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Rapport final
Partie I : Résumé Exécutif et Rapport de Synthèse
Juin 2009
Rapport final
Partie I : Résumé Exécutif et Rapport de Synthèse
Juin 2009
ADE s.a.
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considéré comme reflétant la position de la
Commission Européenne.»
ETUDE PILOTE SUR LA LUTTE CONTRE LES PRATIQUES ANTICONCURRENTIELLES
EN AFRIQUE CENTRALE – LE CAS DES TELECOMS ADE-TDI
Remerciements
Nous tenons à exprimer nos sincères remerciements à tous ceux qui, de près ou de
loin, ont contribué à nous aider dans notre travail. Ces remerciements vont en particulier
aux Ministres, Secrétaires d’Etat et hauts fonctionnaires ainsi qu’aux dirigeants et
responsables de sociétés, ainsi qu’aux dirigeants de Chambres de Commerce, de Syndicats
patronaux et d’Associations de défense des consommateurs, dont les noms sont cités en
annexe de tous les Rapports Pays contenus dans la Partie II de cette étude, pour leur
aimable hospitalité lors de nos entretiens.
TABLE DE MATIERES
RESUME EXECUTIF
GLOSSAIRE DES TERMES ET SIGLES UTILISES DANS CE RAPPORT
I INTRODUCTION .............................................................................................1
1. L’IMPORTANCE DU SECTEUR POUR L’ÉCONOMIE ET LE DÉVELOPPEMENT. ............. 1
2. LES RÈGLES DE L’OMC CONCERNANT LES SERVICES DE
TÉLÉCOMMUNICATIONS DE BASE .................................................................................... 2
3. LES RÈGLEMENTS ET DIRECTIVES DE LA CEMAC EN MATIÈRE
DE TÉLÉCOMMUNICATIONS ............................................................................................. 5
4. L’OBJET DE LA PRÉSENTE ÉTUDE .................................................................................... 7
II HISTORIQUE ................................................................................................... 9
1. LA BAISSE DES PRIX DEPUIS L’OUVERTURE DES MARCHÉS À LA CONCURRENCE ....10
2. TENDANCES ET PERSPECTIVES DANS LES TÉLÉCOMS MONDIALES ..........................10
III VUE GENERALE DES TELECOMS DANS LA SOUS-REGION:
L’INFRASTRUCTURE.................................................................................... 13
IV LE CADRE JURIDIQUE COMPARE ............................................................. 15
1. LE DROIT DE LA CONCURRENCE ...................................................................................15
2. LES LOIS PORTANT RÉGULATION DES TÉLÉCOMS ......................................................15
V LE CADRE INSTITUTIONNEL COMPARE ............................................... 19
1. LA COMMISSION DE LA CONCURRENCE .......................................................................19
2. L’AGENCE DE RÉGULATION DES TÉLÉCOMMUNICATIONS ........................................19
VI LE MARCHE DES TELECOMMUNICATIONS ......................................... 23
1. LA TÉLÉPHONIE FIXE ......................................................................................................23
2. LES OPÉRATEURS DE TÉLÉPHONIE MOBILE.................................................................24
3. LES GRANDS GROUPES DE TÉLÉCOMS ..........................................................................25
4. LE MARCHÉ DU TRAFIC INTERNATIONAL.....................................................................26
5. LE MARCHÉ DES ACCÈS À INTERNET ...........................................................................27
6. LE MARCHÉ DES SERVICES INTERNET ..........................................................................27
7. LES DIVERS SOUS-SEGMENTS .........................................................................................27
7.1 La revente de trafic .....................................................................................................27
7.2 Le marché des installateurs privés ............................................................................27
7.3 Le marché de la vente des terminaux ......................................................................28
VII LES PLANS TARIFAIRES COMPARES ...................................................... 29
1. PLAN TARIFAIRE DANS LES RÉSEAUX FIXES DE LA SOUS-RÉGION ............................30
2. PLAN TARIFAIRE DANS LES RÉSEAUX DE TÉLÉPHONIE MOBILE
DE LA SOUS-RÉGION ........................................................................................................30
3. LES TARIFS D’INTERCONNEXION ..................................................................................31
RESUME EXECUTIF
L’étude se poursuit par une revue des divers cadres institutionnels concernant la
concurrence d’une part et les télécommunications, de l’autre. Pour ces derniers l’étude
analyse l’agence de régulation des télécommunications dans chaque pays en examinant
brièvement ses attributions, son cadre administratif, son budget et son degré d’autonomie
par rapport au pouvoir politique et par rapport aux opérateurs. Le cœur de l’étude se
concentre sur la description du marché des télécommunications, en passant en revue les
principaux opérateurs, leur part de marché respective, les différents segments de marché en
commençant par la téléphonie fixe, les opérateurs mobiles, le segment des communications
internationales, l’accès et le service Internet, et les multiples sous-segments de marché que
sont la revente de trafic, les installateurs privés et la vente de terminaux.
Le chapitre suivant examine les plans tarifaires, à savoir le prix des communications
nationales et internationales, à l’intérieur d’un même réseau ou hors réseau, c’est-à-dire en
passant d’un opérateur à un autre pour une même communication, les tarifs
d’interconnexion dans les différents pays et les tarifs Internet. Enfin, l’étude se penche sur
l’opinion et les éventuelles doléances des utilisateurs de services de télécommunications ; à
commencer par le patronat des grandes entreprises, le point de vue des PME et enfin, celui
des associations de consommateurs, sur la qualité et les prix des différents services dans le
secteur.
Tous les pays étudiés ont maintenant procédé à l’ouverture de leur marché des
télécommunications. Bien que seuls le Cameroun et le Gabon aient adopté une loi générale
sur la concurrence, appliquée au Gabon par la DGCC et au Cameroun par la Commission
Nationale de la Concurrence dont les débuts sont difficiles, faute de ressources humaines et
financières suffisantes, tous les pays de la sous-région sans exception, se sont dotés de lois
modernes portant régulation des télécommunications et ont mis sur pieds une autorité de
régulation du secteur, à l’exception de la République du Congo qui est en passe de le faire.
Un des critères essentiels adoptés par tous les pays dans la réforme de leurs
télécommunications est celui de l’indépendance de l’autorité de régulation. Toutes les lois
de la sous-région donnent à l’autorité de régulation une autonomie juridique et financière.
Toutefois, la plupart de ces lois précisent dans l’Article qui suit que l’autorité est placée
sous la tutelle du ministère. De plus, dans la pratique jusqu’à présent tout au moins, il
semble que ces autorités aient été gérées en étroite collaboration avec le ministère. Qui plus
est, dans la plupart des pays étudiés, les grandes décisions, à savoir l’attribution d’une
licence ou d’une concession échappent totalement à l’autorité de régulation et c’est le
ministère ou le Conseil des Ministres ou même la Présidence qui prend la décision finale.
Cependant, l’indépendance est essentielle pour la crédibilité de l’autorité de régulation, qui
est chargée par ailleurs d’arbitrer les conflits éventuels, par exemple lors des négociations
de tarifs d’interconnexion entre les opérateurs existants et le ou les nouveaux venus. Il en
va de même lorsque cette même autorité est chargée par la loi d’appliquer les règles de
concurrence. A ce propos, il convient de noter la difficulté qu’éprouvent la plupart des
autorités de régulation à appliquer des règles dont les critères spécifiques n’ont pas été
spécifiés ni dans la loi, ni dans un décret d’application.
L’examen comparatif des plans tarifaires, tant des opérateurs du fixe que du mobile
laisse apparaître clairement un lien avec l’existence ou non de concurrence effective sur les
différents marchés. A part les monopoles, où nous avons immanquablement détecté des
anomalies de prix en ce sens que les tarifs des communications nationales fixes étaient
souvent avantagés par des subventions croisées avec les tarifs exagérés du mobile ou du
trafic international, il est apparu que les duopoles, là où ils existent, laissant planer des
soupçons d’ententes explicites ou tout au moins tacites.
Dans les trois pays de la sous-région ayant (ou ayant eu) des duopoles de la
téléphonie mobile (Cameroun, Tchad et République du Congo jusqu’à l’arrivée récente de
l’opérateur mobile WARID), on a pu constater des indices potentiels d’entente. Par ailleurs,
au niveau des tarifs, il est clair que ceux-ci sont plus élevés que dans les pays de la sous-
région bénéficiant d’une forte concurrence comme en République Centrafricaine et au
Gabon et maintenant en République du Congo, depuis l’arrivée du troisième opérateur.
La stratégie des opérateurs dominants est aussi clairement documentée par l’étude
de la sous-région. La plupart des opérateurs ayant à leur actif un réseau important ont en
premier lieu tout au moins, refusé d’accepter l’interconnexion avec le ou les nouveaux
venus. Lorsque la loi l’y oblige, l’opérateur dominant a négocié avec réticence des tarifs
d’interconnexion exagérés. Le rôle de l’autorité ou agence de régulation est essentiel à ce
sujet. Il doit être perçu comme impartial par les différentes parties, mais il doit aussi s’y
connaître et ne pas laisser passer des tarifs d’interconnexion exagérés. Par ailleurs, lorsque
l’opérateur dominant se sent assez confortable pour ne pas voir sa part de marché diminuer
malgré qu’il impose un prix plus élevé que son principal concurrent, on peut se demander
si la concurrence est véritablement « saine » ou « effective » sur ce marché.
Enfin, l’étude démontre que lorsque l’on assiste à l’entrée d’un nouvel opérateur, ce
dernier fait des efforts de promotion et de tarification pour prendre une part de marché et
qu’à ce moment, le ou les concurrents installés avant lui s’arrangent pour baisser leurs prix
et améliorer leurs offres envers la clientèle. Il faut noter toutefois que lorsque le nouveau
venu a trouvé un point d’équilibre, c'est-à-dire une part de marché acceptable, qu’il juge
suffisante pour un temps, les tarifs risquent d’arrêter de baisser, voire même de remonter.
Sur la base de ces constatations, le rapport conclut sur les recommandations générales
suivantes, étant entendu que les recommandations spécifiques à chacun des pays de la sous-
région sont contenus en conclusion de chacun des Rapports Pays.
- Les pays qui ne l’ont pas encore fait, devraient s’intéresser à élaborer un projet de
loi générale sur la concurrence, prévoyant la création d’une autorité de la concurrence
disposant de pouvoirs étendus et des moyens de sa politique. Une telle autorité (par
exemple Commission de la Concurrence) devrait autant que possible être indépendante du
pouvoir politique.
- Une fois que tous les pays de la sous-région disposeront d’une autorité ou agence
de régulation des télécommunications (la Rép du Congo est sur le point de le faire), ils
devraient s’atteler à rendre cet organisme réellement autonome et indépendant des
pouvoirs politiques, afin de lui donner toute la crédibilité nécessaire en tant qu’autorité
impartiale, non-discriminatoire et dont les décisions seront pleinement transparentes, c’est-
à-dire publiées et expliquées au grand public. Cela correspond aux principes de
transparence, d’objectivité et d’égalité de traitement énoncés dans les directives de la
CEMAC.
THURAYA Nom d’un satellite utilisé pour les communications satellitaires : c’est un
moyen en général très onéreux de communiquer.
UE Union européenne.
UEMOA Union Economique et Monétaire Ouest Africaine
UIT Union Internationale des Télécommunications.
VoIP (Voice Over Internet Protocol) est le terme générique d’une gamme de technologies
de transmission de la voix par Internet et autres systèmes de communications.
VSAT Petite station permettant de se connecter directement à un satellite de
télécommunications sans passer par un opérateur public.
WIFI Technologie permettant d’accéder à Internet sans fil.
WIMAX Permettra d’accéder à Internet sans fil à grande vitesse sur de grandes distances.
WLL (Wireless Land Loop), boucle locale radio (BLR).
I INTRODUCTION
Les télécoms sont un secteur dynamique en pleine expansion qui touche toute la
population : des entreprises aux consommateurs les plus pauvres. Selon une étude du
Centre for Economic Policy Research, publiée par la BBC en mars 2005, l’Afrique a connu
la plus forte progression du secteur des télécommunications au monde depuis 2000. 2
Selon la même étude sur le secteur des télécommunications de la BBC, les pays en
développement capables d’afficher un taux de pénétration du téléphone mobile de 10% de
plus que leurs voisins ont engrangé une croissance du PIB de 0,53 point de plus que ces
derniers entre 1996 et 2000. Pour un taux de pénétration de 20% supérieur, la croissance
du PIB était de 1,06 point supérieure et ainsi de suite…
2 http://news.bbc.co.uk/1/hi/business/4331863.stm
Ce qui frappe, c’est que toutes les questions couvertes par cet accord concernent
directement les points étudiés dans la présente étude. Pour référence, l’Annexe de l’OMC
sur les télécoms est contenu dans la Partie III de notre étude et un résumé est inclus dans
l’encadré ci-dessous. Les caractères gras dans l’encadré ont été rajoutés pour en faciliter la
lecture et attirer l’attention sur les points relevant pour l’objet de la présente étude.
3 Source : www.wto.org/french/tratop_f/serv_f/tel23_f.htm
Voir Partie III de la présente étude, sous OMC, Document de référence Télécommunications de base.
ENCADRE 1
Des mesures appropriée seront appliquées en vue d'empêcher des fournisseurs qui, seuls ou
ensemble, sont un fournisseur principal, d'adopter ou de maintenir des pratiques
anticoncurrentielles.
2. Interconnexion
2.1 La présente section traite des liaisons avec les fournisseurs de réseaux ou services publics de
transport des télécommunications permettant aux utilisateurs relevant d'un fournisseur de
communiquer avec les utilisateurs relevant d'un autre fournisseur et d'avoir accès à des services
fournis par un autre fournisseur, dans les cas où des engagements spécifiques sont souscrits.
2.2 Interconnexion à assurer : L'interconnexion avec un fournisseur principal sera assurée à tout
point du réseau où cela sera techniquement possible. Cette interconnexion est assurée:
(a) suivant des modalités, à des conditions (y compris les normes et spécifications techniques) et à
des tarifs non discriminatoires et sa qualité est non moins favorable que celle qui est prévue pour
les services similaires dudit fournisseur ou pour les services similaires des fournisseurs de services
non affiliés ou pour des filiales ou autres sociétés affiliées;
(b) en temps opportun, suivant des modalités, à des conditions (y compris les normes et
spécifications techniques) et moyennant des taxes fondées sur les coûts qui soient transparentes,
raisonnables, compte tenu de la faisabilité économique, et suffisamment détaillées pour que le
fournisseur n'ait pas à payer pour des éléments ou installations du réseau dont il n'a pas besoin pour
le service à fournir; et
(c) sur demande, à des points en plus des points de terminaison du réseau accessibles à la majorité
des utilisateurs, moyennant des tarifs qui reflètent le coût de la construction des installations
additionnelles nécessaires.
2.3 Accès du public aux procédures concernant les négociations en matière d'interconnexion
Le public aura accès aux procédures applicables pour une interconnexion avec un fournisseur
principal.
Il est fait en sorte qu'un fournisseur principal mette à la disposition du public soit ses accords
3. Service universel
Tout Membre a le droit de définir le type d'obligation en matière de service universel qu'il souhaite
maintenir. Ces obligations ne seront pas considérées comme étant anticoncurrentielles en soi, à
condition qu'elles soient administrées de manière transparente, non discriminatoire et neutre du
point de vue de la concurrence et qu'elles ne soient pas plus rigoureuses qu'il n'est nécessaire pour
le type de service universel défini par le Membre.
Lorsqu'une licence sera nécessaire, le public aura accès aux informations suivantes:
(a) tous les critères en matière de licences et le délai normalement requis pour qu'une décision soit
prise au sujet d'une demande de licence; et
(b) les modalités et conditions des licences individuelles.
Les raisons du refus d'une licence seront communiquées au requérant sur demande.
Toutes les procédures concernant l'attribution et l'utilisation des ressources limitées, y compris les
fréquences, les numéros et les servitudes, seront mises en oeuvre de manière objective,
opportune, transparente et non discriminatoire. Les renseignements sur la situation courante des
bandes de fréquences attribuées seront mis à la disposition du public, mais il n'est pas obligatoire
d'indiquer de manière détaillée les fréquences attribuées pour des utilisations spécifiques relevant
de l'Etat.
Source : OMC
A noter à ce propos que l’accent est mis en particulier sur le rôle essentiel de la
concurrence et sur la nécessité de protéger les consommateurs. Par ailleurs, les agences
nationales de régulation devront être des organismes dotés de la personnalité juridique et
de l’autonomie financière. A ce titre, le Règlement de la CEMAC précise qu’elles doivent
être juridiquement distinctes et fonctionnellement autonomes du pouvoir politique et des
entreprises assurant la fourniture de réseaux, de services ou d’équipements de
communications électroniques.
4 Voir la lettre d'information d’ACP Numérique du 26 novembre 2008. Les textes adoptés sont disponibles dans la
Partie III de cette étude.
5 Décision No 08-UEAC-133-CM-18 portant création du Comité Technique de Régulation des Communications
électroniques des Etats membres de la CEMAC.
ENCADRE No.2
Les principes de la concurrence et la protection des
consommateurs inscrits dans le Règlement relatif à l’harmonisation de
la CEMAC
Article 3 La réalisation progressive d’un marché ouvert et concurrentiel pour les réseaux
et les services de communications électroniques :
- veiller à ce que les actions et les pratiques des opérateurs n’aient pas pour effet
d’empêcher, de restreindre ou de fausser la concurrence sur le marché national
et/ou sous-régional des communications électroniques ;
Enfin, les membres dirigeants des autorités nationales de régulation doivent être
nommés en considération de leurs qualifications et de leurs expériences dans les domaines
juridiques, technique et de l’économie pour un mandat défini de cinq ans, renouvelable une
seule fois, et l’exercice de ce mandat est incompatible avec la détention d’intérêts, directs ou
indirects, dans des entreprises assurant la fourniture de réseaux, de services ou
d’équipements de communications électroniques ou intervenant dans les secteurs de
l’audiovisuel et de l’informatique.
- Les régimes juridiques (autorisations, déclarations, activités libres) qui ont pour
objectif de favoriser le développement d'un secteur concurrentiel ;
- La manière dont les Etats réglementent l'interconnexion entre les fournisseurs de
réseaux et de services de communications électroniques ainsi que l'accès à la boucle
locale. Elle prévoit une obligation de publication et de communication
annuellement d’un catalogue d’interconnexion ;
- Le régime du Service Universel, concept dynamique
comprenant l'accès à Internet, prévoit la mise en place d’un Fonds de service
universel géré par l'autorité nationale de régulation ;
- Les modalités d'établissement et de contrôle des tarifs des services au profit des
utilisateurs et la création d'un observatoire des tarifs à l'échelon régional ; et
- La protection des droits des utilisateurs en termes de respect de la vie privée,
de qualité et permanence des services, de traitement des données à caractère
personnel.
A noter qu’en Afrique de l’Ouest, l’UEMOA a également adopté des directives communes
relatives à l’harmonisation des cadres législatif et réglementaire concernant les
communications électroniques 7
L’étude sectorielle, réalisée sur la base d’enquêtes fait le point sur le degré de
concentration des opérateurs, l’efficacité de la régulation de marché telle qu’elle est
appliquée et les relations d’acteurs dans le secteur considéré. La structure et le mode de
II HISTORIQUE
Malgré tous les efforts fournis par ces structures, l’inadéquation entre l’offre et la
demande de téléphone était grande. Les attentes de la clientèle de plus en plus exigeante ne
pouvaient donc être satisfaites. Tous les opérateurs du secteur étaient confrontés à un réel
problème de mobilisation des fonds nécessaires pour réaliser des investissements nouveaux
permettant de répondre à la forte demande de la clientèle.
Le réseau de la téléphonie fixe dans chacun de ces pays continue à être exploité par
l’opérateur historique dont le capital est détenu majoritairement par l’Etat. Cependant, au
Gabon, à Sao Tome et Principe et en Guinée Equatoriale les opérateurs de téléphonie fixe
ont ouvert leurs capitaux à des sociétés étrangères. C’est ainsi que Gabon Télécom, CST et
GETESA ont ouvert leur capital respectivement à MAROC TELECOM, à Portugal
TELECOM et à ORANGE à hauteur de 40% et parfois plus de 50%.
généralement mauvais payeur et son équipement est le plus souvent délabré. L’Etat agit le
plus souvent comme au temps où le Ministère des P&T gérait le seul réseau de téléphonie.
Cependant, l’Etat a aussi procédé à l’ouverture du secteur, surtout depuis la fin des
années 90, avec l’ouverture graduelle du marché de la téléphonie mobile. L’étude de la
sous-région CEMAC plus Sao Tome et Principe offre un panorama exceptionnel de la
marche vers l’ouverture des marchés, en passant de ceux qui sont encore fermés, comme
Sao Tome et la Guinée Equatoriale, mais avec des nuances toutefois : ces deux pays ont
encore des monopoles, mais plus pour longtemps. Un nouvel opérateur est sur le point de
faire son entrée en Guinée. Le Cameroun, la République du Congo et le Tchad offrent des
nuances d’ouverture plus marquée, avec un duopole de téléphonie mobile au Cameroun et
au Tchad, alors que le duopole du Congo a récemment cédé la place à une forte
concurrence du fait de la venue d’un troisième opérateur mobile. Enfin, au Gabon et en
République Centrafricaine, on est passé rapidement à quatre opérateurs mobiles et bientôt
peut être cinq. Le cadre de l’étude se prête donc bien à l’examen empirique des différentes
structures de marché dont il faut aussi signaler la nature fortement dynamique dans un
temps relativement court.
ENCADRE No. 3
Historique et perspectives du marché des télécoms en France
En France, c'est la loi du 26 juillet 1996 qui a ouvert le secteur des
télécommunications à une concurrence totale programmée le 1er janvier 1998 et qui a créé
l'Autorité de régulation des télécommunications, l’ART, mise en place le 5 janvier 1997.
Une autre période s'est ouverte en juin 2004 avec la transposition en droit français du "
paquet télécom ", nouvel ensemble de directives adoptées par l’Union européenne, début
2002. Le processus législatif de transposition de ces directives s'est achevé en France le 3
juin 2004 avec le vote de la loi relative aux communications électroniques et aux services
de communication audiovisuelle par le Parlement.
Par ailleurs, le 20 mai 2005, l’ART est devenu l’Autorité de Régulation des
Communications Electroniques et des Postes, ARCEP. Ainsi, après la séparation des
télécommunications du secteur des Postes, intervenue dans les années 90, la convergence
des réseaux et l’évolution rapide des technologies, a ramené les Postes et les
« communications électroniques » (on ne parle plus ici de télécommunications) sous un
même toit.
au public disparaît. Tous les fournisseurs bénéficient des mêmes droits sans
discrimination.
- réseaux de téléphonie mobile de norme GSM 900 ou GSM1800, des MMS, des
BSC et des BTS ;
- et de l’infrastructure de l’Internet qui est constituée par des nœuds raccordés aux
stations terriennes et des VSAT.
Dans la sous-région, le parc est de 240 480 abonnés au téléphone fixe, soit une
densité téléphonique de 0,62% pour une population de 38,334 millions d’habitants. Moins
d’un habitant sur cent est équipé d’une ligne de téléphone fixe or c’est cette ligne
téléphonique qui est utilisée pour la connexion à Internet soit par réseau téléphonique
commuté (RTC) soit par ADSL. Le nombre d’abonnés à la téléphonie mobile est de 10
052100 unités, soit un taux moyen de pénétration de 26,22%. Cependant, certains pays
comme le Sao Tomé et la République du Congo ont un taux de pénétration supérieur à
40%. Mieux encore, le Gabon a un taux de pénétration de 95,56%. Le taux de pénétration
de la téléphonie mobile est supérieur à la densité téléphonique dans la sous-région. Ce fort
taux de pénétration du téléphone mobile est dû au fait que :
Tous les autres pays de la sous-région qui ne sont pas encore arrimés au câble de
fibre optique ont en projet de s’équiper en câble de fibre optique et cet équipement se fera
soit dans le cadre d’un projet commun à la sous-région, soit dans le cadre d’un projet
propre chaque pays. Dans tous ces pays, la gestion du câble de fibre optique existant déjà,
ou du projet d’équipement en câble de fibre optique est assurée par l’opérateur historique.
Cependant, les autres opérateurs du secteur souhaitent s’impliquer dans cette gestion. Pour
éviter un monopole sur la gestion de ce câble il est souhaitable d’envisager la mutualisation
de cette gestion afin de profiter de tarifs d’interconnexion et éviter de dépendre d’un
monopole.
Le tableau ci-dessous permet d’établir des comparaisons entre les pays de la sous-
région.
1. Le droit de la concurrence
Tous les pays couverts par cette étude sont dotés d’une loi réglementant le secteur
des télécommunications. Ces lois restructurent et ouvrent le secteur à la concurrence.
Dans un souci de comparaison des divers régimes juridiques, nous avons choisi les
termes génériques de « permis d’exploitation » pour couvrir tous les termes employés dans
les diverses lois. A noter que la Directive /08-UEAC-133-CM18 de la CEMAC
harmonisant les régimes juridiques dans les Etats membres fixe un cadre simplifié (a)
d’autorisation, (b) de déclaration et (c) de liberté qui, semble-t-il, s’appliquera sous peu à
tous ces régimes nationaux. Ainsi, le régime de l’autorisation s’appliquera à l’établissement
et l’exploitation de réseaux de communications électroniques ainsi que la fourniture de
services téléphoniques ouverts au public, l’utilisation de ressources rares, etc., et pour les
services à valeur ajoutée et Internet, il suffira d’une déclaration.
V LE CADRE INSTITUTIONNEL
COMPARE
1. La Commission de la concurrence
Le Cameroun est le seul pays de la sous-région qui a mis en place une Commission
nationale de la concurrence, la CNC. Cependant, bien que les membres de la CNC soient
nommés, il ressort que cette commission ne fonctionne pas faute de moyens financiers. Au
Gabon, cette commission devrait voir le jour après révision de la loi (projet de révision en
cours).
Les lois de tous ces pays octroient une certaine indépendance à leur autorité de
régulation (autonomie juridique, budget indépendant, irrévocabilité des membres du
Conseil d’administration et de la présidence pendant toute la durée de leur mandat). En
pratique toutefois, toutes ces autorités, que ce soit des agences ou des offices de régulation,
sont placées sous la tutelle du ministère en charge des télécommunications.
VI LE MARCHE DES
TELECOMMUNICATIONS
1. La téléphonie fixe
Dans tous les pays de la sous-région, l’opérateur historique offre le téléphone fixe
et l’Internet. Pour faire face à la saturation des réseaux en câble, ces opérateurs offrent aussi
de la téléphonie fixe mobile de norme CDMA. Certains de ces opérateurs ont créé des
filiales pour l’offre de ces services (TAWALI au Tchad). Les autres offrent du « fixe-
mobile » sans avoir créé de filiale spécialisée.
Il faut aussi noter qu’en RCA et à Sao Tome et Principe, le monopole du fixe est
échu et le marché du fixe est ouvert à l’entrée d’un éventuel concurrent. A ce jour,
toutefois, ce processus a échoué et l’opérateur historique détient encore le monopole, de
fait sinon de droit.
CELTEL, qui s’appelle maintenant ZAIN fut fondée en 1998 par un investisseur
soudanais Mo Ibrahim. Rachetée en 2005 par Mobile Telecommunications Company, du
Koweit. En Afrique, ZAIN est présent au Burkina Faso, au Tchad, en Rép. Du Congo, en
RDC, au Gabon, au Ghana, au Kenya, à Madagascar, au Malawi, au Niger, au Nigeria, en
Sierra Leone, au Soudan, en Tanzanie, en Ouganda et en Zambie. A noter que dans la sous-
région, ZAIN est présent au Gabon, en Rép du Congo et au Tchad.
Depuis septembre 2006, CELTEL a lancé son système « One Network », au Kenya,
en Ouganda et en Tanzanie, étendu au Gabon, en Rép du Congo et à la RDC depuis juin
2007. One Network, ou « Réseau Unique », que ZAIN entend étendre à tous les pays où
elle est présente, permet aux usagers de pratiquer le roaming sans charges, aux tarifs
domestiques et de recevoir les appels de ces pays sans charges supplémentaires, et avec la
possibilité de recharge locale.
MTN, fondé en 1994, en Afrique du Sud, est présent en Afrique, au Moyen Orient
et en Asie. En 2008, des propositions de fusion avec des groupes télécom Indiens (Bharti et
Reliance) ont été étudiées mais n’ont pas abouti à ce jour. Dans la sous-région, MTN est
présent au Cameroun et en République du Congo. En Afrique, MTN est aussi présent au
Bénin, au Botswana, au Cameroun, en Rép. Du Congo, en Cote d’Ivoire, au Ghana, en
Guinée Bissau, en Rép. De Guinée, au Libéria, au Nigeria, au Rwanda, en Rép. D’Afrique
du Sud, au Soudan, au Swaziland, en Ouganda, et en Zambie.
MOOV, d’origine de Cote d’Ivoire, a été repris par ETISALAT (Emirats Arabes
Unis). En 2007 ETISALAT détenait 70% du capital, en 2008 sa participation a augmenté à
82%. Dans la sous- région, le groupe est présent en RCA et au Gabon. Ailleurs en Afrique,
MOOV est présent au Bénin, au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire, au Niger, et au Togo.
HITS TELECOM, dont le siège en Arabie Saoudite est une filiale à 100% de la
société émirati International Investment House. Cette nouvelle société investit en Afrique
dans les infrastructures des pays émergents. HITS a obtenu des licences de
télécommunications complètes en Guinée Equatoriale, au Burundi et en Ouganda.
Dans la sous-région, le marché des accès à Internet est largement concurrentiel, les
accès sont fournis par les opérateurs de téléphonie fixe, certains opérateurs de téléphonie
mobile et des fournisseurs d’accès à travers des VSAT.
Les services Internet sont fournis dans tous les pays de la sous-région par les
opérateurs titulaire d’une licence, les petits opérateurs exploitant le VSAT et des centaines
de cybercafés. Dans la sous-région certains établissements hôteliers fournissent aussi le
service Internet soit gratuitement soit à titre onéreux à leur clientèle. Cependant, on note
une entente tacite des tarifs des services Internet dans les cybercafés, les tarifs étant le plus
souvent uniformes dans tout un quartier, toute une ville, ou probablement même, tout un
pays.
La revente du trafic est très développée dans la sous-région. C’est ainsi que les revendeurs
de trafic offrent aux consommateurs du téléphone la possibilité de téléphoner soit à un tarif
moins élevé que le tarif de l’opérateur, - c’est le cas du Cameroun- ou à des tarifs plus
élevés que celui de l’opérateur, - c’est le cas de tous les revendeurs des autres pays de la
sous-région.
Le marché de la vente des terminaux est très concurrentiel car il y a les opérateurs
de téléphonie mobile et beaucoup de commerçants qui exercent sur ce sous segment. Les
opérateurs en profitent pour faire des offres bon marché qui cassent les prix des
commerçants. C’est aussi un marché où opèrent beaucoup de revendeurs informels qui se
soucient peu de l’homologation des appareils, souvent de mauvaise qualité et importés en
contrebande.
Il est difficile de tirer des conclusions au vu de cette grille de tarifs. A noter que
nous n’avons considéré que les tarifs de base et non les offres promotionnelles considérées
comme de court terme et non représentatives. On peut se demander toutefois si les offres
promotionnelles ne sont pas l’apanage des pays où plusieurs concurrents se disputent le
marché, comme la RCA et la Rép du Congo, alors qu’elles sont nettement moins présentes
dans les pays où il n’y a que deux opérateurs.
Les opérateurs lancent des campagnes promotionnelles environ tous les 2 mois,
pour des durées limitées, ce qui démontre la lutte concurrentielle que se livrent les divers
opérateurs du mobile. Par exemple, en Rép. Du Congo, la société WARID à ses débuts a
offert des communications de WARID à WARID à un prix forfaitaire sans limitation de
durée, alors que le prix des communications hors-réseau domestiques et internationales est
fixé à 145 FCFA/min. ou 3 FCFA/sec. A noter que le consommateur doit choisir entre
deux offres inégales (le prix à la seconde étant notablement plus cher (3FCFA/sec. =
180/min au lieu de 145/min). Au Tchad, TIGO offre tous les tarifs payés en secondes, et
ne pose pas le dilemme de prix différents au consommateur pour l’option secondes.
Afin de pouvoir affiner l’étude des plans tarifaires, nous avons séparé les offres de
téléphonie fixe de celles du mobile. Cela donne les tableaux ci-dessous.
Il ressort du plan tarifaire élaboré en prenant les tarifs planchers et plafonds dans
les réseaux de téléphonie fixe les constats suivants :
-le tarif intra réseau le moins cher est celui de la Guinée Equatoriale soit 6,9 FCFA
la minute et le tarif le plus élevé est celui du Congo, soit 100 FCFA la minute ;
- le tarif extra réseau vers le réseau mobile le plus bas est celui de Sao Tomé soit
76,50 FCFA la minute et le tarif le plus onéreux du réseau fixe vers le réseau mobile
est celui du Gabon soit 245 FCFA.
- Le Gabon a les meilleurs tarifs vers l’international pour le fixe, qui se situent entre
290 et 300FCFA la minute .
Pour élaborer ce tableau nous n’avons pris que les tarifs planchers, médians et
plafonds des différents opérateurs du secteur.
- le tarif téléphonique intra réseau le moins élevé est celui de Sao Tomé, soit
76,50 FCFA la minute et le tarif le plus élevé est celui de la Guinée Equatoriale,
soit 250 FCFA la minute ; tous deux sont en situation de monopole, et tous
deux subventionnent le local par l’international.
- le tarif extra réseau le moins élevé est de 128 FCFA en RCA, ce qui pourrait
être dû à la forte concurrence existant actuellement sur ce marché du fait de
l’arrivée récente d’ORANGE, en plus des 4 autres opérateurs.
- Le tarif extra réseau le plus élevé est celui du Gabon, soit 245 FCFA sur les
communications internationales,
- le tarif le moins élevé est 119 FCFA la minute au Congo, grâce à l’arrivée de
WARID ; et
Dans la structure des tarifs extra réseau, le tarif d’interconnexion est une
composante importante. Dans les pays de la sous-région ces tarifs sont négociés entre les
opérateurs. Après accord entre les opérateurs, l’autorité de régulation valide ces tarifs et
devrait en principe les rendre publics. En cas de désaccord entre opérateurs
l’interconnexion physique est tout de même réalisée en attendant l’aboutissement de
l’accord et dans ce cas, l’autorité de régulation préside aux négociations. Cependant au
Congo, sous l’égide de l’autorité de régulation, un tarif d’interconnexion a été arrêté et
s’applique à tous les opérateurs du secteur. La conséquence de cette situation est que le tarif
extra réseau est le même partout, soit 145 FCFA la minute.
On peut remarquer que pour la majorité des pays le tarif d’interconnexion moyen
est autour de 50 FCFA. En république du Congo où le tarif a été négocié sous l’égide de la
DGACPT, il devra baisser graduellement jusqu’à ce chiffre, début 2010. Seul le Gabon a un
tarif relativement élevé à 75 FCFA. Quant à la Guinée Equatoriale, les chiffres indiqués
sont ceux de l’opérateur historique, qui demande 105 et le nouveau venu qui est prêt à
accorder 45 FCFA. On est ainsi dans la fourchette de la sous-région.
IX PRATIQUES
ANTICONCURRENTIELLES
Il faut être prudent quand on parle de pratiques observées, car bien-entendu cette
étude ne permet pas d’apporter de preuves sur d’éventuelles allégations, mais seulement des
présomptions ou des soupçons sur l’existence de pratiques anticoncurrentielles probables.
1. Le monopole
Il faut noter cependant que dans plusieurs pays le monopole du fixe et du trafic
international octroyé à l’opérateur historique est limité dans le temps dans le but de leur
permettre de se faire une santé financière au regard des responsabilités de service universel
qui leur sont dévolues par la loi et afin dans certains cas de les privatiser en totalité ou en
partie.
En règle générale les opérateurs en situation de monopole ont tendance à fixer des
tarifs exorbitants, qui n‘ont aucun rapport avec les coûts de revient et à subventionner le
trafic local par le trafic international, comme on a pu le constater, par exemple, à Sao Tome
et en Guinée Equatoriale..
2. Suspicions d’ententes
Clairement, plus le nombre d’opérateurs est restreint et plus il est facile pour ces
opérateurs de s’entendre, de manière explicite ou tacite, ou en tous cas de pratiquer le
parallélisme des prix. Ce risque existe au Cameroun, où il y a situation de duopole du mobile
entre MTN et ORANGE, CAMTEL n’ayant jamais obtenu la licence GSM. Les usagers
dénoncent une entente entre opérateurs mobiles. La Commission Nationale de la
Concurrence (CNC) bien que récemment établie, ne dispose pas encore des moyens
suffisants pour effectuer des enquêtes décisives. De plus, l’agence de Régulation (ART) ne
dispose pas de la formation nécessaire pour démasquer et sanctionner les pratiques
anticoncurrentielles.
D’une manière générale dans des pays où le droit de la concurrence n’existe pas ou
n’est pas encore effectivement appliqué et où l’autorité de régulation des télécoms bien
qu’ayant des responsabilités d’assurer une «concurrence saine et loyale » ou une
« concurrence efficiente et loyale » n’a pas la formation nécessaire, les opérateurs ont tout
loisir de s’entendre s’ils le désirent.
Les tarifs de base (sans promotions temporaires) font penser à des similitudes de prix
(145.-FCFA chez plusieurs opérateurs en Rép du Congo), mais la multiplicité des offres et
des promotions de toutes sortes rend la lecture des conditions de services télécoms très
difficile pour les consommateurs, qui se ruent sur les offres promotionnelles. C’est aussi le
cas pour les éventuelles autorités de la concurrence qui ont du mal à déterminer s’il y a
effectivement concertation ou simplement parallélisme des prix. Ce point est aussi souligné
par les autorités de la concurrence des pays développés.
La COMCO en Suisse, par exemple, souligne que la complexité des offres peut
cacher une stratégie visant à faire croire à l’existence d’une forte concurrence alors qu’en
réalité tout est calculé et « même les spécialistes ont du mal à se retrouver dans cet
enchevêtrement de plans tarifaires »8 . De même, au Cameroun, l’ART remarque que les
offres sont très différentes et difficiles à comparer. Il y a beaucoup d'options. La structure
des coûts n'est pas forcément la même.
A ce propos, il est intéressant de noter que le projet de directive (IP/07/1677) de
l’Union européenne, vise entre autres à donner aux usagers du fixe et du mobile ainsi que
de l’Internet plus de droits et un choix accru. Le projet vise plus de transparence et une
meilleure information des consommateurs en matière de prix, de tarifs et de conditions en
obligeant les opérateurs à publier ces informations pour permettre au consommateur de
mieux comprendre et surtout de pouvoir comparer les offres.
ENCADRE No.4
Le cas de LACOM en Algérie
Toutefois, les problèmes de LACOM ne se sont pas arrêtés là. LACOM, propriété
à 50-50 de Orascom Télecom (Egypte) et de Télecom Egypt réunis dans le consortium
CAT, détenait depuis 2005 la seconde licence de téléphonie fixe remportée pour 65
millions de dollars. Dès février 2007, fin de sa première année d’activité, l’instance de
régulation des télécommunications en Algérie, l’ARPT, adressait un procès verbal à
Lacom pour non respect du cahier des charges, le développement du réseau national
s’étant arrêté. Lacom, 50 000 abonnés à ce moment là, perdait trop d’argent et devait
revoir ses plans.
5. Ventes à perte
Les tarifs des opérateurs, bien que basés théoriquement sur les coûts, se fixent
généralement suivant la pratique dite du « benchmarking », c'est-à-dire en fonction de ce que
proposent les concurrents. Dans les pays où il y a plus d’opérateurs (comme au Gabon ou en
RCA) certains opérateurs ont avoué qu’ils ne s’en sortiraient pas s’ils n’étaient pas soutenus
par des grands groupes, capables de les soutenir pour un temps. Les plus faibles se sont vus
obligés de se faire racheter par des opérateurs plus puissants pour éviter la faillite. Cela
implique que certains opérateurs sont certainement amenés à vendre leurs services en
dessous du prix coûtant. Les offres promotionnelles qui foisonnent en Afrique peuvent aussi
signifier pour certains grands groupes la vente à perte temporaire pour chasser du marché un
concurrent moins puissant et en tout cas pour mieux se positionner en termes de part de
marché.
6. Fusions et acquisitions
Comme nous l’avons vu ci-dessus, il est courant que les opérateurs mobiles vendent
leurs installations à de grands groupes. Les fusions et acquisitions risqueraient d’être
anticoncurrentielles si elles résultaient en une concentration du marché, susceptible de mener
à des positions dominantes ou à de nouveaux monopoles. Nous n’avons pas observé de tel
cas pour le moment dans la sous-région. Cependant, une certaine vigilance s’impose, car on
ne peut pas exclure ce phénomène lorsque les marchés auront atteint leur phase de maturité.
Il est donc essentiel que tous les pays de la sous-région soient dotés d’un droit et d’une
autorité de la concurrence efficace également en matière de concentrations.
7. Concurrence déloyale
De nombreuses autres pratiques dénoncées surtout par les usagers ne sont pas à
proprement parler des pratiques anticoncurrentielles. Souvent on constate une confusion des
genres, les opérateurs et même les agences de régulation n’ayant pas une vue très claire de ce
qui est demandé par la législation lorsque celle-ci prescrit une « concurrence saine (ou
effective) et loyale » dans le secteur des télécoms. Il faut faire la distinction entre les pratiques
anticoncurrentielles que sont les ententes, les abus de position dominante et les
concentrations d’une part, et la « concurrence déloyale » d’autre part. Ainsi on en arrive
parfois à des actions contradictoires, dans lesquelles les agences de régulation peuvent
condamner des opérateurs pour pratiques déloyales, comme par exemple la publicité
comparative, alors que si cette publicité n’est pas mensongère, cela n’a rien
d’anticoncurrentiel et est plutôt l’expression d’une saine concurrence !
Lorsqu’ils sont nombreux, les opérateurs mobiles se livrent souvent une bataille
acharnée au niveau de la publicité. Ainsi certains sont accusés d’envoyer des messages
publicitaires par sms aux abonnés d’un réseau concurrent. D’autres auraient placardé leur
publicité au sommet de bâtiment abritant le siège de son concurrent. D’autres enfin ont été
accusés d’offrir la peinture à leurs couleurs et les services de peintres gratuitement aux
commerces intéressés. Tout cela ne nous parait pas être à priori anticoncurrentiel, à moins
que cela constitue un abus de position dominante, les autres opérateurs moins fortunés ne
pouvant pas suivre.
De nombreux opérateurs offrent des prix et des avantages par tirage au sort à leurs
usagers, comme des voitures ou des « packs à bas prix avec crédits de pré-payé, ce qui selon
certains serait en contravention avec les lois concernant les tombolas et les jeux.
Certains opérateurs sont accusés d’avoir critiqué leur concurrent injustement dans
leur publicité. L’agence de régulation les a obligés de cesser et de s’excuser dans les journaux.
Si cette publicité est effectivement mensongère, il s’agit de concurrence déloyale, et l’agence a
raison de l’interdire. Par contre, si elle n‘est pas mensongère et si elle n’est pas pratiquée par
un opérateur dominant, il nous semble que l’agence de régulation ne devrait pas intervenir.
Certains opérateurs mobiles se plaignent amèrement du fait que les licences sont
octroyées sans transparence aucune, personne ne sachant quelles conditions ont été offertes
aux concurrents ni si la procédure d’appel d’offres a été utilisée. Des accusations de partialité
et d’arbitraire ont également été avancées contre certaines agences de régulation.
X CONCLUSIONS &
RECOMMANDATIONS
Nous n’allons pas répéter ici les conclusions et les recommandations relatives à
chacun des pays de la sous-région qui se trouvent dans les Rapports de chacun des pays
étudiés dans la présente étude. Il convient ici de formuler les grandes lignes émanant de
l’ensemble de nos travaux.
Par rapport aux tendances et aux perspectives mondiales des télécoms énoncées au
début de ce rapport, on peut se demander quelle est la position des pays Africains de la sous-
région. Il est certain que tous les pays étudiés ont maintenant procédé à l’ouverture de leur
marché des télécommunications. Même Sao Tome et Principe, ainsi que la Guinée
Equatoriale, qui sont les derniers à n’avoir qu’un opérateur du fixe et du mobile sur leur
territoire, ont adopté des lois permettant l’ouverture à la concurrence, et que même si Sao
Tome a échoué dans sa première tentative de trouver un concurrent à la CST, la Guinée
vient d’attribuer une licence d’exploitation à la société HITS. Tous deux avaient auparavant
privatisé en partie leur opérateur historique, avec PORTUGAL TELECOM, pour STP et
avec ORANGE FRANCE TELECOM pour la Guinée.
Bien que seuls le Cameroun et le Gabon aient adopté une loi générale sur la
concurrence, appliquée au Gabon par la DGCC et au Cameroun par la Commission
Nationale de la Concurrence dont les débuts sont difficiles, faute de ressources humaines et
financières suffisantes, tous les pays de la sous-région sans exception, se sont dotés de lois
modernes portant régulation des télécommunications et ont mis sur pieds une autorité de
régulation du secteur, à l’exception de la Rép du Congo qui est en passe de le faire.
Un des critères essentiels adoptés par tous les pays dans la réforme de leurs télécoms
est celui de l’indépendance de l’autorité de régulation. Indépendance du Gouvernement, et
en particulier du ministère en charge des télécommunications d’une part, et indépendance
vis-à-vis de l’opérateur historique et des opérateurs de téléphonie mobile qu’elles sont
sensées réguler. Toutes les lois de la sous-région donnent à l’autorité de régulation une
autonomie juridique et financière. Toutefois, la plupart de ces lois précisent dans l’Article qui
suit, que l’autorité est placée sous la tutelle du ministère. De plus, dans la pratique jusqu’à
présent tout au moins, il semble que ces autorités aient été gérées en étroite collaboration
avec le ministère. Qui plus est, dans la plupart des pays étudiés si ce n’est dans tous, les
grandes décisions, à savoir l’attribution d’une licence ou d’une concession échape totalement
à l’autorité de régulation et c’est le ministère ou plutôt le Conseil des Ministres et même la
Présidence qui prend la décision finale. A tel point que dans certains pays l’autorité de
régulation concède ne pas être informée du détail des cahiers des charges de certains
opérateurs, ces conventions étant passées directement avec l’exécutif politique. Certains
opérateurs mobiles se sont même plaints que l’autorité de régulation était partiale et qu’elle
favorisait toujours l’opérateur historique. Cette question de la perception d’indépendance de
l’autorité de régulation est d’une importance telle qu’en Afrique du Sud, par exemple, le
législateur a jugé bon de lui donner le nom d’Autorité « indépendante » des communications
(ICASA).
L’examen comparatif des plans tarifaires, tant des opérateurs du fixe que du mobile
laisse apparaître clairement un lien avec l’existence ou non de concurrence effective sur les
différents marchés. A part les monopoles, où nous avons immanquablement détecté des
anomalies de prix en ce sens que les tarifs des communications nationales fixes étaient
souvent avantagés par des subventions croisées avec les tarifs exagérés du mobile ou du
trafic international, il est apparu avec une certaine clarté que les duopoles, là où ils existaient,
laissaient également apparaître des anomalies de prix, laissant plâner des soupçons d’ententes
explicites ou du moins tacites.
Dans les trois pays de la sous-région ayant (ou ayant eu) des duopoles de la
téléphonie mobile (Cameroun, Tchad et Rép du Congo jusqu’à l’arrivée récente de WARID),
on a pu constater des indices potentiels d’entente. Par ailleurs, au niveau des tarifs, il est clair
que ceux-ci sont plus élevés que dans les pays de la sous-région bénéficiant d’une forte
concurrence comme la Rép Centrafricaine et le Gabon ; et maintenant la Rép du Congo,
depuis l’arrivée du troisième opérateur.
La stratégie des opérateurs dominants est aussi clairement documentée par l’étude de
la sous-région. La plupart des opérateurs ayant à leur actif un réseau important ont en
premier lieu tout au moins, refusé d’accepter l’interconnexion avec le ou les nouveaux venus.
Lorsque la loi l’y oblige, l’opérateur dominant a négocié avec réticence des tarifs
d’interconnexion exagérés. Cela est visible dans tous les pays étudiés. Le rôle de l’autorité ou
agence de régulation est essentiel à ce sujet. Il doit être perçu comme impartial par les
différentes parties, mais il doit aussi s’y connaître et ne pas laisser passer des tarifs
d’interconnexion exagérés. A ce sujet, l’accord concocté sous l’égide de la DGACPT en Rép
du Congo permettra de retrouver un tarif passable à 50 FCFA en 2010, mais entretemps,
l’opérateur dominant aura eu deux ans pour profiter de sa position.
Par ailleurs, lorsque l’opérateur dominant se sent assez confortable pour ne pas voir
sa part de marché diminuer malgré qu’il impose un prix plus élevé que son principal
concurrent, comme c’est le cas de CELTEL ZAIN au Tchad, avec 64.5% de part de marché,
Enfin, l’étude a clairement démontré que lorsque l’on assistait à l’entrée d’un nouvel
opérateur, ce dernier fait des efforts de promotion et de tarification pour prendre une part de
marché et qu’à ce moment, le ou les concurrents sur place avant lui s’arrangent pour baisser
leurs prix et améliorer leurs offres envers la clientèle. On parle d’une baisse de 40% des tarifs
de GETESA/ORANGE en Guinée Equatoriale avec l’arrivée imminente de HITS, on
constate les fortes baisses de prix en Rép du Congo avec l’entrée de WARID, et le même
scénario se reproduira sans doute au Gabon avec l’arrivée de nouveaux opérateurs prêts à
bousculer l’ordre établi auparavant par les opérateurs présents.
Il faut noter toutefois que lorsque le nouveau venu a trouvé un point d’équilibre,
c'est-à-dire une part de marché acceptable, qu’il juge suffisante pour un temps, les tarifs
risquent d’arrêter de baisser, voire même remonter. Nous avons pu constater qu’entre
octobre 2008 et février 2009, date de notre deuxième visite à Bangui, les prix de certains
opérateurs étaient devenus plus chers. Il est clair qu’en octobre 2008 la guerre des prix faisait
rage avec le nouveau venu ORANGE, qui faisait des offres promotionnelles. Certains
concurrents se plaignaient même qu’ils étaient obligés de faire appel au soutien de leur
maison mère pour tenir le coup, et que s’ils n’avaient pas un grand groupe pour les soutenir,
ils feraient faillite. Ce fut le cas de MOOV, qui avait été racheté par ETISALAT.
- Le monopole fixe le prix maximum que ses clients captifs peuvent supporter. Sil
augmente trop les tarifs les clients ne peuvent plus suivre (surtout dans des pays pauvres) et
en définitive ses revenus baissent. Il y a donc un point qui maximise ses revenus ; le
maximum du monopoleur. Pour des raisons stratégiques ou politiques il opte souvent pour
des subventions croisées (interdites par la plupart des nouvelles lois des télécoms) pour par
exemple soutenir les communications locales bon marché au détriment des communications
internationales, ou pour soutenir le fixe en faisant supporter un coût exagéré au mobile s’il
en a aussi le monopole.
- Lorsque le duopole est établi : (i) on assiste d’abord à une guerre des tarifs, une forte
réactivité des offres-miroirs, et des offres promotionnelles attrayantes avec possibles ventes à
perte (heures gratuites, tarifs imbattables, primes, double-crédit, etc.) ; (ii) entente tacite ou
formelle : s’il n’y a aucune loi pour l’interdire, les opérateurs peuvent au bout d’un moment
décider de s’entendre : il y a partage des marchés, fixation de prix semblant différents mais
en définitive équivalents pour les consommateurs (en fonction de la part de marché en
termes de réseau) des opérateurs. Si le duopole en a la force, il peut convaincre les autorités
de « l’inutilité de laisser entrer un troisième opérateur ». Cela peut être d’autant plus évident
lorsque les autorités ont des intérêts (par exemple en possédant des actions) dans l’un ou les
deux opérateurs. A signaler que la plupart des lois portant sur les télécommunications de la
- A l’arrivée d’un troisième opérateur, l’ancien duopole peut se liguer contre lui.
Refus d’accès aux réseaux, etc. Mais plus les opérateurs sont nombreux et plus il devient
difficile de s’entendre. A la fin certains lâchent prise et s’en vont ou se font racheter: il y a un
processus de consolidation.
- Evidemment, pour les consommateur (particuliers et entreprises untilisatrices) il y a
intérêt à ce que l’on ne laisse pas le marché se stabiliser trop longtemps, pour éviter la
formation d’ententes et la hausse –ou l’arrêt de la baisse- des tariffs de services de
communications.
- Pour être complet, il faut aussi parler des autres marchés, en dehors de la téléphonie
mobile. Par exemple sur le marché de l’accès à l’Internet –un outil de plus en plus
indispensable pour les entreprises, donc pour l’économie et la croissance- on a pu constater
des possibles abus de position dominantes lorsque les opérateurs dominants sur la téléphonie
mobile ont racheté des sociétés fournissant l’accès à Internet.
- Il y a aussi les monopoles que l’Etat accorde à l’opérateur historique dans un
domaine ou un autre. Vu l’importance da la fibre optique pour un futur proche de tous les
pays de la sous-région, il faudrait éviter d’accorder des monopoles à la légère, car ils
pourraient avoir des effets néfastes sur l’économie des Etats membres.
Ainsi, sans vouloir répéter les recommandations énoncées dans chacun des Rapports
Pays, nous pouvons rappeler ce qui suit :
- Les pays qui ne l’ont pas encore fait, devraient s’intéresser à élaborer un projet de
loi générale sur la concurrence, prévoyant la création d’une autorité de la concurrence
disposant de pouvoirs étendus et des moyens de sa politique. Une telle autorité (par exemple
Commission de la Concurrence) devrait autant que possible être indépendante du pouvoir
politique.
- Les organisations internationales comme la CNUCED, l’OCDE ainsi que la
CEMAC elle-même, disposent de services d’assistance technique et de formation des
capacités susceptibles sur demande d’épauler les Etats qui s’intéressent à développer un droit
national de la concurrence.
- Une fois la loi générale sur la concurrence adoptée, l’Etat devrait s’assurer que
l’autorité de la concurrence créée par la loi soit établie dans les plus brefs délais et qu’elle soit
opérationnelle sur tous les secteurs-clés de l’économie nationale.
- Une fois que tous les pays de la sous-région disposeront d’une autorité ou agence
de régulation des télécommunications (la Rép du Congo est sur le point de le faire), ils
devraient s’atteler à rendre cet organisme réellement autonome et indépendant des pouvoirs
politiques, afin de lui donner toute la crédibilité nécessaire en tant qu’autorité impartiale,
non-discriminatoire et dont les décisions seront pleinement transparentes, c’est-à-dire
publiées et expliquées au grand public. Cela correspond aux principes de transparence,
d’objectivité et d’égalité de traitement énoncés dans les directives de la CEMAC.