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Introduction 

Au XVIII e siècle, ce sont les philosophes remettent en question les fondements de la société. Ce ne
sont plus des moralistes comme au XVIII e siècle qui étudiaient la nature humaine dans ce qu’elle a
d’universel mais des philosophes, des penseurs, qui parlent des fondements de la société, en particulier
de la politique et de la religion ; ils vont ainsi remettre en cause la monarchie pour proposer de
nouveaux modèles. Cette pensée va aboutir à partir de 1789, suite à la Révolution française, à un
changement de mode de pouvoir, passant de monarchie absolue de droit divin à une forme de
démocratie. Ces philosophes des Lumières croient fondamentalement dans le progrès, notamment
Voltaire, c’est-à-dire qu’ils croient en la force de la connaissance pour lutter contre l’ignorance. Ils
vont diffuser de nombreuses valeurs comme la tolérance ou l’égalité. Il va ainsi y avoir une
prédilection de la raison ; les croyances obscurantistes (liées aux superstitions et à la religion, très
présentes depuis le Moyen Age), vont être écartées et les philosophes et penseurs vont désormais
vouloir se baser sur la raison de l’homme plutôt que sur la superstition. Grace a cette raison, les
philosophes vont pratiquer cet examen critique des fondements de la société ; ils vont remettre en
cause la politique et la religion. Leurs ouvrages sont alors polémiques, critiquant le roi et l’Eglise.
Deux grandes formes d’argumentations vont ainsi émaner : l’argumentation directe ou explicite (avec
des essais, des discours, des dictionnaires, des mémoires, des pamphlets) et indirecte ou explicite (avec
des contes philosophiques, des romans épistolaires, des romans-dialogues, des pièces de théâtre).
Comment ces différentes argumentations permettent elles la critique de l’église et de l’état ? Nous
parlerons dans un premier temps de l’argumentation directe pour ensuite aborder l’argumentation
indirecte.

Plan :

I) L’argumentation directe ou explicite :


A) Qu’est-ce que l’argumentation directe ?

B) Pourquoi est-elle utilisée et quels en sont les avantages et inconvénients ?

C) Exemples d’argumentation directe

II) La concurrence de l’argumentation indirecte ou implicite :

A) Qu’est-ce que l’argumentation indirecte ?

B) Pourquoi est-elle utilisée ?

C) Exemples d’argumentation indirecte


I) L’argumentation directe ou explicite :

A) Qu’est-ce que l’argumentation directe ?

Pour commencer nous allons vous définir la notion d’argumentation, élément très important de notre
exposé : argumenter consiste à soutenir un point de vue, à défendre une opinion (une thèse) à propos
d’un sujet donné (le thème) et répondant à une question.
Par exemple dans cette maxime de la Rochefoucauld :

Il est difficile de définir l’amour. Ce qu’on en peut dire est que dans l’âme c’est une passion de
régner, dans les esprits c’est une sympathie, et dans le corps ce n’est qu’une envie cachée et délicate
de posséder ce que l’on aime après beaucoup de mystères. (Maximes et réflexions diverses, 1664)

-Le thème est l’amour

-la problématique prend la forme d’une question à propos de thème : comment définir l’amour ?

-la thèse est la réponse apportée à cette problématique qui est que l’amour est « une passion de
régner » « une envie de posséder »

Dans un texte argumentatif, l’auteur fait passer un message. Il peut faire passer cette thèse directement
ou indirectement. Dans un texte argumentatif direct, l’auteur donne son point de vue de manière
explicite, sans recourir à la fiction. Les genres suivants relèvent de l’argumentation directe :

-l’essai : forme inventée et utilisée par Montaigne dans laquelle on expose de nombreuses réflexions
personnelles et subjectives sur des sujets divers.

-le pamphlet : c’est un écrit en prose au ton polémique souvent violent (par ex : Sade ou Voltaire)

-la maxime : c’est une phrase généralement courte énonçant une vérité morale, une pensée ou une
réflexion

-la lettre ouverte : un texte adressé à une ou plusieurs personnes publié de façon à être lue par tous

-le dialogue : genre privilégiant la forme de la conversation (ex : « Le neveu de Rameau de Diderot »)

-le traité : manuel d’instruction ou un livre dans n’importe quelle branche formant un sujet d’étude

B) Pourquoi est-elle utilisée et quels en sont les avantages et inconvénients  ?


L’argumentation directe au XVIII e siècle est beaucoup utilisée par les philosophes des Lumières pour
exprimer leurs thèses et idées : ce sont des thèmes n’ayant jamais été abordés auparavant comme par
exemple la remise en cause des pouvoirs du roi ou du rôle de l’église dans la société. Le XVII siècle
est vraiment un siècle de renouveau et de remise en cause totale de la société et de l’Eglise. Ces sujets
polémiques et ces nouvelles idées du mouvement des Lumières entraineront la Révolution française.

Les raisons qui poussent les auteurs du XVIIe siècle à utiliser l’argumentation directe plutôt
qu’indirecte sont que l’argumentation directe prend une forme beaucoup plus animée que l’indirecte
car le sujet abordé est clair ; la thèse est exposée au premier degré. L’argumentation directe est
privilégiée pour traiter de questions philosophiques, morales, politiques ou religieuses (par exemple
Rousseau dans l’Emile ou de l’éducation, Montesquieu dans de l’esprit des lois ou encore le Traité
sur la tolérance de Voltaire.
Tout cela limite ou empêche les erreurs d’interprétation du lecteur et ne prête pas au contresens.
L’auteur vise l’exhaustivité en couvrant la totalité de son sujet et en le présentant sous plusieurs
angles.
La rigueur et la volonté d’objectivité de l’argumentation directe n’excluent pas pour autant
l’implication de l’auteur, qui peut ou non, ajouter une dimension personnelle à son argumentation,
renforçant ainsi l’intérêt du lecteur.
Cependant, le fait que l’auteur n’utilise pas d’histoire pour exprimer sa thèse peut être ennuyeux pour
le lecteur ; son message peut aussi être « violent » pour le lecteur et à première vue, le choquer. Mais
l’inconvenant principal de l’argumentation directe au XVIIIe siècle est que, les censures étaient
nombreuses car les thèses choisies étaient polémiques et allaient à l’encontre de l’état. De nombreuses
œuvres ce sont donc fait censurer au XVIII du fait de leur engagement.

C : Exemple d’argumentation directe :

Le premier exemple que nous allons vous présenter est « De l’esprit des Lois », un traité de
Montesquieu, publié en 1748 à Genève, et sans nom d’auteur, pour éviter la censure. Il y décrit les
différentes formes de gouvernement (monarchie, aristocratie, république, despotisme…) et les lois qui
conviennent à celle-ci. On y trouve aussi sa célèbre théorie sur la séparation des trois pouvoirs.

Extrait du livre XV, chapitre V :

« Il est impossible que nous supposions que ces gens-là soient des hommes ; parce que, si nous les
supposions des hommes, on commencerait à croire que nous ne sommes pas nous-mêmes chrétiens. Si
j'avais à soutenir le droit que nous avons eu de rendre les nègres esclaves, voici ce que je dirais : Les
peuples d'Europe ayant exterminé ceux de l'Amérique, ils ont dû mettre en esclavage ceux de
l'Afrique, pour s'en servir à défricher tant de terres. »

Montesquieu utilise l'ironie pour dénoncer les esclavagistes. Il est un anti-esclavagiste militant,
contrairement à ce que pourrait laisser supposer certaines phrases sorties de leur contexte. En
ridiculisant les arguments en faveur de l'esclavagisme, Montesquieu montre la brutalité des Européens
avec les Indiens, le racisme qui justifie la traite des Noirs et l'impiété de ceux qui se disent chrétiens. Il
s’oppose donc à toute forme d’esclavagisme, chose peu courante à l’époque, montrant ainsi les idées
défendues complètement nouvelles des Lumières en s’opposant au système social. Il va alors par la
suite discréditer l’esclavage en montrant son inutilité (chapitre 7).

Le second exemple d’argumentation que nous allons étudier est un extrait de Le Neveu de Rameau de
Denis Diderot. C’est un dialogue écrit entre 1762 et 1773, mettant en scène « moi », le narrateur
(philosophe) et Lui (Jean-François Rameau, neveu de Jean Philipe). Ce dialogue prenant l’apparence
d’une conversation à bâtons rompus, centrée sur le thème de la morale, et sur les critiques de la société
et de l’Eglise

Extrait :

« La foule des ambitieux danse vos positions, en cent manières plus viles les unes que les autres,
devant le ministre. L’abbé de condition en rabat, et en manteau long, au moins une fois la semaine,
devant le dépositaire de la feuille des bénéfices. Ma foi, ce que vous appelez la pantomime des gueux,
est le grand branle de la terre. Chacun a sa petite Hus et son Bertin. »

Diderot fait la satire de l’église à travers un gros plan sur l’abbé avec son accoutrement (il porte une
sorte d’habit d’apparat et semble déguisé : « rabat », « manteau long »). Cela débouche sur une
réflexion philosophique sur l’universelle dépendance. Le dialogue est ainsi un autre moyen pour les
philosophes des Lumières de critiquer leur société.

Le dernier extrait que nous allons vous présenter est un ensemble de maximes de Jean de la Bruyère,
œuvre publiée en 1688 à Paris. Les Caractères sont composés de XI chapitres, tous axés sur des
réflexions différentes. La première maxime que nous allons étudier est une maxime du chapitre VIII
(de la cour), numéro 47 :

« Mille gens à la cour y trainent leur vie à embrasser, serrer et congratuler ceux qui reçoivent jusqu’à
ce qu’ils meurent sans rien voir »

Cette maxime critique vivement les personnes se rendant à la cour, passant leur congratuler tout et
n’importe qui, pour être bien vu des autres. Cependant, les congratulations sont rarement sincères mais
plutôt hypocrites : La Bruyère dénonce ici cette hypocrisie des gens de la cour, perdant leur temps et
mourant sans n’avoir rien fait de leur vie.

La seconde maxime que nous allons étudier est une maxime du chapitre IX, Des grands (numéro 1)

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