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DU MÊME AUTEUR
Dédicace
Avant-propos
Introduction
« L’Espace du politique »
157 Voir l’Introduction d’Izoulet à son édition de Les Héros (Armand Colin, 13e
éd., 1928), p. VIII-IX. Izoulet penche pour la première solution : un processus infini
de transformation.
158 Carlyle, Les Héros, p. 182-183.
159 Ibid., p. 183.
160 Ibid., p. 24-25.
161 Ibid., p. 185.
162 Ibid., p. 310.
197 Taine, Histoire de la littérature anglaise, 17e éd., s.d., tome V, p. 253.
198 Taine, Les Origines de la France contemporaine, Paris, Laffont,
« Bouquins », 1986, t. I, p. 153. Le mot « majeur » est lui aussi entre guillemets.
199 Ibid., t. I, p. 154 et 155. « Raison » en italiques dans le texte.
200 Ibid., t. I, p. 154.
201 Ibid., t. I, p. 154 et p. 158. Voir aussi p. 160 ainsi que la table des matières
analytique établie par Taine, p. 829, où l’auteur résume son argument en employant
de nouveau la formule « préjugé héréditaire ».
202 Ibid., t. I, p. 158.
203 Ibid., t. I, p. 3-4.
204 Ibid., t. I, p. 4.
205 Ibid., t. I, p. 165 et 175-180.
206 Renan, La Monarchie constitutionnelle en France, p. 237-238.
207 Ibid., p. 238.
208 Renan, L’Avenir de la science, p. 749.
209 Renan, La Monarchie constitutionnelle en France, p. 239.
210 Ibid., p. 236.
105 Taine, Histoire de la littérature anglaise, 17e éd., s.d., tome 5, p. 252.
106 Taine, Les Origines de la France contemporaine, t. I, p. 134.
107 Ibid., t. 1, p. 135.
108 Ibid., t. 1, p. 137.
109 Ibid., t. 1, p. 4 (italiques dans le texte).
110 Taine, Les Philosophes classiques du XIXe siècle français, p. 370 (cité in
Gasparini, La Pensée politique d’Hippolyte Taine, p. 96).
111 Ibid., p. 340 (cité in Gasparini, La Pensée politique d’Hippolyte Taine,
p. 95).
112 Taine, Les Origines de la France contemporaine, t. 1, p. 571.
113 Ibid., t. 1, p. 412.
114 Ibid., t. 1, p. 414. Voir aussi Histoire de la littérature anglaise, 18e éd.,
Paris, s.d., t. 1, p. XXXVI.
115 Taine, Histoire de la littérature anglaise, 18e éd., Paris, s.d., t. 1, p. XXXVI.
116 Taine, Les Origines de la France contemporaine, t. 1, p. 413.
117 Ibid., t. 1, p. 414. Barrès développera ce thème qui sera l’une des grandes
métaphores du nationalisme de la terre et des morts, le nationalisme de la nouvelle
droite du tournant du siècle.
5 Burke, « Speech on a Motion made in the House of Commons the 7th of May
1782, for a Committee to inquire into the State of Representation of the Commons
in Parliament », ibid., vol. VI, p. 144. Voir aussi la suite, p. 144-153.
6 Burke, « A Letter to Sir Hercules Langrishe… on the Subject of Roman
Catholics of Ireland… », ibid., vol. III, p. 334-5 (1972). Ce texte est d’une grande
importance et mérite une citation sans traduction : « Virtual representation is that in
which there is a communion of interests, and a sympathy in feeling and desires,
between those who act in the name of any description of people, and the people in
whose name they act, though the trustees are not actually chosen by them. This is
virtual representation. Such a representation I think to be, in many cases, even
better than the actual. It possesses most of its advantages, and is free from many of
its inconveniences ; it corrects the irregularities in the literal representation, when
the shifting current of human affairs, or the acting of public interests in different
ways, carry it obliquely from its first line of direction. The people may err in their
choices ; but common interest and comon sentiment are rarely mistaken. But this
sort of virtual representation cannot have a long or sure existence, it has not a
substratum in the actual. The member must have some relation to the constituent. »
Ce texte se trouve dans l’édition classique (Boston, Little Brown, 1889, vol. IV,
p. 293) le plus communément utilisée jusqu’à l’apparition de l’édition d’Oxford.
7 Ross J.S. Hoffmann et Paul Levack (dir.), Burke’s Politics : selected writings
and speeches on reform, revolution and war, New York, Knopf, 1949, p. 224. La
citation de Chatham : « the rotten part of the constitution ».
8 Voir Burke, Réflexions sur la Révolution de France, Notes et commentaires,
p. 640-641. Il est vrai que la fréquence de consultations électorales où voix et sièges
s’achètent, en favorisant la corruption, joue en faveur des puissants. Burke invoque
cet argument pour s’opposer au projet qui vise à ramener à trois ans la durée d’un
parlement. Après tout, il existe un moyen simple de remédier à la corruption, celui
précisément envisagé par les réformateurs : l’élargissement de la base électorale
fournit la réponse qui s’impose pour l’assainissement du système. Mais la raison
réelle de son opposition est évidemment la volonté de réduire autant que possible la
dépendance des élus et la nécessité de rendre des comptes dans laquelle ceux-ci
pourraient se trouver. Cf. l’ensemble du « Speech on a Bill for Shortening the
Duration of Parliaments », The Works, éd. Bohn, vol. VI, p. 132-143.
9 Cf. Son Discourse on the Love of our Country, p. 39, cité in ibid., p. 640.
10 Burke, « Speech on a Motion made in the House of Commons the 7th of May
1782, for a Committee to inquire into the State of Representation of the Commons
in Parliament », The Works, éd. Bohn, vol. VI, p. 144-153.
11 Burke, Réflexions sur la Révolution de France, p. 315-316.
12 Burke, « A letter on the Duration of Parliaments. To the Chairman of the
Buckinghamshire Meeting, held on the 13th April, 1780 at Aylesbury », The Works,
éd. Bohn, vol. VI, p. 2. Burke intervient toujours et partout pour bloquer tout effort
vers une réforme électorale : ici il s’emploie à convaincre les électeurs du comté de
Buckingham appelés à se prononcer aussi bien sur la question de la durée des
parlements que d’une plus grande égalité dans la représentation parlementaire. Ce
texte important, qui contribue à éclairer tout autant la pensée de Burke que son
activité politique, ne figure pas dans le volume III des Writings, édition d’Oxford,
auquel il appartient normalement.
13 Burke, « Thoughts on the Cause of the Present Discontents », ibid., vol. I,
p. 368. En effet, dit-il encore dans un de ses écrits les plus fameux, « our
constitution stands on a nice equipoise, with steep precipices and deep waters upon
all sides of it. In removing it from a dangerous leaning towards one side, there may
be a risk of oversetting it on the other. Every project of a material change in a
government so complicated as ours, combined at the same time with external
circumstances still more complicated, is a matter full of difficulties ; in which a
considerate man will not be too ready to decide ; a prudent man too ready to
undertake ; or an honest man too ready to promise ».
14 Voir Cobban, Edmund Burke, p. 46.
15 Burke, « Appel des whigs modernes aux whigs anciens », in Réflexions sur la
Révolution de France, p. 426-427.
16 Ibid., p. 466. Ce texte vise en premier lieu Fox, resté aussi fidèle à lui-même,
et c’est la raison pour laquelle, en février 1793, le leader whig fait objet d’une
attaque ignoble de la part de celui qui fut son ami. Selon Burke, Fox serait entré en
contact, par émissaire spécial, avec le gouvernement russe, sans en référer au
cabinet britannique, et de ce fait se serait quasi rendu coupable de haute trahison.
Pour contrer l’influence de Fox, l’auteur des Réflexions, inventeur de la guerre
idéologique, n’hésite pas à utiliser ce prétexte vulgaire pour abattre l’homme à qui
il a commencé à vouer une haine sans borne dès le moment où celui-ci apporta son
soutien à la Révolution. Cf. E. Burke, A Letter from the Right Honourable Edmund
Burke to His Grace the Duke of Portland, on the conduct of the Minority in
Parliament. Containing Fifty-Four Articles of Impeachment against the Rt. Hon.
C.J. Fox. From the Original Copy, in the Possession of the Noble Duke (London,
Printed for the editor and sold by J. Owen, no 168, Piccadilly, MDCCXCVII), p. 1-
6. Pages 6-7, Fox est accusé non pas de « absolute high treason » mais d’actes « not
very remote from that offence ». Ce texte, adressé au duc de Portland ainsi qu’à un
autre grand nom de la noblesse anglaise pour les persuader du danger que
représentaient les idées « subversives » de Charles Fox, n’était pas destiné à la
publication. Portland repoussa l’attaque de Burke contre Fox : voir The Writings,
édition d’Oxford, vol. VIII, p. 402-403.
17 Burke, « Speech on a Motion made in the House of Commons the 7th of May
1782, for a Committee to inquire into the State of Representation of the Commons
in Parliament », The Works, éd. Bohn, vol. VI, p. 145 : « For they lay down that
everyman ought to govern, himself, and that where he cannot go, himself, he must
send his representative ; that all other government is usurpation, and is so far from
having a claim to our obedience, it is not only our right, but our duty, to resist. Nine
tenths of the reformers argue thus – that is, on the natural right. »
18 Ibid., p. 146.
19 Ibid., p. 151.
20 Ibid., p. 146 : « A presumption in favor of any settled scheme of government
against any untried project that a nation has long existed and flourished under it. »
La constitution « is a deliberate election of ages and of generations ; it is a
constitution made by what is ten thousand times better than choice : it is made by
peculiar circumstances, occasions, tempers, dispositions, and moral, civil, and
social habitudes of the people, which disclose themselves only in a long space of
time ». Voir sur ce sujet Rodney W. Kilcup, « Burke’s Historicism », Journal of
Modern History, vol. 47, 1977, p. 400 : « Our constitution is a prescriptive
constitution ; it is a constitution whose sole authority is that it has existed time out
of mind. […] Prescription is the most solid of all titles, not only to property, but,
which is to secure that property, to government. »
21 Ibid., p. 148 : « To those who say it is a bad one, I answer, look at its effects.
In all moral machinery, the moral results are its test. »
22 Ibid., p. 149-150.
23 Burke, Réflexions sur la Révolution de France, p. 240.
24 Thomas Paine, Les Droits de l’homme, p. 105 : selon Paine, le Yorkshire
avait près d’un million d’habitants, le Rutland cent fois moins.
25 Burke, « Speech on a Motion made in the House of Commons the 7th of May
1782, for a Committee to inquire into the State of Representation of the Commons
in Parliament », The Works, éd. Bohn, vol. VI, p. 150.
26 Ibid., p. 153.
27 Burke, Réflexions sur la Révolution de France, p. 316.
28 Ibid., p. 42.
29 Ibid., p. 70-71.
30 Voir l’ouvrage classique de Georges Lefebvre, que certains cherchent
aujourd’hui à faire tomber dans l’oubli : La Révolution française, Paris, PUF,
2e éd., 1957, p. 122-124.
31 Burke, Reflections on the Revolution in France, in The Works of the Right
Honorable Edmund Burke, Boston, Little, Brown and Co., 3e éd., 1865, vol. III,
p. 335.
32 Burke, Réflexions sur la Révolution de France, éd. Hachette, coll. « Pluriel »,
utilisée tout au long de ce volume, p. 100. Cette traduction s’inscrit dans le cadre de
l’effort fait par les admirateurs de Burke pour convaincre les lecteurs que le père du
nouveau conservatisme ne parlait pas du peuple en général, mais d’une certaine
populace en une certaine occasion. Voir Gertrude Himmelfarb, The Roads to
Modernity, p. 90. Himmelfarb en appelle à « l’autorité » de O’Brien dans son
introduction aux Réflexions de Burke, Londres, Penguin Classics, 1976 (1re éd. en
1968).
33 Burke, « Remarks on the Policy of the Allies with respect to France : With an
Appendix », in The Works, Little Brown, 3e éd., 1865, vol. IV, p. 415 : « an hired,
frantic, drunken multitude ».
34 Burke, « Lettre à un membre de l’Assemblée nationale de France », in
Réflexions sur la Révolution de France, p. 350. Dans l’original : « an unthinking
and unprincipled multitude » (The Works, Little Brown, 1865, vol. IV, p. 23).
35 Burke, « Appel des whigs modernes aux whigs anciens », in Réflexions sur la
Révolution de France, p. 397. Voir l’original dans The Works, Little Brown, 1865,
vol. IV, p. 78, sur « a licentious, ferocious, and savage multitude ».
36 Burke, Réflexions sur la Révolution de France, p. 13.
37 Burke, « Speech on a Bill for the Repeal of the Marriage Act », in The Works
of the Right Honorable Edmund Burke, Boston, Little Brown, 3e éd., 1865,
vol. VII, p. 132-134 : « a multitude of the profligate and the ferocious ». Voir sur ce
sujet un excellent article de Don Herzog, « Puzzling through Burke », Political
Theory, 19 (3), 1991, p. 356-357.
38 Burke, « Observations on the Conduct of the Minority, particulary in the last
Session of Parliament, 1792 », in ibid., vol. V, p. 45-47.
225 Taine, Histoire de la littérature anglaise, 17e éd., s.d., tome V, p. 271-272.
226 Carlyle, « Chartism » (1839), Critical and Miscellaneous Essays, ch. VI,
p. 161-162. Voir aussi sa lettre au Times de Londres du 11 novembre 1870 où il
s’aligne sur les positions classiques du nationalisme allemand : l’Alsace et la
Lorraine sont des provinces allemandes. Le génie de Richelieu et l’épée de
Louis XIV sont les seuls titres auxquels la France puisse prétendre en plus de la
traîtrise des magistrats de Strasbourg qui en une nuit livrèrent la ville à l’armée
française : Critical and Miscellaneous Essays, vol. V, p. 49-59. Ce texte dur,
sarcastique et moqueur chante la décadence de la France et lui donne un seul
conseil : accepter la réalité et s’incliner devant la supériorité de l’Allemagne.
227 Un bon exemple de cette fascination qu’exerce Carlyle au lendemain de la
Seconde Guerre mondiale est l’article de J. Salwyn Schapiro, « Thomas Carlyle,
prophet of Fascism », Journal of Modern History, 17 (2), juin 1945, p. 111.
228 Voir par exemple « The Present Time » publié le 1er février 1850 et « The
New Downing Street » du 15 avril 1850, in Latter-Day Pamphlets, Works, vol. 20.
229 Taine, Histoire de la littérature anglaise, 17e éd., s.d., t. V, p. 253 et 271.
230 Ibid., p. 253-254.
231 Ibid., p. 263.
232 Carlyle, « Chartism » (1839), Critical and Miscellaneous Essays, vol. IV
(vol. 29 des Works), ch. VI, p. 158 : « Democracy […] What is called “self-
government” of the multitude by the multitude […] is by the nature of it, a self-
cancelling business ; and gives in the long-run a net result of zero. »
233 Carlyle, « Parliaments », in Latter-Day Pamphlets, Works, vol. 20, p. 238.
234 Carlyle, « Shooting Niagara : And After ? », in Critical and Miscellaneous
Essays, vol. V (vol. 30 des Works), p. 4.
235 Ibid., p. 11 (superlative Hebrew Conjuror).
236 Carlyle, « Parliaments », in Latter-Day Pamphlets, Works, vol. 20, p. 249
(« Whom Heaven has made a slave, no parliament of men nor power that exists on
earth can render free »).
237 Ibid., p. 250-252 ; Past and Present, Works, vol. 10, p. 210-211 et 251.
238 Carlyle, Chartism, in Critical and Miscellaneous Essays, p. 189.
239 Ibid.
240 Carlyle, « The Present Time », in Latter-Day Pamphlets, p. 8-10.
241 Carlyle, « Parliaments », in Latter-Day Pamphlets, p. 227.
242 Carlyle, « The Present Time », in Latter-Day Pamphlets, p. 21.
243 Carlyle, Les Héros, p. 184.
244 Ibid., p. 184-186.
245 Ibid., p. 195-196.
246 Ibid., p. 196.
247 Ibid., p. 273.
248 Ibid., p. 210.
249 Ibid., p. 276.
250 Ibid., p. 277.
251 Ibid.
252 Ibid.
253 Ibid., p. 278.
254 Ibid., p. 309-310.
255 Ibid.
256 Ibid., p. 312.
257 Ibid., p. 267.
258 Ibid., p. 313-314
259 Ibid., p. 267.
260 Ibid., p. 309-310 et p. 264.
261 Ibid., p. 265-266. Cf. mêmes pages : 1830 fit « comprendre à tous les
hommes que la grande Révolution de 1789, en dépit de sa folie apparente et de ses
cruautés bien réelles, ne pouvait se réduire au bouillonnement passager d’une
nation prise de délire, qu’elle était sans nul doute possible un événement induit par
les lois de l’Univers où nous vivons ».
262 Ibid., p. 264.
263 Ibid., p. 267.
264 Ibid., p. 268.
265 Ibid., p. 265.
10 Hume, Political Essays, 12e Essai, Des caractères nationaux (Of National
Characters), p. 79. En français cet essai porte le no XXI : cf. Essais et traités sur
plusieurs sujets : essais moraux, politques et littéraires, Introd., traduction et notes
de Michel Dalherbe, Paris, Vrin, 1999, p. 242.
11 Montesquieu, De l’Esprit des lois, texte établi avec introduction, notes et
relevé de variantes par Gonzague Truc, Paris, Garnier, 1961, t. 1, p. 147.
12 Herder, Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, livre IX, ch. IV,
p. 159.
13 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 265 (S. 544).
14 Jeffrey Andrew Barash, « Herder et la politique de l’historicisme », in Pierre
Pénisson (dir.), Herder et la philosophie de l’histoire, p. 200-201. Voir Herder, Une
autre philosophie de l’histoire, p. 174-175.
15 Ibid., p. 201.
16 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 363 (S. 583).
17 Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, Avant-propos, t. I,
p. 196.
18 Ibid., p. 197. À la page 196, note 1, on trouvera, pour tout ce qui concerne la
méthode historique, un texte prévoltairien de Bossuet.
19 Marc Crépon, « Langues et histoire (Herder, critique de Voltaire) », in Pierre
Pénisson (dir.), Herder et la philosophie de l’histoire, p. 127.
20 L’aversion qu’éprouve Herder pour la Renaissance devait lui attirer ce
reproche que Nietzsche adresse aux Allemands en général : avoir dépouillé de son
sens la dernière grande époque de l’histoire. Voir Hans Blumenberg, La Légitimité
des temps modernes, traduit de l’allemand par M. Sagnol, J.-L. Schlegel et
D. Trierweiler, Paris, Gallimard, 1999, p. 534.
21 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 169 (S. 502).
22 Hume, Political Essays (Essai 12), p. 82-83, trad. française chez Vrin, citée
plus haut, p. 242-244.
23 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 282-283 (S. 551).
24 Ibid., p. 167-169 (S. 502).
25 Voir notamment Berlin, Vico and Herder, et plus loin, chapitre VIII.
26 Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, t. I, p. 23.
27 Ibid., t. II, p. 360. Voir aussi p. 354-359.
28 Ibid., t. I, p. 206-276.
29 Ibid., t. I, p. 205-213.
30 Ibid., t. I, p. 206.
31 Ibid., t. I, p. 306.
32 Herder, Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, livre XVIII,
ch. IV, p. 363.
33 Ibid., livre XVI, ch. III, p. 293-295.
34 Ibid., p. 297.
35 Ibid., livre XVI, ch. III, 299.
36 Ibid., livre XVIII, ch. V, p. 371-373.
37 Ibid., livre XIX, ch. VI, p. 445.
38 Ibid., livre XVIII, ch. VI, p. 383.
39 Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, t. I, p. 385.
40 Ibid., t. I, p. 304.
41 Ibid., t. I, p. 393
42 Ibid., t. I, p. 444 et 448.
43 Ibid., t. I, p. 443-445.
44 Ibid., t. I, p. 522.
45 Ibid., t. I, p. 638.
46 Ibid.
47 Ibid., t. I, p. 18.
48 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 321 (S. 567).
49 Rouché, La Philosophie de l’histoire de Herder, p. 102 et p. 540, cite
Commentaires au Nouveau Testament de 1775.
50 Cité in Rouché, Introduction à Herder, Une autre philosophie de l’histoire,
p. 77.
51 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 143-145 (S. 490-491) : Herder
cite le tome III des Mélanges (« Caractères » de Shaftesbury).
52 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 143 (S. 490).
53 Ibid., p. 293 (S. 555).
54 Ibid., p. 155 (S. 496).
55 Herder, Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, livre XIII,
ch. IV, p. 229.
56 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 327 (S. 568-569). Herder parle
de l’amour de la cité en termes d’amour de ses concitoyens (Bürgerliebe).
57 Herder, Idées pour la philosophie de l’histoire de l’humanité, livre XIII,
ch. IV, p. 227.
58 Herder, Une autre philosophie de l’histoire, p. 161 (S. 499).
59 Ibid., p. 165 (S. 501).
60 Ibid., p. 161 (S. 500).
61 Ibid., p. 165 (S. 501).
62 Ibid., p. 201 (S. 517).
63 Ibid., p. 159 (S. 498).
64 Ibid., p. 201 (S. 517).
65 Ibid., p. 195-197 (S. 513-514).
66 Ibid., p. 197 (S. 514-515).
67 Ibid., p. 199 (S. 515-516). Voir aussi les mêmes formules p. 225-226 (S. 527-
528).
68 Ibid., p. 217 (S. 524).
69 Ibid., p. 219 (S. 524).
70 Ibid., p. 221 (S. 525).
71 Ibid., p. 201 (S. 516).
72 Ibid., p. 227 (S. 528).
73 Ibid., p. 199 (S. 516).
74 Voltaire, Essai sur les mœurs et l’esprit des nations, t. I, p. 309-310.
120 Georges Sorel, Réflexions sur la violence, 11e éd., Paris, Marcel Rivière,
1950, p. 13-22.
121 Georges Sorel, Les Illusions du progrès, 5e éd., Paris, Marcel Rivière, 1947,
p. 16-17, 22.
122 Ibid., p. 22-24.
123 Ibid., p. 29-33 et 37.
124 Ibid., p. 44-48.
125 Ibid., p. 35. Cf. aussi p. 49.
126 Ibid., p. 179.
127 Ibid., p. 49.
128 Georges Sorel, « Étude sur Vico », Le Devenir social, 2e année, 1896, p.
758-817, 906-941, 1013-1046. Cet essai a été traduit en italien dans Georges Sorel,
Considerazioni politche e filosofiche. Saggi vichiani e lettere a Lagardelle, a cura e
con un’introduzione di Renzo Ragghianti, Pisa, ETS [1983], p. 35-117.
129 Ibid., p. 786. Voir aussi p. 808-810, 813, 906, 912, 920, 935-938 sur l’idée
de révolution (« la plus grande révolution que l’esprit puisse concevoir sera la plus
pacifique, puisqu’elle ne trouvera pas, devant elle, des forces capables de
renaître »).
130 Ibid., p. 809-810.
131 Ibid., p. 801.
132 Ibid., p. 911.
133 Ibid., p. 941.
134 Ibid., p. 797.
135 Ibid., p. 940.
136 Benedetto Croce, The Philosophy of Giambattista Vico, trad. par R.G.
Collingwood, New York, Russell and Russell, 1964, p. 277.
137 Sorel revient sur ces thèmes tout au long de toute son œuvre et il serait
superflu de multiplier les citations. Ici, voir « Étude sur Vico », p. 912, et p. 800,
806, 810-811, 911-913,
138 Sorel, « Étude sur Vico », p. 1025. Voir aussi p. 1026.
139 Ibid., p. 1030-1031 et 1034.
140 Sorel, Le Procès de Socrate, p. 332.
141 Ibid., p. 106 et 12. Voir Fernand Rossignol, Pour connaître la pensée de
Georges Sorel, Paris, Bordas, 1948, p. 64-65.
142 Sorel, « Vues sur les problèmes de la philosophie », Revue de métaphysique
et de morale, t. XVIII, n° 5, 1910, p. 605-606.
143 Sorel, Les Illusions du progrès, p. 51.
144 Ibid., p. 40.
145 Ibid., p. 52.
146 Ibid., p. 53.
147 Ibid., p. 87.
148 Ibid., p. 52-53.
149 Voir Sternhell, Sznajder et Asheri, Naissance de l’idéologie fasciste,
chapitres II et III.
150 Il cite cette préface dans son ouvrage sur La Philosophie de Jean-Baptiste
Vico, traduit de l’italien par H. Buriot-Darsiles et Georges Bourgin, Paris, Giard et
Brière, 1913, p. 233.
151 Alain Pons, « Avant-Propos », in Vie de Giambattista Vico écrite par lui-
même, Lettres, La Méthode des études de notre temps, Paris, Grasset, 1981, p. 11.
152 Benedetto Croce, La Philosophie de Jean-Baptiste Vico, p. 302-303 (p. 284-
285 de l’édition italienne). La filosofia di Giambattista Vico est parue en 1911.
Deux ans plus tard la traduction anglaise a suivi et elle est disponible aujourd’hui
dans sa réimpression de 1964 : The Philosophy of Giambattista Vico, trad. par R.G.
Collingwood, New York, Russell and Russell, 1964. L’original utilisé ici est dans
l’édition nationale des œuvres de Croce : Naples, Bibliopolis, s.d. Cette édition
comporte un essai écrit en 1946, « Intorno alla Vita e il Carattere di G. B. Vico »,
p. 253-282.
153 Croce, La Philosophie de Jean-Baptiste Vico, p. 312-313 (294-295 de
l’édition italienne).
154 Pons, « Avant-propos », in Vie de Giambattista Vico, p.10.
155 On consultera un très intéressant essai de Croce écrit en 1942, bien connu
en Italie depuis fort longtemps, « Pourquoi nous ne pouvons pas ne pas nous dire
chrétiens », in La Philosophie comme histoire de la liberté. Contre le positivisme,
textes choisis et présentés par Sergio Romano, Paris, Le Seuil, 1983. Ce texte vient
d’être republié par la revue Commentaire, no 101, printemps 2003, p. 145. Cet essai
serein est déjà celui d’un auteur qui devra bientôt commencer à expliquer le
fascisme : il préférera oublier sa longue guerre aux Lumières et à la démocratie.
156 Croce, La Philosophie de Jean-Baptiste Vico, p. 6-7.
157 Ibid., p. 7.
158 Ibid., p. 23-25.
159 Ibid., p. 38. Le chapitre III, p. 38-46 (43-49 de l’édition italienne) est
consacré à la structure de Science nouvelle et la génialité de la pensée de Vico.
160 Ibid., p. 48 (p. 51 de l’édition italienne).
161 Ibid., p. 232 et 248.
162 Ibid., p. 217.
163 Ibid., p. 43.
164 Ibid., p. 65. Voir l’ensemble du chapitre IV, p. 47-65.
165 Ibid., p. 50.
166 Ibid., p. 56 et 58-59.
167 Ibid., p. 52. Voir p. 57 et suiv.
168 Ibid., p. 53-54.
169 Ibid., p. 53-55 et 171-172.
170 Ibid., p. 83.
171 Ibid. (p. 79 du texte italien). Croce a bien senti la faiblesse de
l’argumentation vicienne contre Grotius et Pufendorf et il défend son idole en
disant que la question de savoir si Vico a bien interprété leur œuvre était pour nous
sans importance (p. 93).
172 Ibid., p. 81-82.
173 Ibid., p. 82 (voir le texte original, p. 78).
174 Ibid., p. 223-226.
175 Ibid., p. 227.
176 Ibid., p. 233.
177 Ibid., p. 235-244.
178 Ibid., p. 235.
179 Ibid., p. 232.
180 Voir Z. Sternhell, M. Sznajder et M. Asheri, Naissance de l’idéologie
fasciste.
181 Stanley Payne, A History of Fascism, 1914-1945, Madison, University of
Wisconsin Press, 1995, p. 107.
182 B. Croce, « Fatti politici e interpretazioni storiche », La Critica, 1924, p.
190-191, cité in Pier Giorgio Zunino, « La faiblesse de la tradition démocratique en
Europe : le cas de l’Italie 1920-1940 », in Zeev Sternhell (dir.), L’Éternel Retour.
Contre la démocratie, l’idéologie de la décadence, Paris, Presses de la Fondation
nationale des sciences politiques, 1994, p. 238.
183 B. Croce, Pagine sulla guerra, 2e éd., Bari, Laterza, 1928, p. 105-107 ;
Materialismo storico ed economia marxistica, préf. de 1912, Bari, Laterza, 1968, p.
XIV.
184 B. Croce, Pagine sulla guerra, p. 109.
185 Cité par C. Antoni, L’Historisme, traduit par A. Dufour, Genève, Droz,
1963, p. 118.
186 Daniel Gasman, Haeckel’s Monism and the Birth of Fascist Ideology, New
York, Peter Lang, 1998, p. 48.
187 B. Croce, Pagine sulla guerra, p. 66. Voir aussi Zunino, « La faiblesse de la
tradition démocratique en Europe : le cas de l’Italie, 1920-1940 », p. 239.
188 Fritz Stern, Dreams and Delusions, New York, A. Knopf, 1987, p. 156-157
et 164-165.
189 Le titre de l’ouvrage était Régression des naissances : mort des peuples par
R. Korherr et il montrait que la régression des naissances était le signe manifeste du
mal qui rongeait l’Occident. Voir un excellent ouvrage récent de Didier Musiedlak,
Mussolini, Paris, Presses de Sciences-Po, 2005, p. 261.
190 Musiedlak, Mussolini, p. 262-267.
191 Gilbert Merlio, Oswald Spengler, témoin de son temps, Stuttgart,
Akademischer Verlag Hans-Dieter Heinz, 1982, 2 vol., vol. 1, p. 2-5. L’ouvrage de
Gilbert Merlio, sans doute l’un des meilleurs que compte la bibliographie
spenglerienne, toutes langues confondues, mériterait une réédition par une maison
française.
192 Spengler, Preussentum und Sozialismus, München, O. Beck, 1921 ;
Prussianisme et socialisme, trad. de l’allemand par Eberhard Gruber, préface de
Gilbert Merlio, Arles, Actes-Sud, 1986.
193 Oswald Spengler, Le Déclin de l’Occident : esquisse d’une morphologie de
l’histoire universelle, vol. I : Forme et réalité, vol. II : Perspectives de l’histoire
universelle, trad. M. Tazerout, Paris, Gallimard, 2000. Pour le texte cité, vol. I, p.
31. On ne peut que regretter que cette traduction des années 1930, au demeurant
excellente, soit republiée ici sans appareil critique et sans index. Une nouvelle
édition allemande est maintenant disponible : Der Untergang des Abendlandes :
Umrisse einer Morphologie der Weltgeschichte, München, Deutscher Taschenbuch,
2000. Deux autres ouvrages de Spengler ont été traduits en français avec une
préface d’Alain de Benoist, tous deux chez Copernic en 1980, dans le cadre du
grand effort produit par la Nouvelle droite pour se donner une armature
intellectuelle solide : Écrits historiques et philosophiques et Années décisives. C’est
ce Spengler-là que Benoist tient à faire connaître.
194 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 31.
195 Ibid., vol. II, p. 372. C’est Burke, dit Spengler, qui lance à Mirabeau :
« Nous ne demandons pas nos libertés comme des droits de l’homme, mais comme
des droits des Anglais. »
196 Ibid., vol. I, p. 58.
197 Le manifeste du panslavisme de N.J. Danilevsky (1822-1885), très connu en
Europe orientale et beaucoup cité par les spécialistes du nationalisme, n’a jamais
été traduit en français. La traduction allemande date seulement de 1920, quand le
succès du premier volume du Déclin atteste l’intérêt que le lecteur allemand portait
à ces questions : Russland und Europa. Eine Untersuchung über die kulturellen und
politischen Beziehungen der slavischen zur germanisch-romanischen Welt, bersetzt
und eingeleitet von Karl Nötzel, Stuttgart, Deutsche Verlags-Anstalt, 1920. En
français il n’existe qu’un résumé, accompagné de citations directes, publié à
Bucarest en 1890, quand l’influence de l’ouvrage qui venait d’atteindre sa
quatrième édition commençait à se faire sentir. Ce n’est qu’en 1888, avec la
troisième édition vendue en quelques mois, que le travail de Danilevsky, cette
expression d’un anti-occidentalisme dur, atteint le grand public, au moment
précisément où les œuvres des auteurs nationalistes de France et d’Allemagne
deviennent des best-sellers. Il est évident que cette traduction faite en Roumanie a
pour objet de mettre en garde les pays d’Europe occidentale, la France en tête,
contre le danger russe. Voir La Doctrine panslaviste d’après N.J. Danilewski (La
Russie et l’Europe. Coup d’œil sur les rapports politiques entre le monde slave et le
monde germano-roman, 4e édition [russe], Saint-Pétersbourg, 1889) résumé par J.J.
Skupiewski, Bucarest, Bureaux de la « Liberté roumaine », 1890. Danilevsky
connaît actuellement une renaissance spectaculaire et depuis la chute du
communisme son ouvrage a été republié plusieurs fois à Moscou. Il ne fait pas de
doute que l’idée de l’imperméabilité des divers types de culture ou, en d’autres
termes, l’accent mis sur ce qui séparait les hommes et non pas sur ce qui leur était
commun faisait son chemin un peu partout, sans qu’il soit toujours possible
d’établir un lien clair entre tous ces phénomènes. Cependant, le concept des
spécificités culturelles, ou, dans le langage de Danilevsky, « des divers types de
civilisations » (p. 46, citation directe), était indiscutablement un concept herderien.
Dans la même mesure l’attaque de l’européo-centrisme et la célèbre slavophilie
herderienne se retrouvent chez l’auteur russe, mais d’une manière fortement
radicalisée. Herder voyait l’avenir comme appartenant aux Slaves : Danilevsky
reprend la balle au bond et montre ce monde non européen comme porteur de
l’avenir. La loi de l’histoire est que « les sociétés qui ont vieilli, qui ont vécu, qui
ont rempli leur mission, devront quitter la scène historique. […] Tout ce qui vit,
individu, espèce, genre ou type biologique, ne possède qu’une certaine somme de
vie et doit mourir quand il l’a usée » (p. 49, citation directe). Danilevsky, il ne faut
pas s’y méprendre, bien qu’écrivant dix ans après L’Origine des espèces, n’est pas
un darwiniste, ni un évolutionniste. Mais pour dire que l’humanité ne se présente
que sous forme de races particulières constituant des types de civilisations, tout
comme en zoologie et en botanique le genre n’est qu’une idée abstraite qui ne se
manifeste que par l’espèce, il ne fallait pas être nécessairement darwiniste (p. 61-
62). Il est certain que l’on avait là une idée de la marche de l’humanité qui se
greffait facilement sur l’héritage herderien. Danilevsky entend introduire en
histoire, en copiant l’histoire naturelle, la distinction entre le degré du
développement et le type du développement. Chaque type culturel passe par une
phase de jeunesse, de maturité, de vieillesse et d’agonie. Dans l’histoire de
l’humanité, il distingue dix types de civilisation dont le premier est le type égyptien
et le dixième est le type romano-germain. Chaque type de civilisation particulier se
distingue par une langue commune ou un groupe de langues très proches et il
appartient à une race ou à une « famille ». Mais pour que la civilisation propre à
chaque type de civilisation particulier puisse naître et se développer, il faut que les
peuples qui en font partie accèdent à l’indépendance politique. Les principes de la
civilisation d’un type particulier ne peuvent pas servir de base au développement
d’un autre type. Finalement, le développement d’une civilisation ressemble
beaucoup à celui d’une plante dont la période de croissance est infiniment longue,
mais dont l’épanouissement et la maturité du fruit ne durent que très peu et épuisent
à jamais la force vitale de l’organisme (p. 56-59).
Ici Danilevsky pose deux idées qui seront autant de piliers de la pensée de
Spengler : d’abord l’idée selon laquelle aucun type historico-culturel ne peut
adopter la civilisation d’un autre type ; ensuite l’absurdité selon laquelle « le
développement et le progrès seraient infinis » (p. 59). Deux conclusions immédiates
s’ensuivent : toute tentative d’européanisation de la Russie signifie la destruction de
la spécificité russe et doit être repoussée avec la plus grande énergie. Il faut guérir
la Russie de son attrait pour l’Europe, y compris à travers des réformes comme
celles d’Alexandre II. Le temps est venu pour le slavisme d’apparaître sur la scène
historique comme un type particulier de civilisation et de préserver son génie
particulier. En effet, il faut empêcher que la Russie soit touchée par
l’individualisme et le matérialisme européens, par la violence à multiples facettes
qui, de tout temps, caractérise cette civilisation indvidualiste : un effort pour
imposer l’Église occidentale comme universelle par le feu et par le sang depuis les
croisades, par la colonisation et par la révolution comme moyen de réformes
sociales. En revanche, le slavisme est le contraire de l’Europe : il est anti-
individualiste, porté à la communauté et pacifique dans ses tendances. La seule
triste exception, on s’en serait douté, est la Pologne (p. 66-69).
Danilevsky avait aussi developpé une vision de l’histoire universelle que
Spengler devait reprendre et qui s’élevait contre l’historiographie européenne : « En
réalité, Rome, la Grèce, les Indes, l’Égypte, la Chine, et tous les autres peuples ont
eu leur histoire ancienne, leur Moyen Âge et leurs temps modernes » (citation
directe, p. 52).
Finalement, arrive la question essentielle : « L’Occident pourrit-il ? » (p. 65).
Danilevsky, d’après Skupiewski, ne donne pas de réponse tranchée, mais il est
difficile de se méprendre sur le sens de sa pensée. En effet, la civilisation
européenne a déjà produit ses fruits, ce qui fait que sa période de déclin ne saurait
tarder tout comme la relève slave est déjà prête (p. 65-66). La relève signifie aussi
que le slavisme, avant de monter sur la scène historique, devra livrer à l’Europe un
combat décisif (p. 109).
198 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 15.
199 Ibid., p. 62.
200 Ibid.
201 Ibid., p. 16.
202 Ibid., p. 46.
203 Ibid., p. 29 (italiques dans le texte).
204 Ibid.
205 Ibid.
206 Ibid., p. 29-30 (italiques dans le texte).
207 Merlio, Oswald Spengler, vol. 1, p. 29.
208 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 33 (italiques dans le texte).
209 Cf. Merlio, Oswald Spengler, vol. I, p. 39-40. Plus loin Merlio rappelle que
la critique de la civilisation chez Spengler repose sur l’opposition entre la culture et
la civilisation. Cette opposition très répandue en Allemagne n’a pas été inventée par
Spengler, mais l’auteur du Déclin de l’Occident transforme deux aspects
synchroniques d’une même société en deux phases nécessaires et successives des
« hautes cultures » : « chaque culture a sa propre civilisation ». Il s’agit pour lui
d’« une succession organique stricte et nécessaire. La civilisation est le destin
inéluctable d’une culture » (p. 263-264).
210 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 34.
211 Ibid., p. 35.
212 Ibid.
213 Ibid. (italiques et guillemets dans le texte. Par « valabilité » a été traduit le
terme Gültigkeit).
214 Ibid. (italiques dans le texte).
215 Ibid., p. 60.
216 Ibid., vol. II, p. 20 (italiques dans le texte).
217 Ibid., p. 313-314 (italiques dans le texte). Spengler renvoie, chose rarissime,
au § 260 de Par-delà le bien et le mal.
218 Ibid., vol. I, p. 35-36.
219 Ibid., p. 351.
220 Ibid., p. 352 (italiques dans le texte).
221 Ibid., p. 354.
222 Ibid., p. 355.
223 Ibid., p. 353.
224 Ibid., p. 332 (guillemets et italiques dans le texte).
225 Ibid., p. 36 (italiques dans le texte).
226 Ibid., p. 37.
227 Ibid., p. 328 (italiques et guillemets dans le texte).
228 Ibid., p. 329.
229 Ibid., p. 37.
230 Ibid., p. 328.
231 Ibid., p. 43 (italiques dans le texte).
232 Ibid., p. 43 (italiques dans le texte).
233 Ibid., p. 43-44.
234 Ibid., p. 45-48 (italiques dans le texte).
235 Ibid., p. 48.
236 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 49 (italiques dans le texte).
237 Ibid., p. 51 (italiques et guillemets dans le texte).
238 Ibid., p. 52.
239 Ibid., p. 56.
240 Ibid., p. 53.
241 Ibid., p. 53 : « Unvergänglichkeit gewordener Gedanken ist eine Illusion »
(italiques dans le texte).
242 Ibid.
243 Ibid.
244 Ibid.
245 Ibid., p. 55.
246 Ibid., p. 57.
247 Ibid., p. 57-58 (italiques dans le texte).
248 Ibid., p. 58.
249 Ibid., vol. II, p. 20 (italiques dans le texte).
250 Merlio, Oswald Spengler, p. 277.
251 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. II, p. 280.
252 Ibid. (« intelligence » entre guillemets et italiques dans le texte).
253 Ibid., p. 286.
254 Ibid., p. 281 (guillemets dans le texte).
255 Ibid.
256 Ibid., p. 282.
257 Ibid.
258 Ibid., p. 282-283.
259 Ibid., p. 284.
260 Ibid., p. 285.
261 Ibid., p. 286.
262 Ibid., p. 283.
263 Ibid., vol. I, p. 150-151.
264 Ibid., p. 149.
265 Ibid., Le mot « idée » est entre guillemets dans le texte.
266 Ibid., p. 406.
267 Ibid., vol. II, p. 311 (italiques dans le texte).
268 Ibid., p. 404 (italiques dans le texte).
269 Ibid., p. 373.
270 Ibid., p. 372 (italiques dans le texte).
271 Ibid.
272 Ibid., p. 370.
273 Ibid., p. 370-371.
274 Ibid., p. 371, note 3.
275 Ibid., p. 371.
276 Ibid., p. 413.
277 Ibid. (italiques dans le texte).
278 Ibid., p. 414. Chez Nietzsche, l’égalité était « cette idée moderne par
excellence », ce « poison le plus venimeux », « le plus grand de tous les
mensonges » : cité par Gilbert Merlio, p. 324.
279 Ibid., p. 407.
280 Ibid. (italiques dans le texte).
281 Ibid., p. 406 (guillemets dans le texte).
282 Ibid.
283 Ibid., p. 405.
284 Ibid., p. 407 (italiques dans le texte).
285 Ibid., p. 406 (italiques dans le texte. Le mot « racique » vient rendre
« Rassezügen »).
286 Ibid.
287 Ibid., p. 420.
288 Ibid., p. 420-421.
289 Ibid., p. 411-412 et 421(italiques dans le texte).
290 Ibid., p. 420-421.
291 Ibid., p. 421 (italiques dans le texte).
292 Ibid., p. 384.
293 Ibid., p. 385.
294 Ibid., p. 400.
295 Ibid., p. 429.
296 Ibid. (italiques dans le texte).
297 Ibid., p. 400. Voir aussi p. 438.
298 Ibid., p. 429. Voir aussi p. 433-434.
299 Ibid., p. 95.
300 Ibid., vol. I, p. 330-331.
301 Merlio, Oswald Spengler, p. 406.
302 Je me permets de renvoyer ici, comme pour tout ce qui touche l’auteur des
Déracinés, à la nouvelle édition de mon Maurice Barrès et le nationalisme
français, Paris, Fayard, 2000.
303 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 326.
304 Merlio, Oswald Spengler, p. 528-531.
305 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 226 (italiques dans le texte).
306 Ibid., vol. II, p. 156.
307 Ibid., p. 158 (italiques dans le texte).
308 Ibid., vol. I, p. 114.
309 Ibid., p. 286-287 (italiques dans le texte).
310 Ibid., vol. II, p. 304.
311 Ibid., vol. I, p. 18.
312 Ibid., p. 114 (italiques dans le texte).
313 Ibid., p. 335.
314 Ibid., p. 112 (italiques dans le texte).
315 Ibid., vol. II, p. 40 (italiques dans le texte).
316 Ibid. (italiques dans le texte)
317 Ibid., vol. I, p. 116 (italiques dans le texte).
318 Ibid., p. 115.
319 Ibid., p. 122.
320 Ibid., p. 215.
321 Ibid. (italiques dans le texte).
322 Ibid., p. 71 (italiques dans le texte).
323 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. II, p. 170 (italiques dans le texte).
Dans la traduction française « Panem et circenses » figure en majuscules, ce qui
n’est pas le cas dans l’original (p. 780 de l’édition Deutscher Taschenbuch, Munich,
2000).
324 Ibid., p. 346.
325 Ibid., p. 347 (italiques dans le texte).
326 Ibid., p. 348.
327 Merlio, Oswald Spengler, p. 727. Spengler dresse un tableau terrifiant de la
servitude de l’individu qui constitue son idéal et qui, selon lui, se trouve dans
Nietzsche. Mais « le dégoût romantique de Nietzsche, sa peur de tirer des
conséquences sociales très prosaïques […] l’empêchèrent d’avouer que sa doctrine
tout entière, de même qu’elle est née du darwinisme, suppose aussi le socialisme, et
même la contrainte socialiste comme moyen » (Spengler, Le Déclin de l’Occident,
vol. I, p. 354). Cette vision d’un État « socialiste » où culmine l’obéissance – le
« Tu dois » – constitue le pilier de Prussianisme et socialisme. Cependant, ce que
Spengler n’a pas compris, ou n’a pas voulu comprendre chez Nietzsche, est le texte
suivant : « Celui qui a d’abord appris à courber le dos et à baisser la tête devant la
puissance de l’histoire finit par dire “oui” de la manière mécanique des Chinois à
toute puissance » : cité in Merlio, Oswald Spengler, p. 121. Gilbert Merlio (p. 111-
112) pense que la relativité de Spengler procède bien de Nietzsche et non pas de
Herder, car Le Déclin ne croit plus au plan divin qui coordonnait chez Herder la
diversité des nations-époques. La relativité spenglerienne serait ethnique et non pas
historique, elle n’est pas déterminée par le facteur temps, puisqu’il n’y a pas
d’histoire d’ensemble du genre humain. Si l’Antiquité est différente de l’Occident
moderne, cela ne vient pas de ce qu’elle lui est antérieure, mais de ce qu’elle naquit
d’un autre sang sur un autre sol. Pour Herder, les diverses civilisations nationales
constituent autant d’étapes d’une éducation dispensée à l’humanité par Dieu ;
chacune est nécessaire en son temps, et définit son emplacement dans le plan
d’ensemble. En revanche, les civilisations vues par Spengler ne sont définies que
par leurs coordonnées géographiques et ethniques.
328 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. II, p. 166-167.
329 Ibid., p. 166 (italiques dans le texte).
330 Ibid., p. 409 (italiques dans le texte).
331 Ibid., p. 408 (italiques dans le texte).
332 Ibid. Voir aussi p. 410-411.
333 Ibid., p. 157.
334 Ibid.
335 Ibid., p. 158.
336 Cf. par exemple, Paul Bourget, Essais de psychologie contemporaine, Paris,
Lemerre, 1885, 4e éd., p. 15 : « Une nausée universelle devant les insuffisances de
ce monde soulève le cœur des Slaves, des Germains et des Latins, et se manifeste
chez les premiers par le nihilisme, chez les seconds par le pessimisme, chez nous-
mêmes par de solitaires et bizarres névroses. » On peut, à titre d’exemple, consulter
sur ce sujet un numéro spécial, consacré à la décadence, de Romantisme : Revue du
Dix-Neuvième siècle, no 42, 4e trimestre 1983, ainsi que l’édition de l’an 2000 de
mon Maurice Barrès et le nationalisme français (Fayard).
337 Spengler, Le Déclin de l’Occident, vol. I, p. 55.
CHAPITRE VIII
8 Il faut quand même préciser que des spécialistes du XVIIIe siècle, notamment
les deux figures marquantes de l’époque dans ce domaine, Alfred Cobban et Peter
Gay, adressent rapidement de dures critiques à l’historien de Jérusalem. Voir Alfred
Cobban, In Search of Humanity : The Role of the Enlightenment in Modern History,
New York, George Braziller, 1960, p. 182-184 et Peter Gay, The Party of
Humanity : Essays in the French Enlightenment, New York, Norton, 1971 (1re éd.
en 1954). Une énorme littérature sur ce sujet s’est accumulée depuis les années
1950. Un article incontournable qui représente bien l’approche d’une école
importante de l’histoire des idées en ce qui concerne « l’influence des Lumières sur
la Révolution » et de la théorie de « C’est la faute à Rousseau » est celui de Keith
Michael Baker : « On the problem of the Ideological Origins of the French
Revolution », in Dominick LaCapra and Steven L. Kaplan, Modern European
Intellectual History. Reappraisals and New Perspectives, Ithaca, Cornell University
Press, 1982, p. 205. Un excellent ouvrage qui fait le point sur la question est Le
Totalitarisme : le XXe siècle en débat, textes choisis et présentés par Enzo Traverso,
Paris, Le Seuil, 2001. Voir aussi Abbott Gleason, Totalitarianism : The Inner
History of the Cold War, New York, Oxford University Press, 1995.
9 J.L. Talmon, Utopianism and Politics, [Londres], Conservative Political
Center, 1957, p. 7-12, p. 14-15.
10 Ibid., p. 12.
11 Ibid., p. 13.
12 Voir un beau livre de Lionel Gossman, Basel in the age of Burckhardt : a
Study in Unseasonable Ideas, Chicago, Chicago University Press, 2000.
13 Talmon, Utopianism and Politics, p. 16-21. Talmon n’écrira plus rien de
véritablement comparable à sa conférence de 1957. Dans les années 1960, une
confrontation entre ce qui selon Talmon constitue une internationale des utopistes
ayant son état-major à Moscou et le monde libre perd de sa crédibilité, et le ton va
changer. Par ailleurs, la guerre des Six Jours israélo-arabe de 1967 ouvre pour
Talmon une autre problématique qu’il vivra désormais avec une intensité sans égale
jusqu’à sa mort en 1980 : la confrontation quotidienne avec le nationalisme intégral
juif lui fait prendre conscience du fait que la problématique du monde moderne et
de son pays était ailleurs. Talmon, conservateur libéral classique, pour qui le retour
des Juifs sur la terre de leurs ancêtres était le moyen de construire une société libre
et ouverte, avait compris très vite ce que Berlin, nationaliste herderien de toujours,
ne verra pas, ou ne voudra pas voir, dans la grande tranquillité de cette réserve
naturelle, souvent coupée du monde extérieur, que constitue un collège d’Oxford.
Pour Talmon le nationalisme, qui, dans sa variante juive et israélienne, explosait
dans le mouvement « pour le Grand Israël » reste jusqu’à la fin de sa vie un danger
d’une actualité cuisante. Il l’est encore en ce début du XXIe siècle.
14 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », Salmagundi : A
Quarterly of the Humanities and Social Sciences, no 120, automne 1998, p. 98.
Steven Lukes vient lui aussi d’Oxford. Il a accédé à la notoriété dès les années
1970, grâce plus particulièrement à ses travaux sur Durkheim et l’individualisme.
Cf. Emile Durkheim, his life and work : a historical and critical study, London, A.
Lane, The Penguin Press, 1973 et Individualism, Oxford, B. Blackwell, 1973. Plus
tard Lukes a publié notamment Marxism and morality, Oxford, Clarendon
Press, 1985 et Moral Conflict and Politics, Oxford, Clarendon Press, 1991. Dans sa
correspondance avec Cruse O’Brien, Berlin reconnaît n’avoir pas tenu
suffisamment compte de l’ouvrage de Talmon : Berlin in Conor Cruise O’Brien,
The Great Melody, Appendice, p. 614.
15 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 94-96 et 107-108.
16 Berlin/Jahanbegloo, En toutes libertés, p. 52-53.
17 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 94-96 et 107-108.
18 Berlin/Jahanbegloo, En toutes libertés, p. 106-109. C’est dans le même esprit
que Berlin parle d’Arendt dans sa conversation avec Lukes.
19 Les catalogues des grandes bibliothèques nationales et universitaires, y
compris la British Library, ne contiennent rien sous son nom, si ce n’est
l’introduction dont il est question ici et son travail éditorial avec Hardy sur une
autre collection d’essais de Berlin, The Proper Study of Mankind. Pour Hausheer,
Berlin est un « colosse intellectuel », un de la « demi-douzaine ou quelque chose
comme ça » des plus importants penseurs politiques depuis le temps des Lumières.
Voir sa contribution « Enlightening the Enlightenment », au recueil de Mali et
Wokler, Isaiah Berlin’s Counter-Enlightenment, p. 48.
20 Isaiah Berlin, À contre-courant. Essais sur l’histoire des idées, traduit de
l’anglais par André Berelovitch, Paris, Albin Michel, 1988. « Je voudrais exprimer
ici ma reconnaissance à ce jeune universitaire plein de promesses », écrit Berlin
dans une « Note de l’auteur » placée en tête du recueil, « il expose, avec beaucoup
de clarté et de sympathie, mes idées sur les sujets abordés dans ce volume ».
21 Ibid., p. 16.
22 Benedetto Croce, Bibliografia Vichiana, accresciuta e rielaborata di Fausto
Niccolini, Naples, Ricardo Ricciardi, vol. I, 1947 ; vol. II, 1948. Voir à titre
d’exemples : Elio Gianturco, Joseph de Maistre and Giambattista Vico (Italian
Roots of De Maistre’s Political Culture), [Washington, D.C., 1937] ; Henry
Packwood Adams, The Life and writings of Giambattista Vico, New York, Russell
and Russell, 1970 (1re édition en 1935) ; Thomas Mary Berry, The historical
Theory of Giambattista Vico, Washington, Catholic University of America, 1949.
23 Dans les deux cas les traducteurs sont Thomas Bergin et Max Fisch, Cornell
University Press. Sur Berlin et Vico, cf. Joseph Mali, « Berlin, Vico, and the
Principles of Humanity », in Mali et Wokler, Isaiah Berlin’s Counter-
Enlightenment, p. 51-71. De Mali, on consultera aussi The Rehabilitation of Myth :
Vico’s New Science, Cambridge, Cambridge University Press, 1992. Signe de la
vitalité des études viciennes, la traduction en hébreu de Science nouvelle, faite en
2005, avec une excellente introduction de Mali.
24 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 96-97.
25 Ibid., p. 102.
26 Berlin/Jahanbegloo, En toutes libertés, p. 93.
27 Ibid., p. 89.
28 Ibid., p. 93.
29 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 91.
30 Berlin, « Le divorce entre les sciences et les lettres », in À contre-courant, p.
158.
31 Berlin, « Giambattista Vico et l’histoire culturelle », in Le Bois tordu de
l’humanité : romantisme, nationalisme et totalitarisme, Paris, Albin Michel, 1992,
p. 63.
32 André Versaille, « Le besoin de comprendre et de faire comprendre », in
Dictionnaire de la pensée de Voltaire, textes choisis et édition établie par André
Versaille, préface de René Pomeau, introduction historique d’Emmanuel Le Roy
Ladurie, Bruxelles, Complexe, 1994, p. XXXIX-XLV.
33 Voltaire, Dictionnaire philosophique, éd. présentée et annotée par Alain
Pons, Paris, Gallimard (« Folio classique »), 1994, p. 351-359.
34 Berlin, « Joseph de Maistre et les origines du totalitarisme », in Le Bois tordu
de l’humanité, p. 154.
35 Ibid., p. 155.
36 Cf. la plus récente des biographies de Voltaire, consacrée aux vingt dernières
années de sa vie : Ian Davidson, Voltaire in exile : The Last Years, 1753-78,
Londres, Atlantic Books, 2005. Quelles que soient les qualités de cet ouvrage, rien
ne peut remplacer la monumentale biographie publiée sous la direction de René
Pomeau : Voltaire en son temps, Oxford [Oxfordshire], Voltaire Foundation –
Taylor Institution, 1985-1994.
37 Berlin, « Joseph de Maistre et les origines du totalitarisme », in Le Bois tordu
de l’humanité, p. 166.
38 Voltaire, Dictionnaire philosophique, p. 492.
39 Ibid., p. 356-357.
40 Berlin, Freedom and its Betrayal : Six Enemies of Human Liberty, Princeton,
Princeton University Press, 2002. Publiés par les soins de son exécuteur
testamentaire Henry Hardy, ces textes ont très mal vieilli.
41 Berlin, Freedom and its Betrayal, p. 5.
42 Berlin, « Sur un prétendu relativisme dans la pensée européenne du
XVIIIe siècle », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 82.
43 Berlin, Freedom and its Betrayal, p. 21.
44 Ibid., p. 22.
45 Ibid., p. 22-23.
46 Ibid., p. 25.
47 Ibid., p. 24.
48 Ibid., p. 23-24.
49 Ibid., p. 26.
50 Berlin, « Hume et les sources de l’antirationalisme allemand », in À contre-
courant, p. 236-264.
51 Berlin, « Montesquieu », in À contre-courant, p. 200-202, 206, 215.
52 Ibid., p. 216.
53 Ibid., p. 206-207, 224-225, 226.
54 Ibid., p. 235.
55 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 88. Sur Voltaire, voir
p. 91.
56 Berlin, « Sur un prétendu relativisme dans la pensée européenne du
XVIIIe siècle », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 81-82. Voir aussi p. 42-43, 89.
57 Meinecke, Historism : The Rise of a new Historical Outlook, p. 108-114.
58 Berlin, « Giambattista Vico et l’histoire culturelle », p. 63, et « L’apothéose
de la volonté romntique », p. 209, in Le Bois tordu de l’humanité. Il est intéressant
de noter ici les réflexions de Hausheer. Selon ce dernier, l’auteur de L’Esprit des
lois a droit à la sympathie de Berlin parce qu’il n’est qu’à moitié homme des
Lumières, parce que son manque d’enthousiasme pour les projets radicaux agaçait
ses contemporains plus optimistes, dont la manière de voir était plus rationaliste et
plus linéaire. En réalité, « au fond de son cœur », Montesquieu n’est pas un
rationaliste, ce n’est pas un cartésien, et sa « pratique démentait ses opinions
affichées ». Ici vient un pas de plus : à l’égard du concept d’homme en général,
Montesquieu n’éprouve rien d’autre qu’une profonde méfiance : voir Roger
Hausheer, Introduction in Isaiah Berlin, À contre-courant. Essais sur l’histoire des
idées, p. 31.
59 Berlin, « Sur un prétendu relativisme dans la pensée européenne du
XVIIIe siècle », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 82-83.
60 Ibid., p. 98.
61 Berlin, Freedom and its Betrayal, p. 20.
62 Ibid., p. 26.
63 Ibid., p. 36-39, 44-45.
64 Ibid., p. 47.
65 Ibid., p. 48-49.
66 Ibid., p. 49. Qui peut prendre encore au sérieux aujourd’hui ce genre
d’arguments ? Doit-on rappeler ici l’un des textes les plus fameux de Rousseau :
« Renoncer à sa liberté, c’est renoncer à sa qualité d’homme, aux droits de
l’humanité, même à ses devoirs. Il n’y a nul dédommagement possible pour
quiconque renonce à tout. Une telle renonciation est incompatible avec la nature de
l’homme ; et c’est ôter toute moralité à ses actions que d’ôter toute liberté à sa
volonté » (Du contrat social, livre I, ch. 4, p. 239-240.). Dans ce chapitre consacré
à l’esclavage, Rousseau a encore cette phrase fameuse : « On vit tranquille aussi
dans les cachots : en est-ce assez pour s’y trouver bien ? » (p. 239).
67 J.-F. Spitz, La Liberté politique : Essai de généalogie conceptuelle, Paris,
Presses universitaires de France, 1995, p. 158-166.
68 Ibid., p. 173-174.
69 Rousseau, Du contrat social, livre I, ch. 3, p. 238.
70 Rousseau, cité in Spitz, p. 384 (Considérations sur le gouvernement de
Pologne).
71 Rousseau, Du contrat social, livre IV, ch. 2, p. 310.
72 Ernst Cassirer, Le Problème Jean-Jacques Rousseau, trad. de l’allemand par
Marc B. de Launay, préface de Jean Starobinski, Paris, Hachette, 1990 et Rousseau,
Kant, Goethe, deux essais, trad. de l’allemand par Jean Lacoste, Paris, Belin, 1991.
73 Berlin in O’Brien, The Great Melody, appendice, p. 614.
167 Émile Faguet, Politiques et moralistes du XIXe siècle, 1re série, 12e éd.,
Paris, Société française d’imprimerie et de librairie, s.d., p. 1-67.
168 Berlin, « Georges Sorel », in À contre-courant, p. 327.
169 Ibid.
170 Ibid., p. 343.
171 Ibid., p. 344-345.
172 Voir Gay, The Party of Humanity : Essays in the French Enlightenment, p.
284-285.
173 Roger Hausheer, Introduction in Isaiah Berlin, À contre-courant. Essais sur
l’histoire des idées, p. 42.
174 Mark Lilla, « What is Enlightenment », in Joseph Mali and Robert Wokler
(dir.), Isaiah Berlin’s Counter-Enlightenment, p. 1-11.
175 John Robertson, « The Case for the Enlightenment : A Comparative
Approach », in Mali et Wokler (dir.), Isaiah Berlin’s Counter-Enlightenment, p. 73.
Il est intéressant de mettre cet article face à celui de Graeme Garrard, « The
Counter-Enlightenment Liberalism of Isaiah Berlin », Journal of Political
Ideologies, vol. 2, octobre 1997, p. 281-296. Garrard présente un Berlin tel que
celui-ci voulait être vu : son attaque contre les Lumières serait motivée par ses
convictions pluralistes, et donc libérales.
176 Berlin, « Le divorce entre les sciences et les lettres », in À contre-courant,
p. 158.
177 Berlin, Vico and Herder, p. XXII-XXIII.
178 Ibid., p. 187-189.
179 Ibid., p. 206-207.
180 Ibid., p. 153.
181 Mark Lilla, « Wolves and Lambs », in Lilla, Dworkin et Silvers (dir.), The
Legacy of Isaiah Berlin, p. 35. Beaucoup de contradictions apparentes dans la
pensée Berlin se résolvent d’elles-mêmes dès que l’on se résigne à appeler un chat
un chat.
182 Berlin, Vico and Herder, p. 154 (en français dans le texte).
183 Lilla, « Wolves and lambs », in Lilla Dworkin et Silvers (dir.), The Legacy
of Isaiah Berlin, p. 35-36.
184 Berlin, « La branche ployée », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 241.
185 Berlin, Vico and Herder, p. 195, 201.
186 Au nom de Berlin, Hausheer s’aligne sur les Allemands représentés par
Herder : ils devaient découvrir « en eux-mêmes des trésors de profondeur morale et
spirituelle, un amour noble et désintéressé de la vérité, et une vie spirituelle
intérieure qu’ils opposèrent à l’hédonisme mondain, au vide moral des Français,
trop superficiels. En se comparant à ces Français, policés et décadents, les
Allemands avaient l’impression d’appartenir à un peuple neuf, jeune, vigoureux,
véritable porteur de l’avenir ». On croit rêver : voir Hausheer, introduction in Isaiah
Berlin, À contre-courant. Essais sur l’histoire des idées, p. 44.
187 Berlin, « La branche ployée », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 243.
188 Berlin, Vico and Herder, p. 201.
189 Berlin, « Le déclin des utopies en Occident », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 50.
190 Isaiah Berlin, Vico and Herder, p. 157-163, 175-176, 182.
191 Ibid., p. 181.
192 Berlin, « Le déclin des utopies en Occident », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 51.
193 Ibid.
194 Berlin, « L’apothéose de la volonté romantique », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 222-223.
195 Isaiah Berlin, « Le déclin des utopies en Occident », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 51.
196 Berlin, Vico and Herder, p. XXIII-XXIV.
197 Berlin, « Sur un prétendu relativisme dans la pensée européenne du
XVIIIe siècle », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 95.
198 Berlin, « L’apothéose de la volonté romantique », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 222.
199 Ibid., p. 234-235. Il est intéressant de voir dans ce contexte comment Roger
Hausheer, la voix de son maître, dans le sens strict du terme, explique la
contribution de Berlin. Celui-ci se dresse contre « les articles de foi essentiels du
XVIIIe siècle : rationalisme libéral, cosmopolitisme, science, progrès, et
organisation rationnelle ». La doctrine selon laquelle les sciences expérimentales
constitueraient la seule voie existante pour accéder à la connaissance, doctrine qui
excluait tout savoir transcendantal ou non rationnel, réunissait, dit l’exégète de
Berlin, les principaux articles de foi du mouvement français des Lumières. Cette
doctrine suscita une profonde « réaction contre la sécheresse du rationalisme, contre
le matérialisme, contre le naturalisme en morale » y compris, dit-il, en France
même avec Diderot et Rousseau surtout, le principal artisan de cette libération de la
sensibilité et des passions naturelles. Mais la véritable libération vient
d’Allemagne : c’est exactement ce que disait Meinecke. Cf. Roger Hausheer,
Introduction in Isaiah Berlin, À contre-courant, p. 39-40 et 47.
200 Berlin, Vico and Herder, p. XXIV.
201 Ibid., p. 184.
202 Berlin, « Les Contre-Lumières », in À contre-courant, p. 65.
203 Berlin, Vico and Herder, p. 174.
204 Ibid., p. 208-209.
205 Arnaldo Momigliano, « On the Pioneer Trail », New York Review of Books,
11 novembre 1976.
206 Berlin, « Sur un prétendu relativisme dans la pensée europénne du
XVIIIe siècle », in Le Bois tordu de l’humanité, p. 85. Voir aussi p. 93.
207 Cité in Robert Wokler, « Isaiah Berlin’s Enlightenment and Counter-
Enlightenment », in Joseph Mali et Robert Wokler (dir.), Isaiah Berlin’s Counter-
Enlightenment, p. 14. Gellner parle de « a Savile Row post-modernist » : Savile
Row est une rue de Londres où se retrouvent les grands tailleurs de la capitale
britannique. Cf. John Gray, Isaiah Berlin, Princeton, Princeton University Press,
1996.
208 Ernst Gellner, « Anything goes. The Carnival of cheap relativism which
threatens to swamp the coming fin-de-millénaire », The Times Literary Supplement,
16 juin 1995. Raymond Boudon se penche sur la problématique de anything goes
dans le contexte d’une excellente analyse des faiblesses de la recherche scientifique
française en sciences sociales. Cependant, les faiblesses qu’il discerne ne sont
limitées ni aux sciences sociales ni à la France.
209 Raymond Boudon, « Les sciences sociales françaises : does anything go ? »,
Commentaire, no 110, été 2005, p. 357.
210 Ibid., p. 352.
211 « Isaiah Berlin in Conversation with Steven Lukes », p. 88.
212 Ibid. Il est simplement fasciné par le fait que, coupé des penseurs allemands
par le temps et l’espace, il a su exprimer, dans l’isolement le plus total, l’essentiel
de leurs thèses et tout d’abord celles de Herder.
213 Sur cet aspect de la personnalité de Berlin, voir l’excellent ouvrage de
Pierre Birnbaum, Géographie de l’espoir : l’exil, les Lumières, la désassimilation,
Paris, Gallimard, 2004.
214 Berlin, « L’apothéose de la volonté romantique », in Le Bois tordu de
l’humanité, p. 234.
Épilogue
Dans la dernière page de La Démocratie en Amérique,
Tocqueville récuse les « fausses et lâches doctrines qui ne
sauraient jamais produire que des hommes faibles et des
nations pusillanimes », celles qui prétendent « que les peuples
ne sont jamais ici-bas maîtres d’eux-mêmes, et qu’ils obéissent
nécessairement à je ne sais quelle force insurmontable et
inintelligente qui naît des événements antérieurs, de la race, du
sol, ou du climat1 ». Vingt ans après son mémorable voyage en
Amérique, dans une lettre à Gobineau écrite douze mois avant
la publication, en 1853, des deux premiers volumes de l’Essai
sur l’inégalité des races humaines, Tocqueville reprend le
même thème sous un angle différent. Il fait part à son protégé
de sa lecture d’un ouvrage récent sur Buffon par Pierre-Jean-
Marie Flourens : « Buffon et après lui Flourens croient à la
diversité des races, mais à l’unité de l’espèce humaine. […]
Les variétés humaines sont produites par trois causes
secondaires et extérieures : le climat, la nourriture, et la
manière de vivre2. » Telle est, selon Tocqueville alors plongé
dans son travail sur la Révolution française, la vision des
hommes du XVIIIe siècle. Leur vision est aussi la sienne.
Un siècle plus tard, Hannah Arendt comprend elle aussi
l’immensité du mal que pouvait engendrer la guerre
systématique aux droits de l’homme et à la Révolution
française. Elle découvre chez Burke à la fois une expression
du nationalisme anglais et la source de la pensée raciale
anglaise. Elle sait qu’en opposant aux droits de l’homme les
« droits des Anglais », fondés sur « un héritage inaliénable »,
Burke franchit un pas décisif. « La notion d’héritage,
appliquée à la nature même de la liberté, a été le fondement
idéologique qui conféra au nationalisme anglais cette curieuse
touche de sentiment racial à partir de la Révolution française.
Sous la plume d’un écrivain issu de la classe moyenne, cela
signifiait la reconnaissance directe du concept féodal de liberté
en tant que somme totale des privilèges hérités en même temps
que le titre et les terres. » Arendt remarque que, sans toucher
aux privilèges d’une classe sociale particulière, Burke peut
élargir le principe de ces privilèges, de telle sorte que
l’ensemble du peuple soit inclus, les Anglais devenant ainsi
une sorte de noblesse mondiale3. Dans les années 1920, Carl
Schmitt insiste lui aussi sur le fait que l’on trouve chez Burke
tous les arguments de l’école allemande du droit du début du
XIXe siècle. En fait, il s’agit du cadre conceptuel juridico-
politique du nationalisme allemand4. Burke met une extrême
impétuosité à défendre la réalité nationale supra-individuelle et
indépendante de l’arbitraire de l’homme isolé. Il n’était pas
nouveau, note Schmitt, d’attribuer à chaque peuple un
caractère particulier. Montesquieu, Vico, Bossuet l’avaient
déjà fait, et l’idée n’était étrangère ni à Malebranche, ni à
Descartes, ni à Bodin. Mais la grande nouveauté du tournant
du XIXe siècle « consistait dans l’attribution au peuple d’une
réalité objective, et dans la conception d’une évolution
historique qui produirait comme créateur superindividuel
l’Esprit de chaque peuple5 ». En réalité, la contribution de
Burke à la nationalisation des masses a été grandement sous-
estimée, et Burke mérite une place aux côtés de Herder comme
l’un des fondateurs intellectuels du nationalisme organique.
Cependant, c’est à Arendt elle-même que l’on doit une de
ces erreurs de perspective qui aujourd’hui encore contribuent à
obscurcir l’horizon. Le succès des Origines du totalitarisme
est dû non seulement aux qualités intrinsèques de l’ouvrage,
mais aussi au fait que l’auteur, comme Talmon et Berlin,
s’adressait à un large public cultivé plongé dans la guerre
froide. Au cours de ces années de réflexion sur la barbarie
nazie, et à un moment où l’on découvre le visage hideux du
stalinisme, la tentation est grande de rechercher les racines du
mal dans les origines intellectuelles du monde moderne. Tout à
coup c’est la modernité elle-même qui est en cause : on en
vient ainsi à s’en prendre à la Révolution française et aux
droits de l’homme. Effectivement, Arendt revient au concept
des droits de l’Anglais, mais cette fois pour nous dire que « la
force pragmatique du concept de Burke prend un caractère
irréfutable à la lumière de nos multiples expériences. Non
seulement la perte de droits nationaux a entraîné dans tous les
cas celle des droits de l’homme, mais jusqu’à nouvel ordre,
seule la restauration ou l’établissement de droits nationaux,
comme le prouve le récent exemple de l’État d’Israël, peut
assurer la restauration des droits humains6 ».
Si Arendt avait voulu dire que dans notre monde l’épée
reste la seule garantie du droit, et que pour sa protection
l’individu a besoin de la puissance constituée d’une
communauté nationale organisée, elle aurait simplement
constaté une réalité reconnue de tous. Mais ce n’est pas cela
qu’elle nous dit, et ce qu’elle nous dit est loin des réalités du
XXe siècle. « Les survivants des camps d’extermination, écrit-
elle, n’ont pas eu besoin des arguments d’un Burke pour
comprendre que l’abstraite nudité de celui qui n’est rien qu’un
homme constituait pour eux le pire des dangers. À cause de
cela ils ont été traités comme des sauvages et, de peur de finir
par être considérés comme des bêtes, ils ont insisté sur leur
nationalité, cet ultime vestige de leur citoyenneté perdue, leur
dernier lien existant et reconnu par l’humanité7. » Dans ces
pages, Arendt pense évidemment avant tout aux Juifs, car les
non-Juifs, Polonais, Russes ou Français étaient assassinés sans
avoir perdu leur nationalité. Or ce n’est pas en tant qu’êtres
humains que les Juifs prenaient le chemin des camps
d’extermination, mais au contraire comme membres d’une
collectivité bien définie, et ils étaient exterminés non pas
comme êtres humains déchus de leur nationalité, mais au
contraire parce que appartenant, dans l’esprit des bourreaux, à
la plus forte de toutes les communautés, la communauté
raciale. Ils n’étaient pas victimes de leur humanité abstraite,
mais de leur qualité très concrète de membres d’une espèce
maudite.
Ici Arendt fait un pas de plus. Selon elle, Burke craignait
déjà que le principe des droits naturels et inaliénables, c’est-à-
dire des droits abstraits, en confirmant « le droit du sauvage »
(en d’autres termes, en s’appuyant sur les droits prépolitiques
tant honnis de tous les ennemis des Lumières), ne rabaisse tous
les peuples civilisés à l’état de sauvages. Puisque seuls les
sauvages ne possèdent que leur qualité humaine, dit Arendt,
les hommes s’accrochent à leur nationalité. L’argument de
Burke prend selon elle une signification plus importante
encore quand on considère la condition humaine de ceux qui
furent exclus de leurs communautés politiques. Ayant perdu
tous les éléments de l’existence qui sont le produit de notre
existence sociale, ces hommes avaient perdu leurs droits réels
et purent être traités comme des non-humains8.
L’argument est étonnant, car pour Hobbes et Locke, pour
Rousseau, Montesquieu et Voltaire, pour les révolutionnaires
français auteurs de la Déclaration des droits de l’homme, les
êtres humains ne se définissent pas par leur apartenance à une
communauté nationale. Par ailleurs, dans leur esprit, le
sauvage a les mêmes droits qu’un Européen. Les Juifs ne
furent pas exterminés parce que, déchus de leur citoyenneté, il
ne leur restait que leur qualité d’êtres humains, mais
précisément parce que cette qualité leur était niée, parce que
l’idée d’une nature humaine commune à tous les hommes,
l’idée d’un droit naturel valable pour tous et à travers les
siècles avait disparu dans le long combat contre les Lumières.
Car, en dernière analyse, qui porte la responsabilité
intellectuelle de la catastrophe européenne du XXe siècle ? Les
hommes qui tout au long du XVIIIe siècle, de 1689 à 1789,
parlent du droit naturel, de l’unité du genre humain, de droits
universels, « de cette nudité abstraite de l’être humain » tant
décriée par Arendt, ou ceux qui nient l’existence des valeurs
universelles ?
Les Juifs furent persécutés non pas en tant qu’êtres humains
dépourvus de spécificité politique, mais précisément parce
qu’ils furent victimes du morcellement du genre humain en
groupes ethniques, historiques et culturels antagonistes à un
degré inconnu dans le passé. Ils furent massacrés en tant que
membres d’un groupe humain bien défini, en tant qu’ethnie
pour les uns, en tant que race pour d’autres, en vertu de ces
critères héréditaires chantés par Burke, portés aux nues par
Herder comme seule source de dignité, seule source de
sécurité parce que seule définition possédant une qualité
existentielle. Fils ou petit-fils ou arrière-petit-fils de Juif, il ne
pouvait échapper à son hérédité. Il en fut de même dans le cas
d’autres massacres : si le monde n’a rien trouvé de sacré dans
« la nudité abstraite de l’être humain », il n’a trouvé rien de
sacré non plus dans ce que pouvait avoir de concret la qualité
d’Arménien, d’intellectuel polonais ou plus près de nous de
Bosniaque ou d’Albanais.
Avant de boucler le cercle avec la postérité néoconservatrice
de Burke, il faut revenir au petit livre de Carl Becker dont il a
été déjà question, issu lui aussi, comme l’ouvrage de Lovejoy,
d’une série de conférences délivrée en avril 1931, mais cette
fois à Yale où, quelques années plus tard, allait s’installer
Cassirer et où son influence a longuement perduré9. Élu la
même année à la présidence de l’American Historical
Association, il prononçait alors une allocution intitulée
« Chacun est son propre historien » qui allait faire date dans
l’histoire intellectuelle américaine10. À l’occasion du vingt-
cinquième anniversaire de la parution de The Heavenly City,
un colloque qui réunissait un groupe de spécialistes distingués
attestait l’importance reconnue à l’ouvrage11. Provocatrice à
souhait, vite devenue fameuse chez quiconque s’intéressait au
XVIIIe siècle et mère nourricière de l’école totalitaire du
XXe siècle, cette thèse est faite pour frapper l’imagination.
Becker repousse l’idée, largement acceptée de son temps,
selon laquelle le XVIIIe siècle, fondamentalement moderne,
serait la véritable source du « climat d’opinion » du
XXe siècle12. Selon lui, le XVIIIe siècle est infiniment plus
proche du XIIIe siècle croyant que du XXe siècle libéral, car les
philosophes étaient beaucoup moins émancipés de la pensée
chrétienne du Moyen Âge qu’ils ne le pensaient eux-mêmes ou
que ne le pense la postérité. Selon Becker, ils n’ont démoli la
Cité céleste de saint Augustin que pour la reconstruire avec
des matériaux plus modernes13. La postérité est digne des
ancêtres, et l’on en arrive, vingt ans avant « l’école totalitaire »
de la guerre froide, à l’idée que, « dans le Manifeste
communiste, Karl Marx et Friedrich Engels ont lancé le cri de
guerre d’une religion sociale nouvelle. Tout comme la religion
de l’humanité du XVIIIe siècle, la foi communiste est fondée sur
les lois de la nature révélées par la science14 ».
Au moment même où Becker lance son pavé, Ernst Cassirer
publie sa Philosophie des Lumières. Kantien, Juif dans une
Allemagne sur le point de s’abandonner à la dictature nazie,
Cassirer avait affronté quelques années plus tôt Heidegger
dans un face-à-face resté fameux15. L’objet de la célèbre
controverse de Davos, en 1929, en présence de plus de deux
cents universitaires et étudiants venus de toute l’Europe, dont
Leo Strauss et Emmanuel Levinas, était Kant, mais en réalité
c’est du sort de l’Europe que l’on parlait. La crise
intellectuelle européenne, qui depuis la fin du XIXe siècle
mûrissait en prenant progressivement des dimensions
dramatiques, avait atteint son point culminant. Face à
Heidegger, Cassirer prend la défense du rationalisme et des
valeurs universelles. Quelques années plus tard, en mai 1935,
dans une conférence donnée au Kulturbund de Vienne, Husserl
qui, depuis l’accession de Hitler au pouvoir, s’enfermait dans
le silence pour ne pas porter tort à la communauté juive, devait
lancer un dernier cri d’alarme : « La crise d’existence de
l’Europe […] qu’attestent d’innombrables symptômes de péril
mortel, n’est pas un destin ténébreux, une fatalité
impénétrable », cette crise ne réside pas « dans l’essence du
rationalisme lui-même, mais seulement dans son aliénation,
dans le fait qu’il s’est enlisé dans le naturalisme et
l’objectivisme16 ». Face à l’irrationalisme des cercles groupés
autour de Heidegger, Husserl n’hésite pas : « Je suis certain,
moi aussi, que la crise de l’Europe a ses racines dans les
déviations du rationalisme. Mais cela n’autorise pas à soutenir
que la rationalité comme telle est mauvaise en elle-même, ou
qu’elle ait dans l’ensemble de l’existence humaine une
importance de second plan17. »
En Europe en général, plus spécialement en Allemagne, le
temps n’était pas à des jeux d’esprit. La guerre pour ou contre
les Lumières prenait soudainement une signification qu’elle
n’avait jamais atteinte depuis le temps de Burke, de Thomas
Paine et de l’abbé Sieyès. La distance qui séparait The
Heavenly City of the Eighteenth-Century Philosophers de La
Philosophie des Lumières était à la mesure de l’abîme qui
séparait les campus de la Nouvelle-Angleterre du camp de
Dachau, ouvert précisément au moment où le livre de Carl
Becker commençait à être longuement discuté dans les
universités américaines. L’« inauguration » du premier camp
de concentration nazi coïncidait aussi avec les William James
Lectures délivrées à Harvard par Arthur O. Lovejoy. Pour
Cassirer, qui allait s’exiler à Oxford avant de rejoindre Yale en
1941, pour Husserl qui avant sa mort en 1938 avait déjà vu son
élève Heidegger lui tourner le dos et se ranger du côté du
nazisme, le monde venait de basculer. Pour eux, la question
n’était pas de savoir si le XVIIIe siècle était plus proche du XIIIe
que du XXe, mais si, en abandonnant l’héritage des Lumières,
le XXe siècle n’allait pas sombrer dans la barbarie. Comme tant
d’autres, Cassirer ne veut pas désespérer : « Le siècle qui a vu
et glorifié dans la raison et la science la “suprême puissance de
l’homme” ne peut être pour nous absolument révolu » écrit-il
dans sa préface à La Philosophie des Lumières18. Pour
Cassirer, le XVIIIe siècle était bien l’âge qui avait
magnifiquement affirmé la confiance des hommes en eux-
mêmes. Soutenir la force de la raison, une raison pratique,
scientifique ; renvoyer ses contemporains puiser leur énergie
morale dans « l’âge de la raison » lui paraissait, à la veille de
la prise du pouvoir par les nazis, la dernière planche de salut.
À Yale, en 1944-1945, Cassirer entreprend d’écrire ce qui
sera son dernier ouvrage, sur le mythe de l’État. En 1944 il
avait publié un Essai sur l’homme dans lequel il donnait un
aperçu de son anthropologie philosophique, fondée sur les
trois grands volumes de sa Philosophie des formes
symboliques. Toute l’argumentation de l’ouvrage présentait le
trajet d’une quête de la connaissance de soi à travers l’histoire
afin de conduire à une meilleure compréhension de l’homme
moderne. Mais, en ces temps de guerre, il fallait plus : Le
Mythe de l’État est conçu au cours de la dernière année de
guerre, et publié après la mort de l’auteur. À beaucoup
d’égards, cette œuvre de circonstance apparaît comme un
appendice à La Philosophie des Lumières, mais, comme il
arrive souvent aux œuvres de circonstance, cet ouvrage
aujourd’hui encore n’a rien perdu de son intérêt19.
Pour Cassirer, comme pour tous les héritiers intellectuels du
XVIIIe siècle franco-kantien, les Lumières marquent bien le
début de la modernité. En réalité, La Philosophie des Lumières
répond à la longue campagne contre les principes des
Lumières qui battait son plein en Europe et qui, pour tout
observateur de la vie intellectuelle, ne pouvait guère constituer
une nouveauté. Ce faisant, Cassirer répondait aussi par avance
et sans en être conscient à Becker qu’il ne pouvait connaître à
l’époque, mais qu’il continue à ignorer avec superbe dix ans
plus tard, après l’avoir lu. Le philosophe allemand met
l’accent sur la nouveauté et l’originalité des Lumières, sur la
faille qui s’ouvre dans un monde en rupture avec les grands
systèmes métaphysiques du XVIIe siècle, sur la différence
capitale entre la loi de la nature médiévale et la conception
moderne, individualiste des droits naturels. Dans un chapitre
saisissant sur « La conquête du monde historique », Cassirer
montre comment la philosophie de l’histoire des Lumières est
née de la révolte contre la conception chrétienne traditionnelle
de l’Histoire. Il fait appel à Lessing, le plus grand adversaire et
le critique le plus pénétrant que Voltaire ait trouvé au
XVIIIe siècle, mais qui tenait à rendre magnifiquement justice à
l’œuvre historique de celui-ci. La plus noble occupation de
l’homme est l’homme, remarque Lessing au début de son
compte rendu de l’Essai sur les mœurs, mais on peut s’occuper
de cet objet de « deux manières différentes » : « On considère
l’homme soit individuellement, soit en général. De la première
manière, il est bien difficile de tirer que l’homme est cette plus
noble occupation. Connaissant l’homme individuellement, que
connaît-on ? Des fous et des scélérats. […] Tout autre chose
est de considérer l’homme en général. Général, il trahit sa
grandeur et son origine divine. Qu’on considère les entreprises
de l’homme, comment il repousse chaque jour les frontières de
son intelligence, quelle sagesse régit ses lois, de quelle
diligence témoignent ses mouvements. […] Aucun écrivain ne
s’est jamais donné spécialement cet objet, si bien que l’auteur
du présent ouvrage a le droit de proclamer : libera per vacuum
posui vestigia princeps (Le premier j’ai marché d’un pas libre
dans cette terre vide)20. »
Les grands ennemis des Lumières n’avaient pas tort : il
suffit de comparer l’homme de Rousseau, de Voltaire, de
Fontenelle ou de Lessing à l’homme de Burke, de Taine, de
Maistre ou de Spengler, et même à l’homme de Herder, pour
saisir la nature du fossé qui sépare les Lumières de leurs
ennemis. Il fallait que l’homme porte cette image de lui-même
pour oser ce qui fut accompli en 1789. Pour les premiers
théoriciens des anti-Lumières, ce sont les idées qui ont brisé
un mode de vie et un ordre social créés par une histoire
millénaire, communément élevée au rang de la nature des
choses, et ce sont bien les idées qui, en jetant bas tous les
principes du bien et du mal, sont sur le point de détruire
l’Europe chrétienne. Voilà pourquoi rien ne pouvait être plus
urgent, pas même la guerre contre le Jacobin, que la mise sur
pied d’un corpus idéologique capable de nourrir la campagne
de sauvetage de l’Europe de la décadence libérale et
démocratique annoncée par le Deuxième traité de Locke et le
Discours sur l’inégalité de Rousseau, par Voltaire et Kant, par
Fontenelle et Condorcet. Les Réflexions sur la Révolution de
France de Burke, tout comme les Considérations sur la
France de Maistre, sont conçues par leurs auteurs non pas
comme un commentaire des événements qui se déroulent à
Paris ou sur les champs de bataille du nord de la France, mais
comme des machines de guerre contre les idées des
philosophes. Il en sera de même tout au long du XIXe siècle et
de la première moitié du XXe siècle : il fallait en finir avec le
XVIIIe siècle, Voltaire, Rousseau et la Révolution française.
« L’Espace du politique »