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Helding Chloé

DROI-C4027 Droit de la sécurité sociale


Droit du travail (droit privé) : réglemente les rapports entre les employeurs et les travailleurs
Droit de la sécurité sociale (droit public) : régit le système de redistribution organisé par l’État
pour permettre à ses citoyens de subvenir à leurs besoins lorsqu’ils sont confrontés à un risque
de nature à hypothéquer leur sécurité d’existence.

Notes :
Droit indissociable du droit du travail.

Objectif du cours : rendre lisibles les bases du droit belge de la sécurité sociale, donner un
aperçu des principales composantes du système belge de la sécurité sociale.

Philosophie du cours : replacer la sécurité sociale dans son contexte, évoquer tous les autres
enjeux qui traversent la sécurité sociale.

Au sein du droit social, il y a 2 branches : droit du travail (droit privé régissant les liens entre
le travailleur et l’employeur) et la sécurité sociale (droit public régissant comment l’état va
organiser les formes de solidarité pour pallier aux risques sociaux).

Seul changement : slides – lisibles.

Examen : un QRM sans point négatif et une question ouverte

Renvois autorisés !

Partie I Introduction générale au droit de la sécurité sociale : construction


historique du système belge, concepts fondamentaux, aperçu comparé et
encadrement constitutionnel

Chapitre I - La formation du système belge de sécurité sociale

On ne peut pas comprendre le droit de la sécurité sociale si on ne prend pas le temps d’étudier
son histoire : l’histoire permet de mieux comprendre la raison d’être et la configuration de notre
système actuel.

La sécurité sociale est le fruit d’un combat social et politique ; elle est la réponse de notre
société au paupérisme.

Section 1 De la révolution industrielle (à la fin du 18ème siècle) à la fin du 19ème siècle : le


paupérisme et le dogme de la non-intervention de l’État
= l’avant-sécurité sociale

Fin du 18ème siècle: révolution industrielle

à Les nouvelles structures socio-économiques sont génératrices d’une très grande insécurité
d’existence; avec la révolution industrielle, on voit apparaître deux risques nouveaux:

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• les accidents du travail, d’une part (dans le contexte du machinisme, le nombre et la


gravité des accidents du travail connaissent une véritable explosion) ;
• le chômage, d’autre part (dès qu’il y a un excédent de main-d’œuvre par rapport aux
besoins de la production, les ouvriers surnuméraires sont privés de travail (et donc de
revenus) du jour au lendemain.

àd’autre part, la révolution industrielle a pour effet de donner une portée nouvelle à trois types
d’événements (la maladie, de la vieillesse et de la charge d’enfants): avec la révolution
industrielle, être malade, vieillir, devoir assurer l’éducation de ses enfants, empêche aussi et
surtout de donner sa force de travail en location et donc de se procurer des moyens de
subsistance pour soi et sa famille.

Ces 5 risques (accident, chômage, maladie, vieillesse, charge d’enfants) sont les principaux
risques qui sont couverts aujourd’hui par notre système de sécurité sociale.

A l’époque, les pouvoirs publics persistent obstinément à ne pas intervenir, en raison:

• d’un blocage politique: le droit de vote étant réservé aux hommes les plus riches, la
population ouvrière était complètement exclue de la représentation politique (ceux qui
occupaient le pouvoir trouvaient largement leur compte dans le système en place);
à ce blocage résultait donc du système politique de l’époque : seuls les hommes riches
avaient le droit de voter.
• d’un blocage intellectuel, philosophique: si, pour les libéraux, faire la charité aux plus
démunis était un devoir moral de première importance, il était impensable de
transformer la charité en une obligation juridique; pour les libéraux, il était absolument
inconcevable de faire de la bienfaisance un droit-créance, c’est-à-dire une prestation
juridiquement exigible par son destinataire.

Les libéraux ne voyaient pas comment faire pour contrer le paupérisme sans perdre les acquis
de la Révolution, en particulier le droit à la propriété privée.

Il était par ailleurs considéré qu’il était du devoir de chacun d’anticiper les coups du sort par la
prévoyance, de sorte que l’imprévoyant ne devait s’en prendre qu’à lui-même (responsabilité
individuelle).

Pour se protéger contre l’insécurité d’existence, il n’existe à l’époque que deux possibilités:

• le recours à la charité publique ou privée, laquelle est humiliante et aléatoire (la


charité ne confère aucun droit à ses destinataires: elle dépend exclusivement de la bonne
volonté du généreux donateur);
• la prévoyance individuelle, c’est-à-dire l’épargne, laquelle est de facto impossible pour
l’immense majorité des travailleurs, les salaires étant d’un niveau extrêmement bas (les
ouvriers gagnent à peine de quoi survivre).

→ en pratique, la population laborieuse ne disposait d’aucune solution pour sortir du


paupérisme; le travailleur vivait au jour le jour, avec la hantise permanente de perdre sa capacité
productive.

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Section 2 De 1886 à la seconde guerre mondiale : de la liberté « subsidiée » aux assurances


sociales obligatoires
= les prémices du système belge de sécurité sociale

Sur le plan politique, l’événement majeur qui a ouvert la voie à l’interventionnisme public, ce
sont les grèves insurrectionnelles de 1886; dans la foulée, un discours prononcé par le Roi
Léopold II marque le coup d’envoi de l’interventionnisme public:

« La situation des classes laborieuses est hautement digne d’intérêt et ce sera le devoir de la
législature de chercher à l’améliorer. (…) Peut-être a-t-on trop compté sur le seul effet des
principes, par ailleurs si féconds, de liberté. Il est juste que la loi entoure d’une protection plus
spéciale les faibles et les malheureux. »

→ la question sociale est vue comme un problème appelant des pouvoirs publics une
réponse.

→ dès l’année suivante, le Parlement va adopter les toutes premières lois sociales.

Peu de temps après 1886, on abandonne le suffrage censitaire pour le suffrage universel plural
→ le POB (le parti ouvrier belge) fait son entrée au Parlement.

En 1919, on passe au suffrage universel masculin pur et simple. Parallèlement, les conditions
intellectuelles se mettent elles aussi en place pour que l’État abandonne sa position de
surplomb: un changement survient sur le plan des idées (déblocage philosophique)

L’aggravation du paupérisme tout au long du 19ème siècle a généré une progressive prise de
conscience qui a joué le rôle de déclencheur.

L’idée émerge que, face à des phénomènes comme la perte d’emploi ou l’accident du travail,
l’individu pris isolément ne peut strictement rien; ce n’est pas de sa faute ; ce n’est pas le résultat
d’un manque coupable de prévoyance.

L’idée alternative qui va peu à peu s’imposer, c’est que tous ces phénomènes sont des risques
produits par le système économique lui-même. Puisque la responsabilité des risques est
sociétale, collective, on va mettre sur pied des dispositifs d’indemnisation de nature
collective: c’est parce qu’on est passé de l’idée d’une responsabilité individuelle à l’idée d’une
responsabilité collective que, en aval, les dispositifs juridiques ont fini par changer.

Deux phases dans le déploiement de l’interventionnisme public de la fin du 19ème siècle jusqu’à
la seconde guerre mondiale :

1. La politique dite de liberté subsidiée

Depuis le milieu du 19ème siècle, le mouvement ouvrier a créé des caisses de secours mutuel
(initiative purement privée), visant à organiser une forme de solidarité minimale entre les
travailleurs, qui versaient dans un « pot commun » une cotisation prélevée sur leur salaire, ce
qui leur permettait de percevoir une petite allocation en cas de survenance d’un risque social
(trois domaines sont à l’époque visés : maladie-invalidité, vieillesse, chômage).
→ seuls les ouvriers qui pouvaient se permettre de payer une cotisation étaient protégés.

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A partir de la fin du 19ème siècle, l’État a commencé à soutenir financièrement les sociétés de
secours mutuel : de l’argent public est venu s’ajouter à l’épargne des travailleurs.
→ l’adhésion reste libre : le bénéfice de la protection sociale reste conditionné à une affiliation
préalable, raison pour laquelle le nombre de travailleurs prévoyants a continué à rester assez
faible par rapport à l’ensemble de la population salariée.

2. Vers les assurances sociales obligatoires

A partir du début du 20ème siècle, émerge une nouvelle revendication du mouvement ouvrier :
rendre l’affiliation obligatoire.

Le tout premier domaine dans lequel la couverture a été rendue obligatoire, ce sont les
accidents du travail (loi du 24 décembre 1903 sur la réparation des dommages résultant des
accidents du travail)
→ Pour la toute première fois, on écartait l’application du droit commun de la responsabilité
civile : le travailleur victime d’un accident au travail ne doit plus prouver une faute pour obtenir
réparation ; le seul fait de la réalisation du risque (la survenance de l’accident) donne droit à un
dédommagement.

Au cours de l’entre-deux guerre, sous l’influence des idées du chancelier allemand Bismarck,
l’affiliation obligatoire est étendue à deux branches importantes :
• aux pensions de retraite (1924-1925)
• aux allocations familiales (1930 pour les salariés, 1937 pour les indépendants (=
première et seule forme de protection sociale dont ont bénéficié les indépendants
pendant très longtemps)).

En revanche, au moment où la seconde guerre éclate, en 1940, aucune solution n’a encore été
trouvée pour les deux branches qui restent, à savoir le chômage et la maladie-invalidité : dans
ces deux branches, on est encore dans un système d’affiliation libre subventionnée.

è Bilan de (ce qui allait devenir) la sécurité sociale en Belgique à la veille de la deuxième
guerre mondiale :
• système d’indemnisation automatique en matière d’accidents du travail ;
• système d’assurances sociales obligatoires en matière de vieillesse et de charges
familiales ;
• système d’assurance libre subsidiée en matière de chômage et de maladie- invalidité.
Le processus de construction de la sécurité sociale est encore loin d’être achevé, mais il est déjà
bien avancé. Les bases de la future sécurité sociale sont déjà là.

Section 3 L’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs


= (re)fondation du système belge de sécurité sociale

Durant la guerre, des représentants des travailleurs et des employeurs se réunissent pour
discuter de la réorganisation des structures socio-économiques en vue de sortir de la logique
d’affrontement permanent entre le capital et le travail.

Ils élaborent ensemble un document dénommé « Projet d’accord pour la solidarité sociale »,
aussi connu sous le nom de « Pacte social ».

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Aux termes de ce pacte, le patronat accepte de partager les fruits de la croissance, tandis que le
mouvement ouvrier renonce à la menace d’une appropriation collective des moyens de
production.
→ Maintien de la propriété privée contre redistribution des richesses.

Le pacte social contient toute une série de points relatifs aux assurances sociales.

En décembre 1944, le Gouvernement adopte l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la


sécurité sociale des travailleurs
= acte fondateur de notre système de sécurité sociale actuel (le texte existe toujours
aujourd’hui, même s’il n’en reste plus grand-chose)

Le rapport au Régent précédant l’arrêté-loi explicite les intentions du Gouvernement suite à


l’adoption de cet arrêté:

« Dans le mouvement général qui porte les nations démocratiques à répartir plus justement les
fruits du travail commun, la Belgique tient à garder une place de premier rang. Le mot d’ordre
de cette époque est de développer la sécurité sociale, de soustraire aussi complètement que
possible aux craintes de la misère les hommes et les femmes laborieux. »

→ L’intention des autorités est d’affranchir la classe laborieuse de la misère en instituant un


système de sécurité sociale è sortir les ouvriers du paupérisme par l’intermédiaire de la
sécurité sociale

Jusqu’alors, l’expression « sécurité sociale » était, comme telle, inconnue de notre ordre
juridique.
= expression empruntée à Lord William BEVERIDGE, qui est considéré comme le père du
système de sécurité sociale britannique (c’est lui qui a conceptualisé l’idée de « social security »
dans un célèbre rapport publié pendant la guerre, en 1942).

Pour l’essentiel, le Gouvernement a en fait rassemblé dans une seule loi-cadre les différentes
assurances sociales éparses (nées d’initiatives privées) qui existaient déjà avant la guerre.

àLe cœur du système de sécurité sociale consiste toujours en un ensemble d’assurances


sociales (assurances sociales qui sont maintenant toutes obligatoires).

Sur le plan juridique, deux grandes avancées sont à mettre sur le compte de l’arrêté-loi de 1944:

1) Généralisation du principe de l’affiliation obligatoire


Il restait 2 assurances sociales dans lesquelles la couverture n’était pas encore obligatoire :
• l’assurance chômage ;
• l’assurance maladie-invalidité.

L’arrêté-loi de 1944 a mis fin à ce caractère facultatif : depuis 1944, tous les travailleurs salariés
(occupés dans les liens d’un CT) sont protégés contre le chômage et contre la maladie-
invalidité.
à L’objectif de la politique sociale n’est plus de développer chez l’ouvrier l’esprit de
prévoyance dans l’espoir qu’il parvienne à se libérer de la pauvreté ; l’objectif est de sécuriser
l’existence des travailleurs et de leur famille.

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Symboliquement, juridiquement, on est passé de l’État libéral à l’État-providence


(changement de philosophie).

2) Création de l’Office national de sécurité sociale (O.N.S.S.)


La seconde innovation importante consiste en la création de l’ONSS.
Sauf pour les accidents du travail, l’ONSS a pour tâche de centraliser les cotisations des
travailleurs et des employeurs et de répartir entre les différentes branches du système de sécurité
sociale.

Dans l’esprit du Gouvernement, l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 était provisoire: il s’agissait


d’une législation de transition, destinée à parer au plus pressé, en attendant l’établissement d’un
régime définitif.

Le Gouvernement tablait sur le fait que le Parlement allait s’emparer de la question afin de
donner au système sa configuration définitive.

Ce caractère provisoire a eu une conséquence importante sur la délimitation du champ


d’application de la sécurité sociale: le système de sécurité sociale instauré en 1944 est resté
limité aux seuls travailleurs salariés (à l’exclusion donc des travailleurs indépendants et des
fonctionnaires statutaires): c’est le contrat de travail qui enclenche la protection.

Pourtant, l’intention du Gouvernement, en 1944, était d’étendre la sécurité sociale dès que
possible à l’ensemble de la population, en particulier aux indépendants (cf. le rapport au Régent
précédant l’arrêté-loi: « La sécurité sociale doit être garantie à tous »).

Les législations de sécurité sociale propres aux agents des services publics ont quant à elles été
maintenues en l’état, en dehors du nouveau système.

→ développement de 3 systèmes de sécurité sociale parallèles.

En 1944 (et encore aujourd’hui), 3 régimes de sécurité sociale coexistent :


1) le régime des agents des services publics (le plus ancien) // les statutaires ;
2) le régime des salariés (le plus important) ;
3) le « régime » des indépendants (qui ne comprend à l’époque que les allocations
familiale, qui, pour les indépendants, sont d’un montant beaucoup plus faible que pour
les salariés).

Section 4 De 1944 à 1974 : les Trente Glorieuses, âge d’or de la sécurité sociale
= expansion de la sécurité sociale

La période 1944-1974 a été une période de grande prospérité économique et de progrès social.
à La croissance économique qui a marqué les 30 années qui ont suivi la guerre a permis de
financer l’amélioration et l’expansion de l’État-providence.

1. L’échec des tentatives de réforme globale

Le provisoire est devenu définitif.


Les plans de réforme qui ont été élaborés pour revoir le système de 1944 n’ont pas abouti :
à beaucoup de projets ponctuels qui portaient sur une branche ou une problématique ont
échoué ;

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à deux tentatives majeures de repenser la cohérence de l’ensemble du système de sécurité


sociale ont échoué également.

a) Première tentative (1949)


La première tentative a eu lieu dans l’immédiat après-guerre, après l’adoption de l’arrêté-loi.

En 1949, le Gouvernement nomme 2 Commissaires d’État à la sécurité sociale (2 hauts


fonctionnaires, l’un socialiste francophone et l’autre social-chrétien flamand) qui reçoivent
pour mission de concevoir le système de sécurité sociale définitif.

Mais ils ne parviennent pas à s’accorder : en 1950, ils remettent au Gouvernement un Rapport
sur la réforme de la sécurité sociale composé de parties distinctes, signées tantôt par l’un, tantôt
par l’autre à échec.

b) Deuxième tentative (1980)


Trois décennies plus tard, dans les années 1980, le Gouvernement a à nouveau voulu procéder
à une refonte globale de la législation relative à la sécurité sociale.

Pour cela, le Gouvernement a institué une commission royale (présidée par deux professeurs
d’université et composée de parlementaires et de représentants des interlocuteurs sociaux).
Cette commission a été chargée de préparer « la codification, l’harmonisation et la
simplification » de la sécurité sociale.

Après 5 ans de travaux (menés par le président et le vice-président de la commission), un avant-


projet de Code de la sécurité sociale a été présenté au Gouvernement.

Cet avant-projet de code est toutefois resté sans suite (mais il a quand même inspiré plusieurs
initiatives législatives ultérieures).

Faute d’harmonisation, chaque branche de la sécurité sociale a continué à évoluer sans véritable
vision d’ensemble. C’est la raison pour laquelle notre système est peu cohérent.

2. Un système dominé par les trois grands clivages idéologiques de la société belge

Après la guerre, notre système de sécurité sociale a continué à être modelé avant tout par les
deux grands clivages qui ont dominé toute la vie politique belge pendant le 19e siècle :
- un clivage socio-économique : le conflit capital / travail
- un clivage philosophique : le conflit catholiques / laïcs
+ un conflit linguistique, communautaire

a) Un clivage socio-économique : le conflit capital / travail → gestion partitaire

En sécurité sociale, ce qui a beaucoup contribué à apaiser les tensions entre le patronat et les
travailleurs, c’est la généralisation, après la seconde guerre mondiale, du paritarisme.

Les travailleurs et les employeurs financent ensemble la sécurité sociale, avec les cotisations
qu’ils versent. Puisque les interlocuteurs sociaux sont les principaux financeurs du système, ils
en sont aussi les principaux gestionnaires.

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→ L’ONSS et les différents établissements publics qui chapeautent chacune des branches du
système de sécurité sociale sont administrés par un comité de gestion qui est à chaque fois
composé à parité de représentants des travailleurs et de représentants des employeurs.
Le premier clivage a ainsi laissé une trace très nette dans la structure administrative de la
sécurité sociale.

b) Un clivage philosophique : le conflit catholiques / laïcs → pluralisme institutionnel

Le second clivage majeur qui a structuré la vie politique belge n’est pas de nature socio-
économique, mais confessionnelle : clivage séparant le monde catholique et le monde laïc.

Après la guerre, les mésententes entre socialistes et catholiques sur l’organisation du système
ont repris de plus belle, à tel point qu’en sécurité sociale, le clivage confessionnel a joué un rôle
plus déterminant que le clivage socio-économique.

Dans chacune des branches de la sécurité sociale, on a retrouvé une même différence de
sensibilité entre les deux camps :

- Les socialistes défendaient l’idée de prestations sociales universelles, c’est-à-dire qui


couvrent toute la population, et pas uniquement les travailleurs salariés ; ils plaidaient
aussi pour que la sécurité sociale soit financée par l’impôt, plutôt que par des cotisations
prélevées sur le salaire ; ils voulaient aussi que les différentes prestations sociales soient
fournies par un service public centralisé, sans plus passer par une myriade d’organismes
intermédiaires.
→ revendication d’une couverture universelle, financée par l’impôt et gérée par
un service public unique
- Les démocrates-chrétiens défendaient l’inverse : ils ont plaidé pour que les
prestations sociales restent associées à l’exercice d’un travail (assurances sociales
fondées sur le travail) ; corrélativement, ils voulaient le maintien de prestations co-
financées par les travailleurs et les employeurs (maintien du financement par cotisations
sociales) ; au niveau de la structure administrative, ils défendaient le maintien des
organismes intermédiaires.

La solution a été le compromis, branche par branche.

Dans ces compromis successifs, c’est à chaque fois plutôt le point de vue des démocrates-
chrétiens qui l’a emporté :
- on a plutôt conservé le modèle des assurances sociales, co-financées par les
employeurs et les travailleurs ;
- au niveau de l’architecture administrative, on a garanti, sauf dans le secteur des
pensions, le « pluralisme institutionnel » : on a maintenu les organismes privés créés
à l’origine par les travailleurs (caisses de chômage syndicales et mutuelles) ou par les
employeurs (caisses d’allocations familiales).

Ces organismes versent prestations aux ayants droit ; ils servent d’intermédiaire entre les ayants
droit et les établissements publics qui chapeautent chaque branche.

En compensation, les socialistes ont obtenu, dans chaque branche, l’instauration d’une caisse
publique dite auxiliaire (ex : la CAPAC en matière de chômage).

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c) Un clivage linguistique : le conflit communautaire

La revendication flamande d’une défédéralisation de tout ou partie de la sécurité sociale est de


plus en plus pressante.
Cf. la défédéralisation des allocations familiales

3. Aperçu de l’évolution générale dans chacun des régimes

a) Le régime de sécurité sociale des travailleurs salariés

Double mouvement d’expansion des protections sociales :

- élargissements du champ d’application personnel (qui est couvert ?)

→ alors qu’à l’origine, les protections ne couvraient que les personnes engagées dans
les liens d’un contrat de travail, après la seconde guerre mondiale, le champ
d’application personnel de la sécurité sociale des salariés a été progressivement élargi à
des catégories de personnes qui ne sont pas liées par un contrat de travail mais qui se
trouvent dans un état de subordination socio-économique (assimilation de certains
travailleurs à des salariés pour ce qui concerne la sécurité sociale)

- améliorations de la couverture matérielle (comment est-on couvert ?)


→ le montant des allocations a régulièrement été augmenté ; la définition des risques
couverts a régulièrement été élargie (ex : élargissement de l’indemnisation des accidents
du travail aux accidents sur le chemin du travail)

1944-1974 = « âge d’or » de la sécurité sociale : expansion de l’État-providence.

b) Le régime de sécurité sociale des agents des services publics (pour mémoire)

A côté du régime des salariés, le régime des agents des services publics a continué à se
développer.

Les fonctionnaires disposent en général de leurs propres protections, mais, pour certaines
branches, ils sont rattachés à la sécurité sociale des salariés.

Cf. le cours de Droit social de la fonction publique

c) Le régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants

Le régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants a commencé à vraiment se


développer après la guerre.

Alors qu’au moment de la seconde guerre mondiale, ce régime comprenait uniquement les
allocations familiales, d’autres couvertures sont apparues au fil du temps.

Il existe encore d’importantes différences entre le régime des salariés et celui des indépendants
(tout ce qui est couvert chez les salariés ne l’est pas chez les indépendants, et l’ampleur de la
couverture est moindre chez les indépendants que chez les salariés), mais la tendance actuelle
est clairement à un rapprochement des deux régimes.
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Cf. le cours de Droit approfondi de la sécurité sociale

d) L’aide sociale (cf. la quatrième partie du cours et le cours de Droit approfondi de la


sécurité sociale)

A partir de la fin des années 60 et au début des années 70, un quatrième régime, distinct, a vu
le jour, parce que l’on s’aperçoit que, malgré l’expansion de la sécurité sociale, certaines
personnes restent privées du bénéfice des assurances sociales (en général parce que ces
personnes n’ont pas eu la possibilité de travailler suffisamment, et donc de cotiser
suffisamment, pour avoir droit aux assurances sociales).

Le législateur a créé successivement plusieurs revenus minimums, qui forment « l’aide


sociale ».
à Ces revenus minimums sont destinés aux individus sans ressources qui ne peuvent
bénéficier d’aucune autre prestation sociale.

La principale caractéristique des prestations d’aide sociale, qui les distingue des assurances
sociales, c’est que ces prestations sont non contributives : l’octroi de la prestation est
déconnecté de l’exigence d’avoir préalablement cotisé → il ne faut pas avoir contribué pour
bénéficier de l’aide sociale.

En contrepartie, l’aide sociale n’est octroyée qu’en guise d’ultime recours : ce n’est que si l’on
ne possède rien que l’on peut en bénéficier.

Consécration successive de 5 prestations :


- le revenu garanti aux personnes âgées (1969) → personnes âgées qui n’ont pas droit
à une pension
- les allocations pour handicapés (1969)
- les prestations familiales garanties (1971) → enfants qui ne sont pas bénéficiaires des
allocations familiales classique
- le droit à un minimum de moyens d’existence (« minimex ») (1974) → socle de
ressources minimales pour les personnes qui sont complètement démunies et qui ne
peuvent faire appel à aucune autre prestation sociale (= symbole par excellence de
l’apogée de l’État-providence) à Aujourd’hui, le revenu d’intégration sociale (R.I.S.)
a remplacé le minimex
- le droit à l’aide sociale (1976) → l'aide sociale au sens strict vise à permettre à toute
personne de mener une vie conforme à la dignité humaine.

Section 5 Depuis 1975 : la crise de l’État-providence


= fin de l’âge d’or : la sécurité sociale face à l’austérité permanente

Depuis la fin des années 1970, notre droit de la sécurité sociale est confronté à un
environnement socio-économique radicalement différent de celui qui a prévalu pendant les
trente années d’après-guerre (3changements) :

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1) changement économique : c’est la fin du plein emploi ; le chômage explose ;


Or le plein emploi était d’une certaine manière la condition de possibilité de l’État-providence :
c’est grâce au plein emploi que l’on parvenait à financer un État-providence généreux.
→ la crise de l’emploi perturbe gravement l’équilibre financier du système du fait de la
réduction du nombre de personnes qui cotisent pour financer la sécurité sociale

2) changement démographique : la population vieillit ;


→ Le vieillissement de la population a pour effet d’augmenter le nombre d’inactifs, c’est-à-
dire le nombre de personnes qui ne cotisent pas mais qui ont besoin de la sécurité sociale.

3) changement idéologique : les bases mêmes de notre système de sécurité sociale sont
remises en cause dans le contexte de la diffusion des idées néolibérales
→ les libéraux souhaitent stopper la marche en avant de l’État-providence en redonnant plus
de place à la responsabilité individuelle → rupture dans le consensus implicite qui unissait les
différents acteurs politiques sur la légitimité de la sécurité sociale.

Depuis la fin des années 1970, notre système de sécurité sociale évolue dans un contexte
d’austérité permanente.

La principale manifestation juridique de ce contexte d’austérité tient à l’inflation législative :


on a vu se multiplier les lois anti-crise, les lois de redressement, les lois-programmes, c’est-à-
dire des lois « fourre-tout » qui contiennent d’innombrables petites modifications, qui sont
venues s’ajouter les unes aux autres, année après année → Ce procédé a eu pour effet une
dégradation de la qualité légistique, c’est-à- dire la lisibilité, des textes réglementaires.

Sur le fond, toutes ces modifications ont eu pour principal objectif de réduire les dépenses. Pour
réduire les dépenses, différentes types de mesures ont été mis en œuvre.
Exemple : on a accru la différenciation du montant des allocations en fonction de la
situation familiale des assurés sociaux, on a augmenté le montant du ticket modérateur
en assurance maladie (part des soins qui n’est pas remboursée), …).

→ Le niveau des allocations a diminué : aujourd’hui, notre système de sécurité sociale est moins
performant qu’avant en termes de maintien du niveau de vie des bénéficiaires.

Auparavant, les recettes suivaient les dépenses ; maintenant, les dépenses suivent les recettes.

Malgré ce contexte d’austérité budgétaire, nous avons tout de même observé un certain nombre
d’avancées :
- amélioration de la sécurité sociale des indépendants, même si ce régime est encore
loin d’avoir rattrapé celui des salariés ;
- amélioration de la qualité du service fourni aux ayants droit (cf. la Charte de l’assuré
social : obligation d’informations et de conseil, de langage compréhensible, …, à charge
des institutions de sécurité sociale).

De l’État-providence (passif ?) à l’État social actif : la tendance est de demander aux ayants
droits de fournir plus d’efforts, d’accomplir plus de démarches, en contrepartie de la perception
des allocations (« activation », « responsabilisation » des allocataires sociaux)
Exemple : activation des chômeurs

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Chapitre II - La notion de sécurité sociale

Section 1 Définir la sécurité sociale ?

Quand on met l’accent sur la finalité remplie par les systèmes de sécurité sociales, on a tendance
à définir la sécurité sociale comme l’ensemble des mesures prises par une collectivité publique
pour garantir la sécurité d’existence des individus qui vivent sur son territoire.
Le problème de cette définition, c’est que l’on est amené à regrouper sous l’étiquette « sécurité
sociale » pratiquement toutes les politiques publiques de type socio-économique (politique du
logement, enseignement, accès à l’emploi, …).

→ la définition basée sur le critère de la sécurité d’existence manque de précision sur le plan
conceptuel ; elle est trop large ; elle ne permet pas de définir ce qui fait le propre de la sécurité
sociale.

Aucune définition plus précise de la sécurité sociale ne fait l’unanimité.

Proposition de définition pragmatique de la sécurité sociale en Belgique : système qui, au


moyen d’une certaine redistribution financière, garantit à tout ou partie de la population
trois types de revenus pour protéger contre les principaux aléas de l’existence (les risques
sociaux) :

1) Des revenus de remplacement, qui sont destinés à pallier la perte des revenus
normalement tirés de l’exercice d’une activité professionnelle ;

Ils visent à se substituer à la rémunération perdue.

Les risques sociaux couverts sont :


- le manque d’emploi (chômage) ;
- l’incapacité de continuer à travailler.

Les prestations sociales correspondantes sont :


- les allocations de chômage ;
- les pensions de retraite ;
- les indemnités d’incapacité de travail ;
- les indemnités de maternité ;
- les indemnités d’accident du travail ;
- les indemnités de maladie professionnelle.

2) Des revenus de complément, qui sont destinés à permettre de faire face aux charges
qui affectent le niveau de vie ;

Ils n’ont pas pour objet de se substituer à la rémunération mais de compléter la rémunération,
pour permettre de faire face aux charges qui altèrent le niveau de vie.

Les risques sociaux couverts (situations qui n’entrainent pas une perte de revenus mais une
augmentation des dépenses) sont :
- l’éducation d’enfants ;
- les frais (para)médicaux.

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Les prestations sociales correspondantes sont :


- les allocations familiales ;
- les soins de santé (un des volets de l’assurance maladie-invalidité).

3) Des revenus minimums résiduaires, qui sont destinés à procurer un minimum vital
en cas d’impossibilité de disposer de ressources propres et d’accéder aux autres
prestations de sécurité sociale.

Objectif :
≠ remplacer une rémunération perdue
≠ compléter une rémunération devenue insuffisante
= garantir un niveau de revenu minimal à ceux qui n’ont rien.

Le risque social couvert est la pauvreté, l’absence de toutes ressources.

Les prestations sociales correspondantes sont :


- la garantie de revenus aux personnes âgées ;
- les allocations aux personnes handicapées ;
- les prestations familiales garanties ;
- le droit à l’intégration sociale (ex-minimex) ;
- le droit à l’aide sociale.

Le droit de la sécurité sociale (droit public) est un ensemble des normes juridiques qui
organisent le système de sécurité sociale.

Les organismes de gestion de la sécurité sociale exercent une mission de service public : ces
organismes servent l’intérêt général.

Puisqu’ils servent l’intérêt général, ces organismes de gestion de la sécurité sociale disposent
de prérogatives de puissance publique.

Sauf exception, tous les principes généraux du droit administratif sont pleinement applicables
au droit de la sécurité sociale (obligation de motivation matérielle, non bis in idem, principe de
sécurité juridique, principe de légitime confiance, principe de minutie, principe audi alteram
partem, …).

L’instrument de référence en droit social international est la Convention n° 102 de l’OIT du


28 juin 1952 concernant la sécurité sociale (ratifiée par la Belgique).

Cette convention énumère les différents types de prestations que doivent comprendre les
systèmes de sécurité sociale : les soins de santé, les indemnités d’invalidité, les indemnités de
maternité ; les prestations de vieillesse, les prestations de décès ; les indemnités en cas
d’accident du travail ; les indemnités en cas de maladie professionnelle ; les allocations de
chômage ; les allocations familiales.

Le système belge de sécurité sociale prévoit toutes les prestations énumérées par l’OIT, en tout
cas dans le régime des salariés (la branche AMI regroupe les soins de santé, les indemnités
d’invalidité et les indemnités de maternité ; la branche pensions comprend à la fois les
prestations de vieillesse et les prestations de décès).

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!!! L’énumération de l’OIT n’englobe pas l’aide sociale résiduaire (elle ne couvre pas le risque
de pauvreté et d’exclusion sociale).

Section 2 Deux distinctions cardinales

1. Sécurité sociale vs assurances privées

Tant dans les assurances privées qu’en sécurité sociale, on cherche à diluer le poids de certains
risques sur l’ensemble d’un groupe (on mutualise les risques), mais …

a) Une différence de finalité


Les assurances sociales diffèrent des assurances privées d’abord et avant tout par leur finalité :
les assurances privées poursuivent un but de lucre, tandis que les institutions de sécurité
sociale ont pour but d’organiser un système de redistribution et non pas de faire de l’argent.

Assurances privées Institutions de sécurité sociale


But : de lucre But : organiser un système de redistribution

b) Des différences techniques


Les assurances privées et la sécurité sociale présentent en outre des caractéristiques techniques
très différentes.

Ces différences techniques se manifestent aussi bien :


- au niveau du mode de financement de l’assurance ;
• dans une assurance privée, la prime à verser dépend du « profil de risque » du
bénéficiaire : le montant de la prime est déterminé en fonction de la probabilité qu’a
le bénéficiaire d’être confronté au risque couvert → risque individuel
• la sécurité sociale est quant à elle financée par les impôts et par les cotisations
prélevés sur les revenus : le montant de la contribution qui est exigée de chacun est
dissocié de la probabilité plus ou moins forte que l’on a d’être confronté au risque ;
le montant qui est demandé à chacun est fonction de sa capacité contributive (on
participe au financement de la sécurité sociale en fonction de son niveau de revenu)
→ capacité contributive

- au niveau des prestations offertes par l’assurance (calcul des prestations).


• dans une assurance privée, les interventions sont étroitement liées au montant des
primes qui ont été versées : la somme que l’on perçoit en cas de réalisation du
risque est directement fonction des primes dont on s’est acquitté ;
• en sécurité sociale, les prestations sont plutôt fonction du besoin tel que celui-ci est
défini dans les différentes branches du système.
→ en sécurité sociale, on reçoit, non pas en fonction de ce qu’on a donné, mais en
fonction de ce que la société estime nécessaire pour garantir un niveau de vie décent.

Assurances privées Institutions de sécurité sociale


Mode de financement Prime dépend de la probabilité Montant en fct du niveau de
de faire face au risque couvert revenu à capacité contributive
à risque individuel
Calcul des prestations Prestations liées au montant Prestations liées au besoin pour
des primes versées maintenir un niveau de vie décent

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→ Mot d’ordre de la sécurité sociale : « de chacun selon ses moyens, à chacun selon ses
besoins » (logique redistributive).

C’est dans le champ de l’aide sociale que la déconnexion entre contributions personnelles et
niveau des prestations est poussée le plus loin : en aide sociale résiduaire, aucune contribution
préalable n’est exigée pour bénéficier de l’intervention de la collectivité → il ne s’agit plus
seulement de dissocier le niveau de la prestation du niveau des contributions personnelles ; il
s’agit de découpler totalement l’octroi de la prestation de toute exigence en termes de
cotisations.

Une différence fondamentale reconnue en droit européen : C.J.C.E., 17 février 1993, Poucet et
Pistre, C-159/91 et C-160/91

Monsieur Poucet et Monsieur Pistre, indépendants, refusaient de payer leurs cotisations


de sécurité sociale. Ils voulaient, au nom de la libre concurrence, avoir la possibilité de
s’affilier à la caisse de leur choix, éventuellement une caisse privée. Selon eux, les
organismes chargés de la gestion de la sécurité sociale abuseraient de leur position
dominante, au sens du droit européen, parce qu’ils jouissent d’une situation de
monopole.
C.J.C.E. : « Dans le contexte du droit de la concurrence, la notion d’entreprise
comprend toute entité exerçant une activité économique. En sont exclus les organismes
de gestion de la sécurité sociale : ils remplissent une fonction de caractère
exclusivement social, dans la mesure où ils exercent une activité fondée sur le principe
de la solidarité. »

à Les institutions de sécurité sociale ne sont pas des entreprises (principe de solidarité). Le
principe de solidarité légitime le fait que les organismes qui gèrent la sécurité sociale
échappent à l’application du droit de la concurrence. Ce principe légitime aussi le fait que
l’affiliation aux assurances sociales soit obligatoire.

Confirmation p.ex. dans C.J.U.E. (gde chambre), 11 juin 2020, Dôvera zdravotná poist'ovňa,
C-262/18 et C-271/18 (arrêt).

La Cour reconnaît que les organismes d’assurance maladie opérant sous le contrôle de l’État
slovaque ne peuvent pas être qualifiés d’entreprises au sens du droit de l’Union européenne.

La Cour a précisé qu’aux fins d’évaluer si une activité exercée dans le cadre d’un régime de
sécurité sociale est dépourvue de caractère économique, il importe de vérifier, en particulier :
- si et dans quelle mesure le régime en cause peut être considéré comme mettant en œuvre
le principe de solidarité ;
- et si l’activité des organismes d’assurance gérant un tel régime est soumise à un contrôle
de l’État.

2. Assurances sociales vs aide sociale


= summa divisio interne au droit de la sécurité sociale

a) Les assurances sociales (ou sécurité sociale au sens strict)


Les prestations de sécurité sociale au sens strict englobent l’ensemble des revenus de
remplacement et des revenus de complément.

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Caractéristiques (3) :
- prestations contributives : l’octroi des prestations est en principe conditionné à
l’exigence d’avoir cotisé pendant un certain temps ;
- financement (principalement) par cotisations : puisque les assurances sociales
reposent sur le principe de la contributivité, elles sont financées principalement par les
cotisations sociales (historiquement, les assurances sociales étaient financées
exclusivement par ces cotisations ; avec le temps, une intervention financière de l’État
est venue s’ajouter aux cotisations des travailleurs et des employeurs);
- pas de référence à l’état de besoin pécuniaire : le bénéfice des prestations n’est lié à
aucune exigence en termes de niveau de ressources (même si on est très riche, on a droit
aux prestations si on est en ordre de cotisations) → logique de maintien du niveau de
vie

b) L’aide sociale
L’aide sociale englobe les différents revenus minimums résiduaires, mis en place pour pallier
les limites des assurances sociales.

Caractéristiques (3) :
- prestations non contributives : il ne faut pas avoir cotisé pour bénéficier des
prestations ;
- financement par l’impôt : l’aide sociale n’est pas financée par les cotisations sociales
des travailleurs et des employeurs, mais par la solidarité nationale, c’est-à-dire par
l’impôt ;
- octroi de façon résiduaire/subsidiaire : l’octroi d’un revenu minimum est
conditionné à l’établissement d’un état d’indigence, d’une situation de besoin → l’octroi
d’une allocation d’aide sociale est précédé par une enquête sur les ressources, qui vise
à déterminer si le demandeur se trouve bien dans un état de besoin sur le plan pécuniaire
(les différentes législations relatives à l’aide sociale fixent des seuils, qui, s’ils sont
dépassés, font obstacle à l’octroi de la prestation).

Ensemble, les assurances sociales et les revenus minimums résiduaires forment ce qu’on
appelle le droit de la sécurité sociale au sens large.

! Il existe des prestations qui relèvent d’un des deux côtés de la summa divisio mais qui n’en
présentent pas toutes les caractéristiques.
Exemple : les allocations d’insertion, dans le système d’assurance chômage (allocations
qui sont attribuées aux jeunes qui sortent des études et sont sans emploi) → allocations
qui sont octroyées à des personnes qui n’ont encore jamais travaillé, ni cotisé
(allocations non contributives), alors que l’on se trouve dans un régime d’assurance
sociale (les deux autres caractéristiques des assurances sociales sont présentes :
financement par les cotisations et absence d’enquête sur les ressources).

Chapitre III - La diversité des systèmes de sécurité sociale

Le système belge de sécurité sociale n’est pas universel : d’un pays à l’autre, il existe une
diversité considérable en matière de protection sociale

Section 1 Systèmes bismarckiens vs systèmes beveridgiens


= distinction binaire traditionnelle

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1. Les systèmes bismarckiens

Figure historique de référence : Otto von Bismarck (homme politique conservateur, Allemagne,
fin du 19ème siècle).

Figure juridique de référence : assurances sociales obligatoires

Philosophie générale : garantir le maintien du niveau de vie des travailleurs confrontés à un


risque social.

Caractéristiques (3) :
- couverture limitée aux travailleurs, en particulier aux salariés à la solidarité s’exprime
à l’intérieur du monde du travail ;
- financement par les cotisations des employeurs et des travailleurs à puisque la
solidarité est limitée au monde du travail, elle est aussi financée par le monde du travail ;
- prestations proportionnelles au revenu professionnel perdu à le montant des
prestations que l’on perçoit est proportionnel à la rémunération, puisque la raison d’être des
prestations sociales est de pallier la perte de salaire qui fait suite à la survenance d’un risque

Tradition dominante en Europe continentale, y compris en Belgique.

2. Les systèmes beveridgiens

Figure historique de référence : William Beveridge (économiste progressiste, Grande-Bretagne,


milieu du 20ème siècle).

Dans un rapport publié en 1942, Beveridge a proposé une nouvelle manière de penser et
d’organiser la sécurité sociale (il a développé l’idée d’un service public de la sécurité sociale).

Figure juridique de référence : service public national de la sécurité sociale.

L’idée est d’englober l’ensemble de la population dans un seul et même système de


redistribution égalitaire, qui doit avoir pour but premier de lutter contre la pauvreté.
à Les prestations sociales visent plutôt à garantir à tout un chacun une même sécurité
d’existence.

Caractéristiques (3) :
- couverture de l’ensemble de la population à la solidarité n’est pas de type professionnel
; elle est de type universel
- financement par l’impôt à la sécurité sociale n’est pas financée par des cotisations
sociales mais par l’impôt des contribuables
- prestations forfaitaires à les prestations ne sont pas calculées sous la forme d’un
pourcentage de la rémunération perdue mais sont de nature forfaitaire.

Tradition dominante dans les pays anglo-saxons et (surtout) scandinaves : les pays
scandinaves et les pays anglo-saxons s’inscrivent globalement dans une logique beveridgienne
(la grande différence entre les deux, c’est que les pays scandinaves ont développé des systèmes
beveridgiens généreux, là où les anglo-saxons ont fait du Beveridge a minima).

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3. Tableau récapitulatif

Systèmes bismarckiens Systèmes beveridgiens


- couverture limitée aux travailleurs, en - couverture de l’ensemble de la
particulier aux salariés population à la solidarité de type
- financement par les cotisations des universel
employeurs et des travailleurs - financement par l’impôt des
- prestations proportionnelles au revenu contribuables
professionnel perdu - prestations forfaitaires

Section 2 Les quatre Europes sociales

Distinction plus fine que la distinction binaire classique entre les systèmes bismarckiens et les
systèmes beveridgiens

Renvoi au cours de Droit social comparé (2022-2023)

Chapitre IV - L’encadrement constitutionnel de la sécurité sociale

Section 1 La sécurité sociale, un droit fondamental ?

1. L’article 23 de la Constitution (depuis 1994)

= article relatif aux droits économiques et sociaux (droit dits de la seconde génération, les
droits de la première génération étant les droits civils et politiques)

Les droits de la seconde génération exigent des pouvoirs publics non pas une abstention mais
une action positive.

Constit., art. 23 : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
A cette fin, la loi, le décret ou la règle visée à l'article 134 garantissent, en tenant compte des
obligations correspondantes, les droits économiques, sociaux et culturels, et déterminent les
conditions de leur exercice.
Ces droits comprennent notamment :
1° le droit au travail et au libre choix d'une activité professionnelle dans le cadre d'une
politique générale de l'emploi, visant entre autres à assurer un niveau d'emploi aussi stable et
élevé que possible, le droit à des conditions de travail et à une rémunération équitables, ainsi
que le droit d'information, de consultation et de négociation collective ;
2° le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l'aide sociale, médicale et
juridique ;
3° le droit à un logement décent ;
4° le droit à la protection d'un environnement sain ;
5° le droit à l'épanouissement culturel et social ;
6° le droit aux prestations familiales. »

à les droits économiques, sociaux et culturels ont pour objectif de concrétiser l’affirmation
générale du droit à la dignité humaine : c’est aux fins de permettre à chacun de mener une vie
conforme à la dignité humaine que le législateur est habilité à réaliser les droits économiques
et sociaux.

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à ce sont les différents législateurs du pays qui ont reçu pour mission de mettre en œuvre les
droits économiques en fonction de leurs compétences respectives.

2. La portée juridique de l’article 23, alinéa 3, 2° de la Constitution

a) L’absence d’effet direct

Effet direct = l’aptitude d’une norme à conférer par elle-même des droits aux particuliers.
Critères :
- clarté et précision ;
- complétude (pas besoin de mesure d’exécution).

L’article 23, alinéa 3, 2º de la Constitution n’est pas libellé de manière suffisamment claire,
précise et complète pour consacrer au bénéfice des particuliers des droits subjectifs : à lui seul,
l’article 23 n’est pas assez explicite pour conférer des droits clairement définis à le législateur
doit concrétiser ces droits (avec une large marge d’appréciation).

b) Deux palliatifs à l’absence d’effet direct

1) L’effet de standstill (ou effet « cliquet », ou encore principe de non-rétrogression)

L’article 23 de la Constitution contient une obligation de standstill, qui interdit au législateur


compétent de réduire significativement le degré de protection offert par la législation applicable
sans qu’existent pour ce faire des motifs d’intérêt général à irréversibilité (relative) des acquis
sociaux : le mandat qui a été conféré par le constituant au législateur interdit au minimum au
législateur de légiférer à rebours des droits déjà garantis.

Conditions à respecter pour pouvoir, par exception, déroger au principe de non-rétrogression :


3 exigences de fond et une exigence procédurale.

Trois exigences de fond :


- le recul opéré doit obéir à un motif d’intérêt général à la mesure doit être légitime.
- le recul doit être approprié et nécessaire au regard de ce motif à la mesure doit
permettre d’atteindre l’objectif poursuivi.
- le recul ne doit pas emporter des conséquences disproportionnées pour les intéressés à
la mesure doit être proportionnelle au sens strict.

Une exigence procédurale : obligation de motivation du choix de régresser (contrôle plus strict
à défaut de motivation)

Un exemple récent (violation du principe de standstill) : C.C., arrêt n° 117/2022 du 29


septembre 2022
Les lois du 5 mai 2014 et du 10 août 2015 ont modifié l’arrêté royal n° 50 du 24 octobre 1967
« relatif à la pension de retraite et de survie des travailleurs salariés » :
(1) l’âge requis pour pouvoir prétendre à une pension de survie a progressivement été
relevé, d’abord de 45 à 50 ans (loi du 5 mai 2014), puis de 50 à 55 ans (loi du 10 août
2015)
(2) la dérogation à cette condition d’âge qui était prévue pour le conjoint survivant ayant
un enfant à charge a été supprimée

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(3) cette condition d’âge doit désormais être acquise au moment du décès du conjoint
prédécédé
(4) le conjoint survivant qui ne satisfait pas à cette condition d’âge a droit à une allocation
de transition pendant une période de 12 mois (sans enfant à charge) ou de 24 mois (avec
enfant à charge).

Lorsque le législateur décide d’accorder une pension de survie au conjoint survivant d’un
travailleur décédé, il le fait dans le but de garantir une certaine sécurité d’existence aux
personnes qui ont pu dépendre financièrement, au moins partiellement, de leur conjoint et parce
que, souvent, elles n’ont pas eu de revenus propres et n’ont pas eu la possibilité de se constituer
une retraite personnelle et risquent de se trouver dans une situation matérielle précaire à la suite
du décès. En outre, le législateur garantit de cette manière aussi indirectement la sécurité
d’existence des personnes qui sont à charge du conjoint survivant.

En l’occurrence, les reculs opérés d’expliquent par le souci de maintenir au travail les personnes
qui feraient le choix d’interrompre leur activité professionnelle en cas de décès de leur conjoint,
et ainsi d’éviter le piège à l’emploi : le législateur souhaite inciter les personnes à exercer une
activité professionnelle, même lorsque celles-ci bénéficient d’une allocation pour conjoint
survivant.
= objectif d’intérêt général

Pas d’examen des autres critères par la Cour…

Mais disproportion épinglée pour une catégorie de personnes, sous l’angle des articles 10 et 11
de la Constitution) :

« En ce qu’elles prévoient pour la catégorie de personnes visée en B.25.2 (personnes qui ont
des charges familiales et qui, bien qu’elles bénéficieront d’une allocation de transition
temporaire, limitée à 24 mois, et ce, indépendamment de l’âge de l’enfant, pourront
effectivement, au terme de cette période, se retrouver dans une situation de précarité que
l’octroi d’une pension de survie a, en principe, précisément pour objectif d’éviter, lorsque ces
personnes ne parviennent pas à combiner un emploi avec les charges familiales) l’octroi d’une
allocation de transition temporaire limitée à 24 mois, et ce, indépendamment de l’âge de
l’enfant, si le conjoint survivant a un enfant à charge et n’a pas encore atteint l’âge minimum
requis pour l’octroi de la pension de survie, les dispositions en cause ne sont pas compatibles
avec les articles 10 et 11 de la Constitution »

2) La lecture combinée de l’article 23 de la Constitution et des principes d’égalité et de


non-discrimination (articles 10 et 11)

Quand le législateur décide d’intervenir pour mettre en œuvre la mission qui lui a été conférée
par le Constituant, il ne peut pas le faire de manière discriminatoire.

Deux domaines d’application privilégiés :


- l’égalité entre hommes et femmes (ex. des pensions) : la législation relative aux
pensions ne peut pas prévoir, de manière générale, un âge de mise à la retraite différent
pour les hommes et pour les femmes ; cet âge doit être le même pour les uns et pour les
autres ; sans cela, le législateur serait responsable d’une discrimination dans la mise en
œuvre du droit à la sécurité sociale ; c'est pour cette raison que l’âge de retraite des
femmes a été reculé de 60 à 65 ans ;

Année académique 2022-2023 20


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- l’égalité entre nationaux et étrangers en séjour régulier (ex. des prestations d’aide
sociale : les étrangers en séjour régulier ne peuvent pas être exclus du bénéfice des
prestations d’aide sociale pour le seul motif qu’ils n’ont pas la nationalité belge).

Partie II L’assujettissement, le financement et l’organisation administrative


des régimes de sécurité sociale des travailleurs salariés et des travailleurs
indépendants

Trois problématiques :
1) Assujettissement (qui est assujetti à la sécurité sociale ?)
2) Financement (comment le système de sécurité sociale est-il financé ?)
3) Organisation administrative (comment le système de sécurité sociale est-il organisé sur
le plan institutionnel ?)

Chapitre I - L’assujettissement à la sécurité sociale

Section 1 Les principes généraux relatifs à l’assujettissement

Quatre principes transversaux :


1) Toute personne exerçant une activité professionnelle en Belgique doit (en principe)
être assujettie à un régime de sécurité sociale
2) Les dispositions légales relatives à l’assujettissement à la sécurité sociale sont d’ordre
public
3) Pour une même activité professionnelle, une personne ne peut pas être assujettie à
plusieurs régimes de sécurité sociale
4) Si une personne exerce deux activités professionnelles distinctes, cette personne peut
être assujettie à deux régimes de sécurité sociale

1. Premier principe : toute personne exerçant une activité professionnelle en Belgique


doit être assujettie à un régime de sécurité sociale

- « Toute personne exerçant une activité professionnelle… » : exercice d’une activité


professionnelle = condition nécessaire (en principe) pour être assujetti (il faut une
activité professionnelle pour qu’il y ait assujettissement).
- « … doit être assujettie… » : exercice d’une activité professionnelle = condition
suffisante pour être assujetti (dès qu’il y a activité professionnelle, l’assujettissement
est obligatoire)
- « … à un régime de sécurité sociale » : on n’est pas affilié au système de sécurité
sociale dans son ensemble ; on est affilié à l’un des régimes qui composent le système
belge de sécurité sociale (salariés/indépendants (+ fonctionnaires statutaires))

! C’est exclusivement l’exercice d’une activité professionnelle qui enclenche l’assujettissement


à la sécurité sociale.
èS’il y a activité professionnelle, il y a obligatoirement assujettissement. Et l’assujettissement
se fait à l’un des régimes de sécurité sociale (et, en principe, à l’intégralité de ce régime (sous
réserve de limitations)).

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2. Deuxième principe : les dispositions légales relatives à l’assujettissement à la sécurité


sociale sont d’ordre public

Sont dites d’ordre public les normes juridiques qui touchent aux intérêts les plus essentiels de
la collectivité.

Les dispositions légales relatives à l’assujettissement à la sécurité sociale sont d’ordre public,
le système de solidarité organisé par les différentes législations relatives à la sécurité sociale
étant l’un des piliers fondamentaux de notre société.

Cette qualification fait obstacle à l’autonomie de la volonté : les règles d’ordre public priment
sur la volonté individuelle.

Important : ce sont des règles auxquelles on ne peut pas déroger par l’exercice de la liberté
contractuelle à on ne choisit pas d’être assujetti ou non à la sécurité sociale et, au sein de la
sécurité sociale, on ne choisit pas son régime.

3. Troisième principe : pour une même activité professionnelle, une personne ne peut pas
être assujettie à plusieurs régimes de sécurité sociale

L’assujettissement à un régime pour une activité professionnelle déterminée est exclusif de


l’assujettissement à un autre pour cette même activité : on ne peut pas, pour un même travail,
être à la fois assujetti comme salarié et assujetti comme indépendant (c’est l’un ou l’autre).

4. Quatrième principe : si une personne exerce deux activités professionnelles distinctes,


cette personne peut être assujettie à deux régimes de sécurité sociale

Si une personne exerce deux activités professionnelles distinctes, alors cette personne peut être
assujettie à deux régimes de sécurité sociales.

Rappel : Une même activité professionnelle ne peut faire l’objet que d’un seul
assujettissement.
à MAIS si l’on exerce deux activités professionnelles différentes, il se peut que l’on soit
assujetti à la fois au régime des travailleurs salariés et au régime des travailleurs
indépendants è c’est l’hypothèse du double assujettissement.

Section 2 L’assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés

Base légale : loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la
sécurité sociale des travailleurs (loi ONSS).

Cette loi du 27 juin 1969 s’est en grande partie substituée à l’arrêté-loi du 28 décembre 1944.

Sécurité sociale des travailleurs salariés Sécurité sociale des travailleurs


Loi du 27 juin 1969 révisant l'arrêté-loi du 28 indépendants
décembre 1944 concernant la sécurité sociale A.R. n°38 organisant le statut social des
des travailleurs travailleurs indépendants
Contrat de travail Contrat de travail
Exclusions Exclusions
Extensions Extensions

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1. Le principe : un contrat de travail

Article 1er, §1er, alinéa 1er : « La présente loi est applicable aux travailleurs et aux employeurs
liés par un contrat de louage de travail. »

à Sous réserve d’un certain nombre d’exceptions et d’assimilations (cf. infra), la loi du 27 juin
1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs
s’applique aux personnes liées par un contrat de travail.

La déclaration DIMONA1 vise à signaler immédiatement à l’ONSS le début et la fin d’une


relation de travail entre le travailleur et l’employeur.

Tous les employeurs tant du secteur public que du secteur privé, sont obligés de communiquer
électroniquement les entrées et sorties de leur personnel à l'ONSS (instructions administratives
ONSS).

La situation des fonctionnaires contractuels : sont assujettis à la sécurité sociale des salariés
tous les travailleurs sous contrat de travail, peu importe que l’employeur de ces travailleurs
fasse partie du secteur privé ou du secteur public.
à les travailleurs du secteur public sous statut relèvent du régime de sécurité sociale des agents
des services publics.
à les fonctionnaires contractuels dépendent du régime des salariés.

Les présomptions de contrat de travail : il y a, en droit du travail, différentes dispositions


législatives qui présument, de manière réfragable ou irréfragable, l’existence d’un contrat de
travail dans le chef de certaines personnes.

Présomptions irréfragables Présomptions simples


- travail intérimaire (art. 8 L. 24.07.1987) - représentant de commerce (art. 4 L.
- sportif rémunéré (art. 3 L. 24.02.1978) 03.07.1978)
- « Des prestations de services - pharmacien d’officine (art. 3quater L.
complémentaires exécutées en 03.07.1978)
application d'un contrat d'entreprise sont - contrat d’occupation d’étudiants (art. 121
présumées l'être en application d'un L. 03.07.1978)
contrat de travail sans que la preuve du
contraire puisse être apportée lorsque le
prestataire des services et le bénéficiaire
de ceux-ci sont liés par un contrat de
travail pour l'exercice d'activités
similaires » (art. 5bis L. 03.07.1978)

Principes généraux de qualification de la relation de travail (cf. la loi-programme (I) du 27


décembre 2006)
Art. 331 : « les parties choisissent librement la nature de leur relation de travail, dont
l'exécution effective doit être en concordance avec la nature de la relation. La priorité est à
donner à la qualification qui se révèle de l'exercice effectif si celle-ci exclut la qualification
juridique choisie par les parties ».

1
déclaration immédiate de l'emploi (onmiddellijke aangifte)

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Art. 332 : « lorsque l'exécution de la relation de travail laisse apparaître la réunion de


suffisamment d'éléments incompatibles avec la qualification donnée par les parties à la relation
de travail (…), il y aura une requalification de la relation de travail »

a) Critères généraux

Pour apprécier l'existence de l'autorité, la loi-programme introduit quatre critères généraux


(art. 333, §1) :
- la volonté des parties telle qu'elle est exprimée dans la convention ;
- la liberté d'organisation du temps de travail ;
- la liberté d'organisation du travail ;
- la possibilité d'exercer un contrôle hiérarchique.

b) Critères neutres

D’autre part, certains éléments sont impuissants à eux seuls pour déterminer s'il y a ou non
contrat de travail (art. 333, §2 et §3) :
- l'intitulé de la convention :
- l'inscription auprès d'un organisme de sécurité sociale ;
- l'inscription à la Banque-Carrefour des entreprises ;
- l'inscription auprès de l'administration de la T.V.A. ;
- la manière dont les revenus sont déclarés à l'administration fiscale.

c) Présomptions

Une présomption réfragable (présomption simple) d’existence d’un statut de travailleur salarié
ou d’indépendant peut être invoquée dans certains secteurs lorsqu’un certain nombre de
critères spécifiques sont remplis ou non.

Cette présomption est prévue par la loi-programme pour les 6 secteurs suivants (art. 37/1) :
- le secteur de la construction ;
- le secteur des services de gardiennage et de surveillance ;
- le secteur du transport de personnes et de choses ;
- le secteur du nettoyage ;
- le secteur de l’agriculture ;
- le secteur de l'horticulture.

Dans ces 6 secteurs, les relations de travail sont présumées jusqu’à preuve du contraire, être
exécutées dans les liens d’un contrat de travail, lorsque de l’analyse de la relation de travail il
apparaît que plus de la moitié des 9 critères suivants sont remplis (sinon : présomption de contrat
d’entreprise).
è 5 ou +/9 critères remplis : présomption de contrat de travail
è 4 ou -/9 critères remplis : présomption de contrat d’entreprise

1) Critères :
- défaut, dans le chef de l’exécutant des travaux, d’un quelconque risque financier ou
économique (notamment, défaut d’investissement personnel et substantiel dans
l’entreprise avec du capital propre, ou, défaut de participation personnelle et
substantielle dans les gains et les pertes de l’entreprise) ;

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- défaut dans le chef de l’exécutant des travaux, de responsabilité et de pouvoir de


décision concernant les moyens financiers de l’entreprise ;
- défaut dans le chef de l’exécutant des travaux, de tout pouvoir de décision concernant
la politique d’achat de l’entreprise ;
- défaut dans le chef de l’exécutant des travaux, de pouvoir de décision concernant la
politique des prix de l’entreprise, sauf si les prix sont légalement fixés ;
- défaut d’une obligation de résultats concernant le travail convenu ;
- la garantie du paiement d’une indemnité fixe quels que soient les résultats de l’entreprise
ou le volume des prestations fournies dans le chef de l’exécutant des travaux ;
- ne pas être soi-même l’employeur de personnel recruté personnellement et librement ou
ne pas avoir la possibilité d’engager du personnel ou de se faire remplacer pour
l’exécution du travail convenu ;
- ne pas apparaître comme une entreprise vis-à-vis d’autres personnes ou de son co-
contractant ou travailler principalement ou habituellement pour un seul cocontractant ;
- travailler dans des locaux dont on n’est pas le propriétaire ou le locataire ou avec du
matériel mis à sa disposition, financé ou garanti par le cocontractant.

Des critères spécifiques peuvent être édictés par arrêté royal dans les secteurs concernés.

La doctrine (qui n’est toutefois pas unanime à ce sujet) a relevé que la présomption ne
s’applique qu’aux relations de travail ayant pour objet l’exécution des activités visées par la loi,
quelle que soit la nature des activités du bénéficiaire de ces activités mais qu’elle ne peut être
étendue à des relations de travail qui, bien qu’exécutées au profit d’entreprises elles-mêmes
actives dans les secteurs concernés, n’ont pas pour objet l’exécution des activités visées par
l’article 337/1, § 1er, de la loi.

àla présomption instituée par la loi ne vise pas toutes les relations de travail nouées au sein
d’un des secteurs visés par la loi, mais uniquement celles ayant pour objet l’exécution des
activités visées par la loi.
à la présomption s’applique, par contre, à toutes ces relations de travail, quelle que soit la
nature des activités exercées par leur bénéficiaire.

Choix des parties conforme à l’exécution effective ?


Secteur spécifique (bâtiment, gardiennage, transports, nettoyage, agriculture et horticulture) ?

NON OUI
Critères généraux Critères spécifiques (présomption
- Volonté des parties réfragable)
- Libre organisation du temps de - Défaut de risque
travail financier/économique ?
- Libre organisation du travail - Défaut de responsabilité/pouvoir de
- Contrôle hiérarchique décision concernant les moyens
financiers ?
- Défaut de pouvoir de décision
concernant la politique d’achat ?
- Défaut de pouvoir de décision
concernant la tarification ?
- Défaut d’obligation de résultat ?

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- Garantie de paiement
indépendamment des prestations ?
- Possibilité de recruter/sous-traiter ?
- Ne pas apparaître comme une
entreprise ou travailler
habituellement pour un cocontractant
?
- Défaut de matériel propre ?

d) Commission administrative de règlement de la relation de travail


Lorsqu'une relation de travail n'est pas claire, les parties à cette relation peuvent la soumettre à
la Commission administrative de règlement de la relation de travail, créée au sein du SPF
Sécurité sociale et chargée de prendre des décisions relatives à la qualification d'une
relation de travail (art. 336 loi-programme de 2006)

Les membres qui siègent au sein de la Commission sont issus du SPF Sécurité sociale, du SPF
Emploi, de l’INASTI et de l’ONSS.

La Commission comprend une Chambre francophone et une Chambre néerlandophone. Ses


décisions lient les institutions de sécurité sociale. Et une requalification par les juges est
possible.

2. Une assimilation par la loi elle-même : le contrat d’apprentissage

Article 1er, §1er, alinéa 2, de la loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944
concernant la sécurité sociale des travailleurs : « Pour l'application de la présente loi sont
assimilés : 1° aux travailleurs : a) les apprentis ».

3. Extensions, limitations, soustractions par le Roi

L’article 2 de la loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la


sécurité sociale des travailleurs habilite le Roi à faire 3 choses :
- étendre le bénéfice de tout ou partie du régime de sécurité sociale des salariés à des
personnes autres que celles qui sont engagées dans les liens d’un contrat de travail ou
d’un contrat d’apprentissage ;
- pour certaines catégories de travailleurs salariés, limiter l’application du régime de
sécurité sociale des salariés à seulement certaines des branches de ce régime ;
- soustraire certaines catégories de travailleurs de l’application du régime de sécurité
sociale des salariés.

Cf. l’arrêté royal du 28 novembre 1969 pris en exécution de la loi du 27 juin 1969 révisant
l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs (arrêté ONSS)

a) Les extensions

Assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés en dépit de l’absence de


contrat de travail.

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1) les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, fournissent
contre rémunération des prestations de travail sous l’autorité d’une autre personne (art. 9 à 15
de l’A.R.)

Les fonctionnaires sous statut : les trois éléments constitutifs d’une relation de travail salariée
(travail, rémunération, subordination) sont bien présents, mais le cadre juridique dans lequel
s’effectue le travail n’est pas celui d’un contrat de travail mais d’une nomination unilatérale
par une autorité publique.

à Les fonctionnaires statutaires disposent de leur propre régime de sécurité sociale (le régime
des agents des services publics), mais il s’agit d’un régime hybride : il est spécifique aux
fonctionnaires pour la plupart des branches, mais, pour certaines branches, les fonctionnaires
sont rattachés à la sécurité sociale des salariés.

2) les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, exécutent
un travail selon des modalités similaires à celles d’un contrat de travail

Exemples :
- les mandataires d’associations (art. 3, 1° A.R.)
- les artistes (L., art. 1erbis)
- les chauffeurs de taxi (art. 3, 5°ter A.R.)
- les gardiens d’enfants (art. 3, 9° A.R.)
- les bénéficiaires d’une bourse de doctorat (art. 3bis A.R.)
- les activités de nettoyage (L., art. 2/2)

b) Les limitations

Le Roi est habilité à restreindre l’étendue de l’assujettissement à seulement certaines des


branches du régime des salariés (articles 4 à 8ter A.R.).

Pour chacun des cas de figure qui sont énumérés, l’arrêté royal précise quelle est l’étendue
exacte de l’assujettissement : l’arrêté royal énonce quelles sont les branches de la sécurité
sociale qui sont laissées d’application aux travailleurs concernés.

Les cotisations sociales ne sont dues que pour les branches visées (et pas pour les secteurs dont
ces travailleurs ne bénéficient pas).

Exemple : art. 4 A.R. : « L'application de la loi est limitée au régime des vacances annuelles
des travailleurs salariés, en ce qui concerne les apprentis, et ce jusqu'au 31 décembre de
l'année dans laquelle ils atteignent l'âge de dix-huit ans. »

c) Les exclusions

Le Roi est habilité à soustraire complètement certaines catégories de travailleurs à l’ensemble


de la sécurité sociale des salariés (art. 16 à 17sexies A.R.).

L’article 2 de la loi du 27 juin 1969 autorise le Roi à soustraire de la sécurité sociale des salariés
seulement « des catégories de travailleurs occupés à un travail qui constitue dans leur chef un
emploi accessoire ou [un emploi] qui est essentiellement de courte durée ».

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Exemple: art. 17bis A.R.: les étudiants jobistes sont soustraits à la sécurité sociale, et donc
échappent aux cotisations ordinaires de sécurité sociale, s’ils travaillent seulement pendant un
nombre de jours limité par an.

Section 3 – L’assujettissement au régime de sécurité sociale des travailleurs indépendants

Base légale : l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social des travailleurs
indépendants

Article 2 : sont assujettis au statut social des indépendants (1) les travailleurs indépendants (au
sens strict) et (2) les aidants.

Par hypothèse, pas d’employeur à l’indépendant supporte seul le poids de ses cotisations
sociales.

1. Les indépendants (au sens strict)

A.R. n° 38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social des travailleurs indépendants (art. 3, §
1er, al. 1er) : « toute personne physique, qui exerce en Belgique une activité professionnelle en
raison de laquelle elle n'est pas engagée dans les liens d'un contrat de louage de travail ou d'un
statut ».

3 conditions :

o l’absence d’un contrat de travail ou d’une nomination statutaire à régime


subsidiaire
L’assujettissement en qualité d’indépendant s’opère de manière subsidiaire par une définition
négative : c’est l’activité professionnelle qui n’est pas exercée comme travailleur salarié (ou
sous statut).
à D’où l’importance d’examiner, en premier lieu, si l’on ne se trouve pas en présence d’un
contrat de travail (ou d’un statut).

o caractère professionnel de l’activité (habitude et but de lucre)


Activité « habituelle » (par opposition à « occasionnelle ») : il doit être question d’une activité
présentant une certaine régularité ou continuité.

Selon la jurisprudence, pour être qualifiée d’habituelle, l’activité requiert un ensemble


d’opérations liées entre elles, répétées et accompagnées de démarches en vue de cette répétition
à la régularité avec laquelle l’activité est menée, et l’intention qui anime celui qui l’accomplit,
sont déterminants.

Activité exercée dans un but de lucre (par opposition à « à titre gratuit »). ! Peu importe que
l’activité exercée produise ou non effectivement des revenus, ou que ces revenus soient
modiques, ou encore soient acquis au cours d’un seul mois de l’année, ou absorbés par les frais.

o déploiement de l’activité en Belgique

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Présomption fiscale
Art. 3, § 1er, al. 2 A.R. n° 38 : est présumée, jusqu'à preuve du contraire, se trouver dans les
conditions d'assujettissement au statut social des travailleurs indépendants toute personne qui
exerce en Belgique une activité professionnelle susceptible de produire des revenus visés à
l'article 23, § 1er, 1° ou 2°, ou à l'article 30, 2°, du Code des impôts sur les revenus 1992

àPrésomption réfragable : le critère sociologique a la primauté sur le critère fiscal.

àSi une activité professionnelle n’est pas exercée, il n’y a pas lieu à assujettissement,
nonobstant la perception de revenus correspondant à des bénéfices ou des profits d’indépendant.

Présomption applicable aux mandataires de société


Art. 3, § 1er, al. 4 A.R. n° 38: les personnes qui sont désignées comme mandataires dans une
association ou une société de droit ou de fait qui se livre à une exploitation ou à des opérations
de caractère lucratif, ou qui, sans être désignées, exercent un mandat dans une telle association
ou société, sont présumées, de manière réfragable, exercer une activité professionnelle de
travailleur indépendant.

àPrésomption réfragable : si une activité professionnelle n’est pas exercée, il n’y a pas lieu à
assujettissement (si la société est dormante, il n’y a pas d’activité dans le chef du mandataire,
lequel ne doit pas être assujetti à la sécurité sociale du fait de son mandat).

Économie collaborative
Du fait de l’adoption de la loi De Croo du 1er juillet 2016, l’arrêté royal n°38 du 27 juillet 1967
organisant le statut social des travailleurs indépendants a été modifié pour offrir aux acteurs des
plateformes collaboratives numériques un cadre social de faveur impliquant, moyennant le
respect de conditions strictes, une exclusion de l’assujettissement au statut social des
travailleurs indépendants.

Le législateur a franchi un pas de plus avec la loi du 18 juillet 2018 relative à la relance
économique et au renforcement de la cohésion sociale à propos du travail associatif et des
services occasionnels entre citoyens, qui font l’objet d’un statut « ad hoc » (pour ne pas dire
d’un « non-statut »).

!! La Cour constitutionnelle a toutefois annulé cette loi par son arrêt n° 53/2020 du 23 avril
2020, tout en maintenant les effets des dispositions annulées pour les prestations fournies
jusqu’au 31 décembre 2020 inclus.

Art. 5ter A.R. n° 38


« Les personnes qui exercent, en Belgique, une activité produisant des revenus visés à l'article
90, alinéa 1, 1° bis, du Code des impôts sur les revenus 1992 ne sont pas assujetties au présent
arrêté pour l'activité liée à ces revenus, pour autant que ces revenus ne dépassent pas le
montant visé à l'article 37bis, § 2, du Code des impôts sur les revenus 1992.
Une quote-part équivalente à 25 % de l'impôt visé à l'article 171, 3° bis, a) du Code d'impôt
sur les revenus est affecté à la gestion financière globale dans le statut social des travailleurs
indépendants, en application du chapitre I du titre VI de la loi du 26 juillet 1996 portant
modernisation de la sécurité sociale et assurant la viabilité des régimes légaux des pensions.
Le Roi détermine les modalités de transfert de cette quote-part à la gestion financière globale. »

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Étudiants-entrepreneurs
Art. 5quater A.R. n° 38
« § 1er. Le présent arrêté entend par étudiant-indépendant, l'assujetti qui en fait la demande et
qui répond aux conditions cumulatives suivantes :
1° il est âgé de 18 ans au moins et de 25 ans au plus ;
2° il est inscrit à titre principal pour suivre régulièrement des cours dans un établissement
d'enseignement en Belgique ou à l'étranger, pour l'année scolaire ou académique considérée,
en vue d'obtenir un diplôme reconnu par une autorité compétente en Belgique ;
3° il exerce une activité professionnelle en raison de laquelle il est assujetti au statut social des
travailleurs indépendants en vertu du présent arrêté.
§ 2. Pour l'application du présent article, le Roi détermine, par arrêté délibéré en Conseil des
ministres :
1° les modalités d'introduction de la demande visée au § 1er ;
2° le début et la fin de l'assujettissement en application du § 1er ;
3° ce qu'il faut entendre par un étudiant inscrit à titre principal, visé au § 1er, 2° ;
4° ce qu'il faut entendre par établissement d'enseignement en Belgique et à l'étranger et par
suivre régulièrement des cours, visé au § 1er, 2°.
§ 3. Pour l'application du présent article, le Roi peut déterminer ce qui suit, par arrêté délibéré
en Conseil des ministres :
1° les cas pour lesquels l'âge de l'étudiant-indépendant peut être supérieur à celui fixé au §
1er, 1° ;
2° les formes d'enseignement, d'éducation ou de formation exclues ;
3° dans quelle mesure un contrat d'occupation d'étudiant tel que visé au titre VII de la loi du 3
juillet 1978 relative aux contrats de travail, fait obstacle à l'application du § 1er.
§ 4. L'étudiant-indépendant qui est redevable d'une cotisation en application de l'article 12bis,
§ 1er, du présent arrêté est uniquement assujetti au régime de l'assurance contre la maladie et
l'invalidité, conformément aux règles et conditions fixées par le Roi par arrêté délibéré en
Conseil des ministres.
§ 5. Les dispositions du présent article ne sont pas applicables en faveur du conjoint-aidant
visé à l'article 7bis, § 1er, du présent arrêté. »

2. Les aidants

Aidant = toute personne qui assiste ou supplée un travailleur indépendant dans l’exercice de
sa profession sans être engagée envers lui par un contrat de travail (art. 6 A.R. n° 38.)

Principal cas de figure : les conjoints aidants (art. 7bis A.R.)

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Chapitre II - Le financement de la sécurité sociale

Section 1Mise en perspective de la problématique

Deux sources de financement : les cotisations sociales (parafiscalité) et l’intervention de l’État


(fiscalité).

Une tendance de fond, dans chacun des deux grands régimes, surtout celui des indépendants :
recul de la parafiscalité et montée en puissance de la fiscalité

Deux facteurs explicatifs :


1) il y a une part croissante de la population qui perçoit un certain nombre de prestations
sociales sans payer de cotisations (certaines prestations ont pratiquement été
universalisées);
2) le financement par voie de cotisations a tendance à pénaliser l’emploi.

Depuis la sixième réforme de l’État, un facteur explicatif additionnel : le mode de financement


des prestations défédéralisées (dotations, alimentées par le budget de l’État fédéral et donc par
la fiscalité).

Section 2 Le financement du régime des travailleurs salariés

1. Les cotisations sociales

a) Définition et base de calcul

Les cotisations de sécurité sociale sont calculées sur base de la rémunération brute du travailleur
(cotisations = pourcentage de la rémunération salariale).

Pour déterminer ce qu’il y a lieu d’entendre par rémunération au sens de la sécurité sociale, il
est procédé par renvoi à la définition reprise à l’article 2 de la loi du 12 avril 1965 concernant
la protection de la rémunération des travailleurs (cf. art. 14 de la loi du 27 juin 1969 révisant
l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs et art. 23 de la
loi du 29juin 1981 établissant les principes généraux de la sécurité sociale des travailleurs
salariés).

àles cotisations de sécurité sociale sont en principe calculées sur la base de la rémunération
du travailleur au sens de l’article 2 de la loi du 12 avril 1965.

En vertu de l’article 2 de la loi du 12 avril 1965 sur la protection de la rémunération, constituent


en principe de la rémunération le salaire en espèces ainsi que les avantages évaluables en
argent auxquels le travailleur a droit à charge de l’employeur en raison de son
engagement. Elle vise également les pourboires ou services auxquels le travailleur a droit
en raison de son engagement ou en vertu de l'usage.

La lecture de la définition de la rémunération fait apparaître trois éléments essentiels à la


notion de rémunération :
1) l’existence d’un « droit », acquis par le travailleur (en vertu d’une disposition légale,
d’une convention collective de travail, d’un règlement de travail ou d’un usage, ou

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encore en exécution d’un accord entre les parties ou d’un engagement unilatéral dans le
chef de l’employeur);
2) « en raison de son engagement » ou de l’usage;
3) à « charge de l’employeur ».

à une prime versée au travailleur ne constitue une libéralité non passible de cotisations de
sécurité sociale que si, étant bénévolement accordée par l’employeur, elle n’est pas la
contrepartie du travail effectué en exécution du contrat de travail et n’est pas accordée en raison
de l’engagement

Notes :
3 critères pour conclure que nous sommes face à de la rémunération :
- existence d’un droit dans le chef du travailleur (= droit au paiement)
- en raison de son engagement ou de l’usage
- À charge de l’employeur :
Exemple : pécule de vacances de l’ouvrier ne sont pas à charge de l’employeur même.

Cour de cassation : si l’employeur paie un montant et veut soutenir que ce montant n’est pas
passible de sécu sociale, il faut qu’il soit accordé bénévolement par l’employeur et pas
accordé en raison de l’engagement du travailleur à véritable libéralité

Le troisième alinéa de l’article 2 de la loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la


rémunération exclut un certain nombre d’avantages payés directement ou indirectement par
l'employeur de la notion de rémunération définie au premier aliéna.

Sont notamment exclues les indemnités qui doivent être considérées comme un complément
aux avantages accordés par les diverses branches de la sécurité sociale (ex.: le complément aux
allocations de chômage temporaire payé par l’employeur).

L’article 14, § 2 de la loi du 27 juin 1969 permet au Roi d’étendre ou de restreindre la notion
de rémunération telle que la définit la loi du 12 avril 1965.

Le Roi a fait usage en incluant ou en excluant de l’assiette des cotisations de sécurité sociale,
par les articles 19 à 19quater de l’arrêté royal du 28 novembre 1969, un certain nombre
d’avantages accordés aux travailleurs.

Exemple: l’article 19, § 2, de l’arrêté royal du 28 novembre 1969 énonce actuellement:


« § 2. Par dérogation à l’article 2 précité, alinéa 1er ne sont pas considérés comme
rémunération : […]
2° Les indemnités dues aux travailleurs lorsque l’employeur ne respecte pas ses obligations
légales, contractuelles ou statutaires à l’exception, toutefois, des indemnités dues pour :
a) La rupture irrégulière du contrat de travail par l’employeur ;
b) La rupture unilatérale du contrat de travail pour les délégués du personnel ;
c) La rupture unilatérale du contrat de travail pour les délégués syndicaux ;
d) De la cessation du contrat d’un commun accord. […] »

Exemple: dommages et intérêts auxquels l’employeur serait condamné pour compenser la perte
de rémunération résultant du fait qu’il se serait abstenu, sans justification, de faire travailler.

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b) Cotisations ordinaires vs cotisations spéciales

Cotisations ordinaires Cotisations spéciales


Les cotisations ordinaires sont affectées au Contrairement aux cotisations ordinaires, les
financement des différentes branches du cotisations spéciales/ ne frappent que
régime des salariés. certaines catégories de travailleurs et
Les cotisations ordinaires sont composées de certaines catégories d’employeurs.
deux parties distinctes :
- de cotisations personnelles En général, elles sont directement affectées à
(travailleurs) ; un but bien précis.
- de cotisations patronales
(employeurs). Exemple : la cotisation de solidarité est à
charge des étudiants jobistes et de leurs
employeur lorsqu’ils restent en dessous de la
limite de travail par an (limite qui permet
d’échapper à l’assujettissement ordinaire).

c) Perception des cotisations

Depuis 1944, les cotisations du travailleur doivent être retenues sur son salaire brut par
l’employeur (retenue à la source).

L’employeur doit ajouter aux cotisations du travailleur les cotisations patronales et il doit
verser le tout à l’ONSS.

L’employeur est l’unique débiteur des cotisations : si l’employeur ne verse pas les
cotisations qui sont dues (personnelles et patronales), c’est lui qui sera tenu pour seul
responsable.
Après avoir averti l’ONSS de l’occupation du travailleur par le biais de la DIMONA,
l’employeur est tenu d’envoyer tous les trimestres à l’ONSS une déclaration dans laquelle il
s’explique sur les cotisations qu’il doit payer : DmfA (Déclaration multifonctionnelle/
multifunctionele Aangifte).

C’est sur la base de cette déclaration, qui contient les données de rémunération et de temps de
travail de tous les travailleurs occupés chez un employeur au cours d'un trimestre donné, que
les cotisations sont calculées (avec un pouvoir de contestation dans le chef de l’ONSS).

Après la déclaration, les cotisations doivent être versées à l’ONSS au plus tard à la fin du
mois qui suit le trimestre échu.

En pratique, les employeurs recourent fréquemment à un secrétariat social pour


l’accomplissement de ces formalités.

d) Le déplafonnement des salaires

Les cotisations sont calculées sur la rémunération salariale brute non plafonnée.

Cela n’a pas toujours été le cas: jusqu’au début des années 1980, le salaire qui servait de base
au calcul des cotisations n’était pris en considération que jusqu’à la hauteur d’un certain
montant.

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à la partie de la rémunération salariale qui dépassait un certain plafond était exonérée de toute
cotisation (c’est encore comme cela que cela fonctionne aujourd’hui dans le régime des
indépendants).

La parafiscalité est linéaire et non progressive: le taux des cotisations sociales est fixe, quelle
que soit la hauteur des revenus (alors qu’en ce qui concerne l’impôt sur les revenus, le taux de
prélèvement est de plus en plus élevé au fur et à mesure que l’on s’élève dans les tranches
d’imposition).

Quand les salaires pris en considération pour le calcul des cotisations étaient plafonnés, la
parafiscalité n’était pas seulement linéaire, elle était même dégressive (puisqu’au-delà d’un
certain seuil, il n’y avait plus aucun prélèvement).

Aujourd’hui, dans le régime des salariés, les cotisations sociales ne sont toujours pas
progressives, mais au moins elles ont cessé d’être dégressives: les cotisations sont dues sur
l’ensemble de la rémunération salariale brute, sans plafond maximal.

e) Taux (nominal) des cotisations ordinaires

Cotisations personnelles : 13,07% du salaire brut


+
Cotisations patronales : 24,92% du salaire brut (pour les travailleurs du secteur privé)
=
Taux (théorique) global : 37,99% du salaire brut
travailleurs du secteur privé 24,92 %
contractuels du secteur public 24,82 %
(DmfA)
statutaires et assimilés du secteur 17,82 %
public (DmfA)
apprentis (*)(DmfA) 17,82 %
statutaires, contractuels et apprentis 23,07 %
(*) (administrations provinciales et
locales)

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f) Les mesures de réduction des cotisations sociales

Réduction structurelle (bénéficie à tous les employeurs) : pour promouvoir l’emploi, le


Gouvernement a décidé d’alléger les charges du travail en réduisant progressivement les
cotisations de sécurité sociale des employeurs.

Réductions groupes-cibles: visent à favoriser soit un groupe d'employeurs déterminé soit


certains travailleurs (exemples: premiers engagements, travailleurs âgés, demandeurs d’emploi
de longue durée, …)

Toutes ces mesures de réduction des cotisations ne font pas diminuer le taux nominal des
cotisations, mais elles ont pour effet de réduire, parfois substantiellement, le coût salarial
effectif d’un certain nombre de catégories de travailleurs.

2. L’intervention de l’État

L’intervention de l’État est la seconde source de financement du régime général.

Au sein de l’intervention de l’État, on distingue deux volets:

1) La subvention annuelle de l’État fédéral


= dotation à charge du budget général de l’État fédéral (somme forfaitaire que le Gouvernement
fédéral verse chaque année à la sécurité sociale des salariés).

2) Le financement alternatif
= recettes fiscales prélevées principalement sur la consommation, qui sont spécifiquement
affectées au financement de la sécurité sociale.
Exemples : TVA, accises

Section 3 Le financement du régime des travailleurs indépendants

1. Les cotisations sociales

a) Définition et base de calcul

Les cotisations sociales des indépendants consistent en un % des revenus professionnels.

Cf. article 11, §2, alinéa 1er de l’arrêté royal n° 38 du 27 juillet 1967 : renvoi à la législation
fiscale
à les revenus professionnels englobent les bénéfices et les profits réalisés dans le cadre d’une
activité professionnelle qui donne lieu à un assujettissement à la sécurité sociale des
indépendants.

b) Perception des cotisations

Pas de retenue à la source: les cotisations sociales doivent être payées par l’indépendant lui-
même auprès d’une caisse d’assurances sociales pour travailleurs indépendants, qui les
transfère à l’INASTI.

Paiement trimestriel (AR n° 38, art. 15, §1er, al. 1er)


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c) Année de référence

Comme les revenus des indépendants sont souvent assez fluctuants et irréguliers, les cotisations
ne sont pas calculées sur une base trimestrielle, comme chez les salariés, mais sur une base
annuelle, afin de disposer d’une base plus représentative.

à paiement trimestriel mais calcul annuel

Jusqu’au 1er janvier 2015, les cotisations sociales étaient calculées sur les revenus
professionnels qui avaient été perçus au cours de la troisième année précédant celle pour
laquelle les cotisations sont dues: on remontait 3 ans en arrière (ce n’est qu’à partir de ce
moment-là que les données fiscales sont connues et que l’on dispose d’une base de calcul
certaine).

Le Gouvernement a cherché à établir un rapport plus étroit entre le montant des cotisations qui
sont dues et les revenus qui sont réellement perçus.

à Désormais, les cotisations sociales sont calculées sur les revenus professionnels de l’année
en cours (AR n° 38, art. 11, §2).

Dès lors qu’il faut attendre plusieurs années avant de connaître le montant exact des revenus de
l’année en cours, un système de cotisations provisoires a été mis en place.

Par défaut, les cotisations sont calculées sur la base des revenus d’il y a trois ans.

Mais l’indépendant a la possibilité de demander à augmenter ou à diminuer le montant


des cotisations provisoires qui lui est proposé par sa Caisse d’assurances sociales :
- Soit l’indépendant a des revenus plus ou moins stables, auquel cas il va logiquement
opter pour le paiement des cotisations provisoires qui lui sont réclamées (calculées sur
les revenus de la troisième année antérieure);
- Soit les affaires de l’indépendant se portent bien, auquel cas il peut décider de payer des
cotisations plus élevées, pour éviter, au moment du calcul du montant définitif, de
devoir payer un supplément de cotisations;
- Soit l’indépendant est confronté à une diminution importante de son revenu, auquel
cas il peut demander à payer moins que ce qui lui est proposé par sa Caisse, laquelle
doit marquer son accord sur cette demande.

Lorsque les revenus réels sont connus, la Caisse établit un décompte (selon le résultat de ce
décompte, soit l’indépendant est remboursé des sommes excédentaires qu’il a versées, soit, à
l’inverse, il doit s’acquitter d’un supplément).

En cas de début d’activité (durant les trois premières années), les cotisations provisoires
correspondent au montant forfaitaire minimum des cotisations sociales pour indépendants
(AR n° 38, art. 13bis).

d) Taux des cotisations, plafonds et plancher

Chez les indépendants, les cotisations sont dégressives.

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Il y a trois taux qui se succèdent:


- d’abord, on applique un premier taux de 20,5% sur la partie des revenus professionnels
située en dessous du premier plafond, le plafond intermédiaire;
- ensuite, on applique un taux plus bas, un taux de 14,16%, sur la partie des revenus
professionnels qui se trouvent entre le plafond intermédiaire et le plafond maximas;
- enfin, au-delà du plafond maximal, le taux tombe à 0%: plus aucune cotisation sociale
n’est prélevée sur tout ce qui est gagné au-delà d’un certain seuil.

Cotisation minimum de 774,16 (en 2022), quel que soit le montant des revenus à les
cotisations sont calculées sur un plancher minimum, même si les revenus réels sont
pratiquement nuls.

e) Le mécanisme de dispense temporaire du paiement des cotisations

L’indépendant qui se trouve temporairement dans une situation financière ou économique


difficile qui l’empêche de payer ses cotisations sociales peut demander une dispense
(temporaire) de cotisations (AR n° 38, art. 17).

La demande doit être adressée à la Caisse d'assurances sociales de l’indépendant, qui la


transférera à l'INASTI.

2. L’intervention de l’État

Les cotisations sociales sont complétées par une intervention de l’État (pas de grandes
différences par rapport au régime des salariés).

Chapitre III - L’organisation administrative du système de sécurité sociale

Section 1 L’organisation administrative du régime des travailleurs salariés

Le régime de sécurité sociale des salariés est constitué de trois « étages » distincts:

1) perception des cotisations sociales et répartition de l’ensemble des ressources


financières entre les différentes branches;
à un établissement public coupole : l’Office National de Sécurité Sociale (ONSS)

2) gestion et contrôle du système ;


à un établissement public à la tête de chaque branche (assurance chômage, assurance
soins de santé et indemnités, allocations familiales, pensions, maladies professionnelles,
accidents du travail + vacances annuelles des ouvriers)

3) paiement des allocations aux ayants droit.


à pluralisme institutionnel dans la plupart des branches : coexistence de différents
organismes, privés et publics, entre lesquels il faut opérer un choix
à centralisation du contrôle et du paiement dans le secteur des pensions et dans le
secteur des maladies professionnelles : un seul établissement public
à cas particulier des accidents du travail : des entreprises d’assurance

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Section 2 L’organisation administrative du régime des travailleurs indépendants

Au sommet, le régime des indépendants est chapeauté lui aussi par un parastatal- coupole :
l’INASTI.

L’INASTI est un peu l’équivalent de l’ONSS pour le régime des indépendants, sauf qu’il ne
collecte pas lui-même, directement, les cotisations sociales (les cotisations sont perçues par
les caisses d’assurances sociales, qui transfèrent ensuite les cotisations à l’INASTI).

En dessous de l’INASTI, on ne trouve pas d’autres parastataux mais directement des caisses
privées (les caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants)+ la Caisse nationale
auxiliaire d’assurances sociales pour travailleurs indépendants (CNASTI).

La caisse est l’interlocuteur privilégié de l’indépendant et c’est elle qui octroie certaines
prestations (assurance sociale en cas de faillite).

Partie III Les principales branches du régime de sécurité sociale des


travailleurs salariés : accidents du travail, chômage, pensions de retraite et
soins de santé

Chapitre I - L’assurance contre les accidents du travail

Section 1 Coexistence de deux régimes distincts (secteur public/privé)

Dans le secteur public, ce n’est pas la loi du 10 avril 1971 qui s’applique, mais la loi du 3 juillet
1967, qui porte quant à elle non seulement sur les accidents du travail mais également sur les
maladies professionnelles.

Ces deux lois renferment une définition identique de la notion d’accident du travail ou sur le
chemin du travail.

Les accidents se produisant dans le secteur public font l’objet d’une procédure spécifique
déterminée par les arrêtés royaux d’exécution (du 24 janvier 1969, du 12 juin 1970 et du 13
juillet 1970).

Le secteur public se caractérise par l’absence d’assureur-loi : le débiteur des prestations est
l’autorité publique.

Ce fait d’être débiteur des prestations implique que les employeurs publics sont, en la matière,
considérés comme des institutions de sécurité sociale au sens de la Charte de l’assuré social
(c’est donc sur eux que pèsent les obligations d’information, de conseil, de réorientation, de
motivation des décisions, de langage clair, etc.).

Cela implique aussi que le recours contre toute décision en la matière doit être dirigé contre
l’employeur public lui-même, qui est notamment chargé de prendre position en ce qui concerne
l’acceptation de l’accident.

Des assureurs interviennent dans le secteur public, mais, dans cette hypothèse, ce sont des
assurances qui ont été souscrites dans le cadre d’une police de droit commun, qui n’est pas
une police obligatoire d’accident du travail : l’employeur public a fait le choix de se « réassurer
Année académique 2022-2023 38
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» (ce terme étant totalement impropre, puisque la réassurance implique une assurance initiale
mais il est souvent utilisé comme tel) auprès d’un assureur privé. Le « réassureur » n’a pas de
compétence spécifique et l’agent pourrait même refuser de se faire visiter par le médecin conseil
de la compagnie d’assurances puisque celle-ci n’a en tant que tel aucun lien avec la victime.

Que ce soit dans le secteur public ou dans le secteur privé, le délai de prescription est de 3
ans.

Le point de départ du délai varie néanmoins dans l’un et l’autre cas:


- dans le secteur privé, le délai commence à courir dès le moment où le droit à la
réparation est né;
- dans le secteur public, c’est à dater de la notification de la décision litigieuse que court
le délai de prescription.

N.B.: Selon la Cour de cassation, deux actes distincts sont susceptibles de constituer le point de
départ de la prescription : la décision de l’employeur public et l’avis du MEDEX. Dans
l’hypothèse où la victime de l’accident fait le choix de contester en justice la proposition du
MEDEX avant que la décision de l’autorité n’intervienne, et donc sans attendre l’issue de la
procédure administrative, elle devrait le faire dans les trois ans de la notification de ladite
proposition du MEDEX.

L’employeur privé est obligé (sous peine de sanction pénale) d’assurer son travailleur auprès
d’un assureur privé agréé (appelé « l’assureur-loi ») contre le risque des accidents du travail.
Il s’agit donc d’un contrat obligatoire, tout comme par exemple l’assurance RC automobile.

En cas d’accident, cet assureur (tout comme l’employeur public, lorsqu’on se trouve dans le
secteur public) offrira une réparation automatique dans un système de responsabilité
objective (et donc sans que le travailleur ne doive apporter la preuve d’une faute de
l’employeur).

En contrepartie, les travailleurs renoncent (sous réserve de certaines exceptions) à mettre en


cause la responsabilité civile de leur employeur: la loi sur les accidents du travail exclut, en
principe, celle du droit commun de la responsabilité civile (la contrepartie de l’obligation de
l’employeur de souscrire une assurance accident du travail pour son personnel et de payer, en
conséquence, des primes d’assurance est l’immunité civile dont il jouit pour toute action en
responsabilité que la victime ou ses ayants droits pourraient introduire à son encontre).

La réparation est partielle (uniquement le dommage corporel entraînant une diminution de la


capacité de gain) et forfaitaire (la réparation est plafonnée).

! A défaut d’assurance, FEDRIS (l'Agence fédérale des risques professionnels) indemnisera le


travailleur et se retournera ensuite contre l’employeur pour réclamer tous les débours (c’est le
cas notamment dans l’hypothèse d’un travail non déclaré).

Section 2 Définition de l’accident de travail

L’accident est un événement soudain qui cause une lésion.

Il peut s’agir d’un accident :

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- soit « du travail » c’est-à-dire survenu dans le cours et par le fait de l’exécution du


contrat ;
- soit « sur le chemin du travail », c’est-à-dire survenu sur un trajet protégé (résidence
– lieu de travail).

1. L’évènement soudain

Pour pouvoir être qualifié d’«événement soudain », l’événement ne doit pas nécessairement
(5) :

- être instantané;
« Soudain » ne signifie pas « instantané ». Il faut un fait déterminable dans le temps, d’une
durée relativement brève.

Il appartient au juge du fond de déterminer si la durée d’un événement dépasse ce qui peut être
admis pour constituer un événement soudain au sens de la loi.

En pratique, la journée de travail est souvent considérée comme la limite maximale.

Cass., 28 avril 2008, R.G. n° S.07.0079.N


à Travailleur manuel qui avait dû, pendant plusieurs heures, travailler dans une position
inconfortable (accroupi dans un espace confiné pendant 5 heures)
« Une position inconfortable prolongée causant des lésions par surcharge peut, le cas échéant,
être considérée comme un événement soudain.
Les juges d’appel ont pu considérer que le défendeur démontre un événement soudain, dès lors
qu’il désigne comme cause de ses lésions un élément localisable dans le temps et l'espace dans
l'exécution du travail, à savoir le montage, 5 heures durant, de tyzers dans une position
inconfortable, c’est-à-dire dans un espace restreint avec des chaussures de sécurité en position
accroupie et sur la pointe des pieds».

- être inhabituel;

L'événement ne doit pas nécessairement être anormal ou exceptionnel : l'exercice habituel et


normal de la tâche journalière peut être cet événement, à la condition que puisse être décelé
un fait susceptible d’être à l’origine de la lésion (exemple: la technicienne de surface qui se
tord la cheville en descendant d’un tabouret).

La jurisprudence est cependant parfois amenée à exiger une intensité particulière pour qualifier
la situation d’événement soudain, pour tenter de contourner ce qui est considéré comme étant
une appréciation trop large de la notion d’événement soudain (cela ne correspond pas à la
jurisprudence de la Cour de cassation).

C.T. Liège, 12 février 2015, R.G. n°2014/AL/256 (>< Cass.)


àAgent pénitentiaire menacé par un détenu (avec un couteau à tartiner en plastique avec lame
en acier) lors du contrôle de sa cellule.
à Incapacité de travail à 100% pour syndrome de stress post-traumatique durant plusieurs
mois.
« La Cour ne peut que constater que les faits qui se sont déroulés le 3 octobre 2012, même s’ils
présentent un certain degré d’agressivité verbale, sont incontestablement d’une certaine
banalité dans l’univers carcéral.

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Un agent pénitentiaire doit normalement être armé psychologiquement pour faire face à ce
genre de situation.
[…l]a Cour considère qu’en l’espèce, l’événement soudain n’est pas prouvé. »

C.T. Liège, 12 janvier 2015, R.G. n°2012/AL/439 (>< Cass.)


à Chauffeur de bus insulté et menacé par des passagers qui lui demandent de changer de
parcours, au point que le chauffeur s’enferme dans sa cabine (choc psychologique).
àSelon l’assureur loi: événement banal devenu le quotidien des employés en contact avec le
public.
à Selon la Cour du travail: il ne peut être question d’ériger en principe que toute agression
verbale, si minime soit-elle, est constitutive d’un accident du travail.

- être imprévisible;

Peu importe que l’événement ait été prévisible : le fait qu’un risque d’accident soit prévisible
n’enlève pas à sa survenance son caractère accidentel.

C.T. Bruxelles, 26 octobre 2015, R.G. n°2010/AB/89


à Travailleur en conflit avec sa directrice générale, contre laquelle il a déposé une plainte pour
harcèlement moral, en état de choc à l’issue d’une réunion en présence notamment de la
directrice en question, qui lui a fait des reproches et l’a critiqué.
« [C]’est à tort que le Tribunal a pris en considération le fait que "la situation était déjà tendue
avant la réunion" et que "la situation tendue était donc prévisible" […] le fait que le travailleur
ait été en état de stress pendant la période qui précéda l’incident, et ce à cause de tensions qui
régnaient encore avec son directeur, ne doit pas être pris en considération dès lors qu’il est
établi qu’un événement précis a engendré la lésion »

- être indépendant de l’organisme de la victime;

Certes, la lésion ne peut être due exclusivement à une disposition interne du travailleur.

Mais ce n’est pas l’événement soudain qui doit avoir une cause extérieure à l’organisme, mais
bien la lésion.

Il n'est pas requis que la cause ou l'une des causes de l'événement soudain soit étrangère à
l'organisme de la victime (par exemple, si un travailleur se blesse en chutant, la chute ne cesse
pas d’être un événement soudain parce qu’elle a été causée par un défaut de l’organisme de la
victime; donc il n’y a pas lieu d’examiner à quoi est due la chute).

C.T. Bruxelles, 18 février 2015


àSalarié d’une imprimerie qui chute dans un escalier en béton de l’entreprise suite à un
vertige/malaise.
« Il importe peu que la chute ait été causée par un vertige/malaise dès lors que […] ce n’est
pas l’événement soudain qui doit avoir une cause extérieure à l’organisme, mais bien la
lésion ».

- être exempt de toute faute de la victime // être non fautif.

Peu importe que l’événement soudain soit dû à une faute de la victime.

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Sauf « faute intentionnelle »: en vertu de l'article 48, alinéa 1er, de la loi du 10 avril 1971 sur
les accidents du travail, les indemnités prévues par cette loi ne sont pas dues lorsque l'accident
a été intentionnellement provoqué par la victime.

à La victime ne peut prétendre auxdites indemnités lorsqu'elle a volontairement provoqué


l'accident, même si elle n'en a pas voulu les conséquences

Cf. Cass., 25 novembre 2002, n° S.01.0172.F: « Attendu que, s'il se déduit des considérations
de l'arrêt reproduites par le moyen qu'aux yeux de la cour du travail, le demandeur a
intentionnellement provoqué la rixe au cours de laquelle il a été blessé, l'arrêt n'a pu, sur la
base de ces considérations, légalement décider que le demandeur a intentionnellement
provoqué l'accident qui, selon ses constatations, est survenu lorsque, "le 2 juin 1997, à la fin
de la soirée, vers vingt-trois heures trente, environ cinq minutes après que le personnel eut
quitté le restaurant, il a été gravement blessé au dos par un coup de couteau que lui avait
assené B." »

C.T. Liège, Div. Neufchâteau, 28 octobre 2015, R.G. n°2014/AU/56


à Travailleur occupé par les Grottes de Han qui, alors qu’il avait bu de l’alcool, se jette sur le
directeur lors d’une fête organisée par l’employeur

= accident du travail (mais pas de réparation car faute intentionnelle (art. 48))

2. La lésion

La lésion corporelle peut être physique ou psychique.

Il importe peu que la lésion se manifeste par une blessure ou par une maladie : le préjudice
résultant d'une maladie peut faire l'objet de la réparation prévue par la législation sur les
accidents du travail dès lors que cette maladie a une origine accidentelle (exemple: hépatite
contractée à l’occasion d’une piqure avec une aiguille infectée, maladie mentale provoquée par
un choc nerveux, tétanos consécutif à une blessure, rage contractée suite à une morsure, etc.).

La lésion doit pouvoir avoir été occasionnée par l’événement.

Il ne s’agit toutefois pas, au stade de l’appréciation de l’existence de l’événement soudain et de


la lésion, d’exiger la preuve d'un lien de causalité entre les deux (ce lien fait l'objet de la
présomption dont bénéficie le travailleur : il suffit que ce qui est identifié comme « événement
soudain » soit de nature à pouvoir occasionner la lésion).

Notes : Peut avoir un caractère évolutif.

3. La preuve de l’évènement soudain et de la lésion

Il appartient à la victime ou à ses ayants droit de prouver l'existence d'un événement soudain
et celle d'une lésion.

La preuve de l'évènement soudain et de la lésion peut être apportée par toutes voies de droit.

La preuve de ces deux éléments étant faite, il est présumé que la lésion trouve son origine
dans un accident.

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Il appartient alors à l'entreprise d'assurances (ou à l’employeur public) de renverser cette


présomption en établissant que la lésion n'a pas été provoquée par l'événement soudain, mais
qu'elle est exclusivement due à l'état de santé de la victime.

Notes :
Il n’y a pas un mode probatoire dans la loi que la victime devrait suivre.

Une question qui se pose assez souvent dans la pratique : que fait-on lorsque la victime se
trouvait seule ? Que fait-on d’une simple déclaration unilatérale de la victime ? Les
juridictions du travail sont assez souples, on peut prendre en compte sur base de deux
éléments : on ne peut pas présumer la mauvaise foi de la victime, on ne doit pas pénaliser les
travailleurs qui travaillent de manière solitaire.
Ces déclarations servent de présomptions. Pour autant qu’il n’y ait pas d’éléments
contradictoires dans le dossier, on va pouvoir admettre une preuve.

Une fois que la victime a apporté cette double preuve, on passe à la deuxième étape en termes
de preuves. Cela va être la possibilité pour la compagnies d’assurances, l’assureur-loi,
l’employeur de renverser la preuve en disant par exemple que la lésion est due non pas à
l’évènement soudain mais à l’état de santé de la victime. En pratique, dans le secteur privé,
on va avoir une décision de l’assureur-loi à l’intention de la victime. Le travailleur va porter
le dossier devant le trib du travail, et ce dernier va désigner un médecin expert qui va
médicalement examiner la lésion dont se prévient la victime découle bien de l’évènement
soudain dont la preuve a été rapportée en amont.

4. La survenance de l’accident dans le cours de l’exécution du contrat de travail

L'accident ne doit pas nécessairement se produire au cours de l'exécution des prestations de


travail proprement dites.

Il suffit qu'il survienne à un moment quelconque pendant lequel le travailleur se trouve sous
l'autorité effective ou virtuelle de l'employeur.

à Le travailleur se trouve-t-il en un lieu et en un temps où l’employeur a le droit d’exercer son


autorité et sa surveillance sur le travailleur et donc de lui donner des ordres?

Cela sera le cas, même en dehors du temps de travail, durant le temps où la liberté personnelle
du travailleur est limitée en raison de l'exécution du travail au sens large (notamment lors
des actes préparatoires ou consécutifs aux prestations de travail proprement dites, au cours des
pauses accordées durant la journée de travail, à l’occasion de la participation à des activités
extra professionnelles, organisées directement par l'employeur ou avec l'autorisation de celui-
ci).

Notes : Il faut qu’il y ait un lien avec le travail. Pour que l’on soit face à un accident de travail,
il faut encore réunir deux autres conditions : que l’accident soit survenu dans le cours de
l’exécution du travail, et que l’accident soit survenu par l’exécution du contrat de travail. Il
faut qu’on démontre que l’accident soit intervenu sous l’autorité effective ou virtuelle de
l’employeur, cad en un lieu et en un temps où l’employeur a la faculté de surveiller le
travailleur.

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Dans la mesure où l’entreprise est une communauté de travail, les activités qui ont lieu en son
sein peuvent engendrer l’application de la loi sur les accidents du travail si elles ont été
organisées, encouragées ou acceptées par l’employeur.

Ainsi, des fêtes d’entreprise sont couvertes, et ce même si les événements en cause sont fêtés
en dehors du cadre de l’entreprise et que la présence du personnel n’est pas obligatoire.

Notes :
Même si ce ne sont pas des prestations de travail à proprement parler.

Les fêtes d’entreprises, deux types :


- À l’intérieur
- À l’extérieur, en dehors de la présence de l’employeur.

Exemple, le cabinet organise une soirée bowling (en dehors des heures de travail ordinaires),
si mon collègue se foule le doigt, on peut considérer qu’il est victime d’un accident de travail
parce qu’il participe à une activité organisée par l’employeur même si pas d’obligation de
participer à ce genre d’activité et même si l’employeur n’est pas présent.

Cela peut aussi valoir pour des manifestations sportives, s’il est établi que l’employeur les a
encouragées aux fins de favoriser le développement du sentiment d’appartenance à la
communauté de travail voire une plus grande convivialité entre les membres du personnel,
même si la participation du personnel à ces activités est facultative.

C.T. Liège, 21 janvier 2021, R.G. n°2019/AL/672


Le travailleur est occupé en qualité de magasinier pour compte du CHU de Liège.
Au sein du CHU, existe une grille d’évaluation du personnel d’approvisionnement dont le
travailleur concerné fait partie qui comporte une rubrique 11 intitulée « Implication et
motivation – Implication dans les activités de son service (ex. participation à des activités
transversales, administratives ou autres (…) »
En 2013, le travailleur a obtenu dans cette rubrique la cote « Bien » avec la motivation : «
Frédéric marque un intérêt normal dans les activités de son service. Il participe volontiers aux
activités extra-professionnelles et traduit ainsi son implication dans la vie du groupe. »
Le CHU organise régulièrement des tournois de sixte foot.

En 2016, le CHU fait une publicité pour ce tournoi en précisant que les équipes doivent être
exclusivement composées de membres du personnel du CHU et renseigne pour ton contact
(inscription et renseignements) une adresse e-mail de l’établissement.
Lors d’un match du tournoi, le travailleur concerné chute et subit une fracture du poignet
gauche.
Le CHU refuse de reconnaître un accident du travail.
Les juridictions du travail reconnaissent quant à elle l’application de la loi, tant en instance
qu’en appel.

C.T. Mons, 20 mai 2015, R.G. n°2014/AM/135


Pendant sa semaine de repos, un ouvrier participe à un tournoi de mini-foot organisé par un ses
collègues dans une salle de sport extérieure à l’entreprise.
En jouant, il est victime d’une rupture du tendon d’Achille.

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Par jugement du 15 novembre 2013, le Tribunal du travail de Tournai reconnaît l’accident,


considérant que l’intéressé se trouvait sous l’autorité virtuelle de l’employeur au moment des
faits.
Dans son arrêt du 20 mai 2015, la Cour du travail estime quant à elle qu’il ne ressortait pas à
suffisance de droit des éléments avancés que la manifestation en cause avait été organisée,
encouragée ou acceptée par l’employeur, afin de permettre l’application de la loi.

Un travailleur qui, en vue de l’exécution de son contrat de travail, est obligé de séjourner même
plusieurs mois loin du lieu de sa résidence pour l’exécution de sa mission, exécute son contrat
de travail pendant toute la durée de son séjour, de sorte que si un accident survient, même à un
moment où le travailleur ne remplit pas ses fonctions proprement dites, il s’agit d’un accident
du travail, à moins qu’il ne soit établi qu’il n’a pas été causé par le fait de l’exécution du contrat
de travail (voy. infra).

www.lesoir.be, 7septembre 2019


« C’est une décision qui peut surprendre. Lors d’un déplacement professionnel dans le Loiret,
un technicien de sécurité est décédé le 21 février 2013 d’une crise cardiaque lors d’une relation
sexuelle adultérine avec une parfaite inconnue, rapporte BFMTV. Le dossier est classé comme
accident du travail par la caisse primaire d’assurance maladie mais son employeur, l’entreprise
TSO, décide d’aller devant le tribunal, soutenant qu’il ne s’agissait pas d’un accident du travail,
étant donné que le décès a eu lieu eu dehors des heures de travail et dans une autre chambre que
celle que l’entreprise lui avait réservée.

La caisse primaire estime cependant qu’un rapport sexuel est un acte de la vie courante « à
l’instar de prendre une douche ou un repas » et que « l’employeur ne rapporte pas la preuve que
le salarié a interrompu sa mission pour accomplir un acte totalement étranger à l’objet de celle-
ci ».

La Cour d’Appel de Paris s’est rangée du côté de la caisse primaire : un salarié est [sous] la
responsabilité de son employeur lorsqu’il est en déplacement professionnel, et ce même en
dehors des heures de travail et quelles que soient ses activités. Peu importe que l’accident
survienne à l’occasion d’un acte professionnel ou d’un acte de la vie courante sauf si
l’employeur a la preuve que le salarié avait interrompu sa mission pour un motif personnel. »

C.T. Liège (Namur), 16 octobre 2014, R.G. n°2014/AN/8 (usage anormal du temps de pause)
Dans un arrêt du 16 octobre 2014 , la Cour du travail de Liège, Division Namur, réforme un
jugement du Tribunal du travail de Liège, Division Dinant, qui avait reconnu l’existence d’un
accident du travail dans le chef d’un chauffeur routier international qui avait été retrouvé
inconscient au pied de son camion sur un parking jouxtant un restoroute français dont il était
ressorti en état d’intoxication alcoolique puisqu’il présentait un taux d’alcoolémie de 1,98
grammes par litre de sang le lendemain matin.

Le chauffeur routier, qui était déjà au bar vers 18h30, avait notamment bu des pichets de vin
rouge, des kirs, et du champagne avant de regagner son camion.

La Cour du travail rappelle que le travailleur en mission à l’étranger se trouve vingt-quatre


heures sur vingt-quatre dans les liens du contrat de travail et que l’accident est considéré
comme accident du travail sauf s’il est démontré que le risque couru est totalement étranger à
l’exécution du contrat.

Année académique 2022-2023 45


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En l’espèce, selon la Cour, « même si [le travailleur] devait être virtuellement sous l’autorité
de son employeur durant le chargement d’une cargaison de bouteilles d’eau en France, il faut
bien admettre que le temps normal de loisir qui peut être constitutif du cours de l’exécution des
prestations pour un travailleur en mission s’est trouvé, en l’occurrence, détourné de sa finalité
pour en arriver à un débordement qui dépasse largement une juste compréhension des temps de
repos de chauffeur routier et ne caractérise plus la notion de cours ni de fait d’exécution des
prestations ».

En conclusion, selon la Cour, « l’accident survenu dans ces circonstances ne l’est plus pendant
l’exécution du contrat de travail mais en cours d’interruption due à la convenance personnelle
de l’intéressé et ne peut dès lors être considéré comme accident du travail ».

Trib. trav. Charleroi, 17 septembre 2014, R.G. n°13/1398/A


Dans un jugement du 17 septembre 2014 , le Tribunal du travail de Charleroi a admis l’existence
d’un accident du travail dans le chef d’un chauffeur de camion qui, alors qu’il séjournait en
Espagne pour le compte de son employeur, avait été mortellement écrasé par un homologue
russe dont le camion était garé à côté du sien.

Après avoir déchargé son camion et chargé un conteneur vide à l’aéroport, le chauffeur s’était
rendu avec un collègue sur une aire de services afin d’y dîner et d’y prendre une douche ; après
avoir mangé dans un restaurant situé sur cette aire, le chauffeur était resté au bar où il avait bu
de l’alcool (alors qu’il avait déjà bu du vin pour accompagner son repas) ; il avait alors eu une
altercation avec le serveur du bar, avant d’avoir une discussion avec le chauffeur du camion
stationné à côté du sien au moment de regagner celui-ci ; il s’était accroché au rétroviseur du
camion du chauffeur russe, puis l’avait lâché, alors que le camion circulait…

Le Tribunal du travail rappela dans un premier temps que « lorsque le travailleur est en
mission pour l’employeur, c’est-à-dire qu’il passe plusieurs jours sans rentrer chez lui, et ce,
pour son travail, l’accident qui survient à n’importe quel moment au cours de cette
mission est survenu dans le cours de l’exécution du contrat, et ce, même si l’accident
survient durant une pause », « le travailleur restant sous l’autorité, même virtuelle, de
l’employeur, tout au long de cette mission », et en déduisit, en l’espèce, que l’accident était
bien survenu dans le cours de l’exécution du contrat, puisque l’accident s’était produit au cours
d’une mission que le travailleur exécutait pour son employeur à l’étranger, quel que soit
l’emploi que la victime avait fait de ses loisirs.

Le Tribunal précisa que l’usage normal ou non du temps libre était à examiner, le cas échéant,
dans le cadre de la condition suivant laquelle l’accident doit être survenu par le fait du contrat
de travail. Le Tribunal estima, à ce sujet, que « le milieu professionnel, tant humain que
matériel, [de la victime] [était] la cause de l’accident ayant conduit à son décès »: selon le
Tribunal, « même si le travailleur avait bu et se trouvait en état d’ivresse (suivant les analyses
effectuées par les autorités espagnoles, sont taux d’alcool était de 3,11 grammes/litre de sang)
durant la soirée, ce n’est néanmoins pas ce fait qui est la cause de l’accident du travail, mais
bien la réaction du chauffeur de camion de nationalité russe, qui a pris la décision de démarrer
son camion, alors que [le chauffeur belge], qui venait lui parler, l’importunait sans doute, et ce,
alors que [le chauffeur belge] était accroché au rétroviseur du camion, et de poursuivre sa route,
alors que [le chauffeur belge] avait lâché le rétroviseur et était tombé par terre ». Et le Tribunal
de préciser que « l’ensemble des actes et réactions du chauffeur de camion russe sont bien le
fait du milieu professionnel dans lequel travaillait [la victime] ».

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5. L’accident du travail est tout accident qui survient par le fait de l’exécution du contrat
de travail

Il n'est pas requis que l'accident soit dû au fait de l'exécution des prestations de travail : il suffit
qu'il soit dû au fait de l'exécution du contrat de travail.
à il y a accident du travail « dès que l'accident est la réalisation d'un risque auquel la victime
est exposée soit en raison de son activité professionnelle, soit en considération du milieu
naturel, technique ou humain dans lequel elle se trouve placée ».

C'est ainsi que peut constituer un accident du travail, l'accident dont un travailleur est victime
en prenant part à une rixe, à des jeux, etc., que ce soit pendant le temps de travail ou pendant
un intervalle de repos pris sur place.

Lorsque ce lien entre l'accident et l'exécution du contrat se trouve établi, il importe peu que
l'accident soit dû à la faute de l'employeur, d'un compagnon de travail, d'un tiers ou de la victime
(seule la faute intentionnelle de la victime la prive du droit à la réparation).

A contrario, il n'y a pas accident du travail lorsque l'accident est dû à un fait du travailleur
totalement étranger à l'exécution du contrat de travail (par exemple, une rixe ou une agression
due à un incident de la vie privée).

Mais le milieu professionnel n’est pas nécessairement totalement étranger à une agression pour
des motifs privés : il a pu en favoriser la réalisation.

Il a ainsi été jugé que la présomption n’est pas renversée lorsqu’il apparaît que le risque de
survenance d’une agression pour des motifs privés a été, à tout le moins, aggravé par le fait que
« l’employée devait ouvrir seule le magasin, y exercer seule son activité professionnelle, de
surcroît dans un bâtiment à la configuration exiguë dont elle n’a pu s’enfuir ».

De même, il n’y a pas accident du travail lorsque l'accident est dû à un événement de force
majeure totalement étranger aux conditions de travail (risques de guerre, émeute, foudre,
chute d'avion, etc.).

Il n’en va pas de même si la présence au travail a aggravé l'exposition à pareils risques (par
exemple, le travailleur frappé par la foudre alors qu'il était chargé de réparer un paratonnerre
sur le toit d'un édifice).

La loi énonce par ailleurs que « L'accident causé par le terrorisme, comme défini dans la loi du
1er avril 2007 relative à l'assurance contre les dommages causés par le terrorisme, et survenu
pendant l'exécution du contrat de travail, est considéré comme étant survenu par le fait de
l'exécution du contrat de travail. »

6. La preuve du fait que l’accident est survenu dans le cours et par le fait du contrat

Le demandeur en réparation doit établir que l'accident est survenu dans le cours de l'exécution
du contrat de travail.

Lorsque ce fait est établi, il y a présomption que cet accident est survenu par le fait de
l'exécution du contrat.

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Il appartient, le cas échéant, à l'entreprise d'assurances (ou à l’employeur public) de renverser


cette présomption, en établissant que, même si l’accident est survenu dans le cours de
l’exécution du contrat de travail de la victime, il est étranger à cette exécution et n’est donc pas
survenu par le fait dudit contrat.

Section 3 Notion d’action sur le chemin du travail

Le chemin du travail est défini comme étant le trajet normal que le travailleur doit parcourir
pour se rendre de sa résidence au lieu de l'exécution du travail, et inversement.

1. La résidence

Le trajet commence dès que le travailleur franchit le seuil de sa résidence principale ou


secondaire et finit dès qu'il en franchit de nouveau le seuil.

L'expression « résidence principale ou secondaire » signifie que la résidence du travailleur ne


doit pas nécessairement être la même tous les jours mais il faut néanmoins une certaine
stabilité, c'est-à-dire l'intention d'y fixer au moins temporairement son habitation. L’important
est que l’endroit soit susceptible d’être régulièrement fréquenté par le travailleur.

Tout type de logement est par ailleurs visé : maison, caravane, abri, hangar, hôtel, etc.

2. Le lieu de travail

Le chemin du travail s’arrête dès l’instant où le travailleur est soumis à l’autorité de son
employeur, et inversement, pour le chemin du retour vers la résidence.

Le lieu où le travailleur exécute habituellement ses prestations de travail peut perdre, à


l'occasion, le caractère de lieu de l'exécution du travail (par exemple dans l’hypothèse où le
travailleur se rend par distraction dans l’entreprise un jour de repos compensatoire, s’y trouve
à l’occasion d’un jour de grève à laquelle il participe, d’une fête à laquelle il n’était pas invité,
ou s’y éternise sans raison légitime).

L’article 8, §1er de la loi précise que le travailleur est réputé se trouver au lieu du travail
dans certaines hypothèses où il ne se trouve pas sous l’autorité de l’employeur:
1° il y accomplit, même en dehors des heures de travail, une mission en qualité de délégué
syndical ou de représentant des travailleurs, avec l'autorisation expresse ou tacite de
l'employeur;
2° il assiste à une réunion du conseil d'entreprise ou du comité de sécurité;
3° il assiste, avec l'autorisation expresse ou tacite de l'employeur, à des cours de formation
qui ont lieu pendant les heures normales de travail.
4° il se présente auprès du conseiller en prévention-médecin du travail
a) pour une consultation spontanée en application de la législation sur la surveillance de la
santé des travailleurs;
b) pour une visite de pré-reprise du travail dans le cadre de la surveillance de la santé des
travailleurs; cette visite peut avoir lieu avant la reprise effective du travail pendant la période
d'incapacité de travail.

L’article 8, §2 de la loi précise qu’est notamment assimilé au chemin du travail, le trajet


parcouru:

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1° du lieu du travail ou du lieu de résidence du télétravailleur dans le cas du télétravail effectué


au lieu de résidence vers le lieu où il prend ou se procure son repas et inversement;
2° de son lieu de travail à l'endroit où il suit des cours en vue de sa formation professionnelle
et de cet endroit à sa résidence;
3° du lieu où il travaille en exécution d'un contrat de louage de travail avec un employeur, au
lieu où il travaillera en exécution d'un contrat de louage de travail avec un autre employeur;
4° pour se rendre de l'endroit où il travaille au lieu où il perçoit en espèces tout ou partie de
sa rémunération ou du montant qui y correspond, et inversement;
5° pour chercher un nouvel emploi pendant le délai de préavis, dans les limites fixées par la
législation sur les contrats de louage de travail et avec l'autorisation de l'employeur;
6° pour se rendre, même en dehors des heures de travail, de sa résidence ou du lieu où il a
repris du travail, chez son précédent employeur afin de remettre ou de recevoir des documents
prescrits par la législation sociale, des vêtements ou des outils, et inversement;
7° du lieu d'embauchage au lieu d'exécution du travail pour les travailleurs occupés par des
entreprises de chargement, déchargement et manutention des marchandises dans les ports,
débarcadères, entrepôts et stations et des employeurs s'occupant de réparation de bateaux,
lorsqu'il n'y a pas de contrat préalablement conclu;
8° par les marins en vue de leur enrôlement, du bureau d'embauchage pour marins au
commissariat maritime;
9° du lieu où le travailleur à domicile ouvre à façon des matières premières ou des produits
partiellement achevés qu'un employeur lui a confiés au lieu où il prend ou délivre ces matières
ou produits, et inversement.
10° du lieu où le travailleur se trouve ou doit se trouver pour l'exécution d'une mission , au
lieu où il prend ses loisirs et inversement , sauf interdiction expresse de l'employeur.
11° par le travailleur qui, ayant la qualité de délégué syndical ou de représentant des
travailleurs, suit des cours de formation syndicale, du lieu de sa résidence ou de son lieu de
travail au centre de formation où il se rend pour suivre ces cours et inversement.
12° du lieu de résidence du télétravailleur vers l'école ou le lieu de garde des enfants, et
inversement, dans le cas du télétravail effectué au lieu de résidence.

3. Le trajet normal

Pour être « normal », le trajet ne doit pas nécessairement:


- être le plus court
- être toujours le même

Trajet normal = trajet le plus approprié, le plus justifié (adapté aux circonstances de fait).

Art. 8 de la loi: « Le trajet reste normal lorsque le travailleur effectue les détours nécessaires
et raisonnablement justifiables :
1° par les différents lieux de résidence et de travail ou par les lieux d'embarquement ou de
débarquement, pour se déplacer en véhicule avec une ou plusieurs autres personnes en vue
d'effectuer en commun le trajet entre résidence et lieu de travail;
2° pour conduire ou reprendre les enfants sur leur lieu de garde ou à l'école. »

Quid:
- des détours (critère géographique)?
- des interruptions (critère chronologique)?

à 2 étapes pour apprécier l’influence du détour ou de l’interruption sur la normalité du trajet

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1) déterminer l’importance du détour ou de l’interruption : pour déterminer l’importance


de l’interruption ou du détour, il convient de se référer non seulement in abstracto à la
mesure mathématique de cet événement, mais également au rapport arithmétique entre
la durée de l’interruption et la distance et la durée du trajet ou la distance du trajet le
plus court.
2) le cas échéant, rechercher le motif du détour ou de l’interruption.

3 catégories de détours et interruptions :

1) détours et interruptions importants

Si le détour ou l'interruption est important, le trajet accompli ne conserve son caractère de


normalité que si ce détour ou cette interruption sont justifiés par la force majeure à le trajet
est normal, lorsque le détour important est dû par un évènement de force majeure.
Exemple : panne

2) détours et interruptions peu importants

Si le détour ou l'interruption est peu important, le trajet conserve son caractère de normalité si
ce détour ou cette interruption est justifié soit par la force majeure, soit par une cause légitime.
Exemple: arrêt de durée raisonnable dans un établissement pour se rafraîchir après la journée
de travail

3) détours et interruptions insignifiants

Si le détour ou l'interruption est insignifiant, le travailleur ne doit justifier ni d’un cas de force
majeure, ni d’une cause légitime : le détour ou l’interruption n’affecte pas le caractère normal
du trajet.
Exemple: arrêt de quelques minutes pour acheter un café à emporter

è En bref, le trajet reste « normal » si:


- le détour ou l’interruption est insignifiant
- le détour ou l’interruption est peu important et justifié par un motif légitime
- le détour ou l’interruption est important mais imputable à un cas de force majeure

C.T. Liège, Div. Neufchâteau, 25 février 2015, R.G. n°2014/AU/32


à Travailleur qui perd le contrôle de sa voiture en voulant éviter un gros gibier et percute un
arbre en rentrant chez lui
à Détour de 7 km pour se restaurer pendant 1h00
à Sur un trajet de 165km, un détour de 7km est un détour minime
à L’interruption d’1h00 est peu importante
à Prise en compte de la « nécessité psychologique de se détendre agréablement dans un endroit
que l’intimé appréciait et cela après une journée de travail particulièrement fatigante et un long
déplacement en voiture »

Section 4 Déclaration d’accident du travail

Pour tout accident du travail, la déclaration doit être introduite dans les 8 jours calendrier (8
jours civils, à dater du lendemain de l’accident), par l’employeur, ou, en cas d’inertie de ce
dernier, par le travailleur salarié ou un des membres de sa famille, et ce par le biais d’un

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formulaire spécial accompagné d’un certificat médical décrivant les lésions à adresser à
l’entreprise d'assurance auprès de laquelle l'employeur a souscrit un contrat d'assurance.

Une déclaration d’accident du travail tardive n’est pas sanctionnée par la loi, sauf le délai de
prescription de 3 ans.

Le doute quant à la reconnaissance de l'accident ne dispense pas l'employeur d'envoyer une


déclaration à l'assureur.

Si l’employeur refuse de faire une déclaration ou a négligé d’assurer le travailleur, il faut


avertir FEDRIS.

L'assureur-loi analyse les circonstances de l'accident (déclaration d'accident, enquête


éventuelle) et vérifie si les éléments constitutifs de l'accident de travail sont, selon lui, réunis.

Dans le secteur public, c’est l’employeur public qui se prononce sur l’existence, ou non, d’un
accident (sur le chemin) du travail.

Section 5 Décision

En cas de doute, par l’entreprise d’assurances, sur l’existence ou non d’un accident du travail,
l’employeur paie le salaire garanti pendant les 30 premiers jours. Si, après ces 30 jours,
l’entreprise d'assurances n’a toujours pas pris de décision concernant l’accident, la mutuelle
prend en charge les frais liés à l’accident et récupère ensuite ses dépenses auprès de l’entreprise
d’assurances, le cas échéant.

Si l’assureur-loi refuse de reconnaître l’accident comme étant un accident du travail, le


travailleur peut demander à FEDRIS d’enquêter sur la décision de l’entreprise d’assurances.

Si l’assureur-loi reconnaît l’accident comme étant un accident du travail, il prend en charge les
frais médicaux et les éventuelles indemnités, et rembourse à l’employeur les indemnités
journalières pour la période couverte par le salaire garanti.

En cas de reconnaissance de l’accident du travail, l’assureur-loi examine si le travailleur


conserve des séquelles de l’accident du travail et :
- fixe une date de consolidation en cas de stabilisation de l’état de santé ;
- décide le cas échéant que le travailleur est guéri sans incapacité permanente de travail,
en cas d’absence de séquelle indemnisable ;
- propose le cas échant un accord-indemnité, en cas d’incapacité permanente de travail
(cet accord contient la description des lésions permanentes, le taux d’incapacité
permanente de travail (en %), la rémunération de base, la date de consolidation et les
prothèses et appareils d’orthopédie éventuellement nécessaires).

En cas d’approbation de l’accord-indemnité par le travailleur, l’assureur-loi transmet le dossier


à FEDRIS, qui vérifie le respect de la loi sur les accidents du travail et la justesse des éléments
de l’accord. Seul l’accord-indemnité entériné par FEDRIS sort ses effets.

En cas de désaccord du travailleur ou de FEDRIS, une procédure judiciaire peut être initiée
devant le Tribunal du travail.

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Dans le secteur public, c’est le service compétent de l’administration concernée qui fixe le
pourcentage d’incapacité et la date de consolidation ainsi que, éventuellement, les prothèses
nécessaires. Sur base de cet avis médical, l’administration émet une proposition de règlement.
En cas d’accord de la victime, un arrêté ministériel est pris (dans les provinces et la communes,
une décision de l’autorité est émise). FEDRIS n’intervient donc pas pour l’entérinement des
accords dans le secteur public.

Section 6 Réparation

L’assurance accidents du travail ne couvre pas les dommages causés aux biens du travailleur,
et n’indemnise pas toutes les formes de dommages infligés à sa personne.

Ainsi, les dommages personnels non-corporels (le dommage moral, par exemple) et
extraprofessionnel (la difficulté physique que ressent la victime, depuis son accident,
lorsqu'elle exécute des tâches ménagères, par exemple) ne sont pas indemnisables (sauf si le
degré de difficulté est tel que celle-ci est prise en considération pour l’octroi d’une allocation
pour l’aide de tiers).

Notes :
Réparation partielle et forfaitaire

On indemnise seulement le dommage corporel qui implique une perte de capacité. On


indemnise pas le préjudice matériel (par exemple, si on déchire nos vêtements).

Sont en revanche pris en charge :


- remboursement de frais : les frais médicaux, chirurgicaux, pharmaceutiques et
hospitaliers sur la base du tarif INAMI, frais de prothèse et d’orthopédie, ainsi que les
frais de déplacement apparentés à l’accident sont remboursés ;

- revenu de remplacement : lors de la période d’incapacité de travail provoquée par un


accident du travail, la victime a droit à des indemnités de remplacement de revenus,
calculées selon des principes différents selon que le travailleur est en période
d’incapacité temporaire ou permanente ; les indemnités que reçoit une victime est
toutefois toujours forfaitaire et fixée en fonction de sa rémunération de base ; elles
ne varient pas en fonction de la situation familiale du travailleur :

o période d’incapacité de travail temporaire (avant la consolidation) : l’incapacité


temporaire de travail de la victime est évaluée en fonction de ses possibilités de
travail dans la profession qu’elle exerçait au moment de l’accident du travail:

§ si l’incapacité de travail est totale (ITT), la victime a droit, à partir du jour qui
suit celui du début de l’incapacité de travail, à une indemnité journalière
correspondant à 90 % de la rémunération quotidienne moyenne plafonnée
(art. 22, al. 1er de la loi du 10 avril 1971) ;

§ si l’incapacité de travail est partielle (ITP) :


• si la victime accepte la remise au travail, elle reçoit un montant égal à
son ancienne rémunération ;
• si le travailleur refuse la remise au travail pour un motif légitime, il
conserve le droit à l’indemnité d’incapacité de travail temporaire

Année académique 2022-2023 52


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complète (90% de la rémunération quotidienne moyenne


plafonnée);
• s’il refuse sans motif légitime, il ne sera indemnisé que
proportionnellement au degré d’incapacité : il reçoit un % de son
ancienne rémunération correspondant à son % d’incapacité
résultant de son accident ;

o période d’incapacité de travail permanente : il y a perception d’une indemnité


d’incapacité permanente de travail si, lors de la consolidation des lésions, le
travailleur n’a pas retrouvé la capacité concurrentielle de travail dont il disposait
avant l’accident (l’existence ou non d’une perte réelle de rémunération est sans
incidence) ; l’incapacité permanente de travail est un concept économique consistant
en la perte ou la diminution de la valeur économique de la victime sur le marché
de l’emploi, à savoir une réduction de capacité concurrentielle que le travailleur
conservera durant toute sa vie professionnelle ; pendant cette période, la victime
reçoit une indemnisation annuelle en fonction de sa rémunération de base
multipliée par le taux d’incapacité du travail ; l’évaluation du taux s’opère par le
médecin-conseil de l’entreprise d’assurances qui doit tenir compte pour ce faire de
plusieurs facteurs : lésions du travailleur, son âge, sa qualification professionnelle,
ses possibilités d’adaptation et de recyclage, sa capacité de concurrence sur le
marché général de l’emploi ; le médecin conseil établit un constat d’incapacité
permanente totale (IPT) si le travailleur ne peut plus se procurer de revenus
réguliers par son travail et d’incapacité permanente partielle (IPP) si, malgré ses
lésions, il est toujours capable de travailler ; une révision est possible dans les 3 ans,
puis une allocation d’aggravation est ensuite envisageable;

- en cas d’accident du travail mortel, les proches de la victime ont droit à :

§ une indemnité pour les frais funéraires, qui s’élève à 30 x le salaire


journalier moyen de la victime (indemnité calculée donc en fonction de la
rémunération de base de la victime, à savoir une rémunération gagnée l'année
précédant son accident pour la fonction qu’elle occupait au moment de son
accident) ;
§ la prise en charge intégrale de tous les frais de transport du corps de la
victime vers le lieu où sa famille souhaite l’inhumer (même si c’est à
l’étranger) ;
§ à certaines conditions, une rente (calculée en fonction de la rémunération de
base de la victime et de son degré de parenté avec le(s) bénéficiaire(s)), ou une
allocation de décès (calculée sur une base forfaitaire) ; selon les
circonstances, celle-ci est accordée à vie ou pour une durée déterminée ;

- allocation pour l’aide de tiers : l’allocation pour l’aide de tiers est une allocation
complémentaire octroyée sur avis du médecin-conseil si, après un accident du
travail, l’état du travailleur exige l’aide d’une autre personne pour accomplir les
gestes courants de la vie ; cette allocation est évaluée, par le médecin-conseil, souvent
sur la base d’une grille contenant une série d’affirmations sur 6 activités essentielles de
la vie quotidienne : se déplacer ; absorber ou préparer sa nourriture ; assurer son hygiène
personnelle et s’habiller ; entretenir son habitat et accomplir des tâches ménagères ;
vivre sans surveillance, être conscient des dangers et être en mesure d’éviter les dangers
; communiquer et avoir des contacts sociaux (l'évaluation sur la base d’une échelle

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(grille) n’est pas imposée par la loi) ; le montant maximum annuel de l’allocation pour
aide de tiers est égal à 12 fois le salaire minimum mensuel moyen garanti, tel que
fixé par le Conseil national du travail et indexé régulièrement.

Chapitre II - Chômage

Section 1 Introduction

Un régime principalement réglementaire :


L’indemnisation du chômage résulte essentiellement d’arrêtés royaux et ministériels pris en
exécution de l’article 7 de l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des
travailleurs, qui comprend de larges habilitations au Roi.

L’arrêté organique est l’arrêté royal du 25 novembre 1991 (portant réglementation du


chômage), qui est complété par un arrêté ministériel du 26 novembre1991.

Les organismes compétents (3) :

1) l’ONEM (établissement public placé sous la tutelle du Ministre fédéral de l’Emploi) ;

L’ONEM comprend une administration centrale et des bureaux régionaux.

Il est compétent pour prendre toutes les décisions individuelles d’octroi des
allocations de chômage : il vérifie les conditions d’admissibilité et d’octroi, et
si une indemnisation est possible, il permet à l’organisme de paiement
d’assurer le paiement des allocations.

L’ONEM a aussi le pouvoir de sanctionner le chômeur qui ne respecte pas


ses obligations (décisions prises par ou au nom des directeurs des bureaux
régionaux).

Des inspecteurs sociaux sont chargés de constater les infractions.

L’ONEM assure le contrôle des organismes de paiement : il vérifie que les


allocations qui ont été payées étaient effectivement dues.

2) les organismes de paiement ;


Il existe deux types d’organismes de paiement:

- les organismes de paiement institués par les organisations représentatives des


travailleurs : FGTB, CSC, CGSLB;

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- la caisse auxiliaire de paiement des allocations de chômage (CAPAC), qui est un


organisme public chargé du paiement des allocations aux travailleurs qui ne sont pas
affiliés à une organisation syndicale.

L’article 24 de l’arrêté royal définit les missions des organismes de paiement, en particulier:
- tenir à la disposition du travailleur les formulaires dont l'usage est prescrit par l’ONEm;
- conseiller gratuitement le travailleur et lui fournir toutes informations utiles concernant
ses droits et ses devoirs à l'égard de l'assurance-chômage;
- introduire le dossier du travailleur au bureau du chômage en se conformant aux
dispositions réglementaires;
- payer au travailleur les allocations et les autres prestations qui lui reviennent.

3) les organismes en charge du placement et de la formation des chômeurs.

En Région wallonne, le FOREM est en charge à la fois du placement et de la


formation.

En Région flamande, c’est le VDAB qui assume ces deux missions.

En Région de langue allemande, c’est l’ADG qui intervient à ce titre.

En Région bruxelloise, le placement relève d’ACTIRIS, tandis que la formation


relève de Bruxelles-Formation.

L’inscription comme demandeur d’emploi (qui est une des conditions d’octroi
des allocations) doit se faire auprès de ces services régionaux de l’emploi (SRE).

Section 2 Admissibilité au bénéfice des allocations de chômage

Article 27, 7° : conditions d’admissibilité = conditions de stage qu’un chômeur doit remplir
pour pouvoir bénéficier de l’assurance chômage.

L’admissibilité au bénéfice des allocations de chômage est subordonnée à


l’accomplissement d’une période de stage (travail) ou aux études.

Pour satisfaire à la condition de stage, il faut avoir travaillé en qualité de


salarié pendant une certaine durée (un nombre de journées) au cours de la
période précédant la demande d’allocations (la période de référence)
(articles 30 à 33).
- travailleurs à temps plein
3 régimes d’indemnisation: - travailleurs à temps partiel
- étudiants

Année académique 2022-2023 55


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1. Admissibilité comme travailleur à temps plein

Le travailleur est admissible à condition qu’il totalise un nombre suffisant de journées de travail
au cours de la période de référence :

La réglementation prévoit différents assouplissements de nature à faciliter l’admissibilité:

- le travailleur qui ne satisfait pas à la condition de stage dans sa catégorie d’âge est admis
s’il répond à la condition prévue pour une catégorie d’âge supérieure

- le travailleur de 36 ans au moins peut aussi être admis sur base de son passé
professionnel:

o soit s’il justifie de la moitié au moins du nombre de journées requis dans sa


catégorie d’âge, et, en outre, de 1.560 journées au cours des 10 années précédant la
période de référence ;
o soit s’il justifie des 2/3 au moins du nombre de journées requis dans sa catégorie
d’âge, et, en outre, pour chaque journée manquante, de 8 journées de travail au cours
de la période de 10 ans précédant la période de référence.

Sous réserves de certaines assimilations, ne sont prises en considération que :


- les journées de travail effectif dans une profession assujettie à la sécurité sociale des
travailleurs salariés;
- qui ont été rémunérées à concurrence au moins du salaire minimum fixé;
- qui ont donné lieu aux retenues réglementaires pour la sécurité sociale.

Pour la comptabilisation des journées de travail, différentes périodes sont assimilées à des jours
de travail.

Exemples :
- journées indemnisées dans le cadre de la législation sur l’assurance obligatoire soins de
santé et indemnités ;
- journées indemnisées dans le cadre de la législation sur la réparation des accidents du
travail ;
- jours de vacances couverts par un pécule de vacances ;
- jours fériés légaux ;
- jours de repos compensatoires.

La période de référence est suspendue pendant la durée de certains événements.

Année académique 2022-2023 56


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Ces périodes ne sont donc pas assimilées à des journées de travail mais ont pour conséquence
que la période de référence est prolongée à due concurrence.

Exemples :
- emprisonnement;
- exercice d'une profession indépendante (minimum 6 mois/maximum 15 ans);
- interruption de carrière.

Le travailleur qui, au cours des 3 ans qui précèdent la demande d’allocations, a déjà été
bénéficiaire d’allocations de chômage pour un jour au moins, est réadmis (dans le régime
d’indemnisation qui était le sien en dernier lieu), sans devoir démontrer qu’il satisfait à la
condition de stage.

La qualité de bénéficiaire est donc conservée pendant 3 ans (à partir de la dernière


indemnisation), même si, pendant cette période, le travailleur n’a pas été assujetti à la sécurité
sociale, secteur chômage.

La période de 3 ans est dans certains cas prolongée.

Pour ne pas décourager le travail à temps partiel, l’article 29 de l’arrêté royal portant
réglementation du chômage prévoit la possibilité pour le travailleur qui accepte un emploi à
temps partiel, et qui à ce moment répond aux conditions d’admissibilité et d’octroi comme
travailleur à temps plein, de bénéficier d’un statut de « travailleur à temps partiel avec
maintien des droits ».

Ce statut permet, à la fin du contrat de travail à temps partiel, d’être admis comme travailleur à
temps plein.

Une demande de reconnaissance du statut doit être introduite dans les deux mois du début de
l’activité à temps partiel.

2. Admissibilité comme travailleur à temps partiel

Le travailleur à temps partiel n’est pas indemnisé pour tous les jours de la semaine mais
seulement en proportion de ce qu’était son régime de travail à temps partiel.

Le travailleur est admissible à condition qu’il totalise un nombre suffisant de demi-journées


de travail au cours de la période de référence (le nombre de demi-journées est identique au
nombre de journées qui doit être atteint pour être admis à temps plein, mais la période de
référence est plus longue de 6 mois):

Nombre de demi- Période de référence


journées
(1/2 jour = 3,77
heures)

Moins de 36 ans 312 27 mois

36 à 49 ans 468 39 mois

50 ans et plus 624 48 mois

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3. Admissibilité sur base des études (article 36)

L’admissibilité sur base des études débouche sur l’octroi d’allocations d’insertion.

Pour bénéficier de celles-ci, il faut:


- ne plus être soumis à l’obligation scolaire (on est soumis à l’obligation scolaire jusqu’à
l’âge de 18 ans ou jusqu’au 30 juin de l’année du 18e anniversaire si cet anniversaire
tombe après le 30 juin);

- sauf exception, ne pas avoir atteint l’âge de 25 ans au moment de la demande


d’allocations (jurisprudence selon laquelle l’arrêté royal du 30 décembre 2014, qui a
ramené à 25 ans l’âge limite permettant de bénéficier des allocations d’insertion porte
atteinte à la protection sociale; auparavant, on avait jusqu’au 30e anniversaire);

- avoir terminé certaines études ou formations (études qui ouvrent le droit): il faut avoir
suivi l’année scolaire complète, avoir accompli tous les stages et travaux pratiques
éventuels et avoir présenté les examens; il ne faut pas avoir réussi les études requises;

- si on a moins de 21 ans au moment de la demande d’allocations, il faut être en possession


d’un diplôme (la liste des diplômes, attestations et certificats est contenue à l’article 36,
§ 1/1, alinéa 1er, 3°, de l’arrêté royal);

- avoir accompli un stage d’insertion professionnelle de 310 jours (excepté les dimanche,
ce qui représente un an), durant lequel il faut être inscrit comme demandeur d’emploi
et rechercher activement un emploi (en cas de formation en alternance, le stage
d’insertion professionnelle est réduit).

Section 3 Octroi des allocations de chômage

Pour bénéficier des allocations de chômage, il faut aussi répondre aux conditions d’octroi
(article 27, 8° : conditions qu’un chômeur admissible au bénéfice des allocations doit remplir
pour pouvoir les obtenir effectivement), c’est-à-dire :

1. se trouver involontairement au chômage

Le chômage ne peut résulter de « circonstances dépendant de la volonté du travailleur ».

Il y a chômage volontaire notamment en cas :


- d’abandon d’un emploi convenable sans motif légitime ;
- de licenciement pour un « motif équitable »;
- de défaut de présentation, sans justification suffisante, auprès d’un employeur, si le
chômeur a été invité par le SRE à se présenter auprès de cet employeur ;
- de refus d’un emploi convenable ( aux articles 22 à 32 de l’arrêté ministériel, sont
énumérés différents critères permettant de définir un « emploi convenable »);
- de défaut de présentation, sans justification suffisante, au service de l’emploi et/ou de
la formation professionnelle compétent, si le chômeur a été invité à se présenter ;
- de refus, d’arrêt ou d’échec d’un plan d'action individuel proposé par le SRE.

Année académique 2022-2023 58


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Le caractère involontaire du chômage est, en principe, une condition d’octroi des allocations de
chômage.

Pourtant, le fait de se trouver dans l’une des hypothèses de chômage volontaire ne se


traduit pas par un refus pur et simple d’octroi des allocations mais par une exclusion
temporaire (4 à 26 semaines en cas de licenciement pour motif équitable / 4 à 52 semaines
dans les autres cas).

Diverses possibilités d’adaptations sont prévues en fonction des circonstances :


- des sanctions plus lourdes peuvent être d’application en cas de récidive (dans l’année
ou les 2 ans suivant l’événement ayant donné lieu à une première sanction);
- des sanctions plus lourdes peuvent être appliquées en cas de comportement intentionnel;
- les sanctions peuvent être assorties d’un sursis ;
- l’exclusion peut être remplacée par un simple avertissement.

Le chômeur « volontaire » est indemnisable au terme de la période de sanction.

2. être disponible pour le marché du travail

La disponibilité pour le marché de l’emploi implique qu’un chômeur doit être prêt à accepter
tout emploi convenable; le chômeur qui n’est pas disposé à accepter tout emploi convenable
du fait qu’il soumet sa remise au travail à des réserves qui, compte tenu des critères de l’emploi
convenable, ne sont pas fondées, est considéré comme indisponible pour le marché de l’emploi
(il ne peut donc pas prétendre aux allocations de chômage).

En cas d’indisponibilité, le chômeur est exclu à partir du jour où il a émis des réserves, et cette
exclusion vaut pour toute la durée de l’indisponibilité (tant que le chômeur maintient les
réserves).

Pour le chômeur de plus de 60, une disponibilité adaptée est prévue:


- il doit rester inscrit comme demandeur d’emploi;
- il n’est pas soumis à l’obligation de recherche active d’emploi;
- après 9 mois de chômage, il doit collaborer à un accompagnement adapté, sous forme
d’un « plan d’action individuel »

Une dispense de disponibilité adaptée est prévue pour les longues carrières.

3. être inscrit comme demandeur d’emploi

Pour bénéficier des allocations, il faut être inscrit comme demandeur d’emploi auprès du SRE
compétent.

L’inscription est radiée d’office et le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations de
chômage (!):
- s’il n’est plus disponible pour le marché de l’emploi ;
- s’il ne donne pas suite aux convocations du SRE;
- s’il n’a pas informé le SRE de son changement d’adresse.

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4. rechercher activement du travail

Ce sont les organismes régionaux (FOREM, VDAB, ACTIRIS et ADG) qui contrôlent la
disponibilité active des chômeurs de leur ressort (le SRE évalue périodiquement la disponibilité
active du chômeur).

Le chômeur a l’obligation:
- de participer aux actions proposées par le SRE, avec lequel il conclut un Projet
d’accompagnement individualisé (PAI) ;
- de rechercher du travail par lui-même (démarches personnelles de recherche
d’emploi).

Les chômeurs qui présentent des difficultés particulières liées à des « facteurs psycho-
médicosociaux » ou qui présentent une incapacité permanente de 33 % au moins peuvent être
dispensés de la procédure (ordinaire), à condition qu’ils concluent avec le SRE un « trajet
d'accompagnement spécifique » ou un trajet adapté à leur état de santé.

L’article 58/3 de l’arrêté royal énumère différentes hypothèses (ex: grossesse) dans lesquelles
la procédure de recherche d’emploi est suspendue.

Des sanctions sont d’application en cas d’évaluation négative.

5. être apte au travail

Pour bénéficier des allocations de chômage, il faut être apte au travail au sens de la législation
sur l’assurance obligatoire contre la maladie et l’invalidité: il faut que la capacité de gain
du chômeur ne soit pas réduite de 66 % au moins (article 100 de la loi relative à l’assurance
obligatoire soins de santé et indemnités coordonnée le 14 juillet 1994).

Perd le droit aux allocations de chômage le travailleur qui, sur avis d’un médecin de l’ONEM,
est considéré comme inapte.

L’intéressé peut alors solliciter le bénéfice de l’assurance maladie-invalidité.


S’il conteste la décision de l’ONEM, l’organisme assureur intervient à titre provisoire, et, en
cas de décision reconnaissant l’aptitude au travail, l’ONEM rembourse à l’organisme assureur
les indemnités versées entre-temps par ce dernier (dans la limite du montant des allocations de
chômage qui sont dues).

6. Être en âge de travailler // ne pas avoir dépassé 65 ans

Articles 63, §1er : le chômeur ne peut bénéficier des allocations avant la fin de l’obligation
scolaire.

Article 64 : le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations à partir de son 65ème
anniversaire

7. résider en Belgique

Pour bénéficier des allocations de chômage, le chômeur doit avoir sa résidence principale en
Belgique et doit résider effectivement en Belgique.

Année académique 2022-2023 60


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Quelques exceptions sont prévues (notamment pendant la période de vacances annuelles


mentionnée comme telle par le chômeur sur sa carte de contrôle).

Le chômeur a la possibilité de se rendre temporairement (maximum 3 mois) dans un autre


État membre de l’UE pour y chercher un emploi.

8. se soumettre aux mesures de contrôle // respecter les mesures de contrôle

Le contrôle se fait au moyen d’une carte de contrôle que l’organisme de paiement remet
chaque mois au chômeur.

La carte de pointage a un équivalent électronique.

Sur la carte, apparaît une case pour chaque jour; le chômeur doit y mentionner les jours de
vacances, les jours d’incapacité et les jours de travail.

Les jours de travail (pour un tiers ou pour son propre compte) doivent être mentionnés sur la
carte, à l’encre indélébile, avant le début de l’activité et quelle qu’en soit la durée.

L’exécution d’une activité sans indication préalable sur la carte de contrôle est passible d’une
sanction d’exclusion (de 1 à 26 semaines).

9. être privé de travail

Le chômeur ne peut en principe pas travailler.

L'article 45 de l'arrêté royal du 25 novembre 1991 définit ce qu'il y a lieu d'entendre par travail
; il s'agit d'une définition spécifique à la réglementation du chômage.

Le premier alinéa de l'article 45 distingue deux catégories d'activités a priori incompatibles avec
l'octroi des allocations de chômage :
- l'activité effectuée pour son propre compte, qui peut être intégrée dans le courant des
échanges économiques de biens et de services, et qui n'est pas limitée à la gestion
normale des biens propres;
- l'activité effectuée pour un tiers et qui procure au travailleur une rémunération ou un
avantage matériel de nature à contribuer à sa subsistance ou à celle de sa famille (en
vertu de la réglementation, toute activité effectuée pour le compte d'un tiers est
présumée, jusqu'à preuve du contraire, procurer une rémunération ou un avantage
matériel).

Moyennant déclaration lors de la demande d’allocations, la poursuite d’une activité


accessoire est possible sous certaines conditions (article 48 de l’arrêté royal portant
réglementation du chômage) :

- l’activité doit avoir été déclarée à l’ONEM;


- l’activité doit avoir déjà été exercée pendant 3 mois au moins lorsque le chômeur était
occupé comme travailleur salarié;
- l’activité doit être exercée principalement après 18 heures et avant 7 heures;
- certaines activités sont exclues (not. Horeca).

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L’article 48, § 1bis permet au chômeur de conserver son droit aux allocations de chômage
pendant 12 mois durant l’exercice d’une activité accessoire en qualité d’indépendant («
tremplin-indépendants »), sous certaines conditions.

10. être privé de rémunération

La réglementation donne des exemples de sommes qui ne peuvent être cumulées avec les
allocations de chômage.

Est notamment incompatible avec les allocations de chômage, « l'indemnité, à laquelle le


travailleur peut prétendre du fait de la rupture du contrat de travail, y compris les indemnités
dans le cadre d'une clause de non-concurrence et l'indemnité d'éviction à l'exception de
l'indemnité pour dommage moral et de l'indemnité qui est octroyée en complément de
l'allocation de chômage ».

Chapitre III - Pensions de retraite et soins de santé

Exclusivement le régime des travailleurs salariés.


Le régime de pension est composé de 3 piliers. Il y a un premier légal qui est la pension légale.
Pilier qui relève de la sécurité sociale
Deuxième pilier : régime de pension extralégale qui va être alimentée de manière collective
par l’employeur. L’entreprise qui nous emploie va pouvoir nous constituer une deuxième
pension
Troisième pilier, pension non obligatoire, pension complémentaires constituées
individuellement.
On va pouvoir additionner plusieurs choses et avoir ainsi différents revenus.

Capitalisation : versement de montants, une fois que l’âge requis sera atteint, on bénéficiera
d’une rente qu’on aura accumulé.

Section 1 Vue d’ensemble

1. Un système structuré en trois piliers

1) premier pilier : les pensions obligatoires (ou légales), organisées par la sécurité sociale

2) deuxième pilier : les pensions complémentaires (ou extralégales) organisées collectivement


par les entreprises: ce sont tous les plans de pension qui sont mis en place par les employeurs
au bénéfice des membres de leur personnel ou d’une partie des membres de leur personnel (les
indépendants peuvent également se constituer une pension du deuxième pilier)

3) troisième pilier : les pensions complémentaires constituées individuellement par les


travailleurs au moyen de leur épargne personnelle auprès d’une banque ou d’une compagnie
d’assurance

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2. Capitalisation vs répartition
La différence fondamentale entre les pensions légales et les pensions extralégales, c’est que les
pensions extralégales sont financées par capitalisation, tandis que les pensions du premier pilier
sont financées par répartition:

- dans les pensions extralégales (deuxième et troisième piliers), le financement s’opère


par capitalisation: les pensions extralégales sont financées par des primes qui sont
versées à échéances régulières à une banque ou à un assureur (un capital se constitue
petit à petit et une fois arrivé à l’âge de la retraite, on percevra une rente dont le montant
va dépendre de l’importance des sommes qui ont pu être accumulées au fil des années)
à logique de prévoyance individuelle: on épargne pour soi-même

- dans les pensions légales (premier pilier), le financement s’opère par répartition: les
cotisations sociales qui sont versées par les travailleurs en activité sont directement
utilisées pour payer les pensions des personnes qui sont actuellement à la retraite
contrairement aux primes d’assurance, les cotisations sociales ne sont pas placées sur
les marchés financiers ; elles sont immédiatement redistribuées (dans le langage
courant, on dit qu’on cotise pour sa pension, mais en réalité, c’est faux: techniquement,
les travailleurs actifs ne financent pas leur propre pension ; ils financent celles des
pensionnés) à logique de solidarité entre les générations

3. Quel avenir à long terme ?


(Très) schématiquement, deux grands scénarios en concurrence pour l’avenir :

• certains, qui considèrent que le financement par répartition est devenu intenable à long
terme, proposent de réduire les pensions légales à une protection sociale de base: les
pensions du premier pilier seraient réduites à une protection de base et il reviendrait à
chacun de compléter ce socle de base par une pension à on réduirait les pensions
légales à une protection sociale de base et on soutiendrait (para)fiscalement les
pensions par capitalisation
• d’autres font valoir que le développement des deuxième et troisième piliers, au
détriment des pensions légales, est une solution très inégalitaire, parce que la spécificité
des pensions complémentaires est qu’il faut pouvoir se les payer; ces « défenseurs de la
sécurité sociale » plaident pour une revalorisation des pensions légales à on cesserait
d’affecter plus de ressources fiscales au deuxième et au troisième piliers et on
utiliserait ces ressources pour consolider le financement des pensions par
répartition

4. Les pensions légales des salariés

Siège de la matière (3) :


o arrêté royal n° 50 du 24 octobre 1967 relatif à la pension de retraite et de survie des
travailleurs salariés (AR n° 50)

o arrêté royal du 21 décembre 1967 portant règlement général du régime de pension de


retraite et de survie des travailleurs salariés (AR 1967)

o arrêté royal du 23 décembre 1996 portant exécution des articles 15, 16 et 17 de la loi du
26 juillet 1996 portant modernisation de la sécurité sociale et assurant la viabilité des
régimes légaux des pensions (AR 1996)

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Prise en charge de deux risques sociaux distincts :


- la vieillesse (pensions de retraite);
- le veuvage (pensions de survie – en voie de démantèlement).

5. Organisme compétent

Le Service fédéral des pensions statue sur les demandes et paie les prestations (AR n° 50, art.
41, al. 1er)
Auto-saisine du SFP lors de l’atteinte de l’âge de la retraite par un travailleur salarié (AR
1967, art. 10, §3ter): le droit à pension de retraite de la personne qui atteint l'âge de la
pension dont l'activité professionnelle a entraîné son assujettissement au régime de
pension des travailleurs salariés est examiné d’office.

Section 2 Le champ d’application personnel

1. Le principe

L’arrêté royal n° 50 pose comme principe de base que le système de pension des travailleurs
salariés couvre tous les travailleurs assujettis à la loi du 27 juin 1969, soit, essentiellement,
les travailleurs occupés dans les liens d’un contrat de travail (AR n° 50, art. 1er, al. 1er, 1° et
al. 2) à sont couverts les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale général à
connexion étroite entre le champ d’application personnel de la protection et le paiement des
cotisations sociales dans le régime des salariés.

2. Les extensions

La coïncidence entre le champ d’application et l’assujettissement n’est pas totale: le Roi a été
habilité à étendre le champ d’application (AR n° 50, art. 3, al. 1er, 2° et al. 2) à il existe un
certain nombre de possibilités de s’ouvrir des droits à la pension au moyen de périodes qui
n’ont pas été assujetties, et qui donc, vu le principe de base, ne sont normalement pas prises en
compte pour le calcul de la pension.

Le Roi a fait usage de cette habilitation dans l’arrêté d’exécution de l’arrêté royal n° 50.
Le point commun des diverses extensions qui sont prévues par l’arrêté d’exécution, c’est que
ces extensions sont facultatives pour les intéressés: il faut demander à en bénéficier.

Il faut payer volontairement des cotisations pour compenser le non assujettissement: les
périodes qui sont énumérées par l’arrêté d’exécution peuvent être régularisées et intégrées dans
la carrière professionnelle à la condition que le bénéficiaire paie la partie des cotisations
personnelles qui est prévue pour la branche pensions (7,5% de cotisations sur un salaire fictif,
qui est fixé au niveau du salaire minimum).

Section 3 Les conditions d’octroi de la pension de retraite

Conditions (2) :
- Une condition d’âge ;
- Une condition d’activité.

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1. Avoir atteint l’âge de la retraite


a) L’âge légal de la retraite

AR 1996, art. 2, §1er

Depuis 2009 : 65 ans, pour les hommes comme pour les femmes

Pendant très longtemps, l’âge de la pension était fixé à 65 ans pour les hommes et à 60 ans pour
les femmes; cette différence de traitement a persisté pendant très longtemps mais a fini par être
jugée discriminatoire par la Cour de justice de l’Union européenne.

Finalement, l’âge de l’accès à la pension des femmes a été relevé par étapes, de manière à être
aligné sur celui des hommes; depuis 2009, ce processus de rattrapage est terminé: l’âge du
départ à la retraite est de 65 ans pour tout le monde.

Report à 66 ans en 2025 et 67 ans en 2030:

« Art. 2.§ 1. La pension de retraite prend cours le premier jour du mois qui suit celui au cours
duquel l'intéressé en fait la demande et au plus tôt le premier jour du mois qui suit celui au
cours duquel il atteint l'âge de la pension. L'âge de la pension est de
1° 65 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tard le 1er janvier 2025;
2° 66 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tôt le 1er février 2025 et au plus tard le 1er janvier 2030;
3° 67 ans pour les pensions qui prennent cours effectivement et pour la première fois au plus
tôt le 1er février 2030. »

! On n’est pas obligé de prendre sa pension à 65 ans: on peut continuer à travailler si on le


souhaite (pour autant, évidemment, que l’employeur ne mette pas un terme à l’occupation):
l’occupation ne prend pas automatiquement fin du fait de l’arrivée à l’âge légal de la pension.

Si on continue à travailler au-delà de 65 ans, ça ne va pas nécessairement nous donner droit à


une pension plus élevée: une pension complète est calculée sur la base d’une carrière de 45 ans;
si on travaille pendant 60 ans, on n’aura pas droit à une pension calculée sur 60 années de
travail; la seule chose que cela peut permettre, c’est de remplacer les années qui ont été moins
favorables sur le plan de la rémunération par les années qui ont été plus favorables.

b) La retraite anticipée

Moyennant le respect de certaines conditions, il est possible de partir à la pension plus tôt.

Les travailleurs salariés sont autorisés à prendre une retraite anticipée à partir de l’âge de 63
ans, pour autant qu’ils justifient d’une carrière dite suffisante (alors que si on attend l’âge
légal de la retraite, il n’y a pas d’exigence à satisfaire en termes de durée minimale de carrière).

Si on part à la pension avant d’avoir atteint l’âge légal, avec une carrière seulement suffisante,
la pension sera moins élevée que si on partait à la pension avec une carrière complète.

AR 1996, art. 4

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Âge et durée de carrière minimaux pour pouvoir prendre une pension anticipée:
- 60 ans et 44 années de carrière
- 61 ans et 43 années de carrière
- 62 ans et 43 années de carrière
- 63 ans et 42 années de carrière

c) Le chômage avec complément d’entreprise (anciennement prépension)

Le RCC ne relève pas de la branche des pensions, mais de l’assurance chômage: un


prépensionné n’est pas un pensionné; c’est un chômeur (c’est un travailleur âgé qui a été
licencié et qui est au chômage mais qui est dispensé de l’obligation d’être disponible pour le
marché de l’emploi).

Pour prétendre au RCC, il faut être (4) licencié par son employeur (1) et remplir des
conditions (3) d'âge, d'ancienneté et d'admissibilité aux allocations de chômage.

Les bénéficiaires d’un RCC perçoivent une allocation de chômage, à charge de l’ONEm, +
une indemnité complémentaire à charge de leur ancien employeur (le montant minimum
légal du complément d'entreprise correspond à la moitié de la différence entre la rémunération
nette de référence et les allocations de chômage (CCT n°17, art. 5)).

→ Chômage avec complément d'entreprise = allocation de chômage + indemnité


complémentaire payée par l'employeur.

2. Réduire ses activités professionnelles

Une condition (de paiement, techniquement: l’interruption de ses activités professionnelles


n’est pas une condition d’octroi mais une condition de paiement de la pension) en voie de
disparition?

a) Le principe ( ?)

Sauf dans les conditions déterminées par le Roi, la pension n’est payable que si le bénéficiaire
n’exerce pas d’activité professionnelle (AR n° 50, art. 25, al. 1er).

Par activité professionnelle, il faut entendre toute activité susceptible de produire des
revenus (AR 1967, art. 64, §1er, al. 1er) à définition très large.

b) L’activité autorisée

Le bénéficiaire d’une pension est autorisé à exercer une activité professionnelle pour autant que
le revenu ne dépasse pas certains plafonds (AR 1967, art. 64, §2 et 3).

Les limites ne sont pas fixées en fonction du temps consacré à l’activité qui est menée: ce qui
compte, c’est uniquement les revenus que cette activité dégage.

Il existe différents plafonds, qui varient selon plusieurs paramètres (6) :


- son âge (ou celui de son conjoint qui reçoit des revenus professionnels si on reçoit une
pension au taux de ménage);
Année académique 2022-2023 66
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- le nombre d'années pendant lesquelles on a travaillé avant de prendre sa pension ;


- la charge éventuelle d'enfants ;
- l'année civile au cours de laquelle on a reçu des revenus professionnels ;
- la nature de l’activité professionnelle ;
- la date de prise de cours de la pension.

On peut cumuler sa pension de retraite avec des revenus professionnels sans limitation (AR
1967, art. 64, §4):
- si on a une carrière de 45 ans à la date où on a pris sa pension ;
- ou à partir du 1er janvier de l’année où on atteint l’âge légal de la pension (65 ans
actuellement).

Dans tous les autres cas, il faut limiter ses revenus professionnels aux montants autorisés.

Discussions autour de la question de savoir s’il ne faudrait pas augmenter, voire même
supprimer, ces plafonds (ce qui est déjà fait au-delà de l’âge de 65 ans et pour les très longues
carrières):

- certains défendent l’idée qu’il faut encourager les pensionnés qui le veulent à continuer
à travailler après l’âge de la retraite, parce que cela permet aux pensionnés d’augmenter
leurs revenus et qu’accessoirement, cela finance la sécurité sociale, puisque des
cotisations sociales sont prélevées sur ce travail;

- d’autres craignent que la suppression des limites au travail autorisé serve de prétexte
pour ne pas revaloriser le montant des pensions légales: si on supprime les plafonds, on
risque, dans les faits, d’avoir tendance à présupposer que la pension légale n’est qu’une
base et que, pour disposer d’un revenu total suffisant, cette base devra être complétée,

Année académique 2022-2023 67


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sinon par une pension complémentaire, par du travail; or, si pour certaines catégories
professionnelles, il se peut que continuer à travailler ne soit pas un problème, pour
d’autres métiers, il est parfois physiquement impossible de continuer à travailler au-delà
de 65 ans; par ailleurs, il peut être considéré que, dans une société qui connaît le
chômage de masse, il y a d’autres priorités que de permettre à ceux qui ont déjà travaillé
toute leur vie de continuer à travailler (le travail des pensionnés pourrait se faire au
détriment d’autres personnes qui sont toujours en attente d’un emploi).

Section 4 Le calcul de la pension de retraite

Le montant de la pension légale de retraite des salariés dépend principalement de la durée de la


carrière professionnelle, ainsi que des rémunérations perçues durant cette carrière.

En plus de cela, le montant de la pension est aussi modalisé en fonction d’un troisième facteur:
la situation familiale.

à Trois variables : carrière professionnelle, rémunérations, situation familiale.

La pension légale de retraite s’élève à un certain pourcentage de la moyenne des


rémunérations gagnées au cours de la carrière professionnelle (le pourcentage varie en
fonction de la situation familiale).

1. La carrière professionnelle

a) Les périodes de travail assimilées

La carrière est tout d’abord constituée des périodes d’activité professionnelle qui ont été
accomplies en tant que travailleur salarié.

Mais la carrière professionnelle est aussi constituée de toute une série de périodes d’inactivité
qui sont assimilées — pour le calcul de la pension — à des périodes de travail (AR n° 50,
art. 8).

La liste des périodes dites assimilées est assez longue (AR 1967, article 34). Elle comprend
principalement les périodes durant lesquelles le travailleur a bénéficié d’un revenu de
remplacement alloué par la sécurité sociale (périodes de chômage indemnisé, périodes
d’incapacité de travail, périodes de congé de maternité, etc.).

à du point de vue des pensions, le compteur de la carrière professionnelle tourne lorsque l’on
travaille en tant que salarié mais aussi lorsque l’on bénéfice d’un revenu de remplacement.

è RAPPEL : A côté des périodes de travail et des périodes d’inactivité assimilées à du travail,
il ne faut pas perdre de vue la possibilité de compléter la carrière professionnelle au moyen de
ses années d’études. Comme telles, les années d’études ne font pas partie des périodes
assimilées à proprement parler, lesquelles sont automatiquement prises en compte, tandis que
les années d’étude supposent une démarche volontaire et supposent le paiement de cotisations
sociales pour être régularisées et intégrées dans la carrière professionnelle.

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b) La durée de la carrière

Il n’y a pas de durée minimale de carrière qui est exigée pour avoir droit à une pension (sauf
dans le cas de la retraite anticipée).

à en dehors de l’hypothèse de la retraite anticipée, on n’exige pas de durée minimale.

Mais la durée de la carrière va évidemment influencer considérablement le montant de la


pension.

Une carrière complète compte 45 ans (14.040 jours): quand la carrière compte 14.040 jours
temps plein - soit 45 années de 312 jours (14.040 = 45 x 312), on parle d’une « carrière
complète » à chaque année de travail donne droit à 1/45e d’une pension complète

AR 1996, art. 5, §1er, al. 2: « La fraction correspondant à chaque année civile a pour
numérateur l'unité et pour dénominateur le nombre 45. ».

Si la carrière compte plus de 14.040 jours (carrière complète) :


- ce sont les 14.040 jours qui rapportent le plus qui sont utilisés pour le calcul de la
pension, que ce soient des jours de travail ou des jours d’inactivité;
- le SFP tient également compte des jours de travail réellement prestés s’ils sont situés
après les 14.040 premiers jours de la carrière: depuis le 1er janvier 2019, même si la
carrière comporte plus de 14.040 équivalents temps plein (ETP), la pension est attribuée
tenant compte des périodes de travail qui ont été effectivement prestées au-delà de la
limite de 14.040 ETP.

à les personnes qui travaillent plus qu'une carrière complète sont récompensées: en cas de
dépassement de « l'unité » (45 ans de carrière), le SFP octroie des droits supplémentaires à la
pension pour les jours de travail effectif (les jours de travail après 14.040 jours ne sont donc
plus exclus, comme c’était le cas auparavant).

En revanche, dans le cas d'un dépassement de l'unité avec des jours assimilés, jours assimilés
en question ne génèrent pas de droits de pension supplémentaires.

2. La rémunération

a) Rémunération réelle ou rémunération fictive

La rémunération sur la base de laquelle la pension est calculée n’est pas la même pour les
périodes de travail et pour les périodes assimilées.

Pour les périodes d’activité professionnelle : prise en compte de la rémunération réelle


brute (AR 1967, art. 22) à pour les périodes de travail, le calcul de la pension se fait sur la
base de la rémunération réelle brute perçue.

Pour les périodes assimilées : prise en compte, non pas de l’allocation sociale, mais de la
rémunération afférente à l’année civile précédente (AR 1967, art. 24bis, point 1, al. 1er).
Principales exceptions : depuis 2012, valorisation sur la base du salaire minimum des troisièmes
périodes de chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6) et, depuis 2019, des deuxièmes périodes de

Année académique 2022-2023 69


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chômage (AR 1967, art. 24bis, point 6°bis) ainsi que des périodes de chômage avec complément
d’entreprise (AR 1967, art. 24bis, point 7°bis) àl’idée est de valoriser le travail.

b) Plafond

La pension est proportionnelle aux rémunérations perçues — ou que l’on est censé avoir
perçues – mais, pour le calcul de la pension, ces rémunérations sont plafonnées: la partie de la
rémunération qui dépasse un certain seuil n’est pas prise en considération pour le calcul de la
pension: il n’est pas tenu compte de la part du total des rémunérations de chaque année qui
dépasse le plafond annuel (AR n° 50, art. 7, al. 3)

à les travailleurs qui ont eu un haut salaire touchent une pension proportionnellement plus
basse que les travailleurs à bas et à moyens salaires, au regard de leur niveau de revenu
antérieur: pour eux, le taux de remplacement effectif est moins élevé (d’où, pour ces
travailleurs, l’attrait exercé par les pensions complémentaires: le cumul d’une pension légale et
d’une pension complémentaire est le seul moyen de maintenir leur niveau de vie)

Pour une pension de salarié, le législateur limite actuellement le salaire annuel à 63.944,74 €
brut: si le salaire est supérieur à ce montant, il ne permet pas une pension plus importante.

c) Réévaluation

Toutes les rémunérations (plafonnées) prises en compte, qu’elles soient réelles ou fictives, sont
réévaluées au moment de l’octroi de la pension sur la base de l’évolution de l’indice des prix à
la consommation, c’est-à-dire l’index (AR n° 50, art. 29bis, §1)

on prend toutes les rémunérations des années sur la base desquelles la pension va être calculée
et on applique à ces rémunérations l’index qui est en vigueur au moment où la pension est
accordée

Exemple: un travailleur est pensionné en 2022; sa pension va être calculée sur la rémunération
qu’il a touchée entre les années 1980 — début de sa carrière professionnelle — et aujourd’hui;
la rémunération de, disons, 1.500 euros bruts par mois touchée pendant l’année 1984 va être «
convertie », pour le calcul de sa pension vu l’évolution de l’index entre 1984 et aujourd’hui

Cette réévaluation sur la base de l’index permet de neutraliser les effets de l’inflation.

3. La situation familiale

Après la carrière professionnelle et après la rémunération, il y a encore un troisième et dernier


élément qui intervient pour le calcul de la pension: c’est la situation familiale du pensionné.

Dans la branche des pensions, régime des salariés, il existe deux catégories — et donc deux
taux — différentes (AR 1996, art. 5, §1er, al. 1er):
- le taux ménage;
- le taux isolé.

Attention : ces catégories ne correspondent pas, par exemple, aux catégories de l’assurance
chômage (chaque branche est dotée de sa propre législation et chaque branche dispose de ses
propres catégories, même s’il y a, pour un certain nombre de branches, des convergences).

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a) Taux dit « ménage »

Dans le régime des pensions, le taux ménage est accordé aux pensionnés qui sont mariés, pour
autant que le conjoint du pensionné ait lui aussi cessé ses activités professionnelles et pour
autant que ce conjoint ne perçoive pas de revenu de remplacement,

à le taux ménage est accordé uniquement aux couples mariés à l’intérieur desquels le
pensionné est la seule source de revenus du ménage.

Dans ce cas, le couple perçoit une pension unique, pension unique qui est calculée au taux de
75%.

b) Taux dit « isolé »

Dans tous les autres cas, on octroie le taux isolé.

Cette appellation est un peu trompeuse, parce que ce taux n’est pas accordé uniquement aux
pensionnés qui vivent seuls, comme c’est le cas en assurance chômage: en pensions, le taux
isolé est accordé à tous les retraités qui n’entrent pas dans la catégorie restreinte des ménages.

à le taux dit « isolé » est accordé aux personnes seules, mais aussi à tous les couples non
mariés, et aussi à tous les couples mariés au sein desquels l’un des deux conjoints travaille
encore ou perçoit lui aussi une pension.

Pour ces retraités, le taux de remplacement est de 60%.

4. Le mode de calcul

a) Le calcul

Pour l’essentiel, calculer une pension consiste à faire une série d’additions et de fractions.

Étapes successives (AR n° 50, art. 7, al. 1er et AR 1996, art. 5, §1er) :
1) Réévaluation de la rémunération – réelle ou fictive, mais toujours plafonnée – de
chaque année de la carrière professionnelle (+ index)

Pour la première étape, on prend la rémunération perçue — ou que l’on est censé avoir perçue
— pour chaque année de carrière.

Cette rémunération est plafonnée.

On prend cette rémunération plafonnée et on la réévalue en fonction de l’index applicable au


moment du calcul de la pension.

On répète la même opération pour chaque année de carrière.

à on additionne les salaires réels et fictifs sur base annuelle;


à on compare le salaire total sur base annuelle avec le plafond salarial (si le salaire total
sur base annuelle est supérieur au plafond salarial, on limite le salaire total à ce plafond);
à on revalorise le salaire total sur base annuelle grâce à l’index.

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2) Addition des résultats de chaque année et division de la somme par 45, pour
obtenir la rémunération moyenne perçue au cours de l’ensemble de la carrière

On additionne ensuite les résultats de chaque année et on divise le tout par 45 (puisque la
pension est calculée sur la base d’une carrière professionnelle de 45 ans).

En faisant cette division, on obtient le montant de la rémunération moyenne que l’on a perçue
au cours de sa carrière.

C’est là que l’opération peut s’avérer douloureuse si on n’a pas eu une carrière complète
(puisque, quelle que soit l’importance du numérateur, le diviseur est toujours fixé à 45, ce qui
a pour effet de diluer — plus ou moins fortement — le montant de la rémunération moyenne:
plus la carrière est incomplète, plus le montant de la rémunération moyenne sera dilué)…

à si, par exemple on a eu une carrière de seulement 27 ans, la pension ne sera pas calculée sur
la moyenne des rémunérations que l’on a perçues pendant 27 ans, mais sur la moyenne des
rémunérations que l’on a perçues pendant 27 années étalées sur 45 ans.

3) Multiplication de la rémunération moyenne par le taux de remplacement (60 ou


75% selon la situation familiale)

Enfin, on applique le taux de remplacement.

La rémunération moyenne est multipliée par le pourcentage qui est lié à la situation familiale
du pensionné, c’est-à-dire par 0,6 ou 0,75 selon le cas.

à La pension sera égale à 60% ou 75% de la moyenne des rémunérations perçues au cours de
la carrière.

b) La pension minimum

Le législateur garantit une pension plancher aux travailleurs qui ont une carrière complète:
lorsqu’on a travaillé pendant 45 ans, la pension ne peut pas être inférieure à un certain seuil.

à Si, en appliquant toutes les règles de calcul précitées, on aboutit à une pension dont le
montant se situe en-dessous du plancher, ce montant sera rehaussé jusqu’au niveau du plancher.

C’est ce qu’on appelle la pension minimum.

Le droit à cette pension minimum est aussi garanti pour les travailleurs qui peuvent établir une
carrière égale au moins aux 2/3 d’une carrière complète.

Le montant de la pension minimum complète est proratisé en cas de carrière située entre 30 et
44 années.

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Chapitre IV - L’assurance soins de santé

Section 1 Vue d’ensemble

1. L’assurance soins de santé et indemnités (ex-« assurance maladie-invalidité »)

Les soins de santé ne forment pas, à eux seuls, une branche à part entière de notre système de
sécurité sociale: les soins de santé constituent l’un des deux secteurs d’une branche plus
large, qui est l’assurance soins de santé et indemnités (point commun: problèmes de nature
médicale).

è Deux ensembles de prestations distincts :


- la prise en charge des dépenses de santé (revenus de complément) (// allocations
familiales);
- les indemnités d’incapacité de travail et de maternité (revenus de remplacement) (//
chômage, pension)

Siège de la matière : loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités,


coordonnée le 14 juillet 1994 et arrêté royal du 3 juillet 1996 portant exécution de la loi relative
à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités

2. Un mot sur l’assurance indemnités

L’assurance indemnités permet essentiellement d’obtenir des indemnités en cas d’incapacité


de travail et des indemnités de maternité.

Il faut distinguer le régime des travailleurs salariés et le régime des travailleurs


indépendants.

L’article 86, § 1er, de la loi coordonnée du 14 juillet 1994 énumère les bénéficiaires de
l’assurance indemnités dans le régime des salariés (ce sont essentiellement les travailleurs
assujettis au régime de sécurité sociale des travailleurs salariés, secteur indemnités).

Pour bénéficier de l’assurance, il faut satisfaire à une condition supplémentaire de stage (article
128, § 1er, de la loi coordonnée et article 203 de l’arrêté royal du 3 juillet 1996) : on ne bénéficie
pas des prestations dès le premier jour d’assujettissement.

Dans le régime des travailleurs indépendants, la question est réglée par l’article 3 de l’arrêté
royal du 20 juillet 1971 instituant une assurance indemnités et une assurance maternité en
faveur des travailleurs indépendants et des conjoints aidants.

Une période de stage doit également être observée.

3. L’universalité de la couverture santé

Un système unique englobant (quasiment) toute la population: la couverture santé (comme


les allocations familiales) a un champ d’application beaucoup plus large que celui des autres
assurances sociales: il ne s’agit pas de pallier la perte du revenu professionnel mais de permettre
au citoyen de faire face aux charges qui affectent le niveau de vie du fait de dépenses de santé,
ce qui concerne potentiellement tout le monde et pas seulement les travailleurs.
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à Dans la branche santé, on ne retrouve pas la segmentation entre salariés, indépendants et


fonctionnaires statutaires: (presque) toute la population est versée dans un seul et même
système.

4. Les organismes compétents

L’institution publique de sécurité sociale (IPSS) qui supervise l’assurance soins de santé et
indemnités, est l’INAMI.

En-dessous de l’INAMI, on trouve les organismes assureurs (O.A.), lesquels sont en charge
du remboursement des dépenses médicales, sous le contrôle de l’INAMI.

à cinq unions de mutualités privées (UNMS, UNML, UNMN, ANMC) + une caisse publique,
la Caisse auxiliaire d’assurance maladie-invalidité (CAAMI)

Vu les particularités du secteur des soins de santé, le comité de gestion de l’INAMI est
quadripartite:
- délégation syndicale (classique)
- délégation patronale (classique)
- représentants des organismes assureurs à défense des droits des patients
- représentants des dispensateurs de soins.

5. Médecine libérale (>< « médecine d’État »)

En Belgique, le principe de base est celui du libre choix du prestataire de soins (liberté du
patient) à On est libre de s’adresser au médecin, au kiné, au dentiste,. .. de son choix: on va
chez qui on veut.

Ce principe est même explicitement garanti par la loi relative à l’assurance obligatoire soins de
santé (article 127, §1er).

Corrélativement, le médecin jouit d’une liberté quant à l’appréciation du traitement à


prescrire (liberté du prestataire) à On n’impose pas aux prestataires de soins une manière
de traiter un problème médical.

Cette liberté d’appréciation est elle aussi garantie par la loi (article 73, §1er).

Le caractère libéral de l’organisation des soins de santé pose tout le problème de la maîtrise
financière du système.

Le coût d’un système qui repose sur une médecine libérale est beaucoup plus difficile à
contrôler que le coût d’un système qui repose sur une médecine d’État, parce que les patients
vont chez qui ils veulent et que les prestataires prescrivent ce qu’ils veulent.

+ vieillissement de la population (la toute grande majorité des dépenses de santé sont
consacrées aux personnes âgées)

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+ avancées technologiques (la mise au point de nouveaux traitements et de nouveaux


médicaments permet d’améliorer la qualité des soins de santé mais ces nouveaux traitements et
ces nouveaux médicaments ont évidemment un coût).

Des travaux ont récemment été lancés auprès de l’INAMI afin de mettre au point une politique
de soins de santé destinée à apporter des réponses aux défis contemporains tels que le
vieillissement de la population.

à Une réflexion a été menée sur la manière dont l'INAMI peut travailler à la définition des
« objectifs de soins de santé » pour orienter les choix de l’assurance maladie.

L’accessibilité des soins pour le patient est l’élément central de cette nouvelle méthodologie.

Le budget doit tenir compte de la norme de croissance (limites dans lesquelles le budget des
soins de santé peut augmenter chaque année) (relevée à 2,5 % à partir de 2022).

Section 2 Les bénéficiaires

Les bénéficiaires de l’assurance soins de santé sont énumérés à l’article 32 de la loi relative à
l'assurance obligatoire soins de santé et indemnités coordonnée le 14 juillet 1994.

= les titulaires et les personnes à leur charge

à la loi énumère toute une série de catégories de personnes, énumération dont il découle que
la couverture est aujourd’hui quasi-universelle.

1. Les titulaires

Titulaires = personnes qui ouvrent le droit à l’assurance pour elles-mêmes et pour les
personnes qui sont à leur charge.

à ceux qui ont le statut de titulaire se créent des droits pour eux-mêmes, mais aussi pour les
personnes qui dépendent d’eux.

Principales catégories (5) :

a) Les travailleurs

- Les travailleurs assujettis à la sécurité sociale des salariés


- Les agents des services publics
- Les travailleurs indépendants (suppression de la distinction entre « gros risques » et
« petits risques » en 2008: depuis 2008, les indépendants bénéficient de la même
couverture que les salariés et les agents des services publics)

b) Les bénéficiaires d’un revenu de remplacement

Les bénéficiaires d’un revenu de remplacement (allocations de chômage, indemnités


d’incapacité, etc.) sont traités comme les travailleurs: ils sont assimilés à des travailleurs
puisqu’ils touchent une allocation qui remplace l’activité professionnelle.

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c) Les personnes handicapées


d) Les étudiants de l’enseignement supérieur

En général, les étudiants sont bénéficiaires de l’assurance soins de santé en tant que personne à
charge d’un titulaire; ici, on vise les étudiants qui ne dépendent plus d’un titulaire et qui
deviennent eux-mêmes directement titulaires des droits (couverture en tant que titulaire qui est
soumise au paiement d’une cotisation).

e) Les personnes inscrites au Registre national des personnes physiques

Selon le 15° de l’article 32, bénéficient aussi de l’assurance toutes les personnes inscrites au
Registre national des personnes physiques qui ne peuvent être bénéficiaires du droit aux soins
de santé en vertu d'un autre régime belge ou étranger d'assurance soins de santé.

C’est par ce biais-là que la couverture santé a été quasi universalisée.

L’extension de la couverture des soins de santé à toutes les personnes résidant régulièrement
en Belgique est intervenue en 1998 ; cette extension a été considérée comme une avancée
considérable dans la généralisation du droit aux soins de santé.

Le bénéfice de cette extension est, en règle, subordonnée au paiement d’une cotisation dont le
montant est dégressif en fonction des revenus du ménage (article 134 de l’arrêté royal du 3
juillet 1996 ; si les revenus ne sont pas supérieurs au revenu d’intégration, aucune cotisation
n’est due).

En ce qui concerne les étrangers, cette extension suppose que la personne soit autorisée à
séjourner plus de 3 mois en Belgique à les étrangers qui ne bénéficient que d’un « visa
touristique » et les étrangers en séjour illégal ne peuvent pas bénéficier de l’assurance soins de
santé.

Compte tenu du caractère résiduaire de cette extension, elle peut ne pas profiter à tout le monde
(p. ex., un indépendant qui, compte tenu de ses difficultés financières, ne paie pas ses cotisations
sociales, est privé de la couverture sans avoir la possibilité d’invoquer l’extension du 15°
puisqu’il peut être bénéficiaire du droit aux soins de santé sur une autre base).

2. Les personnes à charge d’un titulaire

Les personnes à charge n’ouvrent pas le droit à la couverture santé par elles-mêmes: elles ont
accès aux prestations de santé en tant qu’elles sont liées à un titulaire.

à technique des droits dérivés (on tire des droits des liens que l’on a avec une autre personne)

Personne à charge (AR, art. 123) (3) =


- conjoint ou partenaire de vie
- descendants âgés de moins de 25 ans
- ascendants.

Conditions, sauf pour les descendants : ne pas disposer de revenus et partager la même résidence
(AR, art. 124, §1 et 2).

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Section 3 Les conditions d’octroi des prestations (3)

à des conditions d’octroi (délibérément) très lâches, et à charge uniquement des titulaires.

1. Être affilié à un organisme assureur

Les titulaires doivent être affiliés à une mutualité ou inscrits à la CAAMI (art. 118): toute
personne en Belgique a l’obligation de s’affilier à un organisme assureur pour bénéficier des
prestations de l’assurance soins de santé.

Les titulaires sont totalement libres de choisir l’organisme assureur qui a leur préférence (à
cette fin, la loi précise notamment que lors de l'affiliation à une mutualité ou l'inscription à la
CAAMI, les bénéficiaires ne peuvent en aucun cas se voir accorder des avantages matériels
directs ou indirects, sauf de valeur commerciale minime, sous quelle que forme que ce soit).

Il existe une exception: pour le personnel et les pensionnés statutaires des Chemins de fer belges
et leurs personnes à charge, l’organisme assureur compétent est la Caisse des soins de santé
de HR Rail.

Les personnes à charge sont nécessairement affiliées à l’organisme assureur qui a été choisi
par le titulaire dont elles dépendent: la personne à charge est automatiquement inscrite dans
l’organisme assureur auquel est affilié le titulaire.

2. Être en ordre de cotisations

La deuxième exigence à remplir est d’être en ordre sur le plan du paiement des cotisations
sociales.

Les travailleurs qui sont assujettis à l’un des trois régimes de sécurité sociale ne doivent rien
faire pour signaler qu’ils sont en ordre de cotisations : les documents qui prouvent qu’ils sont
assujettis et qu’ils paient leurs cotisations sont automatiquement transmis, par voie
électronique, à leur organisme assureur.

C’est la même chose pour les bénéficiaires d’un revenu de remplacement.

Seuls les étudiants et les personnes inscrites au registre national des personnes physiques
doivent verser une somme d’argent: les personnes qui sont bénéficiaires à ce titre doivent
s’acquitter d’une cotisation, tous les trimestres, pour pouvoir bénéficier des remboursements de
l’assurance santé.

Dans les faits, la majorité des personnes qui sont titulaires avec la casquette « personnes
inscrites au registre national des personnes physique » ne paient pas, ou pratiquement pas, de
cotisations, vu leur niveau de revenus.

3. Plus de période de stage

Depuis 1998, il n’y a plus d’exigence de stage (article 121, §2): il n’y a plus de période d’attente
(stage d'attente = période durant laquelle les droits du bénéficiaire ne sont pas encore effectifs):
le droit aux prestations de santé s'ouvre à la date d'effet de l'inscription ou de l'affiliation en
qualité de titulaire auprès d'un organisme assureur.

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Section 4 L’intervention dans le coût des prestations de santé

1. L’objet de l’intervention (quoi ?)

a) Les catégories de prestations de santé

La loi relative à l’assurance soins de santé contient une énumération des différents types de
prestations qui donnent lieu à une intervention de la sécurité sociale: l’article 34 de la loi
contient une longue liste des types de prestations et de fournitures donnant lieu à l’intervention
de l’assurance.

Sont notamment visés : les visites et les consultations des médecins de médecine générale et
des médecins-spécialistes; les soins infirmiers et de kinésithérapie ; les soins dentaires ; les
accouchements ; la fourniture de lunettes, d’appareils auditifs, de prothèses … ; les
médicaments ; les prestations de diagnostic ; les hospitalisations, les soins médicaux en
maisons de repos, …

La loi précise explicitement que, de manière générale, l’assurance soins de santé n’intervient
pas dans les prestations qui sont accomplies dans un but esthétique.

b) La nomenclature des prestations de santé

L’article 35 de la loi habilite le Roi à établir ce qu’on appelle la nomenclature des prestations
de santé.

Pour savoir exactement quelles sont toutes les prestations précises qui sont remboursées à
l’intérieur de chaque catégorie, il faut disposer d’une liste beaucoup plus détaillée que celle qui
figure à l’article 34 de la loi.

Cette liste doit être fermée: il faut disposer d’un catalogue exhaustif de tous les actes
(para)médicaux qui sont couverts.

Il faut aussi déterminer avec précision les éventuelles conditions à respecter (ex: telle
prestation est remboursée à condition que le bénéficiaire ait moins ou plus de tel âge; telle autre
prestation est remboursée maximum une fois par trimestre; telle opération ne peut être
prodiguée que par un médecin disposant d’un certain degré de spécialisation; etc.).

Arrêté royal du 14 septembre 1984 établissant la nomenclature des prestations de santé en


matière d’assurance obligatoire soins de santé et indemnités

= texte en constante évolution

La nomenclature ne vise pas toutes les prestations disponibles.

Certaines prestations exceptionnelles non visées par la nomenclature sont susceptibles d’être
prises en charge via un Fonds spécial de solidarité créé au sein de l’INAMI.

Ce Fonds est un filet de protection supplémentaire à la couverture « classique » de l’assurance


obligatoire soins de santé.

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Il n’intervient que si les conditions suivantes sont cumulativement remplies (articles 25bis et
suivants de la loi coordonnée).

2. La hauteur de l’intervention (combien ?)

a) La détermination du tarif conventionnel des prestations de santé

Du point de vue de la sécurité sociale, il est important, pour garantir un accès effectif aux soins
et pour contenir les dépenses, de limiter les honoraires des dispensateurs de soins.

Les dispensateurs de soins font néanmoins valoir, quant à eux, que la libre fixation des
honoraires est nécessaire pour garantir l’attractivité des professions médicales et ainsi garantir
des soins de qualité.

Le système belge se caractérise, dans ce contexte, par un compromis.

à les tarifs des prestations sont fixés dans le cadre d’accords entre les représentants des
professions médicales et les organismes assureurs.

Dans chaque profession (para)médicale, une commission paritaire détermine périodiquement


la valeur des prestations servant de base au calcul de l’intervention de l’assurance soins de
santé.

Par exemple, chez les médecins, l’accord national médico-mutualiste détermine les
engagements cruciaux entre les médecins et les mutualités. Il est conclu pour une durée de un
ou deux ans et fixe entre autres les tarifs que les médecins conventionnés peuvent appliquer.

à sécurité pour le patient


à stabilité du système des soins de santé.

Il y a une présomption d’adhésion aux accords et effet de l’adhésion (avantages sociaux au


bénéfice des prestataires conventionnés).

Les médecins (comme les dentistes) ont toutefois, à titre individuel, la possibilité de ne pas
adhérer à ces tarifs (ils sont alors dits « déconventionnés » et peuvent pratiquer des honoraires
libres.

b) L’intervention de l’assurance soins de santé dans le coût des prestations


1) Le régime général

En règle générale, le remboursement est partiel.

à Notre système de sécurité sociale ne garantit pas une médecine gratuite: une partie du coût
des soins n’est pas remboursée et reste à charge du patient (quote-part personnelle qui reste à
charge du patient = « ticket modérateur »).

Objectif = éviter la surconsommation médicale: dans le but de limiter le risque de


surconsommation médicale, le remboursement n’est pas complet; un « ticket modérateur » est
laissé à charge du patient.

Année académique 2022-2023 79


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Le remboursement est toujours calculé sur le tarif conventionnel des prestations à au ticket
modérateur, s’ajoutent les éventuels suppléments d’honoraires (la partie remboursée n’est pas
adaptée selon que le prestataire est conventionné ou non).

à Lorsque l’on se rend chez un prestataire de soins, la prestation payée par le patient est divisée
en deux ou trois parties:

1) la partie remboursée = montant qui est remboursé par la mutuelle;


2) le ticket modérateur = différence entre le tarif officiel et le remboursement, c’est-à-
dire le montant restant à charge du patient;
3) le supplément d’honoraires = montant au-delà du tarif officiel que les prestataires de
soins non-conventionnés ajoutent au tarif, montant qui est également à charge du
patient.

2) Premier correctif : l’intervention majorée

Pour les assurés dont la situation sociale ou de santé est la plus précaire, le ticket modérateur
peut constituer un obstacle à l’accès aux soins.

Plusieurs mesures ont donc été adoptées pour atténuer l’incidence du « ticket modérateur ».

Une série de catégories de personnes bénéficient ainsi de taux de remboursement plus


favorables que le taux ordinaire.

à « intervention majorée »

C’est ce qu’on appelle les titulaires du statut « BIM » (« Bénéfice d’une Intervention Majorée
») (anciennement « VIPO »).

Deux cas de figure:


- le statut BIM est dans certaines hypothèses automatiquement reconnu (ex: bénéfice
de la garantie de revenus aux personnes âgées (GRAPA), de l’allocation de personne
handicapée octroyée par le SPF Sécurité sociale (ARR)) à accès sur base d’un
avantage social ou d’un statut particulier
- dans d’autres cas, il faut introduire une demande pour en bénéficier: certains titulaires
obtiennent l’intervention majorée si les revenus de leur ménage ne dépassent pas un
certain plafond à accès, dans certains cas, après examen des revenus du ménage.

Lorsque le BIM est accordé à un titulaire, les personnes qui sont à sa charge en bénéficient
également.

3) Deuxième correctif : le maximum à facturer (MàF)

Plafonnement du montant annuel des tickets modérateurs (application automatique).

La mutualité établit un plafond (= un montant maximum) des tickets modérateurs en fonction


des revenus ou de la situation sociale du patient.

Les tickets modérateurs payés par le patient sont comptabilisés par sa mutualité, sur base des
attestations de soins, des factures d’hôpital et de pharmacie.

Année académique 2022-2023 80


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Dès que le montant maximum est atteint, la mutualité rembourse aussi les tickets modérateurs
en plus du remboursement normal.

à garantie pour un bénéficiaire de ne pas devoir, au cours d’une année, dépenser plus qu’un
montant déterminé (plafond) pour ses soins de santé: si les frais médicaux atteignent ce montant
maximum au cours de l’année, les autres frais médicaux sont entièrement remboursés.

Seuls les tickets modérateurs réellement payés sont pris en compte dans le système de calcul
du MAF: les suppléments éventuellement réclamés par les prestataires de soins n'entrent pas en
considération.

Différents types de MAF (4) :


- MAF « revenus »: le plafond varie en fonction des revenus nets imposables du ménage
: plus les revenus du ménage sont bas, plus le plafond est bas;
- MAF « social »: une protection complémentaire est prévue pour les personnes qui
bénéficient de l'intervention majorée
- MAF « malades chroniques » une protection supplémentaire est prévue pour les
personnes avec des dépenses chroniques en soins de santé;
- MAF « enfants de moins de 19 ans ».

3. Les modalités de l’intervention (quand et comment ?)

a) Un remboursement a posteriori et à l’acte

Normalement, le patient paie au dispensateur de soins l’intégralité du coût des prestations qui
ont été fournies, puis, après coup, se fait rembourser par son organisme assureur la partie du
coût qui est prise en charge par l’assurance soins de santé
à remboursement a posteriori

Chaque prestation précise qui est accomplie est facturée, puis remboursée
à remboursement à l’acte

b) Exception au principe du remboursement a posteriori : le système du tiers payant

L’intervention de l’assurance peut se faire soit « en paiement direct », soit en « tiers-payant »:


- en cas de paiement direct, le patient paie intégralement la prestation au dispensateur de
soins et obtient ensuite de son organisme assureur le remboursement de la partie
remboursable (c’est-à-dire la valeur de la prestation moins le ticket modérateur et
l’éventuel supplément d’honoraires du prestataire) ;
- en tiers-payant, le patient ne paye au dispensateur que le ticket modérateur ;
l’intervention de l’assurance soins de santé est alors versée directement au dispensateur.

à « Tiers-payant » = mécanisme par lequel certaines prestations sont directement payées par
l’organisme assureur au dispensateur de soins.

à Le dispensateur de soins demande au patient uniquement le paiement du ticket modérateur.

Cela permet d’éviter au patient de devoir avancer toute la somme, surtout lorsque cette somme
est très élevée ou lorsque le patient n’a pas beaucoup de revenus.

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La loi relative à l’assurance soins de santé habilite le Roi à fixer les hypothèses dans lesquelles
le tiers payant peut être appliqué (article 53, §1er, alinéa 8).

Depuis 2022, les médecins généralistes peuvent appliquer le tiers payant à toutes leurs
prestations de santé, quel que soit le statut du patient.

c) Exception au principe du remboursement à l’acte : les enveloppes forfaitaires (pour


mémoire)

L’exemple des maisons médicales au forfait (art. 52): chaque maison médicale peut conclure
un accord avec les organismes assureurs (O.A.); elle perçoit alors un montant fixe (forfaitaire)
par patient, qui couvre tous les soins que ce patient reçoit dans cette maison médicale.

à le nombre de prestations par patient ne joue pas de rôle, contrairement au système de


paiement à l’acte, dans lequel les dispensateurs de soins sont rémunérés par prestation
(consultation, visite à domicile, etc.).

Le patient ne paie rien pour les soins couverts par le montant forfaitaire versé par les O.A., mais
il est en principe obligé de faire appel aux dispensateurs de soins de cette maison médicale; s’il
consulte d'autres dispensateurs pour des soins compris dans le forfait de sa maison médicale, sa
mutualité ne remboursera pas ces prestations-là.

Partie IV L’aide sociale, avec un focus sur le droit à l’intégration sociale

Chapitre I - Aperçu rapide des différentes prestations non contributives

L’aide sociale sensu lato regroupe les régimes de sécurité sociale non contributifs, qui visent,
en mettant en œuvre une solidarité nationale financée par l’impôt, à octroyer essentiellement
des revenus minimums aux personnes les plus démunies qui sont dans une situation de besoin
et qui ne peuvent pas revendiquer d’autres ressources.

Section 1 Caractéristiques (3)

1. Régimes non contributifs

Il s’agit de régimes non contributifs, en ce sens qu’il ne faut pas avoir cotisé pour y avoir droit.

Contrairement aux régimes de sécurité sociale, dans lesquels on est dans une logique
d’assurance, les régimes non contributifs sont, quant à eux, fondés exclusivement sur un
principe de solidarité, sans participation au préalable .

2. Régimes assistanciels

Il s’agit de régimes assistanciels, en ce sens qu’ils sont là pour aider les personnes qui sont les
plus démunies, ce qui va donc impliquer une enquête sur les ressources et la preuve d’un état
de besoin).

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3. Régimes subsidiaires

Il s’agit de régimes qui sont dits « résiduaires », en ce sens que l’on ne peut en bénéficier que
si l’on n’a pas la possibilité de se procurer des revenus par ses propres moyens et que l’on n’a
pas droit à une autre branche de la sécurité sociale au sens strict. On parle également de régimes
subsidiaires.
Les régimes sont également résiduaires par rapport à la solidarité familiale, qui prime dans notre
système et qui peut ainsi, par exemple, amener à tenir compte des ressources des cohabitants
ou encore à demander l’intervention des débiteurs alimentaires.

Section 2 Cinq prestations

On place dans la catégorie de l’aide sociale (5) :

1. La garantie de revenus aux personnes âgées (loi du 22 mars 2001) ;

Ce revenu minimum est accordé à toutes les personnes âgées de plus de 65 ans dont les
ressources sont inférieures à un certain seuil.

Ce revenu peut très bien être octroyé aux personnes âgées qui touchent une pension de retraite
si cette pension de retraite est inférieure au seuil fixé pour l’octroi du revenu minimum à la
GRAPA peut être octroyée en complément d’une pension contributive si le montant de celle-ci
est inférieure à la GRAPA.

L’idée est que, face à la vieillesse, tout le monde a droit à un socle de revenus minimal.

Siège de la matière : loi du 22 mars 2001 instituant la garantie de revenus aux personnes âgées

Administration compétente : Service fédéral des pensions (SFP)

2. Les allocations aux personnes handicapées (loi du 27 février 1987 relative aux
allocations aux personnes handicapées) ;

Il faut être confronté à un handicap et être dans un état de besoin pour avoir accès à ces
prestations.

Deux prestations distinctes :


- l’allocation de remplacement de revenus (ARR) = revenu accordé aux personnes
handicapées qui sont dans l’incapacité de travailler du fait de leur handicap à revenu
minimum qui vise à compenser l’impossibilité de gagner sa vie par son propre travail
lorsqu’on souffre d’un handicap d’une certaine importance ;
- l’allocation d’intégration (AI) (ou l’allocation pour l’aide aux personnes âgées, si
le handicap survient au-delà de 65 ans) = revenu qui sert à compenser les frais de la vie
quotidienne qui sont liés au handicap (frais de déplacement, aménagement du logement,
aide pour se nourrir, aide pour s’habiller, etc.).

Les deux prestations (ARR et AI) peuvent être cumulées, le cas échéant, puisqu’elles n’ont
pas le même objet : le revenu minimum vise à compenser l’incapacité de travailler, tandis que

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l’allocation d’intégration vise à compenser les surcoûts nécessaires pour l’aménagement de la


vie quotidienne.

Le montant de l’AI est modulé en fonction du degré d’autonomie de la personne handicapée.

Ce degré d’autonomie est évalué sur base d’un système de points : plus la personne est
dépendante, plus elle a de points, et plus l’allocation est élevée.

Le médecin conseil du SPF Sécurité sociale examine 6 activités :


- se déplacer ;
- cuisiner et manger ;
- faire sa toilette et s’habiller ;
- entretenir son habitation et accomplir les tâches ménagères ;
- évaluer et éviter le danger ;
- entretenir des contacts avec d'autres personnes ;

Le nombre maximal de points par critère est de 3 :


- 0 points = pas de difficultés
- 1 point = peu de difficultés
- 2 points = grandes difficultés
- 3 points = impossible sans l'aide d'autrui

Siège de la matière : loi du 27 février 1987 relative aux allocations aux personnes handicapées

Administration compétente : Direction générale Personnes handicapées du SPF Sécurité


sociale (sauf, depuis la sixième réforme de l’État, pour l’allocation pour l’aide aux personnes
âgées, communautarisée).

= « Vierge Noire » (pendant plusieurs dizaines d’années, la DG Personnes handicapées était


établie Rue de la Vierge Noire, à Bruxelles à on a pris l’habitude de parler de la « Vierge
Noire » pour désigner la DG Personnes handicapées; certains continuent à l’évoquer même si,
en 2008, la DG Personnes handicapées a déménagé vers la Finance Tower, en face du Jardin
Botanique, à Bruxelles).

3. Les prestations familiales garanties (loi du 20 juillet 1971) ;

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Depuis 1971, il existe des prestations familiales garanties.

Il s’agit d’un système d’allocations familiales qui est destiné aux enfants pour lesquels aucune
personne n’ouvre un droit aux allocations dans l’un des trois régimes assuranciels.

C’est par ce biais que les allocations familiales ont été universalisées.

La grande différence avec les soins de santé, c’est qu’on n’a pas universalisé en mettant en
place un système unique : on a universalisé en développant une branche famille dans chacun
des quatre régimes de sécurité sociale (régime des salariés, régime des indépendants régime des
agents des services publics, aide sociale).

Les prestations familiales garanties ne sont octroyées que si les revenus de la personne qui a la
charge de l’enfant sont inférieurs à un certain seuil.

Ce sont des allocations d’un montant un peu plus élevé que les allocations familiales ordinaires
(on parle d’allocations familiales majorées).

Siège de la matière : sur le plan juridique, c’est toujours la législation d’origine qui est en
vigueur: c’est la loi du 20 juillet 1971 instituant des prestations familiales garanties.

Sur le plan administratif, les prestations familiales garanties sont gérées par FAMIFED.

4. Le droit à l’intégration sociale (loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration


sociale qui remplace depuis le 1er octobre 2002 le droit au minimum de moyen d’existence) ;

En 1974, à l’apogée de l’État-providence, le législateur adopte une quatrième prestation d’aide


sociale.

Il s’agit du « minimex » (minimum de moyens d’existence) : à la fois non contributif et


strictement résiduaire.
Mais, contrairement aux trois autres prestations, le minimex est « généraliste », et pas
catégoriel, dans le sens où il couvre le risque de pauvreté en lui-même, et pas uniquement la
pauvreté liée à la vieillesse, liée à un handicap ou liée à la charge d’enfants.

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En 2002, le minimex a été abrogé et remplacé par le nouveau dispositif : le droit à l’intégration
sociale (loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale).

5. L’aide sociale stricto sensu (loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics
d’action sociale).

On place dans la catégorie de l’aide sociale sensu lato l’aide sociale stricto sensu.

= aide nécessaire pour permettre à chacun de mener une vie conforme à la dignité
humaine : l’aide sociale a pour but de permettre à chacun de mener une vie conforme à la
dignité humaine, droit garanti par l’article 23 de la Constitution.

Siège de la matière : loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’action sociale

Administration compétente : les centres publics d’action sociale (CPAS)

En vertu de l’article 57, § 1er, alinéa 3, de la loi du 8 juillet 1976, l’aide peut être matérielle,
sociale, médicale, médico-sociale ou psychologique à soutien financier, aide en nature (colis
alimentaires, chauffage, fournitures scolaires) adresse de référence pour une personne sans abri,
aide administrative, aide psychologique, etc.

Selon l’article 60, § 1er, l'intervention du CPAS est précédée d'une enquête sociale se terminant
par un diagnostic précis sur l'existence et l'étendue du besoin d'aide et proposant les moyens
les plus appropriés d'y faire face à l’intervention du CPAS doit être individualisée à chaque
demandeur.

L’aide sociale ne doit être allouée que lorsqu’elle est nécessaire à mener une vie conforme à
la dignité humaine (une situation n’est pas contraire à la dignité humaine lorsque celui qui la
connaît a la possibilité d’y remédier lui-même, par ses propres efforts ou en faisant valoir les
droits dont il dispose).

Chapitre II - Le droit à l’intégration sociale

Section 1 Vue d’ensemble

Le droit à l’intégration sociale est régi par une loi fédérale unique : la loi du 26 mai 2002
concernant le droit à l’intégration sociale (et arrêté royal du 11 juillet 2002 portant règlement
général en matière de droit à l’intégration sociale).

Mais la mise en œuvre de ce droit — et de cette loi — est fortement décentralisée, dans la
mesure où la tâche d’octroyer la prestation est assurée les CPAS à disparité des centaines
de politiques locales d’aide sociale.

Section 2 Le champ d’application personnel

L’article 3 de la loi traite à la fois du champ d’application de la loi et des conditions (3) d’octroi
de la prestation.

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1. La résidence

Article 3, 1° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit avoir sa
résidence effective en Belgique.

à la première exigence pour bénéficier du droit à l’intégration sociale est d’avoir sa résidence
effective en Belgique: le droit à l’intégration sociale est réservé aux personnes qui résident
sur le sol belge: le bénéfice de la solidarité nationale est couplé à une exigence de rattachement
avec le territoire national

= condition qui est présente clans la législation de tous les pays qui disposent d’un système
d’aide sociale: chaque pays vient en aide aux personnes pauvres qui sont présentes sur son
territoire, et pas sur celui des pays voisins.

Est considéré comme ayant sa résidence effective en Belgique celui qui séjourne
habituellement et en permanence sur le territoire du royaume, même s’il ne dispose pas
d’un logement ou s’il n’est pas inscrit dans les registres de la population (AR, art. 2)

2. L’âge

Article 3, 2° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être
majeure ou assimilée à une personne majeure.

à pour être susceptible de percevoir le droit à l’intégration sociale, il faut satisfaire à une
condition d’âge: il faut être soit majeur, soit assimilé à une personne majeure

Article 7 : est assimilée à une personne majeure, soit (3) :


- la personne mineure d’âge qui est émancipée par mariage (cas de figure devenu tout
à fait marginal) ;
- la personne mineure d’âge qui a un ou plusieurs enfants à sa charge ;
- la personne mineure d’âge qui prouve qu’elle est enceinte (l’assimilation à la
majorité est surtout de protéger contre la pauvreté les enfants de parents mineurs d’âge).

3. La nationalité

A l’origine, en 1974, le minimex était réservé uniquement aux Belges: la solidarité nationale
était réservée aux ressortissants nationaux.

Avec la construction européenne, et suite à l’adoption d’un certain nombre d’instruments


internationaux en matière de droits de l’homme, ce critère de nationalité a été considérablement
assoupli.

Aujourd’hui, le bénéfice du droit à l’intégration sociale est ouvert aux personnes qui entrent
dans l’une des catégories (4) suivantes (article 3, 3º):
- soit posséder la nationalité belge;
- soit bénéficier en tant que citoyen de l’Union européenne, ou en tant que membre de sa
famille, d’un droit de séjour de plus de trois mois (et cette catégorie de personne ne peut
bénéficier du droit à l’intégration sociale qu’après les trois premiers mois du séjour);
- soit être inscrite comme étranger au registre de la population;
- soit être un apatride ou un réfugié, ou bénéficier de la protection subsidiaire.

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Section 3 Les conditions d’octroi du droit à l’intégration sociale (4)

1. Ne pas disposer de ressources suffisantes

Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit ne pas disposer de ressources
suffisantes (art. 3, 4°): le droit à l’intégration sociale, régime résiduaire par excellence, suppose
de ne pas disposer de ressources suffisantes, ni pouvoir y prétendre ni être en mesure de
se les procurer, soit par ses efforts personnels, soit par d'autres moyens.

Sauf les exceptions prévues par le Roi, toutes les ressources, quelle qu’en soit la nature ou
l’origine, dont dispose le demandeur sont prises en considération (art. 16).

Une enquête sociale est réalisée (art. 19 et AR du 1er décembre 2013).

Le calcul des ressources (AR, art. 22 à 35): l’arrêté d’exécution de la loi contient toute une série
de règles assez précises qui encadrent le calcul des ressources personnelles du demandeur; ces
règles prévoient notamment que, par exception, certaines ressources ne sont pas prises en
considération (ex: allocations familiales, pensions alimentaires, bourses d’études).

2. Être disposé à travailler

Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être disposée à travailler, à
moins que des raisons de santé ou d’équité l’en empêchent (art. 3, 5°).

a) La disposition au travail (« la personne doit être disposée à travailler … »)

Jurisprudence très casuistique

Deux balises jurisprudentielles:


- négativement, autonomie de la notion de disposition au travail par rapport aux critères
de la disponibilité pour le marché de l’emploi propres à la réglementation du chômage;
- positivement, exigence d’une appréciation « raisonnable », c’est-à-dire contextualisée,
de la disposition au travail.

b) Les motifs exonératoires (« … à moins que des raisons de santé ou d’équité l’en
empêchent")

Les raisons de santé : peuvent être d’ordre physique ou psychologique


Les raisons d’équité : analphabétisme, garde d’enfants, suivi ou reprise d’études (cas les +
fréquents)

c) Les contrats contenant un projet individualisé d’intégration sociale

L’octroi et le maintien du revenu d’intégration peuvent être assortis d’un projet individualisé
d’intégration sociale (art. 11: « L'octroi et le maintien du revenu d'intégration peuvent être
assortis d'un projet individualisé d'intégration sociale, soit à la demande de l'intéressé lui-même,
soit à l'initiative du centre. »).

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Le CPAS et le demandeur peuvent être amenés à signer un « contrat contenant un projet


individualisé d’intégration sociale ».

La conclusion d’un projet individualisé est, dans certains cas, obligatoire.

Lorsqu’un contrat contenant un projet individualisé d’intégration sociale est établi, les deux
parties en présence — le CPAS et le bénéficiaire — prennent une série d’engagements
réciproques:
- d’un côté, on mentionne les démarches de réinsertion que le bénéficiaire s’engage à
effectuer;
- de l’autre côté, on mentionne le type d’aide que le CPAS s’engage à apporter, en retour,
au bénéficiaire.

Selon les besoins de la personne, le projet individualisé portera soit sur l’insertion
professionnelle, soit sur l’insertion sociale.

Dans le premier cas, le projet vise le retour, à plus ou moins court telle, à l’emploi: il est orienté
vers la recherche de travail, éventuellement couplée à une formation.

3. Faire valoir ses droits aux autres prestations sociales

La troisième condition pour avoir droit à l’intégration sociale, c’est d’avoir fait valoir ses droits
à une allocation dans toutes les autres branches de la sécurité sociale (article 3, 6º) à Il faut
avoir épuisé toutes les possibilités de percevoir une prestation sociale — qu’elle soit de type
assuranciel ou assistanciel — avant de pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale.

Cette exigence s’explique par l’idée que le droit à l’intégration sociale n’est octroyé qu’à titre
strictement résiduaire: il n’est octroyé que lorsque le demandeur ne dispose d’aucun autre
moyen pour assurer sa subsistance.

4. Faire valoir ses droits à l’égard des débiteurs d’aliments (le cas échéant)

Il peut être imposé à l’intéressé de faire valoir ses droits à l’égard des personnes qui lui doivent
des aliments, ces dernières étant limitées à son conjoint, ou son ex-conjoint, ses parents et ses
enfants (art. 4, §1er).

Le CPAS peut imposer au bénéficiaire du droit à l’intégration sociale de faire valoir ses droits
aux aliments à l’égard d’un certain nombre de débiteurs alimentaires limitativement énumérés.

L’appel aux débiteurs alimentaires peut se faire de différentes manières : soit le CPAS limite
sont intervention en raison de la capacité contributive des débiteurs alimentaires ; soit il agit au
nom et pour compte des intéressés contre leurs débiteurs alimentaires (article 4, § 3 de la loi) ;
soit, après avoir versé le revenu d’intégration, il agit en remboursement contre les débiteurs
alimentaires (article 26 de la loi et articles 42 et s. de l’arrêté royal).

Section 4 La notion de droit à l’intégration sociale

Depuis le passage du minimex au droit à l’intégration sociale, en 2002, il est question d’une
prestation qui ne se limite théoriquement plus à un revenu minimum.

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Le droit à l’intégration sociale peut prendre la forme d’un emploi et/ou d’un revenu
d’intégration, assortis ou non d’un projet individualisé d’intégration sociale (art. 2, al. 1er).

è le droit à l’intégration sociale peut revêtir trois modalités distinctes : mise à l’emploi,
revenu d’intégration, projet individualisé d’intégration sociale.

Un âge-pivot (beaucoup moins central qu’auparavant, depuis 2016) : 25 ans.

1. Le régime applicable aux demandeurs âgés de – de 25 ans

Sur le plan des principes, priorité à l’emploi: la grande nouveauté de la loi de 2002, c’est que,
pour les jeunes âgés de moins de 25 ans, la mise à l’emploi revêt un caractère prioritaire par
rapport à l’octroi du revenu d’intégration (article 6) à pour les jeunes âgés de moins de 25
ans, l’intégration sociale doit en principe se concrétiser par un emploi — ou par un projet
individualisé menant, à terme, à l’obtention d’un emploi.

a) L’emploi

Toute personne âgée de moins de 25 ans a « droit » à l’intégration sociale par l’emploi (art. 6,
§1er) à Obligation de moyen à charge du CPAS

à contrat de travail « article 60 »

b) Le revenu d’intégration

Dans l’attente d’un emploi, ou si la personne ne peut travailler pour des raisons de santé ou
d’équité, elle a droit à un revenu d’intégration (art.10)

Les catégories de bénéficiaires


On se situe dans l’aide sociale non contributive à les montants sont de nature forfaitaire et
varient en fonction de la composition du ménage du bénéficiaire.

• Les personnes cohabitantes


Il faut entendre par cohabitation le fait que des personnes vivent sous le même toit (critère
géographique), d’une part, et règlent principalement en commun leurs questions ménagères
(critère économique), d’autre part (art. 14, §1er, 1°) à une notion déconnectée de la situation
affective ou sexuelle

• Les personnes isolées (art. 14, §1er, 2°)


• Les personnes vivant avec une famille à charge
Ce droit s’ouvre dès qu’il y a présence d’au moins un enfant mineur; il couvre également le
droit de l’éventuel conjoint ou partenaire de vie (art. 14, §1er, 3°).

Les montants
Depuis le 1er décembre 2022, le montant du RIS est de :
- pour les personnes cohabitantes : 789,29€/mois
- pour les isolés : 1.183,94 €/mois ;
- pour les personnes vivant avec leur famille à charge : 1.600,03 €/mois

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La notion de cohabitation a, dans la plupart des branches de la sécurité sociale (qui


l’emploient), la même signification (en particulier, la notion de cohabitation dans l’assurance
chômage est identique à la notion de cohabitation en matière d’intégration sociale).

Elle traduit une approche essentiellement «assistancielle»: l’intervention de la sécurité sociale


doit être réduite pour les bénéficiaires qui vivent en communauté, cette vie en communauté
étant moins onéreuse que la vie menée de manière autonome à on donne moins à ceux qui
sont censés moins dépenser.

La notion de cohabitation est étrangère à tout critère familial, affectif, amoureux ou sexuel:
l’existence de relations de ces ordres est sans impact sur l’existence d’une situation de
cohabitation
à la constatation qu’un travailleur cohabite n’implique pas, en soi, qu’il cohabite maritalement
à à l’inverse, le fait d’être en couple et/ou d’avoir des enfants communs n’implique pas
nécessairement une cohabitation

La cohabitation requiert une forme de stabilité : la notion de cohabitation exige une certaine
durée, une certaine régularité (mais pas une totale permanence).
à le fait par exemple de passer un week-end ou une semaine de vacances chez une personne
ne fait pas naître une situation de cohabitation
à un séjour régulier en « kot » pour un étudiant ne met pas fin en soi à la cohabitation

La cohabitation s’entend du fait, pour deux ou plusieurs personnes, (1°) de vivre ensemble
sous le même toit et (2°) de régler principalement en commun les questions ménagères.

La notion de cohabitation implique ainsi la réunion de deux conditions cumulatives :

1° la vie sous le même toit, soit un critère spatial ;

Il y a vie sous le même toit, lorsqu’il y a occupation en commun des espaces de vie qui
concentrent l’activité quotidienne ordinaire d’un ménage : salle de séjour, salle de bain ou
douche, mobilier, cuisine.
à La vie sous le même toit ne signifie pas nécessairement vivre en permanence dans les
mêmes pièces : des personnes qui occupent des lieux distincts au sein d’un même
immeuble vivent sous le même toit si elles partagent de manière régulière des lieux de
vie communs.
à En revanche, le seul fait de partager certaines commodités, comme la salle de bains ou
la cuisine, n’emporte pas vie sous le même toit lorsque les personnes les utilisent
chacune de façon autonome.

2° le règlement principalement en commun des questions ménagères, soit un critère socio-


économique.

Ce règlement doit se comprendre comme visant une gestion commune de manière essentielle
ou majoritaire, mais non complète : la mise en commun des ressources, si elle doit être
principale, ne doit pas être complète ou presque complète.

La simple économie d’échelle découlant du partage d’un habitat commun n’est pas suffisante
pour qu’il y ait cohabitation au sens de la sécurité sociale : la cohabitation implique également,
à peine de déduire la présence du critère socio-économique de la seule existence du critère

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spatial (c’est-à-dire de fusionner les deux conditions en une), le règlement (principalement) en


commun des questions ménagères.

La notion de règlement en commun des questions ménagères a deux composantes


(cumulatives):
1° une composante économique : le partage des ressources financières ou non financières ;
2° une composante domestique : le partage des questions « domestiques », dans le cadre d’une
forme de « communauté sociale » ou de « projet de vie » en commun.

èLa cohabitation suppose - indépendamment de tout lien familial ou affectif - la


réunion cumulative de deux éléments, dont le second contient lui-même deux
composantes distinctes et également cumulatives et également cumulatives :
1) la vie sous le même toit ;
3) un avantage économique, qui ne requiert pas nécessairement l’apport de
ressources financières dans le chef de la personne avec laquelle vit l’allocataire
mais qui peut consister dans des « avantages matériels engendrant, de manière
concrète et non hypothétique, une économie de dépenses » ;
2) le règlement principalement en commun des questions « domestiques » dans le
cadre d’une forme de « communauté sociale » ou de « projet de vie » en commun
(partage des tâches, activités et autres questions ménagères, telles que l’entretien
et le cas échéant l’aménagement du logement, l’entretien du linge, les courses, la
préparation et la consommation des repas).

Le montant du revenu d’intégration est diminué des ressources du demandeur (art. 14, §2)

à prise en considération des ressources des personnes avec lesquelles le demandeur


cohabite (AR, art. 34):
- obligatoire lorsqu’il s’agit du conjoint ou du partenaire de vie;
- facultative lorsqu’il s’agit d’ascendants ou de descendants majeurs du premier degré ;
- interdite dans tous les autres cas.

2. Le régime applicable aux demandeurs âgés de 25 ans ou +

Le droit à l’intégration sociale peut être réalisé par un emploi (de préférence, depuis 2016) ou
par l’octroi d’un revenu d’intégration (art. 13, §1er).

à la seule différence par rapport aux jeunes âgés de moins de 25 ans, c’est que la mise à
l’emploi n’a pas de priorité sur le revenu d’intégration: pour les plus de 25 ans, les deux
modalités sont sur pied d’égalité.

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