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Chapitre1 

: L’application de chariaa en droit pénal


Comme avaient dit Bouderbala et Pascon « le droit positif marocain actuel est un système
complexe dans lequel on reconnait un petit nombre de strates juridiques
Déposées par l’histoire »1

Section 1 : L’islam : source d’inspiration du droit pénal marocain

Au Maroc, comme partout ailleurs, les sources de droit diffèrent d’une discipline juridique à
une autre. Si la loi prend une grande place dans toutes les disciplines, chaque branche a ses
sources spécifiques. Néanmoins, le droit musulman continu à être la source de référence du
droit pénal marocain bien que ce dernier connait d’autres sourcesd’inspiration qui sont la
coutume et le droit français…2
A l’origine, la charia désigne tout ce qui se rapporte à l’acte de tracer une voie vers une
destination donnée. Ibn Al Athir a défini la charia comme étant « ce que Dieu atracé comme
préceptes à observer ». L’objet de ces préceptes est tout ce qui se rapporte aux actes
individuels du musulman dans ses rapports avec Dieu et avec sessemblables.La première
source du droit musulman est le Coran, qui est la parole de Dieu et La deuxième source est la
Sunna, qui regroupe les dires ou Hadith et les faits duprophète Mohammed.3
En effet, le Maroc a choisi d’adopter l’islam depuis la 2° moitié du 1er siècle deL’Hégire et il
a élu le rite sunnite Malikite au temps des Idrissides.4
Avant le Protectorat français, le droit en vigueur au Maroc était officiellement le droit
musulman. Celui-ci jouait donc le rôle de droit positif dans tous les domaines : du statut
personnel au statut réel en passant par le droit des contrats, le droit commercial, le notariat et
la hisba. Les rares concessions qu'il tolérait étaient faites au profit du droit hébraïque, des
coutumes locales, et des lois étrangères en matière de statut personnel pour des raisons
évidentes : le respect dû aux Gens du Livre, c'est-à-dire les fidèles des autres religions
monothéistes.5
Normalement le droit pénal est la branche du droit qui se prête la moins àl'influence de la
religion. Et pourtant, en parcourant le Code pénal, on est frappépar l'existence d'un certain
nombre de dispositions répressives qui portent la marque de leur origine confessionnelle. On
peut citer à cet égard à titre d'illustration, les articles 222 et 490, qui disposent
respectivement : « Celui qui notoirement connu pour son appartenance à la religion
musulmane rompt ostensiblement le jeûne dans un lieu public pendant le temps du Ramadan,

1
Bouderbala N.et Pascon P., Le droit et le fait dans la société composite, essai d’introduction au
Système juridique Marocain, B.E.S.M., n° XXXII-117-avril-juin 1970. V. aussi: Messaoudi L.,
Grandeurs et limites du droit musulman au Maroc, Revue internationale de droit comparé, Vol.
47, n° 1, janvier-mars 1995, pp. 146-154.
2
Voir les difficultés qu’il y’a à cerner les sources de doit privé et à enseigner l’introduction à
l’étude du droit dans: Deumier P., La mutation des sources du droit privé et l’introduction à
l’étude de droit, RDA, février 2012, p. 31 et s.
3
Pour plus amples détails sur le droit musulman, v. Milliot L., Introduction à l’étude du droit
musulman, Paris, 2001; Blanc F.-P., Le droit musulman, connaissance du droit, 2 e éd., 2007.
4
Tazi A., Le rite Malikite en tant que devise de l’Etat marocain, actes du colloque sur l’Imam
Malik, Fès 25-26-27-28 avril 1980, T. 2, éditions du Ministère des habous et des affaires islamiques,
p. 87 (en arabe).
5
I. DEPREZ, « Pérennité de l'Islam dans l'ordre juridique au Maghreb » in Islam et
politique au Maghreb, Paris, ouvrage collectif publié par le C.N.R.S., 1979, p. 316 et s.
sauf motif admis par cette religion, est puni de l'emprisonnement d'un à six mois et d'une
amende de 200 à 500 dhs », et : « sont punies de l'emprisonnement d'un mois à un an toutes
personnes de sexes différents qui, n'étant pas unies par les liens du mariage, ont entre elles des
relations sexuelles
».

Section 2 : l’application du droit pénal musulman Maroc avant le


protectorat.

La charia distingue plusieurs catégories d’infractions et de peines associées :


- les crimes qui relèvent du « droit de Dieu ».
- les crimes qui peuvent donner lieu à une vengeance, selon l'équivalent de la loi du
talion (qisas)
- les hudud, qui sont des « peines fixes » définies par le Coran.
- Les infractions moins graves qui relèvent de la « discrétion6 » (tazir)

A- Le talion (qisas) et le dédommagement (diya)

La qisas  peut s'appliquer aux homicides et aux blessures volontaires.Elle peut être remplacée 
par la diyya, compensation financière ou « prix du sang », selon les conseils mêmes du Coran. 
Il y a ainsi « une volonté de substituer à la vengeance privée (quand cela est accepté ou accept
able) l'indemnisation des victimes », la doctrine spécifiant les conditions permettant cette subs
titution (possible même en cas d'homicide).Le montant de la compensation, qui ne peut jamais 
être strictement équivalente au dommage fait, varie en fonction du sexe et de la religion.
De telles dispositions étaient détaillées dans la Charte d'Ajarif (1405) utilisées par les Berbère
s de l'Anti-Atlas Celleci accolait à la diya la grossesse, el'hamel. En effet, selon les https://fr-
academic.com/dic.nsf/frwiki/463919
des Bédouins d'Égypte, outre la diya, la tribu dont un membre avait commis le dommage 
devait aussi assurer la naissance d'un enfant mâle dans le groupe adverse, afin de compenser 
la perte d'un individu. Le meurtrier devait alors prêter sa femme, sa sœur ou sa fille au plus 
proche parent de la victime, afin qu'elle puisse mettre au monde un fils et rétablir l'équilibre
des puissances tribales7. Cette disposition disparut des chartes plus récentes d l'AntiAtlas 
(dès le XVIe siècle au moins); on y substitua le bannissement du meurtrier, mesure qui resta 
en vigueur jusqu'à l'imposition des lois françaises aux tribus de l'Anti-Atlas,

B-Les huddud

6
↑ a, b, c, d, e, f, g, h, i, j et k Recension par Maurice Bormanns du livre d'Ali Kazemi-Rached, « L'Islam et la
réparation du préjudice moral » (Genève, Droz, 1990) in Revue internationale de droit comparé, 1991, n° 3, pp.
733-735.
7
↑ a, b, c, d et e Meunié, Jacques, Mme. « Le prix du sang chez les Berbères de l'Anti-Atlas », Comptes-rendus
des séances de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, 1960, n° 1, pp. 323-326.
Cette catégorie est constituée par les peines fixées par le Coran et par la tradition du
prophète. Ces peins sont donc de sources sacrées et sont intangibles en tant que telles' ils
ont été sanctionnées fortement surtout après que le droit pénal musulman est devenu la
source juridique officiellement dominante dans la gestion des crimes et des châtiments.

Il y a sept peines de ce type :


 les relations sexuelles hors mariage, appelée zina ‫الـزنا‬
la fausse imputation de cette infraction, appelée ‫القـذف بالزنا‬
 la consommation de vin*, appelée ‫شـرب الخـمر‬
 le vol, appelé ‫السـرقـة‬
 le banditisme, appelé ‫الحـرابة‬
 l’apostasie, appelée ‫الـردة‬
 la rébellion, appelée ‫ﺍﻟﻌصـﻴﺎﻥ‬

B- Taʿzīr
Les peines « Taazir»: leur détermination est réservée a l'autorité politique (déterminées par
les pouvoirs publics et prononcées par le juge) dans les cas suivants :
- l'atténuation de la responsabilité des auteurs de l'infraction,
- l'absence de l'un des éléments constitutifs de l'infraction,
- une infraction prévue par les sources sacrées
Mais généralement En pratique, en raison du doute souvent émis sur des crimes relevant
des hudud, les peines taʿzīr étaient de loin les plus appliqués.

Néanmoins dans cette période de l’histoire du droit pénal au Maroc, après l’introduction de
l’islam la charia a garder quelque application des coutume des tribus berbère. Les
interprétations doctrinales innovantes inspirées par les Malikis qu'ils avaient travaillés si dur
à développer et les ruses qu'ils ont endurées ont joué un rôle déterminant dans la
conception de méthodes qui ont maintenu les coutumes en vie sans sacrifier le dogme.
L'islam est reconnu comme une référence8, mais la répression s'organise concrètement
autour de règles coutumières. Alors l’application de la chariaa dans cette époque avait une
relation direct avec les costumes même ci on applique le droit musulman

8
ESSAI SUR LE SYSTÈME PÉNAL MAROCAIN Mohieddine Amzazi P110

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