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Notes :
Droit indissociable du droit du travail.
Objectif du cours : rendre lisibles les bases du droit belge de la sécurité sociale, donner un
aperçu des principales composantes du système belge de la sécurité sociale.
Philosophie du cours : replacer la sécurité sociale dans son contexte, évoquer tous les autres
enjeux qui traversent la sécurité sociale.
Au sein du droit social, il y a 2 branches : droit du travail (droit privé régissant les liens entre
le travailleur et l’employeur) et la sécurité sociale (droit public régissant comment l’état va
organiser les formes de solidarité pour pallier aux risques sociaux).
Renvois autorisés !
On ne peut pas comprendre le droit de la sécurité sociale si on ne prend pas le temps d’étudier
son histoire : l’histoire permet de mieux comprendre la raison d’être et la configuration de notre
système actuel.
La sécurité sociale est le fruit d’un combat social et politique ; elle est la réponse de notre
société au paupérisme.
à Les nouvelles structures socio-économiques sont génératrices d’une très grande insécurité
d’existence; avec la révolution industrielle, on voit apparaître deux risques nouveaux:
àd’autre part, la révolution industrielle a pour effet de donner une portée nouvelle à trois types
d’événements (la maladie, de la vieillesse et de la charge d’enfants): avec la révolution
industrielle, être malade, vieillir, devoir assurer l’éducation de ses enfants, empêche aussi et
surtout de donner sa force de travail en location et donc de se procurer des moyens de
subsistance pour soi et sa famille.
Ces 5 risques (accident, chômage, maladie, vieillesse, charge d’enfants) sont les principaux
risques qui sont couverts aujourd’hui par notre système de sécurité sociale.
• d’un blocage politique: le droit de vote étant réservé aux hommes les plus riches, la
population ouvrière était complètement exclue de la représentation politique (ceux qui
occupaient le pouvoir trouvaient largement leur compte dans le système en place);
à ce blocage résultait donc du système politique de l’époque : seuls les hommes riches
avaient le droit de voter.
• d’un blocage intellectuel, philosophique: si, pour les libéraux, faire la charité aux plus
démunis était un devoir moral de première importance, il était impensable de
transformer la charité en une obligation juridique; pour les libéraux, il était absolument
inconcevable de faire de la bienfaisance un droit-créance, c’est-à-dire une prestation
juridiquement exigible par son destinataire.
Les libéraux ne voyaient pas comment faire pour contrer le paupérisme sans perdre les acquis
de la Révolution, en particulier le droit à la propriété privée.
Il était par ailleurs considéré qu’il était du devoir de chacun d’anticiper les coups du sort par la
prévoyance, de sorte que l’imprévoyant ne devait s’en prendre qu’à lui-même (responsabilité
individuelle).
Pour se protéger contre l’insécurité d’existence, il n’existe à l’époque que deux possibilités:
Sur le plan politique, l’événement majeur qui a ouvert la voie à l’interventionnisme public, ce
sont les grèves insurrectionnelles de 1886; dans la foulée, un discours prononcé par le Roi
Léopold II marque le coup d’envoi de l’interventionnisme public:
« La situation des classes laborieuses est hautement digne d’intérêt et ce sera le devoir de la
législature de chercher à l’améliorer. (…) Peut-être a-t-on trop compté sur le seul effet des
principes, par ailleurs si féconds, de liberté. Il est juste que la loi entoure d’une protection plus
spéciale les faibles et les malheureux. »
→ la question sociale est vue comme un problème appelant des pouvoirs publics une
réponse.
→ dès l’année suivante, le Parlement va adopter les toutes premières lois sociales.
Peu de temps après 1886, on abandonne le suffrage censitaire pour le suffrage universel plural
→ le POB (le parti ouvrier belge) fait son entrée au Parlement.
En 1919, on passe au suffrage universel masculin pur et simple. Parallèlement, les conditions
intellectuelles se mettent elles aussi en place pour que l’État abandonne sa position de
surplomb: un changement survient sur le plan des idées (déblocage philosophique)
L’aggravation du paupérisme tout au long du 19ème siècle a généré une progressive prise de
conscience qui a joué le rôle de déclencheur.
L’idée émerge que, face à des phénomènes comme la perte d’emploi ou l’accident du travail,
l’individu pris isolément ne peut strictement rien; ce n’est pas de sa faute ; ce n’est pas le résultat
d’un manque coupable de prévoyance.
L’idée alternative qui va peu à peu s’imposer, c’est que tous ces phénomènes sont des risques
produits par le système économique lui-même. Puisque la responsabilité des risques est
sociétale, collective, on va mettre sur pied des dispositifs d’indemnisation de nature
collective: c’est parce qu’on est passé de l’idée d’une responsabilité individuelle à l’idée d’une
responsabilité collective que, en aval, les dispositifs juridiques ont fini par changer.
Deux phases dans le déploiement de l’interventionnisme public de la fin du 19ème siècle jusqu’à
la seconde guerre mondiale :
Depuis le milieu du 19ème siècle, le mouvement ouvrier a créé des caisses de secours mutuel
(initiative purement privée), visant à organiser une forme de solidarité minimale entre les
travailleurs, qui versaient dans un « pot commun » une cotisation prélevée sur leur salaire, ce
qui leur permettait de percevoir une petite allocation en cas de survenance d’un risque social
(trois domaines sont à l’époque visés : maladie-invalidité, vieillesse, chômage).
→ seuls les ouvriers qui pouvaient se permettre de payer une cotisation étaient protégés.
A partir de la fin du 19ème siècle, l’État a commencé à soutenir financièrement les sociétés de
secours mutuel : de l’argent public est venu s’ajouter à l’épargne des travailleurs.
→ l’adhésion reste libre : le bénéfice de la protection sociale reste conditionné à une affiliation
préalable, raison pour laquelle le nombre de travailleurs prévoyants a continué à rester assez
faible par rapport à l’ensemble de la population salariée.
A partir du début du 20ème siècle, émerge une nouvelle revendication du mouvement ouvrier :
rendre l’affiliation obligatoire.
Le tout premier domaine dans lequel la couverture a été rendue obligatoire, ce sont les
accidents du travail (loi du 24 décembre 1903 sur la réparation des dommages résultant des
accidents du travail)
→ Pour la toute première fois, on écartait l’application du droit commun de la responsabilité
civile : le travailleur victime d’un accident au travail ne doit plus prouver une faute pour obtenir
réparation ; le seul fait de la réalisation du risque (la survenance de l’accident) donne droit à un
dédommagement.
Au cours de l’entre-deux guerre, sous l’influence des idées du chancelier allemand Bismarck,
l’affiliation obligatoire est étendue à deux branches importantes :
• aux pensions de retraite (1924-1925)
• aux allocations familiales (1930 pour les salariés, 1937 pour les indépendants (=
première et seule forme de protection sociale dont ont bénéficié les indépendants
pendant très longtemps)).
En revanche, au moment où la seconde guerre éclate, en 1940, aucune solution n’a encore été
trouvée pour les deux branches qui restent, à savoir le chômage et la maladie-invalidité : dans
ces deux branches, on est encore dans un système d’affiliation libre subventionnée.
è Bilan de (ce qui allait devenir) la sécurité sociale en Belgique à la veille de la deuxième
guerre mondiale :
• système d’indemnisation automatique en matière d’accidents du travail ;
• système d’assurances sociales obligatoires en matière de vieillesse et de charges
familiales ;
• système d’assurance libre subsidiée en matière de chômage et de maladie- invalidité.
Le processus de construction de la sécurité sociale est encore loin d’être achevé, mais il est déjà
bien avancé. Les bases de la future sécurité sociale sont déjà là.
Durant la guerre, des représentants des travailleurs et des employeurs se réunissent pour
discuter de la réorganisation des structures socio-économiques en vue de sortir de la logique
d’affrontement permanent entre le capital et le travail.
Ils élaborent ensemble un document dénommé « Projet d’accord pour la solidarité sociale »,
aussi connu sous le nom de « Pacte social ».
Aux termes de ce pacte, le patronat accepte de partager les fruits de la croissance, tandis que le
mouvement ouvrier renonce à la menace d’une appropriation collective des moyens de
production.
→ Maintien de la propriété privée contre redistribution des richesses.
Le pacte social contient toute une série de points relatifs aux assurances sociales.
« Dans le mouvement général qui porte les nations démocratiques à répartir plus justement les
fruits du travail commun, la Belgique tient à garder une place de premier rang. Le mot d’ordre
de cette époque est de développer la sécurité sociale, de soustraire aussi complètement que
possible aux craintes de la misère les hommes et les femmes laborieux. »
Jusqu’alors, l’expression « sécurité sociale » était, comme telle, inconnue de notre ordre
juridique.
= expression empruntée à Lord William BEVERIDGE, qui est considéré comme le père du
système de sécurité sociale britannique (c’est lui qui a conceptualisé l’idée de « social security »
dans un célèbre rapport publié pendant la guerre, en 1942).
Pour l’essentiel, le Gouvernement a en fait rassemblé dans une seule loi-cadre les différentes
assurances sociales éparses (nées d’initiatives privées) qui existaient déjà avant la guerre.
Sur le plan juridique, deux grandes avancées sont à mettre sur le compte de l’arrêté-loi de 1944:
L’arrêté-loi de 1944 a mis fin à ce caractère facultatif : depuis 1944, tous les travailleurs salariés
(occupés dans les liens d’un CT) sont protégés contre le chômage et contre la maladie-
invalidité.
à L’objectif de la politique sociale n’est plus de développer chez l’ouvrier l’esprit de
prévoyance dans l’espoir qu’il parvienne à se libérer de la pauvreté ; l’objectif est de sécuriser
l’existence des travailleurs et de leur famille.
Le Gouvernement tablait sur le fait que le Parlement allait s’emparer de la question afin de
donner au système sa configuration définitive.
Pourtant, l’intention du Gouvernement, en 1944, était d’étendre la sécurité sociale dès que
possible à l’ensemble de la population, en particulier aux indépendants (cf. le rapport au Régent
précédant l’arrêté-loi: « La sécurité sociale doit être garantie à tous »).
Les législations de sécurité sociale propres aux agents des services publics ont quant à elles été
maintenues en l’état, en dehors du nouveau système.
Section 4 De 1944 à 1974 : les Trente Glorieuses, âge d’or de la sécurité sociale
= expansion de la sécurité sociale
La période 1944-1974 a été une période de grande prospérité économique et de progrès social.
à La croissance économique qui a marqué les 30 années qui ont suivi la guerre a permis de
financer l’amélioration et l’expansion de l’État-providence.
Mais ils ne parviennent pas à s’accorder : en 1950, ils remettent au Gouvernement un Rapport
sur la réforme de la sécurité sociale composé de parties distinctes, signées tantôt par l’un, tantôt
par l’autre à échec.
Pour cela, le Gouvernement a institué une commission royale (présidée par deux professeurs
d’université et composée de parlementaires et de représentants des interlocuteurs sociaux).
Cette commission a été chargée de préparer « la codification, l’harmonisation et la
simplification » de la sécurité sociale.
Cet avant-projet de code est toutefois resté sans suite (mais il a quand même inspiré plusieurs
initiatives législatives ultérieures).
Faute d’harmonisation, chaque branche de la sécurité sociale a continué à évoluer sans véritable
vision d’ensemble. C’est la raison pour laquelle notre système est peu cohérent.
2. Un système dominé par les trois grands clivages idéologiques de la société belge
Après la guerre, notre système de sécurité sociale a continué à être modelé avant tout par les
deux grands clivages qui ont dominé toute la vie politique belge pendant le 19e siècle :
- un clivage socio-économique : le conflit capital / travail
- un clivage philosophique : le conflit catholiques / laïcs
+ un conflit linguistique, communautaire
En sécurité sociale, ce qui a beaucoup contribué à apaiser les tensions entre le patronat et les
travailleurs, c’est la généralisation, après la seconde guerre mondiale, du paritarisme.
Les travailleurs et les employeurs financent ensemble la sécurité sociale, avec les cotisations
qu’ils versent. Puisque les interlocuteurs sociaux sont les principaux financeurs du système, ils
en sont aussi les principaux gestionnaires.
→ L’ONSS et les différents établissements publics qui chapeautent chacune des branches du
système de sécurité sociale sont administrés par un comité de gestion qui est à chaque fois
composé à parité de représentants des travailleurs et de représentants des employeurs.
Le premier clivage a ainsi laissé une trace très nette dans la structure administrative de la
sécurité sociale.
Le second clivage majeur qui a structuré la vie politique belge n’est pas de nature socio-
économique, mais confessionnelle : clivage séparant le monde catholique et le monde laïc.
Après la guerre, les mésententes entre socialistes et catholiques sur l’organisation du système
ont repris de plus belle, à tel point qu’en sécurité sociale, le clivage confessionnel a joué un rôle
plus déterminant que le clivage socio-économique.
Dans chacune des branches de la sécurité sociale, on a retrouvé une même différence de
sensibilité entre les deux camps :
Dans ces compromis successifs, c’est à chaque fois plutôt le point de vue des démocrates-
chrétiens qui l’a emporté :
- on a plutôt conservé le modèle des assurances sociales, co-financées par les
employeurs et les travailleurs ;
- au niveau de l’architecture administrative, on a garanti, sauf dans le secteur des
pensions, le « pluralisme institutionnel » : on a maintenu les organismes privés créés
à l’origine par les travailleurs (caisses de chômage syndicales et mutuelles) ou par les
employeurs (caisses d’allocations familiales).
Ces organismes versent prestations aux ayants droit ; ils servent d’intermédiaire entre les ayants
droit et les établissements publics qui chapeautent chaque branche.
En compensation, les socialistes ont obtenu, dans chaque branche, l’instauration d’une caisse
publique dite auxiliaire (ex : la CAPAC en matière de chômage).
→ alors qu’à l’origine, les protections ne couvraient que les personnes engagées dans
les liens d’un contrat de travail, après la seconde guerre mondiale, le champ
d’application personnel de la sécurité sociale des salariés a été progressivement élargi à
des catégories de personnes qui ne sont pas liées par un contrat de travail mais qui se
trouvent dans un état de subordination socio-économique (assimilation de certains
travailleurs à des salariés pour ce qui concerne la sécurité sociale)
b) Le régime de sécurité sociale des agents des services publics (pour mémoire)
A côté du régime des salariés, le régime des agents des services publics a continué à se
développer.
Les fonctionnaires disposent en général de leurs propres protections, mais, pour certaines
branches, ils sont rattachés à la sécurité sociale des salariés.
Alors qu’au moment de la seconde guerre mondiale, ce régime comprenait uniquement les
allocations familiales, d’autres couvertures sont apparues au fil du temps.
Il existe encore d’importantes différences entre le régime des salariés et celui des indépendants
(tout ce qui est couvert chez les salariés ne l’est pas chez les indépendants, et l’ampleur de la
couverture est moindre chez les indépendants que chez les salariés), mais la tendance actuelle
est clairement à un rapprochement des deux régimes.
Année académique 2022-2023 9
LAMBINET France
Helding Chloé
A partir de la fin des années 60 et au début des années 70, un quatrième régime, distinct, a vu
le jour, parce que l’on s’aperçoit que, malgré l’expansion de la sécurité sociale, certaines
personnes restent privées du bénéfice des assurances sociales (en général parce que ces
personnes n’ont pas eu la possibilité de travailler suffisamment, et donc de cotiser
suffisamment, pour avoir droit aux assurances sociales).
La principale caractéristique des prestations d’aide sociale, qui les distingue des assurances
sociales, c’est que ces prestations sont non contributives : l’octroi de la prestation est
déconnecté de l’exigence d’avoir préalablement cotisé → il ne faut pas avoir contribué pour
bénéficier de l’aide sociale.
En contrepartie, l’aide sociale n’est octroyée qu’en guise d’ultime recours : ce n’est que si l’on
ne possède rien que l’on peut en bénéficier.
Depuis la fin des années 1970, notre droit de la sécurité sociale est confronté à un
environnement socio-économique radicalement différent de celui qui a prévalu pendant les
trente années d’après-guerre (3changements) :
3) changement idéologique : les bases mêmes de notre système de sécurité sociale sont
remises en cause dans le contexte de la diffusion des idées néolibérales
→ les libéraux souhaitent stopper la marche en avant de l’État-providence en redonnant plus
de place à la responsabilité individuelle → rupture dans le consensus implicite qui unissait les
différents acteurs politiques sur la légitimité de la sécurité sociale.
Depuis la fin des années 1970, notre système de sécurité sociale évolue dans un contexte
d’austérité permanente.
Sur le fond, toutes ces modifications ont eu pour principal objectif de réduire les dépenses. Pour
réduire les dépenses, différentes types de mesures ont été mis en œuvre.
Exemple : on a accru la différenciation du montant des allocations en fonction de la
situation familiale des assurés sociaux, on a augmenté le montant du ticket modérateur
en assurance maladie (part des soins qui n’est pas remboursée), …).
→ Le niveau des allocations a diminué : aujourd’hui, notre système de sécurité sociale est moins
performant qu’avant en termes de maintien du niveau de vie des bénéficiaires.
Auparavant, les recettes suivaient les dépenses ; maintenant, les dépenses suivent les recettes.
Malgré ce contexte d’austérité budgétaire, nous avons tout de même observé un certain nombre
d’avancées :
- amélioration de la sécurité sociale des indépendants, même si ce régime est encore
loin d’avoir rattrapé celui des salariés ;
- amélioration de la qualité du service fourni aux ayants droit (cf. la Charte de l’assuré
social : obligation d’informations et de conseil, de langage compréhensible, …, à charge
des institutions de sécurité sociale).
De l’État-providence (passif ?) à l’État social actif : la tendance est de demander aux ayants
droits de fournir plus d’efforts, d’accomplir plus de démarches, en contrepartie de la perception
des allocations (« activation », « responsabilisation » des allocataires sociaux)
Exemple : activation des chômeurs
Quand on met l’accent sur la finalité remplie par les systèmes de sécurité sociales, on a tendance
à définir la sécurité sociale comme l’ensemble des mesures prises par une collectivité publique
pour garantir la sécurité d’existence des individus qui vivent sur son territoire.
Le problème de cette définition, c’est que l’on est amené à regrouper sous l’étiquette « sécurité
sociale » pratiquement toutes les politiques publiques de type socio-économique (politique du
logement, enseignement, accès à l’emploi, …).
→ la définition basée sur le critère de la sécurité d’existence manque de précision sur le plan
conceptuel ; elle est trop large ; elle ne permet pas de définir ce qui fait le propre de la sécurité
sociale.
1) Des revenus de remplacement, qui sont destinés à pallier la perte des revenus
normalement tirés de l’exercice d’une activité professionnelle ;
2) Des revenus de complément, qui sont destinés à permettre de faire face aux charges
qui affectent le niveau de vie ;
Ils n’ont pas pour objet de se substituer à la rémunération mais de compléter la rémunération,
pour permettre de faire face aux charges qui altèrent le niveau de vie.
Les risques sociaux couverts (situations qui n’entrainent pas une perte de revenus mais une
augmentation des dépenses) sont :
- l’éducation d’enfants ;
- les frais (para)médicaux.
3) Des revenus minimums résiduaires, qui sont destinés à procurer un minimum vital
en cas d’impossibilité de disposer de ressources propres et d’accéder aux autres
prestations de sécurité sociale.
Objectif :
≠ remplacer une rémunération perdue
≠ compléter une rémunération devenue insuffisante
= garantir un niveau de revenu minimal à ceux qui n’ont rien.
Le droit de la sécurité sociale (droit public) est un ensemble des normes juridiques qui
organisent le système de sécurité sociale.
Les organismes de gestion de la sécurité sociale exercent une mission de service public : ces
organismes servent l’intérêt général.
Puisqu’ils servent l’intérêt général, ces organismes de gestion de la sécurité sociale disposent
de prérogatives de puissance publique.
Sauf exception, tous les principes généraux du droit administratif sont pleinement applicables
au droit de la sécurité sociale (obligation de motivation matérielle, non bis in idem, principe de
sécurité juridique, principe de légitime confiance, principe de minutie, principe audi alteram
partem, …).
Cette convention énumère les différents types de prestations que doivent comprendre les
systèmes de sécurité sociale : les soins de santé, les indemnités d’invalidité, les indemnités de
maternité ; les prestations de vieillesse, les prestations de décès ; les indemnités en cas
d’accident du travail ; les indemnités en cas de maladie professionnelle ; les allocations de
chômage ; les allocations familiales.
Le système belge de sécurité sociale prévoit toutes les prestations énumérées par l’OIT, en tout
cas dans le régime des salariés (la branche AMI regroupe les soins de santé, les indemnités
d’invalidité et les indemnités de maternité ; la branche pensions comprend à la fois les
prestations de vieillesse et les prestations de décès).
!!! L’énumération de l’OIT n’englobe pas l’aide sociale résiduaire (elle ne couvre pas le risque
de pauvreté et d’exclusion sociale).
Tant dans les assurances privées qu’en sécurité sociale, on cherche à diluer le poids de certains
risques sur l’ensemble d’un groupe (on mutualise les risques), mais …
→ Mot d’ordre de la sécurité sociale : « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses
besoins » (logique redistributive).
C’est dans le champ de l’aide sociale que la déconnexion entre contributions personnelles et
niveau des prestations est poussée le plus loin : en aide sociale résiduaire, aucune contribution
préalable n’est exigée pour bénéficier de l’intervention de la collectivité → il ne s’agit plus
seulement de dissocier le niveau de la prestation du niveau des contributions personnelles ; il
s’agit de découpler totalement l’octroi de la prestation de toute exigence en termes de
cotisations.
Une différence fondamentale reconnue en droit européen : C.J.C.E., 17 février 1993, Poucet et
Pistre, C-159/91 et C-160/91
à Les institutions de sécurité sociale ne sont pas des entreprises (principe de solidarité). Le
principe de solidarité légitime le fait que les organismes qui gèrent la sécurité sociale
échappent à l’application du droit de la concurrence. Ce principe légitime aussi le fait que
l’affiliation aux assurances sociales soit obligatoire.
Confirmation p.ex. dans C.J.U.E. (gde chambre), 11 juin 2020, Dôvera zdravotná poist'ovňa,
C-262/18 et C-271/18 (arrêt).
La Cour reconnaît que les organismes d’assurance maladie opérant sous le contrôle de l’État
slovaque ne peuvent pas être qualifiés d’entreprises au sens du droit de l’Union européenne.
La Cour a précisé qu’aux fins d’évaluer si une activité exercée dans le cadre d’un régime de
sécurité sociale est dépourvue de caractère économique, il importe de vérifier, en particulier :
- si et dans quelle mesure le régime en cause peut être considéré comme mettant en œuvre
le principe de solidarité ;
- et si l’activité des organismes d’assurance gérant un tel régime est soumise à un contrôle
de l’État.
Caractéristiques (3) :
- prestations contributives : l’octroi des prestations est en principe conditionné à
l’exigence d’avoir cotisé pendant un certain temps ;
- financement (principalement) par cotisations : puisque les assurances sociales
reposent sur le principe de la contributivité, elles sont financées principalement par les
cotisations sociales (historiquement, les assurances sociales étaient financées
exclusivement par ces cotisations ; avec le temps, une intervention financière de l’État
est venue s’ajouter aux cotisations des travailleurs et des employeurs);
- pas de référence à l’état de besoin pécuniaire : le bénéfice des prestations n’est lié à
aucune exigence en termes de niveau de ressources (même si on est très riche, on a droit
aux prestations si on est en ordre de cotisations) → logique de maintien du niveau de
vie
b) L’aide sociale
L’aide sociale englobe les différents revenus minimums résiduaires, mis en place pour pallier
les limites des assurances sociales.
Caractéristiques (3) :
- prestations non contributives : il ne faut pas avoir cotisé pour bénéficier des
prestations ;
- financement par l’impôt : l’aide sociale n’est pas financée par les cotisations sociales
des travailleurs et des employeurs, mais par la solidarité nationale, c’est-à-dire par
l’impôt ;
- octroi de façon résiduaire/subsidiaire : l’octroi d’un revenu minimum est
conditionné à l’établissement d’un état d’indigence, d’une situation de besoin → l’octroi
d’une allocation d’aide sociale est précédé par une enquête sur les ressources, qui vise
à déterminer si le demandeur se trouve bien dans un état de besoin sur le plan pécuniaire
(les différentes législations relatives à l’aide sociale fixent des seuils, qui, s’ils sont
dépassés, font obstacle à l’octroi de la prestation).
Ensemble, les assurances sociales et les revenus minimums résiduaires forment ce qu’on
appelle le droit de la sécurité sociale au sens large.
! Il existe des prestations qui relèvent d’un des deux côtés de la summa divisio mais qui n’en
présentent pas toutes les caractéristiques.
Exemple : les allocations d’insertion, dans le système d’assurance chômage (allocations
qui sont attribuées aux jeunes qui sortent des études et sont sans emploi) → allocations
qui sont octroyées à des personnes qui n’ont encore jamais travaillé, ni cotisé
(allocations non contributives), alors que l’on se trouve dans un régime d’assurance
sociale (les deux autres caractéristiques des assurances sociales sont présentes :
financement par les cotisations et absence d’enquête sur les ressources).
Le système belge de sécurité sociale n’est pas universel : d’un pays à l’autre, il existe une
diversité considérable en matière de protection sociale
Figure historique de référence : Otto von Bismarck (homme politique conservateur, Allemagne,
fin du 19ème siècle).
Caractéristiques (3) :
- couverture limitée aux travailleurs, en particulier aux salariés à la solidarité s’exprime
à l’intérieur du monde du travail ;
- financement par les cotisations des employeurs et des travailleurs à puisque la
solidarité est limitée au monde du travail, elle est aussi financée par le monde du travail ;
- prestations proportionnelles au revenu professionnel perdu à le montant des
prestations que l’on perçoit est proportionnel à la rémunération, puisque la raison d’être des
prestations sociales est de pallier la perte de salaire qui fait suite à la survenance d’un risque
Dans un rapport publié en 1942, Beveridge a proposé une nouvelle manière de penser et
d’organiser la sécurité sociale (il a développé l’idée d’un service public de la sécurité sociale).
Caractéristiques (3) :
- couverture de l’ensemble de la population à la solidarité n’est pas de type professionnel
; elle est de type universel
- financement par l’impôt à la sécurité sociale n’est pas financée par des cotisations
sociales mais par l’impôt des contribuables
- prestations forfaitaires à les prestations ne sont pas calculées sous la forme d’un
pourcentage de la rémunération perdue mais sont de nature forfaitaire.
Tradition dominante dans les pays anglo-saxons et (surtout) scandinaves : les pays
scandinaves et les pays anglo-saxons s’inscrivent globalement dans une logique beveridgienne
(la grande différence entre les deux, c’est que les pays scandinaves ont développé des systèmes
beveridgiens généreux, là où les anglo-saxons ont fait du Beveridge a minima).
3. Tableau récapitulatif
Distinction plus fine que la distinction binaire classique entre les systèmes bismarckiens et les
systèmes beveridgiens
= article relatif aux droits économiques et sociaux (droit dits de la seconde génération, les
droits de la première génération étant les droits civils et politiques)
Les droits de la seconde génération exigent des pouvoirs publics non pas une abstention mais
une action positive.
Constit., art. 23 : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
A cette fin, la loi, le décret ou la règle visée à l'article 134 garantissent, en tenant compte des
obligations correspondantes, les droits économiques, sociaux et culturels, et déterminent les
conditions de leur exercice.
Ces droits comprennent notamment :
1° le droit au travail et au libre choix d'une activité professionnelle dans le cadre d'une
politique générale de l'emploi, visant entre autres à assurer un niveau d'emploi aussi stable et
élevé que possible, le droit à des conditions de travail et à une rémunération équitables, ainsi
que le droit d'information, de consultation et de négociation collective ;
2° le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l'aide sociale, médicale et
juridique ;
3° le droit à un logement décent ;
4° le droit à la protection d'un environnement sain ;
5° le droit à l'épanouissement culturel et social ;
6° le droit aux prestations familiales. »
à les droits économiques, sociaux et culturels ont pour objectif de concrétiser l’affirmation
générale du droit à la dignité humaine : c’est aux fins de permettre à chacun de mener une vie
conforme à la dignité humaine que le législateur est habilité à réaliser les droits économiques
et sociaux.
à ce sont les différents législateurs du pays qui ont reçu pour mission de mettre en œuvre les
droits économiques en fonction de leurs compétences respectives.
Effet direct = l’aptitude d’une norme à conférer par elle-même des droits aux particuliers.
Critères :
- clarté et précision ;
- complétude (pas besoin de mesure d’exécution).
L’article 23, alinéa 3, 2º de la Constitution n’est pas libellé de manière suffisamment claire,
précise et complète pour consacrer au bénéfice des particuliers des droits subjectifs : à lui seul,
l’article 23 n’est pas assez explicite pour conférer des droits clairement définis à le législateur
doit concrétiser ces droits (avec une large marge d’appréciation).
Une exigence procédurale : obligation de motivation du choix de régresser (contrôle plus strict
à défaut de motivation)
(3) cette condition d’âge doit désormais être acquise au moment du décès du conjoint
prédécédé
(4) le conjoint survivant qui ne satisfait pas à cette condition d’âge a droit à une allocation
de transition pendant une période de 12 mois (sans enfant à charge) ou de 24 mois (avec
enfant à charge).
Lorsque le législateur décide d’accorder une pension de survie au conjoint survivant d’un
travailleur décédé, il le fait dans le but de garantir une certaine sécurité d’existence aux
personnes qui ont pu dépendre financièrement, au moins partiellement, de leur conjoint et parce
que, souvent, elles n’ont pas eu de revenus propres et n’ont pas eu la possibilité de se constituer
une retraite personnelle et risquent de se trouver dans une situation matérielle précaire à la suite
du décès. En outre, le législateur garantit de cette manière aussi indirectement la sécurité
d’existence des personnes qui sont à charge du conjoint survivant.
En l’occurrence, les reculs opérés d’expliquent par le souci de maintenir au travail les personnes
qui feraient le choix d’interrompre leur activité professionnelle en cas de décès de leur conjoint,
et ainsi d’éviter le piège à l’emploi : le législateur souhaite inciter les personnes à exercer une
activité professionnelle, même lorsque celles-ci bénéficient d’une allocation pour conjoint
survivant.
= objectif d’intérêt général
Mais disproportion épinglée pour une catégorie de personnes, sous l’angle des articles 10 et 11
de la Constitution) :
« En ce qu’elles prévoient pour la catégorie de personnes visée en B.25.2 (personnes qui ont
des charges familiales et qui, bien qu’elles bénéficieront d’une allocation de transition
temporaire, limitée à 24 mois, et ce, indépendamment de l’âge de l’enfant, pourront
effectivement, au terme de cette période, se retrouver dans une situation de précarité que
l’octroi d’une pension de survie a, en principe, précisément pour objectif d’éviter, lorsque ces
personnes ne parviennent pas à combiner un emploi avec les charges familiales) l’octroi d’une
allocation de transition temporaire limitée à 24 mois, et ce, indépendamment de l’âge de
l’enfant, si le conjoint survivant a un enfant à charge et n’a pas encore atteint l’âge minimum
requis pour l’octroi de la pension de survie, les dispositions en cause ne sont pas compatibles
avec les articles 10 et 11 de la Constitution »
Quand le législateur décide d’intervenir pour mettre en œuvre la mission qui lui a été conférée
par le Constituant, il ne peut pas le faire de manière discriminatoire.
- l’égalité entre nationaux et étrangers en séjour régulier (ex. des prestations d’aide
sociale : les étrangers en séjour régulier ne peuvent pas être exclus du bénéfice des
prestations d’aide sociale pour le seul motif qu’ils n’ont pas la nationalité belge).
Trois problématiques :
1) Assujettissement (qui est assujetti à la sécurité sociale ?)
2) Financement (comment le système de sécurité sociale est-il financé ?)
3) Organisation administrative (comment le système de sécurité sociale est-il organisé sur
le plan institutionnel ?)
Sont dites d’ordre public les normes juridiques qui touchent aux intérêts les plus essentiels de
la collectivité.
Les dispositions légales relatives à l’assujettissement à la sécurité sociale sont d’ordre public,
le système de solidarité organisé par les différentes législations relatives à la sécurité sociale
étant l’un des piliers fondamentaux de notre société.
Cette qualification fait obstacle à l’autonomie de la volonté : les règles d’ordre public priment
sur la volonté individuelle.
Important : ce sont des règles auxquelles on ne peut pas déroger par l’exercice de la liberté
contractuelle à on ne choisit pas d’être assujetti ou non à la sécurité sociale et, au sein de la
sécurité sociale, on ne choisit pas son régime.
3. Troisième principe : pour une même activité professionnelle, une personne ne peut pas
être assujettie à plusieurs régimes de sécurité sociale
Si une personne exerce deux activités professionnelles distinctes, alors cette personne peut être
assujettie à deux régimes de sécurité sociales.
Rappel : Une même activité professionnelle ne peut faire l’objet que d’un seul
assujettissement.
à MAIS si l’on exerce deux activités professionnelles différentes, il se peut que l’on soit
assujetti à la fois au régime des travailleurs salariés et au régime des travailleurs
indépendants è c’est l’hypothèse du double assujettissement.
Base légale : loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la
sécurité sociale des travailleurs (loi ONSS).
Cette loi du 27 juin 1969 s’est en grande partie substituée à l’arrêté-loi du 28 décembre 1944.
Article 1er, §1er, alinéa 1er : « La présente loi est applicable aux travailleurs et aux employeurs
liés par un contrat de louage de travail. »
à Sous réserve d’un certain nombre d’exceptions et d’assimilations (cf. infra), la loi du 27 juin
1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs
s’applique aux personnes liées par un contrat de travail.
Tous les employeurs tant du secteur public que du secteur privé, sont obligés de communiquer
électroniquement les entrées et sorties de leur personnel à l'ONSS (instructions administratives
ONSS).
La situation des fonctionnaires contractuels : sont assujettis à la sécurité sociale des salariés
tous les travailleurs sous contrat de travail, peu importe que l’employeur de ces travailleurs
fasse partie du secteur privé ou du secteur public.
à les travailleurs du secteur public sous statut relèvent du régime de sécurité sociale des agents
des services publics.
à les fonctionnaires contractuels dépendent du régime des salariés.
1
déclaration immédiate de l'emploi (onmiddellijke aangifte)
a) Critères généraux
b) Critères neutres
D’autre part, certains éléments sont impuissants à eux seuls pour déterminer s'il y a ou non
contrat de travail (art. 333, §2 et §3) :
- l'intitulé de la convention :
- l'inscription auprès d'un organisme de sécurité sociale ;
- l'inscription à la Banque-Carrefour des entreprises ;
- l'inscription auprès de l'administration de la T.V.A. ;
- la manière dont les revenus sont déclarés à l'administration fiscale.
c) Présomptions
Une présomption réfragable (présomption simple) d’existence d’un statut de travailleur salarié
ou d’indépendant peut être invoquée dans certains secteurs lorsqu’un certain nombre de
critères spécifiques sont remplis ou non.
Cette présomption est prévue par la loi-programme pour les 6 secteurs suivants (art. 37/1) :
- le secteur de la construction ;
- le secteur des services de gardiennage et de surveillance ;
- le secteur du transport de personnes et de choses ;
- le secteur du nettoyage ;
- le secteur de l’agriculture ;
- le secteur de l'horticulture.
Dans ces 6 secteurs, les relations de travail sont présumées jusqu’à preuve du contraire, être
exécutées dans les liens d’un contrat de travail, lorsque de l’analyse de la relation de travail il
apparaît que plus de la moitié des 9 critères suivants sont remplis (sinon : présomption de contrat
d’entreprise).
è 5 ou +/9 critères remplis : présomption de contrat de travail
è 4 ou -/9 critères remplis : présomption de contrat d’entreprise
1) Critères :
- défaut, dans le chef de l’exécutant des travaux, d’un quelconque risque financier ou
économique (notamment, défaut d’investissement personnel et substantiel dans
l’entreprise avec du capital propre, ou, défaut de participation personnelle et
substantielle dans les gains et les pertes de l’entreprise) ;
Des critères spécifiques peuvent être édictés par arrêté royal dans les secteurs concernés.
La doctrine (qui n’est toutefois pas unanime à ce sujet) a relevé que la présomption ne
s’applique qu’aux relations de travail ayant pour objet l’exécution des activités visées par la loi,
quelle que soit la nature des activités du bénéficiaire de ces activités mais qu’elle ne peut être
étendue à des relations de travail qui, bien qu’exécutées au profit d’entreprises elles-mêmes
actives dans les secteurs concernés, n’ont pas pour objet l’exécution des activités visées par
l’article 337/1, § 1er, de la loi.
àla présomption instituée par la loi ne vise pas toutes les relations de travail nouées au sein
d’un des secteurs visés par la loi, mais uniquement celles ayant pour objet l’exécution des
activités visées par la loi.
à la présomption s’applique, par contre, à toutes ces relations de travail, quelle que soit la
nature des activités exercées par leur bénéficiaire.
NON OUI
Critères généraux Critères spécifiques (présomption
- Volonté des parties réfragable)
- Libre organisation du temps de - Défaut de risque
travail financier/économique ?
- Libre organisation du travail - Défaut de responsabilité/pouvoir de
- Contrôle hiérarchique décision concernant les moyens
financiers ?
- Défaut de pouvoir de décision
concernant la politique d’achat ?
- Défaut de pouvoir de décision
concernant la tarification ?
- Défaut d’obligation de résultat ?
- Garantie de paiement
indépendamment des prestations ?
- Possibilité de recruter/sous-traiter ?
- Ne pas apparaître comme une
entreprise ou travailler
habituellement pour un cocontractant
?
- Défaut de matériel propre ?
Les membres qui siègent au sein de la Commission sont issus du SPF Sécurité sociale, du SPF
Emploi, de l’INASTI et de l’ONSS.
Article 1er, §1er, alinéa 2, de la loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944
concernant la sécurité sociale des travailleurs : « Pour l'application de la présente loi sont
assimilés : 1° aux travailleurs : a) les apprentis ».
Cf. l’arrêté royal du 28 novembre 1969 pris en exécution de la loi du 27 juin 1969 révisant
l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs (arrêté ONSS)
a) Les extensions
1) les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, fournissent
contre rémunération des prestations de travail sous l’autorité d’une autre personne (art. 9 à 15
de l’A.R.)
Les fonctionnaires sous statut : les trois éléments constitutifs d’une relation de travail salariée
(travail, rémunération, subordination) sont bien présents, mais le cadre juridique dans lequel
s’effectue le travail n’est pas celui d’un contrat de travail mais d’une nomination unilatérale
par une autorité publique.
à Les fonctionnaires statutaires disposent de leur propre régime de sécurité sociale (le régime
des agents des services publics), mais il s’agit d’un régime hybride : il est spécifique aux
fonctionnaires pour la plupart des branches, mais, pour certaines branches, les fonctionnaires
sont rattachés à la sécurité sociale des salariés.
2) les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, exécutent
un travail selon des modalités similaires à celles d’un contrat de travail
Exemples :
- les mandataires d’associations (art. 3, 1° A.R.)
- les artistes (L., art. 1erbis)
- les chauffeurs de taxi (art. 3, 5°ter A.R.)
- les gardiens d’enfants (art. 3, 9° A.R.)
- les bénéficiaires d’une bourse de doctorat (art. 3bis A.R.)
- les activités de nettoyage (L., art. 2/2)
b) Les limitations
Pour chacun des cas de figure qui sont énumérés, l’arrêté royal précise quelle est l’étendue
exacte de l’assujettissement : l’arrêté royal énonce quelles sont les branches de la sécurité
sociale qui sont laissées d’application aux travailleurs concernés.
Les cotisations sociales ne sont dues que pour les branches visées (et pas pour les secteurs dont
ces travailleurs ne bénéficient pas).
Exemple : art. 4 A.R. : « L'application de la loi est limitée au régime des vacances annuelles
des travailleurs salariés, en ce qui concerne les apprentis, et ce jusqu'au 31 décembre de
l'année dans laquelle ils atteignent l'âge de dix-huit ans. »
c) Les exclusions
L’article 2 de la loi du 27 juin 1969 autorise le Roi à soustraire de la sécurité sociale des salariés
seulement « des catégories de travailleurs occupés à un travail qui constitue dans leur chef un
emploi accessoire ou [un emploi] qui est essentiellement de courte durée ».
Exemple: art. 17bis A.R.: les étudiants jobistes sont soustraits à la sécurité sociale, et donc
échappent aux cotisations ordinaires de sécurité sociale, s’ils travaillent seulement pendant un
nombre de jours limité par an.
Base légale : l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social des travailleurs
indépendants
Article 2 : sont assujettis au statut social des indépendants (1) les travailleurs indépendants (au
sens strict) et (2) les aidants.
Par hypothèse, pas d’employeur à l’indépendant supporte seul le poids de ses cotisations
sociales.
A.R. n° 38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social des travailleurs indépendants (art. 3, §
1er, al. 1er) : « toute personne physique, qui exerce en Belgique une activité professionnelle en
raison de laquelle elle n'est pas engagée dans les liens d'un contrat de louage de travail ou d'un
statut ».
3 conditions :
Activité exercée dans un but de lucre (par opposition à « à titre gratuit »). ! Peu importe que
l’activité exercée produise ou non effectivement des revenus, ou que ces revenus soient
modiques, ou encore soient acquis au cours d’un seul mois de l’année, ou absorbés par les frais.
Présomption fiscale
Art. 3, § 1er, al. 2 A.R. n° 38 : est présumée, jusqu'à preuve du contraire, se trouver dans les
conditions d'assujettissement au statut social des travailleurs indépendants toute personne qui
exerce en Belgique une activité professionnelle susceptible de produire des revenus visés à
l'article 23, § 1er, 1° ou 2°, ou à l'article 30, 2°, du Code des impôts sur les revenus 1992
àSi une activité professionnelle n’est pas exercée, il n’y a pas lieu à assujettissement,
nonobstant la perception de revenus correspondant à des bénéfices ou des profits d’indépendant.
àPrésomption réfragable : si une activité professionnelle n’est pas exercée, il n’y a pas lieu à
assujettissement (si la société est dormante, il n’y a pas d’activité dans le chef du mandataire,
lequel ne doit pas être assujetti à la sécurité sociale du fait de son mandat).
Économie collaborative
Du fait de l’adoption de la loi De Croo du 1er juillet 2016, l’arrêté royal n°38 du 27 juillet 1967
organisant le statut social des travailleurs indépendants a été modifié pour offrir aux acteurs des
plateformes collaboratives numériques un cadre social de faveur impliquant, moyennant le
respect de conditions strictes, une exclusion de l’assujettissement au statut social des
travailleurs indépendants.
Le législateur a franchi un pas de plus avec la loi du 18 juillet 2018 relative à la relance
économique et au renforcement de la cohésion sociale à propos du travail associatif et des
services occasionnels entre citoyens, qui font l’objet d’un statut « ad hoc » (pour ne pas dire
d’un « non-statut »).
!! La Cour constitutionnelle a toutefois annulé cette loi par son arrêt n° 53/2020 du 23 avril
2020, tout en maintenant les effets des dispositions annulées pour les prestations fournies
jusqu’au 31 décembre 2020 inclus.
Étudiants-entrepreneurs
Art. 5quater A.R. n° 38
« § 1er. Le présent arrêté entend par étudiant-indépendant, l'assujetti qui en fait la demande et
qui répond aux conditions cumulatives suivantes :
1° il est âgé de 18 ans au moins et de 25 ans au plus ;
2° il est inscrit à titre principal pour suivre régulièrement des cours dans un établissement
d'enseignement en Belgique ou à l'étranger, pour l'année scolaire ou académique considérée,
en vue d'obtenir un diplôme reconnu par une autorité compétente en Belgique ;
3° il exerce une activité professionnelle en raison de laquelle il est assujetti au statut social des
travailleurs indépendants en vertu du présent arrêté.
§ 2. Pour l'application du présent article, le Roi détermine, par arrêté délibéré en Conseil des
ministres :
1° les modalités d'introduction de la demande visée au § 1er ;
2° le début et la fin de l'assujettissement en application du § 1er ;
3° ce qu'il faut entendre par un étudiant inscrit à titre principal, visé au § 1er, 2° ;
4° ce qu'il faut entendre par établissement d'enseignement en Belgique et à l'étranger et par
suivre régulièrement des cours, visé au § 1er, 2°.
§ 3. Pour l'application du présent article, le Roi peut déterminer ce qui suit, par arrêté délibéré
en Conseil des ministres :
1° les cas pour lesquels l'âge de l'étudiant-indépendant peut être supérieur à celui fixé au §
1er, 1° ;
2° les formes d'enseignement, d'éducation ou de formation exclues ;
3° dans quelle mesure un contrat d'occupation d'étudiant tel que visé au titre VII de la loi du 3
juillet 1978 relative aux contrats de travail, fait obstacle à l'application du § 1er.
§ 4. L'étudiant-indépendant qui est redevable d'une cotisation en application de l'article 12bis,
§ 1er, du présent arrêté est uniquement assujetti au régime de l'assurance contre la maladie et
l'invalidité, conformément aux règles et conditions fixées par le Roi par arrêté délibéré en
Conseil des ministres.
§ 5. Les dispositions du présent article ne sont pas applicables en faveur du conjoint-aidant
visé à l'article 7bis, § 1er, du présent arrêté. »
2. Les aidants
Aidant = toute personne qui assiste ou supplée un travailleur indépendant dans l’exercice de
sa profession sans être engagée envers lui par un contrat de travail (art. 6 A.R. n° 38.)
Une tendance de fond, dans chacun des deux grands régimes, surtout celui des indépendants :
recul de la parafiscalité et montée en puissance de la fiscalité
Les cotisations de sécurité sociale sont calculées sur base de la rémunération brute du travailleur
(cotisations = pourcentage de la rémunération salariale).
Pour déterminer ce qu’il y a lieu d’entendre par rémunération au sens de la sécurité sociale, il
est procédé par renvoi à la définition reprise à l’article 2 de la loi du 12 avril 1965 concernant
la protection de la rémunération des travailleurs (cf. art. 14 de la loi du 27 juin 1969 révisant
l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs et art. 23 de la
loi du 29juin 1981 établissant les principes généraux de la sécurité sociale des travailleurs
salariés).
àles cotisations de sécurité sociale sont en principe calculées sur la base de la rémunération
du travailleur au sens de l’article 2 de la loi du 12 avril 1965.
encore en exécution d’un accord entre les parties ou d’un engagement unilatéral dans le
chef de l’employeur);
2) « en raison de son engagement » ou de l’usage;
3) à « charge de l’employeur ».
à une prime versée au travailleur ne constitue une libéralité non passible de cotisations de
sécurité sociale que si, étant bénévolement accordée par l’employeur, elle n’est pas la
contrepartie du travail effectué en exécution du contrat de travail et n’est pas accordée en raison
de l’engagement
Notes :
3 critères pour conclure que nous sommes face à de la rémunération :
- existence d’un droit dans le chef du travailleur (= droit au paiement)
- en raison de son engagement ou de l’usage
- À charge de l’employeur :
Exemple : pécule de vacances de l’ouvrier ne sont pas à charge de l’employeur même.
Cour de cassation : si l’employeur paie un montant et veut soutenir que ce montant n’est pas
passible de sécu sociale, il faut qu’il soit accordé bénévolement par l’employeur et pas
accordé en raison de l’engagement du travailleur à véritable libéralité
Sont notamment exclues les indemnités qui doivent être considérées comme un complément
aux avantages accordés par les diverses branches de la sécurité sociale (ex.: le complément aux
allocations de chômage temporaire payé par l’employeur).
L’article 14, § 2 de la loi du 27 juin 1969 permet au Roi d’étendre ou de restreindre la notion
de rémunération telle que la définit la loi du 12 avril 1965.
Le Roi a fait usage en incluant ou en excluant de l’assiette des cotisations de sécurité sociale,
par les articles 19 à 19quater de l’arrêté royal du 28 novembre 1969, un certain nombre
d’avantages accordés aux travailleurs.
Exemple: dommages et intérêts auxquels l’employeur serait condamné pour compenser la perte
de rémunération résultant du fait qu’il se serait abstenu, sans justification, de faire travailler.
Depuis 1944, les cotisations du travailleur doivent être retenues sur son salaire brut par
l’employeur (retenue à la source).
L’employeur doit ajouter aux cotisations du travailleur les cotisations patronales et il doit
verser le tout à l’ONSS.
L’employeur est l’unique débiteur des cotisations : si l’employeur ne verse pas les
cotisations qui sont dues (personnelles et patronales), c’est lui qui sera tenu pour seul
responsable.
Après avoir averti l’ONSS de l’occupation du travailleur par le biais de la DIMONA,
l’employeur est tenu d’envoyer tous les trimestres à l’ONSS une déclaration dans laquelle il
s’explique sur les cotisations qu’il doit payer : DmfA (Déclaration multifonctionnelle/
multifunctionele Aangifte).
C’est sur la base de cette déclaration, qui contient les données de rémunération et de temps de
travail de tous les travailleurs occupés chez un employeur au cours d'un trimestre donné, que
les cotisations sont calculées (avec un pouvoir de contestation dans le chef de l’ONSS).
Après la déclaration, les cotisations doivent être versées à l’ONSS au plus tard à la fin du
mois qui suit le trimestre échu.
Les cotisations sont calculées sur la rémunération salariale brute non plafonnée.
Cela n’a pas toujours été le cas: jusqu’au début des années 1980, le salaire qui servait de base
au calcul des cotisations n’était pris en considération que jusqu’à la hauteur d’un certain
montant.
à la partie de la rémunération salariale qui dépassait un certain plafond était exonérée de toute
cotisation (c’est encore comme cela que cela fonctionne aujourd’hui dans le régime des
indépendants).
La parafiscalité est linéaire et non progressive: le taux des cotisations sociales est fixe, quelle
que soit la hauteur des revenus (alors qu’en ce qui concerne l’impôt sur les revenus, le taux de
prélèvement est de plus en plus élevé au fur et à mesure que l’on s’élève dans les tranches
d’imposition).
Quand les salaires pris en considération pour le calcul des cotisations étaient plafonnés, la
parafiscalité n’était pas seulement linéaire, elle était même dégressive (puisqu’au-delà d’un
certain seuil, il n’y avait plus aucun prélèvement).
Aujourd’hui, dans le régime des salariés, les cotisations sociales ne sont toujours pas
progressives, mais au moins elles ont cessé d’être dégressives: les cotisations sont dues sur
l’ensemble de la rémunération salariale brute, sans plafond maximal.
Toutes ces mesures de réduction des cotisations ne font pas diminuer le taux nominal des
cotisations, mais elles ont pour effet de réduire, parfois substantiellement, le coût salarial
effectif d’un certain nombre de catégories de travailleurs.
2. L’intervention de l’État
2) Le financement alternatif
= recettes fiscales prélevées principalement sur la consommation, qui sont spécifiquement
affectées au financement de la sécurité sociale.
Exemples : TVA, accises
Cf. article 11, §2, alinéa 1er de l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 : renvoi à la législation
fiscale
à les revenus professionnels englobent les bénéfices et les profits réalisés dans le cadre d’une
activité professionnelle qui donne lieu à un assujettissement à la sécurité sociale des
indépendants.
Pas de retenue à la source: les cotisations sociales doivent être payées par l’indépendant lui-
même auprès d’une caisse d’assurances sociales pour travailleurs indépendants, qui les
transfère à l’INASTI.
c) Année de référence
Comme les revenus des indépendants sont souvent assez fluctuants et irréguliers, les cotisations
ne sont pas calculées sur une base trimestrielle, comme chez les salariés, mais sur une base
annuelle, afin de disposer d’une base plus représentative.
Jusqu’au 1er janvier 2015, les cotisations sociales étaient calculées sur les revenus
professionnels qui avaient été perçus au cours de la troisième année précédant celle pour
laquelle les cotisations sont dues: on remontait 3 ans en arrière (ce n’est qu’à partir de ce
moment-là que les données fiscales sont connues et que l’on dispose d’une base de calcul
certaine).
Le Gouvernement a cherché à établir un rapport plus étroit entre le montant des cotisations qui
sont dues et les revenus qui sont réellement perçus.
à Désormais, les cotisations sociales sont calculées sur les revenus professionnels de l’année
en cours (AR n° 38, art. 11, §2).
Dès lors qu’il faut attendre plusieurs années avant de connaître le montant exact des revenus de
l’année en cours, un système de cotisations provisoires a été mis en place.
Par défaut, les cotisations sont calculées sur la base des revenus d’il y a trois ans.
Lorsque les revenus réels sont connus, la Caisse établit un décompte (selon le résultat de ce
décompte, soit l’indépendant est remboursé des sommes excédentaires qu’il a versées, soit, à
l’inverse, il doit s’acquitter d’un supplément).
En cas de début d’activité (durant les trois premières années), les cotisations provisoires
correspondent au montant forfaitaire minimum des cotisations sociales pour indépendants
(AR n° 38, art. 13bis).
Cotisation minimum de 774,16 (en 2022), quel que soit le montant des revenus à les
cotisations sont calculées sur un plancher minimum, même si les revenus réels sont
pratiquement nuls.
2. L’intervention de l’État
Les cotisations sociales sont complétées par une intervention de l’État (pas de grandes
différences par rapport au régime des salariés).
Le régime de sécurité sociale des salariés est constitué de trois « étages » distincts:
Au sommet, le régime des indépendants est chapeauté lui aussi par un parastatal- coupole :
l’INASTI.
L’INASTI est un peu l’équivalent de l’ONSS pour le régime des indépendants, sauf qu’il ne
collecte pas lui-même, directement, les cotisations sociales (les cotisations sont perçues par
les caisses d’assurances sociales, qui transfèrent ensuite les cotisations à l’INASTI).
En dessous de l’INASTI, on ne trouve pas d’autres parastataux mais directement des caisses
privées (les caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants)+ la Caisse nationale
auxiliaire d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (CNASTI).
La caisse est l’interlocuteur privilégié de l’indépendant et c’est elle qui octroie certaines
prestations (assurance sociale en cas de faillite).
Dans le secteur public, ce n’est pas la loi du 10 avril 1971 qui s’applique, mais la loi du 3 juillet
1967, qui porte quant à elle non seulement sur les accidents du travail mais également sur les
maladies professionnelles.
Ces deux lois renferment une définition identique de la notion d’accident du travail ou sur le
chemin du travail.
Les accidents se produisant dans le secteur public font l’objet d’une procédure spécifique
déterminée par les arrêtés royaux d’exécution (du 24 janvier 1969, du 12 juin 1970 et du 13
juillet 1970).
Le secteur public se caractérise par l’absence d’assureur-loi : le débiteur des prestations est
l’autorité publique.
Ce fait d’être débiteur des prestations implique que les employeurs publics sont, en la matière,
considérés comme des institutions de sécurité sociale au sens de la Charte de l’assuré social
(c’est donc sur eux que pèsent les obligations d’information, de conseil, de réorientation, de
motivation des décisions, de langage clair, etc.).
Cela implique aussi que le recours contre toute décision en la matière doit être dirigé contre
l’employeur public lui-même, qui est notamment chargé de prendre position en ce qui concerne
l’acceptation de l’accident.
Des assureurs interviennent dans le secteur public, mais, dans cette hypothèse, ce sont des
assurances qui ont été souscrites dans le cadre d’une police de droit commun, qui n’est pas
une police obligatoire d’accident du travail : l’employeur public a fait le choix de se « réassurer
Année académique 2022-2023 38
LAMBINET France
Helding Chloé
» (ce terme étant totalement impropre, puisque la réassurance implique une assurance initiale
mais il est souvent utilisé comme tel) auprès d’un assureur privé. Le « réassureur » n’a pas de
compétence spécifique et l’agent pourrait même refuser de se faire visiter par le médecin conseil
de la compagnie d’assurances puisque celle-ci n’a en tant que tel aucun lien avec la victime.
Que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, le délai de prescription est de 3
ans.
N.B.: Selon la Cour de cassation, deux actes distincts sont susceptibles de constituer le point de
départ de la prescription : la décision de l’employeur public et l’avis du MEDEX. Dans
l’hypothèse où la victime de l’accident fait le choix de contester en justice la proposition du
MEDEX avant que la décision de l’autorité n’intervienne, et donc sans attendre l’issue de la
procédure administrative, elle devrait le faire dans les trois ans de la notification de ladite
proposition du MEDEX.
L’employeur privé est obligé (sous peine de sanction pénale) d’assurer son travailleur auprès
d’un assureur privé agréé (appelé « l’assureur-loi ») contre le risque des accidents du travail.
Il s’agit donc d’un contrat obligatoire, tout comme par exemple l’assurance RC automobile.
En cas d’accident, cet assureur (tout comme l’employeur public, lorsqu’on se trouve dans le
secteur public) offrira une réparation automatique dans un système de responsabilité
objective (et donc sans que le travailleur ne doive apporter la preuve d’une faute de
l’employeur).
1. L’évènement soudain
Pour pouvoir être qualifié d’«événement soudain », l’événement ne doit pas nécessairement
(5) :
- être instantané;
« Soudain » ne signifie pas « instantané ». Il faut un fait déterminable dans le temps, d’une
durée relativement brève.
Il appartient au juge du fond de déterminer si la durée d’un événement dépasse ce qui peut être
admis pour constituer un événement soudain au sens de la loi.
- être inhabituel;
La jurisprudence est cependant parfois amenée à exiger une intensité particulière pour qualifier
la situation d’événement soudain, pour tenter de contourner ce qui est considéré comme étant
une appréciation trop large de la notion d’événement soudain (cela ne correspond pas à la
jurisprudence de la Cour de cassation).
Un agent pénitentiaire doit normalement être armé psychologiquement pour faire face à ce
genre de situation.
[…l]a Cour considère qu’en l’espèce, l’événement soudain n’est pas prouvé. »
- être imprévisible;
Peu importe que l’événement ait été prévisible : le fait qu’un risque d’accident soit prévisible
n’enlève pas à sa survenance son caractère accidentel.
Certes, la lésion ne peut être due exclusivement à une disposition interne du travailleur.
Mais ce n’est pas l’événement soudain qui doit avoir une cause extérieure à l’organisme, mais
bien la lésion.
Il n'est pas requis que la cause ou l'une des causes de l'événement soudain soit étrangère à
l'organisme de la victime (par exemple, si un travailleur se blesse en chutant, la chute ne cesse
pas d’être un événement soudain parce qu’elle a été causée par un défaut de l’organisme de la
victime; donc il n’y a pas lieu d’examiner à quoi est due la chute).
Sauf « faute intentionnelle »: en vertu de l'article 48, alinéa 1er, de la loi du 10 avril 1971 sur
les accidents du travail, les indemnités prévues par cette loi ne sont pas dues lorsque l'accident
a été intentionnellement provoqué par la victime.
Cf. Cass., 25 novembre 2002, n° S.01.0172.F: « Attendu que, s'il se déduit des considérations
de l'arrêt reproduites par le moyen qu'aux yeux de la cour du travail, le demandeur a
intentionnellement provoqué la rixe au cours de laquelle il a été blessé, l'arrêt n'a pu, sur la
base de ces considérations, légalement décider que le demandeur a intentionnellement
provoqué l'accident qui, selon ses constatations, est survenu lorsque, "le 2 juin 1997, à la fin
de la soirée, vers vingt-trois heures trente, environ cinq minutes après que le personnel eut
quitté le restaurant, il a été gravement blessé au dos par un coup de couteau que lui avait
assené B." »
= accident du travail (mais pas de réparation car faute intentionnelle (art. 48))
2. La lésion
Il importe peu que la lésion se manifeste par une blessure ou par une maladie : le préjudice
résultant d'une maladie peut faire l'objet de la réparation prévue par la législation sur les
accidents du travail dès lors que cette maladie a une origine accidentelle (exemple: hépatite
contractée à l’occasion d’une piqure avec une aiguille infectée, maladie mentale provoquée par
un choc nerveux, tétanos consécutif à une blessure, rage contractée suite à une morsure, etc.).
Il appartient à la victime ou à ses ayants droit de prouver l'existence d'un événement soudain
et celle d'une lésion.
La preuve de l'évènement soudain et de la lésion peut être apportée par toutes voies de droit.
La preuve de ces deux éléments étant faite, il est présumé que la lésion trouve son origine
dans un accident.
Notes :
Il n’y a pas un mode probatoire dans la loi que la victime devrait suivre.
Une question qui se pose assez souvent dans la pratique : que fait-on lorsque la victime se
trouvait seule ? Que fait-on d’une simple déclaration unilatérale de la victime ? Les
juridictions du travail sont assez souples, on peut prendre en compte sur base de deux
éléments : on ne peut pas présumer la mauvaise foi de la victime, on ne doit pas pénaliser les
travailleurs qui travaillent de manière solitaire.
Ces déclarations servent de présomptions. Pour autant qu’il n’y ait pas d’éléments
contradictoires dans le dossier, on va pouvoir admettre une preuve.
Une fois que la victime a apporté cette double preuve, on passe à la deuxième étape en termes
de preuves. Cela va être la possibilité pour la compagnies d’assurances, l’assureur-loi,
l’employeur de renverser la preuve en disant par exemple que la lésion est due non pas à
l’évènement soudain mais à l’état de santé de la victime. En pratique, dans le secteur privé,
on va avoir une décision de l’assureur-loi à l’intention de la victime. Le travailleur va porter
le dossier devant le trib du travail, et ce dernier va désigner un médecin expert qui va
médicalement examiner la lésion dont se prévient la victime découle bien de l’évènement
soudain dont la preuve a été rapportée en amont.
Il suffit qu'il survienne à un moment quelconque pendant lequel le travailleur se trouve sous
l'autorité effective ou virtuelle de l'employeur.
Cela sera le cas, même en dehors du temps de travail, durant le temps où la liberté personnelle
du travailleur est limitée en raison de l'exécution du travail au sens large (notamment lors
des actes préparatoires ou consécutifs aux prestations de travail proprement dites, au cours des
pauses accordées durant la journée de travail, à l’occasion de la participation à des activités
extra professionnelles, organisées directement par l'employeur ou avec l'autorisation de celui-
ci).
Notes : Il faut qu’il y ait un lien avec le travail. Pour que l’on soit face à un accident de travail,
il faut encore réunir deux autres conditions : que l’accident soit survenu dans le cours de
l’exécution du travail, et que l’accident soit survenu par l’exécution du contrat de travail. Il
faut qu’on démontre que l’accident soit intervenu sous l’autorité effective ou virtuelle de
l’employeur, cad en un lieu et en un temps où l’employeur a la faculté de surveiller le
travailleur.
Dans la mesure où l’entreprise est une communauté de travail, les activités qui ont lieu en son
sein peuvent engendrer l’application de la loi sur les accidents du travail si elles ont été
organisées, encouragées ou acceptées par l’employeur.
Ainsi, des fêtes d’entreprise sont couvertes, et ce même si les événements en cause sont fêtés
en dehors du cadre de l’entreprise et que la présence du personnel n’est pas obligatoire.
Notes :
Même si ce ne sont pas des prestations de travail à proprement parler.
Exemple, le cabinet organise une soirée bowling (en dehors des heures de travail ordinaires),
si mon collègue se foule le doigt, on peut considérer qu’il est victime d’un accident de travail
parce qu’il participe à une activité organisée par l’employeur même si pas d’obligation de
participer à ce genre d’activité et même si l’employeur n’est pas présent.
Cela peut aussi valoir pour des manifestations sportives, s’il est établi que l’employeur les a
encouragées aux fins de favoriser le développement du sentiment d’appartenance à la
communauté de travail voire une plus grande convivialité entre les membres du personnel,
même si la participation du personnel à ces activités est facultative.
En 2016, le CHU fait une publicité pour ce tournoi en précisant que les équipes doivent être
exclusivement composées de membres du personnel du CHU et renseigne pour ton contact
(inscription et renseignements) une adresse e-mail de l’établissement.
Lors d’un match du tournoi, le travailleur concerné chute et subit une fracture du poignet
gauche.
Le CHU refuse de reconnaître un accident du travail.
Les juridictions du travail reconnaissent quant à elle l’application de la loi, tant en instance
qu’en appel.
Un travailleur qui, en vue de l’exécution de son contrat de travail, est obligé de séjourner même
plusieurs mois loin du lieu de sa résidence pour l’exécution de sa mission, exécute son contrat
de travail pendant toute la durée de son séjour, de sorte que si un accident survient, même à un
moment où le travailleur ne remplit pas ses fonctions proprement dites, il s’agit d’un accident
du travail, à moins qu’il ne soit établi qu’il n’a pas été causé par le fait de l’exécution du contrat
de travail (voy. infra).
La caisse primaire estime cependant qu’un rapport sexuel est un acte de la vie courante « à
l’instar de prendre une douche ou un repas » et que « l’employeur ne rapporte pas la preuve que
le salarié a interrompu sa mission pour accomplir un acte totalement étranger à l’objet de celle-
ci ».
La Cour d’Appel de Paris s’est rangée du côté de la caisse primaire : un salarié est [sous] la
responsabilité de son employeur lorsqu’il est en déplacement professionnel, et ce même en
dehors des heures de travail et quelles que soient ses activités. Peu importe que l’accident
survienne à l’occasion d’un acte professionnel ou d’un acte de la vie courante sauf si
l’employeur a la preuve que le salarié avait interrompu sa mission pour un motif personnel. »
C.T. Liège (Namur), 16 octobre 2014, R.G. n°2014/AN/8 (usage anormal du temps de pause)
Dans un arrêt du 16 octobre 2014 , la Cour du travail de Liège, Division Namur, réforme un
jugement du Tribunal du travail de Liège, Division Dinant, qui avait reconnu l’existence d’un
accident du travail dans le chef d’un chauffeur routier international qui avait été retrouvé
inconscient au pied de son camion sur un parking jouxtant un restoroute français dont il était
ressorti en état d’intoxication alcoolique puisqu’il présentait un taux d’alcoolémie de 1,98
grammes par litre de sang le lendemain matin.
Le chauffeur routier, qui était déjà au bar vers 18h30, avait notamment bu des pichets de vin
rouge, des kirs, et du champagne avant de regagner son camion.
En l’espèce, selon la Cour, « même si [le travailleur] devait être virtuellement sous l’autorité
de son employeur durant le chargement d’une cargaison de bouteilles d’eau en France, il faut
bien admettre que le temps normal de loisir qui peut être constitutif du cours de l’exécution des
prestations pour un travailleur en mission s’est trouvé, en l’occurrence, détourné de sa finalité
pour en arriver à un débordement qui dépasse largement une juste compréhension des temps de
repos de chauffeur routier et ne caractérise plus la notion de cours ni de fait d’exécution des
prestations ».
En conclusion, selon la Cour, « l’accident survenu dans ces circonstances ne l’est plus pendant
l’exécution du contrat de travail mais en cours d’interruption due à la convenance personnelle
de l’intéressé et ne peut dès lors être considéré comme accident du travail ».
Après avoir déchargé son camion et chargé un conteneur vide à l’aéroport, le chauffeur s’était
rendu avec un collègue sur une aire de services afin d’y dîner et d’y prendre une douche ; après
avoir mangé dans un restaurant situé sur cette aire, le chauffeur était resté au bar où il avait bu
de l’alcool (alors qu’il avait déjà bu du vin pour accompagner son repas) ; il avait alors eu une
altercation avec le serveur du bar, avant d’avoir une discussion avec le chauffeur du camion
stationné à côté du sien au moment de regagner celui-ci ; il s’était accroché au rétroviseur du
camion du chauffeur russe, puis l’avait lâché, alors que le camion circulait…
Le Tribunal du travail rappela dans un premier temps que « lorsque le travailleur est en
mission pour l’employeur, c’est-à-dire qu’il passe plusieurs jours sans rentrer chez lui, et ce,
pour son travail, l’accident qui survient à n’importe quel moment au cours de cette
mission est survenu dans le cours de l’exécution du contrat, et ce, même si l’accident
survient durant une pause », « le travailleur restant sous l’autorité, même virtuelle, de
l’employeur, tout au long de cette mission », et en déduisit, en l’espèce, que l’accident était
bien survenu dans le cours de l’exécution du contrat, puisque l’accident s’était produit au cours
d’une mission que le travailleur exécutait pour son employeur à l’étranger, quel que soit
l’emploi que la victime avait fait de ses loisirs.
Le Tribunal précisa que l’usage normal ou non du temps libre était à examiner, le cas échéant,
dans le cadre de la condition suivant laquelle l’accident doit être survenu par le fait du contrat
de travail. Le Tribunal estima, à ce sujet, que « le milieu professionnel, tant humain que
matériel, [de la victime] [était] la cause de l’accident ayant conduit à son décès »: selon le
Tribunal, « même si le travailleur avait bu et se trouvait en état d’ivresse (suivant les analyses
effectuées par les autorités espagnoles, sont taux d’alcool était de 3,11 grammes/litre de sang)
durant la soirée, ce n’est néanmoins pas ce fait qui est la cause de l’accident du travail, mais
bien la réaction du chauffeur de camion de nationalité russe, qui a pris la décision de démarrer
son camion, alors que [le chauffeur belge], qui venait lui parler, l’importunait sans doute, et ce,
alors que [le chauffeur belge] était accroché au rétroviseur du camion, et de poursuivre sa route,
alors que [le chauffeur belge] avait lâché le rétroviseur et était tombé par terre ». Et le Tribunal
de préciser que « l’ensemble des actes et réactions du chauffeur de camion russe sont bien le
fait du milieu professionnel dans lequel travaillait [la victime] ».
5. L’accident du travail est tout accident qui survient par le fait de l’exécution du contrat
de travail
Il n'est pas requis que l'accident soit dû au fait de l'exécution des prestations de travail : il suffit
qu'il soit dû au fait de l'exécution du contrat de travail.
à il y a accident du travail « dès que l'accident est la réalisation d'un risque auquel la victime
est exposée soit en raison de son activité professionnelle, soit en considération du milieu
naturel, technique ou humain dans lequel elle se trouve placée ».
C'est ainsi que peut constituer un accident du travail, l'accident dont un travailleur est victime
en prenant part à une rixe, à des jeux, etc., que ce soit pendant le temps de travail ou pendant
un intervalle de repos pris sur place.
Lorsque ce lien entre l'accident et l'exécution du contrat se trouve établi, il importe peu que
l'accident soit dû à la faute de l'employeur, d'un compagnon de travail, d'un tiers ou de la victime
(seule la faute intentionnelle de la victime la prive du droit à la réparation).
A contrario, il n'y a pas accident du travail lorsque l'accident est dû à un fait du travailleur
totalement étranger à l'exécution du contrat de travail (par exemple, une rixe ou une agression
due à un incident de la vie privée).
Mais le milieu professionnel n’est pas nécessairement totalement étranger à une agression pour
des motifs privés : il a pu en favoriser la réalisation.
Il a ainsi été jugé que la présomption n’est pas renversée lorsqu’il apparaît que le risque de
survenance d’une agression pour des motifs privés a été, à tout le moins, aggravé par le fait que
« l’employée devait ouvrir seule le magasin, y exercer seule son activité professionnelle, de
surcroît dans un bâtiment à la configuration exiguë dont elle n’a pu s’enfuir ».
De même, il n’y a pas accident du travail lorsque l'accident est dû à un événement de force
majeure totalement étranger aux conditions de travail (risques de guerre, émeute, foudre,
chute d'avion, etc.).
Il n’en va pas de même si la présence au travail a aggravé l'exposition à pareils risques (par
exemple, le travailleur frappé par la foudre alors qu'il était chargé de réparer un paratonnerre
sur le toit d'un édifice).
La loi énonce par ailleurs que « L'accident causé par le terrorisme, comme défini dans la loi du
1er avril 2007 relative à l'assurance contre les dommages causés par le terrorisme, et survenu
pendant l'exécution du contrat de travail, est considéré comme étant survenu par le fait de
l'exécution du contrat de travail. »
6. La preuve du fait que l’accident est survenu dans le cours et par le fait du contrat
Le demandeur en réparation doit établir que l'accident est survenu dans le cours de l'exécution
du contrat de travail.
Lorsque ce fait est établi, il y a présomption que cet accident est survenu par le fait de
l'exécution du contrat.
Le chemin du travail est défini comme étant le trajet normal que le travailleur doit parcourir
pour se rendre de sa résidence au lieu de l'exécution du travail, et inversement.
1. La résidence
Tout type de logement est par ailleurs visé : maison, caravane, abri, hangar, hôtel, etc.
2. Le lieu de travail
Le chemin du travail s’arrête dès l’instant où le travailleur est soumis à l’autorité de son
employeur, et inversement, pour le chemin du retour vers la résidence.
L’article 8, §1er de la loi précise que le travailleur est réputé se trouver au lieu du travail
dans certaines hypothèses où il ne se trouve pas sous l’autorité de l’employeur:
1° il y accomplit, même en dehors des heures de travail, une mission en qualité de délégué
syndical ou de représentant des travailleurs, avec l'autorisation expresse ou tacite de
l'employeur;
2° il assiste à une réunion du conseil d'entreprise ou du comité de sécurité;
3° il assiste, avec l'autorisation expresse ou tacite de l'employeur, à des cours de formation
qui ont lieu pendant les heures normales de travail.
4° il se présente auprès du conseiller en prévention-médecin du travail
a) pour une consultation spontanée en application de la législation sur la surveillance de la
santé des travailleurs;
b) pour une visite de pré-reprise du travail dans le cadre de la surveillance de la santé des
travailleurs; cette visite peut avoir lieu avant la reprise effective du travail pendant la période
d'incapacité de travail.
3. Le trajet normal
Trajet normal = trajet le plus approprié, le plus justifié (adapté aux circonstances de fait).
Art. 8 de la loi: « Le trajet reste normal lorsque le travailleur effectue les détours nécessaires
et raisonnablement justifiables :
1° par les différents lieux de résidence et de travail ou par les lieux d'embarquement ou de
débarquement, pour se déplacer en véhicule avec une ou plusieurs autres personnes en vue
d'effectuer en commun le trajet entre résidence et lieu de travail;
2° pour conduire ou reprendre les enfants sur leur lieu de garde ou à l'école. »
Quid:
- des détours (critère géographique)?
- des interruptions (critère chronologique)?
Si le détour ou l'interruption est peu important, le trajet conserve son caractère de normalité si
ce détour ou cette interruption est justifié soit par la force majeure, soit par une cause légitime.
Exemple: arrêt de durée raisonnable dans un établissement pour se rafraîchir après la journée
de travail
Si le détour ou l'interruption est insignifiant, le travailleur ne doit justifier ni d’un cas de force
majeure, ni d’une cause légitime : le détour ou l’interruption n’affecte pas le caractère normal
du trajet.
Exemple: arrêt de quelques minutes pour acheter un café à emporter
Pour tout accident du travail, la déclaration doit être introduite dans les 8 jours calendrier (8
jours civils, à dater du lendemain de l’accident), par l’employeur, ou, en cas d’inertie de ce
dernier, par le travailleur salarié ou un des membres de sa famille, et ce par le biais d’un
formulaire spécial accompagné d’un certificat médical décrivant les lésions à adresser à
l’entreprise d'assurance auprès de laquelle l'employeur a souscrit un contrat d'assurance.
Une déclaration d’accident du travail tardive n’est pas sanctionnée par la loi, sauf le délai de
prescription de 3 ans.
Dans le secteur public, c’est l’employeur public qui se prononce sur l’existence, ou non, d’un
accident (sur le chemin) du travail.
Section 5 Décision
En cas de doute, par l’entreprise d’assurances, sur l’existence ou non d’un accident du travail,
l’employeur paie le salaire garanti pendant les 30 premiers jours. Si, après ces 30 jours,
l’entreprise d'assurances n’a toujours pas pris de décision concernant l’accident, la mutuelle
prend en charge les frais liés à l’accident et récupère ensuite ses dépenses auprès de l’entreprise
d’assurances, le cas échéant.
Si l’assureur-loi reconnaît l’accident comme étant un accident du travail, il prend en charge les
frais médicaux et les éventuelles indemnités, et rembourse à l’employeur les indemnités
journalières pour la période couverte par le salaire garanti.
En cas de désaccord du travailleur ou de FEDRIS, une procédure judiciaire peut être initiée
devant le Tribunal du travail.
Dans le secteur public, c’est le service compétent de l’administration concernée qui fixe le
pourcentage d’incapacité et la date de consolidation ainsi que, éventuellement, les prothèses
nécessaires. Sur base de cet avis médical, l’administration émet une proposition de règlement.
En cas d’accord de la victime, un arrêté ministériel est pris (dans les provinces et la communes,
une décision de l’autorité est émise). FEDRIS n’intervient donc pas pour l’entérinement des
accords dans le secteur public.
Section 6 Réparation
L’assurance accidents du travail ne couvre pas les dommages causés aux biens du travailleur,
et n’indemnise pas toutes les formes de dommages infligés à sa personne.
Ainsi, les dommages personnels non-corporels (le dommage moral, par exemple) et
extraprofessionnel (la difficulté physique que ressent la victime, depuis son accident,
lorsqu'elle exécute des tâches ménagères, par exemple) ne sont pas indemnisables (sauf si le
degré de difficulté est tel que celle-ci est prise en considération pour l’octroi d’une allocation
pour l’aide de tiers).
Notes :
Réparation partielle et forfaitaire
§ si l’incapacité de travail est totale (ITT), la victime a droit, à partir du jour qui
suit celui du début de l’incapacité de travail, à une indemnité journalière
correspondant à 90 % de la rémunération quotidienne moyenne plafonnée
(art. 22, al. 1er de la loi du 10 avril 1971) ;
- allocation pour l’aide de tiers : l’allocation pour l’aide de tiers est une allocation
complémentaire octroyée sur avis du médecin-conseil si, après un accident du
travail, l’état du travailleur exige l’aide d’une autre personne pour accomplir les
gestes courants de la vie ; cette allocation est évaluée, par le médecin-conseil, souvent
sur la base d’une grille contenant une série d’affirmations sur 6 activités essentielles de
la vie quotidienne : se déplacer ; absorber ou préparer sa nourriture ; assurer son hygiène
personnelle et s’habiller ; entretenir son habitat et accomplir des tâches ménagères ;
vivre sans surveillance, être conscient des dangers et être en mesure d’éviter les dangers
; communiquer et avoir des contacts sociaux (l'évaluation sur la base d’une échelle
(grille) n’est pas imposée par la loi) ; le montant maximum annuel de l’allocation pour
aide de tiers est égal à 12 fois le salaire minimum mensuel moyen garanti, tel que
fixé par le Conseil national du travail et indexé régulièrement.
Chapitre II - Chômage
Section 1 Introduction
Il est compétent pour prendre toutes les décisions individuelles d’octroi des
allocations de chômage : il vérifie les conditions d’admissibilité et d’octroi, et
si une indemnisation est possible, il permet à l’organisme de paiement
d’assurer le paiement des allocations.
L’article 24 de l’arrêté royal définit les missions des organismes de paiement, en particulier:
- tenir à la disposition du travailleur les formulaires dont l'usage est prescrit par l’ONEm;
- conseiller gratuitement le travailleur et lui fournir toutes informations utiles concernant
ses droits et ses devoirs à l'égard de l'assurance-chômage;
- introduire le dossier du travailleur au bureau du chômage en se conformant aux
dispositions réglementaires;
- payer au travailleur les allocations et les autres prestations qui lui reviennent.
L’inscription comme demandeur d’emploi (qui est une des conditions d’octroi
des allocations) doit se faire auprès de ces services régionaux de l’emploi (SRE).
Article 27, 7° : conditions d’admissibilité = conditions de stage qu’un chômeur doit remplir
pour pouvoir bénéficier de l’assurance chômage.
Le travailleur est admissible à condition qu’il totalise un nombre suffisant de journées de travail
au cours de la période de référence :
- le travailleur qui ne satisfait pas à la condition de stage dans sa catégorie d’âge est admis
s’il répond à la condition prévue pour une catégorie d’âge supérieure
- le travailleur de 36 ans au moins peut aussi être admis sur base de son passé
professionnel:
Pour la comptabilisation des journées de travail, différentes périodes sont assimilées à des jours
de travail.
Exemples :
- journées indemnisées dans le cadre de la législation sur l’assurance obligatoire soins de
santé et indemnités ;
- journées indemnisées dans le cadre de la législation sur la réparation des accidents du
travail ;
- jours de vacances couverts par un pécule de vacances ;
- jours fériés légaux ;
- jours de repos compensatoires.
Ces périodes ne sont donc pas assimilées à des journées de travail mais ont pour conséquence
que la période de référence est prolongée à due concurrence.
Exemples :
- emprisonnement;
- exercice d'une profession indépendante (minimum 6 mois/maximum 15 ans);
- interruption de carrière.
Le travailleur qui, au cours des 3 ans qui précèdent la demande d’allocations, a déjà été
bénéficiaire d’allocations de chômage pour un jour au moins, est réadmis (dans le régime
d’indemnisation qui était le sien en dernier lieu), sans devoir démontrer qu’il satisfait à la
condition de stage.
Pour ne pas décourager le travail à temps partiel, l’article 29 de l’arrêté royal portant
réglementation du chômage prévoit la possibilité pour le travailleur qui accepte un emploi à
temps partiel, et qui à ce moment répond aux conditions d’admissibilité et d’octroi comme
travailleur à temps plein, de bénéficier d’un statut de « travailleur à temps partiel avec
maintien des droits ».
Ce statut permet, à la fin du contrat de travail à temps partiel, d’être admis comme travailleur à
temps plein.
Une demande de reconnaissance du statut doit être introduite dans les deux mois du début de
l’activité à temps partiel.
Le travailleur à temps partiel n’est pas indemnisé pour tous les jours de la semaine mais
seulement en proportion de ce qu’était son régime de travail à temps partiel.
L’admissibilité sur base des études débouche sur l’octroi d’allocations d’insertion.
- avoir terminé certaines études ou formations (études qui ouvrent le droit): il faut avoir
suivi l’année scolaire complète, avoir accompli tous les stages et travaux pratiques
éventuels et avoir présenté les examens; il ne faut pas avoir réussi les études requises;
- avoir accompli un stage d’insertion professionnelle de 310 jours (excepté les dimanche,
ce qui représente un an), durant lequel il faut être inscrit comme demandeur d’emploi
et rechercher activement un emploi (en cas de formation en alternance, le stage
d’insertion professionnelle est réduit).
Pour bénéficier des allocations de chômage, il faut aussi répondre aux conditions d’octroi
(article 27, 8° : conditions qu’un chômeur admissible au bénéfice des allocations doit remplir
pour pouvoir les obtenir effectivement), c’est-à-dire :
Le caractère involontaire du chômage est, en principe, une condition d’octroi des allocations de
chômage.
La disponibilité pour le marché de l’emploi implique qu’un chômeur doit être prêt à accepter
tout emploi convenable; le chômeur qui n’est pas disposé à accepter tout emploi convenable
du fait qu’il soumet sa remise au travail à des réserves qui, compte tenu des critères de l’emploi
convenable, ne sont pas fondées, est considéré comme indisponible pour le marché de l’emploi
(il ne peut donc pas prétendre aux allocations de chômage).
En cas d’indisponibilité, le chômeur est exclu à partir du jour où il a émis des réserves, et cette
exclusion vaut pour toute la durée de l’indisponibilité (tant que le chômeur maintient les
réserves).
Une dispense de disponibilité adaptée est prévue pour les longues carrières.
Pour bénéficier des allocations, il faut être inscrit comme demandeur d’emploi auprès du SRE
compétent.
L’inscription est radiée d’office et le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations de
chômage (!):
- s’il n’est plus disponible pour le marché de l’emploi ;
- s’il ne donne pas suite aux convocations du SRE;
- s’il n’a pas informé le SRE de son changement d’adresse.
Ce sont les organismes régionaux (FOREM, VDAB, ACTIRIS et ADG) qui contrôlent la
disponibilité active des chômeurs de leur ressort (le SRE évalue périodiquement la disponibilité
active du chômeur).
Le chômeur a l’obligation:
- de participer aux actions proposées par le SRE, avec lequel il conclut un Projet
d’accompagnement individualisé (PAI) ;
- de rechercher du travail par lui-même (démarches personnelles de recherche
d’emploi).
Les chômeurs qui présentent des difficultés particulières liées à des « facteurs psycho-
médicosociaux » ou qui présentent une incapacité permanente de 33 % au moins peuvent être
dispensés de la procédure (ordinaire), à condition qu’ils concluent avec le SRE un « trajet
d'accompagnement spécifique » ou un trajet adapté à leur état de santé.
L’article 58/3 de l’arrêté royal énumère différentes hypothèses (ex: grossesse) dans lesquelles
la procédure de recherche d’emploi est suspendue.
Pour bénéficier des allocations de chômage, il faut être apte au travail au sens de la législation
sur l’assurance obligatoire contre la maladie et l’invalidité: il faut que la capacité de gain
du chômeur ne soit pas réduite de 66 % au moins (article 100 de la loi relative à l’assurance
obligatoire soins de santé et indemnités coordonnée le 14 juillet 1994).
Perd le droit aux allocations de chômage le travailleur qui, sur avis d’un médecin de l’ONEM,
est considéré comme inapte.
Articles 63, §1er : le chômeur ne peut bénéficier des allocations avant la fin de l’obligation
scolaire.
Article 64 : le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations à partir de son 65ème
anniversaire
7. résider en Belgique
Pour bénéficier des allocations de chômage, le chômeur doit avoir sa résidence principale en
Belgique et doit résider effectivement en Belgique.
Le contrôle se fait au moyen d’une carte de contrôle que l’organisme de paiement remet
chaque mois au chômeur.
Sur la carte, apparaît une case pour chaque jour; le chômeur doit y mentionner les jours de
vacances, les jours d’incapacité et les jours de travail.
Les jours de travail (pour un tiers ou pour son propre compte) doivent être mentionnés sur la
carte, à l’encre indélébile, avant le début de l’activité et quelle qu’en soit la durée.
L’exécution d’une activité sans indication préalable sur la carte de contrôle est passible d’une
sanction d’exclusion (de 1 à 26 semaines).
L'article 45 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 définit ce qu'il y a lieu d'entendre par travail
; il s'agit d'une définition spécifique à la réglementation du chômage.
Le premier alinéa de l'article 45 distingue deux catégories d'activités a priori incompatibles avec
l'octroi des allocations de chômage :
- l'activité effectuée pour son propre compte, qui peut être intégrée dans le courant des
échanges économiques de biens et de services, et qui n'est pas limitée à la gestion
normale des biens propres;
- l'activité effectuée pour un tiers et qui procure au travailleur une rémunération ou un
avantage matériel de nature à contribuer à sa subsistance ou à celle de sa famille (en
vertu de la réglementation, toute activité effectuée pour le compte d'un tiers est
présumée, jusqu'à preuve du contraire, procurer une rémunération ou un avantage
matériel).
L’article 48, § 1bis permet au chômeur de conserver son droit aux allocations de chômage
pendant 12 mois durant l’exercice d’une activité accessoire en qualité d’indépendant («
tremplin-indépendants »), sous certaines conditions.
La réglementation donne des exemples de sommes qui ne peuvent être cumulées avec les
allocations de chômage.
Capitalisation : versement de montants, une fois que l’âge requis sera atteint, on bénéficiera
d’une rente qu’on aura accumulé.
1) premier pilier : les pensions obligatoires (ou légales), organisées par la sécurité sociale
2. Capitalisation vs répartition
La différence fondamentale entre les pensions légales et les pensions extralégales, c’est que les
pensions extralégales sont financées par capitalisation, tandis que les pensions du premier pilier
sont financées par répartition:
- dans les pensions légales (premier pilier), le financement s’opère par répartition: les
cotisations sociales qui sont versées par les travailleurs en activité sont directement
utilisées pour payer les pensions des personnes qui sont actuellement à la retraite
contrairement aux primes d’assurance, les cotisations sociales ne sont pas placées sur
les marchés financiers ; elles sont immédiatement redistribuées (dans le langage
courant, on dit qu’on cotise pour sa pension, mais en réalité, c’est faux: techniquement,
les travailleurs actifs ne financent pas leur propre pension ; ils financent celles des
pensionnés) à logique de solidarité entre les générations
• certains, qui considèrent que le financement par répartition est devenu intenable à long
terme, proposent de réduire les pensions légales à une protection sociale de base: les
pensions du premier pilier seraient réduites à une protection de base et il reviendrait à
chacun de compléter ce socle de base par une pension à on réduirait les pensions
légales à une protection sociale de base et on soutiendrait (para)fiscalement les
pensions par capitalisation
• d’autres font valoir que le développement des deuxième et troisième piliers, au
détriment des pensions légales, est une solution très inégalitaire, parce que la spécificité
des pensions complémentaires est qu’il faut pouvoir se les payer; ces « défenseurs de la
sécurité sociale » plaident pour une revalorisation des pensions légales à on cesserait
d’affecter plus de ressources fiscales au deuxième et au troisième piliers et on
utiliserait ces ressources pour consolider le financement des pensions par
répartition
o arrêté royal du 23 décembre 1996 portant exécution des articles 15, 16 et 17 de la loi du
26 juillet 1996 portant modernisation de la sécurité sociale et assurant la viabilité des
régimes légaux des pensions (AR 1996)
5. Organisme compétent
Le Service fédéral des pensions statue sur les demandes et paie les prestations (AR n° 50, art.
41, al. 1er)
Auto-saisine du SFP lors de l’atteinte de l’âge de la retraite par un travailleur salarié (AR
1967, art. 10, §3ter): le droit à pension de retraite de la personne qui atteint l'âge de la
pension dont l'activité professionnelle a entraîné son assujettissement au régime de
pension des travailleurs salariés est examiné d’office.
1. Le principe
L’arrêté royal n° 50 pose comme principe de base que le système de pension des travailleurs
salariés couvre tous les travailleurs assujettis à la loi du 27 juin 1969, soit, essentiellement,
les travailleurs occupés dans les liens d’un contrat de travail (AR n° 50, art. 1er, al. 1er, 1° et
al. 2) à sont couverts les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale général à
connexion étroite entre le champ d’application personnel de la protection et le paiement des
cotisations sociales dans le régime des salariés.
2. Les extensions
La coïncidence entre le champ d’application et l’assujettissement n’est pas totale: le Roi a été
habilité à étendre le champ d’application (AR n° 50, art. 3, al. 1er, 2° et al. 2) à il existe un
certain nombre de possibilités de s’ouvrir des droits à la pension au moyen de périodes qui
n’ont pas été assujetties, et qui donc, vu le principe de base, ne sont normalement pas prises en
compte pour le calcul de la pension.
Le Roi a fait usage de cette habilitation dans l’arrêté d’exécution de l’arrêté royal n° 50.
Le point commun des diverses extensions qui sont prévues par l’arrêté d’exécution, c’est que
ces extensions sont facultatives pour les intéressés: il faut demander à en bénéficier.
Il faut payer volontairement des cotisations pour compenser le non assujettissement: les
périodes qui sont énumérées par l’arrêté d’exécution peuvent être régularisées et intégrées dans
la carrière professionnelle à la condition que le bénéficiaire paie la partie des cotisations
personnelles qui est prévue pour la branche pensions (7,5% de cotisations sur un salaire fictif,
qui est fixé au niveau du salaire minimum).
Conditions (2) :
- Une condition d’âge ;
- Une condition d’activité.
Depuis 2009 : 65 ans, pour les hommes comme pour les femmes
Pendant très longtemps, l’âge de la pension était fixé à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour
les femmes; cette différence de traitement a persisté pendant très longtemps mais a fini par être
jugée discriminatoire par la Cour de justice de l’Union européenne.
Finalement, l’âge de l’accès à la pension des femmes a été relevé par étapes, de manière à être
aligné sur celui des hommes; depuis 2009, ce processus de rattrapage est terminé: l’âge du
départ à la retraite est de 65 ans pour tout le monde.
« Art. 2.§ 1. La pension de retraite prend cours le premier jour du mois qui suit celui au cours
duquel l'intéressé en fait la demande et au plus tôt le premier jour du mois qui suit celui au
cours duquel il atteint l'âge de la pension. L'âge de la pension est de
1° 65 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tard le 1er janvier 2025;
2° 66 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tôt le 1er février 2025 et au plus tard le 1er janvier 2030;
3° 67 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tôt le 1er février 2030. »
b) La retraite anticipée
Moyennant le respect de certaines conditions, il est possible de partir à la pension plus tôt.
Les travailleurs salariés sont autorisés à prendre une retraite anticipée à partir de l’âge de 63
ans, pour autant qu’ils justifient d’une carrière dite suffisante (alors que si on attend l’âge
légal de la retraite, il n’y a pas d’exigence à satisfaire en termes de durée minimale de carrière).
Si on part à la pension avant d’avoir atteint l’âge légal, avec une carrière seulement suffisante,
la pension sera moins élevée que si on partait à la pension avec une carrière complète.
AR 1996, art. 4
Âge et durée de carrière minimaux pour pouvoir prendre une pension anticipée:
- 60 ans et 44 années de carrière
- 61 ans et 43 années de carrière
- 62 ans et 43 années de carrière
- 63 ans et 42 années de carrière
Pour prétendre au RCC, il faut être (4) licencié par son employeur (1) et remplir des
conditions (3) d'âge, d'ancienneté et d'admissibilité aux allocations de chômage.
Les bénéficiaires d’un RCC perçoivent une allocation de chômage, à charge de l’ONEm, +
une indemnité complémentaire à charge de leur ancien employeur (le montant minimum
légal du complément d'entreprise correspond à la moitié de la différence entre la rémunération
nette de référence et les allocations de chômage (CCT n°17, art. 5)).
a) Le principe ( ?)
Sauf dans les conditions déterminées par le Roi, la pension n’est payable que si le bénéficiaire
n’exerce pas d’activité professionnelle (AR n° 50, art. 25, al. 1er).
Par activité professionnelle, il faut entendre toute activité susceptible de produire des
revenus (AR 1967, art. 64, §1er, al. 1er) à définition très large.
b) L’activité autorisée
Le bénéficiaire d’une pension est autorisé à exercer une activité professionnelle pour autant que
le revenu ne dépasse pas certains plafonds (AR 1967, art. 64, §2 et 3).
Les limites ne sont pas fixées en fonction du temps consacré à l’activité qui est menée: ce qui
compte, c’est uniquement les revenus que cette activité dégage.
On peut cumuler sa pension de retraite avec des revenus professionnels sans limitation (AR
1967, art. 64, §4):
- si on a une carrière de 45 ans à la date où on a pris sa pension ;
- ou à partir du 1er janvier de l’année où on atteint l’âge légal de la pension (65 ans
actuellement).
Dans tous les autres cas, il faut limiter ses revenus professionnels aux montants autorisés.
Discussions autour de la question de savoir s’il ne faudrait pas augmenter, voire même
supprimer, ces plafonds (ce qui est déjà fait au-delà de l’âge de 65 ans et pour les très longues
carrières):
- certains défendent l’idée qu’il faut encourager les pensionnés qui le veulent à continuer
à travailler après l’âge de la retraite, parce que cela permet aux pensionnés d’augmenter
leurs revenus et qu’accessoirement, cela finance la sécurité sociale, puisque des
cotisations sociales sont prélevées sur ce travail;
- d’autres craignent que la suppression des limites au travail autorisé serve de prétexte
pour ne pas revaloriser le montant des pensions légales: si on supprime les plafonds, on
risque, dans les faits, d’avoir tendance à présupposer que la pension légale n’est qu’une
base et que, pour disposer d’un revenu total suffisant, cette base devra être complétée,
sinon par une pension complémentaire, par du travail; or, si pour certaines catégories
professionnelles, il se peut que continuer à travailler ne soit pas un problème, pour
d’autres métiers, il est parfois physiquement impossible de continuer à travailler au-delà
de 65 ans; par ailleurs, il peut être considéré que, dans une société qui connaît le
chômage de masse, il y a d’autres priorités que de permettre à ceux qui ont déjà travaillé
toute leur vie de continuer à travailler (le travail des pensionnés pourrait se faire au
détriment d’autres personnes qui sont toujours en attente d’un emploi).
En plus de cela, le montant de la pension est aussi modalisé en fonction d’un troisième facteur:
la situation familiale.
1. La carrière professionnelle
La carrière est tout d’abord constituée des périodes d’activité professionnelle qui ont été
accomplies en tant que travailleur salarié.
Mais la carrière professionnelle est aussi constituée de toute une série de périodes d’inactivité
qui sont assimilées — pour le calcul de la pension — à des périodes de travail (AR n° 50,
art. 8).
La liste des périodes dites assimilées est assez longue (AR 1967, article 34). Elle comprend
principalement les périodes durant lesquelles le travailleur a bénéficié d’un revenu de
remplacement alloué par la sécurité sociale (périodes de chômage indemnisé, périodes
d’incapacité de travail, périodes de congé de maternité, etc.).
à du point de vue des pensions, le compteur de la carrière professionnelle tourne lorsque l’on
travaille en tant que salarié mais aussi lorsque l’on bénéfice d’un revenu de remplacement.
è RAPPEL : A côté des périodes de travail et des périodes d’inactivité assimilées à du travail,
il ne faut pas perdre de vue la possibilité de compléter la carrière professionnelle au moyen de
ses années d’études. Comme telles, les années d’études ne font pas partie des périodes
assimilées à proprement parler, lesquelles sont automatiquement prises en compte, tandis que
les années d’étude supposent une démarche volontaire et supposent le paiement de cotisations
sociales pour être régularisées et intégrées dans la carrière professionnelle.
b) La durée de la carrière
Il n’y a pas de durée minimale de carrière qui est exigée pour avoir droit à une pension (sauf
dans le cas de la retraite anticipée).
Une carrière complète compte 45 ans (14.040 jours): quand la carrière compte 14.040 jours
temps plein - soit 45 années de 312 jours (14.040 = 45 x 312), on parle d’une « carrière
complète » à chaque année de travail donne droit à 1/45e d’une pension complète
AR 1996, art. 5, §1er, al. 2: « La fraction correspondant à chaque année civile a pour
numérateur l'unité et pour dénominateur le nombre 45. ».
à les personnes qui travaillent plus qu'une carrière complète sont récompensées: en cas de
dépassement de « l'unité » (45 ans de carrière), le SFP octroie des droits supplémentaires à la
pension pour les jours de travail effectif (les jours de travail après 14.040 jours ne sont donc
plus exclus, comme c’était le cas auparavant).
En revanche, dans le cas d'un dépassement de l'unité avec des jours assimilés, jours assimilés
en question ne génèrent pas de droits de pension supplémentaires.
2. La rémunération
La rémunération sur la base de laquelle la pension est calculée n’est pas la même pour les
périodes de travail et pour les périodes assimilées.
Pour les périodes assimilées : prise en compte, non pas de l’allocation sociale, mais de la
rémunération afférente à l’année civile précédente (AR 1967, art. 24bis, point 1, al. 1er).
Principales exceptions : depuis 2012, valorisation sur la base du salaire minimum des troisièmes
périodes de chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6) et, depuis 2019, des deuxièmes périodes de
chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6°bis) ainsi que des périodes de chômage avec complément
d’entreprise (AR 1967, art. 24bis, point 7°bis) àl’idée est de valoriser le travail.
b) Plafond
La pension est proportionnelle aux rémunérations perçues — ou que l’on est censé avoir
perçues – mais, pour le calcul de la pension, ces rémunérations sont plafonnées: la partie de la
rémunération qui dépasse un certain seuil n’est pas prise en considération pour le calcul de la
pension: il n’est pas tenu compte de la part du total des rémunérations de chaque année qui
dépasse le plafond annuel (AR n° 50, art. 7, al. 3)
à les travailleurs qui ont eu un haut salaire touchent une pension proportionnellement plus
basse que les travailleurs à bas et à moyens salaires, au regard de leur niveau de revenu
antérieur: pour eux, le taux de remplacement effectif est moins élevé (d’où, pour ces
travailleurs, l’attrait exercé par les pensions complémentaires: le cumul d’une pension légale et
d’une pension complémentaire est le seul moyen de maintenir leur niveau de vie)
Pour une pension de salarié, le législateur limite actuellement le salaire annuel à 63.944,74 €
brut: si le salaire est supérieur à ce montant, il ne permet pas une pension plus importante.
c) Réévaluation
Toutes les rémunérations (plafonnées) prises en compte, qu’elles soient réelles ou fictives, sont
réévaluées au moment de l’octroi de la pension sur la base de l’évolution de l’indice des prix à
la consommation, c’est-à-dire l’index (AR n° 50, art. 29bis, §1)
on prend toutes les rémunérations des années sur la base desquelles la pension va être calculée
et on applique à ces rémunérations l’index qui est en vigueur au moment où la pension est
accordée
Exemple: un travailleur est pensionné en 2022; sa pension va être calculée sur la rémunération
qu’il a touchée entre les années 1980 — début de sa carrière professionnelle — et aujourd’hui;
la rémunération de, disons, 1.500 euros bruts par mois touchée pendant l’année 1984 va être «
convertie », pour le calcul de sa pension vu l’évolution de l’index entre 1984 et aujourd’hui
Cette réévaluation sur la base de l’index permet de neutraliser les effets de l’inflation.
3. La situation familiale
Dans la branche des pensions, régime des salariés, il existe deux catégories — et donc deux
taux — différentes (AR 1996, art. 5, §1er, al. 1er):
- le taux ménage;
- le taux isolé.
Attention : ces catégories ne correspondent pas, par exemple, aux catégories de l’assurance
chômage (chaque branche est dotée de sa propre législation et chaque branche dispose de ses
propres catégories, même s’il y a, pour un certain nombre de branches, des convergences).
Dans le régime des pensions, le taux ménage est accordé aux pensionnés qui sont mariés, pour
autant que le conjoint du pensionné ait lui aussi cessé ses activités professionnelles et pour
autant que ce conjoint ne perçoive pas de revenu de remplacement,
à le taux ménage est accordé uniquement aux couples mariés à l’intérieur desquels le
pensionné est la seule source de revenus du ménage.
Dans ce cas, le couple perçoit une pension unique, pension unique qui est calculée au taux de
75%.
Cette appellation est un peu trompeuse, parce que ce taux n’est pas accordé uniquement aux
pensionnés qui vivent seuls, comme c’est le cas en assurance chômage: en pensions, le taux
isolé est accordé à tous les retraités qui n’entrent pas dans la catégorie restreinte des ménages.
à le taux dit « isolé » est accordé aux personnes seules, mais aussi à tous les couples non
mariés, et aussi à tous les couples mariés au sein desquels l’un des deux conjoints travaille
encore ou perçoit lui aussi une pension.
4. Le mode de calcul
a) Le calcul
Pour l’essentiel, calculer une pension consiste à faire une série d’additions et de fractions.
Étapes successives (AR n° 50, art. 7, al. 1er et AR 1996, art. 5, §1er) :
1) Réévaluation de la rémunération – réelle ou fictive, mais toujours plafonnée – de
chaque année de la carrière professionnelle (+ index)
Pour la première étape, on prend la rémunération perçue — ou que l’on est censé avoir perçue
— pour chaque année de carrière.
2) Addition des résultats de chaque année et division de la somme par 45, pour
obtenir la rémunération moyenne perçue au cours de l’ensemble de la carrière
On additionne ensuite les résultats de chaque année et on divise le tout par 45 (puisque la
pension est calculée sur la base d’une carrière professionnelle de 45 ans).
En faisant cette division, on obtient le montant de la rémunération moyenne que l’on a perçue
au cours de sa carrière.
C’est là que l’opération peut s’avérer douloureuse si on n’a pas eu une carrière complète
(puisque, quelle que soit l’importance du numérateur, le diviseur est toujours fixé à 45, ce qui
a pour effet de diluer — plus ou moins fortement — le montant de la rémunération moyenne:
plus la carrière est incomplète, plus le montant de la rémunération moyenne sera dilué)…
à si, par exemple on a eu une carrière de seulement 27 ans, la pension ne sera pas calculée sur
la moyenne des rémunérations que l’on a perçues pendant 27 ans, mais sur la moyenne des
rémunérations que l’on a perçues pendant 27 années étalées sur 45 ans.
La rémunération moyenne est multipliée par le pourcentage qui est lié à la situation familiale
du pensionné, c’est-à-dire par 0,6 ou 0,75 selon le cas.
à La pension sera égale à 60% ou 75% de la moyenne des rémunérations perçues au cours de
la carrière.
b) La pension minimum
Le législateur garantit une pension plancher aux travailleurs qui ont une carrière complète:
lorsqu’on a travaillé pendant 45 ans, la pension ne peut pas être inférieure à un certain seuil.
à Si, en appliquant toutes les règles de calcul précitées, on aboutit à une pension dont le
montant se situe en-dessous du plancher, ce montant sera rehaussé jusqu’au niveau du plancher.
Le droit à cette pension minimum est aussi garanti pour les travailleurs qui peuvent établir une
carrière égale au moins aux 2/3 d’une carrière complète.
Le montant de la pension minimum complète est proratisé en cas de carrière située entre 30 et
44 années.
Les soins de santé ne forment pas, à eux seuls, une branche à part entière de notre système de
sécurité sociale: les soins de santé constituent l’un des deux secteurs d’une branche plus
large, qui est l’assurance soins de santé et indemnités (point commun: problèmes de nature
médicale).
L’article 86, § 1er, de la loi coordonnée du 14 juillet 1994 énumère les bénéficiaires de
l’assurance indemnités dans le régime des salariés (ce sont essentiellement les travailleurs
assujettis au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés, secteur indemnités).
Pour bénéficier de l’assurance, il faut satisfaire à une condition supplémentaire de stage (article
128, § 1er, de la loi coordonnée et article 203 de l’arrêté royal du 3 juillet 1996) : on ne bénéficie
pas des prestations dès le premier jour d’assujettissement.
Dans le régime des travailleurs indépendants, la question est réglée par l’article 3 de l’arrêté
royal du 20 juillet 1971 instituant une assurance indemnités et une assurance maternité en
faveur des travailleurs indépendants et des conjoints aidants.
L’institution publique de sécurité sociale (IPSS) qui supervise l’assurance soins de santé et
indemnités, est l’INAMI.
En-dessous de l’INAMI, on trouve les organismes assureurs (O.A.), lesquels sont en charge
du remboursement des dépenses médicales, sous le contrôle de l’INAMI.
à cinq unions de mutualités privées (UNMS, UNML, UNMN, ANMC) + une caisse publique,
la Caisse auxiliaire d’assurance maladie-invalidité (CAAMI)
Vu les particularités du secteur des soins de santé, le comité de gestion de l’INAMI est
quadripartite:
- délégation syndicale (classique)
- délégation patronale (classique)
- représentants des organismes assureurs à défense des droits des patients
- représentants des dispensateurs de soins.
En Belgique, le principe de base est celui du libre choix du prestataire de soins (liberté du
patient) à On est libre de s’adresser au médecin, au kiné, au dentiste,. .. de son choix: on va
chez qui on veut.
Ce principe est même explicitement garanti par la loi relative à l’assurance obligatoire soins de
santé (article 127, §1er).
Cette liberté d’appréciation est elle aussi garantie par la loi (article 73, §1er).
Le caractère libéral de l’organisation des soins de santé pose tout le problème de la maîtrise
financière du système.
Le coût d’un système qui repose sur une médecine libérale est beaucoup plus difficile à
contrôler que le coût d’un système qui repose sur une médecine d’État, parce que les patients
vont chez qui ils veulent et que les prestataires prescrivent ce qu’ils veulent.
+ vieillissement de la population (la toute grande majorité des dépenses de santé sont
consacrées aux personnes âgées)
Des travaux ont récemment été lancés auprès de l’INAMI afin de mettre au point une politique
de soins de santé destinée à apporter des réponses aux défis contemporains tels que le
vieillissement de la population.
à Une réflexion a été menée sur la manière dont l'INAMI peut travailler à la définition des
« objectifs de soins de santé » pour orienter les choix de l’assurance maladie.
L’accessibilité des soins pour le patient est l’élément central de cette nouvelle méthodologie.
Le budget doit tenir compte de la norme de croissance (limites dans lesquelles le budget des
soins de santé peut augmenter chaque année) (relevée à 2,5 % à partir de 2022).
Les bénéficiaires de l’assurance soins de santé sont énumérés à l’article 32 de la loi relative à
l'assurance obligatoire soins de santé et indemnités coordonnée le 14 juillet 1994.
à la loi énumère toute une série de catégories de personnes, énumération dont il découle que
la couverture est aujourd’hui quasi-universelle.
1. Les titulaires
Titulaires = personnes qui ouvrent le droit à l’assurance pour elles-mêmes et pour les
personnes qui sont à leur charge.
à ceux qui ont le statut de titulaire se créent des droits pour eux-mêmes, mais aussi pour les
personnes qui dépendent d’eux.
a) Les travailleurs
En général, les étudiants sont bénéficiaires de l’assurance soins de santé en tant que personne à
charge d’un titulaire; ici, on vise les étudiants qui ne dépendent plus d’un titulaire et qui
deviennent eux-mêmes directement titulaires des droits (couverture en tant que titulaire qui est
soumise au paiement d’une cotisation).
Selon le 15° de l’article 32, bénéficient aussi de l’assurance toutes les personnes inscrites au
Registre national des personnes physiques qui ne peuvent être bénéficiaires du droit aux soins
de santé en vertu d'un autre régime belge ou étranger d'assurance soins de santé.
L’extension de la couverture des soins de santé à toutes les personnes résidant régulièrement
en Belgique est intervenue en 1998 ; cette extension a été considérée comme une avancée
considérable dans la généralisation du droit aux soins de santé.
Le bénéfice de cette extension est, en règle, subordonnée au paiement d’une cotisation dont le
montant est dégressif en fonction des revenus du ménage (article 134 de l’arrêté royal du 3
juillet 1996 ; si les revenus ne sont pas supérieurs au revenu d’intégration, aucune cotisation
n’est due).
En ce qui concerne les étrangers, cette extension suppose que la personne soit autorisée à
séjourner plus de 3 mois en Belgique à les étrangers qui ne bénéficient que d’un « visa
touristique » et les étrangers en séjour illégal ne peuvent pas bénéficier de l’assurance soins de
santé.
Compte tenu du caractère résiduaire de cette extension, elle peut ne pas profiter à tout le monde
(p. ex., un indépendant qui, compte tenu de ses difficultés financières, ne paie pas ses cotisations
sociales, est privé de la couverture sans avoir la possibilité d’invoquer l’extension du 15°
puisqu’il peut être bénéficiaire du droit aux soins de santé sur une autre base).
Les personnes à charge n’ouvrent pas le droit à la couverture santé par elles-mêmes: elles ont
accès aux prestations de santé en tant qu’elles sont liées à un titulaire.
à technique des droits dérivés (on tire des droits des liens que l’on a avec une autre personne)
Conditions, sauf pour les descendants : ne pas disposer de revenus et partager la même résidence
(AR, art. 124, §1 et 2).
à des conditions d’octroi (délibérément) très lâches, et à charge uniquement des titulaires.
Les titulaires doivent être affiliés à une mutualité ou inscrits à la CAAMI (art. 118): toute
personne en Belgique a l’obligation de s’affilier à un organisme assureur pour bénéficier des
prestations de l’assurance soins de santé.
Les titulaires sont totalement libres de choisir l’organisme assureur qui a leur préférence (à
cette fin, la loi précise notamment que lors de l'affiliation à une mutualité ou l'inscription à la
CAAMI, les bénéficiaires ne peuvent en aucun cas se voir accorder des avantages matériels
directs ou indirects, sauf de valeur commerciale minime, sous quelle que forme que ce soit).
Il existe une exception: pour le personnel et les pensionnés statutaires des Chemins de fer belges
et leurs personnes à charge, l’organisme assureur compétent est la Caisse des soins de santé
de HR Rail.
Les personnes à charge sont nécessairement affiliées à l’organisme assureur qui a été choisi
par le titulaire dont elles dépendent: la personne à charge est automatiquement inscrite dans
l’organisme assureur auquel est affilié le titulaire.
La deuxième exigence à remplir est d’être en ordre sur le plan du paiement des cotisations
sociales.
Les travailleurs qui sont assujettis à l’un des trois régimes de sécurité sociale ne doivent rien
faire pour signaler qu’ils sont en ordre de cotisations : les documents qui prouvent qu’ils sont
assujettis et qu’ils paient leurs cotisations sont automatiquement transmis, par voie
électronique, à leur organisme assureur.
Seuls les étudiants et les personnes inscrites au registre national des personnes physiques
doivent verser une somme d’argent: les personnes qui sont bénéficiaires à ce titre doivent
s’acquitter d’une cotisation, tous les trimestres, pour pouvoir bénéficier des remboursements de
l’assurance santé.
Dans les faits, la majorité des personnes qui sont titulaires avec la casquette « personnes
inscrites au registre national des personnes physique » ne paient pas, ou pratiquement pas, de
cotisations, vu leur niveau de revenus.
Depuis 1998, il n’y a plus d’exigence de stage (article 121, §2): il n’y a plus de période d’attente
(stage d'attente = période durant laquelle les droits du bénéficiaire ne sont pas encore effectifs):
le droit aux prestations de santé s'ouvre à la date d'effet de l'inscription ou de l'affiliation en
qualité de titulaire auprès d'un organisme assureur.
La loi relative à l’assurance soins de santé contient une énumération des différents types de
prestations qui donnent lieu à une intervention de la sécurité sociale: l’article 34 de la loi
contient une longue liste des types de prestations et de fournitures donnant lieu à l’intervention
de l’assurance.
Sont notamment visés : les visites et les consultations des médecins de médecine générale et
des médecins-spécialistes; les soins infirmiers et de kinésithérapie ; les soins dentaires ; les
accouchements ; la fourniture de lunettes, d’appareils auditifs, de prothèses … ; les
médicaments ; les prestations de diagnostic ; les hospitalisations, les soins médicaux en
maisons de repos, …
La loi précise explicitement que, de manière générale, l’assurance soins de santé n’intervient
pas dans les prestations qui sont accomplies dans un but esthétique.
L’article 35 de la loi habilite le Roi à établir ce qu’on appelle la nomenclature des prestations
de santé.
Pour savoir exactement quelles sont toutes les prestations précises qui sont remboursées à
l’intérieur de chaque catégorie, il faut disposer d’une liste beaucoup plus détaillée que celle qui
figure à l’article 34 de la loi.
Cette liste doit être fermée: il faut disposer d’un catalogue exhaustif de tous les actes
(para)médicaux qui sont couverts.
Il faut aussi déterminer avec précision les éventuelles conditions à respecter (ex: telle
prestation est remboursée à condition que le bénéficiaire ait moins ou plus de tel âge; telle autre
prestation est remboursée maximum une fois par trimestre; telle opération ne peut être
prodiguée que par un médecin disposant d’un certain degré de spécialisation; etc.).
Certaines prestations exceptionnelles non visées par la nomenclature sont susceptibles d’être
prises en charge via un Fonds spécial de solidarité créé au sein de l’INAMI.
Il n’intervient que si les conditions suivantes sont cumulativement remplies (articles 25bis et
suivants de la loi coordonnée).
Du point de vue de la sécurité sociale, il est important, pour garantir un accès effectif aux soins
et pour contenir les dépenses, de limiter les honoraires des dispensateurs de soins.
Les dispensateurs de soins font néanmoins valoir, quant à eux, que la libre fixation des
honoraires est nécessaire pour garantir l’attractivité des professions médicales et ainsi garantir
des soins de qualité.
à les tarifs des prestations sont fixés dans le cadre d’accords entre les représentants des
professions médicales et les organismes assureurs.
Par exemple, chez les médecins, l’accord national médico-mutualiste détermine les
engagements cruciaux entre les médecins et les mutualités. Il est conclu pour une durée de un
ou deux ans et fixe entre autres les tarifs que les médecins conventionnés peuvent appliquer.
Les médecins (comme les dentistes) ont toutefois, à titre individuel, la possibilité de ne pas
adhérer à ces tarifs (ils sont alors dits « déconventionnés » et peuvent pratiquer des honoraires
libres.
à Notre système de sécurité sociale ne garantit pas une médecine gratuite: une partie du coût
des soins n’est pas remboursée et reste à charge du patient (quote-part personnelle qui reste à
charge du patient = « ticket modérateur »).
Le remboursement est toujours calculé sur le tarif conventionnel des prestations à au ticket
modérateur, s’ajoutent les éventuels suppléments d’honoraires (la partie remboursée n’est pas
adaptée selon que le prestataire est conventionné ou non).
à Lorsque l’on se rend chez un prestataire de soins, la prestation payée par le patient est divisée
en deux ou trois parties:
Pour les assurés dont la situation sociale ou de santé est la plus précaire, le ticket modérateur
peut constituer un obstacle à l’accès aux soins.
Plusieurs mesures ont donc été adoptées pour atténuer l’incidence du « ticket modérateur ».
à « intervention majorée »
C’est ce qu’on appelle les titulaires du statut « BIM » (« Bénéfice d’une Intervention Majorée
») (anciennement « VIPO »).
Lorsque le BIM est accordé à un titulaire, les personnes qui sont à sa charge en bénéficient
également.
Les tickets modérateurs payés par le patient sont comptabilisés par sa mutualité, sur base des
attestations de soins, des factures d’hôpital et de pharmacie.
Dès que le montant maximum est atteint, la mutualité rembourse aussi les tickets modérateurs
en plus du remboursement normal.
à garantie pour un bénéficiaire de ne pas devoir, au cours d’une année, dépenser plus qu’un
montant déterminé (plafond) pour ses soins de santé: si les frais médicaux atteignent ce montant
maximum au cours de l’année, les autres frais médicaux sont entièrement remboursés.
Seuls les tickets modérateurs réellement payés sont pris en compte dans le système de calcul
du MAF: les suppléments éventuellement réclamés par les prestataires de soins n'entrent pas en
considération.
Normalement, le patient paie au dispensateur de soins l’intégralité du coût des prestations qui
ont été fournies, puis, après coup, se fait rembourser par son organisme assureur la partie du
coût qui est prise en charge par l’assurance soins de santé
à remboursement a posteriori
Chaque prestation précise qui est accomplie est facturée, puis remboursée
à remboursement à l’acte
à « Tiers-payant » = mécanisme par lequel certaines prestations sont directement payées par
l’organisme assureur au dispensateur de soins.
Cela permet d’éviter au patient de devoir avancer toute la somme, surtout lorsque cette somme
est très élevée ou lorsque le patient n’a pas beaucoup de revenus.
La loi relative à l’assurance soins de santé habilite le Roi à fixer les hypothèses dans lesquelles
le tiers payant peut être appliqué (article 53, §1er, alinéa 8).
Depuis 2022, les médecins généralistes peuvent appliquer le tiers payant à toutes leurs
prestations de santé, quel que soit le statut du patient.
L’exemple des maisons médicales au forfait (art. 52): chaque maison médicale peut conclure
un accord avec les organismes assureurs (O.A.); elle perçoit alors un montant fixe (forfaitaire)
par patient, qui couvre tous les soins que ce patient reçoit dans cette maison médicale.
Le patient ne paie rien pour les soins couverts par le montant forfaitaire versé par les O.A., mais
il est en principe obligé de faire appel aux dispensateurs de soins de cette maison médicale; s’il
consulte d'autres dispensateurs pour des soins compris dans le forfait de sa maison médicale, sa
mutualité ne remboursera pas ces prestations-là.
L’aide sociale sensu lato regroupe les régimes de sécurité sociale non contributifs, qui visent,
en mettant en œuvre une solidarité nationale financée par l’impôt, à octroyer essentiellement
des revenus minimums aux personnes les plus démunies qui sont dans une situation de besoin
et qui ne peuvent pas revendiquer d’autres ressources.
Il s’agit de régimes non contributifs, en ce sens qu’il ne faut pas avoir cotisé pour y avoir droit.
Contrairement aux régimes de sécurité sociale, dans lesquels on est dans une logique
d’assurance, les régimes non contributifs sont, quant à eux, fondés exclusivement sur un
principe de solidarité, sans participation au préalable .
2. Régimes assistanciels
Il s’agit de régimes assistanciels, en ce sens qu’ils sont là pour aider les personnes qui sont les
plus démunies, ce qui va donc impliquer une enquête sur les ressources et la preuve d’un état
de besoin).
3. Régimes subsidiaires
Il s’agit de régimes qui sont dits « résiduaires », en ce sens que l’on ne peut en bénéficier que
si l’on n’a pas la possibilité de se procurer des revenus par ses propres moyens et que l’on n’a
pas droit à une autre branche de la sécurité sociale au sens strict. On parle également de régimes
subsidiaires.
Les régimes sont également résiduaires par rapport à la solidarité familiale, qui prime dans notre
système et qui peut ainsi, par exemple, amener à tenir compte des ressources des cohabitants
ou encore à demander l’intervention des débiteurs alimentaires.
Ce revenu minimum est accordé à toutes les personnes âgées de plus de 65 ans dont les
ressources sont inférieures à un certain seuil.
Ce revenu peut très bien être octroyé aux personnes âgées qui touchent une pension de retraite
si cette pension de retraite est inférieure au seuil fixé pour l’octroi du revenu minimum à la
GRAPA peut être octroyée en complément d’une pension contributive si le montant de celle-ci
est inférieure à la GRAPA.
L’idée est que, face à la vieillesse, tout le monde a droit à un socle de revenus minimal.
Siège de la matière : loi du 22 mars 2001 instituant la garantie de revenus aux personnes âgées
2. Les allocations aux personnes handicapées (loi du 27 février 1987 relative aux
allocations aux personnes handicapées) ;
Il faut être confronté à un handicap et être dans un état de besoin pour avoir accès à ces
prestations.
Les deux prestations (ARR et AI) peuvent être cumulées, le cas échéant, puisqu’elles n’ont
pas le même objet : le revenu minimum vise à compenser l’incapacité de travailler, tandis que
Ce degré d’autonomie est évalué sur base d’un système de points : plus la personne est
dépendante, plus elle a de points, et plus l’allocation est élevée.
Siège de la matière : loi du 27 février 1987 relative aux allocations aux personnes handicapées
Il s’agit d’un système d’allocations familiales qui est destiné aux enfants pour lesquels aucune
personne n’ouvre un droit aux allocations dans l’un des trois régimes assuranciels.
C’est par ce biais que les allocations familiales ont été universalisées.
La grande différence avec les soins de santé, c’est qu’on n’a pas universalisé en mettant en
place un système unique : on a universalisé en développant une branche famille dans chacun
des quatre régimes de sécurité sociale (régime des salariés, régime des indépendants régime des
agents des services publics, aide sociale).
Les prestations familiales garanties ne sont octroyées que si les revenus de la personne qui a la
charge de l’enfant sont inférieurs à un certain seuil.
Ce sont des allocations d’un montant un peu plus élevé que les allocations familiales ordinaires
(on parle d’allocations familiales majorées).
Siège de la matière : sur le plan juridique, c’est toujours la législation d’origine qui est en
vigueur: c’est la loi du 20 juillet 1971 instituant des prestations familiales garanties.
Sur le plan administratif, les prestations familiales garanties sont gérées par FAMIFED.
En 2002, le minimex a été abrogé et remplacé par le nouveau dispositif : le droit à l’intégration
sociale (loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale).
5. L’aide sociale stricto sensu (loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics
d’action sociale).
On place dans la catégorie de l’aide sociale sensu lato l’aide sociale stricto sensu.
= aide nécessaire pour permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité
humaine : l’aide sociale a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la
dignité humaine, droit garanti par l’article 23 de la Constitution.
Siège de la matière : loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’action sociale
En vertu de l’article 57, § 1er, alinéa 3, de la loi du 8 juillet 1976, l’aide peut être matérielle,
sociale, médicale, médico-sociale ou psychologique à soutien financier, aide en nature (colis
alimentaires, chauffage, fournitures scolaires) adresse de référence pour une personne sans abri,
aide administrative, aide psychologique, etc.
Selon l’article 60, § 1er, l'intervention du CPAS est précédée d'une enquête sociale se terminant
par un diagnostic précis sur l'existence et l'étendue du besoin d'aide et proposant les moyens
les plus appropriés d'y faire face à l’intervention du CPAS doit être individualisée à chaque
demandeur.
L’aide sociale ne doit être allouée que lorsqu’elle est nécessaire à mener une vie conforme à
la dignité humaine (une situation n’est pas contraire à la dignité humaine lorsque celui qui la
connaît a la possibilité d’y remédier lui-même, par ses propres efforts ou en faisant valoir les
droits dont il dispose).
Le droit à l’intégration sociale est régi par une loi fédérale unique : la loi du 26 mai 2002
concernant le droit à l’intégration sociale (et arrêté royal du 11 juillet 2002 portant règlement
général en matière de droit à l’intégration sociale).
Mais la mise en œuvre de ce droit — et de cette loi — est fortement décentralisée, dans la
mesure où la tâche d’octroyer la prestation est assurée les CPAS à disparité des centaines
de politiques locales d’aide sociale.
L’article 3 de la loi traite à la fois du champ d’application de la loi et des conditions (3) d’octroi
de la prestation.
1. La résidence
Article 3, 1° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit avoir sa
résidence effective en Belgique.
à la première exigence pour bénéficier du droit à l’intégration sociale est d’avoir sa résidence
effective en Belgique: le droit à l’intégration sociale est réservé aux personnes qui résident
sur le sol belge: le bénéfice de la solidarité nationale est couplé à une exigence de rattachement
avec le territoire national
= condition qui est présente clans la législation de tous les pays qui disposent d’un système
d’aide sociale: chaque pays vient en aide aux personnes pauvres qui sont présentes sur son
territoire, et pas sur celui des pays voisins.
Est considéré comme ayant sa résidence effective en Belgique celui qui séjourne
habituellement et en permanence sur le territoire du royaume, même s’il ne dispose pas
d’un logement ou s’il n’est pas inscrit dans les registres de la population (AR, art. 2)
2. L’âge
Article 3, 2° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être
majeure ou assimilée à une personne majeure.
à pour être susceptible de percevoir le droit à l’intégration sociale, il faut satisfaire à une
condition d’âge: il faut être soit majeur, soit assimilé à une personne majeure
3. La nationalité
A l’origine, en 1974, le minimex était réservé uniquement aux Belges: la solidarité nationale
était réservée aux ressortissants nationaux.
Aujourd’hui, le bénéfice du droit à l’intégration sociale est ouvert aux personnes qui entrent
dans l’une des catégories (4) suivantes (article 3, 3º):
- soit posséder la nationalité belge;
- soit bénéficier en tant que citoyen de l’Union européenne, ou en tant que membre de sa
famille, d’un droit de séjour de plus de trois mois (et cette catégorie de personne ne peut
bénéficier du droit à l’intégration sociale qu’après les trois premiers mois du séjour);
- soit être inscrite comme étranger au registre de la population;
- soit être un apatride ou un réfugié, ou bénéficier de la protection subsidiaire.
Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit ne pas disposer de ressources
suffisantes (art. 3, 4°): le droit à l’intégration sociale, régime résiduaire par excellence, suppose
de ne pas disposer de ressources suffisantes, ni pouvoir y prétendre ni être en mesure de
se les procurer, soit par ses efforts personnels, soit par d'autres moyens.
Sauf les exceptions prévues par le Roi, toutes les ressources, quelle qu’en soit la nature ou
l’origine, dont dispose le demandeur sont prises en considération (art. 16).
Le calcul des ressources (AR, art. 22 à 35): l’arrêté d’exécution de la loi contient toute une série
de règles assez précises qui encadrent le calcul des ressources personnelles du demandeur; ces
règles prévoient notamment que, par exception, certaines ressources ne sont pas prises en
considération (ex: allocations familiales, pensions alimentaires, bourses d’études).
Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être disposée à travailler, à
moins que des raisons de santé ou d’équité l’en empêchent (art. 3, 5°).
b) Les motifs exonératoires (« … à moins que des raisons de santé ou d’équité l’en
empêchent")
L’octroi et le maintien du revenu d’intégration peuvent être assortis d’un projet individualisé
d’intégration sociale (art. 11: « L'octroi et le maintien du revenu d'intégration peuvent être
assortis d'un projet individualisé d'intégration sociale, soit à la demande de l'intéressé lui-même,
soit à l'initiative du centre. »).
Lorsqu’un contrat contenant un projet individualisé d’intégration sociale est établi, les deux
parties en présence — le CPAS et le bénéficiaire — prennent une série d’engagements
réciproques:
- d’un côté, on mentionne les démarches de réinsertion que le bénéficiaire s’engage à
effectuer;
- de l’autre côté, on mentionne le type d’aide que le CPAS s’engage à apporter, en retour,
au bénéficiaire.
Selon les besoins de la personne, le projet individualisé portera soit sur l’insertion
professionnelle, soit sur l’insertion sociale.
Dans le premier cas, le projet vise le retour, à plus ou moins court telle, à l’emploi: il est orienté
vers la recherche de travail, éventuellement couplée à une formation.
La troisième condition pour avoir droit à l’intégration sociale, c’est d’avoir fait valoir ses droits
à une allocation dans toutes les autres branches de la sécurité sociale (article 3, 6º) à Il faut
avoir épuisé toutes les possibilités de percevoir une prestation sociale — qu’elle soit de type
assuranciel ou assistanciel — avant de pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale.
Cette exigence s’explique par l’idée que le droit à l’intégration sociale n’est octroyé qu’à titre
strictement résiduaire: il n’est octroyé que lorsque le demandeur ne dispose d’aucun autre
moyen pour assurer sa subsistance.
4. Faire valoir ses droits à l’égard des débiteurs d’aliments (le cas échéant)
Il peut être imposé à l’intéressé de faire valoir ses droits à l’égard des personnes qui lui doivent
des aliments, ces dernières étant limitées à son conjoint, ou son ex-conjoint, ses parents et ses
enfants (art. 4, §1er).
Le CPAS peut imposer au bénéficiaire du droit à l’intégration sociale de faire valoir ses droits
aux aliments à l’égard d’un certain nombre de débiteurs alimentaires limitativement énumérés.
L’appel aux débiteurs alimentaires peut se faire de différentes manières : soit le CPAS limite
sont intervention en raison de la capacité contributive des débiteurs alimentaires ; soit il agit au
nom et pour compte des intéressés contre leurs débiteurs alimentaires (article 4, § 3 de la loi) ;
soit, après avoir versé le revenu d’intégration, il agit en remboursement contre les débiteurs
alimentaires (article 26 de la loi et articles 42 et s. de l’arrêté royal).
Depuis le passage du minimex au droit à l’intégration sociale, en 2002, il est question d’une
prestation qui ne se limite théoriquement plus à un revenu minimum.
Le droit à l’intégration sociale peut prendre la forme d’un emploi et/ou d’un revenu
d’intégration, assortis ou non d’un projet individualisé d’intégration sociale (art. 2, al. 1er).
è le droit à l’intégration sociale peut revêtir trois modalités distinctes : mise à l’emploi,
revenu d’intégration, projet individualisé d’intégration sociale.
Sur le plan des principes, priorité à l’emploi: la grande nouveauté de la loi de 2002, c’est que,
pour les jeunes âgés de moins de 25 ans, la mise à l’emploi revêt un caractère prioritaire par
rapport à l’octroi du revenu d’intégration (article 6) à pour les jeunes âgés de moins de 25
ans, l’intégration sociale doit en principe se concrétiser par un emploi — ou par un projet
individualisé menant, à terme, à l’obtention d’un emploi.
a) L’emploi
Toute personne âgée de moins de 25 ans a « droit » à l’intégration sociale par l’emploi (art. 6,
§1er) à Obligation de moyen à charge du CPAS
b) Le revenu d’intégration
Dans l’attente d’un emploi, ou si la personne ne peut travailler pour des raisons de santé ou
d’équité, elle a droit à un revenu d’intégration (art.10)
Les montants
Depuis le 1er décembre 2022, le montant du RIS est de :
- pour les personnes cohabitantes : 789,29€/mois
- pour les isolés : 1.183,94 €/mois ;
- pour les personnes vivant avec leur famille à charge : 1.600,03 €/mois
La notion de cohabitation est étrangère à tout critère familial, affectif, amoureux ou sexuel:
l’existence de relations de ces ordres est sans impact sur l’existence d’une situation de
cohabitation
à la constatation qu’un travailleur cohabite n’implique pas, en soi, qu’il cohabite maritalement
à à l’inverse, le fait d’être en couple et/ou d’avoir des enfants communs n’implique pas
nécessairement une cohabitation
La cohabitation requiert une forme de stabilité : la notion de cohabitation exige une certaine
durée, une certaine régularité (mais pas une totale permanence).
à le fait par exemple de passer un week-end ou une semaine de vacances chez une personne
ne fait pas naître une situation de cohabitation
à un séjour régulier en « kot » pour un étudiant ne met pas fin en soi à la cohabitation
La cohabitation s’entend du fait, pour deux ou plusieurs personnes, (1°) de vivre ensemble
sous le même toit et (2°) de régler principalement en commun les questions ménagères.
Il y a vie sous le même toit, lorsqu’il y a occupation en commun des espaces de vie qui
concentrent l’activité quotidienne ordinaire d’un ménage : salle de séjour, salle de bain ou
douche, mobilier, cuisine.
à La vie sous le même toit ne signifie pas nécessairement vivre en permanence dans les
mêmes pièces : des personnes qui occupent des lieux distincts au sein d’un même
immeuble vivent sous le même toit si elles partagent de manière régulière des lieux de
vie communs.
à En revanche, le seul fait de partager certaines commodités, comme la salle de bains ou
la cuisine, n’emporte pas vie sous le même toit lorsque les personnes les utilisent
chacune de façon autonome.
Ce règlement doit se comprendre comme visant une gestion commune de manière essentielle
ou majoritaire, mais non complète : la mise en commun des ressources, si elle doit être
principale, ne doit pas être complète ou presque complète.
La simple économie d’échelle découlant du partage d’un habitat commun n’est pas suffisante
pour qu’il y ait cohabitation au sens de la sécurité sociale : la cohabitation implique également,
à peine de déduire la présence du critère socio-économique de la seule existence du critère
Le montant du revenu d’intégration est diminué des ressources du demandeur (art. 14, §2)
Le droit à l’intégration sociale peut être réalisé par un emploi (de préférence, depuis 2016) ou
par l’octroi d’un revenu d’intégration (art. 13, §1er).
à la seule différence par rapport aux jeunes âgés de moins de 25 ans, c’est que la mise à
l’emploi n’a pas de priorité sur le revenu d’intégration: pour les plus de 25 ans, les deux
modalités sont sur pied d’égalité.