Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
de sobriété
CITATION DE CE RAPPORT
David CORRE, TEHOP, Cléa VAULOT, TEHOP, Gaël VIRLOUVET, TEHOP. 2021
Politiques territoriales de sobriété - Entretiens avec des acteurs de la sobriété –
Phase 2 de l’étude de la sobriété dans les démarches territoriales de l’ADEME. 28 pages
Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants
droit ou ayants cause est illicite selon le Code de la propriété intellectuelle (art. L 122-4) et constitue une contrefaçon
réprimée par le Code pénal. Seules sont autorisées (art. 122-5) les copies ou reproductions strictement réservées à
l’usage privé de copiste et non destinées à une utilisation collective, ainsi que les analyses et courtes citations justifiées
par le caractère critique, pédagogique ou d’information de l’oeuvre à laquelle elles sont incorporées, sous réserve,
toutefois, du respect des dispositions des articles L 122-10 à L 122-12 du même Code, relatives à la reproduction par
reprographie.
ADEME
20, avenue du Grésillé
BP 90 406 | 49004 Angers Cedex 01
Étude réalisée pour le compte de l'ADEME par : David CORRE, TEHOP, Cléa VAULOT, TEHOP, Gaël VIRLOUVET, TEHOP. 2021
Coordination technique - ADEME : Dominique Traineau et Marianne Bloquel
Direction/Service : Direction Economie circulaire et Déchets / Service Consommation et Prévention
INTRODUCTION ................................................................................................ 5
1. QUELLE EXPERIENCE DE LA SOBRIETE PAR LES ACTEURS ? ................ 6
1.1. La sobriété, un concept qui peut être nouveau pour certains acteurs interrogés ..... 6
1.2. La sobriété, choix ou contrainte ? .................................................................................. 6
1.3. La sobriété comme moyen de réduire l’impact négatif des activités humaines sur
l’environnement ........................................................................................................................ 7
1.4. La sobriété au cœur d’un récit de société à construire ................................................ 7
1.5. La sobriété, thématique de société transversale ........................................................... 8
1.6. Le besoin : une notion relative, qui couvre de nombreuses dimensions, et dont le
caractère fondamental est à définir ........................................................................................ 8
Le présent document est une synthèse des entretiens bilatéraux menés lors de la phase 2 de
l’étude « La sobriété dans les démarches territoriales : État des lieux, besoins, soutiens de
l’ADEME » réalisée pour l’ADEME entre septembre 2020 et juin 2021. Ces entretiens se sont
tenus entre février et mars 2021, auprès d’acteurs engagés dans des actions de sobriété et
d’experts ayant mené une réflexion sur le sujet.
Les entretiens avaient plusieurs objectifs :
‐ mettre en perspective les premiers éléments de définition d’une « Politique
territoriale de sobriété » au regard de l’expérience de terrain des acteurs,
‐ identifier les freins et les leviers au déploiement d’actions de sobriété à l’échelle
territoriale,
dessiner les contours d’une politique territoriale de sobriété,
‐ recueillir et synthétiser les besoins des acteurs pour déployer plus largement des
actions de sobriété et identifier comment l’ADEME pourrait y répondre
La liste des personnes interrogées a été composée de manière à pouvoir éclairer ces aspects,
avec une recherche de diversité dans les positionnements.
Les acteurs rencontrés interviennent, avec une approche « sobriété » dans un ou plusieurs
champs explorés par cette étude : l’alimentation, la consommation, l’habitat et
l’aménagement, la mobilité, le numérique.
La plupart des personnes interrogées ont une expertise transversale de la sobriété. Les profils
des experts interrogés sont variés : plusieurs d’entre eux sont issus du monde de la recherche
universitaire, d’autres organisations spécialisées dans la conduite d’études sociologiques, de
services déconcentrés de l’Etat (dont l’ADEME). De nombreux acteurs ont également une
expérience opérationnelle de la sobriété, en tant que professionnels de la conception de
bâtiments, coordinateurs de réseaux, ou représentants d’associations engagées. Un acteur
interrogé est issu d’une collectivité.
Tableau 1 : Entretiens menés dans le cadre de la phase 2
1.1. La sobriété, un concept qui peut être nouveau pour certains acteurs interrogés
L’apparition du terme « sobriété » (décrite dans le panorama sur la notion de Sobriété, ADEME
2019) apparaît aux yeux des personnes interrogées comme plutôt récente en France. Elles
considèrent que la sobriété s’est immiscée de plus en plus largement dans le débat public
depuis une dizaine d’années. Certaines évoquent l’appropriation du concept par des élus
locaux (Eric Piolle, Léonore Moncond’Huy…) ou par des membres du gouvernement (« sobriété
foncière » évoquée par Emmanuelle Wargon, le 10 septembre 2020).
Certains acteurs interrogés ont contribué à faire émerger la notion dans le débat public en
publiant des travaux scientifiques (Programme Sobriétés 2010-2013 en région Nord-Pas-de-
Calais, Villalba) ou en accueillant dans leurs réseaux des associations qui portent la notion de
sobriété. Certains acteurs interrogés sont en train de structurer leur message sur la sobriété
(Maire, Lavocat), d’autres ont déjà le titre de « référent sobriété » au sein de leur structure
(Sanchis). Beaucoup sont familiers de la notion de sobriété sous l’angle de l’interrogation du
besoin. Certains ont développé en parallèle une approche sociale de la sobriété : « sobriété
contrainte ». Certaines structures peuvent être amenées à dispenser des formations à des élus
ou à des porteurs de projet (Lavocat, Sanchis). Les acteurs interrogés peuvent aussi être
familiers de la notion de sobriété sans l’avoir, à ce stade, pensé dans le cadre d’une politique
territoriale. D’autres enfin, rencontrent la notion de sobriété pour la première fois à l’occasion
de l’entretien (Baudran, Bonnefoy, Froment). Les membres du Mouvement pour une frugalité
heureuse et créative ont préféré utiliser le terme de « Frugalité » qui, selon eux, revêt un
caractère plus positif (Bornarel, Gauzin-Müller, Vautor). Il a été observé que certains acteurs
associent sobriété et efficience, voire à la production d’énergies renouvelables dans le cadre
d’une démarche d’autosuffisance énergétique ou alimentaire (Baudran).
1.3. La sobriété comme moyen de réduire l’impact négatif des activités humaines sur
l’environnement
Pour certains, la sobriété a été interprétée comme la réduction de la consommation à l’échelle
de l’individu, du collectif, du territoire (avec le risque de confusion avec ce qui relèverait plus
de « l’efficacité » ou de la « performance environnementale » plutôt que de la ré-interrogation
des besoins et l’adoption de nouveaux comportements, comme vu ci-dessus).
Pour d’autres, centrer le message de la sobriété sur « la réduction » présente des risques,
notamment vis-à-vis des plus précaires. La sobriété c’est aussi « consommer mieux », et se poser
la question de ses besoins fondamentaux, réels. Il est rappelé que la sobriété pose la question
de « l’utilité ». Par exemple : “quels serait les arguments en faveur des vitrines lumineuses la
nuit ?” (Villalba). La sobriété peut également ré-interroger les normes sociales, à l’image de
l’actuelle valorisation des séjours lointains (Villalba).
Au-delà de cette dimension, il a été estimé par plusieurs acteurs, que la sobriété est un moyen
de réduire l’impact carbone des activités humaines et leurs externalités négatives (sur
l’environnement, la santé humaine…), en aval de l’extraction et de la consommation des
ressources naturelles (Brulaire et Grimaud). La sobriété est également perçue comme un moyen
au service d’un meilleur partage des ressources disponibles dans une logique solidaire (Bornarel,
Gauzin-Müller, Vautor).
1.6. Le besoin : une notion relative, qui couvre de nombreuses dimensions, et dont le
caractère fondamental est à définir
De nombreux acteurs interrogés ont estimé que la question du besoin, ou de l’usage, est
centrale à leur approche. Certains d’entre eux ont cependant estimé que cette notion
gagnerait à être mieux précisée dans le cadre de politique territoriale de sobriété. La
perception du besoin est une notion relative, qui peut varier d’un individu à l’autre, d’un groupe
social à l’autre, d’un territoire à l’autre. De cette façon, un comportement qui vise à subvenir à
un besoin perçu comme fondamental n’est pas nécessairement en adéquation avec les
objectifs de la sobriété. Il semble donc primordial de définir plus clairement ce qu’est le
« besoin réel » (Courboulay, Froment). En termes d’alimentation, subvenir à ses besoins
nutritionnels pourrait être considéré comme fondamental (Martin). Définir le besoin
fondamental peut être complexe selon la thématique (numérique). Dans le secteur de l’habitat,
la perception du besoin en termes de typologie et de surface du logement varie dans le temps
(Rubin, Froment). Le bien-être, l’épanouissement personnel peuvent enfin vus comme des
besoins en tant que tels (Labonne).
Les entretiens ont permis d’identifier plusieurs freins au déploiement d’actions de sobriété à
l’échelle locale, ainsi que les leviers correspondants à activer par les acteurs compétents.
Ce constat d’une maturation progressive mais hétérogène de la sobriété dans la société a été
mis en lien par de nombreux acteurs avec la prégnance de normes sociales et de
représentations culturelles. Ces représentations valorisent la sur-consommation,
l’abondance matérielle et la propriété individuelle (Pasquier, Villalba), à l’image du
suréquipement numérique (Courboulay, Roussilhe, Viot). Plusieurs personnes interrogées
déplorent un manque de culture du partage et du collectif (mutualisations d’équipements,
prise de décision collective, communs…).
Les personnes interrogées ont relevé des préjugés liés à un manque de connaissances
générales (voire techniques) sur les solutions existantes (Labonne : éco-lieux, Rubin et
Froment : habitat évolutif, Roussilhe et Courboulay : services numériques éco-responsables).
Ces préjugés portent sur :
‐ la dimension idéologique des solutions défendues, notamment lorsque celles-ci
mettent en question la propriété individuelle et la notion de confort matériel. Ces
solutions sont attribuées à une population militante (Labonne).
‐ la faisabilité des projets (Rubin),
‐ le coût des solutions techniques (Rubin, Froment),
‐ la qualité du produit ou du service final rendu (Courboulay, Roussilhe).
2.1.3. Une acculturation progressive des acteurs, à construire sur le long terme
Les acteurs interrogés estiment qu’une acculturation à la sobriété est possible. Néanmoins, ils
ont souligné, que ce changement de représentation et de comportement nécessite un travail
de sensibilisation et de communication qui s’inscrit dans le temps long. Ce travail peut viser
les élus, les services des collectivités, les habitants et les acteurs économiques.
Camille Sanchis identifie un enjeu d’acculturation à la sobriété des élus locaux qui ne savent
pas toujours encore identifier l’ensemble des actions de développement local relevant de ce
champ. Perçu comme une « diminution », le parallèle avec le développement local durable
n’est pas encore acquis.
Un besoin de prise de conscience par les habitants des impacts qu’ont leurs comportements
est relevé, notamment sur le numérique (Mathé).
Mathieu Labonne, de la Coopérative Oasis, a observé que la construction de liens entre éco-
lieux et communes d’accueil permet de faire évoluer les mentalités et de diffuser un ensemble
de pratiques vertueuses parmi la population.
« Le besoin de propriété » est observé comme un frein, que ce soit du point de vue du
particulier ou du point de vue de l’entreprise (Maire, Pasquier, Villalba). Comment accroître la
sensibilisation autour de l’intérêt des « communs » ?
2.2.9. La densité dans la construction, levier pour une plus grande sobriété
foncière : un levier qui fait débat
La densification du bâti est une thématique qui a été mise en avant comme un moyen de lutter
contre l’étalement urbain et l’artificialisation des sols (Maire, Rubin). Pour autant, il a été noté
que la promotion d’une « nécessaire densification » permettant d’atteindre la sobriété
foncière entrave l’essaimage de projets alternatifs innovants en dehors du milieu urbain,
comme les éco-lieux (Labonne). Les élus peuvent être réticents à accueillir des projets
d’habitation légère, malgré leur faible impact sur l’environnement et les sols.
Il est aussi relevé un enjeu à être en capacité d’associer densification de la ville et adaptation
de l’habitat collectif permettant un accès systématique à des espaces extérieurs qualitatifs.
L’étalement urbain répondant notamment à un besoin d’espace extérieur de l’habitant (Heitz,
Maire).
2.2.10. Contraindre ?
Dans l’ensemble la « contrainte », comme mode de déploiement des démarches territoriales
de sobriété, a été peu citée par les acteurs interrogés. A quelles conditions la contrainte
pourrait-elle être soutenante pour les démarches territoriales de sobriété ? Dans quelle mesure
pourrait-on interdire ou décourager la commercialisation de produits à très fort impact
environnemental ou provenant de très loin (Martin) ? Doit-on imposer ou proposer des menus
végétariens ?
Sur certains aspects, elle peut être perçue comme un levier : interdiction des écrans de
publicité dans l’espace public (Lavocat) et réduction globale de la place de la publicité au profit
de communications culturelles ou encore mise en place de plan de circulation décourageant
le trafic automobile de transit (Le Villain et Marrec).
La loi pourrait poser le cadre d’une réduction des pratiques qui ne vont pas dans le sens de la
sobriété. Mais son élaboration doit résulter d’un débat qui permette à tous de s’approprier les
raisons des restrictions d’usage. La contrainte législative apparaît alors comme une réponse
choisie à la double contrainte externe (climatique et de ressources) qui fait que tous les
citoyens ne pourront pas accéder à l’abondance (Villalba).
Les acteurs et experts ont été interrogés sur leur vision d’une politique territoriale de sobriété.
Leurs réponses ont permis de distinguer plusieurs éléments portant sur :
‐ l’approche méthodologique au cours de la conception des politiques publiques,
‐ le contenu des actions, les dispositifs à privilégier,
‐ la sensibilisation et la communication.
Vincent Courboulay décrit un processus qui pourrait être suivi dans le cadre de politiques
territoriales de sobriété :
1. compréhension (information – sensibilisation – formation : montée en compétence),
2. mesure : avoir des indicateurs factuels et concrets (au niveau de la collectivité, mais
aussi une déclinaison citoyenne),
3. évitement,
4. réduction,
5. compensation.
3.1.3. Une action appuyée par la participation des citoyens et des porteurs
d’initiatives
Comme évoqué ci-dessus, la collectivité peut s’appuyer sur des relais citoyens et associatifs
existants. La politique pourrait associer systématiquement les habitants d’un territoire à
Pour les acteurs interrogés, le succès de ces projets repose sur plusieurs conditions :
‐ l’accessibilité des équipements/dispositifs créés, y compris aux populations en
situation de précarité,
‐ l’adoption d’une approche multi-partenariale et participative.
A l’issue des entretiens menés, les personnes interrogées ont partagé leurs besoins et leurs
attentes pour voir se développer les démarches territoriales de sobriété.
Elles appellent à un travail de veille et de recueil des retours d’expérience, en vue d’une
diffusion à destination des collectivités, des professionnels, du grand public et des porteurs de
projet.
Structure interrogée XX
Axe de la sobriété
questionné
Interlocuteur (Nom,
Prénom)
Fonction de l’interlocuteur
Coordonnées
Présentation par l’enquêteur d’une première approche de la sobriété et des politiques territoriales de sobriété
La sobriété est une démarche qui consiste, dans la cadre d’une réflexion individuelle ou collective portant sur la manière
de répondre à ses besoins (individuels ou collectifs) en tenant compte des limites de la planète, à adopter de nouvelles
pratiques de modération et de mesure dans son mode de vie, contribuant ainsi à une réduction de sa consommation
de ressources et de son impact sur l’environnement (dont le climat). La sobriété se traduit donc par une maîtrise de la
demande. Sur cette base, il est considéré que les démarches territoriales de sobriété sont celles qui incitent les
personnes physiques ou morales d’un même territoire à engager cette réflexion et à mettre en œuvre des pratiques de
sobriété.
FAITS ET CHIFFRES
L'ADEME EN BREF L’ADEME référent : Elle fournit des
À l’ADEME - l’Agence de la transition écologique - nous analyses objectives à partir
sommes résolument engagés dans la lutte contre le d’indicateurs chiffrés régulièrement
mis à jour.
réchauffement climatique et la dégradation des
ressources.
CLÉS POUR AGIR
L’ADEME facilitateur : Elle élabore
Sur tous les fronts, nous mobilisons les citoyens, les
des guides pratiques pour aider les
acteurs économiques et les territoires, leur donnons les acteurs à mettre en œuvre leurs
moyens de progresser vers une société économe en projets de façon méthodique et/ou
ressources, plus sobre en carbone, plus juste et en conformité avec la
harmonieuse. réglementation.
Dans tous les domaines - énergie, air, économie ILS L’ONT FAIT
circulaire, alimentation, déchets, sols, etc., nous L’ADEME catalyseur : Les acteurs
conseillons, facilitons et aidons au financement de témoignent de leurs expériences et
nombreux projets, de la recherche jusqu’au partage des partagent leur savoir-faire.
solutions.
EXPERTISES
À tous les niveaux, nous mettons nos capacités L’ADEME expert : Elle rend compte
des résultats de recherches, études
d’expertise et de prospective au service des politiques
et réalisations collectives menées
publiques. sous son regard