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: La loi et la coutume
Philipe Le Bel disait, « Le Royaume est régi principalement par les coutumes et usages ».Par ces dires,
il reconnait deux formes du Droit. La Coutume et la Loi. Elle est un Droit non écrit né des usages, des
habitudes. Elle est le fruit de la répétition par les membres d'un groupe, d’une même communauté,
d'actes pendant une longue période pour que cette répétition donne le caractère juridique de ces
pratiques et leur force obligatoire qui s'impose à tous sur un territoire défini, délimité, que l’on
appelle détroit. Ainsi se forme un véritable Droit coutumier qui émanant de la société ayant pour
vocation de régir tandis que la Loi est un ensemble de dispositions quelconques provenant d’une
autorité publique et présentant un caractère général, impersonnel et obligatoire. Une rédaction des
coutumes impose donc et tendrait alors vers la mise à l’écrit, à l’élaboration d’un ensemble de règles
juridiques, de lois. Dès lors la Loi pourrait-elle « être » sans la coutume ? I.
La France depuis des temps anciens que nul ne peut se remémorerétait organisée par des usages qui
par répétition devenaient des actesjuridiques. Autour de ces règles la vie des provinces sest formée.
Le peuplesest forgé un ensemble de coutumes dit Droit coutumier que son régent, leRoy en est le
gardien et le subordonné (A). Cette coutume toutefois crée desinégalités de normes dans le
Royaume et le divise, le parcellise (B).
n pays de Droits coutumiers dans les mains dun Roygardien et serviteur de la coutume
La Coutume est conservée par la mémoire collective et trouve sonorigine, pour certaines dans des
règles que seigneurs et Rois avaient émiseset qui par habitude, usage, perdent leur caractère
régalien pour ensuitedevenir Coutume. Il pourrait pour certaines contrés sagir aussi de ladésuétude
de certaines règles du Droit Romains qui par habitude se sont ancrés dans la vie de ces
provinces.Chaque bailli, chaque sénéchal possède sa propre Coutume. Lacoutume dune région ne
serait la même quune autre. Dailleurs le Roy est autant soumis aux coutumes des provinces de son
Royaume que le sont sesfidèles sujets. Les règles coutumières du Pays, ont par leurs
caractéristiquesune force supérieure à lautorité du Roy quil ne peut à lui seul y dérogersous peine
dune révolte du peuple.La coutume tient sa force de ses principes qui lui sont propres et
luiconfèrent sa légitimité, son caractère juridique. Elle est tout dabord nonécrite, transmise de
génération en génération elle perd son origine maistransmet son caractère obligatoire au fil du
temps duquel par son deuxièmeprincipes elle en est le fruit. Elle y puise toute sa valeur. Elle est née
delhabitude, de la répétition dun usage, dun acte pour quensuite elle soit volontaire et
obligatoire. La crainte du manquement dune règle intime lerespect de celle-ci. Bien que la coutume
ne sanctionne point par soncaractère volontaire elle est acceptée et respectée sur son territoire
quiappelé détroit constitue une ville, un village ou une province. En soit lacoutume trouve sa force
dans son âge immémorial, son respect par le plusgrand nombre car elle est évolutive par le temps,
protectrice des intérêtscommuns,
Dautant, par ses principes, la coutume est utilisée comme source deDroit auprès des juges de
provinces ou villes, elle est la source de leurs
jugements. Dans ces instances la coutume est représentée par les « BoniViri », prudhomme. Il
sagissait dun groupe de personnes âgées qui parleur ancienneté connaissent les coutumes et
participaient à la décision dujuge. Néanmoins leur seule présence ne suffit plus et la question de
lapreuve dune Coutume applicable se pose et entraine vers la distinction dedeux coutumes, les
notoires et privées. Par conséquent une coutume est notoire lorsque celle-ci est reconnue de tous
tandis quelle est privéelorsquelle ne lest point. Jusquau XIIe siècle cette différenciation de
lacoutume mène la justice à une organisation dérisoire des procès dont seulle Roy en est la source
organisatrice. Une création denquête par « Turbe »est créée et remet en question lapplication de
la coutume en France. Cemode denquête initialement constitué de dix personnes avait pour
missionde voter à lunanimité lapplicabilité dune coutume. Toutefois cetteorganisation est
contestée et met en cause le principe dutémoignage : « testis unus, tesis nulus ». De plus lenquête
par Turbe allongela durée des procès, leurs coûts et bien que le Roy Louis XII modernise cemode par
la création de deux Turbes de vingt personnes les procédures dejustice subsistent telles quelles
voire plus complexes.
Charles le Chauve, en 1454 dans son acte Royal dit Édit de Pitresconstate une forte opposition au
sein du Royaume. Se démarquant ainsi lesterres régentées par le Droit Romain et celles qui sont
tranchées selon leDroit de lEmpire.Le Sud, héritier de lempire gallo-Romain persiste dans
lapplicationdu Droit Romain. Les coutumes selon ce droit passent ainsi au deuxièmeplan tout
comme sous lEmpire Justinien. Au XIIe siècle les coutumesfrançaises du Sud offre peu de résistance
au Droit du Nord et modifie lescoutumes sur le fond et la forme. Les deux droits français, méridional
et septentrional apparaissent cependant en 1251 dans une ordonnance duRoy bien quils ne soient
explicitement distincts.Toutefois une démarcation des deux droits se fait géographiquement scindant
le Royaume de France en deux parties. Une frontière sétendant duNord de lAquitaine jusqu'à
Genève expose de la sorte lopposition entre cesdeux terres bien que certains territoires des zones
sont enclavés.Cette démarcation des deux droits peut être trompeuse, en effet lescoutumes
territoriales ne prennent pas origine quau nord mais aussi ausud. Cest aussi pour repousser
lingérence du Pape que les Rois de Franceont confirmé lexistence des Coutumes dans le droit du
Sud. En1312 Philliple Bel déclare « si dans quelques parties du Royaume nos sujets suivent le
droit écrit sous plusieurs point ils ne sont pas liés sur ces règle en tant quedroit écrit mais en tant que
coutume conforme à ce droit par usage ». Par sadéclaration, la coutume est toujours celle qui donne
au droit romain sonexercice.En définitive la source informelle du droit est la même dans toutesles
contrés du Royaume mais son contenu diffère. Les différences seremarquent sous plusieurs aspects,
elles peuvent dêtre linguistiques,architecturales. Dans chaque région de France se parle différents
dialectes,patois.
II.
La coutume nest pas une source informelle parfaite du droit. Parconséquent bien quelle régisse la
vie en société elle en favorise lesinégalités. La France aspire alors vers une parcellisation de son
territoirepar des règles trop différentes. Il est donc nécessaire pour lautorité royaledunifier le pays
(A) par un rassemblement et écrit des coutumes localespour assurer lunification du Royaume et de
la couronne (B).
ne nécessité dunification
Dans la visée dune unification du Droit et particulièrement dunconfort du pouvoir royal, le Roy
souhaite corriger les tares de la coutume.Cette source informelle du droit fait lobjet de plusieurs
critiques quant àson trio dincapacités.La coutume est instable. Son évolution rapide à travers les
âgescontrairement à la loi nécessite le besoin de preuve. Ses changementsremettent en cause son
applicabilité, sa légitimité en tant de règle juridiquedont lillustration dans l histoire se trouve au
scandale de lenquête par«Turbes ». Ce mode denquête démontre la difficulté de la coutume à
êtreappliquée, à faire lobjet de preuve.Également la coutume par son caractère territoriale
constitue unelimite. Elle ne sapplique qua des localités et non à un tout et ainsi favorisela
parcellisation du Royaume. Se distingue ainsi une multitude de coutumesdifférentes qui lors de
procès sont en conflit et pareillement le problème desa légitimé, comment se prononcer sur le bon
droit dune règle coutumièresur une autre de même nature.La coutume arbore aussi un caractère
archaïque. De part sonancienneté il est difficile de la modifiée. Il lui faut du temps, chose qui lui est
sujette à une désuétude. La coutume sadapte mais aussi se perd à traversles siècles.
En outre pour palier à ces sérieuses mise en question du droit. LeRoy entouré de ses légistes répond
au désire dunification du Droit, désireexprimé dans de nombreux ouvrages tel que Le grand
coutumier deNormandie (XIIe siècle) ou aussi les coutumes de Beauvaisis deBeaumanoir. Cest ainsi
pour répondre à la pluralité de ces ouvrages quelautorité royale répand les principes de résolution
du déficit de la coutume.
Au fil du temps, il y a peu de province dans lesquelles la rédactiondes coutumes ne sest point faite.
Or sobserve un phénomène nouveau quila rédaction Officielle de celle-ci, le Roy ne peut la modifier,
« le Roy est tenude garder et de faire garder les coutumes » selon Beaumanoir. En outre lesouverain
a la capacité de révoquer les coutumes considérées commeimpies ou iniques. Lautorité royale est
gardienne des coutumes mais aussigarante de toute justice et cest ainsi quune réduction des
coutumes est mise en place.En 1454 par une ordonnance de Montils-les-Tours, le roi Charles
VIIenvisage par larticle 125 une mise à lécrite des coutumes dans la viséedune réduction des
coûts et de la durée des procès. Présentant uneprocédure de rédaction des coutumes trop originale,
lordonnance na pasété suivie deffets. Il fallu attendre cinquante années plus tard pour
quunerédaction des coutumes soit prise au sérieux.Par des lettres patentes de Charles VIII de 1497
à 1498 réussi à faireappliquer une procédure de rédaction des coutumes. Il est de fait « car telest
notre plaisir » que le Roy est en quête dune unification du droit dansloptique de conforter son
assise politique.La procédure de mise à lécrit des coutumes est en cinq étapes. Enpremier lieu sa
majesté fait publier des lettres patentes aux baillis et sénéchaux dont la mission est l'ordre de la
rédaction des coutumes locales.Par la suite les baillis ou sénéchaux élaborent un avant-projet ou
cahierprovisoire des coutumes pour les chargés de justice. Ainsi les praticiens et juges seigneuriaux
mettaient par écrit tous les usages locaux. Dans untroisième temps des commissaires du Roy
amendaient ou clarifiaient lestextes dans la visée d un unification et de la modernité du Droit dont
leDroit Romain en était la principale source et y était a repris.Subséquemment les assemblées des
baillages ou sénéchaux se réunissaient comme le font les états généraux. Lassemblée dresse un
procès verbal letout en étant vigilante quant à lapplication de la bienséance. Durant leprocès les
cahiers sont lus et discutés article par article. A la suite de chaquedébat les articles en question sont
rédigés par les trois ordres ; si lesarticles sont en accords avec les demandes des trois ordres alors ils
sont