2
Introduction
Les études académiques et universitaires dans les différentes facultés et écoles, sont
finalisées et enrichies par l’élaboration d’un travail de fin d’études, des recherches
scientifiques ou une mémoire pour obtenir les différents diplômes.
L’ensemble de ces études et recherches ont pour but le développement d’autonomie et des
compétences des étudiants pour avoir le savoir-faire lié à l’application de leurs connaissances
acquises lors de formation, et durant les années des études. En plus, les recherches peuvent
évaluer son maîtrise à travers l’application des savoirs théoriques dans des cas pratiques et
pour la réponse à des problématiques. Ces derniers sont les questions posées sur lesquelles
l’étude cherche à répondre, autrement dit l’objet de la recherche.
De plus, il doit suivre une bonne méthodologie de recherche, car la recherche scientifique
est un processus dynamique basé sur l’observation et la rationalité qui a pour but d’examiner
des phénomènes et des problèmes dans le but d’obtenir des réponses précises à la
problématique choisie.
La réussite dans l’élaboration de ces recherches est due essentiellement à la capacité des
étudiants de combiner leurs états d’esprit ouvert sur les problématiques actuelles et
l’observation de son environnement, ce qui va permettre de choisir un objet de la recherche et
une problématique d’étude.
Pour cela nous avons choisi d’étudier les circonstances liées à ce choix en essayant de
répondre à cette problématique :
Comment choisir et construire un objet de recherche ?
Pour répondre à cette problématique, notre travail sera composé de trois chapitres : le
premier chapitre, va étudier la manière et les méthodes de choix d’un objet de la recherche.
Le deuxième, va discuter la façon de construction d’un objet de la recherche. Et finalement,
on va passer à la présentation de quelques difficultés liées au choix de l’objectif de projet de
recherche.
3
I : Le choix de l’objet de recherche :
1. Qu’est-ce qu’un objet de recherche ?
1:
Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 47-52
4
Formulation d’une question articulant des …
Objet de recherche
Pour
La réalité
C’est savoir l’orientation générale de la recherche. Dans ce cadre, l’objectif d’un projet de
recherche peut être unique ou multiple et qui peut s’articuler autour de l’exploration, la
description, la vérification (ou explication), la maîtrise des phénomènes ou l’aide à la
décision.
2:
Yvonne Giordano, Alain Jolibert, Spécifier l’objet de la recherche, HAL archives ouvert.fr, pages 10-13
5
2.2. Est-ce une recherche dite « de contenu » et/ou une recherche dite « de processus » ?
Il existe deux possibilités pour étudier un objet de la recherche par son contenu [Le but
de la recherche descriptive sur le contenu est d'améliorer la compréhension de l'objet de
recherche, de surmonter sa complexité et d'explorer un nouveau domaine inconnu. La
recherche explicative sur le contenu vise à comprendre et à souligner les relations causales
formées entre ces éléments, qui expliquent finalement la forme de l'objet de recherche] ou
par son processus [Le processus peut être étudié pour décrire ou expliquer: la description des
composantes du processus ou de l'ensemble du processus et l'explication du phénomène
observé, l'étude de l'influence du processus (l'évolution de la variable x) dans un autre
processus (Evolution de la variable y)].
2.3. Quelle démarche vais-je envisager ?
Est-ce pour tester / prouver des théories, des concepts, des modèles ou pour établir /
enrichir des hypothèses, des théories et des modèles? La première démarche est basée sur des
méthodes de confirmation, qui dominent en science de gestion et peuvent utiliser des
méthodes qualitatives et / ou quantitatives. La deuxième démarche renvoie à un contexte de
découverte et peut, selon la nature du projet, constituer une démarche à part entière (par
exemple une étude de cas exploratoire, [Yin, 1984/1991]) ou bien ne constitue qu’une partie
de la recherche en amont d’une démarche de test ultérieure (Saunders&alii, 2003).
2.4. Quel type de présence sur le terrain puis-je négocier ?
Ceci est essentiel car il guide généralement le projet. La nature du projet peut être
modifiée en fonction du travail que le chercheur est «autorisé» à faire. En fait, si les
participants sur place posent des problèmes avec l'accueil du chercheur, celui-ci peut en fait
être invité à abandonner ou à reporter le projet qu'il avait initialement envisagé. Lorsque la
recherche suppose qu’il existe une interaction entre les chercheurs et les acteurs du domaine,
la sensibilité de ces derniers peut rendre les choses extrêmement compliquées, voire
impossibles dans les cas extrêmes.
2.5. Quels cadres théoriques sont pertinents ?
Les cadres théoriques mobilisés dans la revue de littérature doivent être présentés
soigneusement, voire expliqués s’ils sont compatibles. Si le chercheur dispose de concepts,
théories ou modèles connus et éprouvés, il peut envisager une démarche confirmatoire
classique de type hypothético-déductif. Cette démarche peut vouloir raffiner la théorie
existante, l’infirmer ou bien l’éprouver sur un terrain original qui n’a pas encore été exploré.
6
Par contre, dans une situation empirique qui a peu été étudiée et pour laquelle il n’existe pas
de modèle établi, le chercheur se tournera probablement vers une approche exploratoire qui
peut être de l’exploration théorique, empirique ou encore hybride (Charreire et Durieux,
1999)
2.6. Quel(le) est mon cadre épistémologique ?
3:
Thietart, Raymond-Aain, méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 54-55
7
L’objet dans une approche interprétative :
Pour les chercheurs d'explications, la réalité est de nature psychologique, et le sujet et
l'objet de la recherche sont fondamentalement interdépendants. Le but des chercheurs n'est
plus de découvrir la réalité et les lois qui la régissent, mais de développer une compréhension
de cette réalité sociale. Le développement de ce type de connaissances nécessite une
compréhension des intentions et des motivations des individus impliqués dans la création de
la réalité sociale et le contexte de cette construction. Ce type de compréhension permet à lui
seul de diffuser une sorte de connaissance. Donner du sens à leur comportement.
La définition de l'objet de recherche est donc d'être immergée dans le phénomène
recherché (comme le changement organisationnel) et ses observations plus ou moins
participantes. Ce type d'immersion et ce type d'observation permettront aux personnes
d'approfondir leur compréhension interne de la réalité sociale, en particulier les problèmes, les
motivations et les significations de l'attachement des différents acteurs à la réalité sociale 4.
L'objet dans une approche constructiviste ingénierique :
Pour les chercheurs constructivistes, toute réalité est construite. Elle est créée par le
chercheur dans le cadre de l’action et de l’interaction à partir de sa propre expérience: les
phénomènes d’observation et d’expérience sont les produits des activités cognitives de
l’acteur: ce qu’ils séparent et expliquent de l’expérience. La connaissance construite est une
connaissance contextuelle et relative, mais le plus important est la connaissance finale: elle
doit satisfaire les objectifs contingents fixés par les chercheurs pour eux-mêmes. L'évaluation
est basée sur l'atteinte ou non de ce ou ces buts, c'est-à-dire d'une part, sur la base des critères
d'adéquation ou de commodité, d'autre part, sur la base des critères de faisabilité.
De ce point de vue, construire votre objet, c'est formuler le projet final. Le projet est le
résultat d'une volonté de transformer les méthodes de réponse traditionnelles dans un contexte
donné (mode d'action, mode de pensée, etc.). 5
2. Construction de l’objet de recherche :
On peut notamment envisager la construction de l’objet à partir de 6:
La question de départ :
La question de départ constitue normalement un premier moyen de mise en œuvre d’une
des dimensions essentielles de la démarche scientifique et de la construction de l’objet, c’est à
dire : la rupture avec les préjugés et les prénotions, donc avec le sens commun.
4 :Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 57
5 :Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 59
6 : Ikram JEBABLI, construction de l’objet de la recherche, méthodologie de recherche, 2019, 17 pages
8
En quoi est-il utile de formuler une question de départ ? Quel est l’intérêt de bien
travailler sa question de départ ?
Tout d’abord, cela permet de :
✓ Formaliser les idées qu’on a en tête
✓ Préciser son objectif de recherche
✓ Essayer de suivre une ligne directrice pour la suite.
Comment construire une question et quelles sont les qualités nécessaires et utiles pour
faire une bonne question ?
✓ Les qualités de clarté: concernent essentiellement la précision et la concision de la
formulation de la question de départ. C’est-à-dire essayer de formuler une question précise
dont le sens ne porte pas à confusion.
✓ Les qualités de faisabilité: portent essentiellement sur le caractère réaliste ou non
du travail que la question de départ laisse entrevoir. Le chercheur, lorsqu’il pose sa question,
doit s’assurer que ses connaissances, mais aussi les ressources dont il dispose (temps, argent,
moyens logistiques) lui permettent d’apporter à la question posée des éléments de réponse
valables.
✓ Les qualités de pertinence: concernent essentiellement le registre (descriptif,
explicatif, normatif, prédictif…) dont relève la question de départ.
La revue de littérature et les usages de la bibliographie.
Avoir des informations sur son sujet et se situer par rapport aux autres (faire
«l’état de la question») pour tenir compte de ce qui a déjà été fait.
Se poser des questions, soit de nouvelles, soit de préciser celles qu’on a déjà.
Rompre avec les prénotions que l’on peut avoir et donc ne pas arriver sur le
terrain avec de fausses idées, ou des idées du sens commun qui ne feront pas
avancer.
Problématique :
Pratiquement, construire sa problématique revient à formuler les principaux repères
théoriques de sa recherche, ainsi que ses orientations et choix pour traiter l’objet en question.
Hypothèses:
L’organisation d’une recherche autour d’hypothèses de travail permet de mener cette
recherche avec ordre et rigueur.
9
III : les difficultés liées à la construction d’un objet de recherche :
Savoir délimiter son objet de recherche :
En premier lieu, le chercheur doit s'efforcer de se donner un objet précis et concis (qualité
de clarté). En d'autres termes, la formulation de la problématique de recherche ne doit pas
prêter à des interprétations multiples. Par exemple :
La question « Quel est l'impact des changements organisationnels sur la vie des
salariés ? » est trop vague. Qu'entend-on par « changements organisationnels » ? S'agit-il de
changements dans la structure ? Dans la stratégie de l'entreprise ? Dans les processus de
décision ?...
Au fur et à mesure que l'interprétation fusionne et se conforme à l'intention de l'auteur, le
but deviendra plus précis. Une question précise ne signifie pas que le champ d'analyse qu'elle
implique est limité: l'objet peut exiger une longue expérience ou des recherches théoriques,
mais son expression est claire. Par conséquent, nous éviterons également les problèmes trop
longs ou déroutants, qui peuvent empêcher une compréhension claire du but et des intentions
du chercheur. Bref, l'objet de recherche étant le projet du chercheur et son fil conducteur,
l'expression doit être suffisamment clair pour remplir cette fonction.
Deuxièmement, les chercheurs ont des ressources initiales ou temporelles limitées et
doivent s'efforcer de se donner un objet relatif. Sinon, il risque de risquer beaucoup
d'informations théoriques et / ou empiriques (s'il a commencé le terrain) et éventuellement
devenir ingérable, ce qui rendra la définition de l'objet plus difficile. En d'autres termes, le but
de la recherche doit être réaliste et réalisable, c'est-à-dire: «En ce qui concerne les ressources
personnelles, matérielles et techniques, les gens peuvent immédiatement les considérer
comme nécessaires. Si le chercheur a des ressources en terme humaine et de temps, cette
dimension aura moins de soucis.7
Connaitre les présupposés que peut cacher son objet :
L'objet de la recherche porte une intention compréhensive et/ou explicative, ou prédictive
-les objectifs de la science-, et non moralisatrice ou philosophique.
L'influence des modes, des idéologies managériales et économiques sur le choix et la
conception d'un objet n'est également pas à négliger. Ainsi, la question « comment améliorer
l'apprentissage organisationnel ? », peut sous-tendre le postulat que l'apprentissage améliore
l'efficacité de l'organisation ou encore le bien-être de ses salariés.
7 :Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 68-69
10
Pourquoi supposer que les organisations doivent apprendre, qu'elles doivent disposer
d'une culture forte, que l'environnement change davantage qu'auparavant, que l'écoute et le
consensus favorisent le fonctionnement d'une organisation ? Ces postulats renvoient-ils à une
réalité ou sont-ils l'expression de nos valeurs et modes de pensée actuels, ces principes
remplaçant ceux de l'organisation scientifique du travail des années vingt. Silverman (1993)
appelle ici à exercer une sensibilité historique et politique, afin de détecter les intérêts et
motivations en deçà des objets que l'on se donne, mais aussi de comprendre comment et
pourquoi ces problèmes émergent.
Il s'agit dès lors d'interroger la relation complexe existant entre les processus de
construction de connaissance, les contextes (discursifs, théoriques, épistémiques, sociaux,
politiques...)
Cette réflexivité prendra des formes variées, en fonction de l'approche critique
qu'emprunte le chercheur : Explorer systématiquement, suivant ici Bourdieu (1997), les
catégories implicites sous-tendant une pensée et des pratiques collectives (dont celles de
recherche), pour dévoiler les mécanismes de reproduction et les rapports de pouvoir dont elles
participent (Golsorkhi et Huault, 2006) Analyser les contradictions et conséquences pratiques
en termes d'aliénation ou de prétention à la scientificité des pratiques et discours dominants
pour proposer d'autres formes de pratiques ou discours, suivant ici tout à la fois la tradition de
la critique sociale et le courant postmoderne (Alvesson et Skôldberg, 2000) Ou encore
apprécier l'influence de la subjectivité ou de l'intentionnalité du chercheur dans la construction
de l'objet de recherche, suivant là une démarche constructiviste (Maréchal, 2006b).
Indépendamment de sa sensibilité ainsi, le processus de construction de l'objet de
recherche appelle le chercheur, suivant ici Foucault (in Deleuze, 1986: 70), à « penser
autrement » que ce que nos pratiques de recherche nous donnent à voir et dire 8.
8 :Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod, Paris,2014, pages 70-
71
11
Conclusion :
12
Bibliographie :
Thietart , Raymond-Aain , méthode de recherche en management 4eme édition, Dunod,
Paris,2014, pages 656
Yvonne Giordano, Alain Jolibert, Spécifier l’objet de la recherche, HAL archives ouvert.fr,
pages 56.
13