Vous êtes sur la page 1sur 66

Contrat spécifique N° 2008/ 155540 – Version 1

Contrat Cadre EuropeAid : 119860/C/SV/multi


Lot 11
Macro économie, finances publiques et aspects
réglementaires

Etude pilote sur la lutte contre


les pratiques
anticoncurrentielles en Afrique
Centrale – le cas des télécoms

Rapport final
Partie I : Résumé Exécutif et Rapport de Synthèse

Juin 2009

Assistance technique réalisée par ADE en


collaboration avec TDI
Contrat spécifique N° 2008/ 155540– Version 1

Contrat Cadre EuropeAid : 119860/C/SV/multi


Lot 11
Macro économie, finances publiques et aspects
réglementaires

Etude pilote sur la lutte contre


les pratiques
anticoncurrentielles en Afriques
Centrale – le cas des télécoms

Rapport final
Partie I : Résumé Exécutif et Rapport de Synthèse

Juin 2009

ADE s.a.
Rue de Clairvaux, 40
B-1348 Louvain-la-Neuve
Belgium Assistance technique réalisée par ADE en
Tel.: +32 10 45 45 10 collaboration avec TDI
Fax: +32 10 45 40 99
E-mail: ade@ade.be
Web: www.ade.be
«Ce rapport a été réalisé avec l'aide de
la Commission Européenne. Le contenu de
ce rapport relève de la seule responsabilité
de ADE - TDI et ne peut en aucun cas être
considéré comme reflétant la position de la
Commission Européenne.»
ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES


PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES EN AFRIQUE
CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS

Cette étude comprend trois parties :

Partie I : Résumé Exécutif et Rapport de Synthèse

Partie II : Rapports Pays ; Cameroun, Gabon, Guinée Equatoriale,


Rép Centrafricaine, Rép du Congo, Sao Tome et Principe et Tchad

Partie III : Les Lois et Règlements fondamentaux aux niveaux


national, régional (CEMAC) et mondial (OMC).
ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Remerciements

Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à nous aider dans notre travail. Ces remerciements vont en particulier
aux Ministres, Secrétaires d’Etat et hauts fonctionnaires ainsi qu’aux dirigeants et
responsables de sociétés, ainsi qu’aux dirigeants de Chambres de Commerce, de Syndicats
patronaux et d’Associations de défense des consommateurs, dont les noms sont cités en
annexe de tous les Rapports Pays contenus dans la Partie II de cette étude, pour leur
aimable hospitalité lors de nos entretiens.

Nous tenons également à remercier chaleureusement les Représentants résidents de


la CEMAC, en particulier Messieurs Adoum Gock, Placide Alfred Iloki, Jovin Ange
Iwangu et Silvano Mba Ekiri, pour leur excellente assistance logistique sans laquelle notre
étude n’aurait pas été possible. Enfin, nous aimerions également remercier tout
particulièrement Juliette Engoué, Isidore Embola ainsi que Jean-François et Line Pochon,
pour leur soutien et gentillesse à notre égard tout au long de notre travail.
ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

TABLE DE MATIERES

RESUME EXECUTIF
GLOSSAIRE DES TERMES ET SIGLES UTILISES DANS CE RAPPORT
I INTRODUCTION .............................................................................................1
1. L’IMPORTANCE DU SECTEUR POUR L’ÉCONOMIE ET LE DÉVELOPPEMENT. ............. 1
2. LES RÈGLES DE L’OMC CONCERNANT LES SERVICES DE
TÉLÉCOMMUNICATIONS DE BASE .................................................................................... 2
3. LES RÈGLEMENTS ET DIRECTIVES DE LA CEMAC EN MATIÈRE
DE TÉLÉCOMMUNICATIONS ............................................................................................. 5
4. L’OBJET DE LA PRÉSENTE ÉTUDE .................................................................................... 7
II HISTORIQUE ................................................................................................... 9
1. LA BAISSE DES PRIX DEPUIS L’OUVERTURE DES MARCHÉS À LA CONCURRENCE ....10
2. TENDANCES ET PERSPECTIVES DANS LES TÉLÉCOMS MONDIALES ..........................10
III VUE GENERALE DES TELECOMS DANS LA SOUS-REGION:
L’INFRASTRUCTURE.................................................................................... 13
IV LE CADRE JURIDIQUE COMPARE ............................................................. 15
1. LE DROIT DE LA CONCURRENCE ...................................................................................15
2. LES LOIS PORTANT RÉGULATION DES TÉLÉCOMS ......................................................15
V LE CADRE INSTITUTIONNEL COMPARE ............................................... 19
1. LA COMMISSION DE LA CONCURRENCE .......................................................................19
2. L’AGENCE DE RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ........................................19
VI LE MARCHE DES TELECOMMUNICATIONS ......................................... 23
1. LA TÉLÉPHONIE FIXE ......................................................................................................23
2. LES OPÉRATEURS DE TÉLÉPHONIE MOBILE.................................................................24
3. LES GRANDS GROUPES DE TÉLÉCOMS ..........................................................................25
4. LE MARCHÉ DU TRAFIC INTERNATIONAL.....................................................................26
5. LE MARCHÉ DES ACCÈS À INTERNET ...........................................................................27
6. LE MARCHÉ DES SERVICES INTERNET ..........................................................................27
7. LES DIVERS SOUS-SEGMENTS .........................................................................................27
7.1 La revente de trafic .....................................................................................................27
7.2 Le marché des installateurs privés ............................................................................27
7.3 Le marché de la vente des terminaux ......................................................................28
VII LES PLANS TARIFAIRES COMPARES ...................................................... 29
1. PLAN TARIFAIRE DANS LES RÉSEAUX FIXES DE LA SOUS-RÉGION ............................30
2. PLAN TARIFAIRE DANS LES RÉSEAUX DE TÉLÉPHONIE MOBILE
DE LA SOUS-RÉGION ........................................................................................................30
3. LES TARIFS D’INTERCONNEXION ..................................................................................31

Rapport final – Juin 2009 Table des matières


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

VIII LES USAGERS ............................................................................................ 33


IX PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES ............................................... 35
1. LE MONOPOLE .................................................................................................................35
2. SUSPICIONS D’ENTENTES................................................................................................36
3. ABUS DE POSITION DOMINANTE ...................................................................................36
4. REFUS DE VENTE .............................................................................................................38
5. VENTES À PERTE ..............................................................................................................38
6. FUSIONS ET ACQUISITIONS .............................................................................................38
7. CONCURRENCE DÉLOYALE ............................................................................................38
7.1 La publicité «agressive» ..............................................................................................39
7.2 L’usage de jeux et de tombolas .................................................................................39
7.3 La publicité mensongère ou déloyale.......................................................................39
7.4 Les erreurs de facturation ..........................................................................................39
7.5 La non-obtention de Licence par des opérateurs actifs ........................................39
7.6 Des passe-droits et de la fraude ? .............................................................................40
7.7 Les interférences au-delà de la frontière .................................................................40
X CONCLUSIONS & RECOMMANDATIONS ................................................ 41

Rapport final – Juin 2009 Table des matières


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

RESUME EXECUTIF

La présente étude a pour objectif d’appréhender les dysfonctionnements de nature


à fausser le libre jeu de la concurrence dans le secteur des télécommunications, en vue
d’améliorer l’efficacité de la régulation des activités sur les marchés des biens et services de
l’Union ».

L’étude comprend trois parties distinctes : la Partie I, qui contient le Résumé


exécutif et le Rapport de Synthèse ; la Partie II, qui contient les Rapports des pays étudiés, à
savoir le Cameroun, le Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la
République du Congo, Sao Tome et Principe et le Tchad. Enfin, la Partie III de l’étude,
contient les textes de lois et les décrets nationaux, ainsi que les textes de la CEMAC et de
l’OMC relatifs au secteur étudié.

Pour mémoire, l’objectif global de cette étude est «d’approfondir la connaissance du


fonctionnement du marché intérieur de l’Union dans le secteur des télécommunications,
dans l’optique d’une meilleure application des règles communes de concurrence et de
l’harmonisation des politiques commerciales au titre de la construction du Marché
Commun »1. Dans ce but, les deux experts mandatés par la CEMAC se sont rendus dans
les sept pays de la sous-région, à savoir, les Etats-membres de la CEMAC, le Cameroun, le
Gabon, la Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République du Congo et le
Tchad ; ainsi que Sao Tome et Principe, pour rencontrer les principaux acteurs des
télécommunications dans tous ces pays, à savoir les ministères chargés de l’économie, du
commerce et/ou des finances et la Direction générale de la Concurrence et de la
Consommation ainsi que la Commission de la Concurrence dans les pays ou elles existent,
les ministères en charge des télécommunications et les agences de régulation des télécoms,
les opérateurs historiques et les opérateurs de téléphonie mobile, les représentants du
patronat et des PME, ainsi que les représentants des associations des consommateurs dans
les pays où elles existent.

Sur la base de ces enquêtes et interviews à haut-niveau, les consultants se sont


attachés à dresser, pour chaque pays, un tableau aussi précis que possible du cadre juridique
régulant la concurrence et la protection des consommateurs d’une part, et les lois et décrets
portant réglementation des télécommunications de l’autre, pour souligner en particulier les
différents régimes de permis d’exploitation de services de télécommunications, la mesure
dans laquelle la loi se fonde sur des principes de concurrence, comment elle réglemente la
question de l’interconnexion entre les divers réseaux concurrents, ainsi que la
réglementation du service universel.

L’étude se poursuit par une revue des divers cadres institutionnels concernant la
concurrence d’une part et les télécommunications, de l’autre. Pour ces derniers l’étude
analyse l’agence de régulation des télécommunications dans chaque pays en examinant
brièvement ses attributions, son cadre administratif, son budget et son degré d’autonomie

1 Termes de référence de l’étude.

Rapport final –Juin 2009 Page i


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

par rapport au pouvoir politique et par rapport aux opérateurs. Le cœur de l’étude se
concentre sur la description du marché des télécommunications, en passant en revue les
principaux opérateurs, leur part de marché respective, les différents segments de marché en
commençant par la téléphonie fixe, les opérateurs mobiles, le segment des communications
internationales, l’accès et le service Internet, et les multiples sous-segments de marché que
sont la revente de trafic, les installateurs privés et la vente de terminaux.

Le chapitre suivant examine les plans tarifaires, à savoir le prix des communications
nationales et internationales, à l’intérieur d’un même réseau ou hors réseau, c’est-à-dire en
passant d’un opérateur à un autre pour une même communication, les tarifs
d’interconnexion dans les différents pays et les tarifs Internet. Enfin, l’étude se penche sur
l’opinion et les éventuelles doléances des utilisateurs de services de télécommunications ; à
commencer par le patronat des grandes entreprises, le point de vue des PME et enfin, celui
des associations de consommateurs, sur la qualité et les prix des différents services dans le
secteur.

Avant de conclure, l’étude analyse les diverses pratiques anticoncurrentielles


potentielles observées ou dénoncées par les utilisateurs, étant entendu qu’une telle étude
n’est pas habilitée pour pouvoir apporter les preuves de l’existence de telles pratiques, étant
donné que seuls les membres de la Direction générale de la concurrence ou de la
Commission de la concurrence d’un pays, si elle existe, sont habilités à amener de telles
preuves et à exercer des sanctions. La présente étude, par conséquent, se borne à suggérer,
là où cela parait possible ou probable, l’existence potentielle de certaines pratiques
anticoncurrentielles, comme des ententes de fixation de prix, des abus de position
dominante ou des pratiques de concurrence déloyale, étant entendu que ces dernières ne
sont pas forcément des pratiques nuisant à la concurrence comme telle.

En conclusion, l’étude passe en revue les diverses caractéristiques de chacun des


pays examinés en matière de concurrence dans le secteur des télécommunications et
propose un certain nombre de recommandations à l’intention du pays examiné. Les
conclusions et recommandations du Rapport de Synthèse sont brièvement reproduites ci-
dessous.

Tous les pays étudiés ont maintenant procédé à l’ouverture de leur marché des
télécommunications. Bien que seuls le Cameroun et le Gabon aient adopté une loi générale
sur la concurrence, appliquée au Gabon par la DGCC et au Cameroun par la Commission
Nationale de la Concurrence dont les débuts sont difficiles, faute de ressources humaines et
financières suffisantes, tous les pays de la sous-région sans exception, se sont dotés de lois
modernes portant régulation des télécommunications et ont mis sur pieds une autorité de
régulation du secteur, à l’exception de la République du Congo qui est en passe de le faire.

Un des critères essentiels adoptés par tous les pays dans la réforme de leurs
télécommunications est celui de l’indépendance de l’autorité de régulation. Toutes les lois
de la sous-région donnent à l’autorité de régulation une autonomie juridique et financière.
Toutefois, la plupart de ces lois précisent dans l’Article qui suit que l’autorité est placée
sous la tutelle du ministère. De plus, dans la pratique jusqu’à présent tout au moins, il
semble que ces autorités aient été gérées en étroite collaboration avec le ministère. Qui plus

Rapport final –Juin 2009 Page ii


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

est, dans la plupart des pays étudiés, les grandes décisions, à savoir l’attribution d’une
licence ou d’une concession échappent totalement à l’autorité de régulation et c’est le
ministère ou le Conseil des Ministres ou même la Présidence qui prend la décision finale.
Cependant, l’indépendance est essentielle pour la crédibilité de l’autorité de régulation, qui
est chargée par ailleurs d’arbitrer les conflits éventuels, par exemple lors des négociations
de tarifs d’interconnexion entre les opérateurs existants et le ou les nouveaux venus. Il en
va de même lorsque cette même autorité est chargée par la loi d’appliquer les règles de
concurrence. A ce propos, il convient de noter la difficulté qu’éprouvent la plupart des
autorités de régulation à appliquer des règles dont les critères spécifiques n’ont pas été
spécifiés ni dans la loi, ni dans un décret d’application.

L’examen comparatif des plans tarifaires, tant des opérateurs du fixe que du mobile
laisse apparaître clairement un lien avec l’existence ou non de concurrence effective sur les
différents marchés. A part les monopoles, où nous avons immanquablement détecté des
anomalies de prix en ce sens que les tarifs des communications nationales fixes étaient
souvent avantagés par des subventions croisées avec les tarifs exagérés du mobile ou du
trafic international, il est apparu que les duopoles, là où ils existent, laissant planer des
soupçons d’ententes explicites ou tout au moins tacites.

Dans les trois pays de la sous-région ayant (ou ayant eu) des duopoles de la
téléphonie mobile (Cameroun, Tchad et République du Congo jusqu’à l’arrivée récente de
l’opérateur mobile WARID), on a pu constater des indices potentiels d’entente. Par ailleurs,
au niveau des tarifs, il est clair que ceux-ci sont plus élevés que dans les pays de la sous-
région bénéficiant d’une forte concurrence comme en République Centrafricaine et au
Gabon et maintenant en République du Congo, depuis l’arrivée du troisième opérateur.

La stratégie des opérateurs dominants est aussi clairement documentée par l’étude
de la sous-région. La plupart des opérateurs ayant à leur actif un réseau important ont en
premier lieu tout au moins, refusé d’accepter l’interconnexion avec le ou les nouveaux
venus. Lorsque la loi l’y oblige, l’opérateur dominant a négocié avec réticence des tarifs
d’interconnexion exagérés. Le rôle de l’autorité ou agence de régulation est essentiel à ce
sujet. Il doit être perçu comme impartial par les différentes parties, mais il doit aussi s’y
connaître et ne pas laisser passer des tarifs d’interconnexion exagérés. Par ailleurs, lorsque
l’opérateur dominant se sent assez confortable pour ne pas voir sa part de marché diminuer
malgré qu’il impose un prix plus élevé que son principal concurrent, on peut se demander
si la concurrence est véritablement « saine » ou « effective » sur ce marché.

Enfin, l’étude démontre que lorsque l’on assiste à l’entrée d’un nouvel opérateur, ce
dernier fait des efforts de promotion et de tarification pour prendre une part de marché et
qu’à ce moment, le ou les concurrents installés avant lui s’arrangent pour baisser leurs prix
et améliorer leurs offres envers la clientèle. Il faut noter toutefois que lorsque le nouveau
venu a trouvé un point d’équilibre, c'est-à-dire une part de marché acceptable, qu’il juge
suffisante pour un temps, les tarifs risquent d’arrêter de baisser, voire même de remonter.
Sur la base de ces constatations, le rapport conclut sur les recommandations générales
suivantes, étant entendu que les recommandations spécifiques à chacun des pays de la sous-
région sont contenus en conclusion de chacun des Rapports Pays.

Rapport final –Juin 2009 Page iii


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

- Les pays qui ne l’ont pas encore fait, devraient s’intéresser à élaborer un projet de
loi générale sur la concurrence, prévoyant la création d’une autorité de la concurrence
disposant de pouvoirs étendus et des moyens de sa politique. Une telle autorité (par
exemple Commission de la Concurrence) devrait autant que possible être indépendante du
pouvoir politique.

- Les organisations internationales comme la CNUCED, l’OCDE ainsi que la


CEMAC elle-même, disposent de services d’assistance technique et de formation des
capacités susceptibles sur demande d’épauler les Etats qui s’intéressent à développer un
droit national de la concurrence.
- Une fois la loi générale sur la concurrence adoptée, l’Etat devrait s’assurer que
l’autorité de la concurrence créée par la loi soit établie dans les plus brefs délais et qu’elle
soit opérationnelle sur tous les secteurs-clés de l’économie nationale.

- Une fois que tous les pays de la sous-région disposeront d’une autorité ou agence
de régulation des télécommunications (la Rép du Congo est sur le point de le faire), ils
devraient s’atteler à rendre cet organisme réellement autonome et indépendant des
pouvoirs politiques, afin de lui donner toute la crédibilité nécessaire en tant qu’autorité
impartiale, non-discriminatoire et dont les décisions seront pleinement transparentes, c’est-
à-dire publiées et expliquées au grand public. Cela correspond aux principes de
transparence, d’objectivité et d’égalité de traitement énoncés dans les directives de la
CEMAC.

- Les autorités de régulation devraient être formées en matière de concurrence, avec


l’appui de l’autorité nationale de la concurrence. Le législateur devrait spécifier ce qu’il
entend par « concurrence effective » ou « saine » d’une part, et ce qu’il entend par
« concurrence loyale » de l’autre, afin d’assurer une application correcte de la loi.

- Les responsabilités des deux autorités, la commission de la concurrence et celle de


régulation des télécoms en matière de concurrence devraient être précisées, ainsi que la
répartition des tâches entre ces deux organismes.

- Enfin, tous les Etats de la sous-région devraient promouvoir la protection des


consommateurs et adopter une loi sur la protection des consommateurs.

- Au niveau de la CEMAC, les Etats-membres devraient s’engager à notifier au


Comité Technique de Régulation tous les changements importants intervenus au niveau
des télécoms nationaux (Lois, décrets, Décisions, Appels d’offres, etc.), la CEMAC étant
tenue de tenir à jour un registre complet des informations notifiées et qui soit librement
accessible par le public, dans un souci de transparence et d’équité.

Rapport final –Juin 2009 Page iv


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

GLOSSAIRE DES TERMES ET SIGLES


UTILISES DANS CE RAPPORT

ACP Pays-membres de l’association Asie, Caraïbes et Pacifique.


AGER Agencia Geral de Regulação (Sao Tome & Principe).
ARCEP Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes. Autorité
qui a remplacé l’ART en France.
AUTORISATION Il s’agit d’un titre (licence, contrat de concession, agrément ou autres
autorisations) délivré par un Etat, qui confère à un opérateur un certain nombre de droits
et obligations ;
BBC British Broadcasting Corporation; la radio officielle du Royaume-Uni
BIT La plus petite unité d’information transmise en téléphonie exprimée par l’utilisation
du système binaire; ainsi tout multiple de bits sont des puissances de deux; c’est ainsi qu’un
kilobit est égal à 1024bits et un mégabit à 1048576 bits. La vitesse de transmission est
exprimée en bits par seconde : bit/s ou Bps.
BIT/S ou Bps La vitesse de transmission de la voix ou des données exprimée en quantité
d’unités d’information transmises par seconde.
BLR Boucle locale radio.
BSC (Base Station Controller) : contrôleur de station de base son rôle est de commander
un certain nombre de BTS
BTS (Base Transceiver Station) : un BTS a pour rôles : d’activer et de désactiver les canaux
radio, codage canal, chiffrement des trames, démodulation, modulation et décodage du
signal radio, contrôle de la liaison etc.
CABLE La transmission des signaux radioélectriques utilisés dans les télécommunications
peut se faire par câble, ou par transmission sans fil.
CALL-BOX cabine téléphonique privée ouverte au public dans les pays en
développement.
CAPACITE D’UN RESEAU le nombre maximum d’appels simultanés que peut servir
un réseau donné.
CDMA (Code Division Multiple Access); aussi connu comme spectre à large bande, les
systèmes cellulaires CDMA utilisent une bande de fréquence unique pour tout le trafic de
téléphonie mobile.
CEMAC Commission économique et monétaire de l’Afrique centrale
CNC Commission Nationale de la Concurrence (Cameroun).
CNUCED Conférence des Nations Unies pour le Commerce et le Développement.
COMCO Commission de la Concurrence (Suisse).
DGCC Direction générale de la Concurrence et de la Consommation (Gabon).
DGCCRF Direction générale de la Consommation, de la Concurrence et de la Répression
des Fraudes (Rép. du Congo).
DGCPC Direction générale de la Concurrence, des Prix et de la Consommation (Rép.
Centrafricaine)
DUOPOLE Marché occupé par deux opérateurs.
ENTENTE Accord de fixation de prix et/ou de partage de marché entre fournisseurs
d’un même service, aussi appelé « cartel ».

Rapport final –Juin 2009 Glossaire


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

FIBRE-OPTIQUE Câble de fibre de verre, utilisé pour la transmission des données


permettant un débit très élevé par rapport au câble traditionnel en cuivre.
FIXE-MOBILE Appareil mobile, de rayon d’action limité (20 à 50 Km) relié à un central
téléphonique fixe.
GATEWAY Equipement téléphonique permettant d’acheminer le trafic international, aussi
appelé « passerelle » en français.
GMPCS Un système permettant d’établir des communications nationales et internationales
à partir des terminaux et en relation avec des satellites.
GPRS (General Package Radio Service) est un service de données sans-fil couramment
utilisé, offert par la plupart des réseaux mobiles. Cela permet aux usagers du mobile
d’obtenir les services E-mail, Internet, etc. sur leur portable.
GSM (Global System for Mobile Communications) est une technologie cellulaire utilisée
pour transmettre la voix et les données en téléphonie mobile. La téléphonie mobile GSM
opère sur les fréquences 900 et 1800MHz en Europe et dans la sous-région d’Afrique
couverte par ce rapport. ICASA (Independent Communications Authority of South Africa)
L’autorité de régulation des télécoms de l’Afrique du Sud.
INTERCONNEXION Passage du trafic de télécommunications d’un réseau à un autre.
IP (Internet Provider) Technologie permettant de fournir les services Internet. Derrière
les équipements IP on peut ajouter des équipements spéciaux permettant aussi de
transmettre la voix (VoIP).
Kbits/s ou Kbps La vitesse de transmission de la voix ou des données exprimée en
milliers d’unités d’information transmises par seconde.
MONOPOLE Marché sur lequel opère un seul fournisseur, en exclusivité.
MMS technologie qui permet d’envoyer et recevoir sur son téléphone portable des
messages multimédia pouvant contenir simultanément du texte, des photos, des images
couleurs et du son.
OHADA Organisation pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires.
OMC Organisation mondiale du commerce.
OPERATEUR TELECOM Entreprise offrant des services de téléphonie ouverts au
public.
PASSERELLE UNIQUE (GATEWAY)
PIB Produit intérieur brut.
PMA Pays les moins avancés. Parmi les pays membres de la CEMAC, le Cameroun, le
Gabon et la République du Congo (Brazzaville) n’en font pas partie.
POSITION DOMINANTE Entreprise ayant une grande part de marché ou possédant
une facilité essentielle lui permettant de fixer un prix élevé sans se soucier de la réaction de
ses concurrents.
RTC Réseau téléphonique commuté. Il s’agit du téléphone traditionnel.
SADC Southern African Development Community; la Communiauté Sudafricaine de
développement.
SAT3 Nom donné à un câble de fibre optique reliant la France au Cameroun et au Gabon.
SERVICE DE TELECOMMUNICATION DE BASE Par exemple, la fourniture du
service Internet.
SOUS-REGION Il s’agit des Etats-membres de la CEMAC, la Cameroun, le Gabon, la
Guinée Equatoriale, la République Centrafricaine, la République du Congo et le Tchad ;
plus Sao Tome et Principe.
TERMINAUX Appareils téléphoniques.

Rapport final –Juin 2009 Glossaire


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

THURAYA Nom d’un satellite utilisé pour les communications satellitaires : c’est un
moyen en général très onéreux de communiquer.
UE Union européenne.
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UIT Union Internationale des Télécommunications.
VoIP (Voice Over Internet Protocol) est le terme générique d’une gamme de technologies
de transmission de la voix par Internet et autres systèmes de communications.
VSAT Petite station permettant de se connecter directement à un satellite de
télécommunications sans passer par un opérateur public.
WIFI Technologie permettant d’accéder à Internet sans fil.
WIMAX Permettra d’accéder à Internet sans fil à grande vitesse sur de grandes distances.
WLL (Wireless Land Loop), boucle locale radio (BLR).

Rapport final –Juin 2009 Glossaire


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

I INTRODUCTION

Les télécoms sont un secteur dynamique en pleine expansion qui touche toute la
population : des entreprises aux consommateurs les plus pauvres. Selon une étude du
Centre for Economic Policy Research, publiée par la BBC en mars 2005, l’Afrique a connu
la plus forte progression du secteur des télécommunications au monde depuis 2000. 2

1. L’importance du secteur pour l’économie et le


développement.

Selon la même étude sur le secteur des télécommunications de la BBC, les pays en
développement capables d’afficher un taux de pénétration du téléphone mobile de 10% de
plus que leurs voisins ont engrangé une croissance du PIB de 0,53 point de plus que ces
derniers entre 1996 et 2000. Pour un taux de pénétration de 20% supérieur, la croissance
du PIB était de 1,06 point supérieure et ainsi de suite…

Et le moteur de cette course à la croissance, selon la Banque Mondiale et le FMI est


à rechercher dans la conjonction du secteur privé avec la concurrence. Dans les années 90,
tous les pays, développés d’abord mais aussi les pays en développement vite après, se sont
lancés dans la réorganisation de la téléphonie et l’ouverture au secteur privé et à la
concurrence internationale.

2 http://news.bbc.co.uk/1/hi/business/4331863.stm

Rapport final – Juin 2009 Page 1


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

2. Les règles de l’OMC concernant les services de


télécommunications de base

L’importance de la concurrence dans le secteur des télécommunications fut vite


reconnue par les négociateurs de l’OMC dans le secteur des services à l’époque de
l’Uruguay Round. A tel point que les services de télécommunications de base furent l’un
des premiers succès de ces négociations de l’OMC, avec l’adoption du fameux Document
de Référence sur les Télécommunications de base, mieux connu comme «Telecoms
Reference Document » en anglais, 3 qui a été adopté par plus de 80 pays à ce jour, dont
l’Egypte, le Kenya, le Maroc, Maurice, l’Ouganda, la République d’Afrique du Sud, le
Sénégal et la Tunisie en Afrique, mais par aucun Etat membre de la CEMAC.

Ce qui frappe, c’est que toutes les questions couvertes par cet accord concernent
directement les points étudiés dans la présente étude. Pour référence, l’Annexe de l’OMC
sur les télécoms est contenu dans la Partie III de notre étude et un résumé est inclus dans
l’encadré ci-dessous. Les caractères gras dans l’encadré ont été rajoutés pour en faciliter la
lecture et attirer l’attention sur les points relevant pour l’objet de la présente étude.

3 Source : www.wto.org/french/tratop_f/serv_f/tel23_f.htm
Voir Partie III de la présente étude, sous OMC, Document de référence Télécommunications de base.

Rapport final – Juin 2009 Page 2


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

ENCADRE 1

Les six conditions du Document de référence de l’OMC sur les télécommunications de


base

1. Sauvegardes en matière de concurrence

1.1 Prévention des pratiques anticoncurrentielles dans les télécommunications

Des mesures appropriée seront appliquées en vue d'empêcher des fournisseurs qui, seuls ou
ensemble, sont un fournisseur principal, d'adopter ou de maintenir des pratiques
anticoncurrentielles.

1.2 Sauvegardes : Les pratiques anticoncurrentielles mentionnées ci-dessus consistent en


particulier: (a) à pratiquer un subventionnement croisé anticoncurrentiel; (b) à utiliser des
renseignements obtenus auprès de concurrents d'une manière qui donne des résultats
anticoncurrentiels; et (c) à ne pas mettre à la disposition des autres fournisseurs de services en
temps opportun les renseignements techniques sur les installations essentielles et les
renseignements commercialement pertinents qui leur sont nécessaires pour fournir des services.

2. Interconnexion

2.1 La présente section traite des liaisons avec les fournisseurs de réseaux ou services publics de
transport des télécommunications permettant aux utilisateurs relevant d'un fournisseur de
communiquer avec les utilisateurs relevant d'un autre fournisseur et d'avoir accès à des services
fournis par un autre fournisseur, dans les cas où des engagements spécifiques sont souscrits.

2.2 Interconnexion à assurer : L'interconnexion avec un fournisseur principal sera assurée à tout
point du réseau où cela sera techniquement possible. Cette interconnexion est assurée:

(a) suivant des modalités, à des conditions (y compris les normes et spécifications techniques) et à
des tarifs non discriminatoires et sa qualité est non moins favorable que celle qui est prévue pour
les services similaires dudit fournisseur ou pour les services similaires des fournisseurs de services
non affiliés ou pour des filiales ou autres sociétés affiliées;

(b) en temps opportun, suivant des modalités, à des conditions (y compris les normes et
spécifications techniques) et moyennant des taxes fondées sur les coûts qui soient transparentes,
raisonnables, compte tenu de la faisabilité économique, et suffisamment détaillées pour que le
fournisseur n'ait pas à payer pour des éléments ou installations du réseau dont il n'a pas besoin pour
le service à fournir; et

(c) sur demande, à des points en plus des points de terminaison du réseau accessibles à la majorité
des utilisateurs, moyennant des tarifs qui reflètent le coût de la construction des installations
additionnelles nécessaires.

2.3 Accès du public aux procédures concernant les négociations en matière d'interconnexion

Le public aura accès aux procédures applicables pour une interconnexion avec un fournisseur
principal.

2.4 Transparence des arrangements en matière d'interconnexion

Il est fait en sorte qu'un fournisseur principal mette à la disposition du public soit ses accords

Rapport final – Juin 2009 Page 3


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

d'interconnexion soit une offre d'interconnexion de référence.

2.5 Interconnexion: règlement des différends

Un fournisseur de services demandant l'interconnexion avec un fournisseur principal aura recours,


soit: (a) à tout moment, soit (b) après un délai raisonnable qui aura été rendu public, à un organe
interne indépendant, qui peut être l'organe réglementaire mentionné au paragraphe 5 ci-après
pour régler les différends concernant les modalités, conditions et taxes d'interconnexion pertinentes
dans un délai raisonnable, dans la mesure où celles-ci n'ont pas été établies au préalable.

3. Service universel

Tout Membre a le droit de définir le type d'obligation en matière de service universel qu'il souhaite
maintenir. Ces obligations ne seront pas considérées comme étant anticoncurrentielles en soi, à
condition qu'elles soient administrées de manière transparente, non discriminatoire et neutre du
point de vue de la concurrence et qu'elles ne soient pas plus rigoureuses qu'il n'est nécessaire pour
le type de service universel défini par le Membre.

4. Accès du public aux critères en matière de licences

Lorsqu'une licence sera nécessaire, le public aura accès aux informations suivantes:
(a) tous les critères en matière de licences et le délai normalement requis pour qu'une décision soit
prise au sujet d'une demande de licence; et
(b) les modalités et conditions des licences individuelles.
Les raisons du refus d'une licence seront communiquées au requérant sur demande.

5. Indépendance des organes réglementaires

L'organe réglementaire est distinct de tout fournisseur de services de télécommunications de base


et ne relève pas d'un tel fournisseur. Les décisions des organes réglementaires et les procédures
qu'ils utilisent seront impartiales à l'égard de tous les participants sur le marché.

6. Répartition et utilisation des ressources limitées

Toutes les procédures concernant l'attribution et l'utilisation des ressources limitées, y compris les
fréquences, les numéros et les servitudes, seront mises en oeuvre de manière objective,
opportune, transparente et non discriminatoire. Les renseignements sur la situation courante des
bandes de fréquences attribuées seront mis à la disposition du public, mais il n'est pas obligatoire
d'indiquer de manière détaillée les fréquences attribuées pour des utilisations spécifiques relevant
de l'Etat.

Source : OMC

Premièrement, l’objet de ce document est de prévenir les pratiques


anticoncurrentielles dans les télécommunications. L’accent est mis sur l’interconnexion
avec un fournisseur principal (opérateur dominant) suivant des conditions non
discriminatoires et des taxes d’interconnexion fondées sur des coûts qui soient transparents
et raisonnables. En cas de différends, un organisme indépendant doit être disponible,
éventuellement l’agence de régulation. Cela suppose bien entendu que l’agence de
régulation soit réellement indépendante des opérateurs. Le service universel doit être

Rapport final – Juin 2009 Page 4


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

administré de façon non discriminatoire et neutre du point de vue de la concurrence. Les


critères d’attribution de licences d’exploitation doivent être connus du public et enfin, les
organes réglementaires (l’agence de régulation) seront distincts de tout fournisseur de
services et rendront des décisions impartiales. Cela est aussi vrai pour la répartition des
ressources limitées, qui seront mises en œuvre de manière objective, opportune,
transparente et non discriminatoire.

3. Les règlements et directives de la CEMAC en matière de


télécommunications

A ce propos, il est important de noter que le 19 décembre 2008, le Conseil des


Ministres des Finances de la CEMAC a approuvé définitivement le cadre réglementaire du
secteur des communications électroniques dont le contenu avait été adopté par les
Ministres des Télécommunications/TIC le 21 novembre à Brazzaville4 . Pour commencer,
il a procédé à la création, au sein de la CEMAC, d’un Comité Technique de Régulation des
communications électroniques des Etats membres de la CEMAC . 5 Le Conseil des
Ministres a également adopté le Règlement relatif à l’harmonisation des réglementations et
des politiques de régulation des communications électroniques au sein des Etats membres
de la CEMAC6, qui précise entre autres les principes directeurs communs pour les
règlementations nationales.

A noter à ce propos que l’accent est mis en particulier sur le rôle essentiel de la
concurrence et sur la nécessité de protéger les consommateurs. Par ailleurs, les agences
nationales de régulation devront être des organismes dotés de la personnalité juridique et
de l’autonomie financière. A ce titre, le Règlement de la CEMAC précise qu’elles doivent
être juridiquement distinctes et fonctionnellement autonomes du pouvoir politique et des
entreprises assurant la fourniture de réseaux, de services ou d’équipements de
communications électroniques.

4 Voir la lettre d'information d’ACP Numérique du 26 novembre 2008. Les textes adoptés sont disponibles dans la
Partie III de cette étude.
5 Décision No 08-UEAC-133-CM-18 portant création du Comité Technique de Régulation des Communications
électroniques des Etats membres de la CEMAC.

6 Règlement No/08-UEAC-133-CM-18 ; voir texte en Partie III de cette étude.

Rapport final – Juin 2009 Page 5


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

ENCADRE No.2
Les principes de la concurrence et la protection des
consommateurs inscrits dans le Règlement relatif à l’harmonisation de
la CEMAC

Article 3 La réalisation progressive d’un marché ouvert et concurrentiel pour les réseaux
et les services de communications électroniques :

 En veillant à ce que la concurrence ne soit ni faussée, ni entravée dans le


secteur des communications électroniques, sous réserve des régimes
transitoires en cours ;
 (….)

 En assurant un niveau élevé de protection des consommateurs dans leurs


relations avec les fournisseurs, et en contribuant à assurer un niveau élevé de
protection des données à caractère personnel et de la vie privée, dans des
conditions déterminées par la directive fixant le cadre juridique de la protection
des droits des utilisateurs de réseaux et de services de communications
électroniques ;

 En répondant aux besoins de groupes sociaux particuliers, notamment les


consommateurs handicapés.

Article 5 Les autorités nationales de régulation ont notamment pour missions de :

- veiller au respect par les opérateurs de leurs obligations résultant de la


réglementation communautaire et notamment du présent règlement, des
réglementations nationales applicables en matière de communications électroniques,
ainsi que des autorisations dont ils bénéficient ;

- veiller à ce que les actions et les pratiques des opérateurs n’aient pas pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser la concurrence sur le marché national
et/ou sous-régional des communications électroniques ;

Enfin, les membres dirigeants des autorités nationales de régulation doivent être
nommés en considération de leurs qualifications et de leurs expériences dans les domaines
juridiques, technique et de l’économie pour un mandat défini de cinq ans, renouvelable une
seule fois, et l’exercice de ce mandat est incompatible avec la détention d’intérêts, directs ou
indirects, dans des entreprises assurant la fourniture de réseaux, de services ou
d’équipements de communications électroniques ou intervenant dans les secteurs de
l’audiovisuel et de l’informatique.

Le cadre réglementaire est complété par cinq directives portant, respectivement,


harmonisation des modalités d’établissement et de contrôle des tarifs, des régimes
juridiques, de l’interconnexion des réseaux, de la protection des droits des utilisateurs et du
règlement du service universel. Les cinq directives adoptées couvrent les aspects suivants :

Rapport final – Juin 2009 Page 6


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

- Les régimes juridiques (autorisations, déclarations, activités libres) qui ont pour
objectif de favoriser le développement d'un secteur concurrentiel ;
- La manière dont les Etats réglementent l'interconnexion entre les fournisseurs de
réseaux et de services de communications électroniques ainsi que l'accès à la boucle
locale. Elle prévoit une obligation de publication et de communication
annuellement d’un catalogue d’interconnexion ;
- Le régime du Service Universel, concept dynamique
comprenant l'accès à Internet, prévoit la mise en place d’un Fonds de service
universel géré par l'autorité nationale de régulation ;
- Les modalités d'établissement et de contrôle des tarifs des services au profit des
utilisateurs et la création d'un observatoire des tarifs à l'échelon régional ; et
- La protection des droits des utilisateurs en termes de respect de la vie privée,
de qualité et permanence des services, de traitement des données à caractère
personnel.

Les six Etats membres de la CEMAC doivent maintenant mettre en oeuvre ce


cadre réglementaire dans les plus brefs délais, les cinq directives adoptées devant être
transposées en législations nationales.

A noter qu’en Afrique de l’Ouest, l’UEMOA a également adopté des directives communes
relatives à l’harmonisation des cadres législatif et réglementaire concernant les
communications électroniques 7

4. L’objet de la présente étude

Pour mémoire, la présente étude a pour objectif global «d’approfondir la


connaissance du fonctionnement du marché intérieur de l’Union dans le secteur des
télécommunications, dans l’optique d’une meilleure application des règles communes de
concurrence et de l’harmonisation des politiques commerciales au titre de la construction
du Marché Commun ».

L’Objectif spécifique de l’étude consiste à « appréhender les dysfonctionnements de


nature à fausser le libre jeu de la concurrence dans le secteur des télécoms, en vue
d’améliorer l’efficacité de la régulation des activités sur les marchés des biens & services de
l’Union ».

La présente étude se propose donc d’appréhender l’ampleur et l’impact des


pratiques anticoncurrentielles dans le secteur des télécommunications à partir d’enquêtes
spécifiques conduites dans les 6 états membres de la CEMAC étendue à Sao Tome et
Principe (soit 7 pays) selon une méthodologie commune.

L’étude sectorielle, réalisée sur la base d’enquêtes fait le point sur le degré de
concentration des opérateurs, l’efficacité de la régulation de marché telle qu’elle est
appliquée et les relations d’acteurs dans le secteur considéré. La structure et le mode de

7 Décision des Ministres de l’UEMOA du 2 décembre 2005.

Rapport final – Juin 2009 Page 7


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

fonctionnement de ce dernier - naguère monopolistique, aujourd’hui en voie de


libéralisation – et les distorsions de concurrence qui peuvent en résulter, ont une influence
déterminante sur la relation offre-demande, les régimes contractuels, la formation des prix
et les coûts, et in fine le bien-être des citoyens. Dans chacun des 7 pays, l’étude a porté sur :

- une enquête-pays portant sur l'organisation du secteur des télécoms et son


fonctionnement;
- un échantillon national représentatif des entreprises de toute nature opérant
dans le secteur aux fins de mise en évidence des pratiques anticoncurrentielles ;
- un diagnostic cernant les relations de marché existant entre les acteurs du
secteur (y compris publics), assorti d’une mise en perspective au niveau
régional ;
- une analyse de l'impact de ces relations et pratiques sur la concurrence, tant au
niveau national que régional ;
- une synthèse sectorielle faisant état du fonctionnement de la concurrence dans
l’espace CEMAC et tirant les enseignements pour le secteur des
télécommunications.
- En conclusion, l’étude fait une série de recommandations (y compris des
modifications du cadre juridique) sous forme d’un plan d’action susceptible de
garantir une saine concurrence dans la zone.

Rapport final – Juin 2009 Page 8


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

II HISTORIQUE

Tout d’abord, une description des réformes et du mouvement du monopole d’Etat


vers la privatisation et l’ouverture des marchés à la concurrence dans la sous-région
s’impose.

Avant la restructuration du secteur et l’ouverture du marché des


télécommunications à la concurrence survenue au milieu des années 1990, chaque pays de
la sous-région était équipé d’un réseau des télécommunications géré soit par le ministère en
charge des télécommunications, soit une société à capitaux majoritairement public.
Dans chaque pays de la sous région sauf à Sao Tomé, il y avait généralement deux
structures qui exploitaient ce réseau :
- une structure chargée de l’exploitation du réseau national des
télécommunications ; et
- une structure chargée de l’exploitation des équipements d’acheminement du trafic
international.

Malgré tous les efforts fournis par ces structures, l’inadéquation entre l’offre et la
demande de téléphone était grande. Les attentes de la clientèle de plus en plus exigeante ne
pouvaient donc être satisfaites. Tous les opérateurs du secteur étaient confrontés à un réel
problème de mobilisation des fonds nécessaires pour réaliser des investissements nouveaux
permettant de répondre à la forte demande de la clientèle.

Au milieu des années 1990 et sur recommandations de la Banque Mondiale et du


Fond Monétaire International le secteur des télécommunications africain comme celui du
monde entier a connu un vaste mouvement de restructuration et de libéralisation. La
restructuration du secteur s’est traduite par la séparation des activités de réglementation, de
régulation et d’exploitation.

L’ouverture du marché des télécommunications à la concurrence a permis l’arrivée


sur ce marché de plusieurs opérateurs à capitaux privés. Les nouveaux opérateurs du
secteur offrent essentiellement de la téléphonie mobile, de l’Internet et des services à valeur
ajoutée.

Le réseau de la téléphonie fixe dans chacun de ces pays continue à être exploité par
l’opérateur historique dont le capital est détenu majoritairement par l’Etat. Cependant, au
Gabon, à Sao Tome et Principe et en Guinée Equatoriale les opérateurs de téléphonie fixe
ont ouvert leurs capitaux à des sociétés étrangères. C’est ainsi que Gabon Télécom, CST et
GETESA ont ouvert leur capital respectivement à MAROC TELECOM, à Portugal
TELECOM et à ORANGE à hauteur de 40% et parfois plus de 50%.

Dans tous les pays de la sous-région, l’opérateur historique a hérité du monopole de


la téléphonie fixe. Contrairement aux pays développés, où le téléphone fixe sert de
référence, avec un annuaire d’abonnés et le plus grand nombre de lignes, l’opérateur
historique des pays considérés est loin d’être l’opérateur dominant ; il a peu d’abonnés, il
est souvent lourdement endetté parce que l’Etat, qui est son principal utilisateur est

Rapport final – Juin 2009 Page 9


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

généralement mauvais payeur et son équipement est le plus souvent délabré. L’Etat agit le
plus souvent comme au temps où le Ministère des P&T gérait le seul réseau de téléphonie.

Cependant, l’Etat a aussi procédé à l’ouverture du secteur, surtout depuis la fin des
années 90, avec l’ouverture graduelle du marché de la téléphonie mobile. L’étude de la
sous-région CEMAC plus Sao Tome et Principe offre un panorama exceptionnel de la
marche vers l’ouverture des marchés, en passant de ceux qui sont encore fermés, comme
Sao Tome et la Guinée Equatoriale, mais avec des nuances toutefois : ces deux pays ont
encore des monopoles, mais plus pour longtemps. Un nouvel opérateur est sur le point de
faire son entrée en Guinée. Le Cameroun, la République du Congo et le Tchad offrent des
nuances d’ouverture plus marquée, avec un duopole de téléphonie mobile au Cameroun et
au Tchad, alors que le duopole du Congo a récemment cédé la place à une forte
concurrence du fait de la venue d’un troisième opérateur mobile. Enfin, au Gabon et en
République Centrafricaine, on est passé rapidement à quatre opérateurs mobiles et bientôt
peut être cinq. Le cadre de l’étude se prête donc bien à l’examen empirique des différentes
structures de marché dont il faut aussi signaler la nature fortement dynamique dans un
temps relativement court.

1. La baisse des prix depuis l’ouverture des marchés à la


concurrence

Depuis l’ouverture du marché des télécoms à la concurrence, les tarifs des


communications ont connu une baisse très sensible. C’est ainsi que dans le réseau de la
téléphonie fixe, les tarifs moyens sont passé de 1000 à 300 FCFA la minute à
l’international. Le tarif des communications nationales, quant à lui, a chuté de plus de 300
FCFA au début des années 2000 à près de 70 F CFA la minute à l’heure actuelle.

2. Tendances et perspectives dans les télécoms mondiales

Au vu des directives européennes en la matière et des réformes consécutives


engagées en France, par exemple (voir Encadré No.3, ci-dessous), le rôle de la concurrence
va se trouver accru dans le secteur. A long terme, il semble que la régulation sectorielle sera
appelée à progressivement s’effacer au profit du droit commun de la concurrence à mesure
que les conditions concurrentielles sur les différents segments du marché des
communications électroniques seront satisfaisantes. A cet effet, le cadre juridique issu des
directives européennes consacre le rôle de la régulation sectorielle ex ante pour conduire les
marchés du secteur vers la pleine concurrence et pour préparer la transition vers
l’application du droit général de la concurrence.

Une autre tendance notable dans le domaine est le phénomène de la convergence


des réseaux, qui amène les autorités à considérer l’établissement d’un cadre juridique
harmonisé pour l’ensemble des réseaux - qu’il s’agisse d’infrastructures de
télécommunications ou des réseaux câblés notamment – et qui conduit ainsi à ne plus
parler de télécommunications, mais de "communications électroniques".

On pourrait aussi citer l’existence de très nombreux – et souvent nouveaux- grands


groupes d’opérateurs dans le domaine des télécommunications issus de pays en

Rapport final – Juin 2009 Page 10


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

développement, et se demander si à la longue, à mesure que ces marchés extrêmement


dynamiques, surtout en Afrique et au Moyen Orient, arriveront à maturité, avec des taux de
croissance ralentis ou même nuls, du fait par exemple de la crise que traverse l’économie
mondiale, si ces groupes ne vont pas finir par se concentrer au moyen de fusions et
acquisitions, et aussi de départs du marché, une fois que celui-ci deviendra moins lucratif.

Enfin, soulignons que la tendance est à donner toujours plus de pouvoirs au


consommateur, qu’il soit un particulier ou une entreprise, et que les lois des pays en
développement, surtout, devront s’adapter graduellement à prévoir plus de transparence et
de diffusion d’informations à l’usage des consommateurs.

ENCADRE No. 3
Historique et perspectives du marché des télécoms en France
En France, c'est la loi du 26 juillet 1996 qui a ouvert le secteur des
télécommunications à une concurrence totale programmée le 1er janvier 1998 et qui a créé
l'Autorité de régulation des télécommunications, l’ART, mise en place le 5 janvier 1997.
Une autre période s'est ouverte en juin 2004 avec la transposition en droit français du "
paquet télécom ", nouvel ensemble de directives adoptées par l’Union européenne, début
2002. Le processus législatif de transposition de ces directives s'est achevé en France le 3
juin 2004 avec le vote de la loi relative aux communications électroniques et aux services
de communication audiovisuelle par le Parlement.

Par ailleurs, le 20 mai 2005, l’ART est devenu l’Autorité de Régulation des
Communications Electroniques et des Postes, ARCEP. Ainsi, après la séparation des
télécommunications du secteur des Postes, intervenue dans les années 90, la convergence
des réseaux et l’évolution rapide des technologies, a ramené les Postes et les
« communications électroniques » (on ne parle plus ici de télécommunications) sous un
même toit.

La loi du 3 juin 2oo4 vise à adapter la régulation sectorielle à la diversité des


situations de concurrence sur les différents marchés et à prendre en compte la
convergence des technologies. Elle donne à cette seconde et nouvelle étape de la
régulation une dimension plus économique et communautaire.

Les principaux objectifs poursuivis par le législateur sont de :

- Favoriser l’exercice d’une « concurrence effective et loyale » au bénéfice des


utilisateurs. Pour le législateur la concurrence n’est pas une fin en soi ; elle a pour objectif
de fournir aux consommateurs, particuliers ou entreprises, une meilleure qualité de service
à de meilleurs prix et une diversité de services répondant à leurs attentes.

- Veiller à la fourniture et au financement de l’ensemble des composantes du


service public des télécommunications dans un environnement concurrentiel ;

- Alléger le régime des licences : un régime d’autorisation générale remplace le


régime d’autorisation individuelle. La distinction entre réseaux et services ouverts ou non

Rapport final – Juin 2009 Page 11


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

au public disparaît. Tous les fournisseurs bénéficient des mêmes droits sans
discrimination.

- Alléger la réglementation et la régulation : la régulation ex-ante ne doit


s’appliquer que si le degré de concurrence sur certains marchés définis est jugé insuffisant
; Ainsi, l’intervention ex ante sur les marchés de gros est privilégiée. La régulation des
marchés de détail n’intervient qu’en deuxième instance ;

- Supprimer graduellement le régime des autorisations individuelles et passer à un


régime déclaratif d’autorisation générale ;

- Alléger le contrôle tarifaire ; et

- Renforcer la transparence dans l’exercice de la régulation : les décisions


importantes doivent faire l’objet d’une consultation publique préalable et le régulateur doit
justifier systématiquement ses décisions.

- Enfin, le rôle d’harmonisation de la Commission européenne est renforcé :


toutes les décisions importantes prises par les régulateurs des 25 Etats membres doivent
être notifiées à la Commission européenne ;

Source : ARCEP, France.

Tout comme l’ARCEP, en France, l’ICASA en République d’Afrique du Sud,


(Independent Communications Authority of South Africa) met l’accent sur la nécessité
d’indépendance et d’autonomie des décisions, ainsi que sur la convergence technologique et
le retour à l’intégration des télécoms avec les services postaux, graduellement ouverts à la
concurrence.

Rapport final – Juin 2009 Page 12


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

III VUE GENERALE DES TELECOMS


DANS LA SOUS-REGION:
L’INFRASTRUCTURE

Dans l’ensemble des pays de la sous-région les réseaux de télécommunications sont


constitués de :

- réseaux de téléphonie fixe qui comprennent des centraux téléphoniques, des


réseaux de câbles, des faisceaux de transmission en ondes hertziennes et des stations
terriennes. Ces centraux téléphoniques et ces faisceaux de transmission sont soit en
système analogique soit en numérique.

- réseaux de téléphonie mobile de norme GSM 900 ou GSM1800, des MMS, des
BSC et des BTS ;

- et de l’infrastructure de l’Internet qui est constituée par des nœuds raccordés aux
stations terriennes et des VSAT.

Au Cameroun et au Gabon, le câble de fibre optique SAT3 permet déjà


d’acheminer le trafic international. Ce câble de la fibre optique est en cours de déploiement
à l’intérieur de ces pays. Ainsi, dans certaines villes de ces deux pays possédant plusieurs
centraux téléphoniques, la liaison entre ces centraux est déjà en câbles de fibre optique.

Dans la sous-région, le parc est de 240 480 abonnés au téléphone fixe, soit une
densité téléphonique de 0,62% pour une population de 38,334 millions d’habitants. Moins
d’un habitant sur cent est équipé d’une ligne de téléphone fixe or c’est cette ligne
téléphonique qui est utilisée pour la connexion à Internet soit par réseau téléphonique
commuté (RTC) soit par ADSL. Le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile est de 10
052100 unités, soit un taux moyen de pénétration de 26,22%. Cependant, certains pays
comme le Sao Tomé et la République du Congo ont un taux de pénétration supérieur à
40%. Mieux encore, le Gabon a un taux de pénétration de 95,56%. Le taux de pénétration
de la téléphonie mobile est supérieur à la densité téléphonique dans la sous-région. Ce fort
taux de pénétration du téléphone mobile est dû au fait que :

- le réseau de téléphonie fixe n’est pas suffisamment dense pour répondre à


l’immense demande potentielle d’abonnement au téléphone fixe ;
- l’abonnement au téléphone mobile ne nécessite pas des équipements
propres à un numéro ;
- la vente des puces est suffisamment démocratisée ;
- les prix des terminaux ont baissé.
- les tarifs d’interconnexion grèvent lourdement les tarifs inter réseaux et
amènent chaque abonné à prendre un abonnement dans au-moins deux
réseaux de téléphonie mobile afin de bénéficier du tarif réduit intra réseau.

Rapport final – Juin 2009 Page 13


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Tous les autres pays de la sous-région qui ne sont pas encore arrimés au câble de
fibre optique ont en projet de s’équiper en câble de fibre optique et cet équipement se fera
soit dans le cadre d’un projet commun à la sous-région, soit dans le cadre d’un projet
propre chaque pays. Dans tous ces pays, la gestion du câble de fibre optique existant déjà,
ou du projet d’équipement en câble de fibre optique est assurée par l’opérateur historique.
Cependant, les autres opérateurs du secteur souhaitent s’impliquer dans cette gestion. Pour
éviter un monopole sur la gestion de ce câble il est souhaitable d’envisager la mutualisation
de cette gestion afin de profiter de tarifs d’interconnexion et éviter de dépendre d’un
monopole.

Le tableau ci-dessous permet d’établir des comparaisons entre les pays de la sous-
région.

Camer Tchad RCA Congo Gabon GE STP TOTAL


Population 18 mio 10,14 3,7 3,8 1,38 0,574 0,16 38,33
Abonnés 155 000 18 000 8000 6000 34000 11680 7800 240480
tél fixe
Abonnés tél 5 mio 914000 476000 2 mio 1,3 mio 282 58000 10,05
mob 000
Densité tél 0,86 0,17 0,21 0,15 2,45 2,03 4,87 0,62
du
téléphone
fixe
Tx de 27,78 20,97 12,86 52,63 95,56 49,12 36,25 26,22
pénétr du
tél mobile

Rapport final – Juin 2009 Page 14


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

IV LE CADRE JURIDIQUE COMPARE

1. Le droit de la concurrence

ETAT DES LIEUX DU DROIT DE LA CONCURRENCE DANS LES PAYS DE LA


SOUS-REGION
EM LOI No. Date d’adoption
Cameroun Loi 013/98 14 juillet 1998
Gabon Loi 014/98 23 juillet 1998
Guinée Eq. Projet de Loi
STP Réflexion en cours
Tchad Projet de Loi 2009 ?
RCA Loi 92.002 26 mai 1992
R Congo Projet de Loi 2009/2010

Seuls le Cameroun et le Gabon disposent d’une loi de la concurrence qui crée


également une Commission nationale de la concurrence. Cette commission n’a pas encore
été établie au Gabon où c’est la DGCC qui s’occupe de ces questions en attendant. Pour les
autres pays, les projets de lois relatives à la concurrence sont soit en cours d’élaboration,
soit en cours de réflexion. Les responsables de la concurrence de ces pays pensent que ces
lois seront adoptées au cours de l’année 2009 ou au plus tard en 2010.

2. Les Lois portant régulation des télécoms

Tous les pays couverts par cette étude sont dotés d’une loi réglementant le secteur
des télécommunications. Ces lois restructurent et ouvrent le secteur à la concurrence.

LOIS REGLEMENTANT LE SECTEUR DES TELECOMS DANS LA SOUS-REGION


EM LOI No. Date d’adoption
Cameroun Loi 014/98 14 juillet 1998
Gabon Lois 004 et 005/2001 27 juin 2001
Guinée Eq. Loi 07/05 2005
STP Loi 3/2004 23 avril 2004
Tchad Loi No 0098/PR/98 17 août 1998
RCA Lois No.08 13 janvier 1996
No 07.020 et No 07.021 27 et du 28 décembre 2007
R Congo Loi no 14/97 26 mai 1997

Rapport final – Juin 2009 Page 15


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

La restructuration se traduit par la séparation des activités de réglementation de


celles consistant à fournir des services de télécommunications. L’ouverture se traduit par
l’attribution de divers types de permis d’exploitation à des opérateurs du secteur privé. Bien
que proches, les lois des différents pays de la sous-région établissent des régimes différents,
s’agissant de concessions d’exploitation, de licences, d’autorisations, d’agréments ou de
déclarations. Ces différences sont résumées sur le tableau ci-dessous.

TYPES DE PERMIS D’EXPLOITATION


Pays Types de permis Réseaux concernés

CAMEROUN 1 Concession 1 Réseau fixe ou mobile ouvert au public


2 Autorisation 2 Services à Valeur Ajoutée
3 Déclaration 3 Réseaux privés internes, de faible portée.
GABON 1Délégation de Service 1 Réseaux ouverts au public
Public
2 Licence 2 Réseaux radioélectriques
3 Autorisation ou 3 Réseaux privés indépendants
Déclaration
GUINEE EQ 1 Concession 1 Réseaux ouverts au public
2 Autorisation 2 Services à valeur ajoutée
RCA 1 Licence 1 Réseaux ouverts au public
2 Autorisation 2 Réseaux privés internes
3 Agrément 3 Services à valeur ajoutée
4 Déclaration 4 Autres
R du CONGO 1 Licence 1 Réseau ouvert au public
2 Autorisation 2 Fourniture d’accès Internet
3 Agrément 3 Opérateurs-Installateurs
STP 1 Licence 1 Réseau public
2 Autorisation 2 Réseau privé interne
3 Déclaration 3 Service à Val Ajoutée
TCHAD 1 Licence (Autorisation) 2 1 Réseaux ouverts au public
Déclaration 2 Réseaux internes, services à Val Ajoutée
3 Agrément 3 Equipements terminaux, connexions.

Dans un souci de comparaison des divers régimes juridiques, nous avons choisi les
termes génériques de « permis d’exploitation » pour couvrir tous les termes employés dans
les diverses lois. A noter que la Directive /08-UEAC-133-CM18 de la CEMAC
harmonisant les régimes juridiques dans les Etats membres fixe un cadre simplifié (a)
d’autorisation, (b) de déclaration et (c) de liberté qui, semble-t-il, s’appliquera sous peu à
tous ces régimes nationaux. Ainsi, le régime de l’autorisation s’appliquera à l’établissement
et l’exploitation de réseaux de communications électroniques ainsi que la fourniture de
services téléphoniques ouverts au public, l’utilisation de ressources rares, etc., et pour les
services à valeur ajoutée et Internet, il suffira d’une déclaration.

Les diverses lois se réfèrent également toutes à la concurrence, mais de manières


diverses. Le tableau ci-dessous cherche à résumer la terminologie type utilisée dans les lois
des différents pays de la sous-région pour désigner le type de concurrence recherché.

Rapport final – Juin 2009 Page 16


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

CARACTERISTIQUES DE LA CONCURRENCE REQUISE PAR LES LOIS DE


TELECOMMUNICATIONS
Pays Type de concurrence selon la Loi des Télécoms
CAMEROUN Concurrence Saine et Loyale
GABON Concurrence Loyale et Effective
GUINEE EQ Concurrence Loyale, Non Discriminatoire
RCA Concurrence Loyale
R du CONGO Environnement Concurrentiel
STP Libre-Concurrence
TCHAD Concurrence Effective et Loyale

Il convient de noter que la terminologie employée le plus souvent concerne la


« concurrence loyale », faisant allusion semble-t-il au droit se rapportant aux pratiques de
« concurrence déloyale », tels que l’usage de faux poids et mesures, la tromperie dans la
marchandise, la vente à perte, la contrefaçon et le dénigrement et la publicité abusive ou
mensongère. Bien que liés à la concurrence, ces droits ne concernent pas directement le
« droit de la concurrence », qui concerne exclusivement les pratiques anticoncurrentielles
des entreprises que sont les ententes, les abus de position dominante et les concentrations
par fusions-acquisitions ayant des effets anticoncurrentiels. On pourrait ranger les termes
de libre-concurrence, concurrence effective, et même saine concurrence sous ce segment. Il
apparaît nettement de l’étude, que les lois régissant les télécommunications sont trop
vagues dans leur terminologie liée à la concurrence et devraient être mieux clarifiées.

Rapport final – Juin 2009 Page 17


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

V LE CADRE INSTITUTIONNEL
COMPARE

Les lois fixant le régime de la concurrence et les lois régissant les


télécommunications ont crée un nouvel cadre institutionnel qui se traduit par l’institution
d’une commission nationale de la concurrence, l’attribution de nouvelles responsabilités au
ministère en charge des télécommunications et la création d’une autorité de régulation du
secteur des télécommunications.

1. La Commission de la concurrence

Le Cameroun est le seul pays de la sous-région qui a mis en place une Commission
nationale de la concurrence, la CNC. Cependant, bien que les membres de la CNC soient
nommés, il ressort que cette commission ne fonctionne pas faute de moyens financiers. Au
Gabon, cette commission devrait voir le jour après révision de la loi (projet de révision en
cours).

CARACTERISTIQUES DES AUTORITES DE LA CONCURRENCE


Pays Loi de la DG Commission
Concurrence Concurrence Nationale
CAMEROUN OUI NON CNC
GABON OUI DGCC NON
GUINEE EQ Réflexion NON NON
RCA OUI DGCCC NON
R du CONGO Projet de Loi DGCCRF NON
STP Réflexion NON NON
TCHAD Projet de Loi Point Focal NON

2. L’agence de régulation des télécommunications

La restructuration du secteur des télécommunications a entrainé la création d’une


autorité de régulation dans presque tous ces pays. Seule la Rép du Congo ne dispose pas
encore d’une autorité de régulation : c’est la Direction générale en charge du secteur des
télécommunications qui assure ces fonctions en attendant la création effective d’une telle
autorité.

Dans l’ensemble ces agences ont pour missions :

- d’assurer la mise en œuvre de la réglementation;


- de veiller au respect de la réglementation et à l'exercice de la concurrence dans le
secteur;
- d’assurer les fonctions de contrôle et de sanction en cas de pratiques
anticoncurrentielles.

Rapport final – Juin 2009 Page 19


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

- d’encadrer les tarifs d’interconnexion entre les réseaux ;


- de définir les principes régissant la tarification des services;
- d’'instruir les demandes de concession de licence, d’autorisation et de déclaration ;
- d’homologuer les équipements terminaux à connecter aux réseaux ouverts au
public;
- de fixer les principes de calcul des taxes d'interconnexion;
- d'établir et de gérer les plans de numérotation;
- de gérer les bandes de fréquences attribuées aux télécommunications;
- de soumettre au gouvernement des propositions tendant à développer et à
moderniser le secteur;
- d'émettre des avis sur les projets de textes législatifs et réglementaires sur les
télécommunications;
- de contrôler, avec la sanction des contrevenants, le règlement de certains litiges
entre opérateurs, tels que l'interconnexion, l'accès à un réseau ouvert au public, le plan de
numérotation, et les brouillages préjudiciables et le partage des infrastructures.
En cas de contestation par l'une des parties, la procédure arbitrale peut être mise en
œuvre et la saisine de l'autorité judiciaire compétente reste ouverte aux parties.

Les lois de tous ces pays octroient une certaine indépendance à leur autorité de
régulation (autonomie juridique, budget indépendant, irrévocabilité des membres du
Conseil d’administration et de la présidence pendant toute la durée de leur mandat). En
pratique toutefois, toutes ces autorités, que ce soit des agences ou des offices de régulation,
sont placées sous la tutelle du ministère en charge des télécommunications.

CARACTERISTIQUES DES AUTORITES DE REGULATION DES TELECOMS DANS


LA SOUS-REGION
Pays Autorité Sigle Indépendance Resp.Concur-
de l’Etat rence
Cameroun Agence de ART NON OUI
Régulation
Gabon idem ARTEL NON OUI
Guinée Eq. Office ORTEL Ss tutelle Min OUI
STP Ag. de Rég. AGER NON OUI
générale
Tchad Office de OTRT NON OUI
Régulation
RCA Agence ART NON OUI
R Congo Dir.Générale DGACPT NON NON
(ARTen.prép

De plus, il apparaît que le personnel des autorités de régulation est généralement


issu de l’ancienne administration des P&T. Parfois même, les cadres sont choisis parmi les
ex-dirigeants de l’opérateur historique ou ce sont de proches conseillers du chef de l’Etat. Il
est donc clair que pour la plupart des pays de la CEMAC, sinon pour tous, cette
indépendance n’existe pas dans la réalité. Dans certains pays visités des opérateurs se sont
plaints du manque d’impartialité de l’agence de régulation toujours prompte, selon eux, à
favoriser l’opérateur historique.

Rapport final – Juin 2009 Page 20


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

En ce qui concerne l’application des règles de la concurrence par ces autorités,


compte tenu de ce qui a été dit plus haut en ce qui concerne les lois, qui ne définissent
généralement pas ce que « concurrence saine et loyale » ou « loyale et effective » implique
exactement, les autorités chargées d’appliquer la loi n’ont pas une vision claire de ce que
l’on attend d’elles. En fait, l’application la plus courante de ces obligations consiste à
interdire une concurrence définie comme déloyale, parce que « agressive », ce qui revient
souvent à chercher à tempérer la concurrence plutôt que de la promouvoir.

Rapport final – Juin 2009 Page 21


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

VI LE MARCHE DES
TELECOMMUNICATIONS

1. La téléphonie fixe

Dans tous les pays de la sous-région, l’opérateur historique offre le téléphone fixe
et l’Internet. Pour faire face à la saturation des réseaux en câble, ces opérateurs offrent aussi
de la téléphonie fixe mobile de norme CDMA. Certains de ces opérateurs ont créé des
filiales pour l’offre de ces services (TAWALI au Tchad). Les autres offrent du « fixe-
mobile » sans avoir créé de filiale spécialisée.

LES OPERATEURS HISTORIQUES ET LEURS PRODUITS


Produits offerts

Etat membre Opérateur Filiale Téléphone Téléphone


fixe Internet fixe-
mobile
Cameroun CAMTEL NON OUI OUI OUI
Gabon GABON LIBERTIS OUI OUI OUI
TELECOM
Guinée Eq. GETESA NON OUI OUI OUI
Sao Tome CST NON OUI OUI OUI
Tchad SOTEL TAWALI OUI OUI OUI
R.C.Africaine SOCATEL NON OUI OUI OUI
R du Congo SOTELCO NON OUI NON NON

Dans la sous-région seul GABON TELECOM, CST à Sao Tomé et Príncipe et


GETESA en Guinée Equatoriale ont pu ouvrir leur capital à des opérateurs privés. Dans
ces sociétés les capitaux privés représentent généralement 51% ou plus du capital total et
ces capitaux privés sont détenus par des étrangers. Le tableau ci-dessous permet de
comparer les marchés de téléphonie fixe dans la sous-région.

LE MARCHE DE LA TELEPHONIE FIXE DANS LA SOUS-REGION


Densité
Pays Nom de structure du Nombre Population télé-
l’opérateur capital d’abonnés en millions phonique
Etat Privé Filaire CDMA
Cameroun Camtel 100% 0% 90 000 65 000 18 0,86
Gabon Gabon 41% 59% 28000 6000 1,383 2,45
Télécom
Tchad Sotel Tchad 100% 0% 18000 - 10,14 0,17
RCA Socatel 100% 0% 8000 - 3,7 0,21
Congo Sotelco 100% 0% 6000 - 4,357 0,13
Sao Tomé CST 49% 51% 18000 - 0,16 4,87
Guinée GETESA 49% 51% 10880 800 0,574 0,62
Equatoriale

Rapport final – Juin 2009 Page 23


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Il faut aussi noter qu’en RCA et à Sao Tome et Principe, le monopole du fixe est
échu et le marché du fixe est ouvert à l’entrée d’un éventuel concurrent. A ce jour,
toutefois, ce processus a échoué et l’opérateur historique détient encore le monopole, de
fait sinon de droit.

2. Les opérateurs de téléphonie mobile

En application des lois réglementant le secteur des télécommunications dans tous


les pays de la sous-région, le marché des télécommunications mobiles est en principe
ouvert à la concurrence, mais dans la pratique, l’entrée sur le marché est semée
d’embuches. Dans certains pays comme le Cameroun le nombre d’opérateurs autorisés à
exercer sur ce marché est limité, mais aucun texte de loi n’en fixe le nombre. De plus, le
traitement des demandes de licence est souvent sujet à des considérations d’ordre politique
qui dépassent les prérogatives de l’agence de régulation. De plus, au lieu d’attribuer les
licences suite à des appels d’offres à candidature, la majorité des licences sont vendues de
gré à gré.

LE MARCHE DE LA TELEPHONIE MOBILE DANS LA SOUS-REGION


Etat membre OPERATEURS MOBILES
Cameroun MTN 56% ORANGE 44%
Gabon LIBERTIS Deux autres sur le
(filiale de point d’entrer
ZAIN 60% GABON MOOV 15% (BINTEL et
TELECOM) ORANGE)
25%
Guinée GETESA/ORANGE 100% Un opérateur sur le point d’entrer
Equatoriale (HITS)
Sao Tome CST 100%
Tchad SALAM : filiale GSM de SOTEL
ZAIN TIGO 34% TCHAD 1,5%
64,5%
Rép.Centr MOOV TELECEL ORANGE NATIONLINK
africaine 35,7% 31,5% 21% 11,8%
Rép du Congo ZAIN MTN 30% WARID 9%
61%

Le marché de la téléphonie mobile de la sous-région offre une palette de structures


variée, qui va du simple monopole de CST à Sao Tome et Principe à la concurrence entre
quatre opérateurs en RCA ou trois au Gabon, en Rép du Congo ou au Tchad, avec un ou
même deux nouveaux venus sur le point de débuter au Gabon, deux au Cameroun et en
Guinée Equatoriale, ce dernier pays étant en situation de monopole jusqu’à récemment,
avec l’entrée d’un nouveau concurrent. On peut aussi souligner qu’avant l’entrée récente de
WARID au Congo, ce pays était en situation de duopole du téléphone mobile, au même
titre que le Cameroun.

Rapport final – Juin 2009 Page 24


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

3. Les grands groupes de télécoms

CELTEL, qui s’appelle maintenant ZAIN fut fondée en 1998 par un investisseur
soudanais Mo Ibrahim. Rachetée en 2005 par Mobile Telecommunications Company, du
Koweit. En Afrique, ZAIN est présent au Burkina Faso, au Tchad, en Rép. Du Congo, en
RDC, au Gabon, au Ghana, au Kenya, à Madagascar, au Malawi, au Niger, au Nigeria, en
Sierra Leone, au Soudan, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie. A noter que dans la sous-
région, ZAIN est présent au Gabon, en Rép du Congo et au Tchad.

Depuis septembre 2006, CELTEL a lancé son système « One Network », au Kenya,
en Ouganda et en Tanzanie, étendu au Gabon, en Rép du Congo et à la RDC depuis juin
2007. One Network, ou « Réseau Unique », que ZAIN entend étendre à tous les pays où
elle est présente, permet aux usagers de pratiquer le roaming sans charges, aux tarifs
domestiques et de recevoir les appels de ces pays sans charges supplémentaires, et avec la
possibilité de recharge locale.

MTN, fondé en 1994, en Afrique du Sud, est présent en Afrique, au Moyen Orient
et en Asie. En 2008, des propositions de fusion avec des groupes télécom Indiens (Bharti et
Reliance) ont été étudiées mais n’ont pas abouti à ce jour. Dans la sous-région, MTN est
présent au Cameroun et en République du Congo. En Afrique, MTN est aussi présent au
Bénin, au Botswana, au Cameroun, en Rép. Du Congo, en Cote d’Ivoire, au Ghana, en
Guinée Bissau, en Rép. De Guinée, au Libéria, au Nigeria, au Rwanda, en Rép. D’Afrique
du Sud, au Soudan, au Swaziland, en Ouganda, et en Zambie.

ORANGE, filiale à 100% de FRANCE TELECOM, est présente dans la sous-


région au Cameroun, en RCA et en Guinée Equatoriale, et sur le point d’entrer au Gabon.
En Guinée Equatoriale, l’opérateur historique GETESA, commercialise la téléphonie
mobile avec le logo ORANGE bien que la société ne soit qu’actionnaire minoritaire dans
GETESA. Ailleurs en Afrique, le groupe est aussi présent au Botswana, en Egypte (sous le
nom de MOBINILCOM), en Cote d’Ivoire, au Kenya, au Mali, à Madagascar, à Maurice,
au Niger et au Sénégal.

ORASCOM, société Egyptienne, est implantée en Algérie, en Egypte, en Tunisie


et au Zimbabwe en Afrique. Elle est aussi présente au Pakistan, au Bangladesh, et en Irak
en Asie, ainsi qu’au Moyen Orient.

MAROC TELECOM, filiale à 53% de VIVENDI (France), est présent en


Afrique au Maroc, au Gabon (GABON TELECOM), en Mauritanie (MAURITEL), au
Burkina Faso (ONATEL) et sur le point d’acquérir une licence au Mali.

MOOV, d’origine de Cote d’Ivoire, a été repris par ETISALAT (Emirats Arabes
Unis). En 2007 ETISALAT détenait 70% du capital, en 2008 sa participation a augmenté à
82%. Dans la sous- région, le groupe est présent en RCA et au Gabon. Ailleurs en Afrique,
MOOV est présent au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger, et au Togo.

ETISALAT, des Emirats Arabes Unis, possédait 82% de ATLANTIQUE


TELECOM –MOOV en 2008, 82% de CANAR SUDAN au Soudan, ZANTEL à

Rapport final – Juin 2009 Page 25


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Zanzibar (Tanzanie), EMTS (Emerging Markets Telecoms) au Nigeria, et le portefeuille de


MOOV en Cote d’Ivoire et au Benin, Burkina Faso, Gabon, Niger, RCA et au Togo.

MILLICOM TIGO, (TELECEL), d’origine Suédoise, la société est présente


dans le monde entier, surtout en Amérique latine et en Afrique. En Afrique, elle est
implantée comme suit :

Africa Nom commercial % du capital Mio habitants Position de marché


Tchad Millicom Tchad 87.50% 10 2 of 2

RDC Oasis 100.00% 67 3 of 5

Ghana Mobitel 100.00% 23 2 of 4

Maurice Emtel 50.00% 1 2 of 3

Senegal SENTELgsm 100.00% 13 2 of 2

Sierra Leone Sierra Leone Ltd 100.00% 6 4 of 5

Tanzanie Mobitel 100.00% 40 3 of 5

Dans la sous-région, le groupe n’est présent qu’au Tchad.

NATIONLINK, d’origine Somalienne, fondée en 1997, la société fait partie du


Groupe BTNTEL. Elle est présente en RCA et au Kenya par sa filiale SAFARICOM, et
vient d’obtenir une licence au Gabon.

WARID, fondée en 2004 à Abu Dhabi, est présent au Bangladesh et au Pakistan en


Asie et en République du Congo, Cote d’Ivoire et en Ouganda en Afrique.

HITS TELECOM, dont le siège en Arabie Saoudite est une filiale à 100% de la
société émirati International Investment House. Cette nouvelle société investit en Afrique
dans les infrastructures des pays émergents. HITS a obtenu des licences de
télécommunications complètes en Guinée Equatoriale, au Burundi et en Ouganda.

BINTEL, qui opère sous la marque NATIONLINK en Rép. Centrafricaine vient


d’acquérir une licence au Gabon. Il s’agit d’une société d’Arabie Saoudite, enregistrée à
Dubai en 2007 et basée à Bahrain. La société commence son activité au Gabon à mi-2009.
Ailleurs en Afrique, le groupe est présent en Somaliland depuis 2008.

4. Le marché du trafic international

Dans presque tous les pays de la sous région, à l’ouverture du marché à la


concurrence l’opérateur historique avait un monopole limité dans le temps pour
l’acheminement du trafic interurbain et international. Cependant, face à l’incapacité de
certains opérateurs historiques de répondre à la demande, ce monopole a parfois été aboli
avant terme et chaque opérateur a construit sa passerelle lui permettant d’acheminer son
trafic tant interurbain qu’international.

Rapport final – Juin 2009 Page 26


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

En RCA cependant, bien que SOCATEL fut dans l’incapacité de satisfaire à la


demande de trafic international, au lieu de libéraliser ce marché, le gouvernement a
introduit un gateway unique pour l’acheminement du trafic international, créant ainsi un
monopole au niveau de la passerelle internationale. Ce monopole est très critiqué par tous
les opérateurs. Toutefois, il est maintenant possible de passer outre ce monopole pour les
opérateurs, en achetant une licence globale qui permet de mettre en place une passerelle
indépendante pour l’acheminement de son trafic international.

5. Le marché des Accès à Internet

Dans la sous-région, le marché des accès à Internet est largement concurrentiel, les
accès sont fournis par les opérateurs de téléphonie fixe, certains opérateurs de téléphonie
mobile et des fournisseurs d’accès à travers des VSAT.

6. Le marché des services Internet

Les services Internet sont fournis dans tous les pays de la sous-région par les
opérateurs titulaire d’une licence, les petits opérateurs exploitant le VSAT et des centaines
de cybercafés. Dans la sous-région certains établissements hôteliers fournissent aussi le
service Internet soit gratuitement soit à titre onéreux à leur clientèle. Cependant, on note
une entente tacite des tarifs des services Internet dans les cybercafés, les tarifs étant le plus
souvent uniformes dans tout un quartier, toute une ville, ou probablement même, tout un
pays.

7. Les divers sous-segments

7.1 La revente de trafic

La revente du trafic est très développée dans la sous-région. C’est ainsi que les revendeurs
de trafic offrent aux consommateurs du téléphone la possibilité de téléphoner soit à un tarif
moins élevé que le tarif de l’opérateur, - c’est le cas du Cameroun- ou à des tarifs plus
élevés que celui de l’opérateur, - c’est le cas de tous les revendeurs des autres pays de la
sous-région.

La revente du trafic a pour conséquence :

- de démocratiser l’accès au téléphone car sans être abonné et disposant


d’une faible somme d’argent le consommateur peut téléphoner ;
- de booster le chiffre d’affaires des opérateurs ;
- de créer des emplois, bien que précaires.
-
Sur ce sous segment de marché, on constate une forte concurrence.

7.2 Le marché des installateurs privés

Dans presque chaque pays de la sous-région il y a quelques installateurs privés. On note


qu’en Guinée Equatoriale il n’y a pas d’installateurs privés.

Rapport final – Juin 2009 Page 27


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

7.3 Le marché de la vente des terminaux

Le marché de la vente des terminaux est très concurrentiel car il y a les opérateurs
de téléphonie mobile et beaucoup de commerçants qui exercent sur ce sous segment. Les
opérateurs en profitent pour faire des offres bon marché qui cassent les prix des
commerçants. C’est aussi un marché où opèrent beaucoup de revendeurs informels qui se
soucient peu de l’homologation des appareils, souvent de mauvaise qualité et importés en
contrebande.

Rapport final – Juin 2009 Page 28


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

VII LES PLANS TARIFAIRES


COMPARES

Aucun des opérateurs ne semble disposer d’une comptabilité analytique leur


permettant de fixer les tarifs sur la base du coût de revient de la communication. Les tarifs
sont donc le plus souvent fixés sur la base du benchmarking dans le secteur et dans le
groupe bien que les opérateurs affirment fixer les tarifs sur la base des coûts de revient.

FOURCHETTE TARIFAIRE COMPARATIVE POUR COMMUNICATIONS


NATIONALES ET INTERNATIONALES
Pays Intra-réseau extra-réseau International
Cameroun 100/150 150/175 149/200/300
Gabon 80/90/180/190 180/190/245 200/300/325
Guinée Eq 69 FCFA les 10 153/160/250 720/2000
minutes
Sao Tome FIXE MOBILE 303/727,27
16 76,50 381/445/700
Tchad 100/ 135/220 230/300
RCA 88/110/120 128/150/180 150/180/300
R du Congo 145/150/200 145/150/200 119/145/150

Il est difficile de tirer des conclusions au vu de cette grille de tarifs. A noter que
nous n’avons considéré que les tarifs de base et non les offres promotionnelles considérées
comme de court terme et non représentatives. On peut se demander toutefois si les offres
promotionnelles ne sont pas l’apanage des pays où plusieurs concurrents se disputent le
marché, comme la RCA et la Rép du Congo, alors qu’elles sont nettement moins présentes
dans les pays où il n’y a que deux opérateurs.

Les opérateurs lancent des campagnes promotionnelles environ tous les 2 mois,
pour des durées limitées, ce qui démontre la lutte concurrentielle que se livrent les divers
opérateurs du mobile. Par exemple, en Rép. Du Congo, la société WARID à ses débuts a
offert des communications de WARID à WARID à un prix forfaitaire sans limitation de
durée, alors que le prix des communications hors-réseau domestiques et internationales est
fixé à 145 FCFA/min. ou 3 FCFA/sec. A noter que le consommateur doit choisir entre
deux offres inégales (le prix à la seconde étant notablement plus cher (3FCFA/sec. =
180/min au lieu de 145/min). Au Tchad, TIGO offre tous les tarifs payés en secondes, et
ne pose pas le dilemme de prix différents au consommateur pour l’option secondes.

A Sao Tome et en Guinée Equatoriale, où CST et GETESA disposent d’un


monopole de fait, on constate que le tarif local est subventionné par le tarif international,
plus cher qu’ailleurs. En République du Congo, où il y a quatre opérateurs, les prix
internationaux sont moins onéreux. Par contre en RCA, où il y a 5 opérateurs, les prix
internationaux sont comparables à ceux des autres pays de la sous-région et la qualité des
appels entrants est mauvaise.

Rapport final – Juin 2009 Page 29


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

1. Plan tarifaire dans les réseaux fixes de la sous-région

Afin de pouvoir affiner l’étude des plans tarifaires, nous avons séparé les offres de
téléphonie fixe de celles du mobile. Cela donne les tableaux ci-dessous.

PLAN TARIFAIRE DES RESEAUX FIXES DE LA SOUS-REGION


Camerou Gabon Tchad RCA Sao Tome Congo Guinée Equat
n
Intra réseau 60/84 80 60 50 16 100 6,9
Extra 144 245 165 350 76,50 200 153
réseau
Internationa 384/960 290/30 300/500/100 350/80 303/727,2 300/80 720/1220/190
l 0 0 0 7 0 0

Il ressort du plan tarifaire élaboré en prenant les tarifs planchers et plafonds dans
les réseaux de téléphonie fixe les constats suivants :

-le tarif intra réseau le moins cher est celui de la Guinée Equatoriale soit 6,9 FCFA
la minute et le tarif le plus élevé est celui du Congo, soit 100 FCFA la minute ;

- le tarif extra réseau vers le réseau mobile le plus bas est celui de Sao Tomé soit
76,50 FCFA la minute et le tarif le plus onéreux du réseau fixe vers le réseau mobile
est celui du Gabon soit 245 FCFA.

- Le Gabon a les meilleurs tarifs vers l’international pour le fixe, qui se situent entre
290 et 300FCFA la minute .

- La Guinée Equatoriale a des tarifs de communications internationales qui


découlent du monopole que détient la Société GETESA/ORANGE sur le marché
des télécommunications dans ce pays. Ces tarifs internationaux vont de 720 à 1900
FCFA la minute.

2. Plan tarifaire dans les réseaux de téléphonie mobile de la


sous-région

Pour élaborer ce tableau nous n’avons pris que les tarifs planchers, médians et
plafonds des différents opérateurs du secteur.

PLANS TARIFAIRES DES OPERATEURS MOBILES


Cameroun Tchad RCA Congo Gabon Sao Tomé Guinée
Equat
Intra réseau 150 50/90 88/110/ 145/150/ 80/90 76,50 153/160/
/135 120 200 250
Extra réseau 150/175 135/ 128/150/ 145/150/ 180/190/
220 180 200 350
International 149/200/ 230/ 150/180/300 119/145/150 180/200/ 303/727,27 720/2000
300 300 300

Rapport final – Juin 2009 Page 30


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Le plan tarifaire des opérateurs du mobile dans la sous-région appelle les


constatations suivantes :

- le tarif téléphonique intra réseau le moins élevé est celui de Sao Tomé, soit
76,50 FCFA la minute et le tarif le plus élevé est celui de la Guinée Equatoriale,
soit 250 FCFA la minute ; tous deux sont en situation de monopole, et tous
deux subventionnent le local par l’international.

- le tarif extra réseau le moins élevé est de 128 FCFA en RCA, ce qui pourrait
être dû à la forte concurrence existant actuellement sur ce marché du fait de
l’arrivée récente d’ORANGE, en plus des 4 autres opérateurs.

- Le tarif extra réseau le plus élevé est celui du Gabon, soit 245 FCFA sur les
communications internationales,

- le tarif le moins élevé est 119 FCFA la minute au Congo, grâce à l’arrivée de
WARID ; et

- le tarif international le plus élevé est en Guinée Equatoriale, à 2000 FCFA la


minute, le monopole expliquant probablement cela. A noter que l’arrivée
prochaine de HITS, va probablement faire baisser tous les tarifs.

3. Les tarifs d’interconnexion

Dans la structure des tarifs extra réseau, le tarif d’interconnexion est une
composante importante. Dans les pays de la sous-région ces tarifs sont négociés entre les
opérateurs. Après accord entre les opérateurs, l’autorité de régulation valide ces tarifs et
devrait en principe les rendre publics. En cas de désaccord entre opérateurs
l’interconnexion physique est tout de même réalisée en attendant l’aboutissement de
l’accord et dans ce cas, l’autorité de régulation préside aux négociations. Cependant au
Congo, sous l’égide de l’autorité de régulation, un tarif d’interconnexion a été arrêté et
s’applique à tous les opérateurs du secteur. La conséquence de cette situation est que le tarif
extra réseau est le même partout, soit 145 FCFA la minute.

Le tableau ci-dessous met en lumière les principaux tarifs d’interconnexion de la


sous-région.

LES TARIFS D’INTERCONNEXION DANS LA SOUS-REGION


Cameroun 45/47,50/50 FCFA
Gabon 75 FCFA
Guinée Equatoriale 105-45 FCFA (négociation en cours)
Rép Centrafricaine 45-55 (positions lors des négociations).
Rép du Congo 75 actuellement, 62 en juin 09 et 50 en 2010
(Tarifs négociés par la DGACPT)
Sao Tome et Principe
Tchad Inconnus

Rapport final – Juin 2009 Page 31


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

On peut remarquer que pour la majorité des pays le tarif d’interconnexion moyen
est autour de 50 FCFA. En république du Congo où le tarif a été négocié sous l’égide de la
DGACPT, il devra baisser graduellement jusqu’à ce chiffre, début 2010. Seul le Gabon a un
tarif relativement élevé à 75 FCFA. Quant à la Guinée Equatoriale, les chiffres indiqués
sont ceux de l’opérateur historique, qui demande 105 et le nouveau venu qui est prêt à
accorder 45 FCFA. On est ainsi dans la fourchette de la sous-région.

Rapport final – Juin 2009 Page 32


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

VIII LES USAGERS

Les entreprises dépendent largement des services télécom pour pouvoir se


développer ; c’est éminemment le cas des PME, qui souffrent de la mauvaise qualité des
services et des prix élevés beaucoup plus que les grosses sociétés qui peuvent obtenir une
licence à elles seules, ou qui sont en mesure de négocier des conditions avantageuses avec
les opérateurs.

Les consommateurs individuels se plaignent beaucoup des tarifs exorbitants, vu


leur bas revenus dans des pays pauvres pour la plupart. Les associations de
consommateurs, lorsqu’elles existent, sont très petites (peu d’adhérents) et disposent de
moyens très limités. La plupart des pays de la sous-région ne disposent pas de loi sur la
protection des consommateurs ni d’un droit de la concurrence.

Rapport final – Juin 2009 Page 33


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

IX PRATIQUES
ANTICONCURRENTIELLES

Il faut être prudent quand on parle de pratiques observées, car bien-entendu cette
étude ne permet pas d’apporter de preuves sur d’éventuelles allégations, mais seulement des
présomptions ou des soupçons sur l’existence de pratiques anticoncurrentielles probables.

1. Le monopole

En premier lieu, il y a les monopoles, octroyés par la législation le plus souvent à


l’opérateur de téléphonie historique généralement dans le but de lui permettre de relever le
défi de ses tâches sociales (emploi, service de l’Etat, couverture du territoire et des
populations et service universel) héritées de son rôle historique.

Il faut noter cependant que dans plusieurs pays le monopole du fixe et du trafic
international octroyé à l’opérateur historique est limité dans le temps dans le but de leur
permettre de se faire une santé financière au regard des responsabilités de service universel
qui leur sont dévolues par la loi et afin dans certains cas de les privatiser en totalité ou en
partie.

Néanmoins, dans de nombreux pays de la sous-région, les opérateurs historiques


n’ont pas réussi jusqu’à présent à se faire une santé et à trouver acquéreur lorsqu’ils ont été
mis dans le processus de privatisation (Cameroun, RCA, Rép. du Congo et Tchad). Il faut
dire que ces sociétés sont généralement couvertes de dettes héritées des périodes antérieures
et que dans la plupart des pays (sauf peut-être au Gabon et en Guinée Equatoriale) l’Etat ne
s’acquitte pas de ses dettes bien qu’il soit souvent le principal usager de l’opérateur historique
(60 à 70% de la facturation de téléphonie fixe en moyenne). Il faut aussi compter avec les
effectifs pléthoriques et inadaptés hérités de l’époque où le fixe faisait partie du ministère des
Postes et Télécoms. Certains (CAMTEL au Cameroun, GABON TELECOM au Gabon)
ont pu réduire leurs effectifs pour améliorer leur rentabilité. Au Gabon, en Guinée
Equatoriale et à Sao Tomé l’opérateur historique a été partiellement privatisé par joint-
venture où l’Etat conserve une part de 49% du capital.

Dans plusieurs pays de la sous-région il y a monopole de fait sur le segment de la


téléphonie fixe parce que l’on ne trouve pas de concurrent désireux d’y entrer, mais la loi
n’impose plus le monopole, le délai de monopole accordé étant maintenant échu. Il en va de
même du monopole du trafic international, qui a été aboli partout, sauf en RCA ; mais même
dans ce pays les opérateurs ont maintenant la possibilité d’éviter la passerelle unique en
acquérant une licence globale.

En règle générale les opérateurs en situation de monopole ont tendance à fixer des
tarifs exorbitants, qui n‘ont aucun rapport avec les coûts de revient et à subventionner le
trafic local par le trafic international, comme on a pu le constater, par exemple, à Sao Tome
et en Guinée Equatoriale..

Rapport final – Juin 2009 Page 35


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

2. Suspicions d’ententes

Clairement, plus le nombre d’opérateurs est restreint et plus il est facile pour ces
opérateurs de s’entendre, de manière explicite ou tacite, ou en tous cas de pratiquer le
parallélisme des prix. Ce risque existe au Cameroun, où il y a situation de duopole du mobile
entre MTN et ORANGE, CAMTEL n’ayant jamais obtenu la licence GSM. Les usagers
dénoncent une entente entre opérateurs mobiles. La Commission Nationale de la
Concurrence (CNC) bien que récemment établie, ne dispose pas encore des moyens
suffisants pour effectuer des enquêtes décisives. De plus, l’agence de Régulation (ART) ne
dispose pas de la formation nécessaire pour démasquer et sanctionner les pratiques
anticoncurrentielles.

D’une manière générale dans des pays où le droit de la concurrence n’existe pas ou
n’est pas encore effectivement appliqué et où l’autorité de régulation des télécoms bien
qu’ayant des responsabilités d’assurer une «concurrence saine et loyale » ou une
« concurrence efficiente et loyale » n’a pas la formation nécessaire, les opérateurs ont tout
loisir de s’entendre s’ils le désirent.

Les tarifs de base (sans promotions temporaires) font penser à des similitudes de prix
(145.-FCFA chez plusieurs opérateurs en Rép du Congo), mais la multiplicité des offres et
des promotions de toutes sortes rend la lecture des conditions de services télécoms très
difficile pour les consommateurs, qui se ruent sur les offres promotionnelles. C’est aussi le
cas pour les éventuelles autorités de la concurrence qui ont du mal à déterminer s’il y a
effectivement concertation ou simplement parallélisme des prix. Ce point est aussi souligné
par les autorités de la concurrence des pays développés.

La COMCO en Suisse, par exemple, souligne que la complexité des offres peut
cacher une stratégie visant à faire croire à l’existence d’une forte concurrence alors qu’en
réalité tout est calculé et « même les spécialistes ont du mal à se retrouver dans cet
enchevêtrement de plans tarifaires »8 . De même, au Cameroun, l’ART remarque que les
offres sont très différentes et difficiles à comparer. Il y a beaucoup d'options. La structure
des coûts n'est pas forcément la même.
A ce propos, il est intéressant de noter que le projet de directive (IP/07/1677) de
l’Union européenne, vise entre autres à donner aux usagers du fixe et du mobile ainsi que
de l’Internet plus de droits et un choix accru. Le projet vise plus de transparence et une
meilleure information des consommateurs en matière de prix, de tarifs et de conditions en
obligeant les opérateurs à publier ces informations pour permettre au consommateur de
mieux comprendre et surtout de pouvoir comparer les offres.

3. Abus de position dominante

Au Tchad, deux opérateurs mobiles puissants se partagent le marché, l’opérateur


historique étant loin derrière en termes de parts de marché du mobile. Les deux (Zain, 70 %
et TIGO 30%) semblent avoir trouvé un modus-vivendi, en dépit de nombreuses
promotions. S’ils se défendent de toute entente, et que les tarifs ne sont pas uniformes, il
semble que l’opérateur dominant soit en mesure de maintenir des tarifs d’interconnexion très
avantageux, qui lui permettent d’avoir des prix plus élevés que son principal concurrent, tout
en sachant que les consommateurs ont intérêt à lui rester fidèles. Un calcul similaire peut être

8 Tribune de Genève du 3-4 janvier 2009

Rapport final – Juin 2009 Page 36


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI
observé chez tous les leadeurs du marché, (Gabon, Rép. du Congo) qui ont intérêt à
maintenir des tarifs d’interconnexion élevés.

ENCADRE No.4
Le cas de LACOM en Algérie

Dans le cadre de l’article 13 de la loi 2000-03 du 5 août 2000, l’ARPT a pour


mission de ‘’prendre toutes mesures susceptibles de rétablir ou de promouvoir la
concurrence sur les marchés de la poste et des télécommunications’’. Pour éliminer
son nouveau concurrent sur le fixe, LACOM (filiale de ORASCOM), ALGERIE
TELECOM a lancé une offre promotionnelle « WLL gratuit », ce qui représentait une
vente à perte par un concurrent en position dominante, tentant par cette action
prédatrice d’éliminer son nouveau concurrent de téléphonie fixe, LACOM. Sur plainte
de LACOM, l’ARPT a enjoint, dans sa décision du 11 juin 2007, Algérie Telecom de
« surseoir sans délai à son offre promotionnelle ’WLL gratuit ».

ALGERIE TELECOM appliquait aussi des tarifs d’interconnexion abusivement


élevés envers son concurrent du fixe LACOM. Après la saisine de ce dernier
reprochant à AT une pratique tarifaire anticoncurrentielle, l’ARTP a entrepris une
médiation entre les deux opérateurs, qui s’était terminée par une entente à l’amiable
entre les deux parties.

Toutefois, les problèmes de LACOM ne se sont pas arrêtés là. LACOM, propriété
à 50-50 de Orascom Télecom (Egypte) et de Télecom Egypt réunis dans le consortium
CAT, détenait depuis 2005 la seconde licence de téléphonie fixe remportée pour 65
millions de dollars. Dès février 2007, fin de sa première année d’activité, l’instance de
régulation des télécommunications en Algérie, l’ARPT, adressait un procès verbal à
Lacom pour non respect du cahier des charges, le développement du réseau national
s’étant arrêté. Lacom, 50 000 abonnés à ce moment là, perdait trop d’argent et devait
revoir ses plans.

Ses actionnaires égyptiens se rejetèrent la responsabilité de l’échec : Orascom


Télécom ne pouvait pas exploiter seul la licence faute d’expérience dans la téléphonie
fixe. Et le reproche était fait à Télécom Egypt – chargé de l’exécutif - de s’être trompé
de filière technique en choisissant un procédé sans fil WLL bas de gamme avec un
équipementier chinois.

La campagne de communication pour l’abonnement de LACOM reposait sur


l’accès à Internet, mais le procédé n’arrivait pas à faire passer plus de 50 kb par
seconde provoquant une rapide désaffection des clients. LACOM a tenté de négocier,
en avril 2007, la transformation de sa licence de fixe en licence internet Wimax. Ayant
reçu une fin de non recevoir de l’ARPT, LACOM a décidé de se retirer.

En revanche, dans la téléphonie mobile, il convient de noter qu’ORASCOM


détient depuis 2001 la seconde licence GSM en Algérie, licence acquise pour 737
millions de dollars. Avec 2,5 milliards USD d’investissement depuis 2001 à ce jour,
fort d’un capital humain de plus de 2900 employés, 13 Millions d’abonnés, et plusieurs
offres et solutions (GSM et VSAT), ORASCOM TELECOM ALGERIE opère dans
ce pays sous le nom de DJEZZY.

Source : ARTEL, LACOM

Rapport final – Juin 2009 Page 37


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI
4. Refus de vente

Une pratique couramment observée est celle du refus d’interconnexion envers un


concurrent nouvellement venu sur le marché. Les opérateurs mobiles se plaignent que
GABON TELECOM n’accepte pas d’entrer en matière pour négocier des tarifs
d’interconnexion, sauf à des prix exorbitants. La même chose a pu être observée quasiment
partout à un moment ou à un autre.

5. Ventes à perte

Les tarifs des opérateurs, bien que basés théoriquement sur les coûts, se fixent
généralement suivant la pratique dite du « benchmarking », c'est-à-dire en fonction de ce que
proposent les concurrents. Dans les pays où il y a plus d’opérateurs (comme au Gabon ou en
RCA) certains opérateurs ont avoué qu’ils ne s’en sortiraient pas s’ils n’étaient pas soutenus
par des grands groupes, capables de les soutenir pour un temps. Les plus faibles se sont vus
obligés de se faire racheter par des opérateurs plus puissants pour éviter la faillite. Cela
implique que certains opérateurs sont certainement amenés à vendre leurs services en
dessous du prix coûtant. Les offres promotionnelles qui foisonnent en Afrique peuvent aussi
signifier pour certains grands groupes la vente à perte temporaire pour chasser du marché un
concurrent moins puissant et en tout cas pour mieux se positionner en termes de part de
marché.

6. Fusions et acquisitions

Comme nous l’avons vu ci-dessus, il est courant que les opérateurs mobiles vendent
leurs installations à de grands groupes. Les fusions et acquisitions risqueraient d’être
anticoncurrentielles si elles résultaient en une concentration du marché, susceptible de mener
à des positions dominantes ou à de nouveaux monopoles. Nous n’avons pas observé de tel
cas pour le moment dans la sous-région. Cependant, une certaine vigilance s’impose, car on
ne peut pas exclure ce phénomène lorsque les marchés auront atteint leur phase de maturité.
Il est donc essentiel que tous les pays de la sous-région soient dotés d’un droit et d’une
autorité de la concurrence efficace également en matière de concentrations.

7. Concurrence déloyale

De nombreuses autres pratiques dénoncées surtout par les usagers ne sont pas à
proprement parler des pratiques anticoncurrentielles. Souvent on constate une confusion des
genres, les opérateurs et même les agences de régulation n’ayant pas une vue très claire de ce
qui est demandé par la législation lorsque celle-ci prescrit une « concurrence saine (ou
effective) et loyale » dans le secteur des télécoms. Il faut faire la distinction entre les pratiques
anticoncurrentielles que sont les ententes, les abus de position dominante et les
concentrations d’une part, et la « concurrence déloyale » d’autre part. Ainsi on en arrive
parfois à des actions contradictoires, dans lesquelles les agences de régulation peuvent
condamner des opérateurs pour pratiques déloyales, comme par exemple la publicité
comparative, alors que si cette publicité n’est pas mensongère, cela n’a rien
d’anticoncurrentiel et est plutôt l’expression d’une saine concurrence !

Nous avons pu observer les pratiques de « concurrence déloyale » suivantes :

Rapport final – Juin 2009 Page 38


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

7.1 La publicité «agressive»

Lorsqu’ils sont nombreux, les opérateurs mobiles se livrent souvent une bataille
acharnée au niveau de la publicité. Ainsi certains sont accusés d’envoyer des messages
publicitaires par sms aux abonnés d’un réseau concurrent. D’autres auraient placardé leur
publicité au sommet de bâtiment abritant le siège de son concurrent. D’autres enfin ont été
accusés d’offrir la peinture à leurs couleurs et les services de peintres gratuitement aux
commerces intéressés. Tout cela ne nous parait pas être à priori anticoncurrentiel, à moins
que cela constitue un abus de position dominante, les autres opérateurs moins fortunés ne
pouvant pas suivre.

7.2 L’usage de jeux et de tombolas

De nombreux opérateurs offrent des prix et des avantages par tirage au sort à leurs
usagers, comme des voitures ou des « packs à bas prix avec crédits de pré-payé, ce qui selon
certains serait en contravention avec les lois concernant les tombolas et les jeux.

7.3 La publicité mensongère ou déloyale

Certains opérateurs sont accusés d’avoir critiqué leur concurrent injustement dans
leur publicité. L’agence de régulation les a obligés de cesser et de s’excuser dans les journaux.
Si cette publicité est effectivement mensongère, il s’agit de concurrence déloyale, et l’agence a
raison de l’interdire. Par contre, si elle n‘est pas mensongère et si elle n’est pas pratiquée par
un opérateur dominant, il nous semble que l’agence de régulation ne devrait pas intervenir.

7.4 Les erreurs de facturation

Certains opérateurs mobiles sont accusés par les consommateurs d’abuser du


manque de transparence dans leur facturation. Certaines cartes à prépaiement se vendraient à
un prix plus onéreux que le montant effectivement crédité et les litiges portant sur la
facturation resteraient souvent sans réponse.

7.5 La non-obtention de Licence par des opérateurs actifs

Dans plusieurs pays (Cameroun, Gabon, Rép du Congo, Tchad) l’opérateur de


téléphonie fixe utilise le système CDMA pour offrir du fixe-mobile, c'est-à-dire des
téléphones basés sur le réseau fixe, mais ayant la mobilité dans un rayon d’action de 20 à 30
Km selon les cas. Les opérateurs mobiles considèrent qu’il s’agit de concurrence déloyale de
la part d’opérateurs qui n’ont pas acquis la licence de téléphonie mobile comme eux.
D’autres argumentent qu’il s’agit en fait de deux produits totalement différents.

D’autres cas relevés concernent le rachat par des opérateurs du mobile de


fournisseurs d’accès à Internet sans avoir acquis au préalable une licence Internet (cas MTN
au Cameroun qui a racheté GLOBALNET).

Rapport final – Juin 2009 Page 39


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

7.6 Des passe-droits et de la fraude ?

Certains opérateurs mobiles se plaignent amèrement du fait que les licences sont
octroyées sans transparence aucune, personne ne sachant quelles conditions ont été offertes
aux concurrents ni si la procédure d’appel d’offres a été utilisée. Des accusations de partialité
et d’arbitraire ont également été avancées contre certaines agences de régulation.

7.7 Les interférences au-delà de la frontière

Plusieurs pays (Tchad, République Centrafricaine, République du Congo) se sont


plaints de services de téléphonie mobile émanant du pays voisin, en toute illégalité. Ces
opérateurs provoqueraient aussi des interférences et brouilleraient les communications de
temps en temps (Kinshasa-Brazzaville et Njaména-Kousseri au Cameroun et Bangui-RDC
voisine). Des pourparlers par la voie diplomatique auraient été engagées, mais sans beaucoup
de résultats jusqu’à présent.

Rapport final – Juin 2009 Page 40


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

X CONCLUSIONS &
RECOMMANDATIONS

Nous n’allons pas répéter ici les conclusions et les recommandations relatives à
chacun des pays de la sous-région qui se trouvent dans les Rapports de chacun des pays
étudiés dans la présente étude. Il convient ici de formuler les grandes lignes émanant de
l’ensemble de nos travaux.

Par rapport aux tendances et aux perspectives mondiales des télécoms énoncées au
début de ce rapport, on peut se demander quelle est la position des pays Africains de la sous-
région. Il est certain que tous les pays étudiés ont maintenant procédé à l’ouverture de leur
marché des télécommunications. Même Sao Tome et Principe, ainsi que la Guinée
Equatoriale, qui sont les derniers à n’avoir qu’un opérateur du fixe et du mobile sur leur
territoire, ont adopté des lois permettant l’ouverture à la concurrence, et que même si Sao
Tome a échoué dans sa première tentative de trouver un concurrent à la CST, la Guinée
vient d’attribuer une licence d’exploitation à la société HITS. Tous deux avaient auparavant
privatisé en partie leur opérateur historique, avec PORTUGAL TELECOM, pour STP et
avec ORANGE FRANCE TELECOM pour la Guinée.

Bien que seuls le Cameroun et le Gabon aient adopté une loi générale sur la
concurrence, appliquée au Gabon par la DGCC et au Cameroun par la Commission
Nationale de la Concurrence dont les débuts sont difficiles, faute de ressources humaines et
financières suffisantes, tous les pays de la sous-région sans exception, se sont dotés de lois
modernes portant régulation des télécommunications et ont mis sur pieds une autorité de
régulation du secteur, à l’exception de la Rép du Congo qui est en passe de le faire.

Un des critères essentiels adoptés par tous les pays dans la réforme de leurs télécoms
est celui de l’indépendance de l’autorité de régulation. Indépendance du Gouvernement, et
en particulier du ministère en charge des télécommunications d’une part, et indépendance
vis-à-vis de l’opérateur historique et des opérateurs de téléphonie mobile qu’elles sont
sensées réguler. Toutes les lois de la sous-région donnent à l’autorité de régulation une
autonomie juridique et financière. Toutefois, la plupart de ces lois précisent dans l’Article qui
suit, que l’autorité est placée sous la tutelle du ministère. De plus, dans la pratique jusqu’à
présent tout au moins, il semble que ces autorités aient été gérées en étroite collaboration
avec le ministère. Qui plus est, dans la plupart des pays étudiés si ce n’est dans tous, les
grandes décisions, à savoir l’attribution d’une licence ou d’une concession échape totalement
à l’autorité de régulation et c’est le ministère ou plutôt le Conseil des Ministres et même la
Présidence qui prend la décision finale. A tel point que dans certains pays l’autorité de
régulation concède ne pas être informée du détail des cahiers des charges de certains
opérateurs, ces conventions étant passées directement avec l’exécutif politique. Certains
opérateurs mobiles se sont même plaints que l’autorité de régulation était partiale et qu’elle
favorisait toujours l’opérateur historique. Cette question de la perception d’indépendance de
l’autorité de régulation est d’une importance telle qu’en Afrique du Sud, par exemple, le
législateur a jugé bon de lui donner le nom d’Autorité « indépendante » des communications
(ICASA).

Rapport final – Juin 2009 Page 41


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

Cette indépendance est essentielle pour la crédibilité de l’autorité de régulation, qui


est chargée par ailleurs d’arbitrer les conflits éventuels, par exemple lors des négociations de
tarifs d’interconnexion entre les opérateurs existants et le ou les nouveaux venus. Il en va de
même lorsque cette même autorité est chargée par la loi d’appliquer les règles de
concurrence.

A ce propos, nous avons déjà évoqué la difficulté qu’éprouvaient la plupart des


autorités de régulation à appliquer des règles dont les critères spécifiques n’ont pas été
spécifiés ni dans la loi, ni dans un décret d’application. De plus, comme nous l’avons vu plus
haut, en l’absence de telles spécifications, les lois citées utilisent une terminologie quelque
peu ambiguë et pouvant même être contradictoire dans certains cas. En effet, comment
concilier des termes comme « concurrence saine et loyale » ou encore « concurrence effective
et loyale ». A noter que cette dernière terminologie se retrouve directement dans la loi
française du 3 juin 2004 (voir Encadré No.3). On pourrait argumenter à ce sujet que
contrairement à la majorité de la sous-région, le droit français de la concurrence est bien
établi et que l’ARCEP, avec si nécessaire l’assistance du Conseil de la Concurrence, est en
mesure de bien définir ce que l’on attend d’elle.

L’examen comparatif des plans tarifaires, tant des opérateurs du fixe que du mobile
laisse apparaître clairement un lien avec l’existence ou non de concurrence effective sur les
différents marchés. A part les monopoles, où nous avons immanquablement détecté des
anomalies de prix en ce sens que les tarifs des communications nationales fixes étaient
souvent avantagés par des subventions croisées avec les tarifs exagérés du mobile ou du
trafic international, il est apparu avec une certaine clarté que les duopoles, là où ils existaient,
laissaient également apparaître des anomalies de prix, laissant plâner des soupçons d’ententes
explicites ou du moins tacites.

Dans les trois pays de la sous-région ayant (ou ayant eu) des duopoles de la
téléphonie mobile (Cameroun, Tchad et Rép du Congo jusqu’à l’arrivée récente de WARID),
on a pu constater des indices potentiels d’entente. Par ailleurs, au niveau des tarifs, il est clair
que ceux-ci sont plus élevés que dans les pays de la sous-région bénéficiant d’une forte
concurrence comme la Rép Centrafricaine et le Gabon ; et maintenant la Rép du Congo,
depuis l’arrivée du troisième opérateur.

La stratégie des opérateurs dominants est aussi clairement documentée par l’étude de
la sous-région. La plupart des opérateurs ayant à leur actif un réseau important ont en
premier lieu tout au moins, refusé d’accepter l’interconnexion avec le ou les nouveaux venus.
Lorsque la loi l’y oblige, l’opérateur dominant a négocié avec réticence des tarifs
d’interconnexion exagérés. Cela est visible dans tous les pays étudiés. Le rôle de l’autorité ou
agence de régulation est essentiel à ce sujet. Il doit être perçu comme impartial par les
différentes parties, mais il doit aussi s’y connaître et ne pas laisser passer des tarifs
d’interconnexion exagérés. A ce sujet, l’accord concocté sous l’égide de la DGACPT en Rép
du Congo permettra de retrouver un tarif passable à 50 FCFA en 2010, mais entretemps,
l’opérateur dominant aura eu deux ans pour profiter de sa position.

Par ailleurs, lorsque l’opérateur dominant se sent assez confortable pour ne pas voir
sa part de marché diminuer malgré qu’il impose un prix plus élevé que son principal
concurrent, comme c’est le cas de CELTEL ZAIN au Tchad, avec 64.5% de part de marché,

Rapport final – Juin 2009 Page 42


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

on peut se demander si la concurrence est véritablement « saine » ou « effective » sur ce


marché.

Enfin, l’étude a clairement démontré que lorsque l’on assistait à l’entrée d’un nouvel
opérateur, ce dernier fait des efforts de promotion et de tarification pour prendre une part de
marché et qu’à ce moment, le ou les concurrents sur place avant lui s’arrangent pour baisser
leurs prix et améliorer leurs offres envers la clientèle. On parle d’une baisse de 40% des tarifs
de GETESA/ORANGE en Guinée Equatoriale avec l’arrivée imminente de HITS, on
constate les fortes baisses de prix en Rép du Congo avec l’entrée de WARID, et le même
scénario se reproduira sans doute au Gabon avec l’arrivée de nouveaux opérateurs prêts à
bousculer l’ordre établi auparavant par les opérateurs présents.

Il faut noter toutefois que lorsque le nouveau venu a trouvé un point d’équilibre,
c'est-à-dire une part de marché acceptable, qu’il juge suffisante pour un temps, les tarifs
risquent d’arrêter de baisser, voire même remonter. Nous avons pu constater qu’entre
octobre 2008 et février 2009, date de notre deuxième visite à Bangui, les prix de certains
opérateurs étaient devenus plus chers. Il est clair qu’en octobre 2008 la guerre des prix faisait
rage avec le nouveau venu ORANGE, qui faisait des offres promotionnelles. Certains
concurrents se plaignaient même qu’ils étaient obligés de faire appel au soutien de leur
maison mère pour tenir le coup, et que s’ils n’avaient pas un grand groupe pour les soutenir,
ils feraient faillite. Ce fut le cas de MOOV, qui avait été racheté par ETISALAT.

On peut résumer les différents cas de figure comme suit :

- Le monopole fixe le prix maximum que ses clients captifs peuvent supporter. Sil
augmente trop les tarifs les clients ne peuvent plus suivre (surtout dans des pays pauvres) et
en définitive ses revenus baissent. Il y a donc un point qui maximise ses revenus ; le
maximum du monopoleur. Pour des raisons stratégiques ou politiques il opte souvent pour
des subventions croisées (interdites par la plupart des nouvelles lois des télécoms) pour par
exemple soutenir les communications locales bon marché au détriment des communications
internationales, ou pour soutenir le fixe en faisant supporter un coût exagéré au mobile s’il
en a aussi le monopole.

- Lorsqu’il y a un nouvel entrant, le monopoleur cherche à lui barrer la route : refus


d’interconnexion ou tarifs abusifs d’interconnexion (abus de position dominante). Dans
l’obligation d’accorder l’interconnexion, il baisse ses prix à la clientèle, on peut assister à une
guerre des prix jusqu’à ce que le nouvel arrivant juge qu’il s’est taillé une part de marché
satisfaisante. A ce moment s’installe le duopole.

- Lorsque le duopole est établi : (i) on assiste d’abord à une guerre des tarifs, une forte
réactivité des offres-miroirs, et des offres promotionnelles attrayantes avec possibles ventes à
perte (heures gratuites, tarifs imbattables, primes, double-crédit, etc.) ; (ii) entente tacite ou
formelle : s’il n’y a aucune loi pour l’interdire, les opérateurs peuvent au bout d’un moment
décider de s’entendre : il y a partage des marchés, fixation de prix semblant différents mais
en définitive équivalents pour les consommateurs (en fonction de la part de marché en
termes de réseau) des opérateurs. Si le duopole en a la force, il peut convaincre les autorités
de « l’inutilité de laisser entrer un troisième opérateur ». Cela peut être d’autant plus évident
lorsque les autorités ont des intérêts (par exemple en possédant des actions) dans l’un ou les
deux opérateurs. A signaler que la plupart des lois portant sur les télécommunications de la

Rapport final – Juin 2009 Page 43


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

sous-région, ainsi que le règlement /08-UEAC-133-CM-18 portant harmonisation du secteur


dans la CEMAC interdisent « la détention d’intérêts, directs ou indirects, dans des
entreprises assurant la fourniture de réseaux, de services ou d’équipements de
communications électroniques ou intervenant dans les secteurs de l’audiovisuel et de
l’informatique ».

- A l’arrivée d’un troisième opérateur, l’ancien duopole peut se liguer contre lui.
Refus d’accès aux réseaux, etc. Mais plus les opérateurs sont nombreux et plus il devient
difficile de s’entendre. A la fin certains lâchent prise et s’en vont ou se font racheter: il y a un
processus de consolidation.
- Evidemment, pour les consommateur (particuliers et entreprises untilisatrices) il y a
intérêt à ce que l’on ne laisse pas le marché se stabiliser trop longtemps, pour éviter la
formation d’ententes et la hausse –ou l’arrêt de la baisse- des tariffs de services de
communications.
- Pour être complet, il faut aussi parler des autres marchés, en dehors de la téléphonie
mobile. Par exemple sur le marché de l’accès à l’Internet –un outil de plus en plus
indispensable pour les entreprises, donc pour l’économie et la croissance- on a pu constater
des possibles abus de position dominantes lorsque les opérateurs dominants sur la téléphonie
mobile ont racheté des sociétés fournissant l’accès à Internet.
- Il y a aussi les monopoles que l’Etat accorde à l’opérateur historique dans un
domaine ou un autre. Vu l’importance da la fibre optique pour un futur proche de tous les
pays de la sous-région, il faudrait éviter d’accorder des monopoles à la légère, car ils
pourraient avoir des effets néfastes sur l’économie des Etats membres.

Ainsi, sans vouloir répéter les recommandations énoncées dans chacun des Rapports
Pays, nous pouvons rappeler ce qui suit :

- Les pays qui ne l’ont pas encore fait, devraient s’intéresser à élaborer un projet de
loi générale sur la concurrence, prévoyant la création d’une autorité de la concurrence
disposant de pouvoirs étendus et des moyens de sa politique. Une telle autorité (par exemple
Commission de la Concurrence) devrait autant que possible être indépendante du pouvoir
politique.
- Les organisations internationales comme la CNUCED, l’OCDE ainsi que la
CEMAC elle-même, disposent de services d’assistance technique et de formation des
capacités susceptibles sur demande d’épauler les Etats qui s’intéressent à développer un droit
national de la concurrence.
- Une fois la loi générale sur la concurrence adoptée, l’Etat devrait s’assurer que
l’autorité de la concurrence créée par la loi soit établie dans les plus brefs délais et qu’elle soit
opérationnelle sur tous les secteurs-clés de l’économie nationale.
- Une fois que tous les pays de la sous-région disposeront d’une autorité ou agence
de régulation des télécommunications (la Rép du Congo est sur le point de le faire), ils
devraient s’atteler à rendre cet organisme réellement autonome et indépendant des pouvoirs
politiques, afin de lui donner toute la crédibilité nécessaire en tant qu’autorité impartiale,
non-discriminatoire et dont les décisions seront pleinement transparentes, c’est-à-dire
publiées et expliquées au grand public. Cela correspond aux principes de transparence,
d’objectivité et d’égalité de traitement énoncés dans les directives de la CEMAC.

Rapport final – Juin 2009 Page 44


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

- Les autorités de régulation devraient être formées en matière de concurrence, avec


l’appui de l’autorité nationale de la concurrence. Le législateur devrait spécifier ce qu’il
entend par « concurrence effective » ou « saine » d’une part, et ce qu’il entend par
« concurrence loyale » de l’autre, afin d’assurer une application correcte de la loi.
- Les responsabilités des deux autorités, la commission de la concurrence et celle de
régulation des télécoms en matière de concurrence devraient être précisées, ainsi que la
répartition des tâches entre ces deux organismes.
- Enfin, tous les Etats de la sous-région devraient promouvoir la protection des
consommateurs et adopter une loi sur la protection des consommateurs.
- Au niveau de la CEMAC, les Etats-membres devraient s’engager à notifier au
Comité Technique de Régulation tous les changements importants intervenus au niveau des
télécoms nationaux (Lois, décrets, Décisions, Appels d’offres, etc.), la CEMAC étant tenue
de tenir à jour un registre complet des informations notifiées et qui soit librement accessible
par le public, dans un souci de transparence et d’équité.

Plan d’action et recommandations


Constats Propositions/ Recommandations Suivi Délais
1. Droit de la  les EM (sauf CMR et GN) n’ont  élaboration et adoption de la loi EM CT/MT
concurrence (contrôle pas de loi sur la concurrence Appui
des ententes, APD, institutionnel
F&A) (OI, CoC…)
CNC
 État des lieux  CNC inexistante sauf CMR  généraliser la mise en place de CNC EM CT/MT
 Opérationnalité  CNC du CMR non opérationnelle  rendre les CNC opérationnelles dans EM CT/MT
tous les EM appui CoC
 RH  pas de personnel dédié à plein  membres nommés à plein temps EM CT/MT/
temps, qualifications insuffisantes  corps d’enquêteurs agréés appui CoC LT
 modalités de nomination (profil, appel appui des OI
à candidatures, évaluation)
 politique de formation continue
 Budget  très insuffisant  budget en rapport avec le volume EM CT/MT
d’activités (enquêtes...)
Droit de la Protection  inexistant dans tous les EM  adopter une loi-type de base et des lois EM CT/MT
des Consommateurs spécifiques appui CoC
2. Droit des Télécoms
 Existence d’une ART  absence d’ART au CGO  adoption du projet de loi en cours EM CT
portant création de l’ART
 Rôle de l’ART en  la Loi (Télécoms) ne précise pas  adopter un Décret d’application EM CT/MT
matière de concurrence les termes employés en matière de précisant les missions de l’ART relatives appui CoC
concurrence (saine, libre, effective, à la concurrence et le partage des rôles
loyale…) ni la méthodologie à entre ART et CNC
utiliser  la CNC devrait contribuer à former les
membres de l’ART
 Autonomie de l’ART  absence de transparence dans  appel d’offres (publication) EM CT/MT/
par rapport au pouvoir l’attribution des licences  accès du public à l’information LT
politique  structure du capital de l’adjudicataire
 pouvoir décisionnel de l’ART
graduellement accru
 absence de transparence dans la  adéquation du recrutement au profil de EM CT/MT/
politique de recrutement poste, short list, évaluation des LT
candidatures par un panel

Rapport final – Juin 2009 Page 45


ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI

 Autonomie de l’ART  ineffective : absence de sanctions  appliquer la réglementation EM CT/MT


par rapport à (non paiement des redevances,
l’opérateur historique itinérance dans l’utilisation du
CDMA)
 Autonomie de l’ART  lien de subordination : le  élimination des conflits d’intérêt EM CT/MT
par rapport aux contrôleur dépend du contrôlé  amélioration du système de
opérateurs pour son fonctionnement collecte/reversement des contributions
 mode de calcul des contributions des opérateurs
assises sur le CA est un frein à la
baisse des prix des
communications
 intérêt objectif à privilégier
l’opérateur dominant, donc risque
de ne pas favoriser la lutte contre
les pratiques anticoncurrentielles
3. Tarification
 Système  basé sur les tarifs pratiqués par les  application des modèles de calcul EM CT/MT/
opérateurs en place économique diffusés par la BM et l’UIT appui CoC appui LT
(benchmarking) sans tenir compte  formation de l’ART en matière de des OI
des coûts effectifs calcul des coûts
 Interconnexion  pouvoir exorbitant de l’opérateur  renforcement du rôle d’arbitre de EM CT/MT/
dominant dans la négociation des l’ART appui CoC appui LT
tarifs  formation de l’ART en matière de des OI
concurrence
4. Pratiques
anticoncurrentielles
Ententes  en situation de duopole, le risque
 accroître le nombre d’opérateurs EM CT/MT/
d’entente est élevé (délivrance de licence supplémentaire) LT
 le risque de collusion est lorsque la concurrence n’assure plus de
inversement proportionnel au pression suffisante pour baisser les prix
nombre de concurrents  améliorer la qualité et la diversification
des services offerts
 veiller au respect des règles de la
concurrence sur le marché du mobile
(CNC/ART)
 Abus de position  l’opérateur dominant (parc  rôle d’arbitre de l’ART EM CT/MT/
Dominante (APD) d’abonnés) profite de sa situation  appui (conseil) de la CNC au besoin LT
pour imposer une tarification extra
réseau abusive
 lutte contre les  monopole de droit ou de fait de  mutualiser la gestion de la fibre EM CT/MT/
monopoles l’opérateur historique optique LT
 monopole dans la fibre optique

EM : Etats Membres CMR : Cameroun


CoC : Commission de la CEMAC CGO : Congo
OI : Organisation internationales STP : Sao Tomé e Principe
CT/MT/LT : court/moyen/long terme GN : Gabon
UIT : Union Internationale des Télécoms CNC : Commission Nationale de la Concurrence
BM : Banque Mondiale

Rapport final – Juin 2009 Page 46

Vous aimerez peut-être aussi