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Commenter une citation

Le commentaire de citation est très certainement un exercice intermédiaire, permettant de préparer l’exercice plus abouti
de la dissertation.

Les réflexes que je dois donc mobiliser correspondent aux étapes préparatoires de la dissertation.

Les étapes essentielles pour pouvoir analyser l’extrait sont :


- Plusieurs lectures impératives du texte
- Identification de l’auteur
- Définitions des termes du sujet
- Observer et noter les caractéristiques éventuelles de la phrase (originalité, référence classique, type de vocabulaire, figures
de style, ton (provocateur, explicatif, interrogatif…), contexte historique…)
- Essayer de résumer l’utilité de la phrase (qu’apporte-t-elle ? à quoi correspond-elle ? que cherche-t-elle à faire ?)

Il sera ensuite possible de développer le sens de la phrase, afin d’expliquer sa signification et de mettre en valeur sa portée.

❖ Extrait à commenter :

« La règle de droit se présente comme une règle de conduite humaine que la société fera observer au
besoin par la contrainte sociale »

Auteur : Doyen Alex WEILL (Doyen de 1953 à 1969 ; Professeur de 1945 à 1979 à Strasbourg – Directeur de thèse de
Philippe SIMLER) : auteur des manuels de droit civil aux éditions Dalloz, après Capitant et avant Terré. D’après Daniel Mainguy
(Professeur de Droit), il écrivit ces ouvrages de droit civil, de mémoire, après les avoir pensés pendant sa captivité en Allemagne,
pendant la guerre.

Définitions et explication de la phrase : Que remarque-t-on d’emblée ? La phrase elle-même entend donner une
définition : la définition de la règle juridique. Pour cela, Alex WEILL indique une précision qui vient distinguer LA (utilisation d’un
article défini) règle de droit d’UNE (article indéfini) règle de conduite humaine.

De plus, Alex WEILL part d’un principe selon lequel « ubi societas, ubi jus ». En effet, selon Aristote, l’homme est un animal
social. Il vit en société et entretient des rapports avec autrui. Or, ces rapports ne peuvent se résumer à l’exercice de la loi du plus
fort. C’est pourquoi des normes existent afin d’encadrer les comportements humains. La description de ce modèle trouve écho dans
le contrat social théorisé par Jean-Jacques Rousseau. Le sens du contrat social fonde la vie collective de la société sur une idée
simple : « je me soumets à la loi que j’impose à l’autre ». L’existence des normes peut néanmoins avoir des sources variées : morale,
religieuse, culturelle, bienséance etc… en sont des représentations. Mais la règle de droit ne peut se confondre avec n’importe quelle
norme. Elle mérite d’être reconnue et distinguée.

La citation pose ainsi la question du critère du juridique, c’est-à-dire l’élément retenu pour identifier, reconnaître, évaluer ce qui
sera considéré comme appartenant au droit.

Quel est ce critère qui permet d’identifier une règle de droit ?

Quelle est la caractéristique de la règle juridique par rapport aux autres règles ? Entre la règle morale par exemple, et la règle
juridique.

Alex WEILL en donne une idée : la règle de droit est une règle de comportement humain, qui se distingue des autres règles
du fait que la société dispose du pouvoir de contraindre le contrevenant à la règle.

Il est alors possible de reconnaître 3 caractères de la règle de droit :


- GENERALE :
• C’est une règle qui est impersonnelle, c’est pourquoi elle concerne quiconque est sujet de droit sans distinction. La règle
est la même pour tous.
• C’est une règle qui est abstraite : utilisation des termes génériques comme « chacun », « tout », « nul » ; la loi est le contraire
d’une mesure individuelle.

- IMPERATIVE : Il s’agit d’un ordre donné qui crée des obligations. Utilisation des termes « est tenu » ou « est obligé ».
- COERCITIVE : Si a règle n’est pas respectée, l’Etat a le pouvoir d’agir, au nom de la société, pour sanctionner le
contrevenant.

La différence entre une règle morale, par exemple, et une règle juridique est donc que, chacune consistant en une règle de
comportement humain, chacune pouvant être générale, impersonnelle, abstraite, impérative, seule la règle de droit est coercitive.

ATTENTION : C’est parce que la règle est une règle de droit qu’elle est sanctionnée par des moyens coercitifs.

❖ Quelques éléments pour aller plus loin :

Droit naturel (Jus naturale) : On classe les juristes en deux grandes catégories : les jusnaturalistes et les
positivistes. Les jusnaturalistes défendent l’idée que la règle n’a pas besoin de sanction pour être juridique, et entendent
juger le droit positif à l'aune du droit naturel. Le Droit Naturel est une théorie antique, reprise par les Pères de l'Église
et St Thomas d'Aquin. Cette théorie se fonde sur l’idée que la loi est non écrite et immuable, supérieure à la loi des
Hommes (le jus gentium). Elle serait de source divine. Idée affirmée par Héraclite et Sophocle. C’est aussi « la vraie
loi » de Cicéron. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les courants philosophiques (LOCKE, HOBBES, ROUSSEAU) restent
convaincus que « le droit existe d'une manière immédiate et naturelle », tout en prenant en compte des notions de
faillibilité, de passion et d'affectivité. Pour Locke, la loi naturelle trouve son expression parfaite dans le Nouveau
Testament et garantit la paix et la conservation de tout homme, de sorte que c'est sur son modèle que doit être formulé
le droit positif, c'est-à-dire du droit voulu et énoncé ou posé par des hommes. Ce dernier a pour fonction de reproduire
autant que possible la justice originelle.

Droit positif : Les positivistes ne sont pas dualistes comme les jusnaturalites (qui eux croient en les 2 droits). Les
positivistes sont monistes. Ils estiment :
- Soit qu’il n'y a pas d'autre droit que le droit positif
- Soit que, puisque le droit naturel n'est pas connaissable, seul peut être étudié le droit positif.
Les positivistes ont donc pour but de construire une science qui connaît et décrit le droit sur le modèle des sciences
empiriques.

Droit objectif : ensemble des règles régissant la vie en société et sanctionnées par la puissance publique Ex :
règles du Code civil

Droits subjectifs : prérogatives attribuées à un individu dans son intérêt lui permettant de jouir d’une
chose, d’une valeur ou d’exiger d’autrui une prestation L’Etat garantie à chaque sujet de droit le droit d’exercer ces
prérogatives et l’exercice de ces prérogatives est strictement encadré par les règles de droit objectif applicables. Ex :
droit de se marier

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