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Entrepreneuriat social : Challenges et perspectives pour le

Maroc
Qu’est-ce que l’entrepreneuriat social ?
 
Parmi les nombreuses définitions, l’entrepreneuriat social est une forme
d’entrepreneuriat dans le cadre duquel la recherche de bénéfice n’est plus un objectif,
mais plutôt un moyen pour aboutir un projet répondant à une problématique sociétale ou
d’intérêt général. Il s’écarte de la manière classique d’entreprendre car il ne vise pas la
réalisation d’un profit maximal mais accorde toute son importance à la valeur sociale
et/ou écologique d’une activité économique.
Les termes « entrepreneuriat social » et « entrepreneur social » ne sont apparus que
récemment, vers les années 1990. Il s’agit d’un mouvement de pensée qui a inspiré le
monde des affaires aux États-Unis, lorsque les entreprises œuvrant dans le domaine
social ont essayé de se rassembler. Le mouvement s’est ensuite répandu dans le
monde, et a révolutionné l’économie sociale de bon nombre de pays.

L’entrepreneuriat social au Maroc reste dérisoirement abordé avec des textes ne reflétant
pas la réalité du terrain malgré l’existence des lois régissant le secteur d’économie sociale
et solidaire, souligne le MCISE.

Réalisé en partenariat avec UNESCO Maghreb, le Moroccan Center for Innovation and
Social Entrepreneuship (MCISE) vient de publier un Policy Paper sur les enjeux et
perspectives de développement de l’entrepreneuriat social au Maroc, en Algérie et en
Tunisie.
Intitulée «Entrepreneuriat social au Maroc, Algérie et Tunisie : challenges et perspectives
post-Covid », cette publication a pour objectif d’analyser la capacité de résilience des
entrepreneurs sociaux face aux défis imposés par la pandémie au Maghreb. Une crise
qui a été à l’origine d’une mauvaise conjoncture qui a accentué les inégalités
économiques et sociales, et a également eu un effet désastreux sur toute une série de
secteurs, tel que la culture, le tourisme, l’hôtellerie, la restauration, le commerce non
alimentaire et l’enseignement. Face aux nouveaux enjeux sociétaux, énergétiques et
environnementaux liés à cette crise, ce Policy Paper estime que l’entrepreneuriat social
se voit indispensable plus que jamais.
Chronologie
Au Maroc, d’après les auteurs de ce Policy Paper, les premières prémisses de ce
secteur ont pris naissance au milieu des années 2000, notamment avec l’implémentation
d’Enactus. « L’adhésion des jeunes étudiants marocains à cette ONG a éveillé la fibre
entrepreneuriale chez eux, et ça a surtout confirmé leur orientation vers un secteur au
service de l’intérêt général », indique le Policy Paper. Et de poursuivre que plusieurs
événements notables ont marqué, à partir de 2010, la scène marocaine : implémentation
de la GSVC (Global Social Venture Competition), création du MCISE et du Centre
Marocain des Études et Recherches sur l’Entreprise Sociale (CMERES) en 2012, ainsi
que l’organisation de la première journée d’étude sur le thème d’entrepreneuriat social
au niveau national.
De même, l’année 2013 a été marquée par l’organisation des premiers colloques
scientifiques internationaux traitant des questions relatives à l’entrepreneuriat social.
L’année 2014, quant à elle, a connu la réalisation de la 1ère étude à l’échelle nationale
en partenariat avec le MCISE, Social Entreprise UK et la Banque Mondiale. L’année
2015 a vu aussi le lancement des incubateurs d’entreprises sociales : Dare Inc., Bidaya
et Impact Lab. « La dynamique a pris de la légitimité suite au discours royal du 20 août,
Sa Majesté le Roi Mohamed VI met en avant l’entreprise sociale en tant que mécanisme
de création d’emploi et l’une des solutions pour remédier au phénomène de fuite des
cerveaux, un fléau qui ne cesse de menacer le pays et ses jeunes en l’absence d’un
climat favorable à la vie active, à la promotion professionnelle, à l’innovation et à la
recherche scientifique »,relève-t-on dans ce Policy Paper.
Ensuite, le Maroc a fait en 2019 l’objet de deux projets internationaux d’études
comparatives. Le premier est le projet ICSEM, section Maroc. Il s’agit du plus grand
projet portant sur l’entrepreneuriat social et l’entreprise sociale dans le monde. Il consiste
en une étude comparative des modèles d’entreprises sociales dans plus de 50 pays. Il
s’est étalé sur la période 2013-2017, avec une extension jusqu’à 2019. Le second projet
en question, lancé en 2019, est MedUp qui couvre la région MENA et qui consiste en un
mapping des structures d’appui à l’entrepreneuriat social et un needs assessment
(évaluation des besoins) de ces dernières et des entrepreneurs sociaux.
Les défis d’ordre légal et réglementaire
Le Policy Paper s’est penché, par la suite, sur les principaux défis auxquels
l’entrepreneuriat social au Maroc est confronté. Ces enjeux sont, premièrement, d’ordre
légal et réglementaire. « L’absence d’un statut juridique clair qui représente fidèlement
l’entreprise sociale : une nouvelle ancienne entrave qui ne cesse de réapparaître en tête
de liste des défis relevés par les acteurs de l’entrepreneuriat sociaux », déplore le Policy
Paper, notant que l’entrepreneuriat social au Maroc reste dérisoirement abordé avec des
textes ne reflétant pas la réalité du terrain. Et ce, malgré l’existence des lois régissant le
secteur d’économie sociale et solidaire.
Autre entrave soulevée : le déphasage entre les lois et leurs applications. La
problématique relative à l’application des textes de lois en matière d’entrepreneuriat de
manière générale présente une réelle entrave pour les entrepreneurs sociaux plus
particulièrement, estime-t-on.
Les défis d’ordre financier et d’infrastructure
De même, l’entrepreneuriat social au Maroc est confronté à des défis d’ordre financier et
d’infrastructure. A ce sujet, la publication du MCISE relève quelques insuffisances qui
entravent le secteur à se développer. Il s’agit, entre autres, du manque de structures
d’investissement dans les secteurs vitaux, et de l’absence de mécanismes de
financement en période de crise.
Les défis d’ordre humain et culturel
Le secteur fait face également à des défis d’ordre humain et culturel. Le Policy Paper
soulève quelques enjeux. Le premier est que, pour l’entrepreneur social, tenir sa mission
est un vrai défi, particulièrement en présence de parties prenantes faiblement sensibles
et convaincues de la possibilité de résoudre les problématiques sociétales de manière
innovante et entrepreneuriale. Cette situation peut mener certains entrepreneurs à
dériver de leur mission de base pour présenter des business models satisfaisant les
exigences des bailleurs de fonds ou des structures d’appui en général, surtout dans un
contexte de crise marqué par des restrictions budgétaires.
Le second enjeu a trait au manque des success stories et des champions nationaux. «
Malgré l’existence d’entreprises sociales réussies, il s’avère qu’il manque énormément
de communication là-dessus, pour mettre réellement en valeur les cas de réussite au
niveau local et régional. La valorisation de ces cas permet de maintenir un bon niveau de
motivation en période de crise et cultive l’espoir chez les entrepreneurs sociaux en
difficultés ».
Le troisième enjeu est le manque de talents et d’expertise locale. Pour certains secteurs
de pointe, le Policy Paper note qu’il s’avère difficile de trouver les bons profils et la bonne
expertise locale. Ceci est généralement dû soit à la fuite de cerveaux vers des contextes
plus favorables sur le plan professionnel et scientifique, soit à la lenteur du
développement de ces secteurs dans les pays en question.
Pour pallier les difficultés vécues par les acteurs d’entrepreneuriat social dans les pays
du Maghreb, en général, et au Maroc, en particulier, et permettre ainsi une envolée du
secteur dans la région, l’étude propose de renforcer le plaidoyer pour un statut
spécifique aux entreprises sociales, de promouvoir l’éducation pour l’entrepreneuriat et
l’innovation sociale, et d’oeuvrer pour la démocratisation de l’accès aux financements…
Le Groupe LabelVie réaffirme son engagement et son soutien à l’emploi local et à
l’insertion sociale des populations en situation précaire avec le projet Moulat L’kheir.
En 2018, cette entreprise sociale, a été le fruit d’une initiative participative entre
McCain, le Groupe LabelVie, Agropros et Yozifood, et ce avec le soutien du Prix
Nobel de la paix Muhammad YUNUS Cette initiative ambitionnait la création d’une
activité économique prospère à fort impact social et durable pour des populations en
situation précaire.
Moulat L’kheir est une entreprise solidaire qui offre un emploi décent et des
formations à des ouvriers agricoles et des femmes sans ressources et sans terres
afin d’améliorer leurs conditions de vie. L’entreprise travaille en étroite collaboration
avec les ingénieurs et les techniciens agronomes de McCain et d’Agropros pour
assurer une production qui répond aux normes et standards en vigueur et superviser
le suivi quotidien des parcelles d’exploitation et des conditions de stockage.
Après deux années d’exploitation, ce sont près de 510 tonnes de pommes de terre
Moulat L’kheir qui ont été vendues dans les magasins du Groupe LabelVie et qui ont
permis de générer 860 000 dirhams de revenu, intégralement investi dans
l’amélioration des conditions de vie des ouvriers agricoles et des femmes de la
région.
Moulat L’Kheir a ainsi permis la création de cinq emplois directs permanents pour
des ouvriers agricoles et de leur garantir un revenu stable tout en bénéficiant de la
couverture sociale et des droits du travail. Et indirectement, près d’une vingtaine de
personnes et leurs familles ont été impactées positivement durant ces deux
dernières années.
L’entreprise sociale a également investi dans des équipements agricoles (masque
avec cartouche, bottes de sécurité et combinaisons spéciales….) en vue de garantir
la protection des ouvriers contre les risques liés à l’usage des produits
phytosanitaires entre autres.
Dès septembre 2020, et dans la continuité de son programme de réinsertion des
populations vulnérables, Moulat L’Kheir prévoit le recrutement et l’accompagnement
d’une dizaine de femmes de la zone rurale de Berrechid pour démarrer sa ligne de
production de frites fraiches. Les bénéfices de cette nouvelle initiative permettront
ensuite de financer la scolarisation des petites filles dans les campagnes et
d’améliorer davantage les conditions de vie de leurs familles.
Dorénavant en achetant un sachet de pomme de terre Moulat L’kheir, sachez que
vous soutenez un projet solidaire et participez à l’insertion sociale de personnes en
situation de précarité.

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