Vous êtes sur la page 1sur 12

Chapitre I 

: Aux origines du droit criminel

Parce que l’action de l’Etat ou de la société se joue souvent sur le terrain pénal avant de
s’étendre à d’autres sphères d’intervention, on trouve très tôt des manifestations du droit
pénal. Plusieurs étapes marquent l’émergence de ce droit. C’est de l’Orient ancien que nous
sont parvenues les premières tentations de codification pénale. Mais il s’agit d’un droit pour
ainsi dire sans doctrine qui ne permet pas de saisir les concepts et s’en tenir à de simples
prescriptions.

Les grecs approfondissent la philosophie pénale et les fondements du droit de punir. Enfin le
droit Romain reste cependant la matrice de ce qui constituera à l’époque médiévale le creusé
de la procédure inquisitoire.

§1/ Le droit pénal de l’orient ancien

Sous-section 1/ L’exemple du code d’Hammourabi

Les sources juridiques qui nous sont parvenues des peuples orientaux sont riches. Elles
prennent la forme de texte législatifs qu’on qualifie assez habituellement de code mais aussi
de dizaines de milliers de tablettes qui font foi d’acte de la pratique se répartissant en contrats,
en décisions judiciaires ou en lettres officielles qui fournissent de nombreux détails sur les
mœurs et règles propres à ses peuples. Sur le fond, le contenu se structure en trois parties.

D’abord le prologue : forme d’invocation aux dieux qui rappelle le rôle protecteur
d’Hammourabi notamment à l’égard des opprimés et des faibles et son rôle de justicier.

Ensuite les articles au nombre de 282 décrets (une décision rendue par l’empereur dans une
situation particulière) d’équité, des décisions de justice qui ont trait notamment au droit civil,
au droit commercial, à la procédure et au droit pénal.

Enfin un épilogue insiste en forme de bilan sur l’œuvre de justice réalisée par Hammourabi
(l’empereur de Babylone). Les formules des articles s’articulent dans un style simple,
compréhensible de tous sous la forme conditionnelle d’une hypothèse suivie d’une réponse au
futur sous la forme d’une sanction. Ces prescriptions sont regroupées en chapitre et aborde
des infractions très diverses ainsi de l’adultère, de l’inceste mais aussi du vol de nuit. Le droit
pénal y est rigoureux aux côtés de la vengeance privée [consiste à exercer une vengeance sur
l’agresseur et sa famille] conservée pour certaines infractions telles le vol nocturne ou
l’adultère flagrant de la femme. Le code d’Hammourabi repose sur un système de
composition pécuniaire et édicte des peines fixes imposées par l’Etat. La responsabilité y est
individuelle et non collective de même que l’on tient compte de l’intention du délinquant.
Ainsi les blessures involontaires n’entrainent aucune sanction mais une place reste faite à la
loi du talion qui fonde un certain nombre de règles. (Ex : si un fils frappe sont père, ses mains
seront tranchées à la hache).

Les modes de preuve y sont variés et manifestement hiérarchisés reposant sur des preuves
écrites, à défaut : l’aveu, le témoignage ou l’ordalie [un moyen un acquittement passif. Ex :
ordalie du feu, ordalie du fleuve] associée au serment.

Sous-section 2/ Les lois hébraïques

A/ Les sources

Chez les hébreux, les lois hébraïques s’intéressent aussi au droit pénal. Elles nous sont
connues par l’ancien testament et d’abord par le pentateuque que les juifs appellent la thora
[cela signifie la loi] ensuite le décalogue : loi naturelle inscrite dans le cœur de l’homme.

Le code de l’alliance établit les règles à partir du talion sur l’homicide, la vengeance, les
coups et blessures, le vol ou la fornication.

B/ Les principes

Deux principes fondamentaux qui imprègnent encore aujourd’hui notre droit pénal sont d’ores
et déjà dégagés et qui constituent l’un des apports majeurs de la pensée juive aux droits
antiques.
D’abord la responsabilité individuelle qui supplante la responsabilité collective. On trouve en
effet dans la bible, un certain nombre d’illustration de châtiment collectif et le judaïsme admet
la responsabilité des fils pour les fautes des générations antérieures. Dieu en proclame lui-
même le principe et le principe même du péché originel commis par l’homme en découle.
Ceci étant dit, l’individualisme triomphe sur l’antique solidarité du clan nomade au point que
la doctrine des prophètes reconnait le principe d’individualisation de la peine. Sur ce point,
l’évolution est notable ; on la voit déjà dans le Deutéronome qui interdit « de faire mourir les
enfants pour les pères » y compris les cas de régicide où pourtant il est fréquent de présumer
une complicité de l’entourage. L’idée d’une rétribution individualisée est affirmée nettement
par Jérémie puis par Ezéchiel. La responsabilité collective ne persistant qu’à l’égard de Dieu
comme c’est le cas pour le péché originel.
L’intention du coupable est mise en avant. Le seul acte matériel étant négligé, ainsi se trouve
repoussée la responsabilité objective.
C- Les juridictions
D’abord exercée par les patriarches qui traitent des conflits au sein de leurs groupes respectifs,
la justice est largement concurrencée par la vengeance privée et les principes de solidarité qui
trouvent application entre groupe pour régler des offenses réciproques.
La monarchie substitue à ce fonctionnement une justice royale, le roi s’affirmant comme le
garant de la justice. Son pouvoir est délégué à une cour de justice constituée de juges royaux
et de lévites (magistrats) titulaire notamment de compétence criminelle.
Au plan local, le conseil des anciens, survivance de l’organisation tribale reste compétent. Le
juge est considéré comme interprète de la volonté divine et la décision qu’il rend, comme un
jugement de Dieu rendu par son intermédiaire.

D- Les preuves
Le régime des preuves s’appuie sur le témoignage.
Toutefois, une série de personne en est exclus du fait d’une trop grande proximité avec
l’affaire ou la personne ainsi des parents, des femmes, des mineurs, des incapables etc. Il est à
noter également qu’un seul témoignage ne peut suffire à emporter la peine capitale. A défaut
de témoignage suffisant, le serment est déféré aux parties présumant leur culpabilité en cas de
refus.
E- La répression
Elle repose assez largement sur la loi du talion qui suppose de rendre coup pour coup. L’idée
de vengeance reste au cœur des mentalités justifiant les peines aussi bien à l’encontre hommes
également, à l’égard des animaux. Pour autant, l’aspect d’expiation de la faute et son
corollaire de réparation est également très présent. Moins rigoureuse que les peines
mésopotamiennes, les peines hébraïques ne connaissent pas des mutilations. En revanche, la
bastonnade y a cours, ainsi que la lapidation à la porte de la ville en cas de faute grave portant
atteinte aux cultes et à la pureté par exemple l’inceste, l’adultère, l’homicide exige cependant
des preuves solides.

Section 2 : Le droit pénal Grec

A Athènes, l’organisation des tribunaux et la procédure sont très complexes ; la répartition des
compétences manquant de précision et du fait de réformes nombreuses, on retiendra ce qui
suit.
 D’abord l’aéropage : ancien conseil de l’âge aristocratique qui, au fur du temps va
perdre ses premières attributions politiques pour ne conserver que son rôle judiciaire.
Tribunal compétent en matière de crimes graves, il connait des meurtres ou blessures
avec préméditation, des empoisonnements, des blessures portées avec l’intention de
donner la mort et des incendies.
 Ensuite le tribunal des éphètes (des magistrats spéciaux) qui est une sorte de tribunal
itinérant compétent pour l’homicide non prémédité et pour l’homicide excusable (dans
les cas où l’auteur pourrait postuler pour les circonstances atténuantes, ex : crime
passionnel) ou légitime.
 Enfin la juridiction populaire appelée l’Héliée : juridiction de second degré, qui a pour
vocation d’examiner l’appel des décisions rendues par les magistrats. Tribunal
populaire, il est composé de 6000 citoyens (qualifiés d’héliastes) qui sont tirés au sort
parmi les hommes volontaires de plus de 30 ans qui composent les 10 tribus et répartis
du fait de l’augmentation du contentieux, en 10 sections : les dicastères qui traitent de
tel ou tel contentieux. Initialement juridiction d’appel, l’Héliée absorbe peu à peu
l’essentiel des compétences civiles et criminelles débordant même sur les affaires
politiques.
Chaque dicastère représente le peuple et juge sans appel ni révision. La procédure y est
accusatoire, dépourvue de ministère public. L’Héliée peut être saisi par tout particulier
sans qu’il puisse se désister une fois l’action engagée à moins d’amende ou de dégradation
civique. L’action est reçue par un magistrat qui examine sa recevabilité. L’accusation est
par la suite affichée publiquement de manière à déclencher d’éventuels témoignages. Par
la suite, le jugement est prononcé sous la présidence d’un magistrat après un vote secret
sans délibération préalable. Selon l’acte considéré, le procès peut être sans estimation. La
peine étant précisée par un texte ou avec estimation, auquel cas, l’accusateur et l’accusé
proposent chacun une peine.
Chez les grecs, le droit reste très imprégné par son origine sacrée au contraire des romains
qui, très vite opèrent une distinction entre les règles d’ordre juridique et d’ordre moral. Le cas
de l’homicide le montre bien dans la mesure où sa commission entraine la souillure sur le
coupable, souillure considérée à certains égards comme contagieuse pour l’entourage. C’est la
raison pour laquelle le procès pénal entraine l’excommunication de l’accusé qui ne peut plus
se rendre dans les lieux de culte que le procès se déroule en plein air.
Toutefois, l’apport de la Grèce au droit pénal plus que juridique reste, malgré ses institutions
élaborées, philosophiques. Les premiers en effet, les Grecs se sont penchés sur les questions
que pose la philosophie pénale quant à la justification de la peine.
Platon par exemple, s’interroge notamment sur l’homme criminel et fonde la peine sur l’idée
de liberté de l’homme. L’homme étant libre, c’est librement qu’il choisit le mal ; son
châtiment est donc justifié.
Aristote se fonde sur cette même notion de liberté humaine considérant le mal comme le fruit
d’une habitude vicieuse. La peine est envisagée comme un substitut de la vengeance privée,
lorsqu’elle se résout en une transaction par le paiement d’une composition pécuniaire qui
équivaut à une réparation matérielle et une rançon pour la vie du coupable.
Sous l’impulsion de philosophe comme Protagoras, si l’idée de vengeance est toujours
soulignée, elle est dépassée par celle d’amendement. Elle n’appartient plus qu’à l’Etat et
répond désormais à l’idée de correction du coupable. Ainsi la vertu de la peine est d’empêcher
la récidive.
Section 3 : Le Droit Pénal Romain

Paragr.1/ Le droit archaïque

Au premier temps de Rome, le droit répressif s’articule autour de certains nombres de


coutumes archaïques. La répression est encore imprégnée de sacré et le crime y est alors
considéré comme une souillure déplaisant pour les dieux et dont il faut débarrasser la cité.
Devenu maudit, le criminel doit être livré avec ses biens à la divinité offensée. Il s’agit de la
consécration de la tête et des biens et il est à la merci de qui veut. Cette malédiction dérive par
la suite en une excommunication qui frappe alors le condamné à un exil forcé qui entraine la
mort civile et la confiscation des biens par exemple : l’enfant qui exerce des sévices sur ses
parents.

Paragraphe 2/ L’ordre des procès publics

A ce droit archaïque succède un droit plus élaboré qui repose à ses débuts sur la loi des 12
tables, premier corpus de loi romaine écrite. Quelques cas exceptionnels restent néanmoins
dévolus à la justice privée c’est le cas du vol nocturne ou du meurtre par son père d’une fille
surprise en état d’adultère. Malgré cela se dessine très tôt la distinction fondamentale entre les
intérêts d’ordre privé et ceux visant la société dans son entier.
Ainsi ne considère-t-on pas sur le même plan les crimes et les délits de nature privée qui ne lèsent
que les seuls particuliers. Alors que les premiers relèvent bien de la justice pénale proprement
dite, les secondes lui échappent de par leurs natures civiles de sorte qu’au début de l’Empire
Romain (an 27 avant JC) une frontière s’est établie entre l’ordre judiciaire civil et l’ordre
judiciaire public.
Sont considéré comme constituant un dommage d’ordre privé le furtum c'est-à-dire le vol, le
dommage causé à la propriété privée ainsi que les atteintes à la personne ou l’honneur d’autrui. Le
délit public s’entend de l’homicide volontaire du parricide, du meurtre d’un esclave, des attentats
aux mœurs, de la corruption électorale ou des crimes politiques de lèse-majesté. De toute
évidence, le droit pénal est alors envisagé très concrètement comme une sphère juridique appelée
à régler des désordres de société. Cette fonction politique s’accentuant au fur et à mesure que le
poids de l’Etat augmente.
Paragraphe 3 : Les peines

En dehors de l’amende, les peines du droit romain sont très variées. Toutes ces peines entrainent
l’infamie c’est-à-dire une souillure qui dérive de l’ignominie infligée par les senseurs qui prive le
condamné d’une part de ces droits civils. [Une peine infamante est une peine qui atteint la dignité
humaine].

Paragraphe 4 : La procédure

A Rome la procédure pénale oscille entre accusatoire et inquisitoire. Trois types de procédure
d’apparition successive peuvent être distingués.

A- La commission comitiale

Plus ancienne, elle prévoit l’appel au peuple, elle est ouverte à tous les citoyens condamnés par un
magistrat devant les comices centurias quand la peine prononcée est la peine capitale ou devant
les comices tributes en cas d’amende dépassant le maximum légal. C’est une procédure d’office
qui fonctionne sur la base d’un ministère public lequel est chargé de l’accusation.

La nature de cette procédure reste encore obscure : appel pour certains, seconde phase du procès
pour d’autre ; elle consiste en tout état de cause à obtenir confirmation ou infirmation de la
décision du magistrat par le vote du peuple. Quoi qu’il en soit, elle est rapidement considérée
comme inadaptée face à l’expansion de Rome. Inadaptation qui explique l’attrait des juristes pour
la procédure des questiones perpetuae.

B- Les questiones perpetuae

Apparues en 149 avant J.C., ce ne sont ni plus ni moins des jurys permanents composés de 50 à 75
juges tirés au sort le jour de l’audience. Chaque jury se voit attribué une compétence particulière
de sorte qu’on assiste semble-t-il à la création successive de 11 jurys gouvernés par une procédure
accusatoire. Aucune poursuite ne peut s’ouvrir à défaut d’accusateur qui sera chargé de
l’instruction préparatoire et de l’accusation publique à l’audience. La procédure est orale,
publique et contradictoire. Le rôle du jury reste donc assez limité. Il se borne au vote en suivant le
principe de l’intime conviction. La décision est alors irrévocable et seul l’exil peut permettre au
condamné de se soustraire à l’exécution.

C- Les juridictions extraordinaires

La création des juridictions extraordinaires prépare le retour à une procédure inquisitoire. De


nouvelles infractions sont dévolues à l’empereur ou fonctionnaires impériaux. Aux côtés des
juridictions existantes, des instances extraordinaires se mettent donc en place. La place de l’Etat
s’accroit sensiblement d’ailleurs dans ce domaine. Des délits jusque-là privés sont désormais
regardés comme touchant l’ordre public. C’est le cas du vol, du vol de bétail ou du pillage.
Devant ces nouvelles instances, la procédure est d’abord accusatoire ou inquisitoire selon les cas
avant que ne s’impose une procédure d’office qui engage une information secrète.

Chapitre II : Le droit pénal franc et médiéval

Section 1 : Le droit pénal barbare

Paragraphe 1 : Les tarifs

A/ Les textes

La chute de l’empire romain et les invasions germaniques du 5 ème siècle qui bouleverse
profondément les équilibres démographiques et institutionnels provoquent un profond recul des
procédures criminelles élaborées du droit romain. L’époque franque reste gouvernée par le
principe de la personnalité des lois qui implique la juxtaposition, sur le territoire de la Gaulle, des
lois romaines applicables aux autochtones (gallo-romains) aux lois barbares destinés aux
envahisseurs germaniques.

En théorie, les populations se voient appliquer pour les romains, le bréviaire d’Alaric, compilation
tirée du code théodosien mais amplement simplifiée par des interprétations, puis par des sortes de
résumés du bréviaire lui-même.

Pour les barbares, des codes seulement à partir de la fin du 5 ème siècle.

B/ La logique « Vendicatoire »

Rédigés dans une langue sommaire, ils édictent des règles simples faites de prescriptions et
d’interdictions. Il s’agit en fait le plus ordinairement d’une liste de tarifs qui indiquent des prix à
payer pour parvenir à composer c'est-à-dire trouver un terrain d’entente entre la victime ou son
groupe et l’agresseur. Les lois barbares se présentent donc comme de véritables tarifs qui par leur
application, permet d’éviter la vengeance en versant une somme d’argent là où les lois romaines
multipliaient les peines afflictives. On parle alors du « Wergeld » ou prix de l’homme qui
s’analyse comme la composition de base que doit payer le meurtrier à la famille de la victime. Ils
tiennent compte de plusieurs facteurs tels que la race, le sexe, l’âge, la fonction de la victime etc.
C’est le titulaire du « Mund », de la protection au sens littéral de main qui perçoit l’amende. Il est
souvent de la parentèle et à son défaut son supérieur jusqu’au roi. Ce n’est qu’à défaut du
paiement par le coupable et sa famille que le coupable doit composer de son corps c'est-à-dire
mourir ou être réduit à l’état d’esclave (par la famille de sa victime).

La composition est même généralisée pour les crimes de sang, les atteintes corporelles ou les
atteintes à l’honneur.

La lecture de ces prescriptions permet par ailleurs de saisir la hiérarchie des crimes dans les
mentalités barbares, soulignant le cas échéant la valeur donnée à la vie dans la société du haut
moyen-âge où le respect avec lequel la femme est traitée. Reste que la conception du fait criminel
semble demeurer très matériel. Ce que confirme les spécialistes qui dénient toute place aux
concepts de vice et de péché y compris dans les versions tardives plus exposées à l’influence
chrétienne.

C-La présence de l’autorité publique

Au côté du Wergeld, on trouve aussi des peines corporelles, écartant dans les cas les plus graves
la possibilité de composer. La place de l’Etat est ici bien évidemment en fonction de l’infraction,
mais le payement du « Fredum » : argent de la paix, équivalent d’un tiers de la composition,
verser au roi montre qu’aux cotés de la vengeance privée se tient une autorité de justice publique.

D/ Opposition ou transition avec Rome ?


Le succès des lois barbares s’explique en premier lieu par leur simplicité qui conduit à l’abandon
du système romain trop complexe. Tant sur le plan de la procédure que du fond et à l’essor d’une
procédure accusatoire archaïque, depuis longtemps abandonnée chez les romains. Dans une
moindre mesure, la technicité du droit romain influence elle aussi les règles barbares à l’instar de
loi des Burgondes ou celles des wisigoths dans lesquelles triomphent les procédures d’office où
certains modes de preuve en vigueur dans la procédure romaine.

Paragraphe 2 : L’organisation judiciaire

Elle s’articule autour de deux institutions : le tribunal du palais au sommet et le Mallus à la base
dans chaque circonscription.
A- Le tribunal du palais

Il est composé du roi et ses conseillers. Toutefois, sa composition n’est pas fixe et évolue au gré
des affaires. Sa compétence est limitée aux affaires touchant le roi ; ses prérogatives, ses proches
ou les personnes à qui le roi a accordé une protection spéciale. L’action peut avoir lieu d’office ou
par voie accusatoire. En fin, le tribunal du palais peut faire office de second degré de juridiction,
sans que l’on puisse parler d’appel, il s’agit d’un procès second intenté contre le juge et les
accesseurs si la loi n’a pas été appliquée avec justice et non contre le jugement lui-même.

B. Le Malus

Le Malus installé dans chaque circonscription de base, la centaine et composé d’un représentant
local du roi, le Compte ou le centenier, assisté par les notables : « les prudhommes » qui varient
d’une affaire à une autre. Le tribunal siège en plein air dans un lieu élevé en présence de tous les
hommes libres de la province, suivant une obligation judiciaire analogue à l’obligation militaire.
L’institution sera ensuite réformée par Charles Magne, dans le sens d’une simplification.
L’obligation judiciaire est limitée à trois sessions par an. Les accesseurs occasionnels étant
remplacés par les accesseurs personnels permanents : les échevins au nombre de 07 choisi pour
leur sagesse par les envoyés du roi dans les provinces : les mici dominici. La compétence du
malus est resserrée ne visant plus que les affaires criminelles les plus graves, les causes majeures :
homicides, incendie, vol, rapt (enlever une personne dans le but d’obtenir une rançon) etc…
Les causes mineures restant dévolues au malus ordinaire, sous la présidence du centenier. Cette
distinction entre haute et basse justice n’opère pas de hiérarchie entre juridictions, mais une
simple juxtaposition de compétence. La procédure y est accusatoire s’ouvre donc sur plainte de la
victime. Le recours au tribunal étant facultatif, la vengeance privée restant la voie privilégiée et le
recours au malus étant souvent le résultat de l’échec des procédures de conciliation.
Progressivement, Toutefois Charles Magne rend obligatoire la justice du Malus pour les crimes
les plus graves, auquel cas la procédure est exceptionnellement inquisitoire.

A compter de 802, se généralise la juridiction des micis dominici, forme d’inspecteur itinèrent
dont la charge est de surveiller les comptes et de faire régner l’ordre public grâce à l’acquisition
de pouvoir large d’inquisition destinée à renforcer l’ordre public menacé.

Paragraphe 3 : La procédure pénale et ses modes de preuves

Les formes procédurales suivies devant ces tribunaux, tiennent d’une justice qui hésite encore
entre arbitrage et justice classique. De façon générale, la procédure est accusatoire, ainsi s’y
applique le principe d’une plainte nécessaire au déclenchement de la procédure. Dans ce récit,
c’est à l’accusé de fournir la preuve négative qu’il est innocent. On parle alors de preuve
diabolique. D’autant plus que cette preuve intervient souvent sur de vraies difficultés opposant
accusateur et accusé. Ainsi distingue-t-on divers modes de preuve.

A- L’aveu de l’accusé

Considéré comme la reine des preuves, l’aveu permet la sanction immédiate de l’accusé qu’elle
transforme en coupable. A défaut, on fait appel au témoignage, au serment purgatoire ou à
l’ordalie.

B- Le témoignage

Il reste un élément de preuve difficile à identifier à cette époque, dans la mesure où sont largement
confondues les parties, les témoins de visu ou de auditu qui ont assisté à l’infraction et les témoins
de crédit qui ont simplement pour objet de conforter la position d’une partie en affirmant sa
crédibilité. Par ailleurs, la défaveur dans laquelle tombe le témoignage vient des abus qu’il a pu
susciter (achat de témoignage, extorsion de témoignage), des mécanismes vont être imaginé par
exemple on oblige le témoin à venir à jeun ; on institue des peines très sévères contre les parjures.
Ceci explique que le témoignage est souvent accompagné par le serment purgatoire.

C- Les serments

Le serment consiste à faire jurer l’accusé de son innocence sur les évangiles ou sur des reliques.
Ainsi, Dieu est-il pris à témoin de la véracité du témoignage ou de la justesse de la cause
dénoncée au tribunal. Le parjure : auteur d’un faux témoignage, risque de courroux divin, soit à
mort, soit sur le champ. Le serment concerne les témoins, il est alors l’accessoire du témoignage.
Mais il concerne surtout au premier chef, l’accusé qui se disculpe de cette façon des accusations
portées contre lui, auquel cas, il est dit purgatoire. Même dans ce cas, l’accusé n’est pas seul
puisque jure avec lui un certain nombre de personne, appelé les co-jureurs, destinés à cautionner
sa parole en prêtant serment à leur tour, non des faits, mais de l’honorabilité de l’auteur du
serment. Leur nombre est fixé par la loi en fonction de l’importance du crime ou de la dignité de
l’auteur du crime. Le serment purgatoire est conforté par la crainte de sanctions divines, mais
aussi d’une amende, tans disque Charles Magne prescrira devant les dérives de faux témoignages,
la peine d’amputation de la main droite : main posée sur les évangiles ou sur les reliques. Il reste
malgré tout insuffisant, car il succombe au serment inverse formulé par la partie adverse. Ainsi la
querelle doit alors se vider au moyen d’un jugement de Dieu.

D- L’ordalie
L’ordalie est une épreuve physique subie par les parties ou leurs champions pour attester de la
pureté ou de l’impureté du serment prêté. Pratiquée par une partie isolée, elle est dite unilatérale ;
bilatérale lorsqu’elle est effectuée par les deux parties ensemble ou l’une contre l’autre, auquel cas
on institue le duel judiciaire.

1/ L’ordalie unilatérale

C’est une mise à l’épreuve d’une partie grâce à un élément naturel. Exemple : l’ordalie du feu
dans laquelle on saisissait une main nue sur laquelle on posait une braise si la personne ne se brûle
pas, on considère qu’il est innocent ; l’ordalie de l’eau ; l’ordalie du cadavre.

2/ L’ordalie bilatérale

C’est celle qui est imposée aux 2 parties. Celle la plus fréquente est le duel judiciaire.

…………………….

………………….

………………

Le wergeld est prohibé, seul la peine de mort est reçue pour ce type d’infraction. Ce qui montre
que les peines corporelles sont encore regardées comme exceptionnelles du moins à l’égard des
hommes libres ; les hommes non libres n’ayant pas la faculté de composer.

Section 2 : Le droit canin féodal

Paragraphe 1 : la patrimonialisation de la justice

L’appareil judiciaire des carolingiens va en effet se disloquer. La justice, jusque là dans les mains
du roi, va passer aux mains des seigneurs. Ce sont des anciens fonctionnaires et grands du
royaume qui exerçaient sous Charles Magne un pouvoir de justice délégué qui vont la reprendre à
leur compte pour l’exercer cette fois à leur nom. Les princes territoriaux d’abord, on assiste à un
véritable émiettement du pouvoir. Les seigneurs détiennent ainsi le ban : pouvoir de
commandement et de justice. On qualifie alors la seigneurie de banale ou de justicière. Les
anciennes juridictions perdent leur sens, le comté disparait ou au contraire se maintien mais n’est
plus alors que l’accessoire d’un pouvoir de nature seigneuriale.

Au 9ème siècle, la carte judiciaire est donc largement fonction des seigneuries au détriment d’une
justice royale unifiée ; au détriment aussi du modèle de justice édifié par les carolingiens. La
justice des seigneurs en effet, repose largement sur l’idée de force, la force du seigneurs sur ses
sujets qui répond davantage à un pouvoir qu’à un devoir. Apparaissent ainsi plus que des juges,
des justiciers.

[On parle de patrimonialisation de la justice => parce qu’elle permettait d’avoir des rentrées
d’argent par le biais des taxes de plèbe, des confiscations de biens des condamnés à mort qui
seront vendu et versé dans la caisse du roi].

Ce rapport de force permet la mise en place d’une répartition des compétences qui repose
essentiellement sur l’idée de sang. Le critère du sang englobe aussi bien les affaires dans
lesquelles le sang a été versé que celle qui mérite qu’on vers le sang du coupable.

De même qu’à l’époque carolingienne, on distingue des causes majeures. Par exemple : le
meurtre, le rapt l’incendie et des causes mineurs sans pour autant qu’à cette distinction s’attache
des dispositions très précises. Au 12ème siècle, la répartition des compétences se précise lorsque le
seigneur titulaire a perdu au profit d’un autre seigneur la compétence des affaires les plus graves.
Cette distinction entre haute et basse justice n’implique pas pour autant une hiérarchie entre les
juridictions puisqu’il n’existe pas de degré ni d’appel entre l’une et l’autre de ces juridictions. La
même population peut donc relever de deux tribunaux différents selon l’affaire en cause sachant
qu’aucune frontière ne peut très précisément être dessinée.

Paragraphe 2 : L’organisation du procès

A/ Les origines de l’exception nobiliaire

Tous les justiciables n’en relèvent pas puisqu’une certaine partie d’entre eux n’y ont recours qu’à
titre facultatif se satisfaisant généralement de la vengeance privée. Dans le cas du recours à la
justice seigneuriale par les chevaliers, celle-ci est regardée comme une instance arbitrale. Elle
implique la mise à l’écart des règles juridiques pures pour préférer celle de l’équité la plupart du
temps. L’instance arbitrale permet d’éviter une grande publicité autour d’une affaire arbitrale ainsi
que le jeu de preuve irrationnel au profit d’une enquête.

Classiquement, elle se résout en dommages-intérêts qui là encore diffère essentiellement des


catalogues barbares puisqu’elles ont une nature conventionnelle.

B/ La procédure seigneuriale

Vous aimerez peut-être aussi