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CHAPITRE 1 : LE ROYAUME UNI

C'est le régime de tous les paradoxes. ​L’étude du régime politique du Royaume-Uni répond à
des intérêts à la fois théoriques et pratiques :

• Il est un ​des régimes les plus anciens​ et qui​ existent encore ​de manière permanente
aujourd'hui. Toutes les monarchies qui l’a fait n’ont pas echoue .Si on remonte a la magna
carta, la monarchie a pu coutroye pluseiurs monarchie a l’epoque. C’est une des rares qui ont
pu rester et de maniere permanante.

• Ce régime est le premier type de régime parlementaire connu dans le monde. Il est
généralement considéré comme l’​archétype, le model du regime parlementaire​.

• Le régime du Royaume-Uni est un des rares à ​ne pas avoir de constitution écrite​. Il
fonctionne et qui existe en permance malgré cela.
- Le RU est utilise juridiquement. On l’iutilise alors a la place de la GB.
- Le drapeau est celui du RU.

Section 1 – Les bases du régime.

Le régime du Royaume-Uni est


- Un régime basé sur les traditions et les coutumes, §1
- Un royaume qui vacille entre l’unité et la dévolution,
- Regime fortement influencé par le bipartisme.

§1. Traditions et coutumes.

Les britanniques sont généralement présentés comme un peuple fortement attaché aux
traditions et coutumes.
C’est difficle a comorendre, qui se traduit par l’adoption de solution un peu etonnantes.
Exemple:
Cela s’est manifesté lors de la reconstruction de la Chambre des communes après son
bombardement par les Allemands en 1941, identiquement à la précédente : trop petite et
rectangulaire. A l’epoque ⅓ des deputes ne trouvaient pas de place pour s’assoir.
Normalement, il faut construire une ou ils pourraient s’assoir, mais tellement attaches ayx
traditions ils ont construit la meme.

Alors que dans d’autres parlements, ils sont assis en ½ cercle, car il peut contenir plus de
place que les ranges.
A. Un régime produit de l’histoire :
- Grande lutte parlement- roi
- Victoire du roi contre l’absolutisme, contre les stuart.

Le régime au Royaume-Uni n’est pas le résultat d’une réflexion théorique sur le pouvoir, il est
issu de l’évolution historique et politique marquée par la révolution des Stuart.

Le parlement britannique a toujours été bicaméral.


Mais ​1689 ​a été une date charnière dans l’établissement du régime avec le Bill of Rights.

Un de ceux qui ont le plus écrit à l’époque fut Edmund Burke (ci-contre). Il s’est intéressé à la
Révolution française et au fait qu’elle ait bouleversé entièremet régime en France : abolition de
la monarchie de droit divin, rédaction d’une constitution écrite.

I
On y voit le refus de l’écrit et de ce qui va à l’encontre de l’Histoire. Minute 35

L’élargissement du corps électoral prend du temps, car on change la tradition.


- a commencé en 1832
- ne devint suffrage universel masculin qu’en 1918
- 1928 pour tous les sexes.

C'est une progression qui va entraîner un changement dans l’approche des organes du pouvoir.
Ca va changer la vue du citoyen aux institutions. Pourquoi?

- Repercution sur les organes non elu: La couronne héréditaire déjà affaiblie s’est vue en
face d’un parlement issu du peuple, d’ou le gouvernement. N’étant pas issu du suffrage
démocratique,les institutions qui ne sont pas elu comme
Exemples:
● Le monarque va se voir pratiquement écarté de l’exercice du pouvoir. La
couronne britannique de nos jours est purement symbolique et doit sa pérennité
à la tradition nationale.

● La Chambre des Lords s’est aussi vue mise à l’écart de l’exercice du pouvoir : on
adopte les Parliament Acts :

o 1901 :​ la Chambre des Lords ne participe plus à l’élection du budget, n’a plus le droit de véto
sur un texte, elle pouvait toujours ajourner l’adoption d’un texte mais jusqu’à 2 ans seulement.
Apres 2 ans, meme si elle est contre la loi, elle sera adoptee. Elle va etre neutralisee.
Parliament acts est adopte de 1901 et 1949
o 1949 : ​le délai d’ajournement a été ramené à 1 an.

Plus le temps passe, la democratie se lie a l’election. Tout ce qui n’est pas lie a l’election va
diminuer.

B. L’absence de constitution écrite :

Cette affirmation mérite d’être nuancée : certes, le Royaume-Uni n’a pas de constitution
écrite au sens français et américain du terme mais il y a plusieurs textes qui expliquent
le fonctionnement des pouvoirs.

En plus, si l’on adopte la conception matérielle et pas formelle de la constitution :

L’ensemble des règles de droit qui nous expliquent comment le pouvoir s’exerce et quelles sont
les limites apportées au gouvernant pour faire respecter les droits des citoyens, le
Royaume-Uni en a une, mais elle est peut-être éparpillée dans plusieurs textes et
accompagnée de coutumes.

Dire que le Royaume-Uni a une constitution coutumière n’est que pédagogique.


La constitution matérielle du Royaume-Uni n’est pas et plus que coutumière.

Elle n’est pas que coutumière en ce sens qu’elle connaît tout d’abord d’autres sources non
écrites que les coutumes ; et elle a d’autres sources écrites.

Le Royaume-Uni est gouverné par des coutumes, mais aussi des usages et des
traditions mais aussi et surtout par ce qu’on appelle les « conventions de la constitution ».

Une coutume en droit nécessite la réunion de deux éléments (voir cours de Civil I) :
La répétition et l’opinio juris.

Les conventions de la constitution, contrairement aux coutumes ne contiennent que l’opinio


juris, c'est-à-dire qu’aucune répétition n’est exigée pour rendre la convention effective : il suffit
d’un seul précédent pour qu’elle devienne obligatoire. Il est clair que s’il y en aura plusieurs, elle
va devenir coutume.

C'est ça qui explique le caractère souple de la constitution britannique et pas son caractère
coutumier à proprement parler.
Il y a aussi à côté de la coutume des textes écrits.
- Le premier en date est la Magna Carta de 1215,
- on a également l’Habeas Corpus (nul ne peut être incarcéré, arrêté sans décision de
justice : l’obligation de présenter en personne physique un détenu devant un juge) de
1679 et
- le Bill of Rights de 1689.
Au sens matériel, ce sont des textes constitutionnels mais au sens formel ils correspondent à
de simples lois.

Nous assistons à l’émergence aujourd'hui au Royaume-Uni de textes écrits à valeur


constitutionnelle : il y a eu toutes les lois de dévolution qui concernent l’Ecosse, l’Irlande
du Nord et le Pays de Galles en 1998, le Human Rights Acts qui incorpore au droit
britannique la CEDH, et surtout le Constitutional Reform Act de 2005 et 2010 concernant
la réforme de la Chambre des Lords.

§2. Un Royaume entre unité et dévolution.

A. L’unité :

Le gouvernement de May est en train d’organiser la sortie du Royaume-Uni de l’Union


Européenne ce qui pose surtout un problème avec l’Irlande, parce que l’Irlande du Nord
(comme l’Ecosse d’ailleurs) n’a pas voulu sortir de l’Union.

Il faut savoir que le Royaume-Uni regroupe plusieurs nations ; chacune possède son drapeau,
sa langue et son hymne. Il y a l’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Irlande du Nord.

Le Royaume d’Angleterre va d’abord annexer le Pays de Galles en 1284. Le Royaume-


Uni s’élargira ensuite à l’Ecosse à travers la signature des Union Acts de 1706-1707.

En 1800, le Royaume-Uni s’élargit à l’Irlande dans son intégralité. Il y a eu une longue guerre
civile suite à cette annexion. Il s’appela le Royaume-Uni de Grande Bretagne et d’Irlande. En
1915, la République d’Irlande prend son indépendance. Seul l’Ulster reste actuellement dans le
Royaume-Uni.

Aujourd'hui, on parle de Royaume-Uni et de Grande Bretagne et d’Irlande du Nord.

Nous allons surtout étudier le régime de l’Angleterre, parce que c'est le régime que les autres
ont suivi : toutes ces nations se sont unies autour de Londres.

B. La dévolution :
Le nationalisme irlandais catholique et républicain au Sud s’oppose radicalement au
Royaume-Uni. De même, il y a une hostilité historique écossaise en Angleterre.
L’histoire politique britannique a abouti à trois Devolution Acts :
Ceux-ci ont été adoptés par le parlement britannique en 1998. Ils portent comme noms
« Scotland Act », « Government of Wales Act » et « Northern Ireland Act ». Ceux-ci
seront retouchés par la suite, d’abord en 2006 pour l’Irlande du Nord, en 2011 pour le
Pays de Galles et 2012 pour l’Ecosse. Les modifications apportées ont toujours été dans
un sens d’accroissement de l’autonomie des nations concernées.
La dévolution est une délégation de compétences consentie par le parlement
britannique aux nations. Avec la dévolution, les trois entités concernées seront dotées
d’un parlement monocaméral élu pour quatre ans.
Ex de la procédure suivie : pour le cas de l’Ecosse, le Scotland Act a été adopté par le
parlement britannique mais a commencé par être approuvé par référendum en Ecosse.
! Le fait qu’il y ait eu référendum ne suffit pas parce que le référendum au Royaume-Uni
n’a aucun effet juridique, il est seulement consultatif.
1. Le mode de scrutin.
Ecosse et Pays de Galles : mixte : une partie du parlement est adoptée au scrutin
majoritaire à 1 tour, une autre au scrutin proportionnel.
Irlande du Nord : représentation proportionnelle pour tout le parlement.
2. La compétence des parlements.
Elle n’est pas universelle, ils ne peuvent pas intervenir dans tous les domaines mais
que dans certains limitativement énumérés et que pour les entités qu’ils
représentent. Ils ne peuvent pas régir la défense, les relations internationales, la
couronne, la fonction publique et l’union.
À tout moment, celles-ci peuvent être modifiées par le parlement britannique.
Toutes les lois prises avant la dévolution ne peuvent pas être modifiées par les
parlements de la dévolution même si celles-ci font désormais partie de leurs
compétences.
Au Pays de Galles, la dévolution s’est d’abord résumée en une décentralisation
administrative. Le parlement avait uniquement un pouvoir règlementaire : il
choisissait le chef du comité exécutif et exerçait ce pouvoir avec lui. Il y avait une
sorte de confusion de pouvoirs.
Avec les Government of Wales Act de 2006, On va avoir un gouvernement extérieur
distinct de l’Assemblée, et celle-ci va recevoir un pouvoir législatif (bien que limité).
Alors qu’en Ecosse et Irlande du Nord, depuis le début, il y avait un parlement qui
légifère dans certaines matières et un exécutif confié à un « First Minister » (pour le
distinguer du Prime Minister à Londres).
3. Les défis.

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Le fait que le parlement britannique conserve la plénitude de la souveraineté, les
Devolution Acts étant seulement des lois parmi les autres et n’ayant pas de valeur
constitutionnelle, ceci empêche l’évolution vers le fédéralisme mais n’exclut pas les
tentatives de séparation :
En 2014 donc avant la sortie de l’Europe, il y a eu un référendum en Ecosse pour
sortir du Royaume-Uni. Celui-ci n’a pas de valeur juridique mais seulement indicative
puisque seul le Parlement peut accorder l’indépendance. Mais malgré cela, le
pouvoir central va exercer des pressions sur les écossais pour ne pas voter oui :
menaces de rendre l’adhésion à l’Union Européenne difficile, d’interdiction d’utiliser
la Livre Sterling. Les résultats : 55% non, les femmes sont surtout ceux qui ont fait
pencher la balance.

§3 : Le bipartisme.
Les partis politiques sont ceux et ce qui détermine la nature du régime britannique. C'est une
constante historique.
A. Partis en présence :
Le bipartisme au Royaume-Uni est une permanence historique : deux partis principaux
se partagent toujours le pouvoir entre eux, les autres partis n’arrivent généralement pas
à décrocher la majorité au parlement.
A l’origine, il y avait au parlement deux clans : les Tories et le Whigs.
Les Tories étaient marqués par la survivance des habitudes romaines au sein de l’Eglise
anglicane (influences catholiques), ils la critiquaient et s’efforçaient de limiter
l’absolutisme royale (parlement +++) ; les Whigs défendaient l’Eglise anglicane et le roi
(roi +++).
Les Tories ont été appelés ainsi par référence à des brigands irlandais qui attaquaient
les protestants. C'était une façon de dire qu’ils sont des « catholiques camouflés »
Les Whigs doivent leur nom à un groupe de paysans presbytériens écossais (les
Wigerboys) qui attaquaient les protestants.
Viennent ensuite les Conservateurs (ex-Tories) et les Libéraux (ex-Whigs). Cette rivalité
va durer jusqu’à la fin de la Première Guerre mondiale.
Entre temps, il y a eu un passage vers le suffrage universel masculin puis féminin
(élargissement de l’électorat).
Il y a aussi eu le développement de la classe ouvrière.
Cela va changer la donne.
Les ouvriers à la base votaient Whigs mais petit à petit, ils vont sentir que le parti libéral
n’est pas favorable à leurs intérêts. Les syndicats n’étant plus convaincus par le parti
libéral vont créer leur propre parti : celui des Travaillistes (Labor party).
On aura à ce moment trois partis qui se partagent le pouvoir.
Ce nouveau parti politique va rapidement se développer, à cela il faut ajouter les
divisions au sein du parti libéral et le mode de scrutin. Tout cela va faire que dès 1922,
le duel Libéraux/Conservateurs va rapidement devenir Travaillistes/Conservateurs.
On n’a pas un passage qui a consacré le tripartisme, on a juste changé un des partis.

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Actuellement, le Royaume-Uni connaît à côté des deux grands partis d’autres partis
d’inégale importance qui n’accèdent jamais au pouvoir.
On cite le parti Libéral-Démocrate : il résulte de la fusion en 1988 de ce qui restait du
parti Libéral héritier des Whigs avec le parti Social-Démocrate issu du parti Travailliste. Il
s’est imposé dans le paysage politique et a beaucoup milité pour réformer le mode de
scrutin afin que les partis politiques puissent arriver au pouvoir. Référendum en 2011 : il
a échoué et avec lui les espoirs du parti Libéral-Démocrate qui voulaient s’imposer
comme troisième parti pesant.
Il y a aussi des partis régionaux qui voient le jour. Il ne faut pas les sous-estimer. Lors
des élections de 2015, ce sont eux qui ont fait pencher la balance en s’associant aux
partis majoritaires dans les régions.
Il y a également un parti national qui a émergé sur base de sortie du Royaume-Uni de
l’Union Européenne. C'est le Parti Indépendantiste Britannique (UKIP). Il a de tout temps
prôné la sortie de l’Union mais n’arrive pas à décoller aux élections. Il est juste connu
pour ses campagnes.

Les idéologies partisanes :


• Les partis britanniques sont d’accords pour maintenir les acquis du régime. Les
points communs des deux partis sont qu’ils sont fortement centralisés et
hiérarchisés, le pouvoir y est exercé par une élite restreinte, le chef des partis joue
un rôle prépondérant.
• Il y a certes deux idéologies opposées : le parti conservateur est issu des
Establishments (une certaine classe sociale aisée) et le parti travailliste est issu des
Syndicalists (la classe ouvrière).
Mais il y a au sein des deux partis des tendances différentes : avant le référendum
sur le Brexit, une partie de chaque parti était pour la sortie et une autre contre. Au
sein de chaque parti, ils ne sont pas d’accords non plus sur les termes du Brexit.
La discipline de vote :
Elle est très stricte, en ce sens qu’il y a un mot d’ordre : le parti majoritaire au parlement
doit toujours approuver le gouvernement. Cela existe parce qu’il faut assurer le maintien
du Cabinet, donc de leur parti politique, au pouvoir pour toute la durée de la législature.
Whips (« fouets ») : ce sont des membres d’un parti politique élu au parlement, donc des
députés. Il y a des Whips pour le parti majoritaire et des Whips pour l’opposition. Les
whips du parti majoritaire sont en même temps membres de la chambre des communes
et ministres.
Leur rôle est de s’assurer que les membres du parti au parlement vont se conformer aux
décisions de celui-ci sous peine d’être exclu d’investiture aux prochaines élections.
Le schéma classique veut que le Cabinet puisse compter sur l’appui de sa majorité tout
au long de son investiture.
Mais :
• En 2003 avec le cabinet de Tony Blair (travailliste) :

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Celui-ci avait demandé l’autorisation d’envoyer les troupes britanniques en Irak. Il ne
l’a pas obtenu grâce aux votes des travaillistes mais à des députés du parti
conservateur.
• Cela s’est répété en Aout 2013 :
Le cabinet de David Cameron a demandé à la Chambre des communes
l’autorisation pour faire intervenir les troupes britanniques en Syrie. La Chambre a
refusé cette intervention. Cameron a dû changer sa politique sur la Syrie.
2 cas de renversement du Cabinet :
• 1924 : Ramsey Mac Donald
• 1979 : James Callaghan. Il a été renversé par 1 voix décisive.

B. Succès du bipartisme :
Le succès s’explique par le mode de scrutin (majoritaire à 1 tour) utilisé mais ce système
connaît des limites.
1. L’influence du mode de scrutin.
o Vu qu’il n’y a qu’un tour et que le scrutin est immédiatement décisif, ceci
pousse les électeurs à voter « utile » et les petits partis à s’abstenir de se
présenter dans toutes les circonscriptions et les pousse à s’allier avec les
grands partis dans celles-ci.
On est loin des débats idéologiques qu’on trouve en France. Le vote
britannique est pragmatique. C'est la catégorie des « électeurs flottants »
(ni avec x ni avec y) qui va faire pencher la balance. Ce ne sont pas les
militants, les adhérents aux partis qui déterminent le résultat.
o Le rôle quant aux majorités parlementaires n’est pas négligeable. Le scrutin
majoritaire à 1 tour a des effets grossissants. Le plus souvent, un parti obtient
la majorité absolue au Parlement alors qu’il n’a pas la majorité des voix sur le
plan du Royaume-Uni dans son intégralité. Ça se joue sur le plan des
circonscriptions.

2. Les limites du bipartisme.


Il arrive qu’un troisième parti émerge pour qu’aucun des deux autre n’ait la majorité
absolue. Le parlement est alors appelé « hung parliament ».
Dans ce cas, soit le cabinet sera composé par le parti qui a obtenu le plus grand
nombre de sièges au parlement même s’il n’a pas obtenu la majorité absolue ; on
aura alors un « gouvernement minoritaire ». Pour que le gouvernement puisse
gouverner, il faudra évidemment qu’il crée des alliances au moment du vote.
C'est ce qui s’est passé en ’74 (période « Lib-Lab »).
En 2010, il y a eu une autre solution adoptée : les conservateurs ont dû non
seulement s’allier aux Libéraux-Démocrates pour obtenir une majorité au parlement
mais ont dû composer un gouvernement avec eux : on a eu pour la première fois au
Royaume-Uni un gouvernement de coalition. La reine va nommer David Cameron

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comme Premier Ministre et Nicholas Clegg (chef du parti Libéral-Démocrate à
l’époque) Vice Premier Ministre.
Il se peut très bien que cet épisode se répète, surtout que les partis politiques
régionaux se sont renforcés.
Mais le référendum de 2011 a été catégorique.
Les élections de 2015 vont ramener au pouvoir une majorité stable.En juin 2017,
Theresa May décide d’anticiper les élections. Contre toute attente, le parti
conservateur n’obtient pas la majorité au parlement et compose un gouvernement
minoritaire. Ils comptent sur l’appui d’un parti irlandais au parlement lorsqu’il s’agit de
voter au sein du parlement.

/////// POLYCOP ////////

Section 3 – Le fonctionnement du régime.


§1. Le prime ministerial government.
Il est certain que le Premier Ministre joue un rôle prépondérant au Royaume-Uni mais il ne faut
pas croire que cette omnipotence va vers la dictature parce qu’il y a des limites efficaces
imposées à lui.
A. Les causes :
La première provient de sa légitimité populaire, la deuxième vient du fait qu’il soit le
leader de la majorité parlementaire.
o Le premier ministre est nommé (en théorie) par le monarque mais en réalité, il
est indirectement choisi par le peuple.
La reine est celle qui nomme le premier ministre mais il est obligatoirement le
leader du parti vainqueur des élections de la Chambre des communes.
En votant pour tel ou tel autre parti, l’électeur britannique choisit indirectement
son premier ministre.
o Le bipartisme favorisé et certainement maintenu par le scrutin majoritaire à 1 tour
assure au leader du parti vainqueur une majorité parlementaire stable.
Le premier ministre est donc sûr de l’appui de la majorité et que ses projets vont
être adoptés par la Chambre des communes, d’autant plus que l’institution des
Whips existe.
Se référer à la Section 2 (polycop) pour voir comment les prérogatives de la
Chambre des Lords ont été limitées en faveur de la Chambre des communes.
Bémols : hung parliaments (1974, 2010, 2017).
B. Les manifestations :

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Le premier ministre joue un rôle prépondérant tant au sein de l’exécutif qu’au
parlement.
ü Au sein de l’exécutif.

Le premier ministre a un rôle de premier plan et va éclipser le monarque : celui-


ci « règne mais ne gouverne pas ».

Se référer au transfert des pouvoirs du monarque vers le Premier Ministre.


Il faut ajouter qu’à l’origine, le premier ministre était présenté comme primus inter
pares (le premier entre ses pairs). Le fait qu’il soit le leader de la majorité lui a
automatiquement donné un ascendant sur ses semblables au Cabinet ; c'est le
véritable chef de l’exécutif.
Bémol : gouvernement de coalition de 2010.
ü Au parlement.
Le fait que le premier ministre soit le chef de la majorité parlementaire implique
deux choses :
§ Vont s’installer entre le premier ministre et la majorité parlementaire des
rapports « de chef à troupe » ; il est donc sûr que ses projets de loi vont
être adoptés.
D’ailleurs, plus de 80% des lois sont d’origine gouvernementale. Le
parlement se contente le plus souvent de recevoir les projets de loi et de
les adopter.
Il y a en plus la discipline de vote et la prépondérance de la Chambre des
Communes.
Bémol : parfois l’opposition peut venir du parti lui-même (par ex, lorsqu’il
s’agissait d’envoyer les troupes britanniques en Syrie).
§ La responsabilité politique du premier ministre et du gouvernement est
devenue théorique.
En réalité, dans l’histoire britannique, seulement deux gouvernements ont
été renversés (Mac Donald, Callaghan). Hormis ces deux hypothèses,
seule une division au sein du parti peut entraîner une chute du
gouvernement.
La responsabilité politique est une sanction (renversement de
gouvernement) mais aussi contrôle continu du travail gouvernemental.
C'est parce que la responsabilité persiste que le régime reste
parlementaire.

§2. Les limites à l’omnipotence du premier ministre.


A. Le respect du parti :
Obligatoirement leader du parti majoritaire, il doit évidemment respecter celui-ci. Le
premier ministre est parfois poussé par son parti à la démission pour ne pas
compromettre les chances du parti aux élections à venir.
Ce fut le cas avec Margaret Thatcher en 1990, Tony Blair en 2007.
On dit que le premier ministre est avant tout « l’obligé du parti ».

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B. La censure du peuple :
Vu que le premier ministre est choisi indirectement par le peuple, sa responsabilité
est mise en jeu lors des élections législatives.
Ex : élections anticipées de Gordon Brown en 2010 : il est vaincu et cède la place à
David Cameron. On dit que le peuple a censuré le premier ministre et sa politique.
C. Le respect de l’opposition :
Le système britannique est bipartite. Le parti qui a perdu les élections constitue le
« shadow cabinet ». C’est une véritable institution. Il y a des ministres au shadow
cabinet qui sont nommés par le parti perdant. Le leader de l’opposition est appelé
officiellement le « leader de l’opposition de sa Majesté ». Il deviendra premier
ministre si son parti gagne les élections aux prochaines élections.
En plus de cela, les trois principaux personnages du Shadow Cabinet sont
rémunérés officiellement pour leurs postes respectifs (chef de l’opposition, vice-chef
de l’opposition, chief whip), en plus de leur salaire parlementaire.

CHAPITRE 2 : LES ETATS UNIS

Caractéristique du régime présidentiel :


- Il y’a un exécutif monocéphale composé du président, qui, pour renforcer sa légitimité,
est élu au suffrage universel.
- Il y’a une séparation stricte des pouvoirs entre le législatif et l’exécutif, qui procèdent
d’une même légitimité (le suffrage universel), pour qu’ils soient sur un même pied
d’égalité.
- Il n’y a pas de moyens de pression réciproque des eux pouvoirs l’un sur l’autre, du fait
qu’ils sont sur un même pied d’égalité. En d’autres termes, aucun pouvoir ne peut faire
partir l’autre.
4 juillet 1776 : cette date est importante parce que vis à vis d’un même fait historique, la vision
de cet évènement n’est pas la même vis à vis des parties :
Le Roi George III : « 4 juillet 1776 : Rien d’important ce jour ».
La décolonisation vient de commencer aux Etats-Unis, et un sentiment de puissance émerge
chez les colons, qui ont participé à une victoire contre les colons français du Canada. Forts de
cette victoire militaire et forts de leur importance, et du fait qu’ils ont accédés sur le plan
économique au stade de la fabrique (début de l’industrialisation), ils supportent de moins en
moins la domination mercantile de la métropole britannique. Cette dernière puisait les matières
premières des US, produisaient des produits manufacturés, et les revendait aux Etats-Unis. Or,
avec cette indépendance industrielle et militaire, les colons vont commencer à s’exacerber.
Cette exacerbation va commencer avec des mesures fiscales : il y’a eu tout d’abord le « Sugar
Act » de 1764. Un an plus tard, il y’a eu le « Stamp Act ». C’était des taxes que les britanniques

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imposaient aux colons d’Amérique sur le sucre et les timbres. Ils rappellent à la métropole un
principe qu’eux-mêmes ont adopté : « pas d’imposition sans représentation » (no taxation
without representation). Les anglais ont très mal vécu ce rappel à l’ordre des colons, qui
utilisaient les principes de droit publics anglais ; le parlement britannique rétorque en adoptant 5
lois qu’on appellera les « Intolerable Acts » (1774).
Un conflit armé va alors éclater en 1775 et va durer jusqu’en octobre 1781. Dans ce cadre-là
intervient la déclaration d’indépendance. Elle revêt une très forte symbolique.
Le problème résidait dans le fait que ces colonies américaines étaient dispersées ; faire face à
la Grande Bretagne sans être unis risquait d’être dangereux. La recherche d’unité va donc
s’imposer aux colons, et cela va se faire par l’adoption en 1789 de la première constitution
écrite qui perdure jusqu’à nos jours.
Le rassemblement des 13 colonies autour de la Constitution va aussi faire naître le concept de
fédéralisme. Puis, les fondateurs des Etats-Unis vont réfléchir sur la forme politique de
gouverner : le premier réflexe est le rejet de la royauté et de la monarchie.
Cela va entraîner l’avènement de la République et de la séparation des pouvoirs. Les Pères
fondateurs avaient lu l’œuvre de Montesquieu, et avaient compris la théorie de la séparation
des pouvoirs. Celle-ci ne cloisonne pas les pouvoirs, de manière à ce qu’aucun ne puisse agir à
l’encontre de l’autre, qu’aucun ne puisse influencer l’autre. La Constitution américaine sera
donc à la fois la transcription de la théorie de Montesquieu et de Blackstone d’une part, et du
fonctionnement du régime britannique d’autre part. Ils ont adapté le tout au caractère
républicain et fédéral voulu par les 13 colonies. Cette inspiration adaptée va se ressentir au
niveau des organes et au niveau des rapports des organes entre eux.

Section 1 – Les bases du régime.


§1. Les données juridiques.
Lorsqu’on parle de données juridiques, on parle de la Constitution et le fédéralisme. Ce sont les
bases juridiques du régime américain.

A. La constitution américaine :
Elle est l’une des plus anciennes constitutions écrites encore en rigueur aujourd’hui. Elle
date 1787. Ces textes « apparaissent comme les Tables de la Loi sur lequel le peuple a
fondé son prodigieux destin ; pour les américains la Bible et la Constitution participent
du même caractère sacrés » (Philippe Ardant).
Dans le texte constitutionnel tel qu’imaginé par les 39 pères fondateurs voulait affaiblir le
pouvoir pour préserver les libertés. Tout l’objet de la théorie de Montesquieu, la
séparation des pouvoirs est un élément nécessaire pour préserver la liberté. Les pères
fondateurs, pour neutraliser le pouvoir et préserver les libertés, vont fragmenter le
pouvoir.
On a décidé de créer un Etat fédéral, donc le raisonnement devait être à la fois vertical
et horizontal. Il y’a donc eut deux fragmentations du pouvoir (verticale et horizontale) :

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- Dans la fragmentation verticale du pouvoir : donc dans les rapports entre l’Etat fédéral et
les Etats fédérés :
Les compétences de l’Etat vont être réparties entre l’Union et les Etats fédérés.
- Dans la fragmentation horizontale : elle signifie qu’aucun pouvoir ne peut prétendre à lui
seul représenter la nation. Ils vont pousser cette fragmentation horizontale du pouvoir
jusqu’à l’intérieur du Congrès ; on va constater cette fragmentation entre les 3 pouvoirs
de l’Etat puisqu’il sera distribué entre 3 organes : le législatif, l’exécutif et le judiciaire.
Mais on va aussi adopter la forme bicamérale au sein du congrès. Aucun pouvoir ne
représente à lui seul la Nation ; elle est représentée dans le pouvoir exécutif, dans le
pouvoir législatif et dans le pouvoir judiciaire, et non seulement elle est représentée
dans les 3 pouvoirs, mais l’organe qui représente la Nation (le parlement), n’est pas
compose d’une chambre, mais de deux chambres.
Il ne suffit pas de fragmenter pour affaiblir, il faut neutraliser. C’est pour cela qu’ils ont
imaginé les pouvoirs interdépendants ; aucun pouvoir ne peut agir seul.
Cette réflexion pure du pouvoir n’est pas une évolution historique ; c’est une réflexion
intellectuelle. Elle va prendre comme point de départs les écrits de Montesquieu, le vécu
de l’Angleterre, et les faits réels, soit la nécessite de garder les 13 colonies unies pour
affronter les anglais.
Il faut affaiblir le pouvoir pour préserver les libertés, on le neutralise pour assurer la
survie de cette union, avec une fragmentation verticale, horizontale et une
interdépendance des pouvoirs. Dans l’interdépendance, ils ont poussé le raisonnement
jusqu'à dire que pour qu’il n’y ait pas de collusion entre les pouvoirs, les mandats de ces
pouvoirs n’ont pas la même durée ; les US sont en perpétuelle campagne électorale.
Les collèges électoraux qui désignent les personnes élues ne sont pas les mêmes. Le
texte initial va jusqu’à mettre en forme dans les 3 premiers articles la séparation des
pouvoirs. Ils traitent respectivement des trois pouvoirs ; exécutif, législatif et judiciaire.
La constitution américaine est donc une réflexion pure du droit et la façon politique de
gouverner.

Cette constitution a inventé l’Etat fédéral, elle a inventé le régime présidentiel, elle a
inventé un exécutif stabilisé soumis à une responsabilité électorale régulière, mais aussi
les pères fondateurs des US ont non seulement inventé un régime unique difficilement
transposable, mais ils ont aussi inventé le droit constitutionnel.
La constitution telle que rédigée en 1787 fut amendée à plusieurs reprises.
Elle doit sa longévité à sa faculté de s’adapter ; on parle de clauses élastiques, ainsi
qu’à une Cour suprême.

B. Le fédéralisme :
Il y’a une conception originelle, celle des pères fondateurs, mais il y’a eu aussi des
modifications de la conception originelle :
1. La conception originelle du fédéralisme.

27
Le modèle américain de fédéralisme a également été transposé dans d’autres Etats.
Mais contrairement à ce qu’on voit dans les autres Etats fédéraux, le fédéralisme
américain laisse une large marge de manœuvre aux Etats fédérés. C’est l’histoire
qui va nous permettre d’expliquer cette particularité.
S’unir dans un Etat qui va chapeauter les 13 colonies, qui venaient de déclarer leur
indépendance vis à vis de l’Angleterre, ne devait pas impliquer la mainmise de l’Etat
fédéral sur les colonies qui le composent. On va alors renforcer les compétences
des Etats fédérés, qui viennent de déclarer leur indépendance et qui ne veulent pas
la perdre au profit d’un super-Etat fédéral. Le régime fédéral a été conçu à la base
pour ne donner à l’Etat fédéral qu’une compétence d’attribution. Tout ce qui ne
relève pas de la compétence d’attribution de l’Etat fédéral relève de la compétence
de droit commun des Etats fédérés :
Les compétences d’attribution de l’Etat fédéral sont les suivantes :
- Pouvoir relatifs à la sécurité commune
- La règlementation des relations avec les nations étrangères
- Les pouvoirs relatifs au maintien de l’harmonie et des bonnes relations avec les
Etats fédérés entre eux (politique monétaire, même lois pour la naturalisation et la
faillite)
- Les pouvoirs d’intérêts général : fixer la peine relative aux crimes de trahisons des
Etats-Unis où disposer du territoire américain
- Tout ce qui est interdit expressément aux Etats fédérés relève de l’Etat fédéral
(interdiction des Etats fédérés de relever des impôts, d’entrer dans des traites
internationaux)
- Dispositions qui permettent à l’Etat fédéral de garantir l’efficacité les pouvoirs
mentionnés plus haut.
Tout le reste relève des Etats fédérés (droit pénal, droit bancaire, port des armes, les
jeux, la drogue etc.) Il y’a donc une compétence de droit commun conservée aux
Etats fédérés, mais il y’avait aussi à l’époque une souveraineté importante qui leur
était accordée. On leur permettait à l’époque de partir de la fédération.
Or, avec la guerre de sécession des Etats-Unis, le fédéralisme va changer de
visage.

2. La modification du fédéralisme originel.


Guerre de sécession : les esclaves étaient la principale main d’œuvre des pays
agricoles (surtout coton), 11 Etats du Sud vont alors déclarer leur séparation des
Etats du Nord qui voulaient abolir l’esclavage. Ils vont former une nouvelle
Confédération.
Le Nord n’acceptant pas la séparation des Etats du Sud va leur déclarer la guerre.
Elle va durer quatre ans. La rébellion des Etats du Sud va être réduite sous Lincoln.
Les nordistes vont remporter.
Changements :
ü Le Nord va changer la vision initiale qu’on avait du fédéralisme. Le maintien d’un
Etat dans la fédération était d’abord basé sur le consensualisme. Désormais, on

28
passe à l’adhésion : un Etat fédéré ne peut plus sortir de l’Union. On passe d’un
fédéralisme souple et ouvert à un fédéralisme fermé.
ü On renforce l’Etat fédéral au dépend des Etats fédérés. Les prérogatives du
pouvoir central vont être renforcées. Cette tendance de centralisation a certes
connu dans l’histoire des Etats-Unis des retours en arrière ponctuels mais
malgré cela, elle a été renforcée avec le New Deal et grâce à la Cour Suprême.
On assiste à cela à chaque crise économique que les Etats-Unis rencontrent en
commençant par la crise de 1929.
ü La répartition des tâches entre le pouvoir central et les Etats fédérés va
s’accompagner nécessairement d’une division du pouvoir législatif. Il a fallu
prévoir une garantie à cette séparation des compétences : on crée la Cour
Suprême à qui on a confié la tâche d’interpréter les dispositions
constitutionnelles dont principalement celles relatives à la division du pouvoir
législatif entre les Etats fédérés et l’Etat fédéral (avant Marbury vs. Madison).
La jurisprudence de la Cour va amener deux grandes théories :
a. La théorie des pouvoirs implicites.
La constitution distribue les compétences mais ne peut pas tout prévoir.
Elle n’est pas un code complet, elle se contente de contenir des principes
généraux. La Cour Suprême va rattacher ce qui n’est pas expressément
prévu pour l’un ou pour l’autre des pouvoirs aux prérogatives énumérées
clairement.
Par exemple, la Constitution prévoit que battre la monnaie et prélever
l’impôt relèvent de l’Etat fédéral. A partir de là, la Cour Suprême va dire
que la création d’une Banque Nationale doit évidemment relever de l’Etat
fédéral.
La Cour Suprême va surtout renforcer avec cette théorie les prérogatives
de l’Etat fédéral et cela dès le premier arrêt « McCulloch v. Maryland »
de 1819.
La Cour Suprême va baser cette théorie sur l’article Premier-section 8-al.
18 qui consacre « clause élastique ».
b. La théorie de l’interprétation évolutive de la clause de commerce.
La clause de commerce : c'est une des clauses de l’article Premier de la
Constitution américaine qui donne au Congrès américain le pouvoir de
réguler le commerce avec les autres pays, entre les Etats américains et
avec les tribus indiennes.
La Cour Suprême va là aussi interpréter de manière constructive pour
élargir le domaine d’action du pouvoir fédéral.
Dans une décision fondatrice de 1824 « Gibbons v. Ogden », la Cour
Suprême de Marshall estime que les pouvoirs du Congrès doivent être
interprétés largement pour ne pas paralyser le pouvoir fédéral.

29
Un exemple d’interprétation large : lorsque le trafic ferroviaire (utilisé
surtout pour le commerce) relie un Etat à un autre, il est normal que ce
soit le Congrès qui le régit. Mais la Cour Suprême va permettre au
Congrès de réguler le trafic sur les voies même à l’intérieur d’un Etat,
parce que celui-ci pourrait avoir un impact sur le commerce entre les
Etats.
La jurisprudence de la Cour Suprême varie : il y a à partir de 1995 une
volonté de renforcer à nouveau les Etats fédérés. La jurisprudence
change en fonction des circonstances et surtout en fonction de la
composition de la Cour.
Ex aujourd'hui : l’utilisation de la marijuana à des fins médicales (la Cour
Suprême a considéré qu’au nom de la clause de commerce, elle relève
des compétences de l’Etat fédéral), qui règlemente ou interdit le port des
armes autour d’une école ? (les Etats fédérés).

§2. Les bases politiques du régime américain.


A. Les partis politiques :
Aux Etats-Unis, il y a les Démocrates et les Républicains. Mais ce n’est qu’une apparence
de bipartisme, une apparence de clivage idéologique qui en réalité n’existe pas. Mais ce
qui est certain c'est que les partis sont finalisés, c'est-à-dire qu’ils sont une véritable
machine électorale pour conquérir le pouvoir.
1. Apparence.
• Apparence de bipartisme.
Il y a, en toute apparence, deux partis (Democrats et Republicans) et parfois une
alternance.
Le seul point commun entre les partis américains et les partis britannique est qu’ils sont
deux. La comparaison s’arrête là. Le système britannique a rien ou très peu à voir avec le
système américain.
Aux Etats-Unis, en dehors de la période d’élections présidentielles une fois chaque 4 ans,
il n’y a pas de véritable bipartisme au niveau fédéral. Les deux candidats en tête qui se
disputent la présidence font office de « leader du parti » mais celui-là n’a quasiment pas
de rôle après les élections.
« Il serait plus juste de parler d’une juxtaposition de 50 partis républicains et de 50 partis
démocrates quasi-indépendants les uns des autres » - Gicquel. Le bipartisme est
nécessairement local : dans chaque Etat fédéré, les partis politiques ont chacun leurs
adhérents, leur caractère et des problèmes de société qui leurs sont propre.
Ce bipartisme local est fait de tel sorte que le parti républicain d’un Etat X peut être très
proche du parti démocrate d’un autre Etat Y.
Les Pères fondateurs étaient très hostiles aux partis politiques et à leur création. Mais très
vite, deux membres du Cabinet de George Washington : Thomas Jefferson (Républicains
(pour faire croire que Hamilton était monarchiste) et Alexander Hamilton (Fédéralistes)
vont s’opposer et créer chacun son propre groupe.
Les Républicains (plus puissants au début) étaient favorables aux Etats fédérés, les
Fédéralistes étaient favorables à l’Etat fédéral central. Jefferson, le chef des Républicains
devint Président en 1800.

30
Le Parti Républicain va changer de nom pour devenir le « Parti Républicain Démocrate »
puis en 1820 le « Parti Démocrate » avec à sa tête Andrew Jackson.
Par opposition, en réaction à Jackson, le parti « Whigs » va apparaître (et deviendra par
la suite le « Parti Républicain »).
Le débat sur l’esclavage va déstabiliser les deux partis : il y avait des gens pour et des
gens contre dans chaque parti. Puisque chaque parti était divisé, les partis vont essayer
de rester à l’écart du débat pour ne pas décevoir une partie de l’électorat.
Mais le parti Whigs déjà fortement déstabilisé finit par éclater. De cet éclatement va naître
le « Parti Républicain » qu’on connaît aujourd'hui et lutter avec Abraham Lincoln contre
l’esclavage.
Quand le Parti Républicain a vu le jour, il était le parti progressiste et pas le Parti
Démocrate, contrairement à aujourd'hui.
• Apparence de division idéologique.
A part le petit lapse de temps entre la fin du parti Fédéralistes et la création des Whigs, le
bipartisme a toujours existé aux Etats-Unis.
En revanche, les partis américains n’ont pas une idéologie constante.
Le clivage droite/gauche rencontré en Europe ne se retrouve pas aux Etats-Unis, tous les
partis sont attachés là-bas au libéralisme. Les partis ne sont donc « pas ennemis mais
rivaux » (Ardant). Tous veulent un marché libre, la défense du capitalisme, ils ne
s’opposent pas sur les fins mais sur les moyens. Les deux partis sont d’accords sur
l’« American Way of Life ».
L’alternance des deux partis au pouvoir se solde non pas par la mise en œuvre d’un
nouveau programme politique mais par la modification de l’administration.
On commence cette dernière décennie avec Bush Fils à ressentir une cristallisation
idéologique partisane. Celle-ci devient encore plus visible depuis que Trump est au
pouvoir.
Généralement, le Parti Républicain est présenté comme plus conservateur que le Parti
Démocrate, progressiste.
En réalité, si l’on creuse davantage l’examen des partis politiques américains, on se rend
compte qu’il y a des libéraux et des conservateurs au sein de chacun des partis.

2. Finalité.
a. Les élections.
Les partis politiques américains ont avant tout des machines à conquérir le pouvoir,
tant local au sein des Etats fédérés, que le pouvoir fédéral.
Cependant les élections les plus importantes restent celles du Congrès et du
Président des Etats-Unis.
b. Les conséquences.
o Institutions.
Sur le Président :
Certes, le Président des Etats-Unis est l’élu d’un parti. Le clivage idéologique qui
est en réalité une apparence se concrétise surtout au moment de l’élection
présidentielle. Mais une fois élu, le Président américain n’a d’engagements avec

31
personne : il a une grande liberté de manœuvre par ce que les idéologies du
Parti Républicain en Floride ne sont pas les mêmes que celles du Parti
Républicain dans le Michigan et le Président ne peut naturellement pas servir
tout le monde.
Sur le Congrès :
Il n’y a pas de bloc homogène au Congrès du fait de l’absence d’idéologie
unique. Il n’y a pas de consignes de vote : chacun vote en fonction de ses
convictions. L’homogénéité partisane renaît lors des élections législatives.
o Rapports.
Il y a au sein de chaque parti deux ailes : l’une conservatrice et l’autre libérale. Il
n’y a pas de consignes de vote sauf au moment des élections. Donc le Président
peut compter sur l’appui d’élus du parti opposé.
Les partis américains sont souples, la discipline de vote est faible et les majorités
sont fluctuantes. Le Président a donc en face de lui des individus et non pas des
blocs, il peut donc facilement surmonter les changements de majorité.
Ce ne sont pas les modifications de la constitution américaine qui expliquent sa
pérennité, elle n’a été révisée que 27 fois. La raison de la survie de la
Constitution est d’abord le travail de la Cour Suprême mais aussi la souplesse
des partis : on n’a pas ou très peu de blocages.

B. Le système électoral :
C'est un système très généralisé et complexe. Ensuite, c'est un système en deux temps.
Enfin, le financement du système électoral est tout à fait particulier.
1. La généralité et la complexité.
Aux Etats-Unis, la démocratie est synonyme d’élections. On n’a donc pas gardé
celles-ci uniquement pour choisir les gouvernants mais on a des élections de
fonctionnaires, de juges etc.
Toutes ces élections sont généralement regroupées en un seul jour (mi-mandat
présidentiel). Cela est pratique mais les électeurs doivent subir plusieurs campagnes
électorales à la fois.
Lors de l’élection de Bush Fils, il y a eu des difficultés dans le vote et le comptage :
on devait perforer à côté du nom du candidat voulu. On a après cela informatisé les
élections.
La législation électorale relève des Etats fédérés dans le respect des règles
fédérales : chaque état fédéré décide du mode de scrutin à adopter pour les
élections (au niveau de l’Etat fédéré) ...
Aux Etats-Unis, les électeurs doivent faire eux-mêmes les démarches pour s’inscrire
sur les listes électorales.
Ex : Tous les Etats n’ont pas adopté le scrutin universel en même temps. Certains
Etats ont longtemps imposé des conditions aux Noirs pour pouvoir participer aux
élections. Ce n’est qu’en 1945 que la Cour Suprême a condamné cela.

32

2. Un système en deux temps.


Caucuses : réunions des dirigeants des partis. Elles sont peu démocratiques et pas
très répandues aux Etats-Unis.
Primaries : trois types, dépendant de l’Etat en question.
Elles permettent le renouvèlement de la classe politique.
! Seulement 20% des électeurs participent aux primaires.
o Primaires fermées : l’électeur doit déclarer le parti auquel il appartient. Il reçoit un
bulletin de son parti avec des listes des candidats du parti pour en choisir un
pour chaque poste.
Seront candidats du parti les personnes qui obtiennent le plus grand nombre de
voix.
o Primaires ouvertes (Wisconsin, Vermont & Michigan) :
L’électeur reçoit deux bulletins : un pour le Parti Républicain et un pour le Parti
Démocrate. Il utilise celui qui l’intéresse.
o Primaires non partisanes (Minnesota & Nebraska) :
L’électeur non seulement n’a pas à déclarer à quel parti il appartient mais il reçoit
un seul bulletin dans lequel tous les candidats figurent sans mention des partis
politiques auxquels ceux-ci appartiennent.

3. Système électoral et financement.


Les élections américaines sont affectées par les coûts très élevés de la campagne, à
tel points que des candidats se retirent par manque de moyens.
En 1971, pour moraliser le financement des campagnes, une loi est votée pour
limiter les contributions financières du secteur privé aux candidats : les candidats
reçoivent une aide publique et peuvent recevoir des aides privées.
Mais cette loi a été limitée par ses propres termes et par la Cour Suprême.
D’une part, la Cour Suprême est venue dire que la loi, au nom de la liberté
d’expression, ne joue pas si le candidat renonce à l’aide publique.
D’autre part, la loi elle-même limite uniquement les contributions directes et pas les
donations au parti duquel est issu le candidat (« soft money »). De plus, toute
personne ou association soutenant une cause peut supporter le candidat qu’elle le
veut.
En 2002, le Congrès va interdire de détourner la loi de 1971.
2010 : Arrêt Citizens United v. Federal Elections Commission de la Cour Suprême.
L’interdiction va être sanctionnée sur base de la liberté d’expression.
Conséquences : il y a aux Etats-Unis pendant la période électorale un usage illimité
du financement, des grandes campagnes.
On a aussi des Political Action Committees : super pacs. Ils vont verser des fonds
illimités aux campagnes ó le candidat élu grâce à eux va en être dépendant.
Ce que le candidat gagne au niveau de l’absence de clivage idéologique partisan, il
le perd au niveau du surinvestissement financier lors des campagnes.

33

Section 2 – Les organes politiques.


// POLYCOP //

Section 3 – Le fonctionnement du régime.


La constitution américaine génère un rapport de force entre le Congrès et le Président. Le
Congrès ne peut pas obliger le Président et le Cabinet de démissionner et le Président ne peut
pas dissoudre le Congrès. Le seul moyen étant l’impeachment pour le Président par le
Congrès.
En l’absence de moyen constitutionnels de résolution des conflits, on constate que le régime a
duré mais également que sa constitution est toujours en vigueur et qu’actuellement on
considère
que c’est la constitution écrite la plus ancienne qui est toujours en vigueur. La survie du régime
résulte de la « combinaison du fédéralisme » de « l’indiscipline partisane » et de l’ «attachement
civique ».
Tant le rôle joué par la Cour Suprême dans l’adaptation du texte constitutionnel et le
renforcement
par la pratique de quelques points de rencontre que la constitution a prévu entre les pouvoirs.
§1. Les rapports entre les organes politiques.
A. Moyen d’action du Président sur le Congrès :
1. Les moyens d’action du Président sur le pouvoir législatif.
a. Faculté d’empêcher.
Cette faculté d’empêcher est prévue par la Constitution mais la pratique qui en est
faite l’a énormément développée. Au terme de la Section 7 de l’art. 1 de la
Constitution, le Président peut opposer son veto à un texte adopté par le Congrès.
Le veto du président ne peut être brisé que par un vote à la majorité des deux tiers
dans les deux chambres. L’usage qui en a été fait par les présidents a varié d’un
président à l’autre.
Roosevelt l’utilise 635 fois et sur ces fois seules 9 ont été bloqués. Bill Clinton ne
l’utilise que 37 fois. George W. Bush a eu recours au veto à 12 reprises. Jusqu’en
2015, Barack Obama ne l’a utilisé que 3 fois.
L’usage qu’a eu le veto a varié :
Barack Obama a utilisé son veto pour s’opposer à une loi qui aurait entraîné une
perte de la compagnie Apple face à Samsung.
- Une loi de 1996 permet d’opposer le président non plus à l’ensemble de la
loi lorsque cette loi intervient en matière financière mais à une partie de la
loi.
- Le lime item veto : le président garde les articles qui sont nécessaires d’une
loi ou des articles attendus par les lobby ou l’opinion publique et s’oppose
aux articles qui sont gênants. En 1998, la Cour Suprême va juger le lime

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item veto inconstitutionnel dans la décision Clinton v. New York : le veto
n’est constitutionnel que s’il porte sur l’ensemble du texte législatif.
Il y a des vetos instaurés par la pratique :
- Le Pocket veto : ce veto de poche s’appuie sur des dispositions
constitutionnelles : pour qu’un bill devienne loi, il faut qu’il soit signé par le
Président. Si celui-ci n’est pas d’accord, il a dix jours pour le renvoyer au
congrès. Si le président ne signe pas et le délai de dix jours passe sans
qu’il n’ait renvoyé le texte au Congrès, la Constitution considère que le
texte est implicitement accepté. La Constitution prévoit également que le
texte est implicitement accepté SAUF si le congrès s’ajourne ou n’est pas
en session pendant les 10 jours (où il y a possibilité de renvoi).
Tous les textes votés par le Congrès dans les dix derniers jours de la
session parlementaire, sont susceptibles d’obtenir un Pocket veto. Le
président saisit de ce texte qui ne lui plait pas et celui-ci n’entrera pas en
vigueur et le travail sera reprit avec la session suivante.
Récemment une nouvelle technique a vu le jour qui permet au Président
d’avoir des avantages similaires à ce que lui permet l’item veto qui était
considéré comme inconstitutionnel.
- Signing veto or statement : Le président peut s’il estime qu’il n’est pas
vraiment opposé à la loi mais à certaines applications de la loi, lorsqu’il
signe la loi, annoncer qu’en sa qualité de chef de l’exécutif son intention de
l’interpréter et de l’appliquer de telle ou telle manière et donner des
instructions à l’administration sur l’application de ladite loi. On a pu lire une
volonté du Président des Etats Unis de ne pas appliquer certaines
dispositions qu’il juge contraires à la constitution. Cette pratique a vu le jour
sous Reagan et elle sera énormément utilisée par George W Bush, il utilise
le Signing statement 750 fois.

b. Faculté de participer.
Le Président des Etats-Unis a la faculté de participer à l’initiative des lois. Cela
n’existe pas dans la constitution, or la pratique a permis au président de contourner
son application. Création de deux catégories de moyens :
- Création de moyens qui permettent de détourner l’interdiction : les
messages :
Le plus connus est le message sur l’état de l’union. Au début de chaque
session, le Congrès est réuni pour écouter le message du Président qui
vient expliquer les problèmes de la nation. La lecture du message est un
moment clé de la vie politique américaine. Elle est obligatoire pour le
président. En contrepartie, le congrès ne peut discuter le message, il
l’écoute seulement. Avec le temps le message va s’éloigner de son but
premier, il devient un programme politique précisant au Congrès les
mesures législatives à prendre. Plus que cela, en dehors du discours public
que le président fait, il y a des projets de loi découlant du message de
l’union que des parlementaires amis du président s’empressent de prendre

35
à leur compte. Le message de l’Union devient un véritable programme
politique.
- Catégorie qui permet d’influencer le travail législatif :
Le parlementarisme de pouvoir : c’est un moyen d’influencer
directement. L’exécutif n’a pas accès aux séances du congrès. Mais rien
n’empêche les secrétaires ou les assistants des secrétaires de circuler
dans les couloirs du congrès. Rien ne les interdit de discuter autour d’un
whiskey d’un projet de loi nécessaire pour le président.

2. Les moyens d’action sur la préparation du budget.


Jusqu’en 1921, il y avait deux comités : un pour les recettes et un pour les dépenses.
La Première Guerre mondiale a montré les limites de ce système et en 1921 il y a eu
une importante réforme législative qui a eu lieu, depuis, le budget est préparé par le
chief executive par l’intermédiaire du puissant office of management and budget.
Il y a eu des excès comme avec Nixon qui a pratiqué l’impoundment : cela signifie que
le président refuse de consommer les crédits votés contre son gré.
Réaction du congrès 1974 : congressional budget act qui crée une commission du
budget auprès de chaque chambre. Cette commission du budget joue le rôle de
conseiller en matière judiciaire et fiscale auprès du congrès. Le président participe
désormais activement au projet du congrès mais le dernier mot revient au congrès qui
discute et vote le texte.
3. Le patronage.
C’est une forme atténuée du spoil system qui permet au président d’influencer le
travail du congrès : le patronage exerce des pressions sur les congressmen en
contrepartie de certaines nominations. Le spoil system s’exerce au moment de
l’élection mais le patronage s’exerce au fur et à mesure. Quand il a besoin de certains
services au sein du congrès il va donner des postes aux amis de la majorité dans
l’administration.

B. Les moyens d’action du Congrès sur le Président :


1. Le moyen direct : l’impeachment.
C'est une procédure qui met en jeu la responsabilité politico-judiciaire du président.
Elle permet au Congrès de destituer un président en exercice si celui-ci est reconnu
coupable de trahison, corruption ou autres crimes et délits graves.
Il y a dans ce moyen direct différentes phases :
o Premièrement, l’accusation.
Elle est mise en œuvre par la Chambre des représentants. La procédure pour
être déclenchée a besoin d’une majorité parlementaire simple.
o Ensuite, le « jugement ».

C'est le Sénat qui va juger le président. Pour qu’il ne soit pas présidé par le Vice-
Président (ce qui est le cas d’habitude), on fera appel pour l’occasion au

président du Cour Suprême. Celui-ci va se prononcer sur la culpabilité ou non du

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président. Il faut que 2/3 des sénateurs votent coupable pour que le président
soit destitué.
Deux présidents ont été suivis par la procédure d’impeachment : Andrew Johnson

(1948) et Bill Clinton (1998). En 1974, Nixon a démissionné avant le début de celle-
ci.

2. Les moyens indirects.


- Le pouvoir d’autorisation du Sénat pour la nomination des hauts fonctionnaires (par
exemple, les juges de la Cour Suprême, les ambassadeurs).
- Le pouvoir d’autorisation du Congrès en matière d’engagement des troupes à
l’étranger.
- Le moyen que le Sénat a pour refuser la ratification des traités (ex : Traité de
Versailles).
- Les commissions chargées de contrôler les membres de l’administration.
- Le Congrès peut empêcher le président d’agir en lui refusant les crédits dont il a
besoin.
- Le véto législatif : faire figurer dans une loi d’habilitation une disposition prévoyant
que les mesures prises par le Président ne deviennent effectives qu’après leur
ratification par le Congrès dans un délai de 30 à 60 jours.
Cette possibilité a entrainé des excès : la Chambre des représentants va adopter
une résolution demander que toutes les règlementations de l’administration soient
publiées au registre fédéral et qu’elles n’entreront en vigueur que 30 jours après leur
publication, le Congrès pouvant pendant cette période les examiner et les rejeter.
La pratique a été jugée inconstitutionnelle par la Cour Suprême dans l’arrêt Chadha
(1983). Toujours est-il qu’elle reste nonobstant cela appliquée.

§2. L’esprit du régime.


Il y a rarement de crises entre les pouvoirs aux Etats-Unis, alors qu’on s’attend dans un Etat à
séparation stricte des pouvoirs à beaucoup de conflits. La pratique a toutefois trouvé des
moyens pour surmonter ceux-ci.
Le système des partis : ils ne sont que de simples machines à conquérir le pouvoir. Ils ne
connaissent pas de structure forte, n’ont pas une véritable lignée politique et n’imposent pas de
discipline de vote : « 50 partis démocrates et 50 partis républicains ».
Les élus du parti sont des personnalités fortes et les majorités au Congrès sont des majorités
fluides. On constate que le système américain connaît un équilibre constitutionnel parce qu’à
travers le temps, aucun organe n’a pu dominer les autres.
Qualifications possibles du régime américain :
- Le gouvernement congressionnel (Congrès +++) : théorie défendue par le professeur de
droit Woodrow Wilson (il sera élu Président des Etats-Unis en 1912).

37
En dehors des mandats de Jackson et de Lincoln, la présidence étasunienne a rarement
brillé. Le président n’était pas, jusqu’à Théodore Roosevelt prestigieux, un Homme fort,
le prestige du président va se renforcer avec les différentes guerres et crises mondiales.
- Le gouvernement des juges (Cour Suprême +++) : la Cour Suprême se compose
aujourd'hui de 9 membres inamovibles : les « Nine Old Men » qui meurent rarement et
ne démissionnent jamais. Ce chiffre a beaucoup varié : 6, 7 puis 9 depuis 1869. Ils sont
tous nommés par le Président puis approuvés par le Congrès.
La Cour Suprême s’assure de la répartition des compétences entre les Etats fédérés et
l’Etat fédéral et contrôle la constitutionnalité des lois (Marbury v. Madison 1803), assurer
l’équilibre des pouvoirs.
En réalité la Cour Suprême a surtout une faculté d’ « empêcher » pour assurer l’équilibre
et la survie du régime.
- Le système présidentiel (Président +++) : la grande majorité des auteurs souligne le
pouvoir capital du Président étasunien. Certains ont même parlé de « présidence
impériale ». Plus on renforce l’autorité de l’Etat fédéral, plus celle du Président va être
renforcée. Il y a aussi la responsabilité internationale des Etats-Unis qui joue en la
faveur de la puissance de celui-ci : crises, guerres, lutte contre le terrorisme.
L’autorité du président américain est plus ressentie à l’extérieur des Etats-Unis qu’à
l’intérieur du territoire.
C'est cet assemblage de différents éléments difficiles à réunir, impossibles à exporter, qui
expliquent tant la longévité du régime présidentiel américain, tant l’impossibilité de sa
transposition dans d’autres pays du monde.

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