l’âge légal le
remet de fait en cause et son effica-
cité a déçu car il a échoué à faire
reculer l’âge de départ. Les excé-
dents devraient augmenter les mar-
ges de manœuvre des partenaires
sociaux, sachant que ces évalua-
tions tiennent déjà compte d’une
indexation des retraites complé-
mentaires sur l’inflation, alors que
le régime avait décidé d’une sous-
indexation quand ses comptes
étaient dégradés.
– organisme indépendant rattaché à
la Cour des comptes – s’est penché
sur le projet de loi de financement
rectificative de la Sécurité sociale
(PLFSSR) présenté lundi en Conseil
des ministres. Il l’a fait non sans
noter « le caractère étroit de la sai-
sine » par l’exécutif sur la réforme
des retraites portée par ce texte.
« Compte tenu du caractère incom-
plet des informations qui lui ont été
transmises par le gouvernement, le
Haut Conseil n’est pas en mesure
d’évaluer l’incidence de moyen terme
de la réforme sur les finances publi-
ques », est-il écrit dans l’avis.
Ce regret exprimé ne l’empêche
pas de dessiner les premiers effets
de cette réforme. A court terme
d’abord : « Avec un coût net de l’ordre
de 400 millions d’euros, les consé-
quences du projet sur les finances
publiques en 2023 sont peu impor-
tantes », notent les auteurs.
Pourquoi cette réforme, censée
résoudre les problèmes financiers
du système, va-t-elle peser sur les
Attendue au beau fixe par le gou-
vernement, la situation financière
de l’Agirc-Arrco contraste notam-
ment avec la Caisse nationale de
retraite des agents des collectivités
territoriales (CNRACL). Sans
réforme, celle-ci afficherait un défi-
cit de plus de 8 milliards d’euros à
horizon 2030, selon le Conseil
d’orientation des retraites. Avec la
réforme, il serait encore proche de
7 milliards. Soucieux de redresser la
barre et de financer sa réforme,
notamment la revalorisation du
minimum de pension, l’exécutif a
prévu une hausse de la contribution
des employeurs territoriaux qui
devrait rapporter 700 millions d’ici
à 2030. Les comptes de la CNRACL
resteront cependant largement
dans le rouge à cet horizon. n
finances publiques dans un pre-
mier temps ? Cela s’explique par la
différence de rythme de montée en
puissance entre les mesures socia-
les et les mesures d’économies.
Pour ces dernières, le relèvement
de trois mois de l’âge légal de départ
en retraite à partir de septembre
« pourrait conduire, selon les analy-
ses du Haut Conseil, de l’ordre de
50.000 personnes à décaler leur
départ à la retraite ». Les sages bud-
gétaires jugent par conséquent
« cohérente » l’estimation par l’exé-
cutif d’une « baisse des dépenses de
retraite de 200 millions en 2023 ».
Coût des mesures sociales
En face, les mesures sociales
annoncées par le gouvernement
devraient coûter 600 millions dès
cette année. Le plus gros du mon-
tant viendra de la hausse annoncée
du minimum contributif (y com-
pris pour les retraités actuels), esti-
mée à 400 millions, tandis que les
mesures sur la pénibilité pèseront
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
au sein de LR
persistent
La forte mobilisation
contre la réforme
conforte les élus de droite
hostiles au projet du gou-
vernement. Le chef de file
des députés LR, Oli-
vier Marleix, s’emploie
à minimiser la fronde.
Jacques Paugam
@jacques_paugam
A quoi jouent Les Républicains ?
La question agite la majorité pré-
sidentielle qui s’inquiète des divi-
sions au sein du groupe LR à
l’Assemblée. Le chef de l’Etat
compte sur les voix de la droite au
Palais-Bourbon pour faire voter
la réforme des retraites sans
recourir au fameux article 49-3
de la Constitution. Mais certains
députés LR, parmi la jeune garde
laissent planer le doute, exigeant
une réforme « plus juste ».
Au sein du groupe, ils seraient
une minorité active – 13 députés,
selon un récent décompte du
« JDD » – à ne pas vouloir soute-
nir la réforme. « Beaucoup plus »,
d’après un député interrogé qui
espère convaincre une majorité
au sein du groupe de s’y opposer.
Elisabeth Borne inquiète
La Première ministre, Elisabeth
Borne, s’en est elle-même inquié-
tée auprès des ténors de LR, lors-
qu’ils ont été reçus à Matignon
pour une ultime consultation, le
12 janvier dernier. « Je ne com-
prends pas bien la position d’Auré-
lien Pradié », a sondé pudique-
ment la cheffe du gouvernement,
al o rs q u’ Eri c C i o t t i , B ru no
Retailleau et Olivier Marleix – le
chef de file des députés LR – ont
répété leur soutien à la mesure
d’âge contenue dans la réforme.
« Le texte arrive bientôt en com-
mission à l’Assemblée. C’est nor-
mal que nos députés, qui sont
avant tout des élus de terrain,
s’interrogent sur une réforme
importante et souhaitent défendre
leurs idées, tempère Olivier Mar-
leix. Nous verrons quand nous
arriverons au vote pourvu qu’il y
ait bien un débat. »
Car pour la droite, il s’agit avant
tout de voir ses amendements dis-
cutés en séance avant d’être fina-
lement adoptés. L’occasion de
s’attribuer quelques dividendes
de la réforme auprès de son élec-
torat majoritairement acquis au
relèvement de l’âge légal.
Jusqu’ici, certains stratèges à
droite se félicitaient de faire grim-
de 100 millions et celles en faveur
des transitions emploi-retraite de
100 millions également.
Déficit et croissance
inchangés
Au total, ce coût de 400 millions
reste mineur au regard des mon-
tants des comptes publics. Ceci
explique que la prévision de déficit
public reste à 5 % du PIB, d’autant
que celle de croissance a été mainte-
nue à 1 % par Bercy. Le HCFP conti-
nue, comme en septembre, de consi-
dérer que le solde public pourrait
être « plus dégradé que prévu » du fait
des incertitudes liées à l’inflation, et
rappelle que l’objectif de croissance
reste supérieur au consensus des
économistes. Même réserve sur
l’inflation toujours attendue par
Bercy à +4,2 % cette année, une pré-
vision « un peu basse ».
Au-delà du court terme, les sages
budgétaires ont malgré tout porté
leur regard à un horizon plus loin-
tain, même s’ils se gardent de cal-
04
per les enchères grâce aux quel-
ques réfractaires. Tout en mini-
misant le risque de se voir débor-
der par les opposants à la
réforme, jugés peu nombreux.
« Tous les députés LR ici ont signé
durant le quinquennat précédant
des amendements en faveur de la
retraite à 65 ans », rappelle-t-on à
droite.
Commission mixte
paritaire
Mais l’ampleur d’une mobilisa-
tion amenée à durer ne risque-t-
elle pas d’inverser le rapport de
force au sein de la droite ? « Oli-
vier Marleix est irrité parce qu’il
n’a pas l’initiative et qu’un point de
fixation s’est cristallisé sur la ques-
tion de l’âge », estime-t-on à la gau-
che du parti où Aurélien Pradié
fait figure de principal opposant.
Le tout nouveau vice-président
exécutif de LR, aux côtés d’Eric
Ciotti, n’a pas renoncé à jouer les
trouble-fêtes. « On a désormais le
renfort de l’opinion », estime ce
tenant d’une droite sociale, qui ne
veut pas louper une occasion de
faire vaciller l’exécutif.
Peu importe que le projet de loi
s’inspire en grande partie de
l’amendement soutenu chaque
année par la majorité de droite au
Sénat. Le recours à l’article 47.1 de
la Constitution, qui aura pour
effet d’écourter les débats à près
de 50 jours au Parlement, est très
dangereux, selon lui : « Ce n’est
pas à l’issue d’une commission
mixte paritaire que tout cela va se
régler. Si vous faites ça, vous faites
exploser le pays. » n
« Le texte arrive
bientôt
en commission à
l’Assemblée. C’est
normal que nos
députés, qui sont
avant tout des
élus de terrain,
s’interrogent
sur une réforme
importante
et souhaitent
défendre
leurs idées. »
OLIVIER MARLEIX
Chef de file des députés LR
culs précis. Il est rappelé que la loi
de programmation des finances
publiques (LPFP) présentée à
l’automne – ce texte résume les
objectifs budgétaires d’ici 2027 –
intégrait déjà les effets d’une
réforme des retraites. Mais a priori,
les effets du texte présenté par l’exé-
cutif hier sont « légèrement moins
favorables » pour les finances
publiques à l’horizon 2026 par rap-
port à ce qui était prévu à l’automne
(de l’ordre de 700 millions).
Surtout, les sages budgétaires
rappellent que « l’inflexion à la
baisse de la trajectoire de dette visée
dans la LPFP était limitée et tardive,
alors même qu’elle reposait notam-
ment sur des hypothèses de crois-
sance optimistes ». Si bien que le
Haut Conseil avertit le gouverne-
ment : si celui-ci veut redresser les
comptes publics, « la réforme des
retraites présentée dans ce PLFRSS ne
suffit pas, à elle seule, à atteindre un
tel objectif ». En clair, il va falloir trou-
ver d’autres sources d’économies. n
FRANCE Mardi 24 janvier 2023 Les Echos 06

Les allocataires du RSA trop Le Parlement

souvent livrés à eux-mêmes
l’accompagnement dont ils bénéfi-
SOCIAL cient démarre dans une vingtaine
de départements.
Une étude de la DREES Deux chiffres l’illustrent. D’un
publiée ce mardi côté, les départements, qui ont
souligne le décalage la responsabilité de la gestion de
entre la promesse l’allocation et de l’organisation de
d’orientation l’insertion, revendiquent d’orienter
des allocataires 83 % des bénéficiaires vers Pôle
et la réalité emploi ou vers un organisme à fina-
de ce qu’ils vivent. lité sociale. De l’autre, un bénéfi-
ciaire sur deux seulement déclare
« avoir un référent unique ou être
Seul un tiers suivi régulièrement dans le cadre de
d’entre eux s’estime leurs démarches d’insertion »
réellement aidé. (le sondage porte sur des allocatai-
res fin 2018 et leurs évolutions
sociale et professionnelle sur les
Alain Ruello deux années suivantes).
@AlainRuello
France Travail
Les données datent un peu mais le en toile de fond
constat, déjà souligné par la Cour 61 % des bénéficiaires du RSA ont
des comptes, conforte la nécessité exprimé un b esoin d’aide en
de remettre les choses en matière professionnelle ou sociale
ordre. Une étude de la Direction sta- qui est resté lettre morte. Parmi
tistique des ministères sociaux ceux au chômage, ce pourcentage
(DREES) publiée ce mardi, montre grimpe à 73 %. Tout n’est pas noir
l’ampleur du décalage entre ce qui pour autant. Si seulement un tiers
est promis aux 2,1 millions de béné- des bénéficiaires se considèrent
ficiaires du revenu de solidarité comme aidés, le taux de satisfaction
a c t i ve ( R SA) e t l a r é a l i t é , a u des intéressés est élevé : 62 % des
moment où une réforme de aides à visée sociale sont jugées uti-
les, 75 % de celles à visée profession-
nelle utiles ou assez utiles.
Mieux aider pour mieux insérer
sur le marché du travail est l’objectif
affiché de la réforme en cours
d’expérimentation, laquelle doit
s’insérer dans le projet de réorgani-
sation de tous les intervenants en
matière d’emploi : Pôle emploi, mis-
sions locales, collectivités locales
ou encore associations. Comment ?
En redonnant corps à la logique de
droits (être aidé) et devoirs (mettre
en œuvre les actions d’insertion
définies avec son référent).
Encore faut-il que cette logique
soit partagée : si quasiment tous les
bénéficiaires du RSA sont concer-
nés, moins de six sur dix déclarent
en avoir entendu parler. Bénéficiai-
res laissés dans la nature, sans réfé-
rent, même quand on les a orientés,
ou encore sans action concrète ins-
crite dans leur contrat d’engage-
ment, quand il est signé… « Les pro-
blèmes se situent à tous les étages »,
résume le chef du bureau Lutte
contre l’exclusion à la DREES,
Pierre-Yves Cabannes.
La Métropole de Lyon dirigée par
les écologistes fait partie des collec-
tivités retenues pour l’expérimenta-
tion, sur le territoire de Givors et Gri-
gny. Deux millions d’euros ont été
promis par l’Etat. « Les 1.330 bénéfi-
ciaires du RSA vont être tous suivis et
accompagnés individuellement »,
est-il précisé.
Les collectivités veulent
garder la main
L’intérêt du dispositif est « d’arriver
à accompagner les personnes qui, jus-
qu’à présent, ne l’étaient pas du tout »,
a récemment expliqué son prési-
dent, Bruno Bernard, au « Progrès ».
Pas question pour autant de condi-
tionner le versement de l’allocation
à un volant de 15 à 20 heures d’acti-
vité par semaine, comme l’avait sou-
haité Emmanuel Macron en présen-
tant son programme de campagne.
Le département de Seine-Saint-
Denis (à majorité socialiste) a lui
aussi confirmé sa participation.
Comme pour Lyon, pas question de
conditionner le RSA à un engage-
ment dans un parcours d’insertion,
fut-il bien pensé. Les deux collecti-
vités se retrouvent aussi dans leur
refus de perdre la main : la « gou-
vernance » de ces expérimenta-
tions doit impliquer tous les acteurs
de l’insertion à l’échelle territoriale.
En clair, pas question que ce soit
l’Etat qui pilote. n
cherche un accord
sur les énergies
renouvelables
CLIMAT
Le projet de loi
visant à accélérer
leur production est
examiné ce mardi
en commission
mixte paritaire.
Une nouvelle étape
délicate pour
ce texte devenu
très politique,
comprenant plu-
sieurs points durs.
Muryel Jacque
@MuryelJacque
C’est une dernière étape acroba-
tique qui attend le projet de loi
proposé par le gouvernement
pour accélérer la production
d’énergies renouvelables. Ce
mardi en fin d’après-midi, dépu-
tés et sénateurs vont se réunir à
l’occasion d’une commission
mixte paritaire (CMP) pour ten-
ter de se mettre d’accord sur un
texte commun, après que cha-
que chambre l’a examiné et net-
tement retravaillé.
« Cela va négocier probable-
ment jusqu’au bout », imagine-
t-on dans le camp présidentiel.
C’est la logique de toute CMP
mais pour faire passer le projet,
le gouvernement marche sur
un fil. Faute de majorité absolue
à l’Assemblée, rarement la
négociation n’a été aussi com-
plexe. Au Palais-Bourbon, le
texte a été voté grâce au feu vert
d’une partie de la gauche.
Le gouvernement devra
composer jusqu’au bout
« Il y a un équilibre à trouver, on
doit s’assurer qu’en négociant
avec les sénateurs, on ne perd pas
le vote des socialistes », décrypte
Jean-Marc Zulesi (Renais-
sance), président de la commis-
sion du développement dura-
ble de l’Assemblée. « Il y a un
enjeu supplémentaire dû au
poids des socialistes dans le texte
et dans le vote. Le sujet est de tra-
vailler avec ceux qui ont voté
pour », ajoute-t-il. Avec une par-
tie des cartes en main, les socia-
listes ont fait comprendre que
leur vote favorable à l’issue de la
première lecture n’était pas un
blanc-seing. Et ils ont fixé leurs
lignes rouges. Dans les derniè-
res heures, quelques points
durs étaient encore sur la table.
Les parlementaires doivent
notamment se pencher sur la
planification du déploiement
des énergies renouvelables et le
rôle des collectivités. La tenue
d’une conférence territoriale,
proposée par les socialistes, ne
leur convient pas en l’état.
L’agrivoltaïsme – l’installation
de panneaux photovoltaïques
sur des terres cultivées et d’éle-
vage – figure aussi parmi les
sujets délicats. Les députés ont
adopté une série de mesures et
de garde-fous pour cette nou-
velle filière du secteur solaire
que le gouvernement veut
pousser. Les sénateurs veulent
faire évoluer le texte. En ligne de
mire des parlementaires, le
« partage de la valeur » fait
aussi partie des points de débat
qui devront être tranchés.
Avec une partie
des cartes en main,
les députés PS ont
fait comprendre
que leur vote
favorable à l’issue
de la première
lecture n’était pas
un blanc-seing.
Cette commission mixte pari-
taire peut être brève ou durer de
longues heures. Celle qui a suivi
l’examen du projet de loi climat
et résilience avait pris une
dizaine d’heures. Si les parle-
mentaires se mettent d’accord,
ses conclusions devront encore
être votées au S énat et à
l’Assemblée. Le gouvernement
devra composer jusqu’au bout.
« Le projet de loi sur les éner-
gies renouvelables a été voté à la
quasi-unanimité au Sénat. C’est
le résultat d’une méthode de con-
certation que j’ai mise en place,
c’est quatre mois de travail avec
la droite et la gauche au Sénat,
tous les groupes ont voté cette loi
sauf le Parti communiste qui
s’est abstenu », a tenu à rappeler
la ministre de la Transition éco-
logique, Agnès Pannier-Runa-
cher, vendredi sur LCI. Et
d’assurer que « personne ne
comprendrait que la droite ne
vote pas un texte sur les énergies
renouvelables, alors qu’on sait
que, dans les quinze ans qui vien-
nent, c’est la seule source de pro-
duction additionnelle d’électri-
cité, et que nous sommes dans
une crise énergétique et climati-
que majeure aujourd’hui. » n

Le sexisme ne recule pas, s’alarme le Haut Conseil à l’égalité

rogé un échantillon de 2.500 per-
SOCIÉTÉ sonnes pour rendre compte des
perceptions de l’opinion face aux
Dans son rapport inégalités femmes-hommes.
annuel, publié lundi, Selon ce rapport, qui sera pré-
l’institution pointe senté mercredi à Emmanuel
toujours d’importan- Macron, le monde du travail est
tes conséquences perçu comme particulièrement
sur le parcours profes- inégalitaire. Seuls 20 % des sondés
sionnel des femmes. considèrent que les femmes et les
hommes y sont égaux en pratique.
Le rapport pointe la surreprésenta-
Sarah Dumeau tion des femmes dans les métiers
@DumeauSarah précaires – notamment du soin – et
la difficulté des filles à intégrer des
« L e s exis me ne rec u le pas e n filières scientifiques. 37 % des fem-
égal et compétences égales, et 13 %
une discrimination à l’emploi. Au
quotidien, les situations de
« sexisme ordinaire » n’ont pas
diminué : 57 % des femmes ont déjà
subi des blagues ou remarques
sexistes, 41 % un déséquilibre des
tâches ménagères et 29 % des
remarques faites sur leur tenue ou
leur physique.
Clichés « masculinistes »
Ces situations ont des conséquen-
ces concrètes sur leur vie quoti-
dienne et leur parcours profession-
nel. Ainsi, 35 % des actives n’ont pas
d’entre elles. « Il faut comprendre
que le sexisme dit ordinaire, les peti-
tes choses de tous les jours, qui
paraissent banales, conduisent au
sexisme le plus violent », expliquait
Sylvie Pierre-Brossolette, prési-
dente du HCE, sur France Inter
lundi. En effet, 14 % déclarent avoir
déjà subi « un acte sexuel imposé ».
Plus largement, 37 % disent avoir
vécu des situations non consenties
dans les rapports sexuels.
Le rapport révèle aussi que ce
sexisme quotidien n’est pas jugé
problématique par une partie des
hommes interrogés. Ainsi, 35 % des
hommes considèrent qu’il est nor-
mal que les femmes prennent plus
soin de leur physique, contre 17 %
des femmes. Et 23 % des hommes
estiment que « le barbecue est une
affaire d’hommes ». Parmi les moins
de 35 ans, l’étude souligne « un
ancrage plus important des clichés
“masculinistes” ». Quelque 23 %
d’entre eux considèrent, par exem-
ple, qu’il faut être parfois violent
pour se faire respecter.
Des pouvoirs publics
rapports femmes-hommes détesta-
bles. » « Ils ont une conception intel-
lectuelle de l’égalité et, en pratique,
c’est la catastrophe », ajoute-t-elle.
Enfin, les hommes peinent à se
sentir concernés par les inégalités
femmes-hommes. 16 % des hom-
mes pensent encore qu’une femme
agressée sexuellement peut être en
partie responsable de la situation,
et 23 % considèrent qu’on en fait
trop sur les agressions sexuelles.
L’institution considère que les
pouvoirs publics « ne sont pas […] à
la hauteur des enjeux sur ces ques-
tions » et recommande de renforcer

France. » C’est le constat alarmant
dressé par les auteurs du rapport
annuel du Haut Conseil à l’égalité
(HCE), sur l’état du sexisme en
France. « Cinq ans après #MeToo, [la]
société française demeure très sexiste
dans toutes ses sphères », estiment
les auteurs de l’étude, qui ont inter-
mes affirment avoir déjà vécu des
discriminations sexistes dans leurs
choix d’orientation professionnelle.
Les écarts salariaux, largement
documentés, sont également cons-
tatés par l’étude : 23 % des femmes
ont vécu un écart de rémunération
avec un collègue homme, à poste
osé demander une promotion ou
une augmentation, et 15 % des fem-
mes ont déjà renoncé à s’orienter
vers des filières ou des métiers
scientifiques, par crainte de ne pas y
trouver leur place ou de s’y sentir
mal à l’aise. Mais aussi par peur du
harcèlement sexuel, pour 18 %
23 %
DES HOMMES
de moins de 35 ans considèrent
qu’il faut être parfois violent
pour se faire respecter.
« pas à la hauteur »
Un phénomène que la présidence
du HCE explique par le fait que « les
hommes, et en particulier les jeunes
hommes, sont complètement influ-
encés par ce qu’ils regardent. Les
mentalités se sont forgées sur Inter-
net, les réseaux sociaux, où il y a des
les « moyens financiers et humains
de la justice pour des juridictions
chargées de traiter des violences
intrafamiliales, à l’instar de l’inves-
tissement espagnol ». Le gouverne-
ment a confié au Parlement une
mission sur de telles juridictions
spécialisées. n
07 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
Bercy récupère
des millions grâce
aux scandales fiscaux
FISCALITÉ
Les révélations sur
des avoirs dissimulés
grâce à des montages
offshore ont apporté
des informations
précieuses au fisc.
Isabelle Couet
@icouet
Alors que le Parquet national finan-
cier vient de lancer un ultimatum
aux Français impliqués dans les
« Dubaï Papers », d’autres scandales
continuent d’occuper le fisc et la jus-
tice. Et l’exploitation des informa-
tions nées de fuites de documents
confidentiels se révèle fructueuse.
Deux affaires retentissantes – les
« Panama Papers » et les « Paradise
Papers » – ont permis à ce jour de
faire entrer près de 200 millions
d’euros dans les caisses de l’Etat,
selon la Direction générale des
finances publiques (DGFIP).
A lui seul, le dossier « Panama
Papers » a rapporté 176 millions
d’euros. L’affaire a été révélée
en 2016, après qu’un lanceur
d’alerte a transmis des fichiers du
cabinet panaméen Mossack Fon-
seca, spécialisé dans les montages
de sociétés-écrans facilitant la dissi-
mulation d’avoirs. Plus de 600 dos-
siers ont été examinés par Bercy.
Parmi eux, 198 ont donné lieu à des
régularisations ou à des redresse-
ments à la suite de contrôles.
« Un point d’entrée »
Autre affaire provenant cette fois
d’un cabinet d’avocats aux Bermu-
des, les « Paradise Papers » ont fait
rentrer 11,2 millions d’euros, entre
fin 2017 et début 2018. L’administra-
tion précise avoir examiné 240 dos-
siers, procédé à un peu moins de
60 contrôles fiscaux, pour arriver à
35 régularisations et redresse-
Polytechnique :
LVMH déplace son pôle
de recherche
GRANDES ÉCOLES
Le numéro un du luxe
maintient son partena-
riat avec l’école, mais
installera son centre
hors de Saclay.
Marie-Christine Corbier
@mccorbier
LVMH (propriétaire des « Echos »)
renonce à installer son centre de
recherche en bordure de l’école
Polytechnique, mais pas à son pro-
jet avec l’école. « Ce choix ne remet
pas en cause le partenariat de recher-
che » avec le numéro un du luxe,
souligne l’X, dans une déclaration
commune avec l’Institut polytech-
nique de Paris. Les travaux de
recherche portant sur les maté-
riaux durables « seront mis en
œuvre », insiste l’école, et les échan-
ges sur les autres thématiques de
recherche – data, intelligence artifi-
cielle et sciences du vivant – « vont
également se poursuivre ».
Le partenariat de recherche est
évalué à 2 millions d’euros par an
pendant cinq ans. Dans une décla-
ration à l’AFP, LVMH a annoncé
qu’il s’installerait sur un terrain « en
dehors du plateau de Saclay ». Le
conseil d’administration de Poly-
technique avait donné, en novem-
bre, son feu vert à l’implantation du
FRANCE
ments. Concernant les « Pandora importants (Royaume-Uni, Allema-
Papers » (2021) ou le « Dubaï Unco- gne), la France adresse une part
vered » (2022), la DGFIP ne « dispose importante de demandes aux Etats
pas encore du recul suffisant pour où sont implantés des centres finan-
chiffrer les enjeux des procédures ini- ciers (Hong Kong, Chypre) et ceux
tiées ». Mais des plaintes auprès de favorisant la création de sociétés off-
la police fiscale ont été déposées. shore (îles Vierges britanniques,
Ces enquêtes « constituent un Panama). « La persistance de flux
point d’entrée pour orienter les significatifs permet à la France de
recherches, explique Bercy. Sans maintenir un niveau élevé d’effectivité
elles, la probabilité serait bien moin- de la coopération internationale et
dre pour la DGFIP d’apprendre l’exis- d’apprécier en retour la qualité des
tence d’avoirs non déclarés, détenus renseignements obtenus de ces pays »,
via des structures offshore interpo- i n d i q u e B e r c y. P a r a i l l e u r s ,
sées créées dans des Etats et territoi- l’échange automatique de rensei-
res avec qui l’échange automatique gnements fournit un volume tou-
d’information n’existe pas. » jours plus substantiel de données au
Mais les demandes de renseigne- fisc. L’administration a reçu des
ments adressées à certains pays informations sur 5,8 millions de
n’aboutissent pas toujours. C’est comptes détenus par des Français à
notamment le cas des « Panama l’étranger en 2021. C’est presque six
Papers », pour lesquels le Bercy pré- fois ce qu’elle obtenait en 2017, année Les révélations sur les pratiques du cabinet panaméen Mossack Fonseca, spécialisé
cise que les chiffres ne sont pas défi- où le secret bancaire a vacillé. n dans les montages de sociétés-écrans, continuent d’être exploitées par le fisc français. Photo AFP
nitifs, « la majorité des dossiers res-
tant bloqués par l’absence de réponse
complète aux demandes d’assistance
administrative internationale ».
Faute d’informations pertinentes
sur le montant des avoirs détenus, il
est difficile d’établir une imposition.
Meilleure coopération
Mais la coopération internationale
s’est améliorée. Depuis 2016, grâce à
la convention multilatérale OCDE,
Paris collabore avec 160 pays. Selon
un rapport en annexe du budget
pour 2023, Bercy a adressé
4.231 demandes à l’étranger en
matière d’impôts directs en 2021. Le
délai de réponse reste long, même
s’il est passé de 310 à 274 jours. Outre
les Etats frontaliers et ceux avec qui
les échanges économiques sont
176
MILLIONS D’EUROS
ont à ce jour été récoltés
avec les « Panama Papers ».
groupe en bordure du campus,
situé dans l’Essonne. Mais des élè-
ves et anciens élèves s’y opposaient.
Un projet « transposable »
Ce projet est « complètement trans-
posable », confiait alors Jean-
Baptiste Voisin, directeur de la stra-
tégie du groupe de luxe et secrétaire
général de l’Association des anciens
élèves de l’X – « vous le prenez par
hélicoptère, vous le déposez où vous
voulez ». Le projet du numéro un
mondial du luxe, baptisé LVMH
Gaia, devait regrouper 300 cher-
cheurs sur une surface de 22.500 m².
Il avait été annoncé officiellement
en juillet.
Dans un communiqué, les oppo-
sants réunis dans le collectif Poly-
technique n’est pas à vendre ! et La
Sphinx, association d’élèves et
anciens de Polytechnique, se sont
félicités de la décision, un an après le
renoncement de Total.
L’Ecole polytechnique et l’Institut
Polytechnique de Paris vont désor-
mais partir à la recherche d’autres
acteurs pour « développer le parc
d’innovation » en bordure de l’X. « Le
développement [de ce parc] fait par-
tie des objectifs fixés par l’Etat pour
les cinq ans à venir. Il nous faut des
partenariats avec des entreprises »,
affirmait Eric Labaye, dans une
interview aux « Echos », en novem-
bre. Le président de l’X et d’IP Paris
déclarait alors « discuter avec au
moins la moitié du CAC 40 ». n

MONDE
Crise de l’énergie : le bouclier tarifaire
allemand boudé par les entreprises
l Trop bureaucratique et moins
intéressant que prévu, le « frein »
sur les prix de l’énergie n’attire pas
les entreprises allemandes.
l Il pourrait coûter deux fois moins
cher qu’estimé au budget de l’Etat.
EUROPE
Nathalie Steiwer
@natbxltec
— Correspondante à Berlin
Beaucoup de bruit pour rien ? Alors
qu’il avait à l’automne fait frémir les
autres Etats membres, et notam-
ment la France, le « bouclier » à
200 milliards d’euros mis en place
par l’Allemagne depuis début jan-
vier pour protéger les ménages et
les entreprises de la hausse des prix
de l’énergie risque de ne pas être
aussi utile que prévu.
Les plus grands consommateurs
d’énergie en Allemagne, du chi-
miste BASF au sidérurgiste Thys-
senK rupp, s’interrogent sur
l’opportunité de faire appel à des
aides publiques, très encadrées par
les règles européennes de concur-
rence. La baisse des prix du gaz sur
le marché de gros les rend encore
moins attractives.
Concurrence française
Ainsi le producteur d’aluminium
Trimet, l’un des plus gros consom-
mateurs d’électricité en Allemagne,
ne fera pas appel aux aides publi-
ques, indique le président de son
directoire, Philipp Schlüter. Le seuil
d’intervention de l’Etat est fixé à
7 centimes par kilowattheure pour
le gaz et 13 centimes pour l’électri-
cité, jusqu’à un seuil de 70 % de la
consommation des entreprises les
plus énergivores. Ce seuil est de
toute façon trop élevé et donc pas
compétitif par rapport à d’autres
régions du monde, explique-t-il.
Sans aller jusqu’aux Etats-Unis
où l’énergie est trois fois moins
chère, « nos clients risquent de se
tourner vers la France ou l’Espa-
La baisse des prix de l’énergie, une bonne nouvelle
pour les finances publiques
La baisse des prix du gaz et
de l’électricité va permettre
aux Etats de la zone euro de
moins dépenser que prévu.
Les économistes de Citi
estiment à 0,9 point de PIB
l’impact positif sur le déficit
budgétaire allemand cette
année et à 0,3 point celui
pour la France.
Guillaume de Calignon
@gcalignon
C’est la bonne nouvelle économique
de cet hiver. Le prix du gaz baisse
vite. Par rapport à son pic de la fin
juillet, le prix du mégawattheure
(MWh) a été divisé par près de six, et
par trois depuis la fin septembre, au
moment où les gouvernements de
la zone euro établissent leur bud-
get. Les prix de gros de l’électricité
suivent la même trajectoire. Voilà
qui va potentiellement permettre
de réaliser des économies bienve-
nues pour les pays européens.
« Comme les prix du gaz ont baissé
par rapport à ce qu’ils étaient quand
les mesures de soutien ont été annon-
cées, le coût budgétaire sera inférieur
à ce que les gouvernements avaient
initialement estimé, ce qui est positif
pour les finances publiques », expli-
que Grégory Claeys, économiste à
gne » où les tarifs sont également
plus avantageux, remarque lui
aussi Rolf Cramer, patron du spécia-
liste des produits aluminium pour
l’automobile Druckguss Westfalen.
Autre problème, l’encadrement
du bouclier tarifaire est « conçu de
manière beaucoup trop bureaucrati-
que » pour compenser ces différen-
ces, reproche la fédération alle-
mande de l’industrie, le BDI. Pour
bénéficier des aides, les entreprises
doivent prouver que leur bénéfice
de 2023 va reculer d’au moins 40 %
Un tiers des
entreprises du
secteur chimique
estiment « que
le frein sur les prix
est utile dans sa
forme actuelle ».
par rapport à 2021. Pour Rolf Cra-
mer, c’est « absurde » puisque « 2021
est l’année où nous avons dû mettre
nos salariés au chômage partiel à
cause du Covid et subi des ruptures
dans les chaînes d’approvisionne-
ment », explique-t-il dans un pod-
cast du « Handelsblatt ».
Les entreprises sont encore plus
remontées contre une règle ajoutée
par le Bundestag qui impose aux
entreprises recevant plus de 2 mil-
lions d’aide de garder au moins 90 %
d e l e u r p e r s o n n e l j u s q u’e n
avril 2025. Maintenir l’emploi est a
priori l’objectif de Druckguss West-
falen : « Nous manquons même de
main d’œuvre actuellement, mais
qu’en sera-t-il s’il y a une récession d’ici
à 2024 ? » s’interroge Rolf Cramer.
Les députés allemands ont égale-
ment interdit le versement de
DÉCRYPTAGE
l’institut Bruegel. Comme l’activité
économique est résiliente, les recet-
tes fiscales pourraient elles aussi
être meilleures.
L’Allemagne,
grande bénéficiaire
Les économistes de la banque amé-
ricaine Citi ont ainsi calculé que
« dans les pays où les gouvernements
ont plafonné les prix de l’énergie des
ménages et des entreprises, les dépen-
ses seront beaucoup plus faibles que
prévu, de 0,3 à 0,9 % du PIB par an ».
Parmi les grandes économies de la
zone euro, « l’Allemagne sera la plus
bénéficiaire, car le plafond des prix du
gaz instauré par l’Etat était censé être
entièrement financé par la dette »,
expliquent-ils. Ainsi, aux prix
actuels du gaz, le déficit budgétaire
de 2023 serait inférieur de 0,9 point
de PIB à la prévision de Berlin, qui
table sur 4,5 % du PIB.
L’Italie, qui n’a pas mis en place de
plafond, ne verra pas ses finances
publiques s’améliorer. En France,
les économies seront moindres car
la mise en place du plafonnement
des prix de l’électricité doit être
financée en partie par des contrats à
prix fixe à long terme passés avec
bonus et dividendes dans les entre-
prises qui reçoivent plus de 50 mil-
lions d’euros d’aide publique. Or
« dans de nombreuses entreprises
familiales, les dividendes sont la
principale composante du revenu
familial », assure la fédération
industrielle allemande.
Baisse de la consommation
In fine, seul un tiers des entreprises
du secteur chimique, le plus gros
consommateur de gaz pour ses pro-
cessus industriels, « estime que le
frein sur les prix est utile dans sa
forme actuelle », indique la fédéra-
tion allemande de la chimie. Un
comble. Peu utilisé, le dispositif
pourrait dès lors coûter beaucoup
des producteurs d’énergie renouve-
lable, et un impôt exceptionnel sur
les bénéfices des producteurs
d’électricité. Comme le prix de
l’électricité baisse, les recettes fisca-
les seront moindres qu’espérées.
L’Etat devrait économiser seule-
ment 0,3 point de PIB.
La zone euro pourrait
passer d’une inflation
qui s’expliquait
jusqu’ici par
une hausse des prix
de l’énergie, à
une inflation tirée
par la demande.
Un facteur risque néanmoins de
contrarier ces économies à plus
long terme. « Avoir des finances
publiques qui se portent mieux ainsi
qu’une croissance et une demande
qui résistent signifie que les salaires
pourraient rester dynamiques et
nourrir l’inflation hors énergie et ali-
mentation. Celle-ci serait donc plus
élevée que prévu, ce qui pousserait la
BCE à maintenir des taux plus élevés
que ce à quoi l’on s’attendait jus-
qu’ici », prévient François Cabau,
économiste chez AXA IM. En clair,
moins cher que prévu à l’Etat , aussi
en raison de la baisse des prix. Au
cours actuel des contrats, « l’inter-
vention de l’Etat devrait être ramenée
entre 2 et 4 centimes par kilowat-
theure », évalue Marco Wünsche de
l’institut d’analyse Prognos.
« Au lieu des 24 milliards prévus, le
gouvernement pourrait ne débourser
qu’entre 5 et 10 milliards pour 2023 »,
estime-t-il. Les températures clé-
mentes et la baisse de consomma-
tion ont changé la donne, mais aussi
la « rapidité inattendue avec laquelle
les terminaux d’importation pour le
gaz liquéfié ont été construits », note
Marco Wünsche. Si les prix restent
au niveau actuel, « le besoin de sub-
vention va être faible », conclut-il. n
la zone euro pourrait passer d’une
inflation qui s’expliquait jusqu’ici
par une hausse des prix de l’énergie,
c’est-à-dire ce que les économistes
appellent un choc d’offre, à une
inflation tirée par la demande.
Mais comme le résume crûment
Patrick Artus, chef économiste de
Natixis, « il faudra bien que le taux de
chômage augmente pour permettre
le freinage des salaires et de l’inflation
hors énergie et alimentation ». « Les
taux pourraient rester plus hauts,
plus longtemps qu’anticipé », estime
François Cabau. Donc « la baisse des
dépenses publiques en raison des
prix du gaz moins élevés pourrait
être à moyen terme annulée par la
hausse des charges d’intérêt sur la
dette », met en garde l’économiste.
Les pays les plus endettés, tels que
l’Italie, en pâtiront.
Il est toutefois probable que les
pays disposent encore d’un peu de
temps pour s’adapter. « Pour les
finances publiques, la hausse des taux
se propage très lentement. Le stock de
dettes des Etats européens est très
important et il est renouvelé petit à
petit. La remontée du taux d’intérêt
sur le stock de dette est donc beaucoup
plus lente que la hausse du taux d’inté-
rêt sur les marchés », rappelle Gré-
gory Claeys. La maturité moyenne
de la dette italienne est de sept ans. n
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
L’Italie se rêve en
carrefour gazier entre
l’Afrique et l’Europe
La présidente du Conseil
italien, Giorgia Meloni,
a entamé dimanche une
visite officielle en Algérie.
Olivier Tosseri
@oliviertosseri
— Correspondant à Rome
Les chemins de l’indépendance
énergétique de l’UE vis-à-vis de la
Russie doivent partir d’Alger pour
mener à Rome. C’est la conviction
de la diplomatie italienne depuis
l’invasion de l’Ukraine. Dès le
28 février 2022, le ministre italien
des Affaires étrangères de l’épo-
que, Luigi Di Maio, franchissait la
Méditerranée.
Dans la foulée d’une visite d’Etat
du président algérien, Abdelmad-
jid Tebboune, à Rome au prin-
temps dernier, d’importants
contrats énergétiques étaient
signés entre l’Italie et l’Algérie.
L’alternance politique à Rome n’y
change rien : cette semaine, Gior-
gia Meloni est à Alger pour conso-
lider cette alliance stratégique.
« Visite de travail amicale »
Dimanche, le Premier ministre
Aïmene Benabderrahmane a
accueilli la présidente du Conseil
pour le début d’une « visite de tra-
vail amicale ». Si les deux pays
sont des amis de longue date, le
conflit ukrainien les a encore plus
rapprochés. L’Italie importait
avant le début des hostilités 95 %
du gaz qu’elle consommait, dont
environ 40 % de Russie.
L’Algérie, historiquement son
deuxième plus grand fournisseur,
est devenue l’an dernier le pre-
mier. Les importations de Russie
doivent être ramenées à zéro à
l’horizon 2024-2025. En 2022,
Alger a exporté vers l’Italie 20 mil-
liards de m 3 , qui deviendront
30 milliards de m3 d’ici à deux ans.
Le géant public algérien des
hydrocarbures Sonatrach a aug-
08
menté ses livraisons à l’italien Eni
depuis l’automne dernier, s’enga-
geant à lui fournir jusqu’à 9 mil-
liards de m3 par an supplémentai-
res à l’horizon 2023-2024. Ils
seront acheminés via le gazoduc
Transmed reliant les côtes nord-
africaines à la Sicile. « La relation
avec Alger est stratégique, explique
un diplomate italien. Grâce à sa
position géographique et à ses
infrastructures, la péninsule est la
charnière idéale entre l’Europe et
l’Afrique. »
« Collaboration vertueuse »
Lors de son discours d’investiture
en octobre, Giorgia Meloni évo-
quait la nécessité d’un « plan Mat-
tei » pour l’Afrique. Un hommage à
Enrico Mattei, fondateur du pétro-
lier Eni et soutien actif de l’indé-
pendance algérienne, qui avait
négocié des partenariats plus
équitables avec les pays produc-
teurs de pétrole. La présidente du
Conseil appelle les Européens à
instaurer une « collaboration ver-
tueuse » entre les pays des deux
rives de la Méditerranée, assurant
que l’Italie adoptera une « attitude
non prédatrice mais coopérative » à
l’égard du marché africain.
C’est ce que pense l’ambassa-
deur algérien à Rome, qui sou-
haite que l’Italie devienne le « hub
énergétique de la Méditerranée.
Nous lui servirons de relais auprès
des autres pays africains ». A l’hori-
zon 2025, Giorgia Meloni espère
que près de 70 milliards de m3
pourront confluer vers l’Italie
pour satisfaire ses besoins et en
redistribuer une partie à ses parte-
naires reliés par gazoduc, dont
l’Allemagne. « Le gazoduc Trans-
med est encore sous-exploité,
confirme Claudio Descalzi, le
patron d’Eni. Notre gazoduc en
Libye peut être aussi renforcé et
nous exploitons de riches gisements
en Egypte, Nigeria, Angola, Congo et
Mozambique. » n
09 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
L’Allemagne hésite encore
à livrer des chars à l’Ukraine
EUROPE
Face à la pression
croissante, le feu vert
d’Olaf Scholz à la
livraison de chars
Leopard 2 à l’Ukraine
semble acquis.
Mais la communica-
tion désastreuse
du chancelier a balayé
le débat de fond
préalable qu’il
espérait mener.
Ninon Renaud
@NinonRenaud
— Correspondante à Berlin
La question n’est plus « si » mais
« quand » l’Allemagne donnera son
feu vert à la livraison de chars Leo-
pard 2 à l’Ukraine. Au fil des jours, la
pression ne cesse en effet de grandir
sur les épaules du chancelier alle-
mand, qu’il s’agisse de celle de ses
alliés européens mais aussi des par-
tenaires politiques de sa coalition
gouvernementale. Les Verts et les
Libéraux sont de plus en plus criti-
ques à l’égard des hésitations d’Olaf
Scholz et du courant pacifiste de
gauche de son parti, le SPD.
Dimanche soir, la ministre écolo-
giste des Affaires étrangères Anna-
lena Baerbock, a même affirmé sur
LCI que Berlin ne s’opposerait pas à
de telles livraisons si certains pays
tiers, comme la Pologne, en faisaient
la demande. Elle a rétropédalé lundi,
soulignant seulement l’importance
de soutenir l’Ukraine. Mais le Pre-
mier ministre polonais, Mateusz
Morawiecki, avait déjà déclaré que
son gouvernement enverrait une
demande d’autorisation à Berlin,
tout en menaçant, même sans feu
vert, d’envoyer des Leopard avec
d’autres pays partenaires.
« La Pologne ne livrera pas de
chars seule, le principe est qu’aucun
pays n’agisse et ne s’expose seul, tem-
Le Canada accorde un dédommagement
historique aux peuples autochtones
AMÉRIQUE DU NORD
Après de longues
négociations, Ottawa a
annoncé un dédomma-
gement de près de
3 milliards de dollars
canadiens aux peuples
autochtones du pays.
Julien Chevalier
L’expression « génocide » n’était
pas encore employée en 1880, lors-
qu’a débuté le drame des pension-
nats autochtones canadiens. Elle
est aujourd’hui la formule la plus
couramment employée p our
décrire cet épisode sombre de l’his-
toire du Canada, qui s’est déroulé
entre la fin du XIX e siècle et les
années 1990.
« Enlever les enfants, changer la
culture, changer la mentalité, chan-
ger les traditions, changer une race,
est un processus de génocide »,
reconnaissait le pape François lors
d’un voyage au Canada en juillet
dernier. Plus précisément, il s’agit
d’un « génocide culturel » selon les
termes employés par la Commis-
sion de vérité et réconciliation du
Canada (CVR), créée à la suite d’un
vaste accord en 2007 pour parvenir
à un règlement sur le sujet.
Pendant près de cent ans, 150.000
enfants autochtones ont été retirés
de leurs familles, envoyés dans une
centaine de pensionnats majoritai-
Le char allemand Leopard 2 a essaimé dans toute l’Europe, qui en compte près de 2.000.
père Nils Schmid, porte-parole des
sociaux-démocrates au sein de la
commission des Affaires étrangè-
res du Bundestag. Dès qu’un consen-
sus sera atteint au sein de l’Otan, tou-
tes les livraisons seront autorisées.
Une décision sera prise bientôt »,
promet-il.
Risque d’escalade
L’Allemagne est victime du succès
commercial de son char de com-
bat : contrairement au Leclerc fran-
çais qui n’a quasiment jamais été
exporté, le Leopard 2 a essaimé
dans toute l’Europe qui en compte
près de 2.000. L’Ukraine réclame
300 chars de combat mais la livrai-
son à Kiev d’une telle gamme plus
facile à gérer passe par un feu vert
de Berlin. « L’Allemagne parle de
décisions collectives mais elle fait
cavalier seul par son attentisme. Olaf
Scholz a promis un rôle de leader qui
manque cruellement », critique
rement catholiques, et coupés de
leur langue et de leur culture. Parmi
eux, plusieurs milliers sont morts
sous l’effet de maladies, d’abus
sexuels, et de malnutrition.
« Le système
des pensionnats »
Après de longs pourparlers et de
nouvelles découvertes de sépultures
d’enfants, le Premier ministre cana-
dien, Justin Trudeau, a annoncé
samedi un accord historique : un
versement de 2,8 milliards de dol-
lars canadiens (1,9 milliard d’euros)
sera accordé aux 325 communautés
autochtones du pays en guise de
dédommagement. « Le Canada
s’engage à réparer les préjudices col-
lectifs causés par le système des pen-
sionnats et la perte de la langue, de la
culture et du patrimoine », indique le
communiqué du ministère des
Relations Couronne-Autochtones.
Ce montant a pour objectif de
« revitaliser l’éducation, la culture et
« Tous les
survivants
méritent
la justice et
l’indemnisation. »
MARC MILLER
Ministre fédéral des Relations
Couronne-Autochtones
Andrea Römmele, politologue et
professeure à la Hertie School.
Wolfgang Hellmich, porte-pa-
role social-démocrate de la com-
mission Défense au Bundestag, pré-
cise cependant aux « Echos » que
de vraies questions méritent d’être
posées et qu’une étude sera rendue
à la fin de la semaine au cabinet
d’Olaf Scholz afin d’y répondre. Un
accord pourrait donc intervenir la
semaine prochaine.
« Il ne s’agit pas seulement de savoir
de combien de Leopard 2 on dispose et
où, mais aussi de remplir toutes les
conditions logistiques pour que ces
blindés soient utilisables », souligne
Wolfgang Hellmich. L’élu souligne
en outre que « pour le moment,
l’Ukraine a besoin d’une défense
aérienne pour protéger sa population
et ses infrastructures. Ce que nous
fournissons notamment avec les 30
véhicules antiaériens Gepard et le sys-
tème Iris-T déjà livrés ».
la langue autochtones afin d’appuyer
les survivants dans leur processus de
guérison et de renouement avec leur
patrimoine », selon le communiqué.
Il servira aussi à verser un dédom-
magement à chaque autochtone
qui a participé au recours collectif. Il
est déjà établi que 200.000 dollars
canadiens (près de 140.000 euros)
seront versés à chacune de ces per-
sonnes via des fonds de démarrage
initiaux, qui totalisent 325 millions
de dollars canadiens.
« Tous les survivants méritent la
justice et l’indemnisation », a déclaré
Marc Miller, ministre fédéral des
Relations Couronne-Autochtones.
La Cour fédérale du pays définira
les modalités précises de ce mon-
tant le 27 février.
Une plaie encore ouverte
Cet engagement du gouvernement
canadien a été apprécié par la com-
munauté autochtone. « Ce règle-
ment est un premier pas dans la
bonne direction », explique Garry
Feschuk, ancien chef de la Nation
shishalh, un peuple autochtone de
l’Ouest canadien.
La lente reconnaissance de ce
drame laisse toutefois un goût amer
à ce peuple vieux de plusieurs mil-
liers d’années. « Le Canada a mis
beaucoup trop de temps à assumer
son histoire, à assumer le génocide
qu’il a commis et à reconnaître le tort
collectif causé à nos Nations par le sys-
tème des pensionnats », ajoute Garry
Feschuk. Et des séquelles risquent
de subsister au sein de leur descen-
Le Burkina Faso
expulse les soldats
français
AFRIQUE
Les autorités burki-
nabées ont confirmé,
lundi, avoir
demandé à Paris
le retrait d’ici à un
mois du contingent
de 400 commandos.
Yves Bourdillon
@yvesbourdillon
Dehors. Les soldats français
vont être supplantés par des
mercenaires russes au Burkina
Faso. Les autorités burkinabées
ont confirmé, lundi, avoir
demandé à Paris de retirer d’ici
à un mois son contingent mili-
taire déployé dans le pays. La
Patrick Stollarz/AFP
république d’Afrique occiden-
tale héberge depuis 2009 un
contingent de près de 400 for-
ces spéciales françaises, la force
Sabre, responsable de la plu-
part des éliminations de chefs
djihadistes au Sahel.
Outre l’utilité des livraisons, Emmanuel Macron avait
l’étude doit permettre au chancelier demandé la veille des « éclaircis-
d’estimer le risque d’escalade provo- sements » au Burkina Faso, pays
qué par l’envoi de Leopard 2. Une semi-désertique de 20 millions
menace réelle aux yeux de l’opinion d’habitants largement dénué de
allemande, qui conforte la pru- ressources, après qu’est par-
dence du chancelier et de son parti. venu à Paris un courrier dénon-
Selon un sondage Infratest-Dimap çant cet accord. Evoquant une
réalisé au début du mois, 41 % des « grande confusion », le chef de
personnes interrogées estiment que l’Etat français avait expliqué à
le niveau de soutien militaire actuel Paris vouloir attendre que le
à l’Ukraine est le bon, tandis que président de transition du Bur-
26 % le jugent déjà trop important. kina, le capitaine Ibrahim Tra-
Le rapport doit enfin vérifier que oré, « puisse s’exprimer », appe-
les livraisons n’affaiblissent pas les lant à « garder beaucoup de
capacités de défense des pays four- prudence » sur le sujet.
nisseurs. Trois conditions préala- Le porte-parole de la junte
bles au total qu’Olaf Scholz partage arrivée au pouvoir à Ouagadou-
avec la France. Emmanuel Macron gou lors d’un coup d’Etat il y a
les a énoncées en sa présence trois mois a toutefois souligné
dimanche à Paris. Mais la commu- lundi que la dénonciation de
nication désastreuse du chancelier l’accord de 2018 établissant le
a balayé ces questions de fond et fait cadre de la présence militaire
du Leopard 2 la solution à tous les française n’entraînait naturelle-
problèmes de l’Ukraine. n ment pas la fin des relations
diplomatiques avec la France.
Un nouveau recul
de la France
Cette interruption de la coopé-
ration militaire marque un
nouveau recul des positions
françaises dans ses ex-colonies
africaines, au profit d’une Rus-
sie s’appuyant sur le groupe de
mercenaires Wagner, quelques
dance. « Les répercussions vont mois après le retrait de l’armée
au-delà de ma génération, explique française du Mali.
Shane Gottfriedson, ancien chef des De quoi nourrir sans doute à
Tk’emlúps te Secwépemc, une autre Paris un sentiment d’ingrati-
communauté autochtone de l’ouest tude. Mais les juntes militaires
du Canada. Il nous faudra de nom- au pouvoir à Ouagadougou et
breuses générations pour guérir. » n Bamako ont justifié leur revire-
CHÂTEAU CANON PÉCRESSE 2014
MONDE
ment par un ton supposément
paternaliste de Paris. La France,
comme d’ailleurs les autres
pays européens ou d’Afrique, a
aussi insisté sur un retour
rapide à un gouvernement civil
au Mali et au Burkina Faso.
Le Burkina Faso, en particu-
lier dans sa moitié nord, est
confronté depuis 2015 aux atta-
ques de groupes djihadistes liés
à Al Qaida et à l’Etat islamique.
Elles ont fait des milliers de
morts, dont encore trente jeudi
dernier, et au moins deux mil-
lions de déplacés. C’était l’inca-
pacité du président Roch Marc
Christian Kaboré à mener la
lutte contre ces djihadistes qui
avait poussé les militaires à
mener un premier coup d’Etat il
y a un an jour pour jour. Depuis
lors, la situation ne s’est pas
améliorée, ce qui a poussé des
militaires à renverser leurs col-
lègues en septembre dernier.
Le sentiment anti-
français, alimenté
par des campagnes
russes, monte
dans plusieurs
pays du Sahel.
En décembre, les autorités
burkinabées avaient demandé à
la France le remplacement de
son ambassadeur, après qu’il a
fait état de la dégradation de la
situation sécuritaire dans le
pays. La Cedeao (Bénin, Burkina
Faso, Cap Vert, Côte d’Ivoire,
Gambie, Ghana, Guinée, Guinée
Bissau, Liberia, Mali, Niger,
Nigeria, Sénégal, Sierra Leon,
Togo) avait suspendu le Burkina
Faso après le coup d’Etat.
Plusieurs manifestations
anti-françaises, alimentées par
des campagnes russes sur les
réseaux sociaux notamment,
ont eu lieu ces derniers mois au
Mali, au Burkina Faso et au
Niger. La France conser ve
néanmoins des contingents
militaires de 4.000 hommes
dans d’autres pays d’Afrique, le
principal point d’appui de son
dispositif anti-djihadiste étant
désormais le Niger.
Près de 900 mercenaires rus-
ses du groupe Wagner seraient
déployés depuis un an au Mali,
où leur efficacité contre les dji-
hadistes semble sujette à cau-
tion. Une dizaine a été repérée
fin décembre au Burkina Faso,
où une mine leur aurait été
octroyée pour rémunérer leurs
services, selon le Ghana. n
MONDE
Afrique : en 2023, le PIB par
habitant devrait dépasser
son niveau d’avant-Covid
l La croissance du continent s’est plutôt maintenue durant la crise sanitaire.
l Ce sont surtout les économies les plus diversifiées qui ont le mieux résisté.
AFRIQUE
Richard Hiault
@RHIAULT
Pour asseoir leur croissance future,
les pays africains vont devoir faire le
choix de la diversification de leur
économie. Et ne plus dépendre uni-
quement des matières premières
ou du tourisme. « Les économies
africaines devraient repenser leurs
modèles de développement en tirant
profit des opportunités offertes par le
secteur privé », conseille la Banque
africaine de développement (BAD)
dans son premier rapport annuel
sur les perspectives de croissance
de l’Afrique, publié la semaine der-
nière. Trop souvent, les pays du
continent souffrent d’une trop forte
dépendance à l’égard des exporta-
tions de produits de base avec une
valeur ajoutée minimale, regrette
l’établissement.
Pour son premier exercice du
genre, la Banque a estimé que la
croissance moyenne du produit
intérieur brut (PIB) réel du conti-
nent a ralenti l’an passé pour s’éta-
blir à 3,8 %, contre 4,8 % en 2021.
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croissance devrait seulement se sta-
biliser à 4 %. Pour les prochains
mois, la Banque africaine de déve-
loppement, prudente, avance que
« la réouverture anticipée de la Chine
après trois ans d’une politique de
“zéro Covid” ainsi que la perspective
d’une croissance stable pour l’Asie
pourraient soutenir la croissance de
l’Afrique à moyen terme ». L’Asie
représente environ 40 % des expor-
tations totales de marchandises du
continent.
De son côté, à l’occasion de la
parution de l’ouvrage « L’économie
africaine 2023 » publié par l’Agence
française de développement (AFD),
Thomas Melonio, son directeur de
la recherche, souligne qu’en Afri-
que, « le PIB par habitant, en 2023, va
dépasser son niveau d’avant la crise
du Covid. L’Afrique a été moins affec-
tée par la crise pandémique où il y a
eu peu de confinements, lui permet-
tant de rebondir plus vite que prévu ».
Dynamisme du Sahel
Dans le détail, le plus surprenant,
c’est la région du grand Sahel qui a
connu la plus forte croissance l’an
passé avec une hausse de son PIB de
5,9 %, a relevé Rémy Rioux, le direc-
teur général de l’AFD.
La croissance se montre plus
chaotique pour les pays dépendant
des matières premières (pétrole,
minerais, etc.) sujettes aux aléas de
la conjoncture mondiale, et pour les
pays tributaires des revenus du tou-
risme (Maghreb et Afrique australe
essentiellement). « Les pays ayant
une économie diversifiée sont moins
exposés aux chocs et les perspectives
de croissance sont plus favorables »,
L’Afrique a tout à craindre
du réchauffement climatique
Les pays africains sont
parmi les plus fragiles face
au dérèglement climatique.
Déficit pluviométrique,
sécheresse extrême et
risques d’inondations
sont à craindre, prévient
l’Agence française
de développement.
Si l’Afrique contribue de façon mar-
ginale aux émissions de gaz à effet
de serre, elle n’en subit pas moins
les conséquences du réchauffe-
ment climatique. Hausse des tem-
pératures, sécheresses, érosion des
côtes, risque d’affaissement des sols
et inondations : les défis climati-
ques du continent sont immenses.
« Sur le plan de la sécheresse
extrême, l’Afrique du Nord, l’Afrique
de l’Ouest et l’Afrique du Sud sont les
régions les plus exposées », observe
Marie-Noëlle Woillez, en charge
des questions climatiques à
l’Agence française de développe-
ment (AFD).
Entre 1960 et 2018, le Maroc a
ainsi subi une réduction de 20 % de
ses précipitations. Le taux de rem-
plissage des barrages est passé d’un
peu plus de 60 % en 2018 à moins de
30 % l’an passé. « Si la population
dispose de 600 mètres cubes d’eau
par personne, à horizon 2050, le
niveau pourrait être abaissé à 350 »,
craint-elle.
Stress hydrique au Maghreb
Outre le Maroc, l’Algérie et la Tuni-
sie sont confrontés à la même pro-
blématique de la raréfaction de
l’eau. « Les ressources en eau renou-
velable superficielle et souterraine
sont déjà en moyenne en dessous ou
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
assure Thomas Melonio. Dès 2021,
la reprise a été surtout portée par les
économies les plus diversifiées, sou-
ligne l’AFD. Six de ces pays (Sénégal,
Niger, Rwanda, Côte d’Ivoire, Bénin,
Togo) comptent parmi les pays les
plus dynamiques du continent sur
la période récente, relève l’Agence.
L’Afrique australe à la peine
A contrario, les pays d’Afrique aus-
trale souffrent le plus. « La crois-
sance a connu la plus forte décéléra-
tion, passant de 4,3 % en 2021 à
environ 2,5 % en 2022. Les pays de
l’Afrique de l’Est sont dans une large
mesure des importateurs nets de pro-
duits de base, et pourraient faire les
frais des prix internationaux élevés,
auxquels s’ajoutent des chocs clima-
tiques récurrents et de l’insécurité,
notamment dans la Corne de l’Afri-
que », avertit la BAD. Si les perspecti-
ves apparaissent globalement sta-
bles, le continent n’est pas à l’abri
d’une dégradation. La hausse des
« Les pays ayant
une économie
diversifiée sont
moins exposés
aux chocs et les
perspectives de
croissance sont
plus favorables. »
THOMAS MELONIO
Directeur de la recherche
de l’Agence française
de développement (AFD)
proches du seuil de pénurie absolue,
fixé à 500 mètres cubes par per-
sonne », indique l’AFD dans son
ouvrage « l’Economie africaine
2023 » paru récemment. Les projec-
tions de croissance démographi-
que (+ 22 % pour le Maroc, + 40 %
pour l’Algérie et + 16 % pour la Tuni-
sie à horizon 2050, selon les Nations
unies) risquent d’aggraver la situa-
tion.
Températures mortelles
A ce stress hydrique va s’ajouter
l’augmentation des températures
extrêmes. En Afrique de l’Ouest par
exemple, le nombre de jours avec
une température supérieure à
40,6 degrés pourrait plus que dou-
bler pour passer d’environ 60 jours
par an constatés entre 1985 et 2005
à une fourchette de 105 à 196 jours
d’ici à la fin du siècle, avance l’AFD.
Selon les scénarios climatiques
en vigueur, une hausse de la tempé-
rature terrestre de 4,3 degrés serait
catastrophique pour l’ensemble des
pays riverains du golfe de Guinée,
où le nombre de jours de chaleur
potentiellement mortelle pourrait
s’établir entre 250 et 350 jours an.
« Certaines régions risquent de deve-
nir inhospitalières pour les popula-
tions humaines dans le courant du
siècle pour les pays côtiers d’Afrique
de l’Ouest, du Sénégal au Nigeria »,
relate l’AFD.
A ces dégâts s’ajoutent les risques
posés par la surélévation du niveau
de la mer. Ce dernier a déjà aug-
menté de 20 centimètres. Les prévi-
sions du GIEC évoquent une mon-
tée de 50 centimètres à un mètre
d’ici à 2100. Si tel devait être le cas, le
Nigeria, l’Egypte, l’Angola et le
10
taux d’intérêt pourrait alourdir le
coût du service de la dette et faire
basculer certains pays dans un sur-
endettement insoutenable.
Le Ghana dans la tourmente
Ainsi le Ghana, qui a cessé d’hono-
rer le remboursement d’une partie
de sa dette externe, a demandé une
restructuration de son endettement
aux créditeurs du Club de Paris. « Le
comité des créanciers devrait être
formé d’ici un à deux mois », indique-
t-on au Club. Le Tchad, la Zambie et
l’Ethiopie sont dans le même cas.
« Les conditions financières mon-
diales se sont durcies et devraient res-
ter restrictives à court terme en rai-
son de la volatilité accrue des
marchés financiers mondiaux […].
Cette situation pourrait exercer des
pressions supplémentaires sur les
taux de change et maintenir les vulné-
rabilités de la dette et l’inflation natio-
nales à des niveaux élevés, menaçant
ainsi la sécurité alimentaire et éner-
gétique dans la plupart des pays afri-
cains », craint la Banque.
Cette dernière note d’ailleurs que
« l’inflation moyenne des prix à la
consommation a augmenté de
0,9 point de pourcentage pour attein-
dre 13,8 % en 2022 contre 12,9 %
en 2021, soit le niveau le plus élevé
depuis plus d’une décennie ». L’Afri-
que n’est pas non plus à l’abri de per-
tes et de dommages consécutifs aux
événements climatiques extrêmes.
Des conflits régionaux dans des
points chauds clés tels que le Bur-
kina Faso, la République démocra-
tique du Congo, l’Ethiopie, le Mali et
le Mozambique sont autant d’évé-
nements déstabilisants. n
Mozambique notamment, subi-
ront non seulement une érosion de
leurs côtes mais également un ris-
que d’inondations.
« La situation est particulièrement
critique au niveau du delta du Nil et
de Lagos, au Nigeria, où se rajoute un
risque d’affaissement des sols », aver-
tit Marie-Noëlle Woillez.
Les risques posés
par la surélévation
du niveau de la mer
sont immenses.
Au Nigeria
et en Egypte,
plus de 10 millions
d’habitants vivent en
zone littorale à moins
de 2 mètres d’altitude
Les évaluations les plus récentes
du nombre de personnes vivant
actuellement en zone littorale à
moins de 2 mètres d’altitude se chif-
frent en millions. Au Nigeria et en
Egypte, plus de 10 millions d’habi-
tants sont concernés. Ils sont plus
de 2 millions au Cameroun.
Face à ces défis climatiques,
l’Afrique se révèle le continent le
plus fragile. « Réduire les pressions
anthropiques locales sera vital pour
les prochaines années », alerte
Marie-Noëlle Woillez. Les besoins
d’adaptation vont aller croissant.
Mais les flux financiers qui leur
sont destinés sont aujourd’hui très
en deçà de ce qui est nécessaire,
analyse encore l’AFD. — R. H.
11 Les Echos Mardi 24 janvier 2023 IDÉES

analyses

Kristelle Rodeia pour « Les Echos »

Italie : comment la mafia a conquis les élites
Le plus dangereux
membre de Cosa
Nostra vient d’être
arrêté après plus
de trois décennies
de traque policière.
Une période qui a vu
la mafia italienne
se transformer
profondément
pour devenir
un acteur
économique
de premier plan,
avec la bienveillance
d’une partie des élites
du pays.
Olivier Tosseri
— Correspondant à Rome
Le boss des boss, le capo di tutti capi,
Matteo Messina Denaro, a été arrê-
té après trente ans de cavale. Ces
derniers temps, la traduction la
plus pertinente du mot est de plus
en plus « patron » et de moins en
moins « parrain », tant ceux qui se
définissent comme des « hommes
d’honneur » sont devenus des
« hommes d’affaires ». Les célèbres
juges Giovanni Falcone et Paolo
Borsellino, assassinés par Cosa
Nostra en 1992, avaient coutume de
dire qu’à Palerme se trouvait la
« mafia militaire ». Celle des règle-
ments de comptes sanglants en
pleine rue des années 1980. Trapani
en revanche, fief de Matteo Messina
Denaro, est le cœur de la « mafia
économique ». Celle qui privilégie
les managers aux sicaires. Ceux
pour qui le « pizzo », l’impôt du ra-
cket, est plutôt la « cotisation » à une
association criminelle préférant
faire couler l’argent que le sang.
Ces flux irriguent l’économie lo-
cale, nationale et bien sûr interna-
tionale. Les mains de Matteo Messi-
na Denaro ne commanditent pas
seulement des crimes odieux. Elles
bâtissent un immense patrimoine.
Au cours de la dernière décennie,
environ 5 milliards d’euros de biens
lui ont été confisqués par les autori-
tés italiennes. Ses investissements
balayaient tous les domaines : des
énergies renouvelables à la grande
distribution, du trafic de biens ar-
chéologiques aux transports mari-
times, du secteur des BTP à celui de
l’agroalimentaire. Le Borsalino et la
sulfateuse sont rangés au grenier.
Ils ont été troqués contre un col
blanc et une bonne connexion In-
ternet pour effectuer des virements
financiers.
Les sbires ne parlant que le dia-
lecte ont été supplantés par des avo-
cats, des financiers et des experts en
droit international parfaitement
anglophones. Voir des rejetons de
clans mafieux fréquenter des MBA
aux Etats-Unis pour infiltrer la hau-
te finance mondialisée n’a plus rien
d’exceptionnel.
Quelque 100 milliards
de prélèvements illégaux
« Suis l’argent et tu trouveras la Ma-
fia », répétait le juge Giovanni Falco-
ne. Celle-ci est sortie depuis long-
temps des frontières étroites du
Mezzogiorno. On la trouve désor-
mais aussi bien dans les riches et in-
dustrieuses régions septentriona-
les qu’à l’étranger, profitant des
aubaines de la mondialisation.
« Elle est le segment le plus important
de l’économie italienne », affirmait
en 2007 le « Herald Tribune ». Ban-
ca d’Italia confirme qu’il ne s’agit en
rien d’emphase journalistique.
En 2021, elle estimait à 38 milliards
d’euros par an le chiffre d’affaires
des différents cartels de la Cosa Nos-
tra sicilienne, la’ Ndrangheta cala-
braise ou la Camorra napolitaine.
Soit 100 millions d’euros par jour.
« Les mafias représentent une
composante illégale mais véritable-
ment structurelle du tissu économi-
que et social, estime Giovanni Melil-
lo, l’actuel procureur antiterroriste,
après avoir été à la tête du Parquet
de Naples. Leur évolution les a por-
tées à devenir une “constellation d’en-
treprises” : des structures infiltrées
dans tous les domaines, qui gèrent le
recyclage de leurs immenses bénéfi-
ces tirés des activités illégales pour les
réinvestir. Le langage des mafias n’est
plus celui du crime mais du mar-
ché. » Un marché auquel elles font
subir de profondes distorsions en
faussant notamment la concurren-
ce via la corruption ou le trucage
des appels d’offres. « L’interdépen-
dance croissante du monde des affai-
res avec les systèmes financiers, ban-
caires et d’assurances leur a offert de
nouvelles opportunités », déclarait
en 2019 Giorgio Toschi, le comman-
dant général de la Police douanière
et financière. Mais ce sont les crises
de ces quinze dernières années (fi-
nancières en 2008 et 2010 et la ré-
cession de 2020) qui ont permis à la
mafia de parachever sa mue d’orga-
nisation parasitaire à « organisation
criminelle entrepreneuriale ». Juste
avant la pandémie, SOS Impresa dé-
nonçait une véritable « Mafia SA »
qui asphyxiait le monde de l’entre-
prise en l’écrasant de 100 milliards
d’euros de prélèvements illégaux,
soit 7 % du PIB. Environ un cinquiè-
me des entrepreneurs italiens se-
raient ainsi victimes de différentes
extorsions, de racket et d’usure. Un
phénomène qui a pris une ampleur
inédite à la faveur de la pandémie.
« Le prêt usurier à destination des en-
treprises est un élément central de
leur stratégie, explique l’écrivain Ro-
berto Saviano, spécialiste de la ma-
fia. Elles donnent l’argent immédia-
tement, à la différence des banques
traditionnelles, et ont même parfois
supprimé les intérêts. L’entrepre-
neur, une fois la phase critique pas-
sée, ne pourra rien leur refuser. »
La «bourgeoisie mafieuse»
Des propositions que les milieux fi-
nanciers et industriels pourront
d’autant moins refuser qu’elles sont
faites par des personnes avec les-
quelles ils partagent de nombreu-
ses affinités. « Si Matteo Messina De-
naro a pu échapper aussi longtemps
à la justice sans quitter son fief, c’est
qu’il a bénéficié de la complicité de la
bourgeoisie mafieuse, a souligné
Maurizio De Lucia, le procureur de
Palerme. Nous sommes face à un
rapport de symbiose, utile pour tous
les partenaires. La bourgeoisie tradi-
tionnelle en a tiré des avantages en
termes de protection et de débouchés
économiques. Cosa Nostra est entré
dans les “bons salons” où l’on discute
affaires, financement des chantiers et
politiques publiques. Elle y est entrée
par la grande porte en parlant à ses
interlocuteurs d’égal à égal. »
Le concept de « bourgeoisie ma-
fieuse » a été élaboré dès les an-
nées 1970 par des criminologues
qui expliquent la puissance des ma-
fias par leurs liens étroits et leurs
connivences avec les élites sociales,
économiques et politiques auprès
desquelles elles n’ont cessé de ga-
gner en respectabilité et en influen-
ce. Une « zone grise » dans laquelle
elles œuvrent en tant qu’acteur in-
contournable du développement
économique. La direction anti-ma-
fia italienne estime désormais que
la « collaboration » avec les différen-
tes classes dirigeantes ne relève
plus de l’extorsion mais de la com-
modité pour ceux qui s’y soumet-
tent. Le plan de relance européen,
dont l’Italie est la principale bénéfi-
ciaire, est devenu sa priorité.
Rencontrant certains des magis-
trats anti-mafia avant de quitter le
pouvoir, Mario Draghi les avait
avertis. « La crédibilité du pays repo-
se en grande partie sur le fait d’empê-
cher que le moindre doute ne soit
émis sur la possibilité que les ressour-
ces européennes puissent finir dans
les mains des mafias. » Elles mon-
trent déjà patte blanche pour se les
approprier. n

LA
CHRONIQUE
de Pascal Perri
Retraites, un aveuglement bien français
a postvérité est parfois plus a plongé un quart de l’humanité vieillissement, croissance atone, 2. Beaucoup d’entreprises ont un abusé des dispositifs d’accompa-

L efficace que la vérité elle-

même, de la même façon que
le simplisme est plus accessible que
la complexité. Que n’avons-nous
entendu dans le débat autour du
projet de réforme des retraites ?
Que 25 % des pauvres sont déjà
morts à 62 ans, que travailler plus
émet plus de CO2… Marine Tonde-
lier, la nouvelle dirigeante d’Europe
Ecologie Les-Verts qu’on présentait
comme une écologiste raisonnable
veut « une France sans milliardai-
res », là où il faudrait une France
sans pauvres. L’Insoumis François
Ruffin propose de prendre 2 % de la
fortune boursière des très riches
pour financer la retraite à 60 ans. Le
discours sur la punition des riches
fait toujours recette au mépris des
leçons de l’histoire.
Au XXe siècle, l’appropriation des
moyens de production et d’échange
dans la pauvreté et la précarité, mais
comme l’écrit le philosophe André
Senik, la gauche française n’a pas
fait l’examen critique des échecs de
la pensée marxiste. Le « surmoi
marxiste » qui pèse y compris sur la
gauche non communiste « n’a
jamais été affronté de façon expli-
cite comme l’ont fait les socialistes
a l l e m a n d s à B a d G o d e s b e rg
en 1959 ». Les débats sur la réforme
des retraites marquent une nouvelle
étape des impasses idéologiques de
la Nupes, socialistes compris.
Nos voisins européens sont par-
venus à un consensus sur l’âge légal.
En Italie où l’espérance de vie est la
plus élevée, l’âge de départ a été
repoussé à 67 ans ! Le débat sur les
retraites n’est pas un débat de chif-
fres. Tous les éléments du tableau
de bord plaident pour un recul de
l’âge de départ : démographie,
faibles gains de productivité, excès
de prélèvements sociaux sur les
entreprises et les salariés. On peut
prendre le problème dans tous les
sens, il faut travailler plus, en quan-
tité et en qualité. Les chiffres ne lais-
sent aucun doute.
Des responsabilités
partagées
Dès lors, comment se fait-il que
nous ne soyons pas parvenus à
trouver une solution consensuelle ?
Les responsabilités sont partagées.
1. La retraite est perçue comme
l’âge d’or de la vie, alors qu’elle en est
la dernière étape avant la mort ! Plu-
sieurs générations de retraités ont
pleinement profité du système mis
au point en 1945 dont Henri Frenay
disait qu’il « achevait l’œuvre de la
Révolution française ». S’il n’est pas
actualisé, le modèle est compromis.
problème avec les seniors. Le pari
du gouvernement repose sur leur
bonne volonté. Or, dans ces entre-
prises-là, on se débarrasse trop sou-
vent des plus âgés. On ne peut mili-
ter pour la borne d’âge à 64 ans et
chasser les seniors dès que l’occa-
sion se présente, y compris au
moyen d‘un gros chèque.
La gauche française
n’a pas fait l’examen
critique des échecs de
la pensée marxiste.
3. Depuis l’effondrement des
industries traditionnelles dans les
années 1980, la France a renoncé à
une politique industrielle ambi-
tieuse pour se concentrer sur le trai-
tement social du chômage. Elle a
gnement vers la fin de vie profes-
sionnelle. Estimant le combat éco-
nomique perdu, à la différence des
sociaux-démocrates allemands, la
gauche de François Mitterrand a
inventé la préretraite à 52 ans.
4. Peu de gouvernements ont eu
le courage de rappeler le lien entre
quantité de travail et retraite. Le
temps de travail individuel rap-
porté à la population résidente est
très faible en France comme l’a
démontré Hippolyte d’Albis. La lon-
gue série de réforme des retraites
depuis 2003 est un prix indirect à
payer aux 35 heures.
La question n’est pas de savoir si
cette réforme actuelle sera suffi-
sante, la question est de savoir
quand la prochaine sera nécessaire.
Pascal Perri est journaliste
et chef d’entreprise.
IDÉES
analyses
La tech est morte ?
Vive la tech !
Le secteur a souffert en 2022, mais les opportunités
n’y ont jamais été aussi nombreuses et les investisse-
ments continueront d’augmenter cette année.
LA
CHRONIQUE
de Sylvain
Duranton
a tech va mal. Très mal même… si l’on
L en croit les annonces qui s’enchaînent.
Il y a bien sûr le récent scandale FTX et,
plus largement, l’effondrement du mar-
ché des cryptomonnaies, qui a perdu en
un an près de 50 % de sa valeur. Le Nasdaq
a connu, lui aussi, une année difficile avec
une chute de 30 % sur les douze derniers
mois. Même Tesla – l’indéboulonnable icône
des valeurs technologiques – a perdu près
de 70 % l’année dernière.
Ce contexte, qui s’ajoute à un environne-
ment géopolitique chaotique (guerre en
Ukraine, tensions croissantes entre les Etats-
Unis et la Chine) ainsi qu’à une situation éco-
logique et économique complexe (retour de
l’inflation, hausse des taux), rend l’avenir bien
sombre. Et dans la vraie vie, les effets sont tan-
gibles : les géants de la tech ont licencié plus
de 130.000 salariés l’an passé – après, certes,
de longues années de croissance insolente.
Alors, la tech est-elle morte ? Entre-t-on
dans un long hiver de la tech, comme l’intel-
ligence artificielle a pu en connaître il y a
quelques décennies ? Je ne le crois pas et,
pour tout dire, je suis même convaincu
du contraire.
La Generative AI
va tout transformer
Il faut tout d’abord regarder du côté des tou-
tes dernières technologies. Je ne sais pas si
ChatGPT va transformer l’ensemble des
industries et concurrencer nos moteurs de
recherche traditionnels, comme beaucoup le
prédisent. Une chose est sûre : la technologie
sur laquelle s’appuie cet outil – ce que l’on
appelle « Generative AI » – annonce un grand
bouleversement dans l’ensemble des métiers
de la connaissance, du design, de la recherche
et développement, de la création et même
du développement informatique… Et les
investisseurs ne s’y trompent pas. La valeur
d’OpenAI, qui a fondé ChatGPT, a doublé
LE LIVRE
DU JOUR
Gare au fétichisme
des nombres
LE PROPOS Nous mesurons tout : le
temps et la distance évidemment,
mais aussi le nombre de pas que nous
faisons chaque jour, l’inflation, le PIB,
notre QI, les intentions de vote, la
qualité du travail scolaire… Les
chiffres ont envahi notre vie, la
modèlent même souvent, sans que
nous y fassions attention. Tant et si
bien que nous avons tendance à les
trouver objectifs par essence. Il n’en
est rien, les chiffres ne sont pas
ontologiquement neutres, vient nous
rappeler Olivier Martin, auteur d’un
court ouvrage salutaire. En revenant
sur l’histoire de la mesure de toutes
choses, ce sociologue et statisticien
critique le fétichisme des nombres.
D’abord, les chiffres sont en effet
fondés sur des conventions sociales,
qui, elles, bien que leurs concepteurs
cherchent l’objectivité, ne l’atteignent
jamais vraiment. Ensuite, les chiffres,
et particulièrement les statistiques
publiques, « façonnent la société », ils
« participent activement à la
représentation des sociétés », nous
depuis 2021 et atteint aujourd’hui 29 milliards
de dollars. De nombreuses start-up qui utili-
sent cette nouvelle génération d’IA surfent
sur la vague : Jasper et Stability AI ont ainsi
levé 125 et 101 millions en octobre. En 2022, ce
sont près de 1,37 milliard de dollars qui ont été
investis dans cette nouvelle génération d’IA.
Cette technologie n’est pas la seule à attirer
les investisseurs et à faire rêver les marchés.
Le Web3 et la blockchain sont ainsi des tech-
nologies très prometteuses. Les investisse-
ments dans ce domaine se sont maintenus
en 2022, alors qu’ils chutaient de 35 % en
moyenne pour les autres.
Hors la tech, point de salut
Le mois dernier, à l’occasion du lancement
de BCG X, nous avons réalisé une étude
auprès de 2.000 dirigeants mondiaux pour
anticiper leurs investissements dans la tech
et le numérique dans les mois à venir. En dépit
des nombreuses incertitudes qui entourent
les entreprises, ils étaient 60 % à nous confier
qu’ils allaient augmenter leurs investisse-
ments. Mieux, seuls 4 % d’entre eux avaient
prévu de les réduire !
La pandémie a bien montré
que, par gros temps,
il n’y a ni résilience,
ni flexibilité, ni gains
de part de marché
pour les entreprises
les moins avancées
sur le plan technologique.
La raison est simple : la pandémie – cruel
rappel à l’ordre pour beaucoup – a bien mon-
tré que, par gros temps, il n’y a ni résilience, ni
flexibilité, ni gains de part de marché pour les
entreprises les moins avancées sur le plan
technologique. Les nuages s’amoncellent sur
l’économie mondiale et, pour beaucoup
d’entreprises, l’heure est au « rattrapage mas-
sif » et donc aux investissements.
La communauté de la rech devrait passer
une bonne année 2023, du moins je le lui sou-
haite : les opportunités ne manqueront pas !
Sylvain Duranton est directeur monde
de BCG X, l’entité tech du BCG.
explique Olivier Martin. Les chiffres
influencent la réalité. Les acteurs en
tiennent compte et agissent en
fonction. D’où l’intérêt de les
comprendre et d’être capable de les
critiquer.
L’INTÉRÊT L’intention de l’auteur n’est
pas de dire que nous devons nous
passer des chiffres – aucune société
complexe comme la nôtre ne pourrait
les éluder –, mais que nous devons
nous les réapproprier. Cela passe par
comprendre la fabrique du chiffre et
de la statistique.
—Guillaume de Calignon
« Chiffre », d’Olivier Martin.
Editions Anamosa, 96 pages, 9 euros.
La femme qui démissionne
et les hommes qui s’accrochent
En quittant son poste de Première ministre de la Nouvelle-Zélande,
Jacinda Ardern montre que le pouvoir n’est plus sacré. Alors que
les hommes, eux, ont souvent tendance à vouloir y rester à tout prix.
LA
CHRONIQUE
de Jean-Marc
Vittori
es hommes s’accrochent sou-
L vent au pouvoir. Une femme a
choisi de le quitter. Jacinda
Ardern a décidé de ne plus être Pre-
mière ministre de Nouvelle-Zélande. A
42 ans, elle est vidée de toute son éner-
gie, selon ses propres mots : « Je n’en ai
plus assez dans le réservoir. »
Ce n’est pas la première fois qu’un
haut dirigeant quitte le pouvoir sans y
être contraint. Catherine Guillouard,
patronne de la RATP, a démissionné en
septembre dernier pour s’occuper de
ses parents âgés. Le pape Benoît XVI
avait renoncé à son pontificat il y a
dix ans. « La vigueur qui, ces derniers
mois, s’est amoindrie en moi d’une telle
manière que je dois reconnaître mon inca-
pacité à bien administrer le ministère qui
m’a été confié », avait-il invoqué. Mais
ces décisions sont rares. La dernière fois
qu’un pape avait parlé de sa santé pour
justifier son départ, c’était en 1294.
Travail privilégié
Jacinda Ardern n’a certes gouverné
depuis fin 2017 que des îles perdues
dans le Pacifique, comptant moins de
5 millions d’habitants. Sa décision sym-
bolise cependant un monde qui change.
Et montre aussi, en négatif, celui qui
ne change pas.
Son départ montre d’abord que le
pouvoir n’est plus sacré. Il ne mérite pas
que des supposés dieux se tuent à la
tâche. François Hollande voulait être
un président normal. Jacinda Ardern,
elle, veut être une femme normale. « Je
suis humaine. Les politiciens sont des
humains. Nous donnons tout ce que nous
pouvons, aussi longtemps que nous le
pouvons, et ensuite c’est l’heure. Et pour
moi, c’est l’heure. » Ce qui ne l’a pas
empêché d’apprécier son poste : « Diri-
ger un pays est le travail le plus privilégié
que l’on puisse jamais avoir, mais c’est
aussi l’un des plus difficiles », a expliqué
Ardern. Avant de préciser que ce n’est
pas l’origine de sa décision : « Je ne pars
pas parce que c’est dur. Si ça avait été
le cas, je serai probablement partie
deux mois après avoir pris le poste ! »
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
Dans un autre registre, la démission
de la Première ministre symbolise aussi
une époque où le travail ne passe plus
avant tout. Où chacun et chacune
s’efforce de trouver le fameux équilibre
entre vie professionnelle et vie fami-
liale. « J’ai hâte de passer à nouveau du
temps avec ma famille – après tout, de
nous tous, ce sont eux qui ont fait le plus
de sacrifices. »
Des présidents diminués
Ardern était enceinte de sa fille quand
elle est devenue Première ministre. Elle
ne l’a pas vue autant qu’elle l’aurait
voulu, même si elle l’a emmenée à l’âge
de trois mois à New York pour l’Assem-
blée générale des Nations unies afin
de pouvoir continuer de l’allaiter. Dans
le discours où elle a annoncé son
départ, elle lui a fait passer un message :
« Maman a hâte d’être là quand tu
vas commencer l’école cette année. »
Ainsi qu’à son compagnon : « Finale-
ment, marions-nous ! » Son avenir pro-
fessionnel ? « Je n’ai pas de plan. Pas
de prochaines étapes. » D’abord se repo-
ser – ou se re-poser.
Le contraste est saisissant avec ce qui
se passe d’ordinaire en politique. La
norme, c’est de s’accrocher le plus long-
temps possible, dans le droit-fil de la
monarchie où le roi de droit divin
régnait jusqu’à sa mort. La démocratie a
bien sûr changé la donne. En France, des
présidents de la Ve République ont été
sèchement remerciés, comme Charles
de Gaulle, Valéry Giscard d’Estaing ou
Nicolas Sarkozy. D’autres ont toutefois
voulu aller jusqu’au bout de leur mandat
alors qu’ils étaient très diminués, que
leur réservoir était presque vide comme
dirait Ardern : François Mitterrand et
Jacques Chirac. Georges Pompidou, lui,
est mort alors qu’il était en poste.
Glissement vers la dictature
Cette soif de pouvoir éternel a aussi
longtemps marqué les collectivités
locales. A Bordeaux, Jacques Chaban-
Delmas, auréolé de son passé brillant de
résistant, est resté maire pendant qua-
rante-sept ans, laissant la ville dans un
état pitoyable. Idem à Marseille, où
Gaston Defferre régna trente-deux ans
durant.
L’acharnement au pouvoir amène
parfois les gouvernants à changer les
règles de durée des mandats. C’est le
signe infaillible du glissement vers la
dictature, ou de son renforcement. En
12
Reuters/Carlo Allegri
Russie, Vladimir Poutine a fait deux
mandats présidentiels de 2000 à 2008.
Il a ensuite contourné l’interdiction d’en
faire un troisième d’affilée en faisant
élire son Premier ministre, avant de se
présenter à nouveau en 2012.
Puis il a fait changer la Constitution
pour porter le mandat présidentiel de
quatre à six ans, et remettre le comp-
teur du nombre de mandats à zéro
en 2020… ce qui pourrait lui permettre
de rester à la tête du pays jusqu’en 2036,
où il soufflera ses 84 bougies.
Dérives à la Mao
Un autre grand pays a aussi changé
récemment les règles du jeu : la Chine
de Xi Jinping. En 2018, l’Assemblée
nationale a supprimé l’interdiction de
faire plus de deux mandats présiden-
tiels, votée en 2002 pour éviter de nou-
velles dérives à la Mao, qui fut à la tête
du pays durant vingt-sept ans.
Les femmes seraient-
elles moins accrochées
au pouvoir
que les hommes ?
Voilà une raison
de plus d’agir
pour que les femmes
soient plus nombreuses
aux commandes.
Les hommes politiques ne sont pas
les seuls à être soumis à cette tentation.
En entreprise, il y a des règles d’âge au
pouvoir, que des dirigeants tentent sou-
vent de repousser. Ils peuvent bien sûr
avoir d’excellentes raisons, comme un
moment critique de l’entreprise, la
maturité encore insuffisante de la géné-
ration suivante ou le décès brutal du
dauphin formé de longue date. Le plus
souvent, c’est toutefois, comme en poli-
tique, un signal d’alerte.
A en croire l’exemple de Jacinda
Ardern, les femmes seraient-elles
moins accrochées au pouvoir que les
hommes ? Poser la question, c’est sans
doute y répondre. Voilà une raison de
plus d’agir pour que les femmes soient
plus nombreuses aux commandes.
Jean-Marc Vittori est éditorialiste
aux « Echos ».
 13 Les Echos Mardi 24 janvier 2023 IDÉES

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sur planete.lesechos.fr

LE POINT
DE VUE Santé : le poison L’âme de Zadkine dans son atelier
de Frédéric Bizard
de la financiarisation Judith Benhamou EXPOSITION de l’endroit et par la force
@judithbenhamou Ossip Zadkine. des totems en forme de
Une vie d’ateliers corps érigés dans ce par-
Petits mais merveilleux. A Paris, musée Zadkine, cours étroit et sinueux. Le
Paris, deux micromusées jusqu’au 2 avril. propos chronologique
semblent délicieusement zadkine.paris.fr s’ouvre sur le meilleur de
e que nous appelons hasard n’est pression sur les tarifs. Cette dernière La fin de l’histoire d’une telle finan- hantés par l’âme des artis- son œuvre : les sculptures

C et ne peut être que la cause igno-

rée d’un effet connu », disait Vol-
taire. Le scandale Orpea a bien montré
comment le processus de financiarisa-
tion conduisait inexorablement à une
logique financière au détriment de la
santé publique, et souvent à des escro-
queries financières.
Face aux difficultés actuelles de notre
offre de soins dans tous les secteurs, le
risque de voir se généraliser une offre
issue de cette financiarisation n’a
jamais été aussi grand en France. Si on
laisse faire, comme nous l’enseignent
les sciences sociales, les groupes finan-
ciers condamneront toute possibilité de
reconstruction d’un modèle universel
solidaire dans notre pays.
La financiarisation de la santé
consiste en la constitution d’acteurs éco-
nomiques privés importants à partir de
mécanismes de fusion-acquisition qui
visent à maximiser les profits en
accroissant le pouvoir de marché. Cette
financiarisation a été initiée dans le sec-
teur des Ehpad dans les années 2000,
puis dans l’hospitalisation privée, le
dentaire et la biologie médicale dans les
années 2010 et s’étend maintenant à
d’autres secteurs.
Le processus est toujours identique
même s’il prend des formes variables.
Financé principalement par de la dette,
le modèle économique impose de rache-
ter à marche forcée les acteurs existants
afin de prendre un maximum de parts
de marché. Les économies d’échelle per-
mettent de baisser le seuil de rentabilité,
avec le consentement des pouvoirs
publics qui peuvent continuer à faire
accélère la concentration du secteur,
rendant les indépendants incapables de
survivre économiquement. Un oligo-
pole se forme et impose ses critères de
qualité de service, de prix et de pratiques.
Les pouvoirs publics creusent ainsi
eux-mêmes la tombe de leur pouvoir de
régulation. Ainsi, de quelque 4.000
laboratoires de biologie médicale indé-
pendants, le secteur s’est concentré
autour de 6 groupes en dix ans qui
détiennent aujourd’hui près de 80 % de
parts de marché. Le secteur sera rapide-
ment dominé par un ou deux groupes
qui auront le pouvoir de marché
d’imposer leurs règles.
Cette maximisation
sans limite du profit
dans l’exploitation d’un
bien commun conduira
à l’extension du modèle
américain en France.
Le budget 2023 illustre bien cette évo-
lution du rapport de force. Les groupes
se sont opposés, comme simple avertis-
sement pour la suite, contre une baisse
de 250 millions d’euros de leurs tarifs
en 2023. Les retours sur investissement
imposés par les gestionnaires d’actifs
des fonds actionnaires leur imposent
une logique de maximisation du profit
ajustée aux risques, selon la théorie des
marchés financiers, ni plus ni moins. Ils
sont incompatibles avec un modèle
inclusif solidaire.
ciarisation a été conceptualisée par
Hardin en 1968 dans son article sur la
tragédie des biens communs. Cette
maximisation sans limite du profit (de
l’intérêt privé) dans l’exploitation d’un
bien commun conduira à la fin de la
Sécurité sociale au profit de l’assurance
privée, autrement dit l’extension du
modèle américain en France.
Notre système de santé n’aura plus
rien d’universel et se segmentera en au
moins trois blocs : un secteur public
financé par de l’argent public pour la
classe populaire, une offre privée bas de
gamme financée par de l’argent privé
(ou un mix public-privé) pour la classe
moyenne et une offre privée premium
financée par de l’argent privé pour les
plus aisés.
La seule alternative à ce scénario est
la reconstruction d’un modèle univer-
sel de santé à partir d’une offre publique
et privée délivrant un même service
public territorial de santé accessible à
tous. A côté d’un secteur public fort
(dans lequel il faut réinvestir), l’offre pri-
vée doit être très majoritairement la
propriété des professionnels de santé, à
qui il faut favoriser l’accès au capital
pour qu’ils restent propriétaire de leur
outil de travail et qu’ils le modernisent.
Enfin, une répartition claire des rôles
entre les acteurs de la régulation est
aussi indispensable pour éviter les
effets connus d’une cause de moins en
moins cachée.
Frédéric Bizard est professeur
d’économie à l’ESCP
et président de l’Institut Santé.
tes qui ont occupé les lieux car c’est là qu’ils
travaillaient. Les espaces ont été peu tou-
chés depuis leur illustre occupation. Le
musée Delacroix est situé à Saint-Germain-
des-Prés, à l’endroit où le père de « La Mort
de Sardanapale » s’installa à la fin de sa vie
pour être plus proche de son grand chantier
de l’église Saint-Sulpice. Le sculpteur d’ori-
gine russe Ossip Zadkine (1890-1967) eut
pour sa part un atelier de 1928 à 1967, rue
d’Assas. Un petit musée lui rend hommage
avec son joli jardin.
Dès qu’il est arrivé à Paris, en 1909, le
Russe a toujours vécu dans le quartier de la
bohème, Montparnasse. Zadkine est certai-
nement l’artiste le plus présent dans
l’espace public parisien avec trois bronzes,
au 45 quai d’Orsay, au 232 boulevard Ras-
pail et place Saint-Germain-des-Près. Pour-
tant, son travail, d’abord marqué par un
cubisme virtuose et sensuel, est relative-
ment oublié.
Le musée qui porte son nom célèbre jus-
qu’au 2 avril ses quarante ans d’une manière
simple et efficace avec une centaine de
sculptures liées à des photos de l’artiste en
situation, plus quelques œuvres de son
épouse, elle-même peintre, Valentine Prax
(1897-1981). On est emporté par le charme
sur bois. A même le tronc, Zadkine fait sur-
gir des corps de femmes qui semblent
encastrés dans la matière comme dans sa
« Vénus cariatide » de 1919 en bois de poi-
rier, ou en 1925 dans son sublime « Torse
d’hermaphrodite », en bois de poirier.
Cousinage avec Modigliani
Son travail évoque clairement Modigliani.
Commentaire du catalogue : « On peut se
demander quel jeu d’influences s’est mis en
place au milieu de l’effervescence artistique
du Montparnasse de cette époque. » Comme
Modigliani aussi, Zadkine vit dans une
grande pauvreté et la pierre, matériau coû-
teux, est alors encore rare dans sa produc-
tion. Plusieurs têtes de granit qui oscillent,
dans ces années-là, entre cubisme et inspi-
rations des arts primitifs (telle sa « Tête de
jeune fille » de 1914, du musée de Grenoble)
sont ici révélées accompagnées de photos
de l’artiste dans ses différents ateliers.
Après les années 1930, le succès arrive et
le dessin de ses œuvres en trois dimensions
devient plus complexe, mais aussi moins
efficace. Pourtant, ponctuellement il
revient à ses torses allongés et épurés,
comme en 1956 dans « Torse violoncelle »
en ébène gravé. D’une grande beauté. n

LE POINT
DE VUE Entreprendre, c’est
de Léonidas Kalogeropoulos
et Virginie Saks croire en la France ! Le sculpteur Ossip Zadkine posant dans le jardin de la rue d’Assas,
à côté de la « Femme à l’oiseau » (1931). Photo ADAGP/Musée Zadkine/Paris Musées

omment se fait-il que tant d’in-
C tellectuels et de chroniqueurs se
délectent dans la dissection
minutieuse de toutes les facettes d’un
prétendu naufrage français, tandis que
tant d’investisseurs et d’entrepreneurs
se précipitent depuis le monde entier
pour investir dans notre pays, nos entre-
prises et nos territoires, pour nous ravir
nos talents réputés solidement formés,
pour parier en Bourse sur les grands
noms français du luxe, de la joaillerie ou
de la gastronomie, qui incarnent sur
tous les continents le summum de
l’excellence et du raffinement mondial ?
A tous ceux frappés de déréliction, il
convient de rappeler qu’entreprendre,
c’est investir, donc croire en l’avenir de
l’environnement collectif au milieu
duquel on prend le risque de bâtir, de
faire prospérer ses projets et son épar-
gne. A cette aune, la France est une terre
d’avenir, de promesses et d’espoirs dont
les ressorts échappent manifestement à
tous ceux qui ne lui prédisent que la
débâcle.
En effet, malgré le Covid, l’inflation, la
crise énergétique et la guerre en Europe,
la France continue de créer tous les
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »
24 % des nouvelles sociétés. Les licor-
nes, ces entreprises valorisées à plus
d’un milliard d’euros, sont passées de
3 en 2019 à 26 cette année, traduisant le
dynamisme de notre écosystème finan-
cier, avec près de 800 levées de fonds
pour 11 milliards d’euros… des chiffres
qui amènent JP Morgan à prédire que la
France est appelée à devenir la locomo-
tive de la croissance européenne dans
les prochaines années.
Pendant que certains
d’entre nous se délectent
du « naufrage français »,
une foule d’investisseurs
se précipite depuis
le monde entier pour
investir dans notre pays.
Quelle est donc cette foi traduite dans
la volonté de prospérer en France, que
les intellectuels ne ressentent pas ? Peut-
être faut-il prendre en main une part du
destin commun – ce sens premier de ce
magnifique mot français, « entrepren-
geant leurs ambitions, et dont l’enthou-
siasme leur fait ressentir qu’ils par-
ticipent à l’élan commun de leur pays.
Le plébiscite de tous les jours,
qu’Ernest Renan définit comme le
ciment de la nation, s’exprime davan-
tage désormais par l’acte d’entrepren-
dre dans le territoire en lequel on croit,
plutôt que par le seul bulletin de vote.
Les réseaux multiples qui se mobilisent
pour enrôler dans cette nouvelle forme
de citoyenneté entrepreneuriale des
milliers de jeunes de toutes origines font
davantage pour la réussite d’un idéal
français réenchanté que tant d’intellec-
tuels ressassant avec nostalgie un
modèle pompidolien révolu.
Ces nouvelles voies de la citoyenneté
permettent à la France de rester fidèle à
sa promesse d’émancipation par le
savoir, les talents et le travail, pour que
chacun, sans aucune exclusive, ait sa
chance de réussite dans une société du
mérite. Puissent tous ceux qui se sen-
tent concernés par l’avenir de notre pays
s’évertuer à rechercher des solutions,
plutôt que d’écorner tous les matins
l’idéal de notre nation. Pour surmonter
leurs doutes, il leur suffit de retrouver au
La « Ronde » vertigineuse
de Johanny Bert
Philippe Noisette THÉÂTRE suggestifs, la bande-son,
@NoisettePhilip1 La (Nouvelle) Ronde créée en live par Fanny Las-
de Johanny Bert. fargues, atmosphérique.
« La Ronde » n’a jamais ces- Paris, Théâtre de la Ville Sur un tapis déroulant – bel
sé de fasciner les créateurs (Abbesses), effet cinématographique –,
de tout poil. Publiée en 1903, jusqu’au 28 février. les scènes de genre s’enchaî-
jouée en 1920, la pièce d’Ar- Puis en tournée en France. nent, dépliant un éventail de
thur Schnitzler trouvera petits arrangements avec le
son public, récoltera des procès, se déclinera sexe. Qu’il s’agisse de perdre sa virginité,
au cinéma. Le compositeur Philippe assumer ses fantasmes, s’inventer un corps.
Boesmans en tirera un opéra, sur un livret « La (Nouvelle) Ronde » évite l’écueil du
écrit par Luc Bondy, le chorégraphe Boris simple catalogue (dé) raisonné d’images
Charmatz en fera une chorégraphie de plu- pour placer le jeu des marionnettes – et de
sieurs heures donnée au Grand Palais confi- leurs manipulateurs – au centre de l’affaire.
né. Johanny Bert, à son tour, s’empare du Certaines scènes sont virtuoses, comme
procédé, une variation en dix séquences où cette boîte de nuit en folie ou cette rencontre
chaque protagoniste d’un couple apparaît entre les figurines et un (vrai) homme. Bert
dans la variation suivante pour former une renverse alors le rapport de force entre le
ronde de situations. Les mots de Schnitzler manipulateur et le manipulé. Il y a égale-
sont ici supplantés par un nouveau texte si- ment beaucoup d’amour dans cet objet
gné Yann Verburgh, percutant et plein d’es- vivant non identifié. De Maya jusqu’à Léo/
prit. La Vienne de la fin du XIXe siècle laisse la Léa, les premiers personnages en scène, la
place à un horizon ultra-contemporain, thé- boucle finit par se boucler dans un élan poé-

mois des emplois par dizaines de mil-
liers, soit près d’un million depuis 2019.
C’est en France que les investisseurs
internationaux choisissent en premier
d’installer leurs projets – 1.200 cette
année –, devant tous les autres pays
européens, soit un bond de 24 %. En un
an, plus d’un million de nouveaux entre-
preneurs se sont lancés dans l’aventure,
avec un bond en avant exceptionnel de
dre », littéralement « prendre en main »
– pour y trouver sa place ; entreprendre
comme un acte non pas économique,
mais de citoyenneté, cette volonté de
créer de la richesse, c’est-à-dire dévelop-
per des solutions pour relever les défis
communs, parce que l’intérêt général
n’est pas un monopole d’Etat ! Aucune
parole n’est plus empreinte de patrio-
tisme que celle des entrepreneurs parta-
plus profond d’eux-mêmes cet inépui-
sable trésor qui saura leur insuffler la
force du sursaut : l’amour de la France.
Léonidas Kalogeropoulos dirige
le cabinet Médiation & Arguments
et a fondé la plateforme des
Entrepreneurs pour la République.
Virginie Saks dirige
le cabinet Compagnum.
âtre miniature des sentiments et des désirs.
Boîte de nuit en folie
Johanny Bert retrouve les marionnettes qu’il
affectionne pour décrire ces nouveaux dis-
cours amoureux. C’est souvent cru. Pas sim-
plement dans l’air du temps. Polysexualité,
transidentité, asexualité, cette « (Nouvelle)
Ronde » ne s’embarrasse pas de préjugés.
Les poupées sont assez réalistes, les décors
tique et politique. Enfin, l’humour sert sou-
vent d’exutoire, manière de mettre la salle
de son côté.
Après « HEN », son cabaret dégenré
bientôt repris un mois au Théâtre de l’Ate-
lier à Paris, Johanny Bert continue sa course
folle. Il apporte un souffle nouveau au théâ-
tre, accompagné par une magnifique trou-
pe à l’unisson. Leur « Ronde » n’a pas fini de
tourner. n
 IDÉES Mardi 24 janvier 2023 Les Echos 14

prospective

Design : outil stratégique CLIMAT // Sous la pression du consommateur et du législateur, les entreprises devront vérifier plus
ou commodité ? précisément l’origine des produits de base. Balise, ADN… de nouvelles techniques sont explorées.

LA
Le big bang de la traçabilité
CHRONIQUE
de Jean-Louis Fréchin
Jacques Henno
@jhennoparis
Dates clés duit qu’ils achètent. « Nos clients peuvent
scanner un QR Codes présents sur tous nos
Mais les informations entrées dans la
base de données sont-elles exactes ? Com-
produits : ils arrivent sur un site Internet où, ment s’assurer que le lot de coton ou de café
n septembre 2022, le français Carre- •Selon
Janvier 2021 après avoir entré le numéro du lot, ils accè- utilisé dans l’élaboration du produit final

elon la dernière étude de l’organisation

E four avait interrompu ses approvi-
sionnements en bœuf provenant de
deux abattoirs amazoniens : à la suite d’une
la Commission
européenne, la moitié
des bonnes pratiques
dent à la liste des matières premières, leur ori-
gine, leur utilisation, la date de fabrication du
produit, son suivi logistique… » détaille
provient bien de l’exploitation indiquée
dans la blockchain, par exemple, et non
d’une parcelle issue de la déforestation ?

S professionnelle Designer interactif, le métier

de designer numérique est désormais très
valorisé dans les entreprises et récompensé par
des salaires élevés. Cette reconnaissance s’observe
dans les start-up. L’étude montre notamment que
la demande des entreprises se concentre sur des
profils très seniors, plutôt généralistes, avec une
vision claire sur les produits. Paradoxalement,
pendant que la France comble son retard en
la matière, le design numérique dans le reste
du monde tend à devenir une commodité, aux
méthodes standardisées, aux réponses identiques,
structurées par des approches appliquées sans
distinction selon les utilisateurs, qu’il s’agisse
de clients ou de citoyens. Les designers gèrent et
dessinent le présent. Les interfaces standards qu’ils
proposent seront facilement reproductibles, voire
« produisibles », par des IA. Pour offrir une réelle
valeur ajoutée, le marché du design doit entrer dans
une consolidation à la fois sur la nature des profils,
des prestations et des ambitions. Pour être créateur
de valeur, le design numérique doit porter de
nouvelles propositions alternatives, du design
avancé, des inspirations artistiques ou des
recherches sur le futur des produits, des interfaces
et des interactions numériques. Si l’on souhaite
répondre aux enjeux économiques, écologiques
et sociaux, le design doit proposer des alternatives
culturellement différentes, élégantes, désirables et
utilisables. Le design n’est-il pas né en Europe ? Pour
cela, les écoles et centres de formation vont devoir
cesser de former des profils UX centrés sur des
approches utilisateurs caricaturales. Les écoles
nationales vont devoir embrasser totalement le
numérique, et former les dirigeants d’entreprise au
design contemporain. Alors peut-être, celui-ci sera
à la hauteur de ce qu’il peut réellement apporter.
Pour être utile pour la société et les entreprises,
le design et les designers devront valoriser leurs
capacités à anticiper, à domestiquer, à imaginer
et à socialiser les technologies, afin d’en révéler
les potentiels ou les limites grâce à des capacités de
réflexions, de visions, mais également des actions,
non pas en tentant de ressembler à l’entreprise,
mais en faisant tout pour la faire progresser.
Jean-Louis Fréchin est directeur de l’agence
Nodesign, chroniqueur aux « Echos ».
enquête de trois associations, son fournis-
seur, JSB, la plus grande entreprise de
viande au monde, avait admis avoir acheté
près de 9.000 bovins à « l’un des plus grands
environnementales
affichées par certaines
entreprises sur leur site
Web ne sont pas
déforesteurs du Brésil ». Quelques mois plus étayées.
tard, c’était au tour du groupe allemand Bei-
ersdorf, propriétaire de la marque Nivea, de
• Mars 2022
Proposition de règle-
suspendre ses achats d’alcool neutre, utilisé ment européen en
dans la fabrication de cosmétiques, auprès faveur de produits plus
de Nova Era Bioenergia : cette société brési- circulaires et durables
lienne est accusée par les autorités locales • Septembre 2022
de travail forcé sur des coupeurs de cannes Volonté d’interdiction
à sucre. « En lisant cette information, j’ai eu des produits issus
très très peur que nous ne soyons clients indi- du travail forcé sur
rects de Nova Era Bioenergia », confie, sous le le marché de l’UE
sceau de l’anonymat, le responsable des
achats monde d’un groupe alimentaire
• Décembre 2022
Accord autour de
français. Mais comment une entreprise de l’adoption d’un règle-
Lille ou de Berlin peut-elle avoir l’assurance ment « chaînes
que son fournisseur respecte, même au fin d’approvisionnement
fond du Brésil, les lois européennes sur la zéro déforestation »
déforestation ou le travail forcé ? Grâce à la
traçabilité, peut-être…
• 1er janvier 2023
En France, les grandes
Cette réponse comporte bien sûr une enseignes de textile
dimension marketing : les consomma- doivent indiquer les
teurs, de plus en plus sensibles au thème du pays de réalisation des
développement durable, souhaitent con- principales opérations
naître toute la chaîne d’élaboration du pro- de fabrication.
Suivi des espèces menacées
Le « biologging » consiste à recueillir des données en installant
des balises équipées de capteurs sur des animaux libres de se
déplacer dans la nature. Le suivi des espèces exploitées (thon
rouge, espadons…) permet de mieux connaître l’habitat et
l’évolution de ces populations, et donc d’améliorer la gestion
durable de ces ressources. Les informations recueillies sur les
espèces menacées (tortues marines, certains marlins…) débou-
chent, elles, sur de meilleures règles de protection. Problème :
les balises sont sophistiquées et coûtent entre 3.500 et
4.500 euros pour une marque résistant à la mer, équipée d’une
transmission satellite, capable de se détacher toute seule au
bout d’un certain temps. « En travaillant sur l’électronique, sur
de nouvelles solutions de marinisation, de largage, de transmis-
sion… nous espérons diviser les coûts par dix : nous devrions
déployer une centaine de prototypes d’ici à deux ans », explique
Serge Bernard, chercheur CNRS au Laboratoire d’informati-
que, de robotique et de microélectronique de Montpellier.
Carole Juge Llewellyn, PDG et fondatrice de
Joone, qui propose des produits d’hygiène
et de cosmétiques les plus bio possible. Mais
la traçabilité permet aussi de respecter les
législations, de plus en plus nombreuses,
obligeant à un minimum de vigilance dans
le domaine de l’écoresponsabilité.
En décembre dernier, les instances euro-
péennes ont conclu un accord pour l’adop-
tion prochaine d’un règlement relatif aux
chaînes d’approvisionnement « zéro défo-
restation ». « Les entreprises devront recou-
rir aux meilleures pratiques du marché pour
connaître l’origine de leurs produits de base et
ainsi s’assurer qu’ils ne proviennent pas
d’une zone “déforestée” », explique un fonc-
tionnaire de la Commission européenne.
Dans un premier temps, seuls l’huile de
palme, les bovins, le soja, le café, le cacao, le
bois et le caoutchouc, ainsi que leurs pro-
duits dérivés (viande de bœuf, mobilier…)
seront concernés. « Il s’agit des produits
ayant le plus d’impact sur la déforestation »,
justifie le fonctionnaire européen. Pour
chaque lot, l’importateur devra indiquer les
produits et quantités transportés, le pays
d’origine et la géolocalisation de toutes les
exploitations agricoles ou forestières liées à
cette cargaison.
Croiser les informations
Reste une question : la traçabilité est-elle fia-
ble ? L’utilisation de plus en plus fréquente
de blockchains permet de garantir l’inté-
grité des données. « Notre technologie acces-
sible en flashant un QR Code en forme de dia-
mant présent sur les produits, permet aux
consommateurs de visualiser facilement les
informations d’une marque et de ses produits,
stockées sur une blockchain basse consom-
mation : engagements, traçabilité des pro-
duits, preuves de leur écoconception… » expli-
que Philippe Guguen, créateur, à Marseille,
de Sorga Technology. Cette application,
développée à partir de brevets du CNRS et en
partenariat avec une autre société mar-
seillaise, KeeeX, permet ainsi aux marques
de préparer les DPP (digital product passe-
port), qui seront obligatoires sur certains
produits à partir de 2024 en Europe.
Des audits sur place sont possibles mais
coûteux. « Nos deux ingénieurs agro et moi
visitons une à deux fois par an la quinzaine de
coopératives qui, à travers le monde, nous
fournissent quelque 8.000 tonnes de café »,
explique Jean-Pierre Blanc, directeur géné-
ral des cafés Malongo.
Des sites Internet
comme Google,
Copernicus, Global Forest
Watch ou Planet
permettent d’accéder
aux photos satellites
des parcelles et de vérifier
si elles sont issues
de la déforestation.
Le croisement des informations consti-
tue une solution plus économique, en tout
cas pour les autorités de contrôle. « Bien
que, comme dans toute législation, il y ait
toujours un risque de fraude, cela deviendra
plus compliqué avec les outils que nous
avons mis en place dans le nouveau Règle-
ment », poursuit le fonctionnaire de la
Commission européenne. Des sites Inter-
net comme Google, Copernicus, Global
Forest Watch ou Planet permettent d’accé-
der aux photos satellites des parcelles et de
vérifier si elles sont issues de la déforesta-
tion. A partir des rendements moyens des
cultures, il est possible de calculer la pro-
duction annuelle d’une exploitation et de
repérer les lots suspects provenant trop
souvent du même endroit…
Enfin, des technologies existent déjà
pour identifier une matière première dès
son origine, ou presque. « Depuis 2017, nous
avons progressivement introduit un produit,
mis au point par un partenaire de développe-
ment – je ne peux pas en dire plus –, dans nos
différentes familles de fibres textiles issues de
la pâte de cellulose : ce traceur physique déli-
vre une empreinte chimique certifiant que les
vêtements finaux utilisent nos fibres et res-
pectent donc l’environnement », explique
Florian Heubrandner, vice-président de

o l’activité textile mondiale du groupe autri-

chien Lenzing, leader mondial des fibres
L’INVENTION cellulosiques à base de bois.
Le groupe allemand Continental teste
depuis bientôt trois ans une poudre, mise
Le drone qui protège au point par la société israélienne Security
Matters pour tracer le caoutchouc, depuis
les éoliennes de la foudre la récolte du latex, dans des godets sur le
tronc des hévéas, jusqu’au pneu final. « Cette
technologie de marquage résiste à toutes les
l s’appelle Volta, et il porte bien son nom. étapes de la transformation du caoutchouc.

I C’est le premier drone au monde capable d’aller

inspecter les éoliennes pour vérifier qu’elles
résisteront à un orage violent. Comme un clocher
d’église, toute éolienne est en effet son propre
A l’aide d’appareils de lecture spéciaux et
d’un logiciel développé, il est possible de lire les
informations sur le caoutchouc naturel et, à
tout moment, de déterminer précisément son
paratonnerre, grâce à un chemin de foudre origine », explique Michael Radke, chargé
qui conduit le courant électrique jusqu’au sol. des achats anticipés et de l’approvisionne-
Dans le cas inverse, et si la résistance est trop forte, ment responsable chez Continental.
le courant, qui peut atteindre une intensité de A plus long terme, l’analyse des traces
30.000 ampères, peut abîmer les pâles. Jusqu’à d’ADN des microbes associés à certains pro-
présent, seuls des cordistes étaient capables d’aller duits pourrait permettre d’identifier leur
à plus de 100 mètres de hauteur mesurer avec un origine géographique et leur mode de cul-
appareil la résistivité électrique au bout de chaque ture, bio ou non. « Pour le café, nous sommes
pale. Volta, piloté depuis le sol, s’en charge désormais descendus au niveau des différentes régions
en touchant avec une perche le capteur, dont la taille de production dans un même pays ; pour le
n’excède pas celle d’une pièce de monnaie. « Le drone sel de mer, nous pouvons faire la différence
étant relié au sol par un fil, cela permet de créer une entre le sel de Guérande, de Noirmoutier ou
boucle électrique afin de mesurer la résistivité grâce à de Camargue », s’enthousiasme Jean-Chris-
un ohmmètre branché en bas de l’éolienne. L’opération tophe Meile, chercheur, spécialiste de la
Dessin Mailys Glaize pour « Les Echos »

prend trente minutes quand il fallait trois heures à
un cordiste », explique Sébastien Arnould, fondateur
de SupAirVision. L’ambition est désormais de
s’attaquer à un marché de plus de 300.000 éoliennes
sur lequel la réglementation change. Les assureurs
exigent désormais, comme en Allemagne, que ce
contrôle soit effectué tous les deux ans. La start-up
travaille donc à automatiser son drone. D’ici
à l’année prochaine, Volta devrait être capable
de se passer du pilote. —Frank Niedercorn
microbiologie des aliments au sein du Cen-
tre de coopération internationale en
recherche agronomique pour le développe-
ment, financé par les ministères des Affai-
res étrangères et de l’Enseignement supé-
rieur. Il ne s’agit pour l’instant que d’une
preuve de concept, en laboratoire : une
baisse des coûts et de la durée de ces analy-
Le groupe allemand Continental teste depuis trois ans une poudre, mise au point par la société israélienne ses sera nécessaire avant toute application
Security Matters pour tracer le caoutchouc, de la récolte du latex jusqu’au pneu final. Photo Shutterstock industrielle. n
15 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
enquête
Gianni Agnelli (au centre) en compagnie de ses petits-fils, Lapo (à gauche) et John (à droite), et de Jean Todt au Grand Prix de Monaco en 1999. Photo Olympia/Sipa
Pierre de Gasquet
@PierredeGasquet
’esprit de l’« Avvocato » souffle enco-
L re sur Turin. Son petit-fils ne porte
pas son nom, mais s’il reste aujour-
d’hui un Agnelli à part entière, c’est bien lui.
Vingt ans après avoir hérité de la lourde tâ-
che de remettre sur les rails l’empire Fiat,
John Elkann, 46 ans, croit plus que jamais
aux vertus du capitalisme familial. Une fa-
çon de revendiquer l’héritage spirituel de
son grand-père Giovanni Agnelli, figure cen-
trale et unique du capitalisme italien, ami de
John Kennedy et européen convaincu, qui
aura « régné » sur une grande partie de la vie
économique et sociale de la Péninsule pen-
dant quarante ans. Une manière, aussi, de
relativiser les querelles familiales récurren-
tes sur l’héritage patrimonial de celui-ci.
« J’ai toujours admiré le courage de mon
grand-père », confie aujourd’hui John El-
kann. « Courage de trouver une solution, lors-
qu’il a perdu son père à l’âge de 14 ans, de par-
tir comme volontaire à la guerre, d’investir
dans Fiat avec sa famille, dans la période de
reconstruction avec Vittorio Valletta, puis
quand il a choisi de rester durant la saison du
terrorisme des “années de plomb”, ou lors-
qu’il a affronté la période difficile [du scanda-
le de corruption italien] Tangentopoli dans
les années 1990 ».
Vingt après la disparition du patriarche,
emporté par un cancer, à peine un an avant
son frère cadet Umberto, John Elkann reste
frappé par le parallélisme entre la ténacité
de Gianni Agnelli en son temps, et sa propre
décision de réinvestir dans Fiat, dans un cli-
mat général de scepticisme, « au moment où
personne n’y croyait » : « S’il y a un exemple
qu’il m’a donné, c’est d’avoir toujours assumé
ses responsabilités, dans les moments difficiles
et malgré les hauts et les bas qu’il a traversés. »
Le rêve de l’Avvocato
Deux ans après la naissance, le 17 janvier
2021, du quatrième groupe automobile
mondial, dont il a pris la présidence, John
Elkann estime s’inscrire dans la droite ligne
de l’Avvocato. De fait, depuis le début de sa
présidence en 1966, Gianni Agnelli n’a eu de
cesse de chercher à nouer des alliances avec
la France et les Etats-Unis, deux pays avec
lesquels il pensait que Fiat avait le plus d’af-
finités. Tour à tour, il a essayé successive-
ment de se rapprocher de Ford, Citroën,
Chrysler, GM, Renault, Peugeot…
Ironie du destin, plus de quarante ans
après le véto du général de Gaulle à la fusion
Fiat-Citroën, ardemment souhaitée par
Gianni Agnelli en 1968, la firme fondée par
André Citroën fait aujourd’hui partie des
quatorze marques du groupe Stellantis.
Mieux : John Elkann estime avoir pleine-
ment rempli l’objectif de consolidation fixé
par son grand-père, d’abord avec la reprise
Stellantis, presse, football :
les confessions de John Elkann
ITALIE // Vingt ans après la disparition de Gianni Agnelli, son petit-fils, président de Stellantis, se penche
sur son héritage dans un entretien exclusif aux « Echos ». Il entend rester fidèle au renforcement de l’axe
franco-italien et à l’atlantisme de l’« Avvocato », comme le montre, à ses yeux, la naissance de Stellantis.
de Chrysler et la naissance de FCA, puis grâ-
ce à la fusion avec PSA.
En 2003, année de la disparition de l’Av-
vocato, Fiat représentait 22 milliards d’eu-
ros de chiffre d’affaires, quatre marques
(Fiat, Alfa Romeo, Lancia et Ferrari) et
49.000 salariés. Sur les neuf premiers mois
de 2022, Stellantis a engrangé 130 milliards
d’euros de chiffre d’affaires avec 14 marques
et 280.000 salariés.
« D’abord avec FCA, puis avec Stellantis,
nous avons réalisé le projet de mon grand-pè-
re », se félicite John Elkann. « Son objectif
était d’avoir la taille pour pouvoir s’engager
dans la compétition au niveau global. Il serait
très orgueilleux de voir aujourd’hui la réalité
de Stellantis et de voir comment, avec la fa-
mille Peugeot à nos côtés comme actionnaires
de référence, et Carlos Tavares à la direction
générale, nous nous sommes engagés à cons-
truire une “mobile tech company”, leader
mondial de la mobilité durable. » Quant au
transfert du siège du groupe à Amsterdam,
John Elkann y voit une évolution logique de
la vie des multinationales, sans risque ma-
jeur pour le maintien de l’« italianité » de
Fiat. « L’ensemble des sociétés liées à leur ter-
ritoire (Peugeot, Citroën, Fiat, Jeep, Ram…)
sont beaucoup plus fortes en faisant partie de
« L’objectif [de Gianni
Agnelli] était d’avoir
la taille pour pouvoir
s’engager dans la
compétition au niveau
global. Il serait très fier
de voir aujourd’hui
comment nous nous
sommes engagés
à construire un leader
mondial de la mobilité
durable. »
la même famille Stellantis. Les Pays-Bas sont
un pays qui a toujours favorisé les multina-
tionales. Les marques que nous contrôlons
sont vibrantes grâce à leur appartenance à
Stellantis et au respect de leur identité. »
Les vertus du capitalisme familial
Pas question de rompre le lien historique
entre la dynastie turinoise et l’auto. « Les en-
treprises, anciennes ou récentes, sont d’essen-
ce familiale », aimait à répéter l’Avvocato.
Deux ans après la fusion franco-italienne
qui a donné naissance au groupe Stellantis
dirigé par Carlos Tavares, John Elkann reste
plus que jamais convaincu des vertus du ca-
pitalisme familial. « En termes de valeur,
toutes les études montrent que les entreprises
familiales ont fait mieux que les autres depuis
l’après-guerre, en termes de profitabilité, de
croissance et d’investissements ou de créa-
tions d’emplois », estime le président de Stel-
lantis. « Certes, il y a des aspects négatifs liés
au népotisme ou aux difficultés en cas de liti-
ges familiaux. Mais ces problèmes sont mi-
neurs par rapport aux avantages », minimi-
se John Elkann. Pour lui, bien que la part de
la holding des Agnelli, Exor, ait été diluée
dans le capital de Stellantis où il reste le pre-
mier actionnaire à 14,4 %, devant la famille
Peugeot (7,2 %), « Stellantis garde de fortes
racines familiales au même titre que Ferrari,
ou l’Institut Mérieux où notre holding Exor a
pris 10 % du capital ».
Sur le plan des idées, John Elkann ne voit
aucune ambiguïté entre l’atlantisme reven-
diqué de Gianni Agnelli et ses convictions
d’Européen convaincu de la première heu-
re. « Pour lui, il n’y avait absolument pas
d’oppositions entre ses positions d’Européen
convaincu, qui avait vécu les deux guerres
mondiales, et son admiration pour l’Améri-
que. Il était convaincu que l’Atlantisme était
un rapport constructif, sain et fort, très positif
pour l’Europe et les Etats-Unis pour affronter
les relations avec le reste du monde. »
Quant à sa francophilie, ce grand admira-
teur de Jacques Delors, Valéry Giscard d’Es-
taing et Georges Pompidou en a toujours
fait une des axes forts de son agenda per-
sonnel et industriel. Ce n’est pas un hasard si
Gianni Agnelli avait voulu participer à la
création de Danone, ou devenir l’actionnai-
re de référence du Club Med, à travers Ifil,
ou Château Margaux à travers Exor… « Il di-
sait volontiers que la France était une part de
lui-même, se souvient John Elkann. Il voyait
comme un rapport structurel et structurant
l’axe italo-français. Il serait très fier aujour-
d’hui du traité du Quirinal qui donne un ca-
dre institutionnel à ce rapport. » Du reste,
son intérêt pour la France s’est manifesté
dans un autre de ses domaines de prédilec-
tion : la sphère des journaux. Propriétaire et
éditeur historique de « La Stampa », il n’a
pas hésité à renflouer « Le Monde » quand
la nécessité s’est fait ressentir. « Tout comme
il a aidé le “Corriere della Sera” » par deux fois
en Italie, il a participé à plusieurs reprises aux
augmentations de capital du quotidien “Le
Monde” » pour lui permettre de préserver son
indépendance. C’est un autre lien dans cette
grande histoire d’amour avec la France », es-
time John Elkann.
Editeurs « purs » et « non purs »
Véritable boulimique d’informations, c’est
bien connu : l’Avvocato dévorait littérale-
ment la presse du monde entier chaque ma-
tin. « Il avait une profonde estime pour les
journalistes et le métier du journalisme. Il
était très fier d’être éditeur car il croyait dans
la liberté de la presse et il pensait que le qua-
trième pouvoir était vital et devait être vivace
pour le bon fonctionnement du monde démo-
cratique. » Là encore, John Elkann revendi-
que une forme de continuité. « En vingt ans,
nous avons fait deux choses dont il serait fier :
nous avons préservé “The Economist”, un de
ses titres préférés, dont nous sommes devenus
le principal actionnaire. Et en Italie, nous
avons participé à la consolidation de la pres-
se, à travers le contrôle de Gedi [« La Repub-
blica, « La Stampa »…], le plus important
groupe de presse italien dans le numérique,
l’information et les loisirs », ajoute le prési-
dent d’Exor. Quant à la délicate question de
l’indépendance éditoriale des médias, John
Elkann balaye le risque : « L’expérience
prouve que les soi-disant éditeurs “purs” finis-
sent par pratiquer l’ingérence plus que les soi-
disant éditeurs “non purs” », estime-t-il.
Cent ans de Juventus
Reste l’épineuse question de la Juventus, le
club de foot historique des Agnelli, aujour-
d’hui dans la tourmente. Début décembre, le
cousin de John Elkann, Andrea Agnelli, a dû
démissionner de son siège de président, en
même temps que onze autres dirigeants du
club, soupçonnés de « fausse comptabilité ».
Loyauté oblige : malgré ces turbulences, le
patron d’Exor n’est pas près de renoncer à
l’une des « fortes passions de son grand-père ».
« Mon grand-père
disait volontiers
que la France était
une part de lui-même. »
« Andrea reste un actionnaire de notre
groupe familial Giovanni Agnelli, où il siège
au conseil. Il a accompli un travail très impor-
tant comme président de Juventus depuis dix
ans. Il a décidé avec le conseil de la société de
faire un pas en arrière pour mieux se défendre
d’une série d’accusations qui, à ce jour, n’ont
nullement été prouvées. Il veut bien conclure
ce chapitre de sa carrière et examine ses op-
tions », souligne John Elkann, en rappelant
que la dynastie turinoise va célébrer cette
année les cent ans de propriété de la Juven-
tus. « C’est un lien fort qui a résisté à diverses
crises au cours de son existence », ajoute-t-il.
L’auto et le foot restent deux piliers à Tu-
rin. « Nous faisons la course avec Detroit,
mais Rome ne peut pas rivaliser avec Wa-
shington », avait confié, un jour, Gianni
Agnelli au chroniqueur italien Enzo Biagi.
« Aujourd’hui, nous sommes à Detroit », sa-
voure son dauphin. n
« Hommage à la bande dessinée » par Maxime Mouysset pour « Les Echos »

DERNIÈRE HEURE

La solitude touche 18 ans de réclusion Otan : la Turquie Expulsions

11 millions de requis contre hausse le ton d’ambassadeurs
L’ÉDITORIAL personnes en France Jonathan Geffroy contre la Suède russes
DES « ÉCHOS » SOCIAL – Quelque 11 mil- TERRORISME – Une peine EUROPE – Le président turc, DIPLOMATIE – La Lettonie

Inflation, saison 2 ' lions de personnes

en France, soit 20 % des plus
' de 18 ans de réclusion crimi-
nelle a été requise lundi
' Recep Tayyip Erdogan, a
affirmé lundi que la Suède,
a annoncé lundi qu’elle avait
demandé à l’ambassadeur
de 15 ans, se sentent seules, et 80 % à l’encontre de l’ex-combattant candidate à l’adhésion à l’Otan, ne de Russie de quitter son territoire
en souffrent, selon une étude de l’Etat islamique (EI) Jonathan pouvait plus compter sur le « sou- et décidé d’abaisser le niveau
Vous avez aimé la première saison de l’inquiétante publiée lundi. Celle-ci appelle Geffroy, qui comparaît devant la tien » ni « aucune bienveillance » de ses relations diplomatiques
série sur l’envolée des prix ? Vous allez adorer à « déstigmatiser » la solitude pour Cour d’assises spéciale de Paris. de son pays, après qu’un militant avec Moscou. L’Estonie avait pris
la deuxième. En 2022, c’est peu dire que l’invasion russe encourager les personnes concer- C’est « un opportuniste» qui a anti-islam a brûlé un exemplaire une décision similaire quelques
de l’Ukraine a bouleversé l’offre de matières premières, nées à demander de l’aide. Même «adhéré sans réserve aux combats du Coran samedi devant l’ambas- heures plus tôt, en riposte
en redessinant les routes mondiales une « vie sociale dense » ne protège de l’EI y compris aux attentats en sade de Turquie à Stockholm. à la décision du Kremlin d’expul-
d’approvisionnement en gaz, en pétrole ou en céréales, pas du sentiment de solitude, Europe», a affirmé l’avocate géné- L’autorisation donnée à un extré- ser son ambassadeur en alléguant
mais aussi et surtout en faisant exploser les prix. insistent les auteurs du rapport rale du Parquet national antiterro- miste de droite suédo-danois, de la « russophobie totale »
En 2023, c’est la Chine qui pourrait à son tour, sur les « fragilités relationnelles » riste. Elle a minimisé les révéla- Rasmus Paludan, de manifester de Tallinn. L’Estonie avait expulsé
dans ce feuilleton, jouer un rôle clé. Car la rapidité publié par la Fondation de France, tions faites par Jonathan Geffroy samedi devant la représentation il y a quelques jours 21 diplomates
de la reprise économique dans ce pays pourrait à l’occasion de la Journée aux enquêteurs de la Direction turque, dans la capitale suédoise, de l’ambassade russe en raison
provoquer un choc de la demande qui risque de faire mondiale des solitudes. générale de la sécurité intérieure. a suscité la colère d’Ankara. de la guerre en Ukraine.
à nouveau flamber les prix. Le risque est d’autant plus
grand que plusieurs facteurs concourent à l’accentuer.
Les autorités chinoises, d’abord, ont intérêt à favoriser LA PHOTO DU JOUR
un tel rebond de la croissance. Après avoir changé
de pied en quelques jours sur le plan sanitaire en
abandonnant leur politique « zéro Covid » sous
la pression de la rue, elles seraient ravies de pouvoir
justifier la fin des confinements par des succès visibles
sur le front de l’économie.
Les reprises post-Covid
observées un peu partout sur
la planète semblent,
par ailleurs, doper davantage
la consommation de biens que
de services. Voitures,
électronique… les Chinois
pourraient être eux aussi tentés
Par Alexandre d’acheter en masse, pour
Counis rattraper le temps perdu
ou se préparer à de nouvelles
La reprise pandémies. Or, qui dit produits
à fabriquer, dit évidemment
en Chine matières premières
risque à consommer, et tensions
de faire sur leurs prix. C’est encore plus
à nouveau vrai dans le cas de la Chine.
Sa croissance est si dépendante
flamber du secteur immobilier que
les prix. la reprise pourrait encore plus
fortement doper le coût
de matières premières si vitales
à la construction, à supposer que Pékin parvienne
réellement à relancer l’immobilier. Enfin, le
soulagement lié à la gestion de cet hiver, où les
problèmes d’approvisionnement qu’on avait pu
redouter ne se sont pas manifestés, pourrait être de
courte durée. Et nombreux sont ceux qui s’inquiètent
déjà d’un hiver prochain qui s’annonce beaucoup plus
compliqué. De quoi tendre les prix de l’énergie, mais
aussi plus largement, de l’ensemble du marché.
Le risque de surchauffe ne s’explique pas seulement
par le potentiel bond de la demande. Il pourrait aussi
venir de l’insuffisance de l’offre. Lithium, nickel,
cuivre… si avec la transition énergétique, la demande
en métaux menace de s’envoler, c’est aussi JOSÉPHINE BAKER ET LES ANNÉES FOLLES CÉLÉBRÉES PAR DIOR Des plumes du cabaret aux tailleurs épurés en passant par des peignoirs : Dior a célébré
l’insuffisance des infrastructures minières qui risque Joséphine Baker et la liberté des Années folles dans une collection présentée lundi à Paris, au premier jour de la semaine de la haute couture. Chanteuse, danseuse,
de peser. Le secteur des mines est en effet en sous- résistante et militante pour les droits humains, « Joséphine Baker est une grande artiste et l’unique femme de couleur à entrer au Panthéon qui, à travers ses vêtements,
investissement chronique, comme celui de l’énergie, a déterminé sa position et elle-même », a déclaré à l’AFP Maria Grazia Chiuri, la styliste des collections féminines du couturier. Photo Gonzalo Fuentes/Reuters
depuis près d’une dizaine d’années. L’inflation
d’aujourd’hui et de demain est aussi la conséquence
du sous-investissement d’hier.

Lire nos informations

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88,51 $
0,9697 %
Mardi 24 janvier 2023
www.lesechos.fr

La pression monte sur les pratiques Fréquences

TNT : Xavier
des influenceurs Niel candidat
contre M6
PUBLICITÉ AUDIOVISUEL

Marina Alcaraz Fabio Benedetti Valentini

@marina_alcaraz @FabioBenedettiV

La pression monte sur le monde des influ-
enceurs avec la publication, lundi, d’une
étude accablante de la DGCCRF (Direction
générale de la concurrence, de la consom-
mation et de la répression des fraudes) sur
leurs pratiques commerciales et l’annonce
d’une action collective en justice engagée
par des dizaines de personnes estimant
avoir été arnaquées en investissant dans des
produits financiers vantés par de célèbres
influenceurs, dont le couple Marc et Nadé
Blata. La DGCCRF constate ainsi que sur la
soixantaine d’influenceurs et agences
qu’elle a ciblés depuis 2021, 6 sur 10 ne res-
pectaient pas la réglementation sur la
publicité et les droits des consommateurs.
Parmi eux, certains ont trompé les consom-
mateurs sur les propriétés des produits ven-
dus (fausses allégations anti-Covid, pro-
duits bio ou naturels qui ne l’étaient pas…)
ou ont promu des produits ou services
risqués, notamment dans le domaine des
paris sportifs, explique la DGCCRF.
Arnaque aux comptes formation
Dans les cas les plus graves, certains in-
fluenceurs ont réalisé des opérations de pro-
motion via le compte de formation profes-
sionnelle (CPF) pour récupérer des espèces
ou des cadeaux. La DGCRRF cible égale-
ment certains pratiquants du « drop -
shipping » (où le client passe commande sur
le site Internet d’un vendeur qui ne possède
pas de stock). Les services de la DGCCRF ont
engagé plusieurs procédures en justice. Le
gouvernement avait annoncé, en décembre,
le lancement d’une consultation publique et
de groupes de travail pour mieux encadrer
les influenceurs.
Parallèlement, l’action en justice en nom
collectif visant notamment le couple Marc
et Nadé Blata, installés à Dubaï et s’étant ren-
L’action en justice en nom collectif visant le couple Marc et Nadé Blata concerne les pratiques de promotion et conseils
sur des produits financiers. Photo LP / Fred Dugit
contrés après le tournage de « La Belle et ses
princes presque charmants », sur W9, con-
cerne les pratiques de promotion et conseils
sur des produits financiers. Elle est menée
par le collectif AVI (Aide aux victimes
d’influenceurs) et vise tout d’abord la pro-
motion autour de NFT baptisés « Ani-
moon », inspirés de l’univers Pokemon.
Selon Jocelyn Ziegler, du cabinet Ziegler &
Associés, avocat d’AVI, les influenceurs
auraient fait la promotion de ces NFT, avec
des promesses telles que des grands voya-
ges etc., sans que les investisseurs ne puis-
sent en voir la couleur.
Ensuite, le collectif pointe du doigt des
conseils d’investissement notamment sur
des produits de cryptomonnaies et des pro-
duits à effets de levier. Selon l’avocat de ce
collectif créé l’été dernier, le préjudice
estimé serait de plus de 6 millions d’euros.
Les victimes seraient majoritairement des
jeunes de 16 à 25 ans. Marc Blata compte
plus de 4 millions d’abonnés sur Instagram.
Des plaintes collectives ont été déposées
contre X, pour escroquerie, abus de
confiance auprès du procureur de Paris,
selon Maître Ziegler, « afin de permettre de
rechercher d’autres personnes et réseaux »,
explique-t-il. Le collectif AVI précise qu’il est
en contact avec l’AMF, mais assure que les
faits relèvent du pénal. L’affaire avait été
médiatisée ces derniers mois par une que-
relle entre Marc Blata et le rappeur Booba. n
La vraie bataille pour le renouvellement
de la fréquence occupée par M6 est lan-
cée. Xavier Niel a décidé d’aller jusqu’au
bout de son désir de détenir une grande
chaîne de télévision et a déposé un
dossier de candidature pour la licence à
émettre de la Six. Le fondateur de Free
s’oppose donc frontalement à la filiale
de l’allemand Bertelsmann. Selon un
communiqué de l’Arcom publié lundi,
le groupe M6 est bien sûr candidat à la
poursuite de l’exploitation de la fré-
quence historique de sa chaîne princi-
pale, mais il devra croiser le fer avec NJJ,
le holding de Xavier Niel. Quant à la fré-
quence de la Une, dont l’attribution par
l’Arcom doit être renouvelée dans les
mêmes délais, TF1 est seul en lice.
L’idée d’une candidature de Xavier
Niel à la fréquence de M6 était récem-
ment devenue presque une évidence
dans le PAF, même si, selon les profes-
sionnels, la probabilité qu’un nouvel
entrant obtienne une fréquence est très
faible. Ayant tenté deux fois de racheter
M6, y compris à l’automne, Xavier Niel
connaît bien le monde des médias : il est
cofondateur et actionnaire de Media-
wan, actionnaire à titre individuel du
groupe Le Monde et propriétaire du
quotidien « Nice-Matin ».
Le groupe M6 est
candidat à la poursuite
de l’exploitation
de la fréquence
de sa chaîne principale,
mais il devra croiser
le fer avec NJJ, le
holding de Xavier Niel.

Automobile : Le rebond de Wall

La France renonce Ni M6 ni TF1 ne sont restés les bras
croisés. Même sans vraie menace sur sa

le leasing emporte Street à l’épreuve aux néonicotinoïdes fréquence TNT, la filiale du groupe
Bouygues a commencé à préparer le ter-

le marché
des particuliers
AUTOMOBILE L’engouement pour la loca-
tion longue durée a gagné les particuliers.
Les formules de leasing , avec ou sans
option d’achat (LLD ou LOA), ont atteint un
niveau record l’année dernière en France.
Ces formules, qui ont convaincu de longue
date les clients professionnels, ont repré-
senté pour la première fois dans l’Hexagone
plus de la moitié des ventes aux ménages en
2022, à 52 %. Ces deux formules de voitures
au forfait mensuel, avec services compris,
LOA et LLD ne pesaient que 13 % en 2014, et
un tiers en 2018.// PAGE 20
des résultats des
géants de la tech
BOURSE L’indice Nasdaq à forte coloration
technologique a servi de locomotive au
rebond des marchés boursiers américains,
avec une hausse de plus de 8 % depuis le
début de l’année. Mais il reste à voir si le
regain d’intérêt des investisseurs va durer,
alors que s’ouvre ce mardi la saison des
résultats annuels des géants de la tech, avec
la publication des profits de Microsoft.
Après une décennie de folle croissance, les
investisseurs s’inquiètent de la capacité du
secteur à protéger ses marges dans un
contexte économique dégradé. // PAGE 29
pour ses betteraviers
AGRICULTURE
Dominique Chapuis
Coup de tonnerre pour les betteraviers. Le
ministre français de l’Agriculture, Marc
Fesneau, a annoncé lundi soir que la
France allait renoncer à une mesure déro-
gatoire autorisant l’usage d’insecticides
néonicotinoïdes pour protéger les semen-
ces de betteraves sucrières. Une décision
prise après l’injonction de la justice euro-
péenne, la semaine dernière, qui avait jugé
illégale toute dérogation concernant ces
substances toxiques pour les abeilles.
« Je n’ai aucune intention de balader les
agriculteurs et en particulier ceux qui sont
tions temporaires, notamment à cause du
danger de certaines maladies. En France,
la dérogation courait jusqu’à la fin de 2023
pour protéger les plantations. La jaunisse
avait en 2020 détruit 60 % de la récolte de
betteraves, avec à la clé 280 millions
d’euros de pertes. Et il n’existe aujourd’hui
aucune alternative aux insecticides, selon
la filière. Des recherches sont en cours
pour trouver de nouvelles variétés de
semences permettant de ne plus les utili-
ser. Mais il faudra encore patienter deux
ou trois ans. Pour les planteurs de bettera-
ves, cette annonce fait figure de douche
froide, alors que les semis doivent débuter
dans deux mois et demi. Le gouvernement
va mettre en place un fonds d’indemnisa-
tion en cas de pertes de rendement pour
rain de sa future convention en signant
début janvier un accord avec six syndi-
cats de la production audiovisuelle indé-
pendante (Uspa, SPI, SPECT, etc.) ainsi
que deux sociétés d’auteurs (SACD et
SCAM) pour pérenniser et améliorer
leurs relations contractuelles. Grâce à
ce « deal », TF1 sera aussi mieux armé
pour alimenter ses offres numériques.
Côté M6, selon nos informations, un
accord a été aussi récemment trouvé
avec les syndicats de producteurs. La
filiale de Bertelsmann relève les cur-
seurs de ses engagements en faveur des
œuvres audiovisuelles dites « patrimo-
niales » (fictions, documentaires, etc.)
françaises et européennes. Dans le
sillage de TF1, M6 introduit aussi un
niveau minimum d’investissement
dans les documentaires.
L’Arcom va auditionner les candidats

= LES ENTREPRISES CITÉES inquiets », a déclaré le ministre. Le gouver-

nement ne proposera donc pas une « troi-
sième année de dérogation sur l’enrobage
cette prochaine saison. Il s’est engagé par
ailleurs à œuvrer contre toute concur-
rence déloyale. Les associations de
le 15 février. Après cette date, le régula-
teur devra se dépêcher dans ses choix.
En effet, il faudra, au bas mot, deux mois
AG2R La Mondiale 30 Difagri 27 Pasqal 24 Soplair 27
Alice & Bob 25 Dongfeng 18 Porsche 34 Stellantis 18 des semences de betteraves, c’est terminé défense de l’environnement se réjouissent pour négocier les conventions qui préci-
Anbio 22 EDF 21 Quandela 25 STMicroelectronics 34 pour cet élément-là, la décision de la Cour de de cette annonce. « Nous saluons cette déci- sent les obligations des chaînes.
Astek 34 France Télévisions 23 Quantonation 24 Talgo 26 justice [européenne] est suffisamment sion et cette victoire que nous emportons
Atos 34
BMW 18
BNP Paribas 30
Groupe Narbonne 27
Honda 18
Kevin Speed 26
Qubit Pharmaceuticals 25
Radio France 23
Railcoop 26
Ternoveo 20
Tesla 18
Unibail-Rodamco-
puissante pour ne pas rendre plus instable
encore le système ». En 2018, la Commis-
après de rudes batailles. Cela fait des années
que nous alertons le gouvernement sur cette 4
À NOTER
sion avait adopté des réglementations impasse que sont ces dérogations accordées
Boiron 22 Le Train 26 Renfe 26 Westfield 34
imposant des restrictions très strictes sur à des produits dangereux et, qui plus est, Fun Radio doit régler plus de
Cryptonext Security 25 LightOn 25 Salesforce 29, 34 Volkswagen 34
Curaleaf 22 Midnight Trains 26 Sanofi 34 Wandercraft 27 l’utilisation de ces pesticides. Toutefois, interdits ! » a indiqué Générations Futu- 10 millions d’euros au groupe NRJ
Dacia 18 NG Biotech 22 SiQuance 25 WeLinQ 25 onze pays avaient délivré des autorisa- res. n Plus d’informations sur Lesechos.fr
 18
ENTREPRISES Mardi 24 janvier 2023 Les Echos

La Chine bien placée pour devenir le numé

mondial des exportations automobiles
l Le PDG de Stellantis, Carlos Tavares, pronostique une « lutte terrible » face aux marques chinoises, de plus en plus nombreuses
l Les exportations ont représenté 11,5 % de la production totale de véhicules en Chine l’an dernier.

A cela s’ajoute une réglementa-

AUTOMOBILE
Frédéric Schaeffer
@fr_schaeffer
— Correspondant à Shanghai
Tout un symb ole. La Chine a
dépassé l’Allemagne pour devenir
le deuxième exportateur mondial
de voitures. Les exportations chi-
noises ont bondi de 54 % l’an der-
nier, avec 3,11 millions de véhicules,
selon l’Association chinoise des
constructeurs automobiles
(CAAM). L’Allemagne a, elle,
exporté 2,61 millions de voitures, en
hausse de 10 % par rapport à 2021,
selon l’Association allemande de
l’industrie automobile (VDA).
La Chine pourrait très vite décro-
cher le titre de premier exportateur
mondial de voitures à la place du
Japon : les constructeurs automo-
biles japonais ont, en effet, exporté
3,2 millions de véhicules au cours
des 11 premiers mois de 2022, un
chiffre presque inchangé par rap-
port à l’année précédente.
Sonnette d’alarme
Les exportations ont représenté
11,5 % de la production totale de
véhicules en Chine en 2022, selon la
CAAM. La poussée est forte dans les
véhicules électriques, dont les
exportations ont bondi de 120 %
pour atteindre 679.000 unités en
2022.
BYD, Geely, Nio, etc., depuis plu-
sieurs mois, les marques chinoises
débarquent en Europe. Lors du CES
de Las Vegas, le PDG de Stellantis,
Carlos Tavares, a une nouvelle fois
tiré la sonnette d’alarme, mettant
en garde contre la « menace » que
représente l’incursion de nouvelles
voitures et marques chinoises sur le
marché européen et pronostiquant
une « lutte terrible » car ces mar-
ques se développent très vite avec
des véhicules compétitifs à des prix
agressifs. « La différence de prix
entre les véhicules européens et chi-
nois est importante. Si rien ne change
dans la situation actuelle, les clients
européens de la classe moyenne se
tourneront de plus en plus vers les
modèles chinois », estime Carlos
Tavares.
tion européenne peu contraignante
– un « tapis rouge » pour certains.
« Les marques chinoises rencontrent
peu d’obstacles pour accéder au mar-
ché européen, observe le service éco-
nomique de l’ambassade de France
à Pékin dans une note pour Bercy.
Les taxes à l’importation de véhicules
électriques chinois en Europe s’élè-
vent à 10 % et ces derniers sont éligi-
bles aux subventions à l’achat non-
soumises à une production locale, ce
qui n’est pas le cas en Chine et aux
Etats-Unis pour les véhicules pro-
duits à l’étranger. »
Délocalisations
La plupart des normes techniques
et environnementales imposées
par l’Europe ne constituent pas non
plus un obstacle significatif pour les
voitures électriques chinoises.
« Outre l’absence de contraintes
d’émission, les moteurs électriques,
plus compacts, se conforment mieux
aux critères imposés par les crash-
tests, bien que des inquiétudes en la
matière persistent », poursuit la
note, qui en conclut que « les cons-
tructeurs chinois apparaissent en
bonne place pour satisfaire la
demande européenne de véhicules
électriques » et pourraient repré-
senter 18 % du marché à horizon
2025 (contre 5 % au premier semes-
tre 2022).
Reste que les chiffres d’exporta-
tions chinoises sont aussi liés aux
choix stratégiques de construc-
teurs étrangers. Car la Chine
devient aussi de plus en plus une
base d’exportations pour de nom-
breux constructeurs internatio-
naux, comme Tesla, BMW, Stellan-
tis, Dacia qui utilisent les usines
chinoises pour exporter ensuite…
vers l’Europe. n
+120 %
LA HAUSSE
DES EXPORTATIONS
CHINOISES
de véhicules électriques
en 2022, à 679.000 unités,
selon l’Association chinoise
des constructeurs automobiles. Les constructeurs chinois bénéficient d’une réglementation européenne peu contraignante. Les taxes à l’importation de véhicules électriques chinois

L’affolante perte de vitesse des marques étrangères dans le pays

Le gigantesque marché
chinois n’est plus l’eldorado
des marques automobiles
étrangères. Les construc-
teurs chinois ont pris de
vitesse les acteurs tradi-
tionnels dans le virage
vers l’électrique.
Honda jette l’éponge. Le construc-
teur japonais a décidé d’arrêter de
fabriquer et vendre en Chine les
véhicules de sa marque premium
Acura, cette dernière n’ayant jamais
trouvé son public. En octobre der-
nier, le franco-italien Stellantis avait,
lui aussi, décidé de fermer sa coen-
treprise avec GAC et d’arrêter la pro-
duction de voitures Jeep, laissant
même entendre que le groupe était
en discussion avec son autre parte-
naire chinois Dongfeng pour se reti-
rer de la coentreprise DPCA. A elles
deux, ces récentes décisions illus-
trent les difficultés croissantes des
constructeurs étrangers en Chine, le
premier marché automobile au
monde avec plus de 26 millions de
véhicules vendus l’an dernier.
La Chine n’est plus l’eldorado.
Autrefois largement dominantes,
les marques étrangères ne repré-
sentent plus que la moitié des ventes
de voitures particulières sur le mar-
ché chinois en moyenne en 2022,
selon l’Association chinoise des
constructeurs automobiles. Et la
dégringolade est rapide. De 60 % il y
a deux ans, la part de marché des
marques étrangères n’était plus que
de 43 % en décembre !
« Leur déclin ne date pas d’hier
mais s’est fortement accéléré avec la
transition vers l’électrique », explique
Tu Le, fondateur du cabinet de con-
seil Sino Auto Insights, à Pékin. Avec
5,67 millions d’unités écoulées, les
ventes de voitures électriques et
hybrides ont pratiquement doublé
en 2022 en Chine et représenté plus
du quart des véhicules vendus, un
niveau jamais vu, selon l’Associa-
tion chinoise des voitures particuliè-
res (CPCA).
Secteur prioritaire
Parmi les dix premiers fabricants de
véhicules à énergie nouvelle
(« VEN ») en Chine en 2022, seul
Tesla est une marque étrangère.
Aujourd’hui, 80 % des VEN vendus
en Chine sont des marques chinoi-
ses ! Un changement considérable
réalisé en quelques années.
Incapables de rattraper leur
retard technologique pour les voitu-
res thermiques, les constructeurs
chinois se sont très vite positionnés
dans le développement de véhicules
électriques, bénéficiant d’une politi-
que industrielle de Pékin et de dizai-
nes de milliards de dollars d’aides
publiques (subventions nationales
et locales).
L’engouement
des Chinois pour les
voitures électriques
va désormais au-delà
même des espérances
des autorités.
Les véhicules électriques ont été
identifiés très tôt par les autorités
comme un secteur prioritaire (ils
font partis du plan « Made in China
2025 » ) et continuent de faire l’objet
d’objectifs de long terme très ambi-
tieux : à horizon 2035, la moitié des
véhicules vendus en Chine devront
être des véhicules énergies nouvel-
les. « Les constructeurs étrangers en
Chine ont longtemps capitalisé sur
leur image de marque sans porter suf-
fisamment d’attention à l’évolution
des attentes des consommateurs chi-
nois ni anticiper la vitesse à laquelle le
marché chinois allait migrer vers
l’électrique », poursuit Tu Le.
Sur un marché chinois évoluant
extrêmement vite, les constructeurs
locaux ont été particulièrement
réactifs, multipliant les lancements
réguliers de nouveaux modèles,
mettant très tôt l’accent sur le déve-
loppement de véhicules connectés
et s’appuyant sur le savoir-faire de
designers étrangers débauchés
chez les constructeurs historiques.
En retard sur les véhicules
ultra-connectés
A mesure de la montée en gamme
des voitures chinoises, la perception
des marques locales par les con-
sommateurs chinois s’améliore.
« Les acheteurs sont désormais issus
d’une génération pour qui WeChat est
l’application mobile préférée et qui
utilise Alibaba pour faire leurs achats
en ligne, ajoute Tu Le. Non seulement
ils ont grandi dans un univers extrê-
mement digitalisé, mais ils sont très « Les acheteurs
familiers des marques chinoises ». sont désormais
Nio, Xpeng, Li Auto etc., les
start-up chinoises vendent désor- issus d’une
mais près de 150.000 voitures élec- génération pour
triques par trimestre, dix fois plus qui WeChat
qu’en 2020 ! Inversement, les mar-
ques étrangères sont de plus en plus
est l’application
perçues comme conservatrices et mobile préférée et
ont du retard dans le développe- qui utilise Alibaba
ment des véhicules ultra-connectés,
un aspect indissociable du dévelop-
pour faire leurs
pement de l’électrique en Chine. A achats en ligne. »
l’été dernier, le PDG de Stellantis, TU LE
Carlos Tavares avait vertement Fondateur du cabinet de
dénoncé « une politisation » du cli- conseil Sino Auto Insights
mat des affaires, à la suite du refus
des autorités chinoises d’accepter la
prise de contrôle par le français
dans sa coentreprise GAFCA.
Les contraintes réglementaires,
les normes et les subventions favori-
sant les concurrents locaux sont
autant d’arguments avancés par les
constructeurs étrangers pour expli-
quer leurs difficultés. Mais leurs
échecs sont avant tout liés à l’évolu-
tion du marché et à leur manque de
réactivité. « Allons droit au but : si les
constructeurs chinois ont le vent en
 19 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
ro un
à débarquer en Europe.
CFOTO / Sipa USA
en Europe s’élèvent à 10 %.
poupe, c’est tout simplement que
leurs voitures sont bonnes et à un
prix extrêmement compétitif ! »
résume Tu Le, soulignant que « plus
de 90 % des VEN ont été vendus l’an
dernier à moins de 300.000 yuans
(41.000 euros) ».
En 2022, les consommateurs chi-
nois ont profité des dernières sub-
ventions et des réductions d’impôts
pour les véhicules électriques. De ce
fait, la croissance des ventes va
ralentir cette année (à +14 % selon la
CPCA). Mais l’engouement des Chi-
nois pour les voitures électriques va
désormais au-delà même des espé-
rances des autorités. Plus d’un tiers
des voitures vendues cette année en
Chine seront des véhicules à énergie
nouvelle, pronostique la CPCA. La
part n’était que de 15 % en 2021 ! Le
gâteau ne cesse de grossir pour les
constructeurs chinois, qui nourris-
sent aussi un appétit croissant pour
les marchés étrangers.
« La décennie qui vient sera celle
des constructeurs chinois », estime
Jacques Aschenbroich, qui vient
de tirer sa révérence chez Valeo,
dans une récente interview aux
« Echos ». — F. S.
BYD-Tesla : un match pour le titre de champion
du monde de la voiture électrique
Le constructeur de
Shenzhen a triplé ses
ventes l’an dernier en
Chine et nourrit de fortes
ambitions à l’international.
Au point d’inquiéter
le pionnier américain
et Elon Musk.
L’année 2023 verra-t-elle Tesla,
champion du monde des véhicu-
les électriques, se faire détrôner
par le chinois BYD ? Le scénario
est très probable au vu de l’extra-
ordinaire croissance du construc-
teur basé à Shenzhen, tout au sud
de la Chine. A ce stade, le construc-
teur américain résiste : Tesla a
vendu 1,3 million de voitures élec-
triques dans le monde en 2022
tandis que BYD en a écoulé 911.000
unités. Mais BYD a déjà battu Tesla
en comptant les voitures hybrides
rechargeables, avec un total de
1,86 million de véhicules à énergie
nouvelle (VEN).
Si le constructeur américain,
présent partout dans le monde, a
encore une longueur d’avance,
BYD a très rapidement élargi
sa gamme de modèles, son
empreinte géographique et sa
capacité de fabrication ces derniè-
res années. Pour un résultat
gagnant : les ventes de BYD ont tri-
plé en 2022, propulsées par le
dynamisme du marché chinois où
4 millions de véhicules purement
électriques ont été écoulés l’an
dernier, soit cinq fois plus qu’aux
Etats-Unis !
Stratégies de prix
A lui seul, le groupe chinois, né
en 1995 dans le secteur des batte-
ries pour téléphones portables,
accapare désormais 30 % du mar-
ché chinois des véhicules à éner-
gie nouvelle (VEN), prenant des
parts de marché sur Tesla. L’amé-
ricain a livré près de 440.000 véhi-
cules en Chine l’an dernier (+37 %)
mais a connu une fin d’année com-
pliquée, avec des livraisons infé-
rieures aux attentes et une pro-
duction réduite dans son usine
géante de Shanghai.
L’issue du match Tesla-BYD
dépendra fortement des stratégies
de prix. Avec des baisses de prix
majeures aux Etats-Unis, en
Europe et en Chine, Tesla montre
sa volonté de mener une guerre
des prix pour maintenir la crois-
sanc e de ses ventes. Tesla a
annoncé le 6 janvier une nouvelle
baisse du prix de vente de ses voi-
tures en Chine, pour la seconde
fois en trois mois, déclenchant la
La Chine domine de la tête et des épaules
le marché des batteries
La Chine se positionne
sur l’ensemble de la chaîne
de valeur des véhicules
électriques. Sur les dix
premiers fabricants
mondiaux de batteries,
six sont chinois.
La production en série de cellules
de batteries lithium-ion est lancée
dans l’usine CATL d’Erfurt, en
Allemagne. Le leader chinois des
batteries en a fait l’annonce le
21 décembre, mettant en marche
sa première usine en dehors de
Chine, d’une capacité initiale
annuelle de 8 gigawattheures
(14 GWh à terme). Avec cet inves-
tissement de 1,8 milliard d’euros (et
la promesse de 2.000 créations
d’emplois à terme), CATL cherche
à se rapprocher de ses clients euro-
péens qui font face à une hausse de
la demande pour les véhicules
électriques.
En choisissant Erfurt comme
base de production, CATL joue la
proximité géographique avec les
Très remarqué au dernier Salon automobile de Paris, BYD a commencé à partir à l’assaut du monde.
Photo Romuald Meigneux / Sipa
colère de certains nouveaux pro-
priétaires réclamant une compen-
sation.
Avec la baisse tarifaire d’octo-
bre puis celle de décembre, les voi-
tures Tesla sont désormais de 30 %
à 40 % moins chères en Chine
qu’aux Etats-Unis : le prix de
départ du Model Y, construit
dans l’usine de Shanghai, se situe
désormais à 259.900 yuans
(35.800 euros), 43 % de moins que
la version standard disponible
Le groupe de
Shenzhen vient de
lancer une marque
consacrée aux
véhicules électriques
de luxe.
aux Etats-Unis. Tesla a également
baissé le prix de la Model 3 de 14 %,
à 229.900 yuans (31.600 euros),
soit environ 30 % moins cher
qu’aux Etats-Unis.
Confrontées à une concurrence
de plus en plus rude, les voitures
d’Elon Musk ne sont plus les seu-
les à faire rêver les riches Chinois.
Tesla fait face à une montée en
gamme croissante des construc-
teurs locaux, comme BYD, XPeng,
constructeurs automobiles alle-
mands BMW, Volkswagen et
Daimler pour les fournir rapide-
ment et à moindre coût.
CATL n’entend pas s’arrêter là
puisqu’il a annoncé l’été dernier un
investissement de plus de 7 mil-
liards d’euros dans une seconde
usine de batteries en Europe, loca-
lisée en Hongrie, et dont la capa-
cité de 100 GWh en ferait la plus
importante usine de batteries de
l’Union européenne.
Un enjeu économique
majeur
A côté des ambitions européennes
des constructeurs automobiles
chinois, cette internationalisation
des fabricants de batteries illustre
la montée en puissa nce des
acteurs chinois sur l’ensemble de
la chaîne de valeur du véhicule
électrique.
Leur présence va des batteries
jusqu’aux infrastructures de
recharge en passant par les com-
posants électroniques ou les terres
Nio, mais aussi d’acteurs interna-
tionaux comme Porsche ou Mer-
cedes.
Les start-up chinoises (XPeng,
Nio, Li Auto) n’ont jamais visé le
marché low cost et sont à même de
proposer de voitures de qualité (et
ultra-connectées) à des prix com-
pétitifs. Quant à BYD, il n’a cessé de
monter en gamme et, ironie du
sort, s’est même autorisé, en fin
d’année dernière, une hausse de
prix de l’un de ses modèles les plus
populaires.
Le constructeur fondé par le
discret Wang Chuanfu, au passé
d’ingénieur spécialisé dans les ter-
res rares, vient également de lan-
cer une marque spécifiquement
consacrée aux véhicules électri-
ques de luxe. Dotés des technolo-
gies les plus innovantes du groupe
également présent dans les batte-
ries, deux modèles ont été présen-
tés (un SUV et une voiture de
sport) qui seront mis en vente
cette année à un prix supérieur à
1 million de yuans (138.000 euros).
Accélérer en Europe
et en Inde
Les ventes de BYD étant encore
principalement concentrées en
Chine, le succès du constructeur
dépendra en grande partie de
l’évolution du marché local et de la
rares. A elles seules, les batteries
représentent en enjeu économi-
que majeur puisqu’elles comptent
pour environ 40 % de la valeur d’un
véhicule électrique.
Capacité de production
en forte augmentaton
Résultat, les fabricants chinois de
batteries de véhicules électriques
dominent aujourd’hui le marché
mondial. Sur les dix premiers
fabricants mondiaux, six sont de
nationalités chinoises et
s’octroient plus de 60 % du mar-
ché, selon une récente étude du
37 %
LA PART DE MARCHÉ
MONDIALE DE CATL
avec 165,7 gigawattheures
de capacités installées au cours
des onze premiers mois
de 2022.
façon dont l’économie chinoise
parvient à sortir du « zéro Covid ».
Très remarqué au dernier Salon
automobile de Paris, BYD a com-
mencé à partir à l’assaut du
monde. Les chiffres sont encore
modestes : depuis l’été dernier,
BYD a exporté près de 56.000 voi-
tures, principalement aux Pays-
Bas, Thaïlande et Australie. Mais
le constructeur veut accélérer en
Europe (il prévoit de se lancer pro-
chainement au Royaume-Uni),
tout comme en Inde où il vient de
se lancer avec pour ambition
d’être le numéro deux de l’auto-
mobile derrière le local Tata et de
capter 40 % du marché des véhicu-
les électriques d’ici à 2030.
L’année 2023 promet un match
serré entre BYD et Tesla. — F. S.
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
Tesla, il y a de l’électricité
dans l’air, « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
cabinet SNE Research, situé à
Séoul.
Avec 165,7 gigawattheures de
capacités installées au cours des
onze premiers mois de 2022, CATL
domine largement le secteur, avec
une part de marché mondiale de
37 %, suivies de BYD dont les capa-
cités installées ont bondi de 168 %
l’an dernier, portant sa part de
marché mondiale à plus de 13 %.
Quatre autres entreprises chinoi-
ses (CALB, Gotion High-tech, Sun-
woda et Eve Energy) figurent éga-
lement dans le classement.
Portés par la croissance du mar-
ché chinois des voitures électri-
ques, les fabricants ont fortement
augmenté leur capacité de pro-
duction. Celle-ci sera bientôt trois
fois supérieure à la demande des
constructeurs locaux, prévient
l’« Economic Daily », un journal
dirigé par le Conseil d’Etat, pous-
sant les producteurs chinois à
accentuer la recherche de clients à
l’étranger.
— F. S.
ENTREPRISES
à suivre
Chine : la mise en
garde du patron
de Faurecia
AUTOMOBILE Pour Patrick
Koller, le directeur général de
l’équipementier, la concur-
rence chinoise sur le marché
d e s vo i t u r e s é l e c t r i q u e s
d’entrée de gamme s’annonce
sévère. « Une voiture électri-
que chinoise actuelle coûte en
m o y e n n e e n t re 8.0 0 0 e t
10.000 euros de moins qu’une
offre comparable de produc-
tion européenne ou nord-amé-
ricaine, affirme-t-il dans une
interview à l’hebdomadaire
« Automobilwoche ». Nous
verrons bien si les construc-
teurs européens parviennent
encore à gagner cette course ».
Pour tenter de rester compé-
titifs, Patrick Koller appelle
les industriels automobiles
européens à des change-
ments « fondamentaux ».
Ford veut
supprimer
3.200 emplois
en Allemagne
AUTOMOBILE Le construc-
teur automobile américain
Ford va supprimer en Alle-
magne 3.200 emplois, essen-
tiellement dans les domaines
administratifs et R&D, a indi-
qué lundi à l’AFP un porte-
parole du syndicat allemand
IG Metall. Ces suppressions
se feront « principalement
sur le site de Cologne » (ouest
du pays), a détaillé la même
source à l’issue d’une réu-
nion lundi entre syndicats et
direction. La portée finale du
plan ne devrait pas être
arrêté avant le printemps,
selon le « Handelsblatt », qui
précise que le constructeur
veut se concentrer sur les
Etats-Unis.
L’inflation va faire
fondre le bénéfice
de la RATP
AUTOMOBILE Le résultat de
l’entreprise publique « va
tomber de façon significative »
à cause de l’inflation et de la
hausse des coûts de l’énergie,
a averti lundi son PDG Jean
Castex. « Notre résultat net,
q u i é t a i t p ré v u a u t o u r d e
319 millions d’euros en 2022,
va tomber à 100 », a indiqué le
dirigeant lors des assises du
financement des transports
d’Ile-de-France, précisant
que ses comptes n’étaient pas
clôturés. « Pour ce qui est de
2023, le résultat net qui était
prévu au-delà de 330 millions
d’euros sera autour de 30 »,
a-t-il ajouté. L’établissement
public avait dégagé un résul-
tat net de 224 millions en
2021.
Le label HVE
attaqué devant
le Conseil d’Etat
AGRICULTURE Sept associa-
tions de défense des consom-
mateurs, de l’environnement
et de promotion de l’agricul-
ture biologique ont saisi le
Conseil d’Etat afin d’interdire
le label agricole « haute
valeur environnementale »
(HVE). Elles l’accusent de
« greenwashing » et de trom-
perie. Cette certification a été
lancée en 2012 pour que les
pratiques agricoles « préser-
vent l’écosystème naturel et
réduisent au minimum la pres-
sion sur l’environnement ». Le
HVE « n’interdit pas l’utilisa-
tion des pesticides les plus dan-
gereux, pourtant officiellement
reconnus comme nocifs pour la
santé humaine », pointent les
associations
ENTREPRISES
L’envol du prix des voitures jette les
particuliers dans les bras du leasing
AUTOMOBILE
Alors que le prix
des voitures ne cesse
d’enfler, dans le neuf
comme dans l’occa-
sion, les constructeurs
mettent en avant
le leasing auprès
des particuliers.
Qui s’y précipitent…
Guillaume Guichard
@guillaume_gui
L’engouement pour la location lon-
gue durée a gagné les particuliers.
Les formules de leasing, avec ou
sans option d’achat (LLD ou LOA),
ont atteint un niveau record l’année
dernière en France. Ces formules,
qui ont convaincu de longue date
les clients professionnels, ont
représenté pour la première fois
dans l’Hexagone plus de la moitié
des ventes aux ménages en 2022, à
52 %, d’après les chiffres d’AAA
Data. LOA et LLD, qui se traduisent
par des paiements mensuels et un
engagement du consommateur sur
trois ou quatre ans, ne pesaient que
13 % en 2014, et un tiers en 2018.
Cette progression se fait aux
dépens des crédits classiques, qui
représentent dorénavant moins de
40 % des ventes. Mais ces nouvelles
formules, fortement poussées par
les constructeurs, permettent aux
constructeurs de monnayer les ser-
vices de leur branche bancaire, et au
passage de faire passer les hausses
de prix de ces dernières années. Plus
facile d’accepter de payer 208 euros
par mois pour une e-208
qu’emprunter 34.800 euros… Reste
à voir quelle sera la conséquence de
la hausse des taux sur le leasing ces
prochains mois.
Budget « tout en un »
Pour l’instant, ces formes de finan-
cement ont permis de rendre les voi-
tures neuves et d’occasion récentes
accessibles à une clientèle plus
j e u n e , é ve n t u e l l e m e n t d é j à
contrainte par un crédit immobilier.
Aérien : la course au kérosène de synthèse
est lancée en Europe
AÉRIEN
Le projet de règlement
européen, qui prévoit
d’imposer un mini-
mum de 2 % de e-kéro-
sène, à base d’hydro-
gène et de CO2, en 2030
a suscité de nombreux
projets de sites de
production en Europe.
Bruno Trévidic
@BrunoTrevidic
Pour atteindre la neutralité car-
bone d’ici à 2050, le transport
aérien devra faire massivement
appel aux nouveaux carburants
durables. Mais lesquels ? A l’instar
du vin, les CAD ont eux-aussi leurs
grands crus et leur tout-venant. S’ils
ont tous en commun de réduire for-
tement le solde net d’émissions de
CO2 et d’être directement utilisa-
bles dans les avions actuels, les dif-
férents procédés de fabrication, à
base de déchets agricoles ou fores-
tiers, d’huiles de cuisson usagées,
de graines d’oléagineux, d’algues,
ne sont pas tous aussi vertueux.
Le plus prometteur est le kéro-
sène de synthèse, ou e-kérosène.
Produit à base d’hydrogène (H2) et
de dioxyde de carbone (CO2), ses
deux composants sont disponibles
Le leasing permet surtout aux constructeurs de multiplier les services associés (entretien, assurance, réparation…),
comme ils le font déjà avec les clients professionnels. Photo Getty Images
La location longue durée bénéfi-
cie en effet de contraintes moins
fortes qu’un emprunt, même si la
réglementation est en train d’être
renforcée au niveau européen.
Cette clientèle plébiscite de sur-
croît ces solutions qui leur offrent
une formule simple. Les LOA et LLD
s’apparentent à un budget « tout en
un » ou presque, contenant l’assu-
rance, la réparation et l’entretien
par exemple. Ce qui permet
d’oublier les dépenses imprévues.
Sans compter que la formule per-
met de fidéliser l’automobiliste. « Si
le client souscrit à une location avec
option d’achat, il est plus probable
qu’il renouvelle son contrat avec nous
que s’il achète en espèce », résume
Joao Leandro, directeur général de
Mobilize, la filiale de services finan-
ciers de Renault Group.
Le leasing permet surtout aux
constructeurs de multiplier les ser-
en quantité quasi illimitée, contrai-
rement à la biomasse nécessaire
aux biocarburants. Sa production
n’est nullement en concurrence
avec la production alimentaire. Et
contrairement à l’hydrogène pur, il
ne nécessite pas de réservoirs spé-
ciaux et ne produit presque pas de
traînée de condensation. Le tout
pour des performances égales,
voire supérieures à celles du kéro-
sène classique.
« L’une des clefs
de la décarbonation »
« L’e-kerosène détient l’une des clés
pour la décarbonation de l’aviation »,
estime Matteo Mirolo, en charge
des sujets d’aviation durable au sein
l’ONG bruxelloise Transport &
Environnement. « S’il est produit en
masse en Europe, il représenterait
une opportunité sans précédent en
termes de réduction de l’impact cli-
matique de l’aérien, de création
d’emplois et d’autonomie stratégi-
que », souligne-t-il. « Mais à condi-
tion d’être fabriqué avec de l’hydro-
g è n e “ve r t ”, p ro d u i t à b a s e
d’électricité de sources renouvela-
bles, ainsi que de CO 2 capté dans
l’atmosphère », précise-t-il.
Deux exigences qui font malheu-
reusement de l’e-kérosène le plus
cher des carburants d’aviation et le
plus difficile à trouver. Pour l’heure,
sa production reste encore limitée à
quelques sites expérimentaux à tra-
vices associés (entretien, assurance,
réparation…), comme ils le font déjà
avec leurs clients professionnels.
« Ainsi, le client externalise à la fois le
risque des pannes, dont le coût moyen
est toujours en progression, et la
valeur de revente de la voiture »,
explique Régis Masera, directeur
d’Arval Mobility Observatory et
Consulting. Mobilize, qui finance la
moitié des ventes de voitures du
groupe Renault (soit 1,4 million de
véhicules), écoule en moyenne trois
services par contrat.
Plus globalement, le leasing
opère un transfert du risque associé
à l’achat du véhicule du client vers
son financeur. Avec un crédit ou un
achat comptant, c’est l’automobi-
liste qui portait le risque associé à la
revente de la voiture. Avec les nou-
velles formules en vogue, c’est le
financeur. Ce dernier a acheté l’auto
au constructeur et en garde en effet
vers le monde. Pour espérer obtenir
quelques tonnes du précieux
liquide à l’avenir, les compagnies
aériennes sont contraintes de
s’engager plusieurs années à
l’avance avec des producteurs
potentiels. C’est le cas d’Air France-
KLM, qui a récemment passé com-
mande de 600.000 tonnes de kéro-
sène de synthèse à l’américain DG
Fuels, pour la période 2027 à 2036.
Cette soif d’e-kérosène ne devrait
toutefois pas restée longtemps inas-
souvie. Le projet de règlement euro-
« Le seuil de 2 %
en 2030 représente
3 millions de tonnes
d’e-kérosène [...] soit
la capacité de
production d’une
trentaine d’usines.
A raison de 800
à 900 millions
d’euros par usine,
cela représente
un investissement
global de
30 milliards. »
OLIVIER AUBERT
Swen Capital
la propriété durant le temps du
contrat. Dans le cas des LOA,
l’option d’achat est actionnée en fin
de contrat dans moins d’un cas sur
deux par le particulier. Surtout, qui
dit risque supplémentaire dit aussi
rémunération supérieure pour le
financeur. De fait, « LLD et LOA sont
légèrement plus rentables que le cré-
dit classique » pour le prêteur,
reconnaît Joao Leandro.
Autre avantage pour le construc-
teur et ses partenaires commer-
ciaux, le leasing p ermet une
meilleure maîtrise de la seconde vie
du véhicule. Il est bien plus assuré
de revoir le véhicule vendu et de
pouvoir en assurer la revente sur le
stratégique marché de l’occasion.
De surcroît dans un laps de temps
plus court (3 à 4 ans) que s’il avait été
vendu classiquement (la durée de
détention moyenne sur le marché
dépasse les sept ans).
péen RefuelEU, qui devrait débou-
cher cette année sur un taux
d’incorporation obligatoire de 2 %
d’e-kérosène dès 2030 (et peut-être
même 0,04 % dès 2025) a suscité des
vocations chez les producteurs
d’énergie et les fonds d’investisse-
ment. C’est notamment le cas du
fonds parisien Swen Capital Part-
ners, qui vient d’investir 26 millions
d’euros dans le projet Arcadia de
production de carburant de syn-
thèse au Danemark, dont l’ambi-
tion est de livrer jusqu’à 75.000 ton-
nes en 2027.
« C’est le moment de s’y mettre,
explique Olivier Aubert, gérant du
fonds Swift de Swen Capital. Avec
RefuelEU, nous aurons un cadre juri-
dique qui fixe un premier seuil de 2 %
en 2030. Cela peut paraître peu, mais
d’après nos calculs, cela représente
déjà 3 millions de tonnes d’e-kéro-
sène. Soit la capacité de production
d’une trentaine d’usines de la taille de
celle d’Arcadia au Danemark. A rai-
son de 800 à 900 millions d’euros par
usine, cela représente un investisse-
ment global de près de 30 milliards
d’euros », souligne-t-il.
Une trentaine de sites
en projet en Europe
L’Europe devrait toutefois être au
rendez-vous. Selon Transport &
Environnement, une trentaine de
projets de sites de production
d’e-kérosène sont déjà lancés en
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
Il maîtrise du même coup la
valeur de revente de l’automobile,
alors que les concessionnaires peu-
vent parfois avoir d’autres priorités
que de maintenir élevée la valeur de
revente (ils peuvent préférer parfois
casser les prix pour arrondir une fin
de mois).
Mieux, les financeurs proposent
de plus en plus du leasing sur des
voitures de « seconde main ». Cette
solution n’occupe que 4 % du mar-
ché de l’occasion, d’après AAA
Data. « Cela paraît faible, mais c’est
extrêmement important car le mar-
ché de l’occasion pèse cinq fois celui
du neuf en France, soit 5,7 millions de
transactions, prévient Marie-Laure
Nivot, responsable Intelligence
marché chez AAA Data. Au total,
LOA et LLD ont concerné près de
180.000 véhicules l’année dernière,
soit déjà à peu près la moitié de ce qui
se passe sur le marché du neuf. » n
Europe, dont une douzaine
devraient déjà produire environ
25.000 tonnes en 2025. En 2030,
cette production d’e-kérosène
devrait atteindre 1,85 million de
tonnes par an, ce qui permettrait de
couvrir jusqu’à 3,69 % des besoins
de carburant du transport aérien en
Europe. De quoi réduire les émis-
sions de CO2 d’environ 5 millions de
tonnes par an, soit l’équivalent des
émissions de 30.000 vols transat-
lantiques, souligne l’ONG.
Toutefois, si les projets de sites de
production fleurissent en Europe,
la France semble à la traîne, avec
seulement deux projets d’usine
d’e-kérosène, l’un à Dunkerque,
associant Engie, ArcelorMittal et
l’Américain Infinium, et l’autre à
Meyreuil-Gardanne, près d’Aix-en-
Provence, porté par Hy2gen. En
cause, le manque d’éolien et de
solaire, les freins administratifs,
mais aussi le coût de l’électricité.
« Pour produire du e-kérosène, il
faut beaucoup l’électricité bon mar-
ché et durable, explique Olivier
Aubert. Les deux zones les plus favo-
rables en Europe sont les pays scandi-
naves, où l’on peut faire de l’éolien off-
shore à un coût très faible (35 à
40 euros le kW/h) et l’Espagne et le
Portugal, avec le solaire. En revanche,
les pays où l’électricité est chère et
essentiellement d’origine nucléaire,
comme la France, sont moins favora-
bles ». n
20
Les Hauts-
de-France
se lancent
dans la
production
de vin blanc
VITICULTURE
La première
vendange de
chardonnay a eu
lieu au début de
l’automne dernier.
Marie-Josée Cougard
@CougardMarie
Les Hauts-de-France se met-
tent à la viticulture. Une petite
révolution dans une région où
on est plus habitué à cultiver du
blé, des pommes de terre ou de
la betterave à sucre. Près de
130 agriculteurs de quatre
départements doivent se lancer
dans l’aventure. Ils auront
planté 200 hectares de vigne
d’ici à 5 ans pour produire du
vin blanc – du chardonnay. Les
premiers hectares ont été ven-
dangés en septembre dernier.
« La champagne n’est pas loin.
Nos voisins belges font du vin. Les
Britanniques aussi. Pourquoi
pas nous ? », lance Xavier Harlé,
directeur général de Ternoveo,
une société appartenant à la
coopérative Advitam. Nous
voulions proposer une activité
nouvelle, pour profiter du chan-
gement climatique. Un moyen de
diversifier les revenus de nos
agriculteurs ».
Laurent Seillé, un exploitant
de 52 ans est des plus enthou-
siastes. « J’avais une parcelle de
terre crayeuse. Il y a longtemps
que je pensais à y planter de la
vigne. L’implantation de la pre-
mière vigne n’a pas été simple.
Les jeunes plants sont toujours
un peu fragiles. Aujourd’hui, ils
ne craignent plus rien. La vigne a
fait des racines sur deux mètres ».
Le projet de
Ternoveo engage
130 agriculteurs
de quatre
départements
en quête de
renouveau.
L’agriculteur a dû embau-
cher des saisonniers, même si
l’entretien des vignes est décalé
par rapport au calendrier des
travaux des champs. Il a investi
150.000 euros pour l’achat des
plants, du palissage, des fils où
accrocher la vigne. Sans oublier
le petit tracteur spécial, et un
pulvérisateur… Laurent Seillé
ne table pas sur un retour
rapide sur investissement. « Le
vin ce n’est pas de l’or. Mais la
vigne c’est un placement. Et les
gens aiment bien le local. Si tous
les Hauts-de-France achètent, il y
aura du débouché. », dit-il.
Quatre vins
Ternoveo a inauguré son pre-
mier chai mi-janvier. L’entre-
prise de négoce a réhabilité les
bâtiments d’une sucrerie qu’elle
n’exploitait plus et investi 1 mil-
lion d’euros. « Nous avons fait les
premières vendanges en septem-
bre sur 17 hectares avec 11 agricul-
teurs », explique Xavier Harlé.
Laetitia Vankerkoven, maître
de chai, a jugé la première ven-
dange « prometteuse ». Les ren-
dements visés sont très raison-
nables, à 8.000 kilos par
hectare. Les premières
40.000 bouteilles seront com-
mercialisées dans les magasins
Gamm Vert. « Dans dix ans on
produira 1,5 million de bouteilles
et on servira aussi les restaurants
et les cavistes », précise Xavier
Harlé. n
21 Les Echos Mardi 24 janvier 2023 ENTREPRISES

Nucléaire : l’Autorité de sûreté prête à revoir

ses méthodes pour prolonger les réacteurs
l L’ASN veut changer d’approche
pour donner de la visibilité sur la
durée de vie réelle des centrales.
l Elle envisage de s’inspirer des
standards américains pour évaluer
la sûreté des composants critiques.

Propos recueillis par

Sharon Wajsbrot BERNARD
@Sharonwaj— DOROSZCZUK
Président de
l’Autorité de sûreté

A lors que le gouvernement

se prépare à inscrire dans
la loi sa politique de relance de
l’atome, avec la prolongation de la
nucléaire

Comment font-ils pour avoir

durée de vie des centrales d’EDF et
la relance de la construction de
réacteurs EPR, le président de
l’Autorité de sûreté nucléaire, Ber-
nard Doroszczuk, revient sur les
enjeux que pose ce virage de politi-
que énergétique. Mis en cause par
certains cette année p our sa
méthode jugée trop pointilleuse, ce
dernier défend la mise à l’arrêt sans
délai des réacteurs frappés par la
corrosion sous contrainte.
Emmanuel Macron plaide
pour prolonger la durée
de vie des réacteurs au-delà
de cinquante ans. Certains
plaident même pour aller
au-delà de soixante ans.
Est-ce réaliste ?
Nous avons absolument besoin
d’examiner en profondeur ce sujet,
sans tabou, avec au moins dix à
quinze ans d’anticipation. Il faut
être capable de s’interroger sur la
durée de fonctionnement poten-
tielle des réacteurs au regard des
questions de sûreté, compte tenu
des méthodes de justification qui
sont actuellement acceptées en
France. Il faut regarder les compo-
sants sensibles sur lesquels il y a un
doute, car ils ne sont pas rempla-
çables. C’est le cas de la cuve et de
l’enceinte. Il y a aussi des compo-
sants très difficilement rempla-
çables, compte tenu du risque
d’exposition à la radioactivité des
opérateurs pour le faire, c’est le cas
des coudes moulés qui sont fixés à
la cuve du réacteur. Pour ces com-
posants, il pourrait y avoir une
contrainte dans la poursuite de
fonctionnement, peut-être même
avant cinquante ans. Il faut donc se
poser la question par anticipation
pour pouvoir agir en conséquence.
des réacteurs plus productifs
et plus durables que ceux
installés en France ?
Il y a de nombreuses différences,
mais principalement les méthodes
de justification utilisées aux Etats-
Unis pour définir la durée de vie
d’un réacteur ne sont pas les mêmes
que celles que nous utilisons. Les
Américains utilisent des approches
probabilistes, alors que nous avons
des approches déterministes de jus-
tification de la sûreté. Les Améri-
cains acceptent des scénarios de
défaut à probabilité très faible. Ce
n’est pas notre cas.
Pourrions-nous les imiter ?
Je suis allé aux Etats-Unis récem-
ment pour échanger sur ce sujet
avec mon homologue (la NRC) ainsi
qu’avec l’EPRI – l’organisme de
recherche mutualisé des exploi-
tants nucléaires américains. Nous
avons décidé d’avoir des échanges
techniques avec eux pour voir
quelles sont les méthodes de justifi- En 2022, la production nucléaire française a touché un point bas historique. Photo iStock
cation utilisées aux Etats-Unis, afin
de déterminer si elles pourraient
être acceptées en France. sur nos centrales. Qu’en est-il ? service et les installations nouvelles et prévisibles, l’exploitant peut les pour la première fois depuis 2003,
Mais avant d’en arriver là, nous Nous avons décidé d’intégrer le envisagées. gérer en réduisant la puissance des en cas de besoin pour la sécurité
devons faire un point zéro : c’est-à- sujet du réchauffement climatique réacteurs ou en les mettant à l’arrêt. électrique et d’impératif de néces-
dire déterminer la durée de fonc- dans la réflexion que nous avons Quels sont les points En matière d’impact sur le sité publique en situation excep-
tionnement envisageable des réac- lancée sur la prolongation de la critiques ? milieu naturel, la baisse de débit du tionnelle, des dérogations ponc-
teurs dans des conditions sûres au durée d’exploitation au-delà de En matière de sûreté, l’exploitant cours d’eau peut aussi affecter la tuelles peuvent être accordées par
vu des méthodes de justification soixante ans. Aujourd’hui, nous doit veiller à ce que la température dispersion des effluents issus des l’ASN.
actuelles. EDF devra nous fournir regardons ce sujet par tranches de de l’air dans les locaux ne dépasse réacteurs et peut conduire à une Enfin, les phénomènes de
un dossier étayé sur ce sujet d’ici à dix ans, à l’occasion des réexamens. pas la température maximale élévation de température de l’eau réchauffement de l’eau risquant de
fin 2024. Nous demanderons à EDF de se admissible des équipements indis- au-dessus des seuils autorisés, s’accentuer, cela pourrait impli-
projeter à plus long terme, à partir pensables à la sûreté, et que les après rejet des eaux de refroidisse- quer la nécessité d’installer des sys-
L’exécutif mise aussi sur la des données du GIEC pour détermi- réacteurs disposent en perma- ment. Cela implique pour EDF tèmes de refroidissement moins
construction de réacteurs. ner les points faibles et intégrer le nence de suffisamment d’eau pour d’augmenter ses capacités d’entre- gourmands en eau. Mais, là encore,
Est-ce crédible, compte tenu cumul des impacts potentiels à refroidir les combustibles. Ces phé- posage des effluents sur site. ça prend du temps et cela nécessite
de la très forte tension qui l’échelle territoriale, pour le parc en nomènes étant relativement lents Comme cela s’est produit cet été de l’anticipation. n
pèse sur les ressources ?
La question des ressources est le
sujet numéro un. Le programme

Quand pourrez-vous remettre

un avis sur cette question ?
Nous souhaitons prendre une posi-
tion d’ici à fin 2026 sur la poursuite
de fonctionnement potentielle des
réacteurs français au-delà de
soixante ans. Nous conservons le
processus de réexamen décennal,
mais, en parallèle, nous allons nous
projeter au-delà sur un nombre
limité de composants pour lesquels
nous voulons nous demander
jusqu’où il est raisonnablement
possible de poursuivre l’exploita-
tion. On prend un temps d’avance,
car le pas de dix ans habituel n’est
pas adapté aux besoins d’anticipa-
tion des conséquences éventuelles
de la fin de vie d’un réacteur.
C’est d’ailleurs ce que font les
Américains. Ils ont délivré des
licences d’exploitation jusqu’à qua-
rante ans, puis de quarante à
soixante ans, et maintenant, pour
certains réacteurs, ils vont jusqu’à
quatre-vingts ans.
« Depuis vingt ans,
aucun des grands
projets nucléaires
ne s’est déroulé
comme prévu. »
qui est envisagé est hors normes
par rapport à ce qui a été fait au
cours des vingt dernières années.
Cela à un moment où il y a eu une
perte de compétence dans la filière
et une perte d’expérience dans la
conduite de grands projets.
Depuis vingt ans, aucun des
grands projets nucléaires ne s’est
déroulé comme prévu. Que ce soit
l’EPR, le projet RJH du CEA, ou le
projet ITER. C’est quelque chose
qu’on retrouve dans tous les pays
occidentaux qui ont vécu la même
perte d’expérience du fait de
l’absence de projets nucléaires.
EDF vient à nouveau de décaler
le démarrage de l’EPR de
Flamanville, de sorte que
le remplacement du couvercle
de la cuve du réacteur que
vous avez prescrit aura lieu
quelques mois après son
démarrage… Cela a-t-il encore
un sens ?
Fin décembre, nous avons reçu une
demande de Framatome pour
reporter la date de remplacement
de ce couvercle. Initialement pré-
vue avant fin 2024, Framatome
nous demande de repousser cette
obligation à l’issue d’un premier
cycle complet de fonctionnement,
soit environ mi-2025. Nous allons
instruire cette demande.
Le Sénat s’inquiète des effets
du réchauffement climatique
« Les fissures pouvaient atteindre
le tiers de l’épaisseur des tuyauteries »
EDF n’a jamais produit aussi
peu d’électricité nucléaire.
Pourquoi était-ce indispen-
sable de mettre autant de
réacteurs à l’arrêt en 2022 ?
De manière générale, au prin-
t e m p s e t j u s q u’a u d é b u t d e
l’automne, il y a un nombre impor-
tant de réacteurs qui sont à l’arrêt
pour des opérations de mainte-
nance courante, cela fait partie du
fonctionnement normal de l’outil
industriel d’EDF. Se sont ajoutés
les effets des opérations de grand
carénage décidées par EDF pour
faire face au passage à quarante
ans du parc nucléaire français. Ces
opérations sont bien plus lourdes
que les opérations de mainte-
nance classiques et vont s’étaler
encore pendant quinze ans. Il y a
eu aussi l’effet retard dans les opé-
rations de maintenance généré
par la période Covid. Ces opéra-
tions ont été reprogrammées sur
les trois à cinq années suivantes. A
cela s’est ajouté le phénomène
totalement inattendu de corrosion
sous contrainte sur les circuits
d’injection de sécurité. On met
souvent la corrosion en avant,
mais cela n’explique pas le fait que
la moitié des réacteurs étaient à
l’arrêt il y a quelques mois.
Cet événement a néanmoins
participé à l’explosion
des factures d’électricité
en France et en Europe.
La France n’a-t-elle pas été
trop pointilleuse vis-à-vis
de ces « microfissures » ?
Une fissuration liée à la corrosion
sous contrainte se développe dans
le temps. On peut être au tout
début du phénomène, avec une
microfissure, ou bien plus avancé,
avec une fissuration plus impor-
tante qui se propage. Ce que nous
avons découvert, ce sont des véri-
tables fissures qui pouvaient
atteindre le tiers de l’épaisseur des
tuyauteries. Les tailles de ces
défauts étaient parfois en limite du
niveau qui conduirait à une rup-
ture brutale des tuyauteries en cas
de déclenchement de ce circuit.
Ce circuit permet de refroidir le
cœur du réacteur en cas de brèche
dans le circuit primaire, on aurait
donc pu se retrouver dans une
situation où le circuit d’injection
de sécurité aurait été déclenché et
à cause de la taille, des fissurations
se seraient rompues. Dans ce cas,
on aurait été face à un accident
nucléaire avec une possibilité de
rejet de matière radioactive dans
l’environnement. Le réacteur
aurait vraisemblablement été
perdu. C’est donc un sujet sérieux
en matière de sûreté qui a été traité
sérieusement par EDF par des
décisions responsables de mise à
l’arrêt de certains réacteurs pour
comprendre le phénomène, déter-
miner son ampleur et définir un
plan d’actions.
Avec le perfectionnement
des technologies, ne risque-t-
on pas de trouver de plus
en plus de défauts dans
nos centrales nucléaires ?
Il ne faut pas se tromper, ce n’est pas
parce qu’on est plus exigeant qu’on
a trouvé de la corrosion sous
contrainte. Les technologies de
contrôle qui ont permis à EDF de
soupçonner un phénomène inédit
étaient les mêmes que celles mises
en œuvre antérieurement.
Quand on voit l’explication don-
née par EDF sur la cause prépondé-
rante de développement de ce phé-
nomène, on s’aperçoit qu’elle est
« Les tailles de
ces défauts étaient
parfois en limite
du niveau qui
conduirait à une
rupture brutale
des tuyauteries. »
spécifique à la France, puisque ce
sont des réacteurs avec des géomé-
tries de tuyauterie en évolution par
rapport au design initial de Wes-
tinghouse qui favorisent ce phéno-
mène. D’ailleurs, en France, les
réacteurs de 900 MWe, les plus
anciens, conformes à ce design ini-
tial, ne sont pas ou sont très peu
affectés par le phénomène. Si les
Américains ne trouvent pas de
corrosion sous contrainte, ce n’est
pas parce que leur autorité de
contrôle est moins exigeante ou
parce que leurs techniques de
contrôle sont moins sophistiquées,
cela peut être parce que leurs réac-
teurs à eau sous pression ont un
design différent. — S.W.
ENTREPRISES
Les laboratoires Boiron
sauvés par les tests Covid
PHARMACIE
Le spécialiste français
de l’homéopathie a
retrouvé la forme grâce
à sa diversification,
notamment dans les
autotests et tests contre
la grippe et le Covid-19.
L’ETI de 2.750 salariés
se remet à recruter.
Stéphane Frachet
@FrachetStephane
— Correspondant à Lyon
La crise du Covid a relancé Boiron.
Fragilisé par l’arrêt du rembourse-
ment de l’homéopathie en France le
1er janvier 2021, le numéro un mon-
dial de cette spécialité en termine
déjà avec sa convalescence. Boiron
aborde l’année 2023 en pleine
forme, en partie grâce à sa diversifi-
cation rapide vers les tests et auto-
tests contre le Covid-19 et la grippe.
« Toutes les zones géographiques
et tous nos produits progressent »,
nuance Valérie Lorentz-Poinsot,
directrice générale de l’ETI lyon-
naise, qui vient de clore l’année 2022
sur un chiffre d’affaires de 534 mil-
lions d’euros, en croissance de 17 %.
Dans le détail, si les historiques
granulés continuent de reculer,
l’homéopathie dans son ensemble
gagne 1 % grâce aux spécialités,
comme les sirops contre la toux.
« Les Américains et Canadiens, en
quête de médicaments plus naturels,
s’emparent de nos produits hiver »,
témoigne la dirigeante, qui ajoute
que les ruptures d’approvisionne-
ment de ses concurrents ont favo-
risé les produits Boiron sur le conti-
nent nord-américain. « Notre
supply chain française et européenne
et notre usine intégrée nous ont évité
de vivre des arrêts de production »,
ajoute la dirigeante de cette entre-
prise de 2.750 collaborateurs, dont
1.800 en France.
Toutefois, ce sont bien les tests qui
nourrissent ce regain de vitalité.
Boiron a noué des accords avec le
LA TRANSITION ENVIRONNEMENTALE, QUELLES PRATIQUES,
Lundi 6 février 2023 - 9 h 00 >> 17h30
En présentiel à l’Auditorium du 10 Grenelle - PARIS 15
En partenariat avec
L’approvisionnement français et européen du laboratoire lui a évité de vivre des arrêts de production.
breton NG Biotech, pour qui il
assemble et distribue des tests
depuis son usine de Messimy
(Rhône), et avec le laboratoire sino-
américain Anbio. « Chaque lot est
validé par notre laboratoire qualité »,
mentionne Valérie Lorentz-Poinsot.
Dans le cas du test sino-améri-
cain Anbio, c’est Boiron qui a porté
les autorisations de mise sur le mar-
ché en France et dans plusieurs pays
d’Europe continentale. Dans l’autre
sens, le réseau commercial du labo-
ratoire français a facilité la tâche de
ces nouveaux entrants auprès des
pharmacies.
Les autres axes de diversification
vers la cosmétique et le cannabis
thérapeutique prennent plus de
temps. Pour le cannabis, le gouver-
nement a retardé à mars 2024
QUELS FINANCEMENTS ?
# demainlagriculture
l’expérimentation à laquelle doit
participer Boiron au côté du cana-
dien Curaleaf, qui déploie déjà ses
produits pour adultes dans 21 Etats
américains. Dans la beauté, Boiron
a acquis pour 1,75 million d’euros
une start-up, Abbi, au premier
semestre 2022. Celle-ci conçoit et
fabrique une gamme de soins sur
mesure à partir d’un selfie et d’un
logiciel associé à l’intelligence artifi-
cielle. Boiron a installé les équipes
dans un atelier de son ancien siège
de Sainte-Foy-lès-Lyon.
Reprise des recrutements
Toujours dans la cosmétique, un
accord vient d’être conclu avec le
laboratoire milanais Giuliani, pré-
sent dans la gastro-entérologie et
leader en Italie des produits capillai-
Organisé par
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos 22
Fruits et légumes :
les producteurs
s’inquiètent
de l’évolution de
la consommation
gramme européen a été élaboré
ALIMENTATION dans ce sens à l’initiative de la
Les jeunes
France, qui en retour « à force de
de moins de 35 ans
surtranspositions du texte se
montre incapable de le mettre
consomment trois à en œuvre. C’est une honte »,
quatre fois moins de déplore Laurent Grandin.
fruits et légumes que
leurs grands-parents. Plan de relance
fin février ?
La filière ne se résout pas au
Mais la balance
déclin et élabore actuellement
commerciale ne un plan de souveraineté « fruits
cesse de se dégrader. et légumes » avec pour objectif
de remonter le niveau d’auto-
Marie-Josée Cougard suffisance de la France à 60 %
@CougardMarie d’ici dix ans. Le ministre de
l’Agriculture et de la Souverai-
Les consommateurs boudent neté alimentaire, Marc Fes-
les fruits et légumes. Le phéno- neau, devrait le détailler fin
mène, qui s’accélère depuis février au Salon de l’Agriculture.
le Covid-19, touche tout particu- Au chapitre des actions à
lièrement les jeunes généra- engager pour relancer la pro-
tions. Les chiffres en témoi- duction, la filière cite le déve-
gnent. « Les personnes de moins loppement des serres froides.
de 35 ans mangent trois à qua- Celles-ci doivent permettre
tre fois moins de fruits et légu- de protéger les cultures des
Boiron
mes que leurs grands-parents », intempéries, dont le rythme et
explique Laurent Grandin, la gravité se multiplient avec le
président de l’Interprofession changement climatique. Le
(Interfel). D’autant que la développement de cultures plus
res, afin de distribuer ses produits France ne cesse d’augmenter résistantes aux intempéries
en Espagne et au Portugal. ses importations. Car l’évolu- obtenues grâce aux techniques
Pour l’instant, ce segment ne tion de la demande n’a pas de sélection génomique y
représente pas encore un relais de empêché le déficit de la balance contribuerait également. La
croissance pour l’ETI lyonnaise, qui commerciale de se creuser de robotisation permettrait de
ne crie pas victoire après le doulou- 14 % en dix ans. « On ne produit gagner en productivité. Autant
reux PSE qui a entraîné 512 licen- plus que la moitié de nos besoins. d’options qui requièrent des
ciements, la vente d’une usine à Si on continue sur cette voie, moyens financiers importants.
Montrichard (Loir-et-Cher) et la fer- l’autosuffisance en la matière
meture de plusieurs centres de pré- tombera à 35 % d’ici à dix ans »,
paration et distribution à travers le poursuit-il. Tout cela en pleine L’interprofession
pays. Mais, signe du renouveau, Boi- mode végan. redoute les « effets
ron vient de boucler le recrutement Les vertus nutritionnelles
de 20 opérateurs en production. des fruits et légumes ont été
d’annonce » du
Comme ses confrères de la pharma- scientifiquement prouvées, gouvernement.
cie, l’industriel a eu du mal à recru- leur rôle de prévention dans le
ter, au point d’avoir recours à la cancer est avéré. Les recom- L’interprofession redoute les
méthode de recrutement par simu- mandations de consomma- « effets d’annonce » du gouver-
lation. Une pénurie de personnel tion de quatre à cinq fruits et nement et demande que des
que Boiron n’avait pas connue légumes par jour ont été répé- moyens « suffisants » soient
depuis plusieurs années. n tées à l’envi. Rien n’y fait. affectés à la recherche, à l’équi-
pement des exploitations
« Eduquer les enfants comme au soutien de la
dès l’école primaire » consommation de fruits et légu-
La filière est pourtant convain- mes. La promesse d’un « chèque
cue qu’il est possible d’inverser alimentaire » pour les foyers
la vapeur. « Il faut sortir des modestes avait finalement
injonctions et éduquer les enfants été écartée au profit d’autres
dès l’école primaire », estime aides publiques (chèque infla-
Laurent Grandin. Un pro- tion ou chèque énergie). n
à suivre
Shutterstock
Gaz : les volumes d’Engie freinés
par la douceur du climat en 2022
ÉNERGIE « L’année 2022 a été nettement plus chaude que l’année
précédente, ce qui a entraîné la chute des volumes de gaz distribué
en France pour GRDF et pour les autres activités de fourniture
d’Engie en France », a fait savoir le groupe, lundi, dans un com-
muniqué qui fournit aux marchés des informations préliminai-
res sur ses résultats annuels. Au total, les volumes de fourniture
d’énergie et de distribution ont chuté de près de 40 TWh. Dans le
nucléaire en Belgique et dans ses activités hydroélectriques,
Engie subit le même phénomène. En 2022, la flambée des prix
pourrait toutefois venir compenser la chute des volumes pour le
groupe français qui publiera ses résultats le 21 février.
23
HIGH-TECH&MEDIAS
Les Echos Mardi 24 janvier 2023

L’INA accélère sa digitalisation « Avatar 2 »

dans le club
des films
l Le gardien des archives à 2 milliards
s’est transformé en profondeur de dollars
ces dernières années.
l En développant sa présence sur CINÉMA
les réseaux sociaux et en lançant son
Le nouvel opus
offre SVoD, Madelen, l’Institut national de James Cameron
de l’audiovisuel compte valoriser son fait un démarrage
vaste patrimoine grâce au numérique. en fanfare.

AUDIOVISUEL
Stéphane Loignon
@stephloignon
C’est au sous-sol de l’extension
r é c e n t e d ’u n b â t i m e n t d e s
années 1970, perché sur le plateau
de Bry-sur-Marne, que l’Institut
national de l’audiovisuel (INA) cache
son trésor : son data center aux près
de 25 millions d’heures d’archives
télévisuelles, dont la numérisation a
pris plus de vingt ans. Alors que les
bobines d’origine s’étalent sur
100 km de rayonnage à Saint-Ré-
my-l’Honoré, leur version numéri-
que n’occupe plus que quelques ran-
gées de serveurs et d’armoires
robotisées. Un bras articulé vient de
temps à autre y piocher un « LTO »,
ces puissantes cassettes de stockage
numérique, quand une boîte de pro-
duction ou un documentariste, der-
rière son écran, commande une
archive sur INA Mediapro.
Ce data center de pointe est à la
fois la base et l’incarnation de la
mutation de l’INA, qui n’est plus
seulement le responsable d’un
immense catalogue d’archives (dont
la vente a rapporté 14 millions
en 2022), mais aussi un média très
présent sur le numérique, l’opéra-
teur d’une plateforme de SVoD,
Madelen, un producteur de docu-
mentaires et de podcasts, et un
organisme de formation.
Apporter du contexte
à l’actualité
La transformation de l’Institut, qui
bénéficie en 2023 d’une dotation
publique de 93,6 millions d’euros et
s’autofinance pour une quarantaine
de millions d’euros par an, est visible
à tous les étages. Dans le bâtiment
« Il faut rapprocher les offres numériques
adjacent, au premier, des étudiants
sortent de cours. La « classe alpha »,
créée par l’INA il y a trois ans en par-
tenariat avec la région Ile-de-France
et France Télévisions, forme chaque
année une centaine d’étudiants sans
condition de diplôme aux métiers
du numérique et de l’audiovisuel, et
vient compléter les BTS et masters
déjà proposés par l’INA, en plus des
activités de formation profession-
nelle. L’offre de formation devrait
encore s’enrichir si les deux dossiers
déposés par l’INA dans le cadre du
plan France 2030 sont retenus au
printemps.
Plus loin, un open space accueille
la rédaction de l’INA, un service créé
il y a un an et demi. Une centaine de
salariés travaillent sur l’« éditoriali-
sation » des contenus et leur mise en
avant sur les réseaux sociaux. « Cha-
que matin, en conférence de rédaction,
nous discutons entre journalistes et
documentalistes des contenus que
nous allons rechercher, avec l’objectif
d’apporter du contexte à l’actualité
du jour », résume Antoine Bayet, le
directeur éditorial. Un changement
d’approche par rapport à l’ancienne
ligne éditoriale, déconnectée de
l’actualité et axée sur l’éphéméride.
Ce repositionnement ainsi que la
diffusion des contenus sur Face-
book, YouTube – où l’INA compte de
nombreuses chaînes –, Instagram et
TikTok ont permis d’élargir considé-
rablement l’audience. « Cette straté-
gie multicanale a été un des piliers de
sa progression, avec 1,3 milliard de
vidéos vues en 2022 », se réjouit
le président de l’INA, Laurent Vallet
(lire ci-dessous).
La même stratégie d’élargisse-
ment de la distribution est appli-
quée à la plateforme de SVoD Made-
len. Lancée en 2020 d’abord en OTT,
cette « plateforme à remonter le
Marina Alcaraz
@marina_alcaraz
« Avatar 2 » entre dans le pan-
théon des films les plus vus de
tous les temps. Cette méga pro-
duction des studios 21st Century
Fox (Disney) a totalisé plus
de 2 milliards de dollars de
recettes au box-office mondial.
Une prouesse : seulement
six films ont réalisé de tels sco-
res jusqu’à présent, dont trois de
James Cameron (le premier
« Avatar », « Titanic », « Aven-
gers : Endgame », « Star Wars :
Le Réveil de la Force », « Aven-
gers : Infinity Wars » et le dernier
« Avatar »). « Il s’agit du film le
plus vu depuis la pandémie »,
note Eric Marti, directeur de
Comscore en France. Le film a
engrangé près de 598 millions
de dollars en Amérique du Nord
et 1,43 milliard dans le reste
du monde.
L’arrivée des épisodes de « Chapeau melon et bottes de cuir » sur Madelen a permis à la plateforme
de SVoD de l’INA de recruter plusieurs milliers d’abonnés. Photo INA Fréquentation en hausse
en France
temps », à 2,99 euros par mois, est Prévu également au premier thèmes les plus cités dans les jour- Dans les salles obscures hexa-
disponible sur Amazon Prime semestre, le lancement du site naux télévisés. gonales, aussi, « Avatar : La Voie
Video depuis décembre 2021, ce qui Data.ina.fr, qui permet d’analyser Enfin, l’INA, fort du succès de ses de l’eau » a démarré sur les cha-
a fait passer le nombre d’abon- des données tirées des archives podcasts sur Simone Veil (doublés peaux de roues. Avec presque
nés d’environ 40.000 à près de de l’INA, est un autre projet phare d’un essai coédité chez Flamma- 12 millions d’entrées depuis sa
55.000 aujourd’hui. de l’année. Ouvert à tous mais parti- rion, classé dans les meilleures ven- sortie, mi-décembre, le film a
culièrement destiné aux cher- tes en librairie) et sur la guerre fait mieux que le premier opus,
Madelen bientôt chez les FAI cheurs, ce service, actuellement en d’Algérie (issus d’une série docu- en décembre 2009, à la même
« Nous allons pouvoir être distribués phase de test, s’appuie sur des algo- mentaire maison), poursuit ses période (11 millions d’entrées
en avril sur les téléviseurs connectés, rithmes d’intelligence artificielle aventures dans l’audio. Plusieurs pour son sixième week-end à
puis chez les FAI, au premier semes- de reconnaissance faciale et de nouvelles séries de podcasts sor- l’époque). « L’érosion est assez
tre », se réjouit la directrice générale transcription pour savoir « qui tiront au printemps, notamment limitée dans le temps. Faire
déléguée de l’Institut, Agnès Chau- parle et de quoi », résume Antoine sur l’application Radio France. Ils 6 0 0.0 0 0 e n t ré e s s u r u n
veau. « Cela nous laisse espérer une Bayet. Différents baromètres seront centrés sur la vie des généra- sixième week-end, c’est extraor-
croissance encore plus forte du nom- mesurent, par exemple, la fré- tions passées, des faits divers célè- dinaire », note le professionnel.
bre de nos abonnés en 2023 », pour- quence de la présence à l’écran de bres et des entretiens avec des per-
suit-elle. L’ajout récent des épisodes dirigeants politiques, le temps sonnalités comme Marguerite
de « Chapeau melon et bottes de de parole des hommes et des fem- Duras, Albert Camus ou Michel Seulement six films
cuir » a déjà permis de recruter plu- mes à la télévision et à la radio Foucault. Une nouvelle manière de ont réalisé de tels
sieurs milliers de fidèles. (un outil utilisé par l’Arcom), ou les conjuguer le passé au présent. n scores jusqu’à
présent, dont trois
de James Cameron.
Toute la question est de savoir

du service public audiovisuel » jusqu’où ira ce blockbuster for-

mat « extra-large » (3 heures et
12 minutes). Pour l’heure, il est à
la septième place en France,
e président de l’Institut natio- de vente d’archives, de formation, de çons aussi des podcasts, notam- l’intelligence artificielle, d’analyser derrière « Titanic » (21,8 mil-

L nal de l’audiovisuel, Laurent

Vallet, dévoile les prochaines
étapes de la transformation de son
institution, appelle à de nouvelles
coopérations dans l’audiovisuel
public et lève un coin du voile sur les
projets soumis dans le cadre de
France 2030.
Comment envisagez-vous
la négociation des prochains
contrats d’objectifs
et de moyens de l’audiovisuel
public avec l’Etat ?
La solution proposée par la ministre
de la Culture de pérenniser l’affecta-
tion d’une fraction des recettes de
TVA pour financer l’audiovisuel
public va dans le bon sens pour sécu-
riser les ressources, qui seront négo-
ciées dans les contrats d’objectifs et
de moyens (COM) 2024-2028. La tra-
jectoire précédente 2020-2022 a
réduit le financement du secteur de
180 millions d’euros. L’INA a pris sa
part de l’effort. On ne pourra pas tou-
jours faire mieux avec moins, même
si on a le droit de se poser la question
de l’efficience du service public.
SVoD avec notre offre Madelen,
notre chiffre d’affaires 2022 – 42 mil-
lions d’euros – est en hausse de 20 %
par rapport au point bas de 2020.
Nous espérons plus de 45 millions
d’euros en 2023.
Comment renforcer
les coopérations
dans l’audiovisuel public ?
L’INA pourrait retrouver un rôle
central dans la formation profes-
sionnelle de l’ensemble de l’audio-
visuel public. Nous projetons de ras-
sembler nos activités de formation
initiale et professionnelle dans une
entité dédiée, dont l’INA serait l’opé-
rateur majoritaire et qui rassemble-
rait les autres acteurs de l’audio-
visuel public. Cela permettrait de
« L’INA pourrait
retrouver un rôle
central dans
la formation
professionnelle
LAURENT VALLET
Président de l’INA
faciliter l’insertion des étudiants et
de faire des économies immédiates,
puisque les budgets de formation
professionnelle seraient davantage
qu’aujourd’hui dépensés au sein
même de l’audiovisuel public.
La négociation des COM doit aussi
permettre de discuter d’un point
d’entrée simple et direct à l’ensemble
des offres de l’audiovisuel public sur
le numérique. Ne serait-ce que sur
les télévisions connectées. L’INA est
prêt à avancer très rapidement en ce
sens et en discute déjà avec France
Télévisions. Nous sommes puis-
sants séparément, ensemble nous le
serons de façon démultipliée. Nous
le devons à nos concitoyens.
L’INA s’est beaucoup
transformé ces dernières
années. Quelles sont
les prochaines étapes ?
D’abord, continuer à renforcer le
caractère distinctif de notre offre.
Charlotte Schousboe
ment autour de faits divers et de
grandes personnalités. Nous en par-
tagerons bien sûr la diffusion avec
Radio France. Ensuite, nous vou-
lons continuer à élargir la diffusion
de nos offres. Une étape importante
nous attend, avec la distribution
prochaine sur les télévisions
connectées et les FAI de Madelen,
qui compte près de 55.000 abonnés.
C’est considérable pour une offre de
SVoD patrimoniale. Enfin, il faut
continuer à proposer au public des
solutions innovantes. Par exemple
Data.ina.fr, la plateforme qui sera
lancée en mars et permettra, grâce à
« Nous voulons
ce qui passe à la télévision – par
exemple le temps de parole des fem-
mes dans une émission, ou les thè-
mes abordés.
Vos formations bénéficieront-
elles d’un élan supplémentaire
avec le plan France 2030 ?
Outre la formation professionnelle,
nous formons déjà plus de 300 étu-
diants par an aux métiers de l’audio-
visuel et du numérique, à travers
des BTS, des masters et la « classe
alpha », où nous accueillons une
centaine de jeunes sans condition
de diplômes. Nous avons soumis
deux dossiers à France 2030 : le pre-
mier est la création d’une franchise
de la « classe alpha » à Marseille,
en partenariat notamment avec la
Femis et France Télévisions. Le
second s’intègre dans le projet plus
global d’un grand pôle audiovisuel
sur le plateau de Bry-sur-Marne. En
écho au projet d’extension des stu-
dios de tournage porté par un pro-
fessionnel du secteur, nous propo-
sons de développer nos activités de
formation et d’accueillir dans nos
lions d’entrées), « Bienvenue
chez les Ch’tis » (20,4 millions),
« Intouchables » (19,5 millions),
le premier « Avatar » (14,7 mil-
lions), « Astérix et Obélix : Mis-
sion Cléopâtre » (14,4 millions),
« Qu’est-ce qu’on a fait au Bon
Dieu ? » (12,4 millions), dans le
classement depuis 1998. « Mais
les vacances scolaires vont arri-
ver vite », ajoute Eric Marti.
Un début d’année
de bon augure
Grâce à « Avatar : La Voie de
l’eau », les cinémas français ont
retrouvé pleinement le sourire,
après plusieurs années chahu-
tées. Le début d’année est de bon
augure, alors que les profes-
sionnels comptent beaucoup
sur 2023 pour relancer les sal-
les. Outre l’excellent démarrage
d’« Avatar 2 », 2023 s’est ouverte
sur la bonne performance des
« Tirailleurs » avec Omar Sy.
Les professionnels attendent
aussi des succès pour « Astérix
et Obélix » (en février), le nou-

L’INA est l’entreprise de l’audio-
visuel public dont la part d’autofi-
nancement est la plus grande – envi-
ron 30 %, soit environ 40 millions
d’euros par an. Grâce à nos activités
de l’ensemble Nous allons relancer notre émission continuer à élargir locaux des écoles audiovisuelles ou veau Spielberg (« The Fabel-
de l’audiovisuel ADN, qui confrontait pendant la
la diffusion numériques, et des prestataires mans »), mais aussi « Fast and
public. » présidentielle des candidats à des pour les studios. Furious 10 » et, à la période esti-
archives, en invitant plutôt des cher- de nos offres. » vale, « Indiana Jones 5 » ou
cheurs ou des sportifs. Nous lan- Propos recueillis par S. Lo. « Mission Impossible 7 ». n
 24
START-UP Mardi 24 janvier 2023 Les Echos

Pasqal lève 100 millions

d’euros, un record dans
le quantique en Europe
l Cette pépite française a développé une technologie à base d’atomes neutres.
l Elle a déjà vendu des machines et signé des contrats avec des industriels
pour mettre à leur disposition sa force de calcul.
DEEPTECH
Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien
Quand il a soutenu sa thèse de doc-
torat en 2002, Georges-Olivier Rey-
mond ne pensait pas qu’il verrait
des ordinateurs quantiques de son
vivant. Aujourd’hui, tout a changé.
Le patron de Pasqal a non seule-
ment développé des premières
machines, mais il vient aussi de
lever 100 millions d’euros – un
record pour une start-up du quanti-
que en Europe – pour les rendre
plus performantes.
Le finlandais IQM a certes
a m a s s é 1 2 8 m i l li o n s d ’e u r o s
en 2022. Mais cette enveloppe com-
prenait notamment un prêt de la
Banque européenne d’investisse-
ment. A l’inverse, Pasqal certifie
que son financement est constitué
« à 100 % d’equity ». « Là-dessus, on
ira ajouter de la dette et des subven-
tions plus tard et on sera facilement à
130-140 millions d’euros », se pro-
jette Georges-Olivier Reymond, qui
a cofondé cette société avec quatre
associés dont Alain Aspect, le
récent prix Nobel de physique. Le
fonds souverain singapourien
Temasek a mené le tour de table au
côté du Conseil européen de l’inno-
ÉCOUTEZ NOTRE
PODCAST LA STORY
« 2023, quel avenir pour les
start-up ? », un épisode
de « La Story », le podcast
d’actualité des « Echos ».
vation (EIC), Wa’ed Ventures et du
fonds Large Venture de Bpifrance.
Les investisseurs historiques de
Pasqal (Quantonation, le Fonds
Innovation Défense, Daphni et Eni
Next) ont également remis au pot.
« Le capital de Pasqal reste largement
français et européen », insiste le diri-
geant. La société ne communique
pas sur sa valorisation.
Une technologie atypique
Dans un marché du capital-risque
refroidi, lever un tel montant est un
bel exploit. Pasqal récolte les fruits
de son pari de départ. Alors qu’il
existe plusieurs chemins possibles
pour inventer un ordinateur quan-
tique capable d’offrir, un jour, une
puissance de calcul sans équiva-
lent, la start-up a choisi de dévelop-
per une machine à base d’atomes
neutres. Une technologie qui a plu-
sieurs atouts.
« Nous n’avons pas besoin de fabri-
quer des qubits [l’unité élémentaire
dans la physique quantique,
NDLR]. Nous utilisons des atomes de
rubidium que nous prenons dans la
nature et qui sont pareils à Paris ou à
Tokyo », décrypte Georges-Olivier
Reymond. « Ces atomes sont quanti-
ques par nature. Résultat : nous
n’avons pas besoin de les refroidir.
To u t s e p a s s e à t e m p é ra t u re
ambiante. Par ailleurs, les technolo-
gies optiques nous permettent de pas-
ser à l’échelle », poursuit le récipien-
daire de la médaille d’or du CNRS.
« Ce n’est pas le modèle le plus cou-
ramment utilisé dans le calcul quan-
tique dans le monde. L’avantage, c’est
qu’il est pour l’instant plus viable et
permet de traiter des problèmes con-
crets à une échéance plus courte que
ce qu’on peut faire avec des modè-
les programmables », remet en per-
spective Olivier Ezratty, auteur du
livre « Understanding Quantum
Technologies 2022 ». Aux Etats-
Unis, QuEra, AtomComputing,
Planqc et Infleqtion explorent aussi
« Il faut trouver
des cas d’usage,
montrer
que l’ordinateur
quantique
est efficace,
entraîner
les utilisateurs pour
qu’ils apprennent
à s’en servir. »
GEORGES-OLIVIER REYMOND
Patron de Pasqal
cette voie. Pasqal a une longueur
d’avance sur eux, estimait récem-
ment l’investisseur Russ Fein. « La
première génération de nos machines
fonctionne entre 100 et 200 qubits. La
seconde en aura 1.000 », avance
Georges-Olivier Reymond.
Le cap des qubits
La start-up assure pouvoir attein-
dre ce seuil symbolique dès cette
année, et fournir un ordinateur
quantique capable de débloquer
des avantages commerciaux pour
ses clients en 2024. A ce stade, Pas-
qal a déjà fabriqué quatre prototy-
pes. « Deux à usage interne et
deux autres qui ont été vendus
dans des centres de calcul de haute
performance à Jülich en Allemagne
et au Genci en France », précise
le fondateur.
La pépite née sur le plateau de
Saclay a aussi signé des premiers
contrats avec des grands groupes, à
l’image du Crédit Agricole CIB, pour
les aider à résoudre des problèmes
complexes. « Il faut trouver des cas
d’usage, montrer que l’ordinateur
quantique est efficace, entraîner les
utilisateurs pour qu’ils apprennent à
s’en servir », énumère l’entrepre-
neur. Avec son trésor de guerre,
Pasqal veut industrialiser son pro-
cessus de fabrication, ce qui impli-
quera de recruter une centaine de
salariés, acheter du matériel, cons-
truire des usines, tout en gardant le
cap technologique. A terme, le
cloud a vocation à devenir son prin-
cipal canal de distribution (modèle
du « quantum-as-a-service »). Une
première expérimentation a été
lancée avec OVHCloud. Pasqal a
également signé un partenariat
avec Microsoft Azure.
Développer
la partie logicielle
Au-delà du hardware, Pasqal fait
aussi du logiciel. « Il faut une bonne
technologie mais aussi des bonnes
applications par-dessus », rappelle
Georges-Olivier Reymond. C’est
pourquoi la société a fusionné avec
la start-up néerlandaise Qu & Co
en 2022, spécialisée dans les algo-
rithmes quantiques.
« Tout le monde se focalise sur le
nombre de qubits car c’est la course
pour tous les fabricants de hardware.
Mais on constate qu’il y a aussi beau-
coup de progrès dans le logiciel et les
algorithmes quantiques. Si on arrive
à avoir un algorithme 1.000 fois plus
efficient, on aura peut-être besoin
d e 1.0 0 0 o u 100 foi s m oi n s d e
besoins », analyse Olivier Tonneau,
investisseur chez Quantonation.
Si la start-up parvient respecter
son ambitieuse feuille de route, elle
devra de nouveau frapper à la porte
des investisseurs. « Nous avons
réussi à amener une boîte comme
Pasqal à un niveau assez extraordi-
naire. Il va maintenant falloir l’aider
pour la série C ou la série D. Ces tours
devront faire 200 ou 300 millions
d’euros, voire un milliard si Pasqal
veut apporter sa technologie au mar-
ché et prendre le leadership », anti-
cipe Christophe Jurczak, cofonda-
teur de Pasqal et investisseur chez
Quantonation. Le propre d’un
record est d’être battu. n Pasqal est le leader français de l’ordinateur quantique. Photo Pasqal

Quantonation, le fonds hyperactif Maud Vinet (SiQuance) relè

dans ces technologies de rupture
Cette société de gestion
a investi dans 23 sociétés,
dont les principales
start-up françaises
du secteur comme Pasqal
ou Quandela. L’un
de ses associés, Christophe
Jurczak, a fait sa thèse sous
la direction du prix Nobel
Alain Aspect.
C’est une date à marquer d’une
pierre blanche pour Quantona-
tion. Pasqal, un des pionniers tri-
colores de l’ordinateur quantique,
a bouclé un tour de table de
100 millions d’euros. Un record
pour une start-up européenne du
secteur mais aussi pour ce fonds
devenu incontournable dans les
technologies quantiques.
Ce financement a une saveur
dans le monde du capital-risque !
Christophe Jurczak travaillait en
Californie quand il a assisté à la
naissance des premières start-up
dans le quantique. A son retour en
France, il a participé au lancement
de Pasqal, dirigée par George-Oli-
vier Reymond, et s’est rapproché
de Charles Beigbeder et d’Olivier
Tonneau pour lancer un fonds
d’amorçage consacré à cette rup-
ture technologique.
Partir tôt dans la course
L’idée était de partir tôt dans la
course et de cibler des start-up
dans quatre verticales : le calcul
quantique, les communications
quantiques, les capteurs quanti-
ques et la physique profonde.
Au total, Quantonation est au
capital de 23 start-up dans le
développe un calculateur quanti-
que. Aucun fonds n’a réalisé autant
d’opérations dans le monde. Cette
spécificité lui apporte une
belle notoriété. « Les 450 à 500
sociétés dans le quantique viennent
toutes nous voir », souligne Charles
Beigbeder.
La seconde révolution quanti-
que a débouché sur une vague
d’innovations inédites. Mais ses
retombées économiques sont
incertaines, voire lointaines
pour certaines technologies. Pour
minimiser les risques, Quantona-
tion alterne les investissements
entre le logiciel et le hardware.
« Nous sommes agréablement sur-
pris du fait que, parmi les 23 sociétés
de notre portefeuille, certaines génè-
rent du revenu plus tôt que ce que
l’on imaginait au départ », com-
dans plusieurs sortes de hardware
car nous estimons qu’ils auront
tous leur place dans les cinq à
dix prochaines années et pourront
résoudre des problèmes diffé-
rents et complémentaires », insiste
Olivier Tonneau.
Quantonation a déjà fait une
sortie (la start-up canadienne
Quantum Benchmark) et contri-
bué au mariage de deux de ses
pépites (Pasqal et Qu & Co). Pour
aider les jeunes pousses du quanti-
que à grandir, le fonds tricolore
lève un nouveau véhicule qui
devrait être doté de 300 millions
d’euros. « Les grosses levées de
fonds, c’est maintenant qu’il va fal-
loir les faire », se projette Christo-
phe Jurczak.— Ad. L.
Après une carrière
de chercheuse physicienne,
Maud Vinet vient de lancer
sa première start-up,
SiQuance, spécialisée
dans le calcul quantique.
Camille Wong
@wg_camille
Elle en parle avec un tel attrait qu’on
serait presque tenté d’y poser nos
valises. Attachée à Grenoble depuis
ses études d’ingénieure, Maud
Vinet, 47 ans, loue une ville « soli-
daire et soudée », avec des compé-
tences à la fois dans « la recherche
fondamentale et l’industrie expéri-
mentée ».
Maud Vinet navigue dans les
deux. Titulaire d’une thèse en physi-
que, elle s’est ensuite tournée vers la
microélectronique au CEA-Leti à
Grenoble, après un passage de qua-
tre ans chez IBM à New York. Celle
« L’originalité des projets de Maud
Vinet est liée à la filière de Grenoble.
Les associés ont notamment choisi
d’intégrer des puces de contrôle »,
détaille Olivier Ezratty, consultant
dans les technologies quantiques.
Pour ce faire, la chercheuse utilise le
silicium, la technologie utilisée dans
des semi-conducteurs, contraire-
ment à de nombreux concurrents
qui utilisent les supraconducteurs.
Plus de 70 brevets liés
aux nanotechnologies
C’est d’ailleurs près de Grenoble que
le franco-italien STMicroelectronics,
qui produit des semi-conducteurs, a
choisi d’étendre son usine. « L’avan-
tage, c’est qu’on sait déjà qu’on peut
produire du silicium, on sait en faire
des milliards et on sait les implémen-
ter dans des services complexes »,
explique Maud Vinet, en montrant
son smartphone en exemple.
Les secteurs qui pourraient béné-

particulière puisque Pasqal a été
cofondée par Christophe Jurczak,
qui est l’un des directeurs associés
de Quantonation et a fait sa thèse
sous la direction d’Alain Aspect,
récent prix Nobel de physique et
autre cofondateur de la jeune
pousse. Un cas de figure atypique
monde, dont la plupart des pépites
françaises (Pasqal, Quandela,
Qubit-Pharmaceuticals, Lighton,
Cryptonext Security, Inspek).
« Quantonation a eu un rôle de cata-
lyseur dans cette révolution »,
décrypte Valérian Giesz, le patron
de Quandela, une start-up qui
mente Olivier Tonneau.
Une sortie et une fusion
Le fonds d’investissement n’hésite
pas à monter au capital de jeunes
pousses évoluant parfois dans le
même secteur, comme le calcul
quantique. « Nous pouvons investir
300
qui se dit être une femme d’action se
lance désormais dans l’entrepre-
neuriat avec SiQuance, une pépite
née d’une collaboration entre le
MILLIONS D’EUROS CNRS et le CEA, qui se donne pour
La levée de fonds mission de développer et commer-
de Quantonation pour aider les cialiser un ordinateur quantique
jeunes pousses du quantique. dans un horizon à dix ans.
ficier des super puissances de calcul
des ordinateurs quantiques sont
nombreux : la transition écologique,
la finance, l’industrie… « C’est l’occa-
sion de redonner un leadership à la
France. Le terrain de jeu est ouvert et
c’est une chance pour se repositionner
dans un domaine technologie de
 25 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
ve le défi de l’entrepreneuriat
pointe », glisse l’entrepreneuse, par
ailleurs détentrice de plus de 70
brevets liés aux nanotechnologies.
La patronne a participé à l’élabo-
Elle a dit ration du rapport quantique pré-
senté par la députée Paula Forteza
début 2020. Ce même rapport qui a
débouché sur le plan quantique
doté d’1,8 milliard d’euros, annoncé
par Emmanuel Macron en 2021.
Les premiers prototypes
Dans le viseur de l’entrepreneuse,
une levée de fonds auprès d’acteurs
« C’est l’occasion privés pour un tour de financement
à deux chiffres. L’objectif ? « Démon-
de redonner trer la possibilité de passer à l’échelle
un leadership en implémentant ce que nous faisons
à la France. dans des technologies industrielles
Le terrain d’ici à trente mois », complète-t-elle.
Le tout, avec une équipe pour le
de jeu est ouvert moment réduite de six personnes,
et c’est une chance « en parité parfaite », sourit la
pour se patronne, qui a cofondé SiQuance
avec Tristan Meunier et François
repositionner Perruchot. Tout le monde est
dans un domaine hébergé au CEA de Grenoble. « Les
technologie sommets enneigés m’inspirent à la
prise de recul et à la hauteur, permet-
de pointe. » tant de voir la diversité des points de
MAUD VINET vue. Cela force la résilience et la pug-
Fondatrice de SiQuance nacité », termine, un brin poétique,
Photo Francois Henry/CEA Maud Vinet. n
Vertiges d’une informatique nouvelle
Des versions dégradées
de ce Graal technologique
existent déjà, qui s’amé-
liorent de mois en mois.
Yann Verdo
@verdoyann
En théorie, un étrange phénomè-
ne décrit par la physique quanti-
que – la superposition d’états – doit
permettre à des machines d’effec-
tuer un calcul massivement paral-
lèle, gage de ce fameux « avantage
quantique » qui enverrait nos plus
puissants superordinateurs ac-
tuels au rayon des vieux accessoi-
res, à côté des abaques et des règles
à calculs. En pratique, les choses
sont un peu plus compliquées qu’il
n’y paraît. Et il se pourrait bien que
l’ordinateur quantique universel,
« vierge » et programmable à vo-
lonté pour effectuer toutes sortes
de calculs, demeure à jamais un
fantasme inaccessible…
Dans la longue marche censée
nous mener à lui, les laboratoires et
start-up les plus en pointe du do-
maine n’en sont encore qu’à la pre-
mière de trois étapes, qui a été bap-
tisée en 2017 par le physicien
américain John Preskill « l’ère du
Pourquoi la French Tech
peut gagner la bataille
L’écosystème compte
plusieurs acteurs qui
utilisent des technologies
très innovantes. Mais il va
falloir leur donner plus
de moyens financiers
pour terrasser les géants
américains.
Il y a des courses technologiques
dans lesquelles la France est hors
jeu. Ce n’est pas le cas de l’ordina-
teur quantique, promesse d’une
nouvelle machine capable de ré-
soudre certains problèmes beau-
coup plus vite. Impossible de ga-
rantir à 100 % un succès tricolore.
Mais la French Tech dispose de sé-
rieux atouts pour peser sur le mar-
ché de l’informatique quantique
qui pourrait bouleverser des pans
entiers de l’économie (biologie, fi-
nance, énergie, transport, etc.) et
valoir 1.000 milliards de dollars à
horizon 2035, selon le cabinet
McKinsey. Le premier d’entre eux
est scientifique. « La France a, his-
toriquement, une école de physique
quantique extrêmement forte », re-
met en perspective Théau Peron-
nin, le fondateur d’Alice & Bob. Le
récent prix Nobel d’Alain Aspect,
considéré comme l’un des pères
de la seconde révolution quanti-
que, en est une illustration. Il a re-
joint une longue lignée de physi-
ciens récompensés par l’Aca -
démie suédoise (Louis de Broglie,
Alfred Kasser, Claude- Cohen Ta-
noudji, Serge Haroche).
Force de frappe
Sous leur patronage, des généra-
tions de scientifiques ont exploré
cette discipline au sein du CNRS, de
l’Inria ou du CEA. Alors que la re-
cherche faisait des avancées ma-
jeures, l’idée de donner un débou-
ché commercial aux travaux
réalisés dans les laboratoires a ger-
mé dans l’esprit des pionniers. Ré-
sultat : la French Tech compte au-
jourd’hui une cinquantaine de
sociétés dans les technologies
quantiques (start-up et PME). Elles
ont quasiment toutes des titulaires
d’un doctorat à leur tête, un fait rare
dans la fintech, le logiciel ou la mo-
bilité. La France s’illustre surtout
dans l’ordinateur quantique. La
start-up la plus connue est Pasqal,
qui développe une machine à par-
tir d’atomes neutres ; Alice & Bob a
choisi les qubits de chat supracon-
ducteurs comme brique de base.
Quandela parie sur la photonique
DÉCRYPTAGE
NISQ » (pour Noisy Intermediate
Scale Quantum). Tout d’abord les
machines NISQ ne sont pas de
vrais ordinateurs (universels),
mais de « simples » calculateurs,
précâblés pour effectuer un type de
calcul donné. Ensuite, comme l’in-
dique la première lettre de l’acro-
nyme, ces machines sont forte-
ment « bruitées ». « Actuellement, le
taux d’erreurs induit par ce bruit est
de l’ordre du pourcent. Ce qui est
énorme. Au bout d’une centaine
d’opérations, vous êtes sûr que votre
calcul est faux », explique Charles
Antoine, chercheur au LPTMC et
maître de conférences à l’universi-
té Pierre-et-Marie-Curie.
Prochaine étape
La brique de base d’un calculateur
(ou d’un ordinateur) quantique est
le qubit, qui se distingue du bit
classique par sa capacité à se trou-
ver dans une superposition d’états.
Mais il convient de faire le distin-
guo entre qubit physique (le sub-
strat sur lequel est stockée et mani-
pulée l’information) et qubit
logique. Charles Antoine a
quantique. Sans oublier SiQuan-
ce qui bâtit une machine à base de
silicium ou C12 Quantum Electro-
nics qui mise sur les nanotubes de
carbone. « Nous sommes le pays
d’Europe qui avons le plus grand
nombre d’acteurs dans l’ordinateur
quantique », rappelle Olivier Ezrat-
ty, auteur du livre « Understanding
Quantum Technologies 2022 ».
« Ils sont très orignaux dans leurs
choix technologiques, ce qui pour-
rait être payant dans ce monde incer-
tain. » Dans d’autres verticales, Qu-
bit Pharmaceuticals est spécialisée
dans la simulation et la modélisa-
tion moléculaire grâce à l’utilisa-
tion de la physique quantique.
LightOn développe un processeur
optique susceptible d’effectuer des
calculs quantiques et Cryptonext
Security planche sur un logiciel de
chiffrement à l’épreuve des futurs
ordinateurs quantiques, etc.
Cette effervescence a plusieurs
origines. La loi Pacte a ouvert une
brèche en élargissant les possibili-
tés ouvertes aux chercheurs de se
lancer dans l’entrepreneuriat. Les
concours ou programmes d’inno-
vation (i-Lab, aides au développe-
ment deeptech, i-PhD) se sont aussi
multipliés ces dernières années et
ont mis le pied à l’étrier aux auda-
cieux. « Il existe beaucoup de struc-
tures qui permettent de faire la tran-
sition du monde académique vers le
milieu entrepreneurial », observe
Tom Darras, le patron de WeLinQ,
jeune pousse qui développe une
mémoire quantique pour inter-
connecter des processeurs quanti-
ques, qui est passé par exemple par
Deeptech founders.
En parallèle, l’écosystème du ca-
pital-risque s’est structuré. Bpifran-
ce a amorcé la pompe. Né à Paris
en 2018, Quantonation est devenu
le fonds le plus actif dans les tech-
nologies quantiques dans le mon-
de. Elaia, Breega, Supernova ou
Daphni ont aussi osé mettre des ti-
ckets dans le secteur. Les meilleu-
res start-up sont ainsi capables de
réaliser des tours de table de plus
en plus élevés. Une manne qui per-
met de recruter davantage de cher-
cheurs que le CNRS… « Avec ma
start-up, j’ai fait en un an ce qui
m’aurait pris 10 ans dans la recher-
che », observe Tom Darras. Ces
start-up devraient tirer profit du
plan quantique du gouvernement
doté d’1,8 milliard d’euros sur cinq
ans. « Il est attendu que l’Etat passe
des commandes publiques d’ordina-
coutume d’utiliser l’image du cor-
dage de bateau : ce type de corde,
extrêmement solide, résulte de
l’entremêlement d’une multitude
de petits brins, individuellement
très fragiles.
Les qubits physiques – qui, du
fait du phénomène de décohéren-
ce, « cassent » à la moindre interac-
tion avec leur environnement ex-
térieur – sont les petits brins dont
est constitué le qubit logique, le
seul qui compte in fine, puisque le
seul qui permette d’effectuer pro-
prement une opération élémentai-
re de calcul. Question : combien de
qubits physiques faut-il entrelacer
pour obtenir un unique qubit logi-
que ? Jusqu’ici, on pensait que
c’était de l’ordre du millier. Mais la
start-up française Alice & Bob est
peut-être en train de changer la
donne, ses qubits ultrastables lais-
sant espérer passer sous la barre
des 50 qubits physiques par qubit
logique !
En cette ère du NISQ où nous
sommes encore, l’effort porte éga-
lement sur le nombre de qubits
(physiques) alignés par une même
machine. Le 9 novembre dernier,
IBM a fait sensation en révélant la
naissance d’Osprey, qui affiche un
START-UP
teurs quantiques en 2023. Quandela
sera en bonne position », espère son
dirigeant, Valérian Giesz. Reste que
la bataille est mondiale et que la
France a aussi des talons d’Achille.
Le faible financement de la recher-
che publique pose problème. « Il
faut garder des forces suffisantes à
l’université pour faire de la recherche
fondamentale et former des cer-
veaux », alerte Pascale Senellart, di-
rectrice de recherche CNRS au
Centre de nanosciences et nano-
technologies de Paris-Saclay et co-
fondatrice de Quandela. Même si
les Français arrivent à briller dans
le hardware, leur retard dans le lo-
giciel pourrait constituer un handi-
cap en bout de chaîne.
Freins financiers
Malgré les progrès au niveau de
l’amorçage, les jeunes pousses
françaises peinent à faire des tours
de table supérieurs à 100 millions
d’euros. En Amérique du Nord, ce
type de financement est courant
(IonQ, PsiQuantum, Xanadu, Ri-
getti, etc.). Les géants de la tech sont
aussi en embuscade. « En face de
nous, Google, IBM, Amazon, Micro-
soft ou Intel ont des divisions dans le
quantique organisées pour brûler de
l’ordre d’une centaine de millions de
dollars par an. C’est bien d’avoir des
idées, mais il faut aussi du pétrole ! »
lâche Théau Peronnin.
Pour poursuivre leur marche en
avant, les jeunes pousses françai-
ses pourraient ainsi être tentées de
frapper à la porte des investisseurs
étrangers. Ce qui pose des ques-
tions de souveraineté. L’un des gros
enjeux pour l’avenir de la filière
consiste à voir « à quel point on peut
allier une stratégie nationale coor-
donnée par l’Etat et la nécessité d’al-
ler chercher des gros volumes de fi-
nancement, synthétise Valé -
rian Giesz. C’est pourquoi j’en
appelle aux industriels français en
leur disant : “Venez soutenir l’effort
collectif en vous rapprochant des
start-up françaises.” » — Ad. L.
« La France
a, historiquement,
une école
de physique
quantique forte. »
THÉAU PERONNIN
Fondateur d’Alice & Bob
beau total de 433 qubits (les qubits
d’IBM sont constitués de circuits
supraconducteurs, mais il existe
une demi-douzaine d’autres voies
technologies possibles et actuelle-
ment explorées, toutes avec leurs
avantages et leurs inconvénients).
IBM clame qu’il franchira la barre
des 1.000 qubits d’ici à la fin de l’an-
née et on a de bonnes raisons de
le croire.
Passer de quelques centaines ou
un millier de qubits physiques à un
nombre équivalent de qubits logi-
ques, fiables, sera la grande affaire
de la prochaine étape, appelée
FTQC (Fault Tolerant Quantum
Computation). Les spécialistes
l’annoncent pour la fin de la décen-
nie, mais il n’est pas exclu qu’on y
arrive plus tôt. « Les obstacles qui se
dressent devant nous paraissent
quasi infranchissables, mais en
même temps, si l’on regarde en ar-
rière, on se rend compte que la créa-
tivité humaine nous a jusqu’ici per-
mis d’en surmonter certains plus
vite que prévu », commente Char-
les Antoine, pour qui les acteurs du
secteur se trouvent actuellement,
pour cette raison, dans une drôle
de superposition d’états « optimis-
te-pessimiste » ! n

PME&REGIONS
Le Train donne le signal du départ
pour les jeunes acteurs du ferroviaire
l Le charentais vient de signer une commande de 350 millions d’euros pour dix rames TGV de l’espagnol Talgo.
l Il est le premier d’une poignée de projets privés français à réunir le financement pour acquérir son matériel roulant.
TRANSPORT
Léa Delpont
— Correspondante à Lyon
Attention au départ : Le Train, une
compagnie ferroviaire de Charente,
a signé ce lundi une commande de
dix rames neuves à grande vitesse
au constructeur espagnol Talgo. Un
contrat à 350 millions d’euros,
maintenance comprise sur trente
ans. Elles s’élanceront sur les rails
du Grand Ouest et de Nouvelle-
Aquitaine en 2025 et pourraient
bien être la première flotte françai-
se privée à concurrencer sans aide
publique le monopole perdu de la
SNCF. En France, l’ouverture du
marché des voyageurs – en 2020 –
se résume à un Paris-Lyon-Milan de
Tr e n i t a l i a ; m i s e n s e r v i c e
fin 2021. Avant l’ouverture d’ici à
l’été d’un Madrid-Marseille et un
Barcelone-Lyon avec la Renfe. Une
affaire d’anciennes compagnies na-
tionales. Mais voilà qu’une poignée
d’opérateurs tricolores naissants se
piquent de faire rouler des
trains. Chaque projet est différent
mais Le Train, Railcoop, Midnight
Trains et Kevin Speed ont toutes un
point commun : ces compagnies
100 % privées se lancent en « open
acces » (« service librement organi-
sé »). Autrement dit : sans compen-
sation ni subvention.
L’opposé du cas Transdev en ré-
gion Sud, qui a raflé en 2021 le mar-
ché conventionné du TER Mar-
seille-Toulon-Nice, première ligne
de TER attribuée à la concurrence et
dont le premier voyage aura lieu
en 2025. C’est la Région, pas le délé-
gataire, qui paye les seize rames
neuves à Alstom et la construction
d’un centre de maintenance. « L’an-
nonce du Train est une très bonne
nouvelle pour toutes les start-up fer-
roviaires. C’est le signal qu’il est possi-
ble de trouver des investisseurs », esti-
me Gilles Dansart, organisateur en
novembre du colloque « Les Nou-
veaux Aventuriers du Rail ». Car la
Kevin Speed veut un TGV low cost
pour les voyageurs pendulaires
La dernière née des start-up
françaises ferroviaires veut
opérer des trains à grande
vitesse dans les gares
intermédiaires pour
les voyageurs pendulaires.
« La grande vitesse pour tous, tous les
jours » : derrière ce slogan, Kevin
Speed, le dernier-né des opérateurs
ferroviaire, cible les voyageurs pen-
dulaires avec des trains omnibus
dans toutes les gares intermédiai-
res. Son président cofondateur,
Laurent Fourtune, ancien directeur
opérationnel d’Eurotunnel et an-
cien directeur du développement à
la RATP, se présente comme « l’une
des rares personnes en France capa-
bles d’assurer le management d’une
entreprise ferroviaire, et encore assez
jeune, à 53 ans, pour se lancer dans
un tel projet ».
La compagnie créée en févri-
er 2022 à Paris se dit « en discussion
avec des grands fonds d’investisse-
ment » pour acquérir son matériel.
A défaut de l’argent, elle a les plans.
Elle revendique la signature d’un
« protocole d’exclusivité avec un cons-
tructeur français majeur ». Son par-
tenaire développe un train « dérivé
d’une des plus grandes séries europé-
ennes » mais adapté à ses besoins :
Le Train va proposer des trajets qui n’existent pas en TGV : un Bordeaux-Rennes direct sans passer par Paris, ou un Bordeaux-Tours sans arrêt intermédiaire. Photo Le Train
principale difficulté pour ces nou-
veaux opérateurs avec une prise de
risque à 100 %, c’est le financement
pour l’accès au matériel roulant.
« On essuie les plâtres »
Kevin Speed, autre acteur de la
grande vitesse, envisageait de louer
des rames à l’étranger. Mais les dif-
férents modèles ne sont pas intero-
pérables et il doit acheter ses trains.
Il en appelle au gouvernement pour
obtenir de SNCF Réseau « un ac-
cord-cadre de trente ans sur la dispo-
nibilité des lignes, pour la durée de
l’amortissement des trains ». Pour
Laurent Fourtune, son président,
c’est « la seule garantie possible pour
attirer des investisseurs qui veulent
de la visibilité ». Railcoop, qui espé-
rait relancer la ligne Bordeaux Lyon
300 km/h, accélérations et freinages
rapides, un seul niveau et beaucoup
de portes latérales pour perdre le
moins de temps à chaque arrêt.
Salariés actionnaires
Et un grand nombre de sièges. Car
Kevin Speed, qui veut baisser les ta-
rifs d’environ 30 %, s’inspire « des
solutions rentables dans le low cost
aérien », explique Laurent Fourtu-
ne. A savoir « une très haute densité
à bord, une rotation rapide des actifs
et des coûts d’exploitation réduits de-
puis des bases secondaires ». Autre-
ment dit, le terminus des trains cha-
que soir dans une gare inter -
médiaire, d’où ils repartiront le
matin. « Le modèle est low cost tech-
niquement et industriellement, mais
pas socialement puisque les salariés
seront actionnaires et les syndicats
150
MILLIONS D’EUROS PAR AN
Le coût du carburant
que les clients de Kevin Speed
pourraient économiser,
selon Laurent Fourtune,
président de la société.
en 2023, recherche, de son côté, tou-
jours 40 millions d’euros pour réno-
ver des rames d’occasion de la ré-
gion Auvergne-Rhône-Alpes. La
société coopérative a réuni 12 mil-
lions en fonds propres, mais le
compte n’y est pas. « Il faudrait em-
prunter, or c’est compliqué dans un
marché qui s’ouvre : on essuie les plâ-
tres », confie le directeur général,
Nicolas Debaisieux. L’entreprise
veut acquérir neuf automotrices
pour en réhabiliter huit, la dernière
fournissant les pièces de rechange.
Railcoop doit aussi financer des
aménagements en gare pour la ven-
te des billets – non commercialisés
par la SNCF.
Midnight Train rêve, lui, de relan-
cer des trains de nuit confortables
vers les grandes métropoles euro-
associés à la gouvernance », revendi-
que l’entrepreneur qui revendique
son statut de « cheminot ».
« On n’a jamais eu autant besoin
de TGV. Les trains sont insuffisants,
complets, et les places trop chères »,
dit-il. Impossible dans ces condi-
tions de développer le report mo-
dal : « 1 % d’automobilistes qui bas-
culent [vers le train, NDLR], c’est
10 % de voyageurs en plus. » « Les
pouvoirs publics n’ayant plus les
moyens d’investir, le recours au privé
est incontournable » affirme-t-il,
prônant « une solution raisonna-
ble » au regard des enjeux socio-
économiques, territoriaux et clima-
tiques.
Selon lui, les clients de Kevin
Speed économiseraient 150 mil-
lions d’euros de carburant par an,
en diminuant leur empreinte car-
bone de 140.000 tonnes eqCO2. Le
service revitaliserait les gares inter-
médiaires des axes à grande vitesse
avec une desserte multipliée par
trois, et créerait 500 emplois de che-
minots en territoire rural ou périur-
bain. Laurent Fourtune demande à
SNCF Réseau des garanties d’accès
aux lignes sur trente ans, pour don-
ner de la visibilité à ses investis-
seurs. Sans ça, le projet risque de
rester à quai.— L. D.
péennes. Son PDG, Adrien Aumont,
assure « avoir sécurisé le finance-
ment pour le matériel roulant » sur
une première ligne, mais ne veut
pas donner de détails avant d’avoir
levé les fonds pour boucler les éta-
pes jusqu’à la mise en exploitation.
« Hyperconcurrentiel »
Le Train a aussi besoin de quelques
dizaines de millions supplémentai-
res pour aller jusque-là. « Dans un
contexte d’ouverture du marché hy-
perconcurrentiel », le directeur gé-
néral, Alain Getraud, en phase d’ul-
times négociations sur les
350 millions de Talgo, garde encore
confidentielle l’identité de ses inves-
tisseurs. Précision importante :
« Les actifs seront détenus par une fi-
liale dont Le Train sera un actionnai-
Les wagons-lits de Midnight Trains
avancent bon train
La jeune compagnie
de trains de nuit veut
concurrencer l’avion vers
les grandes villes europé-
ennes. Elle achoppe encore
sur son financement
mais vise une première
destination en 2024.
Adrien Aumont, cofondateur
en 2009 de la plateforme de finan-
cement collaboratif KissKissBank-
Bank, est bien placé pour le savoir :
« C’est plus facile pour une start-up
d’aller demander des serveurs à
Amazon que de discuter avec des
constructeurs de trains qui vendent
plusieurs dizaines de millions d’eu-
ros un produit habituellement payé
avec l’argent des impôts. »
Sa nouvelle société Midnight
Trains, cofondée avec son compli-
ce de KKBB Romain Payet, veut
concurrencer l’avion avec le re-
tour des trains de nuit. Depuis son
hub parisien, il cible une dizaine
de grandes villes européennes,
distantes de 800 à 1.500 kilomè-
tres. Car un Paris Rome, par les
airs, c’est 206 kg eqCO2 par passa-
ger, contre 8,8 en chemin de fer (23
fois moins), met-il en avant. Mid-
night mise sur le flygskam (la hon-
te de prendre l’avion en suédois),
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
re minoritaire. Initialement, celui-ci
privilégiait l’acquisition de matériel
d’occasion. La SNCF lui a bien pro-
posé des rames du TGV Atlantique,
mais sur un parc mis au rebut du-
rant les mois de Covid, et « qui au-
rait pu encore servir », selon un ex-
pert. « Le démantèlement était trop
avancé pour qu’on puisse les régéné-
rer », regrette Alain Getraud, qui
pensait inaugurer Le Train en 2023.
Un milliard en péage
La compagnie charentaise propose
des trajets qui n’existent pas en
TGV : un Bordeaux-Rennes direct,
sans passer par Paris, ou un Bor-
deaux-Tours sans arrêt intermé-
diaire. Le Train prévoit 50 trains
quotidiens, en visant 5 millions de
voyageurs annuels et la rentabilité
l’avantage du porte-à-porte en
supprimant les pénibles trajets du
centre-ville à l’aéroport et, a con-
trario du stress et de l’inconfort gé-
néralisés dans l’aviation commer-
ciale, le « réenchantement
ferroviaire ».
Car pas question de ressusciter
les couchettes collectives parta-
gées avec des inconnus ou de se
contenter de sièges inclinables.
Midnight, c’est un « hôtel-restau-
rant sur rail » comme au temps de
l’Orient Express, avec des cabines
privatives – solo, duo ou famille –,
salle d’eau, petit-déjeuner, télé et
Wifi (un plus par rapport à Agatha
Christie…). Pourtant, « ce n’est pas
un train de luxe », insiste Adrien
Aumont. Il refuse de parler de
« classes » mais « les entrées de
gamme sont pensées pour intéres-
ser quiconque a les moyens de voya-
ger avec Easyjet ». Le corollaire de
la politique tarifaire : « Il faut du
volume pour amortir les coûts. »
Autre condition de la réussite :
« La fréquence, avec un trajet noc-
turne quotidien dans les deux
sens. » Midnight Trains veut lan-
cer son premier wagon-lit
fin 2024. « On progresse bien au re-
gard du temps ferroviaire, inélucta-
blement long », assure le PDG. « Il
26
en trois ans. Il a obtenu sa licence
ferroviaire le 16 décembre et ses
sillons sont déjà réservés.
Ces nouveaux entrants, contrai-
rement aux compagnies étrangè-
res, ne cherchent pas à disputer les
lignes rentables à la SNCF, mais à
proposer des offres complémentai-
res. Soit un réseau à grande vitesse
décentré de l’étoile parisienne pour
Le Train, des lignes radiales pour
Railcoop, des trains de nuit pour
Midnight, des trains pendulaires
via les gares intermédiaires pour
Kevin Speed. Laurent Fourtune es-
time à « un milliard d’euros les péa-
ges annuels payés par ces services ad-
ditionnels ». Soit 30 milliards sur
trente ans pour le renouvellement
des infrastructures ferroviaires.
« Du gagnant-gagnant », selon lui. n
faut s’y habituer mais pas s’y rési-
gner pour avancer quand même »,
ajoute-t-il.
La compagnie est toujours en
quête de quelques dizaines de mil-
lions d’euros. « Mais une fois réglé
le financement du matériel, on sait
faire le reste : obtenir une licence, un
certificat de sécurité, une homolo-
gation, des sillons… C’est long, mais
pas bloquant », affirme-t-il.
En attendant
son financement,
la compagnie mène
une campagne de
marketing glamour.
En attendant, l’embryon de
compagnie de trois salariés et une
dizaine de consultants mènent
une campagne de marketing gla-
mour auprès de 60.000 abonnés à
sa newsletter et ses réseaux so-
ciaux : contenu informatif et cul-
turel sur l’univers du voyage, sug-
gestions musicales et extraits de
film… Le but : « Installer la marque
et créer du désir avant l’arrivée du
produit. » Ou comment occuper le
terrain sans train. — L. D.
27 Les Echos Mardi 24 janvier 2023 PME & REGIONS

Les ventes de cognac se mettent en pause FrenchFood

Capital prend
le contrôle
NOUVELLE- teilles. L’Europe fléchit également
de 5,9 %, avec 34,9 millions de bou-
elles ont doublé pour dépasser la
barre des 200 millions de bouteilles
conséquences sur la politique
d’extension ? Christophe Véral joue
de la maison de négoce Ferrand et
vice-président du BNIC.
de Difagri
AQUITAINE teilles expédiées. Les autres pays en 2017. la prudence : « S’il faut faire baisser La filière, qui en 2021 ne cachait
ont vu les ventes progresser de le contingent de nouvelles surfaces à pas son ambition de dépasser les
Après des années de 20,9 %, notamment grâce à l’Afri- Outil de pilotage planter, nous le ferons toujours en 300 millions de bouteilles à l’hori- PAYS DE LA LOIRE
croissance spectaculai- que du Sud, consommateur histori- Dès lors, l’interprofession, qui concertation avec le négoce. » zon 2035, lance d’ailleurs de nou-
res, les expéditions que, le Kenya ou le Vietnam. regroupe 4.300 viticulteurs, Pour décider s’il est opportun de veaux investissements. A l’image de L’investisseur
de l’eau-de-vie charen- Car avec « 60.000 personnes 120 bouilleurs de crus et 290 né- continuer à planter, le BNIC s’est Oreco, une entreprise créée à l’ini- accompagne
taise ont reculé de vivant du cognac », selon le BNIC, la gociants, s’est lancée dans une poli- doté d’un outil de pilotage, le « busi- tiative des viticulteurs et des négo- la transmission
4,8 % l’an dernier. filière pèse de plus en plus lourd en tique de croissance. Le vignoble, qui ness plan », qui cherche à faire coïn- ciants, qui stocke déjà une bonne de ce spécialiste
Charente et en Charente-Maritime. a gagné plus de 10.000 hectares en cider offre et demande à moyen et partie des eaux-de-vie de la région des compléments
L’interprofession En dehors de trois rechutes con- quelques années, s’étend aujour- long termes. « Dans un monde où et va construire 16 nouveaux chais. nutritionnels
joncturelles (crise financière en d’hui sur plus de 83.000 hectares. l’on cherche à boire moins mais Quant au Bureau national interpro- pour animaux.
prévoit toujours
2008, tour de vis contre les produits Cette année, le Bureau national va mieux, les fondamentaux sont très fessionnel du cognac, il investira
la plantation de nou- de luxe en 2012 à Pékin, pandémie demander à planter 3.129 hectares bons pour cognac, dont l’image est dès cette année 18 millions d’euros
velles vignes et conti- en 2020), les ventes n’ont cessé de supplémentaires. Ce coup d’arrêt excellente sur tous les marchés », dans un nouveau siège construit à Emmanuel Guimard
nue d’investir dans la progresser. En deux décennies, de la croissance peut-il avoir des assure Alexandre Gabriel, à la tête Cognac, au bord de la Charente. n — Correspondant à Nantes
construction de chais.
Les animaux aussi prennent
Frank Niedercorn des compléments alimentaires.
— Correspondant à Bordeaux C’est même le segment « affi-
chant la plus forte croissance sur
Simple pause ou inversion de ten- le marché de l’alimentation ani-
dance ? Après des années de crois- male », souligne Johann Le Car-
sance continue, les expéditions de dinal, associé chez frenchfood
cognac ont fléchi de 4,8 % l’an der- capital. Cette société d’investis-
nier. Mais la profession refuse de sement vient de prendre la ma-
s’alarmer. « C’est une normalisation jorité du capital de Difagri, spé-
après plusieurs années exceptionnel- cialiste des compléments
les et notamment 2021, qui fut celle de alimentaires et diététiques
tous les records après un an de Covid pour animaux d’élevage. Située
et de confinement », insiste Christo- à Montaigu, en Vendée, cette so-
phe Véral, viticulteur et président ciété de 34 salariés connaît de-
du Bureau national interprofes- puis cinq ans une croissance
sionnel du cognac (BNIC). annuelle de 14 % qui a porté son
De fait, avec 212,5 millions de chiffre d’affaires à 20 millions
bouteilles expédiées l’an dernier, d’euros, dont 20 % à l’export.
2022 reste la troisième meilleure L’opération permettra à la fois
année dans l’histoire du cognac. le développement et la trans-
Quant au chiffre d’affaires, il pro- mission de Difagri. Philippe
gresse de 8,4 % à 3,9 milliards Gauthier, qui a repris l’entrepri-
d’euros, même si c’est essentielle- se en 2011, demeure actionnaire
ment pour des raisons liées au taux et président de la société. Il mè-
L’abus d’alcool est dangereux pour la santé.

de change, notamment sur le dollar. nera cette nouvelle phase avec

Le cognac, qui s’exporte à plus de un nouveau directeur général.
97 %, vers 150 pays, a pourtant vu
ses expéditions marquer le pas vers Etendre les gammes
ses trois destinations majeures, à « Difagri a de belles perspectives
commencer par les Etats-Unis, qui de développement liées à la faible
absorbent plus de la moitié des pénétration des compléments
volumes et ont reculé de 3,2 %. La nutritionnels dans l’alimenta-
baisse est encore plus importante tion animale. Elle dispose aussi
(de 12,8 %) pour la Chine, devenue le de l’outil de production le plus
deuxième marché pour le cognac moderne du marché », explique
avec près de 29,6 millions de bou- Le cognac s’exporte à plus de 97 %, vers 150 pays, en tête desquels les Etats-Unis, qui absorbent plus de la moitié des volumes. Photo Shutterstock Johann Le Cardinal.
Cette usine de 4.800 m2, ins-
tallée en 2016, est loin d’avoir at-
teint ses capacités maximales.

Groupe Narbonne rehausse ses ambitions européennes
l’ETI, qui emploie 620 salariés,
OCCITANIE compte doubler de taille pour pas-
ser de 170 millions d’euros de chiffre
Le leader français d’affaires en 2022 à environ 350 mil-
de l’accessoire pour lions. « La part réalisée à l’étranger
véhicules de loisirs doit passer de 20 millions à 80 mil-
et de camping vient lions, principalement sur les pays
d’acquérir trois acti- limitrophes », projette Yannick
vités de production. Masse, son directeur général. Le
marché est alimenté par des clients
fidèles, mais aussi par des primo-
Hubert Vialatte accédants, qui représentent 35 %
— Correspondant à Montpellier des achats. « La base s’élargit, avec
une forte accélération depuis trois
apportent respectivement 70 mil-
lions et 100 millions d’euros de chif-
fre d’affaires. Les divisions véhicu-
les et accessoires restent « deux
métiers différents, poursuit le diri-
geant. La distribution de véhicules
concerne le grand Sud de la France,
alors que les accessoires couvrent
l’Europe. »
Extension de la plateforme
logistique
Pour atteindre ses ambitions,
l’entreprise active plusieurs leviers.
Le groupe investit également 8 mil-
lions d’euros dans l’extension de la
plateforme logistique de Lézignan-
Corbières (Aude), livrée il y a tout
juste deux ans. Le chantier, confié à
GSE Group, portera la surface de
18.000 m 2 à 30.000 m 2 courant
2023.
Autre priorité, l’intégration de
productions, pour maîtriser davan-
tage la logistique, les délais et la qua-
lité. En dix-huit mois, trois PME,
aux activités complémentaires et
cumulant environ 15 millions
d’euros de chiffre d’affaires pour
25 salariés, ont été acquises. Soplair
est basé près de Montélimar
(Drôme) et spécialisé dans la fabri-
cation de produits en textile et de
protection isotherme pour les véhi-
cules de loisirs, comme des toiles et
des auvents. EZA propose un sys-
tème de stockage d’énergie basé sur
la technologie lithium-fer-phos-
phate, et Vepli est une marque de
vélo électrique pliant. Tous deux
Elle permet de produire plu-
sieurs formes galéniques (gra-
nulés, poudres, liquides). Ces
produits, le plus souvent d’origi-
ne végétale et minérale, facili-
tent l’assimilation des aliments,
le confort des animaux et la per-
formance des élevages. Ils s’ins-
crivent aussi dans la tendance à
limiter les antibiotiques.
Le nouvel actionnaire doit
permettre à Difagri d’étendre
ses gammes (l’entreprise
s’adressant à 95 % aux rumi-
nants), d’innover dans de nou-
velles formes galéniques, de
trouver de nouveaux canaux de
distribution et de s’étoffer à l’ex-

170
Porté par un marché du caravaning ans », précise le dirigeant. Le carnet Sur le marché britannique, un stock sont basés en région lyonnaise. port et sur un marché encore
en plein essor au sortir du Covid-19, de commandes de véhicules s’élève d’approche de 3.000 m2 a été ouvert Pour accompagner sa crois- atomisé.
Groupe Narbonne, leader français à cinq mois, au lieu d’un mois en au nord de Londres en mai dernier, sance, Groupe Narbonne, société Cette feuille de route pourrait
de l’accessoire pour véhicules de temps normal. pour la rapidité de service. « Avec les familiale propriété de la famille plus que doubler le chiffre d’af-
loisirs et de camping, veut se posi- Ses réseaux de concessionnaires, contraintes du Brexit, il est devenu MILLIONS D’EUROS Masse, amorcera des discussions faires de la PME, à près de
tionner comme un équipementier TPL (camping-cars, vans et four- impossible de livrer l’île depuis Le chiffre d’affaires courant 2023 pour une ouverture 50 millions d’euros dans les
de rang européen. A l’horizon 2027, gons) et Narbonne Accessoires, lui l’Europe », indique Yannick Masse. de l’entreprise en 2022. du capital, « minoritaire ». n cinq ans. n

L’exosquelette de Wandercraft fait ses premiers pas aux Etats-Unis

pathologies », projette Matthieu
/ INNOVATEURS Masselin, son directeur général.
Ce polytechnicien a cofondé
Chantal Houzelle Wandercraft en 2012 avec un cama-
@HouzelleChantal rade de promotion, Nicolas Simon,
qui avait déjà conçu sur les bancs de
Atalante va faire ses premiers pas l’X les principes et l’architecture
sur le marché américain. Cet exos- générale du futur Atalante, motivé
quelette de marche, autonome et par le handicap d’un membre de sa
auto-équilibré, qui a été imaginé par famille en fauteuil roulant. Une
la société française Wandercraft, est
aujourd’hui autorisé aux Etats-Unis
expérience personnelle qu’il parta-
geait avec le troisième cofondateur,
par la Food and Drug Administra- Jean-Louis Constanza, ingénieur
tion (FDA) pour la rééducation de en robotique. Aujourd’hui, l’équipe
patients victimes d’un accident vas-
culaire cérébral. « Après l’AVC, nous
fondatrice est minoritaire au capi-
tal, après avoir levé 67 millions
visons les mêmes autorisations qu’en d’euros au total.
Europe depuis 2019, à savoir les para- Pour prendre à bras-le-corps la
plégies partielles ou totales, les hémi- stratégie outre-Atlantique, Mat-
plégies et bientôt les tétraplégies thieu Masselin a quitté Paris, où
partielles, quelles que soient les sont localisées la R&D et la produc-
tion de la société, pour s’installer au
bureau de New York, ouvert en sep-
tembre dernier. En 2023, l’entre-
prise, qui emploie 95 salariés, dont
60 ingénieurs et développeurs, pré-
voit 15 recrutements en France et 10
aux Etats-Unis.
Marché exigeant
« Le marché américain, qui représen-
tera de l’ordre de 50 % de nos ventes
[non dévoilées, NDLR], est innovant
mais exige d’être livré rapidement et
demande une qualité de service
impeccable, justifie le directeur géné-
ral. Nous recevons un intérêt marqué
de tous les grands hôpitaux de réédu-
cation et nous attendons les premières
ventes dès le premier semestre 2023. »
Quelles briques technologiques
articulent Atalante ? « Les algorith-
mes et l’électronique à haute rapidité
sont uniques », souligne Matthieu
Masselin. Protégé par 30 brevets
internationaux, ce robot marcheur
est animé par 12 moteurs qui, cha-
cun, reçoivent 1.000 ordres par
seconde pour pouvoir émuler la
locomotion humaine. « C’est le pre-
mier exosquelette de marche auto-
équilibré, qui ne demande pas au
patient de s’appuyer sur des béquilles
pour éviter de tomber, ce qui change
considérablement la qualité de réé-
ducation et permet d’envisager un
vrai usage personnel. »
Quelle est son efficacité réelle ?
Une séance de rééducation à la
marche traditionnelle nécessite
deux ou trois thérapeutes et permet
au patient victime d’un AVC de faire
50 à 100 pas au début de la thérapie.
« Ave c A t a l a n t e , i l p e u t fa i re
1.000 pas », assure Matthieu Masse-
Il a dit lin. L’an dernier, 330 patients ont
bénéficié de l’aide d’Atalante dans
une vingtaine d’hôpitaux en France
et en Europe.
Le coût – 200.000 euros environ –
est-il pris en charge ? « En France, les
dispositions du projet de loi de finan-
cement de la Sécurité sociale 2023
« Atalante permettent, pour la première fois, de
financer graduellement la robotique
est le premier de rééducation », se félicite le diri-
exosquelette geant. Avec un budget R&D de
de marche 9 millions en 2023 (+40 %), Wander-
craft finalisera le développement de
auto-équilibré. » son exosquelette personnel, nette-
MATTHIEU MASSELIN ment plus mince et agile, qui pourra
Directeur général accompagner une personne privée
et cofondateur de Wandercraft de l’usage de la marche dans sa vie
Photo HikoFoto/Wandercraft quotidienne. n

FINANCE&MARCHES
Pourquoi les cours des matières premières
devraient rester élevés en 2023
l Malgré une légère décrue, les cours resteront élevés et instables, selon le rapport du cercle CyclOpe.
l L’année 2022 avait été marquée par de fortes hausses des cours des matières premières liées à la guerre en Ukraine.
MATIÈRES
PREMIÈRES
Etienne Goetz
@etiennegoetz
Après une année extrême en
matière de cours comme de volati-
lité, que réserve 2023 sur le marché
des matières premières ? Les prévi-
sions sont un « exercice aléatoire et
même illusoire dans le fantasme de la
précision à la décimale près », recon-
naît Philippe Chalmin, codirecteur
du CyclOpe, le cercle de réflexion
sur les matières premières qui
dévoile sa vision pour 2023 ce
mardi.
L’exercice est encore plus difficile
cette année, concède le professeur à
Paris-Dauphine, car il faut anticiper
la situation géopolitique et sani-
taire, « et là, malheureusement, la
saine logique cède le pas à l’irration-
nel des deux autocrates qui dominent
l’actualité de la planète » : Vladimir
Poutine et Xi Jinping. N’étant pas
spécialiste en opérations militaires,
l’universitaire prend pour hypo-
thèse de base que la guerre en
Ukraine va se poursuivre. L’évolu-
tion des marchés de matières pre-
mières dépendra donc selon lui
avant tout de la Chine. L’économiste
émet quelques doutes sur la capa-
cité de rebond de l’ex-Empire du
Milieu.
« Je n’achète pas le scénario rose
d’une Chine qui repart fort au prin-
temps après une vague de contami-
nations. » L’universitaire se montre
également pessimiste pour
l’Europe et les Etats-Unis où il anti-
cipe au mieux une période de « stag-
flation », au pire de « récessofla-
tion ». Selon lui, une croissance
chinoise de seulement 3 % favori-
sera un recul des prix des matières
premières. L’indice CyclOpe per-
« Une diplomatie européenne des matières
premières est absolument nécessaire »
Pourquoi les métaux sont-ils
si stratégiques ?
Parce que la transition énergétique
est synonyme de dépendance à cer-
taines ressources minérales. La
décarbonation de notre monde
repose, entre autres, sur l’électrifica-
tion des transports, le développe-
ment des énergies bas carbone et la
construction d’infrastructures élec-
triques. Ces chantiers dépendent
très fortement de la disponibilité de
métaux : plus de véhicules électri-
ques veut dire plus de batteries
lithium-ion et donc plus de besoins
en lithium, nickel, cobalt ou manga-
nèse. Il faut plus d’aimants perma-
nents pour les éoliennes offshore et
donc des terres rares. Il faut aussi du
zinc, du chrome, ainsi que du cuivre,
indispensable pour transporter
l’électricité.
Comment éviter de passer d’une
dépendance aux producteurs
d’hydrocarbures à une dépen-
dance aux producteurs de
métaux, notamment à la Chine ?
Cette dépendance est consubstan-
tielle à la transition énergétique. Il
s’agit donc plutôt de faire en sorte de
ne pas trop la subir. On peut renfor-
cer nos stratégies de sécurisation
des approvisionnements, notam-
ment face aux opérateurs chinois
qui dominent l’extraction et le raffi-
nage de certains métaux. L’Union
européenne et la France se sont
d’ailleurs engagées dans cette voie
drait ainsi 15 % en 2023 et 8 % hors
pétrole et métaux précieux. « Ce ne
sera pas la grande décrue attendue »,
prévient Philippe Chalmin, car les
prix resteront à des niveaux très éle-
vés en raison d’un effet de base : en
2022, l’indice CyclOpe a progressé
de 26 %.
Les prix de l’électricité
continueront de fluctuer
Ce sera notamment le cas dans
l’énergie puisque « la crise énergéti-
q u e d e v ra i t p e rd u r e r, a v a n t
tout autour du gaz naturel, souligne
Philippe Chalmin. Si l’Europe doit se
priver de l’essentiel du gaz russe,
la pression restera forte sur le mar-
ché du GNL ». Les prix du gaz TTF, la
référence européenne, devraient à
nouveau largement dépasser les
100 euros le MWh.
Les prix de l’électricité en Europe
continueront de fluctuer au gré du
gaz, car « il ne devrait pas y avoir
d’évolution majeure en ce qui con-
cerne la formation des prix de l’élec-
tricité ». Il y a peu de chance que les
Européens se mettent d’accord
pour indexer les cours aux coûts de
production moyens et non aux
coûts de la dernière centrale appe-
lée. Le marché restera instable, met
en garde l’expert. Quant au pétrole,
il devrait évoluer autour de 80 dol-
lars, et même un peu plus haut si la
demande revient.
Les prévisions de CyclOpe con-
trastent avec celles de Goldman
- 15 %
SUR LES MATIÈRES
PREMIÈRES
La baisse attendue
de l’indice CyclOpe
cette année.
YVES JÉGOUREL
Codirecteur
de CyclOpe
et professeur
au CNAM
avec la European Raw Materials
Alliance et le Raw Materials Act,
mais la question est de savoir com-
ment on fait. Une doctrine doit être
clairement définie, sur les contrats
commerciaux, sur les prises de par-
ticipations dans des mines par des
industriels ou pour des outils de ges-
tion du risque de prix. Cette dimen-
sion opérationnelle doit être ampli-
fiée, c’est le sens qu’il convient de
donner à l’Observatoire français des
ressources minérales pour les filiè-
res industrielles, tout juste lancé par
le gouvernement.
Et ouvrir des mines en Europe ?
Oui, il faut aussi développer sur le
sol européen nos sources d’approvi-
sionnement par l’ouverture de
mines, à l’image du projet de terres
rares en Suède. Développer le recy-
clage est bien sûr un impératif. La
sobriété « matière » est également
vitale. Un SUV de 2 tonnes, même
électrique, n’a guère de sens.
Les investissements miniers
sont-ils suffisants ?
Probablement pas. Entre l’ampleur
des sommes à investir, le temps
nécessaire pour ouvrir une mine et
28
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
Sachs. La banque américaine table
sur une hausse des cours de
l’ensemble des matières premières
de 43 % entre le premier janvier et la
fin de l’année, portée par le retour
rapide de la demande chinoise.
CyclOpe raisonne toutefois en prix
moyens, ce qui peut masquer des
hausses en cours d’année.
L’année 2022 aura largement
surpris les professionnels et les éco-
nomistes. « Beaucoup de matières
premières ont terminé 2022 au
niveau où elles l’avaient commencé.
L’année a été marquée par deux
chocs successifs, le deuxième ayant à
peu près annulé le premier », synthé-
tise le professeur. « La guerre en
Ukraine a provoqué un vent de pani-
que sur l’ensemble des marchés. »
L’invasion a entraîné une flambée
des cours : ceux du gaz, du pétrole,
et même du blé.
Panne de la Chine
Ces tensions se sont prolongées jus-
qu’en avril, jusqu’à ce que « l’écono-
mie chinoise tombe en panne,
embourbée dans l’application
aveugle de la politique zéro Covid ».
Ce deuxième choc a été d’autant
plus fort qu’il a été doublé par un
« renversement des politiques moné-
taires aux Etats-Unis puis en
Europe » pour lutter contre l’infla-
tion galopante.
La demande chinoise s’est arrê-
tée, sous l’effet de la hausse des taux
aux Etats-Unis et en Europe. Vers
l’été, avec l’apparition des craintes
de récession, les marchés ont com-
mencé à dégringoler. Les métaux
industriels ont perdu 30 % en quel-
ques semaines. Le minerai de fer a
par exemple bouclé 2022 en baisse
de 25 %.
Lire l’éditorial
( d’Alexandre Counis
Page 16
l’instabilité des cours, le secteur
privé est peu incité à s’engager. Le
développement de partenariats
publics/privés renforcés associant
les pouvoirs publics locaux me sem-
ble fondamental. Que la France
puisse, dans le sillage du rapport
Varin, développer un fonds d’inves-
tissement minier m’apparaît à cet
égard tout aussi fondamental.
Attention toutefois : la disponibilité
d’une ressource ne dépend pas uni-
quement de facteurs géologiques,
économiques ou environnemen-
taux. Une diplomatie européenne
des matières premières, des pro-
duits agricoles aux métaux, sera
absolument nécessaire.
Les projets miniers sont de plus
en plus contestés...
Je pense que le lien entre nos actes
de consommation et les matières
premières n’est pas assez compris,
en particulier l’effet de la transition
sur la demande en métaux. Qui, pre-
nant un vélo électrique, s’interroge
sur la nature et l’origine des métaux
dans sa batterie ? Sur leurs condi-
tions d’exploitation ? Nous devons
mieux comprendre ces oppositions
pour répondre aux arguments erro-
nés ou incompatibles avec la transi-
tion, comme le réflexe de refuser
d’exploiter les ressources près de
chez soi, et pour coconstruire un
secteur minier européen responsa-
ble, au service des territoires.
— Propos recueillis par E. Go.
29 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
Le rebond de la Bourse américaine
à l’épreuve des résultats de la tech
l Le Nasdaq à forte coloration technologique a servi de locomotive au rebond des marchés
boursiers américains avec une hausse de plus de 8 % depuis le début de l’année.
l Reste à voir si le regain d’intérêt des investisseurs va durer alors que s’ouvre mardi la période
délicate des résultats annuels de la « Big tech » avec la publication des profits de Microsoft.
BOURSE
Bastien Bouchaud
@BastienBouchaud
La tech est de nouveau à l’honneur à
Wall Street. Après une année noire
en 2022, avec une chute de 33 % de
l’indice Nasdaq à forte coloration
technologique, le secteur retrouve
des couleurs en Bourse. Le Nasdaq
bondissait encore de 2 % lundi au
moment de la clôture européenne,
portant ses gains depuis le début de
l’année à plus de 8 %, quand l’indice
Dow Jones, plus industriel, a seule-
ment repris un peu moins de 2 % sur
la période. Des poids lourds de la
cote comme Amazon, Google ou
Microsoft affichent même des
rebonds de plus de 10 % depuis le
1er janvier.
Alors que les indicateurs écono-
miques inquiètent outre-Atlanti-
que, cette embellie s’explique sur-
tout par l’accalmie sur le front des
taux d’intérêt. Le rendement des
obligations souveraines américai-
nes à 10 ans est passé de 3,87 % à
3,51 % en janvier. Le retour en grâce
des valeurs technologiques auprès
des investisseurs reste à confirmer
alors que s’ouvre ce mardi la saison
des résultats annuels de la « Big
Tech », avec la publication des chif-
fres de Microsoft après la clôture de
Wall Street.
Les plus importantes
chutes de bénéfices
« C’est le premier gros test de l’année
pour les marchés », explique Emma-
nuel Cau de Barclays. « Aux Etats-
Unis, beaucoup d’indicateurs écono-
miques ont commencé à fléchir au
quatrième trimestre, et les investis-
seurs espèrent désormais pouvoir
calibrer l’ampleur du choc sur les
bénéfices », ajoute-t-il. La tech dans
son ensemble devrait être le secteur
qui affiche les plus importantes
chutes de bénéfices au quatrième
trimestre, selon Bloomberg. Le ris-
que est que ces anticipations se
révèlent encore trop optimistes. Le
sort de la Big Tech en particulier
reste crucial pour la dynamique de
Wall Street dans son ensemble.
Même après sa forte chute l’an
passé, le secteur de la tech pèse tou-
« Le secteur ne sera plus le moteur de Wall Street »
Malmenées par la remontée
des taux, les valeurs
technologiques sortent
d’une année noire en
Bourse. Alors que les
annonces de résultats
annuels vont se multiplier
ces prochains jours,
David Older, responsable
de la gestion actions chez
Carmignac, fait le point sur
les perspectives du secteur.
Après sa dégringolade
l’an dernier, la tech est-elle
vouée à rebondir ?
La chute des cours en 2022 était
avant tout liée au retour de l’infla-
tion et à la réaction des banques
centrales. Elles ont orchestré un
resserrement monétaire brutal
dans le but de calmer les pressions
inflationnistes. Cette remontée des
taux d’intérêt a pesé sur les multi-
ples de valorisations, en particulier
ceux des valeurs technologiques
aéricaines, qui sont depuis long-
temps les mieux valorisées en
Bourse.
Ce processus est largement ter-
miné. Le marché s’est adapté à un
jours plus du quart du S&P 500,
l’indice le plus large des marchés
américains.
« Les investisseurs ne s’attendent
pas à un miracle », prévient Jacques-
Aurélien Marcireau d’Edmond de
Rothschild AM. Les analystes ont
révisé leurs attentes à la baisse ces
derniers mois, et la barre à franchir
n’est pas forcément très haute, en
particulier pour la tech. « Après
avoir longtemps fait la course en tête,
le secteur se retrouve en queue de
peloton pour ce qui est des estima-
tions de croissance pour l’année à
venir, que ce soit sur le chiffre d’affai-
res ou les profits », détaille-t-il. Les
difficultés du secteur ont même
attiré l’attention des fonds activis-
tes, avec notamment la prise de par-
DAVID OLDER
Responsable
de la gestion actions
chez Carmignac
nouveau contexte de taux d’intérêt
durablement plus élevés. Mais les
multiples de valorisations restent
globalement élevés, à plus de 17 fois
les bénéfices de l’année à venir pour
le S&P 500. Il est donc difficile
d’anticiper un rebond des valorisa-
tions cette année. Les valeurs tech-
nologiques, en particulier, ne
reviendront pas de sitôt aux valori-
sations record atteintes pendant la
crise du Covid. C’est pourquoi les
investisseurs se montrent de plus
en plus exigeants quant à la rentabi-
lité financière de ces entreprises.
Les sociétés technologiques
ont récemment multiplié
les annonces de plans sociaux.
Faut-il craindre le pire
pour les résultats
du quatrième trimestre ?
Les investisseurs sont préparés à un
net ralentissement. Pour le qua-
ticipation du fonds Elliott au capital
de Salesforce (lire ci-contre).
Des licenciements massifs
pour protéger les marges
Les investisseurs s’inquiètent tout
particulièrement de la question des
marges. « La Silicon Valley est en
train de se normaliser, les investis-
seurs reviennent à des préoccupa-
tions traditionnelles comme les coûts
et la rentabilité », observe Christo-
phe Boucher d’ABN Amro. Plutôt
que d’attendre la publication des
résultats, bon nombre de sociétés
ont pris les devants en annonçant
ces dernières semaines d’impor-
tants licenciements. Salesforce,
Google, Microsoft ou encore Ama-
zon ont chacun annoncé plusieurs
trième trimestre, les analystes ont
déjà révisé leurs attentes de bénéfi-
ces en baisse d’environ 15 % au
cours des six derniers mois. Les
résultats pourraient donc ressortir
en ligne, voire surprendre à la
hausse, mais ce ne sera pas suffi-
sant pour rassurer les investisseurs.
Ils voudront en savoir plus sur les
perspectives à venir. Les attentes en
matière de marge, en particulier,
sont encore trop élevées. Lorsque
l’inflation accélère, tout le monde
peut monter ses prix et maintenir
« Les valeurs
technologiques,
en particulier,
ne reviendront
pas de sitôt
aux valorisations
record atteintes
pendant la crise
du Covid. »
milliers de suppressions de postes.
Plus de 55.000 licenciements ont
été annoncés au total par des socié-
tés du secteur de la tech depuis le
début de l’année, selon le site
layoffs.fyi, soit plus d’un tiers du
t o t a l p o u r l ’e n s e m b l e d e
l’année 2022.
55.000
LICENCIEMENTS
ont été annoncés au total
par des sociétés du secteur
de la tech depuis le début
de l’année, soit plus d’un tiers
du total pour l’ensemble
de l’année 2022.
ses marges, mais lorsqu’elle ralen-
tit, c’est plus compliqué.
Dans la tech, beaucoup d’entre-
prises ont investi en extrapolant la
croissance de la demande à partir
de la période exceptionnelle de la
pandémie alors que l’on revient
maintenant aux tendances d’avant-
Covid. Cela ne concerne pas que
l’e-commerce. Les investissements
des entreprises dans leurs systèmes
informatiques ralentissent égale-
ment. Les annonces de licencie-
ments montrent que les entreprises
sont bien conscientes du risque
pour leurs marges. Reste à voir si
ces efforts suffiront à compenser le
ralentissement de la demande. Les
18.000 suppressions de postes
annoncées par Amazon sont ainsi à
mettre en regard du doublement de
son nombre d’employés depuis la
fin de l’année 2019, passé de
800.000 à plus de 1,6 million.
L’hégémonie des valeurs
technologiques en Bourse
est-elle derrière nous ?
Le secteur de la tech fait face à de
nombreuses difficultés à court
terme. L’adoption du logiciel
FINANCE & MARCHES
Ces suppressions de postes peu-
vent paraître surprenantes pour
des sociétés toujours très rentables.
Mais « tout l’enjeu pour ces entrepri-
ses est de prouver aux investisseurs
qu’elles sont capables de faire croître
leurs profits en dépit d’un contexte
économique moins porteur », souli-
gne Jacques-Aurélien Marcireau.
« Alors que les valorisations sont
retombées à des niveaux justifiables,
le relais de la croissance bénéficiaire
est d’autant plus important », ajoute-
t-il.
A ce titre, ce ne sont pas tant les
résultats du quatrième trimestre
qui retiendront l’attention des
investisseurs, mais le ton des per-
spectives données par les équipes
dirigeantes pour l’année à venir. n
comme service, un facteur de sou-
tien important pour le cloud
notamment, marque le pas après le
coup d’accélérateur enregistré
durant la pandémie. La débâcle des
cryptos risque également de peser :
toutes les applications du secteur
sont hébergées sur le cloud. Il y a
désormais beaucoup moins de
fonds disponibles pour financer ces
jeunes pousses. A plus long terme,
des logiciels comme ChatGPT fon-
dés sur l’intelligence artificielle
représentent de nouvelles opportu-
nités de croissance. Ils demandent
en effet d’importantes ressources
informatiques pour fonctionner.
Mais leurs applications concrètes
restent à développer.
Plus largement, après une décen-
nie qui a principalement profité
aux sociétés dites de croissance en
Bourse, le contexte apparaît plus
compliqué pour le secteur de la
tech, entre la réglementation de
plus en plus stricte, et des taux
d’intérêt plus élevés. Cela ne signifie
pas pour autant que la tech va conti-
nuer à chuter, mais la tech ne sera
plus le moteur de Wall Street.
Propos recueillis par B. B.
L’activiste
Elliott
monte
au capital de
Salesforce
BOURSE
Le fonds Elliott
Management
a réalisé
un investissement
de plusieurs
milliards de dollars
dans l’éditeur
de logiciels
américain.
Confronté à un ralentissement
de son activité, l’éditeur de logi-
ciels Salesforce devra désor-
mais compter sur un nouvel
actionnaire de poids. L’un des
investisseurs activistes les plus
importants au monde, Elliott
Management, a fortement aug-
menté sa participation au capi-
tal du groupe. Le fonds de Paul
Singer disposerait désormais,
selon le « Wall Street Journal »,
d’une participation de « plu-
sieurs milliards de dollars ».
« Salesforce est l’un des plus
grands groupes de logiciels au
monde et nous l’avons soutenu
depuis près de vingt ans […].
Nous souhaitons travailler de
manière constructive avec Sales-
force et lui donner la valeur qui
convient à une entreprise de cette
envergure », a déclaré Jesse
Cohn, directeur associé chez
Elliott, qui a déjà siégé aux con-
seils d’administration de plu-
sieurs sociétés de la tech, dont
Twitter ou encore eBay.
Elliott a réalisé de nombreux
investissements dans la tech. Il
a récemment obtenu un siège
au conseil d’administration de
Pinterest. Sa montée en puis-
sance devrait accroître la pres-
sion sur le groupe informatique
dont l’action a perdu près de
48 % en 2022.
C’est la deuxième
fois en trois mois
qu’un fonds
activiste
prend
une participation
dans la société
de logiciels.
Alors que les campagnes
activistes reprennent de la
vigueur, c’est la deuxième fois
en trois mois qu’un fonds acti-
viste prend une participation
dans Salesforce : en octobre,
Starboard Value avait déclaré
que la société souffrait d’une
décote en raison d’un « mélange
de croissance et de rentabilité
médiocre ».
Un plan social
de 1,4 à 2,1 milliards
Touché comme le reste du sec-
teur de la tech par un fort ralen-
tissement de son activité, Sales-
force a d’ailleurs annoncé,
début janvier, qu’il allait se sépa-
rer d’environ 10 % de ses effec-
tifs et fermer certains de ses
bureaux. Ce plan social coûtera
entre 1,4 milliard et 2,1 milliards
de dollars à l’entreprise.
La perspective d’un change-
ment de stratégie profite au
cours de Bourse de Salesforce.
Ces dernières années, la société
a recruté à tour de bras et réa-
lisé des acquisitions de taille
importante comme celle de
Slack en 2021 pour 27,7 mil-
liards de dollars. L’action a déjà
rebondi de 19 % depuis le début
de l’année, ce qui en fait l’une
des valeurs les plus performan-
tes de l’indice Dow Jones.
— S. Ro.
Lire « Crible »
( Page 34
FINANCE & MARCHES
Le Livret A signe
une année 2022
exceptionnelle
ÉPARGNE
Le placement
préféré des Français
a terminé l’année
en beauté, avec
une collecte de
1,45 milliard d’euros
en décembre.
Marion Heilmann
@MarionHeilmann
Le Livret A a terminé 2022 en
beauté pour signer une année
exceptionnelle. Selon les chif-
fres de la Caisse des Dépôts
publiés lundi, le placement pré-
féré des Français a signé sa deu-
xième plus forte collecte pour
un mois de décembre, à
1,45 milliard d’euros, derrière le
mois de décembre 2012 où il
avait culminé à 2,7 milliards.
C’est une très bonne perfor-
mance, car l’année 2012 est con-
sidérée comme hors normes.
Cette année-là, le plafond du
Livret A avait été relevé de
15.300 euros à 19.125 euros en
octobre, faisant immédiate-
ment exploser la collecte.
Même p erformance p our
le Livret de développement
durable et solidaire (LDDS), qui
signe également sa deuxième
plus forte collecte pour un mois
de décembre, avec 1,2 milliard
d’euros. Grâce à cette belle fin
d’année 2022, l’encours cumulé
du Livret A et du LDDS a battu
un nouveau record historique,
à 509,7 milliards d’euros, après
500,5 milliards en novembre.
L’encours comprend 6,56 mil-
liards d’euros de capitalisation,
c’est-à-dire les intérêts servis
aux épargnants, soit la plus
509,7
MILLIARDS D’EUROS
L’encours cumulé
du Livret A et du Livret
de développement durable
et solidaire a battu
en décembre 2022 un
nouveau record historique.
8 cabinets d’expertise
comptable primés
A.F.E, Alliance Eurus, CHD, Denjean & Associés,
Endrix, Experneo, Pyramide Conseils et Yzico.
Catégorie “Students” : Massiva Kemache et Flavia Peters
Catégorie “Pionnière mémorialiste” : Carmen Chelan
Catégorie “Marketing digital podcasts” : Geeks des chifres
et Voies de comptables
forte capitalisation depuis 2012.
Au final, avec 33,5 milliards de
collecte cumulée en 2022, le
Livret A et le LDDS se rappro-
chent de leur performance de
2020, une année hors normes
marquée par les confinements
et qui avait vu la collecte explo-
ser à 35,2 milliards. La collecte
de 2022 reste toutefois très en
deçà de celle de 2012, où elle
avait culminé à 49,2 milliards
d’euros.
Circonstances favorables
Il faut dire que l’épargne régle-
mentée aura profité de circons-
tances particulièrement favo-
rables en 2022. Le Livret A et le
LDDS ont ainsi vu leur taux
multiplié par 4, passant de 0,5 %
en janvier à 1 % en février puis
2 % en août. Et en vue d’un nou-
veau relèvement du taux à 3 %
au 1 e r février prochain, les
ménages ont continué de gar-
nir leur bas de laine. Par
ailleurs, au cours d’une année
bouleversée par la guerre en
Ukraine et l’envolée de l’infla-
tion, ils ont préféré éloigner
leurs économies de marchés
financiers instables pour les
placer sur des produits à la fois
liquides et sûrs en attendant de
voir venir. « L’augmentation de
l’épargne de précaution au début
des vagues inflationnistes est tra-
ditionnelle », explique Philippe
Crevel, directeur du Cercle de
l’épargne.
En outre, les livrets régle-
mentés ont profité de la compa-
raison avec les fonds en euros
en assurance-vie. Après avoir
servi 1,3 % de rendement en
moyenne en 2021, ceux-ci oscil-
lent entre 2 % et 2,8 % pour 2022,
hors prélèvements sociaux et
fiscaux. S’ils permettent de pla-
cer des sommes plus élevées, ils
perdent le match des rende-
ments. Et cela s’est ressenti sur
la collecte. Quand le Livret A et
le LDDS dépassaient les 30 mil-
liards d’euros de collecte cumu-
lée entre janvier et novembre,
les fonds en euros en assuran-
ce-vie perdaient 17,5 milliards.
Avec une inflation à 5,2 %
en 2022, tous ces produits
offrent toutefois des rende-
ments réels négatifs. n
au siège Les Echos
ce 18 janvier pour leurs
actions de communication
www.tropheesmarcom.fr
AG2R fait des choix radicaux
en assurance santé prévoyance
ASSURANCE
Sous l’égide de Bruno
Angles, son nouveau
patron, le groupe
de protection sociale
mise sur des hausses
de prix et un plan
d’économies pour
endiguer ses pertes
en santé et prévoyance
collective.
Amélie Laurin
@AmelieLaurin
Le grand jour est arrivé chez AG2R
La Mondiale. Ce 24 janvier, le pre-
mier groupe de protection sociale
en France présentera à ses
15.000 collaborateurs sa feuille de
route pour 2025. Avec un double
objectif : rentabiliser et fédérer un
assureur tentaculaire, dont l’entité
de prévoyance a perdu 400 millions
d’euros en dix ans.
C’est l’issue d’une course de fond
qui s’est accélérée en mai dernier,
lorsque Bruno Angles a été adoubé
directeur général. Le plan stratégi-
que a été élaboré et validé, au cours
des derniers mois, par la kyrielle
d’« instances » du groupe, où se réu-
nissent chaque année quelque 300
bureaux, conseils d’administration
et autres assemblées générales.
Un changement de culture radi-
cal pour l’ancien patron de Credit
Suisse France, qui a pris la suite
d’André Renaudin. Cette figure de
l’assurance a quitté le groupe fin
décembre, pour raisons de santé.
« Le plan s’accompagne, pour la pre-
mière fois, d’un volet financier », pré-
cise Bruno Angles.
La principale urgence est le
redressement d’AG2R Prévoyance.
L’entité doit dégager 130 millions
d’euros de marges de
manœuvre d’ici à 2025 : 60 % sous
forme de hausses tarifaires en assu-
rance santé et prévoyance d’entre-
prises, 20 % en renégociant l’accord
de réassurance interne, et enfin
20 % d’économies de coûts. Le
groupe veut mettre fin à un cycle de
pertes qui ne peuvent être éternelle-
ment compensées par les bonnes
performances de La Mondiale dans
les métiers de l’épargne.
Ces efforts s’ajoutent aux 66 mil-
2301-TRP-P-1-ECH
Le nouveau plan stratégique s’accompagne, pour la première fois,
d’un volet financier détaillé et contraignant. Photo François Henry/REA
lions d’euros d’économies réalisées
à tous les étages (hors retraite com-
plémentaire Agirc-Arrco) depuis
fin 2021, sous la pression de l’Auto-
rité de contrôle prudentiel et de con-
formité (ACPR). Le superviseur
avait exigé 55 millions d’euros de
baisse des frais généraux, soit 6 %,
entre 2019 et 2022.
Le marché de la fonction
publique abandonné
Autre décision radicale, le groupe
vient de mettre fin à ses fiançailles
avec la mutuelle des policiers Inté-
riale, censée lui ouvrir les portes de
la fonction publique. Le ministère
de l’Intérieur sera en effet le premier
à lancer un appel d’offres, cette
année, pour offrir à ses agents une
complémentaire santé collective,
dans le cadre de la réforme de la
protection sociale collective (PSC)
des fonctionnaires. Au-delà de ce
BNP Paribas noue un
partenariat pour aider les PME
à trouver des aides publiques
BANQUE
Le groupe bancaire
s’allie avec KPMG et
WeGrant, une start-up
espagnole de conseil en
financements publics.
Edouard Lederer
@EdouardLederer
Il n’y a pas que les acquisitions de
start-up dans la vie. Si BNP Paribas a
mis la main ces dernières années de
façon ciblée sur des fintechs pour
étoffer sa gamme de services, le
géant bancaire enrichit aussi sa
« vitrine digitale » à coups de parte-
nariats : une semaine après avoir
noué un accord avec Libeo, un spé-
cialiste de la facturation électroni-
que, le voilà qui s’allie à KPMG et
WeGrant, une start-up espagnole
spécialisée dans le conseil en finan-
cement public qui souhaitait s’éten-
dre au marché français.
BNP Paribas, avec ses deux parte-
naires, a annoncé lundi la mise en
ligne d’une plateforme baptisée
Mardi 24 janvier 2023 Les Echos
cas particulier, « nous ne nous posi-
tionnerons pas sur la réforme de la
PSC, annonce Bruno Angles. En
santé prévoyance, notre premier
objectif n’est pas la croissance mais le
retour à la rentabilité. »
La Mutuelle du bien vieillir
(MBV) a quant à elle quitté le péri-
mètre du groupe en septembre,
dévoile le dirigeant. AG2R La Mon-
diale souhaitait couper les ponts
avec ce groupe très autonome, qui
gère une vingtaine d’Ehpad. Un type
d’établissements dont l’image a été
abîmée par le scandale Orpea.
A l’inverse, pour maintenir la
cohésion entre les entités d’AG2R
La Mondiale, le groupe va investir
630 millions d’euros dans de nou-
veaux systèmes informatiques et
digitaux sur six ans. Cet effort doit
accompagner le développement de
la distribution omnicanale, avec
une plus grande coopération entre
« Espace Subventions Entreprises »,
qui vise à aider les entreprises à accé-
der aux aides publiques, notam-
ment pour mener des projets liés à la
digitalisation et à l’environnement.
Si les grandes entreprises sont
bien rodées à la recherche de sub-
ventions, « les PME en ont moins le
réflexe, pas forcément par mécon-
naissance, mais aussi en raison du
temps que demanderait la constitu-
tion d’un dossier », analyse Margue-
rite Bérard, directrice de la Banque
commerciale en France (BCEF) de
BNP Paribas. Résultat, les aides
publiques « restent souvent mécon-
nues et peu sollicitées », remarquent
les trois partenaires dans un com-
muniqué. Selon eux, ces différents
dispositifs publics (européens,
La plateforme vise
à savoir en cinq
minutes à quelle aide
l’entreprise serait
éligible, et quelle
est la probabilité
de l’obtenir.
30
Rachat de
l’équipe cycliste
Depuis plus de vingt ans,
elle a imposé la marque
AG2R sur les routes du
Tour de France. L’équipe
cycliste AG2R Citroën est
désormais la pleine pro-
priété du groupe de pro-
tection sociale. Il y a quel-
ques mois, ce dernier a
acquis France Cyclisme, la
société du coach et ancien
coureur Vincent
Lavenu.« Nous avons pris
100 % du capital de France
Cyclisme, dont nous étions
déjà le principal financeur
mais sans aucun poids dans
la gouvernance », révèle
Bruno Angles, directeur
général d’AG2R La Mon-
diale.Le partenariat
de sponsoring du groupe
court jusqu’en 2025.
Au-delà, rien n’est écrit.
les canaux de vente physique, par
téléphone et sur Internet. Ces chan-
tiers doivent doper la croissance des
métiers les plus prometteurs :
l’épargne retraite avec La Mondiale
et Arial-CNP, les résidences seniors
Domitys, et l’assurance dommages
pour les particuliers.
Des discussions avec Maif
Sur ce nouveau métier, des discus-
sions sont en cours avec la Maif. « Un
partenariat de distribution croisé
avec un assureur comme la Maif
aurait du sens », admet Bruno
Angles, sans plus de détails sur les
pourparlers commerciaux. Aucune
porte n’est fermée pour l’avenir :
« Nous sommes ouverts à un parte-
nariat de distribution, à une alliance
plus poussée comme celle un temps
envisagée avec Matmut [qui s’est sol-
dée par un divorce rapide, NDLR],
ou au rachat d’une insurtech ».
« Là, nous ne sommes pas du tout
dans une logique de rapprochement,
a déclaré lundi lors d’un point
presse Pascal Demurger, directeur
général de la Maif. On avance tran-
quillement sur des sujets opération-
nels. Ça crispe beaucoup moins les
équipes et on avance beaucoup plus
vite. » n
nationaux ou régionaux) représen-
teraient l’équivalent de 76 milliards.
Première expérience
en Espagne
La plateforme vise à savoir en cinq
minutes à quelle aide l’entreprise
serait éligible, et quelle est la proba-
bilité de l’obtenir. Une fois la simula-
tion réalisée, selon les cas WeGrant
ou KPMG pourront gérer la
demande d’aide publique, BNP Pari-
bas intervenant le cas échéant pour
un financement complémentaire.
La plateforme, qui sera mise à jour
quotidiennement, comptera à la
fin du premier trimestre 350 aides
européennes et françaises sélection-
nées.
« Le service s’adresse à nos clients,
mais aussi à des prospects », souligne
Clotilde Quilichini, directrice de la
clientèle entreprises de BCEF. A titre
indicatif, WeGrant a mené le même
type d’initiative en Espagne en 2021,
mais cette fois en partenariat avec le
géant local Santander : en quelques
mois, la plateforme a permis d’atti-
rer 5.000 entreprises et de générer
400 millions d’euros de finance-
ments, assure BNP Paribas. n
31 Les Echos Mardi 24 janvier 2023
GESTION D’ACTIFS
GREEN BONDS Instrument privilégié du financement de la transition durable, les green bonds
ont enregistré l’an dernier la pire performance de leur jeune histoire. Ce qui n’empêche pas la collecte de résister.
Premier test pour les fonds
d’obligations vertes
Séverine Leboucher
a classe d’actifs a beau être
L verte, c’est dans le rouge vif
qu’elle a fini l’année 2022 !
Les fonds green bonds – qui inves-
tissent dans des obligations servant
spécifiquement à financer des pro-
jets environnementaux – ont perdu
entre 15 % et 20 % l’an dernier. Le
contexte de hausse des taux a, de
fait, lourdement pénalisé l’ensem-
ble des fonds investis en dette mais
l’addition est plus lourde encore
pour les obligations vertes.
« Les fonds green bonds se sont
généralement retrouvés dans le der-
nier décile de leur catégorie », note
Mara Dobrescu, analyste spécia-
liste des fonds de taux chez Mor-
ningstar. Une telle sous-perfor-
mance est inédite dans l’histoire de
cette très jeune classe d’actifs, qui
n’a vraiment commencé à décoller
qu’après l’accord de Paris en 2015,
mais qui a déjà réussi à lever plus de
2.000 milliards d’euros au niveau
mondial selon les décomptes de la
Climate Bonds Initiative.
Les gérants concernés ont donc
dû faire un effort de pédagogie sup-
plémentaire : alors qu’ils se focali-
saient jusqu’ici sur le fonctionne-
ment de l’instrument – une
obligation classique mais dont les
montants levés sont fléchés vers des
projets verts préalablement identi-
fiés et faisant l’objet d’un reporting
d’impact annuel –, ils ont dû aussi
détailler les caractéristiques finan-
cières de la classe d’actifs.
Sensibilité aux taux
« L’année 2022 a été compliquée car
l’univers des green bonds comprend
une part significative d’émetteurs du
secteur de l’immobilier, particulière-
ment affecté par la hausse des taux,
ou du secteur des services aux collec-
tivités, pénalisé par la hausse des prix
de l’énergie », explique Julien Bras,
gérant chez Allianz GI.
La lutte contre le greenwashing s’organise
Le succès des green bonds
s’accompagne d’abus
qu’investisseurs et régula-
teurs cherchent à traquer.
Des scandales poussent
à une méthodologie
et une réglementation
plus affûtées.
Outils phare du financement de la
transition environnementale, les
green bonds – ces titres qui finan-
cent des projets permettant de pré-
server l’environnement – peuvent
être détournés de leur vocation ini-
tiale. Certains sont régulièrement
accusés de greenwashing par les
ONG. Début janvier, Reclaim
Finance a, par exemple, dénoncé
celui qui a permis à l’aéroport de
Hong Kong de lever un milliard de
dollars : si cette obligation permet
bien de financer le développement
d’énergies renouvelables ou l’effica-
cité énergétique de l’aéroport, elle
contribue dans le même temps au
soutien du trafic aérien.
Son émetteur s’inscrit pourtant
bien dans les standards de qualité
du marché, à savoir les Green Bond
D’une manière générale, la sensi-
bilité aux taux est plus élevée pour
la classe d’actifs des obligations ver-
tes : le resserrement monétaire très
rapide s’est donc traduit par une
chute exacerbée de leurs valorisa-
tions.
Des explications qui semblent
avoir été entendues par les clients,
puisque malgré ces sous-perfor-
mances, la collecte des fonds green
bonds a résisté : fin septembre,
selon Morningstar, ils avaient
réussi à attirer 3,67 milliards de dol-
lars de flux nets en Europe, certes
moitié moins qu’en 2021 mais une
Principles de l’ICMA (International
Capital Market Association).
« L’ICMA n’est pas le gardien du
marché », souligne Hervé Guez,
directeur des gestions actions, taux
et solidaire chez Mirova.
Au fil des années, les gérants de
green bonds ont ainsi été amenés à
durcir leur méthodologie d’analyse
de ces instruments. « La première
étape est de s’assurer que la stratégie
climat globale de l’entreprise émet-
trice est cohérente avec les projets que
le green bond prévoit de financer »,
poursuit Hervé Guez.
Méthodologies affinées
Cette double analyse – de l’émetteur
et des projets ciblés – est en train de
se généraliser parmi les acteurs, qui
se dotent souvent d’experts ESG
dédiés aux obligations vertes. Face
à l’effervescence de la classe d’actifs,
la sélectivité devient un enjeu cru-
cial. « Seuls 40 % des titres que nous
étudions sont retenus comme éligi-
bles pour notre gérant », confirme
Laura Bellet, responsable recher-
che ISR chez Meeschaert AM.
Les méthodologies continuent
vraie prouesse face à l’hémorragie
des fonds obligataires.
« Nous n’avons pas vu de baisse
d’appétit des investisseurs institu-
tionnels, au contraire, confirme
Nathalie Pistre, responsable de la
recherche ESG chez Ostrum AM.
Beaucoup nous demandent, dans les
mandats qu’ils nous confient, un
pourcentage minimal d’investisse-
ment en obligations durables. »
Pour ces grands investisseurs
soumis à de multiples exigences de
reporting, les green bonds sont des
instruments de pilotage de la décar-
bonation de leur portefeuille. C’est
« L’UE est en
train de se
doter d’un standard
pour les green
bonds qui reprend
les piliers de
l’ICMA en ajoutant
l’obligation que
l’émetteur se dote
d’une stratégie
climat et fasse
vérifier
annuellement par
un tiers les projets
financés. »
JULIEN BRAS
Gérant chez
Allianz GI
de s’affiner. « Grâce à l’argent levé,
nous encourageons de plus en plus
les émetteurs non pas à refinancer
des projets existants, mais à cibler de
aussi vrai pour des investisseurs
moins sophistiqués, comme les
fondations, les mutuelles ou cer-
tains particuliers. « Nos clients, sen-
sibles à l’impact positif que nous met-
tons en avant depuis plusieurs
années, sont compréhensifs face au
difficile contexte financier actuel »,
ajoute Artaud Caloni, gérant obliga-
taire chez Meeschaert AM.
Pour continuer d’attirer les inves-
tisseurs sur la classe d’actifs malgré
un contexte plus difficile, les
gérants tentent en outre d’affiner
leur approche. Si l’offre historique
ciblait un univers d’investissement
nouveaux projets », complète
Johann Plé, gérant chez AXA IM.
La réglementation européenne
encourage les acteurs dans cette
recherche d’exigence. Pour que
leurs fonds soient classés « arti-
cle 9 », c’est-à-dire la catégorie la
plus exigeante prévue par le règle-
ment SFDR (Sustainable Finance
Disclosure Regulation), les gérants
de fonds green bonds doivent en
effet pouvoir justifier qu’ils ne pren-
nent pas pour argent comptant le
label vert que s’auto-attribue un
émetteur.
Ils doivent en particulier s’assu-
rer qu’au-delà des projets verts
financés, ce dernier ne nuit pas à
d’autres indicateurs environne-
mentaux ou sociaux. Bruxelles veut
en outre aller plus loin et peaufine
un nouveau texte spécifique aux
obligations vertes.
« L’Union européenne est en train
de se doter d’un standard pour les
green bonds qui reprend les piliers de
l’ICMA en ajoutant l’obligation que
l’émetteur se dote d’une stratégie cli-
mat et fasse vérifier annuellement
par un tiers les projets financés », pré-
global et « agrégé » (émetteurs sou-
verains et entreprises), des déclinai-
sons ont ainsi vu le jour ces derniers
mois.
« Nous avons lancé un fonds avec
une gestion flexible du risque de taux
et une allocation plus concentrée
visant les émetteurs moins bien notés
et en forte croissance (émergents,
haut rendement) », indique Marion
Le Morhedec, responsable de la
gestion obligataire chez AXA IM.
Des stratégies ciblant les dettes à
court terme ont également été déve-
loppées par des acteurs comme
Amundi ou NN IP.
Certains acteurs essaient en outre
de se démarquer. « Après avoir
hésité plusieurs années, du fait de nos
anticipations de remontée des taux,
nous avons finalement lancé en 2022
un fonds green bond flexible de type
“absolute return”, pour lequel nous
pilotons la sensibilité aux taux et le
niveau d’exposition au risque crédit
grâce à des dérivés », signale Eléo-
nore Bunel, directrice de la gestion
taux chez Lazard Frères Gestion.
Rendement moindre
Avec 10 à 20 fonds créés chaque
année depuis 2019, le marché des
fonds green bonds ne cesse donc de
s’étoffer. Mais il continue aussi en
parallèle de se sophistiquer. L’une
des clés de compréhension de la
classe d’actifs repose en effet sur la
notion de « greenium ». Il s’agit
d’une prime – sous forme de baisse
de rendement – qui peut être concé-
dée par les investisseurs à un émet-
teur qui choisit d’utiliser une obliga-
tion verte plutôt qu’un format
d’obligation classique.
Cette prime est minime – de quel-
ques points de base – et elle varie
significativement dans le temps et
selon le profil de l’émetteur. Savoir la
piloter au plus juste est un enjeu
pour les gérants d’obligations vertes
dans un marché moins porteur en
termes de performance finan-
cière. n
cise Julien Bras, gérant chez Allianz
GI. Ces garde-fous ne prévoient tou-
tefois rien contre un des plus récents
développements du marché de la
dette verte : les « sustainability-lin-
ked bonds » (SLB). Contrairement
aux green bonds, les SLB ne ciblent
pas des projets verts en particulier,
mais financent l’ensemble de
l’entreprise émettrice.
Les SLB assortis d’objectifs
Cette dernière s’engage à rémuné-
rer davantage l’investisseur si cer-
tains objectifs extra-financiers pré-
définis ne sont pas atteints. Si les
SLB présentent l’avantage d’être
plus simples et donc plus adaptés
aux entreprises de taille moyenne,
ils s’accompagnent aussi de risques.
« Ces titres demandent une vigi-
lance accrue pour analyser l’ambi-
tion des objectifs proposés par
l’entreprise afin d’éviter le greenwa-
shing », insiste Nathalie Pistre, res-
ponsable de la recherche ESG chez
Ostrum AM. Un vrai enjeu à court
terme alors que les émissions de
SLB ont dépassé les 70 milliards de
dollars l’an dernier. — S. L.
LA PERSONNALITÉ
DR
Joseph Pinto
va piloter la
gestion d’actifs
de M & G
Caroline Mignon
@carolinemignon
Son actualité
Depuis le départ à la retraite
de Jonathan Daniels en juillet
dernier, le groupe de gestion
d’actifs britannique M & G
cherchait son successeur. C’est
chez Natixis IM qu’il l’a trouvé,
en la personne de Joseph
Pinto. Ce dernier démarrera
donc au poste de « CEO Asset
Management » à partir de
mars prochain, sous la respon-
sabilité du directeur général
Andrea Rossi. Il chapeautera
toutes les activités d’investisse-
ment ainsi que la distribution,
les opérations, le développe-
ment et l’offre de produits au
sein de l’activité de gestion
d’actifs.
Son parcours
Joseph Pinto, 53 ans, diplômé
de l’université new-yorkaise de
Columbia, vient de Natixis IM
où il a occupé le poste de
directeur de la distribution et
des solutions d’investissement
et celui de directeur monde
des opérations. Auparavant, il
a travaillé pendant treize ans
chez AXA IM, où il a notam-
ment été directeur général des
opérations et directeur général
des marchés et de la stratégie
d’investissement.
Sa société
M & G plc est un grand groupe
de gestion britannique, qui
comptait 405 milliards d’euros
d’actifs sous gestion à fin
juin 2022, contre 436 milliards
d’euros à fin décembre 2021.
Parmi ses principales alloca-
tions, environ la moitié de ses
investissements est placée sur
des produits obligataires
tandis qu’un quart est alloué
aux actions. En Europe, 24 de
ses fonds sont pour le moment
classés en catégorie 8 et 9, qui
correspondent aux fonds
« vert » et « vert foncé » de la
réglementation européenne
SFDR. Ils devraient être au
nombre de 33 à compter du
mois prochain. n
SUR LE WEB
Retrouvez notre
page gestion
d’actifs tous
les mardis
et sur le site
lesechos.fr
FINANCE & MARCHES Mardi 24 janvier 2023 Les Echos 32

SÉANCE DU 23 - 01 - 2023 A : Indicateur acompte, solde ou total du dividende. BPA : Bénfice par action. PER : Price Earning Ratio. Les plus hauts et plus bas ajustés sont sur l’année

euronext CAC 40 : 7032,02 (0,52 %) NEXT 20 : 11080,85 (0,57 %)

CAC LARGE 60 : 7604,08 (0,52 %)
CAC ALL-TRADABLE : 5284,12 (0,54 %)
DATE DE PROROGATION : 26 JANVIER
civile. Les valeurs classées par ordre alphabétique sont regroupées en trois classes de capitalisation signalées par les lettres A pour les capitalisations
supérieures à 1 milliard d’euros, B pour les capitalisations comprises entre 1 milliard d’euros et 150 millions d’euros et C pour les capitalisations inférieures
à 150 millions d’euros. L : Valeurs de l’indice CACNext20. R : Valeurs de l’indice CACLarge60. G : Valeurs de l’indice CACMid60. g : Valeurs de l’indice
CACSmall. Les bénéfices par action : source FacSet JCF Estimates.

CAC 40 SRD Suite VALEURS FRANÇAISES SRD Suite VALEURS FRANÇAISES

VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER
ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DEVISE / DATE DÉTACH. / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT
AIR LIQUIDE (AI) R A 144,48 143,64 - 0,83 + 8,49 MICHELIN (ML) A 28,4 28,83 + 1,91 + 10,95 GRAINES VOLTZ (GRVO) C 75,4 75,2 + 0,27 + 0,27 ROBERTET S.A. (RBT) B 882 860 - 1,49 + 2,75
507792 144,5 + 7,43 145,8 1287084 28,87 + 8,36 30,01 127 75,4 + 3,3 79 270 884 + 2,99 892
FR0000120073 16/05/22 2,9 523.450.271 142,82 + 1,81 133,34 2,02 FR001400AJ45 178.530.450 28,265 - 23,07 26,21 15,61 FR0000065971 29/03/22 2 1.480.265 75 - 56,02 72,8 2,66 FR0000039091 29/06/22 8 2.175.031 858 - 4,44 831 0,93
AIRBUS GROUP (AIR) R A 118,9 119,22 + 0,25 + 7,39 3,4 ORANGE (ORA) R A 9,644 9,587 - 0,31 + 3,3 GROUPE CRIT (CEN) g B 66,2 67,4 + 2,12 + 10,49 ROTHSCHILD & CO (ROTH) A 38,5 37,9 - 1,04 + 1,47
774252 119,52 + 6,69 119,68 35,12 5696568 9,69 + 2,44 10
NL0000235190 19/04/22 1,28 788.208.008 117,88 + 5,13 111,68 1,26 FR0000133308 05/12/22 0,3 2.660.056.599 9,561 - 3,13 9,289 3,13 965 67,4 +10,49 69 9553 38,65 + 3,27 39,25
FR0000036675 05/07/22 1 11.250.000 66 + 1,51 60,8 1,48 FR0000031684 23/05/22 2,75 77.002.277 37,8 - 2,94 37 7,26
ALSTOM (ALO) R A 26,03 26,58 + 3,38 + 16,48 PERNOD-RICARD (RI) R A 192,6 195,05 + 1,85 + 6,15
1388850 26,6 +15,57 26,6 399543 195,05 + 5,46 197,6 GROUPE GORGÉ (GOE) g B 19,74 19,72 - 0,4 - 1,3 RUBIS (RUI) G A 25,7 25,7 - 0,16 + 4,47
FR0010220475 20/07/22 0,25 376.216.087 26,03 - 15,62 22,96 0,94 FR0000120693 25/11/22 2,56 257.947.355 192,45 - 1,12 183,3 1,31 5917 20,1 + 0,61 20,85 DIV 2 28/07/17 111244 25,8 + 4,39 26,58
ARCELORMITTAL (MT) R A 28,405 28,52 + 0,78 + 16,05 PUBLICIS GROUPE (PUB) R A 62,32 62,24 + 0,1 + 4,75 FR0000062671 23/06/21 0,32 17.424.747 19,6 + 25,77 19,3 FR0013269123 14/06/22 1,86 102.953.566 25,6 - 10,23 24,77 7,24
1779162 28,74 +13,74 29,265 485134 62,54 + 4,08 63,54 GTT (GTT) G A 100,9 103,1 + 4,09 + 3,31 SARTORIUS STED. BIO. (DIM) G A 313,1 315,8 + 0,93 + 4,4
LU1598757687 13/05/22 0,31 877.809.772 28,36 - 1,11 24,715 FR0000130577 04/07/22 2,4 254.311.860 61,78 + 2,88 59,48 3,86
117679 103,9 + 1,48 104,9 DIV 6 10/05/16 26519 317,3 + 4,78 329,3
AXA (CS) R A 28,295 28,04 - 0,76 + 7,62 RENAULT (RNO) R A 36,765 37,29 + 2,22 + 19,23 FR0011726835 13/12/22 1,55 37.078.357 100,6 + 26,27 92 1,5 FR0013154002 31/03/22 1,26 92.180.190 309,2 - 16,23 282,8 0,4
2875584 28,485 + 6,09 28,485 1009058 37,64 +18,78 38,785
FR0000120628 06/05/22 1,54 2.351.770.945 27,885 + 1,91 26,14 5,49 FR0000131906 18/06/19 3,55 295.722.284 36,485 + 11,93 31,405 GUERBET (GBT) g B 18,52 19,2 + 4,35 + 13,21 SAVENCIA (BH) B 61,8 61,6 - 0,32 + 5,48
BNP PARIBAS (BNP) R A 59,97 60,2 + 0,92 + 13,05 SAFRAN (SAF) R A 129,5 131,38 + 1,51 + 12,37 15832 19,2 +16,5 19,2 1089 62,3 +10,99 63,3
1784574 60,49 +11,9 60,83 668822 131,78 +11,76 131,78 FR0000032526 01/07/22 0,85 12.641.115 18,42 - 43,78 16,68 4,43 FR0000120107 16/05/22 1,5 14.032.930 61,5 - 6,67 56 2,44
FR0000131104 23/05/22 3,67 1.234.331.646 59,8 - 3,59 53,75 6,1 FR0000073272 31/05/22 0,5 427.245.970 129,28 + 18,21 116,6 0,38 GUILLEMOT (GUI) g C 13,12 13,3 + 1,53 + 3,74 SCOR (SCR) G A 23,6 23,49 + 0,09 + 9,31
BOUYGUES (EN) R A 29,87 29,81 + 0,03 + 6,31 SAINT-GOBAIN (SGO) R A 53,19 53,48 + 1,25 + 17,15 3949 13,5 + 8,48 14,08 239288 23,7 + 9,46 24,18
626885 30,04 + 4,67 31,05 1443024 53,7 +15,91 55 FR0000066722 15/06/22 0,25 15.287.480 13,12 - 6,6 12,74 1,88 FR0010411983 20/05/22 1,8 179.362.195 23,36 - 20,26 21,39 7,66
FR0000120503 03/05/22 1,8 374.486.777 29,77 - 5,96 28,16 6,04 FR0000125007 06/06/22 1,63 515.769.082 52,95 - 15,54 45,895 3,05
CAP-GEMINI (CAP) R A 171,5 173,55 + 1,61 + 11,29 SANOFI (SAN) R A 90,28 89,93 - 0,88 + 0,1 HIGH CO (HCO) g C 4,72 4,73 + 0,64 - 0,42 SEB (SK) G A 89 89,9 + 1,53 + 14,89
246416 174,1 +11,54 177,8 1574268 90,53 - 1,15 93,36 5831 4,74 + 1,5 4,92 52242 90,65 +14,89 95,45
FR0000125338 01/06/22 2,4 173.582.113 170,35 - 14,59 157,15 1,38 FR0000120578 06/05/22 3,33 1.260.835.732 89,4 - 1,11 89,18 3,7 FR0000054231 19/05/22 0,32 20.455.403 4,66 - 17,02 4,57 6,77 FR0000121709 31/05/22 2,45 55.337.770 88,9 - 30,63 78,85 2,73
CARREFOUR (CA) R A 17,42 17,34 - 0,03 + 10,87 SCHNEIDER ELECTRIC (SU) R A 144,18 145,58 + 1,49 + 11,37 ICADE (ICAD) G A 44,48 44,62 + 3,05 + 10,88 SERGEFERRARI GROUP (SEFER) g C 13,3 13,18 - 0,9 + 22,72
1044145 17,475 + 8,07 17,535 618079 145,68 +10,98 149,36 77974 44,74 +11,66 45,6 7571 13,34 +28,71 13,44
FR0000120172 07/06/22 0,52 742.157.461 17,24 - 1,25 15,67 3 FR0000121972 17/05/22 2,9 571.092.921 143,68 - 7,85 131,72 1,99 FR0000035081 04/07/22 2,1 76.234.545 43,92 - 30,71 40,46 FR0011950682 19/05/22 0,29 12.299.259 13,04 + 3,13 10,58 2,2
CREDIT AGRICOLE (ACA) R A 10,582 10,578 + 0,61 + 7,6 SOCIÉTÉ GÉNÉRALE (GLE) R A 24,7 24,695 + 0,88 + 5,17 ID LOGISTIC (IDL) g A 286 285,5 + 0,18 + 6,53 SES-IMAGOTAG (SESL) G B 122,6 124,4 + 2,14 + 1,97
4704373 10,666 + 8,33 10,678 1958976 24,86 + 4,77 25,65
FR0000045072 30/05/22 1,05 3.042.560.716 10,566 - 20,37 9,883 9,93 FR0000130809 25/05/22 1,65 849.883.778 24,55 - 25,08 23,64 6,68 2277 287 + 7,53 290,5 12167 125 + 2,3 130,4
FR0010929125 5.686.159 283,5 - 12,56 245 FR0010282822 25/06/12 0,5 15.850.808 122,2 + 87,07 105,8
DANONE (BN) R A 50,49 50,31 - 0,08 + 2,19 STELLANTIS NV (STLA) A 14,078 14,014 + 0,04 + 5,61
995453 50,66 + 0,69 50,99 2720957 14,09 + 6,26 14,866 IMERYS (NK) G A 39,04 39,02 + 0,88 + 7,37 SHOWROOMPRIVÉ (SRP) g B 1,607 1,612 + 0,44 - 4,16
FR0000120644 10/05/22 1,94 675.837.932 50,02 - 13,02 48,3 3,86 NL00150001Q9 19/04/22 0,88 3.143.878.015 13,896 - 22,62 13,362 7,42 113173 39,58 + 5,4 39,58 71577 1,64 - 8,36 1,845
DASSAULT SYSTEMES (DSY) R A 34,495 34,42 + 0,38 + 2,76 STMICROELETRONICS (STM) R A 38,57 39,055 + 2,63 + 18,37 0,23 FR0000120859 17/05/22 1,55 84.940.955 38,9 - 3,84 36,4 3,97 FR0013006558 118.902.909 1,552 - 18,59 1,54
1060047 34,66 + 3,35 36,425 1844165 39,175 +16,22 40,03 171,86 INNATE PHARMA (IPH) g B 3,298 3,494 + 5,94 + 6,2 SOITEC (SOI) G A 144,65 148,2 + 2,99 - 3,04
FR0014003TT8 23/05/22 0,17 1.333.064.190 34,23 - 23,63 33,465 0,49 NL0000226223 12/12/22 0,05 911.281.920 38,04 - 4,01 33,165 0,15
332257 3,58 +35,53 3,8 EX-DS 13/05/16 REGR.1P20 51596 148,2 - 3,83 155,5
ENGIE (ENGI) R A 12,6 12,61 + 0,7 - 5,81 1,21 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 251,5 249,9 - 0,4 + 12,21 FR0010331421 80.212.069 3,202 - 7,57 3,062 FR0013227113 35.589.417 144,15 - 12,15 140,15
3968471 12,67 - 7,16 13,946 10,46 124043 252,3 +13,23 258,9
FR0010208488 25/04/22 0,85 2.435.285.011 12,548 - 6,91 12,426 6,74 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 249,4 - 26,99 222,7 1,32 INTERPARFUMS (ITP) G A 61,8 62,2 + 0,81 + 11,87 SOLOCAL GROUP (PAJ) B 0,677 0,675 + 0,07 + 10,66
ESSILORLUXOTTICA (EL) R A 174,55 174,1 - 0,2 + 2,9 THALES (HO) R A 121,5 121,5 + 1,04 + 1,84 21749 62,2 +10,28 62,6 94395 0,681 + 7,14 0,734
372485 175,75 + 2,38 178,15 366227 122,65 + 2,45 122,65 FR0004024222 16/05/22 0,94 62.905.973 61,3 + 3,98 56 1,51 FR00140006O9 129.505.837 0,672 - 57,97 0,61
FR0000121667 30/05/22 2,51 447.647.330 173,7 + 0,29 169,2 1,44 FR0000121329 06/12/22 0,7 213.411.309 120,55 + 47,99 112,4 0,58 IPSEN (IPN) G A 102 99,95 - 1,72 - 0,55 SODEXO (SW) LR A 91,4 90,86 - 0,59 + 1,54
EUROFINS SCIENT. (ERF) R A 64,1 64,5 + 1,03 - 3,82 TOTALENERGIES (TTE) R A 58,75 59,2 + 0,6 + 0,94 52133 102,1 + 1,99 105,6 208998 91,7 + 1,29 92,18
399289 64,52 - 2,54 69,36 2854543 59,46 - 0,02 60,93 FR0010259150 31/05/22 1,2 83.814.526 99,95 + 21,12 98,75 1,2 FR0000121220 23/12/22 2,4 147.454.887 90,32 + 7,88 86,78 2,64
FR0014000MR3 03/07/19 2,45 190.742.750 63,5 - 27,88 62,94 1,55 FR0000120271 02/01/23 0,69 2.619.131.285 58,49 + 19,31 57,33 1,17
IPSOS (IPS) G A 59,8 59,7 + 0,34 + 2,05 SOLUTIONS 30 (ALS30) A 1,972 2,015 + 2,44 + 18,11
HERMES INTL (RMS) R A 1636 1643 + 0,92 + 13,7 UNIBAIL-R/WFD (URW) R A 57,1 58,37 + 4,72 + 20,03
35985 1648 +13,86 1682,5 892456 58,76 +19,31 58,76 27431 60,3 + 4,01 62,4 555750 2,039 +22,98 2,244
FR0000052292 25/04/22 5,5 105.569.412 1617,5 + 20,45 1450 0,34 FR0013326246 24/03/20 5,4 138.759.659 56,81 - 9,52 49,06 FR0000073298 01/07/22 1,15 44.436.235 59,6 + 37,08 56,8 1,93 FR0013379484 107.127.984 1,972 - 68,64 1,74
KERING (KER) R A 534,8 537,3 + 1,07 + 13 VEOLIA ENV. (VIE) R A 26,8 26,82 + 0,64 + 11,75 JACQUET METALS (JCQ) g B 17,58 17,9 + 1,82 + 7,06 SOPRA STERIA GP (SOP) G A 155,3 155,4 + 0,65 + 10,06
159581 539,2 +13,85 564,7 1180198 27,03 +12,08 27,54 20703 17,98 + 9,68 18,18 24927 156,4 + 9,98 156,4
FR0000121485 16/01/23 4,5 124.070.778 532,4 - 19,66 478,05 0,84 FR0000124141 05/07/22 1 714.574.367 26,71 - 15,92 24,33 3,73 FR0000033904 30/06/22 1 23.022.739 17,48 - 22,17 16,84 5,59 FR0000050809 07/06/22 3,2 20.547.701 153,9 - 4,78 141,9 2,06
L.V.M.H. (MC) R A 786,8 788,1 + 0,68 + 15,91 VINCI (DG) R A 103,5 102,9 - 0,75 + 10,3 JCDECAUX (DEC) G A 20,94 21,24 + 1,82 + 19,86 SMCP (SMCP) g B 6,85 6,895 + 1,55 + 6,24
244069 791,1 +16,96 805,8 561230 103,86 + 9,25 104,54
FR0000121014 01/12/22 5 503.257.339 776,6 + 13,04 685,1 0,63 FR0000125486 15/11/22 1 589.387.330 102,42 + 4,68 93,4 0,97 75438 21,3 +21,51 21,3 64248 6,92 + 2,38 7,455
FR0000077919 21/05/19 0,58 212.902.810 20,94 - 3,72 17,4 FR0013214145 75.591.187 6,75 - 1,64 6,545
LEGRAND (LR) R A 81,22 81,68 + 0,82 + 9,17 VIVENDI SE (VIV) R A 9,642 9,6 - 0,06 + 7,7
352572 81,74 + 8,07 83,78 1397762 9,654 + 7,38 9,726 KAUFMAN & BROAD (KOF) g B 29,5 29,45 - 0,17 + 7,29 SPIE (SPIE) G A 25,28 25,32 + 0,64 + 3,94
FR0010307819 30/05/22 1,65 266.817.746 81,1 - 12,19 74,64 2,02 FR0000127771 26/04/22 0,25 1.102.874.718 9,572 - 16,85 8,936 2,6 6670 29,8 +11,34 30,75 107667 25,44 + 2,93 25,56
L'ORÉAL (OR) R A 381,8 383 + 0,68 + 14,81 WORLDLINE (WLN) G A 39,96 39,68 - 0,05 + 8,62 FR0004007813 01/06/22 1,95 21.613.022 29,2 - 12,22 27,35 6,62 FR0012757854 22/09/22 0,18 164.150.706 24,98 + 20,57 22,8 0,71
209879 384,35 +14,93 388,4 493484 40,55 + 7,42 42,08 KLEPIERRE (LI) LR A 22,85 23,37 + 2,55 + 8,55 STEF (STF) g B 95,2 95,9 + 0,52 + 5,85
FR0000120321 27/04/22 4,8 535.186.562 379 + 2 334,3 1,25 FR0011981968 281.422.238 39,18 - 12,41 36,66
716408 23,37 + 6,71 23,37 1347 96,1 + 9,23 96,6
FR0000121964 12/05/22 1,7 286.861.172 22,8 - 1,18 21,7 FR0000064271 03/05/22 3 13.000.000 95,1 - 7,97 91 3,13
KORIAN (KORI) G A 9,885 10,01 + 1,88 - 1,09 SWORD GROUP (SWP) g B 42,05 42,5 + 1,07 + 7,87
259807 10,09 + 9,76 10,97 10578 42,8 + 7,59 42,8
FR0010386334 28/06/22 0,35 106.505.206 9,885 - 63,78 9,775 3,5 FR0004180578 29/04/22 8,5 9.544.965 42,05 + 5,99 39,4 23,53
SRD VALEURS FRANÇAISES LAGARDÈRE (MMB) G A 20,8
15583
21,06
21,2
+ 0,86 + 5,09
+ 8,56 21,2
SYNERGIE (SDG) g B 32,75
1157
32,75
32,9
+ 9,17
+ 7,03 33
FR0000130213 25/04/22 0,5 141.133.286 20,78 - 12,83 19,99 2,37 FR0000032658 29/06/22 0,8 24.362.000 32,75 - 9,03 29,9 2,44
VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA VALEURS MNÉMO / INFO / OUV CLOT % VEIL % AN BPA LDC (LOUP) A 109 109 - 0,91 + 1,4 TECHNICOLOR CREA.ST. (TCHCS) A 0,281 0,255 - 6,93 + 13,99
OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER OST VOL. + HAUT % MOIS + HAUT AN PER 391 109,5 + 3,81 110 739783 0,281 + 7,73 0,369
ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT ISIN / DATE DÉTACH. COUPON / DIV NB TITRES + BAS % 52 S. + BAS AN RDT FR0013204336 29/08/22 2 17.635.433 108,5 + 8,46 104 1,84 FR001400BWV7 546.681.915 0,255 0,21
AB SCIENCE (AB) g B 6,66 6,775 + 2,19 - 4,44 CATANA GROUP (CATG) g C 6,48 6,54 + 2,19 + 11,04 LNA SANTÉ (LNA) g B 30,8 30,4 - 0,33 + 2,7 TELEPERFORMANCE (RCF) R A 251,5 249,9 - 0,4 + 12,21
53281 6,88 +13,39 7,46 102171 6,58 + 9,73 6,95 6169 31,05 + 4,29 31,15 124043 252,3 +13,23 258,9
FR0010557264 46.859.446 6,66 - 35,78 6,6 FR0010193052 02/03/22 0,13 30.706.178 6,42 - 18,86 5,93 1,99 FR0004170017 07/07/22 0,43 10.709.416 30,15 - 33,33 29,3 1,41 FR0000051807 26/04/22 3,3 59.120.842 249,4 - 26,99 222,7 1,32
ABC ARBITRAGE (ABCA) g B 6,54 6,54 + 0,62 + 1,4 CGG (CGG) G B 0,77 0,772 + 0,47+ 27,62 LECTRA (LSS) g B 39,9 39,5 - 0,13 + 12,22 TERACT (TRACT) B 6,21 6,21 + 3,5
7090 6,54 + 1,87 6,58 5973535 0,785 +25,75 0,799 23183 39,9 +14 41,3 201 6,21 + 8,95 6,33
FR0004040608 06/12/22 0,1 59.608.879 6,5 - 8,79 6,45 1,53 FR0013181864 712.357.321 0,767 - 1,56 0,599 FR0000065484 04/05/22 0,36 37.511.651 39,1 + 0,51 34,25 0,91 FR001400BMH7 73.394.562 6,18 - 16,76 5,92
ABIVAX (ABVX) g B 6,84 7 + 1,89 + 13,27 CHARGEURS (CRI) g C 15,27 15,35 + 0,79 + 9,02 LHYFE (LHYFE) B 8,318 8,443 + 0,81 - 2,39 TF1 (TFI) G A 7,27 7,27 + 0,41 + 1,61
16971 7,09 + 8,53 7,55 11760 15,35 +14,9 15,68 27610 8,55 - 1,61 9,08 119347 7,33 + 3,86 7,44
FR0012333284 22.313.185 6,84 - 72,97 6,18 FR0000130692 14/09/22 0,22 24.919.130 15,13 - 32,68 13,96 1,43 FR0014009YQ1 47.900.448 8,318 - 3,51 8,1 FR0000054900 21/04/22 0,45 210.485.635 7,225 - 14,37 6,97 6,19
ACCOR (AC) LR A 29,23 29,14 + 0,07 + 24,8 CHRISTIAN DIOR (CDI) A 774,5 781 + 1,17+ 14,68 LISI (FII) g A 20,2 20,2 + 0,5 + 3,8 TFF GROUP (TFF) G B 41,8 40,6 - 2,87 - 0,25
710255 29,3 +22,85 29,46 EX D OP 08/06/17 4833 783 +16,05789 7184 20,3 + 5,21 20,8 2915 42 + 2,78 44
FR0000120404 10/05/19 1,05 263.031.794 28,67 - 10,01 23,39 FR0000130403 01/12/22 5 180.507.516 769 + 13,85684 0,64 FR0000050353 04/05/22 0,29 54.114.317 20,05 - 29,25 18,46 1,44 FR0013295789 08/11/22 0,4 21.680.000 40,4 + 40 39,4 0,99
ADOCIA (ADOC) g B 4,1 3,955 - 3,3 - 0,38 COFACE (COFA) G A 12,54 12,52 + 3,13 LUMIBIRD (LBIRD) g C 18,9 18,8 + 1,08 + 13,53 THERMADOR GROUPE (THEP) B 94 94,2 + 0,53 + 9,28
30106 4,1 +23,59 4,65 173979 12,64 + 2,54 12,97 2137 18,9 +15,76 19,22 2988 94,5 + 6,44 94,5
FR0011184241 8.340.510 3,9 - 48,84 3,9 FR0010667147 20/05/22 1,5 150.179.792 12,42 + 9,63 12,33 7,27 FR0000038242 22.466.882 18,7 - 11,74 16,4 FR0013333432 12/04/22 2 9.200.849 93,8 - 3,78 85,6 2,12
AÉROPORTS DE PARIS (ADP) LR A 143,05 143,6 + 0,84 + 14,7 COLAS (RE) A 118 117 M6-MÉTROPOLE TV (MMT) G A 15,55 15,64 + 0,26 + 1,89 TIKEHAU CAPITAL (TKO) g A 25,75 25,95 + 0,78 + 7,01
64127 143,95 +14,38 143,95 178 118 + 2,63 119 69013 15,71 + 3,58 16 EX D S 03/07/17 23616 26,1 + 6,35 26,1
FR0010340141 06/12/19 0,7 98.960.602 141,9 + 15,02 125,5 FR0000121634 02/05/22 6,85 32.654.499 116 - 7,14 114,5 5,86 FR0000053225 04/05/22 1 126.414.248 15,45 - 7,89 15,09 6,39 FR0013230612 20/05/22 1 175.193.044 25,75 + 9,03 24,25 3,85
AIR FRANCE-KLM (AF) LR A 1,64 1,623 + 1,03 + 31,84 COVIVIO (COV) G A 60,7 62 + 2,99 + 11,81 MAISONS DU MONDE (MDM) g B 12,48 12,57 + 2,2 + 6,98 TRANSGÈNE (TNG) g C 1,952 1,98 + 1,02 + 19,42
18983502 1,654 +27,95 1,654 80946 62,15 +12,22 63,25 53259 12,65 + 5,99 13,36 16770 1,99 +17,86 2,12
FR0000031122 14/07/08 0,58 2.570.536.136 1,619 - 19,61 1,238 FR0000064578 25/04/22 3,75 94.786.096 60,4 - 18,21 55,85 FR0013153541 08/06/22 0,55 43.288.097 12,2 - 36,29 11,32 4,38 FR0005175080 100.204.071 1,95 - 23,85 1,658
AKWEL (AKW) g B 16,02 15,84 - 1 - 8,97 COVIVIO HOTELS (COVH) A 15,5 15,55 + 0,65 + 5,07 MANITOU (MTU) g B 27,2 27,15 - 0,18 + 9,48 TRIGANO (TRI) G A 124,6 126 + 1,7 - 1,25
4554 16,4 - 8,01 18,24 323 15,55 + 3,67 15,95 8834 27,5 +13,84 27,65 14466 126 + 0,8 130,2
FR0000053027 08/06/22 0,45 26.741.040 15,72 - 31,72 15,72 2,84 FR0000060303 12/04/22 0,65 148.141.452 15,4 - 10,12 14,5 FR0000038606 20/06/22 0,8 39.668.399 26,9 - 13,54 24,2 2,95 FR0005691656 11/01/23 1,75 19.336.269 124,3 - 27,54 117,2 1,39
ALD (ALD) G A 11,6 11,58 + 2,12 + 7,62 DASSAULT AV. (AM) A 164,2 165,7 + 0,73 + 4,74 MAUNA KEA (MKEA) g C 0,467 0,462 + 0,33 + 11,2 UBISOFT ENTERTAINMENT (UBI) LRA 19,38 19,58 + 1,93 - 25,86
221223 11,7 + 7,02 11,78 42163 165,7 + 3,11 165,7 140997 0,48 + 6,09 0,54 546403 19,845 -26,31 28,16
FR0013258662 31/05/22 1,08 565.745.096 11,52 - 17,17 10,74 9,33 FR0014004L86 23/05/22 2,49 83.487.030 162,1 + 62,29 148,7 1,5 FR0010609263 44.582.685 0,459 - 30,91 0,402 FR0000054470 125.520.452 18,965 - 62,53 18,64
ALPES (CIE DES ) (CDA) g B 14,2 14,34 + 1,41 - 0,28 DBV TECHNOLOGIES (DBV) g B 2,81 2,746 - 3,31 - 12,71 MCPHY ENERGY (MCPHY) g B 14,395 14,12 - 0,49 + 15,64 VALEO (FR) LR A 18,835 19,27 + 2,72 + 15,39
33103 14,46 - 0,97 15,14 193680 2,846 - 1,93 3,254 66068 14,65 +17,67 14,9 637468 19,41 +15,22 20,22
FR0000053324 10/03/20 0,7 50.443.612 14,12 - 0,69 13,82 FR0010417345 94.025.441 2,73 - 4,05 2,73 FR0011742329 27.939.095 13,95 - 24,89 12,38 FR0013176526 27/05/22 0,35 243.501.944 18,715 - 24,96 16,92 1,82
ALTAREA (ALTA) G A 127 127,6 + 1,11 + 1,11 DERICHEBOURG (DBG) g B 6,19 6,32 + 3,1 + 14,49 MEDINCELL (MEDCL) B 7,7 7,68 - 0,26 + 24,27 VALLOUREC REG (VK) G B 13,175 13,105 - 0,23 + 6,81
4039 128,4 - 0,16 132 395150 6,38 +18,57 6,43 14981 7,9 +25,9 8,44 1324006 13,31 + 4,09 13,57
FR0000033219 27/05/22 9,75 20.375.804 127 - 22,2 125,2 FR0000053381 04/02/22 0,32 159.397.489 6,19 - 45,19 5,51 5,06 FR0004065605 25.151.653 7,66 - 11,32 6 FR0013506730 228.928.428 12,98 + 62,29 11,39
ALTAREIT (AREIT) B 625 625 DMS (DGM) g C 1,3 1,29 - 2,27 + 27,72 MERCIALYS (MERY) G B 10,2 10,37 + 1,77 + 6,14 VALNEVA (VLA) G B 6,91 6,928 + 0,52 + 11,31
1 625 625 7766 1,315 +26,47 1,44 123805 10,38 + 4,91 10,44 143068 6,988 + 5,74 7,38
FR0000039216 1.750.487 625 - 4,58 620 FR0012202497 16.120.556 1,27 - 4,44 0,982 FR0010241638 03/05/22 0,92 93.886.501 10,17 + 9,97 9,815 FR0004056851 138.346.968 6,8 - 55,76 6,278
ALTEN (ATE) G A 135,8 136,7 + 1,11 + 17,04 EDENRED (EDEN) LR A 50,04 49,57 - 0,94 - 2,57 MERSEN (MRN) g B 39,65 39,85 + 0,76 + 5,56 VERALLIA (VRLA) g A 33,22 32,98 - 0,78 + 4,1
25780 136,8 +16,24 139,1 228155 50,18 - 2,54 51,38 12753 40,1 + 7,41 41 93456 33,42 + 4,37 33,96
FR0000071946 27/06/22 1,3 34.573.385 134,6 - 9,17 116,6 0,95 FR0010908533 07/06/22 0,9 249.588.059 49,53 + 20,76 47,74 1,82 FR0000039620 05/07/22 1 20.844.904 39,6 + 11 37,85 2,51 FR0013447729 19/05/22 1,05 122.289.183 32,82 + 18,46 31,62 3,18
AMUNDI (AMUN) G A 60,6 60,35 + 0,25 + 13,87 EIFFAGE (FGR) LR A 97,8 97,46 - 0,06 + 6,03 METABOLIC EXPLORER (METEX) g C 1,295 1,28 - 0,93 + 5,79 VERIMATRIX (VMX) g B 0,838 0,834 - 0,71 + 7,47
EX-DS 15/03/17 129592 61,05 +14,19 61,6 95395 97,84 + 3,77 97,94 31287 1,3 -20 1,42 8310 0,84 +17,46 0,888
FR0004125920 23/05/22 4,1 203.860.131 60,1 - 15,54 53,45 6,79 FR0000130452 16/05/22 3,1 98.000.000 96,92 + 3,05 91,9 3,18 FR0004177046 43.839.488 1,27 - 80,64 1,204 FR0010291245 85.535.147 0,834 - 28,35 0,76
ANTIN INFRA PARTNERS (ANTIN) G A 22,02 22,1 + 0,27 + 8,87 EKINOPS (EKI) g B 8,79 8,78 - 0,23 + 4,52 MONCEY (FIN.) NOM. (MONC) B 7400 7400 - 1,99 + 12,98 VETOQUINOL (VETO) B 86,5 86,5 - 1,26
22169 22,4 + 6,15 23,3 20449 8,83 + 8,53 8,95 1 7400 +12,98 8100 5767 87,7 - 0,8 98,6
FR0014005AL0 11/11/22 0,14 174.562.444 21,92 - 26,38 19,7 0,63 FR0011466069 25.727.618 8,76 + 12,56 8,02 FR0000076986 09/06/22 28 182.871 7400 + 4,96 6600 0,38 FR0004186856 03/06/22 0,8 11.881.902 85,7 - 33,97 85,7 0,93
ARAMIS (ARAMI) A 4,27 4,216 - 0,1 + 0,38 ELIOR (ELIOR) G B 4,05 4,024 + 0,35 + 21,94 NACON (NACON) B 2,44 2,42 + 0,21 - 6,92 VICAT (VCT) g A 25,45 25,2 + 0,4 + 7,46
17501 4,298 + 5,4 4,446 353534 4,12 +22,76 4,186 33482 2,45 - 6,2 2,925 17418 25,45 + 8,62 25,55
FR0014003U94 82.856.671 4,168 - 69,45 4,08 FR0011950732 07/04/20 0,29 172.444.229 4,012 - 31,1 3,33 FR0013482791 86.936.299 2,405 - 58,98 2,35 FR0000031775 29/04/22 1,65 44.900.000 25 - 32,98 23,75 6,55
ARGAN (ARG) A 77,7 79,6 + 2,45 + 5,01 ELIS (ELIS) G A 15,48 15,6 + 0,84 + 12,88 NANOBIOTIX (NANO) g B 3,8 3,745 - 0,93 + 3,45 VILMORIN & CIE (RIN) g A 46,6 46,95 + 0,86 + 2,85
23399 79,6 + 6,7 82,8 219257 15,66 +13,04 16,13 73258 3,84 + 1,49 4,07 2922 47,05 + 3,99 48,2
FR0010481960 01/04/22 2,6 22.981.364 77,4 - 27,64 76 FR0012435121 25/05/22 0,37 230.147.257 15,33 - 4,82 13,8 2,37 FR0011341205 13/05/19 34.825.872 3,7 - 49,53 3,53 FR0000052516 13/12/22 1,6 22.917.292 46,55 - 8,12 45,2 3,41
ARKEMA (AKE) LR A 92,16 91,34 - 1,1 + 8,89 ERAMET (ERA) G B 89,35 90,2 + 1,86 + 7,57 NEOEN (NEOEN) G A 35,39 35,22 + 0,2 - 6,35 VIRBAC (VIRP) G A 270,5 274 + 1,48 + 20,18
142322 92,4 + 7,69 93,86 37538 91,5 + 8,02 93,7 116064 35,63 - 8,04 38,07 6350 275,5 +19,91 275,5
FR0010313833 23/05/22 3 75.043.514 91,08 - 28,75 84,42 3,28 FR0000131757 03/06/22 2,5 28.755.047 89,35 - 3,89 79,15 2,77 FR0011675362 01/06/22 0,1 114.669.498 34,97 + 2,32 34,58 0,34 FR0000031577 24/06/22 1,25 8.458.000 270,5 - 23,89 228 0,46
ARTMARKET.COM (PRC) g C 7,47 7,57 + 1,34 + 6,62 ERYTECH PHARMA (ERYP) g B 0,64 0,56 - 9,39 + 52,67 NEXANS (NEX) G A 92,15 93,85 + 1,96 + 11,13 VOLTALIA (VLTSA) A 17,5 17,66 + 0,91 + 3,52
8301 7,74 + 2,99 8,12 696067 0,649 +43,59 0,679 45432 94,4 +9 96,2 47838 17,76 + 3,4 18,26
FR0000074783 6.651.515 7,46 - 19,21 7 FR0011471135 31.018.553 0,535 - 71,77 0,362 FR0000044448 16/05/22 1,2 43.753.380 92,15 + 12,4 81,2 1,28 FR0011995588 131.140.944 17,38 + 10,8 17,02
ASSYSTEM (ASY) B 43 43,2 + 0,47 + 6,4 ESI GROUP (ESI) g C 73,6 73,8 + 0,55 NEXITY (NXI) G A 27,6 28,06 + 1,67 + 7,67 WAVESTONE (WAVE) g B 45,8 46,6 + 2,31 + 8
OPA 24/11/17 737 43,5 + 9,64 45,2 3296 74 + 1,37 76,2 71375 28,06 + 8,68 28,54 5795 46,75 +10,69 47,65
FR0000074148 06/07/22 1 15.668.216 43 + 11,05 40,7 2,32 FR0004110310 6.064.141 73,4 - 4,16 72 FR0010112524 23/05/22 2,5 56.129.724 27,54 - 24,08 26,18 8,91 FR0013357621 03/08/22 0,38 20.196.492 45,55 - 7,17 41,4 0,82
ATOS SE (ATO) A 12,395 12,07 + 2,03 + 33,93 ESSO (ES) g C 48,5 47,6 - 1,04 + 0,85 NICOX (COX) g B 1,06 1,04 - 1,89 - 7,14 WENDEL (MF) G A 96,1 96,7 + 0,62 + 10,89
1562230 12,56 +32,52 13,44 18605 48,9 - 0,83 49,9 115601 1,074 - 7,8 1,18 43833 97 + 9,95 99,2
FR0000051732 14/05/21 0,9 110.951.542 12,06 - 64,6 9,382 FR0000120669 10/07/18 1,5 12.854.578 46,7 +126,67 41,8 FR0013018124 50.156.698 1,04 - 60,38 1,04 FR0000121204 20/06/22 3 44.407.677 96,1 - 3,06 87,25 3,1
AUBAY (AUB) g C 51,4 51,2 - 0,39 + 5,03 EURAZEO (RF) G A 64,35 64,4 + 0,39 + 10,84 NRJ GROUP (NRG) B 6,62 6,78 + 0,89 WORLDLINE (WLN) G A 39,96 39,68 - 0,05 + 8,62
2416 52 + 4,92 53,2 75932 64,9 + 9,52 65,8 2022 6,78 + 7,28 6,9 493484 40,55 + 7,42 42,08
FR0000063737 08/11/22 0,5 13.268.796 51 - 3,76 48,1 0,98 FR0000121121 02/05/22 3 79.224.529 64,25 - 14,3 58,3 4,66 FR0000121691 14/06/22 0,21 78.107.621 6,62 + 14,92 6,58 3,1 FR0011981968 281.422.238 39,18 - 12,41 36,66
AXWAY SOFTWARE (AXW) g B 18,05 18,2 + 1,11 + 9,31 EUTELSAT COM. (ETL) G A 7,14 7,18 + 1,27 + 3,16 ODET (CIE DE L') (ODET) A 1440 1440 - 0,42 + 3,6

FR0011040500
1538
06/06/22 0,4 21.633.597
18,2
18,05
+ 8,66
- 9
18,45
16,5 2,2 FR0010221234
314202
17/11/22 0,93 248.926.325
7,18
7,075
+ 2,5
- 35,86
7,265
6,875 12,95 FR0000062234
257
09/06/22 3,6 6.585.990
1468
1420
+ 6,19 1516
+ 15,2 1378 0,25 AUTRES VALEURS DE LA ZONE EURO
BAINS MER MONACO (BAIN) B 84,2 84 - 1,18 - 0,24 EXCLUSIVE NETWORKS (EXN) A 19,5 19,36 + 0,1 + 7,08 ORPÉA (ORP) G A 6,88 6,99 + 2,13 + 13,25 EURONEXT (ENX) LR A 74,82 74,78 + 0,38 + 8,13
1072 84,8 - 1,64 87 16221 19,78 + 6,84 19,82 424416 7,04 +19,61 8,934 62298 75,4 + 6,65 75,72
MC0000031187 04/10/22 1 24.516.661 84 + 26,13 83,2 FR0014005DA7 05/07/22 0,2 91.670.286 19,3 + 20,7 18,22 1,03 FR0000184798 09/07/21 0,9 64.693.851 6,816 - 91,54 6,228 NL0006294274 23/05/22 1,64 107.106.294 74,38 - 13,5 68,96 2,58
BELIEVE (BLV) G A 12 11,77 - 1,67 + 21,4 FAURECIA (EO) LR A 17,24 17,84 + 4,94 + 26,26 OSE IMMUNO (OSE) g C 6,49 6,41 - 1,23 - 3,97 NOKIA (NOKIA) R A 4,267 4,291 + 1,68 - 1,09 0,3
25178 12 +15,85 12,1 1325815 18,01 +28,25 18,54 8792 6,53 - 0,7 7 197038 4,3 - 1,73 4,7 14,49
FR0014003FE9 96.575.623 11,64 - 25,5 9,71 FR0000121147 03/06/21 1 197.089.340 16,995 - 52,53 14,4 FR0012127173 18.527.401 6,385 - 30,1 6,265 FI0009000681 24/10/22 0,01 5.632.297.576 4,255 - 14,68 4,204 0,47
BÉNÉTEAU (BEN) g B 14,74 14,76 + 0,96 + 4,38 FDJ (FDJ) G A 40,13 40,03 - 0,25 + 6,52 OVH (OVH) G A 15,02 15,255 + 1,7 - 4,54 SES (SESG) LR 7,024 7,118 + 1,05 + 16,88
84411 14,9 + 5,28 15,46 160419 40,3 + 5,76 40,3 173102 15,255 - 3,14 16,285 619332 7,14 +15,25 7,14
FR0000035164 22/06/22 3 82.789.840 14,6 - 0,27 14,1 2,03 FR0013451333 02/05/22 1,24 191.000.000 39,72 + 9,73 37,77 3,1 FR0014005HJ9 188.532.591 14,95 - 40,28 14,435 LU0088087324 19/04/22 0,43 371.457.600 6,976 + 0,39 6,14 7,02
BIC (BB) G A 63,8 63,4 - 0,16 - 0,86 FERMENTALG (FALG) g C 1,52 1,502 - 0,53 - 1,38 PEUGEOT INVEST (PEUG) g A 93,8 95,2 + 1,49 + 6,97 X-FAB SILICON (XFAB) g A 7,3 7,54 + 4 + 13,98
38621 64,35 - 1,48 64,65 99935 1,56 - 4,21 1,708 3449 95,4 +10,44 96,3 99795 7,58 +14,07 7,86
FR0000120966 30/05/22 2,15 43.952.226 63,3 + 29,07 60,55 3,39 FR0011271600 41.290.430 1,502 - 49,6 1,5 FR0000064784 18/05/22 2,65 24.922.589 93,6 - 26,32 89,4 2,78 BE0974310428 130.781.669 7,3 - 15,09 6,625
BIGBEN INT. (BIG) g C 6,72 6,94 + 3,43 + 8,95 FNAC DARTY (FNAC) G A 34 33,88 - 0,06 - 1,63 PHARMAGEST INT. (PHA) g A 80 79,6 - 0,38 + 6,56
44654 7,02 +10,33 7,81 41469 34,26 + 1,32 37,62 1220 80,6 + 8,3 84,3
FR0000074072 27/07/22 0,3 18.529.960 6,72 - 61,32 6,42 4,32 FR0011476928 21/06/22 2 26.871.853 33,4 - 38,4 33,12 5,9 FR0012882389 30/06/22 1,05 15.174.125 79,6 - 4,1 74,9 1,32 VALEURS ZONE INTERNATIONALE
BIOMÉRIEUX (BIM) G A 96,6 97,72 + 1,31 - 0,2 FONCIÈRE LYONNAISE (FLY) A 82 82,8 + 0,73 - 1,9 PIERRE & VACANCES (VAC) g C 1,49 1,52 + 4,83 + 41
59455 98,04 + 1,03 102,6 167 83,4 - 1,66 85 2429740 1,576 +41 1,576 GENERAL ELECTRIC (GNE) A 69,6 72,8 + 3,56 - 3,7
FR0013280286 06/06/22 0,85 118.361.220 96,5 - 3,91 95,28 0,87 FR0000033409 20/04/22 4,2 42.864.715 82 - 1,43 79 FR0000073041 19/03/12 0,7 454.372.343 1,48 - 20,25 1,028 601 72,8 - 8,89 80
US3696043013 USD 14/12/22 0,06 1.092.668.140 69,6 - 15,77 63,1
BOIRON (BOI) g A 44,1 42,4 - 4,07 - 16,37 GECINA (GFC) LR A 107,8 109,1 + 1,87 + 14,66 PLASTIC OMNIUM (POM) G A 15,24 15,3 + 1,66 + 12,67
27069 44,1 -10,74 53,2 84927 109,1 +15,21 112,2 54647 15,34 +15,04 16,1 SCHLUMBERGER (SLB) A 53,2 51,7 - 3 + 4,55 3,45
FR0000061129 01/06/22 0,95 17.545.408 42,05 + 8,72 42,05 2,24 FR0010040865 04/07/22 2,65 76.623.192 107,2 - 8,59 95,2 FR0000124570 28/04/22 0,28 145.522.153 15,02 - 30,2 13,69 1,83 11798 53,9 + 4,55 54,6
AN8068571086 USD 06/12/22 0,18 1.385.122.304 50,9 + 59,32 47,35
BOLLORÉ (BOL) G A 5,325 5,26 - 0,76 + 0,77 GENFIT (GNFT) G B 3,816 3,796 - 4,33 QUADIENT (QDT) g B 15,94 15,75 - 1,19 + 14,38
497901 5,35 + 1,06 5,45 39274 3,83 + 6,03 4,004 31345 16,12 +18,42 16,12 TOTAL ENERGIES GABON (EC) A 158 157,5 - 0,63 - 0,32
FR0000039299 30/08/22 0,02 2.950.389.374 5,255 + 9,31 5,235 0,38 FR0004163111 49.834.983 3,752 - 4,38 3,69 FR0000120560 04/08/22 0,55 34.562.912 15,64 - 12,01 13,82 3,49 600 159 + 1,29 160
GA0000121459 28/09/22 56,96 4.500.000 157 + 9,76 152 36,17
BONDUELLE (BON) g B 13,22 12,86 - 2,58 - 3,89 GENSIGHT (SIGHT) g B 3,552 3,662 + 2,35 + 8,92 RALLYE (RAL) A 2,84 2,94 + 1,91 + 9,7
29590 13,42 - 1,98 14,48 99880 3,77 +15,08 3,796 7656 2,95 + 6,91 3,03
FR0000063935 03/01/23 0,3 32.630.114 12,74 - 40,46 12,74 2,33 FR0013183985 46.335.591 3,552 - 14,24 3,406 FR0000060618 20/05/19 1 52.925.203 2,84 - 38,88 2,62
BUREAU VERITAS (BVI) LR A 26,28 26,42 + 0,84 + 7,35 GERARD PERRIER (PERR) B 93,4 95 + 1,71 + 5,09 RAMSAY GDS (GDS) A 18,4 18,8 + 2,17 + 2,73
538218 26,54 + 7,44 26,85 579 96,8 +10,47 98,8 1701 18,8 + 4,44 18,8
FR0006174348 05/07/22 0,53 452.328.192 26,27 + 3,12 24,42 2,01 FR0000061459 08/06/22 2 3.973.148 93,4 - 6,86 87,8 2,11 FR0000044471 02/12/14 1,4 110.389.690 18,4 - 16,44 17,95
CARMILA (CARM) g C 14,02 14,12 + 1,73 + 5,85 GETLINK (GET) LR A 15,445 15,565 + 0,81 + 3,94 RÉMY COINTREAU (RCO) LR A 177 178,3 + 2,83 + 13,13
43642 14,16 + 5,06 14,44 799344 15,575 + 2,13 15,695 88065 179,7 +11,51 179,7
FR0010828137 23/05/22 1 143.704.395 13,98 - 0,42 13,4 FR0010533075 30/05/22 0,1 550.000.000 15,31 + 8,66 14,795 0,64 FR0000130395 27/07/22 1,85 50.785.696 176,6 - 8,61 157,2 1,6
CASINO (CO) G A 11,66 11,89 + 1,89 + 21,82 GL EVENTS (GLO) g B 19,98 21,95 + 10,19 + 34,99 REXEL (RXL) LR A 20,3 20,12 - 0,3 + 9,11
94403 11,92 +20,04 12,05 155565 22,4 +42,72 22,4 819934 20,39 + 7,91 20,9
FR0000125585 09/05/19 1,56 108.426.230 11,66 - 48,37 9,895 FR0000066672 01/07/19 0,65 29.982.787 19,92 + 23,04 16,3 FR0010451203 03/06/22 0,75 303.413.265 20,02 + 0,7 18,55 3,73
33 Les Echos Mardi 24 janvier 2023 FINANCE & MARCHES

carnet
PORTRAIT ENTREPRISES des débuts chez KPMG Audit, il a la direction opérationnelle du
œuvré à la direction financière groupe Nature. Il était le direc-
par Martine Robert ING du groupe Petit Bateau. Il a assu- teur général de Just France
@martiRD Thomas Labergère mé les fonctions de directeur ad- depuis 2018.

Le Studio Nomade/Institut français

devient directeur général d’ING ministratif et financier chez Mo-
en France. bilis dès 2007, chez Ultima

Eva Nguyen Binh, Thomas Labergère, 54 ans, est

Displays à partir de 2011 et chez
MyScript à compter de 2019. +
ambassadrice culturelle diplômé de Paris-Dauphine et
de l’IEP de Paris. Entré chez Citi ORGANISME INTER-
Ils sont nés
en 1997, il a occupé plusieurs PROFESSIONNEL
un 24 janvier
postes à New York et à Paris. Il a
Eva Nguyen Binh aime les défis : c’est en pleine crise sani- ensuite été à la tête de la banque FER DE FRANCE
taire qu’elle a pris la présidence en juin 2021 de l’Institut
français, ce bras armé du ministère des Affaires étrangè- Engie, en phase avec le programme de 10 millions
corporate et institutionnelle de
Citi en France pendant six ans.
Jean-Pierre Farandou
a été élu à la tête de Fer
•acteur,
Daniel Auteuil,
73 ans.
res et de la rue de Valois pour la diplomatie culturelle,
sans pouvoir faire connaissance avec ses 150 collabora-
d’euros sur trois ans dédié aux industries culturelles et
créatives, mené avec Business France. « Une première,
C’est en 2021 qu’il a rejoint ING
en France en tant que directeur
de France pour un mandat
de trois ans.
•µdeJean-Marie Dru, chairman
TBWA Worldwide, 76 ans.
teurs ni se déplacer. Pas de quoi refroidir les ardeurs de
cette enthousiaste, toujours vêtue de couleurs vives, qui
nos équipes n’ont encore jamais collaboré. Cela va nous
conduire vers des spécialités comme le jeu vidéo, le design,
de la banque de financement et
d’investissement. Jean-Pierre Farandou, 65 ans, in-
•entraîneur
Raymond Domenech,
de football, 71 ans.
depuis, a rattrapé le temps perdu. Elle revient de San-
tiago a Mil, au Chili, l’un des festivals de théâtre majeurs
la mode, la réalité virtuelle » note cette battante .
SAFRAN
génieur des Mines de Paris, est
depuis 2019 le président-direc-
•etMathias Dosne, CEO
copropriétaire du groupe
d’Amérique latine, pour soutenir les compagnies dont Du public au privé Stewart Odurny teur général du groupe SNCF, Nautilus, 49 ans.
elle a aidé la venue : le metteur en scène Joël Pommerat,
Les Plasticiens volants, le Cirque Le Roux, l’auteur Guy
Son parcours atypique l’a bien armée. Cette diplômée de
Sciences Po Strasbourg et de la School of Foreign Service
a été promu directeur clients
et stratégie de Safran Landing
qu’il a rejoint en 1981. Au cours de
sa carrière, il a notamment diri-
•52Sylvain
ans.
Guillemot, chef,

Régis... Juste avant, elle détaillait aux professionnels du

spectacle vivant réunis aux Bis de Nantes, comment son
de Georgetown à Washington, passée par les secrétariats
des ambassades de New Delhi et de Lisbonne, avant
Systems. gé la région SNCF Rhône-Alpes,
avant d’être directeur général de
•banquier,
Guillaume Hannezo,
fondateur
établissement pouvait les aider. d’être conseillère Asie et Amérique latine du ministre des Stewart Odurny, 50 ans, est di- Keolis Lyon. En 2006, il a créé et de FDR Finance, 62 ans.
Depuis son arrivée aux manettes, l’hyperactive a réor-
ganisé l’Institut français, instauré une culture de l’éva-
Affaires étrangères Bernard Kouchner, a fait un break de
trois ans chez Michelin, en tant que chargée des affaires
plômé du Gloucester College of
Arts & Technology ainsi que de
dirigé la branche SNCF Proximi-
tés. En 2012, il avait pris la prési-
•CEO
Rand Hindi, entrepreneur,
de Zama, 39 ans.
luation, et rédigé sa feuille de route afin « d’embarquer
l’équipe dans un projet collectif qui fait sens ». En 2022, elle
internationales. « Après un parcours de seize ans dans le
public, c’était le bon moment », se remémore-t-elle, même
l’université du Gloucestershire.
Il a débuté chez Messier-Dowty
dence du directoire de Keolis. •etChad Hurley, cofondateur
ex-PDG de Youtube, 46 ans.
a pu enchaîner les missions, du Cameroun en février
pour « repenser l’action culturelle en Afrique en mode
si elle quitte prématurément le groupe pour suivre son
mari au Vietnam, revenant à ses premières amours :
(aujourd’hui Safran Landing
Systems) en 2002. Dix ans plus
FÉDÉRATION •62Nastassja
ans.
Kinski, actrice,

coconstruction » face aux fakes news russes et à l’influ-

ence chinoise, au Japon en décembre pour visiter les
conseillère de coopération et d’action culturelle à Hanoï
et directrice de l’Institut français, puis ambassadeur au
tard, il a pris le poste de direc-
teur commercial et marketing
FVD
Frédéric Billon
•politique,
Guillaume Larrivé, homme
ex-député de l’Yonne,
résidences d’artistes de la Villa Kujoyama. Cambodge. Amérique du Nord de Safran est le nouveau délégué général 46 ans.

Partenariat avec Business France

La diplomatie et les changements d’horizon, elle bai-
gne dedans depuis son jeune âge, elle, « l’enfant du
Landing Systems, basé au Cana-
da. Depuis 2016, il était vice-pré-
de la Fédération de la vente
directe.
•Strategic
Chiheb Mahjoub, CEO de Inuo
Impact, 59 ans.
« L’an dernier, j’ai comptabilisé 25 voyages. Intense ! »,
confie cette mère d’un adolescent, sensible aux ques-
milieu » de la fratrie, née à Poitiers en 1970. « Nous sui-
vions notre père chirurgien, en fonction de ses affectations,
sident commercial et marketing
pour l’Amérique du Nord. Frédéric Billon, 46 ans, titulaire
•duCarole Merle, championne
monde de ski, 59 ans.
tions environnementales. Elle a d’ailleurs donné une
conférence remarquée sur la transition écologique dans
de la Normandie au Nord. Il ne parlait jamais de son pays,
le Vietnam. Trop douloureux. Cela m’a interpellée très SHOPOPOP
d’une maîtrise de sciences et
techniques, est diplômé en
•général
Marc Oppenheim, directeur
de Crédit Agricole
la culture au Chili, avant de lancer la Nuits des Idées, l’un vite », se souvient-elle. Et la voici aujourd’hui «au plus haut Florent Berchet management et en finance de immobilier, 56 ans.
des événements que l’Institut exporte sur la planète. A
Santiago, elle s’est entretenue avec l’ambassadeur de
poste de fonctionnaire dans la coopération culturelle »,
fière qu’on lui ait fait confiance dans un univers très mas-
a été nommé directeur
administratif et financier.
l’Essec. Après avoir créé deux
entreprises dans les domaines
•deJay Versace, producteur
musique, 25 ans.
France et avec la ministre chilienne de la Culture avant la
visite à Paris du président Gabriel Boric prévue ce semes-
culin . Si son budget de 40 millions d’euros a été préservé,
il a fallu adapter en permanence le soft power à l’actua- Florent Berchet, 44 ans, diplômé
de la dématérialisation et de la
digitalisation, il fut, dès 2017, le
• Karin Viard, actrice, 57 ans.
tre. Mais aussi avec des groupes du CAC 40 et avec l’Insti- lité éprouvante : pandémie, guerre en Ukraine, démo- de l’ESSCA, est titulaire de mas- créateur et le directeur du déve-
tut français local, aux initiatives originales, tel ce trophée
de start-up mécéné par BNP Paribas, TotalEnergies et
craties bousculées, tensions en Afrique... Mais le con-
traire ennuierait Eva Nguyen Bin. n
ters de l’ICN Nancy et de l’univer-
sité de La Salle Mexico. Après
loppement de Naturalforme.fr.
Deux ans plus tard, il avait pris , Envoyez vos nominations à
carnetlesechos@nomination.fr

ACTIONS ACTIONS ACTIONS

EURONEXT HORS SRD FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES EURONEXT HORS SRD Suite FRANÇAISES CHANGES COURS AU COMPTANT
VAR. VAR.
23-01-2023 COURS VEILLE ANNÉE
ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL ISIN VALEUR OUV +HT +BS CLÔT ÉCART VOL 1 EURO EN DEVISE BCE EN % EN %

FR0000076887 A.S.T. GROUPE g C 2,51 2,7 2,39 2,69 - 2,89 27347 FR0011271600 FERMENTALG g C 1,52 1,56 1,502 1,502 - 0,53 99935 FR0012127173 OSE IMMUNO g C 6,49 6,53 6,385 6,41 - 1,23 8792 DOLLAR US 1,0862 -0,03 1,49
FR0013185857 ABEO g C 20,3 20,3 19,65 19,95 - 1,24 4687 FR0011665280 FIGEAC AERO g C 5,42 5,45 5,35 5,4 - 0,74 3305 FR0004038263 PARROT B 4,5 5 4,5 4,875+ 9,06 22373 LIVRE STERLING 0,8784 0,37 -0,75
FRANC SUISSE 1,0028 0,43 1,34
FR0012616852 ABIONYX PHARMA g B 2,17 2,17 1,96 2,06 - 0,96 412125 FR0014004X25 FLO (GROUPE) C 21 21 21 21 9042 FR0000038465 PASSAT g C 4,88 4,91 4,87 4,91 + 1,03 2062 COURONNE DANOISE 7,4389 -0,01 0,03
FR0013333077 AFFLUENT MEDICAL B 1,7 1,7 1,698 1,698+ 0,36 1684 FR0014005SB3 FORSEE POWER SA B 3,12 3,2 3,1 3,11 + 0,65 19075 FR0000053514 PCAS G B 6,62 6,9 6,52 6,88 - 0,58 2741 COURONNE NORV. 10,6683 -0,49 1,64
COURONNE SUEDOISE 11,1244 -0,40 -0,33
FR0012789667 AMPLITUDE g C 3,14 3,2 3,14 3,2 + 3,23 5500 FR0013030152 FRANCAISE ENERGIE g C 44 46,35 44 46,2 + 5,6 36315 FR0013252186 PLASTIQUES DU VAL g C 3,335 3,36 3,315 3,315 - 1,34 4286
DOLLAR CANADIEN 1,4537 -0,05 0,22
FR0011992700 ATEME g B 10,1 10,5 10,1 10,4 + 2,97 2657 FR0011799907 GENOMIC VISION g C 0,03 0,031 0,028 0,029 - 3,05 2610524 FR0012432516 POXEL g C 0,998 0,998 0,97 0,975 - 0,41 81383 YEN JAPONAIS 141,9415 0,84 1,10
FR0000061780 AUGROS CP. C 7,4 7,4 7,4 7,4 - 1,99 2352 FR0004155000 GROUPE SFPI g C 2,365 2,395 2,345 2,35 + 0,21 18538 FR0014004EC4 PRECIA C 31,6 32,9 31,6 32 - 1,84 933 DOLLAR AUSTRALIEN 1,5463 -0,85 -1,58
ROUBLE RUSSE 74,9444 1,15 -5,05
FR0013183589 AURES TECHNO g C 8,96 9 8,86 8,86 - 1,12 2364 FR0000066722 GUILLEMOT g C 13,12 13,5 13,12 13,3 + 1,53 3949 FR0004052561 PROACTIS C 0,12 0,125 0,102 0,125 + 0,81 192195 ROUPIE INDIENNE 88,4545 0,54 -0,38
FR001400CFI7 AVENIR TELECOM C 0,071 0,076 0,071 0,072 + 1,71 2806348 FR0000066755 HAULOTTE GROUP g B 3,335 3,38 3,335 3,38 + 1,35 1369 FR0012613610 PRODWAYS GROUP g C 3,135 3,14 3,05 3,105 - 0,64 55006 FORINT HONGROIS 395,5735 0,46 -1,04
ZLOTY POLONAIS 4,704 -0,04 0,09
FR0013258399 BALYO g C 0,479 0,483 0,471 0,483 + 1,26 46810 FR0012821916 HIPAY GROUP g C 3,7 3,795 3,61 3,79 - 1,3 2425 FR0013344173 ROCHE BOBOIS SA G B 37,4 38,9 37,3 37,8 + 1,89 3096
DOLLAR HONG-KONG 8,5041 -0,03 1,72
FR0004023208 BASSAC B 49,7 50 49,6 50 1522 FR0014003VY4 HYDROGÞNE FRANCE G B 20,4 20,65 20,3 20,65 + 1,98 2450 FR0000054199 S.T. DUPONT C 0,131 0,131 0,126 0,13 - 0,39 50125 WON SUD COREEN 1336,21 0,01 -1,08
FR0000035370 BASTIDE CONF.MED. g C 34,85 34,85 33,4 33,4 - 4,16 4394 FR0013233012 INVENTIVA g B 5,7 5,75 5,65 5,72 + 1,42 10785 FR0000039109 SECHE ENVIRONNEM. g B 99,4 102,2 99 102,2 + 3,76 7648 PESO MEXICAIN 20,4457 -0,41 -2,16
REAL 5,6361 -0,39 -0,60
FR0000074254 BOURSE DIRECT C 3,44 3,5 3,42 3,45 + 0,88 31170 FR0000066607 LACROIX GROUP g C 28,6 28,6 28,5 28,6 + 1,06 1429 FR0011950682 SERGEFERRARI GP g C 13,3 13,34 13,04 13,18 - 0,9 7571 DOLLAR SINGAPOUR 1,4331 -0,05 -0,33
FR0012969095 CAPELLI g 12,2 12,25 12,05 12,2 948 FR0000032278 LATECOERE g C 0,46 0,46 0,448 0,448 - 2,61 69700 FR0000060790 SIGNAUX GIROD g C 13,15 13,15 12,5 13 - 1,14 1032 LIVRE TURQUE 20,4265 -0,01 1,88
RENMIBI YUAN 7,3676 -0,03 -0,40
FR0010193979 CBO TERRITORIA C 3,65 3,67 3,635 3,67 + 0,82 38373 FR0014009YQ1 LHYFE B 8,318 8,55 8,318 8,443 + 0,81 27610 FR0000074122 SII g C 46,05 46,85 46 46,85 + 2,18 4670
FR0000053506 CEGEDIM B 19,08 19,08 18,58 18,64 - 1,9 10126 FR0004156297 LINEDATA SERVICES g B 47,9 49 47,4 47,9 + 0,84 1104 FR0004016699 SMTPC B 26,8 26,9 26,6 26,6 - 0,75 3050
TAUX
g

FR0013426004 CLARANOVA SE g B 2,7 2,76 2,7 2,732 + 1,86 38264 FR0000051070 MAUREL ET PROM g B 3,84 3,935 3,83 3,915 + 2,49 197559 FR00140006O9 SOLOCAL GROUP B 0,677 0,681 0,672 0,675 + 0,07 94395
MARCHÉS MONÉTAIRES ET EURODEVISES
MARCHÉS MONÉTAIRES
FR0004031763 COHERIS g C 3,06 3,1 3,06 3,1 + 4,73 6666 FR0000060873 MBWS g C 2,15 2,15 2,09 2,11 - 1,86 31307 FR0011289040 SQLI g C 42,1 43 42,1 42,5 - 0,24 1212 23-01-2023 JOUR 1 MOIS 3 MOIS 6 MOIS 1 AN

FR0010483768 CRCAM BRIE PIC. CC B 19,902 19,902 19,9 19,902 1172 FR0011742329 MCPHY ENERGY g B 14,395 14,65 13,95 14,12 - 0,49 66068 FR0004188670 TARKETT G B 12,42 12,54 12,26 12,26 - 1,29 1489 ZONE EURO 1,94/1,64 2,26/1,96 2,63/2,33 2,97/2,67 3,34/3,04

FR0000185514 CRCAM NORD FR. B 17,52 17,63 17,52 17,63 + 0,63 1135 FR0004065605 MEDINCELL B 7,7 7,9 7,66 7,68 - 0,26 14981 FR001400BWV7 TECHNICOLOR CREA. A 0,281 0,281 0,255 0,255 - 6,93 739783 ECARTS DE TAUX AVEC L’ALLEMAGNE
23-01-2023 6 MOIS 2 ANS 5 ANS 7 ANS 10 ANS
FR001400AYG6 DEEZER 2 2,435 2,51 2,43 2,47 + 1,65 4706 FR0010298620 MEMSCAP g C 1,435 1,46 1,41 1,44 5289 FR0000033003 TOUAX g C 8,28 8,28 8,16 8,16 + 0,12 2772
ALLEMAGNE 98,77 2,57 2,17 2,14 2,13
FR0013283108 DELTA PLUS GROUP g B 77,6 79 77,2 78,9 + 2,6 1357 FR0011277391 MYHOTELMATCH g C 0,017 0,017 0,016 0,017 379754 FR0000036816 TOUR EIFFEL g B 21,4 21,7 21,3 21,3 - 0,47 923 PORTUGAL 0 0,22 0,40 0,66 0,95
FR0012202497 DIAGNOSTIC MEDICALg C 1,3 1,315 1,27 1,29 - 2,27 7766 FR0013482791 NACON SAS B 2,44 2,45 2,405 2,42 + 0,21 33482 FR0000035784 TRANSIT.EVERGREEN G C 2,73 2,73 2,66 2,69 + 0,37 3233 FRANCE 0,14 0,06 0,28 0,31 0,49
ESPAGNE 0,08 0,12 0,48 0,72 0,93
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FR0000035719 ELECT ET EAUX MAD. C 3,32 3,32 3,3 3,3 - 0,6 10084 FR0004050250 NEURONES B 38,25 38,85 38,25 38,75 + 0,26 1603 FR0000050049 VIEL ET CIE C 6,36 6,56 6,32 6,5 + 1,56 4819
FR0014009ON9 EUREKING PREF C 9,801 10 9,8 10 - 0,87 6002 FR0012650166 NHOA C 9,15 9,15 8,88 8,89 - 0,34 2761 FR0000062796 VRANKEN - POMMERY C 17,05 17,45 17,05 17,15 + 1,78 1823
CERTIFICAT/FONDS
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INVESTIR 10
INVESTIR 10 GRANDES VALEURS I10GS - FR0011630474 143,6 0,42
FR0000075343 EUROMEDIS GROUPE C 4,37 4,475 4,37 4,475+ 2,4 1228 FR0010609206 OREGE C 0,53 0,548 0,52 0,52 - 1,52 8570 FR0004034072 XILAM ANIMATION g C 34,55 35,35 34,55 35 + 1,3 1904
INVESTIR PEA PALATINE FR0013284114 111,44 -1,18

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 Mardi 24 janvier 2023 Les Echos 34

= Les chiffres de l’économie

//
// Budget
Budget de
de l’Etat
l’Etat et
et PSR
PSR 2022
2022 :: 454,6
500,2 milliards
milliards d’euros
d’euros (prévisions
(prévisions PLF 2023) //
PLF 2022) // PIB
PIB 2021
2022 :: 2.452,3 milliardsd’euros
2.642 milliards d’euros
// Plafond Sécurité sociale : 3.428 euros/mois à partir du 01-01-2022 // SMIC horaire : 10,57 euros à partir
// Plafond Sécurité sociale : 3.666 euros/mois à partir du 01-01-2023 // SMIC horaire : 11,27 euros à partir du 01-01-2023 du 01-01-2022
// Capitalisation
// Capitalisation boursière
boursière dede Paris
Paris :: 2.146,55
1.904,7 milliards
milliardsd’euros
d’euros(au
(au04-07-2022)
02-01-2023)
// Indice
// Indice des
des prix
prix (base
(base 100
100 enen 2015)
2015) :: 114,26
111,72 en
enmai 2022 //2022
novembre Taux//deTaux
chômage (BIT) : 7,3
de chômage % au
(BIT) 1er%trimestre
: 7,3 2022 2022
au 3e trimestre
Retrouvez-nous sur www.lesechos.fr // Dette publique : 2.901,8 milliards d’euros (1ere trimestre 2022)
// Dette publique : 2.956,8 milliards d’euros (3 trimestre 2022)

crible
Repentirs sur la toile
La hausse des taux se démarque par sa rapidité. Politesse de roi
Une semaine de repentirs après Wall Street espère que le fonds activiste
quinze jours d’euphorie. Le Elliott va sonner le rebond de Salesforce.
millésime boursier 2023 semble
parti pour confirmer son
caractère imprévisible. Mais les
stratèges penchant pour un
scénario annuel en deux temps
arrivent encore à s’y tenir. Car leur
prudence initiale tient à l’activité
économique en toile de fond. La
détermination de la Fed contre
l’inflation se lit dans ses taux
directeurs, qui ont davantage
augmenté en dix mois que
pendant les trois années du
précédent cycle, souligne ainsi
Jérôme van der Bruggen. Le
responsable de l’investissement
chez Degroof Petercam envisage
un pic à 5 % avant une première
baisse fin 2023. Mais d’ici là, la
BCE sera à la peine, et l’économie
mondiale devrait connaître une
légère récession. Et, selon la
banque belge, les attentes de
bénéfices n’avaient pas fini de s’y
ajuster au démarrage de la saison
des publications.

Le coup du lapin
Le problème chinois de Volkswagen
ne fait que commencer.
« La politesse coûte peu et achète tout ». Wall Street n’y croit pas
« Merkel as usual », a-t-on raillé à Berlin lorsqu’Olaf Scholz a rendu visite forcément, mais les investisseurs américains semblent voir d’un bon
en novembre dernier au président Xi Jinping. Si Oliver Blume, le patron œil celle inhabituelle du roi des fonds activistes Elliott – qui n’a jamais
de Volkswagen, se trouvait dans les bagages du chancelier, l’ex-empire autant récolté de capitaux à placer qu’en 2022. Le patron de sa nouvelle
du Milieu, qui génère près de 40 % de ses volumes mondiaux cible, Marc Benioff, a beau se voir gratifier d’un « profond respect »,
et un cinquième de ses profits opérationnels dans les voitures, n’a rien les autres gérants d’actifs comptent sur la capacité du groupe de Paul
du « business as usual » pour la firme de Wolfsburg. L’année lunaire Singer à s’incruster pour mieux résoudre la « polycrise » traversée par
du Lapin d’eau laissera un goût amer au quarantième anniversaire de Salesforce. Sa connaissance du secteur tech, sans oublier le versant
sa première production « locale », la Santana. L’érosion accélérée LBO, faciliterait les changements nécessaires, y compris dans le top
de son poids sur un marché qu’il a longtemps dominé – trois à quatre management. La simple annonce d’une mise supplémentaire de
points en moins en trois ans – le place parmi les constructeurs occidentaux « plusieurs milliards de dollars » a ainsi suffi à en adjoindre cinq à
souffrant le plus de l’essor de la concurrence chinoise, de BYD à Nio. une histoire boursière tombée à la traîne du secteur des technologies
Celle-ci, en faisant levier sur la demande de la clientèle jeune pour de l’information, avec un multiple de valorisation des bénéfices
des véhicules électriques, hyperconnectés et dotés du nec plus ultra inférieur de moitié à sa moyenne de long terme. Salesforce doit
des aides à la conduite – un triptyque mal maîtrisé par VW – capte plus surmonter la mauvaise digestion des acquisitions, le ralentissement de
de 80 % du marché électrique. Hors Tesla, les Occidentaux et les Japonais la croissance organique et la préparation de la succession du fondateur.
en grappillent 5 % ! La réaction du leader européen se fait attendre, Pire, Oracle, autrefois bousculé par ce pionnier du modèle du logiciel
alors que les premières incursions des Chinois dans le haut de gamme vendu comme un service dans le cloud, s’est mis à mieux résister.
en Europe préfigurent de futures razzias sur l’entrée de gamme électrique. Quand il s’agit de prendre la mesure du défi à relever, des experts
Volkswagen semble plus absorbé à suivre le sillon des spins-off tracé du secteur pensent à la situation de Microsoft en 2013, ce qui n’est
par Siemens. Sans grand effet sur sa propre valorisation en Bourse. donc pas forcément déprimant.

La Bourse de Paris en petite hausse

EN VUE

Marc Benioff
usqu’ici tout lui avait souri. s’invite, ce sont les autres qui débar-

J « Jamais une entreprise de logi-

La Bourse de Paris a commencé la
semaine en affichant une légère
progression, due en grande partie
au dynamisme de Wall Street.
L’indice CAC 40 a clôturé en hausse
de 0,52 %, à 7.032,02 points.
Ailleurs en Europe, le DAX alle-
mand a pris 0,46 % et le FTSE 100
britannique 0,18 %.
Un peu hésitants en début de
séance, les investisseurs se sont
finalement laissés gagner par l’opti-
misme affiché outre-Atlantique par
le S&P500 et le Nasdaq à forte colo-
ration technologique. Ils misent sur
un ralentissement des hausses de
taux de la Réserve fédérale améri-
caine lors de sa réunion la semaine
centrale européenne annonce vou-
loir poursuivre ses tours de vis à un
niveau soutenu n’a pas pesé sur la
Bourse de Paris.
Du côté des valeurs, Unibail-Ro-
damco-Westfield a pris la tête du
CAC 40. Le spécialiste des centres
commerciaux a gagné 4,72 % après
le relèvement de la recommanda-
tion d’Exane à « surperformance ».
Atos s’est adjugé 2,03 % sur fonds
de rumeur de rachat de sa branche
cybersécurité et transformation
digitale par le français Astek. En
hausse de 2,63 %, STMicroelectro-
nics a complété le podium.
A l’inverse, Sanofi a reculé de
0,88 %, signant la plus mauvaise
ciels de notre taille n’a grandi à ce
rythme », fanfaronnait en 2019 le fon-
dateur de Salesforce. D’ailleurs un an
plus tard, 21 ans après sa création, le
grand du logiciel client faisait son
entrée en majesté au Dow Jones, y rem-
plaçant, excusez du peu, le géant pétro-
lier ExxonMobil. Chaque fois que Marc
Benioff faisait parler de lui, c’était pour
annoncer une acquisition toujours
plus importante. Les milliards ont
valsé. Avec une action qui avait pro-
gressé de 500 % en cinq ans, il pouvait
se le permettre, il s’est même offert
« Time Magazine ». Bien sûr, il en a
aussi raté quelques-unes. La bataille la
plus rude fut celle qu’il mena contre
Microsoft pour LinkedIn. La firme de
Bill Gates l’avait emporté pour 26 mil-
liards. Mais, le ciel se fait moins clé-
ment aux princes de la tech, Benioff
comme les autres. Ce n’est plus lui qui
quent chez lui, en l’occurrence, le fonds
Elliott Management. Contre les quel-
ques milliards qu’il investit, profitant
de la chute de 40 % de l’action en un an,
Elliott sera un actionnaire de poids. A
son allure de géant débonnaire et la
générosité de ses actions caritatives,
Marc Benioff doit son surnom de
« Papa Ours ». Sa fortune de 6 milliards
de dollars montre qu’il a fait son miel.
N’empêche, cet homme hors du com-
mun n’échappe pas au sort commun.
Il a 58 ans, en avait 12 quand ses dons
se sont révélés. A 15 ans, il fonde sa pre-
mière compagnie, crée des jeux sur
Atari. A 26 ans il devient le plus jeune
vice-président d’Oracle. En 1999, crée
Salesforce. Il en eut l’idée en nageant
avec des dauphins. On ne nage jamais
assez avec les dauphins.
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( Page 29

prochaine. Le fait que la Banque performance de l’indice.