Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
LITTÉRATURE
E-mail : sadiqikhalid@yahoo.fr
Tel : +2126 6 61 55 43 09
E-mail : mt.mohamedtalbi@gmail.com
Tel : +2126 67 02 20 00
Organisé par :
En partenariat avec :
Résumé :
Cette communication met l’accent en particulier sur le sujet de l’entrepreneuriat social au
Maroc. Ainsi l’entreprenariat social constitue un enjeu majeur et stratégique et un vecteur
principal dans toutes les politiques de développement économique et social (Davis, 2002 ;
(Brouard, 2007 ; Stevens, Moray et Bruneel, 2015 cité dans Hidalgo et al. , 2020). De plus
cette thématique de recherche est traitée d’avantage ces derniers années par la presse et les
médias, elle est devenue un sujet récurent et d’actualité, du moment où les chercheurs et les
preneurs de décisions lui accordent un plus grand intérêt. Ce qui nous incite à nous interroger
sur les facteurs qui peuvent faciliter le développement de ce secteur au Maroc.
En effet, l’objectif de ce papier était d’apporter des éclaircissements sur l’entrepreneuriat
social au Maroc, au moyen d’une revue de la littérature, et sur cette base, de clarifier la notion
de l’entrepreneuriat social et d’avancer des perspectives de recherche.
Pour rédiger le présent papier, nous allons procéder dans un premier temps à faire un balisage
conceptuel étendu pour apporter les éclaircissements nécessaires sur l’origine et l’historique
de ce phénomène tant dans la littérature entrepreneuriale que dans le contexte marocaine, à cet
effet une définition de la notion de l’entrepreneuriat social a été réalisée.
Ainsi, une recherche documentaire à travers une lecture synthétique de la littérature a été
effectuée, en nous appuyant sur des articles de revue, des communications de colloques, des
médias, des articles de presse, des thèses de doctorat, et des rapports d’études réalisées par
différents organismes opérants dans le domaine de l’entrepreneuriat.
Pour rédiger cette communication, nous avons structurés cette recherche en deux blocs
d’analyses : le premier bloc est dédié à l’élaboration du cadre conceptuel de recherche relatif à
notre sujet de cette communication en mettant l’accent principalement sur les origines et
l’émergence de l’ES et de clarifier cette notion à travers une revue de littérature. Dans le
deuxième bloc d’analyse nous mettrons en relief les facteurs facilitants le développement de
se véritable secteur au Maroc.
Mots clés :
Entrepreneuriat social, Economie Sociale et Solidaire (ESS), facteurs de développement,
promotion de l’entrepreneuriat.
INTRODUCTION :
Dans un souci d'analyse, il est apparu nécessaire de commencer par définir le concept de
l'entrepreneuriat social à travers une revue de littérature.
- Source : LAYADI, Hasna, ROUGGANI, Khalid, et AMINE, Nabil BOUAYAD. L’Entreprenariat social au
Maroc: définitions, enjeux et réalité. Revue Marocaine de la Prospective en Sciences de Gestion, no
2.
L’entrepreneuriat social, concept en construction, suscite un grand intérêt ces dernières années et fait l’objet de
plusieurs études et recherches.
Source : thèse de doctorat Entrepreneuriat Social: Une approche dynamique par le Business Model
(Français) Broché – 22 novembre 2018
Encourager les initiatives d’entrepreneuriat social fait partie des priorités de nos
gouvernements depuis un certain moment déjà (Commission européenne, 2003,
101-2). Plusieurs pays ont même mis en place des cadres juridiques spécifiquement
dédiés à ces initiatives. De nombreuses organisations de soutien et de promotion de
l’entrepreneuriat social ont vu le jour. Des fondations comme Ashoka, Avina,
Schwab et Skoll identifient les entrepreneurs sociaux afin de soutenir leurs activités
et leur développement. Ensemble, ces quatre fondations investissent plus de 75
millions de dollars par année (Spitzeck et Janssen, 2010). Les écoles de gestion les
mieux cotées du monde (Columbia, Harvard, New York University, Oxford,
Stanford...) offrent aujourd'hui des spécialisations en entrepreneuriat social dans
leurs programmes et organisent des conférences sur le sujet.
JANSSEN, Frank, BACQ, Sophie, et BROUARD, François. L’entrepreneuriat social: un thème pour la
recherche passée, présente et future. Revue internationale PME Économie et gestion de la petite et
moyenne entreprise, 2012, vol. 25, no 3-4, p. 17-44.
L’intérêt que le Maroc porte à l’entrepreneuriat social n’est pas nouveau puisque notre
contribution stratégique au développement du secteur date des années 1990. Première parmi les
organisations internationales, l’OCDE a commencé à explorer systématiquement le domaine et à
fournir une définition de « l’entreprise sociale ».
Comme le savent de bons spécialistes dans tous les domaines, le meilleur point de départ de toute
enquête sur un sujet est de définir ce que l'on entend par les termes utilisés. Dans ce cas, comment
définir l'entrepreneuriat social ?
Aujourd’hui, l’Etat marocain accorde un fort intérêt au rôle important que peut jouer
l’entrepreneuriat socialement responsable dans le développement économique et social de notre
pays. Plusieurs programmes de développement, de coopération, de financement et d’économie
sociale et solidaire ont été mis en place dont les différents intervenants concernés et l’INDH
contribuent à concrétiser les projets entrepreneuriaux sociaux, les assister, les accompagner et leur
assurer une bonne gouvernance et veiller à assurer leur pérennité.
EL YAMANI, Kaoutar, ROUGGANI, Khalid, et AMINE, Nabil BOUAYAD. L’entrepreneuriat social au
Maroc, un levier du développement durable: Etude de cas d’un Groupement d’Intérêt Économique
(GIE) Cactus Ait Baamrane. Revue Marocaine de la Prospective en Sciences de Gestion, no 2.
Depuis des siècles, les gens se livrent à des activités que nous regroupons aujourd'hui sous le terme
d'entrepreneuriat social : soigner les malades, nourrir les affamés, apprendre à lire aux
analphabètes, etc
Bill Drayton, le fondateur de l'organisation philanthropique Ashoka, est largement crédité d'avoir
inventé le terme "Social Entrepreneutship" en 1980. Cependant, c'est J.gregory dees qui, à la fin des
années 1990, a envisagé pour la première fois l'entreprenariat social comme une profession et un
domaine d'étude.
Il est donc clair que, si de nombreuses activités de l'entrepreneuriat social ont été menées au fil de
l'histoire, les efforts visant à leur donner une cohérence en tant que corpus de connaissances et de
pratiques sont assez récents - ce qui est passionnant dans la mesure où nous nous plongeons dans
quelque chose de très nouveau –
et tentons d'établir une définition pratique de ce dernier qui nous guidera dans notre quête de
compréhension.
Aujourd’hui, l’Etat marocain accorde un fort intérêt au rôle important que peut jouer
l’entrepreneuriat socialement responsable dans le développement économique et social de notre
pays. Plusieurs programmes de développement, de coopération, de financement et d’économie
sociale et solidaire ont été mis en place dont les différents intervenants concernés et l’INDH
contribuent à concrétiser les projets entrepreneuriaux sociaux, les assister, les accompagner et
leur assurer une bonne gouvernance et veiller à assurer leur pérennité.
L’entrepreneuriat social est une notion jeune qui a émergé dans les années 90 des deux côtés
de l’Atlantique (CODES1, 2007). Les travaux de (Steyart et Hjorth, 2006, cité dans Bennani
et Ghita, n-d) soulignent que la recherche sur le développement de l'entrepreneuriat social n’a
été menée, que durant les récentes années, par des chercheurs et des experts qui,
généralement, ne faisaient pas partie du domaine de l'entrepreneuriat. De même de nombreux
chercheurs confirment que cette thématique est généralement admise qu'en pratique, et que
l’entreprenariat social n'est pas un phénomène nouveau, son langage est peut-être nouveau et
sa formulation est relativement récente. (Dees, 1998 ; Janssen, et al. 2012 ; Barendsen et
Gardner, 2004).
A l’examen de la littérature sur ce sujet, nous avons constaté que les origines et les
conceptions de cette thématique de recherche ont été traitées sous deux approches (Le Velly,
2014) : une approche américaine qui met davantage l’accent sur la figure de l’entrepreneur, et
une approche européenne qui se focalise plutôt sur certaines spécificités de l’entreprise
sociale (Asli et Al., 2013).
Tandis que, dans la littérature francophone, ce champ de recherche n’a émergé qu’à partir des
années 90 (Anne-Claire, Thierry,2011), sous l’impulsion principalement de l’Italie qui a mis
en place, en 1991, d’un statut spécifique de "coopérative sociale", l’objectif étant de répondre
à des besoins non ou mal satisfaits par les services publiques.(Bennani et Ghita, n-d ; CODES,
2007, Asli et Al., 2013). Ces sujets de recherche ont pris une ampleur particulière dans les
années 2000(Anne-Claire, Thierry,2011).
Tout d’abord, l’accent sera mis en premier lieu sur le secteur de l’Economie Sociale et
Solidaire (ESS), qui constitue le véritable axe pour discuter le sujet de l’entrepreneuriat
social, du moment où les initiatives relevant de ce champs de recherche sont nées dans le dit
secteur, ces initiatives adoptant très souvent une forme juridique associative ou coopérative.
2
Muhammad Yunus (né le 28 juin 1940 à Chittagong) est un économiste et entrepreneur bangladais connu pour avoir fondé
la première institution de microcrédit, la Grameen Bank; ce qui lui valut le prix Nobel de la paix en 2006. Il est surnommé le
« banquier des pauvres ». Pour en savoir plus : https://fr.wikiquote.org/wiki/Muhammad_Yunus
3
La fondation Ashoka est une organisation internationale, sans but lucratif fondée en 1980 en Inde par Bill Drayton. Elle
propose un soutien aux entrepreneurs sociaux innovants dans le but d'augmenter leur impact sur la société et dans des
domaines comme l'éducation, la formation, la santé, la lutte contre les discriminations, la défense de l'environnement,
le développement durable, les Droits de l'homme, etc.
(Asmae Diani, n-d), de même la naissance et le développement de l'entrepreneuriat sociale
sont étroitement liées à l'essor du secteur de l'économie social (OECD ,2001). Puis en
deuxième lieu l’accent sera mis sur les caractéristiques et les conceptions traditionnelles de la
société marocaine qui constituent une composante primordiale pour discuter les origines et
l’émergence de l’entrepreneuriat social au Maroc.
Dans le même ordre d’idée, les coopératives étant considérées des structures clés de
l’économie sociale et solidaire, elles contribuent d’une manière significative au
développement économique et social de pays. Ainsi, dès l'indépendance, en 1956, le modèle
économique coopératif a constitué un choix stratégique pour le Maroc, en vue d'assurer une
mobilisation nationale pour la modernisation et le développement des secteurs traditionnels,
notamment l’agriculture (Ahrouch, 2013), de même le Maroc a reconnu l’importance des
coopératives et des associations en 1958, en l’occurrence des lois sur les associations et les
mutuelles furent promulguées en tant que cadre pour la prévoyance, l’entraide et la solidarité
nationales et celle des mutuelles en 1963.(MTF-GROUPE LE MATIN, 2018 ; (CESE,
2015). Ces mutuelles sont particulièrement présentes dans le domaine de la couverture
sociale, de la prévoyance et de la solidarité. Elles Ont commencé à prendre une forme
structurée et organisée au début des années 2000(CESE, 2015).Alors que, le champ
d’intervention historique du secteur associatif concernait principalement la résorption des
inégalités de revenu et d’accès aux besoins de première nécessité (alphabétisation,
microcrédit, insertion des handicapés et des enfants des rues, intégration de la femme, etc.), ils
s’est étendu à la sphère socio-économique, avec le développement local et la résorption des
déficits en infrastructures (électrification, adduction d’eau potable, désenclavement par la
construction de routes, de pistes, de ponts…), domaines jusque-là de la compétence de l’Etat4.
Dans la même période, précisément en 1963, il a été mis en place, une structure
administrative chargée de l’accompagnement des coopératives dans les domaines de la
formation et de l’information et d’appui juridique sous l’appellation de ‘’l’Office de
développement de la coopération’’ (ODCO ; www.odco.gov.ma), (Ahrouch, 2013). Cet
office a été restructuré en 1975 pour devenir une entreprise publique jouissant de la
4
Source : http://www.bsi-economics.org/images/articles/a196.pdf
personnalité morale et d’autonomie financière et administrative (Ahrouch, 2013 ; Ait
Haddout, 2003).
De ce qui précèdent, et en mettant en relief sur les principaux initiatives et stratégies prises
par l’Etat marocaine, On peut avancer que le secteur de l’économie sociale et solidaire a
occupé depuis les années 90, une place considérable dans les programmes de développement
économique et social. Ces derniers ont été renforcés, en 2005, par l’avènement de l’Initiative
Nationale de Développement Humain (INDH), fondée sur une approche participative qui met
les entreprises de l’ESS au centre du processus de développement humain. Ainsi, ce dispositif
avait comme objectif principal de participer au développement humain en traitant les enjeux
des coopératives, des associations et des mutuelles (De Miras, 2007 ; Achour et al. ,2018).
D’ailleurs la mise en place de cette initiative a ouvert un immense chantier et a été une grande
opportunité pour le développement du pays par la construction de supports et de structures
adaptées à l’économie sociale et solidaire (Khatibi, 1998, cité dans Achour et al. , 2018),.
Apres2005……………………………………………………………………………………………………………………………………………
………
Alors, un intérêt particulier s’est accordé à cette thématique au fils du temps, à la fois par les
pouvoirs publics et les chercheurs du monde académique, cet engouement autour de cette
thématique s’explique par l’importance de ce secteur dans le développement inclusif et
durable.
Toutefois, l’intérêt porté par la société marocaine pour l’économie solidaire n’est pas une
simple question de conjoncture ou un effet de mode. Il peut alors s’expliquer par une
dimension traditionnelle et cultuelle, de surcroit les exigences nées des mutations sociales et
économiques sous l’emprise de la mondialisation (Luttwak E-N, 1999 cité dans Adrdour et
al. ,2016), qui ont rendu le besoin des populations de s’organiser indispensable et urgent. En
fait, la société marocaine s’est caractérisée tôt dans l’histoire par des pratiques et un savoir-
faire de solidarité, de travail collectif et de mutualisation économiques, ancrés dans la culture
et les pratiques coutumiers marocains, même si ses pratiques ne sont pas connues sous le
terme « entreprenariat social » (Layadi et al., n-d), cependant une terminologie spécifique a
été utilisé à cet époque distinguant ces modes de participation collective selon les régions et
les activités, allant de la Touiza5, l’Agadir6 et l’Agoug7 au Chard8, à l’Ouziaa9 et les
Khattaras10…etc) (CESE, 2015), de même ces modes de solidarités était prédominants dans
les différentes régions du royaume notamment dans le milieu rural (MTF-GROUPE LE
MATIN, 2018).
5
La touiza est une organisation coutumière qu'adoptent les membres d'une communauté pour s'entraider pour la moisson, la
cueillette des olives, des dattes, etc. Elle est ponctuelle, car elle prend fin une fois le problème résolu, pour reprendre si
nécessaire. On en distingue deux catégories: la touiza d'intérêt collectif, décidée par la jmaâ en fonction des travaux d'intérêt
commun à toute la collectivité (ex.: construction et entretien des mosquées), et la touiza d'intérêt individuel, quand une
personne ou une famille demande l'aide de la communauté pour un travail (ex.: la couverture d'une maison) à la condition de
les nourrir. (Ahmed-Zaid et al., 2013)
6
L’Agadir est une forme de stockage collectif de denrées alimentaires, notamment les céréales et les fruits secs, s’appuie sur
des constructions de type dépôt traditionnel surveillé à tour de rôle par les membres de la collectivité ;
7
L’Agoug, en tant que forme d’organisation du partage des eaux d’irrigation, désigne la gestion de l’exploitation collective
de l’eau de surface ;
8
Le Chard est une pratique courante dans domaine de l’éducation et de la formation qui consiste à s’engager avec
l’enseignant du Coran (Fquih), dans le cadre d’une convention collective qui comprend la récompense des services du Fquih
par sa prise en charge totale (nourriture, logement,…) et lui conserver une part des récoltes de l’année ;
9
L’Ouziaa est une pratique qui permet l’accès à la consommation de viande moyennant l’achat en commun d’une bête en
vue de l’abattre et de la répartir de manière collective et équitable.
10
Les Khattaras est une forme de stockage des eaux souterraines en vue de leur exploitation collective ;
Pour mieux comprendre le phénomène de l’entrepreneuriat social et d’évoluer dans cette
thématique de recherche, une définition des concepts s’avère nécessaire. Dans ce sens
François (2007) confirme que la définition d’un concept est la première étape afin de bien
comprendre de quoi il s’agit. Toutefois dans cette communication nous ne citons pas une liste
exhaustive de toutes les définitions existantes dans la littérature entrepreneuriale, mais on
précèdera à faire un survol du concept en présentant quelques définitions fondatrices toute en
mettant l’accent sur les points communs et les caractéristiques entrantes dans la définition de
l’entrepreneuriat social et de tenter de donner une définition de ce champs de recherche dans
le contexte marocaine.
L’entrepreneuriat social est une thématique qui a soucié un intérêt croisant tant pour les
praticiens que pour les chercheurs. Cet intérêt justifié d’une part par l’importance que peut
jouer ce dernier dans le développement social et économique. et d’autre part, par le nombre
grandissant d’études consacrées à ce sujet, et de colloques/séminaires organisés par les
milieux universitaires ainsi que par le secteur public et privé.(OECD ,2001).
Il importe à ce stade de préciser que depuis le début des années 1980, de nombreuses
définitions de l'entrepreneuriat social et des entrepreneurs sociaux ont vu le jour. (Chauffat et
al. ,2013). Cependant il n’existe pas, à ce jour, de vocabulaire et d’acceptation uniformes du
concept (OECD/Union européenne, 2013). De plus plusieurs concepts comme
l’entrepreneuriat social, l’entrepreneur social, ou l’organisation entrepreneuriale sociale, voire
d’entreprise sociale, ont souvent été utilisées indifféremment dans la littérature pour exprimer
la même idée (Bacq et Janssen, 2011; Brouard et Larivet, 2010 ; Janssen, et al. ,2012).
Ces proliférations des définitions de cette notion s’expliquent par l'absence d'un paradigme
unificateur (Janssen, et al. ,2012). Dans la même perspective, de nombreux auteurs,
confirment qu’il n’existe pas de définition unanimement reconnue, ni universelle et admise et
ni claire de ce domaine (Anne-Claire, Thierry, 2011 ; Hemingway, 2005 cité dans Hicham
Khassal, 2018 ;OECD, 2001 ; Peredo et McLean, 2006), du moment où certains auteurs
utilisant le terme pour désigner exclusivement l’utilisation de logiques marchandes à des fins
d’utilité sociale, certaines d’autres comme l’association internationale Ashoka12 l’utilisant
pour qualifier les initiatives à finalité sociales prises par des entrepreneurs emblématiques,
initiateurs de changements systémiques, lorsque d’autres encore mettent en avant le caractère
fortement innovant des projets portés par ces entrepreneurs.
11
INJAZ Al-Maghrib est une Association Reconnue d'Utilité Publique, membre de Junior Achievement Worldwide, leader
mondial en matière d'éducation à l'entreprenariat. Ella a pour mission de révéler le potentiel des jeunes à travers
l'implication de l'entreprise dans l'enseignement public, Pour en savoir plus : http://injaz-morocco.org/notre-association/qui-
sommes-nous/
12
Ashoka est une association internationale, fondée par l’américain Bill Drayton, qui identifie, soutient et met en réseau des
entrepreneurs sociaux d’exception dans le monde entier. Pour en savoir plus : www.ashoka.org
Les différentes définitions fondatrices de la littérature sur le sujet de l’entrepreneuriat social
peuvent être se présenté comme suit.
13
OCDE-OECD :
L'Organisation de coopération et de développement économiques est une organisation internationale d'études économiques,
son objectif est de promouvoir des politiques publiques qui favorisent la prospérité, l’égalité des chances et le bien-être pour
tous, Pour en savoir plus : https://www.oecd.org/fr/
débrouillard ... dans la poursuite de son projet social.
(Guzmán et Trujillo, 2008) « L'entrepreneuriat social est un type spécifique d'entrepreneuriat qui cherche
des solutions aux problèmes sociaux à travers la construction, l'évaluation et
la réalisation d'opportunités qui permettent de générer de la valeur sociale
durable avec différents types d'organisations »
« L'entrepreneuriat social englobe les activités et les processus entrepris pour
découvrir, définir et exploiter les opportunités afin d'accroître la richesse
(Zahra et al., 2009) sociale en créant de nouvelles entreprises ou gérant des organisations
existantes de manière innovante».
[…] « Un entrepreneur social est un individu qui met ses qualités
entrepreneuriales au service de la résolution d'un problème sociétal à grande
Ashoka14 échelle. Quel que soit le domaine où il s'engage, l'entrepreneur social se
donne comme critère majeur de réussite l'ampleur de son impact sur la
société ».
« Une entreprise sociale, acteur de l'économie sociale, est une entreprise dont
le principal objectif est d’avoir une incidence sociale plutôt que de générer du
profit pour ses propriétaires ou ses partenaires. Elle opère sur le marché en
(COM,2011)
fournissant des biens et des services de façon entrepreneuriale et innovante et
elle utilise ses excédents principalement à des fins sociales. Elle est soumise à
une gestion responsable et transparente, notamment en associant ses
employés, ses clients et les parties prenantes concernées par ses activités
économiques »
(David Bornstein et Susan «L'entrepreneuriat social est un processus par lequel les citoyens construisent
Davis, 2012) ou transforment des institutions pour faire progresser les solutions aux
problèmes sociaux, tels que la pauvreté, la maladie, l'analphabétisme, la
destruction de l'environnement, les violations des droits de l'homme et la
corruption, afin de rendre la vie meilleure pour tous ».
« L'entrepreneuriat social peut être défini comme un entrepreneuriat qui vise
à fournir des solutions novatrices à des enjeux et des problèmes sociaux non
(Chauffat et al. ,2013) résolus. Par conséquent, il va souvent de pair avec des processus d'innovation
sociale qui ont pour but d'améliorer la vie des gens en soutenant les
changements sociaux». […] « l’entrepreneuriat social cherche à résoudre des
problèmes sociaux plutôt qu’à exploiter les opportunités du marché à des fins
lucratives, bien qu’il évolue dans le marché et soit assujetti à ses
contraintes ».
[…] « l'entrepreneuriat social est un processus par lequel des personnes
(Mendoza et al. ,2020) développent ou transforment des institutions, des systèmes ou des
gouvernements pour apporter des solutions aux problèmes sociaux et
environnementale ».
Source : nous même
Nous examinons l’ensemble des définitions citées dans le tableau au-dessus, on constate que
même si chaque auteurs définie l’entrepreneuriat social de sa propre façon, toutefois certains
points se répètent dans chacune d’entre elles notamment : le processus et activités ayants un
impact social ; la mission sociale qu’est principale ; La rentabilité économique est présente
mais elle n’est pas prédominante ; la recherche de solutions durables, Résoudre les problèmes
14
Définition du site : https://www.ashoka.org/fr/focus/lentrepreneuriat-social, consulté le 31/01/2020
sociaux ou répondre aux besoins sociaux et environnementaux (accès aux soins, énergies et
logement, éducation, chômage de longue durée, croissance verte, etc.), la création de la valeur
social, l’innovation sociale…etc.
Autrement dit, il existe des points communs et des caractéristiques qu’on peut qualifier de
fondamentale pour définir l’entrepreneuriat social. Ainsi un élément commun dans diverses
définitions de ce champ de recherche est de trouver des solutions aux problèmes sociaux. La
deuxième facette est la composante sociale, qui constitue l’élément central dans la définition
de l’entrepreneuriat social. De plus, sans la mission sociale, l’entrepreneuriat social ne peut
exister. D’ailleurs l’entrepreneuriat social et l’innovation sociale font partie intégrante de la
solution, puisque tous deux visent expressément à fournir des solutions novatrices à des
problèmes sociaux non résolus, plaçant ainsi la création de valeur sociale au cœur de leur
mission afin d’améliorer la vie et le bien-être des individus et des communautés.
CONCLUSION :
Si le concept d’entrepreneuriat social a pris son envol dans différents pays du monde, le
Maroc, lui aussi a pris conscience de l’importance de ce troisième secteur comme une
nouvelle façon d’entreprendre, propice à la création d’une dynamique économique et sociale
et au développement territorial et local.
- BENNANI, Ghita RTEL. Entrepreneuriat social: une problématique de concept. Revue Marocaine de
la Prospective en Sciences de Gestion, no 2.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
ACHOUR, Hafsa, et al. L'émergence d'une économie sociale et solidaire au Maroc à la
lumière des théories du troisième secteur. 2018.
ADRDOUR, Mohamed, OUDADA, Mohamed, et ELOUARDI, Abdelaziz. L'émergence d'une
économie solidaire au Maroc. le cas des Chiffonniers de la ville d'Ait Melloul.
AHMED-ZAID, M., TOUHAMI, Ak, et OUELHAZI, Z. L’économie Sociale et Solidaire au
Maghreb: quelles Réalités pour quel Avenir. éd IPEMED, novembre, 2013.
AHROUCH, Saïd. Les coopératives au Maroc: enjeux et évolutions. Revue internationale de
l'économie sociale: Recma, 2011, no 322, p. 23-26.
AIT HADDOUT, A. et JAOUAD, M. L’économie sociale au Maroc: approches méthodologiques
et acteurs en présence. Khrouz D, 2003.
Alvord, SH, Brown, LD et Letts, CW (2004). Entrepreneuriat social et transformation sociétale:
une étude exploratoire. Journal of Applied Behavioral Science , 40 (3), 260-
282. https://doi.org/10.1177/0021886304266847
Anne-Claire Pache, Thierry Sibieude, CAS EN ENTREPRENEURIAT SOCIAL, Collection :
Études de cas, Éditions EMS, 2011
ASLI, AMINA et SLITINE, ABDELALI EL IDRISSI. L’entrepreneuriat social au Maroc,
Perception et pistes de développement. Revue Marocaine de Recherche en Management et
Marketing, 2013, no 8.
Asmae DIANI, L'Entrepreneuriat Social au Maroc : État des lieux d'un secteur en quête de
reconnaissance
Austin, J., Stevenson, H., & Wei–Skillern, J. (2006). Social and Commercial Entrepreneurship:
Same, Different, or Both? Entrepreneurship Theory and Practice, 30(1), 1–22.
https://doi.org/10.1111/j.1540-6520.2006.00107.x
BACQ, Sophie et JANSSEN, Frank. The multiple faces of social entrepreneurship: A review of
definitional issues based on geographical and thematic criteria. Entrepreneurship & Regional
Development, 2011, vol. 23, no 5-6, p. 373-403.
BENNANI, Ghita RTEL. n-d « Entrepreneuriat social: une problématique de concept ». Revue
Marocaine de la Prospective en Sciences de Gestion, no 2.
Bornstein, D & David, S. (2012). Emprendedores sociales: lo que todos necesitan saber.,
Madrid: Debate.
BOSCHEE, Jerr. Some nonprofits are not only thinking about the unthinkable, they’re doing it
—running a profit. In : Across the Board, the Conference Board Magazine. 1995. p. 20-25.
BROUARD, Francois et LARIVET, Sophie. Essay of clarifications and definitions of the related
concepts of social enterprise, social entrepreneur and social entrepreneurship. Handbook of
research on social entrepreneurship, 2010, p. 29-56
Brouard, Francois, Social Entrepreneurship: Towards a Better Understanding of the Concept
(L'Entrepreneuriat Social, Mieux Connaitre Le Concept) (1er février 2007). Disponible sur
SSRN: https://ssrn.com/abstract=1326958 ou http://dx.doi.org/10.2139/ssrn.1326958
BROUARD, Francois. L'entrepreneuriat social, mieux connaître Ie concept. Sprott Letters,
2007, no 2007.
CESE (le Conseil Economique, Sociale et Environnemental), Rapport, « L’Economie Sociale
et Solidaire : un levier pour une croissance inclusive », 2015, téléchargeable à l’adresse
électronique: http://www.ces.ma/Documents/PDF/Auto-saisines/AS-19-2015-economie-
sociale-et-solidaire/Rapport-AS19-2015-VF.pdf
CHAUFFAUT, D., LENSING-HEBBEN, C., et NOYA, A. L’entrepreneuriat social en France:
réflexions et bonnes pratiques. 2013.
CODES (2007): « Pour une approche partagée de l’entrepreneuriat social et de son
développement », La note du Codès N° 1 téléchargeable à l’adresse électronique:
http://www.idies.org/public/fichiers%20joints/2007-03-01_note_codes_1.pdf
COM : Communication de la Commission au Parlement européen, au Conseil, au Comité
économique et social européen et au Comité des régions (2011) intitulée «Initiative pour
l’entrepreneuriat social — Construire un écosystème pour promouvoir les entreprises sociales
au cœur de l’économie et de l’innovation sociales», COM(2011) 682 final du 25 octobre 2011.
DAVIS, Susan M. Social entrepreneurship: Towards an entrepreneurial culture for social and
economic development. Available at SSRN 978868, 2002.
DE MIRAS, Claude. Initiative nationale pour le développement humain et économie solidaire
au Maroc pour un accès élargi à l'eau et à l'assainissement. Revue Tiers Monde, 2007, no 2,
p. 357-377.
DEES, J. Gregory. The meaning of “social entrepreneurship.” Comments and suggestions
contributed from the Social Entrepreneurship Founders Working Group. Durham, NC: Center
for the Advancement of Social Entrepreneurship, Fuqua School of Business, Duke University.
http://faculty. fuqua. duke. edu/centers/case/files/dees-SE. pdf, 1998.
DRAYTON, William. The citizen sector: Becoming as entrepreneurial and competitive as
business. California management review, 2002, vol. 44, no 3, p. 120-132.
FOWLER, Alan. NGDOs as a moment in history: beyond aid to social entrepreneurship or
civic innovation?. Third world quarterly, 2000, vol. 21, no 4, p. 637-654.
Guzmán Vásquez, A., & Trujillo Dávila, M. A. (2008). EMPRENDIMIENTO SOCIAL –
REVISIÓN DE LITERATURA. Estudios Gerenciales, 24(109), 105-126.
https://doi.org/10.1016/S0123-5923(08)70055-X
Hicham Khassal, Entrepreneuriat Social: Une approche dynamique par le Business Model
(Français) Broché – 22 novembre 2018, thèse de doctorat.
HIDALGO, Luis F., RIALP, Josep et URBANO, David. Existe-t-il vraiment des différences
entre l'entrepreneuriat social et commercial dans les pays en développement?: Une approche
institutionnelle. Dans: Handbook of Research on Smart Territories and Entrepreneurial
Ecosystems for Social Innovation and Sustainable Growth . IGI Global, 2020. p. 306-325.
ILBERT, Mme Hélène et ENSEIGNANT-CHERCHEUR, CIHEAM-IAMM., 2014, Contribution à
l’étude des enjeux et défis de l’entrepreneuriat social dans les pays en développement: cas du
Maroc.
JANSSEN, Frank, BACQ, Sophie, et BROUARD, François. L’entrepreneuriat social: un thème
pour la recherche passée, présente et future. Revue internationale PME Économie et gestion
de la petite et moyenne entreprise, 2012, vol. 25, no 3-4, p. 17-44.
LAYADI, Hasna, ROUGGANI, Khalid, et AMINE, Nabil BOUAYAD. L’Entreprenariat social au
Maroc: définitions, enjeux et réalité. Revue Marocaine de la Prospective en Sciences de
Gestion, no 2.
Le Velly, R. (2014). Entrepreneuriat social. Dans : Pierre-Marie Chauvin éd., Dictionnaire
sociologique de l’entrepreneuriat (pp. 191-203). Paris: Presses de Sciences Po.
LEADBEATER, Charles. The rise of the social entrepreneur. Demos, 1997.
MAIR, Johanna et MARTI, Ignasi. Social entrepreneurship research: A source of explanation,
prediction, and delight. Journal of world business, 2006, vol. 41, no 1, p. 36-44.
MENDOZA, Elizabeth Adriana Santamaria, ALVA, Elías Eduardo Gutiérrez, RAMOS, Octavio
Crisóforo Bernal, et al. Habilidades competitivas para el emprendimiento social en el Estado
de Mé xico. Revista de Desarrollo Sustentable, Negocios, Emprendimiento y Educación
RILDODS, 2020, no 04. téléchargeable à l’adresse électronique:
https://www.eumed.net/rev/rilcoDS/04/emprendimiento-social-mexico.html
MTF-GROUPE LE MATIN, « CAP-2022, Tous ensemble pour la promotion de l’Entrepreneuriat
Social au Maroc », Avril 2018, livre téléchargeable à l’adresse électronique:
https://mtf.ma/cap2022/
OCDE (1999), Les entreprises sociales, OCDE, Paris.
OECD (2001), Les entreprises sociales, OECD Publishing, Paris,
https://doi.org/10.1787/9789264282339-fr.
OECD/Union européenne (2013), Synthèse sur l’entrepreneuriat social - L’activité
entrepreneuriale en Europe, Luxembourg, téléchargeable à l’adresse électronique :
https://www.oecd.org/cfe/leed/Social%20entrepreneurship%20policy%20brief
%20FR_FINAL.pdf
PEREDO, Ana Maria et MCLEAN, Murdith. Social entrepreneurship: A critical review of the
concept. Journal of world business, 2006, vol. 41, no 1, p. 56-65.
ZAHRA, Shaker A., GEDAJLOVIC, Eric, NEUBAUM, Donald O., et al. A typology of social
entrepreneurs: Motives, search processes and ethical challenges. Journal of business
venturing, 2009, vol. 24, no 5, p. 519-532.
NDOUR, Mamour. L'évolution du business model de l'entreprise sociale, le cas des
entreprises des TIC: une étude comparative de cas France/Sénégal. 2017. Thèse de doctorat.
YUNUS, Muhammad. Pour une économie plus humaine. JC Lattès, 2011.
BORNSTEIN, David, TAUDIÈRE, Isabelle, et CLARINARD, Raymond. Comment changer le
monde: les entrepreneurs sociaux et le pouvoir des idées nouvelles. La découverte, 2005.
BARENDSEN, Lynn et GARDNER, Howard. Is the social entrepreneur a new type of leader?.
Leader to leader, 2004, vol. 2004, no 34, p. 43.
Injaz Al Maghrib, Guide de L’ENTREPRENEURIAT SOCIAL, UN NOUVEAU BUSINESS
MODEL, Un programme développé pour les villes de Fès, Meknès, Kénitra et Salé dans le
cadre du partenariat avec le MEP, Janvier 2016.