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Biographie
Qui était Madame de Sévigné dans la société de son temps ?

Madame de Sévigné était une femme de lettres du XVIIe siècle, connue aujourd’hui pour son abondante
correspondance avec sa fille. Ses lettres dressent un portrait piquant de la société de son époque, servi par
une plume exceptionnelle. Fille d’un gentilhomme bourguignon, nommé Celse-Bénigne de Rabutin et
d’une fille de financier, Marie de Coulanges, elle naquit le 05 Février en l’an 1626 à l’hôtel Coulanges où
demeurent ses grands-parents, Philippe 1er de Coulanges et sa compagne Dame Marie de Bèze. Marie de
Rabutin fut baptisée à l’église Saint-Paul de Paris, le lendemain de sa naissance le 06 Février 1626. Maître
de camp d’un vieux régiment et gouverneur de la Fère, ainsi que maître d’hôtel du Roi, Charles le
Normand fut son parrain. Quant à sa grand-mère maternelle, Marie de Bèze, elle l’eu comme propre
marraine, de qui Madame de Sévigné reçue son prénom Marie.

Après le décès de Celse-Bénigne, exécuté le 22 Juillet 1627 au siège de la Rochelle, sous les ordres du
marquis de Toiras, il meurt à la tête de son escadron contre les Anglais à l’île de Ré. Il laissa ainsi sa
femme veuve et sa fille orpheline de père à seulement l’âge de 01 an. Plus tard, celui qui ordonna la mise à
mort du défunt bourguignon, fit une proposition à Marie de Coulanges, nulle autre que la mère de
Madame de Sévigné, de la prendre comme épouse, qu’elle refusa catégoriquement. Malheureusement, 06
ans plus tard, cette dernière mourut et laissa sa fille complètement orpheline.

Malgré cela, elle eut une jeunesse heureuse et choyée auprès de sa grand-mère paternelle, Jeanne de
Chantal, qui l’éleva de ses huitièmes à ses dixièmes années. Plus tard, après avoir vécue auprès de Jeanne
de Chantal, puis auprès de ses grands-parents maternels, Philippe II de Coulanges et aîné de ses oncles
maternels, l’a prise en charge à son tour après la mort de Philippe 1er de Coulanges, son grand-père. Un
autre de ses oncles, Christophe de Coulanges, dit aussi « le Bien-bon », devint son ami paternel et
administrateur de ses biens. Sa connaissance parfaite de l’italien et assez bonne de l’espagnol et du latin, a
été en grande partie guidée par l’abbé Christophe, à qui elle doit sa solide éducation. Elle grandit entourée
de livre et reçoit une éducation de grande qualité.

Jeune homme impulsif, quelque peu irréfléchi, légèrement inconscient, à la merci des moindres
changements atmosphériques, le marquis Henri de Sévigné, venant d’une vieille bretonne, et possédant le
fief de Sévigné, le fut l’époux de Marie de Rabutin-Chantal. Ils se marièrent à l’église Saint-Gervais de
Paris à deux heures du matin, de peur que le diable, selon leur croyance, ne lie les entrailles de l’homme,
se fit le 04 Août 1644. Le voyage de noce aura lieu en Bretagne au domaine des Rochers. La nouvelle
marquise découvre la propriété et le parc, et elle fut très ravie.
L’été du 1646, attendant la naissance de leur premier enfant, le marquis reçu une mauvaise nouvelle de
Paris d’où Barillon, le président et ami du duc de Beaufort et ennemi de Mazarin fut arrêté. Le couple
rentre rapidement à la capitale, d’où le début de la fronde. Le 10 Octobre, vient au monde Margueritte-
Françoise et futur comtesse de Grignan. Occupée à dorloter et à donner toute son attention à sa
progéniture, la marquise ne se rendait pas compte du changement de comportement de son époux qui sort
de plus en plus et rentre souvent très tard sans raisons. En Janvier 1647, le cousin de la jeune mère, le
comte de Bussy, pris de pitié pour elle lui confia avoir vu son époux non loin de chez Nilon de Lenclos.
En effet, Henri de Sévigné fut très épris par sa maîtresse lui cédant deux « quartier » ou six mois, faisant
entorse à la règle de trois mois, vue qu’il savait pertinemment que Nilon changeait d’amant tous les trois
mois. La marquise comprit enfin les actes de son mari, et décida d’afficher un air gai et détacher, en
recevant ou sortant avec ses amis. Tout de l’entourage du cardinal de Retz succombaient au charme de la
marquise pour son esprit et son caractère, mais elle, resta fidèle à son conjoint malgré tout, jusqu’à ce que
son mari devienne jaloux. Il sort de moins en moins, et essaya de reconquérir et tout faire pour séduire à
nouveau sa femme en devenant plus affectueux et désireux de plaire à sa femme, s’intéressant à la
croissance de sa fille. Ils décident alors de retourner dans leur demeure à Bretagne jusqu’à la naissance du
petit Charles de Sévigné, en mars 1648. L’été fut calme jusqu’à l’arrivé du comte de Bussy. De nouveau,
le marquis s’absente régulièrement, saisissant toute occasion se présentant, à cause de son manque
d’action et d’adrénaline, surtout pour sa nouvelle maîtresse nommé « la Fronde ». Sa femme essaie de le
calmer et de le persuader de rester à Paris, en vain, il a donné sa parole de gentilhomme, il s’est « livré » à
la Fronde corps et âme.
Pourtant il fut chagriné d’avoir laissé sa femme et ses enfants et décide rentrer chez lui. Il reprit ses
habitudes de célibataire, lassé par l’amour conjugal, avec sa femme devenue plus mère que femme, qu’il
estime fort, mais qu’il n’aime plus ; il fait alors ce qui lui chante, fit la connaissance de Charlotte de
Gondran, et dépense énormément d’argent jusqu’à en être ciblé de dettes. La famille de la marquise la
presse de l’accorder une séparation de biens, mais elle refuse, car elle aime vraiment son mari… elle vient
même à lui donner cinquante mille écus qu’il lui demanda, mais malgré tout, lui, aime « sa » Charlotte.
En 1651, un matin, Henri se souvenant de rien après une soirée à cause de son abus d’alcool en
compagnie de Charlotte. Cette dernière fut courtisée par le chevalier d’Albret, qui se termina à l’épée le 03
Février entre les deux concurrents. Durant le duel, le marquis reçoit un coup mortel par sa nervosité, et ne
ferraille pas correctement. Il avait 28 ans. La marquise revient d’urgence du domaine des Rochers en
Bretagne, son chagrin qui s’atténuera avec le temps.

Elle décide alors de se consacrer à la vie mondaine et à l’éducation de ses enfants. C’est seulement à
partir de 45 ans qu’elle entame une fructueuse correspondance avec sa fille.
Célèbre épistolière, Madame de Sévigné a marqué les époques grâce à sa précieuse correspondance avec
sa fille, mais pas seulement.

Pourquoi Madame de Sévigné a-t-elle écrit des lettres à sa fille ?

La fille de madame de Sévigné, Françoise-Margueritte, épouse le comte de Grignan en 1669. Celui-ci nommé
lieutenant-général en Provence par Louis XIV et doit se rendre à Aix-en-Provence. Elle le suit, mais s’ennuie dans la
société locale. Alors pour la distraire, Madame de Sévigné commence une intense correspondance avec sa fille. Elle
lui raconte aussi bien la société dans laquelle elle évolue que ses états d’âme de mère, le tout avec une plume
d’écrivain. Ces échanges épistolières dureront 25 ans.

Pourquoi Madame de Sévigné est-elle connue ?

Madame de Sévigné appartenait à la bonne société parisienne. Elle s’est peu rendue à Versailles, mais a beaucoup
participé à la vie de la capitale. Elle a visité les couvents, les promenades, les grandes maisons, les tuileries, l’opéra…
ce qui a d’ailleurs nourri ses diverses lettres.
Comme toutes les femmes de son époque, elle écrivait de nombreuses lettres à ses proches, dont sa fille et son fils
Charles. Elle écrivait aussi à son cousin Bussy-Rabutin, qui est célèbre pour avoir dresser les portraits dans Histoire
amoureuse de Gaules, à ses amis le cardinal de Retz, la Rochefoucauld ou encore à Madame Scarron et qui sera
future épouse de Louis XIV, soit plus de 1 100 lettres.
C’est cette correspondance qui la rendit célèbre.

Quel est le lien qui unit Madame de La Fayette et Madame de Sévigné ?


Madame de La Fayette était l'amie la plus intime de Madame de Sévigné, même si elles étaient très
différentes, tant au niveau de la personnalité que des connexions : La Fayette était une femme puissante
politiquement, car elle avait accès aux cercles fermés de la royauté française. Elle utilisait d'ailleurs cette
proximité pour servir ses amis, par exemple. Il s'agissait d'une des amies de l'épistolière qui possédait le
plus de pouvoir politique. Les amitiés entre les femmes auteures à cette époque étaient très significatives,
car une certaine solidarité féminine naissait à force de s'encourager dans l'écriture, et ce même si Madame
de Sévigné était épistolière et non auteure à proprement parler ; les deux femmes partageaient toutefois un
intérêt commun.
Elle aussi écrivaine, Madame de la Fayette avait écrit, vers l’année 1659, un portrait très flatteur de son
amie, qui avait été publié sous le nom d’un inconnu.
Madame de la Fayette était l’amie la plus intime de Madame de Sévigné. Les deux femmes ont noué une
forte amitié, qu’elles ont entretenue jusqu’à leur dernier souffle en échangeant de nombreuses lettres

En 1696, la marquise de Sévigné se rend au château de sa fille pour la soigner alors qu’elle fut
gravement malade à cause de la petite vérole, pour que, au final, y succomber le 17 Avril de l’année
même.
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Bibliographie

Madame Sévigné écrit certains œuvres dont celui qui s’intitule Lettres de Madame de Sévigné est de
loin le plus célèbre.

 Lettres de Madame de Sévigné :

Lettres de Madame de Sévigné est l’ensemble de certaines lettres qui ont pour thèmes principaux les
intrigues politiques, les relations sociales dans le milieu du pouvoir et l’amour filial.

Dedans, Madame de Sévigné y présente des lettres qui sont considérée de nos jours comme l’un des
plus beaux témoignages sur le siècle de Louis XIV. Elle y partage les grands évènements de son temps, de
l’arrestation et procès du surintendant Nicolas à l’exécution des grandes empoisonneuses, avec ses
correspondants.

Parmi tous ces échanges épistolaires, ce sont les 620 lettres à sa fille qui restent sa plus grande œuvre.
Quelque 28 lettres ont été publiées clandestinement en 1725 avant que la petite-fille de la marquise n’en
publie officiellement 614 en 1734. Finalement, c’est un ensemble de 772 lettres qui a été publié en 1754
sous le nom de Lettres de Madame de Sévigné. Les passages livrant des informations trop intimes ou dont
le style a été jugé trop médiocre ont été écartés de la publication.

 Extrait de texte :

De Madame de Sévigné à Mme de Grignan


A Paris, mercredi, 16 mars 1672.

Vous me parlez de mon départ. Ah ! ma chère fille ! je languis dans cet espoir charmant. Rien ne
m'arrête que ma tante, qui se meurt de douleur et d'hydropisie. Elle me brise le cœur par l'état où elle est,
et par tout ce qu'elle dit de tendresse et de bon sens. Son courage, sa patience, sa résignation, tout cela est
admirable. M. d'Hacqueville et moi, nous suivons son mal jour à jour. Il voit mon cœur et la douleur que
j'ai de n'être pas libre tout présentement. Je me conduis par ses avis; nous verrons entre ci et Pâques. Si
son mal augmente, comme il a fait depuis que je suis ici, elle mourra entre nos bras ; si elle reçoit quelque
soulagement et qu'elle prenne le train de languir, je partirai dès que M. de Coulanges sera revenu. Notre
pauvre abbé est au désespoir aussi bien que moi. Nous verrons comme cet excès de mal tournera dans le
mois d'avril. je n'ai élue cela dans la tête. Vous ne sauriez avoir tant d'envie de me voir que j'en ai de vous
embrasser ; bornez votre ambition, et ne croyez pas me pouvoir jamais égaler là-dessus.
Vous me demandez, ma chère enfant, si j'aime toujours bien la vie. Je vous avoue que j'y trouve des
chagrins cuisants. Mais je suis encore plus dégoûtée de la mort ; je me trouve si malheureuse d'avoir à
finir tout ceci par elle, que si je pouvais retourner en arrière, je ne demanderais pas mieux. Je me trouve
dans un engagement qui m’embarrasse ; je suis embarquée dans la vie sans mon consentement. Il faut que
j'en sorte ; cela m'assomme. Et comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ? Quand sera-ce ? En
quelle disposition ? Souffrirai-je mille et mille douleurs, qui me feront mourir désespérée ? Aurai-je un
transport au cerveau ? Mourrai-je d'un accident ? Comment serai-je avec Dieu ? Qu'aurai-je à lui présenter
? La crainte, la nécessité, feront-elles mon retour vers lue ? N'aurai-je aucun autre sentiment que celui de
la peur ? Que puis-je espérer ? Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l'enfer ? Quelle alternative !
Quel embarras ! Rien n'est si fou que de mettre son salut dans l'incertitude, mais rien n'est si naturel, et la
sotte vie que je mène est la chose du monde la plus aisée à comprendre... Vous me direz que je veux vivre
éternellement. Point du tout, mais si on m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les
bras de ma nourrice ; cela m'aurait ôté bien des ennuis et m'aurait donné le ciel bien sûrement et bien
aisément.

Analyse de la Lettre du 16 mars 1672 de Madame de Sévigné

I. Une lettre attachante

1. Mise en place des éléments d'une communication épistolaire

Il s’agit bien d’une lettre, car elle est adressée “De Madame de Sévigné à Madame de Grignan”
et datée “A Paris, mercredi, 16 mars 1672.” Elle s’adresse à sa fille, en la vouvoyant, ce qui montre
que ce sont des femmes de haute naissance. L’utilisation des temps du présent et du futur simple nous
confirme que nous sommes bien dans une situation d’énonciation épistolaire.

2. La mise en scène de l'affectivité

Cette lettre est très intime et montre la relation proche qu’ont les deux femmes “Vous ne
sauriez avoir tant d'envie de me voir que j'en ai de vous embrasser ; bornez votre ambition, et ne
croyez pas me pouvoir jamais égaler là-dessus.”
Elle y dévoile sa pensée profonde “Je me trouve dans un engagement qui m’embarrasse ; je suis
embarquée dans la vie sans mon consentement. Il faut que j'en sorte ; cela m'assomme.” De plus, elle
est très affectueuse avec sa fille puisqu’elle l’appelle “ma chère fille” à plusieurs reprises.

3. La tonalité tragique

Confrontée à la mort de sa tante, Madame de Sévigné médite sur les thèmes de la vie et de la
mort à la manière d’un monologue délibératif digne d’une tragédie avec de nombreuses questions
rhétoriques “Et comment en sortirai-je ? Par où ? Par quelle porte ?” La tonalité est tragique “chagrins
cuisants” ; “désespérée” ; “si malheureuse” ; “terrible”.

II. Une méditation sur l'existence

1. L'expression de l'incertitude

Les nombreux points d’interrogations montrent le questionnement de la femme. La mort lui


fait peur, pas dans le fait de perdre la vie mais, en tant que chrétienne, dans le fait de ne pas savoir ce
qui l’attend dans l’Au-Delà “Suis-je digne du paradis ? Suis-je digne de l'enfer ?”. Au 17ème siècle,
les chrétiens craignaient l’Enfer car selon Blaise Pascal, un grand philosophe, tout humain était
destiné à L’Enfer et se devait de gagner sa place au Paradis. De plus, les pronoms interrogatifs
“comment”, “qu’”, “que” et les pronoms exclamatifs “quel”, “quelle”, “si” nous montrent que
l’incertitude est très présente.

2. L'entrelacement des thèmes de la vie et de la mort

Dans son questionnement, Madame de Sévigné se demande si la mort ne serait pas une
échappatoire à sa vie “je suis embarquée dans la vie sans mon consentement. Il faut que j'en sorte ;
cela m'assomme.” Se retrouvant seule, loin de sa fille, avec sa tante mourante, elle se demande si la
vie vaut d’être vécue “Vous me direz que je veux vivre éternellement. Point du tout, mais si on
m'avait demandé mon avis, j'aurais bien aimé à mourir entre les bras de ma nourrice” La mort lui fait
peur mais elle est lassée de sa vie.

 Les autres œuvres de Madame de Sévigné :

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