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§2-La prime
A) L’aspect économique
La prime est un prix (contrepartie de l’obligation pour l’assureur de couvrir le risque).
La prime est un coût. Avec les sommes perçues, l’assureur va pourvoir payer les assurés victime
d’un sinistre. Mais il ne connaît pas le coût des sinistres à venir (inversion du cycle de production :
le prix est fixé dans l’ignorance du coût).
Importance des statistiques du passé (sans lesquelles l’assureur n’est qu’un parieur).
Importance de la loi des grands nombres : on fait l’hypothèse que, plus les assurés sont nombreux,
plus la probabilité de survenance des sinistres futurs se rapproche de la fréquence de survenance des
sinistres passés.
B) Aspects juridiques
Les aspects juridiques sont en lien avec le risque assuré (principe d’adéquation de la prime au
risque), à un triple point de vue :
Si le risque disparaît, la prime cesse d’être due (ex. assurance contre le vol d’un objet
d’art qui est détruit à la suite d’un incendie).
Si la garantie disparaît, la prime cesse d’être due (ex. résiliation du contrat en cours
d’année : restitution de la fraction de prime correspondant à la période pendant laquelle le
risque n’est pas couvert : règle de divisibilité de la prime).
Si le risque est mal apprécié (car il s’est aggravé, ou mauvaise appréciation à la
souscription), il y a insuffisance de prime. Des sanctions sont encourues (nullité ou
résiliation du contrat, révision de la prime en cas d’aggravation du risque).
C) Aspects techniques
1° La prime pure
Choix d’une assiette de prime (ex. chiffre d’affaires de l’assuré, effectif de son personnel).
Détermination d’un taux de prime
2° Chargements
Les chargements s’ajoutent à la prime pure :
Chargement fiscaux (taxe sur les conventions d’assurance)
Chargement commerciaux (rémunération des intermédiaires)
Frais généraux de la compagnie
§3- Le sinistre
A) Notion de sinistre
En première analyse, le sinistre est la réalisation du risque couvert par le contrat (si le risque n’est
pas couvert, en toute rigueur, il n’y a pas sinistre mais pertes ou dommages).
On insistera sur le caractère finaliste de la notion de sinistre : son contenu et sa date diffèrent selon
le problème posé (déclaration du sinistre, existence d’un aléa, étendue de la garantie dans le temps,
prescription…).
B) Preuve du sinistre
Elle doit être analysée selon deux aspects : la charge de la preuve, et les modes de preuve.
1° La charge de la preuve
Elle pèse en principe sur l’assuré (art 1353 C. civ).
Exception :
Quand l’assureur soulève une exception (par exemple que le sinistre rentre dans les
conditions de fait d’une exclusion : ex., l’accident dont il s’agit était un accident de ski, non
couvert par le contrat) : la preuve doit être rapportée par l’assureur.
Pour des raisons pratiques tenant à la plus ou moins grande aptitude à la preuve de l’une ou
l’autre partie (ex. du sinistre vol, qui est difficile à prouver pour l’assuré).
2° modes de preuve
Principe : la preuve libre, car le sinistre est un fait juridique. A distinguer de la preuve du contrat
qui est un acte juridique et qui est normalement réglementée (v. infra).
Exceptions :
Certains textes réglementent la preuve (ex. catastrophes naturelles)
Conventions sur la preuve (dans le contrat d’assurance : ex. le vol devra être établi par tel
moyen).
Condamnées par un arrêt pour cause d’atteinte à l’art. 6 de la Convention EDH (droit à un procès
équitable) : Cass. 2e civ, 10 mars 2004, n° 03-10154 : RGDA 2004, p. 644, et chron. p. 561, par J.
Kullmann). Mais l’arrêt est resté isolé.
§4- La mutualité
Absence de dimension juridique : La mutualité n’est pas une personne morale, ni même un
patrimoine d’affectation.
Application pratique : l’assurance collaboratrice (mécanisme de cagnotte) n’est pas de l’assurance,
au moins quand il n’y a pas d’assureur.
A) La notion de mutualisation
La mutualisation signifie que les prestations versées aux assurés ayant subi un sinistre
proviennent des primes payées par l’ensemble des assurés. Elle ne signifie pas que les assurés
qui sont faiblement exposés au risque (les « bons risques ») paient pour ceux qui sont
fortement exposés (les « mauvais risques »).
Autrement dit, la mutualisation de l’assurance n’est pas la solidarité. Elle repose sur l’équité
actuarielle, à savoir sur une analyse du risque au cas par cas .(le risque est couvert à son juste
prix).
Attention, on oppose les assurances gérées en répartition (les sommes versées par les assurés une
année n servent à régler les sinistres de la même année) aux assurances gérées en capitalisation
(les assurances sur la vie, les assurances « constructions », qui sont à déroulement long). Dans ces
dernières, la ou les primes versées par l’assuré sont capitalisées et servent à régler les sinistres de
cet assuré. Mais, même pour ces assurances, il y a bien une mutualisation, dès lors que l’excès de
prime pour un assuré compensera l’insuffisance de prime pour un autre.
B) Conditions de la mutualisation
Dilution des risques (suppose un grand nombre d’assurés),
Dispersion de risques (risques dispersés géographiquement)
Homogénéité des risques (regroupement des risques par catégories de même nature).
Aujourd’hui, ces règles particulières sont regroupées au titre 7 du livre 1er du Code de assurances.
§2 Distinctions des assurances selon les branches
Idée : un assureur a besoin d’un agrément de l’Etat ou d’une autorité (en France l’ACPR) pour
exercer son activité. Il est agréé branche par branche.
D’où une nomenclature des branches (européenne, transposée en droit français) : art. R. 321-1, C.
assur.
Néanmoins, cette nomenclature est assez disparate (elle mêle « risque-événement » et « risque-objet
»). Elle est donc peu intéressante sur un plan théorique.
Le droit impératif
Le droit protecteur
Le droit autonome
2° Protection de l’assuré
a) Risques de masse et grands risques
Définition des grands risques : en première analyse, risques des grandes entreprises, mais seuils
assez bas. Voir C. assur., art. L. 111-6 et R. 111-1. Les autres risques sont les risques de masse.
Intérêt : en législation, enjeu réduit. Mais, dans l’avenir, certains souhaiteraient qu’il y ait une
liberté contractuelle totale pour les grands risques.
Voir projet de droit européen du contrat d’assurance (PDECA/PEICL), 2015.
b) Droit de la consommation
Pour l'application du présent code, on entend par :
Consommateur : toute personne physique qui agit à des fins qui n'entrent pas dans le
cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale ou agricole ;
Non-professionnel : toute personne morale qui n'agit pas à des fins professionnelles ;
Professionnel : toute personne physique ou morale, publique ou privée, qui agit à des
fins entrant dans le cadre de son activité commerciale, industrielle, artisanale, libérale
ou agricole, y compris lorsqu'elle agit au nom ou pour le compte d'un autre
professionnel. »
Jurisprudence (pour le droit des clauses abusives) : un contrat conclu par une société
commerciale, n’est pas conclu par un non-professionnel : Cass. 2e civ., 22 nov. 2018, n° 17-
27730 : RGDA févr. 2019, p. 31, n° 116f9, note A. Pélissier.
Notion de clause abusive : clause ayant pour objet ou pour effet de créer un déséquilibre
significatif (C. consom., art. L. 212-1).
Mais la clause ne doit pas porter sur la définition de l’objet principal du contrat sauf si elle
n’est pas rédigée de manière claire et compréhensible.
Ex. a priori la clause stipulant une exclusion ne peut pas être déclarée abusive (car relative à
la délimitation de la garantie et donc à l’objet principal du contrat).
Existence de deux listes : clauses irréfragablement abusives (C. consom., art. R. 212-1) et clauses
réputées abusives sauf preuve contraire (C. consom., art. R. 212-2).
JP : des arrêts régulièrement même s’il est rare qu’une clause soit déclarée abusive.
En revanche, le droit des incapacités s'applique sans trop de difficultés, ce qui est important pour
l’assurance-vie.
Ediction :
o Principe : par la loi (car atteinte à la liberté contractuelle).
o Exception : par décret ou arrêté, si l’autorité administrative a reçu compétence pour
organiser les conditions d’exercice d’une profession et si la nature de l’activité
professionnelle requiert l’édiction d’une obligation d’assurance.
o Par contrat (ex. contrat de prêt imposant la souscription d’une assurance). Mais, pas
véritablement une assurance obligatoire au sens strict du terme.
Régime :
Problème quand lacunes dans les textes relatifs à telle assurance obligatoire. Doit-on appliquer par
analogie d’autres textes, ou revenir à la liberté contractuelle (droit commun) ? La jurisprudence
penche plutôt pour la deuxième hypothèse.
Il n’y a pas de droit commun des assurances obligatoires.
A) Schéma simple
Il s'agit d'un schéma avec deux personnes : le souscripteur (également assuré) et l’assureur.
Pour chacun d'eux, nous allons étudier :
Leurs capacités (1°)
Leurs pouvoirs (2°)
1° Capacité
2° Pouvoir
Rappel : le pouvoir est l’aptitude à exercer les droits d’autrui (ou à agir dans l’intérêt
d’autrui).
__Pouvoirs de l’assureur : possibilité de pouvoirs de souscription conférés à un agent général ou
même à un courtier.
__Pouvoirs du souscripteur :
o Mandat : suppose que le représentant (ex. un courtier) ait un mandat pour souscrire le
contrat (et non un simple mandat pour s’entremettre dans la négociation). Au moins si
représentation parfaite (quand le mandataire déclare agir au nom du mandant), le mandataire
n’est pas tenu au paiement de la prime.
o Régimes matrimoniaux (surtout communauté)
Le contrat d’assurance n’est pas une donation, donc pas besoin du consentement du conjoint
(art. 1422 du Code civil inapplicable). Attention : le fait que la communauté ait deux
administrateurs ne justifie pas que le conjoint du souscripteur puisse demander l’exécution
du contrat à son profit, car l’action en exécution est liée à la qualité de souscripteur qu’il n’a
pas.
Ex. Cass. 1re civ., 6 oct. 1993, n° 91-13291 : Bull. civ. I, n° 271 ; RGAT 1994, p. 75, note
L. Mayaux (action de la femme pour obtenir le paiement d’une indemnité pour le vol de
bijoux qui étaient vraisemblablement des biens propres à elle).
B) Schéma complexe
Dans cette partie, nous allons aborder 3 cas de schémas complexes :
La gestion d’affaire (1°)
L’assurance pour compte (2°)
Les autres hypothèses (3°)
1° La gestion d’affaires
Hypothèse où une personne (le gérant) prendrait l’initiative de souscrire un contrat d’assurance au
profit d’une autre (le maître de l’affaire). Cette hypothèse reste peu pratiquée.
Différence avec l’assurance pour compte : en principe la gestion d’affaire est temporaire (le
temps que l’assuré maître de l’affaire soit en l’état de gérer ses biens). L’assurance pour compte a
vocation à durer.
Effets :
o Si ratification par le maître de l’affaire (qui peut intervenir après sinistre : C. assur., art. L.
112-1), tous les effets d’un mandat.
o Si pas de ratification, indemnisation du gérant par le maître de l’affaire pour toute les
dépenses utiles (remboursement de la prime).
2° Assurance pour compte
a) Notion
d) Régime
Droit direct de l’assuré pour compte contre l’assureur (mais pas d’obligation, donc sauf
consentement de l’assuré pour compte, celui-ci n’est pas tenu de la prime).
Opposabilité des exceptions :
Très générale.
Mais des aménagements :
* Prescription (si action du souscripteur contre l’assureur est prescrite, cette prescription est
inopposable à l’assuré pour compte, car il est titulaire d’une action qui lui est propre).
* Faute intentionnelle : pour être exclusive de garantie, doit émaner de l’assuré et non du
souscripteur.
3° Autres hypothèses
Assurances collectives : un souscripteur, un assureur, des adhérents
o Si à adhésion obligatoire : se rapproche d’une assurance pour compte commun.
o Si à adhésion facultative : existence d’un contrat cadre (entre le souscripteur et l’assureur) et
de contrats individuels d’assurance (entre chaque adhérent et l’assureur).
Actions directes : certains tiers (victime en assurance RC, créanciers hypothécaires ou privilégiés),
sans être titulaires d’un droit contractuel, sont « associés » au contrat par le biais d’une action
directe, d’origine légale.
§3- Caractère du contrat d’assurance
1° Contrat synallagmatique
Obligations de part et d’autre (couvrir le risque pour l’assureur et payer la prime pour le
souscripteur), et obligations réciproques.
2° Contrat onéreux
- Il y a toujours une prime
- Exceptions (apparentes) : certaines opérations promotionnelles.
3° Contrat successif
Contrat d’assurance toujours inscrit dans la durée.
4° Contrat consensuel
Ecrit requis (art. L. 112-3), mais pas à peine de nullité.
5° Contrat d’adhésion
Notion de contrat d’adhésion : C. civ., art. 1110
Deux rédactions successives : ordonnance 10 févr. 2016 et loi de ratification du 20 avril 2018
Application au contrat d’assurance
- Distinction entre risques du particulier et risques d’entreprise ?
- Distinction entre contrats individuels et contrats collectifs ?
A) Législation
Droit ancien : C. civ., art. 1104 et 1964 (textes contradictoires). L’art. 1964 mentionne
expressément le contrat d’assurance parmi les contrats aléatoires.
Droit actuel (issu de la réforme du droit des contrats). Art. 1964 abrogé. Art. 1104 remplacé par art.
1108 (définition différente).
B) Doctrine
Il existe un important débat en doctrine dont les arguments sont :
- Psychologique : l’assuré n’est pas dans l’état d’esprit d’un parieur.
- Economique : le contrat d’assurance ne fait pas naître l’aléa qui lui préexiste (différence
avec les autres contrats aléatoires). Il tend à garantir contre les effets de cet aléa (est anti-
aléatoire).
- Juridique : il n’y a pas d’assurance à fonds perdus. Et, au moins en ce qui concerne les
assurances indemnitaires, il n’y a pas d’enrichissement de l’assuré par l’assurance.
Conclusion : oui le contrat d’assurance n’est pas un contrat aléatoire ou, à tout le moins, il a
une forte spécificité parmi les autres contrats aléatoires.
C) Jurisprudence
Débat surtout en assurance-vie pour des contrats d’épargne-assurance, pour lesquels il n’y aurait pas
d’aléa patrimonial mais seulement un aléa événementiel.
- Cass. ch. mixte, 23 nov. 2004, n° 02-17507 : RGDA 2005, p. 110, note L. Mayaux.
- CJUE, 1er mars 2012, C-166/11 : RGDA 2013, p. 187, note G. Parleani (affaire Alonso).
Dans ces deux arrêts, le juge estime qu’on a affaire à un contrat d’assurance.
• De fond : notion de passé inconnu (ignorance du fait générateur ou de son caractère causal),
identité de l’ignorant (quand assurance pour compte : le souscripteur et l’assuré).
• De preuve : charge pour l’assuré (mais quand risque composite, plutôt pour l’assureur : v. art. L.
124-5, al. 4 en assurances de responsabilité).
Sanctions
• Nullité du contrat si le sinistre met fin au risque couvert (ex. destruction du bien). Nullité
relative.
• Non-garantie pour le sinistre considéré dans le cas contraire.
B) Le risque composite
Notion : risque composé au moins deux éléments, pareillement aléatoires.
Problème : premier événement antérieur à la souscription, les suivants postérieurs. L’assureur doit-il
sa garantie quand bien même le premier événement serait connu ?
Solutions
En assurances « responsabilité civile », seul le passé inconnu est repris (art. L. 124-5).
En assurances de personnes, soumises à la loi Evin, garantie pour les états pathologiques
antérieurs, mêmes connus (loi n° 89-1009, 31 déc. 1989, art. 2 et 3.
C) Risque potestatif
Notion : aléa pour partie au pouvoir des parties, mais pas entièrement
Domaine : notamment assurances de protection juridique, contrat d’assistance.
Remède à l’insuffisance de l’aléa : instauration de délais de carence.
a) Nature
Fiche d’information sur le prix et les garanties (C. assur., art. L. 112-2, al. 1er). Fournie à toute
personne qui en fait la demande : objectif de comparabilité des produits.
Projet de contrat ou notice d’information (C. assur, art. L. 112-2, al. 2) : décrit précisément les
garanties et les exclusions, ainsi que les obligations de l’assuré. Remis en amont du processus de
souscription. Mais pas d’indication du tarif (car l’assureur doit pouvoir étudier le risque pour
communiquer un tarif précis).
b) Domaine
Principe : toute assurance, y compris assurances sur la vie ou assurances de groupe
Exceptions
• Assurance des grands risques (au sens de l’art. L. 111-6) : art. R. 112-2, al. 1er.
• Assurance couvrant les risques liés à la villégiature, au camping, aux sports d’hiver, aux
voyages, souscrits pour trois mois au plus et non renouvelables, contrats d’assurance de
bagages pour un seul voyage : art. R. 112-2, al. 2.
c) Sanctions
Non-remise de la fiche d’information : a priori aucune sanction contractuelle, mais sanction
possible de la part de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR).
Non-remise du projet de contrat ou de la notice d’information : sanction possible de la part de
l’ACPR ; l'inopposabilité à l’assuré des exclusions non mentionnées ou des sanctions de
l’inexécution des obligations non mentionnées se discute.
B) Autres documents
1° Assurances-vie
• Note d’information sur les conditions d’exercice de la faculté de renonciation et sur les
dispositions essentielles du contrat (C. assur., art. L. 132-5-2).
• Pour les assurances de type « épargne » (ainsi que pour tous les produits d’investissement «
packagés ») : document d’information clé (DIC). V. règlement Prip’s, 25 nov. 2014.
2° Assurances "non-vies"
Document d’information normalisé sur le produit d’assurance (IPID), remis par le distributeur et
élaboré par le concepteur du produit : C. assur., art. L. 112-2, nouv. (rédaction, ord. n° 2018-361,
sur la distribution de l’assurance).
3° Assurance responsabilité
Fiche d’information sur le fonctionnement de la garantie dans le temps (C. assur., art. L. 112-2 et A.
112) : réforme issue de la loi de sécurité financière du 1er août 2003.
4° Assurances de groupe
Notice d’information (C. assur., art. L. 141-1). Mais, c’est plus qu’un document informatif : c'est un
véritable document contractuel (seules les mentions figurant dans la notice sont opposables à
l’adhérent).
Conclusion : l’image du millefeuille est de plus en plus fondée.
§2- Proposition d’assurance
1° Notion
Document rempli par l’assuré et remis à l’assureur, par lequel l’assuré demande à être
couvert pour tel risque.
2° Nature juridique
Offre de contrat, émanant de l’assuré (même si la proposition consiste dans un formulaire
fourni par l’assureur ou son représentant : v. Le dessin d’Hergé, supra)
1° Notion
Document provisoire délivré par l’assureur et tendant à établir une garantie (surtout en risques
d’entreprise).
2° Nature juridique
Parfois mode de preuve du contrat définitif (C. art. L. 112-2)., parfois contrat autonome par rapport
au contrat définitif.
Il faut se livrer à une analyse d’intentions. Enjeu : contenu des garanties, durée des garanties
Le consentement nécessaire
Le consentement suffisant
A) L’existence du consentement
Problème propre à l’assurance : la multiplicité des documents. Il faut déterminer lesquels ont une
nature contractuelle.
Principe : un document est contractuel s’il a été remis à l’assuré et si ce dernier y a consenti.
Problème de preuve : est facilité par la présence d’une clause de remise et d’une clause de renvoi
(d’un document signé à un document non signé). Attention, une simple clause de remise ne vaut pas
clause de renvoi (et réciproquement, une simple clause de renvoi ne vaut pas clause de remise).
B) Vices du consentement
1° Consentement du souscripteur
Surtout en assurance-vie (erreur, dol par réticence).
2° Consentement de l’assureur
Problème de l’articulation avec les sanctions des fausses déclarations de risque (surtout quand
fausse déclaration non intentionnelle : la sanction est la réduction proportionnelle de la prestation et
non la nullité du contrat comme, en droit commun, en présence d’une erreur spontanée).
Exception : élément d’extranéité faisant qu’il est possible d’appliquer une autre loi que la loi
française : v. art. L. 112-3, al. 2).
C) Mention obligatoire
Entre les parties : risque de la preuve supporté par celui qui invoque la clause litigieuse
(l’assuré ou l’assureur s’il invoque une clause limitative de garantie).
A l’égard de la victime (en assurance RC) : risque de la preuve supporté par l’assureur.
B) Modes de preuve
1° A l’égard des tiers
Ex. A l’égard de la victime exerçant l’action directe.
Preuve libre (y compris pour la preuve par l’une des parties contre un tiers : ex. Cass. 1re civ., 9
mai 1996, n° 93-19807.
B) Principes d’interprétations
o Place importante à la recherche de l’intention commune des parties (C. civ., art. 1188).
o Place importante à l’effet utile et logique du contrat (C. civ., art. 1191).
o Interprétation d’ensemble du contrat (conditions générales, conventions spéciales,
conditions particulières) : principe de cohérence.
o Prééminence du document spécial (conditions particulières ou conventions spéciales) sur le
document général (conditions générales) seulement en cas de contradiction. Sinon, les deux
documents s’appliquent.
o Attention : sauf en cas de contrat d’adhésion ou si l’assuré est un consommateur ou un non-
professionnel, l’interprétation en faveur de l’assuré n’est pas un principe absolu (voir par ex.
Cass. 1re civ., 9 juill. 1996, n° 94-19876 : RGDA 1996, p. 919, note P. Rémy : problème des
plafonds « par sinistre et par année »).
La renonciation : l existe parfois une faculté de renonciation (droit de repentir), pour un délai
assez court car il y a atteinte à l’irrévocabilité des contrats : art. 1193, C. civ., qui ne peut être que
de courte durée.
Exemples : 14 jours (vente à distance : C. assur., art. L. 112-2-1), 30 jours (assurance-vie : C.
assur., art. L. 132-5-1).
Information sur le délai de renonciation : quand la loi prévoit une information, la sanction est
généralement la prorogation du délai
Exemples : assurances à distance : art. L.112-2-1, II, 1°, b) ; assurance-vie : C. assur., art. L. 132-5-
2, mais prorogation réservée aux souscripteurs de bonne foi.
Problème de l’exécution du contrat pendant le délai. Cas de la vente à distance : perte du droit
de renonciation quand le contrat est intégralement exécuté à la demande de l’assuré : C. assur., art.
L. 112-2-1, II, 3°, c).
Section 1 : Modification du contrat d’assurance
Il convient en introduction de faire la distinction entre modification, évolution prévue à l’avance
(cas des assurances à risques et à primes variable : ex. assurance « flotte automobile »), et évolution
automatique (cas où indexation).
Notre domaine d'étude s'intéressera aux seules modifications par l’effet de la volonté. La loi peut
aussi modifier le contrat, au moins quand elle est applicable aux contrats en cours.
Nous verrons donc la modification de droit commun (I) et la modification par le silence de
l'assureur (II).
§1- Droit commun
C. civ., art. 1193 : modification par le consentement mutuel des parties.
Principe : consentement exprès, la modification prend la forme d’un avenant.
o Notion d’avenant : un contrat qui en modifie un autre
o Information préalable à la conclusion de l’avenant : devoir d’information et de conseil
pesant sur le distributeur, comme à la souscription du contrat d’origine.
o Forme de l’avenant : normalement signé des parties (v. supra, chap. 2).
o Effet de l’avenant : pour l’avenir seulement, mais possibilité de prise d’effet anticipée si
passé inconnu.
Exception : acceptation tacite (ex. paiement par l’assuré d’une prime majorée).
B) Régime
1°Conditions de fond
Précision de la proposition de modification : problème quand aucun montant de prime n’est
mentionné. On peut penser que le souscripteur fait alors est alors tacitement référence au tarif de
l’assureur.
2° Conditions de forme
Principe : lettre recommandée, mais formalisme probatoire et non substantiel.
3° Effets
Principe : le silence de l’assureur passé 10 jours vaut acceptation.
Point de départ du délai : la réception de la proposition par l’assureur ou par un de ses représentants
(donc très court, car le représentant a pu tarder à transmettre la proposition à l’assureur).
Prise d’effet : en principe au jour de l’envoi de la proposition : Cass. 1re civ., 22 mai 1991, n° 89-
21042 : RGAT 1991, p. 545, note R. Maurice.
Problème de l’existence d’un terme et donc de la durée du contrat. Gros contentieux avant la loi n°
89-1014 du 31 déc. 1989 instaurant une résiliation tous les ans (C. assur., art. L. 113-12, nouv.).
Depuis, le contentieux s’est pratiquement tari.
Problème préalable :
la durée doit-elle être déterminée et le contrat d’assurance est-il donc à durée déterminée ?
o Argument : art. L. 113-12, al. 1er : « la durée du contrat et les conditions de résiliation…
sont fixées par la police ».
o Contra : on pourrait envisager une clause stipulant que la durée est indéterminée, mais tout
de même très artificiel.
Modalités : indication d’une durée en jour, mois ou année… ou par référence à la durée de la
société d’assurance. Hypothèse des contrats de certaines mutuelles (dont les assurés sont en même
temps sociétaires). Admis en jurisprudence même si hypothèse limite car la durée d’une société
peut être prolongée (donc n’est pas réellement déterminée ». Mais la clause « durée de la société »
doit être claire.
Conditions de forme :
Caractères très apparents (C. assur., art. L. 113-15).
Pour certains contrats (durée supérieure à trois ans, assurance-vie et assistance exclues) :
clause juste au-dessus de la signature de l’assuré : C. assur., art. A 113-1.
Sanction : quand la clause est annulée, le contrat reste valable mais pourra être résilié par l’assuré
tous les ans (argument : art. A. 113-1, étendu à toutes les hypothèses de nullité).
Motivation : la résiliation par l’assureur d’un contrat couvrant une personne physique en
dehors de son activité professionnelle par l’assureur doit être motivée : C. assur., art. L. 113-
12-1, réd. loi n° 2014-344, 17 mars 2014, dite « loi Hamon ».
Effets de la résiliation : Pour l’avenir seulement. Problème des risques composites quand le premier
événement est antérieur à la résiliation et le second postérieur.
Application de la règle de divisibilité de la prime. Interdiction des clauses stipulant une indemnité
de résiliation.
Dans cette partie sur les extinctions par anticipation, il conviendra d'étudier 5 cas :
o La résiliation périodique (A)
o La résiliation infra-annuelle (B)
o La résiliation après sinistre (C)
o Les résiliations pour changement dans la situation de l'assuré (D)
o Les résiliations pour aggravation ou diminution du risque (E)
A) Résiliation périodique
Point historique : Sous l’empire de la loi de 1930 : tous les dix ans. Depuis la loi du 11 juill. 1972 :
deux premières résiliations tous les trois ans puis tous les ans.la loi n° 89-1014, 31 déc. 1989 : tous
les ans.
1° Domaine
Principe : tous les contrats.
Gros débat à propos des assurances emprunteurs, car l’application de l’art. L. 113-12, C. assur.
Permettrait de faire jouer la concurrence :
La Cour de cassation a refusé d’appliquer le texte à ces assurances : Cass. 1re civ., 9 mars 2016, n°
15-18899 et 15-19652 : RGDA 2016, p. 186, n° 113h4, note L. Mayaux ; Cass. 1re civ., 24 mai
2017, n° 15-27127 et 15-27839 : RGDA 2017, p. 436, n° 114t7, note L. Mayaux, mais pour des
raisons propres aux assurances « emprunteurs » en garantie d’un crédit immobilier et non liées au
fait que celles-ci sont des assurances mixtes.
Intervention du législateur pour les assurances en garantie d’un crédit immobilier. L’article
L. 113-12 est déclaré expressément applicable : C. assur., art. L. 113-12-2 ; C. consom., art. L.
313-30.
2° conditions
Lettre recommandée : modalités de l’art. L. 113-14, C. assur. Écartées. Formalité substantielle et
non seulement probatoire.
Préavis de deux mois avant la date d’échéance (mais peut-être contractuellement raccourci si en
faveur de l’assuré).
3° effets
Si résiliation régulière : contrat éteint à partir de la date anniversaire de sa prise d’effet.
Si résiliation irrégulière en la forme ou tardive, elle dégénère en une offre de résiliation. Si
résiliation tardive, peut valoir pour l’année suivante à condition qu’elle soit postérieure à la date
d’échéance et que la police n’impose pas une durée maximale entre la date de la résiliation et la date
de l’échéance suivante : Cass. 1re civ., 16 mars 1994, n° 90-21348 : RGDA 1994, p. 463, note R.
Maurice.
B) Résiliation infra- annuelle
Art. L. 113-15-2, C. assur., issu de la loi n° 2014-344 du 17 mars 2014, dite « loi Hamon ».
1° Domaine
Contrats couvrant les personnes physiques en dehors de leurs activités professionnelles et relevant
de certaines branches définies par décret.
C. assur., art. R. 113-11 : contrats automobiles, habitation (comportant une garantie RC du
propriétaire ou de l’occupant d’un immeuble) et contrats affinitaires.
A compter du 1er déc. 2020 : contrats « santé » (C. assur., art. L. 113-15-2, nouv., réd. loi n° 2019-
733, 14 juill. 2019).
2° Information
Résiliation infra-annuelle rappelée dans chaque contrat et avec chaque avis d’échéance de prime.
3° conditions
Résiliation après la première année de souscription
Forme : résiliation par lettre ou tout autre support durable.
Pour les contrats automobiles, pour les contrats souscrits par le locataire (et bientôt pour les contrats
« santé »), la résiliation est effectuée par le nouvel assureur pour le compte de l’assuré. Le nouvel
assureur devra s’assurer de la permanence de la couverture (raisons : ce sont des contrats
obligatoires ou, pour les contrats « santé », quasi-obligatoires).
4° effets
Prise d’effet un mois après réception par l’assureur de la notification de la résiliation
Application de la règle de divisibilité de la prime.
Remarque : il existe un autre cas de résiliation infra-annuelle en assurances en garantie d’un crédit
immobilier : mais la première année du crédit seulement, et afin de changer d’assureur : C. assur.,
art L. 113-12-2.
1° Conditions
Résiliation par l’assureur (quand le sinistre révèle que l’assuré est un très mauvais risque ou quand
il soupçonne une fraude).
Obligation de motivation si l’assurance couvre un risque du particulier (C. assur., art. L. 113-12-1).
Nécessité d’une clause dans le contrat : C. assur. art. R. 113-10.
Pas de condition de délai, mais si l’assureur a accepté le paiement d’une prime ou d’une fraction
de prime afférente à la période postérieure au sinistre, il est censé renoncer à se prévaloir de la
faculté de résiliation. Donc, il a intérêt à agir vite.
2° effets
La résiliation produit effet 1 mois après notification à l’assuré.
Application de la règle de divisibilité de la prime.
Possibilité pour l’assuré, en représailles, de résilier les autres contrats qui l’unissent à l’assureur,
dans le délai d’un mois suivant la notification.
D) Résiliation pour changement dans la situation de l’assuré
C. assur., art. L. 113-16 : peu utilisé maintenant que la résiliation périodique est annuelle (depuis loi
n° 89-1014, 31 déc. 1989) et du fait qu'il y ait des conditions strictes à remplir. Résiliation ouverte à
l’assuré comme à l’assureur.
1° domaines
Exclusion des assurances sur la vie.
2° conditions
L’assuré doit se trouver dans certaines circonstances : changement de domicile, de situation
matrimoniale, de régime matrimonial, de profession, retraite professionnelle ou cessation définitive
d’activité.
Il faut que le contrat ait pour objet la garantie de risques en relation directe avec la situation
antérieure et qui ne se retrouvent plus dans la situation nouvelle.
Condition très difficile à remplir en présence d’un contrat « multirisques », car généralement l’une
des garanties porte sur un risque qui subsiste.
Ex. multirisques habitation : même si l’assuré déménage, il continue à être exposé au risque de
responsabilité civile générale qui est couvert par le contrat.
3° Mise en œuvre
Résiliation dans les trois mois de la date de l’événement.
Prise d’effet un mois après que l’autre partie a reçu notification
Application de la règle de divisibilité de la prime (et interdiction d’une clause imposant le paiement
d’une indemnité de résiliation).
Conditions
• Il faut une aggravation telle que si les circonstances nouvelles avaient été déclarées lors de
conclusion ou du renouvellement du contrat, l’assureur n’aurait pas contracté ou l’aurait fait
moyennant une prime plus élevée.
• Mise en œuvre :
L’assureur peut, à son choix, soit dénoncer le contrat, soit proposer un nouveau montant de prime.
Dans le premier cas, la résiliation prend effet dans les dix jours à compter de sa notification. Dans le
second cas, si le souscripteur refuse l’augmentation de la prime ou s’il ne donne pas suite à la
proposition de l’assureur dans les trente jours à compter de sa notification, l’assureur peut résilier au
terme de ce délai
2° résiliation pour diminution du risque
Pour terminer cette partie sur les extinctions, le cas des extinctions suivies d'une reconduction sera
étudié sous 3 aspects :
La reconduction expresse (A),
La reconduction purement tacite ? (B),
La clause de tacite reconduction (C).
A) Reconduction expresse
Reconduction expresse Suppose un nouvel accord de volontés (offre et acceptation).
Effet : nouveau contrat (C. civ., art. 1214). A distinguer de la prorogation qui ne met pas fin au
contrat prorogé (C. civ., art. 1213).
Risque : les trous de garantie, quand la prise d’effet du nouveau contrat est postérieure à la cessation
des effets de l’ancien contrat.
Important quand conflit de lois dans le temps. Une loi nouvelle entrée en vigueur après le contrat
d’origine mais avant la reconduction, sera applicable au contrat reconduit
B) Reconduction purement tacite ?
1° principe de fonctionnement
Nécessité d’une clause dans le contrat. En vertu de la clause, le contrat est automatiquement
reconduit à l’échéance, sauf dénonciation par l’une ou l’autre des parties, moyennant respect d’un
préavis fixé contractuellement (en pratique, souvent de deux mois sur le modèle du délai de deux
mois de la résiliation périodique).
Avantage : évite les trous de garantie. .
Inconvénient : risque d’enfermer l’assuré dans son contrat.
Attention : bien distinguer tacite reconduction d’un contrat d’un an arrivé à son terme et résiliation
annuelle (qui joue pour les contrats d’une durée supérieure à un an).
2° loi Châtel
C. assur., art. L. 113-15-1, réd. loi n° 2005-67, 28 janv. 2005, dite « loi Chatel ».
Tend à favoriser l’information sur la tacite reconduction et donc à favoriser la concurrence entre les
assureurs.
Domaine : les contrats à tacite reconduction couvrant les personnes physiques en dehors de leur
activité professionnelle.
Obligation de faire figurer dans l’avis d’échéance annuel la date limite pour dénoncer la tacite
reconduction.
Si l’avis d’échéance est adressé moins de 10 jours avant cette date ou même après cette date (ce qui
est fréquent car le préavis pour dénoncer est généralement de 2 mois et l’avis d’échéance arrive 1
mois avant l’échéance), l’assuré est informé dans l’avis qu’il dispose d’un délai de 20 jours pour
dénoncer le contrat.
Sanction : si l’avis de mentionne pas l’information requise, l’assuré peut résilier à tout moment le
contrat à compter de la reconduction, en envoyant une lettre recommandée. Sanction devenue sans
grand intérêt
3°effets
I. La couverture du risque
c) Critères de l’illicéité
L’assurance d’opérations illicites (ou accomplies de manière illicite : ex. exercice illégal de
certaines professions).
L’assurance des sanctions pénales ou quasi-pénales (amendes administratives)
L’assurance interdite par un texte spécial (ex., avant 1987, l’assurance de la faute inexcusable de
l’employeur).
a) Notions
§ Notion de faute intentionnelle
Une faute (aux sens objectif et subjectif du terme) : nécessité d’un état de conscience.
Une faute volontaire : suppose la connaissance par l’agent de la faute qu’il s’apprête à commettre et
du dommage qui peut s’en suivre.
Intention tournée vers l’assureur pour les assurances de choses et de personnes et vers la
victime pour les assurances de responsabilité.
Un sinistre volontaire : adéquation entre le dommage voulu et le dommage effectivement
causé (l’assuré a voulu le dommage tel qu’il est survenu : v. par ex. Cass. 2e civ., 18 mars 2004, n°
03-11573 : RGDA 2004, p. 370, note J. Kullmann).
Contre-exemple : incendie d’une porte par un mineur qui cherchait à commettre un vol. Tout
l’immeuble est détruit. Pas de faute intentionnelle : Cass. 1re civ., 9 juill. 1997, n° 95-20799 :
RGDA 1998, p. 64, note F. Vincent.
§Notions de faute dolosive
La faute dolosive est admise surtout par la deuxième chambre civile de la Cour de cassation. Les
autres chambres sont plus réticentes. A cet égard, les premiers commentateurs de la loi du 13 juillet
1930 semblaient considérer que la faute dolosive n’était pas autonome par rapport à la faute
intentionnelle.
En matière contractuelle, on sait ce qu’est la faute dolosive : inexécution volontaire du contrat.
En matière extracontractuelle, c’est beaucoup plus délicat...
Conception large : la faute dolosive serait faute particulièrement grave (grosse négligence), ou
une faute de témérité (prise de risque volontaire), ou une faute lucrative (commise pour
réaliser un gain ou éviter une perte).
Ex. (en assurance de chose) Cass. 2e civ., 12 sept. 2013, n° 12-24650, PB : JCP G 2014, 383, note
A. Pélissier :
Un automobiliste circule sur un chemin inondé et noie son moteur.
Conception étroite : la faute dolosive suppose la connaissance du caractère inéluctable du
dommage (la faute dolosive est identifiée à la faute intentionnelle objective : l’intention dans
la faute intentionnelle classique est remplacée par le défaut d’aléa).
Ex. 1 Cass. 2e civ., 20 mai 2020, n° 19-14306, PBI : suicide en se jetant sous un train, ayant causé
des dommages à la SNCF : pas de faute dolosive, car « rien ne permettait de conclure qu'il (le
personne qui s’est suicidée) avait conscience des conséquences dommageables de son acte pour la
SNCF ».
Ex. 2 Cass. 2e civ., 20 mai 2020, n° 19-11538 : suicide au gaz. La personne installe deux bouteilles
de gaz et une cuisinière au gaz dans son séjour aux fins de se suicider. Explosion. Faute dolosive
car « si l’incendie n’avait pas pour motivation principale la destruction de matériels ou de tout ou
partie de l’immeuble, celle-ci était inévitable et ne pouvait pas être ignorée de l’incendiaire, même
s’il était difficile d’en apprécier l’importance réelle et définitive ».
Alternative : si l’exclusion légale de la faute dolosive n’est pas admise, peut-elle être «
contractualisée » par le moyen d’une clause d’exclusion ? En théorie oui, mais en pratique il faut
que la faute dolosive soit définie de manière suffisamment précise dans la clause. A défaut,
l’exclusion sera réputée non écrite comme n’étant pas formelle et limitée (v. infra : délimitation
contractuelle de la garantie).
• Pour la validité de la clause, Cass. 2e civ., 18 oct. 2012, n° 11-23900 : RGDA 2013, p. 62, note
J. Kullmann ; Resp. civ. et assur. 2013, comm. 36, note H. Groutel.
• Contra, en faveur de sa nullité, Cass. 2e civ., 12 juin 2014, n° 13-15836, n° 13-16397, n° 13-
17509, n° 13-21386 et n° 13-25565 : RGDA, oct. 2014, p. 496, n° 111f6, note J. Kullmann ; Resp.
civ. et assur. 2014, comm. 321, note H. Groutel, alors qu’il s’agissait pourtant de la même clause
que dans l’espèce précédente : « Outre les exclusions spécifiques évoquées dans chacune des
garanties, sont toujours exclus au titre de ce contrat – les dommages de toute nature causés ou
provoqués intentionnellement par l’assuré ou avec sa complicité »
b) Auteur de la faute
’assuré au sens de la personne exposée au risque. Si dissociation avec la qualité de souscripteur, la
faute doit émaner de l’assuré et non de ce dernier.
Ex. incendie volontaire par l’épouse du souscripteur, laquelle n’avait pas la qualité d’assuré. Pas
de faute intentionnelle, quand bien même les époux seraient communs en biens
Cass. 2e civ., 13 juill. 2005, n° 04-14154 : RGDA 2005, p. 915, note L. Mayaux.
Quand l’assuré est une personne morale, la faute intentionnelle doit émaner des dirigeants.
Quand elle émane d’un préposé, l’assureur garantissant la RC du commettant est tenu.
V. C. assur., art. L. 121-2 : « l’assureur est garant des pertes et dommages causés par des personnes
dont l’assuré est civilement responsable… quelles que soient la nature et la gravité des fautes de ces
personnes (et donc même si elles sont intentionnelles).
c) Preuve de la faute
La preuve incombe à l’assureur qui invoque la faute intentionnelle pour dénier sa garantie
Quand il y a infraction pénale, pas d’autorité au civil de la chose jugée au pénal (car la faute
intentionnelle n’a pas le même sens en droit pénal et en droit des assurances).
d) Effets
Non-garantie pour le sinistre considéré.
Exception opposable aux tiers, y compris à la victime en assurances de responsabilité.
a) Critère jurisprudentiel
Cass. 1re civ., 26 nov. 1996, n° 94-16058 : RGDA 1997, p. 132, note J. Kullmann ; Resp. civ. et
assur. 1997, chron. 5, par H. Groutel : Est une exclusion la clause qui « prive l’assuré de garantie en
considération de circonstances particulières de réalisation du risque ». A contrario, définit l’objet de
la garantie la clause qui instaure une condition permanente du risque couvert.
Application (Cass. 1re civ., 26 nov. 1996, préc.) : la clause qui subordonne la garantie au fait
qu’un système d’alarme soit effectivement enclenché au moment du sinistre est une exclusion.
A contrario, la clause qui subordonne la garantie à l’installation d’un système d’alarme est une
condition de la garantie (si l’on préfère, elle définit l’objet de la garantie).
Insuffisance du critère jurisprudentiel. Ne permet pas de résoudre tous les problèmes.
Notamment, problème des exclusions indirectes (qui se déduisent de manière implicite mais
nécessaire de la clause définissant l’objet de la garantie).
Ex. 1 Une police qui garantit la responsabilité délictuelle exclut indirectement la responsabilité
contractuelle : Cass. com., 24 nov. 1987 : RGAT 1988, p. 542, note. R. Bout.
Ex. 2 Une police qui garantit les vols par effraction exclut indirectement les vols sans effractions.
Mais on pourrait aussi dire que l’objet de la garantie n’est pas le vol, mais le vol par effraction, de
sorte que les vols sans effraction ne sont pas exclus. Ils se situent seulement en dehors de l’aire
contractuelle (au sens où l’entend Y. Lambert-Faivre), ce qu’on appelle parfois des exclusions
externes.
b) Propositions doctrinales
Solution radicale : unifier les régimes de l’exclusion et de la clause définissant l’objet de la garantie,
ce qui retire tout intérêt au problème de la qualification.
Solution préconisée par G. Durry, La distinction de la condition de la garantie et de l’exclusion de
risque : une proposition de réforme pour trancher le nœud gordien, Etudes offertes à H. Groutel,
2006, Litec, p. 129.
Piste de la volonté. On s’en tient aux intentions de parties, telles que reflétées dans la police (ex.
une clause qui se présente comme une exclusion doit être regardée comme telle).
Solution rejetée par la JP : Cass. 2e civ., 18 mars 2004, n° 03-10062, RGDA 2004, p. 356, note L.
Mayaux ; Resp. civ. et assur. 2004, comm. 198, note H. Groutel : la clause qui « se présente sous la
qualification erronée d’exclusion » doit « être rétablie dans son exacte qualification ».
Proposition personnelle : s’attacher au cheminement intellectuel des parties. Qu’ont-elles entendu
couvrir a priori (objet de la garantie). Et qu’ont-elles entendu exclure dans un deuxième temps du
cheminement (exclusion).
Ex. Ont-elles entendu a priori couvrir la seule responsabilité civile causée par un événement
accidentel. Ou ont-elles entendu couvrir toute responsabilité et ensuite exclure les dommages non
accidentels ?
Démarche à la fois subjective et objective, car tient compte non seulement de la volonté des
parties, mais aussi de la nature de la garantie telle qu’elle résulte du contenu de la police.
b) Fond
Les exclusions doivent être formelles et limitées (C. assur., art. L. 113-1). Nous allons à présent
détailler ces deux paramètres.
Formelles, à savoir pas d’exclusion implicite (mais exclusion indirecte admise, dès lors qu’elle
ne prête pas à équivoque). Et l’exclusion doit être claire et précise :
Exclusion claire : une exclusion ambiguë, qui exige une interprétation doit être réputée non
écrite (v. supra, chap. 2).
Exclusion précise : on doit savoir immédiatement ce qui est couvert et ce qui ne l’est pas.
Plusieurs présentations possibles (voir suivant).
Présentation en compréhension, par l’usage d’une définition. Attention à l’usages de termes flous :
mal de dos, maladie psychique, règles de l’art, défaut d’entretien.
Ex. exclusion du mal de dos, réputée non écrite : Cass. 2e civ., 18 janv. 2006, n° 04-17279 : Bull.
civ. II, n° 17 ; RGDA 2006, p. 514, note S. Abravanel-Jolly .
Mais si exclusion du mal de dos plus précise, car référence à des examens médicaux, elle est
valable. V., Cass. 2e civ., 19 mai 2016, n° 15-18477 : RGDA 2016, p. 353, note M. Asselain.
Présentation en extension, par le moyen d’une liste. Attention aux formules finales (du genre « plus
généralement, toute espèce de… »). En leur présence, seule une circonstance visée dans la liste
pourra être exclue valablement.
Limitées :
Les exclusions (séparément ou en combinaison) doivent pas vider la garantie de sa substance.
Très généralement, l’exclusion ne supprime pas toute la garantie, mais celle-ci est parfois très
réduite, ce qui suffit pour que la clause soit réputée non écrite. Ex. exclusion des conséquences des
affections liées à l’éthylisme (qui sont très s nombreuses) : Cass. 2e civ., 13 juin 2019, n° 18-18267.
Appréciation pour partie subjective, en considération des besoins de l’assuré. Une même clause
peut être limitée pour tel assuré et non limitée pour tel autre. Ex. exclusion de la responsabilité
pour des dommages à des biens confiés par le client. N’est pas limitée si l’assuré travaille
principalement sur des biens confiés (ex. garagiste, horloger).
Mais l’appréciation subjective ne va pas jusqu’à exiger que le consentement de l’assuré ait été
vicié. Un arrêt en ce sens (qui caractérise une erreur déterminante du consentement) mais dans un
contexte très particulier (assurance « pratique du tout terrain » où l’assuré, un motocycliste,
pensait être couvert pour les trajets de son domicile au lieu où il pratiquait le « tout terrain ».Cass.
1re civ., 10 juill. 1995, n° 91-19319 : RGAT 1995, p. 883, note L. Mayaux ; Resp. civ. et assur.
1995, comm. 375 et chron. 46, par H. Groutel.
c) Preuve
Exclusion : charge de la preuve de la réunion des conditions de fait de l’exclusion pèse sur
l’assureur. Justifié par le fait qu’il soulève une exception.
Clause définissant l’objet de la garantie : charge de la preuve pèse sur l’assuré qui demande le
jeu de la garantie.
C’est peut-être l’intérêt principal attaché à la distinction entre les deux catégories de clauses.
A) Créancier du règlement
Principe : le souscripteur.
Exceptions :
Contractuelles : existence d’une stipulation pour autrui (ex. assuré pour compte, bénéficiaire d’une
assurance en cas de décès).
Légales : existence d’une action directe (victime en assurance RC : C. assur., art. L. 124-3,
créanciers munis d’une sûreté sur la chose assurée : C. assur., art. L. 121-13).
Exception : assurance-vie (C. assur., art. L. 132-23-1) : l’entreprise a 15 jours après réception de
l’avis de décès et connaissance des coordonnées du bénéficiaire pour demander les pièces
nécessaires au règlement. Et à compter de la réception des pièces, elle a un mois pour payer
(sanction : intérêts au taux légal majoré)
C) Retard de règlement
Problème des intérêts moratoires et de leur point de départ.
Principe : jour de la mise en demeure (C. civ., art. 1231-6 nouv., art. 1153 anc.). En sus, possibilité
pour le créancier de demander des dommages et intérêts compensatoires si le débiteur (l’assureur)
est de mauvaise foi et si, par son fait, il a causé au débiteur un préjudice indépendant du retard (ex. :
du fait du paiement tardif, l’assuré a déposé son bilan).
Cas particulier des assurances de responsabilité civile.
A une certaine époque, alignement de l’indemnité d’assurance sur l’indemnité de responsabilité.
Point de départ des intérêts : jour du prononcé du jugement ou de l’arrêt d’appel (sauf si
confirmation pure et simple du jugement de premier instance), sauf si le juge fixait une autre date :
C. civ., art. 1231-7 (anciennement art. 1153-1).
Désormais : jour de la mise en demeure (donc alignement sur les assurances de choses), au moins
quand la dette de l’assureur est liquide à cette date (ex. parce que le plafond par sinistre est atteint) :
Cass. 1re civ., 14 nov. 2001, n°98-19205 : RGDA 2002, p. 175, note J. Kullmann. Intérêt de la
solution : les intérêts moratoires sont hors plafond.
D) Preuve du règlement
E) Affectation de la prestation
Principe : libre affectation.
L’assuré peut ne pas utiliser l’indemnité pour réparer ou reconstruire (incitation aux délocalisations
d’usines après incendie).
Exceptions :
Depuis la réforme du droit des contrats, un fondement possible peut être trouvé dans l’art. 1302-2,
C. civ., mais ce texte offre une option au solvens alors qu’en matière d’assurance, la JP ne permet
de recourt que contre l’accipiens intellectuel.
III. Obligation d’information et de conseil
Distinguer l’information « documentaire » (par le biais des documents d’information : v. supra,
chap. 2) et le devoir d’information et de conseil. La première ne suffit pas pour faire échapper le
débiteur à sa responsabilité.
V., l’admettant tardivement pour un banquier souscripteur d’une assurance de groupe en garantie de
prêt, Cass. ass. plén., 2 mars 2007, n° 06-1526
A) Contenu
Distinction de l’information (porte sur des faits bruts), du conseil (porte sur une action à faire) et de
la mise en garde (porte sur les conséquences négatives d’une action ou d’une inaction).
Ex. 1 (information) : je vous informe que votre police de protection juridique (qui couvre les
différends et les litiges) ne couvre pas vos différends et litiges professionnels.
Ex. 2 (conseil) : je vous conseille telle police de protection juridique qui est la mieux adaptée eu
égard à vos besoins tels que vous me les avez exprimés (souhait d’être couvert pour des litiges vie
privée).
Ex. 3 (mise en garde) : ayant appris que vous exercez maintenant une profession libérale de nature
à entraîner des litiges, je vous mets en garde contre le fait que, sauf si vous faites évoluer votre
police, elle ne couvrira pas ces litiges.
B) Parties à l’obligation
1°Débiteur
Depuis la réforme de la distribution de l’assurance (ord. 16 mai 2018), le débiteur est
principalement le distributeur (C. assur., art. L. 521-4). C’est lui, en effet, qui est l’interlocuteur
naturel de l’assuré. Il doit recueillir les besoins du demandeur et lui proposer un contrat adapté à ces
besoins.
Le distributeur peut être l’assureur lui-même en cas de distribution directe, sans intermédiaire.
Sinon, c’est l’intermédiaire (courtier ou agent général, mais pour l’agent général, l’assureur est
civilement responsable de celui-ci, car il est civilement responsable du fait de ses mandataires : C.
assur., art. L. 511-1 ; il est donc possible d’agir à la fois contre l’agent général et contre l’assureur).
L’assureur pourrait rester débiteur d’un devoir d’information sur le produit, en tant que concepteur
de celui-ci, mais il n’est tenu de rien de plus car il n’est pas l’interlocuteur de l’assuré.
Application à l’assurance « emprunteurs » : quand la banque propose le contrat-groupe souscrit
par elle auprès d’un assureur, c’est elle qui est tenue d’un devoir d’information et de conseil
envers l’emprunteur. L’assureur n’est pas tenu, ni personnellement, ni du fait de la banque :
Cass. 2e civ., 18 avr. 2019, n° 18-11108 : RGDA juin 2019, n° 116q0, p. 40, note L. Mayaux.
B. Parties à l’obligation
2° Créancier
E. Limites
Quelques limites tournant autour de l’idée qu’il faut éviter la surinformation (car trop
d’informations tue l’information).
o Ex.1 : Cass. 3e civ., 6 mars 2002, n° 99-20637 : RGDA 2002, p. 386, note L. Mayaux : «
l’obligation de conseil ne s’applique pas aux faits qui sont de la connaissance de tous ».
o Ex. 2 : pas d’obligation d’informer sur des circonstances qui excèdent le cadre de
l’opération d’assurance (en l’espèce, sur la nécessité d’obtenir un certificat de navigabilité
pour assurer un bateau de plaisance) : Cass. 1re civ., 2 juill. 2002, n° 99-14765 : RGDA
2002, p. 688, note A. Favre Rochex.
Le devoir de conseil doit-il conduire à conseiller les contrats de la concurrence ? En principe non.
V. toutefois, en assurance « emprunteurs », Cass. 2e civ., 23 juin 2016, n° 15-12113 (l’assurance
proposée par la banque ne couvrait pas la perte d’emploi en Suisse).
F) Sanctions
Dommages et intérêts.
Avantage : permet à l’assuré d’obtenir sur le terrain de la responsabilité ce qu’il n’aurait pu obtenir
sur celui de la garantie.
Toutefois, il faudra prouver que si l’information ou le conseil avaient été bons, l’assuré aurait
cherché un autre produit plus « couvrant » en supposant qu’il existe sur le marché (ex. en assurance
« emprunteurs » : quasi-impossibilité de trouver une garantie « invalidité » qui se poursuit après 65
ans).
Conséquence : réparation très souvent limitée à la perte de chance
En fait, assez peu de jurisprudence alors que des milliers de primes sont impayées par jour. Mais les
règles du Code des assurances sont claires et ne prêtent guère à discussion.
Par ailleurs, le contentieux suppose généralement qu’il y ait sinistre, la question étant de savoir s’il
est couvert malgré le non-paiement de la prime. Il y a peu de contentieux sur la prime elle-même
car, sauf pour les risques industriels, son montant est modeste.
Dans cette sous-section, nous allons donc étudier :
o Le régime du paiement (I)
o Les sanctions en cas de non-paiement (II)
I. Le régime du paiement
o Le souscripteur.
o Un mandataire du souscripteur.
o Un autre tiers, qui aurait accepté d’être débiteur (ex. un assuré pour compte qui, par
exception, aurait accepté d’être tenu de la prime).
o Un autre tiers qui, sans être débiteur de la prime (et donc sans pouvoir être assigné en
paiement si la prime n’est pas payée), a accepté contractuellement de se charger du
paiement.
o Un autre tiers qui, sans avec accepté contractuellement de se charger du paiement, a payé
certaines échéances de prime (par exemple, pour éviter une suspension de la garantie qui lui
préjudicie : cas de l’assuré pour compte). Ce paiement est a priori valable (sauf refus
légitime du créancier : C. civ., art. 1342-1).
Enjeu : en cas de non-paiement de la prime, la mise en demeure doit être faite à l’« assuré »
(comprendre : le souscripteur) ou à « la personne chargée du paiement des primes » (C. assur.,
art R. 113-1 qui vise à l’évidence la personne qui est chargée de ce paiement par la police et non
celle qui s’en charge spontanément). Sinon elle est inopérante : v. infra.
Dans les deux cas précédents, le solvens dispose d’un recours contre le débiteur (a priori
subrogatoire : subrogation conventionnelle : C. civ., art. 1346-1, voire légale : C. civ., art. 1346, car
généralement le solvens a un intérêt personnel au paiement).
Quand le tiers a un intérêt personnel au paiement (ex., parce qu’il est assuré pour compte et qu’il
veut éviter la suspension de la garantie), il a tout intérêt à être informé par l’assureur du non-
paiement de la prime par le souscripteur. Cette information peut être prévue par la police,
voire par la loi (cas des assurances en garantie d’un crédit immobilier : C. consom., art. L. 313-33
: l’assureur doit prévenir le prêteur).
B) Date du paiement
Principe : liberté contractuelle (C. assur., art. L. 113-2, 1°).
Prime souvent annuelle. Et la prime annuelle est souvent fractionnée (mensualités par ex.).
Exception (en pratique) : certains contrats de durée ferme (ie sans tacite reconduction). Dans ceux-
ci, la prime n’est pas toujours annuelle. Ex. assurances « emprunteurs » (échéance mensuelle :
prime incluse dans la mensualité de remboursement du prêt).
C) Lieu du paiement
Prime portable : paiement au domicile de l’assureur ou du mandataire désigné par lui à cet effet :
C. assur., art L. 113-3. La solution remonte à une loi du 30 novembre 1966.
Autrefois : exception au droit commun, selon lequel les dettes étaient quérables (donc paiement au
domicile du débiteur : C. civ., art. 1247, anc.). Mais, depuis la réforme du droit des contrats, c’est la
portabilité des dettes est devenue la solution du droit commun (C. civ., art. 1343-4, nouv.).
Enjeu : en pratique, apparemment aucun (car paiement par chèque adressé à l’assureur ou à son
mandataire, ou par virement : donc le souscripteur ne se déplace pas). Mais justifie que le défaut
d’envoi de l’avis d’échéance au souscripteur soit indifférent (et que la mise en demeure soit faite
par lettre recommandée sans exiger d’avis de réception : v. infra). Le souscripteur doit, malgré tout,
payer à l’échéance car, comme la prime est portable, il lui incombe de prendre l’initiative de payer.
D) Modes de paiement
o Par dérogation au droit du chèque, le paiement est censé fait le jour de la remise du
chèque à l’assureur, mais sous condition que le chèque puisse être encaissé par la suite (et
donc qu’il n’y ait pas refus de la banque pour défaut de provision sur le compte). La solution
met l’assuré à l’abri des lenteurs de l’assureur à encaisser le chèque (la garantie ne sera pas
suspendue pour non-paiement dès lors que le chèque a bien été remis à l’assureur).
o Preuve de la remise : remise censée faite à la date figurant sur le chèque, sauf preuve
contraire que la date est plus tardive : Cass. 1re civ., 4 avr. 2001, n° 99-14927 : RGDA
2001, p. 946, note L. Fonlladosa ; Cass. 1re civ., 22 janv. 2002, n° 99-10078, PB : RGDA
2002, p. 394, note M. Bruschi ; Cass. 2e civ., 22 janv. 2004, n° 02-20408 : RGDA 2004, p.
406, note L. Mayaux ; Cass. 2e civ., 22 janv. 2009, n° 08-10682 : RGDA 2009, p. 483, note
S. Abravanel-Jolly.
Illustration : pour plusieurs primes annuelles non acquittées qu’il faut regarder comme des dettes
distinctes : Cass. 1re civ., 6 oct. 1993, n° 90-16493 : RGAT 1994, p. 104, note L. Mayaux.
II. Sanction en cas de non-paiement
Droit commun des obligations : action en paiement de la prime (sauf en assurance-vie où pas
d’action : art. L. 132-20).
Mais action en paiement coûteuse pour l’assureur (car frais de procès).
Existence d’une procédure spécifique : mise en demeure suivie d’une suspension de la
garantie et d’une résiliation du contrat (C. assur., art. L. 113-3).
1° Suspension de la garantie
C’est l’effet principal de la mise en demeure.
Suspension effective passés trente jours :
o Avant l’expiration du délai, garantie due, mais l’arriéré de prime reste dû.
o Après l’expiration du délai, arriéré de prime reste dû, mais garantie non due. Problème
pour les risques composites (notamment assurance de responsabilité civile). Si fait
générateur avant la suspension de la garantie et réclamation pendant la période
subséquente suivant cette suspension, la garantie est due : Cass. 2e civ., 12 déc. 2019, n°
18-12762, PBI, RGDA févr. 2020, p. 41, note J. Kullmann.
2° Reprise de la garantie
o Par le paiement de l’arriéré de prime par le souscripteur (la garantie reprend le
lendemain à midi du jour du paiement (donc importance de déterminer ce jour en cas de
paiement par chèque : v. supra) : C. assur., art. L. 113-3.
o Par la renonciation (y compris tacite) de l’assureur à la suspension. Jurisprudence assez
stricte : Cass. 1re civ., 3 mars 1987 : RGAT 1987, p. 468, note J. Kullmann (désignation
d’expert par l’assureur est regardée comme équivoque, donc pas renonciation).
o Par l’arrivée de l’échéance suivante (mais pas de la fraction de prime suivante, quand
prime fractionnée) : C. assur., art. L. 113-3. Quand l’échéance est arrivée, il faudra de
nouveau mettre en demeure l’assuré (10 jours minimum après l’échéance) pour que la
garantie soit de nouveau suspendue passés 30 jours.
3° Résiliation du contrat
a) Conditions
Forme : plus rien de prévu dans le code. Une lettre recommandée est-elle toujours nécessaire
comme à l’époque de l’ancien art. R. 113-2, C. assur. ? Elle est en tout cas conseillée.
Délai : lettre adressée au plus tôt 10 jours après l’expiration du délai de 30 jours à l’expiration
duquel la garantie a été suspendue (donc 40 jours au plus tôt après la mise en demeure.
Possibilité aussi d’une seule lettre recommandée valant mise en demeure passés trente jours et
résiliation passés quarante jours.
b) Effets
Contrat anéanti, mais l’arriéré de prime reste dû.
Possibilité de renonciation (y compris tacite) à la résiliation de la part de l’assureur. Mais ne peut
résulter de l’encaissement de l’arriéré de prime, lequel est équivoque car cet arriéré est toujours dû.
A) Déclaration initiale
Avant la loi n°89-1014 du 31 déc. 1989, système du questionnaire ouvert (ou de la « déclaration
spontanée ») : outre d’avoir à répondre aux questions, l’assuré devait déclarer toutes les
circonstances connues de lui de nature à influer sur l’appréciation du risque par l’assureur (art. L.
113-2, 2° ancien).
Après la loi n° 89-1014, 31 déc. 1989, système du questionnaire fermé (ou de la « déclaration
provoquée »). L’assuré est tenu de répondre exactement aux questions posées par l’assureur,
notamment dans le formulaire de risque, par lequel l’assureur l’interroge sur les
circonstances qui sont de nature à faire apprécier par l’assureur les risque qu’il prend en
charge (art. L. 113-2, 2° nouveau).
Mais certaines réponses, pour être justes, impliquent des révélations. Ex. question sur le nombre de
points sur un permis de conduire, implique révélation de son retrait a contrario, Cass. 2e civ., 13
déc. 2018, n° 17-28093 , PB : RGDA févr. 2019, p. 14, note A. Pélissier.
Existence de questions :
o Exclut toutes les assurances sans questionnaire (qui sont nombreuses, spécialement en
risques d’entreprise : cas où l’assureur pense connaître suffisamment le risque par lui-
même). Si pas de question, pas d’obligation de répondre.
o Problème des déclarations prérédigées dans la police. Validées par la deuxième chambre
civile. Condamnées par la chambre criminelle. Finalement condamnées par Cass. ch.
mixte, 7 févr. 2014, n° 12-85107, RGDA 2014, p. 196.
II. Sanction
o Réponse omise ou inexacte à une question posée par l’assureur, ou fausse déclaration
spontanée (spécialement pour minimiser la prime).
o Intentionnalité : fausse déclaration ou omission dans le but de nuire à l’assureur. Preuve à
la charge de l’assureur. Parfois celui-ci se heurte au secret médical. Mais la JP admet que
l’assuré puisse renoncer par avance, dans la police, au secret médical. Elle admet aussi que
si l’assuré (ou sa famille) s’oppose à la remise du dossier médical au médecin-expert
désigné par le juge, celui-ci peut en tirer toutes conséquences quant à la preuve s’il estime
que ce refus n’est pas légitime.
Influence sur l’opinion du risque par l’assureur :
Cas où l’assureur connaissait la circonstance faussement déclarée (par exemple en s’étant livré à
une inspection de risque). Connaissance par lui-même ou par un de ses mandataires (par exemple un
agent général, ou un courtier qui serait exceptionnellement bénéficiaire d’un mandat de
souscription). Si le mandataire connaissait la fausse déclaration, voire a incité l’assuré à la faire,
l’assureur devra payer, mais il pourra agir en responsabilité contre le mandataire.
Si, en revanche, l’intermédiaire n’est pas le mandataire de l’assureur mais de l’assuré, auquel il
conseillerait de faire une fausse déclaration, la nullité est encourue, mais l’assuré pourrait agir en
responsabilité contre l’intermédiaire pour mauvais conseil.
Cas où l’assureur était censé connaître la circonstance faussement déclarée (car circonstance connue
notoirement : ex. pratique d’un sport dangereux par une célébrité : jurisprudence Didier Pironi :
Cass. 1re civ., 2 mars 1994, n° 91-10282 : RGAT 1994, p. 469, note R. Maurice) : pas de nullité.
Peu importe si pas de lien avec le sinistre, la nullité est quand même encourue. Ex. la fausse
déclaration sur l’état de santé pour une garantie « décès » peut entraîner la nullité du contrat, quand
bien même l’assuré serait décédé dans un accident.
b) Effet de la nullité
a) Avant sinistre
Maintien du contrat avec augmentation de la prime (ou même avec prime inchangée
si l’assureur considère que l’aggravation du risque lui est indifférente)
Résiliation du contrat par l’assureur.
A) L’objet de la déclaration
Art. L. 113-2, 4°, C. assur. : l’assuré doit « donner avis dès qu’il en a eu connaissance et au plus
tard dans le délai fixé par le contrat de tout sinistre de nature à entraîner la garantie de
l’assureur ».
On est donc assez en amont.
Application en assurance de responsabilité civile : l’assuré doit faire une déclaration à son
assureur dès lors qu’une réclamation de la victime est inéluctable.
Si l’on est encore plus en amont, le contrat peut prévoir une déclaration « pour ordre » (dite
parfois « déclaration de circonstances ») quand le sinistre est probable, sans être inéluctable. Mais il
s’agit d’une obligation contractuelle, qui doit donc être prévue par la police (v. infra, II). Et elle ne
dispense pas ultérieurement l’assuré de déclarer le sinistre (sous la sanction éventuelle de la
déchéance : v. infra).
B) Régime
Débiteur : le souscripteur ou son représentant. L’assuré pour compte pourrait déclarer le
sinistre (pour échapper aux conséquences d’une déclaration tardive par le souscripteur), mais
il n’est pas tenu de le faire.
Créancier : l’assureur ou son représentant. Si elle est faite à un courtier qui n’aurait pas reçu de
mandat spécial de gestion des sinistres de la part de l’assureur, et si ce courtier ne transmet pas
ponctuellement la déclaration à l’assureur, celui-ci pourrait soulever la déchéance (mais le
souscripteur pourrait alors agir en responsabilité contre le courtier).
Délai : fixé par la police, mais ne peut être inférieur à cinq jours ouvrés (ramené à deux jours
ouvrés en cas de vol et à 24 h en cas de mortalité du bétail) : art. L. 113-2, 4°. Point de départ
(logique) : la connaissance du sinistre par le souscripteur et pas le sinistre lui-même.
Forme : aucune forme particulière. On peut déclarer par téléphone ou par mail, mais il est utile de
réitérer la déclaration par lettre recommandée avec accusé de réception pour se réserver la preuve
que la déclaration a bien été faite dans le délai.
Preuve. Principe : la charge de la preuve pèse sur le souscripteur. Mais si l’assureur reconnaît qu’il
a bien reçu la déclaration, mais qu’elle est tardive, il doit prouver sa tardivité.
III. Sanctions
A) Dommages et intérêts
Application des règles de la responsabilité contractuelle :
Nécessité d’un préjudice pour l’assureur.
Dommages et intérêts limités au montant de ce préjudice.
B) Déchéance
1° Notion de déchéance
Perte totale ou partielle d’un droit comme sanction du non-respect d’une obligation par le
titulaire de ce droit de ce droit.
Donc la déchéance n’est pas une clause pénale. A priori, elle ne stipule donc pas une indemnité
d’un montant manifestement disproportionné au sens de l’article R. 212-2, 3°, C. consom. (« liste
grise » des clauses présumées abusives sauf preuve contraire)
La déchéance paraît donc pouvoir échapper à la qualification de clause abusive au sens du Code de
la consommation. Mais elle reste menacée d’être déclarée abusive sur le fondement de l’article L.
212-1 du même code, en tant que clause introduisant un déséquilibre significatif entre les droits et
obligations des parties (notamment parce que contractuellement, la déchéance ne sanctionne que les
manquements de l’assuré et pas ceux de l’assureur).
2° domaine de la déchéance
o Principe : les parties peuvent librement stipuler une déchéance sauf quand elle est interdite
par la loi : Cass. 1re civ., 2 juill. 1996, n° 94-15294 : RGDA 1997, p. 106, note J.
Kullmann.
o Conséquence : les déchéances peuvent concerner des fautes commises avant ou après
sinistre :
a) Avant sinistre
Ex. légal : déchéance pour déclaration tardive des aggravations de risque (C. assur., art. L. 113-2).
Contra, pour certains auteurs, il ne pourrait y avoir déchéance faut d’identifier le droit dont l’assuré
serait privé. Mais l’objection tombe si l’on estime qu’avant tout sinistre, l’assureur est tenu d’une
obligation de couverture, ce qui revient à dire que l’assuré est titulaire d’un droit à couverture.
Rapprocher la suspension de la garantie pour non-paiement des primes, qui intervient
indépendamment de tout sinistre et qui est proche d’une déchéance provisoire.
b) Après sinistre
Ex. légal : déchéance pour déclaration tardive du sinistre
Autres exemples : déchéance pour surévaluation des pertes, pour non-accomplissement d’une
mesure de sauvetage.
Exceptions : les déchéances interdites :
C. assur., art. L. 113-11, notamment déchéance pour violation des lois et des règlements, sauf quand
cette violation constitue un crime ou un délit intentionnel, déchéance pour non-communication de
pièces aux autorités.
C. assur., art. L. 113-17, al. 2 : pas de déchéance quand l’assuré s’est immiscé dans la direction du
procès que s’était réservé l’assureur, s’il l’assuré avait intérêt à le faire.
3° Conditions de la déchéance
a) Conditions générales
Existence d’une clause dans le contrat. La déchéance est nécessairement une sanction
contractuelle.
Ex. Cass. 2e civ., 5 mars 2015, n° 13-14364 : RGDA 2015, p. 193, note critique J. Kullmann.
L’annotateur critique l’arrêt car celui-ci fait la part belle à la fraude de l’assuré qui, en l’absence de
clause, ne sera pas sanctionnée en tant que telle. Le fraudeur percevra de l’assureur la même
indemnité que le non-fraudeur.
Clause rédigée en caractères très apparents, à peine de nullité (C. assur., art. L. 112-4).
Inexécution d’une obligation imputable à l’assuré
Donc quand force majeure, pas de déchéance (v., pour les déchéances pour déclaration tardive du
sinistre ou des aggravations de risque : C. assur., art. L. 113-2, avant dern. al., mais la solution peut
être étendue à tous cas de déchéance).
b) Conditions particulières
Existence d’un préjudice pour l’assureur : réservé aux déchéances pour déclaration tardive du
sinistre ou des aggravations de risque (C. assur., art. L. 113-2, avant dern. al.).
Extension aux autres cas de déchéance pas souhaitable car cette condition dénature la
déchéance qui est avant tout une sanction. De toute manière, cette condition aboutit au
système du tout ou rien (pas de déchéance si pas de préjudice, déchéance a priori totale si
préjudice, même minime) qui ne peut satisfaire l’équité quand la faute de l’assuré est très
légère.
4° effets de la déchéance
o Perte du droit à couverture (en cas de faute commise par l’assuré avant le sinistre) ou du
droit au règlement (en cas de faute commise par l’assuré après le sinistre).
o Perte totale ou partielle : tout dépend de ce que prévoit la police.
o Pour la perte du droit à couverture, plutôt suspension, donc perte temporaire. Si l’assuré se
décide, par exemple, à accomplir la mesure de prévention, la garantie reprendra.
o Quand la faute est commise après sinistre, la déchéance est inopposable à la victime en
assurances de responsabilité : C. assur., art. R. 124-1.
Explication : le droit d’action directe de la victime contre l’assureur du responsable naît du
jour du sinistre. Il ne peut être remis en cause par une faute postérieure.