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Mémoire fin d’études

Présenté pour l’obtention de la licence en Sciences Economiques


Option : Gestion

Thème :

A la recherche de l’entrepreneuriat chez les


jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Réalise par :
- TILDI Fadma

Encadré par :
- M. OULMOUDNE Aaziz
Professeur de l’enseignement supérieur Université IBN ZOHR

Année universitaire : 2021/2022


NOM : TILDI
PRENOM : Fadma
CODE APPOGE : 19006148
« Chaque bonne réalisation, grande ou petite, connaît ses
périodes de corvées et de triomphes; un début, un combat
et une victoire »
Mahatma GANDHI
REMERCIEMENTS

Je souhaite adresser mes plus vifs remerciements à toutes les personnes qui m’ont apporté leur
aide et qui ont contribué à la réalisation de ce mémoire.

Tout d’abord mon encadrant monsieur OULMOUDNE Aaziz, pour sa disponibilité, ces orienta-
tions et ses précieux conseils sans lesquels ce travail ne verra pas le jour, qu’il trouve ici l’expres-
sion de ma gratitude.

Je n’oublie pas mes parents, mes frères et ma sœur pour leurs contributions, leur soutien et leur
patience.

Enfin je tiens aussi à remercier toute personne ayant contribué de près ou de loin, à l’aboutissement
de ce travail.
RESUME

Depuis quelques décennies, l’entrepreneuriat ne cesse de s’affirmer comme un phénomène incon-


tournable de notre époque. Il constitue un facteur clef de croissance, de restructuration et de déve-
loppement du tissu productif, d’innovation et créateur d’emplois.

C’est dans ce contexte que s’inscrit la volonté du Maroc de faire de l’entrepreneuriat une source
de vitalité économique de notre société. Néanmoins, la mise en regard de la situation actuelle, nous
laisse penser que certaines initiatives et mesures d’aide au financement et d’accompagnement, déjà
mises en place ; en vue de promouvoir l’entrepreneuriat, n'ont pas eu le succès espéré. Car la
volonté d’entreprendre à elle seule est insuffisante, dans la mesure où l’entrepreneuriat nécessite
tout un mélange subtil de compétences et de qualités dont doit disposer l’entrepreneur. Ainsi, il
s’avère nécessaire de former les jeunes au métier de chef d’entreprise.

Dans ce projet, nous tenterons dans un premier temps d’aborder théoriquement le concept de l’en-
trepreneuriat dans ses différentes formes et dans un deuxième temps, nous mettrons l’accent sur la
promotion de l’entrepreneuriat ainsi les programmes d’accompagnements qui favorisent éventuel-
lement l'émergence de la création d'entreprises chez les jeunes au Maroc. En troisième lieu nous
tenterons à travers cette recherche de mettre l’accent sur l’intention entrepreneuriale chez les étu-
diants de l’UIZ, ainsi à cerner le rôle joué par l’université (UIZ) en matière de développement de
l’entrepreneuriat chez les étudiants.

La question principale de notre recherche est de savoir : Quel est donc le rôle que l’université
marocaine pourra jouer dans la promotion de l’entrepreneuriat?

Notre recherche vise à donner certains éléments de réponse à notre problématique. Pour la cerner
de près, nous allons prendre un cas pratique à savoir l’Université IBN ZOHER, ceci dans le but
d’en tirer certaines conclusions et recommandations. En effet, pour répondre à notre problématique
nous comptons adopter une approche de recherche quantitatif (questionnaire).

Mots clés : Entrepreneuriat, Jeunes, Etudiants, Promotion, Université.


LISTE DES ABREVIATIONS

AE : Auto-Entrepreneur

ADS : Agence de Développement Social

ANAPEC : Agence Nationale de Promotion de l’Emploi et des Compétences.

CCIS : Chambre de Commerce, d’Industrie et Services

CDG : Caisse de Dépôt et de Gestion

CEED : Centre of Entrepreneurial and Executive Development.

CJD : Centre des Jeunes Dirigeants

CRI : Centre Régionale d’Investissement

FCE : Fondation Création d’Entreprises

GEM : Global Entrepreneurship Monitor

HCP : Haut-Commissariat au Plan

INDH : Incitative Nationale de Développement Humain

JCI : Jeune Chambre Internationale du Maroc

JLM : Jeunes Leaders Marocains

MCISE : Centre Marocain pour l’Innovation et l’Entrepreneuriat.

OCP : Office Chérifien du Phosphates

ODE : Observatoire de l’Entrepreneuriat

OMPIC : Office Marocain de la Propreté Industrielle et Commerciale.

ONDH : Observatoire National de Développement Humain

REM : Réseau Entreprendre Maroc


SOMMAIRE

REMERCIEMENTS ................................................................................................................................................... 1
RESUME ................................................................................................................................................................. 5
LISTE DES ABREVIATIONS ....................................................................................................................................... 6
SOMMAIRE ............................................................................................................................................................ 7
LISTE DE TABLEAUX................................................................................................................................................ 8
LISTE DE FIGURES ................................................................................................................................................... 8
INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................................... 9
PREMIERE PARTIE: CADRE CONCEPTUEL ............................................................................................................. 11
CHAPITRE I. ENTREPRENEURIAT DES JEUNES AU MAROC .................................................................................... 12
1. GENERALITES SUR L’ENTREPRENEURIAT ....................................................................................................................12
2. L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC : ..........................................................................................................................25
3. ENTREPRENEURIAT DES JEUNES :.............................................................................................................................34
CHAPITRE II. STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT AUX JEUNES ENTREPRENEURS CREATEURS D’ENTREPRISES AU
MAROC ................................................................................................................................................................ 45
1. LA STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT ET DU SOUTIEN AU JEUNE ENTREPRENEUR : L’EMERGENCE D’UNE NOUVELLE STRATEGIE EN
FAVEUR DU DEVELOPPEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT.......................................................................................................... 47
2. LA STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT ET L’APPROCHE ENTREPRENEURIALE : UNE RELATION SYNERGETIQUE A DES FINS
SOCIOECONOMIQUES : .................................................................................................................................................. 50

CHAPITRE III : LES PRINCIPAUX PROGRAMMES D’APPUI A LA CREATION DES ENTREPRISES PAR LES JEUNES AU
MAROC ................................................................................................................................................................ 53
1. CREDIT JEUNES PROMOTEURS ................................................................................................................................55
2. PROGRAMME MOUKAWALATI................................................................................................................................62
DEUXIEME PARTIE : L’ETUDE EMPIRIQUE............................................................................................................. 72
CHAPITRE IV : STATISTIQUE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE DES ETUDIANTS UNIVERSITAIRES AU MAROC :
CAS DE L’UNIVERSITE IBN ZOHER. ........................................................................................................................ 73
1. L’INTENTION ENTREPRENEURIALE : DE QUOI PARLE-T-ON ? ..........................................................................................73
2. L’UNIVERSITÉ AU SERVICE DE L’ENTREPRENEURIAT .....................................................................................................75
3. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE .........................................................................................................................78
4. RESULTATS DE LA RECHERCHE.................................................................................................................................80
5. DISCUSSION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ..................................................................................................89
CONCLUSION GENERALE ...................................................................................................................................... 92
BIBLIOGRAPHIE : .................................................................................................................................................. 94
TABLE DE MATIERE .............................................................................................................................................. 96
ANNEXES ............................................................................................................................................................. 98
LISTE DE TABLEAUX

TABLEAU 1 : LES DEUX TYPES D’ENTREPRENEURIAT ET SES CARACTERISTIQUES : ......................... 15


TABLEAU 2: QUELQUES DEFINITIONS DU CONCEPT « JEUNE ENTREPRENEUR » SELON LES ECOLES DE
PENSEE. ................................................................................................................................... 35
TABLEAU 3: PROGRAMME DE LA FORMATION ESPRIT ENTREPRENEURIAL POUR LES DOCTORANTS DE
L’UNIVERSITE MOHAMMED 5 : ........................................................................................... 37
TABLEAU 4: LISTE DE SERVICES OFFERTS AUX NOUVEAUX CREATEURS DE PROJET : ...................... 53
TABLEAU 5: PROGRAMMES DE PROMOTION DE L'ENTREPRENEURIAT AU MAROC : ........................ 54
TABLEAU 6: RESULTATS GLOBAUX DU PROGRAMME MOUKAWALATI DE 2007 A 2011.................. 66
TABLEAU 7 : REPARTITION DE L’ECHANTILLON PAR FILIERE ......................................................... 80
TABLEAU 8 : REPARTITION DE L’ECHANTILLON PAR NIVEAU D’ETUDES ........................................ 80
TABLEAU 9 : MOTIVATIONS A L’ENTREPRENEURIAT, SELON LE GENRE .......................................... 83
TABLEAU 10: MOTIVATIONS A L’ENTREPRENEURIAT, SELON LE DOMAINE DE FORMATION ............ 84
TABLEAU 11 : OBSTACLES A L'ENTREPRENEURIAT SELON LE GENRE.............................................. 86

LISTE DE FIGURES

FIGURE 1 PERIMETRE DE L’INTRAPRENEURIAT............................................................................... 16


FIGURE 2 : EVOLUTION DE LA CREATION D’ENTREPRISES ............................................................... 28
FIGURE 3: NOMBRE D’ENTREPRISES CREES PAR REGION (2012-2020) ............................................ 28
FIGURE 4 : EVOLUTION DU TAUX DE CHOMAGE DES JEUNES SELON LE DIPLOME 2016-2021 .......... 36
FIGURE 5: EVOLUTION DES ENTREPRISES ET EMPLOIS CREES DANS LE CADRE DU PROGRAMME
MOUKAWALATI DE 2007 A 2011 ............................................................................................ 68
FIGURE 6: LES COMPOSANTES NECESSAIRES POUR FAVORISER L’ENTREPRENEURIAT .................... 78
FIGURE 7 : RESULTATS RELATIFS A L’INTENTION ENTREPRENEURIAL ............................................. 81
FIGURE 8 : ...................................................................................................................................... 85
FIGURE 9: RESULTAT RELATIVE A LES CONNAISSANCES ENTREPRENEURIALES .............................. 87
FIGURE 10: RESULTATS RELATIFS AU ROLE DE L’UNIVERSITE DANS LE DEVELOPPEMENT DE
L’ESPRIT ENTREPRENEURIAL CHEZ LES ETUDIANTS. ................................................................ 88
FIGURE 11 : RESULTATS RELATIFS AU ROLE DE L’UNIVERSITE DANS LE DEVELOPPEMENT DE
L’ESPRIT ENTREPRENEURIAL CHEZ LES ETUDIANTS. ................................................................ 88
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

INTRODUCTION GENERALE

« Nous transmettons à la jeunesse marocaine les


clés de l’esprit entrepreneurial et de l’innovation
pour un développement durable et inclusif »

Extrait de l’Entretien de Dr Majid Kaissar El Ghaib, président d’Enactus Morocco

Face au douloureux et complexe problème du chômage des jeunes dans le royaume, l’entreprena-

riat semble représenter la solution la plus directe et la plus durable. En ce début de décennie 2020,

suite aux nombreux appels du souverain, l’heure est à l’action, pour l’élaboration d’un nouveau

modèle de développement économique et social, qui met la jeunesse au cœur de ses orientations

stratégiques.

Il convient de souligner que le Maroc depuis des années a mis l’entrepreneuriat au centre de ses

préoccupations, en voulant en faire un moyen d’insertion professionnelle des jeunes.

A cet effet, plusieurs programmes de soutien à l'entrepreneuriat, et beaucoup d’initiatives d’aide

au financement, et d’accompagnement pour encourage l’entrepreneuriat, ont été lancées durant ces

dernières années. L’objectif étant de faciliter les démarches administratives et l’accès au finance-

ment, et d’assouplir également le cadre fiscal.

En revanche, on constate que la plupart de ces mesures incitatives pour l’entrepreneuriat n’ont pas

enregistré les résultats attendus. Car, il ne suffit pas seulement d’avoir l’idée de projet, et d’avoir

accès au financement ; mais, le métier de chef d’entreprise nécessite de nombreuses compétences

que ce dernier doit avoir pour mener à bien son entreprise. C’est un métier qui s’apprend aussi à

l’école ou à l’université. Autrement dit, il est important de passer par la case formation afin de se

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

préparer à l’entrepreneuriat. Comme le définit Drucker (1985), « l'entrepreneuriat, c'est une disci-

pline et, comme toute discipline, elle peut être apprise ». D’où le rôle de l’Université de faire

découvrir les prémices de cet univers aux étudiants.

Vu l’impact important de la formation dans l’entrepreneuriat, le challenge à relever par celle-ci,

serait donc comment réussir à former les étudiants au métier d’entrepreneur.

L'objectif du présent projet consiste à analyser le rôle de l’Université en matière de développement

de l’entrepreneuriat chez les étudiants. C’est dans ce contexte que s’inscrit notre travail de re-

cherche. Ainsi, notre problématique a permis la formulation de la question centrale suivante : En

quoi consiste le rôle de l’Université en matière de développement de l’entrepreneuriat chez les

étudiants ?

Vu l’impact important de la formation dans l’entrepreneuriat, le challenge à relever par celle-ci,

serait donc comment réussir à former les étudiants au métier d’entrepreneur. L'objectif du présent

article consiste à analyser le rôle de l’Université en matière de développement de l’entrepreneuriat

chez les étudiants

C’est dans ce contexte que s’inscrit notre travail de recherche. Ainsi, notre problématique a permis

la formulation de la question centrale suivante : « En quoi consiste le rôle de l’Université (UIZ) en

matière de développement de l’entrepreneuriat chez les étudiants ? »

Pour répondre à notre question, nous allons mettre l’accent sur un survol de la revue de littérature.

Ensuite, nous allons poser un regard sur le rôle de l’Université dans le développement de l’entre-

preneuriat chez les étudiants, à travers une étude empirique. Les résultats obtenus à la lumière de

notre étude seront présentés et discutés, pour enfin, en tirer des recommandations.

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

PREMIERE PARTIE: CADRE CONCEPTUEL

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

CHAPITRE I. ENTREPRENEURIAT DES JEUNES AU MAROC


Avant d’exposer les données sur l’entrepreneuriat des jeunes au Maroc, il est utile de revenir sur

le ce concept en vue de le présenter et le cerner. Le premier constat que l’on peut dresser de l’ana-

lyse de la littérature est que le concept d’entrepreneuriat est apprécié de différentes manières par

les chercheurs (Block et al.2015). A cet effet, on peut identifier une série de définitions qui varient

selon les contextes d’étude.

1. Généralités sur l’entrepreneuriat

a. L’entrepreneuriat : Eléments de définition

L'entrepreneuriat est avant tout une pratique, et cet aspect est très évident car il y a des entrepre-

neurs qui illustrent la réalité économique de ce phénomène. C'est alors une matière enseignée qui

réussit peu à peu à se positionner comme un phénomène puis un domaine d'étude. L’entrepreneu-

riat est passé, tout comme la gestion, d’un projet éducatif à un projet scientifique (Verstraete,

2002).

Un champ qui a réussi à assoir une « légitimité » scientifique (Saporata, 2003) à travers la perti-

nence des questions auxquelles il s’est attaqué, mais aussi les protocoles de réponses adoptés.

Comme l’attestent Shane et Venkataraman (2000) qui définissent l’entrepreneuriat comme : «

l’étude scientifique du comment, par qui et avec quels effets, les opportunités de création de nou-

veaux produits et services sont détectées, évaluées et exploitées. ». Les difficultés de construction

d’une théorie sont essentiellement imputables à la définition du champ, mais aussi à la nature du

phénomène lui-même. Sur le premier point, la plupart des chercheurs ont leur propre définition

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

sans qu’un consensus ne parvienne à s’établir. Ce désaccord est concrétisé par un questionnement

ciblé de Verstraete (2001), sur la nature de l’étude de l’entrepreneuriat : est-il un objet, une notion,

un concept, un champ ou un domaine de recherche ? « Il est difficile de répondre puisque selon la

position du chercheur, l’entrepreneuriat peut correspondre à une ou à plusieurs terminologies ».

Sur le deuxième point, la grande insuffisance réside dans la production de modèles testables qui

regroupent un maximum de variables, qui expliquent ou prédisent le phénomène pour construire

une théorie de l’entrepreneuriat. Sachant que ce champ s’articule autour d’une analyse à 4 niveaux

: l’individu (l’acteur), l’entreprise (l’organisation émergente), un ou des environnements, et enfin,

un processus (Bruyat, 1993). Il correspond ainsi à l’analyse d’un phénomène complexe tel que le

définit Le Moigne (1990), c'est-à-dire un phénomène dont les représentations sont perçues « irré-

ductibles à un modèle fini, aussi compliqué, stochastique, sophistiqué que soit ce modèle, quelle

que soit sa taille, le nombre des composants, l’intensité des interactions… ».

Mais malgré l’absence d’une définition, le champ de l’entrepreneuriat se distingue nettement de

certains concepts qui lui sont proches, à savoir la création de l’entreprise, intrapreneuriat et les

stratégies entrepreneuriales.

b. L’entrepreneuriat et la création d’entreprise :

« Lorsqu’on évoque le champ de l’entrepreneuriat, l’expression « création d’entreprise » suit ins-

tantanément, comme si cette modalité de devenir entrepreneur ne possédait pas d’alternative »

(Paturel, 2000). Emin (2003) estime qu’il y a un certain consensus autour de l’idée que l’entrepre-

neuriat est associé à la création d’une nouvelle entreprise. Cependant, identifier l’entrepreneuriat

peut faire une exclusion des autres aspects. Que dit- on, alors, de l’intrapreneuriat, de la reprise de

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

l’entreprise par un particulier ?, etc. Il semble donc que d’autres éléments entrent en ligne de

compte pour distinguer ce qui est entrepreneurial de ce qui ne l’est pas. Pour Tounes (2003), l’en-

trepreneuriat peut s’exprimer sous diverses formes telles que l’intrapreneuriat, l’essaimage, la fran-

chise ou la filialisation. Cependant, la création de l’entreprise constitue la manifestation la plus

visible du phénomène entrepreneurial. Il existe deux logiques complémentaires expliquant les mo-

tivations des créateurs d’entreprises : l’entrepreneuriat par opportunité et l’entrepreneuriat par né-

cessité. L’entrepreneuriat par opportunité rejoint les motivations traditionnelles des créateurs (in-

dépendance, réalisation de soi, etc.). L’entrepreneuriat par nécessité concerne les personnes qui

envisagent la création d’entreprise car elles n’arrivent pas à trouver d’autres possibilités d’emploi.

Cela peut être un objectif de réinsertion sociale pour les demandeurs d’emploi et/ou un moyen

d’accéder à une activité en se créant son propre emploi.

Souvent la création d’entreprise est associée à la création d’emplois. Il est à noter que la création

de l’entreprise et surtout à son démarrage ne s’associe pas forcément avec la création de l’emploi.

Le tableau 1 revient sur les principales caractéristiques des deux types d’entrepreneuriat.

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Tableau 1 : les deux types d’entrepreneuriat et ses caractéristiques :

Entrepreneuriat de nécessité Entrepreneuriat d’opportunité

- Coût d’opportunité faible - Coût d’opportunité élevé


- Sortir du chômage - Autonomie
- Insatisfaction - Désir d’être son propre chef
- Reconnaissance sociale - Découverte d’une opportunité de marché
- Contrainte familiale - Indépendance
- Absence d’alternative - Profit
- Divorce - Création d’emploi
- Insécurité d’emploi - Innovation
- Faible création d’emploi - Rentabilité
- Innovation limitée - Croissance
- Faible rentabilité de l’entreprise - Exportation
- Non intention de croissance

c. Intrapreneuriat

L’intrapreneuriat est vient du mot intrapreneur, de ce fait nous avons le définir et par la suite nous

avons revenir à la définition de l’intrapreneuriat.

« L’intrapreneur est le membre d’une grande entreprise qui, en accord avec elle et tout en restant

salarié de son entreprise, possède un projet viable intéressant l’entreprise et qu’il peut réaliser en

son sein. Il est celui qui transforme une idée en activité rentable au sein d’une organisation. »

« L’intrapreneuriat est un processus qui se produit à l’intérieur d’une firme existante, indépendant

de sa taille et qui ne mène pas seulement à de nouvelles entreprises, mais aussi à d’autres activités

et orientations innovatrice, tels que le développement de nouveaux produits, services, technolo-

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

gies, techniques administratives, stratégies et postures compétitives. ». Elle se distingue de l'entre-

preneuriat indépendant. L’intrapreneuriat présente différentes facettes selon la forme d’innovation

poursuivie comme le montre le schéma suivant :

Entrepreneuriat

Entrepreneuriat
Intrapreneuriat
indépendant

Renouveau corporate
Innovation
stratégique venturing

Externel
corporate
venturing

Internal
corporate
venturing
Figure 1 Périmètre de l’intrapreneuriat

d. L’entrepreneuriat et les stratégies entrepreneuriales

En s’inscrivant dans le processus de la destruction créatrice, une firme prend un avantage en posant

les règles du jeu par l’innovation. Elle construit son chemin plutôt que d’emprunter celui tracé par

les autres. On peut voir la stratégie entrepreneuriale comme le désir marqué de l’entité ou de ceux

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

qui la gouvernent de déployer des attitudes relevant du comportement que l’on prête aux entrepre-

neurs, ce qui les conduit à remplacer l’initiateur de l’organisation par un autre. (Verstraete, 2002).

En conclusion, nous constatons l’absence d’une définition ultime de l’entrepreneuriat, comme le

confirme Verstraete (2001) « A ce jour, on ne peut pas augurer d’un prochain consensus s’agissant

d’une définition de l’entrepreneuriat (comme on ne peut pas croire en une définition de la firme,

ou bien d’autres objets ou champs de recherche, quelle que soit la discipline d’ailleurs). La com-

plexité du phénomène entrepreneurial et la diversité de ses manifestations expliquent sans doute

que toute définition réduit, voire ampute, l’appréhension des formes qu’il revêt ». Mais, nous af-

firmons l’existence de différentes acceptations et approches qui répondent à des problématiques

bien précises et pertinentes pour le développement de ce champ de recherche. Nous allons exposer

succinctement ces travaux dans le point suivant, après avoir fait le point sur la centralité de l’en-

trepreneur.

e. Entrepreneur :

La spécificité de l’entrepreneuriat réside dans la centralité de l’entrepreneur. On peut raisonna-

blement admettre que le phénomène entrepreneurial est impulsé par l’entrepreneur. Ainsi, Gartner

(1988) affirme que la définition de l’entrepreneuriat passe nécessairement par la définition de l’en-

trepreneur. Schumpeter (1935) a défini l’entrepreneur comme celui qui introduit et conduit l’inno-

vation, c’est celui qui exécute de nouvelles combinaisons. L’entrepreneur réalise « quelque chose

d’autre que ce qu’il accomplit par la conduite habituelle » (p.116). Il possède un « coup d’œil »

particulier et sait agir en dehors « de la routine » ; il ne suit pas le chemin, il le construit ; il ne suit

pas un plan, il l’élabore. Il apporte du nouveau qu’il n’est facile d’imposer. L’entrepreneur doit «

deviner » et faire preuve de créativité. Jusqu’à la fin de la décennie 1950, la théorie économique a

adopté l’idéologie de l’entrepreneur, qui le considère en tant que moteur de l’activité économique

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

afin de fournir une explication générale du fonctionnement de l’économie de marché. A partir des

années 60, la définition de l’entrepreneur a échappé au cadrage purement économique pour un

cadrage interdisciplinaire. On a commencé à s’intéresser à l’entrepreneur en tant que personne, à

ses comportements, ses actes et à ses traits psychologiques.

Ainsi, apparaissent des définitions comme celle de Drucker (1985) qui estime que l’entrepreneur

est quelqu’un qui cherche le changement, et l’exploite comme une opportunité. Bygrave et Hofer

(1991) rejoignent cette idée « d’opportunité » 13, ils définissent l’entrepreneur comme quelqu’un

qui perçoit une opportunité et crée une organisation pour l’exploiter. Selon l’école autrichienne

(citée par Verstraete, 2002), la fonction d’entrepreneur peut être scindée en deux contenus dis-

tincts. D’abord, la vigilance, ce qui permet de découvrir des informations et des opportunités de

profit, mais qui n’implique pas la prise de risque en tant que telle, ensuite, l’exploitation de l’op-

portunité découverte, qui provoque une prise de risque et des investissements de ressources. (Syn-

thèse réalisée par Bonardi,1998). Pour Bruyat (1993), « les entrepreneurs sont ceux qui ont un rôle

majeur dans l’innovation, ceux sans lesquels rien ne serait arrivé, quelles que soient les circons-

tances ou les organisations concernées » (p. :68). Hernandez (2001) voit que « l’entrepreneur est

l’initiateur d’un processus complexe ».

Toutes les définitions citées ci-dessus mettent en relief le rôle prépondérant de l’entrepreneur

comme un activateur d’un processus complexe, au sein des environnements différents et conver-

gents, ce qui fait allusion à la multi-dimensionnalité du phénomène étudié.

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

 L’approche par les caractéristiques individuelles (l'approche par les traits):


Les premières recherches en entrepreneuriat se sont focalisées essentiellement sur le créateur et,

plus particulièrement, ses traits de personnalité. Ainsi, elles se sont concentrées sur le volet psy-

chologique de l’individu, en essayant de répondre à différentes questions. Telles que : « pourquoi

dans des circonstances similaires certains individus décidaient de lancer leur propre entreprise

alors que d'autres ne le faisaient pas? » ou « être entrepreneur relève-t-il de l’inné ou de l’acquis ?

» (Gartner et al., 1989). La personnalité du créateur, ses origines, sa formation, son sexe, etc., ont

donné lieu à de multiples recherches.

Les critiques soulevées à l'égard de cette école de pensée ont été nombreuses et virulentes. Les

détracteurs de l'approche par les traits ("trait approach") soulignent à juste titre que plusieurs indi-

vidus possédant des traits de personnalité similaires à ceux de l'entrepreneur-type n'ont pas choisi

la voie entrepreneuriale et ont plutôt opté pour d'autres carrières. Toutes les recherches sur l’ap-

proche par les traits ont été remises en cause, et à ce jour aucun chercheur n’a encore trouvé le

critère discriminant entre créateur et non créateur. Ces recherches se caractérisent par leur ap-

proche unidimensionnelle du phénomène entrepreneurial, l’étude de la personnalité du créateur et

elle seule.

 L’approche contextuelle (l'approche environnementale ou par les faits) :


L'approche par les traits ignore le rôle que peut jouer dans la création d'entreprises l'environnement

dans lequel évoluent les entrepreneurs. Il est donc fait abstraction de plusieurs événements qui sont

de nature à agir comme catalyseur ou inhibiteur de la décision de créer une entreprise. Naturelle-

ment, les individus ne vivent pas en vase clos : le milieu dans lequel une personne grandit et évolue

est lui aussi susceptible d'influencer son cheminement de carrière. On peut ainsi penser à

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

l'influence de l'exemple d'un parent en affaires ou celle d'un milieu culturel valorisant la carrière

entrepreneuriale ou simplement le fait d'avoir acquis une expérience de travail pertinente (Cooper

et Dunkelberg, 1981; Dana, 1993 cité par Audet). Bien qu'offrant une perspective intéressante,

l’école contextuelle (environnementale) n'explique pas pour autant pourquoi des individus œuvrant

dans des environnements similaires et faisant face à des situations semblables réagiront différem-

ment, l'un décidant de fonder une entreprise et l'autre pas.

 L’approche interactionniste
Entre l’entrepreneur et l’environnement, prennent place les recherches sur l’organisation émer-

gente. Elles concernent différents aspects mais, globalement, elles sont relatives à la pratique de

l’entrepreneuriat, qu’il s’agisse de mettre en place la configuration nécessaire à la réalisation des

métiers et missions de l’entreprise ou de l’entrepreneur et de son organisation vis-à-vis des parties

prenantes et concurrentes à son projet d’entreprendre.

Cette approche souligne que les comportements ne résultent pas de déterminisme individuel ou

bien contextuel, mais d’une intention stratégique de l’acteur. Cette dernière n’exclut ni les déter-

minismes de type individuel, ni ceux de l’environnement global avec ses différents systèmes (so-

cio-politique, socioculturel…). Elle se fonde sur l’analyse stratégique rénovée (Bernoux, 1990 ;

Amblard et al., 1996) et mobilise le concept interactionniste du point de vue des théories sociolo-

giques et professionnelles environnantes (Fayolle 2001). L’entrepreneur est vu comme quelqu’un

qui raisonne, qui calcule, évalue les moyens à mobiliser et à mettre en œuvre pour atteindre une

fin. C’est cette démarche consciente qui expliquerait son action et, en particulier, ses comporte-

ments professionnels. Or, cet « acteur » n’existe pas indépendamment de la situation à laquelle il

est confronté, les logiques pouvant évoluer en fonction des actions envisagées et non être définies

à partir des acteurs pris en eux-mêmes (Bernoux, 1990). Dans cette perspective, l’entrepreneuriat

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

est vu sous l’angle d’une rencontre entre un acteur, saisi dans toutes ses dimensions sociales et une

situation mise en forme par le poids des institutions, des normes, des structures, des rapports de

pouvoir et par certaines caractéristiques de l’environnement. (Amblard et al. 1996).

 L’approche centrée sur le processus


La reconnaissance, même tardive, du caractère complexe et multidimensionnel de l’entrepreneu-

riat a inauguré l’ère de l’approche sur les processus entrepreneuriaux (Gartner, 1985 ; Bruyat et

Julien, 2001). La diversité des entrepreneurs et de leurs projets d’entreprise a mobilisé plus d’un

chercheur, dans l’étude du processus entrepreneurial. Les modèles basés sur une analyse proces-

suelle (annexe 2) s’appuient sur des approches descriptives et comportementales en les intégrant

dans une optique temporelle complexe pour expliquer la dynamique entrepreneuriale. Pour Her-

nandez (1999) : « L’approche en termes de processus de l’entrepreneuriat fait, essentiellement

référence à des termes issus de la théorie des organisations : d’une part, l’Organisational Behavior

et, d’autre part, la notion d’Organisationnel Emergence ».

Ainsi l’entrepreneuriat est étudié en termes de décision de création ou d’action entrepreneuriale en

général et de comportement entrepreneurial. Les différents travaux sur le processus entrepreneurial

ont fait apparaître différents modèles et différentes manières de voir ce processus par les cher-

cheurs. Ainsi, on cite les travaux notables de Shapero (1975) et de Shapero et Sokol (1982), By-

grave (1989), Bruyat (1993), Hernandez (1999) Un prolongement phare de cette approche est «

l’émergence organisationnelle » (Gartner, 1985, 1988, 1990, 1993) ou « l’impulsion d’une orga-

nisation » (Verstraete, 2000, 2006). C’est un paradigme qui considère l’organisation à la fois

comme un moyen et comme un résultat du processus entrepreneurial. D’ailleurs Verstratete (2000

:29) atteste que « l’entrepreneuriat est vu comme un phénomène complexe et comme un type par-

ticulier d’organisation impulsé par un entrepreneur qui agit pour tenter de concrétiser au sein de la

21
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

structure dans laquelle il baigne, la visions qu’il se fait de cette organisation. Il s’efforce de rendre

conforme à la représentation qu’il s’en fait ». Dans cette optique, étudier l’entrepreneuriat revient

à étudier la naissance de nouvelles organisations et l’ensemble des actions, décisions, réflexions,

pensées nécessaires à l’impulsion d’une nouvelle organisation, que ça soit en création ex-nihilo ou

reprise.

 L’approche par l’opportunité


A travers leur article publié en 2000, à l’Academy of Management Review , Shane et Venkata-

raman, ont jeté les jalons d’un nouveau paradigme appelé le paradigme de l’opportunité. Ils con-

sidèrent que le champ de l’entrepreneuriat implique l’étude des sources d’opportunités, du proces-

sus d’identification, d’évaluation, et d’exploitation des opportunités ainsi que l’étude des groupes

d’individus qui découvrent, évaluent et exploitent ces opportunités (Chelly, 2006 :12). Les auteurs

s’inscrivent dans le paradigme en tentant d’y intégrer, à la fois une approche processuelle (décou-

verte, évaluation et exploitation de l’opportunité) et des individus (découvreurs, évaluateurs, et

exploiteurs) (Verstraete et Fayolle, 2005 :34). Un processus qui ne débouche pas forcément sur la

création d’une nouvelle organisation, d’où le débat sur l’objectivité et la subjectivité des opportu-

nités. L’objectivité renvoie à l’existence de l’opportunité dans l’environnement de l’entrepre-

neur et que ce dernier fait l’effort de l’interprétation des données pour en faire une opportunité. La

seconde logique est plutôt constructiviste et fait appel aux capacités cognitives et conatives de

l’individu, pour faire émerger l’opportunité et en tirer profit. Il est judicieux de distinguer l’oppor-

tunité entrepreneuriale de l’opportunité de profit (Messghem 2006) ; d’ailleurs Sarrouy-Watkins

(2014) souligne que l'opportunité est un concept bidimensionnel (le marché et la firme) intégrant

trois différentes visions économiques du marché (une allocation de ressources, un processus de

découverte, un processus de création). Plusieurs scientifiques ont considéré que cette approche est

22
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

d’une grande utilité dans la délimitation du champ de l’entrepreneuriat et qu’elle représente un

grand pas vers sa légitimité scientifique (Gartner ,2001 ; Verstarete et Saporta, 2006).

 L’approche effectuale
Considérée comme prolongement sophistiqué du paradigme de l’opportunité, l’effectuation a ou-

vert la voie pour un nouveau paradigme de l’entrepreneuriat (Sarrouy-Watkins et Hernandez,

2014). Au début des années 2000, Sarasvathy développe ce paradigme qui apporte un nouvel éclai-

rage de l’action entrepreneuriale dans des environnements caractérisés par l’incertitude. L’auteure

rejette le raisonnement causal (définition de problème, étude de solutions et actions), au profit d’un

raisonnement effectual où l’entrepreneur ne suit pas de choix prédéterminé, mais il construit et

découvre de nouvelles réalités qu’il lui était impossible d’envisager a priori. D’ailleurs, cette lo-

gique s’appuie sur 5 principes fondateurs (Sarasvathy 2001, 2008) :

1. L’entrepreneur conduit l'action entrepreneuriale en fonction des ressources disponibles.

2. L’entrepreneur exploite les contraintes pour les transformer en opportunités.

3. L’entrepreneur est préparé pour accepter une perte abordable.

4. L’entrepreneur est à l’affut des partenariats (au lieu de se focaliser sur l'analyse concurren-

tielle).

5. L’entrepreneur contrôle l'avenir incertain au lieu de le prédire.

Plusieurs recherches se sont intéressées à ce paradigme (Sarasvathy, 2001 ; Dew, Sarasvathy,

Read, Wiltbank, 2008 ; Sarasvathy, Dew, Velamuri, Venkataraman, 2003 ; Wiltbank, Dew, Read,

Sarasvathy, 2006 ; Dew, Read, Sarasvathy, Wiltbank), soit en cherchant à faire évoluer la théorie

sur le plan conceptuel ou bien en menant des études empiriques type expérimentale ou étude terrain

23
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Perry, Chandler et Markova (2011) Mais, plusieurs zones d’ombres restent à éclaircir en particu-

lier, par rapport au concept de base qui est « l’incertitude », et aussi la validité empirique de la

théorie sous différentes contingences.

f. L’évolution de l’entrepreneuriat:

Le cycle d’une petite entreprise fraichement créée peut-être assimilé à celui d’une plante. Par

exemple quand une graine est plantée (lancement), elle commence de plus en plus à germer (Crois-

sance), par la suite, les feuilles apparaissent et la plante s’enracine plus en devenant adulte (Matu-

rité). Et après une période plus ou moins longue selon les conditions, elle commence à faner et

finit par mourir. C’est ainsi qu’on peut poser la question suivante : peut- on calquer le cycle de vie

de cette plante à une entreprise ou projet qui vient tout juste de voir le jour ?

Juste après sa création et son développement, les sorts diffèrent d’une entreprise à l’autre. Cer-

taines disparaissent peu de temps après leur création, d’autres vivent leur croissance lentement et

de manière réactive. D’autres encore atteignent rapidement une taille considérable et parfois même

une extension vers l’international. Quelques-unes sont transmises aux héritiers, tandis que d’autres

sont reprises par des preneurs hors cercle familial.

Si on continue sur le même angle d’idée concernant le sort, les aspects de l’évolution de l’activité

entrepreneuriale diffèrent selon les cas. Commençons en premier lieu d’identifier un type d’af-

faires créant une valeur plus que les autres organisations car il constitue des exceptions en matière

d’innovation et de développement et donc une forte croissance. Ce type intéresse les pouvoirs

publics ainsi que les bailleurs de fonds. En deuxième lieu, il existe des entrepreneurs qui optent

pour l’internationalisation qui signifie une entrée sur des marchés où les règles, les attentes et les

institutions peuvent varier substantiellement. Cette option peut être due à l’existence de belles

24
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

opportunités que représentent les marchés étrangers, à l’évaluation des risques qui peuvent accom-

pagner ce développement ainsi qu’à des avantages concurrentiels. Le troisième cas concerne la

transmission d’entreprises. En effet, les chances de survie des entreprises transmises seraient plus

importantes que celles des créations pures que ce soit pour les employés ou l’économie. Donc en

recherchant à dénicher un preneur fiable, ceci permettra d’injecter de nouveaux fonds propres con-

tribuant à développer les stratégies ainsi qu’instaurer une culture plus ouverte.

2. L’entrepreneuriat Au Maroc :

a. Bref aperçu sur l’entrepreneuriat au Maroc


Depuis l’indépendance, l’entrepreneuriat au Maroc a subi une évolution, le pays a connu une émer-

gence d’une classe d’hommes d’affaires qui ont investi dans des secteurs producteurs de richesse

: textile, agro-alimentaire, industrie légère... mais ces secteurs restent insuffisants et ne peuvent

pas constituer les fondements d’une économie moderne et solide, capable de créer de la valeur

ajoutée, et oriente le Maroc vers un développement économique et social généralisé, à cause de la

mentalité profonde et dominante des entrepreneurs marocains, qui sont prudent et privilégient une

économie de rente sans prise de risque.

La disparation de cette situation a commencé au début des années 90 du siècle précédent, date à

laquelle le Maroc a instauré de grandes réformes structurelles qui seront à l’origine de la croissance

et la stabilité sécuritaire qu’a connu le Maroc jusqu’à nos jours. Certes, ces reformes ont conduit

à des transformations progressives.

Comme nous le savons tous, le Maroc est une économie moyennement développée basée essen-

tiellement sur l’agriculture, l’activité minière (surtout le phosphate) et sur le secteur du textile et

placée comme la 5ème puissance économique au continent Africain.

25
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

L’entreprenariat au Maroc bénéficie d’une certaine démocratisation. En effet, la constitution pré-

voit la liberté d’entreprendre et la réserve à tous les citoyens qu’ils soient homme ou femmes, tous

au même pied d’égalité. Cependant, il se situe dans un contexte chargé de défis, caractérisé essen-

tiellement par les accords d’associations avec l’union européenne et récemment avec les Etats-

Unis. Cela implique plus de concurrence, donc le dirigeant marocain serait confronté à la compé-

titivité de l’entreprise européenne. Ce contexte est caractérisé également par la libéralisation du

commerce sous les règles de l’organisation mondiale de commerce.

Ces défis exigent la mise à niveau des pratiques de la bonne gouvernance plus particulièrement

dans les petites et moyennes entreprises souvent dirigées par les dirigeants de faible niveau édu-

catif au contraire des grandes entreprises qui adoptent un style de gouvernance moderne comme

par exemple (OCP, ONA...) et des PME récemment créées par les jeunes diplômés. Notons bien

qu’au Maroc, les PME comptent plus que 90% du tissu économique.

b. Le Maroc est-il vraiment entrepreneurial ?


Le Maroc durant ces dernières années est en vue du lancement de plusieurs politiques et initiatives

destinées d’accélérer la croissance économique, ceci en instaurant des mécanismes propices aux

facteurs de création d’entreprises et la promotion de l’entrepreneuriat. Des avancées de tailles ont

été réalisées sur ce domaine, ce qui a conduit à la progression du PIB national au cours de la

dernière décennie. Aujourd’hui avec les programmes mis en place et ses composants financements

et accompagnement tendent vers une vision destinée à booster la création d’entreprise et son im-

pact sur l’économie national.

Evaluer l’entrepreneuriat demeure une tâche qui n’est pas si facile, principalement due à l’absence

de données sur les différentes composantes de l’activité entrepreneuriale, les données mises en

26
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

place pour tenter de mesurer ce facteur comportent de nombreuses lacunes. Le Global Entrepre-

neurship Monitor est une enquête portant sur l’activité entrepreneuriale, l’étude reste très subjec-

tive et porte sur 6 ou 7 pays par an. Les études de la banque mondiale auprès des entreprises

dressent d’avantages de pays et mettant en place des variables plus objectives, ceci dit ces variables

diffèrent d’année à l’autre ce qui rend difficile l’analyse temporelle.

Le Global Entrepreneurship Monitor (GEM) a été mis en place en 1999. Il s’agit d’un programme
de recherche centré sur une estimation annuelle harmonisée de l’activité entrepreneuriale dans
différents pays du monde. Le GEM mène actuellement des enquêtes auprès de la population adulte
(18-64 ans) dans 59 pays, membres et non membres de l’OCDE, afin de décrire plus précisément
« les entrepreneurs à travers le monde et leur rôle dans le développement économique ».
Suivant ce modèle il est évident que la création d’entreprises reste avant tout un indicateur de

grande envergure qui reflète l’activité entrepreneuriale, car le degré de développement de ce fac-

teur réside dans l’individu et sa capacité d’appuyer la croissance économique en sa qualité de

créateurs d’emplois par le biais de créations d’entreprises, les figures 3 et 4 dresseront l’évolution

de la création d’entreprises sur le Marché Marocain de 2012 à 2020 qui constituera un indicateur

clé de l’étude empirique mais aussi la part de la création dans les 12 régions qui le constituent.

27
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

100000

90000

80000

70000

60000

50000

40000

30000

20000

10000

0
2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

Source : l’OMPIC
Figure 2 : évolution de la création d’entreprises

Casablanca - Settat

Tanger - Tétouan - Al Houceima

Rabat - Salé - Kénitra

Marrakech - Safi

Fès - Meknès

Oriental

Souss-Massa

Laâyoune - Saguia al Hamra

Béni Mellal - Khénifra

Drâa - Tafilalet

dakhela-oued-dahab

Guelmim-oued Noun

0 20000 40000 60000 80000 100000 120000 140000 160000 180000 200000

Source : l’OMPIC
Figure 3: Nombre d’entreprises crées par région (2012-2020)
A première vue l’activité entrepreneuriale conjuguée par la création d’entreprises a connu une forte

croissance, ainsi la région Casablanca Settat avec 174 454 entreprises créées se place à la tête

28
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

régionale avec 25% de part de création d’entreprises offrant un levier très puissant pour l’appui de

la dynamique sectorielle ceci s’explique par son statut de pôle commercial contribuant à la crois-

sance économique du pays mais aussi grâce aux avancées technologiques et les moyens d'appuis

financiers mis en place par la région pour l’accompagnement des entrepreneurs et leur fournir

l’aide nécessaire afin d’accomplir leurs projets de création d’entreprises, ceci dit une baisse a été

enregistré durant l’année 2020 ceci s’explique par l’effet qu’a porté la crise du covid-19 sur l’éco-

nomie nationale touchant non seulement le facteur de création d’entreprises mais aussi la crois-

sance de l’économie de tout le pays dans tous les secteurs.

c. Les types de l’entrepreneuriat au Maroc


L’ensemble des facteurs qui forment le contexte entrepreneurial marocain détermine les types et

les formes d’entrepreneuriat au Maroc.

Au Maroc, l’entrepreneuriat est caractérisé par une situation contraignante : une dualité entrepre-

neuriale :

 Entrepreneuriat informel, forcé, de nécessité ou de survie : c’est une forme d’auto-

emploi, c'est-à-dire qu’une personne n’a pas le choix que de créer son propre emploi (auto-

insertion).

 Entrepreneuriat formel, d’opportunité : c’est une intention stratégique émanant d’une

personne qui a cerné une opportunité sur un marché et qui a décidé de créer son propre

entreprise. Il s’agit d’une forme très fertile en matière d’innovation et de développement

d’opportunité d’affaires.

29
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Cette dualité d’entrepreneuriat empêche le gouvernement à développer une culture entrepreneu-

riale au Maroc.

Les types d’entrepreneuriat au Maroc sont en nombre de 4 à savoir :

 Entrepreneuriat d’imitation:

- Crée peu de valeur ajoutée car les marchés sont bien connus et caractérisés par une grande
concurrence ;

- Permet au créateur de changer, parfois de façon radicale, sa propre situation : l’essaimage est bon
exemple.

 Entrepreneuriat de valorisation :

C’est le fait d’un entrepreneur ayant une idée nouvelle et innovatrice dans le domaine de la
recherche et développement.

 Entrepreneuriat d’aventure :

C’est la création d’une nouvelle valeur / un produit suscitant souvent un changement d’importance
dans l’économie et souvent entouré par un grand risque.

 Entrepreneuriat-relève :

Il s’agit d’un transfert de propriété déjà existante d’un entrepreneur à un autre. Cela peut
ne pas créer de valeur ajoutée nouvelle

d. Les formes d’entrepreneuriat au Maroc


Au Maroc, l’entrepreneuriat bénéficie d’une certaine démocratisation. En effet, la constitution ma-

rocaine prévoit la liberté d’entreprendre et la réserve à tous les citoyens. Notez que l’économie

marocaine est fondée sur deux secteurs (formel et informel).

Aujourd’hui, le Maroc se situe dans un contexte où il y a plusieurs défis, notamment la lourdeur

des procédures administratives, le manque de financement, l’accord d’association avec les pays

30
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

étrangers, ... etc. Ce qui oblige le gouvernement marocain à adopter des pratiques du management

plus particulièrement dans les PME.

Dans ce contexte, l’entrepreneuriat collectif est apparu et devenu très dominant au Maroc, se forme

des activités génératrices de revenus, des coopératives et des associatives-solidaire.

En 1983, avec l’adoption de programme d’ajustement structurel et le lancement du programme de

privatisation, le gouvernement marocain a fait émerger une nouvelle bourgeoisie commerçante et

industrielle, porteuse de dynamique économique et sociale innovante. C’est l’entrepreneuriat so-

cial (groupe social) qui a vu le jour. Il a pour but la promotion du changement social et vise à créer

des solutions innovantes qui satisfont les besoins sociaux des marocains. Cette forme d’entrepre-

neuriat a un grand rôle à jouer, en matière de réduction de la pauvreté et même la promotion d’em-

ploi et de création d’entreprise.

e. Le financement de l’entrepreneuriat :

 Le grand point vulnérable : le Financement


Le problème de financement constitue la principale source de vulnérabilité, la contrainte essen-

tielle de développement et un élément important de blocage de l’entrepreneuriat au Maroc. Selon

Boussetta 2005, le rôle du système bancaire est très faible au Maroc et donc par conséquent, il y a

de plus en plus recours aux fonds propres et au secteur financier informel. Cette réticence des

bailleurs de fonds revient à deux contraintes essentielles : la première est externe c’est-à-dire que

les établissements de crédit évitent de prendre des risques excessifs en matière de distribution de

fonds c’est-à-dire que ces bailleurs de fonds adoptent les mêmes conditions que les PME et les

Grandes entreprises surtout en termes de garantie. Pour la deuxième contrainte qui est d’ordre

interne, elle est relative à la structure financière de ces très petites entreprises nouvellement créées

31
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

et à leur organisation interne (Manque de transparence, un faible encadrement, une structure fi-

nancière déséquilibrée…).

 Ya-t-il un bon Soutien d’ordre public à l’entrepreneuriat ?


Un fonds de soutien aux jeunes diplômés désirant s’installer pour leur propre compte a été créée,

65% de ce fonds est assuré par l’Etat, 25% par les banques et 10% représente l’apport personnel

du promoteur qui doit être âgé de 21 à 40 ans et disposant soit d’un diplôme de l’enseignement

supérieur, soit d’un diplôme de la formation professionnelle, soit d’une qualification ou d’une

expérience. Et comme à peine 4452 dossiers ont été agrées et 18 530 emplois ont été créés, cette

modicité s’explique par plusieurs facteurs : lenteur et complexité des crédits, les réticences mani-

festées par les banques, les difficultés de faire d’un diplômé un créateur d’entreprise.

Et avec la mise en œuvre d’un autre fonds spécial d’un Milliards de Dhs dans la période 1994-

1999 dans la loi 13/94 à qui a résulté le financement de 2018 projets de création d’Entreprise

nouvelles ayant généré 13.321 emplois, ces résultats demeurent extrêmement modestes et large-

ment en décades objectifs escomptés qui étaient la création de 2000 Entreprises par an et 250.000

emplois.

Tenant compte de l’échec de cette expérience, l’Etat a mis en place depuis 2006 une nouvelle

stratégie de promotion et d’accompagnement des entrepreneurs. Il s’agit du programme Moukawa-

lati visant à lutter contre le chômage des diplômés à travers l’auto emploi et la création de milliers

d’Entreprises.

32
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

f. Défis et obstacles de l'entrepreneuriat au Maroc


Malgré l’existence d’un nombre important d’entrepreneurs et de l'esprit entrepreneurial, peu de

stratégies de développement du secteur privé offrent les moyens de découvrir et développer les

entrepreneurs potentiels ou de stimuler de nouvelles sources d'entreprises. Ces entrepreneurs se

trouvent en plus confronter à des obstacles qui entravent toute promotion de l'entreprenariat, tels:

- Le manque de transparence dans les affaires et la permanence des rentes et des privilèges

constituent l'obstacle majeur à la promotion de l'entreprenariat ceci se justifie par l'existence de

délit d'initiés et d'accès inégal aux marchés. Ce qui pose toute la problématique de la concurrence

déloyale entre les entrepreneurs.

- L'émergence d'une nouvelle génération d'entrepreneurs demeure confrontée à la persistance

du fléau de la corruption qui lamine l'effort national de promotion de l'Entreprenariat, affecte le

rythme de la croissance, décourage l'investissement et réduit les opportunités d'affaires.

- Les obstacles relatifs à la création des entreprises au Maroc, le premier est lié au cadre institu-

tionnel et a trait à la bureaucratie et à l'existence de monopoles et de chasses gardées, le deuxième

type est à caractère économique et porte sur le coût des facteurs et la qualité de la main d'œuvre.

Pour chiffrer ces obstacles nous prenons les résultats d’une étude réalisée par la banque mondiale

en 2015 sur l’environnement entrepreneurial dans les pays de la région Mena et plus particulière-

ment au Maroc, en Tunisie, en Egypte et en Jordanie. Cette étude qu’a portée sur 6 500 chefs

d’entreprise interrogés aléatoirement montre que trois éléments principaux font obstacle au déve-

loppement des entreprises au sein de la région, à savoir : la concurrence du secteur informel, la

corruption, et le manque de ressources humaines et financière.

33
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Selon cette étude, 47.3% des chefs d’entreprise marocains estiment qu’ils doivent rivaliser avec le

marché informel qui représente une part très importante de la croissance au Maroc. Ce secteur

reste la seule solution pour les jeunes et les femmes pour gagner leur vie.

L’étude a montré aussi que les petites entreprises se tournent plus facilement vers le secteur infor-

mel afin d’éviter les procédures administratives et le paiement des impôts et taxes.

D’après l’étude, la corruption est le deuxième obstacle majeur auquel doivent faire face les entre-

prises marocaines, un taux de 18,2% des chefs d’entreprises marocains interrogés affirme que plu-

sieurs opérations (par exemple l’obtention d’une licence d’importation) nécessitent le versement

informel d’argent ou de cadeaux. C’est une caractéristique ancrée dans la société marocaine.

Dans le même ordre d’idée, le troisième obstacle au développement de l’entrepreneuriat au Maroc

est le manque de ressources humaines et financière. Notre système d’enseignement supérieur ne

permet pas aux étudiants d’acquérir les compétences nécessaires pour travailler dans le secteur

privé. Ainsi que les petites compagnies sont davantage touchées par les problèmes d’accès au fon-

cier et à l’électricité, alors que les grandes firmes soufrent des problèmes de financement et la

demande de crédit exige des garanties importantes par les banques.

Cette situation nécessite bien un ajustement des processus de communication, d’information, de

formation, d’accompagnement et de Financement aux vrais besoins des entrepreneurs et du tissu

socio-économique au Maroc.

3. Entrepreneuriat des jeunes :

a. Le jeune entrepreneur et son rôle :

34
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

L’entrepreneuriat des jeunes est devenue un sujet incontournable, cela est due à plusieurs raisons:

D’une part la forte demande nationale des pouvoirs publics pour redynamiser le tissu économique

par la création d’emplois. D’une autre part, il s’agit d’une demande sociale de la part des entre-

prises qui cherchent à recruter et à fidéliser des jeunes dynamiques, autonomes, responsables en

un mot d’entrepreneur. Aujourd’hui, le jeune entrepreneur devient la pierre angulaire dans le pro-

cessus et la gestion de l’entreprise. La position du jeune entrepreneur a été traitée également par

différents courants de pensée comme illustré dans le tableau suivant :

Tableau 2: Quelques définitions du concept « jeune entrepreneur » selon les écoles de pensée.

Les écoles Définitions Auteurs de référence


L’école économique Un jeune entrepreneure est Casson (1991)
spécialisé dans la prise
intuitive de décisions
réfléchies relatives à la
coordination de ressources.
L’école comportementale Le jeune entrepreneur se Gartner (1988)
définit par l’ensemble des
activités qu’il met en
organisation.
L’école psychologique avec Le jeune entrepreneur se Shaver et Scott (1991)
les courants personnalistes et définit par un certain nombre
cognitifs d’attributs psychologiques
que l’on décrit autant par la
personnalité que par les
processus cognitifs activés
pour la circonstance.
L'école de processu Le jeune entrepreneur est Bygrave et Hofer (1991)
celui qui développe des
opportunités et crée une
organisation pour les
exploiter.

Source : DENIEUIL. P & al. (2011)

En fait, l’emploi non salarié gagne du terrain dans les pays de l’OCDE. Cette croissance du travail

indépendant crée des emplois puisque les entrepreneurs deviennent eux-mêmes employeurs. Les

35
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

données d’enquête indiquent que l’emploi indépendant procure des avantages micro-économiques

directs aux personnes concernées (OECD, 2001). Les jeunes travailleurs s’imaginent plus facile-

ment travailler à leur compte que les plus âgés et expriment souvent une préférence pour un travail

dans une petite entreprise.

Au Maroc, les problèmes d’emploi des jeunes présentent une diversité assez grande, particulière-

ment au niveau des jeunes diplômés. Par ailleurs, les statistiques du Haut-Commissariat au Plan

démontrent un taux de chômage avoisinant les 20% auprès de ces jeunes.

30

25

20

15

10

0
2010 2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020

sans diplôme
ayant un diplôme:niveau moyen
ayant un diplôme: niveau superieur
Ensemble

Figure 4 : Evolution du taux de chômage des jeunes selon le diplôme 2016-2021


https://www.hcp.ma/Taux-de-chomage-national-selon-le-diplome_a267.html

36
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

b. Pratiques d’éducation à l’entrepreneuriat : Expériences des universités


marocaines
Pour le cas marocain, les universités quant à elles ; conscientes de l’importance d’enseigner

l’entrepreneuriat, offrent des modules de formation en entrepreneuriat ayant pour cible les docto-

rants issus des centres d’études doctorales en sciences et gestion, les masters et licences scienti-

fiques ou de gestion, particulièrement les masters et licences professionnels et les étudiants des

écoles d’ingénieurs et de commerce (ENCG, ENSA...).

L’Université Mohammed V Agdal de Rabat a relevé le défi par l’offre d’une formation dédiée aux

doctorants de cette université afin de développer l’esprit entrepreneurial.

Le programme de formation adopte une approche de l’apprentissage participatif comme décrit

dans le tableau suivant :

Tableau 3: programme de la formation esprit entrepreneurial pour les doctorants de


l’université MOHAMMED 5 :

Thème Objectifs pédagogiques Aptitudes à développer


- Permettre aux participants - Reconnaître les différents
Qu’est-ce que l’entreprise ? de reconnaître que l'esprit types d'entreprises;
d'entreprendre est à la portée - Savoir s’organiser
de tout un chacun
- Etre capable de prendre des
- Permettre aux participants décisions
de reconnaître que l'aptitude à
entreprendre d'un individu
influence sa manière de vivre
Permettre aux participants de - Appréhender les facteurs de
A quoi sert l’esprit savoir que l’esprit motivation dans les activités
d’entreprise ? d’entreprise apporte une plus- journalières et les risques
value tant dans la sphère potentiels
publique que dans la sphère - Savoir fixer les objectifs
privée d’entreprise

37
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Esquisser le profil d'un - Identifier les traits de


Quel est le profil d’un entrepreneur et identifier les caractère d'un entrepreneur
entrepreneur ? traits de caractère qu'il faut - Développer des
posséder pour réussir comme compétences d'écoute et de
entrepreneur négociation

Comment devient-on Identifier les compétences - Développer l'esprit


entrepreneur? essentielles et les facteurs d'initiative, de créativité et
déterminants pour réussite en d'entreprise
matière de création et de - Reconnaître et évaluer les
gestion d'une entreprise opportunités d'affaires.
Comment trouver une idée - Découvrir et assimiler les - Développer l'esprit
d'affaire valable? techniques permettant de d'initiative, de créativité et
trouver des idées d'affaires d'entreprise
- Apprendre à évaluer les - Reconnaître et évaluer les
opportunités d'affaires. opportunités d'affaires.
- Connaître les diverses Savoir :
Comment lancer une tâches à accomplir pour ▪choisir le marché et le lieu
entreprise? monter une entreprise; d'implantation appropriés
- Savoir concrétiser une idée ▪estimer le capital de départ
d'entreprise sur les plans d'une entreprise
juridique, commercial et
financier ▪rechercher un financement
pour démarrer une entreprise
▪connaître les formes
juridiques de l'entreprise
.
Connaître les différentes - Acquérir les éléments de
Comment faire fonctionner techniques de gestion d'une gestion d'une entreprise
une entreprise? entreprise (ressources - Connaître les éléments d'un
humaines et matérielles, business plan
finances, ventes, stocks......)
- Connaître les étapes de
lancement d'un plan d'affaire

https://emnet.univie.ac.at/uploads/media/Zammar__Abdelbaki_01.pdf

Ce programme est décomposé en étapes successives et progressives visant en premier à appréhen-

der le concept de l’entreprise et son environnement, par la suite promouvoir l’esprit d’entreprendre,

et faire connaître aux doctorants les différentes étapes du processus de création d’entreprise.

38
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Pour les grandes écoles de commerce (ENCG, ISCAE), on trouve également des modules de for-

mation en entrepreneuriat ayant pour principal objectif la sensibilisation des étudiants à l’entre-

preneuriat en premier lieu, et aux différentes étapes nécessaires au montage d’un plan d’affaires

en second lieu et ce avec un volume horaire qui varie entre 30 heures à 45 heures. L’approche

pédagogique adoptée comporte deux volets essentiels : Il s’agit en premier d’un cours magistral

qui repose sur des exposés académiques assurés par le professeur dans le but d’approfondir les

connaissances en matière d’entrepreneuriat, d’appréhender l’environnement des affaires et de maî-

triser le processus de création d’entreprise. En second lieu, on trouve les travaux pratiques com-

prenant les études de cas, les témoignages d’experts et d’entrepreneurs, la présentation des fiches

de lectures effectuées par les étudiants et la présentation d’un état d’avancement relatif à l’élabo-

ration d’un plan d’affaires qui fera objet d’une soutenance en fin de session.

En synthèse, Le processus d’enseignement de l’entrepreneuriat au sein des universités marocaines

semble identique. La première étape du processus permet à appréhender l’environnement des en-

treprises et l’entrepreneuriat en présentant cette dernière comme un élargissement des choix pos-

sibles et comme une étape dans la carrière (Fayolle et al, 2005), et ce à travers des séances de cours

assurés par le professeur et des séminaires thématiques animés par des experts. La seconde étape

consiste en la constitution de groupes d’étudiants qui vont travailler sur une idée de projet avec

l’accompagnement et l’encadrement permanent du professeur dans la perspective de développer

des compétences techniques (réalisation du business plan, étude de marché...) et personnelles (lea-

dership, prise d’initiative, esprit d’équipe...). D’ailleurs, l’objectif de cette phase est de développer

chez les étudiants la capacité à identifier l’idée de projet qu’elle doit être originale et réaliste, par

la suite monter le projet en respectant l’ensemble des étapes discutées en classe. Le travail fera

l’objet d’une évaluation en fin de module. Parallèlement, des activités peuvent être mises en place

39
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

comme l’organisation des visites aux foires et salons, le mentoring par des chefs d’entreprises qui

nécessite des conventions signées par l’université et les organismes spécialistes : Confédération

Générale des Entreprises du Maroc, Centre des Jeunes Dirigeants, Réseau Maroc Entreprendre...

c. Les obstacles à l’entrepreneuriat des jeunes


Il existe une littérature abondante qui cherche à identifier les principales barrières à l’entrepreneu-

riat des jeunes. Cette littérature mentionne plusieurs obstacles qui empêchent les jeunes de passer

de l’étape de l’intention entrepreneuriale à la concrétisation de leur projet. Certains d’entre eux

concernent l’entrepreneuriat de façon générale, tandis que d’autres sont propres à l’entrepreneuriat

des jeunes.

Schoof (2006) identifie cinq groupes de variables clés qui influent sur l’entrepreneuriat des jeunes

et qui peuvent, compte tenu de leur importance, constituer des barrières à la création d’entreprises.

Il s’agit : i) des attitudes sociales et culturelles vis-à-vis de l’entrepreneuriat des jeunes, ii) de

l’éducation entrepreneuriale, iii) des problèmes d’accès aux sources de financement, iv) du cadre

administratif et réglementaire, v) du manque d’aide et d’appui en affaires.

En effet, disons tout d’abord que l’activité entrepreneuriale des jeunes est influencée par les atti-

tudes sociales et culturelles. D’une part, les valeurs culturelles peuvent encourager ou décourager

l’entrepreneuriat des jeunes. En effet, certaines sociétés détestent le risque et les situations incer-

taines. Dans ces sociétés, la faillite d’une entreprise étant mal perçue, on n’ose pas entreprendre

une activité qui pourrait nous mettre à risque d’échouer, alors que dans d’autres sociétés, l’échec

est considéré comme normal, car il constitue l’un des résultats du processus d’apprentissage. Les

sociétés individualistes seraient également plus entreprenantes que d’autres. De plus, l’entrepre-

neuriat des jeunes est aussi influencé par la perception qu’on en a et par sa

40
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Légitimation sociale. En effet, dans certaines communautés, l’entrepreneuriat a mauvaise réputa-

tion et n’est pas facilement accepté, car les entrepreneurs sont vus comme malhonnêtes, cupides

et prêts à tout pour réussir. L’entourage du jeune entrepreneur joue également un rôle important.

Le fait d’avoir un parent entrepreneur ou qui travaille à son propre compte constitue souvent un

facteur de motivation à l’entrepreneuriat (Blanchflower et Oswald, 2007).

Le deuxième obstacle à l’entrepreneuriat des jeunes est le manque d’éducation entrepreneuriale.

En effet, les facteurs sociaux sont souvent renforcés par un système éducatif dont le modèle con-

siste parfois à privilégier l’emploi salarié au détriment du travail autonome ou de la création d’en-

treprise. Ainsi, dans beaucoup de pays, les jeunes ne reçoivent aucune formation entrepreneuriale

durant leurs études. Dans ces conditions, ils n’ont pas la bonne attitude envers l’entrepreneuriat et

ils manquent de compétences dans ce domaine. L’éducation entrepreneuriale permet aux jeunes

d’acquérir des compétences entrepreneuriales, de comprendre ce qu’est l’entrepreneuriat et de

l’envisager comme un choix de carrière. L’éducation entrepreneuriale permet donc d’améliorer la

propension des jeunes à créer leur propre entreprise (Brixiová, Ncube et Bicaba, 2014).

Autre obstacle à l’entrepreneuriat des jeunes : le difficile accès aux sources de financement. En

effet, les jeunes ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour se lancer en affaires.

D’une part, ils n’ont pas assez d’épargne et manquent de capital physique. D’autre part, ils ont

beaucoup de mal à obtenir du financement, notamment auprès des banques, car, pour accorder des

crédits, celles-ci se fondent notamment sur l’historique de crédit du demandeur et sur les hypo-

thèques. Or, les jeunes n’ont aucune expérience de crédit et ne disposent pas souvent des garanties

que l’on doit offrir à la banque.

41
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Enfin, autre obstacle important à l’entrepreneuriat des jeunes : le cadre administratif et réglemen-

taire. En effet, les jeunes entrepreneurs font face à la complexité et au coût très élevé des procé-

dures administratives et de la réglementation. Dans beaucoup des pays, surtout au chapitre du dé-

veloppement, les procédures d’enregistrement sont longues, le cadre administratif et réglementaire

manque de transparence et le système fiscal n’est pas très encourageant. Ces barrières administra-

tives et réglementaires découragent souvent les jeunes à entreprendre ou les contraints à évoluer

dans le secteur informel de l’économie.

À la lumière de ce qui précède, on constate que les jeunes entrepreneurs ont besoin d’appui et

d’accompagnement pour faire face aux obstacles qui se dressent sur leur route. En effet, pour en-

courager l’entrepreneuriat des jeunes, l’État doit mettre à leur disposition des structures d’accom-

pagnement administratif et financier. Les jeunes ont également besoin de conseils et d’accompa-

gnement comme ceux que peuvent leur offrir les incubateurs.

En plus des facteurs identifiés par Schoof (2006), l’étude d’Halabisky (2012) met l’accent sur trois

autres facteurs, à savoir : le manque d’expérience, le manque de réseaux et les obstacles liés aux

marchés. En effet, l’expérience est un déterminant important dans la création et la gestion d’une

entreprise.

Or, très souvent, les jeunes manquent d’expérience sur le plan entrepreneurial et n’ont jamais

travaillé. Beaucoup d’entre eux n’ont connu que le chômage. Dans ces conditions, ils n’ont pas les

compétences techniques et managériales nécessaires pour réussir la création d’une entreprise et en

assurer la gestion.

42
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

En outre, les jeunes ont un accès limité aux réseaux d’affaires et disposent de peu de capital social,

ce qui rend difficiles les relations avec les autres acteurs et ne favorise pas leurs activités entrepre-

neuriales. Enfin, les jeunes font aussi face à divers obstacles : ils ont du mal à obtenir du finance-

ment et sont parfois victimes de discrimination sur le marché des biens et services. Certains clients

doutent parfois de la qualité des produits de jeunes entrepreneurs. Et comme les ressources de

ceux-ci sont limitées, ils se lancent souvent dans des marchés où les barrières à l’entrée sont faibles

et où la concurrence est très vive.

À partir de la liste d’obstacles à l’entrepreneuriat des jeunes susmentionnée, notamment celle de

Schoof (2006), Jakubczak (2015) a mené une étude pilote auprès de 67 étudiants âgés de 18 à 24

ans pour analyser les barrières à l’entrepreneuriat des jeunes en Pologne. Les résultats obtenus ont

montré que les trois quarts des jeunes avaient eu l’intention de créer une entreprise dans un avenir

proche ou lointain, mais que seulement 3 % d’entre eux avaient effectivement réussi à le faire.

Cela tend à démontrer que l’ampleur des obstacles à l’entrepreneuriat des jeunes est très élevée

dans ce pays. Par ailleurs, l’enquête a révélé que les principaux freins à l’entrepreneuriat des jeunes

en Pologne sont les difficultés d’accès au financement ainsi que la complexité et les coûts élevés

des procédures administratives. À cela s’ajoutent la peur de faire faillite – qui dénote un faible

goût pour le risque – et une fiscalité peu motivante.

Karadzic et al. (2015) ont réalisé au Monténégro une étude de cas auprès de six jeunes entrepre-

neurs âgés de 20 à 30 ans qui a permis de déterminer un certain nombre d’obstacles à l’entrepre-

neuriat des jeunes dans ce pays. Comme en Pologne, les principales barrières sont les difficultés

d’accès au financement, notamment au crédit bancaire, la complexité de la réglementation et des

valeurs culturelles qui n’encouragent pas l’entrepreneuriat.

43
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Boateng et al. (2014) ont examiné les barrières à l’entrepreneuriat des jeunes au Ghana. Ils ont

mené une enquête auprès de 240 jeunes âgés de 15 à 35 ans qui avaient l’intention de se lancer en

affaires. Les résultats de cette étude indiquent que les principaux obstacles à la création d’entre-

prise sont le manque de capital, de compétences, d’appui et d’opportunité de marché, ainsi que la

peur du risque. Selon Sears (2012), les jeunes Kényans sont confrontés au manque de capital, à la

complexité des procédures administratives et réglementaires, et à des problèmes environnemen-

taux propres à leur pays, comme le degré élevé de corruption, des déficiences sur le plan des in-

frastructures et des problèmes de fourniture d’eau et d’électricité. Par ailleurs, une étude des Na-

tions Unies (2013) au Swaziland a permis d’établir que les barrières à l’entrepreneuriat des jeunes

dans ce pays sont la complexité des procédures administratives et réglementaires, les lacunes en

éducation et en formation, les attitudes sociales et culturelles, ainsi que l’accès au financement. Ce

dernier problème constitue le principal obstacle, car la plupart des jeunes recourent à leurs écono-

mies personnelles pour démarrer leur entreprise, alors qu’ils ont une faible capacité d’épargne.

En résumé, la littérature distingue trois principaux groupes de barrières à l’entrepreneuriat des

jeunes.

Premièrement, des facteurs personnels liés au profil même des jeunes entrepreneurs. Dans cette

catégorie figurent la peur du risque, le manque d’expérience et le manque de compétences entre-

preneuriales, ainsi que le faible capital financier et social.

Deuxièmement, il y a les facteurs socioculturels, c’est-à-dire l’attitude négative de la société en-

vers l’entrepreneuriat des jeunes et le manque de soutien de la famille ou de la communauté. Troi-

sièmement, notons des facteurs liés à l’environnement : les règlements, la fiscalité, l’accès au fi-

nancement externe, l’accès aux marchés et le manque de services de soutien. Certains de ces fac-

teurs, comme l’accès au financement, sont transversaux, c’est-à- dire qu’ils appartiennent à plus

44
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

d’un groupe de facteurs cités ci-dessus. De même, beaucoup de ces facteurs sont interdépendants

et se renforcent mutuellement. Enfin, la nature et l’ampleur de ces barrières varient selon le con-

texte environnemental local (Schoof, 2006 ; Jakubczak, 2015).

CHAPITRE II. STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT AUX JEUNES


ENTREPRENEURS CREATEURS D’ENTREPRISES AU MAROC

Pour faire face aux obstacles susmentionnés, il semble indispensable que les jeunes entrepreneurs

soient accompagnés et puissent s’appuyer sur des structures aussi bien privées que publiques.

L’accompagnement des créateurs d’entreprise s’impose de plus en plus comme un champ de re-

cherche en entrepreneuriat, d’autant plus que sur le plan pratique, il suscite l’admiration et devient

un véritable phénomène de mode (Condor et Hachard, 2014 ; Cueillé et Recasens, 2010). En effet,

on observe çà et là un fourmillement de dispositifs d’accompagnement parfois difficiles à cerner.

Le concept de ce qu’est un « incubateur d’entreprises » porte même à confusion, dans la mesure

où il est souvent employé « de manière galvaudée en RDC » (ONUDI-RDC, 2016).

Ainsi, au lieu de nous appesantir sur l’analyse de ce concept nous focalisons notre attention sur le

succès de la relation qui s’établit entre l’accompagnant et l’accompagné, parce qu’elle est gage de

légitimité partagée, d’apprentissage et de développement de la culture entrepreneuriale. Ces trois

éléments se trouvent au cœur des débats actuels dans la littérature, parce qu’ils posent la question

de l’évaluation de la performance même des incubateurs, comme l’expliquent Messeghem et al.

(2013) : « Les auteurs s’interrogent sur la performance des incubateurs et ses déterminants. Les

45
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

mesures classiques en termes de création d’emplois n’apparaissent que comme le reflet d’une per-

formance à court terme. Il convient également d’appréhender la performance à long terme en te-

nant compte du développement des connaissances de l’incubé ». Ces arguments rejoignent les

préoccupations plus anciennes de St-Jean (2008) et Copé (2005) sur la nécessité d’étudier non

seulement le processus, mais aussi le contenu des apprentissages acquis dans un processus entre-

preneurial qui comporte un accompagnement. De toute façon, « l’accompagnement entrepreneu-

rial est principalement vu comme un processus d’apprentissage » (Fabbri et Charue-Duboc, 2013

; Cuzin et Fayolle, 2004).

Dans cette relation, le projet (ou l’entreprise) est co-construit entre le coach et le jeune (Masamba,

2016) en quête d’autonomisation qui cherche aussi à développer sa culture entrepreneuriale. Cette

dernière est comprise dans la double logique de l’esprit d’entreprise et de l’esprit d’entreprendre.

Pour Léger-Jarniou (2008, p. 163-164), l’esprit d’entreprise est « centré sur la création de nouvelles

organisations et l’identification d’opportunités existantes tandis que l’esprit d’entreprendre peut

s’inscrire dans des situations d’entreprise mais également en dehors de l’entreprise, particulière-

ment dans la vie citoyenne ». L’esprit d’entreprendre est donc une vision large de l’entrepreneuriat

liée aux attitudes et, in fine, au savoir-être. La question sous-jacente à cette préoccupation est la

suivante: l’accompagnement par incubation contribue-t-il au développement de la culture entre-

preneuriale chez les jeunes accompagnés ?

46
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

1. La stratégie d’accompagnement et du soutien au jeune entrepreneur : l’émergence


d’une nouvelle stratégie en faveur du développement de l’entrepreneuriat

On assiste ces dernières années à une perspective prometteuse de recherche en entrepreneuriat.

Il s’agit en fait, de l’accompagnement à la création d’entreprises (Mole, Hart, Roper et Saal, 2008

; Mione, 2006) et de l’action des pouvoirs publics et organismes privés en termes d’organisation

de la dynamique collective existante sur un territoire. Le taux de survie des jeunes entreprises n’est

toujours pas à la hauteur des efforts considérables consentis. Dans ce sens, les différentes études

ont montré que cinq années après sa création, seule 46% des entreprises nouvellement crées sub-

sistent et 70% de celles ayant bénéficiées d’accompagnement subsisteront 5 ans de plus.

Albert et Gaynor (2001) et Hackett et Dilts (2004) ont identifié différentes approches de re-

cherches, diverses typologies de structures d’accompagnent à partir d’une revue de la littérature.

Albert et Gaynor (2001), concluent qu’il existe « une compréhension commune sur l’incubation

comme concept, mais beaucoup de différences existe dans l’application de ce concept ». Hackett

et Dilts (2004) précisent qu’il n’existe pas de définition universelle et commune aux différents

types de structures d’accompagnement.

Lalkaka et Bishop (1996) ont montré que la diversité des structures d’incubation dépend large-

ment des ressources existantes et de l’ordre social des nations20. Kumar (1997), Schmuck (2000),

Cariola (1999) ont expliqué la diversité des structures d’incubation par la diversité des facteurs

culturels spécifiques à chaque pays ou région d’un pays.

47
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

d. Essai de définition
Il existe une réelle difficulté à s’accorder sur une définition unique et rigoureuse de la stratégie

d’accompagnement. Cette ambiguïté est principalement due à la diversité des structures et des

pratiques de cette stratégie d’appui.

En effet, d’une part, l’accompagnement est l’action de rencontrer régulièrement un porteur de pro-

jet de création d’entreprise afin de le conseiller et de vérifier l’avancement de ce projet et ce,

jusqu’à la création de l’entité. D’autre part, l’accompagnement est un dispositif qui vise à orienter,

informer et aider un futur créateur de projet d’entreprise. À élaborer son projet en le conseillant,

le formant et l’insérant dans les réseaux pertinents de la création, afin que ce projet puisse se con-

crétiser et atteindre une certaine maturité.

Mais il faut distinguer entre la stratégie d’appui avant la création d’entreprises et la stratégie d’ac-

compagnement (ou appui) aux entreprises après leur création.

Dans notre démarche le terme « stratégie d’accompagnement » recouvre à la fois les structures

d’appui avant et après la création d’entreprise. Cette stratégie aura pour objet l'accompagnement

des créateurs dans l'élaboration de leur projet d'entreprise, notamment dans les domaines organi-

sationnels, juridiques, industriels, économiques et commerciaux.

Nous avons assisté, ces dernières années, à une large production scientifique concernant les

structures de la stratégie d’accompagnement et, plus généralement, le phénomène d’incubation.

En effet, pendant les années 1990, une première génération de recherches, à orientation principa-

lement descriptive, est apparue. Tout au long du début des années 2000, les recherches étaient plus

évaluatrices. Aujourd’hui, les travaux sont des tentatives de conceptualisation et de théorisation

48
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

de ses stratégies d’accompagnements. Notre objectif est de participer à ce nouveau courant de

conceptualisation. Nous nous intéressons à l’une des facettes du phénomène les moins explorées,

à savoir le processus et stratégie d’accompagnement des jeunes porteurs de projet.

e. Formes de stratégies d’accompagnements

R. Cuzin et A. Fayolle ont souligné « la notion d’adéquation dynamique entre des besoins d’as-

sistance et une offre de prestations au sein d’un dispositif d’accompagnement » (Cuzin, Fayolle,

2005). Ces besoins engagent des profils d’intervenants suffisamment adéquats pour les dire spéci-

fiques au type de besoin rencontré. Ces derniers se rapportent essentiellement soit à l’individu, soit

au projet de création, soit à l’adéquation individu/projet.

Les travaux de R. Cuzin et A. Fayolle évoquent les formes d’accompagnement les plus spécifiques

à savoir :

 La stratégie focalisée sur l’individu (interrogations et doutes, ou l’inverse, besoins de


formation ou d’informations). L’accompagnement semble davantage se révéler d’ordre
psychologique, et devrait s’apparenter au « coaching » ;

 Stratégie focalisée sur le projet (le montage du projet, son financement, forme juridique,
étude de faisabilité, etc.) : l’accompagnement prend une connotation plus technique, et
relève du domaine des compétences ou expertises techniques ;

 Stratégie focalisée à la fois sur l’individu et sur le projet (adéquation entre l’individu et
son projet (problèmes de cohérence, d’orientations stratégiques, etc.) : les exigences
semblent tendres vers un accompagnement plus global, voire méthodologique.

49
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

2. La Stratégie d’accompagnement et l’approche entrepreneuriale : une relation


synergétique à des fins socioéconomiques :

L’accompagnement réside en fait, dans le conseil proposé aux entrepreneurs et créateurs de projets

ainsi que dans l’offre de service plus qualitative et l’engagement de quelques financements ou

facilitation de financements surtout pour les entreprises en phase de création. Les services offerts

vont jusqu’à l’aide à la recherche de nouveaux locaux devant accueillir ces entreprises.

a. L’importance croissante de la stratégie d’accompagnement dans une


approche entrepreneuriale
Cette démarche d’appui essaie, d’intégrer les évolutions et de gérer les contraintes nouvelles,

ce qui mène ces entreprises vers une structuration plus forte et une professionnalisation des inter-

ventions.

En effet, les travaux sur l’appui à l’entrepreneuriat se sont développés ces dernières années.

Cependant, ils se sont peu intéressés aux structures d’accompagnement consacrées à l’entrepre-

neuriat et à la promotion entrepreneuriale des jeunes promoteurs et porteurs de projets ainsi que

les Start up (ou entreprises en démarrage).

Les travaux actuels de recherche, au niveau national, n’ont pas été très précis dans l’explication

de la stratégie nationale d’accompagnement au développement de l’entrepreneuriat. Les cher-

cheurs ont étudié les fonctions, les rôles, les objectifs, voire l’effet de l’implantation d’une struc-

ture d’incubation sur l’économie locale, régionale ou nationale mais n’ont pas précisé les limites

d’intervention de ces structures dans le processus d’avant, pendant et après la création.

50
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

La stratégie d’accompagnements au niveau entrepreneuriale peut être mise en œuvre par trois

démarches d’appui, certes indépendantes, mais peuvent être complémentaires (Dupouy, Fran-

chisteguy-Couloume, Saumonneau, 2004) :

 Démarche d’appui de l’Incubateur : Une intervention en amont de la phase de création


d’entreprise : détection, accompagnement des porteurs de projet ;
 Démarche d’appui au sien de la Pépinière : héberger et accompagner l’entreprise
nouvellement créée par la mise à disposition de ressources sans grande valeur ajoutée, mais
indispensables, tels que des locaux, des services de secrétariat ou du matériel de bureautique ;
 Démarche d’appui au sein de la Technopole : héberger les entreprises surtout « high-
tech » dans le cadre de l’aménagement du territoire et la convergence des services et
l’utilisation des technologies de l’information.

Dans sa réflexion portant sur l’évaluation de la stratégie d’accompagnements des incubateurs,

B. Vedel (Vedel, 2004) évoque quatre typologies qui sont liées aux démarches d’appui, à savoir :

 Des incubateurs de développement économique local, régional ou national (c’est la


stratégie d’accompagnement préconisée par l’Etat marocain nommée (MOUKAWALATI) ;
 Des incubateurs issus d’entreprises privées ou publics ;
 Des incubateurs issus d’institutions académiques et scientifiques ;
 Des incubateurs indépendants, créés par des entrepreneurs ou des investisseurs privés.

b. L’entrepreneur au cœur de la stratégie d’accompagnement


L’objectif est de recenser les types de besoins à satisfaire à travers l’étude des services actuelle-

ment offerts par le biais de la stratégie nationale d’accompagnement comme un outil aidant à la

création d’entreprise.

51
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Toute démarche d’accompagnement doit placer l’entrepreneur au cœur de la stratégie entrepre-

neuriale. Elle en fait le point de mire d’une approche axée sur sa valorisation et son accompagne-

ment, et ce, en fonction des réalités et de ses particularités de la région ou du pays en question.

La stratégie doit être reposée sur une mobilisation de tous les acteurs sur le terrain

(Pouvoirs publics, collectivité locale, secteur privé...) :

 Une mobilisation collective et synergétique autant qu’une mobilisation de chacun dans sa


sphère de responsabilités et de compétences.
 Avec une volonté, confirmée par la majorité d’intervenants lors des consultations, d’établir
des mécanismes de collaboration axés sur une approche intégrée afin d’assurer une
continuité de services auprès des entrepreneurs, tout au long de leurs projets, en tenant
compte étroitement des différents modèles d’entrepreneuriales et des particularités
régionales et locales.

L’initiative de sensibilisation et de promotion de l’entrepreneuriat ainsi que les nouveaux créa-

teurs de Start up devra être concrétisée par la qualité des services offerts.

On peut avancer un classement de services dont devront bénéficier tous porteurs de projets avant,

pendant et après la création de leur projet ainsi que les jeunes entreprises.

52
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Tableau 4: Liste de services offerts aux nouveaux créateurs de projet :


Services de pré-incubation

Business plan (faisabilité, technique, financière)

Formation et encadrement (Comptable, juridiques, fiscale, management, TIC ...etc.)

Les étapes de créations de l’entreprise (pièces et document administratifs et)

Etudes de marché, vente, marketing

Aide à la recherche de partenaires étrangers (exportation)

Conseil sur le développement de nouveaux produits et services

Aide à la recherche de financements auprès des banques

Conseil en recrutement et ressources humaines

Constitution de réseaux (autres entrepreneurs, clients...)

Accompagnateurs, conseillers en tant que membres du conseil d’administration

CHAPITRE III : LES PRINCIPAUX PROGRAMMES D’APPUI A LA


CREATION DES ENTREPRISES PAR LES JEUNES AU MAROC
Des grands programmes publics d’appui à la création d’entreprises par les jeunes diplômés ont été

menés au cours des vingt-cinq dernières années au Maroc.

Des réformes, des lois, des instances et des fonds ont été mis en place, tout au long de ces années

pour assurer le bon déroulement de ces programmes et pour atteindre les objectifs fixés, notam-

ment l’absorption du chômage des jeunes diplômés, la promotion des très petites entreprises au

Maroc, et la contribution à la dynamique économique du pays.

53
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

L’analyse des données sur le terrain permet de constater que de nombreux programmes sont mis

en place pour promouvoir l’action entrepreneuriale. Ils sont regroupés dans le tableau suivant :

Tableau 5: Programmes de promotion de l'entrepreneuriat au Maroc :

Programme Période Parties prenantes Missions


Crédits « jeunes 1987- à nos jours - Etat marocain - Encourager les
promoteurs » -Etablissements jeunes diplômés de
bancaires l’enseignement
supérieur ou
professionnel à créer
des entreprises grâce
à des conditions de
financement très
avantageuses.
Programme d'appui à 2006 - à nos jours - Etat marocaine - L’objectif était
l'auto- emploi - ANAPEC l’appui à la création
(Moukawalati) de 30 000 entreprises
pouvant générer entre
60 000 et 90 000
emplois entre 2006 et
2008.
Respectivement, en
2016 et 2017, le pro-
gramme a profité à
1904 et 2 425
personnes ; 1 200
jeunes en ont
bénéficié au premier
semestre 2018.
Fondation Création 1991- à nos jours Banque populaire - La promotion de
d’Entreprises (FCE) l’entreprenariat et
l’accompagnement
pour la création
d’entreprises au profit
des porteurs de
projets locaux et les
investisseurs.

54
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Centre des jeunes 2003 - à nos jours Maroc PME, ME- Partager, défendre
dirigeants (CJD) NESFCRS, des valeurs et se
MICMNE, FFN, former au métier de
ODE, ASI, UHII
dirigeant
entrepreneur

A partir du tableau, on peut constater que plusieurs programmes d’appui à la création d’entreprises

par les jeunes, ont ainsi vu le jour à partir des années 80 du siècle dernier.

Deux programmes phares ont marqué toute cette période. Il s’agit du programme Crédit Jeunes

Promoteurs et du programme Moukawalati.

Ce chapitre a pour but de fournir une revue de ces programmes. Cette revue touche les caractéris-

tiques de ces programmes, leurs objectifs initiaux et leurs résultats, et met la lumière sur les prin-

cipales contraintes intrinsèques et extrinsèques qui ont influencé leur efficacité.

1. Crédit Jeunes Promoteurs

Le programme Crédit Jeunes Promoteurs a été le premier programme national d’appui à la création

d’entreprises par les jeunes diplômés. Ce programme a connu beaucoup de changements et de

réformes. Toutefois, ses résultats n’ont pas été à la hauteur de ceux escomptés.

a. Lancement du Crédit Jeunes Promoteurs


La question de la promotion des petites et moyennes entreprises (PME) au Maroc a suscité l’intérêt

des pouvoirs publics à partir des années 70. En effet, la première mesure concernant les PME au

Maroc date de 1972.

Cette mesure s’est concrétisée à travers la mise en place de trois mécanismes.

- La procédure simplifiée accélérée (P.S.A) : Cette procédure avait l’avantage d’être souple et

ouverte à toutes les demandes d’investissements quels que soient la région économique, le secteur

55
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

ou la banque. Elle reposait exclusivement sur l’octroi de crédits à moyen terme réescomptables,

dans le cadre d’un accord entre le Ministère des Finances, Bank Al Maghreb, la Banque Nationale

de Développement Economique et le Groupement Professionnel des Banques du Maroc.

- La ligne Pilote PMI (L.P) : Cette formule a été initiée par la Banque Mondiale en 1977. L’en-

semble des lignes de crédits accordées par cette banque atteignaient les 955 millions de Dollars

Américains.

Cette ligne permettait le financement à hauteur de 80% du coût global d’investissement des entre-

prises (terrain non compris) pour une durée de 12 ans à un taux d’intérêt de 10%.

- Le Programme d’Assistance Intégré de la PMI (P.A.I) : Ce programme a été constitué par

l’ensemble des crédits mobilisés après épuisement de la Ligne Pilote quelle que soit la source de

financement.

Ces mesures d’appui financier aux PME n’ayant pas pu combler toutes les demandes de création,

et spécialement celles des jeunes, l’Etat marocain a mis en place un programme d’appui dédié

exclusivement aux jeunes promoteurs, leur facilitant l’accès à l’emprunt pour s’installer à leurs

propres comptes. Cette initiative de l’Etat s’est encore plus justifiée par sa volonté de faire profiter

cette cible des opportunités d’investissement notamment pour absorber la crise de chômage ag-

gravé par le Programme d’Ajustement Structurel.

C’est ainsi qu’un dispositif sous forme de « Prêts de soutien à certains promoteurs », plus connu

sous le nom de Crédit Jeunes Promoteurs, a été institué grâce à la loi 36/87 décrétée le 30 Dé-

cembre 1987 et mis en application en Août 1988.

56
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

L’objectif de ce dispositif était d’encourager les jeunes diplômés de l’enseignement supérieur ou

professionnel à créer des entreprises, grâce à des conditions de financement très avantageuses,

notamment une participation personnelle qui ne dépasse pas les 10% du coût du projet.

Les 90% restant étaient financés par l’Etat (65%) et un établissement bancaire (25%).

Le plafond des prêts octroyés était de 1.000.000 Dhs par emprunteur à un taux d’intérêt de 7% par

an pour les crédits à long terme et 9% par an pour les crédits à moyen terme, pour une durée

maximale de 12 ans.

Les jeunes promoteurs, pour bénéficier de ce crédit devaient répondre à des certaines conditions

d’éligibilité imposées par le ministère de finances. Il s’agissait d’être de nationalité marocaine, âgé

de 21 à 40 ans, titulaire d’un diplôme d’enseignement supérieur ou de formation professionnelle,

ou ayant une attestation certifiant une qualification professionnelle permettant l’exercice d’une

activité.

Les créations devaient impérativement être sous forme d’entreprises individuelles ou de sociétés

de personnes dont l’objet correspond à la qualification de ou des intéressés.

b. Evolution du Crédit Jeunes Promoteurs


Le mécanisme de financement mis en place a connu une certaine dynamique de 1988 jusqu’à 1992,

grâce à l’effort a été déployé à divers niveaux par de multiples instances (Ministère des finances,

Conseil National de la Jeunesse et l’Avenir, le Groupement Professionnel des Banques du Maroc,

et autres acteurs).

Toutefois, cette dynamique restait inférieure à celle prévue, ce qui a entrainé une remise en ques-

tion du programme, et une concrétisation de sa réforme, en 1994, à travers deux lois distinctes

mais complémentaires.

57
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Ces deux lois sont :

- La loi 14-94 du 25 Juillet 1994 : Cette loi a apporté des modifications à la loi 36-87 relative à

l’octroi de « Prêts de soutien à certains promoteurs ».

Ces modifications avaient touché principalement l’éligibilité au système de prêt, tant au niveau

des personnes qu’au niveau des projets; les modalités et caractéristiques du prêt ; les garanties et

le recouvrement contentieux du prêt.

Ainsi :

- L’âge des bénéficiaires a été relevé à 45 ans.

- L’adéquation entre la nature du projet et la qualification du porteur du projet n’était plus exigée.

Toutefois, un complément de formation pouvait être exigé par la banque préalablement à l’octroi

du crédit.

- Il était devenu possible d’obtenir trois prêts conjoints individuels dans le cadre d’une société de

personnes ou de coopérative.

- L’association dans le cadre d’une société de personnes ou de coopérative était devenue envisa-

geable avec des partenaires non éligibles.

- En cas de cessation d’activité, il était devenu possible d’opérer la cessibilité des prêts et par

conséquent des projets financés.

- Les frais de la commission d’étude ont été supprimés.

- Les prêts conjoints sont accordés par l’Etat à hauteur de 45% du coût d’investissement, aux taux

de 5% l’an, pour une durée de 12 à 15 ans, et par un établissement de crédit à hauteur de 45%, à

58
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

un taux de rémunération inférieur d’au moins 2 points du taux des crédits à moyen terme rées-

comptables, pour une durée de 7 à 10 ans.

- Un fonds de garantie géré par Dar Ad-damane a été mis en place. Son budget était de 125 millions

de Dhs. En cas de recouvrement contentieux, la banque concernée pouvait directement mettre en

jeu la garantie accordée par ce fonds.

- La loi 13-94 du 25 Juillet 1994 : Cette loi instituait le « Fonds pour la promotion de l’emploi

des jeunes » ou « Fonds pour jeunes entrepreneurs ». Elle prévoyait les mêmes encouragements

de la loi 14-94, mais s’adressait aux jeunes entrepreneurs qui ne remplissaient pas les conditions

de diplômes ou de qualifications exigées par le premier fonds.

Un accent particulier a été aussi mis en faveur du milieu rural.

c. Bilan du Crédit Jeunes Promoteurs


Sur la période de 1988 à 2000, 10.613 promoteurs ont bénéficié du programme Crédit Jeunes Pro-

moteurs, pour un investissement de 5.358.371.100,00 Dhs et 41.230 emplois créés.

Ces résultats ne correspondaient nullement aux prévisions initiales du programme, qui pré-

voyaient la création de 2.000 à 3.000 entreprises par an, générant 2 à 3 emplois/entreprise au mi-

nimum.

L’analyse sectorielle de ces résultats révèle une grande prédominance du secteur tertiaire qui atti-

rait plus de 80% des promoteurs et était à l’origine de la création de près de 70% des emplois, alors

que l’Etat misait sur la promotion de l’industrie.

d. Leçons tirées du Crédit Jeunes Promoteurs


Les principaux renseignements tirés de l’expérience du Crédit Jeunes Promoteurs sont :

59
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

-UN programme aussi structurel ne peut pas être lancé de façon hâtive: La loi initiale ainsi

que celles complémentaire ont été rédigées et lancées dans un contexte d’urgence et de pression

politique, notamment suite à la crise économique aggravée par le Programme d’Ajustement Struc-

turel.

-Le financement seul est insuffisant: Même si le financement est vital pour tout projet de créa-

tion, il ne constitue qu’un maillon de toute une chaîne, dont doivent faire partie la formation, l’ac-

compagnement, etc. Des acteurs doivent être désignés afin de prendre en charge l’accompagne-

ment et la formation des jeunes promoteurs.

-Soulager la lenteur administrative: Les jeunes promoteurs souffraient de la lenteur des procé-

dures administratives, que ce soit au niveau des procédures de création et d’autorisations, qu’au

niveau des procédures de déblocage des fonds. La solution de la création d’un guichet unique s’est

avérée indispensable pour faciliter la réception des candidats, leur présélection et leur accompa-

gnement lors des procédures de création. Pour les délais de déblocage des fonds, la solution serait

de décentraliser cette opération.

-Encourager l’engagement des établissements bancaires: Hormis la Banque Centrale Populaire

qui se présentait comme étant la plus engagée dans l’appui des jeunes promoteurs

(67% des projets financés), les autres établissements bancaires n’avaient pas pu adhérer activement

dans ce programme. Leur attitude se justifiait par la problématique des garanties et par les lacunes

au niveau du montage des études de faisabilités des projets soumis.

Etant des acteurs principalement à but lucratif, les banques devaient être plus rassurées quant aux

contentieux de recouvrement potentiels, et ce par le biais d’un renforcement des fonds de garantie,

Tout en misant sur leur responsabilité sociétale pour adhérer au volet social des programmes.

60
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

- Différencier et adapter les offres de crédit selon les spécificités des projets: Il s’est avéré

insensé de présenter une offre unique à tous les porteurs de projets. En fait, les montants octroyés,

les exigences quant à la répartition des fonds, les procédures, etc. étaient identiques quel que soit

la qualification du porteur de projet, la nature du projet, le secteur d’activité, la localisation terri-

toriale, etc.

-Promouvoir les structures de promotion et de soutien des PME: Les divers acteurs avaient

pris conscience de la nécessité de créer une agence nationale, à l’image de l’ANPE en France, pour

assister les PME et accompagner leur développement, et aussi promouvoir le rôle des chambres de

commerce par région.

-Développer des programmes de formation à l’entrepreneuriat: L’expérience a démontré que

l’insertion de programmes de sensibilisation et de formation à l’entrepreneuriat, au niveau des

cursus scolaires et universitaires pourrait contribuer au développement de l’esprit entrepreneurial

et d’apprivoiser les difficultés de commercialisation, les problèmes de productivité, les erreurs de

qualités, qui avaient lourdement influencé la compétitivité et la viabilité des entreprises créées.

-Laisser au jeune promoteur le choix de la forme juridique: Tout entrepreneur devait impéra-

tivement opter pour une entreprise individuelle, une société de personne ou une coopérative. Cette

limitation avait suscité une démobilisation et un découragement de la part des jeunes promoteurs

vu le risque d'une procédure pénale en cas de cessation de paiement. Une ouverture au niveau des

choix de formes juridiques permettrait aussi aux jeunes de tirer profit des divers avantages liés à

certaines formes, et pourrait aussi leur permettre plus de chance au niveau de la recherche d’asso-

ciés.

61
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

-Soulager la pression fiscale et financière: Les structures fraichement créées par les jeunes

n’avaient pu bénéficier d’allégement au niveau fiscal, ce qui avait encore plus alourdi leurs con-

traintes. Au niveau des charges financières, même si les taux d’intérêts, appliqués et par l’Etat et

par les établissements de crédit ont baissé de 2 points, toutefois, ils demeuraient cher par rapport

à la volonté d’insertion des jeunes.

- Assurer des incubateurs et des pépinières d’entreprises: La disponibilité des locaux était

parmi les obstacles majeurs qu’affrontaient les jeunes promoteurs. Les décideurs avaient pris cons-

cience de la nécessité de mettre à la disposition des jeunes promoteurs de locaux équipés et à des

prix accessibles ou même symboliques.

Ces principaux renseignements tirés ont permis aux pouvoirs publics de proposer un autre pro-

gramme d’appui aux jeunes entrepreneurs, à savoir le programme Moukawalati, en passant par des

dispositifs intermédiaires comme le dispositif de "Création de la Jeune Entreprise" institué par la

convention de coopération du 19 février 2003 entre la Caisse Centrale de Garantie et l’ensemble

des banques marocaines et par lequel l’Etat fournit une garantie qui couvre 85% des prêts octroyés

par ces banques.

2. Programme Moukawalati

Le programme Moukawalati a été lancé par l’Etat marocain en Juillet 2006. Ce programme visait

l’appui à la création de 30.000 entreprises, pouvant générer entre 60.000 et 90.000 emplois entre

2006 et 2008. Il ciblait principalement les lauréats de la formation professionnelle et de l’ensei-

gnement supérieur, mais il a été élargi par la suite pour couvrir même les non diplômés.

62
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

a. Caractéristiques du programme Moukawalati


Ce programme a pour base législative et réglementaire la loi n° 53-00 formant charte de la petite

et moyenne entreprise promulguée par le dahir du 23 juillet 2002 qui a prévu le fonds de garantie

des prêts à la création des jeunes entreprises. L’accompagnement de jeunes, quant à lui, repose

juridiquement sur la loi 51/99, instituant la création de l'ANAPEC, et le contrat ETAT/ANAPEC

qui prévoit la prise en charge des frais d'accompagnement par l'ANAPEC à hauteur de 10 000Dhs

par projet. Il cible les diplômés universitaires dont le projet nécessite un investissement entre

50.000,00 et 250.000,00 Dhs, et qui satisfont aux conditions suivantes: être de nationalité maro-

caine, âgé de 20 à 45 ans, détenteurs d’un diplôme d’enseignement supérieur ou de formation

professionnelle, de baccalauréat, ou, et ce à partir de 2010, d’un diplôme d’études secondaires ou

primaires délivré par une institution publique ou privée.

Les jeunes entrepreneurs potentiels doivent obligatoirement être inscrits à l’ANAPEC, qui était

l’organe choisi par l’Etat pour assurer l’accompagnement et la gestion du programme. Deux per-

sonnes au maximum peuvent présenter un projet d’investissement conjoint d’un montant de

50.000,00 à 500.000,00 Dhs. A travers ce programme, les jeunes candidats sont assujettis à une

présélection pour juger de leurs aptitudes managériales et entrepreneuriales. Cette présélection a

pour objectif de filtrer un maximum de candidats réellement ambitieux, motivés et prédisposés à

se lancer dans l’entrepreneuriat.

Les porteurs de projets présélectionnés sont ensuite orientés vers une commission de sélection,

instituée par le comité régional du programme Moukawalati. A l’issue de l’opération de sélection,

les résultats sont établis sur la base d’un rapport élaboré par le Centre Régional d’Investissement.

Si le candidat est sélectionné définitivement, il bénéficiera alors d’un accompagnement tout au

long du processus de création et de démarrage de l’entreprise par le guichet de son choix.

63
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Les candidats non retenus, ont la possibilité de se représenter une seconde fois, à un autre guichet

dans un délai maximum d’un trimestre à compter de la date de sa dernière épreuve de sélection

définitive.

b. Spécificités du programme Moukawalati


Comme susmentionné, le programme Moukawalati a essayé de tirer profit de l’expérience Crédit

Jeunes Promoteurs, et de dépasser les lacunes qui y étaient constatées. Ainsi, les pouvoirs publics

ont misé sur un certain nombre de mesures, dont notamment :

- Réunir plusieurs acteurs économiques autour de ce programme : Le programme Moukawa-

lati a pu fédérer autour de lui plusieurs intervenants impliqués dans la promotion de l’entrepreneu-

riat, comme les Chambres de Commerce, d’Industrie et de Services, les associations de microcré-

dit, les universités, l’OFPPT, les banques, les Centres Régionaux d’Investissement, l’ANAPEC.

- Améliorer les conditions financières du programme : L’Etat prend en charge les frais d’ac-

compagnement du projet à hauteur de 10.000 Dhs. Il octroi également une avance sans intérêt

représentant un maximum de 10% du coût du projet limité à 15.000,00 Dhs (30.000 Dhs en cas de

binôme), remboursable sur six ans avec 3 ans de différé. Aussi, et conformément à la convention

de Février 2003, l’Etat se doit de garantir 85% du crédit bancaire nécessaire à la réalisation du

projet.

- Ne pas se centrer uniquement sur la dimension financière: Hormis la dimension financière

de l’appui, le programme prévoit un accompagnement des jeunes tout au long des phases de créa-

tion, et aussi de développement de leurs entreprises (formations managériales, commerciales, fi-

nancières et techniques).

64
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

- Favoriser la proximité pour une meilleure couverture géographique: Une centaine de gui-

chets « Moukawalati » ont été implantés dans les diverses régions du Maroc. Ces guichets sont

mis en place à travers les associations de microcrédit, les Chambres de commerce, d’Industrie et

de Services, ainsi que les délégations de l’OFPPT.

-Faciliter et accélérer le traitement des dossiers: L’inscription au programme se fait auprès d’un

seul guichet d’accueil choisi par le candidat, qui devient par la suite son unique interlocuteur.

- Permettre aux jeunes le choix des formes juridiques adéquates: Le choix n’est plus limité

aux entreprises individuelles, aux sociétés de personnes ou aux coopératives. Selon l’étude juri-

dique développée dans son business plan, le jeune peut opter pour la forme juridique correspon-

dante.

c. Bilan du programme Moukawalati


En dépit de l’important appui financier et non financier apporté aux jeunes dans le cadre de ce

programme, ce dernier a loin été d’approcher les résultats escomptés. En fait, entre 2007 et 2011,

seulement 2050 entreprises ont été créées dans le cadre du programme Moukawalati (soit 410

créations par an), enregistrant ainsi un taux de réalisation ne dépassant pas les 6,8% en matière de

nombre d’entreprises créées. Les emplois générés n’ont, à leur tour, pas dépassé 6180 emploi, soit

moins de 7% par rapport aux prévisions initiales (90000 emplois), tout en sachant que les prévi-

sions ne couvraient que la période de 2006 à 2008.

65
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Tableau 6: Résultats globaux du programme Moukawalati de 2007 à 2011

2007 2008 2009 2010 2011 TOTAL


Nombre 612 491 430 285 232 2050
des TPE
crées
Nombre 241 213 205 137 122 918
des TPE
bancarises
Nombre 1254 1032 856 501 312 3955
des
crédits
octroyés
Nombre 2083 1457 1324 729 632 6180
des
emplois
crées
Source : ANAPEC
Il est à noter que le nombre des entreprises créées n’a pas cessé de régresser d’une année sur l’autre,

passant ainsi de 612 en 2007 à 430 en 2009 et à seulement 232 en 2011. Il en est de même pour le

nombre des emplois créés.

Sur plan de financement bancaire, les projets bancarisés ont connu une baisse continue d’une année

à l’autre en se limitant à 122 en 2011 contre 241 en 2007.

D’après l’étude de BOUSSETTA. M (2013), cette situation confirme les critiques formulées par

les jeunes promoteurs envers les banques dont la méfiance ne fait que s’accroitre vis-à-vis des

nouveaux projets avec l’avancement du programme dans le temps.

L’expérience du crédit jeune promoteurs semblait être toujours présente à l’esprit8. La même ten-

dance est observée quant au volume total des crédits octroyés par les banques qui ont enregistré

une importante chute entre 2007 et 2011 en s’établissant respectivement de 1254 millions de DH

à 312 millions. Globalement, le montant des crédits bancaires accordés aux jeunes promoteurs

66
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

dans le cadre du programme n’a pas atteint 4 millions de DH. Soit une moyenne annuelle de 790

millions de DH.

Et sur le plan d’emploi, le programme a permis la création d’un peu plus de 6180 emplois entre

2007 et 2011. Soit une moyenne annuelle de 1236 emplois représentant soit trois postes d’emplois

par entreprise créée. Il faut rappeler que lors de son lancement, le programme visait la création de

30 000 micros et petites entreprises en trois ans devant également générer 90 000 emplois. Le

nombre d’entreprises créées n’a représenté que 6,7% des objectifs initiaux du programme. Après

cinq ans, il a été constaté que les résultats obtenus sont faibles et largement en deçà des objectifs

fixés au départ. L’échec du programme est tout à fait consommé dès les premières années de sa

mise en œuvre.

67
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

2500

2000

1500

1000

500

0
2007 2008 2009 2010 2011

Nombre des TPE crées Nombre des emplois crées

Figure 5: Evolution des entreprises et emplois créés dans le cadre du programme


Moukawalati de 2007 à 2011
Source : ANAPEC
Aussi, le pourcentage de financement bancaire des projets créés dans le cadre du programme Mou-

kawalati n’avait même pas atteint les 45%, sachant que ce programme a été voué essentiellement

à faciliter le financement bancaire des très petites entreprises créées par les jeunes diplômés chô-

meurs. Tout financement bancaire s’était d’ailleurs quasiment arrêté depuis 2010.

En effet, d’après les résultats de l’étude de BOUSSETTA (2013), l’approche qui a été adoptée

consistant à susciter ou à « vouloir créer artificiellement » un esprit d’entreprise chez les jeunes

chômeurs ainsi que la volonté des pouvoirs publics de s’appuyer sur un système bancaire oligopo-

listique très concentré et fortement mercantile est complètement dépassé et inefficace.

68
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

d. Raisons de déficience du programme Moukawalati


Plusieurs facteurs peuvent être cités pour expliquer la déficience du programme Moukawalati, qui

n’a cessé de se confirmer d’année en année.

- La lourdeur des procédures de création: Lors d’une enquête auprès des jeunes bénéficiaires

du programme Moukawalati, près de 80% des jeunes ont déclaré que les procédures qu’ils avaient

dû suivre pour créer leurs sociétés ont été lourdes ou très Lourdes [2]. Ce résultat montre, que

malgré les efforts déployés pour assouplir les procédures de création, ces dernières demeurent

pénalisantes pour les jeunes entrepreneurs. Ce constat est d’autant plus confirmé par les classe-

ments internationaux du Maroc en matière d’environnement d’affaires (Le Maroc a certes gagné

8 places dans le dernier classement « Doing Business 2014 » de la Banque Mondiale, mais son

classement reste faible : 87ème sur un panel de 189 économies).

- Les problèmes de coopération entre les différents acteurs: La multitude des acteurs qui était

censé être un point fort du programme, a été à la source de plusieurs problèmes de coordination.

Aussi, les rôles attendus de chaque acteur n’ont pas été bien planifiés et préparés et les visions

n’ont pas pu être unifiées (les universités étaient peu préparées à assurer l’intermédiation et le

mentorat financier, et les Chambres de Commerce n’étaient pas équipées pour recevoir et assurer

le suivi des dossiers de demande de crédits). Encore, il y avait un réel problème de coordination

entre la Caisse Centrale de Garantie et les banques.

- La complexité et la lenteur du processus de sélection et de déblocage des fonds: Le traitement

des dossiers qui nécessitaient le passage par plusieurs étapes et par plusieurs comités, en plus des

problèmes de bureaucratie, ont induit des délais élevés de traitement des dossiers avant acceptation

finale. Et même suite à l’avis favorable au projet, le déblocage des fonds peuvent prendre d’im-

portants délais. A cet effet, près de 92% des jeunes ont mis en cause le caractère contraignant du

69
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

processus en termes de délai, de pièces à fournir … qui décourage parfois les jeunes entrepreneurs

dès le début du leur processus entrepreneurial et peut même pénaliser ceux qui se sont engagés

avec des fournisseurs ou des bailleurs.

- La méfiance toujours présente des banques: Toujours imprégnées par l’expérience du Crédit

Jeunes Promoteurs, les banques marocaines n’avaient pas réussi à faire confiance au programme

Moukawalati et continuaient à montrer une grande réticence malgré le fonds de garantie adopté.

Ces banques marocaines n’ont pas pu adhérer à la logique sociale qui est à l’origine du programme

Moukawalati et continuaient à favoriser la logique de rentabilité financière et de la prudence.

- La contrainte foncière: Cette contrainte a été avancée par plus de 95% des jeunes entrepreneurs.

A la nécessite d’avoir un local pour exercer son activité, s’ajoute la contrainte de l’hypothèque,

exigée explicitement ou implicitement par les banques lors du traitement des dossiers de crédit ou

par les autres créditeurs.

- Le manque d’expérience des jeunes entrepreneurs: L’inexpérience et la faible culture entre-

preneuriale des jeunes constitue l’une des principales sources de défaillance des différents pro-

grammes d’appui à l’entrepreneuriat des jeunes. Les efforts d’accompagnement pré et post créa-

tion fournis par les conseillers de l’ANAPEC, les fonctionnaires des Chambres de Commerce ou

les agents des associations de microcrédit n’ont pas été suffisants et plus ou moins inadaptés. Les

chargés même de cet accompagnement n’ont pas tous les profils adaptés ou la formation et l’ex-

périence nécessaires pour accompagner les jeunes entrepreneurs. Et même l’accompagnement ef-

fectué a été majoritairement focalisé sur la partie « préparation du business plan », alors qu’uni-

quement 25% des entrepreneurs ont bénéficié de conseil, ou ont suivi des sessions de formation

pratiques par des intervenants spécialisés dans l’appui des micro-entrepreneurs.

70
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Près de vingt ans ont séparé les deux grands programmes nationaux d’appui à la création d’entre-

prises par les jeunes, durant lesquelles, des lois ont vu le jour, des réformes ont été effectuées, des

instances ont été créées, des budgets ont été alloués, des livres ont été écrits, des études ont été

menées ... Et pourtant, les résultats atteints sont grandement inférieurs à ceux escomptés. Encore,

les taux de réalisation du 2ème programme sont nettement inférieurs à ceux du premier.

D’où la question cruciale : Pourquoi tant de volonté et d’investissement n’ont pas réussi à promou-

voir cet entrepreneuriat, tant ambitionné, des jeunes ?

71
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

DEUXIEME PARTIE : L’ETUDE EMPIRIQUE

72
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

CHAPITRE IV : STATISTIQUE DE L’INTENTION


ENTREPRENEURIALE DES ETUDIANTS UNIVERSITAIRES AU
MAROC : CAS DE L’UNIVERSITE IBN ZOHER.
1. L’intention entrepreneuriale : De quoi parle-t-on ?

L’entrepreneuriat, et plus généralement la création d’entreprises, est le nouveau moteur de l’éco-

nomie (Reynolds et al. 1994 ; Dejardin, 2000 ; ONUDI, 2003 ; Rasmussen et Sorheim, 2006 ;

Obschonka et al., 2010). Il est, en ce sens, un vecteur de développement économique permettant

la réalisation de la valeur ajoutée et l’amélioration de la croissance nationale, et aidant à la lutte

contre le chômage et le travail informel. Ses effets résultent de l’expression concrète des qualités

de l’entrepreneur, et plus précisément de sa propension à innover (Dejardin, 2000). Un plus grand

nombre d’entrepreneurs dans un pays aboutirait à un surcroît de croissance économique. C’est

dans cette même ligne d’idée que l’entrepreneuriat est considéré comme un facteur important dans

la société.

Il n’en demeure pas moins que tout acte entrepreneurial est précédé de l’intention d’entreprendre.

Cette intention résume la volonté d'une personne de créer sa propre entreprise ; elle peut être ex-

pliquée par des caractéristiques individuelles de l’entrepreneur potentiel, par son milieu environ-

nemental, ou encore par ses spécificités culturelles (Benredjem, 2010). Pour Tounès (2006), la

volonté de l’individu est importante dans l’aboutissement du processus de création d’entreprise.

Drucker (1970) considère que l’émergence de l’économie entrepreneuriale est de toute évidence

un événement culturel et psychologique autant qu’économique et technologique. Lecointre (1993)

soutient que l’esprit d’entreprise est avant toute chose un esprit, c’est-à-dire une mentalité.

La création d'entreprise n’est autre qu’un acte qui naît au sein d'un processus en construction. En

amont de ce processus, de multiples recherches ont tenté d'expliquer les causes qui amènent les

73
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

individus à devenir entrepreneurs. Décrire et expliquer l’intention entrepreneuriale sont néces-

saires pour comprendre l’acte d’entreprendre. Cette intention est le médiateur entre le comporte-

ment, les attitudes, les normes subjectives et les perceptions.

Pour ce qui concerne notre étude, nous nous intéresserons plus particulièrement à l’intention en-

trepreneuriale dans une population estudiantine que nous aborderons d’une manière globale. En

effet, avant de marquer son intention de créer une entreprise, l’étudiant est avant le reflet d’une

réalité sociale, économique et politique. Combien même il reflète l’image de sa famille dans la-

quelle il a vécu sa première expérience sociale de l’étudiant ; l’étudiant ne vit pas en vase clos.

En effet, le milieu dans lequel une personne grandit et évolue est susceptible d’influencer le che-

minement de sa carrière. Pour Krueger et Casrud (1993), Berglann et al. (2010), Gurel et al. (2010)

et Laspita et al. (2012), l’entourage du porteur de projet doit lui être favorable, et doit posséder les

ressources nécessaires pour l’aboutissement du projet. Gasse et D’Amours (2000) considèrent que

la décision de créer une entreprise est influencée par les antécédents de l’entrepreneur (famille,

environnement, culture), ses prédispositions (motivations, attitudes, intérêts et aptitudes), ses com-

portements et la présence d’un élément déclencheur. Mezhoudi (2001), quant à lui, considère que

dans le contexte tunisien la famille joue deux rôles importants dans l’accomplissement de l’activité

entrepreneuriale chez le créateur : le réconfort et la contribution financière puisque, par son inter-

vention, elle minimise le coût de création. Aldrich et Fiol (1994) soutiennent que la création d’une

entreprise est une activité fondamentalement relationnelle.

Le réseau relationnel n’est qu’un aspect des facteurs pouvant stimuler l’intention entrepreneuriale

de l’individu. Un état d’esprit et une dynamique d’action de l’individu sont nécessaires pour abou-

tir à la réalisation entrepreneuriale ; en conséquence de quoi, l’entrepreneuriat serait une dyna-

74
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

mique d’action et un état d’esprit qu’on peut acquérir par la formation, la sensibilisation aux situa-

tions, par les mesures d’accompagnement, ou encore par des techniques et outils spécifiques (Von

Graevenitza et al., 2010). D’où l’importance du système éducatif qui a pour mission de sensibiliser,

préparer et former à l’entrepreneuriat.

Pour Rasmussen et Sorheim (2006), l’enseignement de l’entrepreneuriat dans les écoles et les

universités peut modifier les attitudes, changer les comportements et les croyances des jeunes étu-

diants quant à l’entrepreneuriat, et ainsi leur faciliter l’assimilation et l’accessibilité au phénomène

entrepreneurial. Saporta et Verstraete (2000) avancent que l’enseignement de l’entrepreneuriat

peut modeler la cognition de l’étudiant en favorisant la combinaison de trois dimensions irréduc-

tibles et indissociables : réflexion, réflexivité et apprentissage. En tout état de cause, notons que

l’acte entrepreneurial reste encore une démarche professionnelle très marginale chez les étudiants.

Toutefois, avec les programmes mis en œuvre, il est instructif de se pencher sur l’intention entre-

preneuriale des bénéficiaires de cette formation, même si à ce stade, elle reste une simple intention

professionnelle. Ceci nous permettra de sortir aisément du débat sur l’intention et les actes entre-

preneuriaux. En effet, l’intention n’est pas toujours l’acte, et elle n’est d’ailleurs pas un préalable

à cette action. Comment alors définir le vocable « intention » lorsqu’il s’agit de l’entrepreneuriat

? Quels est donc le rôle que l’université marocaine pourra jouer dans la promotion de l’entrepre-

neuriat ?

2. L’Université au service de l’entrepreneuriat

Certains chercheurs soulignent que l’éducation académique classique n'encourage pas l'entrepre-

neuriat. Au contraire, elle favorise une mentalité d’emploi salarié (Kourilsky. 1995) et supprime

la créativité et l’esprit entrepreneurial des étudiants (Chamard. 1989; Plaschka et Welsch, 1990).

En effet, les étudiants préfèrent davantage travailler dans les grandes entreprises (Timmons. 1994).

75
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Ainsi, il convient de souligner que le système éducatif influence fortement le comportement en-

trepreneurial des étudiants, dans la mesure où « On ne nait pas entrepreneur.

L’entrepreneur est un mode de comportement, c’est une attitude qui peut être encouragée, favori-

sée, contrariée, mais on peut apprendre à modifier son comportement et on peut y arriver » (Kets

de Vries et Stevenson, cité par Billet, 2007). Nombreux auteurs pensent que l’école et l’université

constituent un terrain fertile pour développer les comportements entrepreneurials des étudiants

(Gasse, 1988; Hernandez, 1991; Filion, 1994 ; Fayolle, 1999, 2000, 2004a).

A cet égard, la formation universitaire joue un rôle important dans le développement de l’esprit

entrepreneurial, et les formations à l’entrepreneuriat permettent de renforcer les connaissances sur

la façon de lancer et gérer une entreprise.

En effet, pour développer l’esprit entrepreneurial chez les étudiants, il faut que l’Université soit un

lieu où les acteurs, les procédures et les infrastructures sont cohérents et partagent le même objec-

tif, à savoir favoriser la culture entrepreneuriale. Par ailleurs, l’éducation entrepreneuriale est con-

sidérée comme « quelque chose » qui facilite l’accès aux pratiques entrepreneuriales (Laukkanen;

2000). Pour ce faire, on peut évoquer trois éléments importants qui favorisent le développement

de la culture entrepreneuriale chez les étudiants, à savoir :

 Enseignement-Recherche

 Vie estudiantine

 Ouverture de l’Université sur son environnement

En ce qui concerne l’enseignement-recherche, on trouve tout ce qui est programmes d’enseigne-

ment, méthodes pédagogiques, valorisation de la recherche, et stages. En effet, la sensibilisation à

l’entrepreneuriat est importante mais elle reste insuffisante, dès lors, il faut que les contenus des

76
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

programmes de l’enseignement, ainsi que les méthodes pédagogiques (nouvelles approches péda-

gogiques) mises en place favorisent davantage l’éclosion de l’esprit entrepreneurial. En outre, il

faut inciter les étudiants à la créativité et l’innovation à travers la valorisation de la recherche. Sans

oublier bien évidemment d’encourager le déroulement des stages. Ces derniers doivent être effec-

tués de façon sérieuse.

Pour ce qui est de la vie estudiantine, tous les types d’activités qui y sont liées permettent l’acqui-

sition et le développement d’aptitudes et des attitudes entrepreneuriales des étudiants. On peut citer

comme activités : la participation à des événements, l’adhésion à des clubs d’étudiants, et les acti-

vités associatives.

Quant à l’ouverture de l’université sur son environnement, cela porte sur les partenariats entre

l’université et les entreprises, d’une part, et d’autre part, sur la relation entre l’université et les

structures d’appui et d’accompagnement à la création d’entreprise.

Il s’avère nécessaire de mettre l’accent sur l’importance de réseautage pour l’université afin de

promouvoir l’entrepreneuriat. La figure ci-dessous résume les éléments importants qui favorisent

le développement de la culture entrepreneuriale chez les étudiants.

La figure ci-dessous résume les éléments importants qui favorisent le développement de la culture

entrepreneuriale chez les étudiants.

77
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Enseignement Vie estudiantine Ouverture de


Recherche l'université sur
son environement
-Programme de -Participation À des -Partenariat :
l'enseignement. évènements. "Université-entreprise"
-Méthodes -Adhésion à des clubs -Relation "Université-
pédagogiques. d'étudiants. structures D'appui Et
-Valorisation de la -Activités associatives. D'accompagnement À
recherche. La Création D'e/Se "
-Stages.

Figure 6: Les composantes nécessaires pour favoriser l’entrepreneuriat

3. Méthodologie de la recherche

Pour tenter de répondre à notre problématique, nous avons opté pour une étude quantitative à tra-

vers l’administration d’un questionnaire auprès des étudiants de l’université Ibn Zoher Agadir au

terme de l’année universitaire 2021-2022. A cet effet, nous avons fait appel à Google Forms pour

élaborer notre questionnaire. Pour réaliser ce travail, nous avons mené une enquête auprès d’un

échantillon composé de173 étudiants, tous niveaux et filières confondus.

a. Terrain de l’enquête
Le terrain d’où relève notre échantillon d’étude est l’Université ibn zoher (UIZ). C’est un établis-

sement public à caractère scientifique, culturel et professionnel. Créée en 1989 (La Faculté des

Lettres et des Sciences Humaines et la Faculté des Sciences existaient depuis 1984). Unique dans

sa région, elle est un acteur majeur et un moteur de développement de l'Enseignement Supérieur

et de la recherche dans les Provinces du sud et du Sahara marocains. L’UIZ compte plus de 120000

étudiants répartis sur 8 villes universitaires : Agadir, Ait Melloul, Ouarzazate, Taroudant,

Laayoune et Guelmim, ES-Semara et Dakhla elle couvre plus 50% du territoire national. Elle re-

groupe 16 établissements.

78
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Nos études ont été réalisées sur une durée de (2) mois répartis entre mises en place du guide d’en-

tretien, du questionnaire, d’analyse et de traitement des données. (Mars, Avril 2022).

b. Enquête par questionnaire


Pour améliorer notre étude, une enquête par questionnaire a été conduite auprès d’un échantillon

des étudiants des différents établissements appartenant à l’USMS. Quant au mode d’administration

du questionnaire, nous avons privilégié la diffusion électronique en ligne. Ainsi, après sa concep-

tion à l’aide de l’outil Google Forms, le questionnaire a été envoyé via un lien électronique à un

échantillon des étudiants de l’UIZ.

Le questionnaire a été reparti en trois (3) thèmes, le premier a été réservé aux données personnelles

; le deuxième a traité le comportement entrepreneurial des étudiants et le troisième était consacré

aux connaissances des étudiants en matière de l’entrepreneuriat et les principaux programme mise

en place pour sa promotion.

Après leur collecte sur la période du 2 Mars 2022 au 28 Avril 2022, les données du questionnaire

ont subi une série de traitements statistiques. Les analyses effectuées peuvent être classées en deux

grandes familles :

- Analyse univariée où chaque variable a fait l’objet de tests spécifiques (la proportion, la moyenne,

etc.). Les variables concernées relèvent aussi bien du comportement entrepreneurial (intention,

motivations, freins...) que des traits caractérisant les jeunes (âge, formation, genre, etc.).

- Analyses croisées en cherchant à explorer des associations entre, d’une part, les dimensions du

comportement entrepreneurial et, d’autre part, les caractéristiques des jeunes enquêtés.

79
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

4. Résultats de la recherche

a. Caractéristiques de l’échantillon
Notre échantillon est composé de173 étudiants ayant répondu au questionnaire : Le sexe féminin

représente 61,2 % tandis que le sexe masculin représente 38,8 % des répondants. L’âge de la plu-

part des répondants, soit 78,8 % est située dans la tranche d’âge [20-25] ans.

La structure de notre échantillon par filière et par niveau d’études est présentée dans les deux

tableaux suivants :

Tableau 7 : Répartition de l’échantillon par filière


Filière Effectif Fréquence
Sciences économiques 61 35,26
Commerce et gestion 60 34,68
Sciences juridiques 35 20,23
Lettres et sciences humaines 7 4
Sciences informatiques 2 1,15
Mathématiques, physique, chimie 4 2,31
Sciences de la vie et de la terre 1 0,75
Sciences de l’ingénieur 3 1,8

Total 173 100

Tableau 8 : Répartition de l’échantillon par Niveau d’études

Niveau d’études Effectif Fréquence


Non réponse 4 2,31

Bac 58 33,52

Bac+2 5 2,89

Bac+3 47 27,16

Bac+5 58 33,52

Autres 1 0,57

Total 173 100

80
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

b. Comportement entrepreneurial
Afin de mieux comprendre l’intention entrepreneuriale chez les étudiants, nous leur avons posé

cette question: Avez-vous l’intention de créer ou de reprendre une entreprise ? » déjà une idée Il

ressort des résultats obtenus, que la majorité des étudiants soit 68,8% envisage être un entrepreneur

un jour.

Avez-vous l’intention de créer ou de reprendre


une entreprise ?

24,1 OUI
Non

3,9 Peut être

68,8

Figure 7 : résultats relatifs à l’intention entrepreneurial

La motivation des étudiants à entreprendre est un constat indiscutable. Nous nous apercevons que

l’intention de devenir entrepreneur est présente chez une grande majorité des étudiants, 68,8% des

répondants expriment une intention positive à créer ou à reprendre une entreprise.

De l’analyse des facteurs pouvant (ou encore ayant pu) inciter ces jeunes à concrétiser cette in-

tention et devenir des entrepreneurs. Il en ressort l’existence d’une variété de stimuli exprimée par

les étudiants de l’UIZ. Les principales tendances sont décrites comme suit :

81
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

- « Avoir son propre emploi » constitue un motif pour entreprendre pour 56, 8% des jeunes de

l’étude;

- Le besoin en autonomie de prise de décisions est une motivation à l’entrepreneuriat pour la moitié

(51,2%) des jeunes interrogés.

-La volonté d’augmenter les revenus constitue la raison principale d’entreprendre pour 40,4% des

jeunes enquêtés.

- Le besoin de flexibilité professionnelle est déclaré comme principal motif à entreprendre pour

environ 29% des jeunes.

- La mise en valeur d’une opportunité d’affaires ou d’une idée d’un produit ou d’un service nou-

veau est la raison d’entreprendre pour 27, 6% des jeunes interrogés. L'insatisfaction profession-

nelle ou personnelle pousse 16, 4% des jeunes à entreprendre.

-Sur l’ensemble des jeunes, 16, 1% trouvent leur motivation à entreprendre dans le besoin de sortir

du chômage.

-D’une manière générale, 9, 1% des jeunes sont poussés vers l’entrepreneuriat suite au sentiment

d’insécurité dans leur emploi actuel.

-Le devoir de perpétrer une affaire familiale attire seulement environ 7,7% des jeunes à l’entrepre-

neuriat.

Par ailleurs, l’application de la typologie suggérée par Reynolds et ses collègues (2002) sur les

résultats obtenus révèle que les jeunes enquêtés sont davantage orientés vers l’entrepreneuriat plu-

tôt par opportunité que par nécessité. Ces résultats vont dans le même sens de ceux auxquels sont

parvenus Yatribi et Balhadj (2016). Ces derniers, à partir de leur étude menée sur des ingénieurs

82
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

marocains, remarquent que le plus motivant des facteurs pouvant inciter à l’entrepreneuriat est la

volonté d’être autonome. Toutefois, il convient de signaler que, suivant les analyses réalisées sur

les données collectées, l’importance de certaines motivations peut varier par rapport à d’autres.

Ainsi, par exemple, comme le montrent les résultats du croisement des motivations avec le genre

(le tableau 9), les femmes sont moins attirées par l’aspect financier lorsqu’elles songent à l’entre-

preneuriat. En effet, d’après ce qui a été illustré dans le tableau ci-dessous, plus de la moitié des

hommes entreprendraient pour pouvoir augmenter leur revenu, tandis que seulement un tiers des

femmes est motivé par l’argent s’agissant d’entreprendre.

Tableau 9 : Motivations à l’entrepreneuriat, selon le genre


MOTIVATION HOMMES FEMMES
Créer son propre emploi 19,35% 16,04

Être autonome dans la prise de décision 9,18% 6,58%


Vouloir augmenter ses revenus 29,18% 28,80%
Besoin de flexibilité professionnelle 50,27% 32,92%
Profiter d’une opportunité inexploitée 17,29% 15,63%
Une insatisfaction professionnelle ou personnelle 7,02% 10,69%
Sortir du chômage 28,10% 27,16%
Devoir perpétrer une affaire familiale 50,81% 51,44%
Une insécurité dans l’emploi actuel 52,97% 59,67%

De façon similaire, les résultats du croisement des motivations avec le domaine de formation ont

révélé que la totalité des jeunes ayant étudié dans les sciences juridiques déclarent vouloir entre-

prendre pour sortir du chômage. Notons aussi que le besoin d’autonomie ne constitue pas un motif

d’entreprendre pour la majorité des jeunes ayant poursuivi des études dans le domaine littéraire,

soit 78% d’entre eux. En outre, les éléments présentés dans le tableau ci-dessous nous montrent

83
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

que les étudiants avec un parcours lié aux sciences juridiques pensent à l’unanimité (100%) que se

lancer dans l’entrepreneuriat revient à une volonté de sortir du chômage. De plus, ceux-là ne lient

pas entrepreneuriat avec l’innovation, car, selon nos données recueillies, aucun d’entre eux ne

pense à entreprendre pour pouvoir profiter d’une opportunité d’affaire jusque-là inexploitée. Il faut

aussi dire que les avis sont équilibrés chez les jeunes ayant poursuivi des études liées aux sciences

de la vie et de la terre. Toutefois, on constate que ces derniers sont un peu plus sensibles à des

facteurs comme l’autonomie de décision, la volonté d’être son propre patron ou encore le besoin

d’avoir un revenu élevé.

Tableau 10: Motivations à l’entrepreneuriat, selon le domaine de formation


Sciences Sciences Sciences Sciences Mathémat Sciences de Sciences de Science de
Economiqu Juridiqu des Informa- iques, la Santé la Vie et de l’ingénieur
e et Gestion es Lettres tiques Physiques, la terre
Sciences Chimie
Sortir du 17,17% 100% 11,11% 12,50% 15,79% 14,29% 50% 5,66%
chômage

Devoir 6,40% 33,33% 0% 12,50% 1579% 1429% 25% 9,43%


perpétrer
une affaire
familiale
Besoin de 30% 0% 44,44% 45,83% 36,84% 57,14% 75% 28,30%
flexibilité
professionn
elle
Vouloir 42,76% 0% 44,44% 45,83% 36,84% 57,14% 75% 28,30%
augmenter
ses revenus
Une 15,82% 0% 22,22% 29,17% 21,05% 28,57% 50% 1,89%
insatisfactio
n
professionn
elle ou
personnelle
Une 9,76% 0% 11,11% 8,33% 10,53% 14,29% 50% 1,89%
insécurité
dans

84
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

l’emploi
actuel

Profiter 28,62% 0% 11,11% 45,83% 21,05% 28,57% 50% 20,75%


d’une
opportunité
inexploitée
Être 53,54% 0% 22,22% 37,50% 36,84% 42,86% 75% 58,46%
autonome
dans la prise
de décision
Créer son 57,58% 33,33% 22,22% 70,83% 57,89% 57,14% 75% 50,94%,
propre
emploi

Il découle d’après les résultats obtenus de notre enquête, que 58,9% des étudiants jugent qu’il est

difficile de créer leur entreprise.

Créer votre entreprise vous semble-t-il?

14%
27%

59%

Facile Difficile Aucune idée

Figure 8
En se penchant sur les raisons pouvant expliquer la faiblesse de la proportion des jeunes entre-

preneurs, plusieurs facteurs peuvent être identifiés. A partir de l’enquête par questionnaire, c’est

le manque de capital de départ qui représente l’obstacle majeur dans le processus d’entrepre- neu-

riat pour les jeunes. Notons, par ailleurs, que lorsqu’on confronte la variable « obstacles à l’entre-

85
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

preneuriat » aux traits sociodémographiques des jeunes, les résultats peuvent varier. Ainsi, du croi-

sement entre les obstacles à l’entrepreneuriat et le genre (tableau 11), nous constatons que les

tendances sont quasiment les mêmes tant chez les jeunes hommes que chez les jeunes femmes.

Tableau 11 : Obstacles à l'entrepreneuriat selon le genre

Hommes Femmes
Manque de capital de départ 76,17% 75,86%

Manque d’expérience professionnelle 40,21% 41,83%

Absence de connaissances et de compétences 30,93% 34,87%


en entrepreneuriat
Les contraintes administratives 38,14% 32,18%

Manque de conseils et d’orientation 41,75% 40,23%

Manque de relation professionnelle 37,11% 34,87%

Ressources matériels limitées 34,54% 35,63%

c. Connaissances entrepreneurial
Pour tenter d’analyser le rôle joué par l’université en matière de développement de l’entrepreneu-

riat chez les étudiants, nous avons opté pour l’item suivant : « Avez-vous déjà assisté à des mani-

festations scientifiques (conférence, journée d'étude, colloque...) portant sur l'entrepreneuriat or-

ganisées par votre université ? », et « Vos études à l'Université vous ont permis de développer les

attitudes et les valeurs suivantes » et « L'Université vous a-t-elle permis de développer des con-

naissances et des compétences qui pourront vous aider à créer votre entreprise ? » et « Pensez-

vous que l’Université favorise l’émergence de l’esprit entrepreneurial chez les étudiants ? » et «

86
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

Selon vous qu’est-ce qui favorise le plus le développement de l’esprit entrepreneurial chez l’étu-

diant ? ». Les résultats obtenus à partir de notre enquête révèlent que 58,6% des étudiants n’ont

jamais assisté à des manifestations scientifiques (conférence, journée d'étude, colloque...) portant

sur l'entrepreneuriat organisées par leur université.

D’un autre côté, la plupart des étudiants interrogés estiment que l’université leur a permis de dé-

velopper des attitudes et des valeurs relatives à la culture entrepreneuriale.

VOS ÉTUDES À L'UNIVERSITÉ VOUS ONT


PERMIS DE DÉVELOPPER LES ATTITUDES ET
LES VALEURS SUIVANTES :
Autonomie 83

Responsabilité 135

Sens d'iniative 75

Créativité 78

Solidarité 80

Aucune des valeurs précitées 11

0 20 40 60 80 100 120 140 160

Figure 9: Résultat relative a les connaissances entrepreneuriales


En outre, il semble que 53,9% des étudiants pensent que l’université leur permet de développer

des connaissances et des compétences qui pourront leur aider à créer leur entreprise. De même,

64,1% des étudiants estiment que l’université favorise l’émergence de l’esprit entrepreneuriale

chez les étudiants.

87
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

L'Université vous a-t-elle permis de développer des


connaissances qui pourront vous aider à créer votre
entreprise?
0%

16%

54%
30%

Oui Non Aucune idée

Figure 10: Résultats relatifs au rôle de l’université dans le développement de l’esprit


entrepreneurial chez les étudiants.

pensez-vous que l'université favorise l'emergence


de l'esprit entrepreneurial des etudiants?

37%

63%

Oui Non

Figure 11 : Résultats relatifs au rôle de l’université dans le développement de l’esprit


entrepreneurial chez les étudiants.

Quant à l’esprit entrepreneurial, 64.1% des étudiants pensent que l’université favorise l’émergence

de l’esprit entrepreneurial chez les étudiants. Et selon eux, ce qui favorise le plus le développement

88
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

de l’esprit entrepreneurial chez l’étudiant, c’est en premier lieu les stages 50,9%, suivis par les

partenariats « Université-Entreprise » 48,5%, et la relation « Université- Structures d’appui et

d’accompagnement à la création d’entreprise » 45,5.

Voici les résultats obtenus concernant cette question :

-Stages : 50,9%

- Partenariats « Université-Entreprise » : 48,5%,

- Relation « Université-Structures d’appui et d’accompagnement à la création d’entreprise »:

45,5%

- Participation à des événements scientifiques : 41,8%

- Activités associatives des étudiants : 38,2

- Valorisation de la recherche : 35,2%

- Méthodes pédagogiques : 34,5%

- Adhésion à des clubs d’étudiants : 33,3%

- Programmes de l’enseignement : 30,9%

5. Discussion des résultats et recommandations

d. Discussion des résultats


Il ressort des premières données récoltées de notre étude empirique que les étudiants de la Faculté

Ibn zoher manifestent un grand intérêt pour l’entrepreneuriat. Malgré qu’ils estiment que la créa-

tion d’entreprise est difficile, 66,8% des étudiants interrogés, envisagent créer leur entreprise un

89
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

jour, et 66,3% ont déjà l’idée de projet. Aussi, les résultats obtenus montrent que l’environnement

qui entoure les étudiants, a un effet sur l’émergence de l’idée d’entrepreneuriat.

Selon les résultats obtenus, le problème de financement (69,3%), et le manque d'expérience (50%)

sont les principaux obstacles qui empêchent les étudiants à créer leurs propres entreprises. Le sexe

quant à lui, a aussi un impact sur l’intention entrepreneuriale, dans la mesure où 58,62% des étu-

diantes comptent créer leur entreprise un jour, tandis que les étudiantes représentent 41,38%. De

leur part, le niveau d’études et la filière jouent un rôle important en ce qui concerne l’intention

entrepreneuriale. En effet, il semble que le niveau du Master(Bac+5) constitue la période où les

étudiants ont plus envie d’entreprendre. Et les étudiants des filières : Droit privé en français,

Sciences économiques et gestion, semblent les plus intéressés par l’entrepreneuriat. La plupart des

étudiants jugent que l’université permet le développement des connaissances et des compétences

nécessaires dans l’entrepreneuriat, et aide à émerger l’esprit entrepreneurial chez les étudiants.

50,9% des étudiants interrogés estiment que les stages favorisent l’émergence de l’esprit entrepre-

neurial chez les étudiants, en plus, des partenariats « Université-Entreprise », et la relation « Uni-

versité-Structures d’appui et d’accompagnement à la création d’entreprise », sans oublier la parti-

cipation à des événements scientifiques.

Le fait que 58,6% des étudiants n’ont jamais assisté à des manifestations scientifiques portant sur

l'entrepreneuriat, organisées au sein de l’université ; peut s’expliquer par la pandémie COVID-19

qui a freiné en quelque sorte l’organisation de ce types d’événements.

e. Recommandations:
- La faculté IBN ZOHER est amenée à sensibiliser davantage les étudiants à l’entrepreneuriat,

grâce à l’organisation des manifestations scientifiques diverses.

90
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

- Les étudiants porteurs d’idées ont besoin d’être soutenus à travers l’organisation des formations

ciblées portant sur les compétences managériales et les softs skills.

- Le réseautage est un outil très important, car il permet aux étudiants de se développer en tant

que futur entrepreneur. Généralement, l’ouverture de l’université sur son environnement permet

aux étudiants de bénéficier des stages, d’acquérir une première expérience, de bénéficier de l’ac-

compagnement et du soutien, de constituer un réseautage…etc.

- Il s’avère important d’encourager la participation active des étudiants dans les associations, les

clubs d’étudiants, et les workshops. Cela leur permet de développer des compétences comporte-

mentales, et d’apprendre des valeurs et attitudes importantes pour un futur entrepreneur.

- Il faut organiser des compétitions pour encourager les idées de projets qui s’inscrivent dans le

cadre de l’innovation et la créativité à travers la remise des prix.

91
A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

CONCLUSION GENERALE

En guise de conclusion, l’entrepreneuriat est un processus qui s’apprend tout en commençant en

amont afin de cultiver l’esprit d’entreprendre. L’entrepreneuriat constitue un réel apprentissage

surtout dans un contexte actuel où règnent concurrence et incertitude. Face à ces attentes, plusieurs

pratiques et outils pédagogiques ont été développés par les chercheurs et les praticiens qui sont

aussi disparates qu’embryonnaires.

Outre, on peut dire que l'enseignement de l'entrepreneuriat semble se développer dans l'enseigne-

ment supérieur. En effet, grâce à la nouvelle réforme de l’enseignement supérieur (Loi 01-02) en

2000, un module d’entrepreneuriat a été introduit dans le cursus de l’enseignement supérieur de

certains établissements. Cela a permis une participation d’un nombre considérable d’étudiants à

travers des cours théoriques sur les concepts généraux portant sur la création d’entreprise. Néan-

moins, ce module aujourd’hui ne fait plus partie malheureusement du cursus universitaire, et cela

depuis la réforme pédagogique de 2013/2014. La suppression de ce module certes a un impact

négatif sur la promotion de la culture entrepreneuriale chez les étudiants.

En effet, l'éducation et la formation permettent l'instauration d'un environnement plus favorable à

l'acte d'entreprendre, dès l'adolescence et tout au long du cursus d’études. Il est donc nécessaire de

commencer à développer la culture d’entrepreneuriat dès l’enseignement primaire. De même, l’en-

trepreneuriat c’est aussi l’affaire de tout le système social marocain qui favorise peu l’émergence

de l’esprit entrepreneurial.

In fine, on doit souligner que l’entrepreneuriat est un véritable levier de croissance économique de

notre pays, notamment en présence de la crise actuelle due à la pandémie COVID-19. Pourtant, le

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passage à l'acte demeure relativement modeste. D’où la nécessité de coordonner les efforts et d’im-

pliquer tous les acteurs de l’écosystème afin de promouvoir l'acte d'entreprendre plus largement et

auprès de tous. Quant aux structures d’appui existantes, elles sont amenées à remplir leur mission

en termes d’accompagnement et de suivi, car savoir créer son entreprise est bien, mais savoir ré-

ussir son entreprise est encore mieux.

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

BIBLIOGRAPHIE :

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: L’Expérience de Moukawalati », Rapport de Recherche du FR-CIEA N° 54/13, 2013.

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Webographie

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www.afem.ma

www.moukawalati.ma

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A la recherche de l’entrepreneuriat chez les jeunes créateurs d’entreprises au Maroc

TABLE DE MATIERE

INTRODUCTION GENERALE .................................................................................................................................... 1


PREMIERE PARTIE: CADRE CONCEPTUEL ............................................................................................................. 11
CHAPITRE I. ENTREPRENEURIAT DES JEUNES AU MAROC .................................................................................... 12
1. GENERALITES SUR L’ENTREPRENEURIAT ....................................................................................................................12
a. L’entrepreneuriat : Eléments de définition .................................................................................................12
b. L’entrepreneuriat et la création d’entreprise : ...........................................................................................13
c. Intrapreneuriat ...........................................................................................................................................15
d. L’entrepreneuriat et les stratégies entrepreneuriales ................................................................................16
e. Entrepreneur : ............................................................................................................................................17
 L’approche par les caractéristiques individuelles (l'approche par les traits): ......................................................... 19
 L’approche contextuelle (l'approche environnementale ou par les faits) : ............................................................ 19
 L’approche interactionniste .................................................................................................................................... 20
 L’approche centrée sur le processus ...................................................................................................................... 21
 L’approche par l’opportunité .................................................................................................................................. 22
 L’approche effectuale ............................................................................................................................................. 23
f. L’évolution de l’entrepreneuriat: ................................................................................................................24
2. L’ENTREPRENEURIAT AU MAROC : ..........................................................................................................................25
a. Bref aperçu sur l’entrepreneuriat au Maroc...............................................................................................25
b. Le Maroc est-il vraiment entrepreneurial ? ................................................................................................26
c. Les types de l’entrepreneuriat au Maroc ...................................................................................................29
d. Les formes d’entrepreneuriat au Maroc .....................................................................................................30
e. Le financement de l’entrepreneuriat : ........................................................................................................31
 Le grand point vulnérable : le Financement ........................................................................................................... 31
 Ya-t-il un bon Soutien d’ordre public à l’entrepreneuriat ? .................................................................................... 32
f. Défis et obstacles de l'entrepreneuriat au Maroc ......................................................................................33
3. ENTREPRENEURIAT DES JEUNES :.............................................................................................................................34
a. Le jeune entrepreneur et son rôle : ............................................................................................................34
b. Pratiques d’éducation à l’entrepreneuriat : Expériences des universités marocaines ...............................37
c. Les obstacles à l’entrepreneuriat des jeunes ..............................................................................................40
CHAPITRE II. STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT AUX JEUNES ENTREPRENEURS CREATEURS D’ENTREPRISES AU
MAROC ................................................................................................................................................................ 45
1. LA STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT ET DU SOUTIEN AU JEUNE ENTREPRENEUR : L’EMERGENCE D’UNE NOUVELLE STRATEGIE EN
FAVEUR DU DEVELOPPEMENT DE L’ENTREPRENEURIAT.......................................................................................................... 47
d. Essai de définition ......................................................................................................................................48
e. Formes de stratégies d’accompagnements ................................................................................................49
2. LA STRATEGIE D’ACCOMPAGNEMENT ET L’APPROCHE ENTREPRENEURIALE : UNE RELATION SYNERGETIQUE A DES FINS
SOCIOECONOMIQUES : .................................................................................................................................................. 50
a. L’importance croissante de la stratégie d’accompagnement dans une approche entrepreneuriale .........50
b. L’entrepreneur au cœur de la stratégie d’accompagnement .....................................................................51
CHAPITRE III : LES PRINCIPAUX PROGRAMMES D’APPUI A LA CREATION DES ENTREPRISES PAR LES JEUNES AU
MAROC ................................................................................................................................................................ 53
1. CREDIT JEUNES PROMOTEURS ................................................................................................................................55
a. Lancement du Crédit Jeunes Promoteurs ...................................................................................................55
b. Evolution du Crédit Jeunes Promoteurs ......................................................................................................57
c. Bilan du Crédit Jeunes Promoteurs .............................................................................................................59
d. Leçons tirées du Crédit Jeunes Promoteurs ................................................................................................59
2. PROGRAMME MOUKAWALATI................................................................................................................................62

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a. Caractéristiques du programme Moukawalati ..........................................................................................63


b. Spécificités du programme Moukawalati...................................................................................................64
c. Bilan du programme Moukawalati ............................................................................................................65
d. 2.5 Raisons de déficience du programme Moukawalati ............................................................................69
DEUXIEME PARTIE : L’ETUDE EMPIRIQUE............................................................................................................. 72
CHAPITRE IV : STATISTIQUE DE L’INTENTION ENTREPRENEURIALE DES ETUDIANTS UNIVERSITAIRES AU MAROC :
CAS DE L’UNIVERSITE IBN ZOHER. ........................................................................................................................ 73
1. L’INTENTION ENTREPRENEURIALE : DE QUOI PARLE-T-ON ? ..........................................................................................73
2. L’UNIVERSITÉ AU SERVICE DE L’ENTREPRENEURIAT .....................................................................................................75
3. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE .........................................................................................................................78
a. Terrain de l’enquête ...................................................................................................................................78
b. Enquête par questionnaire .........................................................................................................................79
4. RESULTATS DE LA RECHERCHE.................................................................................................................................80
a. Caractéristiques de l’échantillon ................................................................................................................80
b. Comportement entrepreneurial .................................................................................................................81
c. Connaissances entrepreneurial ..................................................................................................................86
5. DISCUSSION DES RESULTATS ET RECOMMANDATIONS ..................................................................................................89
d. Discussion des résultats..............................................................................................................................89
e. Recommandations: ....................................................................................................................................90
CONCLUSION GENERALE ...................................................................................................................................... 92
BIBLIOGRAPHIE : .................................................................................................................................................. 94
TABLE DE MATIERE .............................................................................................................................................. 96
ANNEXES ............................................................................................................................................................. 98

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ANNEXES

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