Vous êtes sur la page 1sur 4

Sociologie Politique

Corrigé Sommaire

1. Quelles sont les trois exigences irrépressibles qui servent de socle à la vie sociale ?
Réponse 

La vie en société repose sur trois exigences irrépressibles de l’espèce humaine:

1. Produire et distribuer des biens destinés à la satisfaction des besoins matériels des individus
formant le corps social. La division du travail et les relations sociales qui se tissent dans le
travail productif peuvent devenir la source de solidarités collectives avérées, qui résistent à
l’épreuve du temps ;
2. Dans ce jeu relationnel émerge la nécessité de communiquer, c’est-à-dire l’obligation de créer et
de mettre en place des outils de communication qui permettent et facilitent
l’intercompréhension. Ces outils de communication, ce sont les langages, les croyances
partagées et les symboliques communes. Grâce à ces outils, les membres de chaque société
définissent, déterminent et forment le sentiment de leur appartenance collective (in-groups) par
relation ou par opposition à d’autres allégeances (out-groups) ;
3. A côté de ces deux exigences fondamentales, « l’échange des biens » et « l’échange des
signes », selon les termes de Lévi Strauss, l’existence ou la survie collective apparaît cependant
comme pure gageure si rien ne vient réduire, limiter, contenir la violence de tous contre tous,
que Hobbes a décrite comme étant la négation de la vie en société à l’état de nature. La
troisième exigence irrépressible de l’espèce humaine est ainsi la maîtrise du problème de la
contrainte, c’est-à-dire la régulation de la coercition. Car, comme l’a montré l’auteur du
Léviathan, la violence de tous contre tous est antinomique de la vie en société. La régulation de
la coercition apparaît alors comme la question politique centrale par excellence. Selon Philippe
Braud, elle se réalise par la « marginalisation tendancielle de la violence physique et la mise en
place d’un ordre juridique effectif constitué d’un système d’injonctions (donner, faire et, surtout
peut-être, ne pas faire) en état de permanente de légitimation, et dont l’efficacité dépend du
succès de la monopolisation de la coercition au profit des gouvernements ».1 Cette troisième
exigence de la vie en société, la régulation de la coercition, émerge comme l’objet propre de la
science politique et constitue celle-ci en science sociale par excellence, à côté de l’économie et
de la sociologie.

2. Citer et expliquer les modalités d’expression de la souveraineté

Réponse

La forme générique d’expression de la souveraineté, c’est la participation politique, c’est-à-


dire l’ensemble des activités, individuelles ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une
influence sur le fonctionnement du système politique. Aussi Jean-Jacques Rousseau considère-t-il
qu’il s’agit de « l’exercice de la puissance souveraine ». Autrement dit, cette définition exprime
l’exigence d’une implication active dans les affaires publiques. Cette implication peut être directe ou
indirecte. On retrouve cette exigence sous sa forme normative dans l’article 21 de la Déclaration
universelle des Droits de l’Homme. C’est donc une prérogative à laquelle sont attachés plusieurs
droits, comme cela est précisé dans l’article 13 de la Charte africaine des Droits de l’Homme et des
Peuples : 

1
Philippe Braud, p. 16.
1. “Tous les citoyens ont le droit de participer librement à la direction des affaires
publiques de leur pays, soit directement, soit indirectement, soit par l’intermédiaire de
représentants librement choisis, ce conformément aux règles édictées par la loi.
2. Tous les citoyens ont également le droit d’accéder aux fonctions publiques de leur pays.
3. Toute personne a le droit d’user des biens et services publics dans la stricte égalité de
tous devant la loi.”

Rappelons que cette Charte fait partie intégrante de la Constitution béninoise du 11


décembre 1990, à laquelle elle est annexée.

Il découle de tout ce qui précède que le vote, l’éligibilité, la possibilité de servir l’Er r dans
l’administration et sous les armes sont autant de prérogatives qui découlent de la participation de
l’individu à la matrice de la souveraineté.

Le vote apparaît ainsi comme la première forme d’expression de la souveraineté là où le


citoyen ne peut participer directement à l’exercice immédiat du pouvoir politique. Parfois, la
participation requiert une attention minimale à la chose publique (lecture de la presse, discussions des
informations, etc.). De même, certaines modalités prennent le canal d’une adhésion à des
organisations sociales ou politiques. Il arrive également que le citoyen décide d’aller en grève ou
s’engage dans des manifestations destinées à influencer les gouvernants. Ainsi, partout, il existe à côté
du vote, d’autres formes d’intervention dans la vie publique. Celles-ci peuvent aller jusqu’à la
contestation pacifique, radicale ou violente des règles du jeu institutionnel dans la perspective d’y
substituer des normes d’une autre nature ou d’une autre teneur.

Ainsi, à l’exception de la démocratie directe, le vote apparaît comme la modalité la plus


précieuse d’exercice collectif d’une prérogative partagée, qui confère un surcroît d’autorité légitime à
ceux qui exercent le pouvoir. Pour être fonctionnel et effectif comme modalité d’expression de la
souveraineté, le vote implique : la clarté des enjeux, la liberté de choix de l’électeur, l’équité de la
représentation et l’efficacité du choix des électeurs. Mais, comme l’observe Gaetano Mosca, l’histoire
a démontré que rarement le vote des masses populaires réussit à changer fondamentalement la
distribution oligarchique du pouvoir. C’est dire que le suffrage peut apparaître ou devenir une
“simagrée inutile et inopérante.” A côté du voté, il existe d’autres comportements volontaires tendant
à exprimer le métier citoyen en démocratie : l’inscription sur les listes électorales, la recherche de
l’information politique, les discussions avec son entourage, l’adhésion à un parti, à un syndicat ou à un
groupe d’intérêt, l’activisme au sein d’une organisation associative ou syndicale, etc.

Ce sont là les formes conventionnelles de participation à la souveraineté. Leur existence ni


leur mise œuvre n’empêchent cependant pas le refus de la participation électorale par une minorité de
la population ; elles ne préviennent pas non plus le développement d’une apathie dégénérant en une
faible participation civique du plus grand nombre à l’exercice du droit de vote. Aussi l’engagement de
quelques-uns dans contexte général d’apathie ne peut-il pas cacher que dans l’environnement libéral,
des « rassemblements de durée et d’objectifs limités, contractuels en droit comme en fait,
correspondant généralement à des intérêts monofonctionnels » finissent par imposer une profonde
déconnection des pratiques civiques de la politique et de l’espace national.

Le cas échéant, cela prépare la voie facile aux manifestations tendant à influencer
politiquement les gouvernants : elles peuvent être initiatrices (la fonction majeure de celles-ci est
d’imposer sur la scène politique avec le maximum de visibilité, un enjeu ou un problème occulté par le
jeu institutionnel) ou routinières (permettant à des organisations de rappeler périodiquement leur
capacité mobilisatrice et leur représentativité) ou associées à des crises globales ( allant au-delà de la

2
prise en charge de revendications spécifiques à certains groupes sociaux, elles exigent le maintien ou
la chute des Pouvoirs Publics). Dans ce dernier, comme dans le cas plus singulier de la violence
politique, le citoyen se donne le moyen d’accéder à l’existence politique en s’imposant comme
interlocuteur du jeu institutionnel. Le plus souvent, c’est la répression de la manifestation pacifique
qui conduit à la violence politique. Généralement, la répression alimente la protestation. Mais, le
citoyen peut également choisir de s’organiser pour lutter contre l’asservissement. On se retrouve en
plein au chœur de la dialectique violence et changement social, c’est-à-dire au centre des révolutions
comme modalités d’exercice ou de reconquête de la souveraineté.

3. Quelles sont les formes de légitimité que l’on rencontre chez Max Weber ?

Réponse

Selon Max Weber, il existe en principe “trois raisons internes qui justifient la domination, et
par conséquent il existe trois fondements de la légitimité.” 2  Qu’est-ce que la légitimité ? Le mot
désigne, chez Weber, l’ensemble des valeurs et des règles qui rendent possible le consentement au
pouvoir.  Le consentement des gouvernés peut être déterminé par la légitimité traditionnelle (autorité
traditionnelle), la légitimité charismatique et la légitimité rationnelle. 

1. La légitimité traditionnelle (Autorité traditionnelle)

 Qu’est-ce que Weber appelle “l’autorité de l’éternel hier” ? C’est l’autorité des coutumes certifiées
par leur validité immémoriale et par l’habitude enracinée en l’homme de les respecter. Tel est
le “pouvoir traditionnel” que le patriarche ou le seigneur terrien exerçaient autrefois. 3  L’autorité
traditionnelle a dominé la société humaine pendant des millénaires.  Elle repose sur la coutume
des ancêtres, la transmission du savoir acquis entre les générations, la société et l’héritage, la
docilité à l’héritage. 

2. La légitimité charismatique (ou autorité charismatique)

Elle est “fondée sur la grâce personnelle et extraordinaire d’un individu (charisme), elle se caractérise
par le dévouement tout personnel des sujets à la cause d’un homme et par leur confiance en sa
seule personne en tant qu’elle se singularise par des qualités prodigieuses, par l’héroïsme ou
d’autres particularités exemplaires qui font le chef.” 4  Le mot charisme vient du grec “charisma”
qui veut dire grâce, faveur.  Il s’agit donc d’un don particulier conféré par la grâce divine ou
naturelle et plaçant celui qui en bénéficie au-dessus du commun. Selon le dictionnaire des
synonymes, c’est l’influence, le charme, le magnétisme. Le Petit Robert, de son côté, invite à y
voir la qualité qui permet à son possesseur d’exercer un ascendant, une autorité sur un groupe. 

3. La légitimité rationnelle ou légale (ou autorité légale-rationnelle)

 Elle s’impose en vertu de la légalité.  Ici, le pouvoir est le résultat d’une délégation prévue et
organisée par des règles.  Alors que dans les cas précédents l’accent est placé sur la soumission
à des normes transcendantes, indiscutables et immuables, ici c’est plutôt l’adhésion à des règles
dont les finalités sont explicites, les modalités discutables et le contenu révisable qui apparaît
primordiale.  Au fond, il s’agit du pouvoir tel que l’exerce le “serviteur de l’État moderne.” 
2
Voir Le savant et le politique, p.102.
3
Idem, p. 102.
4
Idem.

3
4. Justifier l’existence du parti unique dans le Tiers Monde

Le parti politique peut être défini comme une structure composée de personnes ayant en
commun un projet de société et dont l’objectif est la conquête et l’exercice du pouvoir. C’est pourquoi
Raymond Aron invite à le considérer comme « l’organisation régulière ou durable (ou le groupement
régulier et durable) d’un certain nombre d’individus en vue de l’exercice du pouvoir, c’est-à-dire soit
de la conquête, soit de la conservation du pouvoir ». Il s’agit donc d’une organisation politique mue
par la volonté de conquérir, d’exercer et de conserver le pouvoir politique, pour paraphraser Maître
Robert Dossou. A ces fins, les partis politiques apparaissent comme des « organisations relativement
stables qui mobilisent des soutiens en vue de participer directement à l’exercice du pouvoir politique
au niveau central ou local »

A ce titre, les partis politiques peuvent représenter tel ou tel segment ou groupe d’intérêt de la
société, en somme refléter plus ou moins les différentes fractures sociables. Cela peut conduire à un
pluralisme partisan. Mais il est des situations, particulièrement dans le Tiers Monde, où l’on tente de
justifier plutôt l’existence d’un parti unique. Trois arguments principaux sont évoqués pour soutenir
ou fonder l’établissement d’un parti unique.

1. Le parti unique apparaît comme un instrument d’intégration nationale, comme le creuset


de l’unité. On estime qu’à cause de la fragilité des nations du Tiers Monde qui sont très
peu intégrées, le pluralisme politique risque de prendre la coloration des diversités tribales
ou régionales, créant les conditions pour l’avènement de luttes ou d’ambitions séparatistes.
Le parti unique est alors perçu comme capable ou susceptible de concilier unité nationale
nécessaire et diversité réelle, en tempérant l’expression des facteurs de diversité ou de
division dans les sociétés plurales. Il absorbe tous les particularismes, devenant le creuset
où ceux-ci vont ou doivent se fondre
2. D’un autre côté, mais toujours dans le même sillage, le parti unique apparaît comme un
instrument de modernisation économique et sociale, capable de mobiliser les énergies,
d’encadrer les masses et créer le sens de discipline nécessaire au succès d’une politique de
développement planifié. Aussi cherche-t-il à “agréger” les divers intérêts, assurer la
socialisation politique et le recrutement du personnel dirigeant, d’assurer la
communication politique ou d’y concourir.
3. Ainsi, l’unicité partisane refléterait l’homogénéité sociale. Cette vue est dérivée de
l’analyse marxiste selon laquelle les partis politiques sont l’expression des classes sociales
et de leurs intérêts économiques, sociaux et/ou culturels. S’il y a une seule classe, il ne
peut exister qu’un seul parti.

5. Qu’est-ce que “voter avec ses pieds” ?


Réponse : Généralement, l’on vote avec ses pieds. Il s’agit ici d’un euphémisme qui cherche
à saisir et exprimer le mouvement d’apathie de plus en plus notoire qui se développe dans les
démocraties libérales où de plus en plus de citoyens choisissent de s’abstenir d’aller voter.
Car ils ne perçoivent plus en quoi ils influencent, de par leur suffrage, le jeu institutionnel.
“Voter avec ses pieds” revient donc à s’abstenir d’aller voter.

Vous aimerez peut-être aussi