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La Princesse de Montpensier – Madame de Lafayette

L’action se passe à la Renaissance, vers 1563, pendant la seconde guerre de religion, c’est-à-dire un
siècle avant l’écriture et la publication de la nouvelle (1662). Madame de Lafayette choisit donc une
période historique proche pour son récit.

Sous le règne de Charles IX, pendant la guerre civile, les parents de Mademoiselle de Mézières
décident d’arranger son mariage avec le Duc du Maine alors même que la jeune fille éprouve en
secret des sentiments partagés pour son frère aîné, le Duc de Guise. Mais, voyant la maison de
Guise prendre avantage de ce mariage avec cette riche héritière, la maison Bourbon s’en mêle afin
de détricoter ces arrangements pour lui faire épouser François de Bourbon, fils de Louis II de
Bourbon, Duc de Montpensier.

Mademoiselle de Mézières devient donc finalement la Princesse de Montpensier en se mariant avec


François de Bourbon, appelé le «Prince» de Montpensier, qui l’emmène à Champigny, Paris étant
menacé par l’armée des Huguenots (protestants du royaume).

À Champigny, elle est mise sous la protection d’un ami de son mari, plus âgé, le Comte de
Chabannes, ex membre du parti des Huguenots qu’il abandonna au nom de son amitié avec le Prince
de Montpensier, ce dernier acceptant de le protéger dans son château. Lorsque le Prince part
combattre pour le pouvoir royal, le Comte s’occupe de l’éducation de la Princesse. Amoureux transi
de celle-ci, il devient, malgré lui, son proche confident: elle lui fait notamment part de son amour
passé pour le Duc de Guise. Le Comte décide alors d’avouer ses sentiments à la jeune femme, qui
reste de marbre et le rappelle à son devoir: «Elle lui représenta en peu de mots la différence de leurs
qualités et de leur âge, la connaissance particulière qu’il avait de sa vertu et de l’inclination qu’elle
avait eue pour le Duc de Guise et surtout ce qu’il devait à l’amitié et à la confiance du prince son
mari.»

Après deux ans de guerre, le Prince de Montpensier est de retour à Champigny mais pour une courte
durée car le conflit reprend. Le Duc d’Anjou, frère du Roi, et le Duc de Guise se distinguent au
cours des combats. Ils se retrouvent dans les environs de Champigny, se perdent et arrivent
fortuitement face à la Princesse de Montpensier qui est accompagnée de quelques dames sur un
bateau, vision qui les charme immédiatement : « une beauté qu’ils crurent surnaturelle ». Elle
s’empresse de leur proposer de traverser et leur offre l’hospitalité au sein de son château, ce qui
attise la jalousie du Prince de Montpensier, qui reconnaît son ancien rival, mais aussi le désespoir du
Comte de Chabannes, qui voit ses craintes se confirmer. Le Duc de Guise déclare alors, en catimini,
une passion toujours ardente à la Princesse avant de s’en aller. Sur le chemin du retour, il décèle le
même sentiment amoureux chez le Duc d’Anjou mais parvient à lui cacher les dispositions de son
propre cœur. Au château, la colère du Prince éclate envers sa femme mais «Le Comte de
Chabannes, selon sa coutume, prit soin d’empêcher qu’ils ne se brouillassent tout à fait.» Il joue son
rôle de conciliateur.

Afin d’éloigner la Princesse des combats qui reprennent, le Prince décide de l’envoyer à Paris.
Pendant ce temps, le Duc de Guise s’illustre dans la bataille de Poitiers ce qui le couvre de gloire.
De son côté, le Duc d’Anjou prend Saint-Jean d’Angely. L’armée est sous le commandement du
Prince de Montpensier. Peu de temps après, la paix étant signée en 1570, tous les princes sont de
retour à Paris. Dans les appartements de la Reine, le Duc de Guise réitère ses empressements auprès
de la Princesse mais ils sont interrompus par l’arrivée du Prince de Montpensier. La Princesse
devient jalouse à son tour lorsqu’elle apprend les avances de Madame, la sœur du Roi au Duc de
Guise : elle souhaite l’épouser.

Lors du bal masqué donné en l’honneur du mariage du Roi, un quiproquo dramatique se met en
place. Le Duc de Guise et le Duc d’Anjou portent des masques identiques et le même habit de
Maure. Pensant s’adresser au Duc de Guise, la Princesse se fourvoie en dévoilant leur relation
secrète: «N’ayez des yeux ce soir que pour Madame, lui dit-elle. Je n’en serai point jalouse. Je vous
l’ordonne. On m’observe. Ne m’approchez plus.». Le Duc d’Anjou comprend alors que, non
seulement, le Duc de Guise est amoureux de la Princesse de Montpensier et que, de surcroît, il n’est
pas honnête avec sa sœur, Madame, sœur du Roi, qu’il prétend vouloir épouser. Il est piqué au vif
doublement, en tant que rival évincé et en tant que frère. Furieux, le Duc d’Anjou menace le Duc de
Guise et dépeint ce dernier à la Princesse comme un traître déloyal motivé par l’ambition, ce qui lui
vaudra des reproches lors de leur prochaine entrevue. Décidé à montrer sa loyauté et à convaincre la
Princesse de Montpensier de ses sentiments pérennes pour elle, le Duc de Guise abandonne ses
projets de mariage avec Madame pour n’épouser qu’une jeune veuve, la Princesse de Portien.
Madame, de son côté, épouse finalement le Roi de Navarre. Après avoir élucidé les circonstances du
quiproquo lors d’une discussion avec le Duc de Guise, la Princesse de Montpensier est apaisée.

Suspicieux, le Prince de Montpensier préfère renvoyer sa femme à Champigny. Cependant, cette


dernière, par l’entremise du Comte de Chabannes, entretient une correspondance avec le Duc de
Guise. Cette relation épistolaire devient bientôt un calvaire pour le Comte qui décide de s’éloigner.
Mais, lorsque la Princesse le rappelle, il revient, dupé par son amour, et poursuit son rôle de servile
messager.

Le Roi prépare le massacre de la Saint Barthélémy: pour accomplir ce dessein, il veut éloigner les
princes de la maison Bourbon et de la maison de Guise et faire revenir à la Cour les chefs du parti
huguenot. Le Prince de Montpensier revient donc à Champigny. Le Duc de Guise, amoureux oisif,
feint un voyage et se rapproche de Champigny en voiture ordinaire pour ne pas éveiller les
soupçons. Il écrit au Comte de Chabannes afin de solliciter un entretien nocturne avec la Princesse.
Cette dernière exulte à la confidence du Comte. Après un court dilemme entre vertu et passion, elle
cède à la tentation et le Comte se résout à introduire le Duc de Guise dans le château: «Je l’amènerai
par le parc. Donnez ordre à celle de vos femmes à qui vous vous fiez qu’elle baisse le pont-levis qui
donne de votre antichambre dans le parterre précisément à minuit et ne vous inquiétez pas du reste.»
Mais le Prince se réveille et entend le Duc passer sur le pont. Il envoie un valet, puis, à l’affût, il
finit par entendre une voix d’homme dans la chambre de sa femme. Il s’agit de celle du Comte de
Chabannes qui décide de se sacrifier en faisant sortir le Duc de Guise pour endosser seul la
responsabilité. Le Prince entre et constate ce qu’il pense être une trahison. Il demande des
explications au Comte qui réclame la mort. L’amitié que le Prince porte au Comte explique sa
modération: il laisse le Comte s’enfuir. La Princesse, qui s’était évanouie, voit sa santé décliner. Le
Prince est rappelé à la Cour avec tous les princes catholiques pour exterminer les Huguenots et
tombe par hasard sur le cadavre du Comte de Chabannes en pleine Saint-Barthélémy.

Le Duc de Guise, venge son père puis s’éprend de la Marquise de Noirmoutier, qu’il aimera jusqu’à
sa mort. La Princesse se remet doucement à Champigny mais ne reçoit aucune nouvelle du Duc, ce
qui la désespère: «elle se trouva la plus malheureuse du monde.». Alors lorsqu’elle apprend la mort
du Comte de Chabannes puis la trahison du Duc de Guise, «Ce fut le coup mortel pour sa vie.» Elle
a en effet tout perdu: «l’estime de son mari, le cœur de son amant et le plus parfait ami qui fut
jamais.» Sur ces entrefaites tragiques, «elle mourut en peu de jours, dans la fleur de son âge, une des
plus belles princesses du monde qui aurait été la plus heureuse si la vertu et la prudence eussent
conduit toutes ses actions.» Cette fin moralisatrice semble condamner sa conduite.

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