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Fanny Streveler MA1 DROIT

COURS DROIT
DES SOCIETES
ET DES
ASSOCIATIONS
VALÉRIE SIMONART
DROI-C-4033

Syllabus remis en page

1
Fanny Streveler MA1 DROIT

PARTIE 1 –
INTRODUCTION

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Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 1 :
PANORAMA
GENERAL

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Fanny Streveler MA1 DROIT

NOTIONS

Une société est constituée par un acte juridique par lequel une ou plusieurs personnes,
dénommées associés, font un apport. Elle a un patrimoine et a pour objet l’exercice d’une ou
plusieurs activités déterminées. Un de ses buts est de distribuer ou procurer à ses associés un
avantage patrimonial direct ou indirect1.

Toute société doit donc avoir pour but de distribuer ou procurer à ses associés des avantages
patrimoniaux directs ou indirects mais elle peut avoir d’autres buts. Le législateur a ainsi visé les
sociétés qui poursuivent un but social ou prennent en compte des considérations écologiques.

Le bénéfice ou l’avantage patrimonial direct est celui qui ajoute à la fortune des associés (il s’agit
essentiellement des dividendes) ; le bénéfice ou l’avantage patrimonial indirect est celui qui leur
procure une économie (par exemple, dans certaines sociétés coopératives, les actionnaires de la société
sont également ses clients et perçoivent des ristournes en fonction du montant de leurs achats à la société ;
le seul bénéfice qu’ils retirent de leur participation à cette coopérative est l’économie ainsi réalisée).

On verra que le but lucratif de certaines sociétés coopératives (notamment celles agréées comme
entreprises sociales) est pour le moins ambigu.

Outre la société simple (livre 4), qui n’a pas la personnalité juridique, le CSA réglemente la SNC et la SComm
(livre 4), la SRL (livre 5), la SC (livre 6) et la SA (livre 7). Il comporte également des dispositions relatives à la
SE (livre 15), à la SEC (livre 16) et au GEIE (livre 18), qui sont au premier chef régis par des règlements
européens2.

Une association est constituée par une convention entre deux ou plusieurs personnes, dénommées
membres. Elle poursuit un but désintéressé dans le cadre de l'exercice d'une ou plusieurs activités
déterminées qui constituent son objet. Elle ne peut distribuer ni procurer directement ou
indirectement un quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses membres, ses
administrateurs ni à toute autre personne sauf dans le but désintéressé déterminé par les statuts3.

Outre les associations sans personnalité juridique, qui ne sont pas réglementées par le CSA, le CSA
réglemente l’ASBL (livre 9) et l’AISBL (livre 10). Cette dernière se caractérise par la dimension internationale
de son but.

Le CSA comporte également des dispositions relatives aux partis politiques européens, qui sont au premier
chef régis par un règlement européen4.

1 CSA, art. 1:1.


2 Règlement n°2157/2001 du Conseil du 8 octobre 2001 relatif au statut de la société européenne (SE) ; Règlement (CE)
n°1435/2003 du Conseil du 22 juillet 2003 relatif au statut de la société coopérative européenne (SEC) ; Règlement
n°2137/85 du 25 juillet 1985 relatif à l'institution d'un groupement européen d'intérêt économique.
3 CSA, art. 1:2.
4 Règlement (UE, Euratom) n °1141/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif au statut et

au financement des partis politiques européens et des fondations politiques européennes.

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Une fondation est une personne morale dépourvue de membres, constituée par une ou plusieurs
personnes, dénommées fondateurs. Son patrimoine est affecté à la poursuite d'un but désintéressé
dans le cadre de l'exercice d'une ou plusieurs activités déterminées qui constituent son objet. Elle
ne peut distribuer ni procurer, directement ou indirectement, un quelconque avantage patrimonial
à ses fondateurs, ses administrateurs ni à toute autre personne, sauf dans le but désintéressé
déterminé par les statuts5.

Le CSA réglemente deux types de fondations, la fondation privée et la fondation d’utilité publique (livre 11).
Cette dernière se caractérise par son but qui doit être philanthropique, philosophique, religieux, scientifique,
artistique, pédagogique ou culturel.

Le CSA comporte également des dispositions relatives aux fondations politiques européennes, qui sont au
premier chef régis par un règlement européen6.

CLASSIFICATIONS
Certaines classifications intéressent quasi toutes les entités. On les appellera les classifications générales. On
en retiendra ici six, fondées sur la jouissance ou non de la personnalité morale, sur l’existence ou non de
membres, sur l’étendue de la responsabilité des associés ou membres, sur le but, sur le droit applicable
(européen ou national) et sur la taille.

D’autres ne concernent que certaines entités. On les appellera les classifications spéciales. On en retiendra
trois, au sein des sociétés, fondées sur l’existence d’un régime de protection du capital ou des capitaux
propres, la cessibilité des titres et l’admission des titres sur un marché réglementé.

Ces classifications ont essentiellement un but didactique : l’appartenance d’une entité à l’une ou l’autre
catégorie commande une série de règles différentes.

On peut évidemment établir d’autres classifications.

1. CLASSIFICATIONS GÉNÉRALES
Personne juridique

A. Jouissance de la personnalité morale


La personnalité juridique est l’aptitude à être titulaire de droits et
d’obligations.
Personne morale
La personnalité morale désigne la personnalité juridique des entités qui ne Personne
sont pas des êtres humains. physique

Certaines formes de sociétés et d’associations sont dotées de la


personnalité morale, d’autres non.

5CSA, art. 1:3.


6Règlement (UE, Euratom) n°1141/2014 du Parlement européen et du Conseil du 22 octobre 2014 relatif au statut et
au financement des partis politiques européens et des fondations politiques européennes.

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Sociétés Associations et fondations


Entités sans Société simple Association (sans personnalité
personnalité morale morale)
Personnes morales SNC ASBL
SComm AISBL
SRL Fondation privée
SC Fondation d’utilité publique
SA Parti politique européen
SE Fondation politique européenne
SCE
GEIE

B. Existence de membres
Toutes les entités indiquées dans le tableau qui précède se composent de membres, à l’exception
des fondations, qui sont des masses de biens affectées à un but déterminé.

Toutes les entités composées de membres indiquées dans le tableau qui précède doivent avoir au
moins deux membres (associations)/associés (sociétés), à l’exception des SRL et des SA (qui
peuvent avoir un seul membre), des SC (qui doivent avoir au moins 3 membres) et des SCE (qui
doivent en principe avoir au moins 5 membres).

Sociétés Associations et fondations


Entités sans Société simple : au moins 2 Association sans personnalité
personnalité morale morale : au moins 2
Personnes morales SNC : au moins 2 ASBL : au moins 2
SComm : au moins 2 AISBL : au moins 2
SRL : au moins 1 Fondation privée : aucun
SC : au moins 3 Fondation d’utilité publique : aucun
SA : au moins 1
SE : en fonction du mode de
constitution
SCE : en fonction du monde de
constitution
GEIE : au moins 2

C. Étendue de la responsabilité des associés ou des membres


L’octroi de la personnalité morale à une entité n’implique pas l’absence de responsabilité de ses
associés ou membres ou la limitation de la responsabilité de ses associés ou membres à leur apport
mais la personnalité morale est une condition de cette absence ou limitation de responsabilité.

Ainsi, dans les sociétés simples et les associations sans personnalité morale, les associés ou les
membres sont responsables de tous les engagements de ces sociétés ou associations sur leur
patrimoine personnel.

Au sein des personnes morales, on distingue celles dans lesquelles les associés ou membres
n’engagent pas leur responsabilité, celles dans lesquelles ils la limitent à leur apport et celles dans
lesquelles ils sont responsables de tous les engagements de la personne morale.

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Les membres de l’organe d’administration et les délégués à la gestion journalière n’engagent jamais
en cette qualité leur responsabilité personnelle envers les tiers pour les obligations contractuelles
de la personne morale (comp. avec l’hypothèse où un administrateur est personnellement tenu des
obligations contractuelles qu’il a contractées en excédant ses pouvoirs).

L’absence ou la limitation de la responsabilité des associés ou des membres en cette qualité et à ce


titre ne signifie pas qu’ils ne seront jamais tenus des engagements de la personne morale.

En effet, ils peuvent être tenus soit parce qu’ils s’engagent volontairement (en qualité de caution par
exemple), soit parce qu’ils ont commis une faute, en abusant de leur position (abus de biens sociaux
par exemple), soit encore en une autre qualité (responsabilité en qualité de fondateur ou d’administrateur
par exemple).

La levée du voile social peut également conduire à la responsabilité des associés ou des membres.

Les lignes qui suivent doivent être lues en ayant à l’esprit ces tempéraments.

Personnes morales dont les membres n’engagent pas leur responsabilité :


Les membres des ASBL, des AISBL et des partis politiques européens ne doivent pas faire d’apport
et n’engagent pas leur responsabilité personnelle pour les dettes de l’association.

Personnes morales dont la responsabilité des actionnaires est limitée à leur apport :
La société anonyme (SA) est « une société dotée d’un capital et dans laquelle les actionnaires
n’engagent que leur apport »7.

La société à responsabilité limitée (SRL) est « une société dépourvue de capital dont les actionnaires
n’engagent que leur apport »8.

Comme la SRL, la société coopérative (SC) est une société dépourvue de capital dont les
actionnaires n’engagent que leur apport9. Elle se caractérise par le fait que des actionnaires
peuvent être admis, démissionner ou être exclus sans modification des statuts.

La société anonyme européenne, aussi dénommée « Societas Europaea » (SE), est régie par le
Règlement n°2157/2001 du Conseil du 8 octobre 2001 relatif au statut de la société européenne
(SE).
Elle est « une société dont le capital est divisé en actions » et dont « chaque actionnaire ne
s’engage qu’à concurrence du capital qu’il a souscrit »10.

La société coopérative européenne (SCE) est régie par le Règlement n°1435/2003 du Conseil du 22
juillet 2003 relatif au statut de la société coopérative européenne.

7 CSA, art. 7:1.


8 CSA, art. 5:1, al. 1.
9 CSA, art. 6:2.
10 art. 1, § 2 du Règlement SE.

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Elle est une société dont le capital est représenté par des parts11 et dans laquelle, sauf dispositions
contraires des statuts, chaque membre ne s’engage qu’à concurrence de son apport 12. La limitation
de la responsabilité est donc la règle mais les statuts peuvent y déroger.

Personnes dont la responsabilité des associés est illimitée ou mixte :


La société en nom collectif (SNC) est conçue comme une variante (avec personnalité morale) de la
société simple. Elle se caractérise par la responsabilité illimitée et solidaire de tous les associés13.
C’est aussi la société la plus simple et la moins réglementée par la loi.

La société en commandite (SComm) est également conçue comme une variante (avec personnalité
morale) de la société simple. Elle se caractérise par l’existence de deux catégories d’associés : les
commandités, qui engagent leur responsabilité illimitée et solidaire (comme les associés en nom
collectif) et les commanditaires, qui limitent leur responsabilité à leur apport mais qui ne peuvent
pas prendre part à la gestion14.
Sous réserve de l’existence de deux catégories d’associés, la société en commandite est fort
semblable à la société en nom collectif.

Le groupement européen d'intérêt économique (GEIE) est régi par le Règlement n° 2137/85 du 25
juillet 1985 relatif à l'institution d'un groupement européen d'intérêt économique.
Les membres d’un GEIE ne doivent pas faire d’apport.
En contrepartie, chaque membre du GEIE est indéfiniment et solidairement responsable des
engagements du GEIE.

Sociétés Associations
Personnes morales / ASBL
caractérisées par l’absence de AISBL
responsabilité des membres Parti politique européen
pour les engagements de la
personnes morale
Personnes morales SRL /
caractérisées par la limitation SC
de la responsabilité de leurs SA
associés à leurs apports SE
SEC (mais les statuts peuvent
prévoir la responsabilité illimitée des
membres)
Personnes morales SNC /
caractérisées par la GEIE
responsabilité illimitée de
leurs associés pour leurs
engagements

11 art. 4 du Règlement SCE.


12 art. 1, § 2 du Règlement SCE.
13 CSA, art. 4:22, al. 2.
14 CSA, art. 4:22, al. 3.

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Personnes morales SComm


caractérisées par un système
mixte de responsabilité de
leurs associés

D. En fonction du but
Le CSA utilise la distribution de bénéfices ou l’octroi d’avantages patrimoniaux aux associés ou
membres comme critère distinctif entre, d’une part, les sociétés et, d’autre part, les associations et
fondations.

La société se distingue essentiellement de l’association et de la fondation par le fait qu’un de ses


buts doit être de répartir ses bénéfices entre ses associés alors que l’association et la fondation
doivent avoir un but désintéressé et ne peuvent pas procéder à des distributions.

Outre ce but lucratif ou désintéressé, certaines personnes morales se caractérisent par le but
spécifique qui leur est imparti par le législateur :
- La SCE et la SC ont pour but principal la satisfaction des besoins et/ou le développement des
activités économiques et/ou sociales de leurs membres, notamment par la conclusion
d'accords avec ceux-ci en vue de la fourniture de biens ou de services ou de l'exécution de
travaux dans le cadre de l'activité que la société exerce ou fait exercer. Ces sociétés peuvent
aussi avoir pour objet de répondre aux besoins de leurs membres en favorisant, de la même
manière, leur participation à des activités économiques dans une ou plusieurs autres
sociétés15.
- La SC agréée comme entreprise sociale doit avoir pour but principal, dans l’intérêt général, de
générer un impact sociétal positif pour l’homme, l’environnement ou la société16.
- Le GEIE doit avoir pour but « de faciliter ou de développer l’activité économique de ses
membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité ; il n’est pas de réaliser des
bénéfices pour lui-même. Son activité doit se rattacher à l’activité économique de ses
membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci ». Compte tenu de ce
but spécifique, combiné à l’absence d’obligation des membres de faire un apport, le Règlement
n°2137/85 considère qu’il ne s’agit pas d’une société (cinquième considérant). Le législateur
consacre cependant le livre 18 du CSA au GEIE.
- La fondation d’utilité publique doit tendre à la réalisation d’une œuvre à caractère
philanthropique, philosophique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel 17.
- L’AISBL doit poursuivre un but d’utilité internationale18.

E. En fonction de la lex societatis (droit national ou droit européen)


A l’exception des entités mentionnées ci-après, toutes les entités examinées dans le présent cours
sont soumises au droit belge et plus précisément sont régies par le CSA.

Le droit des sociétés et le droit des associations diffèrent au sein des pays membres de l’Union
européenne mais, en matière de sociétés, il existe une relative harmonisation à la suite de la

15 art. 1.3 du Règlement SCE ; CSA, art. 6:1, § 1er, al. 1.


16 CSA, art. 8:5, § 1er.
17 CSA, art. 11:1.
18 CSA, art. 10:1.

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transposition des directives en matière de sociétés (par définition, une directive n’est pas
directement applicable mais doit être transposée par les législateurs nationaux).

Pour faciliter la constitution de groupements entre ressortissants d’Etats membres de l’Union


européenne et la mobilité transfrontalière, le législateur européen a créé par des règlements des
personnes morales directement soumises au droit européen : la SA, la SCE, le GEIE, le parti politique
européen et la fondation politique européenne.

Le GEIE, la SE et la SCE ne peuvent avoir comme membres que des personnes ressortissant de
l’Union européenne et doivent avoir au moins deux membres d’Etats différents de l’Union
européenne.

A l’inverse d’une directive, un règlement est directement applicable dans tous les Etats membres et
obligatoire dans tous ses éléments, sans que les Etats aient le pouvoir d’y déroger ou même de les
transposer.

Ces règlements comportent un ensemble de dispositions, impératives ou supplétives, mais


renvoient également au droit interne ou au droit national (le droit interne se distingue du droit
national en ce qu’il comprend également les règles de droit international privé) pour un certain
nombre de points.

C’est ainsi qu’outre par les règlements précités, les SE, les SCE, le GEIE, les partis politiques
européens et les fondations politiques européennes sont également régis par les livres 15, 16, 18 et
17 du CSA.

F. En fonction des seuils


Sociétés :
Le CSA classe les sociétés en quatre types en fonction de leur taille : les microsociétés, les petites
sociétés, les autres sociétés et les très grandes sociétés.

Les petites sociétés sont les sociétés dotées de la personnalité juridique qui, à la date de bilan du
dernier exercice clôturé, ne dépassent pas plus d’un des critères suivants :
- nombre de travailleurs, en moyenne annuelle : 50 ;
- chiffre d’affaires annuel, hors TVA : 9.000.000 EUR ;
- total du bilan: 4.500.000 EUR19.

Les microsociétés sont les petites sociétés dotées de la personnalité juridique qui ne sont pas une
société filiale ou une société mère et qui à la date de bilan du dernier exercice clôturé, ne
dépassent pas plus d’un des critères suivants :
- nombre de travailleurs, en moyenne annuelle : 10 ;
- chiffre d’affaires annuel, hors TVA : 700.000 EUR ;
- total du bilan: 350.000 EUR 20.

19 CSA, art. 1:24.


20 CSA, art. 1:25.

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On appellera les sociétés qui dépassent plus d’un critère fixé pour les petites sociétés les grandes
sociétés.

Les très grandes sociétés sont celles qui, à la date de clôture de leur bilan, dépassent le nombre
moyen de 500 salariés sur l’exercice ou un total de bilan de 17 millions EUR ou un chiffre d’affaires
de 34 millions EUR21.

Cette classification revêt une importance considérable car le type de sociétés détermine les règles
applicables dans toute une série de matières :
- En matière comptable : les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées ou des entités
d’intérêt public ont la faculté d’établir leurs comptes annuels selon un schéma abrégé fixé par
le Roi22 ; les microsociétés ont la faculté d’établir leurs comptes annuels selon un microschéma
fixé par le Roi23 ; en outre, les petites sociétés qui ont adopté la forme d’une société SNC ou
d’une SComm ont la faculté de ne pas déposer leurs comptes annuels à la BNB24.
- En matière de transparence : les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées ou des
entités d’intérêt public ne doivent pas établir de rapport de gestion25 ; les entités d’intérêt
public et les très grandes sociétés doivent inclure dans leur rapport de gestion une déclaration
non financière26.
- En matière de contrôle : les petites sociétés ne doivent pas désigner de commissaire27.
- En matière de responsabilité des administrateurs : les plafonds en matière de limitation de
responsabilité des administrateurs (infra) recoupent partiellement les seuils précités.

ASBL et fondations :
Le CSA classe les associations en quatre types en fonction de leur taille : les micro-associations, les
petites associations qui ne dépassent pas plus d’un critère visé à l’article 3:47, § 2, les petites
associations qui dépassent plus d’un critère visé à l’article 3:47, § 2 et les autres associations.
- Les micro-associations sont les petites associations qui, à la date du bilan du dernier exercice
clôturé, ne dépassent pas plus d’un des critères suivants : nombre de travailleurs, en moyenne
annuelle : 10 ; chiffre d’affaires annuel, hors taxe sur la valeur ajoutée : 700.000 EUR ; total du
bilan : 350.000 EUR28.
- Les petites associations sont les associations qui, à la date du bilan du dernier exercice clôturé,
ne dépassent pas plus d’un des critères suivants : nombre de travailleurs, en moyenne
annuelle : 50 ; chiffre d’affaires annuel, hors taxe sur la valeur ajoutée : 9.000.000 EUR ; total
du bilan : 4.500.000 EUR 29.
- Le CSA opère au sein des petites associations une distinction entre celles qui, à la date du bilan
du dernier exercice clôturé, dépassent ou ne dépassent pas plus d’un des critères suivants : un
nombre de travailleurs en moyenne annuelle de 5 ; 334.500 EUR pour le total des recettes,

21 CSA, art. 3:6, § 4.


22 CSA, art. 3:2.
23 CSA, art. 3:3.
24 CSA, art. 3:9, 1°.
25 CSA, art. 3:4.
26 CSA, art. 3:6, § 4.
27 CSA, art. 3:72.
28 CSA, art. 1:29.
29 CSA, art. 1:28.

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autres que non récurrentes, hors taxe sur la valeur ajoutée ; 1.337.000 EUR pour le total des
avoirs ; 1.337.000 EUR pour le total des dettes 30.
- Les autres associations sont celles qui dépassent plus d’un des critères fixés pour les petites
associations. On les appellera les grandes associations.

Le CSA prévoit une classification semblable pour les fondations 31.

Cette classification revêt une importance considérable car le type d’association ou de fondation
détermine la règle applicable dans toute une série de matières :
- En matière comptable : d’une part, les micro-associations et les micro-fondations peuvent
établir leurs comptes annuels suivant un micro-schéma déterminé par le Roi32 et les petites
associations et fondations qui ne dépassent pas plus d’un des critères visés à l’article 3:47, § 2
ou 3:51, § 2 peuvent établir leurs comptes annuels conformément à un modèle simplifié
déterminé par le Roi et plus généralement tenir une comptabilité simplifiée33 ; d’autre part,
seules les petites associations et fondations qui dépassent plus d’un des critères visés à l’article
3:47, § 2 ou 3:51, § 2 du CSA et les grandes associations et fondations doivent déposer leurs
comptes à la Banque nationale de Belgique34.
- En matière de transparence : seules les grandes associations et les grandes fondations doivent
rédiger un rapport de gestion35.
- En matière de contrôle : seules les grandes associations et les grandes fondations doivent
désigner un commissaire36.
- En matière de conflits d’intérêts : les petites ASBL qui dépassent plus d’un des critères visés à
l’article 3:47, § 2 et les grandes ASBL doivent appliquer, en cas de conflits d’intérêts, des règles
plus sévères que les autres ASBL37. Cette différence n’existe pas pour les fondations38.
- En matière de responsabilité des administrateurs : d’une part, l’article XX.227 du CDE
(responsabilité des administrateurs en cas de poursuite d’une activité déficitaire) n’est pas
applicable aux micro-associations et aux micro-fondations ainsi qu’aux petites associations et
fondations qui ne dépassent pas plus d’un des critères visés à l’article 3:47, § 2 ou 3:51, § 2 ;
d’autre part, les plafonds en matière de responsabilité des administrateurs (infra) recoupent
partiellement les seuils précités39.

30 CSA, art. 3:47, § 2.


31 CSA, art. 1:30 et 1:31 et 3:51, § 2.
32 CSA, art. 3:47, § 4 et 3:51, § 4.
33 CDE, art. III.85.
34 CSA, art. 3:47, § 7 et 3:51, § 7.
35 CSA, art. 3:48, § 1er et 3:52, § 1.
36 CSA, art. 3:47, § 6 et 3:52, § 6.
37 CSA, art. 9:8.
38 CSA, art. 11:8 et 11:9.
39 CSA, art. 2:57.

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2. CLASSIFICATIONS SPÉCIALES
A. Règles de protection du capital ou des capitaux propres
Le capital est le montant égal à la valeur de l’ensemble des apports en numéraire et en nature au
moment où ces apports sont effectués.

Ce montant est représenté par un chiffre au passif du bilan qui ne peut être modifié que par une
augmentation ou une réduction de capital. Il s’agit donc d’un montant abstrait, qui ne correspond à
la valeur des apports que le jour de la constitution de la société et qui ne renseigne pas sur la valeur
de la société.

Alors que, sous l’empire du Code des sociétés, les SPRL, les SCRL, les SA et les SCA étaient dotées
d’un capital, sous l’empire du CSA, seules les SA sont dotées d’un capital (outre les SE et les SCE).

Le capital des SA fait l’objet de mesures imposées par la loi quant à sa formation (minimum imposé
par la loi, apports uniquement en espèces ou en éléments d’actif susceptibles d’évaluation
économique, règles spéciales applicables aux apports,...) et son maintien (règles en matière de
distribution de bénéfices, de rachat d’actions propres,...).

Bien que n’étant pas dotées d’un capital, les SRL et les SC sont soumises à un régime fort proche de
celui des SA : les « capitaux propres » jouent un rôle fort semblable à celui du capital.
A l’exception de l’exigence d’un minimum fixé par la loi, du type d’apport pouvant être fait et du
régime des quasi-apports, le CSA a étendu la plupart des règles applicables au capital des SA aux
capitaux propres des SRL et des SC (plan financier, intervention du notaire, règles en matière de
distribution des bénéfices, procédure de la sonnette d’alarme,...).

B. Cessibilité des parts ou actions


Sociétés dont les actions sont ou peuvent être librement cessibles :
La SA se caractérise par le fait que ses actions sont librement cessibles et peuvent être admises à la
négociation sur un marché réglementé. Il est néanmoins possible de limiter cette cessibilité dans
une certaine mesure.

Les actions de la SRL ne peuvent en principe être cédées qu’à certaines conditions mais les statuts
peuvent rendre ses actions librement cessibles. Une SRL peut même faire admettre ses actions à la
négociation sur un marché réglementé (cette hypothèse est cependant assez théorique).

Sociétés dont les actions ou les parts ne peuvent pas être rendues librement cessibles :
Les actions d’une SC ne sont cessibles qu’à certaines conditions. Une SC ne peut pas faire admettre
ses actions à la négociation sur un marché réglementé40.

Les parts des SNC et des SComm sont en principe incessibles mais les statuts ou les associés
peuvent admettre la cession à certaines conditions.

40 CSA, art. 6:1, § 2.

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Sociétés concernées Dérogation par les statuts


Cessibilité SA Oui sans pouvoir rendre les actions
incessibles
SE
Incessibilité SRL Oui, pouvant rendre les actions
librement négociables
Société simple Oui, dans une mesure limitée
SNC
SComm
SC
SCE
GEIE

C. Admission des titres sur un marché réglementé


Les « titres » comprennent les actions, les obligations,…

Société cotée :
La société cotée est celle dont les actions, les parts bénéficiaires ou les certificats se rapportant à
ces actions sont admis aux négociations sur un marché41 réglementé42. Les seuls marchés
réglementés en Belgique sont Euronext Brussels et le marché des instruments financiers dérivés
d’Euronext Brussels. Le Roi peut étendre les dispositions qui s’appliquent aux sociétés cotées aux
sociétés dont les actions ou les certificats se rapportant à ces actions sont négociés sur un système
multilatéral de négociation (MTF) ou sur un système organisé de négociation43. L’arrêté royal du 29
avril 2019 comporte des dispositions en ce sens pour l’acquisition de titres propres.

Le CSA exclut de la définition de société cotée les sociétés dont seules les obligations sont admises
aux négociations sur un marché réglementé.

Les seules sociétés pouvant être cotées sont les SRL, les SA et les SE.

Entité d’intérêt public :


La notion d’entité d’intérêt public est plus large que celle de société cotée. Elle recouvre :
1° les sociétés cotées ;
2° les sociétés dont les valeurs mobilières visées à l’article 2, 31°, b) et c), de la loi du 2 août 2002
sur la surveillance du secteur financier et les services financiers, sont admis aux négociations sur
un marché réglementé (il s’agit notamment des sociétés dont les obligations sont cotées) ;
3° les établissements de crédit ;
4° les entreprises d’assurance ou de réassurance ;
5° les organismes de liquidation et les organismes assimilés à des organismes de liquidation ainsi
que les organismes dont l’activité consiste à assurer la gestion opérationnelle des services
fournis par de tels organismes de liquidation44.

Il s’ensuit que toute société cotée est une entité d’intérêt public, mais l’inverse n’est pas exact.

41 Soit un marché visé à l’article 3, 7°, de la loi du 21 novembre 2017 relative aux infrastructures des marchés
d’instruments financiers et portant transposition de la directive 2014/65/UE.
42 CSA, art. 1:11, al. 1.
43 CSA, art. 1:11, al. 2.
44 CSA, art. 1:12.

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Par exemple, une SA dont les obligations sont négociées sur Euronext Brussels n’est pas une société cotée
mais est une entité d’intérêt public.

Certaines dispositions du CSA s’appliquent uniquement aux sociétés cotées ou aux sociétés non
cotées ou aux entités d’intérêt public.
Par ailleurs, les règles de convocation aux assemblées générales diffèrent dans les sociétés cotées
et non cotées.

AGRÉMENT

Le Code des sociétés réglementait la société agricole et permettait à toute société dotée de la
personnalité morale d’avoir une finalité sociale plutôt qu’un but lucratif. La société à finalité sociale
n’était donc pas une forme distincte de société mais une société organisée par le Code des sociétés
(dans la plupart des cas, une SCRL) qui choisissait une finalité sociale.

La loi du 23 mars 2019 a modifié ce système. Elle a supprimé la société agricole et la société à
finalité sociale mais permet à certaines sociétés de se faire agréer, à certaines conditions, comme
entreprise agricole ou comme entreprise sociale.

Société agréée comme entreprise agricole :


La SNC, la SComm, la SRL et la SC peuvent être agréées comme entreprise agricole45, moyennant
certaines conditions 46.

Le principal intérêt de l’agrément comme entreprise agricole tient à une règle particulière pour
l’application de la loi sur le bail à ferme : l’exploitation à titre d’associé gérant d’une SNCEA,
d’associé commandité d’une SCommEA, d’administrateur d’une SRLEA ou d’administrateur d’une
SCEA, est assimilée à l’exploitation personnelle. Cette règle s’applique tant au preneur qu’au
bailleur47.

SC agréée :
Une SC dont le but principal consiste à procurer à ses actionnaires un avantage économique ou
social, pour la satisfaction de leurs besoins professionnels ou privés, peut être agréée en
application de la loi du 20 juillet 1955 portant institution d’un Conseil national de la Coopération,
de l’Entrepreneuriat social et de l’entreprise Agricole et de ses arrêtés d’exécution.

Elle ajoute à la dénomination de sa forme légale le terme « agréée » et est désignée en abrégé « SC
agréée »48.

Un tel agrément offre divers avantages en matière fiscale et de sécurité sociale.

45 CSA, art. 6:1, § 3 et 8:2.


46 arrêté royal du 28 juin 2019 fixant les conditions d’agrément comme entreprise agricole et comme entreprise sociale.
47 CSA, art. 8:3.
48 CSA, art. 8:4.

15
Fanny Streveler MA1 DROIT

SC agréée comme entreprise sociale :


La SC peut également être agréée comme entreprise sociale si elle a pour but principal, dans
l’intérêt général, de générer un impact sociétal positif pour l’homme, l’environnement ou la société
et si elle remplit les conditions prévues par l’article 8:5, § 1er, du CSA et l’arrêté royal du 28 juin
2019 fixant les conditions d’agrément comme entreprise agricole et comme entreprise sociale.

Une telle SC doit ajouter à sa dénomination les termes « société coopérative agréée comme
entreprise sociale » et est désignée en abrégé « SC agréée comme ES » si son but principal ne
consiste pas à procurer à ses actionnaires un avantage économique ou social pour la satisfaction de
leurs besoins professionnels ou privés49.

L’article 8:5, § 2, ajoute qu’ « une société coopérative dont le but principal ne consiste pas à
procurer à ses actionnaires un avantage économique ou social, pour la satisfaction de leurs besoins
professionnels ou privés, et qui est tant une société coopérative agréée visée à l’article 8:4 qu’une
société agréée en tant qu’entreprise sociale visée au paragraphe 1er, ajoute à la dénomination de sa
forme légale les termes ‘agréée’ et ‘entreprise sociale’ et est désignée en abrégé ‘SCES agréée’ »50.

En d’autres termes, une SC peut cumuler les deux agréments, en tant que « SC agréée » et en tant
que « SC agréée comme ES », et est alors une « SCES agréée ».

On peut s’interroger sur l’intérêt (autre qu’en matière de réputation) d’un tel agrément.

PROTECTION DU LABEL

La forme d’une entité renseigne immédiatement sur une série de règles qui lui sont applicables (par
exemple, si ses associés ou membres engagent ou non leur responsabilité personnelle pour les engagements
de cette entité).

Une personne morale ne peut faire usage dans sa dénomination ni autrement d’une autre forme
légale que celle qu’elle a valablement adoptée51.

Par exemple, une ASBL dont le but est la prévention des pandémies ne pourrait pas choisir comme
dénomination « Fondation de Prévention des Pandémies ».

49 CSA, art. 8:5, § 1er, al. 4.


50 CSA, art. 8:5, § 2.
51 CSA, art. 2:3, § 1er, al. 3.

16
Fanny Streveler MA1 DROIT

BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS

Dans le cadre de la législation anti-blanchiment, le CSA impose à toutes les sociétés et à toutes les
personnes morales qu’il régit (à l’exception des partis politiques européens et des fondations
politiques européennes) de recueillir et de conserver les données relatives à leurs bénéficiaires
effectifs, afin d’alimenter une banque de données centralisées, le Registre des bénéficiaires
effectifs (Registre UBO, Ultimate Beneficial Owners). Ce registre a été constitué au sein de
l’Administration générale de la Trésorerie du SFP Finances52.

Les données concernent au moins le nom, la date de naissance, la nationalité et l’adresse du


bénéficiaire effectif, ainsi que, s’il s’agit d’une société, la nature et l’étendue de l’intérêt
économique détenu par lui.

Les membres de l’organe d’administration qui omettent de procéder à ces formalités s’exposent à
des sanctions pénales53.

Les bénéficiaires effectifs sont la ou les personnes physiques qui, en dernier ressort, possèdent ou
contrôlent la société ou la personne morale.

Sont considérés comme possédant ou contrôlant en dernier ressort une société la ou les personnes
physiques qui possède(nt), directement ou indirectement, plus de 25 % des droits de vote ou des
actions ou du capital ou qui exerce(nt) le contrôle par d'autres moyens. Si ce n’est le cas de
personne, il s’agit de la ou des personnes physiques qui occupent la position de dirigeant principal.

Dans le cas des associations (internationales) sans but lucratif et des fondations, il s’agit des
membres de l’organe d’administration, des personnes habilitées à représenter l'association, les
personnes chargées de la gestion journalière, des fondateurs d'une fondation, des personnes
physiques dans l'intérêt principal desquelles l'association (internationale) sans but lucratif ou la
fondation a été constituée ou opère, ou de toute autre personne physique exerçant par d'autres
moyens le contrôle en dernier ressort54.

Tout citoyen peut consulter les données de ce registre, sur la base du numéro BCE ou du nom de
l’entreprise55.

52 CSA, art. 1:34 à 1:36.


53 CSA, art. 1:36.
54 CSA, art. 1:34 ; art. 4, al. 1, 27° de la loi du 18 septembre 2017 relative à la prévention du blanchiment de capitaux et

du financement du terrorisme et à la limitation de l'utilisation des espèces.


55 arrêté royal du 30 juillet 2018 relatif aux modalités de fonctionnement du registre UBO.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

HISTORIQUE

1. « ANCIEN » DROIT
A. Sociétés
Code de commerce :
Le Code de commerce de 1807 consacrait le titre III du livre I aux sociétés commerciales.

Loi du 18 mars 1873 :


Cette réglementation parut insuffisante dès les années 1860. Une réforme législative de grande ampleur
aboutit à la loi du 18 mai 1873.

Lois coordonnées sur les sociétés commerciales :


Cette loi fut complétée et modifiée à de nombreuses reprises, au point que les lois en matière de sociétés
ont été coordonnées une première fois à la suite de la loi du 25 mai 191356 et une seconde fois à la suite de
la loi du 9 juillet 193557. Depuis 1935, les lois sur les sociétés furent appelées « lois coordonnées sur les
sociétés commerciales ».

Les lois coordonnées sur les sociétés commerciales firent à leur tour l’objet de très nombreuses
modifications, notamment en 1973 (pour transposer la première directive), en 1984 (pour transposer la
deuxième directive) et le 13 avril 1995 (acquisition de la personnalité morale subordonnée au dépôt de
l’acte constitutif).

En outre, à côté des sociétés à forme commerciale régies par les lois coordonnées sur les sociétés
commerciales, il y avait les sociétés civiles régies par le titre IX du Code civil (mais qui n’avaient pas la
personnalité morale), les sociétés agricoles régies par la loi du 12 juillet 1979 et les groupements d'intérêt
économique régis par la loi du 17 juillet 1989 (qui furent qualifiés de sociétés par la loi du 13 avril 1995).

Code des sociétés :


L’article 110, § 1er de la loi du 13 avril 1995 donnait au Roi le pouvoir de « codifier et mettre en concordance
toutes les dispositions législatives et réglementaires relatives aux sociétés commerciales ou à forme
commerciale ». Le but de la codification était « de regrouper les textes dans un Code des sociétés, de les
harmoniser et d’en accroître la compréhension, sans toutefois y apporter de modification de fond ». Cette
codification se voulait donc à droit constant.

Cette codification fut réalisée par la loi du 7 mai 1999 comportant le Code des sociétés.

Le Code des sociétés a intégré les dispositions qui se trouvaient, non seulement dans les lois coordonnées
sur les sociétés commerciales, mais également dans le titre IX du Code civil (titre relatif aux sociétés), la loi
du 12 juillet 1979 (société agricole) et la loi du 17 juillet 1989 (groupement d'intérêt économique). Il a
abrogé les lois coordonnées sur les sociétés commerciales, le titre IX du Code civil, la loi du 12 juillet 1979 et
la loi du 17 juillet 1989.

Le Code des sociétés a fait l’objet de très nombreuses modifications.

56 arrêté royal du 22 juillet 1913.


57 arrêté royal du 30 novembre 1935 de coordination des lois sur les sociétés commerciales.

18
Fanny Streveler MA1 DROIT

CSA :
La loi du 23 mars 2019 introduisant le Code des sociétés et des associations et portant des dispositions
diverses a abrogé le Code des sociétés, sous réserve du droit transitoire.

B. Associations et fondations
La loi du 25 octobre 1919 a accordé la personnalité morale aux associations internationales poursuivant un
but philanthropique, religieux, scientifique, artistique ou pédagogique et la loi du 27 juin 1921 aux
associations sans but lucratif et aux établissements d’utilité publique.

La loi du 25 octobre 1919 et la loi du 27 juin 1921 avaient fait l’objet de relativement peu de modifications
jusqu’à 2019. Les principales modifications résultaient de :
- la loi du 2 mai 2002 sur les associations sans but lucratif, les associations internationales sans but
lucratif et les fondations, qui a modifié en profondeur la loi du 27 juin 1921 (elle a notamment rebaptisé
les établissements d’utilité publique en fondations, en opérant une distinction entre les fondations
privées et les fondations d’utilité publique) et y a intégré les associations internationales (elle a abrogé
la loi du 25 octobre 1919) ;
- la loi du 16 janvier 2003 sur la Banque-Carrefour des Entreprises, qui a prévu l’accomplissement des
formalités de constitution au greffe du tribunal de commerce (désormais, « de l’entreprise »). Cette loi
a été abrogée par le CDE, qui a repris la plupart de ses dispositions.

Sur plusieurs points, ces deux lois avaient dans une certaine mesure aligné le régime des associations et des
fondations sur celui des sociétés (par exemple, en ce qui concerne les modalités de constitution, les actes
accomplis au nom de l’association ou de la fondation en formation, le régime de la nullité).

La loi du 23 mars 2019 introduisant le Code des sociétés et des associations et portant des dispositions
diverses a abrogé la loi du 27 juin 1921, sous réserve des règles de droit transitoire.

2. LOI DU 23 MARS 2019 INTRODUISANT LE CSA ET PORTANT DES


DISPOSITIONS DIVERSES
Le législateur a poursuivi les objectifs suivants :
- procéder à une simplification de grande envergure ;
- harmoniser le droit des sociétés et le droit des associations et les réunir dans un même code, le
Code des sociétés et des associations (CSA) ;
- rendre le droit des sociétés plus flexible, notamment par un système d’options, tout en
prévoyant des règles par défaut qui s’appliquent quand les parties n’ont pas fait de choix ;
- adapter le droit belge aux dernières évolutions du droit européen ;
- « faire du droit belge des sociétés un droit attractif qui soit compétitif sur le plan international
par rapport aux droits des autres pays membres de l’Union européenne et qui puisse dès lors
constituer un des éléments favorisant des investissements étrangers et contribuant à maintenir
un lien entre nos dernières grandes sociétés multinationales belges et notre pays ».

19
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les principales réformes sont les suivantes :


- intégration des associations et des fondations dans un même code (le Code des sociétés et des
associations), alors qu’auparavant elles étaient régies par respectivement le Code des sociétés
et la loi du 27 juin 1921 ;
- harmonisation dans une certaine mesure du droit des sociétés et du droit des associations,
notamment en ce qui concerne les activités autorisées et une série de points techniques ;
- reconnaissance d’une seule société sans personnalité morale : la société simple, alors
qu’auparavant il existait, à côté de la société simple, la société momentanée et la société
interne ;
- réduction du nombre de formes de personnes morales : seuls sont maintenus la SNC, la
SComm, la SRL, la SC, la SA, l’ASBL, l’AISBL, la fondation privée, la fondation d’utilité publique,
la SE, la SCE, le parti politique européen, la fondation politique européenne et le GEIE ; sont
supprimées certaines formes de personnes morales qui étaient prévues par le Code des
sociétés : la société en commandite par actions (SCA), la société coopérative à responsabilité
illimitée (SCRI), le groupement d’intérêt économique (GIE) et la société agricole, ainsi que
l’union professionnelle, qui était organisée par une loi du 31 mars 1898 ;
- nouvelles dénominations :
o la SRL remplace la SPRL (société privée à responsabilité limitée) qui était organisée par le
Code des sociétés ;
o la société coopérative (SC) remplace la société coopérative (SCRL) qui était organisée par
le Code des sociétés58 ;
o la SComm remplace la société en commandite simple (SCS) qui était organisée par le
Code des sociétés ;
- suppression de la société à finalité sociale, qui était prévue par le Code des sociétés (non
comme forme distincte de société mais comme variante de société), mais possibilité
d’agrément des SC en qualité d’entreprise sociale ;
- suppression du concept de sociétés faisant ou ayant fait appel à l’épargne publique,
suppression de la distinction entre société cotée et société dont les actions sont admises à la
négociation sur un marché réglementé et limitation des règles applicables aux sociétés cotées ;
- modification des caractéristiques des formes de sociétés qui sont maintenues :
o la SA est en théorie réservée aux grandes entreprises avec un actionnariat important ;
elle peut choisir un système moniste (conseil d’administration classique ou
administrateur unique qui peut être irrévocable – ce qui, selon l’Exposé des motifs,
devrait constituer l’équivalent de la SCA) ou dualiste (conseil de surveillance et conseil de
direction) ;
o la SRL devient la forme naturelle de société pour toutes les autres sociétés ;
o le concept de capital est supprimé pour la SPRL, rebaptisée SRL, et pour la SCRL,
rebaptisée SC ;
o la société coopérative est réservée aux entreprises ayant un véritable esprit coopératif ;
- renforcement des sanctions civiles et limitation des sanctions pénales ;
- flexibilité :
o caractère supplétif de nombreuses règles ;
o système d’options ;
- remplacement de la théorie du siège réel par celle du siège statutaire.

58A condition que son but corresponde à celui prévu par l’article 6:1 du CSA ; sinon, la SCRL doit se transformer en une
autre forme de société (en principe, une SRL).

20
Fanny Streveler MA1 DROIT

Code des sociétés Loi du 27 juin 1921 CSA


Entités sans Société simple / Société simple
personnalité juridique
Personnes morales SNC / SNC
SCS SComm
SCRL SC ou SRL
SCRI SRL
SPRL SA
SA SE
SCA SEC
Société agricole GEIE
GIE
SE
SEC
/ ASBL ASBL
AISBL AISBL
Fondation privée Fondation privée
Fondation d’utilité Fondation d’utilité
publique publique
Parti politique européen Parti politique européen
Fondation politique Fondation politique
européenne européenne

A. Architecture du CSA
Le CSA est divisé en 18 livres, plus des dispositions diverses, dont les dispositions abrogatoires (notamment
abrogation du Code des sociétés et de la loi du 27 juin 1921) et les dispositions transitoires (infra).

Les livres 1 à 3 contiennent des dispositions générales applicables tant aux sociétés, qu’aux associations et
aux fondations.

Les livres 4 à 8 comportent des dispositions spécifiques applicables aux sociétés (livre 4 : société simple, SNC
et SComm ; livre 5 : SRL ; livre 6 : SC ; livre 7 : SA ; livre 8 : agrément de sociétés).

Sous réserve des dispositions communes applicables à toutes les personnes morales (livre 2), le législateur a
voulu supprimer les renvois, dans un souci de lisibilité. Cela explique en partie la longueur du CSA. Il n’a
cependant pas évité tout renvoi. Ainsi, pour les SRL cotées, l’article 5:2, alinéa 1er, renvoie aux dispositions
applicables aux SA cotées qu’il énumère.

Les livres 9 à 11 traitent des associations et des fondations.

Les livres 12 à 14 règlent la restructuration et la transformation.

Les livres 15 à 18 traitent respectivement de la SE, de la SCE, du parti politique européen et de la fondation
politique européenne et du GEIE.

21
Fanny Streveler MA1 DROIT

DROIT TRANSITOIRE

Le système de droit transitoire de la loi du 23 mars 2019 s’articule autour de trois dates clés.

1. 1ER MAI 2019


Le 1er mai 2019, la loi du 23 mars 2019 est entrée en vigueur.

Les sociétés, associations et fondations n’ont pu se constituer depuis cette date que conformément
au CSA et ont été immédiatement soumises à toutes les dispositions du CSA.

Les sociétés, associations et fondations constituées avant cette date pouvaient décider d’appliquer
le CSA par une décision de leur assemblée générale aux conditions de majorité requises pour la
modification des statuts (« opt-in »).

2. 1ER JANVIER 2020


Depuis le 1er janvier 2020, le CSA s’applique également à toutes les sociétés, associations et
fondations constituées avant l’entrée en vigueur de la loi qui n’avaient pas encore modifié leurs
statuts.

Sont applicables tant les dispositions impératives du CSA (sans possibilité de dérogation par les
statuts : les clauses des statuts contraires sont réputées non écrites) que les dispositions
supplétives (sauf si elles sont contraires à des dispositions statutaires).

Lors de la première modification des statuts, les sociétés, associations et fondations constituées
avant le 1er janvier 2020 devront mettre les statuts en conformité avec le CSA, sauf s’il s’agit d’une
modification des statuts qui résulte de l’utilisation du capital autorisé, de l’exercice de droits de
souscription ou de la conversion d’obligations convertibles.

Les membres de l’organe d’administration seront personnellement et solidairement responsables


des dommages subis par la personne morale ou par des tiers résultant du non-respect de cette
obligation59.

3. 1ER JANVIER 2024


Le 1er janvier 2024, le CSA s’appliquera intégralement à toutes les sociétés et associations.

Il s’agit de la date ultime pour adapter les statuts. Les membres de l’organe d’administration seront
personnellement et solidairement responsables des dommages subis par la personne morale ou par
des tiers résultant du non-respect de cette obligation60.

59 art. 39, § 1er, al. 3 de la loi du 23 mars 2019.


60 art. 39, § 1er, al. 3 de la loi du 23 mars 2019.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Règles particulières applicables aux sociétés dont le capital est supprimé


Le 1er janvier 2020, la partie libérée du capital et de la réserve légale des SRL ainsi que la partie
libérée de la part fixe du capital et de la réserve légale des SCRL qui répondent à la définition de SC
au sens de l’article 6:161 ont été converties, de plein droit et sans formalité, en un compte de
capitaux propres statutairement indisponible, de sorte que ces sociétés sont devenues des sociétés
sans capital. La partie non libérée du capital des SRL et la partie non libérée de la part fixe du capital
de ces SCRL ont été converties de la même manière en un compte de capitaux propres « apports
non appelés ». Lors de la libération, les montants versés seront comptabilisés dans le compte
« capitaux propres » indisponible62.

B. Règles particulières applicables aux sociétés dont la forme est supprimée


Les personnes morales dont la forme est supprimée peuvent continuer à exister sous cette forme
jusqu’au 31 décembre 2023.

Elles restent soumises au Code des sociétés jusqu’à leur transformation, sous réserve de
l’application des dispositions légales impératives qui s’appliquent à la forme de société la plus
proche, notamment ;
- celles applicables à la SA pour la SCA, à l’exception des dispositions du livre 7, titre 4, chapitre
1er (administration), sauf les articles 7:97 et 7:102 (relatifs aux conflits d’intérêts) ;
- celles applicables à la SNC pour la SCRI, au GEIE et à la société agricole qui ne compte pas
d’associés commanditaires ;
- celles applicables à la SComm à la société agricole qui compte des associés commanditaires ;
- celles applicables à la SRL à la SCRL qui ne répond pas à la nouvelle définition de société
coopérative (à l’exception des dispositions du livre 2, titre 7 [Résolution des conflits internes],
du livre 5, article 5:1, titre 5 [Du patrimoine de la société] et titre 6 [Démission et exclusion à
charge du patrimoine social)63.

Le 1er janvier 2024, elles seront transformées de plein droit en la forme prévue par la loi :
- la SCRI et le GIE seront transformés en SNC ;
- la SCA sera transformée en SA avec un administrateur unique ;
- la société agricole sera transformée en SNC ou, si elle compte des commandités, en SComm ;
- la SCRL qui ne répond pas à la définition de SC sera transformée en SRL64.

Dans un délai de six mois à compter du jour de cette transformation de plein droit, l’organe
d’administration devra convoquer une assemblée générale ayant à l’ordre du jour l’adaptation des
statuts à la nouvelle forme légale65. Les membres de l’organe d’administration seront
personnellement et solidairement responsables des dommages subis par la personne morale ou par
des tiers résultant du non-respect de cette obligation66.

61 Et qui sont donc des SC depuis le 1er janvier 2020.


62 art. 39, § 2, al. 2 de la loi du 23 mars 2019.
63 art. 41, § 1er de la loi du 23 mars 2019.
64 art. 41, § 2 de la loi du 23 mars 2019.
65 art. 41, § 3 de la loi du 23 mars 2019.
66 art. 40, § 3 de la loi du 23 mars 2019.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Les SFS qui n’ont pas adopté la forme d’une SCRL et qui souhaitent conserver leur agrément comme
entreprise sociale devront se transformer en SC pour cette date67.

C. Règles particulières applicables aux sociétés à finalité sociale


Les SFS sont présumées agréées comme entreprises sociales depuis le 1er janvier 2020 mais le
Ministre qui a l’Economie dans ses attributions peut renverser cette présomption68.

Si elles n’ont pas la forme d’une SC, elles doivent se transformer en SC avant le 1 er janvier 2024
sinon elles perdront leur agrément69.

D. Règles particulières applicables aux associations


Jusqu’au 31 décembre 2028, les associations constituées avant le 1er mai 2019 resteront soumises à
l’interdiction d’exercer des activités commerciales à titre principal sauf si elles mettent auparavant
leurs statuts en conformité avec le CSA.

4. EXCEPTIONS
La loi du 23 mars 2019 prévoit des exceptions au régime de droit transitoire, notamment :
- jusqu’à la prochaine modification de leurs statuts et jusqu’au 1er janvier 2024 au plus tard, les
sociétés dotées d’un comité de direction peuvent le conserver70 ;
- pour les personnes morales qui prévoient dans leurs statuts la compétence de l’organe
d’administration pour déplacer le siège, la loi assimile de plein droit la référence dans les
statuts à l’adresse à laquelle le siège de la personne morale est établi, à une mention en dehors
des statuts, de sorte que, depuis le 1er janvier 2020, l’organe d’administration peut déplacer le
siège pour autant que le transfert n’implique pas de changement de langue (sans modifier les
statuts si le siège est transféré au sein de la même Région, en modifiant les statuts si le siège
est transféré dans une autre Région). Cette adresse sera supprimée des statuts et remplacée
par une mention de la région dans laquelle le siège est établi à l’occasion de la première
coordination des statuts71. Si les statuts ne prévoient pas la compétence du conseil
d’administration pour déplacer le siège, il faut une modification des statuts, mais qui peut être
décidée par l’organe d’administration, pour autant que le transfert n’implique pas de
changement de langue72. Dans tous les cas, si le transfert implique un changement de langue,
l’assemblée générale doit modifier les statuts.

67 art. 42, § 1er, al. 2 de la loi du 23 mars 2019.


68 art. 42, § 1 , al. 1er de la loi du 23 mars 2019 ; AR du 28 juin 2019 portant exécution de l’article 42, § 4.
69 art. 42, § 1er, al. 2 de la loi du 23 mars 2019.
70 art. 39, § 3 de la loi du 23 mars 2019.
71 art. 44, al. 1er de la loi du 23 mars 2019.
72 art. 44, al. 2 de la loi du 23 mars 2019.

24
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 2 :
THEORIES DE LA
GOUVERNANCE
D’ENTREPRISE

25
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le présent chapitre examine brièvement les principales théories de la gouvernance d’entreprise et les
modèles qu’elles proposent : la théorie de l’agence, le modèle de la primauté de l’actionnaire, le modèle
managérial, le modèle des parties prenantes, la théorie néo-libérale et les mouvements Law and Economics
et Law and Finance. Il explique leur impact sur la gouvernance d’entreprise en général et sur la
responsabilité sociétale des entreprises en particulier.

Ces théories ont eu le mérite d’alimenter la réflexion sur les mécanismes juridiques au cœur du droit des
sociétés, notamment par la prise en compte de considérations économiques. Un glissement s’est toutefois
produit dans la mesure où elles postulent un modèle unique d’entreprise et ont été parfois invoquées pour
légitimer un modèle de gouvernance, alors qu’elles restent relativement abstraites et que la réalité est
beaucoup plus nuancée.

La confrontation entre ces théories et les modèles qu’elles proposent reste cependant d’actualité, d’autant
que beaucoup font le parallèle entre la situation dans laquelle a émergé la théorie de la primauté de
l’actionnaire et celle qui prévaut aujourd’hui.

NOTIONS

La gouvernance d’entreprise (GE) (« corporate governance », CG) désigne la recherche de


mécanismes d’équilibre et de contrôle, internes et externes, qui concilient les objectifs des
dirigeants avec les intérêts des actionnaires et des autres parties prenantes (travailleurs,
fournisseurs, prêteurs,…).

L’OCDE la définit « comme un système de direction et de contrôle des entreprises et comme un


ensemble de relations entre la direction de l’entreprise, son conseil d'administration, ses
actionnaires et ses autres parties prenantes ».

Depuis les années nonante, la gouvernance a inspiré la réflexion par les régulateurs, à tous les
niveaux (mondial : OCDE ; européen : Commission ; législateurs nationaux), sur les principes qui
sous-tendent la législation sur les sociétés et, en particulier, les équilibres sociétaires et leur propre
rôle à cet égard, en vue de dégager un « modèle » d’organisation. Cette réflexion concerne les
sociétés mais la plupart des principes qui sont dégagés sont tout aussi valables pour les associations
et les fondations.

Le cadre régissant la gouvernance d’entreprise est une combinaison de dispositions législatives


contraignantes et de mesures plus ou moins contraignantes (« soft law ») comprenant notamment
des recommandations d’institutions nationales ou internationales, des codes de gouvernance
d’entreprise édictés par les milieux intéressés et des chartes de gouvernance d’entreprise élaborées
par les sociétés elles-mêmes.

Un des avantages de ces codes par rapport à la loi est leur faculté de s’adapter beaucoup plus vite
aux évolutions.

La responsabilité sociétale des entreprises (RSE) (« corporate social responsibility », CSR) désignait
initialement l’intégration volontaire, par les entreprises, de préoccupations sociales et
environnementales à leurs activités commerciales et leurs relations avec leurs parties prenantes,
au-delà des obligations juridiques qui leur incombent.

26
Fanny Streveler MA1 DROIT

Ainsi, selon la Commission européenne,


« Le concept de Responsabilité Sociale des Entreprises signifie essentiellement que celles-ci
décident de leur propre initiative de contribuer à améliorer la société et rendre plus propre
l’environnement (...). Bien que leur responsabilité première soit de générer des profits, les
entreprises peuvent en même temps contribuer à des objectifs sociaux et à la protection de
l’environnement, en intégrant la responsabilité sociale comme investissement stratégique au cœur
de leur stratégie commerciale, de leur instruments de gestion et de leurs activités » .

Toutefois, compte tenu de la multiplication des obligations imposées aux sociétés en la matière,
cette définition a évolué vers « la responsabilité des entreprises pour les impacts de leurs décisions
et de leurs activités sur la société et sur l’environnement » ou, en d’autres termes, la responsabilité
des sociétés vis-à-vis des parties prenantes (la notion de « responsabilité » est ici entendue de
manière éthique et non juridique dans le sens de prise de responsabilité vis-à-vis de la société en
général et des parties prenantes).

Selon le cadre de référence de la responsabilité sociétale des entreprises en Belgique,


« La responsabilité sociétale des entreprises est un processus d’amélioration dans le cadre duquel
les entreprises intègrent de manière volontaire, systématique et cohérente des considérations
d’ordre social, environnemental et économique dans leur gestion en concertation avec leurs parties
prenantes » .

Plus précisément, les entreprises doivent intégrer dans leur stratégie, leurs décisions et leurs
activités les questions relatives à l’organisation de l’entreprise ainsi que les préoccupations en
matière sociale (conditions du travail), environnementale, éthique, de droits de l’homme, de
consommateurs, de loyauté des pratiques (corruption,...) ; adopter un comportement éthique et
transparent ; avoir égard aux communautés et contribuer au développement local et au
développement durable (défini comme le développement qui répond aux besoins du présent sans
compromettre la capacité des générations futures à répondre aux leurs) ; respecter les lois en
vigueur, les conventions collectives et les normes internationales de comportement .

Pour chacune de ces questions, l’entreprise doit identifier et traiter les domaines d’actions qui sont
pertinents pour ses activités. Certaines d’entre elles concernent toutes les entreprises (notamment
la gouvernance et la loyauté des pratiques) ; d’autres dépendent dans une large mesure du secteur
d’activités : par exemple, pour une société immobilière, la corruption et l’environnement sont généralement
des questions plus sensibles que le respect des droits de l’homme.

En vertu de la norme ISO 26000, les principaux principes de la RSE sont :


1) la « redevabilité » (une entreprise doit être en mesure de répondre de ses impacts sur la
société, l’économie et l’environnement) ;
2) la transparence de ses décisions et de ses activités qui ont une incidence sur la société et
l’environnement ;
3) un comportement éthique, fondé sur les valeurs de l’honnêteté, de l’équité et de l’intégrité ;
4) la reconnaissance des intérêts des parties prenantes ;
5) le respect du principe de légalité (ce qui implique qu’elle se tienne à jour et examine
régulièrement la conformité de sa situation aux réglementations) ;
6) la prise en compte des normes internationales de comportement (ce qui en réalité est déjà
couvert par le respect du principe de légalité) ;

27
Fanny Streveler MA1 DROIT

7) le respect des droits de l’homme.

Le cadre régissant la RSE consiste en des recommandations et des standards internationaux, ainsi
que des codes de conduite adoptés par les sociétés (sous des appellations diverses : code d’éthique
ou de déontologie, charte, règlement interne ou d’ordre intérieur...).

Il existe une interpénétration constante entre la GE et la RSE :


« Dans le contexte de la responsabilité sociétale, la gouvernance des organisations présente la
particularité d’être, à la fois, une question centrale qui suscite des actions de la part des
organisations, et un moyen d’augmenter la capacité desdites organisations à se comporter de
manière responsable vis-à-vis de sautres questions centrales ».

THÉORIES ET MODÈLES

1. THÉORIE DE L’AGENCE
De manière générale, la théorie de l’agence concerne les problèmes qui peuvent se poser entre le
représentant (l’« agent ») et le représenté (le « principal ») en raison du fait qu’ils ne sont pas
sensibles aux mêmes risques et poursuivent des buts différents (les termes « représentant » et
« représenté » étant ici entendus dans un sens large, non juridique).

Dans une entreprise, de nombreux conflits d’agence peuvent survenir : entre l’employeur et les
travailleurs, entre les dirigeants et les actionnaires, entre la banque et les épargnants,…

Cette théorie fait l’inventaire de ces problèmes, en décrit les conséquences et propose des
solutions.

A. Application aux relations entre les dirigeants et les actionnaires


La théorie de l’agence décrit notamment les relations entre les dirigeants (notamment les
administrateurs) (« agents ») et les actionnaires (« principals »).

Dans les petites entreprises, dans lesquelles les actionnaires et les dirigeants se confondent, il n’y a
par définition aucun risque de divergence entre les actionnaires et les dirigeants.

Toutefois, le développement de grandes entreprises a entraîné la séparation entre la propriété et le


pouvoir : la propriété appartient aux actionnaires qui, avec le développement des marchés
financiers, deviennent une masse de plus en plus hétérogène alors que le pouvoir est concentré
entre les mains des dirigeants.

Cette dispersion des actionnaires et cette séparation entre la propriété et le pouvoir entraînent un
renforcement des pouvoirs des dirigeants et l’apparition de problèmes dits « d’agence » en raison
des divergences d’intérêts entre les propriétaires et les dirigeants.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

B. USA >< Europe


Les conflits d’agence se posent en des termes différents aux Etats-Unis et en Europe en raison de
différences dans la structure de l’actionnariat. On verra ci-après que certaines théories
économiques prétendent expliquer ces différences.

Aux Etats-Unis, l’actionnariat des grandes sociétés est fort dispersé, de sorte que les conflits
d’agence sont des conflits « classiques », entre les actionnaires et les dirigeants.

En revanche, en Europe, beaucoup de grandes sociétés se caractérisent par l’existence d’un


actionnariat de référence qui contrôle les dirigeants, de sorte que les conflits d’agence ne sont pas
des conflits classiques entre les dirigeants et les actionnaires mais des conflits entre l’actionnaire
majoritaire et les actionnaires minoritaires.

C. Raisons des conflits d’agence


Plusieurs raisons peuvent expliquer les conflits d’agence.

Il peut s’agir de divergences entre la poursuite d’une stratégie à long terme par les dirigeants et les
perspectives à court terme des actionnaires. Par exemple, quand une société a réalisé des bénéfices, les
dirigeants peuvent souhaiter les mettre en réserve pour réaliser des projets déterminés ou faire face à des
risques identifiés tandis que les actionnaires peuvent vouloir les distribuer immédiatement.

Il peut également s’agir d’une appréciation différente des risques, due au fait que les dirigeants
poursuivent généralement une stratégie à long terme et ont accès à davantage d’informations que
les actionnaires, qui, n’étant pas impliqués dans le fonctionnement de la société, peuvent ne pas
comprendre certaines décisions.

A l’inverse, et cette situation est beaucoup plus malsaine, il peut arriver que les dirigeants aient
intérêt à maximaliser les bénéfices à court terme parce que leur rémunération en dépend et
privilégient ainsi leurs intérêts personnels au détriment des intérêts à long terme des actionnaires.

Ces conflits entraînent des coûts d’agence.

On classe généralement les coûts d’agence en trois catégories :


- les coûts encourus pour surveiller les dirigeants (exemple : un audit) et les coûts encourus pour
inciter les dirigeants à certains actes ou comportements ;
- les coûts résultant de l’exécution par les agents de leurs obligations (exemple : le recours à un
expert indépendant) ;
- les coûts d’opportunité ou pertes résiduelles, c’est-à-dire les pertes résultant pour les
actionnaires de décisions de gestion prises par les administrateurs qui leur sont défavorables
(exemple : une acquisition).

D. Mécanismes de gouvernance
La théorie de l’agence invite à prévoir des mécanismes pour réduire ces conflits, aligner les intérêts
des dirigeants sur ceux des actionnaires et en définitive protéger les actionnaires.

De tels mécanismes font partie de la gouvernance de la société (transparence pour assurer l’accès des
actionnaires à l’information et la bonne communication entre les dirigeants et les actionnaires ; reporting ;

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Fanny Streveler MA1 DROIT

diversité au sein de l’organe d’administration ; plans d’intéressement des dirigeants à long terme pour les
inciter à prendre en considération la performance à long terme de la société ;…).

2. MODÈLE DE LA PRIMAUTÉ DES ACTIONNAIRES >< MODÈLE


MANAGÉRIAL
A. Modèle de la primauté des actionnaires (Berle)
Le modèle de la primauté des actionnaires (« shareholder primacy ») est un modèle de
gouvernance selon lequel le seul but de la société est le profit des actionnaires (par la distribution
de dividendes et l’augmentation de la valeur de leurs actions) de sorte que l’entreprise doit être
gérée dans leur intérêt et que les dirigeants doivent faire ce que leur demandent les actionnaires.

Ce modèle trouve son origine dans un article publié en 1931 par Adolf A. BERLE, Professeur à la
Columbia Law School, sur toile de fond de la Grande Dépression et des efforts du Gouvernement
américain de sortir de la crise. Dans cet article, BERLE affirma que « tous les pouvoirs accordés à
une société ou à la direction d'une société (...) sont nécessairement et à tout moment exerçables
uniquement au bénéfice proportionnel de tous les actionnaires en fonction de leur intérêt ».

Selon BERLE, les sociétés sont des véhicules pour promouvoir les intérêts des actionnaires. Toute
autre interprétation de la nature des sociétés « irait à l'encontre de l'objet et de la nature même de
la société ». Les dirigeants sont les « trustees » (administrateurs) des actionnaires et ont un devoir
fiduciaire d’exercer leurs pouvoirs au bénéfice de ces actionnaires.

BERLE devint ainsi le promoteur du modèle de gouvernance de primauté des actionnaires.

B. Modèle managérial (Dodd)


Un an plus tard, E. Merrick DODD, Professeur à l’Harvard Law School, adopta une position
radicalement différente :
« Il y a en fait un sentiment croissant non seulement que les entreprises ont des responsabilités
envers la communauté mais aussi que nos dirigeants qui contrôlent les entreprises devraient
volontairement et sans attendre une contrainte légale les gérer de manière à remplir ces
responsabilités ».

Selon DODD, les dirigeants doivent tenir compte non seulement des intérêts des actionnaires mais
également des intérêts des travailleurs, des consommateurs et du public en général. Les dirigeants
sont les « trustees » non des actionnaires mais de la communauté.

DODD devint ainsi le promoteur du modèle managérial de gouvernance, qui fait confiance aux
dirigeants pour prendre les meilleures décisions dans l’intérêt des actionnaires.

Ce modèle a connu un certain succès jusqu’à la fin des années soixante.

Par rapport au modèle de la primauté de l’actionnaire, il semble en effet garantir une certaine
égalité puisque tous peuvent avoir accès au pouvoir grâce à la connaissance et à l’expérience,
plutôt que par l’héritage. Il semble aussi protéger les actionnaires contre la tyrannie d’un
paterfamilias.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Le modèle managérial s’est heurté à la crise économique et aux scandales financiers des années
septante, remettant en cause le mythe de dirigeants efficaces, professionnels, attentifs aux intérêts
des actionnaires.

Son fondement idéologique a également été remis en question :


« La technocratie peut devenir une oligarchie, c’est-à-dire un gouvernement par un petit nombre
d’individus qui se cooptent et qui accaparent le pouvoir entrepreneurial que ce soit au niveau des
entreprises, mais aussi des Etats et même des syndicats. Par un effet de distinction sociologique,
cette oligarchie technocratique interdit l’entrée de nouveaux prétendants au pouvoir et s’oppose
ainsi à l’égalité libérale ».

3. MODÈLE DES PARTIES PRENANTES


Le modèle des parties prenantes (« stakeholders theory ») est un modèle de gouvernance qui
reconnaît que les actionnaires ne sont pas les seuls à supporter les risques économiques de la
société et qui tient compte des intérêts de l'ensemble des acteurs qui peuvent être concernés par
ses activités : non seulement les actionnaires, mais aussi les travailleurs, les fournisseurs, les
prêteurs,... et la communauté en général.

Il repose sur une conception de la société comme un nœud de contrats et un réseau complexe de
relations entre une série de parties.

Bien que l’éthique des entreprises soit beaucoup plus ancienne, ce modèle a été développé dans
les années quatre-vingts par Robert E. FREEMAN (à ne pas confondre avec le gourou de la théorie
néo-libérale, FRYDMAN ; voir ci-après), qui a forgé le terme « stakeholder » par opposition au
terme « stockholder » (actionnaire).

Il postule que la RSE serait créatrice de plus-value dans trois domaines : économique (profit pour
les actionnaires), social et environnemental.

A. Compatibilité avec le modèle de la primauté de l’actionnaire


Selon le modèle des parties prenantes, les entreprises sensibles aux préoccupations
environnementales, aux questions sociales et de personnel, au respect des droits de l’homme et à
la lutte contre la corruption peuvent parfaitement adhérer au modèle de maximalisation des
intérêts des actionnaires et beaucoup le font ; en d’autres termes, la responsabilité sociétale des
entreprises peut combiner la maximalisation du profit des actionnaires et des buts sociaux plus
larges.

Ainsi, selon le cadre de référence de la responsabilité sociétale des entreprises en Belgique,


« Plusieurs études montrent que les entreprises qui intègrent la RSE dans leur politique
entrepreneuriale bénéficient d’un avantage concurrentiel. En effet, ces entreprises présenteraient
plus d’attrait pour les travailleurs, lesquels sont davantage motivés à continuer de travailler pour
l’entreprise en question. La productivité de l’entreprise s’en trouverait donc améliorée. En outre,
les consommateurs examinent de plus en plus souvent de manière critique comment les
entreprises assument leur responsabilité sociétale. L’ouverture et le dialogue avec des acteurs
externes permettent aux entreprises de réagir plus facilement aux attentes du marché et d’aborder
de nouveaux marchés. De plus, la RSE peut contribuer à augmenter la capacité d’innovation de

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Fanny Streveler MA1 DROIT

l’entreprise en question. Tous ces éléments ont des effets positifs, à moyen et à long terme, sur la
position de l’entreprise sur le marché. Par ailleurs, la RSE peut être synonyme de surcroît
d’efficacité dans la gestion de l’entreprise, par exemple par la réalisation d’économies en matière
de matériaux, de déchets, de consommation d’eau et d’énergie et par la réduction de produits
dérivés superflus ainsi qu’en termes de transport,... Pour toutes ces raisons, la RSE profite à la
réputation et à l’image de l’entreprise ».

4. THÉORIE NÉOLIBÉRALE
La théorie néolibérale s’est développée à partir des années septante. Elle s’oppose radicalement
tant au modèle managérial qu’au modèle des parties prenantes.

Elle postule la supériorité de la gouvernance actionnariale et financière (pouvoirs des actionnaires


et discipline du marché) sur la régulation pour assurer la performance de l’entreprise : les
actionnaires capitalistes sont des calculateurs cherchant naturellement à maximiser leurs intérêts
de sorte qu’ils sont les meilleurs garants de la bonne gestion de l’entreprise et doivent pouvoir la
contraindre à maximiser son profit.

Elle est synthétisée par ces lignes de Milton FRIEDMAN, Prix Nobel d’Economie 1976 :
« Il n'y a qu'une seule et unique responsabilité sociale de l'entreprise : utiliser ses ressources et
s'engager dans des activités destinées à augmenter ses profits tant qu'elle reste dans les règles du
jeu, c'est-à-dire s'engager dans une concurrence ouverte et libre sans tromperie ni fraude ».

Dans cette théorie, la réglementation des sociétés ne se justifie que par la performance
économique finale.

Qu’on en juge par ces lignes de M. FRIEDMAN sur la responsabilité sociétale des entreprises :
« Dans un système de libre entreprise et de propriété privée, un dirigeant d'entreprise est un
employé des propriétaires de l'entreprise. Il est directement responsable devant ses employeurs.
Cette responsabilité consiste à mener l'entreprise conformément à leurs désirs, qui seront
généralement de gagner autant d'argent que possible tout en se conformant aux règles de base de
la société, tant celles qui sont consacrées par la loi que celles qui sont consacrées par les usages
éthiques. (...)
Bien entendu, le chef d'entreprise est aussi une personne à part entière. En tant que personne, il
peut avoir de nombreuses autres responsabilités qu'il reconnaît ou assume volontairement - envers
sa famille, sa conscience, ses sentiments de charité, son église, ses clubs, sa ville, son pays. Il peut
se sentir poussé par ces responsabilités à consacrer une partie de ses revenus à des causes qu'il
considère comme dignes, à refuser de travailler pour certaines sociétés, voire à quitter son emploi,
par exemple pour rejoindre les forces armées de son pays. Si nous le souhaitons, nous pouvons
qualifier certaines de ces responsabilités de "responsabilités sociales". Mais à ces égards, il agit en
tant que mandant et non en tant qu'agent ; il dépense son propre argent, son temps ou son
énergie, et non l'argent de ses employeurs ou le temps ou l'énergie qu'il s'est engagé à consacrer à
leurs objectifs. S'il s'agit de "responsabilités sociales", ce sont les responsabilités sociales des
individus, et non des entreprises.
Que signifie le fait que le chef d'entreprise a une "responsabilité sociale" en tant qu'homme
d'affaires ? Si cette déclaration n'est pas purement rhétorique, elle doit signifier qu'il doit agir d'une
manière qui n'est pas dans l'intérêt de ses employeurs. Par exemple, il doit s'abstenir d'augmenter

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Fanny Streveler MA1 DROIT

le prix du produit afin de contribuer à l'objectif social de prévention de l'inflation, même si une
augmentation du prix serait dans l'intérêt de l'entreprise. Ou qu'il doit faire des dépenses pour
réduire la pollution au-delà du montant qui est dans l'intérêt de l'entreprise ou qui est requis par la
loi afin de contribuer à l'objectif social d'amélioration de l'environnement. Ou que, au détriment
des bénéfices de l'entreprise, il engage des chômeurs "purs et durs" au lieu d'ouvriers disponibles
plus qualifiés pour contribuer à l'objectif social de réduction de la pauvreté.
Dans chacun de ces cas, le dirigeant d'entreprise dépenserait l'argent de quelqu'un d'autre pour un
intérêt social général. Dans la mesure où ses actions en accord avec sa "responsabilité sociale"
réduisent le rendement des actionnaires, il dépense leur argent. Dans la mesure où ses actions
augmentent le prix pour les clients, il dépense l'argent des clients. Dans la mesure où ses actions
font baisser les salaires de certains employés, il dépense leur argent. (...)
Mais la doctrine de la "responsabilité sociale" prise au sérieux étendrait le champ d'application du
mécanisme politique à toute activité humaine. Elle ne diffère pas, sur le plan philosophique, de la
doctrine la plus explicitement collective. Elle ne diffère qu'en professant de croire que les buts
collectivistes peuvent être atteints sans moyens collectivistes. C'est pourquoi, dans mon livre
Capitalisme et liberté, je l'ai qualifiée de "doctrine fondamentalement subversive" dans une société
libre (...) ».

Selon cette théorie, la responsabilité sociétale des entreprises est un exemple de conflit d’agence
entre les dirigeants et les actionnaires : les dirigeants poursuivent avec l’argent des actionnaires des
buts qu’ils déterminent eux-mêmes, au mépris des intérêts des actionnaires.

5. LAW AND ECONOMICS


Le mouvement de l’analyse économique du droit (« Law and Economics ») s’est développé aux
Etats-Unis à partir des années soixante sous l’impulsion de l’Ecole de Chicago.

Selon ce mouvement, le droit peut être expliqué en termes purement économiques. Il constitue un
instrument pour promouvoir l’allocation optimale des ressources et l’efficience économique,
considérées comme un idéal auquel il doit tendre. L’exemple-type d’opération promouvant l’efficience
économique est un contrat de vente dans lequel le vendeur valorise davantage l’argent qu’il reçoit que le bien
qu’il vend et l’acheteur valorise davantage le bien qu’il achète que le prix qu’il paie : chacune des parties est
gagnante (« win-win »).

Ce mouvement est fondé sur la prémisse que les sujets de droit sont des êtres rationnels qui
tendent à maximaliser leur satisfaction individuelle de la façon la plus efficace possible et que le
marché régule spontanément les opérations qui s’y déroulent.

Dans un monde idéal (entendez, dans cette théorie : de concurrence parfaite, sans monopole, où
les mécanismes de marché fonctionnent sans frottements), la régulation par le marché permettrait
d’atteindre cette efficience économique. Le droit serait réduit au principe de la liberté des contrats,
toute autre institution freinant les échanges et induisant des frottements dans les mécanismes du
marché.

« Autrement dit, le rôle du droit, dans cette conception, est d’en avoir le moins possible ».

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Mais comme ce monde idéal n’existe pas, le droit est nécessaire pour promouvoir cette efficience
économique. La norme juridique est « jugée utile (...) dans la mesure où elle encouragera ou
imposera une solution efficace conforme à celle qui aurait prévalu dans une situation idéale de
régulation par le marché ».

En particulier, le droit doit veiller à : interdire les situations de monopoles ; assurer que les contrats
valablement conclus puissent être exécutés ; éviter le report du coût d’un bien ou d’un service sur
des tiers (par exemple en cas de dommage causé à l’environnement) ; favoriser la transparence de
l’information. En substance, il doit tendre à reconstituer la solution qui aurait prévalu dans le
monde idéal du fonctionnement efficace du marché.

Le droit se voit ainsi reconnaître une fonction subsidiaire et supplétive.

Le mouvement Law and Economics privilégie les normes les moins contraignantes : les contrats
ainsi que les codes et chartes de gouvernance d’entreprise plutôt que la loi, le recours à la justice
étant à éviter dans la mesure du possible.

6. LAW AND FINANCE


Aux antipodes de ce mouvement, le mouvement Law and Finance postule que le développement
des marchés financiers suppose un système légal qui protège les actionnaires contre les abus.

Il trouve son origine dans un article de LA PORTA et al., qui conclut que les systèmes juridiques qui
protègent les actionnaires sont le plus à même d’assurer le développement des marchés. Ces
auteurs ont examiné les règles de protection des actionnaires et des créanciers et le niveau de
cette protection dans 49 pays. Selon ces auteurs, les systèmes de common law (comme les Etats-
Unis et le Royaume-Uni) ont le meilleur niveau de protection et l’actionnariat le plus dispersé tandis
que les systèmes de droit civil (comme la France) ont le plus faible niveau de protection et un
actionnariat plus concentré, l’Allemagne et les pays scandinaves se situant au milieu.

« Comme la protection dont bénéficient les investisseurs détermine leur volonté de financer les
entreprises, le financement des entreprises peut se tourner de manière critique vers ces règles
juridiques et leur application.
Les différences de protection juridique des investisseurs pourraient expliquer pourquoi les
entreprises sont financées et détenues de manière si différente dans les différents pays. Pourquoi
les entreprises italiennes s'introduisent rarement en bourse (Pagano, Panetta et Zingales 1998) ?
Pourquoi l'Allemagne a-t-elle un marché boursier si petit, mais aussi des banques très grandes et
très puissantes (Edwards et Fischer 1994) ? Pourquoi la prime de vote - le prix des actions à droit de
vote élevé par rapport à celui des actions à droit de vote faible - est-elle faible en Suède et aux
États-Unis, et beaucoup plus importante en Italie et en Israël (Levy 1983 ; Rydquist 1987 ; Zingales
1994, 1995) ? En effet, pourquoi les actions russes ont-elles été presque sans valeur
immédiatement après la privatisation - selon certaines estimations, elles étaient 100 fois moins
chères que les actions occidentales adossées à des actifs comparables - et pourquoi les entreprises
russes n'ont-elles pratiquement pas eu accès à des financements extérieurs (Boycko, Shleifer et
Vishny 1993) ? Pourquoi la propriété des grandes entreprises américaines et britanniques est-elle si
largement dispersée (Berle et Means 1932) ? Le contenu des règles juridiques dans les différents
pays peut éclairer ces énigmes de gouvernance d'entreprise ».

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Cet article a cependant fait l’objet de critiques, notamment en raison du paradoxe inhérent à
l’affirmation selon laquelle les systèmes de common law protègent mieux les investisseurs : la
supériorité des systèmes de common law résulterait des règles légales de protection des
actionnaires alors que, par définition, ces systèmes reposent moins sur des lois que les systèmes de
droit civil, de sorte que l’affirmation suivant laquelle « les pays dont les règles juridiques sont issues
de la tradition de common law ont tendance à protéger les investisseurs beaucoup plus que les
pays dont les lois sont issues de la tradition de droit civil, et en particulier du droit civil français »
peut paraître contradictoire.

Ce mouvement a eu un impact considérable sur les débats en matière de gouvernance d’entreprise.

Il a mis en avant l’importance des conflits d’agence et des risques de détournement des fonds par
les dirigeants, risques parfois jugés théoriques ou sous-estimés jusque-là, et conclu que la
protection légale des investisseurs et la reconnaissance du rôle des larges investisseurs sont des
éléments fondamentaux de la gouvernance d’entreprise.

IMPACT DE CES THÉORIES ET MODÈLES SUR LA GE ET RSE

1. SUR LA GOURVERNANCE D’ENTREPRISE


L’émergence des discussions en matière de gouvernance d’entreprise correspond avec le déclin du
modèle managérial et la constatation que le fonctionnement du marché ne suffit pas à assurer
l’harmonie entre les dirigeants et les actionnaires (Law and Finance).

Cela ne signifie évidemment pas qu’on peut réduire les conceptions actuelles en la matière à ce
mouvement.

A. Intérêt social
L’intérêt social est un concept fondamental de gouvernance d’entreprise : les dirigeants doivent
agir dans l’intérêt social.

Le CSA ne définit pas ce concept.

Son contenu fait l’objet de controverses : en écho aux théories précitées, schématiquement, on
oppose les définitions centrées sur l’intérêt des actionnaires à celles articulées autour de
l’entreprise.

Les frontières entre ces deux définitions sont cependant floues car on peut comprendre l’intérêt
des actionnaires comme intégrant leurs intérêts à long terme, et ainsi, indirectement, les intérêts
des diverses parties prenantes (travailleurs, prêteurs, société au sens large).

S’inscrivant dans ce dernier courant, la Cour de cassation de Belgique a défini l’intérêt social
comme « le but de lucre collectif des associés actuels et futurs de la société ».

Il s’agit d’un arrêt de principe : pour rejeter le moyen qui invoquait la contrariété d’une clause
d’inaliénabilité à l’intérêt social, la Cour de cassation aurait pu se contenter de répondre que la

35
Fanny Streveler MA1 DROIT

compatibilité de l’intérêt social relève de l’appréciation souveraine du juge du fond ou limiter la


portée de son arrêt aux clauses d’inaliénabilité, mais elle a préféré donner une définition générale
de l’intérêt social.

Cette définition est une véritable auberge espagnole : comme elle est muette sur les parties
prenantes, elle renvoie à première vue au modèle de la primauté des actionnaires et de la
maximalisation de ses profits ; en réalité, en visant les associés futurs, elle englobe les intérêts des
parties prenantes, du moins dans la mesure où ils servent les intérêts à long terme des actionnaires.

B. Responsabilité des administrateurs


L’intérêt social dicte la conduite des administrateurs : ils doivent non seulement respecter la loi et
les statuts mais également agir dans l’intérêt social (quel que soit le contenu de ce concept).

Aux termes de l’article 2:56 du CSA ;


« Les personnes visées à l’article 2:51 et toutes les autres personnes qui détiennent ou ont détenu
le pouvoir de gérer effectivement la personne morale sont responsables envers la personne morale
des fautes commises dans l’accomplissement de leur mission. Il en va de même envers les tiers
pour autant que la faute commise présente un caractère extracontractuel. Ces personnes ne sont
toutefois responsables que des décisions, actes ou comportements qui excèdent manifestement la
marge dans laquelle des administrateurs normalement prudents et diligents placés dans les mêmes
circonstances peuvent raisonnablement avoir une opinion divergente ».

Cette disposition règle le conflit d’agence qui peut survenir entre les administrateurs et les
actionnaires en reconnaissant une marge d’appréciation aux premiers.

Selon les travaux préparatoires de la loi du 23 mars 2019, ce principe ne déroge nullement au droit
commun : il prend en compte le fait que dans une situation déterminée deux personnes
normalement diligentes et prudentes peuvent raisonnablement adopter des comportements
différents. Tel est notamment le cas en matière de gestion d’une personne morale, qui implique la
prise de décisions pouvant présenter des risques, par exemple en matière d’investissements ou de
désinvestissements stratégiques. Ni les actionnaires ni les juges ne peuvent se substituer aux
administrateurs en émettant des jugements d’opportunité sur la décision prise.

C. Obligations de transparence
Les réflexions en matière de gouvernance d’entreprise ont entraîné le renforcement des obligations
d’information à l’égard des actionnaires, en particulier en droit financier.

D. Instruments de gouvernance d’entreprise


La question consiste à s’interroger sur les instruments les plus à même d’assurer une gouvernance
d’entreprise efficace et sur la place de la norme juridique à cet égard.

Les codes de gouvernance d’entreprise et les chartes de gouvernance d’entreprise ont le mérite,
respectivement, de pouvoir s’adapter rapidement à l’évolution du marché et de pouvoir tenir
compte des spécificités de l’entreprise.

Mais quelle est leur valeur normative ?

36
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le Code de gouvernance d’entreprise (pour les sociétés cotées) a été élaboré par la Commission
Corporate Governance, créée à l’initiative commune de la Commission bancaire, financière et des
assurances, de Euronext et de la Fédération des entreprises de Belgique.

Ce Code s’adresse aux sociétés cotées mais, selon ses termes, peut « également servir de cadre de
référence pour toutes les autres sociétés ». La dernière version de ce Code date de 2019 (le « Code
de gouvernance d’entreprise 2020 »).

Une commission d’experts et de chefs d’entreprises a rédigé, à l’initiative des fédérations


d’employeurs l’Unizo et l’UCM, un code de bonnes pratiques de gestion pour les entreprises non
cotées et les PME (Code Buysse, « Corporate governance – Recommandations à l’attention des
entreprises non cotées en bourse »). La dernière version de ce code date de 2017 (Code Buysse III).

Ces Codes revêtent un caractère privé : il ne s’agit pas de lois ou de textes à valeur réglementaire.

En tant qu’ils fixent les règles de bonne pratique des sociétés, ces Codes revêtent cependant un
poids moral considérable : les sociétés qui s’en écarteraient sans pouvoir s’en justifier
s’exposeraient à une réaction négative de la part des investisseurs.

En outre, ils peuvent être source de responsabilité pour leurs administrateurs :


- si les administrateurs ne mettent pas en place des structures de contrôle adéquates comme
ces Codes l’imposent et, si des fraudes ont lieu au préjudice de la société, ils peuvent engager
leur responsabilité envers celle-ci en raison d’une faute de gestion ;
- si les administrateurs adoptent des règles de gouvernance d’entreprise mais ne les respectent
pas et si les tiers se fient à ces règles, les administrateurs méconnaissent les expectatives
légitimes de ceux-ci et peuvent engager leur responsabilité sur la base de l’article 1382 du Code
civil.

Enfin, le législateur a « institutionnalisé » le Code de gouvernance d’entreprise pour les sociétés


cotées, par le biais du rapport de gestion.

Les sociétés cotées doivent désigner, dans leur rapport de gestion, le code de gouvernement
d’entreprise qu’elles appliquent et indiquer les principes auxquels elles dérogent en s’en
expliquant. Le Roi peut désigner le Code de gouvernement d’entreprise qui s’appliquera73.

Cette formulation est pour le moins hypocrite car, d’une part, il n’existe en droit belge qu’un seul
code de gouvernement d’entreprise susceptible d’être appliqué par les sociétés cotées (le Code
belge de gouvernance d'entreprise) et, d’autre part, l’arrêté royal du 12 mai 2019 portant
désignation du Code de gouvernement d’entreprise à respecter par les sociétés cotées dispose que
les sociétés cotées doivent désigner le Code de gouvernance d’entreprise 2020.

Les sociétés cotées doivent également faire dans leur rapport de gestion une « déclaration de
gouvernement d’entreprise » qui comporte notamment un rapport de rémunération74.

73 CSA, art. 3:6, § 2, 1°.


74 CSA, art. 3:6, § 3.

37
Fanny Streveler MA1 DROIT

Une société cotée qui n’indiquerait pas qu’elle applique le Code belge de gouvernance d’entreprise
(hypothèse assez théorique) violerait le CSA et ses administrateurs engageraient leur responsabilité
solidaire.

En revanche, les sociétés non cotées n’ont pas l’obligation légale d’indiquer qu’elles appliquent le
Code Buysse III.

Le Code de gouvernance d’entreprise pour les sociétés cotées comporte des principes généraux
(prise en compte de l’intérêt social) et invite les sociétés à mettre en place diverses structures en
vue d’assurer une bonne gestion, le tout dans la plus grande transparence. Il n’est pas obligatoire
dans tous ses points : il prévoit des principes (obligatoires mais assez élémentaires), des
dispositions (obligatoires, mais auxquelles la société peut déroger en s’en expliquant : comply or
explain).

Ainsi, les sociétés cotées doivent :


- établir et publier sur leur site internet une charte de gouvernance d’entreprise (la « Charte
GE ») décrivant tous les aspects principaux de leur gouvernance d’entreprise (le contenu
minimum est fixé par le Code belge de gouvernance d’entreprise) ;
- inclure dans leur rapport annuel (de gestion) une Déclaration de gouvernance d’entreprise (la
« Déclaration GE »), décrivant tous les éléments pertinents concernant la gouvernance
d’entreprise au cours de l’exercice écoulé. Cette déclaration doit notamment comprendre un
rapport de rémunération.
Ce rapport de rémunération doit notamment comprendre le montant et les diverses
composantes (rémunération fixe, variable, actions, options,...) de la rémunération des
administrateurs et autres dirigeants (sur une base individuelle pour les administrateurs et sur
une base globale pour les autres dirigeants), la proportion entre la rémunération fixe et la
rémunération variable, une explication de la manière dont la rémunération respecte la
politique de rémunération adoptée, y compris la manière dont elle contribue aux performances
à long terme de la société, les indemnités de départ éventuelles, le ratio entre la rémunération
la plus haute parmi les dirigeants et la rémunération la plus basse parmi les salariés,…75. Le
rapport de rémunération est soumis au vote de l’assemblée générale. Ce vote est seulement
consultatif mais la société doit expliquer dans le rapport de rémunération suivant, la manière
dont le vote de l’assemblée générale a été pris en compte76.

Par ailleurs, les sociétés cotées doivent établir une politique de rémunération des
administrateurs et autres dirigeants. Cette politique doit contribuer à la stratégie commerciale
de la société, à ses intérêts et à sa pérennité à long terme, et préciser la manière dont elle
contribue à ces objectifs. Elle doit notamment décrire les différentes composantes de la
rémunération et leur importance respective, les critères pour l’attribution de la rémunération
variable, les périodes d’acquisition et, le cas échéant, de conservation des actions quand la
société attribue une rémunération en actions, la durée des contrats avec les dirigeants,... Cette
politique de rémunération doit être approuvée par l’assemblée générale (de même que
chacune de ses modifications importantes et, en tout état de cause, au moins tous les quatre

75 CSA, art. 3:6, § 3.


76 CSA, art. 7:149, § 3.

38
Fanny Streveler MA1 DROIT

ans). A l’inverse du vote sur le rapport de rémunération, le vote sur la politique de


rémunération est contraignant77.

E. Acteurs de la gouvernance d’entreprise


Toutes les composantes des sociétés sont acteurs de la gouvernance d’entreprise : non seulement
ses dirigeants, mais également ses actionnaires.

Le législateur a ainsi veillé à encourager l’engagement à long terme des actionnaires dans les
sociétés cotées :
- en favorisant la communication entre la société et leurs actionnaires (obligation de publicité
dans le chef de la société mais également de tous les intermédiaires qui interviennent dans la
« chaîne » entre la société et ses actionnaires) ;
- en permettant aux sociétés d’identifier leurs actionnaires, en demandant des informations aux
intermédiaires (entreprises d’investissement, établissements de crédit, dépositaires centraux
de titres)78 ;
- en multipliant les possibilités pour les actionnaires de voter (en personne, par voie
électronique, par procuration, par correspondance) ;
- en imposant aux investisseurs institutionnels (entreprises d’assurances et fonds de pension) et
aux gestionnaires d’actifs (établissements de crédit, sociétés d’investissement, sociétés de
gestion d’organisme de placement collectif) qui investissent dans des sociétés cotées :
o d’établir une politique d’engagement qui décrit la manière dont ils intègrent
l’engagement des actionnaires dans leur stratégie d’investissement et assurent le suivi
des sociétés détenues (en matière notamment de stratégie, de performances financières
et non financières, de risques, d’impact social et environnemental, de gouvernance
d’entreprise, de conflits d’intérêts) ;
o de publier dans leur rapport annuel des informations sur la manière dont ils ont mis cette
politique en œuvre et dont ils ont exercé leurs droits de vote ainsi que sur la manière
dont leur stratégie d’investissement en actions est compatible avec leurs propres
engagements et contribue à leurs propres performances ;
o de publier les accords conclus entre investisseurs institutionnels et gestionnaires d’actifs ;
- en imposant aux conseillers en vote (« voting advisors ») qui conseillent les actionnaires
relativement à leurs actions dans les sociétés qui ont leur siège dans un État membre et dont
les actions sont admises à la négociation sur un marché réglementé dans un État membre, de
publier sur leur site web un code de conduite et leurs méthodes de travail (modèles utilisés,
contrôles, gestion des conflits d’intérêts,...)79.

77 CSA, art. 7:89/1.


78 art. 29-1 à 239/6 de la loi du 2 mai 2007 relative à la publicité des participations importantes dans des émetteurs
dont les actions sont admises à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions diverses.
79 CSA, art. 7:146/1 et 7:146/2.

39
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. SUR LA RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES ENTREPRISES


L’émergence des discussions en matière de RSE correspond avec le développement du modèle des
parties prenantes.

Le CSA consacre sans ambiguïté le modèle des parties prenantes.

D’une part, l’article 1:1 énonce que « un de ses buts [de la société] et de distribuer ou de procurer à
ses associés un avantage patrimonial direct ou indirect »80.

La justification de l’amendement à l’origine de ce texte est particulièrement éloquente :


« Il est utile de préciser la possibilité de buts multiples afin d’éviter tout soupçon que la loi impose
la subordination de toutes les activités d’une société à la distribution ou la procuration d’un
avantage direct ou indirect aux associés de la société. Il est de même utile d’inviter les fondateurs
d’une société à envisager des buts allant au-delà de la distribution de profit et portant, par exemple
sur la société ou l’environnement. Enfin, l’inscription des différents buts dans les statuts de la
société donne une protection légale aux directeurs qui considèrent des intérêts non-financiers dans
leurs décisions ».

L’exposé des motifs vise également des sociétés qui pourraient avoir un « objet désintéressé ».

D’autre part, le CSA subordonne l’agrément des sociétés coopératives en qualité d’entreprises
sociales à ce qu’elles poursuivent « pour but principal, dans l’intérêt général, de générer un impact
sociétal positif pour l’homme, l’environnement ou la société »81.

Le législateur belge a ainsi reconnu le rôle social des entreprises.

F. Instruments de la RSE
Lois :
Bien qu’à l’origine, la RSE procède d’une démarche volontaire, il existe une série de normes dont
l’entreprise doit tenir compte à titre d’obligation légale : en matière d’environnement, de travail,
de blanchiment, de corruption,...

Recommandations internationales :
En droit belge, il n’existe pas de « Code de RSE » comme il existe un Code de gouvernance
d’entreprise, ce qui s’explique en partie par les diversités sectorielles.

Il existe par contre une série de recommandations au niveau européen ou international, émanant
d’autorités (Commission européenne, Bureau international du travail, Nations-Unies, OCDE ,...) ou
d’organisations non gouvernementales (Organisation internationale de normalisation, Global
Reporting Initiative,…).

Ces recommandations portent notamment sur des normes de mangement et de reporting.

80 CSA, art. 1:1.


81 CSA, art. 8:5.

40
Fanny Streveler MA1 DROIT

Indicateurs :
La RSE suppose la mise en place d’indicateurs de performance qui mesurent les résultats concrets
des actions de RSE.

Le reporting de ces indicateurs permet une évaluation quantitative de la RSE, par exemple :
- en ce qui concerne l’impact sur l’environnement : la consommation d’énergie, les émissions de
gaz à effet de serre, les rejets,... ;
- en ce qui concerne les relations sociales : le taux d’absentéisme, le nombre de burns-out, le
nombre d’accidents du travail,... ;
- en termes de communauté : le nombre de projets sociaux et de personnes affectées.

Notations :
Certains organismes accordent une notation de nature qualitative aux entreprises en fonction de
critères sociaux et environnementaux :
- des agences de notation sociale et environnementale (ou extra-financière) (par exemple, Core
Ratings) ;
- des plateformes en ligne ; à titre d’exemple, en matière de prêt-à-porter ; Moralscore82, dont le «
pitch » est le suivant :
« Que faire pour avoir l’air stylé.e ? Se draper dans 1 milliard de tonnes d’équivalents CO2 ? Comment
être toujours élégant.e ? Porter la mort d'ouvrie.re.s sous-payé.e.s sur le dos ? Pour vous habiller
éthique, il est temps de vous retrousser les manches »
et qui donne « une « note » sur 100 aux entreprises de prêt à porter ;
- des publications ; à titre d’exemple, Forbes publie annuellement la liste des « The World’s Top CR
Companies ».

Purement indicatives, ces notations évaluent, à partir de différents critères, la responsabilité


sociétale des entreprises.

On peut évidemment s’interroger sur la légitimité de ce type d’agences, de publications ou de


plateformes.

Il existe par ailleurs un index financier fondé sur la durabilité, le Dow Jones Sustainability Index.

Labels :
Il existe également des « labels » en matière de RSE : label LUCIE, label Engagé RSE, label
Responsabilité sociale,...

Rapport de gestion :
Le CSA impose aux sociétés qui doivent rédiger un rapport de gestion d’y inclure :
- une analyse de l’évolution des affaires et des résultats qui comporte « des indicateurs clés de
performance de nature tant financière que, le cas échéant, non financière ayant trait à
l’activité spécifique de la société, notamment des informations relatives aux questions
d’environnement et de personnel » ;
- la description de leur politique de diversité83.

82 https://moralscore.org/companies/
83 CSA, art. 3:6, § 1er, al. 2.

41
Fanny Streveler MA1 DROIT

Déclaration non financière :


En outre, les sociétés qui sont des entités d’intérêt public et les très grandes sociétés doivent
inclure dans leur rapport de gestion une déclaration non financière beaucoup plus complète. Celle-
ci doit comprendre, dans la mesure nécessaire à la compréhension de l'évolution des affaires, des
performances, de la situation de l'entreprise et des incidences de son activité, relatives au moins
aux questions environnementales, aux questions sociales et de personnel, de respect des droits de
l'homme et de lutte contre la corruption, les informations suivantes :
- une brève description des activités de la société ;
- une description des politiques appliquées par la société en ce qui concerne ces questions ;
- les résultats de ces politiques ;
- les principaux risques liés à ces questions en rapport avec les activités de la société et la
manière dont la société gère ces risques ;
- les indicateurs clés de performance de nature non financière concernant les activités en
question.

Ces sociétés doivent s’appuyer sur des référentiels européens et internationaux reconnus et
indiquer le ou les référentiels sur lesquels elles se sont fondées. Un arrêté royal peut établir une
liste de ces référentiels84.

Comme on le voit, bien que la RSE procède au départ d’une démarche volontaire, la place de la
norme juridique est devenue très importante.

G. Défis
D’une part, la comparabilité des entreprises en matière de RSE est très difficile vu la quantité de
référentiels utilisés.

D’autre part, la RSE est devenue un instrument de marketing, avec le risque de « RSE washing » ou
de « greenwashing », c’est-à-dire une communication fondée sur la RSE sans que cela corresponde
à une véritable stratégie de RSE.

Il ne s’agit pas d’une fatalité.

D’une part, il existe des labels, des notations, des normes de certification (supra).

D’autre part, les entreprises qui en ont les moyens et qui font appel à des fournisseurs ou sous-
traitants sur la base d‘un cahier des charges qui prévoit des exigences en matière de RSE peuvent
engager un organisme indépendant pour vérifier que les fournisseurs ou sous-traitants sélectionnés
satisfont effectivement aux indicateurs annoncés.

84 CSA, art. 3:6, § 4.

42
Fanny Streveler MA1 DROIT

PARTIE 2 –
SOCIETES

43
Fanny Streveler MA1 DROIT

TITRE 1 :
CONDITIONS
GENERALES DES
SOCIETES

44
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les sociétés sont soumises, avec certaines réserves, aux conditions générales de validité des actes juridiques
unilatéraux ou des contrats, aux conditions communes à toutes les sociétés et à des conditions particulières
qui tiennent à leur finalité ou à leur forme légale, qui seront examinées à l’occasion de chaque forme de
société (infra).

Le contrat de société est bien distinct des autres contrats mais, dans certains cas, la question se pose de la
qualification du contrat en société ou en prêt.

CONDITIONS GÉNÉRALES DE VALIDITÉ DES ACTES JURIDIQUES


UNILATÉRAUX OU DES CONTRATS

1. NOMBRE D’ASSOCIÉS
Le CSA pose comme règle que la société peut être constituée par une seule personne : une société
est constituée par un acte juridique par lequel une ou plusieurs personnes, dénommées associés,
font un apport85.

Toutefois, la société simple, la SNC et la SComm doivent avoir au moins deux associés et la SC trois.
Seules la SRL et la SA peuvent avoir un seul associé (voir infra pour la SE et la SCE).

2. CONSENTEMENT
Le consentement de chaque partie doit être libre, conscient, exempt d’erreur, de dol, de violence et
de lésion.

Pour protéger les travailleurs, la loi du 03 juillet 1978 relative aux contrats de travail interdit de
subordonner la conclusion d’un contrat de travail à la souscription de parts ou d’actions 86. Toute
clause en ce sens serait nulle.

Le consentement peut émaner de l’associé lui-même, d’un mandataire ou d’un porte-fort sous
réserve de ratification.

3. CAPACITÉ
Lorsque la responsabilité des associés est illimitée, ils doivent avoir la capacité nécessaire pour
prendre des engagements illimités, ce qui implique l’application des règles spécifiques de
protection des mineurs, aliénés, faibles d’esprit, arriérés mentaux, prodigues et majeurs hors d’état
de gérer leurs biens.

En ce qui concerne les associés qui limitent leur responsabilité à leur apport, la souscription
d’actions ou de parts en contrepartie d’un apport en numéraire s’analyse en un acte
d’administration, sous réserve de l’hypothèse dans laquelle le souscripteur intervient en qualité de

85 CSA, art. 1:1.


86 art. 24 de la loi du 03 juillet 1978.

45
Fanny Streveler MA1 DROIT

fondateur. En revanche, la souscription d’actions ou de parts en contrepartie d’un apport en nature


s’analyse en un acte de disposition.

Les incapables peuvent souscrire des actions d’une société dont la responsabilité des actionnaires
est limitée lorsqu’ils sont, selon les cas, représentés, assistés ou autorisés.

4. OBJET ET CAUSE DE L’ENGAGEMENT DE CHAQUE ASSOCIÉ


L’engagement de chaque associé doit avoir un objet et une cause licites.

L’objet de l’engagement d’un associé se confond avec son apport. Il peut s’avérer illicite s’il porte
sur un bien hors commerce ou s’analyse en une aide d’Etat illicite.

La cause de l’engagement d’un associé se confond généralement avec celle de la société. Il y a


cependant un intérêt à distinguer ces deux notions : si, dans certaines sociétés, l’illicéité de la cause
de la société n’entraîne pas sa nullité, l’illicéité de la cause de l’engagement d’un associé entraîne
sa nullité et, partant, s’il n’y a plus assez d’associés valablement engagés, celle de la société elle-
même.

5. OBJET ET CAUSE DE LA SOCIÉTÉ


Non seulement l’engagement individuel de chaque associé mais également la société elle-même
doivent avoir un objet et une cause licites.

Toutefois, dans les SRL, SC et SA, seule l’illicéité de l’objet statutaire (par opposition à l’illicéité de
l’objet réel ou de la cause) peut entraîner la nullité de la société.

L’objet doit être limité à l’exercice d’une ou plusieurs activités déterminées87.

CONDITIONS COMMUNES À TOUTES LES SOCIÉTÉS

Les conditions de validité spécifiques aux sociétés tiennent aux apports à faire par les associés et à
leur but.

1. APPORTS
L’apport est une opération par laquelle une personne met à la disposition, soit de la société
lorsqu’elle est dotée de la personnalité morale, soit de l’ensemble des associés lorsqu’elle en est
dépourvue, certains éléments patrimoniaux, les soumet aux aléas sociaux et acquiert en
contrepartie des droits sociaux.

Dans toute société, chaque associé doit effectuer un apport. Les objets des apports de chaque
associé ne doivent avoir ni la même valeur ni la même nature. L’objet de l’apport doit être réel et
licite.

87 CSA, art. 1:1.

46
Fanny Streveler MA1 DROIT

Sous réserve des règles particulières applicables aux SRL, SC et SA (infra) ;


- les apports peuvent être faits en numéraire (en argent), en nature (biens autres que de
l’argent) ou en industrie (engagement d’effectuer des travaux ou des prestations de services) ;
les apports en industrie sont considérés comme une forme d’apport en nature88 ;
- les apports en numéraire et en nature peuvent être faits en propriété ou en jouissance ;
- les apports en numéraire ne doivent pas faire l’objet d’un dépôt sur un compte bloqué ;
- les apports en nature ne doivent pas faire l’objet d’un contrôle ;
- les apports ne doivent pas être immédiatement libérés.

Les apports en société doivent être distingués des avances et des prêts (infra). Même si l’avance en
compte-courant ou le prêt par une personne à une société ont pour effet de mettre une somme
d’argent à la disponibilité de cette société, ils ne s’analysent pas en un apport. Ces opérations ne lui
confèrent pas de droits sociaux, mais uniquement la qualité de prêteur, sauf requalification.

2. BUT DE DISTRIBUER DES BÉNÉFICES


L’article 1:1 du CSA dispose qu’un des buts de la société est de distribuer ou procurer à ses associés
un avantage patrimonial direct ou indirect.

Cette disposition vise les distributions au sens courant du terme (p. ex. les distributions de dividendes)
ainsi que tous les mécanismes par lesquels la société procure directement ou indirectement un
avantage quelconque à ses associés.

Il peut s’agir d’économies ou d’opérations entre la société et ses associés dans lesquelles elle ne
reçoit pas de contrepartie suffisante par rapport à ses prestations89.

A. Buts multiples
Une société peut avoir d’autres buts que la distribution des bénéfices.

Une société peut ainsi avoir, à côté d’un objet lucratif classique, un but désintéressé auquel elle
affecte une partie de ses profits.

Le législateur a voulu ainsi encourager les fondateurs à prévoir des buts allant au-delà de la
distribution de bénéfices et portant, par exemple, sur l’environnement, ce qui confèrerait une certaine
protection aux administrateurs qui prennent en compte de tels intérêts dans leurs décisions.

Par ailleurs, les sociétés coopératives agréées comme entreprises sociales doivent avoir « pour but
principal, dans l’intérêt général, de générer un impact sociétal positif pour l’homme,
l’environnement ou la société »90, ce qui implique qu’elles puissent avoir un autre but que leur but
lucratif.

Reste que la société doit avoir pour but de répartir au moins une partie de ses bénéfices à ses
associés (alors que toute distribution est exclue dans les associations et fondations).

88 CSA, art. 1:8, § 2.


89 CSA, art. 1:4.
90 CSA, art. 8:5.

47
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Clauses léonines
En principe, les associés disposent de toute liberté pour régler entre eux le partage des bénéfices et
des pertes, la règle de proportionnalité contenue dans le CSA revêtant un caractère supplétif.

Cette liberté est cependant limitée par l’interdiction des clauses léonines.

Comme au moins un des buts de la société doit être de distribuer ses bénéfices entre les associés,
les statuts (ou une convention entre les associés) ne peuvent pas prévoir de clauses qui
donneraient à l’un des associés la totalité des bénéfices, ou exclurait un ou plusieurs associés de la
participation aux bénéfices. De telles clauses, dites « léonines » sont en effet contraires à la
définition même de société.

La définition des clauses léonines était beaucoup plus large sous l’empire du Code des sociétés. Elle
visait également « la stipulation qui affranchirait de toute contribution aux pertes, les sommes ou
effets apportées à la société par un ou plusieurs des associés »91, interdisant ainsi les opérations de
portage financier et notamment les conventions par lesquelles un investisseur fait un apport à une
société pour assurer son développement ou sa survie en se faisant promettre par ses associés qu’ils
reprendront les actions qu’il a souscrites au prix de souscription augmenté d’une indemnité
prédéterminée (généralement par l’octroi d’options).

Une telle interdiction était de nature à empêcher la conclusion de conventions utiles sur le plan
économique. La Cour de cassation a, par des arrêts successifs, réduit le champ d’application de
l’article 32 mais sa portée restait controversée.

La loi du 23 mars 2019 a supprimé la prohibition, prévue sous l’empire du Code des sociétés, des
clauses qui exonèrent un associé de toutes pertes, jugée surannée et de nature à empêcher la
conclusion de conventions utiles sur le plan économique.

La sanction des clauses léonines diffère en fonction du type de société :


- Dans les sociétés simples, les SNC et les SComm, de telles clauses sont en principe nulles 92, ce
qui risque d’entraîner la nullité de la société ; il arrive cependant qu’elles puissent être
qualifiées autrement, par exemple en un prêt à usage ou une convention sui generis.
- Dans les SRL, SC et SA, de telles clauses sont réputées non écrites93, de sorte qu’elles ne
risquent pas d’entraîner la nullité de la société.

91 art. 32, al. 2 du Code des sociétés.


92 CSA, art. 4:2, al. 2.
93 CSA, art. 4:2, al. 2, 5:14, 6:15 et 7:16.

48
Fanny Streveler MA1 DROIT

DISTINCTION AVEC LE CONTRAT DE PRÊT

La question de la qualification du contrat se pose surtout à propos des contrats qui prévoient la
participation des parties aux bénéfices.

Dans le passé, la société a souvent servi à déguiser des prêts, car si l’Eglise interdisait le prêt à
intérêt, elle admettait la réalisation de profits dans les sociétés. Bien qu’en Occident la société ne
soit plus, de nos jours, utilisée à cette fin, la distinction entre le contrat de société et le contrat de
prêt est toujours importante.

Le prêt est un contrat par lequel une personne remet une chose à une autre pour s’en servir à
charge de la lui restituer après usage ou au terme convenu.

Le prêt avec une participation du prêteur aux bénéfices présente des analogies avec l’apport en
jouissance d’une somme d’argent dans une société et il n’est guère aisé de distinguer ces deux
catégories de contrats. L’hésitation peut porter sur la qualification du contrat en son entier (société
ou prêt) ou de la remise des fonds (apport dans une société ou avance à une société).

La difficulté concerne particulièrement la distinction entre, d’une part, le prêt et, d’autre part, la
société simple interne, en commandite ou de fait, en raison du caractère occulte de la première, de
la passivité des associés bailleurs de fonds dans la deuxième et de l’absence de toute précision
quant aux droits et obligations des parties dans la troisième.

En effet, la remise des fonds n’est pas significative car elle peut s’expliquer aussi bien par l’apport
en jouissance que le prêt ; la participation aux bénéfices peut se retrouver dans les deux contrats et
tant l’apporteur en jouissance que le prêteur peuvent être dispensés de contribuer aux pertes.

La parenté entre les contrats de société et de prêt se manifeste le plus fréquemment lors de
tentatives de requalification d’une contrat de société en un contrat de prêt par le prétendu prêteur
lorsque la société a subi des pertes, mais il arrive également que des créanciers tentent de
requalifier le prêt consenti par une banque en apport en société afin d’exercer leurs recours sur ces
fonds ou même tout le patrimoine du banquier ou, plus généralement, que l’emprunteur cherche à
se libérer d’une obligation de remboursement.

La question est relativement simple à trancher lorsque le contrat prévoit l’obligation de rembourser
les fonds quelles que soient les pertes subies, cette obligation pouvant même être assortie d’une
sûreté.

En l’absence d’une telle clause, lorsque les parties ne se sont pas expliquées sur la contribution aux
pertes, certains auteurs proposent comme critère distinctif de la société l’existence d’un pouvoir
d’intervention ou d’intrusion.

Celui-ci n’est cependant pas de l’essence de la société. En outre, cette conception revient à nier au
prêteur la possibilité de se réserver un droit de regard sur les affaires de son cocontractant et de
subordonner l’accomplissement de certaines opérations à son autorisation préalable, sous peine de
voir requalifier son prêt en apport. Or, un prêteur peut légitimement exercer un certain contrôle et
intervenir dans une société pour protéger ses investissements, pourvu qu’il n’exerce pas une

49
Fanny Streveler MA1 DROIT

activité positive de gestion et de direction. Ce n’est que dans des hypothèses marginales, lorsque le
banquier a accepté de courir des risques exceptionnels, que le contrat de prêt conclu avec une
banque peut être requalifié en contrat de société.

La poursuite d’un intérêt commun par les parties fournit un critère plus sûr.

50
Fanny Streveler MA1 DROIT

TITRE 2 :
SOCIETES SANS
PERSONNALITE
JURIDIQUE

51
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA ne reconnaît qu’un seul type de société sans personnalité juridique, la société simple (livre
4).

Auparavant, le Code des sociétés réglementait également, à côté de la société simple


(précédemment appelée « société de droit commun » et auparavant encore « société du Code
civil » car elle se trouvait dans le Code civil), la société momentanée (précédemment appelée
« association momentanée ») et la société interne (précédemment appelée « association en
participation »).

La société momentanée était une société sans personnalité juridique dont l’objet était limité à une
ou plusieurs opérations déterminée (exemple-type : société constituée entre des entreprises de travaux
pour construire un ouvrage d’art).

La société interne était une société « occulte » en ce sens qu’elle était administrée par un gérant
agissant en son nom propre, sans dévoiler aux tiers ni l’existence de la société, ni le nom des
associés, tandis que les autres associés (les « participants ») participaient aux résultats de l’activité
(exemple : dans le domaine de l’art pour ne pas dévoiler le nom de collectionneurs connus).

Comme la société simple peut être « interne » lorsqu’elle est gérée par un ou plusieurs gérants
agissant en leur nom propre94, ou être conclue pour une opération déterminée95, la société interne
et la société momentanée sont devenues superflues en tant que formes légales distinctes et le
législateur les a supprimées.

ABSENCE DE PERSONNALITÉ JURIDIQUE

En principe, un groupement sans personnalité juridique est complètement transparent en ce sens


que ce sont ses associés ou membres qui sont titulaires de tous les biens affectés à ce groupement
et de tous les droits et obligations résultant de l’activité de ce groupement. Le groupement sans
personnalité juridique est incapable, il n’a ni droit ni obligation ni patrimoine et ne peut pas ester
en justice, que ce soit comme demandeur ou défendeur.

Le législateur a cependant apporté plusieurs brèches à cette transparence.

1. PATRIMOINE
En principe, dans un groupement sans personnalité juridique, les biens affectés à ce groupement
appartiennent soit à l’ensemble des membres ou associés, sous la forme d’un patrimoine indivis
entre eux96, soit à un associé. Généralement, dans les sociétés simples « internes », tous les biens
appartiennent à l’associé gérant.

Toutefois, aux termes de l’article 1:1 du CSA, toute société a un patrimoine. L’Exposé des motifs
précise que cette disposition s’applique à toute société, qu’elle soit dotée ou non de la personnalité
juridique .

94 CSA, art. 4:1, al. 2.


95 CSA, art. 4:3, al. 2.
96 CSA, art. 4:13, al. 1er.

52
Fanny Streveler MA1 DROIT

Cette disposition paraît révolutionner les principes fondamentaux suivant lesquels seules les
personnes ont un patrimoine et, corrélativement, le patrimoine suppose une personne qui en est le
support.

En réalité, l’ambition du législateur était beaucoup plus modeste :


« [L’article 1.1] consacre ainsi l’observation de la doctrine selon laquelle la création d’une société
non personnalisée opère une séparation entre le patrimoine des associés et l’avoir social, les
créanciers personnels des associés ne pouvant saisir que la part sociale de leur débiteur et non
directement les avoirs de la société ».

Déjà auparavant, la doctrine admettait, pour les sociétés sans personnalité juridique, la possibilité
d’affecter certains biens à leur but et de cette manière de privilégier les créanciers « sociaux » sur
les créanciers personnels des associés. Cela ne revenait évidemment pas à leur reconnaître un
patrimoine.

Le Conseil d’État s’est montré extrêmement critique dans son avis sur l’idée qu’une société
dépourvue de personnalité juridique puisse techniquement être titulaire d’un patrimoine. Le
Gouvernement s’est borné à répondre que :
« Cette critique se ramène en réalité à une question terminologique. Certes, techniquement une
société dépourvue de personnalité juridique ne peut être sujet actif ou passif de droit. Il n’en
demeure pas moins que, dans les faits et dans le langage courant, pareille société est à la tête d’une
universalité indivise, constituant techniquement un patrimoine d’affectation appartenant à ses
associés, mais qui ne se confond pas avec leurs biens propres. En effet, il est constant que les
créanciers personnels des associés ne peuvent saisir que la part de ceux-ci dans la société et n’ont
pas de droit direct sur le ‘patrimoine social’. Le contrat de société s’impose en effet à eux dans ses
effets externes et les créanciers des associés ne sauraient avoir plus de droits sur les biens mis en
commun que les associés eux-mêmes. À l’inverse, les créanciers dont la créance trouve sa cause
dans des opérations conclues au nom et pour le compte de la société (donc de l’ensemble des
associés dans les limites de l’objet de la société) ont un recours tant sur les biens mis en commun
que sur les biens propres de chacun des associés. Dans les faits, l’universalité indivise qui regroupe
les droits et les obligations ‘de’ la société constitue ainsi un patrimoine d’affectation distinct du
patrimoine personnel de chacun des associés. (...) L’article 1:1 ne dit rien d’autre lorsqu’il souligne
que toute société – donc aussi les sociétés non dotées de la personnalité juridique – ‘a un
patrimoine’. (...) L’intention des auteurs du projet n’est nullement d’attribuer une quelconque
personnalité juridique à la société simple, ni d’ailleurs aux associations de fait ».

Les articles 4:14 et 4:15 du CSA précisent à cet égard que les créanciers dont la créance trouve sa
source dans l’activité de la société peuvent exercer leur recours sur l’ensemble du patrimoine social
et que les associés sont personnellement et solidairement tenus à leur égard sur leur patrimoine
propre, tandis que les créanciers personnels des associés, dont la créance est étrangère à l’activité
sociale, n’ont de recours que sur la part de cet associé et les bénéfices qui lui sont distribués.

A vrai dire, ces dispositions suffisent à elles seules pour atteindre le but recherché, sans qu’il faille
affirmer que les sociétés simples ont un patrimoine.

Le système mis en place par le législateur est particulièrement confus : d’une part, le CSA énonce
que toute société (en ce compris la société simple, qui est une société dépourvue de personnalité

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Fanny Streveler MA1 DROIT

morale) a un patrimoine 97 mais, d’autre part, il prévoit, sous un titre intitulé « Le patrimoine social
et les droits des créanciers », que « les biens apportés à la société ainsi que ceux qui résultent de
l’activité sociale forment un patrimoine indivis entre les associés »98. Or, le patrimoine ne peut à la
fois appartenir à la société, et être un patrimoine indivis entre les associés.

En définitive, le législateur se borne à consacrer le « privilège » des créanciers sociaux sur les
créanciers personnels des associés et utilise le terme « patrimoine » à mauvais escient, voulant
simplement dire que l’ensemble des biens et des obligations affectés à la société simple forment
une universalité de droit.

2. ENREGISTREMENT AUPRÈS DE LA BCE


En sa qualité d’entreprise, la société simple doit avant de démarrer ses activités s’inscrire à la
Banque-Carrefour des Entreprises99 et communiquer notamment sa dénomination, son siège, sa
forme juridique, sa date de création, l’identification des fondateurs et mandataires,…100.

Elle reçoit ainsi un numéro d’entreprise101, qui est un numéro d’inscription dans le registre des
personnes morales, ce qui paraît curieux mais s’explique par le fait qu’il n’y a que deux registres :
celui des personnes physiques et celui des personnes morales.

Elle doit mentionner son numéro d’entreprise dans tous ses documents sociaux 102.

Tout tiers peut avoir accès à ces données103.

L’octroi par le législateur de la qualité d’entreprise à la société simple et l’obligation qui lui est faite
de s’inscrire à la BCE lui font ainsi perdre un de ses attraits (la discrétion à l’égard des tiers).

En particulier, on se demande comment cette publicité est compatible avec la possibilité pour une
société simple d’avoir encore un caractère occulte.

3. ACTIONS EN JUSTICE
Les groupements sans personnalité juridique n’ont pas la qualité requise pour ester en justice, sous
réserve des exceptions prévues par la loi (par exemple en faveur des syndicats).

97 CSA, art. 1:1.


98 CSA, art. 4:13.
99 CDE, art. III.49.
100 CDE, art. III.18.
101 CDE, art. III.17.
102 CDE, art. III.23.
103 CDE, art III.31.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Principes : groupements sans personnalité juridique qui ne sont pas inscrits à la BCE
En principe, quand un litige concerne les droits et les obligations communs des associés ou des
membres ou les biens affectés à ce groupement, l’ensemble des associés ou membres doivent être
à la cause.

Il convient cependant de faire une distinction selon que les associés ou membres soient
demandeurs ou défendeurs.

S’ils sont demandeurs :


En l’absence de désignation d’un représentant (dans le contrat de groupement ou par une décision
distincte des associés ou membres) et de mandat réciproque de gestion entre les associés ou les
membres, ceux-ci n’ont pas la qualité pour faire valoir seuls les droits communs. Ils ne peuvent
donc pas agir seuls pour réclamer la totalité d’une créance contractée au profit de la société ; ils
peuvent uniquement agir à concurrence de leur quote-part. L’acte introductif d’instance doit donc
indiquer l’identité de chacun d’entre eux.

Les associés ou membres peuvent charger une ou plusieurs personnes de représenter le


groupement en justice, en vertu d’un mandat spécial ou des pouvoirs généraux de gestion du ou
des gérants. Toutefois, d’une part, ce ou ces mandataires doivent indiquer l’identité de tous les
associés ou membres dans l’acte introductif d’instance ; d’autre part, les tribunaux interprètent
parfois restrictivement les clauses de représentation et ne considèrent qu’elles s’étendent au
mandat d’agir en justice que si elles le prévoient explicitement.

S’ils sont défendeurs :


Les tiers qui souhaitent agir à l’encontre de tous les associés ou membres doivent tous les identifier
dans l’acte introductif d’instance, ce qui peut s’avérer extrêmement difficile puisqu’un groupement
sans personnalité juridique ne doit pas publier la liste de ses associés ou membres. Comme la
responsabilité des associés et membres est solidaire, ils peuvent cependant se contenter d’en
mentionner un seul.

B. Régime particulier : groupements sans personnalité juridique inscrits à la BCE


L’article 703, § 2 du Code judiciaire, introduit par la loi du 15 avril 2018 portant réforme du droit
des entreprises, facilite l’introduction d’actions en justice par ou contre les groupements sans
personnalité juridique inscrits à la BCE.

Lorsqu’un groupement est inscrit à la BCE, la mention de sa dénomination et de son siège dans ses
données à la BCE suffit pour justifier dans les litiges de l’identité de ses associés ou membres. En
d’autres termes, l’acte introductif d’instance ne doit pas reprendre l’identité de tous les associés ou
membres mais peut se contenter de mentionner la dénomination et le siège de la société. La
citation peut donc être faite à l’adresse du siège.

Si l'inscription à la BCE contient également les données d'identification d'un mandataire général, le
groupement peut agir en justice, tant en demandant qu’en défendant, et comparaître en personne
à l'intervention de ce mandataire. Si le groupement n’a désigné aucun mandataire pour la
représenter, chacun des associés ou membres peut représenter seul le groupement en vertu d’un
mandat réciproque de gestion (infra).

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Il ressort des travaux préparatoires que, lorsque le groupement est défendeur,


« L’objectif n’est aucunement de prévoir un titre à exécuter pour les membres individuels, mais
uniquement de réaliser les biens indivis de l’association ou de la société (...) sans personnalité
juridique. (...) Le litige doit donc se rapporter aux biens de la société, mais au sens le plus large du
terme, donc tous les droits et obligations, biens matériels et immatériels (honneur et réputation
par exemple), dettes et créances, parmi lesquelles une action en cessation,... (...)
L’exécution peut uniquement se faire à l’égard de personnes mentionnées nominativement dans le
jugement. Toutefois, si le créancier dispose uniquement d’un jugement au nom du groupement,
sans aucune mention des associés individuels, et qu’il souhaite néanmoins réaliser les patrimoines
personnels des membres, il devra intenter une nouvelle action contre les associés à titre
individuel ».

Si en revanche, les associés ou membres ont désigné un mandataire, le jugement a autorité de


chose jugée à leur égard, et le titre est exécutoire à leur égard.

Par cette disposition, le législateur a reconnu une certaine capacité aux groupements sans
personnalité juridique.

4. PROCÉDURES D’INSOLVABILITÉ
Le livre XX du CDE, consacré aux procédures d’insolvabilité, s’applique aux entreprises au sens de
l’article I.I, al. 1er. Il s’agit de :
- toute personne physique qui exerce à titre indépendant une activité professionnelle ;
- toute personne morale, à l’exception des personnes morales de droit public et de certains
groupements comme l’Etat et les Régions ;
- et toute organisation sans personnalité juridique qui poursuit un but de distribution ou qui en
fait distribue des avantages à ses membres ou à des personnes qui exercent une influence
décisive sur sa stratégie. Ces précisions tendent à limiter cette inclusion aux sociétés sans
personnalité juridique, à l’exception des associations de fait.

Etant des entreprises, les sociétés simples peuvent introduire une requête en réorganisation
judiciaire et être déclarées en faillite.

Le législateur a justifié cette règle par la reconnaissance par « la majeure partie de la doctrine
actuelle » de la société simple comme un patrimoine distinct. Il s’agit d’une grossière simplification
(supra).

En soumettant les sociétés simples aux procédures d’insolvabilité, le tribunal de l’entreprise risque
donc de « prononcer la faillite d’une ‘organisation’ dont l’existence ne se révèlera qu’au moment de
sa faillite ».

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Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

1. CONDITIONS DE FOND
Le CSA définit la société simple comme un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes
conviennent de mettre leurs apports en commun en vue de distribuer ou procurer à ses associés un
avantage patrimonial direct ou indirect. Elle est conclue pour l’intérêt commun des parties104. Elle
doit avoir un objet licite105.

Cette disposition ne prévoit donc pas de conditions supplémentaires de validité par rapport aux
conditions de validité communes aux sociétés, sinon qu’elle requiert au moins deux associés.

2. FORMALITÉS
En principe, le contrat de société est un contrat purement consensuel.

Le CSA n’exige pas un écrit mais on imagine difficilement les associés se contenter de paroles.
L’acte de constitution peut être sous seing privé ou authentique. Cet acte ne doit être ni déposé au
greffe, ni publié.

RÉGIME DES ASSOCIÉS ET DES PARTS

1. RÉPARTITITION EN PARTS
Les droits des associés sont exprimés en « parts ». Ces parts ne sont pas matérialisées par des
titres-papiers ; elles résultent de l’inscription dans le contrat de société du nombre de parts
revenant à chacun.

La part des associés dans les bénéfices et les pertes ainsi que dans le patrimoine social en cas de
dissolution est fixée dans le contrat de société. Elle ne doit pas nécessairement être proportionnelle
à leur apport. Ce n’est qu’à défaut de précision dans le contrat de société que les parts sont fixées
proportionnellement aux apports. Dans cette hypothèse, celui qui a apporté son industrie se voit
attribuer un nombre de parts égal à celui qui rémunère l’apport le plus faible autre qu’en
industrie106. Cette règle n’est pas nécessairement équitable et invite à régler la répartition des parts
dans le contrat de société.

104 CSA, art. 4:1.


105 CSA, art. 4:2.
106 CSA, art. 4:4.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. INCESSIBILITÉ DES PARTS


En principe, la société est intuitu personae107 et les parts sont incessibles108 mais le contrat de
société peut en disposer autrement et les associés peuvent toujours autoriser l’un d’eux à céder ses
parts.

Toutefois, une telle cession doit se faire « d’après les formes du droit civil » c’est-à-dire
conformément aux règles en matière de cession de créance, sans pouvoir porter sur les
engagements de la société antérieurs à son opposabilité109.

Malgré le principe de l’incessibilité des parts, chaque associé peut, sans le consentement de ses
associés, s’associer une tierce personne relativement à la part qu’il a dans la société.
C’est ce qu’on appelle une convention de croupier. Elle s’analyse en un deuxième contrat de société
simple (interne) qui se greffe sur le premier110.

ADMINISTRATION

1. GÉRANTS
Le CSA organise un régime supplétif d’administration des sociétés simples.

A. Désignation de gérants
Les associés peuvent désigner un ou plusieurs gérants, fixer leurs pouvoirs et déterminer s’ils
peuvent agir séparément ou doivent agir collégialement, dans le contrat de société ou dans un acte
distinct. Ces gérants peuvent mais ne doivent pas être associés.

Dans cette hypothèse, la société est administrée par ce ou ces gérants. Sauf si la convention ou
l’acte qui les désigne prévoit qu’ils doivent agir conjointement, ces gérants peuvent agir
séparément111.

Les gérants désignés par une clause spéciale du contrat de société ne peuvent être révoqués que
pour de justes motifs laissés à l’appréciation du juge ou par décision des associés prise à l’unanimité
ou, si le contrat le prévoit, aux conditions de majorité prévues par celui-ci.

Les gérants désignés par un acte distinct peuvent être révoqués comme de simples mandataires112.

107 CSA, art. 4:1, al. 3.


108 CSA, art. 4:6.
109 CSA, art. 4:7.
110 CSA, art. 4:6, al. 2.
111 CSA, art. 4:8.
112 CSA, art. 4:9.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Absence de désignation de gérants : mandat réciproque


Si aucun gérant n’est désigné, les associés sont censés s’être donné réciproquement le pouvoir
d’administrer l’un pour l’autre et les actes d’administration accomplis par l’un des associés lient les
autres à moins que l’un d’eux ne s’y oppose avant que l’opération soit conclue113.

2. ASSOCIÉS
Les associés prennent à l’unanimité toute décision qui intéresse la société ou qui a pour objet de
modifier la convention, à moins que la convention prévoie que leurs décisions seront prises à la
majorité.

Toutefois, même si les statuts prévoient la majorité, les associés ne peuvent modifier l’objet
essentiel de la société qu’à l’unanimité114.

Selon l’exposé des motifs, « l’‘objet essentiel’ de la société désigne à cet égard le cœur de l’objet de
la société. Une société constituée pour réaliser des opérations de transport ne saurait ainsi, par
exemple, être unilatéralement transformée en société de négoce de céréales ou en société de
conseil en informatique. En revanche, rien n’empêche que l’objet de la société soit adapté sur des
points de détail notamment pour l’adapter à l’évolution d’un secteur d’activité ».

3. PATRIMOINE ET RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS


Les biens apportés à la société ainsi que ceux qui résultent de l’activité sociale forment un
« patrimoine indivis entre les associés » (au sens précisé ci-dessus).

Ils doivent être affectés à l’activité de la société.

« Les créanciers dont la créance trouve sa source dans l’activité de la société peuvent exercer leur
recours sur l’ensemble du patrimoine social »115.

Les associés sont personnellement et solidairement tenus à leur égard sur leur patrimoine propre.

Toutefois, si la société simple est interne, les tiers n’ont de recours qu’à l’égard de l’associé ou du
gérant qui a traité avec eux en nom personnel. Les tiers n’ont pas d’action directe contre les autres
associés116.

Sans préjudice de l’article 1166 du Code civil, les créanciers personnels des associés, dont la
créance est étrangère à l’activité sociale, et ceux qui ont traité avec un associé qui n’avait pas le
pouvoir de représenter les autres n’ont de recours que sur la part de cet associé et les bénéfices qui
lui sont distribués. Ils ne peuvent saisir les biens qui composent le patrimoine social ni exercer
aucun droit sur ceux-ci117.

113 CSA, art. 4:10.


114 CSA, art. 4:11.
115 CSA, art. 4:14.
116 CSA, art. 4:14.
117 CSA, art. 4:15.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

4. COMPTABILITÉ
En leur qualité d’entreprises, les sociétés simples doivent tenir une comptabilité118. Cette
comptabilité peut être simplifiée si le chiffre d’affaires ne dépasse pas 500.000 EUR (journal
financier, journal des achats et journal des ventes, inventaire annuel) 119.

Elles ne doivent pas déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale de Belgique.

DISSOLUTION ET LIQUIDATION

1. CAUSES DE DISSOLUTION
La société simple est dissoute :
- par l’expiration du terme ;
- par la perte matérielle ou juridique de la chose ou par la réalisation de l’opération si elle a été
créée exclusivement en vue de l’exploitation de cette chose ou l’accomplissement de cette
opération ;
- par la mort, l’incapacité, la liquidation, la faillite ou la déconfiture d’un des associés, sauf, en
cas de décès, si la convention prévoit une clause de continuation avec les héritiers de l’associé
décédé ou entre les associés restants ;
- par la décision des associés prise à l’unanimité ou, le cas échéant, à la majorité prévue par la
convention ;
- par la réalisation d’une condition résolutoire120 ;
- lorsque la société est conclue pour une durée indéterminée, par acte unilatéral de résiliation
moyennant un préavis raisonnable pour autant que cette résiliation soit de bonne foi et
n’intervienne pas à contretemps121 ;
- pour de justes motifs, par le président du tribunal de l’entreprise du siège de la société
siégeant comme en référé. Il y a justes motifs, non seulement lorsqu’un associé manque
gravement à ses obligations ou lorsque son infirmité le met dans l’impossibilité d’exécuter
celles-ci, mais encore dans tous les autres cas qui rendent impossible la poursuite normale des
affaires sociales, telle la mésintelligence grave et durable des associés122.

118 CDE, art. III.82.


119 CDE, art. III.85 ; AR du 21 octobre 2018 portant exécution des articles III.82 à III.95 du CDE.
120 CSA, art. 4:16.
121 CSA, art. 4:17, § 1er.
122 CSA, art. 4:17, § 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. DÉMISSION ET EXCLUSION
Le contrat de société simple peut prévoir la possibilité pour les associés de démissionner ou
d’exclure un associé sans que la société ne prenne fin à l’égard des associés restants123. Il peut
déterminer les conditions de majorité à laquelle la décision d’exclusion doit être prise ainsi que les
motifs d’exclusion mais il doit prévoir un délai de préavis raisonnable.

Sous réserve de convention contraire, l’associé qui démissionne ou est exclu a droit à la valeur de
ses parts au moment où il perd la qualité d’associé124.

3. RÉSOLUTION JUDICIAIRE PARTIELLE


En cas de manquement de l’un des associés, les autres associés peuvent intenter une action visant
à prononcer la résolution du contrat de société à son égard uniquement125.

4. LIQUIDATION
Le CSA réglemente uniquement la liquidation des sociétés dotées de la personnalité juridique (livre
2).

En l’absence d’un régime spécial de liquidation des sociétés simples dans le CSA, on applique les
règles de liquidation en matière de partage.

Toutefois ;
- le « patrimoine » de la société est censé subsister pour les besoins de sa liquidation jusqu’à la
clôture de celle-ci, ce qui signifie que, jusqu’à cette clôture, les créanciers sociaux sont
privilégiés ;
- tout intéressé peut demander la désignation d’un ou plusieurs liquidateurs au président du
tribunal de l’entreprise du siège de la société siégeant comme en référé ;
- les créanciers doivent être payés avant les associés et le liquidateur doit respecter le principe
d’égalité entre les créanciers126.

123 CSA, art. 4:19, al. 1er et 2.


124 CSA, art. 4:19, al. 3.
125 CSA, art. 4:20.
126 CSA, art. 4:21, renvoyant à l’art. 2:97, §§ 1 et 3.

61
Fanny Streveler MA1 DROIT

TITRE 3 :
SOCIETES
DOTEES DE LA
PERSONNALITE

62
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 1 :
PRINCIPES
GENERAUX

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Fanny Streveler MA1 DROIT

CONDITIONS GÉNÉRALES DE FORMATION

1. CONDITIONS DE FOND
Comme toute société, les sociétés dotées de la personnalité morale sont soumises, avec certaines
réserves, aux conditions générales de validité des actes juridiques unilatéraux ou des contrats et
aux conditions communes à toutes les sociétés : chaque associé doit faire un apport et un des buts
de la société doit être de distribuer ou procurer à ses associés un avantage patrimonial direct ou
indirect (supra).

En outre, les SRL, les SC et les SA doivent remplir les conditions spécifiques qui tiennent à leur
forme légale, tandis qu’il n’y a pas d’autres conditions pour les SNC et les SComm sous réserve de
l’existence de deux associés.

Ces conditions doivent être réunies au plus tard le jour de la passation de l’acte constitutif.

2. FORMALITÉS
La constitution d’une société dotée de la personnalité morale s’articule autour des étapes
suivantes :
- la passation de l’acte constitutif ;
- le dépôt de l’acte constitutif et d’autres documents au greffe du tribunal de l’entreprise (→
acquisition de la personnalité morale) ;
- la publication d’un extrait de l’acte constitutif aux Annexes du Moniteur belge.

Il faut ensuite encore accomplir certaines formalités, dont l’enregistrement à la Banque-Carrefour


des Entreprises.

A. Acte constitutif
L’acte constitutif est l’acte rédigé (par écrit) en vue de la constitution de la société. Le CSA
réglemente sa forme et impose certaines mentions.

Cet acte doit être distingué des statuts.

L’acte constitutif est l’acte établi au moment de la constitution de la société. Il reprend, outre les
statuts, une série de mentions historiques comme la date, l’identité des fondateurs, les avantages
qui leur sont octroyés, les constatations relatives aux apports initiaux, l’organisme auprès duquel
les apports en numéraire ont été déposés, la mention des frais de constitution,…

Les statuts sont le texte organique de la société qui comporte les mentions imposées par le CSA
ainsi que d’autres mentions reproduisant, complétant ou écartant certaines dispositions de ce
Code.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Langue :
Les règles relatives à l’emploi des langues ne sont pas spécifiques aux sociétés mais concernent
l’entreprise.

Il s’agit des dispositions suivantes :


- Les lois sur l'emploi des langues en matière administrative, coordonnées par l'arrêté royal du
18 juillet 1966.
- Le décret du 19 juillet 1973 du Conseil culturel de la Communauté culturelle néerlandaise127 ;
ce décret, publié au Moniteur du 8 septembre 1973, est couramment dénommé « décret de
septembre ».
- Les décrets du 12 juillet 1978128 et du 30 juin 1982 du Conseil de la Communauté française129.

Les dispositions en matière d’emploi des langues s'appliquent aux actes et documents imposés par
la loi et en particulier :
- l’acte constitutif ;
- tous les actes et documents qui doivent être déposés au greffe du tribunal de l’entreprise ;
- tous les actes et documents qui doivent être publiés aux Annexes du Moniteur belge.

La langue de l’acte constitutif est déterminée conformément à ces dispositions : les statuts sont
établis en français, en néerlandais ou en allemand.

La notion de siège statutaire ne joue aucun rôle en matière d'emploi des langues : c’est le siège
d’exploitation qui compte.

La société doit utiliser le français ou le néerlandais selon qu’elle a son siège d’exploitation dans la
Région de langue française ou la Région de langue néerlandaise.

Elle peut utiliser le français et le néerlandais, ou l'une de ces langues seulement, si elle a son siège
d’exploitation dans la Région de Bruxelles.

Elle doit utiliser le néerlandais si elle a son siège d’exploitation dans une commune de frontière
linguistique de la Région de langue néerlandaise (Voeren,...) ou dans une commune à facilité
(Drogenbos, Kraainem, Linkebeek, Rhode-Saint-Genèse, Wemmel, Wezenbeek-Oppem).

Elle doit utiliser le français si elle a son siège d’exploitation dans une commune de frontière
linguistique de la Région de langue française (Enghien,...) ou une commune malmédienne
(Malmédy,...).
Si elle a des sièges d’exploitation dans plusieurs régions linguistiques, elle doit utiliser les deux
langues.

127 Décret du 19 juillet 1973 du Conseil culturel néerlandais réglant l'emploi des langues en matière de relations sociales
entre employeurs et travailleurs, ainsi qu'en matière d'actes et de documents d'entreprise prescrits par la loi, tel que
partiellement annulé par l'arrêt de la Cour d'arbitrage du 30 janvier 1986.
128 Décret du 12 juillet 1978 du Conseil culturel de la Communauté culturelle française sur la défense de la langue

française.
129 Décret du 30 juin 1982 du Conseil de la Communauté française relatif à la protection de la liberté de l'emploi des

langues et de l'usage de la langue française en matière de relations sociales entre les employeurs et leur personnel ainsi
que d'actes et documents des entreprises imposés par la loi et les règlements, tel que partiellement annulé par les
arrêts des 30 janvier et 18 novembre 1986 de la Cour d'arbitrage.

65
Fanny Streveler MA1 DROIT

Si une société a l’intention d’avoir un siège d’exploitation dans plusieurs régions linguistiques, les
statuts doivent être rédigés dans la langue de chacune des régions concernées.

Contenu :
L’acte constitutif de chaque société doit contenir :
- toutes les mentions qui doivent être déposées et publiées par extrait conformément à l’article
2:8, § 2 du CSA : par définition, les mentions de l’extrait d’un acte proviennent de cet acte ; les
dispositions qui précisent le contenu de l’acte constitutif imposent certaines mentions outre les
données comprises dans l’extrait destiné à la publication130 ;
- des mentions spécifiques à l’acte constitutif de chaque société131.

B. Dépôt au greffe
Dossier :
Il est tenu, pour chaque personne morale, un dossier au greffe du tribunal de l’entreprise du siège
de la personne morale132, où sont déposés tous les actes, extraits d’actes, décisions et documents
dont la publicité est ordonnée par le Code133. Le dossier peut être électronique en tout ou partie 134.

Objet :
Il convient de déposer dans ce dossier :
- un extrait de l’acte constitutif ;
- sauf pour la SNC et la SComm, une expédition de l'acte constitutif authentique ou un double de
l'acte constitutif sous seing privé et une expédition des procurations authentiques ou un
original des procurations sous seing privé135.

Délai :
L’extrait de l’acte constitutif doit être déposé au greffe dans les 30 jours de la date de l’acte
définitif136.

Langue :
Les actes de la société, rédigés en français, en néerlandais ou en allemand en fonction de la
localisation du ou des sièges d’exploitation de la société (supra), doivent être déposés au greffe du
tribunal « dans la langue ou dans une des langues officielles de la région linguistique où le siège de
la personne morale est établi »137.

En tant qu’elle vise le « siège » de la personne morale, la loi doit être interprétée de manière
conforme à la législation existante comme visant le siège d’exploitation.
Une société peut faire établir et déposer une traduction dans une ou plusieurs langues officielles de
l’Union européenne.

130 CSA, art. 5:12, 6:13 et 7:14.


131 CSA, art. 5:12, 6:13 et 7:14.
132 CSA, art. 2:7, § 1er.
133 art. 1:1 de l’arrêté royal du 29 avril 2019.
134 art. 1:2 de l’arrêté royal du 29 avril 2019.
135 CSA, art. 2:8, § 1er, al. 1, 1°, 2° et 3°.
136 CSA, art. 2:8, § 1er, al. 1.
137 CSA, art. 2:33.

66
Fanny Streveler MA1 DROIT

Sur la base de cette disposition, une société peut ajouter au document rédigé en français ou en
néerlandais une version en néerlandais ou en français, à titre de traduction volontaire dans une
langue officielle de l’Union européenne. Le législateur belge a choisi de ne pas imposer une
traduction certifiée pour ne pas augmenter les frais administratifs des entreprises.

En cas de discordance entre la version publiée dans la langue officielle et les autres versions, les
traductions ne sont pas opposables aux tiers : les tiers peuvent cependant s’en prévaloir, sauf si la
société prouve qu’ils ont eu connaissance de la version ayant fait l’objet de la publicité
obligatoire138.

C. Publication aux Annexes du Moniteur belge


Responsabilité du greffier :
Le greffier doit adresser les copies des actes, extraits d’actes et documents ou le texte des mentions
à la direction du Moniteur belge, au plus tard le deuxième jour ouvrable qui suit celui du dépôt139.

Délai :
La publication doit être faite dans les 10 jours du dépôt140, à peine de dommages-intérêts contre les
fonctionnaires auxquels l’omission ou le retard seraient imputables.

D. Formalités ultérieures
Enregistrement auprès de la Banque-Carrefour des Entreprises :
Toute entreprise doit être enregistrée avant le début de ses activités dans la Banque-Carrefour des
Entreprises et se voit attribuer un numéro d’entreprise lors de son inscription141.

Plus précisément, chaque société doit être inscrite au registre des personnes morales, qui est un
« répertoire de la Banque-Carrefour des Entreprises »142.

Soit elle s’inscrit directement par voie électronique, soit elle est inscrite par le notaire
instrumentant, ou par le greffe du tribunal de l’entreprise dans le registre des personnes morales
de la Banque-Carrefour des Entreprises143.

Elle doit procéder à une modification avant la création de toute nouvelle unité d’établissement, soit
un « lieu d’activité, géographiquement identifiable par une adresse, où s’exerce au moins une
activité de l’entreprise ou à partir duquel elle est exercée »144.

138 CSA, art. 2:32, al. 3.


139 art. 1:12, al. 1. de l’arrêté royal du 29 avril 2019.
140 CSA, art. 2:13.
141 CDE, art. III.17 et III.49.
142 CSA, art. 2:7, § 1er, al. 2.
143 art. 1:7, al. 1er de l’arrêté royal du 29 avril 2019.
144 CDE, art. I.2, 16°.

67
Fanny Streveler MA1 DROIT

Autres formalités :
Si l’acte constitutif est notarié, il doit être enregistré.

S’il comporte un apport de biens immobiliers, il doit être transcrit au registre du bureau compétent
de l’Administration générale de la Documentation patrimoniale pour être opposable aux tiers145.

3. SANCTIONS
Plusieurs types d’irrégularités sont susceptibles d’être commises pendant le processus de
constitution de la société.

Elles peuvent uniquement affecter la validité de l’engagement d’un associé et entraîner la nullité de
cet engagement.

Elles peuvent aussi affecter la société et entraîner la nullité de la société.

Dans un souci de sécurité juridique, le CSA privilégie les actions en responsabilité par rapport aux
actions en nullité. Ainsi, le CSA limite les causes de nullité des sociétés mais prévoit de nombreux
cas de responsabilité des fondateurs.

La responsabilité des fondateurs sera examinée à l’occasion de l’étude de sociétés concernées.

A. Nullité de l’engagement d’un associé


La nullité des engagements des associés est en principe régie par le droit commun des obligations,
quelle que soit la forme de la société concernée (que le CSA énumère limitativement ou non les
causes de nullité de cette société) et quel que soit le moment de l’engagement de l’associé (lors de
la constitution ou ultérieurement).

Le droit commun détermine les causes de nullité des engagements des associés ainsi que leur
régime.

Causes de nullité :
Conformément au droit commun, l’engagement d’un associé peut être annulé s’il ne satisfait pas :
- aux conditions générales requises pour la validité de tout contrat ou, s’il s’agit d’une société
unipersonnelle, des actes unilatéraux ;
- aux conditions communes à toutes les sociétés, par exemple si l’associé fait un apport inexistant ou
fictif ou se voit attribuer tous les bénéfices.

Les règles qui limitent les causes de nullité de certaines sociétés interfèrent toutefois avec ces
principes. Ainsi, lorsque le CSA prévoit que les clauses privant un associé de toute participation aux
bénéfices sont « réputées non écrites »146, le fait que cet associé n’ait droit à aucun bénéfice n’est
pas, en soi, une cause de nullité de son engagement.

145 art. 1er de la loi hypothécaire.


146 CSA, art. 4:2, al. 2, 5:14, 6:15 et 7:16.

68
Fanny Streveler MA1 DROIT

L’erreur ou le dol peuvent provenir d’informations inexactes figurant dans des documents de
présentations préparés par les fondateurs, par exemple le prospectus ou un formulaire de souscription.

Conformément au droit commun des obligations, la nullité peut être relative ou absolue.

Si un associé est victime d’une erreur, de violence ou de dol, ou s’il est incapable, la nullité est
relative. Seul l’associé concerné ou son représentant peut demander la nullité de son engagement.
Cette nullité peut faire l’objet d’une confirmation. Les mêmes principes s’appliquent mutatis
mutandis si c’est la société qui est victime d’une erreur, de violence ou de dol.

La nullité découlant de l’inexistence ou de l’illicéité de l’objet ou de la cause de l’engagement d’un


associé est absolue. Tout tiers peut demander la nullité et cette nullité ne peut pas faire l’objet
d’une confirmation.

Rétroactivité :
Contrairement à la nullité de la société, la nullité de l’engagement d’un associé opère avec effet
rétroactif.

L’associé dont l’engagement est annulé peut en conséquence répéter l’apport qu’il a déjà libéré.

Effet sur la société :


La nullité de l’engagement d’un associé pourrait entraîner celle de l’engagement d’un autre associé
par disparition de sa cause ou, plus probablement, celle de l’engagement de tous les autres
associés et donc de la société elle-même.

B. Nullité de la société
Causes de nullité :
Les causes de nullité de chaque société dépendent de sa forme légale et seront donc examinées à l’occasion
de l’étude des différentes sociétés.

En synthèse, le CSA ne limite pas les causes de nullité des SNC et des SComm mais limite les causes
de nullité des SRL, SC et SA.

Nécessité d’une décision judiciaire :


L’article 2:34 du CSA, qui figure dans le livre consacré aux dispositions communes aux personnes
morales régies par le CSA, énonce en termes généraux que « la nullité d’une société doit être
prononcée par une décision judiciaire ». Il n’opère aucune distinction entre les sociétés.

Interdiction d’opposer la nullité par voie d’exception :


Comme la nullité d’une société dotée de la personnalité juridique doit être prononcée par une
décision judiciaire, elle ne peut être prononcée qu’à la suite d’une demande principale ou
reconventionnelle, et ne peut pas être opposée par voie d’exception.

L’article 2:36 du CSA consacre cette règle de manière imparfaite : « la nullité d’une société pour
vice de forme ne peut être opposée aux tiers par la société ou par un associé ou actionnaire, même
par voie d’exception, à moins qu’elle n’ait été constatée par une décision judiciaire publiée (...) ».

69
Fanny Streveler MA1 DROIT

On ne peut pas comprendre a contrario que cette règle ne vaut ni pour les vices de fond ni pour les
vices invoqués par les tiers. Une telle interprétation serait contraire à l’article 2:34 du CSA : la
nullité ne peut pas être opposée par voie d’exception quels que soient le vice invoqué ou la
personne qui l’invoque (société, associé, actionnaire ou tiers).

Régularisation :
Le juge peut accorder un délai pour permettre à la société de procéder à sa régularisation147.

Effets :
Absence d’effet rétroactif :
La nullité d’une société produit ses effets à dater de la décision qui la prononce148. Cette disposition
déroge au droit commun, en vertu duquel la nullité opère avec effet rétroactif, sous réserve des
tempéraments dictés par les contraintes de la réalité et par l’impossibilité d’effacer les effets
produits par certaines situations.

La décision qui prononce la nullité d’une société revêt donc un caractère constitutif et non
déclaratif.

Il s’ensuit que « la nullité ne porte pas atteinte par elle-même à la validité des engagements de la
société ou de ceux pris envers elle (...) »149. Cette disposition vise les engagements pris par ou
envers la société et, de manière générale, toutes les obligations nées avant la publication du
jugement prononçant la nullité de la société.

Opposabilité aux tiers :


Dans un but de sécurité juridique, la nullité de la société n’est opposable aux tiers qu’à dater de la
publication aux annexes du Moniteur belge de l’extrait de la décision coulée en force de chose
jugée ou exécutoire par provision150.

Liquidation :
La nullité entraîne la liquidation comme en cas de dissolution 151. Le régime ordinaire de liquidation
s’applique, sous certaines réserves.

Les tribunaux « peuvent désigner les liquidateurs »152. Il s’agit d’une faculté. Cette désignation
intervient à la requête d’un associé, d’un tiers ou même d’office. Dans certains cas, comme celui
d’un objet ou d’une cause illicite, on n’imagine pas que le juge ne désigne pas de liquidateur.

147 CSA, art. 2:38.


148 CSA, art. 2:34.
149 CSA, art. 2:37, al. 2.
150 CSA, art. 2:34, al. 3.
151 CSA, art. 2:37, al. 1.
152 CSA, art. 2:37, al. 3.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

SOCIÉTÉS EN FORMATION

Aux termes de l’article 2:2 du CSA ;


« A défaut de convention contraire, ceux qui, au nom d’une personne morale en formation, et
avant l’acquisition par celle-ci de la personnalité juridique, ont pris un engagement à quelque titre
que ce soit, en sont personnellement et solidairement responsables, sauf si la personnalité
juridique a été acquise dans les deux ans de la naissance de l’engagement et si la personne morale
a repris ces engagements dans les trois mois de l’acquisition de la personnalité juridique. Les
engagements repris pas la personne morale sont réputés avoir été contractés par celle-ci dès
l’origine ».

Ceux qui prennent un engagement au nom d’une société en formation engagent leur responsabilité
personnelle et solidaire pour les engagements contractés au nom de cette société, sauf si elle se
forme dans les deux ans de la naissance de l’engagement et le reprend dans les trois mois de sa
constitution.

La constitution vise ici l’acquisition de la personnalité morale, c’est-à-dire le dépôt de l’extrait de


l’acte constitutif.

Seuls ceux qui ont pris personnellement ou par mandataire un engagement au nom de la société
engagent leur responsabilité conformément à cette disposition ; celle-ci ne rend pas tous les
fondateurs responsables.

1. ENGAGEMENTS ET CRÉANCES
Bien que l’article 2:2 du CSA ne vise que les engagements et soit libellé en termes de responsabilité,
il concerne également la reprise de contrats et de créances.

2. CONVENTIONS CONTRAIRES
Cette disposition réserve la possibilité de conventions contraires.

Celles-ci peuvent aggraver la responsabilité de ceux qui ont pris un engagement au nom d’une
personne morale en formation (par ex. en prévoyant qu’ils resteront tenus même après la reprise de
l’engagement par la personne morale, ou en abrégeant les délais fixés par la loi), la diminuer (par ex. en
supprimant la solidarité des promoteurs), ou même la supprimer.

3. EFFETS DE LA REPRISE DE L’ENGAGEMENT


La reprise par la société des engagements pris en son nom dans les délais légaux a un double effet :
- cette reprise vaut ratification, la personne morale pouvant désormais se prévaloir des droits
contractés en son nom, mais devant assurer les obligations contractées en son nom ;
- cette reprise fait obstacle à la responsabilité personnelle de ceux qui ont pris un engagement
au nom de la personne morale en formation.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

4. ANALYSE JURIDIQUE
Cette disposition établit une fiction : dans les limites de cette disposition, la société en formation
peut prendre des engagements comme si elle bénéficiait de la personnalité morale. La technique de
la fiction permet à la personnalité morale de rétroagir à un moment antérieur à la constitution.

Dans ce système, ceux qui prennent un engagement au nom d’une société en formation
contractent au nom de celle-ci mais sont personnellement tenus sous la condition résolutoire de la
constitution et de la reprise des engagements.

5. MODALITÉS DE LA REPRISE
La reprise peut être expresse (décision de l’organe d’administration spécialement convoqué à cette
fin) ou tacite (par ex., paiement du loyer dans l’hypothèse où un contrat de bail a été conclu au nom de la
société en formation).

Beaucoup de sociétés reprennent les engagements dans l’acte constitutif.

Toutefois, la société n’a pas encore la personnalité morale au moment de la passation de l’acte
constitutif, de sorte qu’elle n’a pas encore d’organe pour reprendre les engagements et doit en
principe attendre le dépôt de son acte constitutif pour opérer la reprise. Le législateur n’a en effet
pas organisé de système permettant aux comparants à l’acte constitutif de faire reprendre les
engagements par la société.

FINANCEMENT

1. TYPES DE FINANCEMENT
Une société combine généralement plusieurs types de financement : les apports en numéraire de
ses associés, des emprunts, parfois des obligations ou du crowdfunding.

A. Apports
Le premier mode de financement d’une société résulte des apports en numéraire par ses associés.
Constituer une société avec uniquement des apports en industrie est assez théorique.

Des apports doivent être faits à la constitution, s’agissant d’une condition de constitution de la
société mais ils peuvent également être faits en cours de vie de la société. Ils seront en principe
rémunérés par de nouveaux titres, à l’occasion d’une augmentation de capital dans la SA.

Caractéristiques :
Les apports ne représentent pas une dette de la société envers les apporteurs, même si le poste
« capital » dans la SA (et les réserves dans les autres sociétés) est inscrit au passif du bilan.

Sous réserve de mécanismes particuliers comme la démission, la réduction de capital et le rachat


d’actions propres (infra), un apporteur ne peut récupérer la valeur de son apport qu’à la dissolution
de la société et moyennant le désintéressement préalable des créanciers.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Emprunt
Auprès des associés ou de tiers :
L’emprunt est également une source de financement très importante de la société.

La société peut contracter des emprunts auprès des associés et/ou de tiers, par exemple des
établissements de crédit.

Les avances faites par les associés peuvent faire l’objet d’un contrat en bonne et due forme mais
sont souvent inscrites dans un compte-courant.

Les établissements de crédit ne consentiront généralement de prêt, surtout à une société qui vient
de se constituer, que moyennant des garanties. Il s’agira le plus souvent de sûretés réelles (sur les
actifs de la société ou d’un associé), les établissements de crédit étant devenus assez frileux à
l’égard des cautions (du moins lorsqu’elles sont consenties par des personnes physiques) en raison
des règles de protection des cautions personnes physiques.

Souvent un établissement de crédit n’accepte de consentir un prêt à la société que si les associés
font également un prêt à la société, et exigent que les créances des associés soient subordonnées à
la sienne.

Compte-courant d’associé :
Un compte-courant est un compte ouvert entre deux personnes physiques ou morales qui
conviennent de transformer leurs créances et leurs dettes réciproques en articles de débit et de
crédit dont le solde sera seul exigible.

Le compte-courant d’associé résulte de l’inscription d’une part d’avances faites par un associé à la
société et d’autre part de dettes de la société envers l’associé (remboursement de frais, sommes
dues à titre de dividendes,…).

Il ne fait l’objet d’aucun formalisme mais devrait idéalement faire l’objet d‘une convention
précisant ses modalités de fonctionnement et en particulier le taux d’intérêt dû par la partie en
négatif.

Il présente plusieurs avantages :


- Ce mode de financement est très souple puisque l’associé peut alimenter le compte-courant
sans formalités au fur et à mesure des besoins de la société ;
- Si le compte-courant est positif, l’associé est créancier de la société, et, sauf convention
contraire, sa créance n’est pas subordonnée à celle de la société.

C. Obligations
Il n’existe pas en droit belge de définition légale de la notion d’obligations (au sens de titres).

On considère généralement que les obligations sont des titres en principe négociables,
représentant la fraction d’un emprunt collectif et donnant droit à un intérêt annuel et au
remboursement du principal.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Les obligations se distinguent des créances ordinaires par l’unité de l’emprunt qui en fait les
coupures d’une émission globale, ainsi que leur caractère négociable et le groupement de leurs
titulaires en une assemblée générale, celle des obligataires, qui peuvent prendre à la majorité des
décisions obligatoires pour tous les titulaires des obligations de la tranche concernée. Ces deux
dernières caractéristiques résultent du CSA et sont spécifiques aux obligations émises par des
sociétés.

Sous réserve des exceptions prévues par la loi et moyennant l’accord du débiteur, toute dette peut
faire l’objet d’un titre de sorte que toute personne peut émettre des obligations.

En particulier, toute société, association ou fondation peut émettre des obligations même en
l’absence d’une clause des statuts en ce sens, sauf si les statuts interdisent le recours à ce mode de
financement.

Organe compétent :
En principe, l’organe compétent d’une société, d’une association ou d’une fondation pour émettre
des obligations est son organe d’administration mais les statuts pourraient attribuer cette
compétence à l’assemblée générale.

L’organe compétent pour émettre des obligations l’est aussi pour en fixer les conditions (montant,
durée, taux,…).

Forme :
Depuis le 1er janvier 2008, un émetteur ne peut émettre des titres que sous la forme nominative ou
dématérialisée153.

Les obligations émises par une société, une association ou une fondation incorporent une créance
financière à leur égard et constituent donc des titres.

Types d’obligations :
Les obligations peuvent être de plusieurs types : ordinaires (« plain vanilla »), hypothécaires
(garanties par une hypothèque sur un ou plusieurs immeubles de la société), subordonnées (qui ne
peuvent être remboursées qu’après d’autres dettes de la société), convertibles ou remboursables
en actions,…

Régime :
Sous réserve des règles de droit financier, le régime des obligations est organisé par le CSA
uniquement pour les SRL, les SC et les SA (infra).

Le régime des obligations émises par les autres sociétés, les associations et les fondations est
contractuel, à défaut d’autres règles légales.

Les conditions d’émission des obligations peuvent s’inspirer des règles du CSA en la matière, à
l’exception bien entendu des règles relatives aux obligations convertibles en actions (les
associations et fondations ne pouvant pas émettre des actions).

153 art. 3, § 1er, de la loi du 14 décembre 2005 portant suppression des titres au porteur.

74
Fanny Streveler MA1 DROIT

Elles peuvent par exemple organiser des assemblées générales des obligataires et leur permettre de prendre
à la majorité des décisions qui lient tous les obligataires, telles que, moyennant l’accord de l’émetteur, la
modification du taux des intérêts ou le remboursement anticipé des obligations.

Droit des obligataires :


Les obligataires ont uniquement les droits qui leur sont attribués par les conditions d’émission et
les statuts : en tout cas, le droit de percevoir les intérêts et le principal lors du remboursement et, si
les statuts le prévoient, le droit d’assister et de prendre part aux assemblées générales
d’obligataires, le droit d’assister aux assemblées générales des associés ou membres (sans voix
délibérative), le droit de recevoir la documentation communiquée aux associés ou membres en vue
des assemblées générales.

D. Crowdfunding
Le crowdfunding est un mode de financement qui consiste à récolter des fonds auprès du public
afin de financer des projets généralement via une plateforme en ligne où sont mis à disposition les
contrats, les bulletins de souscription,…

Il couvre tant les appels au public pour investir dans un projet en vue de recevoir une contrepartie
sous forme de titres (actions, obligations,...) ou non (prêt à intérêt, contrepartie en nature,...) que
les appels au public pour soutenir gratuitement un projet.

Régime :
Lorsqu’il concerne des titres, le régime du crowdfunding résulte d’une combinaison de règles
applicables à ces titres et de règles de droit financier.

2. ÉLÉMENTS DE DROIT FINANCIER


Le présent cours n’est pas un cours de droit financier.

On se bornera ici à mentionner quelques règles fondamentales pour comprendre comment fonctionne le
financement des sociétés : les règles en matière d’intermédiation, d’offre publique et de dépôts
remboursables.

A. Monopole d’intermédiation
L’intermédiation est toute intervention, même temporaire ou accessoire, et en quelque qualité que
ce soit, à l'égard d'investisseurs dans le placement d'instruments de placement pour le compte de
l'offreur ou de l'émetteur, contre rémunération ou avantage de quelque nature que ce soit et
octroyé directement ou indirectement par l'offreur ou l'émetteur154.

Seuls les personnes ou établissements énumérés par l’article 21 de la loi du 11 juillet 2018
(essentiellement les établissements de crédit et les entreprises d’investissement) peuvent pratiquer
l'intermédiation, c’est-à-dire intervenir, même à titre temporaire ou accessoire, et en quelque
qualité que ce soit, à l'égard d'investisseurs dans le placement d'instruments de placement pour le
compte de l'offreur ou de l'émetteur, contre rémunération ou avantage de quelque nature que ce
soit et octroyé directement ou indirectement par l'offreur ou l'émetteur.

154art. 4, 6° de la loi du 11 juillet 2018 relative aux offres au public d'instruments de placement et aux admissions
d'instruments de placement à la négociation sur des marchés réglementés.

75
Fanny Streveler MA1 DROIT

La loi n’impose cependant pas de recourir à un intermédiaire : l'émetteur peut placer lui-même les
instruments qu'il émet155 ou confier cette tâche à une entreprise liée si l'offre s'adresse aux
membres du personnel de l'entreprise liée156.

De plus, elle comporte deux exceptions : le monopole d’intermédiation ne s’applique pas aux offres
de valeurs mobilières adressées uniquement aux investisseurs qualifiés ou aux offres de valeurs
mobilières adressées à moins de 150 personnes physiques ou morales, autres que des investisseurs
qualifiés, par État membre157.

Cas d’application – crowdfunding :


Si l’émetteur d’instruments financiers qui recourt au crowdfunding fait exploiter par un tiers la
plateforme en ligne sur laquelle a lieu la promotion du projet, ce tiers, s’il est rémunéré, sera
considéré comme un intermédiaire, de sorte qu’en principe le monopole d’intermédiation devrait
s’appliquer et ce tiers devrait avoir le statut d’établissement de crédit ou d’entreprise
d’investissement, sous réserve des exceptions applicables.

Toutefois, le législateur a prévu la possibilité pour les personnes physiques ou morales qui offrent
des services de financement alternatif en qualité de plateforme de financement alternatif de se
faire agréer auprès de la FSMA moyennant certaines conditions 158. Les services de financement
alternatif sont définis comme ceux consistant à « effectuer, par le biais de sites Internet ou par tout
autre moyen électronique, la commercialisation d'instruments de placement émis par des
émetteurs-entrepreneurs, par des fonds starters ou par des véhicules de financement, dans le
cadre d'une offre, qu'elle soit publique ou non, sans prestation d'un service d'investissement
relativement à ces instruments de placement »159.

B. Offre publique
Constitue une offre au public d'instruments de placement toute communication adressée sous
quelque forme et par quelque moyen que ce soit à des personnes et présentant une information
suffisante sur les conditions de l'offre et sur les instruments de placement à offrir, de manière à
mettre un investisseur en mesure de décider d'acheter ou souscrire ces instruments de placement.
Ne constituent pas des offres au public les attributions à titre gratuit d'instruments de
placement160.

Les instruments de placement comportent notamment les valeurs mobilières161, ce qui inclut les
actions et les obligations.

155 art. 21, al. 2, a de la loi du 11 juillet 2018.


156 art. 21, al. 2, c de la loi du 11 juillet 2018.
157 art. 20, § 2, 2° de la loi du 11 juillet 2018.
158 art. 5 de la loi du 18 décembre 2016 organisant la reconnaissance et l'encadrement du crowdfunding et portant des

dispositions diverses en matière de finances.


159 art. 4, 1° de la loi du 18 décembre 2016.
160 art. 4, 2° de la loi du 11 juillet 2018.
161 art. 3, § 1 de la loi du 11 juillet 2018.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Obligation de publier un prospectus :


Le Règlement (UE) 2017/1129 du Parlement européen et du Conseil du 14 juin 2017 concernant le
prospectus à publier en cas d'offre au public de valeurs mobilières ou en vue de l'admission de
valeurs mobilières à la négociation sur un marché réglementé impose la publication d’un
prospectus en cas d’offre publique d'instruments de placement ou d’admission sur un marché
réglementé, sous réserve de certaines exceptions162.

Actuellement, les seuls marchés réglementés en Belgique sont le marché Euronext Brussels et le
marché des instruments financiers dérivés.

Le prospectus doit comporter toutes les informations nécessaires pour permettre à un investisseur
d’évaluer l’offre en connaissance de cause163. Le Règlement indique les informations qu’il doit
contenir au minimum : les informations financières annuelles et semestrielles publiées au cours des
douze mois précédant l’approbation du prospectus ; les prévisions et estimations de bénéfice ; les
facteurs de risque ; le prix ;…164

Le prospectus ne peut être publié qu’après son approbation par la FSMA 165.

Il doit être mis à la disposition du public au plus tard au début de l’offre ou de l’admission à la
négociation sur un marché réglementé. Il est réputé être mis à la disposition du public lorsqu’il est
publié sous forme électronique sur le site de l’émetteur, des intermédiaires financiers ou du
marché réglementé166.

Exceptions :
L’obligation de publier un prospectus en cas d’offre publique d’instruments de placement ne
s’applique pas à certains types d’offres publiques, notamment :
- offres de valeurs mobilières par un organisme sans but lucratif d’un Etat membre de l’Espace
Economique européen, en vue de se procurer les moyens nécessaires à la réalisation de ses
objectifs non lucratifs167 ;
- offres de valeurs mobilières adressées uniquement aux investisseurs qualifiés168 ;
- offres de valeurs mobilières adressées à moins de 150 personnes physiques ou morales, autres
que des investisseurs qualifiés, par État membre169 ;
- offres de valeurs mobilières dont la valeur nominale unitaire s’élève au moins à 100.000
EUR170 ;
- offres de valeurs mobilières adressées à des investisseurs qui acquièrent ces valeurs pour un
montant total d’au moins 100.000 EUR par investisseur et par offre distincte 171 ;

162 art. 1, § 1 du Règlement 2017/1129.


163 art. 6, § 1 du Règlement 2017/1129.
164 art. 13 et s. du Règlement 2017/1129.
165 art. 20 du Règlement 2017/1129.
166 art. 21 du Règlement 2017/1129.
167 art. 1, § 2 du Règlement 2017/1129.
168 art. 1, § 4, a du Règlement 2017/1129.
169 art. 1, § 4, b du Règlement 2017/1129.
170 art. 1, § 4, c du Règlement 2017/1129.
171 art. 1, § 4, d du Règlement 2017/1129.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- lorsque le montant total de l’offre dans l'Union est inférieur ou égal à un montant de 5 millions
EUR, calculé sur une période de 12 mois172.

L’obligation de publier un prospectus en cas de négociation sur un marché réglementé ne


s’applique pas à l’admission à la négociation sur un marché réglementé de certaines valeurs
mobilières, notamment les valeurs mobilières fongibles avec des valeurs mobilières déjà admises à
la négociation sur le même marché réglementé, pour autant qu’elles représentent, sur une période
de douze mois, moins de 20 % du nombre de valeurs mobilières déjà admises à la négociation sur le
même marché réglementé173.

Obligation de publier une note d’information :


La loi du 11 juillet 2018 requiert la publication préalable d’une note d’information dans une série de
cas dans lesquels un prospectus ne doit pas être publié, notamment en cas d’offre publique
d’instruments de placement lorsque le montant total de l’offre dans l’Union est inférieur ou égal à
un montant de 5 millions EUR, calculé sur une durée de 12 mois174.

La note d'information est un document bref qui ne peut pas excéder 15 pages format A4175. Elle
constitue une information précontractuelle. Elle doit notamment contenir des informations sur
l'émetteur, le montant, la nature et les caractéristiques des instruments de placement offerts ou à
admettre à la négociation, les raisons et les modalités de l'offre ou de l'admission et les risques
attachés à l'émetteur et aux instruments de placement concernés, ainsi que les facteurs de
risque176.

La note d'information est mise à la disposition du public au plus tard le jour de l'ouverture de l'offre
au public ou de l'admission à la négociation. Elle est réputée être mise à la disposition du public dès
qu'elle est publiée sous une forme électronique sur le site web de l'émetteur et, le cas échéant, sur
celui des intermédiaires financiers177. Elle doit également être déposée auprès de la FSMA, qui la
publie sur son site internet178.

Exceptions :
L’obligation de publier une note d’information ne s’applique pas à certaines offres publiques,
notamment :
- offres au public visées à l'article 1er, § 4, a, b, c et d du Règlement 2017/1129 (qui bénéficient
d’exemptions de l’obligation de publier un prospectus) ;
- offres au public d'instruments de placement dont le montant total dans l'Union est inférieur ou
égal à un montant de 500.000 EUR, calculé sur une période de 12 mois 179 (exemption de
minimis) ;

172 art. 7, § 1er de la loi du 10 juillet 2018.


173 art. 1, § 5, a du Règlement 2017/1129.
174 art. 10, § 1er de la loi du 11 juillet 2018.
175 art. 12, § 3, 1° de la loi du 11 juillet 2018.
176 art. 12 de la loi du 11 juillet 2018.
177 art. 17 de la loi du 11 juillet 2018.
178 art. 18 de la loi du 11 juillet 2018.
179 art. 10, § 3, 2° de la loi du 11 juillet 2018.

78
Fanny Streveler MA1 DROIT

- offres au public d’instruments de placement par un organisme sans but lucratif d’un Etat
membre de l’Espace Economique européen, en vue de se procurer les moyens nécessaires à la
réalisation de ses objectifs non lucratifs180.

Cas d’application – crowdfunding :


En matière de crowdfunding, on invoque généralement l’exception de minimis pour se dispenser
d’établir un prospectus ou une note d’information, étant entendu qu’en cas de dépassement des
plafonds, l’émetteur devra rédiger un prospectus ou une note d’information.

C. Appel au public en vue de recevoir des dépôts de fonds remboursables


Les fonds remboursables sont les fonds mis à la disposition de celui qui les reçoit (à la suite de
dépôts, d’emprunts, de l’émission d’obligations), qui peut les utiliser pour son propre compte et est
contractuellement tenu à un remboursement en principal équivalent au moins au montant nominal
des fonds reçus.

Une personne est réputée recevoir du public des dépôts d'argent ou d'autres fonds remboursables
ou faire appel au public en vue de recevoir de tels dépôts ou fonds, si une ou plusieurs des
circonstances suivantes est réalisée :
- la mise en œuvre de procédés de publicité de quelque nature qu'ils soient, visant plus de 50
personnes et destinés à annoncer ou à recommander la sollicitation de dépôts ou d'autres
fonds remboursables ;
- le recours direct ou indirect à un ou plusieurs intermédiaires ;
- la sollicitation de plus de 50 personnes.

Est considérée comme procédé de publicité l'utilisation de toute technique visant à porter la
sollicitation de dépôts à la connaissance du public, et notamment :
- la diffusion d'informations dans la presse écrite ou dans des publications, périodiques ou non,
ou par la radio, la télévision ou tout autre moyen audiovisuel ou par internet ;
- la diffusion de circulaires ou de tous autres documents standardisés relatifs à la sollicitation de
dépôts, même s'ils sont adressés personnellement au destinataire ;
- la diffusion d'informations par voie de téléphonie, par recours à un système de courrier
électronique ou par recours à toute autre mode de communication numérique181.

Monopole :
En vertu de l'article 28 de la loi du 11 juillet 2018, seules certaines personnes et institutions
peuvent faire appel au public en Belgique en vue de recevoir des dépôts d'argent ou d'autres fonds
remboursables.

Outre les établissements de crédit, la Banque Nationale de Belgique, la Banque centrale


européenne, La Poste (Postchèque) et la Caisse des Dépôts et Consignations, il s’agit notamment
des personnes qui procèdent à des offres en vente ou en souscription d'instruments de placement
au moyen desquels des fonds remboursables sont récoltés dans le respect des dispositions de la loi
du 11 juillet 2018 et du Règlement 2017/1129.

180 art. 10, § 2, 5° de la loi du 11 juillet 2018.


181 AR 9 octobre 2009 relatif au caractère public de la sollicitation de fonds remboursables.

79
Fanny Streveler MA1 DROIT

Cas d’application – crowdfunding :


L’entité qui recourt au crowdfunding est soumise aux règles en matière de dépôts de fonds
remboursables si elle s’adresse à plus de 50 personnes ou fait exploiter la plateforme par un
intermédiaire, peut disposer librement des fonds (ne fût-ce que pendant une certaine période) et
s’engage à rembourser les fonds, même si c’est uniquement dans l’hypothèse dans laquelle un
montant minimal n’est pas atteint à l’issue d’une période de souscription.

Elle peut bénéficier du monopole de réception de fonds remboursables si elle établit un prospectus
ou une note d’information ou peut se prévaloir d’une exception à l’obligation d’établir un
prospectus.

MEMBRES DES ORGANES D’ADMINISTRATION


Le CSA prévoit des organes d’administration différents en fonction des sociétés mais comporte
certaines règles communes à tous les membres des organes d’administration.

1. PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES


Tant des personnes physiques que des personnes morales 182 peuvent être désignées comme
membres des organes d’administration.

Aux termes de l’article 2:55, alinéa 1 du CSA ; « lorsqu’une personne morale assume un mandat de
membre d’un organe d’administration ou de délégué à la gestion journalière, elle désigne une
personne physique comme représentant permanent chargé de l’exécution de ce mandat au nom et
pour le compte de cette personne morale. Ce représentant permanent doit satisfaire aux mêmes
conditions que la personne morale et encourt solidairement avec elle les mêmes responsabilités
civiles et pénales, comme s’il avait exercé ce mandat en son nom et pour son compte ».

Le représentant permanent doit nécessairement être une personne physique.

C’est la personne morale administrateur (et non la société administrée) qui choisit son représentant
permanent. L’organe compétent pour procéder à sa nomination est son organe d'administration.

Si la société anonyme A souhaite désigner la société anonyme B comme administrateur, la société anonyme B
doit lui indiquer qui sera son représentant permanent et la société anonyme A désignera la société anonyme
B, représentée par M. X, représentant permanent.

Les règles de publicité en matière de désignation et de cessation du mandat de la personne morale


s'appliquent également au représentant permanent de celle-ci183.

C’est la société administrée qui se charge de ces formalités ; ainsi, en consultant le dossier de la
société administrée, les tiers pourront déterminer qui peut valablement la représenter.

182 Par exception à ce principe, dans certaines sociétés réglementées (établissements de crédit, sociétés immobilières
réglementées, ...), seules des personnes physiques peuvent être membres de l’organe d’administration.
183 CSA, art. 2:55, al. 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

La société administrateur ne peut mettre fin à la représentation permanente qu’en désignant


simultanément un successeur184.

Le représentant permanent ne peut siéger au sein de l’organe concerné ni à titre personnel ni en


qualité de représentant d’une autre personne morale administrateur. Cette règle condamne la
« multiplication » d’une même personne (qui, par exemple, siégerait au conseil d’administration 1) à titre
personnel, 2) comme représentant permanent d’une société X et 3) comme représentant permanent d’une
société Y). Une telle multiplication irait en effet à l’encontre du caractère délibérant de l’organe
d’administration.

Les règles en matière de conflit d’intérêts applicables aux membres de l’organe d’administration
(infra) s’appliquent au représentant permanent.

A. Représentant permanent de sociétés à responsabilité illimitée


La règle selon laquelle le représentant permanent encourt les mêmes responsabilités que la
personne morale administrateur n’incite pas à être représentant permanent d’une personne
morale solidairement responsable avec la société administrée.

C’est la raison pour laquelle le CSA prévoit que le représentant permanent d’une personne morale
qui est gérant et associé dans une SNC ou une SComm, ou qui est l’administrateur unique d’une SA
dont les statuts prévoient que l’administrateur est solidairement et indéfiniment responsable des
obligations de la société, ne contracte aucune responsabilité personnelle relative aux engagements
de la personne morale185.

B. Interdictions et incompatibilités
Il existe certaines interdictions ou incompatibilités pour les personnes physiques :
- Interdictions prévues par le livre XX du CDE :
Pour l'application de ces dispositions, sont assimilés au failli, les administrateurs et les gérants
d'une personne morale déclarée en faillite, dont la démission n'aura pas été publiée un an au
moins avant la déclaration de la faillite ainsi que toute personne qui, sans être administrateur
ou gérant, aura effectivement détenu le pouvoir de gérer la personne morale déclarée en
faillite186.
o Le tribunal qui a déclaré la faillite peut, s'il est établi qu'une faute grave et caractérisée
du failli a contribué à la faillite, interdire, par un jugement motivé, à ce failli d'exploiter,
personnellement ou par interposition de personne, une entreprise187. Comme l’exercice
d’un mandat d’administrateur comme activité professionnelle à titre indépendant
constitue une entreprise, cette interdiction vise notamment l’exercice des mandats
d’administrateur à titre d’activité professionnelle.
o Si, sans empêchement légitime, le failli ou les administrateurs et les gérants de la
personne morale faillie ont omis d'exécuter certaines obligations prescrites par le CDE
dans le cadre de la faillite, le tribunal de l'insolvabilité peut, par jugement motivé,

184 CSA, art. 2:55, al. 1, dernière phrase.


185 CSA, art. 2:55, al. 3.
186 CDE, art. XX.229, § 3.
187 CDE, art. XX.229, §1er.

81
Fanny Streveler MA1 DROIT

interdire à ces personnes d'exercer, personnellement ou par interposition de personne,


les fonctions d'administrateur, de commissaire ou de gérant d'une personne morale188.
o S'il est établi qu'une faute grave et caractérisée d’une personne assimilée au failli a
contribué à la faillite, le tribunal qui a déclaré cette faillite peut lui interdire, par un
jugement motivé, d'exercer personnellement ou par interposition de personne, toutes
fonctions conférant le pouvoir d'engager de telles personnes morales 189. Cette
disposition vise notamment les fonctions d’administrateur et de gérant et fait donc
partiellement double emploi avec le §1er.
Le tribunal fixe la durée de cette interdiction, qui ne peut excéder dix ans190.
Toute infraction à une de ces interdictions est pénalement sanctionnée191.
L’interdiction prend fin si le jugement déclaratif de faillite est rapporté ou si le failli obtient sa
réhabilitation192.
- Le juge qui condamne une personne comme auteur ou complice de certaines infractions ou
tentatives d’infractions (corruption, vol, escroquerie, détournement, faux en écriture, fausse
monnaie, émission de chèques sans provision,...) peut assortir sa condamnation de l’interdiction
d’exercer les fonctions d’administrateur, de gérant ou de commissaire dans les sociétés
anonymes, en commandite par actions, privées à responsabilité limitée et coopératives193.
L’article 3 étend cette interdiction aux faillis non réhabilités. L’article 4 punit toute infraction à
ces interdictions de peines d’emprisonnement et d’amende.
- Les juges, notaires et militaires ne peuvent exercer de fonctions dans des sociétés
commerciales194.

COMPTES ET CONTROLE

1. COMPTES ANNUELS
Toute société dotée de la personnalité morale doit établir des comptes annuels.

A. Contenu
Chaque année, l’organe d’administration doit arrêter les comptes annuels, qui se composent du
bilan, du compte de résultats et des annexes.

Le format de ces comptes dépend de la taille de la société :


- En principe, les sociétés doivent établir leurs comptes selon le schéma complet fixé par
l’annexe 3 de l’arrêté royal du 29 avril 2019 portant exécution du Code des sociétés et des
associations.
- Les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées peuvent établir leurs comptes annuels
selon le schéma abrégé par l’annexe 4 de cet arrêté royal195.

188 CDE, art. XX.229, § 2.


189 CDE, art. XX.229, § 4.
190 CDE, art. XX.229, § 5.
191 CDE, art. XX.234.
192 CDE, art. XX.235.
193 art. 1er de l’arrêté royal n°22 du 24 octobre 1934.
194 respectivement : Code judiciaire, art. 299, L. ventôse, art. 6, 8° et loi du 28 février 2007 fixant le statut des militaires

du cadre actif des Forces armées, art. 176.


195 CSA, art. 3:2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- Les microsociétés peuvent établir leurs comptes annuels selon le micro-schéma fixé par
l’annexe 4 de cet arrêté royal196.
- Les SNC, les SComm et les GEIE dont le chiffre d’affaires n’excède pas 500.000 EUR ont la
faculté de ne pas établir leurs comptes annuels selon un schéma fixé par le Roi et de tenir une
comptabilité simplifiée197.

B. Approbation par l’assemblée générale


Les comptes annuels doivent être soumis à l’approbation de l’assemblée générale dans les six mois
de la clôture de l’exercice.

A défaut, le dommage subi par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette
omission198.

C. Publication
Dans les trente jours après l’approbation des comptes annuels et au plus tard sept mois après la
clôture de l’exercice, l’organe d’administration doit déposer auprès de la BNB les comptes
annuels199 ainsi que les autres documents visés à l’article 12 (rapport de gestion, rapport du
commissaire,…).

A défaut, le dommage subi par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette
omission200.

Les petites sociétés qui ont adopté la forme d’une SNC ou d’une SComm, ainsi que les SNC, les
SComm et les GEIE dont tous les associés à responsabilité illimitée sont des personnes physiques,
ne doivent pas publier leurs comptes annuels 201.

D. Sanctions pénales
Alors que la loi du 23 mars 2019 a supprimé nombre de sanctions pénales qui figuraient dans le
Code des sociétés, jugeant la sanction de la responsabilité des administrateurs plus adaptée, le CSA
prévoit une série d’infractions en relation avec les comptes annuels (défaut de soumettre les
comptes annuels à l’assemblée générale dans les six mois de la date de clôture de l’exercice, défaut
de déposer les comptes annuels à la BNB dans les 30 jours de leur approbation par l’assemblée
générale et au plus tard dans les sept mois de la clôture de l’exercice, faux,...)202.

196 CSA, art. 3:2.


197 CSA, art. 3:2, al. 2, art. 3:3, al. 2 ; AR du 21 octobre 2018 portant exécution des articles III.82 à III.95 du CDE.
198 CSA, art. 3:1, § 1er.
199 CSA, art. 3:10.
200 CSA, art. 3:10, al. 3.
201 CSA, art. 3:9.
202 CSA, art. 3:43 et 3:44.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. RAPPORT DE GESTION
Chaque année, l’organe d’administration doit établir un rapport de gestion203.

Le rapport de gestion est un rapport dans lequel l’organe d’administration rend compte de sa
gestion. Il consiste en un exposé fidèle sur l'évolution des affaires, les résultats et la situation de
l'entreprise, ainsi qu'une description des principaux risques et incertitudes auxquels elle est
confrontée. Il comporte une analyse équilibrée et exhaustive de l'évolution des affaires, des
résultats et de la situation de l'entreprise, en rapport avec le volume et la complexité de ces
affaires. Dans la mesure nécessaire à la compréhension de l'évolution des affaires, des résultats ou
de la situation de l'entreprise, cette analyse comporte des indicateurs clés de performance de
nature tant financière que, le cas échéant, non financière ayant trait à l'activité spécifique de
l'entreprise, notamment des informations relatives aux questions d'environnement et de
personnel. Le rapport de gestion contient, le cas échéant, des renvois aux montants indiqués dans
les états financiers annuels et des explications supplémentaires y afférentes204. Il doit également
comporter les autres éléments précisés par le CSA.

Certaines sociétés sont dispensées de l’obligation de rédiger un rapport de gestion :


- les petites sociétés qui ne sont pas des sociétés cotées ou des entités d’intérêt public ;
- les SNC, SComm et GEIE dont tous les associés à responsabilité illimitée sont des personnes
physiques205.

A l’inverse, certaines sociétés doivent compléter leur rapport de gestion :


- Le rapport de gestion des sociétés cotées doit comporter une section spécifique qui comporte
une déclaration de gouvernement d’entreprise (notamment, la désignation du Code de GE
qu’elle applique, une indication des parties du Code auquel elle a dérogé et les raisons de cette
dérogation,…)206. Cette déclaration doit comporter le rapport de rémunération, qui décrit
notamment la politique de rémunération des dirigeants, sur une base individuelle, le montant
des rémunérations accordés aux membres non exécutifs de l’organe d’administration, la
rémunération du CEO, globalement, le montant de la rémunération accordée aux autres
administrateurs exécutifs,…)207.
- Le rapport de gestion des entités d’intérêt public et des très grandes sociétés doit comporter
une déclaration non financière, qui doit comporter des informations au sujet des questions
sociales, environnementales et de personnel, de respect des droits de l’homme et de lutte
contre la corruption (politiques appliquées par la société, résultats de ces politiques, principaux
risques, indicateurs clés de performance,...)208.

Le rapport de gestion est communiqué par l’assemblée générale en même temps que les comptes
annuels mais il n’est pas soumis à l’approbation de l’assemblée générale (voir par ex. le libellé de
l’article 7:149 du CSA : « l’assemblée générale entend, le cas échéant, le rapport de gestion, le rapport de
gestion sur les comptes consolidés, le rapport des commissaires et les autres rapports prescrits par le code et

203 CSA, art. 3:5.


204 CSA, art. 3:6, § 1er.
205 CSA, art. 3:4.
206 CSA, art. 3:6, § 2.
207 CSA, art. 3:6, § 3.
208 CSA, art. 3:6, § 4.

84
Fanny Streveler MA1 DROIT

discute les comptes annuels. Après l’approbation des comptes annuels, l’assemblée générale se prononce par
un vote séparé sur la décharge des administrateurs »).

En revanche, l’assemblée générale doit se prononcer sur le rapport de rémunération par vote
séparé209.

3. EXERCICE SOCIAL
L’exercice a un an, sous réserve :
- du premier et du dernier exercice, qui peut avoir une durée plus courte (jusqu’à un jour) ou
plus longue (jusqu’à deux ans moins un jour) ;
- de la faculté de prolonger ou de raccourcir, à titre tout à fait exceptionnel, un exercice ;
l’exercice ne peut jamais être inférieur à un jour ou supérieur à deux ans moins un jour.

4. COMMISSAIRE
Les sociétés doivent désigner un ou plusieurs commissaires, à l’exception des petites sociétés non
cotées qui ne sont pas des entités d’intérêt public et des SNC, des SComm et des GEIE dont tous les
associés à responsabilité illimitée sont des personnes physiques210.

Même si aucun commissaire ne doit être nommé en vertu de l’article 3:72, l’organe
d’administration doit soumettre à l’assemblée générale la demande d’un ou plusieurs associés ou
actionnaires de désigner un commissaire211.

Le commissaire doit être choisi parmi les membres de l’Institut des reviseurs d’entreprises (IRE) et
être nommé par l’assemblée générale212.

Le commissaire est chargé du contrôle de la situation financière, des comptes annuels et de la


régularité au regard du CSA et des statuts des opérations à constater dans les comptes annuels 213. Il
doit rédiger un rapport annuel dans laquelle il indique si, à son avis, les comptes annuels donnent
une image fidèle du patrimoine, de la situation financière et des résultats de la société. Cette
opinion peut prendre la forme d’une opinion sans réserve, d’une opinion avec réserve, d’une
opinion négative ou même d’une déclaration d’abstention si le commissaire est dans l’incapacité de
se forger une opinion214.

Le commissaire qui constate dans l’exercice de sa mission des faits graves et concordants
susceptibles de compromettre la continuité de l’activité économique de la société, doit en informer
l’organe d’administration par écrit et de manière circonstanciée. Dans ce cas, l’organe
d’administration doit délibérer sur les mesures qui devraient être prises pour assurer la continuité
de l’activité économique de la société pendant une période minimale de 12 mois. Si le commissaire

209 CSA, art. 7:149, al. 3.


210 CSA, art. 3:72.
211 CSA, art. 3:100.
212 CSA, art. 3:58.
213 CSA, art. 3:73.
214 CSA, art. 3:74 et 3:75.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

n’est pas informé de cette délibération ou s’il estime les mesures prises insuffisantes, il peut saisir
le président du tribunal de l’entreprise215.

Le commissaire est également chargé d’une série d’autres missions plus ponctuelles (rapport en cas
d’augmentation de capital, vérification de la procédure en cas de conflits d‘intérêts,...).

A. Absence de commissaire
En l’absence de commissaire, chaque associé ou actionnaire a individuellement les pouvoirs
d’investigation et de contrôle d’un commissaire. Il peut se faire assister ou représenter par un
expert-comptable externe216.

Il arrive que des sociétés qui n’y sont pas légalement tenues désignent spontanément un
commissaire, préférant avoir affaire à un professionnel raisonnable qu’à un associé inexpérimenté
et émotif.

DISTINCTION ENTRE LES SOCIÉTÉS EN FONCTION DE LEUR DEGRÉ DE


RÉGLEMENTATION
Il existe une nette distinction au sein des sociétés dotées de la personnalité morale entre d’une part
les SNC et les SComm, qui sont très peu réglementées et d’ailleurs conçues comme des variantes de
la société simple, et d’autre part les SRL, les SC et les SA, qui le sont beaucoup plus.

Le législateur a été écartelé entre le souhait de regrouper les règles communes aux sociétés dotées de la
personnalité morale dans le livre 2 du CSA et le souhait de rassembler dans un livre distinct les règles
applicables à chaque forme de société.

Il en résulte une cote mal taillée (mais comment faire autrement) : le livre 2 regroupe les dispositions
applicables à toutes les personnes morales, mais également certaines dispositions communes aux SRL, SC et
SA (notamment en matière de dissolution et de liquidation) ; le livre 4 est consacré aux SNC et aux SComm ;
les livres 5, 6 et 7 sont consacrés respectivement aux SRL, SC et SA mais comportent beaucoup de répétitions
sur certains points.

La simplicité des SNC et des SComm par rapport aux SRL, SC et SA se manifeste essentiellement sur
les points suivants :
- Leur processus de constitution est extrêmement simple et se résume aux règles examinées
dans le présent chapitre, tandis la constitution des SRL, SC et SA suppose l’application de règles
supplémentaires, notamment destinées à assurer l’existence de capitaux propres ou d’un
capital de départ suffisant.
- Le CSA ne limite pas les causes de nullité des SNC et des SComm, à l’inverse des SRL, SC et SA.
- Le CSA laisse pratiquement toute liberté en matière de gestion aux SNC et SComm, se bornant
à prévoir des règles pour l’essentiel supplétives, tandis que, tout en offrant le choix aux SRL, SC
et SA en ce qui concerne le modèle de gouvernance, il encadre très fort leur gestion.
- Les petites SNC et les SComm peuvent tenir une comptabilité simplifiée et ne doivent pas
déposer leurs comptes annuels à la Banque Nationale de Belgique.

215 CSA, art. 3:69.


216 CSA, art. 3:101.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- La dissolution des SNC et SComm est extrêmement simple tandis que celle des SRL, SC et SA est
soumise à un ensemble de formalités essentiellement destinées à éviter une atteinte aux droits
des créanciers.

87
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 2 :
SNC ET SCOMM

88
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA conçoit les SNC et les SComm comme des variantes de la société simple :
« La société simple dont les associés conviennent qu’elle sera dotée de la personnalité juridique
prend la forme d’une société en nom collectif ou d’une société en commandite »217.

C’est un peu surprenant puisque la société simple est dépourvue de la personnalité morale alors
que les SNC et les SComm sont des personnes morales.

Les SNC et les SComm sont soumises aux dispositions applicables à toutes les personnes morales
(livre 2) ainsi qu’à toutes les dispositions applicables à la société simple, à l’exception des
dispositions fondées sur l’absence de personnalité juridique de la société simple, soit les articles
4:13, al. 1er (les biens affectés à la société forment patrimoine indivis entre les associés), 4:14,
alinéa 2 (absence d’action des tiers contre les associés autres que le gérant dans une société
interne), et 4:21 (maintien du patrimoine pendant la liquidation ; c’est en effet plus généralement
la personnalité morale qui est maintenue pendant la liquidation) 218.

Il est donc renvoyé au chapitre consacré à la société simple, sous réserve de ces exceptions et des
développements qui suivent.

La société est en nom collectif lorsque tous les associés sont responsables de manière illimitée et
solidaire des engagements de la société.

La société est en commandite lorsqu’elle est contractée par un ou plusieurs associés indéfiniment
et solidairement responsables des engagements sociaux, dénommés les commandités, et un ou
plusieurs autres associés qui procèdent seulement à des apports en numéraire ou en nature et ne
participent pas à la gestion, dénommés les associés commanditaires219.

La SComm est donc une variante de la SNC avec deux catégories d‘associés.

ÉTENDUE DE LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS

Les associés en nom collectif engagent leur responsabilité personnelle pour tous les engagements
de la société.

En revanche, les associés commanditaires ne sont personnellement tenus qu’à concurrence des
sommes et des biens qu’ils ont promis d’apporter. Les créanciers de la société ont une action
contre eux en vue de les obliger à libérer leurs apports et pour les contraindre à rapporter à la
société les dividendes qu’ils ont perçus s’ils n’ont pas été prélevés sur des bénéfices réels et réalisés
de la société. Dans ce dernier cas, les commanditaires peuvent agir contre les gérants si ces
derniers sont coupables de fraude, mauvaise foi ou négligence grave220.

217 CSA, art. 4:22, al. 1er.


218 CSA, art. 4:23.
219 CSA, art. 4:22.
220 CSA, art. 4:24.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

La condition pour les commanditaires de cette limitation de responsabilité est l’interdiction


d’intervenir dans la gestion, même en vertu d’une procuration. Ce faisant, ils créeraient en effet
auprès des tiers l’apparence fallacieuse qu’ils sont commandités.

La sanction de la violation de cette interdiction est la responsabilité solidaire des commanditaires à


l’égard de tiers pour tous les engagements de la société auxquels ils auraient participé en
contravention à cette interdiction et plus généralement leur responsabilité solidaire, au même titre
que les commandités, pour l’ensemble des engagements de la société s’ils gèrent habituellement
les affaires de la société ou si leur nom fait partie de la dénomination de la société.

Ils peuvent cependant donner aux gérants des avis, des conseils et des autorisations pour les actes
qui sortent de leurs pouvoirs221.

La responsabilité des associés en nom collectif et des associés commandités (voire des
commanditaires dans des cas exceptionnels) est subsidiaire : aucun jugement à raison
d’engagements de la société portant condamnation personnelle des associés en nom collectif ou en
commandite ne peut être rendu avant qu’il y ait condamnation de la société222.

Une manière – licite – de limiter la responsabilité dans les SNC et les SComm est de choisir comme
associés en nom collectif ou commandités des sociétés à responsabilité limitée (par exemple des SRL).

GESTION

Dans les sociétés en nom collectif et en commandite, le ou les gérants constituent l’organe
d’administration223.

DURÉE

Les statuts peuvent stipuler que la société en nom collectif ou en commandite continue en cas de
décès, de liquidation, d’incapacité ou de tout autre empêchement du gérant.

Dans ce cas, le président du tribunal de l’entreprise du siège de la société peut, sauf si les statuts en
disposent autrement, désigner, à la requête de tout intéressé, un administrateur provisoire, même
commanditaire (qui dans ce cas n’est responsable que de l’exécution de son mandat) 224.

221 CSA, art. 4:25.


222 CSA, art. 4:26.
223 CSA, art. 4:23.
224 CSA, art. 4:28.

90
Fanny Streveler MA1 DROIT

DISPENSES

Quelle que soit leur taille, les SNC et les SComm (ainsi que les GEIE) dont tous les associés à
responsabilité illimitée sont des personnes physiques sont, en raison de leur forme, dispensées de
l’application d’une série de règles :
- elles ne doivent pas établir de rapport de gestion225 ;
- elles ne doivent pas publier leurs comptes à la BNB226 ;
- elles ne doivent pas désigner de commissaire227.

225 CSA, art. 3:4, 3°.


226 CSA, art. 3:9, 2°, qui vise également les petites sociétés sous forme de SNC ou de SComm.
227 CSA, art. 3:72.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 3 :
SA

92
Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

1. CONDITIONS DE FOND
Les SA sont bien entendu soumises aux conditions de validité communes à toutes les sociétés.

Elles peuvent être constituées par une ou plusieurs personnes physiques ou morales.

Comme les actionnaires limitent leur responsabilité à leur apport, le CSA prévoit également des
règles destinées à protéger les tiers, en ce qui concerne le capital, le plan financier et les apports.

A. Règles relatives au capital


Montant minimum du capital :
Toute SA doit avoir un capital d’au moins 61.500 EUR228.

Des lois spéciales imposent des montants supérieurs pour les sociétés exerçant certaines activités
réglementées.

Souscription inconditionnelle, ferme et intégrale :


La souscription du capital doit être inconditionnelle, ferme et intégrale, ce qui signifie 1) que les
engagements d’effectuer les apports doivent être purs et simples et ne peuvent être affectés d’une
condition suspensive, d’une condition résolutoire ou d’une faculté de dédit et 2) qu’il faut de la part
des actionnaires des engagements de faire des apports à concurrence du montant du capital229.

Interdiction de l’émission sous le pair :


Il est interdit d’émettre lors de la constitution de la société des actions pour un montant inférieur à
leur valeur nominale ou à leur pair comptable, c’est-à-dire au montant du capital divisé par le
nombre total d’actions, car une telle émission aboutirait à ce que le capital ne soit pas
intégralement souscrit. La situation est cependant différente en cas d’augmentation de capital
(infra).

Interdiction de la souscription par la société elle-même ou ses filiales :


Les SA ne peuvent souscrire leurs propres actions, ni directement, ni par une société filiale, ni par
une personne agissant en son propre nom mais pour le compte de la société ou de sa filiale230.

Cette interdiction parait d’application très théorique au moment de la constitution puisque la


société n’existe pas encore ; elle trouve davantage à s’appliquer en cas d’émission de nouvelles
actions en cours de vie sociale et sera examinée à cette occasion.

Cette interdiction ne s’applique pas à la souscription d’actions par la société filiale qui est « en sa
qualité d’opérateur professionnel sur titres, une société de bourse ou un établissement de
crédit »231.

228 CSA, art. 7:2.


229 CSA, art. 7:4.
230 CSA, art. 7:5, § 1er.
231 CSA, art. 7:5, § 2.

93
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA sanctionne la violation de ces dispositions de diverses manières :


- les personnes qui ont agi en leur nom mais pour compte de la société sont considérées comme
ayant souscrit pour leur propre compte ;
- les droits afférents à ces actions sont suspendus tant que ces actions n’ont pas été aliénées232.

Libération du capital :
Le capital des SA doit être libéré au minimum à concurrence de 61.500 EUR 233.

Cette règle se cumule avec celles relatives à la libération des apports en numéraire et en nature.

Mentions dans les statuts :


L’acte constitutif des SA doit indiquer le montant du capital et le nombre d’actions qui le
représentent234.

B. Règles relatives au plan financier


La loi détermine le montant minimum du capital de manière abstraite, de sorte que ce montant
minimum n’est pas nécessairement adapté aux activités que la société se propose d’entreprendre.

Afin d’assurer un capital suffisant, le CSA impose que, préalablement à la constitution, les
fondateurs remettent au notaire instrumentant un plan financier dans lequel « ils justifient le
montant du capital de la société à constituer »235.

Cette technique, d’une part, force les fondateurs à réfléchir au montant du capital ou des capitaux
propres de départ et, d’autre part, permet de contrôler a posteriori si le capital ou les capitaux
propres de départ étaient suffisants au moment de la constitution, dans le cadre d’une action en
responsabilité contre les fondateurs.

Contenu :
Le plan financier est l’aspect chiffré d’un plan d’affaires conçu par les fondateurs. Il prend la forme
d’un état prévisionnel qui anticipe le chiffre d’affaires, les besoins d’investissement, de constitution
de stocks, de trésorerie, les frais,..., et qui démontre ainsi le caractère suffisant du capital pour
l’activité envisagée.

Le CSA indique son contenu minimum236.

Bien que rien ne l’impose, il est opportun de s’appuyer sur des études de marché, des objectifs de
vente raisonnables, les données chiffrées relatives à l’exercice de l’activité apportée ou cédée à la
société,…

Le plan financier doit justifier un capital suffisant pour assurer « l’exercice normal de l’activité
projetée pendant une période de deux ans ou moins ». Ce délai vise les deux années calendrier qui
suivent la constitution et non les deux premiers exercices sociaux.

232 CSA, art. 7:5, § 1er, al. 2 et 3.


233 CSA, art. 7:11.
234 CSA, art. 2:8, § 2, al. 1, 5°.
235 CSA, art. 7:3, § 1er.
236 CSA, art. 7:3, § 2.

94
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le plan n’est pas soumis au contrôle d’un réviseur d’entreprises ou d’un expert comptable externe.

Toutefois, le CSA prévoit que, si les fondateurs se font assister par un expert externe, ils doivent le
mentionner dans le plan financier.

Dépôt auprès du notaire :


Comme il comporte généralement des renseignements commerciaux confidentiels, le plan financier
ne fait pas l’objet de formalités de publicité mais « est conservé par le notaire ».

Le notaire doit conserver le plan pendant une durée de trois ans à partir « de la constitution », ce
qui vise le dépôt de l’acte puisque, tant que l’acte n’est pas déposé, la société n’a pas la
personnalité et ne peut être déclarée en faillite. Le notaire doit conserver le plan au-delà de ce
terme de trois ans si la société est déclarée en faillite dans le délai de trois ans.

En cas de faillite de la société dans ce délai, le notaire doit transmettre le plan au tribunal de
l’entreprise, à la demande du juge-commissaire ou du Procureur du Roi.

C. Règles relatives aux apports


Seuls les apports en numéraire ou en nature peuvent contribuer à la formation du capital, à
l’exclusion des apports en industrie (engagements d’effectuer des travaux ou des prestations de
services), qui peuvent cependant être faits dans les SA en contrepartie de parts bénéficiaires.

Les règles qui suivent ne s’appliquent qu’aux apports qui contribuent à la formation du capital, par
opposition aux apports (en numéraire, en argent ou en industrie) faits en contrepartie de parts
bénéficiaires.

Apports en numéraire :
En propriété :
L’apport en numéraire ne peut être fait qu’en propriété : l’apport d’espèces en jouissance s’analyse
en un apport en nature. Lorsque des apports en numéraire contribuent à la constitution du capital,
le CSA impose des formalités particulières pour garantir la mise des fonds à la disposition effective
de la société au moment de sa constitution.

Versement sur un compte spécial :


Les fonds doivent être déposés par versement ou virement sur un compte spécial ouvert au nom de
la société en formation auprès d’un établissement de crédit, « à la disposition exclusive de la
société à constituer ».

Une preuve du dépôt des apports en espèces auprès d’un établissement de crédit doit être remise
au notaire instrumentant.

Si la société n’est pas constituée dans le mois de l’ouverture du compte spécial, les fonds sont
restitués à leur demande à ceux qui les ont déposés237.

237 CSA, art. 7:12.

95
Fanny Streveler MA1 DROIT

Libération :
Les apports peuvent être libérés à concurrence d’une certaine fraction seulement. La libération des
actions à concurrence d’une fraction seulement permet aux actionnaires de ne pas devoir
immédiatement verser les fonds pour lesquels ils se sont engagés, tout en mettant à la disposition
de la société les fonds nécessaires pour entamer ses opérations.

Le législateur a cependant considéré qu’il fallait s’assurer du caractère sérieux des souscriptions.

Chacune des actions correspondant à un apport en numéraire doit être libérée au moment de la
passation de l’acte à concurrence d’un quart238.

L’acte constitutif peut toutefois exiger la libération des actions dans une mesure plus importante
que celle imposée par la loi, ou même leur libération intégrale.

Le CSA ne prévoit pas de délai maximal dans lequel les actions émises en contrepartie d’apports en
numéraire partiellement libérés au moment de la constitution doivent être entièrement libérées.
L’acte constitutif, les statuts ou un règlement d’ordre intérieur peuvent prévoir un calendrier de
libération des apports. A défaut, c’est l’organe d’administration qui détermine le moment des
appels de fonds, en respectant l’égalité des actions et conformément à l’intérêt de la société.

Apports en nature :
Objet :
Les apports en nature qui contribuent à la formation du capital doivent consister en éléments
d’actifs susceptibles d’évaluation économique, à l’exclusion des actifs constitués par des
engagements concernant l’exécution de travaux ou de prestations de services239.

Sont notamment considérés comme des éléments d’actifs susceptibles d’évaluation économique :
- tous les droits intellectuels (brevet, logiciel, marque) ;
- le savoir-faire qui se rapporte à un bien susceptible de faire l’objet d’un apport en nature, car il
est en principe inclus dans ce bien ;
- le goodwill, qui est indissociable du fonds de commerce auquel il se rapporte ;
- un contrat de concession ;
- une créance, par opposition à la position créditrice d’un compte-courant, qui ne constitue pas
une créance et ne peut faire l’objet d’un apport, sauf en cas de clôture de ce compte-courant
et d’exigibilité de son solde ;
- un fonds de commerce, de même que les branches d’activité et les universalités ;
- des droits de jouissance ;
- la mise à disposition d’un laboratoire ;
- les résultats d’études ou de projets ; en revanche, des engagements portant sur l’exécution de
travaux ou la prestation de services ne peuvent être rémunérés par des actions représentatives
de capital car il s’agit en réalité d’apports en industrie.

238 CSA, art. 7:11, al. 2, 2°.


239 CSA, art. 7:6.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Évaluation :
Les apports doivent être évalués à leur juste valeur.

S’ils sont surévalués de bonne foi, les fondateurs n’engagent pas leur responsabilité.

Toutefois, s’ils ont « manifestement » exagéré la valeur, ce qui laisse présumer qu’ils ont agi
sciemment, ils engagent leur responsabilité.

Sauf fraude aux droits des tiers, rien n’interdit une sous-évaluation des apports, par exemple parce
que les fondateurs estiment plus simple d’apporter des biens à leur valeur comptable.

Contrôle :
Sous réserve de certaines exceptions, les apports en nature doivent faire l’objet d’un contrôle
quant à leur valeur. Ce contrôle repose sur la rédaction d’un rapport spécial par les fondateurs et
d’un rapport par un réviseur d’entreprises.

Dans leur rapport, les fondateurs décrivent les apports en nature, les évaluent et exposent l’intérêt
qu’ils présentent pour la société240.

Les fondateurs doivent également désigner un réviseur d’entreprises.

Le rapport du réviseur doit permettre aux actionnaires de se prononcer en toute connaissance de


cause sur les modalités de l’opération. Le réviseur doit notamment faire rapport sur la description
de chaque apport en nature et sur les modes d’évaluation adoptés. Il ne doit donc pas décrire lui-
même ces biens, mais faire rapport sur la description qui en est faite par les fondateurs, en veillant
à la confidentialité nécessaire, spécialement en cas d’apport de brevet ou de know-how.

Ce rapport doit indiquer :


- si « les valeurs auxquelles conduisent (les) modes d’évaluation (adoptés) correspondent au
moins au nombre et à la valeur nominale, ou, à défaut de valeur nominale, au pair comptable
des actions à émettre en contrepartie » ;
- quelle est la rémunération effectivement attribuée en contrepartie241.

Les conclusions du rapport du réviseur doivent être intégralement et littéralement reproduites dans
l’acte constitutif. Les fondateurs préfèrent parfois, pour éviter une trop grande publicité, faire des
apports en numéraire et procéder ensuite à des quasi-apports (infra).

Les fondateurs ne sont pas tenus par les conclusions du réviseur mais, s’ils s’en écartent, ils doivent
justifier dans leur rapport les raisons pour lesquelles ils s’en écartent et courent le risque de voir
plus facilement démontrée une surévaluation manifeste des apports, auquel cas ils sont
susceptibles d’engager leur responsabilité.

Le rapport des fondateurs et le rapport du réviseur doivent être déposés au greffe242.

240 CSA, art. 7:7.


241 CSA, art. 7:7, § 1er, al. 2.
242 CSA, art. 7:7, § 1er.

97
Fanny Streveler MA1 DROIT

Ces rapports ne doivent par contre pas être annexés à l’acte constitutif.

Cette publicité soulève de délicats problèmes de discrétion puisque toute personne peut prendre
connaissance de ces rapports. Les fondateurs et le réviseur doivent concilier la description
adéquate des apports avec le secret des affaires de la société, notamment en cas d’apport de
brevet ou de savoir-faire.

Le rapport des fondateurs et le rapport du reviseur ne sont pas requis dans trois hypothèses dans
lesquelles le bien apporté a fait l’objet d’une évaluation récente :
- valeurs mobilières ou instruments du marché monétaire évalués au cours moyen pondéré
auquel ils ont été négociés sur un marché réglementé durant les trois mois précédant l’apport ;
- autres biens qui ont déjà été évalués par un reviseur d’entreprises dans les six mois précédant
l’apport ;
- autres biens dont la valeur est tirée des comptes annuels de l’exercice précédent à condition
que les comptes aient été contrôlés par un commissaire et que celui-ci ait donné une
attestation sans réserve de ces comptes.

Toutefois, les fondateurs doivent demander l’intervention du reviseur si la valeur du bien a été
affectée par des circonstances exceptionnelles (par ex. : le marché des valeurs mobilières n’est plus
liquide) ou nouvelles243.

Si l’apport a lieu sans l’intervention du reviseur, l’organe d’administration doit déposer une
déclaration au greffe du tribunal, dont le CSA indique le contenu.

Libération :
Le CSA exige la libération de chacune des actions correspondant à un apport en nature au moment
de la passation de l’acte à concurrence d’un quart. En outre, elles doivent être entièrement libérées
dans un délai de cinq ans à dater de la constitution de la société244.

Apports mixtes :
Les apports mixtes sont ceux qui sont effectués pour partie en nature et pour partie en numéraire
en contrepartie d’une seule action. De tels apports se font généralement lorsque chaque action a
une valeur nominale importante.

En cas d’apports mixtes, il faut combiner les règles relatives aux apports en numéraire et aux
apports en nature, et, quand cela n’est pas possible, comme c’est le cas lorsque les délais de
libération ne sont pas les mêmes, appliquer les règles les plus sévères.

Apports à rémunération mixte :


Les apports à rémunération mixte sont ceux pour lesquels l’apporteur reçoit pour partie des
actions et pour partie une autre rémunération, par exemple une somme d’argent.

Si l’apport forme un ensemble indivisible, il peut s’agir d’un apport en nature avec attribution d’un
avantage particulier ; si, en revanche, l’apport porte sur des biens distincts, il s’agit d’un apport en

243 CSA, art. 7:7, § 2.


244 CSA, art. 7:11, al. 2, 2°.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

nature et d’une autre opération, par exemple une vente. Si les biens apportés pouvaient faire l’objet
d’une division mais ne l’ont pas fait (apport de marchandises ou de titres), l’apport doit être traité
comme celui d’un ensemble indivisible.

Dans le premier cas, il faut établir un seul rapport, en y mentionnant l’avantage particulier
attribué ; dans l’autre, il faut établir un rapport sur l’apport en nature et l’autre opération est, le cas
échéant, soumise au régime des quasi-apports.

Quasi-apports :
Problématique :
En l’absence de disposition spéciale, la réglementation sur les apports en nature pourrait aisément
être éludée en décomposant l’opération en une vente par l’actionnaire à la société suivie d’un
apport en espèces du produit de la vente par l’actionnaire à la société, ou l’inverse (apport en
espèces par l’actionnaire à la société puis vente d’un bien par l’actionnaire à la société à un prix
correspondant au montant des fonds apportés).

Pour prévenir une telle opération, le CSA impose le respect de formalités analogues à celles qui
sont prévues en cas d’apport en nature lorsque la société acquiert des biens de certaines personnes
pour une certaine valeur dans un certain délai après sa constitution. Cette opération est qualifiée
de quasi-apport245.

Champ d’application :
La réglementation des quasi-apports s’applique à l’acquisition par une société anonyme de tout
« bien ». Elle ne vise cependant pas l’opération par laquelle la société vend un bien à un actionnaire
alors que, dans cette hypothèse, se pose le problème inverse de la sous-évaluation. Une telle
opération peut donner lieu à l’application des règles relatives aux conflits d’intérêts.

Un bien est tout droit qui a une valeur pécuniaire, corporel ou incorporel, par exemple un immeuble
ou une créance.

Le bien que la société anonyme se propose d’acquérir doit appartenir à une personne qui a signé ou
au nom de laquelle a été signé l’acte constitutif, un actionnaire, un administrateur ou un membre
du conseil de direction et du conseil de surveillance.

L’acquisition doit avoir lieu dans un délai de deux ans à partir de la constitution de la société, ce qui
vise le dépôt de l’acte constitutif au greffe du tribunal. Sont également visées les acquisitions
résultant de la reprise, dans le délai de deux ans, d’engagements contractés par la société durant sa
période de formation. Cette précision était nécessaire : sinon, comme la reprise de l’engagement
rétroagit, ce dernier aurait été pris en dehors de la période de deux ans.

L’acquisition doit concerner un bien d’une contre-valeur au moins égale à un dixième du capital
souscrit. Seules les opérations importantes sont donc visées.

245 CSA, art. 7:8.

99
Fanny Streveler MA1 DROIT

Exceptions :
Ce régime ne s’applique pas :
- aux acquisitions faites dans les limites des opérations courantes conclues aux conditions et
sous les garanties normalement exigées par la société pour des opérations de même espèce ;
- aux opérations en bourse, qui se font par définition au prix du marché ;
- aux acquisitions résultant d’une vente ordonnée par justice, l’intervention du tribunal faisant
obstacle à toute surévaluation frauduleuse246 ;
- aux acquisitions de biens pour lesquels l’intervention du reviseur n’est pas requise en cas
d’apport en nature, avec les mêmes exceptions et également l’obligation de déposer une
déclaration au tribunal de l’entreprise dans le mois247.

En outre, dans cette dernière hypothèse, un ou plusieurs actionnaires détenant au moins 5 % du


capital souscrit de la société peuvent demander une évaluation par un reviseur d’entreprises.

Formalités :
Les quasi-apports doivent faire l’objet d’un rapport spécial de l’organe d’administration248 et du
commissaire ou, pour la société qui n’en a pas, d’un réviseur d’entreprises désigné par l’organe
d’administration249.

Dans ce rapport, l’organe d’administration expose, d’une part, l’intérêt que présente pour la société
l’acquisition envisagée et, d’autre part, les raisons pour lesquelles, éventuellement, il s’écarte des
conclusions du rapport du réviseur.

Le rapport du commissaire ou du réviseur d’entreprises doit mentionner le nom du propriétaire, la


description des biens que la société se propose d’acquérir, la rémunération effectivement attribuée
en contrepartie de l’acquisition et les modes d’évaluation adoptés. Il indique si les valeurs
auxquelles conduisent ces modes d’évaluation correspondent au moins à la rétribution attribuée en
contrepartie de l’acquisition.

Ces rapports doivent être déposés au greffe du tribunal de l’entreprise.

L’acquisition est soumise à l’autorisation préalable de l’assemblée générale250, qui se prononce sur
la base de ces rapports.

Moyennant l’autorisation préalable de l’assemblée générale, l’organe d’administration peut décider


l’acquisition.

246 CSA, art. 7:9, § 1er.


247 CSA, art. 7:10, § 2.
248 CSA, art. 7:10.
249 CSA, art. 7:8.
250 CSA, art. 7:10, § 1er, al. 3.

100
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. CONDITIONS DE FORME
L’acte constitutif d’une SA doit être reçu par un notaire (→ acte authentique).

Celui-ci vérifie le respect des règles de constitution et notamment l’existence d’un plan financier, en
cas d’apports en espèces, le versement sur un compte spécial et, en cas d’apport en nature, la
rédaction du rapport des fondateurs et du rapport d’un reviseur d’entreprise.

3. SANCTIONS
A. Nullité
Conformément à la Directive 2017/1132, le CSA limite les causes de nullité des SA aux cas suivants :
l’absence d’un acte authentique ; l’absence de certaines des mentions que doit contenir cet acte ;
l’illicéité ou la contrariété à l’ordre public de l’objet et l’insuffisance du nombre de fondateurs 251.

Compte tenu de l’intervention obligatoire d’un notaire, ces causes de nullité sont assez théoriques.

Quelle que soit leur gravité, aucun autre vice ou irrégularité ne peuvent entraîner la nullité des
sociétés anonymes, que ce soit l’absence d’autres mentions que celles expressément indiquées,
l’illicéité de la cause, l’absence d’intérêt commun ou l’existence de clauses léonines252.

Défaut d’acte authentique :


La nullité de la société peut être prononcée si l’acte constitutif n’est pas établi en la forme
authentique253.

Selon plusieurs auteurs, le décret du 19 juillet 1973 du Conseil culturel de la Communauté culturelle
néerlandaise (qui prescrit l’usage du néerlandais dans les actes et documents imposés par la loi dans les cas
qu’il vise à peine de nullité) serait à cet égard contraire à la Directive 2017/1132, parce que d’une part il
créerait une nouvelle cause de nullité et d’autre part cette nullité opérerait avec effet rétroactif. Cette opinion
ne peut être suivie : la sanction édictée par le décret du 19 juillet 1973 frappe l’acte constitutif mais non la
société elle-même ; si la société est annulée, c’est en raison de l’absence d’acte authentique établi
conformément aux dispositions de la législation nationale et non en vertu d’une nouvelle cause de nullité qui
s’ajouterait à celles prévues par la directive ; si l’acte est annulé avec effet rétroactif, la société l’est pour
l’avenir seulement. Il s’ensuit que jusqu’au prononcé de la décision d’annulation, l’acte constitutif peut être
régularisé.

Absence de certaines mentions :


Seule l’absence de certaines mentions peut entraîner la nullité des sociétés anonymes : l’absence
d’indication au sujet de la dénomination, de l’objet de la société, des apports et du capital
souscrit254.

Cette disposition vise l’absence de toute indication par opposition à l’hypothèse dans laquelle des
indications figurent dans l’acte, mais sont incomplètes, imprécises, inexactes ou contraires à la loi.

251 CSA, art. 7:15.


252 CSA, art. 7:16, prévoyant que ces clauses sont réputées non écrites (supra).
253 CSA, art. 7:15, 1°.
254 CSA, art. 7:15, 2°.

101
Fanny Streveler MA1 DROIT

Ainsi, le libellé en termes vagues de l’objet, la fixation du capital à un montant inférieur au capital
minimum, ou une dénomination contraire aux règles applicables, n’entraînent pas la nullité de la
société.

Illicéité ou contrariété à l’ordre public de l’objet :


L’illicéité ou la contrariété à l’ordre public de l’objet entraîne la nullité de la société255.

Il s’agit de l’objet statutaire, par opposition à l’activité réellement exercée. L’exercice d’une activité
illicite peut tout au plus entraîner la dissolution de la société. De même, l’illicéité de la cause
(volonté de tromper les créanciers) n’entraîne pas la nullité.

Insuffisance du nombre de fondateurs :


L’insuffisance du nombre de fondateurs valablement engagés entraîne la nullité de la société256. Le
terme « fondateurs » vise dans ces dispositions les « constituants » et non les « fondateurs » au
sens technique du terme.

Dans les SA, il faut au moins un fondateur valablement engagé257.

L’insuffisance du nombre de fondateurs vise à la fois l’hypothèse dans laquelle le nombre de parties
à l’acte est insuffisant, ce qui est théorique puisqu’il doit être passé devant un notaire, et
l’hypothèse dans laquelle ce nombre devient insuffisant à la suite de l’annulation ultérieure de
l’engagement d’un ou plusieurs actionnaires.

B. Responsabilité civile des fondateurs


Dans les SA, la responsabilité des actionnaires est limitée à leur apport, de sorte que les tiers ne
peuvent en principe pas agir à leur encontre et ont un intérêt tout particulier à ce que la société
soit régulièrement constituée.

Les règles de responsabilité des fondateurs concernent essentiellement la souscription et la


libération des apports, la validité des engagements des associés, la nullité de la société,
l’inexactitude ou l’absence des mentions prévues par la loi pour l’acte constitutif, la surévaluation
des apports et (le plus important en pratique) l’insuffisance du capital 258.

Les comparants à l’acte constitutif sont considérés comme fondateurs de la société. Toutefois,
l’acte constitutif peut désigner comme fondateurs des actionnaires qui détiennent ensemble au
moins un tiers du capital. Dans ce cas, les autres comparants seront « tenus pour simples
souscripteurs », ce qui signifie qu’ils doivent uniquement répondre de leur souscription, sans
engager leur responsabilité comme fondateurs, à condition que 1) ils souscrivent uniquement des
actions en espèces ; 2) ils ne reçoivent aucun avantage particulier à cette occasion259.

255 CSA, art. 7:15, 3°.


256 CSA, art. 7:15, 4°.
257 CSA, art. 1:1.
258 CSA, art. 7:17 et 7:18.
259 CSA, art. 7:13, al. 2.

102
Fanny Streveler MA1 DROIT

En matière de souscription et de libération :


Souscription :
Les fondateurs des SA sont « tenus envers les intéressés » (ils sont « de plein droit réputés
souscripteurs ») de toute partie du capital qui ne serait pas valablement souscrite, ainsi que de la
différence éventuelle entre le capital minimum requis par la loi et le montant des souscriptions 260.
Ils sont également tenus de la part du capital qui ne serait pas valablement souscrite parce que
souscrite par la société elle-même261.

Libération effective :
Les fondateurs des SA sont tenus envers les intéressés :
- de la libération effective du capital minimum ;
- de la libération effective des actions à concurrence des fractions et dans les délais imposés par
la loi ;
- de la libération de la partie du capital dont ils sont réputés souscripteurs262.

En matière d’engagements non valables :


Les fondateurs sont personnellement responsables des engagements pris par une personne sans
pouvoir pour un tiers ou avec un porte-fort en l’absence de ratification263.

En cas de nullité de la société :


L’exercice d’une action en nullité de la société n’exclut pas une action en responsabilité contre les
auteurs de l’irrégularité.

Les fondateurs sont tenus « de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe de
la nullité de la société »264.

Comme la nullité opère sans effet rétroactif et la société annulée conserve sa personnalité pour les
besoins de la liquidation, il est rare qu’elle cause un préjudice aux tiers. En revanche, les
souscripteurs pourraient être lésés.

En cas d’absence ou de fausseté des indactions requises :


Les fondateurs sont tenus envers les intéressés de la réparation du préjudice qui est la suite
immédiate de l’absence ou de la fausseté des indications prescrites par la loi265. Par exemple, l’acte
ne mentionne pas une hypothèque sur l’immeuble apporté qui est le seul actif de la société.

En cas de surévaluation manifeste des apports :


Les fondateurs sont tenus de réparer le préjudice qui est la suite immédiate de la surévaluation
manifeste des apports en nature266.

260 CSA, art. 7:17, 1°.


261 CSA, art. 7:19.
262 CSA, art. 7:17, 2°.
263 CSA, art. 7:21.
264 CSA, art. 7:18, 1°.
265 CSA, art. 7:18, 1°.
266 CSA, art. 7:18, 1°.

103
Fanny Streveler MA1 DROIT

Cette hypothèse n’est pas théorique. En effet, si, sous réserve de certaines exceptions, les
fondateurs doivent faire appel à un réviseur d’entreprises en cas d’apports en nature, ils ne sont
pas liés par les conclusions du réviseur ; en outre, il pourrait arriver qu’ils se dispensent à tort de
recourir à un réviseur (auquel cas le notaire qui prête son ministère à la passation de l’acte
engagerait sa responsabilité).

En cas d’insuffisance du capital :


Les fondateurs sont tenus des engagements de la société, dans une proportion fixée par le juge en
cas de faillite de la société prononcée dans les trois ans de la constitution, si le capital était, lors de
la constitution, « manifestement insuffisant pour assurer l’exercice normal de l’activité projetée
pendant une période de deux ans au moins »267.

C’est le cas le plus fréquent de la responsabilité des fondateurs.

Le législateur a craint « que les appréciations portées après coup ne soient quelque peu
arbitraires ».

Le plan financier permet d’éviter toute appréciation a posteriori.

Conditions :
La mise en cause de la responsabilité des fondateurs sur cette base suppose la réunion des
conditions suivantes :
- Faillite dans les trois ans - La société doit être déclarée en faillite dans les trois ans de sa
constitution. La « constitution » au sens de ces dispositions vise le dépôt de l’acte constitutif.
- Capital manifestement insuffisant - Le capital doit être « manifestement insuffisant » pour
assurer l’exercice de l’activité pendant une période de deux ans au moins.
Ces termes traduisent l’idée que, conformément au droit commun, la responsabilité des
fondateurs doit s’apprécier de manière « marginale » : des divergences d’approche peuvent
exister et des erreurs raisonnables d’appréciation peuvent être admises.
Le contrôle du caractère manifestement insuffisant du capital s’opère par rapport au
comportement de personnes raisonnablement prudentes et diligentes placées dans les mêmes
circonstances, et non, in concreto, en fonction de leurs qualifications et professions.
L’absorption rapide par les frais de lancement de l’activité, des fonds apportés, est un indice
fréquent de l’insuffisance du capital, mais les tribunaux retiennent généralement un faisceau
d’éléments qui traduisent le manque de préparation des fondateurs.
- Sous-capitalisation lors de la constitution - Pour apprécier la sous-capitalisation de la société, le
juge doit se placer au moment de la constitution de la société et non a posteriori. Le juge doit
imaginer l’attitude d’un fondateur normalement prévoyant et consciencieux pour déterminer
si, eu égard aux prévisions raisonnables en matière de chiffre d’affaires, de crédits, d’avances,
de subsides, de frais et d’investissements, le capital (ou les capitaux propres de départ)
n’étaient pas manifestement insuffisants.
La capitalisation doit s’apprécier au regard de l’activité réellement projetée, et non de l’objet.
D’une part en effet, les clauses relatives à l’objet, souvent rédigées de manière large, ne sont
pas de nature à indiquer l’ampleur d’une activité ; l’activité ambitieuse annoncée dans les
statuts peut dissimuler une activité modeste, au regard de laquelle le capital sera amplement

267 CSA, art. 7:18, 2°.

104
Fanny Streveler MA1 DROIT

suffisant. D’autre part, on pourrait sinon éluder trop aisément les règles précitées, puisqu’il
suffirait à des fondateurs peu scrupuleux de prévoir dans les statuts une activité modeste et de
fixer le montant du capital en conséquence pour se soustraire à toute responsabilité sur cette
base, quels que soient l’activité réellement exercée et les risques réellement encourus.

Eléments d’appréciation :
Le plan financier n’est pas le seul élément d’appréciation. Il peut être complété et interprété à la
lumière d’autres documents, comme des études de marché ou des prévisions fondées sur le
rendement antérieur en cas d’apport d’une activité antérieure.

Même en l’absence de plan financier ou en cas de plan financier imprécis, les fondateurs peuvent
soumettre tous autres éléments pour souligner que le capital n’était pas manifestement insuffisant.

Pour poursuivre les fondateurs, il ne faut pas démontrer que la sous-capitalisation a été la cause,
ou l’une des causes, de la faillite. Les fondateurs ne peuvent donc pas s’exonérer de leur
responsabilité en prouvant que d’autres éléments ont provoqué la faillite.

Ces éléments peuvent cependant être pris en considération à d’autres fins, pour montrer qu’un
événement imprévisible a causé la faillite et que sans cet événement le capital aurait été suffisant.

Autres erreurs :
Les fondateurs ne sont pas responsables, en cette qualité, des erreurs de gestion commises
ultérieurement, même par eux. S’ils sont administrateurs, ils peuvent engager en cette qualité leur
responsabilité sur la base de l’article XX.225 du CDE (faute grave et caractérisée ayant contribué à
la faillite) ; il n’est pas rare que les deux fondements soient invoqués simultanément.

Etendue de la responsabilité :
Les fondateurs sont tenus des « engagements de la société », ce qui vise l’ensemble du passif, mais
uniquement « dans une proportion fixée par le juge ».

Pour fixer cette proportion, le tribunal se fonde sur des indices qui traduisent un mépris envers les
autres opérateurs économiques ou, à tout le moins, la désinvolture des fondateurs : l’insuffisance
du capital et l’absence de toute étude de la faisabilité du projet conduisent en général à condamner
les fondateurs à l’ensemble du passif.

Dans certains cas, les tribunaux déterminent le montant du capital complémentaire qui aurait été
nécessaire et en font la mesure de leur condamnation.

Certains tribunaux prennent en considération les avances faites à la société par les fondateurs
après s’être rendu compte de l’insuffisance du capital, dans la mesure où ces avances ont diminué
le montant des engagements de la société envers les tiers.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

C. Responsabilité pénale des fondateurs


La loi du 23 mars 2019 limite fortement les sanctions pénales qui étaient prévues par le Code des
sociétés, jugées inefficaces. En particulier, le CSA ne comporte aucune sanction pénale relative aux
vices de constitution.

Les dispositions du Code pénal relatives au faux ou à l’escroquerie sont susceptibles de s’appliquer
aux apports en société, par exemple en cas d’apport fictif, de surévaluation des apports en nature ou de
souscription simulée d’actions.

D. Responsabilité de tiers
Responsabilité du notaire :
Le notaire peut engager sa responsabilité s’il manque à son devoir de conseil ou s’il n’exécute pas
correctement les obligations qui lui incombent dans le cadre de la formation.

Le dépôt tardif de l’acte constitutif est sanctionné par une amende fiscale268.

Responsabilité du reviseur :
Le reviseur pourrait également engager sa responsabilité, envers les tiers, s’il n’a pas constaté dans
son rapport une surévaluation manifeste des apports en nature.

TITRES

Les sociétés anonymes doivent émettre au moins une action avec droit de vote mais peuvent
également émettre tous les titres qui ne sont pas interdits par la loi269, et notamment des parts
bénéficiaires, des droits de souscription et des obligations.

Elle peut émettre ces titres soit lors de la constitution de la société soit ultérieurement mais
l’émission de droits de souscription ou d’obligations lors de la constitution est plutôt théorique.

1. ACTIONS
Les actions sont des titres représentatifs du capital qui confèrent au moins le droit au dividende.

Les SA doivent émettre au moins une action et une action au moins doit avoir le droit de vote 270.

L’émission d’actions est décidée soit lors de la constitution, soit ultérieurement, par l’assemblée
générale ou l’organe d’administration dans le cadre du capital autorisé (infra).

Les actions peuvent être avec ou sans droit de vote.

Elles peuvent conférer des droits différents, en matière de vote, de dividendes, de présentation de
candidats à l’organe d’administration,…, auquel cas elles constituent des classes différentes
d’actions.

268 C. enr., art. 256.


269 CSA, art. 7:22.
270 CSA, art. 7:46.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Actions avec droit de vote


En principe, lorsque les actions représentent une part égale du capital, chacune donne droit à une
voix271 (principe de la proportionnalité).

Dans les sociétés non cotées, les statuts peuvent déroger à ce principe272 et prévoir un droit de vote
multiple.

Le CSA ne prévoit pas de limite sous forme de « multiplier » (fixation d’un maximum de droits de
vote par action).

Les actions représentant la même part du capital mais conférant des droits de vote distincts
constituent des classes différentes d’actions.

Dans les sociétés cotées, les statuts peuvent conférer aux actions entièrement libérées, qui sont
inscrites depuis au moins deux années sans interruption au nom du même actionnaire dans le
registre des actions nominatives, un double droit de vote par rapport aux autres actions
représentant une même part du capital273.

Ce « droit de vote de loyauté » vise un double objectif. D’une part, « cet avantage consenti aux
actionnaires fidèles vise à combattre le court-termisme et à promouvoir une vision à long terme »,
en vue d’encourager un actionnariat à long terme et l’engagement des actionnaires. D’autre part,
« il s’agit d’empêcher que, par peur d’une perte de contrôle, des actionnaires de contrôle décident
de ne pas franchir le pas d’une cotation en bourse dans des circonstances où un telle démarche
serait indiquée du point de vue économique et, plus précisément, du point de vue du financement
de l’entreprise » .

L’usage de cette possibilité suppose une décision de l’assemblée générale pour modifier les statuts,
à la majorité réduite des deux tiers des voix exprimées. Il ne peut être dérogé à cette majorité que
par une disposition statutaire qui vise spécifiquement l’introduction du droit de vote double. La
suppression du droit de vote double est soumise aux mêmes conditions de quorum et de majorité
que pour son introduction.

Les actions avec un double droit de vote de loyauté ne constituent pas une classe distincte 274. En
effet, le double droit de vote est lié à la personne de l’actionnaire et profite à toutes les actions à la
condition qu’elles satisfassent aux conditions.

Les actions avec un double droit de vote perdent ce double droit de vote dans une série
d’hypothèses, et notamment en cas de conversion en actions dématérialisées et en cas de cession
de la propriété (sous réserve de certaines exceptions : cessions au sein de la même famille ou d’un
même groupe de sociétés)275.

271 CSA, art. 7:51, al. 1.


272 CSA, art. 7:52.
273 CSA, art. 7:53.
274 CSA, art. 7:53, § 3.
275 CSA, art. 7:53, § 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Actions sans droit de vote


Les SA peuvent également émettre des actions sans droit de vote.

Les actions sans droit de vote donnent droit nonobstant toute disposition contraire à une voix par
action dans les cas suivants :
- en cas de modification des droits attachés à des classes d’actions ;
- en cas de transformation de la société ;
- en cas de fusion transfrontalière entraînant la dissolution la société ;
- en cas de déplacement transfrontalier du siège276.

En cas d’émission d’actions sans droit de vote auxquelles un dividende privilégié est attribué, ces
actions bénéficient néanmoins d’un droit de vote, nonobstant toute disposition contraire dans les
statuts, la décision d’émission ou une convention si les dividendes privilégiés n’ont pas été
entièrement mis en paiement durant deux exercices successifs. Le droit de vote cesse à nouveau
lorsqu’il est distribué un dividende qui, additionné au dividende de l’exercice concerné, est
équivalent au montant des dividendes privilégiés non distribués277.

C. Suspension du droit de vote


L’exercice du droit de vote peut être suspendu dans diverses hypothèses prévues par le CSA :
suspension des droits de vote afférents aux actions concernées aussi longtemps que les versements
éligibles en vue de la libération n’ont pas été effectués ; suspension des droits de vote afférents aux
actions propres détenues par la société278 ; suspension des droits de vote afférents aux titres qui
devaient être déclarés et ne l’ont pas été279.

2. PARTS BÉNÉFICIAIRES
Les parts bénéficiaires sont des titres non représentatifs du capital, dont l’émission est décidée lors
de la constitution de la société ou par l’assemblée générale, qui confèrent un droit au dividende
ainsi que, le cas échéant, les autres droits déterminés par les statuts280.

En particulier, les statuts déterminent si, et dans quelle mesure, un droit de vote est accordé aux
titulaires de parts bénéficiaires.

Toutefois :
- les parts bénéficiaires ne peuvent, en aucun cas, se voir attribuer dans l’ensemble un nombre
de voix supérieur à la moitié de celui attribué à l’ensemble des actions, ni être comptées dans
le vote pour un nombre de voix supérieur aux deux tiers du nombre des voix émises par les
actions281 ;

276 CSA, art. 7:57, § 1er.


277 CSA, art. 7:57.
278 CSA, art. 7:217 et 7:224.
279 CSA, art. 7:83 ; art. 25/1 de la loi du 2 mai 2007 relative à la publicité des participations importantes dans des

émetteurs dont les actions sont admises à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions
diverses.
280 CSA, art. 7:58, al. 1.
281 CSA, art. 7:59.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- dans les sociétés cotées, les parts bénéficiaires ne peuvent pas donner droit à plus d’une voix
par titre282.

3. DROITS DE SOUSCRIPTION
Les droits de souscription sont des titres qui permettent de souscrire des actions de la société à un
prix fixé d’avance.

Ils peuvent être émis soit par l’assemblée générale soit par l’organe d’administration dans le cadre
du capital autorisé.

Ils sont fréquemment émis dans le cadre de plans d’intéressement du personnel aux résultats de la
société. Par exemple, la société les émet à un centime et ils donnent le droit de souscrire les actions de la
société à un prix égal à la valeur de ces actions au moment de la souscription des droits de souscription (par
exemple, 50 EUR). Le membre du personnel qui exerce son droit de souscription devra payer ce prix (par
exemple, 50 EUR) lors de l’exercice des droits de souscription, par exemple trois ans plus tard, même si à ce
moment la valeur de l’action est supérieure (par exemple, 100 EUR). Les objectifs poursuivis sont à la fois
l’optimalisation de la rémunération des travailleurs (grâce à un régime fiscal avantageux) et la
fidélisation des travailleurs (dans la mesure où ils ne peuvent exercer leurs droits de souscription
que si leur contrat de travail n’a pas pris fin au moment de cet exercice).

Les droits de souscription ne peuvent pas être confondus avec les options qui sont des titres qui
permettent d’acheter des actions.

L’exercice de droits de souscription implique une augmentation de capital, à l’inverse de l’exercice


d’une option d’achat (qui porte sur des actions propres que la société a en portefeuille).

4. OBLIGATIONS
En principe, l’organe compétent pour émettre des obligations est l’organe d’administration. Il peut
également s’agir de l’assemblée générale pour les obligations qui supposent une augmentation de
capital, soit les obligations convertibles ou remboursables en actions :
- les obligations convertibles en actions permettent à leur titulaire de souscrire des actions au
lieu d’obtenir le remboursement à l’échéance ;
- les obligations remboursables en actions sont remboursables non en argent mais en actions de
la société.

Les obligations convertibles ou remboursables en actions supposent que la société augmente son
capital au moment de la conversion ou du remboursement (sous réserve de l’hypothèse dans
laquelle elle détient des actions propres en nombre suffisant). Leur émission doit donc être décidée
soit par l’assemblée générale soit par l’organe d’administration dans le cadre du capital autorisé.

Les obligations peuvent ou non être admises sur Euronext Brussels.

282 CSA, art. 7:58, al. 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

5. FORME DES TITRES


Les SA peuvent émettre des titres nominatifs ou dématérialisés.

Les statuts déterminent librement la forme des titres, sous réserve que les actions sont
obligatoirement nominatives dans les deux cas suivants :
- lorsqu’elles ne sont pas entièrement libérées283 ;
- lorsqu’un actionnaire demande la conversion de ses actions dématérialisées en actions
nominatives 284.

Le titre nominatif est celui dont la propriété s’établit par une inscription dans le registre des titres
nominatifs de la société. En principe, dès la constitution de la société, il faut donc procéder aux
inscriptions dans le registre.

Le titre dématérialisé est celui dont la propriété s’établit par une inscription dans le registre du
teneur de comptes (essentiellement les établissements de crédit) ou d’un organisme de liquidation
(Euroclear).

6. INDIVISIBILITÉ DES TITRES


Les titres sont indivisibles en ce sens que le titulaire d’un titre ne peut répartir celui-ci entre
plusieurs personnes qui pourraient exiger de la société un titre distinct ou une fraction des
dividendes.

Cette règle ne fait pas obstacle :


- à la division par la société de titres en coupures (par exemple parce que la valeur du titre est
devenue trop importante et nuit à sa cessibilité ou sa négociabilité) ;
- à la constitution par le propriétaire du titre de droits réels sur son titre (usufruit, gage,
indivision) ; d’où l’utilité de la disposition suivant laquelle que la société ne reconnaît qu’un
seul titulaire par titre. Le CSA prévoit que « si plusieurs personnes ont des droits réels sur une
même action, la société peut suspendre l'exercice du droit de vote, jusqu'à ce qu'une seule
personne ait été désignée comme titulaire à son égard du droit de vote »285.

7. CESSION ET TRANSMISSION DE TITRES


En principe, les titres émis par une société anonyme sont librement cessibles.

Les statuts (ou une convention entre actionnaires) peuvent cependant restreindre dans une
certaine mesure la libre cessibilité des titres, sans jamais pouvoir les rendre totalement incessibles.

Les clauses les plus fréquentes à cet égard sont les clauses d’inaliénabilité, les clauses d’agrément
et de préemption, les clauses de droit de suite (tag along) et d’obligation de suite (drag along) et les
clauses de buy or sell.

283 CSA, art. 7:47.


284 CSA, art. 7:23.
285 CSA, art. 7:24.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Clauses limitant la cessibilité


Clause d’inalénabilité :
Une clause d’inaliénabilité est une clause qui interdit la cession et la transmission des titres. Son
objectif est généralement de favoriser le lancement d’une société, généralement une start-up.

Pour être valables, les clauses d’inaliénabilité doivent être justifiées par un intérêt légitime,
notamment en ce qui concerne leur durée. Les clauses d’inaliénabilité d’une durée indéterminée
peuvent à tout moment être dénoncées moyennant le respect d’un préavis raisonnable286.

Exemple : « les actions sont incessibles pendant cinq ans à compter de la date de l’acte constitutif de la
société ».

Clause d’agrément et de préemption :


Une clause d’agrément subordonne la cession ou la transmission de titres à l’accord d’un organe de
la société (généralement l’organe d’administration ; il peut également s’agir d’une personne
déterminée mais c’est rare). Le refus d’agrément ne peut cependant pas rendre le titre incessible.
Dès lors, les clauses d’agrément s’accompagnent quasi-systématiquement de clauses de
préemption, c’est-à-dire de clauses en vertu desquelles le candidat cédant doit d’abord offrir aux
autres actionnaires les titres qu’il envisage de céder à un tiers.

Lorsque la limitation résulte d'une clause d'agrément ou d'une clause de préemption, l'application
de ces clauses ne peut aboutir à ce que l'incessibilité soit prolongée plus de six mois à dater de la
demande d'agrément ou de l'invitation à exercer le droit de préemption ; si ces clauses prévoient
un délai supérieur à six mois, celui-ci est de plein droit réduit à six mois287.

Exemple :
1. Généralités
a) Sauf convention contraire, le présent Article s’applique à toute Cession de Titres, quelle qu’en soit la
forme.
b) Les Actionnaires peuvent renoncer aux délais prescrits par le présent Article.
2. Agrément
a) Tout Actionnaire qui envisage de céder des Titres à un tiers (le « Candidat Cessionnaire ») doit notifier
au conseil d'administration la Cession envisagée, en vue de l'agrément de ce dernier par le conseil
d'administration, en précisant :
i. l’identité complète du Candidat Cessionnaire;
ii. le nombre, et le cas échéant les numéros, des Titres à Céder (les « Titres
Offerts »);
iii. le prix convenu pour les Titres Offerts;
iv. les modalités et conditions de la Cession envisagée;
v. la preuve que le Candidat Cessionnaire dispose de moyens financiers suffisant pour acquérir les
Titres Offerts;
vi. l’accord irrévocable du Candidat Cessionnaire d’adhérer aux présentes comme s’il en était le
signataire dès l’origine en lieu et place de l'Actionnaire cédant.
A cette notification est jointe une copie de l'offre du Candidat Cessionnaire.
b) Dans les vingt (20) Jours Ouvrables qui suivent l'envoi de cette notification, le conseil d'administration
statue, à la majorité simple, sur l'agrément du Candidat Cessionnaire.

286 CSA, art. 7:78, § 1er, al. 2.


287 CSA, art. 7:78, § 1er, al. 3 et 4.

111
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le refus d'agrément du Candidat Cessionnaire doit être fondé sur de justes motifs.
La décision du conseil d'administration n’est susceptible d’aucun recours. Le conseil d’administration la
notifie à l’Actionnaire cédant dans les trois (3) Jours Ouvrables à compter de la date à laquelle le conseil
d'administration s’est prononcé sur l’agrément.
A défaut de communication à l’Actionnaire cédant de la décision prise par le conseil d'administration dans
les trente (30) Jours Ouvrables de la notification de la demande d’agrément du Candidat Cessionnaire, le
conseil d'administration est réputé avoir donné son agrément à la Cession.
c) En cas de refus d'agrément, l'Actionnaire cédant doit notifier au conseil d'administration s'il renonce ou
non à son projet de Cession initial, c’est-à-dire relatif à l’ensemble des Titres Offerts, dans un délai de dix
(10) Jours Ouvrables à compter du refus, notifié ou non, du conseil d'administration. A défaut de
notification par l’Actionnaire cédant au conseil d'administration, l’Actionnaire cédant est réputé avoir
renoncé à son projet de Cession.
d) En cas de refus d’agrément du Candidat Cessionnaire et à défaut de renonciation à la Cession, le point
3 s’applique.
3. Droit de préemption
a) En cas de refus d’agrément du Candidat Cessionnaire et à défaut de renonciation à la Cession, les Titres
doivent être préalablement offerts à la vente aux autres Actionnaires de la manière décrite ci-après:
b) Le conseil d’administration notifie la Cession aux autres Actionnaires par lettre recommandée (la «
Notification de la Cession »), en précisant :
i. l’identité complète du Candidat Cessionnaire;
ii. les Titres Offerts ;
iii. le prix convenu pour les Titres Offerts;
iv. les modalités et conditions de la Cession envisagée;
v. la preuve que le Candidat Cessionnaire dispose de moyens financiers suffisant pour acquérir les
Titres Offerts;
vi. l’accord irrévocable du Candidat Cessionnaire d’adhérer aux présentes comme s’il en était le
signataire dès l’origine en lieu et place de l'Actionnaire cédant.
A cette notification, il joint une copie de l'offre du Candidat Cessionnaire.
c) Le droit de préemption des Actionnaires concerne l’ensemble des Titres Offerts, et s’exerce aux
conditions offertes par le Candidat Cessionnaire, étant toutefois entendu que :
i. en cas de Cession de Titres, ceux-ci doivent être cédés aux autres Actionnaires selon les mêmes
modalités et conditions que celles énoncées par le Candidat Cessionnaire, sous réserve que le prix leur
sera en toutes circonstances versé en numéraire ;
ii. toute Cession de Titres est soumise (i) à un droit de préemption de 1er rang au profit des
Actionnaires de la même catégorie (les « Actionnaires de Premier Rang »), (ii) à un droit de préemption
de 2ème rang au profit des Actionnaires de l’autre catégorie (les « Actionnaires de Second Rang »).
iii. Les Actionnaires de Premier Rang disposent d’un délai de trente (30) Jours Ouvrables à compter de
la Notification de la Cession pour exercer leur droit de préemption sur tout ou partie des Titres Offerts
et en aviser, par lettre recommandée, le conseil d'administration de la Société. L'absence d'exercice du
droit de préemption dans le délai imparti vaut renonciation expresse à l'exercice de ce droit. Au plus
tard huit (8) Jours Ouvrables après l'expiration du délai de trente (30) Jours Ouvrables susvisé, le
conseil d’administration informe les Actionnaires de Second Rang du nombre de Titres Offerts à l'égard
desquels un droit de préemption de 1er rang a été exercé (la « Notification 1 »).
iv. A défaut pour les Actionnaires de Premier Rang d'avoir exercé leur droit de préemption dans les
délais susvisés ou si leur droit de préemption n'a pas été exercé sur la totalité des Titres Offerts, les
Actionnaires de Second Rang disposent d’un délai de trente (30) Jours Ouvrables à compter de la
Notification 1 pour exercer leur droit de préemption sur le solde des Titres Offerts et en aviser, par
lettre recommandée, le conseil d'administration de la Société. L'absence d'exercice du droit de
préemption dans le délai imparti vaut renonciation expresse à l'exercice de ce droit. Au plus tard huit
(8) Jours Ouvrables après l'expiration du délai de trente (30) Jours Ouvrables susvisé, le conseil

112
Fanny Streveler MA1 DROIT

d’administration informe les Actionnaires du nombre de Titres Offerts à l'égard desquels un droit de
préemption de 2ème rang a été exercé (la « Notification 2 »).
v. si le nombre total de Titres pour lesquels les Actionnaires ont exercé leur droit de préemption excède
le nombre de Titres Offerts, les Titres Offerts sont répartis entre les Actionnaires ayant exercé leur droit
de préemption proportionnellement à leur participation dans le capital de la Société, laquelle est
calculée sans prendre en compte la participation de l'Actionnaire cédant et de tout Actionnaire non
intéressé.
vi. si les Actionnaires ne souscrivent pas ou souscrivent partiellement aux Titres Offerts, les
Actionnaires ayant exercé leur droit de préemption peuvent souscrire à de tels Titres ou au solde de
ceux-ci, proportionnellement à leur participation dans le capital de la Société, laquelle est calculée sans
prendre en compte la participation de l'Actionnaire cédant et de tout Actionnaire non intéressé.
vii. au cas où la totalité des Titres Offerts n'a pas été acquise par les Actionnaires restants, le Candidat
Cessionnaire peut acquérir les titres restants.
d) La propriété des Titres Offerts sera transférée aux Actionnaires ayant exercé leur droit de préemption
au jour du paiement du prix des Titres - lequel doit être exécuté dans les trente (30) Jours Ouvrables à
compter de la Notification 1 ou, le cas échéant, de la Notification 2.

Obligation de suite et droit de suite :


Une clause d’obligation de suite est une clause qui oblige les actionnaires (généralement
minoritaires) à céder, au même prix, leurs titres au tiers auquel d’autres actionnaires
(généralement majoritaires) cèdent leurs titres. Son objectif est de faciliter la cession par les
actionnaires auxquels elle profite.

Une clause de droit de suite est une clause en vertu de laquelle les actionnaires (généralement
minoritaires) ont le droit de céder, au même prix, leurs titres au tiers auquel d’autres actionnaires
(généralement majoritaires) cèdent leurs titres. Son objectif est de protéger les actionnaires
minoritaires d’un changement de contrôle de la société : s’ils ne font pas confiance au cessionnaire,
ils peuvent lui céder leurs titres.

Ces deux types de clauses sont souvent (mais pas toujours) combinées.

Exemple :
1. Droit de suite
a) Dans l’hypothèse où un ou plusieurs Actionnaires envisagent de Céder (en une ou plusieurs opérations
formant un tout) tout ou partie de leurs Actions représentant au moins cinquante pourcent (50%) des
Actions émises à ce moment, à un Tiers Acquéreur, les autres Actionnaires bénéficieront d’un droit de
suite, tel que modalisé au présent Article (le Droit de Suite).
b) Sauf en cas d’application de l’obligation de suite visée au point 2, l’Actionnaire qui envisage de Céder
tout ou partie de ses Actions à un Tiers Acquéreur devra notifier son intention aux autres Actionnaires et
au conseil d’administration, par lettre recommandée avec accusé de réception, dans un délai de dix (10)
Jours Ouvrables. Cette notification devra notamment comprendre les informations et déclarations
suivantes :
i. le nom, l'adresse, ou la dénomination et le siège social, ainsi que la nationalité du Tiers Acquéreur ;
ii. l'indication que son offre est ferme et irrévocable et financée de manière inconditionnelle ;
iii. le nombre et, le cas échéant, les numéros des Actions que l’Actionnaire concerné envisage de Céder ;
iv. le prix offert par le Tiers Acquéreur ainsi que les conditions et modalités de la Cession ;
v. le moment envisagé du transfert de propriété des Actions visées par la Cession ; et
vi. l’engagement du Tiers Acquéreur d’être lié par la présente Convention.
c) Dans les dix (10) Jours Ouvrables à compter de la réception de la notification visée au point 1.b, les
autres Actionnaires devront notifier à l’Actionnaire ayant procédé à la notification, (i) leur intention ou

113
Fanny Streveler MA1 DROIT

non de faire usage du Droit de Suite et, le cas échéant, (ii) le nombre d’Actions pour lesquelles ils
souhaitent l’exercer. L’exercice du Droit de Suite par un Actionnaire déclenche de plein droit l’obligation
pour le Tiers Acquéreur ou, à défaut, pour l’Actionnaire ayant procédé à la notification, d’acquérir les
Actions mentionnées dans cette notification aux conditions indiquées.
d) Le prix représentant la contrepartie des Actions transférées devra être payé au plus tard au jour de la
réalisation de la Cession.
2. Obligation de suite
a) Chaque Actionnaire s’engage de manière inconditionnelle et irrévocable à ajouter l’ensemble de ses
Actions à une Cession effectuée par un ou plusieurs Actionnaires ayant décidé de céder ensemble plus de
quatre-vingt pourcent (80%) des Actions émises à ce moment et dont ils sont propriétaires en faveur d'un
Tiers Acquéreur (l’Obligation de Suite), étant entendu que l’Actionnaire qui est soumis à l’Obligation de
Suite doit Céder ses Actions au même prix, et sous les mêmes conditions et modalités que celles convenues
entre le Tiers Acquéreur et l’Actionnaire cédant.
b) L(les)’Actionnaire(s) cédant(s) notifiera(ont) aux autres Actionnaires et au conseil d’administration, par
lettre recommandée avec accusé de réception, l'application du présent Article dans un délai de dix (10)
Jours Ouvrables à compter de la réception de l’offre ferme et irrévocable du Tiers Acquéreur. Cette
notification devra notamment comprendre les informations et déclarations suivantes :
i. le nom, l'adresse, ou la dénomination et le siège social, ainsi que la nationalité, du Tiers Acquéreur ;
ii. l’indication que son offre est ferme et irrévocable ;
iii. le nombre et les numéros des Actions visées par la Cession ;
iv. le prix offert par le Tiers Acquéreur ainsi que les conditions et modalités de la Cession ; et
v. le moment envisagé du transfert de propriété des Actions visées par la Cession.
c) La propriété des Actions détenues par les Actionnaires soumis à l’Obligation de Suite, ainsi que
l'ensemble des droits qui y sont attachés, seront transférés au Tiers Acquéreur à la date à laquelle le(s)
compte(s) de ces Actionnaires aura (auront) été crédité(s) du montant du prix d’acquisition de leurs
Actions.

Clause de buy or sell :


Egalement appelée clause texane, shotgun, roulette russe, boomerang,…

La clause de buy or sell est une clause qui permet à un actionnaire d’offrir ses titres en vente à un
autre actionnaire et, si ce dernier refuse, de lui acheter ses titres au même prix. Son objectif est de
mettre fin à des situations de blocage au sein de la société.

Exemple :
Clause de sauvegarde
1. Blocage Persistant
Si un organe de la Société se trouve dans l’impossibilité d’adopter une décision indispensable à la bonne
marche des activités de la Société conformément à son objet ou à la sauvegarde de ses intérêts commerciaux
fondamentaux, au cours d’au moins deux (2) réunions ayant cette décision à l’ordre du jour, étant précisé
qu’une période d’au moins un (1) mois devra s’être écoulée entre la première et la deuxième réunion, la
situation sera considérée comme un blocage persistant (le « Blocage Persistant »).
Si une Partie considère qu’un Blocage Persistant est survenu et qu’en conséquence, les affaires et les
perspectives de la Société sont gravement et de manière néfaste affectées, cette Partie peut le notifier à
l’autre Partie (la « Notification de Blocage Persistant »).
La Notification de Blocage Persistant contient :
i. un résumé de la situation de Blocage Persistant ;
ii. des propositions de solutions pour résoudre le Blocage Persistant, le cas échéant ; et
iii. trois (3) propositions de dates en vue d’organiser une réunion entre les administrateurs délégués
respectifs des Parties, ou à défaut d’administrateur délégué, entre les représentants seniors respectifs des
Parties, dans un délai de trente (30) Jours Ouvrables en vue de résoudre le Blocage Persistant.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Chaque Partie s’efforce de se mettre d’accord sur une date pour une telle réunion (ou réunions) et négocie de
bonne foi pour tenter de résoudre le Blocage Persistant à l’amiable.
Si les Parties échouent à résoudre le Blocage Persistant dans un délai de soixante (60) jours après la date de
la Notification de Blocage Persistant, le point 2 sera d’application.
2. Clause de buy or sell
Au cas où un Blocage Persistant ne peut être résolu dans le délai visé au point 1, dernier alinéa :
i. Chacune des Parties (la « Partie Résiliante ») pourra, dans un délai de quinze (15) Jours Ouvrables après
l’expiration du délai mentionné ci-dessus, notifier par écrit à l’autre Partie (une «Notification de
Résolution de Blocage Persistant» et la «Partie non Résiliante ») (i) qu’elle souhaite acquérir l’ensemble
des Actions détenues par la Partie non Résiliante en (ii) spécifiant le prix et les conditions proposées par
Action. Une telle Notification de Résolution de Blocage Persistant est irrévocable. La Partie non Résiliante
ne peut plus ensuite notifier de Notification de Résolution de Blocage Persistant.
ii. La Partie non Résiliante, dans un délai de quinze (15) Jours Ouvrables après réception de la Notification
de Résolution de Blocage Persistant, pourra décider de soit (i) vendre toutes ses Actions à la Partie
Résiliante aux prix et conditions mentionnés dans la Notification de Résolution de Blocage Persistant ; ou
soit (ii) acheter l’ensemble des Actions de la Partie Résiliante au prix et aux conditions spécifiés dans la
Notification de Résolution de Blocage Persistant.
Si la Partie non Résiliante décide d’appliquer la solution mentionnée sous le point (i) ou si la Partie non
Résiliante ne réagit pas dans un délai de (15) Jours Ouvrables après réception de la Notification de Résolution
de Blocage Persistant, la vente de ses Actions sera mise en œuvre. Si la Partie non Résiliante décide d’opter
pour la solution mentionnée sous le point (ii), la vente des Actions de la Partie Résiliante sera mise en œuvre.

B. Clause conventionnelle ou statutaire


La question se pose de l’opportunité de faire figurer les clauses limitant la cessibilité des actions
dans les statuts ou dans une convention d’actionnaires.

On peut citer comme arguments en faveur de l’insertion de ce type de clauses dans les statuts :
- leur force obligatoire vis-à-vis de tous les associés ;
- leur opposabilité aux tiers. Une cession faite en violation d’une restriction statutaire à la
cessibilité régulièrement rendue publique ne peut être opposée ni à la société, ni aux tiers
même de bonne foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires 288. En revanche, les restrictions à la cessibilité qui figurent dans des conventions
d’actionnaires extrastatutaires et qui ne sont pas mentionnés dans le registre ne peuvent pas
être opposées aux tiers et ne peuvent donc pas être exécutées en nature, sauf en cas de tierce-
complicité du tiers ;
- la possibilité d’opposer une clause d’agrément à l’auteur d’une offre publique d'acquisition. En
principe, « dès la réception par la société de la communication faite par l’Autorité des services
et marchés financiers selon laquelle elle a été saisie d'un avis d'offre publique d'acquisition la
concernant et, en cas de refus d'agrément ou d'application des clauses de préemption, les
titulaires de titres doivent se voir proposer, dans les cinq jours suivant la clôture de l'offre,
l'acquisition de leurs titres à un prix au moins égal au prix de l'offre ou de la contre-offre, par
une ou plusieurs personnes bénéficiant de l'agrément ou à l'égard desquelles le droit de
préemption ne serait pas invoqué »289. Toutefois, « les clauses d'agrément figurant soit dans les
statuts, soit dans un acte authentique d'émission d'obligations convertibles ou de droits de
souscription pourront être opposées à l'auteur de l'offre publique par l’organe d'administration
de la société visée pour autant que le refus d'agrément soit justifié par l'application constante

288 CSA, art. 7:78, § 2.


289 CSA, art. 7:79.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

et non discriminatoire des règles d'agrément qu’il a adoptées (...) et communiquées à l’Autorité
des services et marchés financiers avant la date de la réception de la communication visée à
l'article 7:79 »290.

On peut citer comme arguments en faveur de l’insertion de ce type de clauses dans une
convention :
- leur discrétion, surtout s’il y a des éléments confidentiels concernant la fixation du prix ;
- la difficulté d’insérer dans les statuts des clauses parfois kilométriques (parfois six, sept tours,
avec des aller et retour vers les actionnaires d’une même catégorie si tous les actionnaires de
cette catégorie ne se portent pas acquéreurs au premier tour) ;
- seules les conventions extrastatutaires permettent de régler les cessions indirectes réalisées
par la cession du contrôle d’un actionnaire.

C. Publicité
Le registre des actions nominatives doit mentionner les restrictions à la cessibilité des actions
résultant des statuts et, lorsqu’une des parties le demande, celles résultant de conventions ou des
conditions d’émission291. En cas de contradiction entre les statuts et le registre des actions, les
statuts prévalent292.

Une cession contraire aux restrictions à la cessibilité qui figurent dans des statuts publiés
régulièrement n’est opposable ni à la société ni aux tiers, que le cessionnaire soit de bonne ou de
mauvaise foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires 293.

D. Cession d’actions non entièrement libérées


En cas de cession d’une action non entièrement libérée, le cédant et le cessionnaire sont tenus
solidairement de la libération294. Cette disposition est impérative.

Le cédant et le cessionnaire peuvent déterminer entre eux qui sera tenu in fine. A défaut d’accord
entre eux, c’est le cessionnaire qui est tenu295.

8. PUBLICITÉ DES PARTICIPATIONS IMPORTANTES


A. Sociétés non cotées
Toute personne physique ou morale qui acquiert directement ou indirectement des titres
dématérialisés représentatifs ou non du capital conférant le droit de vote dans une SA non cotée
doit déclarer à cette société, au plus tard le cinquième jour ouvrable suivant le jour de l’acquisition,
le nombre de titres qu’elle possède lorsque les droits de vote afférents à ces titres atteignent une
quotité de 25 % ou plus du total des droits de vote existant au moment de la réalisation de
l’opération donnant lieu à l’obligation de déclaration. Elle doit faire la même déclaration, dans le

290 CSA, art. 7:80.


291 CSA, art. 7:29, al. 1, 5°.
292 CSA, art. 7:29, al. 2.
293 CSA, art. 7:78, § 2.
294 CSA, art. 7:77, al. 1.
295 CSA, art. 7:77, al. 2.

116
Fanny Streveler MA1 DROIT

même délai, en cas de cession de titres lorsque, à la suite de cette cession, les droits de vote
tombent en deçà du seuil précité de 25 %.

A défaut,
- celui qui a omis de faire cette déclaration 20 jours au moins avant l’assemblée générale ne peut
prendre part au vote à l’assemblée générale pour un nombre de voix supérieur ou égal à 25 %
du total des droits de vote existant à la date de l’assemblée générale296 ;
- à la demande de la société ou d’un ou de plusieurs actionnaires ayant le droit de vote, le
président du tribunal de l’entreprise du siège de la société, statuant comme en référé, peut :
o suspendre pour une période d’un an au plus l’exercice de tout ou partie des droits
afférents aux titres concernés ;
o suspendre pendant la durée qu’il fixe, la tenue d’une assemblée générale déjà
convoquée ;
o ordonner la vente, sous son contrôle, des titres concernés à un tiers297.

B. Sociétés cotées
Toute personne physique ou entité juridique qui acquiert, directement ou indirectement, des titres
conférant le droit de vote d'une société cotée doit notifier dans les 4 jours de cotation à celle-ci et à
la FSMA le nombre et le pourcentage de droits de vote existants qu'elle détient à la suite de cette
acquisition, lorsque les droits de vote attachés aux titres conférant le droit de vote atteignent une
quotité de 5 % ou plus du total des droits de vote existants, et ainsi de suite par tranches de 5%.

Une notification est également obligatoire lorsque, à la suite d'événements qui ont modifié la
répartition des droits de vote, le pourcentage de droits de vote attachés aux titres conférant le
droit de vote, détenus directement ou indirectement, atteint, dépasse ou tombe en dessous des
seuils, même en l’absence d’acquisition ou de cession298.

Les statuts peuvent prévoir des quotités inférieures ou intermédiaires (uniquement 1 %, 2 %, 3 %, 4


% et 7,5 %)299.

La société cotée qui a reçu une notification doit publier toutes les informations contenues dans la
notification au plus tard dans les trois jours de cotation qui suivent sa réception300.

A défaut,
- celui qui a omis de faire cette déclaration 20 jours au moins avant l’assemblée générale ne peut
prendre part au vote à l’assemblée générale pour un nombre de voix supérieur ou égal à 5 %
(ou la quotité inférieure fixée par les statuts) du total des droits de vote existant à la date de
l’assemblée générale ;
- à la demande de la société ou d’un ou de plusieurs actionnaires ayant le droit de vote, le
président du tribunal de l’entreprise du siège de la société, statuant comme en référé, peut :

296 CSA, art. 7:83.


297 CSA, art. 7:84.
298 art. 6 de la loi du 2 mai 2007 relative à la publicité des participations importantes dans des émetteurs dont les

actions sont admises à la négociation sur un marché réglementé et portant des dispositions diverses.
299 art. 18 de la loi du 2 mai 2007.
300 art. 14 de la loi du 2 mai 2007.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

o suspendre pour une période d’un an au plus l’exercice de tout ou partie des droits
afférents aux titres concernés ;
o suspendre pendant la durée qu’il fixe, la tenue d’une assemblée générale déjà
convoquée ;
o ordonner la vente, sous son contrôle, des titres concernés à un tiers301 ;
- le contrevenant s’expose à des sanctions pénales (emprisonnement et/ou amendes) et des
sanctions administratives (astreintes et amendes)302.

9. CERTIFICATION
Pas matière d’examen 2020-2021.

ADMINISTRATION

1. MODÈLES DE GOUVERNANCE
Le CSA prévoit trois modèles de gouvernance pour les sociétés anonymes :
- un conseil d’administration classique (système moniste) ;
- un administrateur unique qui peut être irrévocable et avoir un droit de veto sur certaines
décisions (ce qui « reconstitue » la société en commandite par actions) ;
- un véritable système dualiste, avec un conseil de direction et un conseil de surveillance. Ce
système consiste à répartir l’administration de la société entre deux organes dont les pouvoirs
sont définis par le CSA : un conseil de direction compétent pour l’ensemble des matières
opérationnelles et un conseil de surveillance appelé, d’une part, à se prononcer sur les grandes
orientations stratégiques de la société et sur un certain nombre de questions qui lui sont
spécifiquement réservées, et, d’autre part, à superviser le conseil de direction. Ces deux
organes sont nettement séparés : leurs compétences ne se chevauchent pas et nul ne peut être
membre des deux organes à la fois.

A. Premier modèle : conseil d’administration classique


Pouvoirs :
Le conseil d'administration a le pouvoir d'accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la
réalisation de l'objet de la société, à l'exception de ceux que la loi réserve à l'assemblée générale303.
Dès lors que le conseil d'administration est l’organe souverain dans la société anonyme et que la
répartition des compétences entre les différents organes relève de l’ordre public, il n’est pas
nécessaire d’énumérer les pouvoirs du conseil d'administration dans les statuts.

Les statuts peuvent apporter des restrictions aux pouvoirs du conseil d'administration. Ces
restrictions, de même que la répartition éventuelle des tâches dont les administrateurs seraient
convenus, ne sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées304.

301 art. 25/2 de la loi du 2 mai 2007.


302 art. 23, § 6, 27 et 28 de la loi du 2 mai 2007.
303 CSA, art. 7:93, § 1er, al. 1.
304 CSA, art. 7:93, §1er, al. 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Le conseil d'administration peut créer en son sein et sous sa responsabilité un ou plusieurs comités
consultatifs. Il définit leur composition et leur mission.

Administrateurs :
Le conseil d'administration doit comporter au minimum trois administrateurs, sauf dans
l’hypothèse où la société compte moins que trois actionnaires, auquel cas ils peuvent être deux305.
Les statuts peuvent prévoir un minimum supérieur et/ou un maximum.

Ils peuvent également prévoir un processus de présentation par les actionnaires des différentes
catégories.

L’assemblée générale nomme les administrateurs et peut les révoquer ad nutum, sans préavis ni
indemnité. Les statuts peuvent cependant prévoir que, sauf justes motifs, l’assemblée générale ne
peut mettre fin au mandat d’administrateur que moyennant le respect d’un préavis ou le paiement
d’une indemnité306.

Le principe de la révocation ad nutum est donc supplétif, sauf en cas de justes motifs.

En cas de vacance d’une place d’administrateur, les administrateurs restants ont le droit de coopter
un nouvel administrateur, sauf si les statuts l’excluent. La première assemblée générale qui suit se
prononce sur la confirmation du mandat de l’administrateur coopté307.

Administrateurs indépendants :
Les sociétés cotées doivent avoir au moins trois administrateurs indépendants.

Cette obligation résulte des articles 7:99 et 7:100 du CSA, qui leur imposent (sous réserve de
certaines exceptions) de constituer au sein de leur conseil d'administration un comité d’audit et un
comité de rémunération composé d’au moins un administrateur indépendant (comité d’audit) ou
d’une majorité d’administrateurs indépendants (comité de rémunération).

En outre, dans ces sociétés, les opérations visées par l’article 7:97 (opérations intra-groupe) doivent
être soumises à un comité composé de trois administrateurs indépendants, de sorte qu’il est utile,
pour ces sociétés, d’avoir, avant que la question ne se pose, trois administrateurs indépendants
(infra).

Enfin, le Code belge de gouvernance d’entreprise impose aux sociétés cotées d’avoir un nombre
approprié et au moins trois administrateurs indépendants308. Les sociétés cotées doivent désigner
dans leur déclaration de gouvernement d’entreprise (qui est une section spécifique du rapport de
gestion) le code de gouvernement d’entreprise qu’elles appliquent 309. Il s’agit obligatoirement du
Code belge de gouvernance d'entreprise 2020. En désignant ce Code, les sociétés cotées s’imposent
d’avoir au moins trois administrateurs indépendants.

305 CSA, art. 7:85, § 1er.


306 CSA, art. 7:85, § 3.
307 CSA, art. 7:88, § 1er.
308 art. 3.4 du Code belge de gouvernance d’entreprise.
309 CSA, art. 3:6, § 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Un administrateur d’une société cotée est considéré comme indépendant s’il n’entretient pas avec
la société ou un actionnaire important de celle-ci de relation qui soit de nature à mettre son
indépendance en péril. Si l’administrateur est une personne morale, l’indépendance doit être
appréciée tant dans le chef de la personne morale que de son représentant permanent. Afin de
vérifier si un candidat administrateur répond à cette condition, il est fait application des critères
prévus dans le Code belge de gouvernance d’entreprise 2020. Un candidat administrateur qui
remplit ces critères est présumé, jusqu’à preuve du contraire, être indépendant310.

Ces critères sont les suivants :


« 1. ne pas être un manager exécutif, ni exercer une fonction de délégué à la gestion journalière au
sein de la société ou d’une société ou personne liée à celle-ci, et ne pas avoir occupé un tel poste
durant une période de trois ans précédant la nomination. Ne plus bénéficier d’options sur actions
de la société liées à ce poste.
2. ne pas avoir servi plus de douze ans en durée cumulée en tant qu’administrateur non exécutif.
3. ne pas avoir fait partie du personnel de direction (...) de la société ou d’une société ou personne
liée à celle-ci, durant une période de trois ans précédant la nomination. Ne plus bénéficier
d’options sur actions de la société liées à ce poste.
4. ne pas recevoir, ou avoir reçu durant leur mandat ou durant une période de trois ans précédant
leur nomination, une rémunération significative ou un autre avantage important de nature
patrimoniale de la société ou d’une société ou d’une personne liée à celle-ci, en dehors des
honoraires éventuellement perçus comme administrateur non exécutif.
5. a. ne pas détenir lors de la nomination, directement ou indirectement, seul ou de concert, des
actions représentant globalement un dixième ou plus du capital de la société ou bien un dixième ou
plus des droits de vote dans la société ;
b. ne pas avoir été désigné, en aucune manière, par un actionnaire remplissant les conditions du
point (a).
6. ne pas entretenir, ou avoir entretenu au cours de l’année précédant la nomination, de relation
d’affaires significative avec la société ou une société ou personne liée à celle-ci, soit directement en
tant que partenaire, actionnaire, membre du conseil, membre du personnel de direction (...) d’une
société ou personne qui entretient une telle relation.
7. ne pas être, ou avoir été au cours des trois ans précédant la nomination, un associé ou un
membre de l’équipe de réviseurs de la société ou avoir été une personne qui est, ou a été, le
commissaire réviseur de la société ou d’une société ou personne liée à celle-ci au cours des trois
ans précédant la nomination.
8. ne pas être un manager exécutif d’une autre société dans laquelle un manager exécutif de la
société siège en tant qu’administrateur non exécutif, et ne pas entretenir d’autres liens importants
avec des administrateurs exécutifs de la société du fait de fonctions occupées dans d’autres
sociétés ou organes.
9. ne pas avoir, dans la société ou une société ou une personne liée à celle-ci, de conjoint, de
cohabitant légal ou d’allié jusqu’au deuxième degré, qui exerce un mandat d’administrateur, de
manager exécutif, de délégué à la gestion journalière ou de membre du personnel de direction...,
ou entrant dans l’une des catégories 1. à 8. ci-dessus, et, ce, en ce qui concerne le point 2, depuis
au moins trois ans après la date à laquelle le membre de la famille concerné a terminé son dernier
mandat ».

310 CSA, art. 7:87, § 1er.

120
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les statuts peuvent prévoir des critères additionnels plus sévères.

C’est l’assemblée générale qui nomme les administrateurs en qualité d’administrateurs


indépendants. Sa décision doit faire mention des motifs sur la base desquels est octroyée la qualité
d’administrateur indépendant, c’est-à-dire, en pratique, indiquer qu’il satisfait à ces critères.

Administrateurs exécutifs et non exécutifs :


Les administrateurs exécutifs définissent la stratégie et les politiques clés, s’impliquent activement
dans la gestion de la société et mettent sur pied des projets. Les administrateurs non exécutifs
n’exercent pas de tâches de management dans la société mais ont davantage une fonction de
discussion critique et constructive de la stratégie et les politiques clés proposées.

L’administrateur délégué est présumé membre exécutif du conseil d'administration 311.

La distinction entre administrateurs exécutifs et non exécutifs n’entame cependant en rien le


caractère collégial du conseil d'administration : tous les administrateurs concourent à la formation
de la décision du conseil d'administration et sont soumis aux mêmes règles de responsabilité, ce qui
n’est pas très cohérent.

Le Code belge de gouvernance d’entreprise 2020 prévoit que la majorité des administrateurs sont
non exécutifs312.

Parité :
Dans les entités d’intérêt public, au moins un tiers des membres du conseil d'administration
doivent être de sexe différent de celui des autres membres (le nombre minimum requis est arrondi
au nombre entier le plus proche)313.

Par exemple, si une société cotée a un conseil d'administration de dix membres, ce conseil d'administration
doit être composé comme suit : 3 + 7, 4 + 6 ou 5 + 5.

Sanctions :
- si la prochaine assemblée générale ne constitue pas un conseil d'administration dont la
composition est conforme à ces exigences, tout avantage, financier ou autre, de tous les
administrateurs, lié à l’exécution de leur mandat, est suspendu314 ;
- toute nomination ultérieure d’un administrateur du sexe surreprésenté est nulle315.

Réunions :
Les statuts peuvent prévoir les modalités de réunion du conseil d'administration (convocation,
présidence, nombre minimum de réunions par an,...) et quelles sont les personnes habilitées à
délivrer des extraits certifiés conformes des décisions du conseil d'administration (usuellement :
deux administrateurs, ou le président et un autre administrateur).

311 CSA, art. 7:99, § 3, al. 2 et art. 7:100, § 2, al. 1.


312 art. 3.4 du Code belge de gouvernance d’entreprise.
313 CSA, art. 7:86.
314 CSA, art. 7:86, al. 3.
315 CSA, art. 7:86, al. 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Les administrateurs forment un collège. Ce principe implique une délibération mais pas une
réunion physique entre tous les administrateurs de sorte qu’une décision prise dans le cadre d’une
conférence téléphonique ou une vidéoconférence est valable. Les statuts peuvent le préciser.

Les décisions du conseil d'administration peuvent être prises par consentement unanime des
administrateurs, exprimé par écrit, à l’exclusion des décisions pour lesquelles les statuts excluent
cette possibilité316.

Les statuts peuvent prévoir que le conseil d'administration se réunit un minimum de fois par an,
que les administrateurs peuvent conférer des mandats spéciaux,...

Une série de précisions peuvent également se trouver dans la charte de gouvernance d’entreprise
de la société.

B. Deuxième modèle : administrateur unique


Les statuts peuvent prévoir que la société est administrée par un administrateur unique, qui peut
être nommé dans les statuts.

Ils peuvent nommer un successeur de l’administrateur unique 317.

Personne physique ou morale :


L’administrateur unique peut en principe être une personne physique ou morale.

Dans les sociétés cotées, l’administrateur unique doit être une société anonyme administrée par un
organe collégial.

Dans ce cas, si l’administrateur unique est une société anonyme avec un conseil d’administration,
les dispositions en matière de conseil d’administration s’appliquent par analogie au conseil
d’administration de l’administrateur unique et aux membres de celui-ci. Par exemple, dans les sociétés
cotées, le conseil d’administration de l’administrateur unique doit comporter au moins trois administrateurs
indépendants et au moins un tiers des administrateurs doit être de l’autre sexe.

Si l’administrateur unique est une société anonyme avec une administration duale, les dispositions
en matière d’administration duale s’appliquent par analogie à son conseil de surveillance et à son
conseil de direction et à leurs membres.

Irrévocabilité :
Même si le consentement de l’administrateur unique est nécessaire à sa révocation en vertu d’une
disposition statutaire, l’assemblée générale peut mettre fin à son mandat sans son consentement,
aux conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts, pour de justes
motifs.

316 CSA, art. 7:95, al. 2.


317 CSA, art. 7:101, § 1er.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Les titulaires d’actions avec droit de vote qui représentent au moins 10 % (ou, pour une société
cotée, 3 %) du capital peuvent néanmoins désigner à l’unanimité un mandataire spécial, actionnaire
ou non, chargé d’introduire une demande de révocation de l’administrateur 318.

Responsabilité :
Les statuts peuvent prévoir que l’administrateur unique est solidairement et indéfiniment
responsable des obligations de la société. Dans ce cas, l’administrateur ne peut être
personnellement condamné en raison des obligations de la société tant que cette dernière n’a pas
été elle-même condamnée.

Droit de veto :
Les statuts peuvent prévoir que le consentement de l’administrateur unique est exigé pour toute
modification de statuts, toute distribution aux actionnaires ou pour sa révocation.

Reconstitution de l’ancienne SCA :


La conjugaison de ces différentes règles aboutit à reconstituer le système de la société en commandite par
actions.

C. Troisième modèle : administration duale


Les statuts peuvent prévoir que l’administration de la société est assurée par un conseil de
surveillance et un conseil de direction 319.

Les membres du conseil de direction ne peuvent être en même temps membres du conseil de
surveillance, et vice-versa.

Les membres du conseil de direction et du conseil de surveillance ne peuvent pas, en cette qualité,
être liés à la société par un contrat de travail.

Conseil de surveillance :
Le conseil de surveillance est chargé de la politique générale et la stratégie de la société et de tous
les actes qui sont réservés spécifiquement au conseil d’administration par d’autres dispositions du
CSA. En particulier, il rédige tous les rapports et projets prévus par le CSA. Il exerce la surveillance
du conseil de direction320.

Il constitue un organe collégial composé d’au moins trois membres, personnes physiques ou
morales321.

Dans les sociétés cotées, il doit comporter des membres indépendants, dont l’indépendance
s’apprécie comme pour les administrateurs indépendants322 et, dans les sociétés cotées et les
entités d’intérêt public, au moins un tiers des membres de l’autre sexe323.

318 CSA, art. 7:101, § 4.


319 CSA, art. 7:104.
320 CSA, art. 7:109.
321 CSA, art. 7:105, § 1er.
322 CSA, art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:87.
323 CSA, art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:86.

123
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les membres du conseil de surveillance sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires (ils
peuvent être désignés pour la première fois dans l’acte constitutif) pour six ans au maximum mais
leur mandat est renouvelable de manière illimitée.

Ils sont révocables ad nutum mais, comme pour les administrateurs, les statuts peuvent prévoir
qu’il ne peut être mis fin au mandat d’un membre du conseil de surveillance que moyennant le
respect d’un délai de préavis ou l’octroi d’une indemnité de départ. L’assemblée générale peut en
toute hypothèse mettre fin au mandat d’un membre du conseil de surveillance pour de justes
motifs, sans préavis ni indemnité324.

En cas de vacance, les autres membres du conseil de surveillance ont le droit de coopter un
nouveau membre, sauf si les statuts l’excluent. La première assemblée générale qui suit se
prononce sur la confirmation du mandat du membre coopté325.

Conseil de direction :
Le conseil de direction exerce tous les pouvoirs d’administration qui ne sont pas réservés au conseil
de surveillance326. Il dispose donc de la compétence exclusive pour le fonctionnement opérationnel
de la société et de toutes les compétences résiduaires.

Les statuts peuvent apporter des restrictions aux pouvoirs du conseil de direction. Une telle
restriction n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une
répartition des tâches entre les membres du conseil de direction327.

Les statuts peuvent prévoir que certaines décisions prises par le conseil de direction doivent être
préalablement approuvées par le conseil de surveillance. De telles clauses statuaires n’ont qu’un
effet purement interne et ne sont pas opposables aux tiers.

Le conseil de direction constitue un organe collégial composé d’au moins trois membres, personnes
physiques ou morales. Les membres du conseil de direction sont désignés et révoqués par le conseil
de surveillance328.

2. CONFLITS D’INTÉRÊTS AU SEIN DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION


A. Conseil d’administration classique
Lorsqu’un administrateur a, directement ou indirectement, un intérêt opposé de nature
patrimoniale à une décision ou à une opération relevant du conseil d'administration, la procédure
suivante s’applique :
- il doit le communiquer aux autres administrateurs avant la délibération au conseil
d'administration ;
- sa déclaration, ainsi que les raisons justifiant l'intérêt opposé qui existe dans son chef, doivent
figurer dans le procès-verbal du conseil d'administration qui devra prendre la décision ;

324 CSA, art. 7:105.


325 CSA, art. 7:106, renvoyant à l’art. 7:88.
326 CSA, art. 7:110.
327 CSA, art. 7:110.
328 CSA, art. 7:107.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- il doit informer le ou les commissaires (en pratique, c’est généralement la société qui se charge
de cette communication) ;
- il ne peut ni assister aux délibérations du conseil d'administration relatives à cette opération, ni
prendre part au vote ;
- le conseil d'administration doit décrire dans son procès-verbal la nature de la décision ou de
l’opération en cause, justifier la décision qui a été prise et indiquer les conséquences
patrimoniales pour la société ;
- le rapport de gestion (ou un document déposé en même temps que les comptes annuels) doit
contenir l’entièreté de ce procès-verbal (comprendre : en tant qu’il concerne cette décision ou
opération, par opposition aux autres points à l’ordre du jour) ;
- le rapport des commissaires doit décrire les conséquences patrimoniales de cette décision ou
opération pour la société.

Lorsque tous les administrateurs ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération est soumise à
l’assemblée générale ; en cas d’approbation de la décision ou de l’opération par celle-ci, le conseil
d’administration peut l’exécuter329.

Cette procédure ne s’applique pas :


- aux opérations conclues entre deux sociétés dont l’une détient au moins 95 % des voix
attachées aux titres émis par l’autre ou entre sociétés dont au moins 95 % des voix attachées
aux titres sont détenues par une autre société ;
- aux opérations habituelles conclues dans des conditions et sous les garanties normales du
marché pour des opérations de même nature330.

En revanche, le CSA ne réglemente pas les conflits d’intérêts dans le chef du délégué à la gestion
journalière.

B. Administration unique
Lorsque l’administrateur unique est amené à prendre une décision ou se prononcer sur une
opération dans laquelle il a un intérêt direct ou indirect de nature patrimoniale opposé à celui de la
société, sauf s’il est également le seul actionnaire, il doit soumettre cette décision ou cette
opération à l’assemblée générale ; en cas d’approbation de la décision ou de l’opération par celle-
ci, il peut l’exécuter. La même règle s’applique lorsque tous les administrateurs ou membres du
conseil de surveillance de la société administrateur unique ont un conflit d’intérêts331. Ce principe
admet les mêmes exceptions qu’en cas de conflits d’intérêts au sein du conseil d’administration.

Toutefois, s’il est également l’actionnaire unique, il peut prendre la décision ou réaliser l’opération
lui-même332. Il doit décrire, dans un rapport spécial, la nature de la décision ou de l’opération, ainsi
que les conséquences patrimoniales de celle-ci pour la société et justifier la décision qui a été prise.
Il doit également mentionner dans son rapport spécial les contrats conclus entre lui et la société. Ce
rapport doit être reproduit dans son intégralité dans le rapport de gestion ou, pour les sociétés qui
ne doivent pas établir de rapport de gestion, dans une pièce qui doit être déposée en même temps
que les comptes annuels.

329 CSA, art. 7:96.


330 CSA, art. 7:96, § 3.
331 CSA, art. 7:102.
332 CSA, art. 7:102, § 1.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Si la société a nommé un commissaire, elle doit l’en informer. Le commissaire doit évaluer dans son
rapport les conséquences patrimoniales pour la société des décisions de l’assemblée générale ou
de l’administrateur unique 333.

C. Système dual
Lorsque le conseil de direction est appelé à prendre une décision ou à se prononcer sur une
opération relevant de sa compétence à propos de laquelle un membre du conseil a un intérêt direct
ou indirect de nature patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la société, le conseil de direction
doit renvoyer cette décision au conseil de surveillance334.

Lorsque le conseil de surveillance est appelé à prendre une décision ou se prononcer sur une
opération relevant de ses pouvoirs à propos de laquelle un de ses membres a un intérêt direct ou
indirect de nature patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la société, ce membre doit en informer
les autres membres avant que le conseil de surveillance ne prenne une décision. Sa déclaration et
ses explications sur la nature de cet intérêt opposé doivent figurer dans le procès-verbal de la
réunion du conseil de surveillance qui doit prendre cette décision335.

Le conseil de surveillance doit décrire, dans le procès-verbal, la nature de la décision ou de


l’opération entachée d’un conflit d’intérêts ainsi que les conséquences patrimoniales pour la
société et justifie la décision qui a été prise. Cette partie du procès-verbal doit être reprise
intégralement dans le rapport de gestion ou, pour les sociétés qui ne doivent pas établir de rapport
de gestion, dans une pièce qui doit être déposée en même temps que les comptes annuels.

Si la société a nommé un commissaire, elle doit l’en informer. Le commissaire doit évaluer dans son
rapport les conséquences patrimoniales pour la société des décisions du conseil de surveillance
entachées d’un conflit d’intérêts.

Le membre ayant un conflit d’intérêts ne peut pas prendre part aux délibérations du conseil de
surveillance concernant ces opérations ou ces décisions, ni prendre part au vote sur ce point.

Lorsque tous les membres du conseil de surveillance ont un conflit d’intérêts, la décision ou
l’opération est soumise à l’assemblée générale. En cas d’approbation de la décision ou de
l’opération par celle-ci, le conseil de surveillance peut l’exécuter336.

333 CSA, art. 7:103.


334 CSA, art. 7:117, § 1er.
335 CSA, art. 7:115, § 1er.
336 CSA, art. 7:115, § 1er.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

3. OPÉRATIONS AVEC UNE PARTIE LIÉE


Les sociétés cotées doivent soumettre à l’avis préalable d’un comité de trois administrateurs
indépendants (système moniste337) ou de trois membres indépendants du conseil de surveillance
(système dualiste), le cas échéant assisté par un ou plusieurs experts indépendants, toute décision
ou opération avec une partie liée au sens de la norme IAS 24, ainsi que toute proposition d’apport
en nature (y compris un apport d’universalité ou de branche d’activité) par une partie liée et tout
projet de fusion, scission, opération assimilée ou apport d’universalité à une partie liée338.

Les filiales des sociétés cotées sont soumises au même régime sous réserve qu’elles doivent
demander l’autorisation de prendre ces décisions ou d’exécuter ces opérations à leur société-mère,
qui doit suivre la même procédure que si elle-même prenait cette décision ou exécutait cette
opération.

En substance, une partie liée à la société cotée au sens de la norme IAS 24 est une personne, ou un
membre de la famille proche de cette personne, qui :
- exerce un contrôle ou un contrôle conjoint sur la société cotée ;
- exerce une influence notable sur la société cotée ; ou
- fait partie des principaux dirigeants de la société cotée ou de sa société mère339.

A. Procédure
- « Le comité rend à l'organe d'administration [ou au conseil de surveillance] un avis écrit
circonstancié et motivé sur la décision ou l'opération envisagée qui traite au moins des
éléments suivants : la nature de la décision ou de l'opération, une description et une
estimation des conséquences patrimoniales, une description des éventuelles autres
conséquences, les avantages et inconvénients qui en découlent pour la société, le cas échéant,
à terme. Le comité place la décision ou l'opération proposée dans le contexte de la stratégie de
la société et indique si elle porte préjudice à la société, si elle est compensée par d'autres
éléments de cette stratégie, ou est manifestement abusive. Les remarques de l'expert sont
intégrées dans l'avis du comité ou y sont ajoutées en annexe »340.
- Le conseil d'administration ou le conseil de surveillance ne peut délibérer qu’après avoir pris
connaissance de cet avis. Il doit préciser que cette procédure a été respectée et, le cas échéant,
indiquer les motifs pour lesquels il déroge à l’avis du comité341.
- Lorsque la décision ou l’opération implique un administrateur ou un membre du conseil de
surveillance, celui-ci ne peut pas participer à la délibération ou au vote. Si tous les
administrateurs ou tous les membres du conseil de surveillance sont impliqués, ils doivent
soumettre la décision ou l’opération à l’assemblée générale. Si celle-ci approuve la décision ou
l’opération, le conseil d’administration ou le conseil de surveillance peut l’exécuter342.
- « Le commissaire évalue si les données financières et comptables figurant dans le procès-
verbal de l'organe d'administration / du conseil de surveillance et dans l'avis du comité ne

337 Il s’agit des administrateurs indépendants de la société cotée elle-même si elle a un conseil d’administration
classique ou des administrateurs indépendants de la société administrateur unique de la société cotée.
338 CSA, art. 7:97 et 7:116.
339 La norme IAS 24 prévoit également d’autres cas d’entités liées.
340 CSA, art. 7:97, § 3, al. 2 et 7:116, § 3, al. 2.
341 CSA, art. 7:97, § 4, al. 1 et 3 et 7:116, § 4, al. 1 et 3.
342 CSA, art. 7:97, § 4, al. 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

contiennent pas d'incohérences significatives par rapport à l'information dont il dispose dans le
cadre de sa mission. Cette appréciation est jointe au procès-verbal du conseil d'administration
/ du conseil de surveillance »343.
- Toutes ces décisions ou opérations doivent faire l’objet d’une annonce publique, au plus tard
au moment de la prise de la décision ou de la conclusion de l’opération. Cette annonce doit
notamment indiquer le nom de la partie liée, la nature de la relation avec cette la partie, la
date et la valeur de l’opération, ainsi que toute autre information nécessaire pour évaluer si la
transaction est juste et raisonnable. Cette annonce doit être accompagnée de la décision du
comité, le cas échéant des motifs pour lesquels le conseil d’administration ou le conseil de
surveillance ne suit pas l’avis du comité, ainsi que de l’appréciation du commissaire.
- Le rapport de gestion doit contenir un aperçu de toutes les annonces faites durant l’exercice,
en indiquant l’endroit où ces annonces peuvent être consultées344.

Exceptions :
Cette procédure ne s’applique pas :
- aux relations entre une société cotée (ou une de ses filiales) et ses filiales, sauf les filiales dans
lesquelles l’actionnaire de contrôle de la société cotée détient directement ou indirectement
une participation représentant au moins 25 % du capital de la filiale concernée ou lui donnant
droit en cas de distribution de bénéfices à au moins 25 % de ces bénéfices ;
- aux décisions et aux opérations habituelles intervenant dans des conditions et sous les
garanties normales du marché pour des opérations de même nature (à apprécier selon une
procédure à arrêter par l’organe d’administration) ;
- aux décisions et aux opérations représentant moins d'un pour cent de l'actif net de la société
cotée, tel qu'il résulte des comptes consolidés (les décisions ou opérations concernant la même
partie liée qui sont intervenues au cours d’une période de douze mois et qui, considérées
individuellement, tombent sous ce seuil doivent être agrégées pour le calcul de ce seuil) ;
- aux décisions et opérations concernant la rémunération des administrateurs (!), des autres
dirigeants et des délégués à la gestion journalière de la société ;
- à l’acquisition ou l’aliénation d’actions propres, à la distribution d’acomptes sur dividende et
aux augmentations de capital dans le cadre du capital autorisé sans limitation ou suppression
du droit de préférence des actionnaires existants345.

4. DÉLÉGUÉ À LA GESTION JOURNALIÈRE


Le conseil d’administration, l’administrateur unique ou le conseil de direction peut charger une ou
plusieurs personnes, agissant seules ou collégialement, de la gestion journalière de la société, ainsi
que de la représentation de la société en ce qui concerne cette gestion.

Cette personne porte le titre de délégué à la gestion journalière ou s’il s’agit d’un administrateur,
d’administrateur délégué.

La gestion journalière comprend tous les actes et les décisions qui n’excèdent pas les besoins de la
vie quotidienne de la société ainsi que les actes et les décisions qui en raison de l’intérêt mineur

343 CSA, art. 7:97, § 4, al. 3 et 7:116, § 4, al. 3.


344 CSA, art. 7:97, § 4/1.
345 CSA, art. 7:97, § 1, al. 3 et 7:116, § 1, al. 3.

128
Fanny Streveler MA1 DROIT

qu’elles représentent ou en raison de leur caractère urgent ne justifient pas l’intervention du


conseil d’administration, de l’administrateur unique ou du conseil de direction 346.

La clause en vertu de laquelle la gestion journalière est déléguée à une ou plusieurs personnes
agissant soit seules, soit conjointement est opposable aux tiers dans les conditions prévues par
l’article 2:18347.

5. COMITÉS
Les entités d’intérêt public doivent constituer un comité d’audit et les sociétés cotées doivent en
outre constituer un comité de rémunération, selon le modèle choisi, au sein de leur conseil
d’administration (modèle moniste348), de leur conseil de surveillance (modèle dualiste349) ou du
conseil d’administration ou du conseil de surveillance de l’administrateur unique société
anonyme350.

En outre, le CBGE 2020 prévoit la constitution d’un comité de nomination dans les sociétés cotées.

A. Comité d’audit
Le comité d’audit est composé de membres non exécutifs du conseil d'administration ou de
membres du conseil de surveillance ; au moins un membre doit être indépendant.

Missions :
- communication au conseil d’administration ou au conseil de surveillance d’informations sur les
résultats du contrôle légal des comptes annuels ;
- suivi du processus d’élaboration de l’information financière ;
- suivi de l’efficacité des systèmes de contrôle interne et de gestion des risques de la société ;
- s’il existe un audit interne, suivi de celui-ci et de son efficacité ;
- suivi du contrôle légal des comptes annuels et des comptes consolidés ;
- examen et suivi de l’indépendance du commissaire ;
- recommandation au conseil d’administration ou au conseil de surveillance pour la désignation
du commissaire.

Le comité d’audit fait régulièrement rapport au conseil d'administration ou au conseil de


surveillance sur l’exercice de ses missions au moins lors de l’établissement des comptes annuels,
des comptes consolidés et, le cas échéant, des états financiers résumés destinés à la publication.

Exception :
Les sociétés cotées répondant sur une base consolidée à au moins deux des critères suivants :
- nombre moyen de salariés : inférieur à 250 personnes ;
- total du bilan : inférieur ou égal à 43 millions EUR ;
- chiffre d’affaires net annuel : inférieur ou égal à 50 millions EUR ;
ne sont pas tenues de constituer un comité d’audit.

346 CSA, art. 7:121.


347 CSA, art. 7:121, al. 3.
348 CSA, art. 7:99 et 7:100.
349 CSA, art. 7:119 et 7:120.
350 CSA, art. 7:101, § 1er, al. 2.

129
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les fonctions attribuées au comité d’audit doivent alors être exercées par le conseil d'administration
(système moniste) ou le conseil de surveillance (système dualiste) dans son ensemble, pour autant que ce
conseil comporte au moins un membre indépendant et que, si le président du conseil est un membre
exécutif, il n’exerce pas les fonctions de président tant que le conseil exerce les fonctions de comité d’audit.

B. Comité de rémunération
Le comité de rémunération est composé de membres non exécutifs du conseil d'administration ou
de membres du conseil de surveillance et d’une majorité de membres indépendants.

Missions :
- formuler des propositions au conseil d'administration ou au conseil de surveillance sur la
politique de rémunération des administrateurs, des membres du comité de direction, des
autres dirigeants et des délégués à la gestion journalière ;
- formuler des propositions au conseil d'administration ou au conseil de surveillance sur la
rémunération individuelle des administrateurs, des membres du conseil de surveillance, des
membres du comité de direction, des autres dirigeants et des délégués à la gestion journalière,
y compris la rémunération variable, les options sur actions et les indemnités de départ ;
- préparer le rapport de rémunération, que le conseil d'administration ou le conseil de
surveillance doit insérer dans la déclaration de gouvernance ;
- commenter le rapport de rémunération lors de l’assemblée générale annuelle.

Le comité de rémunération fait régulièrement rapport au conseil d'administration ou au conseil de


surveillance sur l’exercice de ses missions. Le conseil d'administration ou le conseil de surveillance
doit communiquer le rapport de rémunération au conseil d’entreprise, aux représentants des
travailleurs au comité de prévention et de protection au travail ou, à défaut, à la délégation
syndicale. Le comité de rémunération se réunit au moins deux fois par an et chaque fois qu’il
l’estime nécessaire pour l’exécution de ses missions.

Exception :
Idem que pour le comité d’audit.

C. Comité de nomination
Le comité de nomination est composé majoritairement d’administrateurs non exécutifs
indépendants. En pratique, il est souvent combiné avec le comité de rémunération.

Il a pour mission de faire des recommandations à l’organe d’administration au sujet de la


nomination des administrateurs et des autres dirigeants et de planifier le renouvellement ordonné
des administrateurs.

130
Fanny Streveler MA1 DROIT

6. REPRÉSENTATION
A. Organe d’administration
Quel que soit le modèle retenu, l’organe d’administration (l’administrateur unique, chaque
administrateur si les administrateurs ont des pouvoirs concurrents ou l’organe collégial) peut
représenter la société à l'égard des tiers et en justice, soit en demandant, soit en défendant.

B. Clause de double signature


Les statuts d’une SA peuvent prévoir que la société est représentée par un ou plusieurs
administrateurs (ou, dans le système dualiste, un ou plusieurs membres du conseil de surveillance
ou du conseil de direction dans les matières relevant de leurs compétences respectives), agissant
seuls ou conjointement (il s’agira le plus fréquemment d’une clause de signature). Cette clause de
représentation est opposable aux tiers.

Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir de représentation. Ces restrictions ne
sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées. Il en va de même pour une répartition
des tâches entre les administrateurs (ou, dans le système dualiste, entre les membres du conseil de
surveillance ou entre les membres du conseil de direction) ayant le pouvoir de représentation351.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

L’assemblée générale est un organe qui se compose de tous les actionnaires. Tous les actionnaires
peuvent y assister mais les actionnaires qui détiennent des actions sans droit de vote ne peuvent
exercer le droit de vote que dans les cas prévus par le CSA.

Les obligataires et les titulaires d’autres titres peuvent assister à l’assemblée générale.

Les administrateurs doivent y assister, en particulier lorsqu’un rapport rédigé par eux est à l’ordre
du jour.

1. POUVOIRS
L’assemblée générale a uniquement les pouvoirs qui lui sont confiés par le CSA : nommer et
révoquer les administrateurs, se prononcer sur le rapport de rémunération, approuver la politique
de rémunération, approuver les comptes et décider la distribution de dividendes, modifier les
statuts, augmenter et réduire le capital, décider des fusions, scissions et autres opérations de
restructurations, décider la dissolution.

L’assemblée générale est également compétente pour habiliter l’organe d’administration à


accomplir certains actes (quasi-apports, augmentation du capital dans le cadre du capital autorisé,
acquisition ou aliénation d’actions propres).

351 CSA, art. 7:93, § 2, 7:109, § 2 et 7:110.

131
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les statuts peuvent également subordonner certains actes de l’organe d’administration à


l’autorisation préalable de l’assemblée générale mais les restrictions ainsi apportées aux pouvoirs
de l’organe d’administration sont inopposables aux tiers.

2. CONVOCATION
A. Auteur
L’organe compétent pour convoquer l’assemblée générale est l’organe d’administration (le conseil
de surveillance dans le système dualiste) et, le cas échéant, le commissaire.

L’organe d’administration ou le commissaire doit convoquer l’assemblée générale lorsque des


actionnaires qui représentent un dixième du capital le demandent, et inscrire à l’ordre du jour au
moins les points proposés par les actionnaires352.

B. Contenu
Les convocations doivent mentionner le lieu, la date ainsi que l’heure de l’assemblée générale, et
contenir l’ordre du jour ainsi que les documents exigés en vue de certaines modifications des
statuts.

C. Formalités et délais
Les formalités et les délais de convocation des actionnaires dépendent du fait que la société est
cotée ou non et des éventuelles règles statutaires plus sévères que les règles légales.

Sociétés anonymes non cotées353 :


- publication de la convocation 15 jours au moins avant l’assemblée, (1) dans le Moniteur belge ;
(2) dans un organe de presse de diffusion nationale, papier ou électronique ; (3) lorsque la
société dispose d’un site internet, sur le site internet de la société. En cas d’assemblée de
carence (c’est-à-dire si le quorum de présence n’a pas été atteint lors de la première
assemblée), pour autant que la date de la deuxième assemblée ait été indiquée dans la
première convocation, le délai pour la nouvelle convocation est porté à 10 jours au moins
avant l’assemblée ;
- dans les mêmes délais, par courrier électronique (si le destinataire a communiqué son adresse
électronique à la société) ou sinon par courrier ordinaire.

Sociétés anonymes cotées 354 :


- publication de la convocation 30 jours au moins avant l’assemblée, (1) dans le Moniteur belge ;
(2) dans un organe de presse de diffusion nationale, papier ou électronique ; (3) dans des
médias de l’Espace économique européen ; (4) sur le site internet de la société. En cas
d’assemblée de carence, pour autant que la date de la deuxième assemblée ait été indiquée
dans la première convocation, le délai pour la nouvelle convocation est porté à 17 jours au
moins avant l’assemblée ;
- dans les mêmes délais, par courrier électronique (si le destinataire lui a communiqué son
adresse électronique) ou sinon par courrier ordinaire.

352 CSA, art. 7:126.


353 CSA, art. 7:127.
354 CSA, art. 7:128 et 7:129.

132
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. ENREGISTREMENT
Le droit de participer à l’assemblée générale d’une SA cotée et d’y exercer le droit de vote est
subordonné à l’enregistrement comptable des actions au nom de l’actionnaire le quatorzième jour
qui précède l’assemblée générale, à 24 heures (ce jour et cette heure constituent la date
d’enregistrement)355.

L’enregistrement se fait par l’inscription sur le registre des actions nominatives de la société ou
l’inscription dans les comptes d’un teneur de comptes agréé ou d’un organisme de liquidation. Ce
teneur de comptes ou cet organisme de liquidation délivre une attestation à l’actionnaire.

Il n’est pas tenu compte du nombre d’actions détenues par l’actionnaire au jour de l’assemblée
générale.

4. FORMALITÉS POUR ÊTRE ADMIS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


Les statuts déterminent les formalités à accomplir pour être admis à l’assemblée générale.

Ils peuvent subordonner l’admission à l’assemblée générale au dépôt d’une attestation établie par
le teneur de comptes ou l’organisme de liquidation ou à une notification préalable par l’actionnaire,
dans le délai qu’ils fixent.

Dans les sociétés cotées, les actionnaires doivent communiquer à la société leur volonté de
participer à l'assemblée générale, au plus tard le sixième jour qui précède la date de l'assemblée,
ainsi que l’attestation établie par le teneur de comptes agréé ou par l'organisme de liquidation
certifiant le nombre d'actions dématérialisées inscrites à son nom dans ses comptes à la date
d'enregistrement, pour lequel l'actionnaire a déclaré vouloir participer à l'assemblée générale356.

5. QUESTIONS DES ACTIONNAIRES


Dès la convocation de l’assemblée générale, les actionnaires peuvent, dans les délais fixés par les
statuts, poser des questions par écrit à la société. Cela étant, les administrateurs doivent de toute
manière répondre aux questions posées par les actionnaires durant l’assemblée générale quant à
leur rapport.

355 CSA, art. 7:134, § 2.


356 CSA, art. 7:134, § 2, al. 3.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

6. SUJETS À TRAITER ET PROPOSITIONS DE DÉCISIONS PAR DES


ACTIONNAIRES
Un ou plusieurs actionnaires possédant ensemble au moins 3 % du capital d’une société anonyme
cotée peuvent, par écrit, requérir l’inscription de sujets à traiter à l’ordre du jour de toute
assemblée générale qui a été convoquée357. La société doit alors publier un ordre du jour
complété358.

7. MODALITÉS DU VOTE
Le vote peut se faire en personne.

Il peut également se faire par mandataire359. Les statuts ne peuvent pas limiter la possibilité pour
des personnes d’être désignées comme mandataires dans les sociétés cotées360.

Les statuts peuvent également autoriser tout actionnaire à voter à distance avant l’assemblée
générale, par correspondance ou sous forme électronique, au moyen d’un formulaire mis à
disposition par la société361.

8. RÉUNION
En principe, la réunion a lieu « en présentiel ». En toute hypothèse, une réunion physique doit
toujours être organisée car les membres du bureau de l'assemblée générale, les administrateurs et
le commissaire ne peuvent pas assister par voie électronique à l'assemblée générale.

Les statuts peuvent cependant prévoir la possibilité de participer à distance à l’assemblée générale
grâce à un moyen de communication électronique, à condition d’être à même de vérifier l’identité
des actionnaires et de garantir l’intégrité du vote. Les actionnaires qui participent de cette manière
à l’assemblée générale sont réputés présents pour le calcul des conditions de quorum et de
majorité362.

L’arrêté royal n°4 du 9 avril 2020 portant des dispositions diverses en matière de copropriété et de
droit des sociétés et des associations dans le cadre de la lutte contre la pandémie Covid-19 a prévu,
à titre exceptionnel et pour une durée limitée, la pssobilité d’organiser des assemblées générales
uniquement à distance.

357 A l’exception d’une assemblée générale convoquée après une assemblée de carence.
358 CSA, art. 7:130.
359 CSA, art. 7:142.
360 CSA, art. 7:143, § 1er, al. 3.
361 CSA, art. 7:146, § 1er, al. 1er.
362 CSA, art. 7:137.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

9. RÈGLES DE QUORUM ET DE MAJORITÉ


Sauf lorsque le CSA impose d’autres conditions, les résolutions sont prises à la majorité des voix.
Aucun quorum n’est requis.

10. RÉSOLUTIONS PAR ÉCRIT


Le CSA admet la possibilité de prendre par écrit, à l’unanimité, toutes les décisions qui relèvent du
pouvoir de l’assemblée générale. Il fait cependant une exception pour les décisions qui doivent être
passées par un acte authentique363.

11. CONVENTIONS DE VOTE


L’exercice du droit de vote peut faire l’objet de conventions. Ces conventions doivent être limitées
dans le temps et ne peuvent être contraires à l’intérêt social. Les conventions contraires au CSA ou
par lesquelles un actionnaire s’engage à voter conformément aux directives données par la société
ou par une filiale ou à approuver les propositions émanant des organes de la société sont nulles364.

RÉSERVES ET DIVIDENDES

1. RÉSERVES
L’assemblée peut constituer des réserves qui peuvent être disponibles (distribuables à tout
moment) ou statutairement indisponibles (auquel cas, il faut une modification des statuts pour les
distribuer).

En outre, chaque année, l’assemblée générale doit faire, « sur les bénéfices nets, un prélèvement
d'un vingtième au moins, affecté à la formation d'un fonds de réserve ; ce prélèvement cesse d'être
obligatoire lorsque le fonds de réserve atteint le dixième du capital »365. C’est la réserve légale.

2. DIVIDENDES
Pour assurer le maintien du capital, le CSA prévoit un test d’actif net.

Aucune distribution ne peut être faite lorsque l’actif net, tel qu’il résulte des comptes annuels, est,
ou deviendrait, à la suite d’une telle distribution, inférieur au montant du capital libéré ou, si ce
montant est supérieur, du capital appelé, augmenté de toutes les réserves que la loi ou les statuts
ne permettent pas de distribuer. Par actif net, il faut entendre le total de l’actif, déduction faite des
provisions, des dettes et, sauf cas exceptionnels à mentionner et à justifier dans l’annexe aux
comptes annuels, des montants non encore amortis des frais d’établissement et des frais de
recherche et de développement366.

363 CSA, art. 7:133.


364 CSA, art. 7:56.
365 CSA, art. 7:211.
366 CSA, art. 7:212.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Cette règle s’applique à toutes les distributions : dividendes, tantièmes, achat d’actions propres,
octroi d’un financement pour l’acquisition des actions par un tiers,...

En principe, c’est l’assemblée générale qui est compétente pour décider la distribution de
dividendes. Toutefois, les statuts peuvent donner à l’organe d’administration le pouvoir de
distribuer un acompte à imputer sur le dividende qui sera distribué sur les résultats de l’exercice367.

Les actionnaires et toutes autres personnes doivent restituer toute distribution irrégulière si la
société prouve que les actionnaires ou toutes autres personnes en faveur desquelles la distribution
a été décidée étaient informés de l’irrégularité ou ne pouvaient l’ignorer compte tenu des
circonstances 368.

Le CSA prévoit également des peines d’amendes et le cas échéant d’emprisonnement à charge des
administrateurs qui ont contrevenu aux règles en matière de distribution de dividendes.

MODIFICATIONS DES STATUTS


(AUTRES QUE LES OPÉRATIONS SUR LE CAPITAL)

1. COMPÉTENCE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


En principe, toute modification des statuts requiert une décision de l’assemblée générale.

Le CSA comporte plusieurs exceptions à ce principe :

A. Déplacement du siège
Les statuts doivent seulement indiquer la Région dans laquelle le siège est établi369. Ils ne doivent
plus (mais peuvent) indiquer l’adresse à laquelle le siège est établi370. L’adresse doit toutefois
figurer dans l’acte constitutif et dans l’extrait de cet acte destiné à la publication371, et doit être
indiquée à la Banque-Carrefour des Entreprises.

Sauf disposition contraire des statuts, l’organe d’administration est compétent pour déplacer le
siège de la personne morale en Belgique, sans modification des statuts, pour autant que ce
déplacement n’entraîne pas de modification du régime linguistique de la personne morale, que ce
déplacement ait lieu au sein de la même Région et que l’adresse de la personne morale ne figure
pas dans les statuts. Si ce déplacement a lieu vers une autre Région (sans que ce déplacement
entraîne une modification du régime linguistique) ou que l’adresse du siège figure dans les statuts,
l’organe d’administration est encore compétent mais il doit procéder à la modification des
statuts372.

367 CSA, art. 7 :213.


368 CSA, art. 7:214.
369 Les Régions coïncident largement avec les régions linguistiques (la Région de Bruxelles-Capitale étant une région

bilingue) mais la Communauté germanophone et la région linguistique germanophone font géographiquement partie
de la Région wallonne.
370 CSA, art. 2:4, al. 1er.
371 CSA, art. 2:8, § 2, al. 1, 2°.
372 CSA, art. 2:4, al. 2 et 3.

136
Fanny Streveler MA1 DROIT

Un déplacement du siège vers une autre région linguistique entraîne l’obligation de rédiger les
statuts dans une autre langue et implique toujours une modification des statuts à décider par
l’assemblée générale aux conditions de majorité et dans les formes requises par la loi373, donc par
acte authentique s’il s’agit d’une SA.

Le transfert transfrontalier du siège sera examiné dans le chapitre relatif aux opérations
transfrontalières.

B. Site internet
L’organe d’administration peut modifier l’adresse du site internet et l’adresse électronique de la
société même si elles figurent dans les statuts, ou adopter et publier un site internet ou une
adresse électronique si cela n’a pas été fait dans l’acte constitutif 374.

C. Capital autorisé
Les statuts peuvent attribuer à l’organe d’administration la compétence d’augmenter le capital
dans le cadre du capital autorisé375.

On examinera dans les lignes qui suivent les modifications de statuts les plus fréquentes.

2. DISPOSITIONS DES STATUTS POUVANT ÊTRE MODIFIÉES


En principe, toutes les dispositions des statuts peuvent être modifiées. Toutefois :
- une société en liquidation ne peut jamais modifier sa dénomination376 ;
- une société en liquidation peut transférer son siège, par exemple pour le déplacer au cabinet de
son liquidateur, mais le transfert ne devient effectif qu’après son homologation par le
tribunal377.

Ces mesures sont destinées à prévenir les manœuvres des sociétés qui tentent d’échapper aux
enquêtes des chambres d’enquête commerciale.

3. CONDITIONS DE QUORUM ET DE MAJORITÉ


Le CSA exige pour les modifications des statuts des SA un quorum de présence de la moitié au
moins du capital (à défaut, une nouvelle convocation sera nécessaire et la deuxième assemblée
délibérera et statuera valablement, quelle que soit la portion du capital représentée ou le nombre
d’actionnaires représentés) et majorité des trois quarts des voix exprimées, sans qu’il soit tenu
compte des abstentions dans le numérateur ou dans le dénominateur378.

La neutralisation des abstentions se justifie par le souci de tenir compte de la volonté réelle des
actionnaires : « actuellement, pour des décisions relatives à la modification des statuts, une
abstention a valeur de vote négatif, alors que souvent les intéressés ne le ressentent pas et ne l’ont

373 CSA, art. 2:4, al. 5.


374 CSA, art. 2:31, al. 5 et 6.
375 CSA, art. 7:198.
376 CSA, art. 2:76.
377 CSA, art. 2:77.
378 CSA, art. 7:153.

137
Fanny Streveler MA1 DROIT

pas voulu ainsi : en s’abstenant, ils entendent ne pas peser sur le résultat du vote. La modification
rencontre cette préoccupation ».

Pour la détermination des conditions de quorum et de majorité, il n’est tenu compte ni des actions
ou parts bénéficiaires sans droit de vote (sauf si un droit de vote leur est reconnu) ni des actions
dont le droit de vote est suspendu379.

4. ACTE AUTHENTIQUE
Les statuts ne peuvent être modifiés que par acte authentique.

Il n’est pas possible de modifier les statuts par résolution circulaire : le CSA admet la possibilité de
prendre par écrit toutes les décisions qui relèvent du pouvoir de l’assemblée générale mais fait une
exception pour celles qui doivent être passées par un acte authentique 380, ce qui aboutit à exclure
les modifications des statuts.

5. COORDINATION DES STATUTS


Pour toutes les sociétés dotées de la personnalité morale, le texte coordonné des statuts doit être
déposé dans les 30 jours à compter de l’acte de modification des statuts381.

Le texte de la première version des statuts issu de l’acte constitutif et celui de la version
coordonnée des statuts après chaque modification sont conservés dans un système de base de
données électronique consultable publiquement, qui fait partie du dossier de la personne morale et
qui est géré, pour les statuts et leurs mises à jour qui découlent d’actes notariés reçus en Belgique,
par la Fédération Royale du Notariat belge et pour les autres par une instance à désigner par le
Roi382.

6. RÈGLES SPÉCIFIQUES EN CAS DE MODIFICATION DE L’OBJET


L’organe d’administration doit établir un rapport spécial justifiant la modification proposée.

Ce rapport doit être annoncé dans les convocations à l’assemblée générale et mis à la disposition
des actionnaires.

Ce rapport est prescrit à peine de nullité de l’assemblée générale.

L’assemblée générale ne peut valablement délibérer et statuer sur la modification à l’objet que si
ceux qui assistent à la réunion représentent la moitié au moins du capital (ainsi que, s’il en existe, la
moitié du nombre total des parts bénéficiaires). Si cette condition n’est pas remplie, une nouvelle
convocation sera nécessaire. Pour que la deuxième assemblée délibère valablement, il suffit qu’une
portion quelconque du capital y soit représentée.

379 CSA, art. 7:140.


380 CSA, art. 7:133.
381 CSA, art. 2:8, § 1er, al. 1, 4°.
382 CSA, art. 2:7, § 2.

138
Fanny Streveler MA1 DROIT

Une modification n’est admise que si elle réunit les quatre cinquièmes au moins des voix. Les
abstentions sont neutralisées.

Nonobstant toute disposition contraire des statuts, les parts bénéficiaires donnent droit à une voix
par titre. Elles ne peuvent se voir attribuer dans l’ensemble un nombre de voix supérieur à la moitié
de celui attribué à l’ensemble des actions, ni être comptées dans le vote pour un nombre de voix
supérieur aux deux tiers du nombre des voix émises par les actions. Si les votes soumis à la
limitation sont émis en sens différents, la réduction s’opérera proportionnellement ; il n’est pas
tenu compte des fractions de voix383.

7. RÈGLES SPÉCIFIQUES EN CAS DE MODIFICATION DES DROITS RESPECTIFS


ATTACHÉS AUX DIFFÉRENTES CLASSES DE TITRES
Les SA peuvent, d’une part, émettre différentes catégories de titres (actions, parts bénéficiaires,...)
et, d’autre part, au sein de titres de la même catégorie, différentes classes de titres conférant des
droits distincts (actions avec droit de vote, actions sans droit de vote,...).

La notion de classe d’actions se définit par rapport aux droits spécifiques attachés à une action ou
à une série d’actions par rapport à d’autres actions émises par la même société384.

En revanche, il n’y a pas de droits spécifiques attachés à une classe d’actions si tous les actionnaires
peuvent bénéficier de certains droits s’ils remplissent les conditions prévues par les statuts.

Exemples de classes différentes d’actions :


- Des actions (ou des parts bénéficiaires) avec droit de vote différent et des actions sans droit de vote.
- Des actions conférant un droit privilégié au dividende ou au solde de liquidation.
- Des actions conférant le droit de présenter des candidats administrateurs à l’assemblée générale.

Contre-exemples :
- Des actions ayant été émises à des prix d’émission différents mais conférant des droits identiques.
- Des actions conférant un droit de vote double « de loyauté » (sociétés cotées ou non cotées).
- Des actions conférant d’autres droits particuliers (droit de vote multiple ou droit privilégié au dividende,
par exemple) susceptibles de bénéficier à l’ensemble des actions en fonction de critères objectifs, comme
l’écoulement du temps.
- Des actions conférant à un actionnaire les droits spécifiques accordés par les statuts à cet actionnaire,
comme un droit de présentation de candidats administrateurs (la modification de ces droits requiert le
consentement de l’actionnaire en bénéficiant).
- Des actions nominatives et dématérialisées.

L’assemblée générale des actionnaires peut, nonobstant toute disposition statutaire contraire,
émettre de nouvelles classes d’actions ou de parts bénéficiaires, supprimer une ou plusieurs
classes, unifier les droits attachés à une classe d’actions et ceux attachés à une autre classe et
modifier, directement ou indirectement, les « droits respectifs attachés à une classe de titres »385.

383 CSA, art. 7:154.


384 CSA, art. 7:60.
385 CSA, art. 7:155, al. 1er.

139
Fanny Streveler MA1 DROIT

Il y a modification directe des droits respectifs lorsque la décision modifie formellement les droits
attachés à une classe d’actions.

Exemples :
- Suppression d’une classe d’actions (exemple : suppression des actions conférant un dividende privilégié).
- Modification des droits attachés à une classe (exemple : réduction ou augmentation du dividende
privilégié).
- Fusion de classes, ce qui est une manière de modifier les droits d’au moins une classe (exemple :
suppression des actions conférant un dividende privilégié).

Il y a modification indirecte des droits respectifs lorsque la décision ne modifie pas formellement les
droits attachés à une classe d’actions mais affecte économiquement ces droits, par exemple, en cas
d’émission de nouvelles actions qui ne s’effectue pas proportionnellement au nombre d’actions ou de parts
bénéficiaires émises dans chaque classe.

A. Procédure
- Phase d’information
o L’organe d’administration doit justifier, dans un rapport spécial, «les modifications
proposées et leurs conséquences sur les droits des classes existantes ».
o « Si des données financières et comptables sous-tendent également le rapport de
l’organe d’administration, le commissaire ou, lorsqu’il n’y a pas de commissaire, un
réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe
d’administration évalue si ces données financières et comptables figurant dans le rapport
de l’organe d’administration sont fidèles et suffisantes dans tous leurs aspects
significatifs pour éclairer l’assemblée générale appelée à voter sur cette proposition ».
o Le ou les rapports sont annoncés dans l’ordre du jour et mis à la disposition des titulaires
d’actions (et d’éventuels autres titres). Ils sont déposés dans le dossier de la société et
publiés.
o En l’absence de ces rapports, la décision de l’assemblée générale est nulle.
- Règles spéciales de modification des statuts
o La décision de modifier les statuts relève de l’assemblée générale.
o La décision « doit être prise dans chaque catégorie [lire « classe »] dans le respect des
conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts » (vote par
classe).
o Nonobstant toute disposition statutaire contraire, « les parts bénéficiaires donneront
droit à une voix par titre » ; il n’y pas de limite au nombre de voix que les titulaires de
parts bénéficiaires peuvent exercer386.

386 CSA, art. 7:155.

140
Fanny Streveler MA1 DROIT

OPÉRATIONS SUR LE CAPITAL

1. AUGMENTATION DU CAPITAL
Comme les SA doivent mentionner le montant du capital dans leurs statuts 387, toute augmentation
de capital requiert une modification des statuts388.

A. Organe compétent
L’assemblée générale est en principe compétente pour augmenter le capital (SA) mais ce pouvoir
peut également être conféré à l’organe d’administration grâce à l’insertion dans les statuts d’une
clause de capital autorisé389.

La clause de capital autorisé est celle par laquelle les statuts autorisent l’organe d'administration
(dans le système dual, il s’agit du conseil de surveillance) à augmenter en une ou plusieurs fois le
capital souscrit à concurrence d’un montant déterminé qui, pour les sociétés cotées, ne peut être
supérieur au montant du capital. Cette autorisation n’est valable que pour cinq ans à dater de la
publication de l'acte constitutif ou de la modification des statuts. Toutefois, elle peut être
renouvelée une ou plusieurs fois pour une durée n'excédant pas cinq ans par l'assemblée générale
délibérant aux conditions requises pour la modification des statuts390.

Les fondateurs ou l’organe d'administration qui proposent à l’assemblée générale l’insertion, le


renouvellement ou la modification d’une clause de capital autorisé doivent indiquer dans un
rapport spécial les circonstances spécifiques dans lesquelles le capital autorisé pourra être utilisé et
les objectifs poursuivis. Ce rapport est prescrit à peine de nullité de la décision de l’assemblée
générale391. Il doit être annoncé dans l’ordre du jour joint à la convocation des actionnaires
nominatifs et mis à la disposition des actionnaires.

Le capital autorisé ne peut jamais être utilisé pour certaines augmentations de capital :
- « les augmentations de capital à réaliser principalement par des apports en nature réservées
exclusivement à un actionnaire de la société détenant des titres de cette société auxquels sont
attachés plus de 10 % des droits de vote » ;
- « l’émission de droits de souscription réservée à titre principal à une ou plusieurs personnes
déterminées autres que des membres du personnel » ;
- « l’émission d’actions à droit de vote multiple ou de titres donnant droit à l’émission de ou à la
conversion en actions à droit de vote multiple » ;
- « l’émission d’une nouvelle classe de titres »392.

387 CSA, art. 2:8, § 2, al. 2, 5° et 7:14, renvoyant aux mentions que doit comporter l’extrait de l’acte constitutif.
388 CSA, art. 7:177.
389 CSA, art. 7:198.
390 CSA, art. 7:199, al. 1er.
391 CSA, art. 7:199, al. 2 et 3.
392 CSA, art. 7:201.

141
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le capital autorisé ne peut être utilisé pour les augmentations de capital suivantes que si les statuts
le prévoient expressément :
« 1° les augmentations de capital à l’occasion desquelles le droit de préférence des actionnaires est
limité ou supprimé ;
2° les augmentations de capital ou les émissions d’obligations convertibles ou de droits de
souscription à l’occasion desquelles le droit de préférence des actionnaires est limité ou supprimé
en faveur d’une ou plusieurs personnes déterminées, autres que les membres du personnel ; dans
ce cas, les administrateurs qui représentent en fait le bénéficiaire de l’exclusion du droit de
préférence ou une personne liée au bénéficiaire ne peuvent participer au vote ;
3° les augmentations de capital effectuées par incorporation de réserves »393.

Pour le surplus, les règles applicables sont les mêmes que l’augmentation de capital soit décidée
par l’assemblée générale ou l’organe d'administration.

B. Modes
L’augmentation du capital d’une SA peut se faire au moyen d’apports :
- en numéraire, auquel cas un compte spécial indisponible doit être ouvert au nom de la société,
mutatis mutandis conformément aux règles lors de la constitution de la société ;
- ou en nature, auquel cas les règles applicables lors de la constitution de la société s’appliquent
mutatis mutandis avec les mêmes exceptions en ce qui concerne le rapport du réviseur et le
droit pour des associés détenant au moins 5 % du capital d’exiger l’intervention d’un
réviseur394.

L’augmentation de capital d’une SA peut également se faire par incorporation des réserves.

C. Augmentation de capital en un seul ou plusieurs actes


L’augmentation de capital peut se faire en un seul acte notarié (l’assemblée générale ou l’organe
d’administration prend la décision d’augmenter le capital et en même temps constate
l’augmentation du capital) ou en plusieurs actes, généralement deux, qui doivent tous être reçus
par le notaire (premier acte : décision de l’assemblée générale ou de l’organe d’administration ;
deuxième acte : constatation de l’augmentation de capital, à la requête de l’organe
d’administration ou d’un ou plusieurs administrateurs ou mandataires spécialement délégués à cet
effet)395.

Pour que l’augmentation de capital puisse se réaliser en un seul acte, il faut soit que les apporteurs
soient présents ou représentés à l’assemblée générale et que toutes les formalités aient été
accomplies au préalable (dépôt sur un compte spécial, rapports de l’organe d'administration et du
commissaire,...), soit que l’augmentation de capital se réalise par incorporation des réserves.

Lorsque l’augmentation de capital se réalise en deux actes, l’assemblée générale ou l’organe


d'administration prend sa décision sous condition suspensive de souscription. L’assemblée générale
ou l’organe d'administration doit prévoir le sort de l’augmentation de capital qui ne serait souscrite
que partiellement : l’augmentation de capital se réalise-t-elle à concurrence du montant souscrit ou
ne se réalise-t-elle pas ? Si l’augmentation de capital annoncée n’est pas entièrement souscrite, le

393 CSA, art. 7:202.


394 CSA, art. 7:197.
395 CSA, art. 7:186.

142
Fanny Streveler MA1 DROIT

capital n’est augmenté à concurrence des souscriptions recueillies que si les conditions de
l’émission ont expressément prévu cette possibilité396.

D. Interdiction de la souscription par la société elle-même ou ses filiales


Tout comme une société ne peut souscrire ses propres actions lors de sa constitution, elle ne peut
souscrire les actions qu’elle émet ultérieurement397.

E. Prix d’émission
Justification du prix d’émission :
En cas d’augmentation de capital par apports (par opposition aux augmentations de capital par
incorporation de réserves), l’organe d’administration doit rédiger un rapport sur l’opération, qui
justifie spécialement le prix d’émission et décrit les conséquences de l’opération sur les droits
patrimoniaux et les droits sociaux des actionnaires.

Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe doit rédiger un rapport


dans lequel il évalue si les données financières et comptables contenues dans le rapport de l’organe
d’administration sont fidèles et suffisantes pour éclairer l’assemblée générale appelée à voter sur
cette proposition398.

Ces rapports doivent être déposés et publiés. Ils sont annoncés dans l’ordre du jour. Les
actionnaires peuvent en obtenir une copie.

En l’absence de ces rapports, la décision de l’assemblée générale est nulle.

Toutefois, sauf si les actions sont émises à titre de rémunération d’un apport en nature,
l’assemblée générale, à laquelle l’ensemble des actionnaires sont présents ou représentés, peut
renoncer par une décision unanime à ces rapports399.

Emission avec prime :


Les primes d’émission correspondent aux apports par les actionnaires qui ne contribuent pas au
capital et qui sont effectués en contrepartie, soit de titres représentatifs du capital (auquel cas le
montant souscrit qui ne contribue pas au capital contribue aux primes d’émission), soit des titres
non représentatifs du capital (comme les parts bénéficiaires).

La technique des primes d’émission peut être utilisée lors de la constitution de la société, mais elle
est plus fréquente à l’occasion des augmentations de capital.

Le CSA ne réglemente pas les primes d’émission. Il se borne à prévoir que le montant des primes
d’émission doit être intégralement libéré dès la souscription400.

396 CSA, art. 7:181.


397 CSA, art. 7:182, § 1er.
398 CSA, art. 7:179, § 1er.
399 CSA, art. 7:179, § 3.
400 CSA, art. 7:184.

143
Fanny Streveler MA1 DROIT

F. Emission d’obligations convertibles ou de droits de souscription


L’émission d’obligations convertibles ou de droits de souscription peut aboutir, à terme, à une
augmentation de capital.

C’est la raison pour laquelle c’est l’organe compétent pour augmenter le capital ou émettre de
nouvelles actions (c’est-à-dire l’assemblée générale ou l’organe d'administration dans le cadre
d’une délégation) qui peut prendre cette décision.

L’organe d’administration doit rédiger un rapport spécial dans lequel il justifie l’opération et le prix
d’émission et décrit les conséquences de l’opération sur les droits des actionnaires401.

Ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour. Les actionnaires peuvent en obtenir une copie.
L’absence de rapport entraîne la nullité de la décision de l’assemblée générale.

G. Droit de préférence
En cas d’augmentation de capital par apports en numéraire, les actions doivent être offertes par
préférence aux actionnaires proportionnellement à la partie du capital que représentent leurs
actions402. Les statuts ne peuvent ni limiter ni supprimer le droit de préférence403.

Le droit de préférence ne s’applique qu’en cas d’augmentation de capital par apport en numéraire
(et donc pas en cas d’augmentation de capital par apport en nature, ce qui s’explique par le fait
qu’en principe, seul l’apporteur est susceptible d’apporter le bien en question).

Les actionnaires peuvent bien sûr renoncer à leur droit de préférence. Il n’y a pas suppression ou
limitation du droit de préférence lorsque chaque actionnaire renonce à son droit de préférence lors
de la décision de l’assemblée générale d’augmenter le capital. La renonciation au droit de
préférence de chaque actionnaire est actée dans l’acte authentique relatif à la décision
d’augmentation du capital404.

Exercice :
Le droit de préférence peut être exercé pendant un délai qui ne peut être inférieur à 15 jours à
dater de l’ouverture de la souscription405.

L’ouverture de la souscription ainsi que son délai d’exercice doivent être annoncés par un avis
publié huit jours au moins avant cette ouverture, aux Annexes du Moniteur belge406, ainsi que dans
un organe de presse de diffusion nationale, papier et électronique et sur le site internet de la
société407. Si toutes les actions de la société sont nominatives, la société peut se limiter à
communiquer cet avis aux actionnaires408.

401 CSA, art. 7:180.


402 CSA, art. 7:188.
403 CSA, art. 7:190.
404 CSA, art. 7:192, al. 2.
405 CSA, art. 7:188.
406 L’article 7:189 du CSA vise les Annexes du Moniteur belge mais cette publication se fait traditionnellement au

Moniteur.
407 La communication de cet avis aux actionnaires et la publication de cet avis ne constituent pas, par elles- mêmes, un

appel public à l’épargne.


408 CSA, art. 2:32.

144
Fanny Streveler MA1 DROIT

Limitation ou suppression du droit de préférence :


Les statuts ne peuvent pas limiter ou supprimer le droit de préférence.

Toutefois, l’assemblée générale peut, dans l’intérêt social, aux conditions de quorum et de majorité
prévues pour la modification des statuts, limiter ou supprimer le droit de préférence. Cette
proposition doit être spécialement annoncée dans la convocation409.

L’organe d’administration doit justifier sa proposition dans un rapport détaillé, portant notamment
sur le prix d’émission et sur les conséquences de l’opération sur les droits des actionnaires.

Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe


d'administration doit établir un rapport par lequel il déclare que les informations financières et
comptables contenues dans le rapport de l’organe d'administration sont fidèles et suffisantes pour
éclairer l’assemblée appelée à voter sur cette proposition.

Ces rapports doivent être déposés au greffe du tribunal de l’entreprise. Ils doivent être annoncés
dans l’ordre du jour et les actionnaires peuvent en obtenir une copie. L’absence de ces rapports
entraîne la nullité de la décision de l’assemblée générale.

La décision de l’assemblée générale de limiter ou de supprimer le droit de préférence fait l’objet


d’un dépôt au greffe du tribunal de l’entreprise et d’une publication 410.

Des règles supplémentaires s’appliquent quand le droit de préférence est limité ou supprimé en
faveur d’une ou plusieurs personnes déterminées qui ne sont pas membres du personnel 411.

Si un actionnaire bénéficiaire de la limitation ou de la suppression du droit de préférence détient


des titres de la société auxquels sont attachés plus de 10 % des droits de vote, il ne peut pas
participer au vote lors de l’assemblée générale qui se prononce sur l’opération412. Cette disposition
est remarquable car le législateur règle ainsi un conflit d’intérêts entre les actionnaires et la société.

H. Responsabilité des administrateurs


Les administrateurs sont tenus solidairement « envers les intéressés » :
- « de toute la partie (de l'augmentation du capital) qui ne serait pas valablement souscrite (...) ;
ils en sont de plein droit réputés souscripteurs »413 ;
- de la libération des actions souscrites par les tiers ou dont ils sont réputés souscripteurs414 ;
- de la libération des actions ou des parts souscrites en violation du CSA par la société elle-
même, une filiale ou une personne agissant pour leur compte 415 ;

409 CSA, art. 7:191.


410 CSA, art. 7:191.
411 CSA, art. 7:193, § 1er.
412 CSA, art. 7:193, § 1er, al. 5.
413 CSA, art. 7:205, 1°.
414 CSA, art. 7:205, 2°.
415 CSA, art. 7:205, 3°.

145
Fanny Streveler MA1 DROIT

- de la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe, soit de l’absence ou de la
fausseté des mentions prescrites par le CSA dans l’acte, soit de la surévaluation manifeste des
apports en nature416.

En outre, le CSA prévoit des peines d’amendes et le cas échéant d’emprisonnement à charge des
administrateurs pour diverses infractions en matière d’augmentations de capital et notamment s’ils
n’établissent pas les rapports exigés en cas d’apport en nature417.

2. RÉDUCTION DU CAPITAL
Le capital peut être réduit :
- par remboursement aux actionnaires ou dispense de libération de leur apport ;
- par absorption des pertes ;
- en constituant une réserve pour couvrir une perte prévisible.

Les convocations à l’assemblée générale doivent indiquer la manière dont la réduction proposée
sera opérée ainsi que le but de cette réduction418.

A. Réduction par remboursement ou dispense


La société doit traiter de la même manière les actionnaires qui se trouvent dans la même
situation419.

Si la réduction du capital s’opère par un remboursement aux actionnaires ou par dispense totale ou
partielle du versement du solde des apports, les créanciers peuvent demander une sûreté dans les
deux mois de la publication aux Annexes du Moniteur belge de la décision de réduction du capital.
La société peut écarter cette demande en payant la créance à sa valeur, après déduction de
l’escompte.

A défaut d’accord ou si le créancier n’est pas payé, la contestation est soumise par la partie la plus
diligente au président du tribunal de l’entreprise dans le ressort duquel la société a son siège. La
procédure s’introduit et s’instruit et la décision s’exécute en référé. Le président détermine la
sûreté à fournir ou décide que la société ne doit pas en fournir. La société ne peut effectuer aucun
remboursement à ses actionnaires aussi longtemps que les créanciers qui ont fait valoir leurs droits
dans le délai de deux mois n’ont pas obtenu satisfaction à moins qu’une décision judiciaire
exécutoire n’ait rejeté leurs prétentions à obtenir une garantie420.

416 CSA, art. 7:206.


417 CSA, art. 7:232.
418 CSA, art. 7:208.
419 CSA, art. 7:208.
420 CSA, art. 7:209.

146
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Réduction en vue d’apurer une perte subie ou en vue de constituer une réserve pour couvrir une
perte prévisible
Dans ces hypothèses, le capital peut être réduit en dessous du minimum légal mais cette réduction
ne sort ses effets qu’à partir du moment où intervient une augmentation portant le montant du
capital à un niveau au moins égal au minimum légal421. C’est ce qu’on appelle le « coup
d’accordéon ». Le capital peut même être réduit à zéro : dans cette hypothèse, toutes les parts ou
actions sont annulées et de nouvelles actions sont émises dans le cadre de l’augmentation de
capital.

La réserve constituée pour couvrir une perte prévisible ne peut excéder 10 % du capital souscrit
après réduction. Cette réserve ne peut, sauf en cas de réduction ultérieure du capital, être
distribuée aux actionnaires ; elle ne peut être utilisée que pour compenser des pertes subies ou
augmenter le capital par incorporation de réserves422.

ASSISTANCE FINANCIÈRE
Pendant longtemps, le législateur a interdit aux sociétés dotées d’un capital d’avancer des fonds, accorder
des prêts ou donner des sûretés en vue de l’acquisition de leurs actions par des tiers car ces opérations
aboutissent à rendre le capital fictif. Ces opérations pouvant cependant être utiles, il a fini par les autoriser
mais à certaines conditions.

1. CONDITIONS
Les SA ne peuvent avancer des fonds, accorder des prêts ou donner des sûretés en vue de
l’acquisition de leurs actions par des tiers qu’à certaines conditions :
- les opérations ont lieu sous la responsabilité de l’organe d’administration ;
- l’organe d’administration doit rédiger un rapport indiquant les motifs de l’opération, l’intérêt
qu’elle présente pour la société, les conditions auxquelles elle s’effectue, les risques qu’elle
comporte pour la liquidité et la solvabilité de la société ainsi que le prix auquel le tiers est
censé acquérir les actions ; ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour et une copie doit
être communiquée aux actionnaires qui le demandent ; en l’absence d’un tel rapport, la
décision de l’assemblée générale est nulle ;
- l’opération est soumise à une décision préalable de l’assemblée générale aux conditions de
quorum et de majorité requises pour la modification des statuts ;
- les sommes affectées à l’avance ou au prêt ou la contrevaleur de la sûreté doivent être
susceptibles d’être distribuées et la société doit inscrire au passif une réserve indisponible d’un
montant correspondant à l’aide financière totale ;
- lorsque le tiers bénéficiant de l’assistance financière acquiert des actions aliénées par la société
ou souscrit des actions dans le cadre d’une augmentation de capital, cette acquisition ou
souscription doit être effectuée à un juste prix423.

A l’exception de la condition relative au caractère distribuable des sommes affectées et à la


constitution d’une réserve indisponible, ces conditions ne s’appliquent pas aux avances, prêts et

421 CSA, art. 7:210, al. 3.


422 CSA, art. 7:210, al. 2.
423 CSA, art. 7:227, § 1er.

147
Fanny Streveler MA1 DROIT

sûretés consentis à des membres du personnel de la société ou d’une société liée ou à des sociétés
liées détenues par les membres du personnel424.

Le CSA prévoit indirectement des sanctions pénales via les dispositions qui répriment la violation
des dispositions en matière de distribution425.

ACQUISITION D’ACTIONS PROPRES

La souscription par une société de ses propres titres est strictement interdite (supra) mais
l’acquisition par une société de ses propres titres d’une autre manière (achat,...) est moins
critiquable car ces titres ont une valeur.

Il n’empêche que l’acquisition de titres propres pourrait aboutir à priver les créanciers de tout
recours (exemple d’une SA qui achète toutes ses actions, rendant son capital fictif et s’autocontrôlant).

Le législateur réglemente cette opération.

1. OBJECTIFS
L’acquisition par une société de ses propres titres peut avoir des objectifs divers :
- soutenir le cours ;
- remplir certaines obligations de la société (dans le cadre de plans de stock-options par exemple) ;
- se protéger contre une offre inamicale ;
- distribuer des actions.

Selon l’objectif poursuivi, la société peut acquérir ses titres pour les aliéner ultérieurement, ou les
acquérir et les annuler immédiatement, dans le cadre ou non d’une réduction de capital.

2. CONDITIONS
L’article 7:215 du CSA subordonne l’acquisition par une société anonyme de ses propres actions,
parts bénéficiaires et certificats426 aux conditions suivantes.

1° En principe, l’acquisition est soumise à une décision préalable de l’assemblée générale aux
conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts.
L’assemblée générale ou les statuts doivent fixer notamment le nombre maximum d'actions à
acquérir, la durée pour laquelle l'autorisation est accordée (qui ne peut excéder cinq ans) ainsi que
les contre-valeurs minimales et maximales. Il s’agit d’une autorisation : c’est l’organe
d'administration qui décide les acquisitions au cas par cas. L’autorisation de l’assemblée générale
peut être inscrite dans les statuts ou non. L’intervention du notaire n’est donc pas obligatoire.

424 CSA, art. 7:227, § 2.


425 CSA, art. 7:232, 2°.
426 On visera ci-après uniquement les actions car cette opération porte essentiellement sur les actions mais ce régime

s’applique à tous ces titres.

148
Fanny Streveler MA1 DROIT

Toutefois,
- une décision de l’assemblée générale n’est pas requise lorsque la société acquiert ses propres
actions pour les distribuer au personnel427 (mais la société doit les transférer au personnel dans
les 12 mois) ;
- les statuts peuvent prévoir que la décision de l'assemblée générale n'est pas requise lorsque
l'acquisition est nécessaire pour éviter à la société un dommage grave et imminent ; cette
faculté n'est valable que pour une période de trois ans à dater de la publication de l'acte
constitutif ou de la modification des statuts mais peut être prorogée (conditions de quorum et
de majorité prévues pour la modification des statuts).
2° Les sommes affectées à cette acquisition doivent être susceptibles d’être distribuées.
3° L’opération ne peut porter que sur des actions entièrement libérées.
4° L’offre d’acquisition doit être faite aux mêmes conditions428 à tous les actionnaires, sauf pour les
acquisitions décidées à l’unanimité et, concernant les sociétés cotées à condition qu’elles
garantissent l’égalité de traitement des actionnaires moyennant l’équivalent du prix offert (ce qui
vise les acquisitions en bourse) ; dans ce dernier cas, la société ne doit pas lancer d’offre publique
d'acquisition.

Toute société cotée qui envisage d’acheter ses propres titres doit en informer au préalable la FSMA
et prévenir la FSMA de la mise en œuvre de l’opération429.

Ces conditions ne s’appliquent pas dans les hypothèses suivantes :


- acquisition d’actions en vue de leur destruction immédiate, en exécution d'une décision de
l'assemblée générale pour réduire le capital ;
- acquisition d’actions à la suite d'une transmission de patrimoine à titre universel ;
- acquisition d’actions dans le cadre d’une vente publique pour recouvrer une créance de la
société sur le détenteur de ces titres430.

3. RÉGIME DE LA DÉTENTION
Les actions acquises peuvent être annulées ou détenues en portefeuille.

Aussi longtemps que les actions sont comptabilisées à l'actif du bilan, une réserve indisponible doit
être constituée, dont le montant est égal à la valeur à laquelle les actions acquises sont portées à
l'inventaire431.

Les droits de vote afférents à ces actions sont suspendus432.

Le CSA frappe de caducité le droit aux dividendes433. Cela signifie qu’il ne faut pas prendre en
compte les actions acquises pour calculer le dividende. La société ne peut donc pas s’octroyer le
dividende, ou en suspendre le paiement jusqu’à la vente des titres concernés.

427 Défini de manière large par l’article 1:27.


428 Ce qui s’apprécie par le critère du prix : voir, pour les sociétés cotées, art. 8:5 de l’AR 29 avril 2019.
429 CSA, art. 7:215, § 2.
430 CSA, art. 7:216.
431 CSA, art. 7:217, § 2.
432 CSA, art. 7:217, § 1er, al. 2.
433 CSA, art. 7:217, § 2.

149
Fanny Streveler MA1 DROIT

4. RÉGIME DE L’ALIÉNATION
Une SA ne peut aliéner les actions acquises que dans les cas suivants :
1° à la suite d’une offre de vente adressée à tous les actionnaires aux mêmes conditions ;
2° sur le marché où ses actions sont cotées ;
3° aux fins d’éviter un dommage grave et imminent, en vertu d’une autorisation statutaire ;
4° à une ou plusieurs personnes déterminées autres que le personnel en vertu d’une autorisation
statutaire ; dans ce cas, les administrateurs qui représentent en fait cette personne ou les
personnes qui lui sont liées ne peuvent participer au vote ;
5° au personnel dans les 12 mois de l’acquisition ;
6° l’aliénation porte sur des actions acquises à la suite d’une transmission du patrimoine à titre
universel ou dans le cadre d’une vente publique pour recouvrer une créance de la société sur le
détenteur de ces titres, lorsque la société est dans l’impossibilité de constituer une réserve
indisponible ; dans ce cas, ces actions doivent être aliénées dans un délai de 12 mois434.

5. REPORTING ET PUBLICITÉ
La SA doit rendre compte des acquisitions et aliénations dans son rapport de gestion435.

En outre, les sociétés cotées doivent rendre publiques les opérations d’achat au plus tard à la fin de
la septième journée boursière436.

6. ACQUISITION, DÉTENTION ET ALIÉNATION PAR UNE FILIALE DIRECTE


Les mêmes règles s’appliquent pour l’essentiel en cas d’acquisition, détention et aliénation par une
filiale directe. En particulier, c’est la société-mère qui doit constituer la réserve indisponible.
Toutefois, la filiale qui détient des actions de sa société-mère a droit aux dividendes attachés à ces
actions.

7. SANCTIONS
Les actions acquises en violation de ces dispositions ou non aliénées dans les délais prescrits sont
nulles, ce qui entraîne la suppression de la réserve indisponible (ou si elle n’a pas été constituée, la
diminution des autres réserves ou du capital)437.

Les administrateurs peuvent également engager leur responsabilité civile.

En outre, le CSA prévoit indirectement des sanctions pénales via les dispositions qui répriment la
violation des dispositions en matière de distribution438.

434 CSA, art. 7:218.


435 CSA, art. 7:220.
436 art. 8:4 de l’arrêté royal du 29 avril 2019.
437 CSA, art. 7:219.
438 CSA, art. 7:232, 2°.

150
Fanny Streveler MA1 DROIT

8. PRISE EN GAGE
La prise en gage par une société anonyme de ses propres actions (soit par elle-même, soit par une
filiale directe, soit par une personne agissant en son nom propre mais pour compte de la société ou
cette filiale directe) est assimilée à une acquisition pour l’application des articles 7:215, § 1er
(conditions pour l’acquisition d’actions propres), 7:216, 2° (exception relative à la transmission de
patrimoine à titre universel) et 7:220 (reporting).

Cette assimilation est écartée pour les opérations courantes conclues aux conditions et sous les
garanties normalement exigées, pour des opérations de la même espèce, des établissements de
crédit.

Nonobstant toute disposition contraire, la société ne peut pas exercer le droit de vote attaché aux
titres qui lui ont été remis en gage439.

SONNETTE D’ALARME

1. RÉDUCTION GRAVE DE L’ACTIF NET


Si, par suite de pertes, l’actif net est réduit à un montant inférieur à la moitié du capital, l’organe
d’administration doit, sauf dispositions plus rigoureuses dans les statuts, convoquer l’assemblée
générale à une réunion à tenir dans un délai n’excédant pas deux mois à dater du moment où la
perte a été constatée ou aurait dû l’être en vertu des obligations légales ou statutaires, en vue de
délibérer, le cas échéant, dans les formes prescrites pour la modification des statuts, sur la
dissolution éventuelle de la société et éventuellement d’autres mesures annoncées dans l’ordre du
jour afin d’assurer la continuité de la société.

A moins qu’il ne propose la dissolution, l’organe d’administration doit justifier les mesures qu’il
compte adopter en vue de redresser la situation financière de la société dans un rapport spécial
tenu à la disposition des actionnaires au siège de la société quinze jours avant l’assemblée
générale. Ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour et les actionnaires peuvent en obtenir
une copie. Il est prescrit à peine de nullité de la décision de l’assemblée générale440.

Les mêmes règles doivent être observées si, par suite de pertes, l’actif net est réduit à un montant
inférieur au quart du capital mais, en ce cas, la dissolution aura lieu si elle est approuvée par le
quart des voix émises à l’assemblée441.

Lorsque l’assemblée générale n’a pas été convoquée conformément à ces règles, le dommage subi
par les tiers est, sauf preuve contraire, présumé résulter de cette absence de convocation.

439 CSA, art. 7:226.


440 CSA, art. 7:228.
441 CSA, art. 7:228, al. 4.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. MISE EN PÉRIL DE LA CONTINUITÉ DE L’ENTREPRISE


Lorsque des faits graves et concordants sont susceptibles de compromettre la continuité de
l’entreprise, l’organe d’administration est tenu de délibérer sur les mesures qui devraient être
prises pour assurer la continuité de l’activité économique pendant une période minimale de douze
mois442.

Les commissaires sont investis d’une mission particulière à cet égard. Les commissaires qui
constatent dans l’exercice de leur mission des faits graves et concordants susceptibles de
compromettre la continuité de l’entreprise doivent en informer l’organe d’administration. Dans ce
cas, l’organe d’administration doit délibérer sur les mesures qui devraient être prises pour assurer
la continuité de l’entreprise pendant une période minimale de douze mois. Si, dans un délai d’un
mois à dater de cette communication, les commissaires n’ont pas été informés de la délibération de
l’organe d’administration sur les mesures prises ou envisagées, ou s’ils estiment que ces mesures
ne sont pas susceptibles d’assurer la continuité de l’entreprise, ils peuvent en informer le président
du tribunal de l’entreprise443.

Les articles 2:52 et 3:69 ne sont pas spécifiques aux SA mais s’appliquent à toutes les personnes
morales régies par le CSA.

OFFRES PUBLIQUES D’ACQUISITION


La matière des offres publiques d’acquisition (OPA) relève pour l’essentiel du droit financier.

Elle intéresse cependant directement le droit des sociétés dans la mesure où, d’une part, la société-cible
peut se protéger par des mesures que le CSA réglemente et où, d’autre part, le déroulement de l’OPA a une
incidence sur la gouvernance de la société.

On se contentera donc ici d’observations très générales sur le mécanisme de l’OPA en lui-
même pour se concentrer sur les mécanismes anti-OPA et sur la gouvernance.

Les OPA sont régies par la loi du 1er avril 2007 relative aux offres publiques d'acquisition (« loi
OPA ») et l’arrêté royal du 27 avril 2007 relatif aux offres publiques d’acquisition (« AR OPA »).

Une offre publique d’acquisition est une offre publique s'adressant aux détenteurs de titres de la
société visée et destinée à acquérir tout ou partie de leurs titres, que l’offre soit volontaire ou
obligatoire444. Une offre revêt un caractère public lorsque l’offrant diffuse, sur le territoire belge,
une communication adressée à des personnes, sous quelque forme et par quelque moyen que ce
soit, qui présente une information suffisante sur les conditions de l'offre pour mettre un détenteur
de titres en mesure de décider de céder ses titres et met en œuvre, sur le territoire belge, des
procédés de publicité de quelque nature qu'ils soient, destinés à annoncer ou à recommander
l'offre d'acquisition445.

442 CSA, art. 2:52.


443 CSA, art. 3:69.
444 art. 3, § 1er de la loi OPA.
445 art. 6, § 1er de la loi OPA.

152
Fanny Streveler MA1 DROIT

Par exception, la loi considère que les offres suivantes volontaires ne sont pas des offres publiques :
les offres sur des titres répandus uniquement parmi des investisseurs qualifiés, les offres adressées,
à des conditions identiques, sur le territoire belge, à moins de 150 personnes, les offres portant sur
des titres dont la valeur nominale unitaire s'élève au moins à 100.000 EUR.

Une offre peut être volontaire (et dans ce cas, amicale ou hostile selon qu’elle ait lieu avec ou sans
l’approbation de l’organe d’administration de la société visée) ou obligatoire (en substance,
lorsqu’une personne franchit à la suite d’acquisitions le seuil de 30 % des titres avec droit de vote
d'une société qui a son siège statutaire en Belgique et dont une partie au moins des titres avec droit
de vote sont admis à la négociation sur un marché réglementé, elle est tenue de lancer une OPA sur
tous les autres titres)446.

Le champ d’application de la loi du 1er avril 2007 est différent en fonction de la nature de l’offre :
une OPA volontaire peut porter sur les actions d’une société qui n’est pas cotée (mais dont les
actions sont répandues dans le public) tandis qu’une OPA ne revêt un caractère obligatoire que
pour les sociétés cotées447.

Une OPA peut être une offre d’achat (l’offre paie un prix en argent en contrepartie des titres de la
société cible) ou une offre d’échange (l’offrant offre des actions d’une autre société en contrepartie
des titres de la société cible).

1. CONDITIONS
Une OPA doit porter sur la totalité des titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote
émis par la société visée et non encore détenus par l'offrant.

En cas d'offre publique d'achat, l’offrant doit disposer des fonds nécessaires à la réalisation de
l'offre (soit en un compte auprès d'un établissement de crédit, soit sous la forme d'un crédit
irrévocable et inconditionnel ouvert à l'offrant par un établissement de crédit).

En cas d'offre publique d'échange, l'offrant doit disposer soit des titres à offrir en contrepartie, soit
du pouvoir de les émettre, du droit de les acquérir ou de les faire émettre448.

2. PROCÉDURE
Quiconque se propose d'effectuer une offre publique d'acquisition en avise préalablement la
FSMA449. Il doit joindre à cet avis un dossier comportant notamment un projet de prospectus ainsi
que, si l’offre est lancée par une personne détenant le contrôle de la société, le rapport d’un expert
indépendant désigné par le comité d’administrateurs indépendants sur le prix450.

446 art. 5 de la loi OPA et art. 49 à 57 de l’AR OPA.


447 art. 4, § 1er, 1° et 2° de la loi OPA.
448 art. 3 de l’AR OPA.
449 art. 5 de l’AR OPA.
450 art. 6 et 20 à 23 de l’AR OPA.

153
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le prospectus comporte les conditions de l’offre et les informations nécessaires pour que les
détenteurs de titres de la société visée puissent porter un jugement fondé sur l'opération451.

Lorsqu'elle a été saisie d'un avis d’OPA, la FSMA rend cet avis public et en informe l'entreprise de
marché (s’il s’agit d’une société cotée), la société visée et l'offrant452.

Le prospectus ne peut être publié qu’après son approbation par la FSMA 453. Il est publié sous forme
électronique sur le site web de l'offrant et, le cas échéant, sur celui des intermédiaires financiers
qui interviennent dans l’offre454.

La société visée établit un mémoire en réponse et le publie sur son site455. Ce mémoire en réponse
comporte au moins :
- les remarques éventuelles de la société visée concernant le prospectus ;
- les clauses statutaires impliquant une limitation de la cessibilité ou de la possibilité d'acquérir
des titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote de la société visée ; si les statuts
contiennent des clauses d'agrément ou de préemption, l'organe d'administration indique si ces
clauses s'appliquent à l'égard de l'offrant et dans l’affirmative si l'organe d'administration
accordera ou refusera l'agrément et s'il demandera l'application des clauses de préemption ;
- dans la mesure où l'organe d'administration de la société visée en a connaissance, une liste des
droits préférentiels qui auraient été consentis à certaines personnes en vue d'acquérir des
titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote ;
- l’avis motivé sur l'offre, avec notamment les intentions des administrateurs qui détiennent des
actions (les règles relatives aux décisions et opérations avec une patrie liée ne s’appliquent en
principe pas) ;
- les répercussions de la mise en œuvre de l'offre sur l'ensemble des intérêts de la société, des
détenteurs de titres, des créanciers et du personnel, en ce compris l'emploi ;
- le point de vue de l'organe d'administration concernant les plans stratégiques de l'offrant pour
la société visée et leurs répercussions probables sur les résultats de celle-ci ainsi que sur
l'emploi ;
- le point de vue de l'organe d'administration sur l'opportunité, pour les détenteurs de titres, de
céder à l'offrant, dans le cadre de l'offre, les titres qu'ils possèdent456.

Le mémoire en réponse ne peut être publié qu’après son approbation par la FSMA 457.

La période d'acceptation de l'offre, de deux à dix semaines, débute au plus tôt soit cinq jours
ouvrables après l'approbation du prospectus soit, si celle-ci a eu lieu plus tôt, après l'approbation
du mémoire en réponse458.

451 art. 13 de la loi OPA.


452 art. 7 de l’AR OPA.
453 art. 18 de la loi OPA.
454 art. 11 et 12 de la loi OPA.
455 art. 22 et 23 de la loi OPA.
456 art. 24 de la loi OPA et art. 28 de l’AR OPA.
457 art. 27 de la loi OPA.
458 art. 30 de l’AR OPA.

154
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. RÉOUVERTURE DE L’OFFRE
L'offre doit être rouverte dans les cas suivants :
- l'offrant détient à l'expiration de la période d'acceptation de l'offre, 90% ou plus des titres avec
droit de vote de la société visée ;
- l'offrant demande, dans les trois mois qui suivent l'expiration de la période d'acceptation de
l'offre, la radiation des titres de la société visée du marché sur lequel ils sont admis ;
- l'offrant s'est engagé, avant l'expiration de la période d'offre, à acquérir des titres de la société
visée à un prix supérieur au prix de l'offre459.

4. CONTRE-OFFRE ET SURENCHÈRE
Le prix d'une contre-offre ou d'une surenchère doit excéder d'au moins 5 % celui de la (dernière)
offre, contre-offre ou surenchère460. L'avis annonçant l'intention de lancer une contre-offre ou de
surenchérir est rendu public deux jours au moins avant l'expiration de la période d'acceptation de
la dernière offre, contre-offre ou surenchère461.

En substance, les contre-offres et les surenchères sont soumises aux mêmes conditions que l’offre.

5. MODIFICATION OU RETRAIT DE L’OFFRE


Pendant la période d'offre, l'offrant ne peut ni retirer son offre, ni modifier celle-ci, sauf dans un
sens plus favorable pour les détenteurs de titres de la société visée. Si, pendant la période d'offre,
l'offrant acquiert, en dehors du cadre de l'offre, des titres de la société visée à un prix supérieur à
celui de l'offre, il doit aligner le prix de l'offre sur ce prix supérieur462.

Toutefois, moyennant l'autorisation de la FSMA, l'offrant peut modifier ou retirer son offre dans les
cinq jours ouvrables qui suivent la notification qui lui a été faite par la société visée :
- de l'émission de titres nouveaux avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote, sauf si
cette émission représente moins de 1% du nombre total des titres avec droit de vote ou
donnant accès au droit de vote émis et découle d'engagements souscrits avant la période
d'offre463 ;
- des décisions ou opérations qui ont ou peuvent avoir pour effet de modifier de manière
significative la composition de l'actif ou du passif de la société visée, ou des engagements
souscrits sans contrepartie effective464.

En outre, l’offrant peut retirer son offre dans les cas suivants :
- en cas de contre-offre ou de surenchère ;

459 art. 35 de l’AR OPA.


460 art. 37 de l’AR OPA.
461 art. 39 de l’AR OPA.
462 art. 15 de l’AR OPA.
463 En cas d'émission par la société visée de titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote, l'offrant, s'il ne

retire pas son offre, doit étendre celle-ci, éventuellement à des conditions modifiées, aux titres nouvellement créés.
464 art. 16 de l’AR OPA.

155
Fanny Streveler MA1 DROIT

- en cas de défaut d'autorisation administrative requise pour l'acquisition des titres qui font
l'objet de l'offre ;
- au cas où, indépendamment de la volonté de l'offrant, une condition de l'offre autorisée par la
FSMA et indiquée dans l'avis notifié à la FSMA n'est pas remplie ;
- moyennant l'autorisation motivée de la FSMA, en cas de circonstances exceptionnelles ne
permettant pas la réalisation de l'offre pour des raisons objectives, indépendantes de la
volonté de l'offrant465.

6. OFFRE DE REPRISE PAR L’OFFRANT APRÈS UNE OFFRE VOLONTAIRE


Si, à la suite d'une offre publique ou de sa réouverture, l’offrant (1) possède 95 % du capital assorti
de droits de vote et 95 % des titres avec droit de vote et (2) a acquis, par acceptation de l'offre, des
titres représentant au moins 90 % du capital assorti de droits de vote faisant l'objet de l'offre, il
peut exiger de tous les autres détenteurs de titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de
vote qu'ils lui cèdent leurs titres au prix de l'offre466.

Dans ce cas, l'offrant doit rouvrir son offre dans un délai de trois mois à dater de l'expiration de la
période d'acceptation de l'offre. Cette réouverture s'effectue aux mêmes conditions que l'offre ; la
période d'acceptation de l'offre rouverte compte au moins quinze jours ouvrables. Cette
réouverture équivaut à une offre de reprise mais laquelle l'arrêté royal relatif aux offres publiques
de reprise (infra) n'est pas applicable. Les titres non présentés à l'expiration de la période
d'acceptation de l'offre ainsi rouverte sont réputés transférés de plein droit à l'offrant. Les fonds ou
titres nécessaires au paiement du prix des titres ainsi transférés sont consignés auprès de la Caisse
des dépôts et consignations au profit de leurs anciens propriétaires.

A l'issue de l'offre, les titres de la société sont radiés du marché sur lequel ils étaient admis467.

7. DROIT DE VENTE APRÈS UNE OFFRE VOLONTAIRE


Aux mêmes conditions, tout détenteur de titres peut exiger que l'offrant reprenne ses titres avec
droit de vote ou donnant accès au droit de vote au prix de l'offre, en lui adressant sa demande dans
un délai de trois mois à dater de l'expiration de la période d'acceptation de l'offre468.

8. MESURES DE DÉFENSE ANTI-OPA


La concentration d’une fraction importante des titres conférant le droit de vote de la société cible
dans des mains amies (à condition que les « amis » soient fiables et/ou liés par des clauses
restreignant la cessibilité de leurs titres) rend le risque d’une OPA très faible dans la mesure où
l’objectif d’une OPA est d’acquérir une majorité confortable, voire tous les titres conférant le droit
de vote, ce qui permettra à l’offrant de gérer la société comme il l’entend.

465 art. 17 de l’AR OPA.


466 art. 42 de l’AR OPA.
467 art. 43 de l’AR OPA.
468 art. 44 de l’AR OPA.

156
Fanny Streveler MA1 DROIT

Un cours des actions élevé décourage les OPA inamicales en raison du prix que l’offrant devrait
payer pour acquérir toutes les actions.

Pour le surplus, une société peut se protéger contre le risque d’OPA par une série de mesures, qui
peuvent être mises en œuvre en cas d’OPA et qui rendent la société plus chère ou moins attractive.

On peut classer ces mesures en quatre catégories :


- Mesures tenant à la structure de la société : par exemple, société anonyme avec un administrateur
unique statutaire et ayant un droit de veto ;
- Mesures relatives aux titres : par exemple, restrictions à la cessibilité des titres ; émission de droits de
souscription ou d’actions réservée à des « amis » ; achat d’actions propres ;
- Mesures relatives au patrimoine (« poison pills ») : clauses prévoyant par exemple , lorsque
certaines conditions se réalisent, la vente d’actifs stratégiques (« bijoux de famille ») de la société à un
tiers ou la résiliation de contrats ;
- Mesures relatives au droit de vote : par exemple, introduction d’un double droit de vote (qui ne
bénéficiera qu’aux actionnaires « fidèles »).

Tout en étant de nature à décourager des OPA, de telles mesures peuvent s’expliquer par la volonté
de certains actionnaires et/ou de l’organe d’administration de conserver la structure en place,
créent généralement un conflit d’intérêts dans le chef des membres de l’organe d’administration et
risquent d’aller à l’encontre de l’intérêt social et même de s’avérer catastrophiques pour la société
et en particulier les actionnaires minoritaires. Or, l’organe d’administration doit toujours agir dans
l’intérêt de la société dans son ensemble469.

A. Réglementation
Cela explique que ces mécanismes soient réglementés.

Transparence :
Tout d’abord, la société visée doit aviser sans délai la FSMA et l'offrant de toute décision d'émission
de titres avec droit de vote ou donnant accès au droit de vote, et de toute autre décision ayant
pour but ou étant susceptible de faire échouer l'offre470.

Limitation des pouvoirs de l’organe d’administration :


Ensuite, les pouvoirs de l’organe d’administration sont limités :
- En dehors de la période d’OPA : Dans les sociétés cotées, seule l’assemblée générale peut
conférer à des tiers des droits affectant substantiellement le patrimoine de la société ou
donnant naissance à une dette ou à un engagement substantiel à sa charge, lorsque l’exercice
de ces droits dépend du lancement d’une OPA sur les actions de la société ou d’un changement
de contrôle exercé sur elle. À peine de nullité, la décision doit être déposée préalablement à la
réception par la société de la communication faite par la FSMA que celle-ci a été saisie d’un
avis d’OPA la concernant, et également publiée471.

469 art. 9, 3° de la loi OPA.


470 art. 19 de l’AR OPA.
471 CSA, art. 7:151.

157
Fanny Streveler MA1 DROIT

- Pendant la période d’OPA (dès la réception par une société, cotée ou non, d’une telle
communication) :
o Seule l’assemblée générale peut prendre des décisions ou procéder à des opérations qui
auraient pour effet de modifier de manière substantielle la composition de l’actif ou du
passif de la société, ou assumer des engagements sans contrepartie effective. Elle ne
peut pas prendre ou exécuter ces décisions ou opérations sous condition de la réussite
ou de l’échec de l’OPA. L’organe d’administration peut toutefois mener à terme les
opérations suffisamment engagées avant la réception de cette communication. Il doit
porter ses décisions immédiatement à la connaissance de l’offrant et de la FSMA et les
rendre publiques472.
o L’organe d’administration ne peut plus procéder à une augmentation de capital par
apports en nature ou par apports en numéraire ou créer de nouveaux titres conférant le
droit de vote en limitant ou supprimant le droit de préférence des actionnaires. Il peut
toutefois exécuter les engagements valablement pris avant la réception de cette
communication et procéder aux augmentations de capital aux conditions suivantes : (1) il
a été expressément et préalablement habilité par une assemblée générale, statuant
comme en matière de modification des statuts, tenue trois ans au maximum avant la
réception de cette communication, (2) les actions nouvelles soient dès leur émission
intégralement libérées, (3) le prix d’émission des actions nouvelles ne soit pas inférieur
au prix de l’offre et (4) le nombre d’actions ne dépasse pas un dixième des actions
représentatives du capital émises antérieurement à l’augmentation de capital (dans ce
cas, par dérogation à l’article 7:200, 2°, deuxième phrase, les administrateurs qui
représentent en fait le bénéficiaire de l’exclusion du droit de préférence peuvent
participer au vote). Il doit porter ces décisions immédiatement à la connaissance de
l’offrant et de la FSMA et les rendre publiques473.

Clauses d’agrément et de préemption :


Si l'organe d'administration a indiqué dans le mémoire en réponse qu'il refusera l'agrément ou
demandera l'application des clauses de préemption, les détenteurs de titres peuvent néanmoins
répondre à l'offre474. Dans ce cas, les titulaires de titres doivent se voir proposer, dans les cinq jours
suivant la clôture de l’offre, l’acquisition de leurs titres à un prix au moins égal au prix de l’offre ou
de la contre-offre, par une ou plusieurs personnes agréées ou à l’égard desquelles le droit de
préemption ne serait pas invoqué475.

Par exception, l’organe d’administration peut opposer les clauses d’agrément figurant soit dans les
statuts, soit dans un acte authentique d’émission d’obligations convertibles ou de droits de
souscription à l’auteur de l’offre pour autant qu’il justifie le refus d’agrément par l’application
constante et non discriminatoire des règles d’agrément qu’il a adoptées et communiquées à la
FSMA avant la date de la réception de l’avis d’OPA476.

472 CSA, art. 7:152.


473 CSA, art. 7:202.
474 art. 28 de l’AR OPA.
475 CSA, art. 7:79.
476 CSA, art. 7:80.

158
Fanny Streveler MA1 DROIT

OFFRES DE REPRISE

1. SOCIÉTÉS COTÉES
Une offre de reprise est une offre faite par un actionnaire qui détient au moins 95 % des titres
conférant le droit de vote émis par une société anonyme cotée sur la totalité des titres de cette
société sans que les actionnaires puissent refuser de céder leurs titres.

Cette offre permet de faire perdre à une société sa qualité de société cotée. Elle peut notamment
avoir lieu à la suite d’une OPA.

A. Conditions
Toute personne physique ou morale, qui, agissant seule ou de concert, détient au moins 95 % des
titres conférant le droit de vote émis par une société anonyme cotée, peut faire une offre publique
de reprise afin d’acquérir en contrepartie d’un prix en argent la totalité des titres de cette société
conférant le droit de vote ou donnant accès au droit de vote.

B. Procédure
L’offrant doit aviser la FSMA et lui communiquer un dossier comportant notamment projet de
prospectus et un rapport d’un expert indépendant sur le prix offert477.

La FSMA rend cet avis public et en informe l'entreprise de marché concernée, la société visée et
l’offrant.

L’organe d'administration de la société visée rédige un mémoire en réponse qui comporte son
appréciation à propos du rapport de l'expert indépendant et son opinion sur le prix. Si les membres
de l'organe d'administration n'adoptent pas une position unanime, l'avis mentionne les positions
divergentes des membres, en précisant s'il s'agit de membres considérés comme administrateurs
indépendants ou de membres qui représentent en fait certains détenteurs de titres478.

Les détenteurs de titres peuvent faire part de leurs griefs à la FSMA479.

La FSMA autorise l'offrant à lancer son offre à condition que l'expert indépendant ait conclu que le
prix offert ne méconnaît pas les intérêts des détenteurs de titres et qu’elle ait approuvé le
prospectus et le mémoire en réponse480.

La période d'acceptation de l'offre, d’une durée de deux à dix semaines, débute après l'approbation
du mémoire en réponse de la société visée481.

477art. 3, 4 et 6 de l’arrêté royal du 27 avril 2007 relatif aux offres publiques de reprise.
478 art. 7/1 et 7/2 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.
479 art. 10 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.
480 art. 16/1 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.
481 art. 17 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.

159
Fanny Streveler MA1 DROIT

L'offrant doit payer le prix dans les dix jours ouvrables qui suivent la publication des résultats de
l'offre482.

C. Effet
Les titres non présentés à l'expiration de l'offre sont réputés transférés de plein droit à l'offrant,
que leur propriétaire se soit ou non manifesté. Les fonds nécessaires au paiement des titres ainsi
transférés sont consignés auprès de la Caisse des dépôts et consignations au profit de leurs anciens
propriétaires483.

A l’issue de l’offre de reprise, la société n’est plus considérée comme une société cotée484. Elle est
radiée du marché sur lequel ses titres étaient admis à la négociation.

2. SOCIÉTÉS NON COTÉES


A. Conditions
Toute personne physique ou morale, qui, agissant seule ou de concert, détient 95 % des titres
conférant le droit de vote émis par une société anonyme non cotée, peut faire une offre de reprise
afin d’acquérir la totalité des titres de cette société conférant le droit de vote ou donnant accès au
droit de vote485.

B. Effet
A l’issue de la procédure, les titres non présentés sont réputés transférés de plein droit à la
personne ayant fait offre de reprise avec consignation du prix, à l’exception des titres dont le
propriétaire a fait savoir expressément et par écrit qu’il refusait de s’en défaire.

A l’inverse de l’offre de reprise sur une société cotée, les actionnaires ne sont donc pas tenus de
céder leurs titres.

Les titres dématérialisés dont le propriétaire a fait savoir qu’il refusait de se défaire sont convertis
de plein droit en titres nominatifs et sont inscrits au registre des titres nominatifs par l’émetteur.

Cette offre n’est pas soumise à la loi du 1er avril 2007 relative aux offres publiques d’acquisition 486.

482 art. 18 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.


483 art. 19 de l’arrêté royal du 27 avril 2007.
484 CSA, art. 7:82, § 1er.
485 CSA, art. 7:82, § 2.
486 CSA, art. 7:82, § 2.

160
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 4 :
SRL

161
Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

Les SRL sont bien entendu soumises aux conditions de validité communes à toutes les sociétés.

Elles peuvent être constituées par une ou plusieurs personnes physiques ou morales.

La limitation de la responsabilité des actionnaires à leurs apports a pour corollaire l’existence de


règles de protection des tiers. Ces règles reposent pour les SRL (ainsi que pour les SC) sur l’exigence
de posséder des « capitaux propres de départ suffisants » ou un « patrimoine initial suffisant » pour
mener l’activité projetée.

Le CSA prévoit à cet égard des règles de protection des créanciers qui sont quasi-identiques aux
règles relatives au capital des SA.

L’Exposé des motifs explique ainsi ce parti pris :


« Bien que le capital soit supprimé, il reste important pour les actionnaires, en particulier les
actionnaires minoritaires, que les éléments patrimoniaux apportés, qui constituent le patrimoine de
la société, soient correctement évalués. En outre, le contrôle de cette évaluation est utile pour la
détermination du montant des capitaux propres suffisants visés à l’article 5:3. Enfin, le contrôle
contribue à assurer l’image fidèle des comptes annuels ».

1. COMPARAISON AVEC LES SA


A. Différences
- Les SRL et les SC ne doivent pas avoir de capital mais « des capitaux propres initiaux
suffisants »487.
- Dans les SRL et les SC, le CSA autorise l’émission d’actions en contrepartie de n’importe quel
type d’apport488, sans exclure les apports d’actifs non susceptibles d’évaluation économique et
les apports en industrie.
- Alors que, dans les SA, lors de la constitution, le capital doit être libéré à concurrence de
61.500 EUR au moins et chaque action doit être libérée à concurrence d’un quart, dans les SRL
et les SC, tous les apports doivent être intégralement libérés dès la constitution, sauf
disposition contraire de l’acte constitutif 489.
- Le régime des quasi-apports s’applique uniquement aux SA490. Le législateur a estimé que, pour
les SRL et les SC, les règles relatives aux conflits d’intérêts offraient les garanties suffisantes.

B. Points communs
- L’acte constitutif doit être reçu par acte authentique491.
- Les actions émises par les SRL et les SC doivent être intégralement et, nonobstant toute
disposition contraire, inconditionnellement souscrites492.

487 CSA, art. 5:3 et 6:4.


488 CSA, art. 5:7 et 6:8.
489 CSA, art. 5:8 et 6:9.
490 CSA, art. 7:8.
491 CSA, art. 5:11 et 6:12.
492 CSA, art. 5:5 et 6:6.

162
Fanny Streveler MA1 DROIT

- Les SRL et les SC ne peuvent souscrire leurs propres actions, ni directement, ni par une société
filiale, ni par une personne agissant en son propre nom mais pour le compte de la société ou de
sa filiale493.
- En ce qui concerne les apports en numéraire, les fonds doivent être déposés par versement ou
virement sur un compte spécial ouvert au nom de la société en formation auprès d’un
établissement de crédit494.
- Bien que les SRL et les SC soient dépourvues de capital, le CSA impose également aux
fondateurs de ces sociétés de rédiger un plan financier dans lequel ils justifient le montant des
capitaux propres de départ à la lumière de l’activité projetée495.
- Pour les apports en nature dans les SRL et les SC, le CSA requiert également un rapport des
fondateurs et un rapport d’un reviseur d’entreprise496, sous réserve de certaines exceptions.

2. SANCTIONS
Le régime de la nullité des SRL et des SC497 est identique à celui des SA498, sinon que bien entendu il
ne comporte pas de cause de nullité déduite de l’absence de mention du capital dans les statuts.

En ce qui concerne la responsabilité des fondateurs, le CSA comporte des règles semblables pour
les SRL et les SC, adaptées pour tenir compte de l’absence de capital dans ces sociétés499. En
particulier, les fondateurs engagent leur responsabilité en cas de faillite de la société dans les trois
ans si les capitaux de départ étaient manifestement insuffisants pour assurer l’exercice de l’activité
projetée pendant au moins deux ans.

TITRES

1. ACTIONS
Les SRL doivent émettre au moins une action et une action au moins doit avoir le droit de vote.
Chaque action doit être émise en contrepartie d’un apport 500. Il peut s’agir d’un apport en
industrie.

Sauf disposition statutaire contraire, chaque action donne droit à une part égale du bénéfice et du
solde de la liquidation501 et dispose d’une voix502. Alors que, sous l’empire du Code des sociétés,
toutes les parts avaient impérativement les mêmes droits, le CSA permet aux statuts de déroger à
ce principe.

493 CSA, art. 5:6, § 1er et 6:7, § 1er.


494 CSA, art. 5:9 et 6:10.
495 CSA, art. 5:4 et 6:5.
496 CSA, art. 5:7 et 6:8.
497 Le CSA comporte une clause de nullité supplémentaire pour les SC : l’absence de trois fondateurs valablement

engagés (CSA, art. 6:14, 4°).


498 CSA, art. 5:13 et 6:14.
499 CSA, art. 5:15 et 6:16.
500 CSA, art. 5:40.
501 CSA, art. 5:41.
502 CSA, art. 5:42.

163
Fanny Streveler MA1 DROIT

Dès lors que les SRL n’ont pas de capital, les actions ne sont pas représentatives du capital et il n’y a
pas de lien nécessaire entre la valeur de l’apport et les droits attachés aux actions. Les statuts
peuvent donc conférer des droits différents à des actions émises pour un même apport, ou les
mêmes droits à des actions émises pour un apport différent. Il n’y a pas davantage de lien entre la
valeur historique de l’apport d’une action et les droits attachés à ces actions.

A. Actions avec et sans droit de vote


Les SRL peuvent émettre des actions à droit de vote multiple, des actions sans droit de vote, avec
dividende privilégié ou non, ou des actions dont le droit de vote ne peut être exercé que sous
certaines conditions.

Toutefois, si la SRL est cotée, elle ne peut déroger à la règle proportionnelle qu’en émettant des
actions de fidélité avec un double droit de vote, comme les SA cotées503.

En cas d’émission d’actions sans droit de vote, celles-ci retrouvent le droit de vote dans les mêmes
circonstances que les actions sans droit de vote émises par les SA504.

L’exercice du droit de vote peut être suspendu dans diverses hypothèses prévues par le CSA, qui ne
coïncident pas exactement avec celles prévues pour les SA : suspension des droits de vote afférents
aux actions concernées aussi longtemps que les versements éligibles en vue de la libération n’ont
pas été effectués505 ; suspension des droits de vote de l’apporteur en industrie qui est dans
l’impossibilité temporaire d’exécuter ses obligations pour une période de plus de trois mois, pour
toute la durée de cette impossibilité qui dépasse cette période de trois mois506 ; suspension des
droits de vote afférents aux actions propres détenues par la société507.

B. Classes d’actions
Les SRL peuvent émettre des classes différentes d’actions.

2. TITRES AUTRES QUE LES ACTIONS


Une SRL peut émettre tous les titres qui ne sont pas interdits par la loi ou en vertu de celle-ci508.

Toutefois, compte tenu de l’absence de capital et du fait qu’en l’absence de capital, chaque apport,
y compris l’apport en industrie, est autorisé, le législateur n’a pas jugé nécessaire de prévoir que les
SRL peuvent émettre des parts bénéficiaires. La distinction entre les actions de capital et les parts
bénéficiaires n’a en effet de sens que dans les sociétés où l’on distingue le capital d’autres éléments
de fonds propres.

En toute hypothèse, dans les SRL, des droits de vote ne peuvent être attachés qu’à des actions509.

503 CSA, art. 5:2 al. 1, 3° renvoyant à l’article 7:53.


504 CSA, art. 5:47.
505 CSA, art. 5:42, al. 2.
506 CSA, art. 5:10, al. 2.
507 CSA, art. 5:124.
508 CSA, art. 5:18, al. 1er.
509 CSA, art. 5:41, al. 2.

164
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. FORME
Les actions émises par les SRL sont nominatives.

Toutefois, les statuts des SRL cotées peuvent prévoir qu’elles peuvent émettre des actions
dématérialisées.

Les autres titres émis par les SRL sont en principe nominatifs mais les statuts peuvent prévoir la
forme dématérialisée510.

4. CESSION
Alors que, dans les SPRL, les parts étaient quasi incessibles, le CSA rend le principe de la quasi-
incessibilité des actions supplétif.

Les statuts peuvent régler librement la cessibilité des actions émises par la SRL ; « l’on peut faire de
la SRL une société très fermée mais également très ouverte » , ce qui explique la disparition du
terme « privée » dans sa dénomination.

Le registre des actions nominatives doit mentionner les restrictions relatives à la cessibilité
résultant des statuts et, lorsqu’une des parties le demande, les restrictions relatives à la cessibilité
des actions résultant de conventions ou des conditions d’émission511. En cas de contradiction entre
les statuts et le registre des actions, les statuts prévalent, sauf si ceux-ci n’ont pas encore été
adaptés après une émission d’actions par l’organe d’administration 512.

Sauf disposition statutaire contraire, tout transfert d’actions est soumis à l’agrément d’au moins la
moitié des actionnaires possédant les trois quarts au moins des actions, déduction faite des actions
dont la cession est proposée. Cet agrément doit ressortir d’un document écrit, comme le procès-
verbal d’une assemblée générale ou un document signé par les actionnaires qui doivent donner
leur autorisation. Une assemblée des actionnaires n’est donc pas indispensable.

Cet agrément n’est toutefois pas requis lorsque les actions sont cédées ou transmises :
1° à un actionnaire ;
2° au conjoint ou au cohabitant légal du cédant ;
3° à des ascendants ou descendants du cédant en ligne directe513.

Les cessions réalisées en méconnaissance de cette disposition ne sont pas opposables à la société ni
aux tiers, indépendamment de la bonne ou la mauvaise foi du cessionnaire514.

Les parties à une cession peuvent s’opposer au refus d’agrément devant le président du tribunal de
l’entreprise siégeant comme en référé. Si le refus est jugé arbitraire, le jugement vaudra agrément,

510 CSA, art. 5:18, al. 2.


511 CSA, art. 5:25, al. 1, 5°.
512 CSA, art. 5:25, al. 2.
513 CSA, art. 5:63, § 1er.
514 CSA, art. 5:63, § 2.

165
Fanny Streveler MA1 DROIT

à moins que l’acheteur ne retire son offre dans un délai de deux mois suivant la signification du
jugement515.

Les héritiers et légataires d’actions qui ne peuvent devenir actionnaires parce qu’ils n’ont pas été
agréés ont droit, nonobstant toute disposition contraire, à la valeur des actions transmises, selon le
cas, à charge des actionnaires ou de la société qui se sont opposés à l’autorisation.

Le rachat peut être demandé à l’organe d’administration de la société, qui transmet sans délai une
copie de la demande aux actionnaires qui se sont opposés à l’autorisation. Les héritiers et légataires
ne peuvent plus demander la dissolution de la société.

À défaut d’accord entre les parties ou de dispositions statutaires, les prix et conditions de rachat
seront déterminés par le président du tribunal de l’entreprise siégeant comme en référé, à la
requête de la partie la plus diligente516.

Ce régime ne s’applique pas si les statuts prévoient un mécanisme qui permet aux actionnaires
concernés de céder leurs actions en cas de refus d’agrément, tel que des clauses d’agrément
assorties d’une obligation de rachat par les actionnaires qui refusent l’agrément ou un droit de
préemption proportionnel de tous les actionnaires.

Une cession contraire aux restrictions à la cessibilité qui figurent dans des statuts publiés
régulièrement, n’est opposable ni à la société ni aux tiers, que le cessionnaire soit de bonne ou de
mauvaise foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires 517.

Les SRL peuvent faire admettre leurs actions sur un marché réglementé (auquel cas elles
deviennent des sociétés cotées) mais c’est fort théorique. Le CSA renvoie, pour les SRL cotées, à
une série de dispositions applicables aux SA cotées518. Lorsqu’il est fait référence, dans ces
dispositions, à une fraction ou un pourcentage du capital, cette disposition doit être lue comme une
fraction ou un pourcentage des actions émises.

ADMINISTRATION

1. MODÈLES DE GOUVERNANCE
Le CSA comporte également trois modèles de gouvernance pour la SRL : les statuts peuvent prévoir
que la SRL est administrée par un administrateur unique, par plusieurs administrateurs constituant
un collège ou par plusieurs administrateurs disposant de pouvoirs concurrents, qui peuvent être
des personnes physiques ou morales.

515 CSA, art. 5:64.


516 CSA, art. 5:65.
517 CSA, art. 5:67.
518 CSA, art. 5:2, al. 1er.

166
Fanny Streveler MA1 DROIT

Lorsque les administrateurs constituent un organe collégial et que la place d’un administrateur
devient vacante avant la fin de son mandat, les administrateurs restants ont le droit de coopter un
nouvel administrateur, sauf si les statuts l’excluent519.

Lorsque les administrateurs ne constituent pas un collège, en principe, chaque administrateur a le


pouvoir d’accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la réalisation de l’objet de la société, à
l’exception de ceux que la loi réserve à l’assemblée générale. Les statuts peuvent apporter des
restrictions aux pouvoirs de chaque administrateur. Une telle restriction n’est pas opposable aux
tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une répartition des tâches entre les
administrateurs520.

Lorsque les administrateurs constituent un collège, les statuts peuvent apporter des restrictions
aux pouvoirs de ce collège. Une telle restriction n’est pas opposable aux tiers, même si elle est
publiée. Il en va de même pour une répartition des tâches entre les administrateurs521.

2. STATUT DES ADMINISTRATEURS


Les administrateurs ne peuvent pas en cette qualité être liés à la société par un contrat de
travail522.

Les administrateurs sont nommés par l’assemblée générale des actionnaires pour une durée
déterminée ou indéterminée ; ils sont désignés pour la première fois dans l’acte constitutif. Ils
peuvent aussi être nommés dans les statuts523.

En principe, l’assemblée générale peut mettre fin à tout moment, avec effet immédiat et sans
motif, au mandat des administrateurs qui ne sont pas nommés dans les statuts mais les statuts ou
l’assemblée générale au moment de la nomination peuvent prévoir une autre solution. La
révocation d’un administrateur nommé dans les statuts requiert une modification de ceux-ci.
L’assemblée générale peut en toute hypothèse mettre fin au mandat d’un administrateur, nommé
ou non dans les statuts, pour de justes motifs, sans préavis ni indemnité524.

3. GESTION JOURNALIÈRE
L’organe d’administration d’une SRL peut charger une ou plusieurs personnes, agissant seules ou
collégialement, de la gestion journalière de la société, ainsi que de la représentation de la société
en ce qui concerne cette gestion525.

519 CSA, art. 5:71.


520 CSA, art. 5:73, § 1er.
521 CSA, art. 5:73, § 2.
522 CSA, art. 5:70, § 1er.
523 CSA, art. 5:70, § 2.
524 CSA, art. 5:70, § 3.
525 CSA, art. 5:79.

167
Fanny Streveler MA1 DROIT

4. CONFLITS D’INTÉRÊTS AU SEIN DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION


A. Administrateurs disposant de pouvoirs concurrents
Lorsque l’organe d’administration d’une SRL est appelé à prendre une décision ou se prononcer sur
une opération à propos de laquelle un administrateur a un intérêt direct ou indirect de nature
patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la société, l’administrateur en question doit en informer
les autres administrateurs. Sa déclaration et ses explications sur la nature de cet intérêt opposé
doivent figurer dans le procès-verbal d’une réunion de ces autres administrateurs. Les autres
administrateurs peuvent prendre la décision ou réaliser l’opération eux-mêmes. L’administrateur
qui a un conflit d’intérêts ne peut pas participer à la réunion des autres administrateurs concernant
cette décision ou opération.

Si tous les administrateurs ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération doit être soumise à
l’assemblée générale. Si l’assemblée générale approuve la décision ou l’opération, l’organe
d’administration peut l’exécuter526.

B. Organe collégial
Si un seul administrateur a un conflit d’intérêts, la décision est prise ou l’opération accomplie par
l’organe d’administration. L’administrateur qui a un conflit ne peut participer ni aux délibérations ni
au vote.

Si tous les administrateurs ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération doit être soumise à
l’assemblée générale. Si l’assemblée générale approuve la décision ou l’opération, l’organe
d’administration peut l’exécuter527.

C. Administrateur unique
S’il n’y a qu’un administrateur et qu’il a un conflit d’intérêts, il doit soumettre la décision ou
l’opération à l’assemblée générale, sauf s’il est le seul actionnaire 528.

D. Procédure
Les autres administrateurs, l’assemblée générale ou l’administrateur unique qui est également
l’actionnaire unique doivent décrire dans le procès-verbal ou dans un rapport spécial la nature de la
décision ou de l’opération ainsi que ses conséquences patrimoniales pour la société et justifier la
décision qui a été prise.

Lorsque l’administrateur est aussi l’actionnaire unique, il doit également inscrire dans son rapport
spécial les contrats conclus entre lui et la société.

Cette partie du procès-verbal ou ce rapport spécial doit être intégralement reproduit dans le
rapport de gestion.

526 CSA, art. 5:76, § 1er.


527 CSA, art. 5:76, § 2.
528 CSA, art. 5:76, §§ 3 et 4.

168
Fanny Streveler MA1 DROIT

Si la société a nommé un commissaire, la société doit lui communiquer le procès-verbal ou le


rapport. Dans son rapport, le commissaire doit évaluer dans une section séparée les conséquences
patrimoniales pour la société de ces décisions529.

E. Exceptions
L’article 5:76, § 5, prévoit les mêmes exceptions qu’en cas de conflits d’intérêts au sein de l’organe
d’administration d’une société anonyme.

5. RÈGLES SPÉCIFIQUES APPLICABLES AUX SRL COTÉES


A. Quotas
Les SRL qui sont des entités d’intérêt public doivent respecter la règle des quotas en matière de
genre, comme les SA qui sont des entités d’intérêt public530.

B. Opérations avec une partie liée


Les SRL cotées doivent désigner des administrateurs indépendants et sont soumises à la même
procédure que les SA cotées en ce qui concerne les opérations avec une partie liée531.

C. Comités
Les SRL cotées doivent instituer un comité d’audit et un comité de rémunération, comme les SA532.

6. REPRÉSENTATION
A. Organe d’administration
Le système de représentation est identique à celui des SA.

Quel que soit le modèle retenu, l’organe d’administration (l’administrateur unique, chaque
administrateur si les administrateurs ont des pouvoirs concurrents ou l’organe collégial) représente
la société à l'égard des tiers et en justice, soit en demandant, soit en défendant.

B. Clause de double signature


Les statuts d’une SRL peuvent prévoir que la société est représentée par un ou plusieurs
administrateurs agissant seuls ou conjointement (il s’agira le plus fréquemment d’une clause de
double signature). Cette clause de représentation est opposable aux tiers.

Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir de représentation. Ces restrictions ne
sont pas opposables aux tiers, même si elles sont publiées. Il en va de même pour une répartition
des tâches entre les administrateurs533.

529 CSA, art. 5:77.


530 CSA, art. 5:2, al. 1, renvoyant à l’article 7:86.
531 CSA, art. 5:2, al. 1er, renvoyant aux articles 7:87 et 7:97.
532 CSA, art. 5:2, al. 1er, renvoyant aux articles 7:99 et 7:100.
533 CSA, art. 5:73, § 2.

169
Fanny Streveler MA1 DROIT

C. Délégué à la gestion journalière


Le ou les délégués à la gestion journalière peuvent également être chargés de représenter la
société dans les limites de la gestion journalière ; les restrictions à cette clause sont inopposables
aux tiers.

D. Mandats spéciaux
L’organe compétent peut également octroyer des mandats spéciaux à un administrateur, au
délégué à la gestion journalière ou à un tiers.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE & MODIFICATION DES STATUTS


(AUTRES QUE LES OPÉRATIONS SUR TITRES)

Les règles en matière d’assemblée générale et de modification des statuts applicables aux SRL sont
semblables à celles applicables aux SA.

Toutefois, sauf disposition contraire des statuts, les actionnaires peuvent se faire représenter par
un mandataire, qui ne doit pas être actionnaire534. A l’inverse de la solution admise dans les SA, les
statuts peuvent donc exclure cette possibilité, ou la restreindre en imposant que le mandataire soit
lui-même actionnaire.

RÉSERVES ET DIVIDENDES

1. RÉSERVES
Les SRL peuvent constituer des réserves disponibles ou statutairement indisponibles mais, à
l’inverse des SA, elles ne doivent pas constituer de réserve légale.

Pour rappel, le 1er janvier 2020, les SPRL constituées avant le 1er mai 2019 qui n’avaient pas mis
leurs statuts en conformité avec le CSA ont été renommées de plein droit SRL et leur capital a été
versé à un poste de réserves statutairement indisponibles. Pour distribuer les montants portés à ce
poste, les SRL doivent modifier leurs statuts.

2. DIVIDENDES
Compte tenu de la suppression du capital et de la nécessité de protéger les tiers, le CSA prévoit un
double test applicable à toute distribution de dividendes : un test d’actif net et un test de liquidité.

534 CSA, art. 5:95, al. 1.

170
Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Test d’actif net


La société ne peut procéder à aucune distribution si son actif net est négatif ou le deviendrait à la
suite d’une telle distribution.

Si elle dispose de capitaux propres qui sont légalement ou statutairement indisponibles, elle ne
peut procéder à aucune distribution si son actif net est inférieur au montant de ces capitaux
propres indisponibles ou le deviendrait à la suite d’une telle distribution.

L’actif net de la société est établi sur la base des derniers comptes annuels approuvés ou d’un état
plus récent résumant la situation active et passive.

Dans les sociétés qui ont nommé un commissaire, ce dernier doit évaluer cet état. Le rapport
d’examen limité du commissaire est joint à son rapport de contrôle annuel535.

B. Test de liquidité
L’organe d’administration ne peut exécuter la décision de distribution prise par l’assemblée
générale que s’il constate qu’à la suite de la distribution, la société pourra, en fonction des
développements auxquels on peut raisonnablement s’attendre, continuer à s’acquitter de ses
dettes au fur et à mesure de leur échéance pendant une période d’au moins 12 mois à compter de
la date de la distribution. Il doit justifier sa décision dans un rapport qu’il ne doit pas déposer.

Dans les sociétés qui ont nommé un commissaire, ce dernier doit évaluer les données comptables
et financières historiques et prospectives de ce rapport et mentionner dans son rapport de contrôle
annuel qu’il a exécuté cette mission536.

S’il est établi que lorsqu’ils prennent cette décision, les membres de l’organe d’administration
savaient ou, au vu des circonstances, auraient dû savoir, qu’à la suite de la distribution, la société
ne serait manifestement plus en mesure de s’acquitter de ses dettes, ils sont solidairement
responsables envers la société et les tiers de tous les dommages qui en résultent.

En outre, la société peut demander le remboursement de toute distribution effectuée en violation


de ces dispositions par les actionnaires ou toutes autres personnes en faveur desquelles la
distribution a été décidée, même s’ils sont de bonne foi537.

Ce système combine donc le test de l’actif net avec un test de liquidité, dans la perspective de
responsabiliser les administrateurs. On peut s’étonner que le CSA n’ait pas prévu de test de
liquidité pour les distributions dans les SA : cela s’explique par le fait que ce test est destiné à
« compenser » la suppression du capital dans les SRL.

Le CSA permet la distribution d’acomptes sur dividendes dans les SRL : les statuts peuvent déléguer
à l’organe d’administration le pouvoir de procéder, moyennant le respect des deux tests précités, à
des distributions provenant du bénéfice de l’exercice en cours ou du bénéfice de l’exercice

535 CSA, art. 5:142.


536 CSA, art. 5:143.
537 CSA, art. 5:144.

171
Fanny Streveler MA1 DROIT

précédent tant que les comptes annuels de cet exercice n’ont pas été approuvés, le cas échéant
réduit de la perte reportée ou majoré du bénéfice reporté538.

OPÉRATIONS SUR TITRES

1. ÉMISSION DE NOUVELLES ACTIONS


Les SRL n’ont pas de capital mais doivent mentionner le nombre d’actions qu’elles ont émises dans
leurs statuts539. Toute émission de nouvelles actions requiert donc une modification des statuts 540.

Les statuts peuvent prévoir que l’organe d’administration peut émettre des nouvelles actions sans
modifier immédiatement les statuts.

A. Organe compétent
L’assemblée générale est en principe compétente pour émettre de nouvelles actions mais les
statuts peuvent déléguer le pouvoir d’émettre de nouvelles actions à l’organe d’administration541.

Le CSA prévoit à cet égard des règles semblables à celles applicables aux SA542, sinon qu’il vise, non
les augmentations de capital, mais les émissions d’actions, d’obligations convertibles ou de droits
de souscription, qu’on ne peut bien sûr pas parler de clause de capital autorisé et qu’il ne reprend
évidemment pas l’exception relative à l’incorporation de réserves dans le capital.

B. Emission de nouvelles actions par apports


L’émission de nouvelles actions par une SRL peut se faire au moyen d’apports :
- en numéraire, auquel cas un compte spécial indisponible doit être ouvert au nom de la société,
mutatis mutandis conformément aux règles lors de la constitution de la société ; ou
- en nature, auquel cas les règles applicables lors de la constitution de la société s’appliquent
mutatis mutandis avec les mêmes exceptions en ce qui concerne les rapports de l’organe
d’administration et du réviseur ainsi que le droit pour des associés détenant au moins 5 % des
actions d’exiger l’intervention d’un réviseur543.

Bien que les SRL n’aient pas de capital, l’organe d’administration doit également rédiger un rapport
qui justifie spécialement le prix d’émission et décrit les conséquences de l’opération sur les droits
patrimoniaux et les droits sociaux des actionnaires. Dans les sociétés où un commissaire a été
désigné, ce dernier rédige un rapport dans lequel il évalue si les données financières et comptables
contenues dans le rapport de l’organe d’administration sont fidèles et suffisantes pour éclairer
l’assemblée générale appelée à voter sur cette proposition. A l’inverse de la solution prévue pour
les SA, l’organe d’administration ne doit pas faire appel à un réviseur d’entreprise ou un expert-
comptable externe en l’absence de commissaire544. Ces rapports doivent être déposés et publiés. Ils

538 CSA, art. 5:141, al. 2.


539 CSA, art. 5:12, al. 1, 4° et al. 2.
540 CSA, art. 5:120, § 1er, al. 1.
541 CSA, art. 5:134.
542 CSA, art. 5:134 à 5:136.
543 CSA, art. 5:132 et 5:133.
544 CSA, art. 5:121, § 1er.

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sont annoncés dans l’ordre du jour. Les actionnaires peuvent en obtenir une copie. En l’absence de
ces rapports, la décision de l’assemblée générale est nulle. Toutefois, sauf si les actions sont émises
à titre de rémunération d’un apport en nature, l’assemblée générale, à laquelle l’ensemble des
actionnaires sont présents ou représentés, peut renoncer par une décision unanime à ces
rapports545.

C. Droit de préférence
En cas d’émission de nouvelles actions par apports en numéraire, les actions doivent être offertes
par préférence aux actionnaires proportionnellement au nombre d’actions qu’ils détiennent546.
Toutefois, l’assemblée générale peut, dans l’intérêt social, aux conditions de quorum et de majorité
prévues pour la modification des statuts, limiter ou supprimer le droit de préférence547.

Ce régime est semblable à celui applicable aux SA.

D. Renvoi au régime applicable aux SA


Pour le surplus, il est renvoyé au régime applicable aux SA (en gardant bien entendu à l’esprit que
chaque fois qu’il est question pour la SRL de l’augmentation du capital il faut comprendre : émission
de nouvelles actions) :
- L’émission peut se faire en un seul ou plusieurs actes, comme l’augmentation de capital des SA.
- Une SRL ne peut pas souscrire ses propres actions que ce soit directement, par une société
filiale, ou par une personne agissant en son nom propre mais pour le compte de la société ou
de sa filiale548.
- Une SRL peut émettre des obligations convertibles ou des droits de souscription 549.

Toutefois, la règle qui paralyse les augmentations de capital en cas d’OPA sur la société550 ne
s’applique pas aux SRL, même cotées551.

2. ADMISSION, DÉMISSION ET EXCLUSION


A. Admission
L’admission de nouveaux actionnaires (de même que l’augmentation de la participation des
actionnaires existants) suppose des apports supplémentaires.

Le CSA prévoit deux possibilités :


- soit les apports supplémentaires se font en contrepartie de l’émission d’actions nouvelles, ce
qui entraîne une modification des statuts552 et suppose une décision de l’assemblée générale
ou de l’organe d’administration si les statuts prévoient une clause de délégation en sa faveur
(supra) ;

545 CSA, art. 5:121, § 2.


546 CSA, art. 5:128.
547 CSA, art. 5:131.
548 CSA, art. 5:124, § 1er.
549 CSA, art. 5:122.
550 CSA, art. 7:202.
551 CSA, art. 5:2, al. 1er.
552 CSA, art. 5:120, § 1er.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

- soit les apports supplémentaires se font sans émission d’actions nouvelles et sans modification
des statuts553, ce qui suppose une décision de l’assemblée générale statuant à la majorité
simple constatée par acte authentique. De tels apports ne nécessitent pas de modification des
statuts puisque le montant des capitaux propres ne figure pas dans les statuts et que le
nombre d’actions émises reste inchangé. Le législateur a songé à l’hypothèse dans laquelle
tous les actionnaires font des apports de valeur égale (par exemple l’apport d’un immeuble dont ils
sont copropriétaires à parts égales). En principe, cette opération ne présente pas de risques pour
les actionnaires existants puisque la valeur des actions augmente sans bouleverser les
équilibres entre actionnaires. L’organe d’administration doit ensuite comptabiliser ces apports
sous la rubrique comptable prévue à cet effet. Aucune forme de publicité n’est prévue.

Seules des personnes répondant aux conditions pour devenir actionnaires peuvent souscrire des
actions nouvelles 554. Cette disposition vise en particulier les actions qui n’ont pas été souscrites
dans le cadre du droit de préférence.

B. Démission
Les statuts des SRL peuvent prévoir que les actionnaires ont le droit de démissionner de la société à
charge de son patrimoine et régler les modalités de cette démission, moyennant le respect des
conditions suivantes :
1° nonobstant toute disposition statutaire contraire, un actionnaire ne peut démissionner qu’à
partir du troisième exercice suivant la constitution ;
2° sauf disposition contraire,
- un actionnaire ne peut démissionner que pendant les six premiers mois de l’exercice social ;
- un actionnaire ne peut démissionner que pour l’ensemble de ses actions, qui seront annulées ;
- la démission prend effet le dernier jour du sixième mois de l’exercice ;
- le montant de la part de retrait pour les actions pour lesquelles l’actionnaire concerné
demande sa démission est équivalant au montant réellement libéré et non encore remboursé
pour ces actions, sans cependant pouvoir être supérieur au montant de la valeur d’actif net de
ces actions telle qu’elle résulte des derniers comptes annuels approuvés ;
- la société doit payer la valeur de la part de retrait au plus tard dans le mois qui suit ;
3° le montant auquel l’actionnaire a droit à la démission est considéré comme une distribution.
Nonobstant toute disposition statutaire contraire, si la part de retrait ne peut être payée en tout ou
partie en raison des dispositions en matière de distribution, le droit au paiement est suspendu
jusqu’à ce que les distributions soient à nouveau permises. Le montant restant dû sur la part de
retrait devra être payé avant toute autre distribution aux actionnaires. Aucun intérêt n’est dû sur ce
montant.

L’organe d’administration doit faire rapport à l’assemblée générale des demandes de démission
intervenues au cours de l’exercice précédent. Ce rapport doit contenir au moins l’identité des
actionnaires démissionnaires, le nombre et la classe d’actions pour lesquelles ils ont démissionné,
le montant versé et les autres modalités éventuelles, le nombre de demandes rejetées et le motif
du refus555.

553 CSA, art. 5:120, § 2.


554 CSA, art. 5:123.
555 CSA, art. 5:154.

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C. Exclusion
Les statuts des SRL peuvent prévoir la possibilité d’exclure un actionnaire pour justes motifs ou
pour tout autre motif indiqué dans les statuts.

La proposition motivée d’exclusion doit être communiquée à l’actionnaire par courrier électronique
(si l’actionnaire a communiqué à la société une adresse électronique) ou à défaut par pli
recommandé. Seule l’assemblée générale est compétente pour prononcer une exclusion.
L’actionnaire dont l’exclusion est demandée doit être invité à faire connaître ses observations par
écrit à l’assemblée générale, dans le mois de la communication de la proposition d’exclusion.
L’actionnaire doit être entendu à sa demande. Toute décision d’exclusion doit être motivée.

L’organe d’administration doit communiquer dans les quinze jours à l’actionnaire concerné la
décision motivée d’exclusion et inscrire l’exclusion dans le registre des actions. Si l’actionnaire a
choisi de communiquer avec la société par courrier, il doit lui communiquer la décision par pli
recommandé.

Sauf disposition statutaire contraire, l’actionnaire exclu recouvre la valeur de sa part de retrait,
calculée comme en matière de démission, sinon que l’exclusion peut avoir lieu à tout moment. Les
actions de l’actionnaire exclu sont annulées556.

A contrario, les statuts pourraient priver l’actionnaire exclu de tout droit à la valeur de ses actions.

D. Formalités
L’organe d’administration doit mettre à jour le registre des actions (admissions, démissions,
exclusions, date à laquelle elles sont intervenues ainsi que le montant versé par et aux actionnaires
concernés).

Les émissions d’actions nouvelles et les modifications des statuts qui en découlent doivent être
constatées par un acte authentique reçu à la requête de l’organe d’administration557.

Toutefois, les statuts peuvent prévoir que l’organe d’administration peut émettre des actions sans
modifier immédiatement les statuts. Dans ce cas, les émissions et les modifications statutaires qui
en découlent doivent être constatées, avant la fin de chaque exercice, par un acte authentique reçu
à la demande de l’organe d’administration558.

De même, les démissions et les exclusions ainsi que les modifications statutaires qui en découlent
doivent être établies, avant la fin de chaque exercice, par un acte authentique reçu à la demande
de l’organe d’administration559. Pour les démissions et les exclusions, une clause statutaire n’est
donc pas nécessaire pour dispenser l’organe d’administration de modifier immédiatement les
statuts.

556 CSA, art. 5:155.


557 CSA, art. 5:137, § 1er, al. 4.
558 CSA, art. 5:137, § 2.
559 CSA, art. 5:154, § 3 et 5:155, § 5.

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ASSISTANCE FINANCIÈRE

Bien que les SRL n’aient pas de capital, le régime applicable à l’assistance financière est identique à
celui applicable aux SA 560, sous la seule réserve que cette disposition ne prévoit pas expressément
l’inapplication de la règle suivant laquelle, lorsque le tiers bénéficiant de l’assistance financière
acquiert des actions aliénées par la société ou souscrit des actions dans le cadre d’une
augmentation de capital, cette acquisition ou souscription doit être effectuée à un juste prix561.

ACQUISITION ET PRISE EN GAGE D’ACTIONS PROPRES

1. CONDITIONS
L’acquisition par une SRL de ses propres actions est soumise aux mêmes conditions que celles
requises pour l’acquisition par une SA de ses propres actions, avec les différences suivantes :
- le CSA ne limite pas à cinq ans la durée de l’autorisation de l’assemblée générale562 ;
- la seule exception prévue à la nécessité d’obtenir l’autorisation de l’assemblée générale est
l’acquisition en vue de la distribution au personnel563 (le CSA ne prévoit pas d’exception en cas
de dommage grave et imminent, sauf pour les sociétés cotées564) ;
- le CSA ne limite pas à 12 mois le délai endéans lequel les actions doivent être transférées au
personnel565 ;
- comme pour les SA, le CSA écarte cette procédure pour l’acquisition d’actions par la société à
la suite d’une transmission de patrimoine à titre universel ou lors d’une vente publique en vue
de recouvrer une créance de la société sur le propriétaire de ces actions566 ; cette disposition
ne reprend logiquement pas l’exception relative à l’annulation des actions en vue de la
réduction du capital puisque la SRL n’a pas de capital ;
- le CSA ne prévoit pas pour les SRL qui aliènent leurs actions les exceptions à l’égalité de
traitement des actionnaires en cas d’aliénation aux fins d’éviter à la société un dommage grave
et imminent ou en vertu d’une autorisation statutaire explicite à une ou plusieurs personnes
déterminées autres que le personnel ;
- le CSA n’assimile pas l’acquisition des actions de la SRL par une filiale à une acquisition par la
SRL elle-même.

Le CSA impose aux SRL cotées les mêmes règles que pour les SA cotées en ce qui concerne l’égalité
de traitement des actionnaires et l’obligation de reporting à la FSMA567, sous réserve qu’il ne
renvoie pas à l’exception à l’égalité de traitement prévue pour les SA en cas d’aliénation de ses
actions aux fins d’éviter un dommage grave et imminent.

560 CSA, art. 5:152.


561 comparer avec l’art. 7:227, § 1er, al. 1, 4° pour les SA.
562 CSA, art. 5:145, al. 2.
563 CSA, art. 5:145, al. 3.
564 CSA, art. 5:2, al. 1, 2°.
565 CSA, art. 5:145 et 5:149.
566 CSA, art. 5:147.
567 CSA, art. 5:2, al. 1er, 2° renvoyant aux articles 7:215, § 1er, 4° et § 2.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. RÉGIME DE LA DÉTENTION
Le régime de la détention est identique à celui prévu pour les SA568.

3. RÉGIME DE L’ALIÉNATION
La SRL ne peut aliéner les actions acquises qu’en vertu d’une décision de l’assemblée générale prise
aux conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts, qui détermine
les conditions d’aliénation.

Les actions doivent être offertes par préférence aux actionnaires existants proportionnellement au
nombre d’actions qu’ils détiennent.

Une telle autorisation n’est pas requise pour l’aliénation au personnel d’actions acquises à ces
fins569.

4. PRISE EN GAGE
Le CSA ne réglemente pas la prise en gage par une SRL de ses propres actions. Il ne s’agit pas d’un
oubli.

L’Exposé des motifs précise en effet que « la disposition relative à la prise en gage de parts
propres570 est supprimée en raison de son inefficacité. Les opérations pouvant donner lieu à une
prise en gage d’actions propres restent néanmoins soumises aux règles relatives à la gestion des
conflits d’intérêts et au prescrit de l’article 5:152 [disposition relative à l’assistance financière] ».

SONNETTE D’ALARME

1. RÉDUCTION GRAVE DE L’ACTIF NET


Si, à la suite de pertes, l’actif net risque de devenir ou est devenu négatif, l’organe d’administration
doit, sauf dispositions plus rigoureuses dans les statuts, convoquer l’assemblée générale à une
réunion à tenir dans un délai n’excédant pas deux mois à dater du moment où la perte a été
constatée ou aurait dû l’être en vertu des obligations légales ou statutaires, en vue de délibérer, le
cas échéant, dans les formes prescrites pour la modification des statuts, sur la dissolution
éventuelle de la société et éventuellement d’autres mesures annoncées dans l’ordre du jour afin
d’assurer la continuité de la société.

A moins qu’il ne propose la dissolution, l’organe d’administration doit justifier les mesures qu’il
compte adopter en vue de redresser la situation financière de la société dans un rapport spécial
tenu à la disposition des actionnaires au siège de la société quinze jours avant l’assemblée

568 CSA, art. 5:148.


569 CSA, art. 5:149.
570 article 330 C. Soc.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

générale. Ce rapport doit être annoncé dans l’ordre du jour et les actionnaires peuvent en obtenir
une copie. Il est prescrit à peine de nullité de la décision de l’assemblée générale.

Lorsque l’organe d’administration a rempli une première fois ses obligations, il n’est plus tenu de
convoquer l’assemblée générale pour les mêmes motifs pendant les 12 mois suivant la convocation
initiale.

Si l’assemblée générale n’a pas été convoquée dans ce délai, le dommage subi par les tiers est, sauf
preuve contraire, présumé résulter de cette absence de convocation571.

2. TEST DE LIQUIDITÉ
Les SRL doivent également appliquer cette procédure, avec les mêmes sanctions, lorsque l’organe
d’administration constate qu’il n’est plus certain que la société, selon les développements auxquels
on peut raisonnablement s’attendre, sera en mesure de s’acquitter de ses dettes au fur et à mesure
de leur échéance pendant au moins les 12 mois suivants572.

On peut regretter que le législateur n’ait pas repris cette règle pour les SA mais c’est cohérent avec l’absence
de test de liquidité pour la distribution des bénéfices d’une SA.

3. MISE NE PÉRIL DE LA CONTINUITÉ DE L’ENTREPRISE


Les règles déjà examinées pour les SA573 s’appliquent aussi aux SRL et aux SC.

571 CSA, art. 5:153.


572 CSA, art. 5:153, § 2.
573 CSA, art. 2:52 et 3:69.

178
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 5 :
SC

179
Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

1. ACTE CONSTITUTIF
Les SC doivent être constituées par acte authentique574.

2. NOMBRE D’ACTIONNAIRES
Les SC doivent être constituées par au moins trois fondateurs, personnes physiques ou morales, et
doivent à tout moment avoir au moins trois actionnaires.

L’absence de trois fondateurs valablement engagés est une cause de nullité de la SC575.

« Si au cours de son existence une société coopérative compte moins de trois actionnaires, tout
intéressé peut en demander la dissolution devant le tribunal de l'entreprise du siège de la société.
Le tribunal peut accorder à la société un délai pour régulariser la situation en prenant une autre
forme légale ou en ramenant à nouveau le nombre d'actionnaires à trois »576.

La diminution du nombre d’associés en dessous de trois en cours de vie de la société n’entraîne


donc pas sa dissolution de plein droit.

3. BUT
« La société coopérative a pour but principal la satisfaction des besoins et/ou le développement des
activités économiques et/ou sociales de ses actionnaires ou bien de tiers intéressés notamment par
la conclusion d’accords avec ceux-ci en vue de la fourniture de biens ou de services ou de
l’exécution de travaux dans le cadre de l’activité que la société coopérative exerce ou fait exercer.
La société coopérative peut également avoir pour but de répondre aux besoins de ses actionnaires
ou de ses sociétés mères et de leurs actionnaires ou de tiers intéressés que ce soit ou non par
l’intermédiaire de filiales. Elle peut également avoir pour but de favoriser leurs activités
économiques et/ou sociales par une participation à une ou plusieurs autres sociétés »577.

Cette définition est calquée sur celle de la société coopérative européenne (infra).

Pour se conformer aux recommandations internationales, le législateur a fait de la SC une forme de


société avec un but spécifique et a réservé cette forme aux sociétés qui mènent une entreprise sur
la base de l’idéal coopératif tel que précisé dans les sept principes de l’Alliance Coopérative
Internationale :
1. Adhésion volontaire et ouverte
2. Contrôle démocratique exercé par les membres
3. Participation économique des membres

574 CSA, art. 6:12.


575 CSA, art. 6:3.
576 CSA, art. 6:126.
577 CSA, art. 6:1, § 1er, al. 1.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

4. Autonomie et indépendance
5. Éducation, formation et information
6. La coopération entre coopératives
7. Souci de la communauté.

La flexibilité, qui constituait l’attrait des sociétés coopératives sous l’empire du Code des sociétés,
se retrouve désormais également dans la SRL.

Alors que, sous l’empire du Code des sociétés, les SCRL étaient très proches des SPRL sous réserve
de leur capital variable, désormais, les « fausses » coopératives ne peuvent plus prendre cette
forme et doivent se transformer, par exemple en SRL.

4. RENVOI AU RÉGIME APPLICABLE AUX SRL


Pour le surplus, il est renvoyé au régime des SRL, notamment en ce qui concerne :
- Le régime des apports 578 ;
- Le plan financier579 ;
- Le régime de la nullité580 ;
- Le régime des clauses léonines581 ; la rédaction de cette disposition est pour le moins curieuses
eu égard au but spécifique des SC ;
- Le régime de la responsabilité des fondateurs582.

AGRÉMENTS

1. SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE


Une SC dont le but principal consiste à procurer à ses actionnaires (et uniquement à ses
actionnaires) un avantage économique ou social, pour la satisfaction de leurs besoins
professionnels ou privés, peut être agréée en application de la loi du 20 juillet 1955 portant
institution d’un Conseil national de la Coopération, de l’Entrepreneuriat social et de l’entreprise
Agricole et de ses arrêtés d’exécution. Elle ajoute à la dénomination de sa forme légale le terme
« agréée » et est désignée en abrégé « SC agréée »583.

Pour être agréées, les SC doivent adopter des statuts conformes aux principes suivants 584 :
1° l'affiliation des actionnaires doit être volontaire et la société ne peut refuser l'affiliation
d'actionnaires ou prononcer leur exclusion que si les intéressés ne remplissent pas ou cessent de
remplir les conditions générales d'admission prévues dans les statuts ou s'ils commettent des actes
contraires aux intérêts de la société ;

578 CSA, art. 6:8, 6:9 et 6:10.


579 CSA, art. 6:5.
580 CSA, art. 6:14.
581 CSA, art. 6:15.
582 CSA, art. 6:16 et 6:17.
583 CSA, art. 8:4.
584 art. 1er, § 1er, 1° à 8° de l’AR 8 janvier 1962.

181
Fanny Streveler MA1 DROIT

2° les actions, même si elles sont de valeur différente, confèrent, par catégories de valeurs, les
mêmes droits et obligations, sous réserve du droit de vote (infra) ;
3° tous les actionnaires ont une voix égale en toutes matières aux assemblées générales, quel que
soit le nombre d’actions dont ils disposent ;
4° les administrateurs et les commissaires sont nommés par l'assemblée générale ;
5° le dividende octroyé aux actionnaires ne peut dépasser 6 % de la valeur nominale des actions
après retenue du précompte mobilier ;
6° le but principal de la société est de procurer aux actionnaires un avantage économique ou social,
dans la satisfaction de leurs besoins professionnels ou privés ;
7° le mandat des administrateurs et des actionnaires chargés du contrôle est gratuit ;
8° une partie des ressources annuelles est consacrée à l'information et à la formation des
actionnaires, actuels et potentiels, ou du grand public.

L’intérêt d’un tel agrément tient à divers avantages fiscaux et en matière de sécurité sociale :
- exonération d'une partie des dividendes versés aux actionnaires ;
- absence de requalification d'intérêts en dividendes ;
- application étendue du tarif réduit à l'impôt sur les sociétés ;
- sécurité sociale des travailleurs pour les administrateurs ;
- participation à la formation du Conseil national de la Coopération ;
- logo pour les sociétés coopératives agréées.

2. ENTREPRISE SOCIALE
Une SC peut être agréée comme entreprise sociale si elle remplit les conditions prévues par l’article
8:5, § 1er, du CSA et l’arrêté royal du 28 juin 2019 fixant les conditions d’agrément comme
entreprise agricole et comme entreprise sociale :
1° elle doit avoir pour but principal, dans l’intérêt général, de générer un impact social positif pour
l’homme, l’environnement ou la société ;
2° il doit ressortir de son objet statutaire qu’il sert à générer un impact sociétal positif pour
l’homme, pour l’environnement ou pour la société ;
3° tout avantage patrimonial qu’elle distribue à ses actionnaires, sous quelque forme que ce soit,
ne peut, à peine de nullité, excéder le taux d’intérêt fixé par l’arrêté royal du 8 janvier 1962,
appliqué au montant réellement versé par les actionnaires sur les actions (actuellement, 6 %) ;
4° le montant du dividende ne peut être fixé qu’après fixation du montant réservé aux projets de la
société ;
5° en cas de démission, l’actionnaire reçoit au maximum la valeur nominale de son apport réel ;
6° aucun actionnaire ne peut prendre part au vote à l’assemblée générale pour un nombre de voix
représentant le dixième des voix attachées aux actions représentées ;
7° le mandat d’administrateur est gratuit ;
8° lors de la liquidation, le patrimoine subsistant après apurement du passif et remboursement de
la somme réellement versée par les actionnaires et non encore remboursée sur les actions doit être
réservé à une affectation qui correspond le plus possible à son objet comme entreprise sociale
agréée585.

585 CSA, art. 8:5, § 1er, al. 1 ; art. 6, § 1er de l’AR 28 juin 2019.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

Mis à part le « prestige » résultant d’un tel agrément, on n’aperçoit pas à ce stade l’avantage d’un
tel agrément.

Une telle SC doit ajouter à sa dénomination les termes « société coopérative agréée comme
entreprise sociale » et est désignée en abrégé « SC agréée comme ES » si son but principal ne
consiste pas à procurer à ses actionnaires un avantage économique ou social pour la satisfaction de
leurs besoins professionnels ou privés586.

3. DOUBLE AGRÉMENT
« Une société coopérative dont le but principal ne consiste pas à procurer à ses actionnaires un
avantage économique ou social, pour la satisfaction de leurs besoins professionnels ou privés, et
qui est tant une société coopérative agréée visée à l’article 8:4 qu’une société agréée en tant
qu’entreprise sociale visée au paragraphe 1er, ajoute à la dénomination de sa forme légale les
termes ‘agréée’ et ‘entreprise sociale’ et est désignée en abrégé ‘SCES agréée’ »587.

En d’autres termes, une SC peut cumuler les deux agréments, en tant que « SC agréée » et en tant
que « SC agréée comme ES », et est alors une « SCES agréée ».

Cette disposition est obscure, puisque l’une des conditions pour qu’une SC soit agréée est
précisément que le but principal consiste à procurer à ses actionnaires un avantage économique ou
social.

TITRES

1. ACTIONS ET OBLIGATIONS
Les SC peuvent uniquement émettre des actions (elles peuvent aussi les appeler « parts »)
nominatives avec droit de vote et des obligations588. Elles ne peuvent donc pas émettre de parts
bénéficiaires.

Les SC doivent émettre au moins trois actions avec droit de vote et chaque action doit être émise
en contrepartie d’un apport589.

Sauf disposition contraire, chaque action donne droit à une part égale du bénéfice et du solde de
liquidation590 et à une voix591. Les SC peuvent donc émettre des actions à droit de vote multiple et
des actions avec dividende privilégié.

Les SC peuvent émettre des classes différentes d’actions.

586 CSA, art. 8:5, § 1er, al. 4.


587 CSA, art. 8:5, § 2.
588 CSA, art. 6:19, al. 1.
589 CSA, art. 6:39.
590 CSA, art. 6:40.
591 CSA, art. 6:41.

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Fanny Streveler MA1 DROIT

2. FORME
Une SC peut uniquement émettre des actions nominatives avec droit de vote et des obligations592.

L’exercice du droit de vote peut cependant être suspendu dans diverses hypothèses prévues par le
CSA : suspension des droits de vote afférents aux actions concernées aussi longtemps que les
versements éligibles en vue de la libération n’ont pas été effectués593 ; suspension des droits de
vote de l’apporteur en industrie qui est dans l’impossibilité temporaire d’exécuter ses obligations
pour une période de plus de trois mois, pour toute la durée de cette impossibilité qui dépasse cette
période de trois mois594.

Le CSA n’interdit pas les obligations dématérialisées.

3. CESSION
Sauf disposition statutaire contraire, les actions sont librement cessibles aux actionnaires, le cas
échéant dans les conditions prévues par les statuts595.

Le registre des actions nominatives doit mentionner les restrictions relatives à la cessibilité
résultant des statuts et, lorsqu’une des parties le demande, les restrictions relatives à la cessibilité
des actions résultant de conventions ou des conditions d’émission596. En cas de contradiction entre
les statuts et le registre des actions, les statuts prévalent597.

Les actions ne peuvent être transférées à des tiers que si ceux-ci appartiennent aux catégories
déterminées par les statuts et satisfont aux exigences statutaires pour devenir actionnaire. L’organe
d’administration a le pouvoir d’en décider, sauf si les statuts prévoient que ce pouvoir appartient à
l’assemblée générale. Les statuts peuvent prévoir que l’organe compétent peut refuser un candidat
acquéreur, à condition de motiver son refus598. A contrario, dans le silence des statuts, l’organe
compétent doit admettre toutes les personnes qui remplissent les conditions fixées par les statuts
pour devenir actionnaires.

Les cessions réalisées en méconnaissance de cette disposition ne sont opposables ni à la société ni


aux tiers, indépendamment de la bonne ou la mauvaise foi du cessionnaire599.

Une cession contraire aux restrictions à la cessibilité qui figurent dans des statuts publiés
régulièrement, n’est opposable ni à la société ni aux tiers, que le cessionnaire soit de bonne ou de
mauvaise foi, même lorsque la restriction statutaire ne figure pas dans le registre des
actionnaires 600.

592 CSA, art. 6:19, al. 1.


593 CSA, art. 6:41, al. 2.
594 CSA, art. 6:11.
595 CSA, art. 6:52.
596 CSA, art. 6:25, al. 1, 5°.
597 CSA, art. 6:25, al. 2.
598 CSA, art. 6:54, al. 1.
599 CSA, art. 6:54, al. 2.
600 CSA, art. 6:53.

184
Fanny Streveler MA1 DROIT

A l’inverse des SA et des SRL, les SC ne peuvent pas faire admettre leurs actions sur un marché
réglementé601.

ADMINISTRATION

Le CSA prévoit les mêmes règles en matière d’administration pour les SC que pour les SRL non
cotées, notamment :
- les mêmes modèles de gouvernance602 ;
- les mêmes règles en matière de conflits d’intérêts603 ;
- les mêmes règles en matière de gestion journalière604 ;
- les mêmes règles en matière de représentation605.

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE & MODIFICATION DES STATUTS

Le CSA prévoit les mêmes règles en matière d’assemblée générale et de modification des statuts
pour les SC que pour les SRL non cotées, notamment :
- les mêmes règles de convocation aux assemblées générales des SC606 ;
- les mêmes règles en matière de modalité de vote à l’assemblée générale607 ;
- les mêmes règles en matière de quorum et de majorité à l’assemblée générale ; toutefois, ces
règles sont supplétives dans les SC608.

RÉSERVES ET DIVIDENDES

Le CSA prévoit les mêmes règles en matière de réserves et de dividendes que pour les SRL, et
notamment le double test pour distribuer des dividendes 609.

OPÉRATIONS SUR TITRES

1. ORIGINALITÉ DES SC
Traditionnellement, les sociétés coopératives se caractérisaient par la faculté pour les SC d’émettre
des nouvelles actions et d’admettre de nouveaux actionnaires sans modifier leurs statuts. De
même, des associés pouvaient être exclus ou démissionner sans modification des statuts. C’était un
des points majeurs qui les distinguait des SPRL.

Le CSA conserve cette règle (infra). Cela reste donc un point majeur qui distingue les SC des SRL.

601 CSA, art. 6:1, § 2.


602 CSA, art. 6:58 à 6:63.
603 CSA, art. 6:64 et 6:65.
604 CSA, art. 6:67.
605 CSA, art. 6:61.
606 CSA, art. 6:70 et 6:71.
607 CSA, art. 6:80.
608 CSA, art. 6:85.
609 CSA, art. 6:115 et 6:117.

185
Fanny Streveler MA1 DROIT

Toutefois, le CSA prévoit que, comme les SRL, les SC doivent mentionner le nombre d’actions
qu’elles ont émises dans leurs statuts610. L’obligation de mentionner le nombre d’actions dans les
statuts, plutôt que dans l’autre partie de l’acte constitutif, résulte manifestement d’une erreur : il
est incohérent d’imposer la mention du nombre d’actions dans les statuts d’une SC, alors qu’il est
possible de devenir actionnaire d’une SC, de démissionner ou d’être exclu sans modification des
statuts. La Cour constitutionnelle vient d’annuler cette disposition 611.

2. ADMISSION
L’organe d’administration peut, sans modification des statuts, décider d’émettre de nouvelles
actions et de les attribuer aux personnes qui satisfont aux exigences statutaires pour devenir
actionnaires, sauf si les statuts réservent ce pouvoir à l’assemblée générale612.

Nonobstant toute disposition statutaire contraire, les actionnaires et les tiers qui satisfont aux
exigences statutaires pour devenir actionnaires peuvent souscrire à des actions nouvelles sans
modification statutaire, conformément aux conditions prévues par les statuts613. Les statuts
peuvent cependant prévoir que l’organe compétent peut refuser un candidat actionnaire, à
condition de motiver son refus614. A contrario, dans le silence des statuts, l’organe compétent doit
admettre toutes les personnes qui remplissent les conditions fixées par les statuts pour devenir
actionnaires.

3. DÉMISSION
« Nonobstant toute disposition statutaire contraire, les actionnaires ont le droit de démissionner de
la société à charge de son patrimoine »615. Une telle démission n’est autorisée qu’à partir du
troisième exercice suivant la constitution616.

Les statuts peuvent régler les modalités de la démission mais ne peuvent pas l’interdire.

Sauf disposition contraire des statuts,


- un actionnaire ne peut démissionner que pendant les six premiers mois de l’exercice social ;
- un actionnaire ne peut démissionner que pour l’ensemble de ses actions ;
- la démission prend effet le dernier jour du sixième mois de l’exercice ;
- la société doit payer la valeur des actions pour lesquelles l’associé a démissionné au plus tard
dans le mois qui suit ;
- son montant correspond au montant libéré et non encore remboursé de ces actions, avec
comme plafond le montant de la valeur d’actif net de ces actions telle qu’elle résulte des
derniers comptes annuels approuvés.

610 CSA, art. 6:13, al. 1, 4° et al. 2.


611 Cour constitutionnelle, 15 octobre 2020, arrêt n° 135/2020, B.24.4.
612 CSA, art. 6:106, § 1er et 6:108, § 1er.
613 CSA, art. 6:106, § 1er.
614 CSA, art. 6:106, § 1er, al. 2.
615 CSA, art. 6:120, § 1er, al. 1.
616 CSA, art. 6:120, § 1er, al. 2, 1°.

186
Fanny Streveler MA1 DROIT

S’agissant d’une distribution, nonobstant toute disposition statutaire contraire, si la part de retrait
ne peut être payée en tout ou partie en raison des dispositions en matière de distribution, le droit
au paiement est suspendu jusqu’à ce que les distributions soient à nouveau permises. Le montant
restant dû sur la part de retrait devra être payé avant toute autre distribution aux actionnaires.
Aucun intérêt n’est dû sur ce montant617.

Sous réserve que, dans les SC, les statuts ne peuvent écarter le droit de démission et la démission
n’entraîne pas de modification des statuts, le régime de la démission est identique dans les SC et les
SRL.

Sauf disposition statutaire contraire, en cas de décès, de faillite, de déconfiture, de liquidation ou


d’interdiction d’un actionnaire, celui-ci est réputé démissionnaire de plein droit à cette date.
L’actionnaire, ou, selon le cas, ses héritiers, créanciers ou représentants recouvrent la valeur de sa
part de retrait de la manière déterminée ci-avant618.

4. EXCLUSION
Nonobstant toute disposition statutaire contraire, la société peut exclure un actionnaire pour justes
motifs. Les statuts peuvent prévoir des motifs d’exclusion supplémentaires619.

L’assemblée générale est en principe compétente pour prononcer l’exclusion mais les statuts
peuvent attribuer ce pouvoir à l’organe d’administration620.

L’actionnaire dont l’exclusion est demandée doit être invité à faire connaître ses observations par
écrit à l’organe compétent pour décider de l’exclusion, dans le mois de la communication de la
proposition d’exclusion. L’actionnaire doit être entendu à sa demande.

Toute décision d’exclusion est motivée621.

Sauf disposition contraire des statuts, l’actionnaire exclu a droit à la valeur de ses actions (calculée
comme en cas de démission) 622.

A contrario, les statuts pourraient priver l’actionnaire exclu de tout droit à la valeur de ses actions.

5. MISE À JOUR DU REGISTRE


Après chaque mouvement, l’organe d’administration doit ensuite mettre à jour le registre des
actions.

617 CSA, art. 6:120, § 1er, al. 2, 2° à 6°.


618 CSA, art. 6:121.
619 CSA, art. 6:123, § 1er, al. 1.
620 CSA, art. 6:123, § 1er, al. 2.
621 CSA, art. 6:123, § 1er, al. 3 à 5.
622 CSA, art. 6:123, § 3.

187
Fanny Streveler MA1 DROIT

ASSISTANCE FINANCIÈRE

Le CSA prévoit les mêmes règles en matière d’assistance financière pour les SC que pour les SRL623.

ACQUISITION D’ACTIONS PROPRES

Le CSA interdit aux SC d’acheter leurs propres titres624 (exception en faveur des sociétés de bourse
et des établissements de crédit).

SONNETTE D’ALARME

Le CSA prévoit les mêmes règles en matière de sonnette d’alarme pour les SC que pour les SRL625.

623 CSA, art. 6:118.


624 CSA, art. 6:53.
625 CSA, art. 6:119, § 2 et § 4, 2:52 et 3:69.

188
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 6 :
GROUPEMENTS
EUROPEENS

189
Fanny Streveler MA1 DROIT

Pour faciliter la constitution de groupements entre les ressortissants d’Etats membres de l’Union
européenne et les opérations transfrontalières (déplacement transfrontalier du siège et fusion
transfrontalière), le législateur européen a créé des groupements directement soumis au droit
européen : le groupement européen d'intérêt économique (GEIE), la société européenne (SE) et la
société coopérative européenne (SCE).

A l’inverse d’une directive, un règlement est directement applicable dans tous les Etats membres et
obligatoire dans tous ses éléments, sans que les Etats aient le pouvoir d’y déroger ou même de les
transposer.

Ces règlements comportent un ensemble de dispositions, impératives ou supplétives, mais


renvoient également au droit interne ou au droit national (le droit interne se distingue du droit
national en ce qu’il comprend également les règles de droit international privé) pour un certain
nombre de points.

On compte à ce jour :
- 3.349 SE (Airbus, Allianz, BASF, Getlink (anciennement Eurotunnel), LVMH, Zalando,…) ;
- 2.193 GEIE (Arte, Rail Manche Finance, The Mont Blanc Tunnel, ...).

Si ces chiffres sont modestes, plusieurs SE sont de très grandes sociétés cotées en bourse.

SE

→ Règlement n°2157/2001.

La société anonyme européenne, aussi dénommée « Societas Europaea » (en abrégé « SE ») est
« une société dont le capital est divisé en actions » et dont « chaque actionnaire ne s’engage qu’à
concurrence du capital qu’il a souscrit »626.

Le capital souscrit doit être d’au moins 120.000 EUR 627. Le capital doit être libéré à concurrence
d’au moins 61.500 EUR 628.

1. LOI APPLICABLE
La SE est régie par le Règlement n° 2157/2001 du Conseil du 8 octobre 1981 (ci-après, le Règlement
SE). Ce Règlement est complété par la Directive 2001/86/CE du Conseil du 8 octobre 2001 pour ce
qui concerne l'implication des travailleurs (ci-après, la Directive SE).

L’objectif du Conseil était essentiellement de créer une forme supranationale de société pour
faciliter le rapprochement et la réorganisation de sociétés ayant une dimension européenne.

626 art. 1, § 2 du Règlement SE.


627 art. 4, § 2 du Règlement SE.
628 art. 5 du Règlement SE.

190
Fanny Streveler MA1 DROIT

Toutefois, le Règlement constitue plutôt un cadre général qui laisse beaucoup de questions à la loi
de l’Etat où la SE est immatriculée. L’avantage d’une réglementation supranationale est donc
partiellement neutralisé par les références aux lois nationales.

La SE est également régie par les dispositions du livre 15 du CSA adoptées en application de ce
Règlement et, pour les matières non régies par ce Règlement, par les dispositions du livre 7 du CSA,
applicables aux SA.

A. Hiérarchie des normes


Aux termes de l’article 9 du Règlement SE, la SE est régie :
- par les dispositions du Règlement ;
- lorsque le Règlement l'autorise expressément, par les dispositions des statuts de la SE ;
- pour les matières non réglées par le Règlement ou, lorsqu'une matière l'est partiellement, pour
les aspects non couverts par le Règlement (1) par la loi de l’Etat membre où la SE a son siège
statutaire ; (2) à défaut par la loi nationale de l’Etat où la SE a son siège statutaire qui
s'appliquerait à une société anonyme ;
- par les dispositions des statuts de la SE, dans les mêmes conditions que pour une société
anonyme constituée selon le droit de l'État membre dans lequel la SE a son siège statutaire.

En outre, le Règlement laisse une série d’options aux Etats membres.

En conséquence, il n’y a pas une seule SE, mais autant de SE que d’Etats membres de l’Union
européenne.

En Belgique, outre le Règlement SE, la SE est régie par les dispositions du livre 15 du CSA adoptées
en application de ce Règlement et, pour les matières non réglées par ce Règlement, par les
dispositions du livre 7 du CSA applicables aux SA629.

2. FACTEUR DE RATTACHEMENT
Le Règlement SE a tenté de trouver un compromis entre la théorie du siège réel (la société est régie
par la loi de l’Etat du lieu où elle a son siège réel) et la théorie de l’incorporation ou du siège
statutaire (la société est régie par la loi de l’Etat où elle a été constituée ou où elle a son siège
statutaire).

Il prévoit en effet que « le siège statutaire de la SE est situé à l'intérieur de la Communauté [lire
l’Union], dans le même État membre que l'administration centrale. Un État membre peut en outre
imposer aux SE immatriculées sur son territoire l'obligation d'avoir leur administration centrale et
leur siège statutaire au même endroit »630. A défaut, la SE doit régulariser la situation et si elle ne le
fait pas elle doit être dissoute631.

Il admet cependant le déplacement du siège statutaire dans un autre Etat membre632.

629 CSA, art. 15:2.


630 art. 7 du Règlement SE.
631 art. 64 du Règlement SE.
632 art. 8 du Règlement SE.

191
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. CONSTITUTION
La SE peut être constituée de quatre manières : constitution d’une société holding, constitution
d’une société filiale par des sociétés nationales ou par une SE, fusion, transformation d’une SA
préexistante. Elle ne peut donc être créée qu’à partir d’une ou plusieurs sociétés préexistantes et
jamais ex nihilo.

En principe, seules des sociétés constituées selon le droit d'un État membre et ayant leur siège
statutaire et leur administration centrale dans l’Union européenne peuvent participer à la
constitution d’une SE.

Les formes de sociétés pouvant participer à la constitution d’une SE et les critères à remplir
dépendent du mode de constitution :

Types de constitution de la SE Type de société Critères


Fusion SA constituée selon le droit d’un Deux d’entre elles au moins
Etat membre et ayant son siège relèvent du droit d’États
statutaire et son administration membres différents
centrale dans l’Union
Constitution d’une SE holding SA et SRL constituées selon le Deux d’entre elles au moins
droit d’un Etat membre et ayant relèvent du droit d’Etat membres
son siège statutaire et son différents, ou ont depuis au
administration centrale dans moins deux ans une société filiale
l’Union relevant du droit d’un autre Etat
membre ou une succursale située
dans un autre Etat membre
Établissement d’une SE filiale Sociétés et autres entités Deux d’entre elles au moins
juridiques constituées selon le relèvent du droit d’États
droit d’un Etat membre et ayant membres différents, ou ont
son siège statutaire et son depuis au moins deux ans une
administration centrale dans société filiale relevant du droit
l’Union d’un autre Etat membre ou une
succursale située dans un autre
Etat membre
Transformation SA constituée selon le droit d’un Elle a depuis au moins deux ans
Etat membre et ayant son une société filiale relevant du
administration centrale dans droit d’un autre Etat membre
l’Union

A. Constitution d’une SE holding


Des SA et des SRL peuvent « promouvoir » la constitution d’une SE holding « si deux d’entre elles au
moins : a) relèvent du droit d'États membres différents, ou b) ont depuis au moins deux ans une
société filiale relevant du droit d'un autre État membre ou une succursale située dans un autre État
membre »633.

La SE holding est constituée par des apports d’actions ou de parts par les actionnaires ou associés
de ces sociétés.

633 art. 2, § 2 du Règlement SE.

192
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les organes de direction ou d’administration des sociétés promotrices établissent un projet de


constitution qui fixe notamment le pourcentage minimal des actions ou parts de chacune des
sociétés promotrices à apporter par les actionnaires en vue de la constitution de la SE (minimum
50% des droits de vote).

Ce projet est soumis pour approbation à l’assemblée générale de chacune des sociétés. Si les
assemblées générales des sociétés promotrices approuvent le projet de constitution, les sociétés
promotrices peuvent lancer la procédure de constitution. Ensuite, les actionnaires des sociétés
promotrices ont « un délai de trois mois pendant lequel ils peuvent communiquer aux sociétés
promotrices leur intention d’apporter leurs actions ou parts en vue de la constitution de la SE ».
L’opération ne se réalise que si le pourcentage minimal d’actions ou parts prévu par le projet est
apporté. Dans ce cas, l’acte constitutif de la SE holding constate que les actionnaires des sociétés
promotrices ont apporté le pourcentage minimal d’actions ou parts de chaque société fixé
conformément au projet de constitution et que toutes les autres conditions sont remplies.

Au terme de l’opération, les sociétés promotrices subsistent et deviennent des filiales de la SE


holding, qui doit être titulaire d’actions ou parts conférant plus de 50 % des droits de vote
permanents634.

La SE holding peut devenir une société de participation financière ou une tête de groupe.

B. Constitution d’une SE filiale


Les sociétés, mais également d’autres entités juridiques de droit public ou privé, « peuvent
constituer une SE filiale en souscrivant ses actions, si deux d'entre elles au moins : a) relèvent du
droit d'États membres différents, ou b) ont depuis au moins deux ans une société filiale relevant du
droit d'un autre État membre ou une succursale située dans un autre État membre »635.

La SE filiale est constituée par des apports en espèces ou en nature par ces sociétés et entités.

Une SE peut également constituer une SE filiale 636.

C. Transformation
Une SA peut se transformer en SE si elle a depuis au moins deux ans une société filiale relevant du
droit d’un autre Etat membre637. Elle ne peut pas transférer son siège statutaire dans un autre Etat
membre à l’occasion de cette transformation 638.

Une SE peut se transformer en SA mais cette décision ne peut être prise qu’après un certain délai :
deux ans à partir de l’immatriculation et approbation des deuxièmes comptes annuels 639.

634 art. 32 et 33 du Règlement SE.


635 art. 2, § 3 du Règlement SE.
636 art. 3 du Règlement SE.
637 art. 2, § 4 du Règlement SE.
638 art. 37, § 3 du Règlement SE.
639 art. 66, § 1er du Règlement SE.

193
Fanny Streveler MA1 DROIT

D. Fusion
Une SE peut être constituée par fusion (par constitution de société nouvelle ou par absorption).
Dans ce dernier cas, la société absorbante doit prendre la forme d’une SE simultanément à la
fusion640.

Avant la directive en matière de fusions transfrontalières, la SE était parfois considérée comme un


véhicule pour réaliser des fusions transfrontalières.

E. Acquisition de la personnalité morale


La SE doit être immatriculée dans l’Etat membre de son siège statutaire dans un registre désigné
par la législation de cet Etat641. Cette immatriculation ne peut avoir lieu qu’après le règlement des
modalités relatives à l’implication des travailleurs (infra). La SE acquiert la personnalité morale lors
de son inscription dans ce registre642.

Il s’agit en Belgique du registre des personnes morales. L’immatriculation doit être publiée dans
l’Etat où la SE s’est constituée.

Elle fait ensuite l’objet d’un avis publié pour information au Journal officiel de l’Union européenne
après la publication nationale.

4. IMPLICATION DES TRAVAILLEURS


L’implication des travailleurs désigne l’information, la consultation, la participation ou tout autre
mécanisme par lequel les représentants des travailleurs peuvent exercer une influence sur les
décisions à prendre au sein de l’entreprise :
- L’information désigne le fait que l'organe représentant les travailleurs et/ou les représentants
des travailleurs sont informés, par l'organe compétent de la SE, sur les questions qui
concernent la SE.
- La consultation désigne l'instauration d'un dialogue et l'échange de vues entre l'organe
représentant les travailleurs et/ou les représentants des travailleurs et l'organe compétent de
la SE.
- La participation désigne le droit des représentants des travailleurs de désigner certains
membres de l'organe de surveillance (système dualiste) ou d'administration (système moniste)
de la société643 et d’ainsi participer dans les organes de surveillance ou d’administration de la
société. Ainsi, en Allemagne, dans les sociétés anonymes qui ont plus de 500 travailleurs, un tiers des
membres du conseil de surveillance doivent être des représentants des travailleurs ; si elles ont plus de
2.000 travailleurs, cette fraction est de la moitié (système dit de co-détermination ou de
Mitbestimmung).

Les différences entre les législations des Etats membres en la matière ont été la principale pierre
d’achoppement des négociations sur la création de la SE, ce qui explique qu’elles aient duré une
trentaine d’années : les Etats qui n’ont pas de système de participation (par exemple, la Belgique)
craignaient une atteinte aux droits des actionnaires et un effet de contagion sur leur législation

640 art. 17 du Règlement SE.


641 art. 12, § 1er du Règlement SE.
642 art. 16, § 1er du Règlement SE.
643 art. 2 de la Directive SE.

194
Fanny Streveler MA1 DROIT

nationale, tandis que les Etats membres avec un tel système (par exemple, l’Allemagne) craignaient
au contraire qu’un système plus souple que le leur permette de le contourner.

La SE ne peut être immatriculée dans un Etat membre que si un accord a été conclu sur les
modalités relatives à l’implication des travailleurs644.

Bien entendu, ce principe ne s’applique que si les sociétés participantes ont des travailleurs.

La Directive SE comporte des règles extrêmement détaillées et complexes qui visent en substance à
sauvegarder les droits qu’avaient les travailleurs avant la constitution de la SE.

Ces règles impliquent une chance ou un risque (selon ses sensibilités,...) d’exportation des systèmes
de participation des Etats qui en ont dans les Etats qui n’en ont pas. Par exemple, une SE immatriculée
en Belgique issue de la fusion entre une société belge et une société allemande, ou de la transformation de
cette SE, pourrait se voir appliquer le système de Mitbestimmung allemand.

Cela peut rendre les opérations avec des sociétés régies par les lois d’Etats avec un tel système
moins attractives pour les sociétés régies par les lois d’Etats sans un tel système, et vice-versa.

Outre leur complexité, la principale faiblesse des règles prévues par la Directive SE est leur
caractère statique : elles s’appliquent au moment de la constitution de la SE, sans avoir égard à
l’évolution ultérieure du nombre de travailleurs.

Dans les Etats qui ont un système de participation, il existe donc un risque de détournement des
règles nationales par la constitution d’une SE avant que le seuil (ou que le seuil suivant) prévu par la
législation soit atteint, ou par la constitution de SE coquilles vides qui ont pu s’immatriculer sans
négociations préalables en l’absence de travailleurs.

5. ORGANES
Les organes de la SE sont l’assemblée générale des actionnaires et soit un organe de surveillance et
un organe de direction (système dualiste), soit un organe d'administration (système moniste), selon
l'option retenue par les statuts645.

6. TRANSFERT TRANSFRONTALIER
Une SE peut transférer son siège statutaire dans un autre Etat membre de l’Union européenne sans
dissolution ni création d’une personne morale nouvelle, moyennant le respect des conditions fixées
par l’article 8 du Règlement SE, qui sont analogues à celles prévues en cas de fusion.

Le Ministre de l’Economie peut s’opposer au transfert du siège d’une SE ayant son siège statutaire
en Belgique dans un autre Etat membre pour des raisons d’intérêt public646.

644 art. 12, § 2 du Règlement SE.


645 art. 38 du Règlement SE.
646 art. 8, § 14 du Règlement SE ; CSA, art. 15:26.

195
Fanny Streveler MA1 DROIT

7. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
A. Avantages
- Application d’un règlement supranational (avec les réserves indiquées ci-avant).
- Possibilité d’effectuer des fusions transfrontalières (mais cet avantage doit être relativisé
depuis la transposition de la directive sur les fusions transfrontalières).
- Possibilité de déplacer le siège dans un autre Etat (mais cet avantage doit être relativisé depuis
la réglementation par le CSA des transformations transfrontalières).
- Choix du modèle de gouvernance. Ainsi, la majorité des SE sont des sociétés allemandes et tchèques,
qui ont choisi cette forme car elle leur permet d’opter pour le système moniste (alors que le droit
allemand et le droit tchèque imposent le système dualiste).

B. Inconvénients
- Droit très partiellement supranational.
- Complexité du système de constitution ; impossibilité de constituer une SE ex nihilo.
- Complexité de la mise en place du système de participation des travailleurs, coût et durée des
négociations.

SCE

→ Règlement n°1435/2003.

La SCE est « une société dont le capital souscrit est divisé en parts » et où « le nombre des membres
ainsi que le capital (...) sont variables »647.

Sauf dispositions contraires des statuts, chaque membre de la société coopérative européenne ne
s’engage « qu’à concurrence du capital qu’il a souscrit », auquel cas la dénomination sociale doit
être suivie des termes « à responsabilité limitée »648.

Le but principal de la SEC est « la satisfaction des besoins et/ou le développement des activités
économiques et/ou sociales de ses membres notamment par la conclusion d’accords avec ceux-ci
en vue de la fourniture de biens ou de services ou de l’exécution de travaux dans le cadre de
l’activité que la SEC exerce ou fait exercer »649. « La SEC peut aussi avoir pour objet de répondre aux
besoins de ses membres en favorisant, de la même manière, leur participation à des activités
économiques dans une ou plusieurs SEC et/ou coopératives nationales ». Elle « ne peut admettre
des non membres au bénéfice de ses activités ou permettre à ceux-ci de participer à ses opérations,
sauf dispositions contraires des statuts »650. La société peut « mener ses activités par
l’intermédiaire d’une filiale »651.

647 art. 1, § 2, al. 1 et 2 du Règlement SCE.


648 art. 1, § 2, al. 3 du Règlement SCE.
649 art. 1, § 3, 1ère phrase du Règlement SCE.
650 art. 1er, § 4 du Règlement SCE.
651 art. 1, § 3, 3ème phrase du Règlement SCE.

196
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le capital souscrit doit être d’au moins 30.000 EUR 652. Le capital doit être libéré à concurrence d’au
moins 6.200 EUR653.

1. LOI APPLICABLE
La société coopérative européenne (en abrégé « SEC ») est régie par le Règlement n° 1435/2003 du
Conseil et la directive 2003/72/CE du Conseil du 22 juillet 2003, qui complète le statut de la société
coopérative européenne pour ce qui concerne l’implication des travailleurs.

Le Règlement SCE prévoit un système de hiérarchie des normes semblable à celui du Règlement SE.

En outre, la SCE est régie par les dispositions du livre 16 du CSA adoptées en application de ce
Règlement et, pour les matières non réglées par ce Règlement, par les dispositions du livre 6 du
CSA, applicables aux SC654.

2. CONSTITUTION
La SCE peut être constituée de trois manières : par des associés, par fusion ou par transformation.

La SCE acquiert la personnalité morale au moment de son immatriculation dans le registre désigné
par l’Etat membre où elle a son siège statutaire655.

A. Constitution par des associés


Une SCE peut être constituée :
- par au moins cinq personnes physiques résidant dans au moins deux États membres ;
- par au moins cinq personnes physiques et sociétés au sens de l’article 48, deuxième alinéa, du
TFUE, ainsi que d’autres entités juridiques de droit public ou privé, constituées selon le droit
d’un État membre, qui résident dans au moins deux États membres ou sont régies par la
législation d’au moins deux États membres ;
- par des sociétés au sens de l’article 48, deuxième alinéa, du TFUE, ainsi que d’autres entités
juridiques de droit public ou privé, constituées selon le droit d’un État membre, qui résident
dans au moins deux États membres ou sont régies par la législation d’au moins deux États
membres656.

B. Transformation
Une société coopérative peut se transformer en SCE si elle a depuis au moins deux ans un
établissement ou un filiale relevant du droit d’un autre Etat membre657. Elle ne peut pas transférer
son siège statutaire dans un autre Etat membre à l’occasion de cette transformation 658.

652 art. 3, § 2 du Règlement SCE.


653 art. 17, § 1er du Règlement SCE.
654 CSA, art. 16:2.
655 art. 18, § 1 du Règlement SCE.
656 art. 2, § 1er, 3 premiers tirets du Règlement SCE.
657 art. 2, § 1er du Règlement SCE.
658 art. 35, § 2 du Règlement SCE.

197
Fanny Streveler MA1 DROIT

Une SEC peut se transformer en société coopérative mais cette décision ne peut être prise qu’après
un certain délai : deux ans à partir de l’immatriculation et approbation des deuxièmes comptes
annuels659.

C. Fusion
Une SCE peut être constituée par « fusion de coopératives constituées selon le droit d’un Etat
membre et ayant leur siège statutaire et leur administration centrale dans [l’Union européenne], si
deux d’entre elles au moins relèvent du droit d’Etats membres différents »660.

Cette fusion s’opère par absorption ou par constitution de société nouvelle661.

3. IMPLICATION DES TRAVAILLEURS


Comme la SE, la SCE ne peut être immatriculée dans un Etat membre que si un accord a été conclu
sur les modalités relatives à l’implication des travailleurs662.

4. ORGANES
Les organes de la SCE sont l’assemblée générale et soit un organe de surveillance et un organe de
direction (système dualiste), soit un organe d'administration (système moniste) selon l'option
retenue par les statuts663.

En principe, chaque membre de la SEC dispose d'une voix à l’assemblée générale, quel que soit le
nombre de parts qu'il détient664.

Toutefois, les statuts peuvent prévoir qu'un membre dispose d'un nombre de voix qui est
déterminé par sa participation aux activités de la coopérative, à l'exclusion de sa participation sous
forme de contribution au capital665. Les voix ainsi attribuées ne peuvent dépasser le nombre de cinq
par membre, ou 20 % du total des droits de vote si ce nombre est inférieur666.

5. TRANSFERT TRANSFRONTALIER
Les SCE peuvent transférer leur siège dans un autre Etat membre de l’Union européenne tout en
conservant leur personnalité morale667.

659 art. 76, § 1er du Règlement SCE.


660 art. 2, § 1, 4ème tiret du Règlement SCE.
661 art. 19 du Règlement SCE.
662 art. 11, § 2 du Règlement SCE.
663 art. 36 du Règlement SCE.
664 art. 59, § 1er du Règlement SCE.
665 Sous réserve d’exceptions au profit des SEC participant à des activités dans le domaine financier ou de l’assurance ou

dont les membres sont majoritairement des coopératives.


666 art. 59, § 2 du Règlement SCE ; CSA, art. 16:19.
667 art. 7 du Règlement SCE ; CSA, art. 16:22 à 16:26.

198
Fanny Streveler MA1 DROIT

GEIE

→ Règlement n°2137/85.

Le groupement européen d’intérêt économique est un groupement de personnes physiques


exerçant leurs activités dans l’Union européenne ou l’Espace économique européen et de
personnes morales (sociétés ou autres entités juridiques) ayant leur siège sur le territoire de
l'Union européenne ou de l'Espace économique européen.

Aux termes de l’article 1, § 3 du Règlement GEIE, les États membres déterminent si les
groupements immatriculés à leurs registres ont ou non la personnalité juridique. En Belgique, le
GEIE est une personne morale668.

Le GEIE se caractérise par son but : « le but du groupement est de faciliter ou de développer
l’activité économique de ses membres, d’améliorer ou d’accroître les résultats de cette activité ; il
n’est pas de réaliser des bénéfices pour lui-même. Son activité doit se rattacher à l’activité
économique de ses membres et ne peut avoir qu’un caractère auxiliaire par rapport à celle-ci ».

La définition du but du groupement comporte quatre aspects :


- le groupement doit développer l’activité de ses membres : le but du groupement est de
permettre à ses membres de faciliter ou de développer leur activité économique, et d’accroître
ainsi leurs bénéfices, sans qu’il puisse toutefois en rechercher pour son propre compte ;
- l’activité de ses membres doit être économique ; ce terme est très large : il vise de manière
générale toute activité continue et organisée relative à la production, la circulation ou la
distribution des richesses ou toute activité tendant à la satisfaction d’un besoin de marché ;
des groupements peuvent être constitués entre titulaires de professions libérales, entre
artisans, entre agriculteurs, dans le domaine de la santé, de l’éducation et de la prévoyance ou
des sports, voire de l’économie sociale ;
- l’activité du groupement doit se rattacher à l’activité de ses membres et avoir un caractère
subsidiaire par rapport à cette activité : le Règlement GEIE explique ces termes dans les
considérants en ajoutant que l’activité du groupement ne peut pas se substituer à celle de ses
membres (considérant n° 5). Cette condition manifeste l’idée que le groupement est un
instrument de coopération économique, et non de direction ou d’intégration. Il faut donc un
lien entre l’activité du groupement et celle de ses membres, et celle-ci doit rester
prépondérante. Ainsi, un groupement ne peut être à la tête d’un groupe ou constituer une
holding ; un groupement ne peut pas exercer une activité qui ne présente aucun lien par
rapport aux activités de ses membres ;
- le groupement ne peut rechercher de bénéfices pour son propre compte, ce qui serait
inconciliable avec sa vocation de développer l’activité de ses membres.

Dès lors, le GEIE n’est pas considéré comme une société.

Le groupement ne peut faire publiquement appel à l'épargne669.

668 CSA, art. 1:5, § 3.


669 art. 23 du Règlement GEIE.

199
Fanny Streveler MA1 DROIT

Il est fiscalement transparent670.

1. LOI APPLICABLE
Le groupement européen d'intérêt économique est régi par le Règlement n° 2137/85117 et à titre
subsidiaire par la loi interne du siège671, qui correspond en principe au lieu où le groupement a son
administration centrale 672. Il s’agit en Belgique du livre 18 et, pour les matières non réglées par le
ce Règlement, du livre 2, titre 4 (Constitution et formalités de publicité) du CSA673.

2. MEMBRES
Le GEIE doit comporter au moins deux sociétés européennes appartenant à deux États membres
différents et ne peut avoir comme membres que des membres ressortissant de l’Union européenne
(ce qui s’apprécie en fonction du lieu de l’activité pour les personnes physiques et, pour les
personnes morales, de leur siège statutaire ou de leur administration centrale).

Les membres du GEIE sont indéfiniment et solidairement responsables des dettes contractées par
celui-ci674.

De nouveaux membres peuvent être admis ; des membres peuvent démissionner ou être exclus
dans les conditions fixées par le contrat de groupement675.

3. APPORTS ET CAPITAL
Le Règlement GEIE n’impose ni apports ni capital minimum.

4. FORMALITÉS
Le GEIE est constitué par un contrat qui peut être sous seing privé. Ce contrat doit être déposé dans
le registre de l’Etat membre où il est immatriculé676.

Il fait l’objet d’une publicité dans le journal national de l’Etat où il est immatriculé et ensuite sous
forme d’un avis dans le Bulletin officiel de l’union européenne677.

670 art. 40 du Règlement GEIE.


671 art. 2, § 1er du Règlement GEIE.
672 art. 12 du Règlement GEIE.
673 CSA, art. 18:2.
674 art. 24 du Règlement GEIE.
675 art. 26 et 27 du Règlement GEIE.
676 art. 5 et 6 du Règlement GEIE.
677 art. 39 du Règlement GEIE.

200
Fanny Streveler MA1 DROIT

5. ORGANES
Les organes du groupement sont les membres agissant collégialement et le ou les gérants (une ou
plusieurs personnes physiques nommées dans le contrat de groupement ou par une décision des
membres)678.

Le contrat de groupement peut prévoir d'autres organes ; il en détermine alors les pouvoirs.

En principe, chaque membre dispose d'une voix. Le contrat de groupement peut toutefois attribuer
plusieurs voix à certains membres, à condition qu'aucun d'eux ne détienne la majorité des voix679.

6. NOMBRE DE TRAVAILLEURS
Un GEIE ne peut pas avoir plus de 500 travailleurs 680.

7. TRANSFERT DU SIÈGE
Le GEIE peut transférer son siège à l’intérieur de l’Union européenne681.

8. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
A. Avantages
- Constitution aisée et peu coûteuse (pas d’acte notarié).
- Possibilité de transférer le siège à l’intérieur de l’Union européenne (mais cet avantage doit
être relativité depuis la réglementation par le CSA des transformations transfrontalières).

B. Inconvénients
- Le but extrêmement spécifique du GEIE.
- La responsabilité personnelle et solidaire des membres pour tous les engagements du GEIE.

678 art. 19 du Règlement GEIE.


679 art. 17, § 1 du Règlement GEIE.
680 art. 3, 2, c du Règlement GEIE.
681 art. 13 et 14 du Règlement GEIE.

201
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 7 :
GROUPE –
FILIALES –
SUCCURSALES

202
Fanny Streveler MA1 DROIT

Un groupe de sociétés est un ensemble formé par une société-mère et ses filiales et sous-filiales qui
fonctionnent comme un seul ensemble grâce à une source unique de contrôle. La société-mère est
celle qui exerce le contrôle sur une ou plusieurs autres sociétés, appelées « filiales ».

Le groupe ne jouit pas lui-même de la personnalité morale.

L’existence d’un groupe entraîne de nombreuses conséquences juridiques, notamment en matière


d’intérêt social (infra) et de responsabilité (infra).

L’existence d’un groupe explique aussi la réglementation en matière d’opérations entre sociétés
liées (supra).

Une filiale est une société dotée de la personnalité morale contrôlée par une autre (appelée la
société-mère), généralement grâce à la détention de la majorité des droits de vote.

Une société sur laquelle plusieurs sociétés exercent un contrôle conjoint est appelée filiale
commune682.

Une succursale est un établissement secondaire où une personne morale exerce son activité et qui
est doté d’une certaine autonomie de gestion. Par exemple : l’agence d’une banque gérée par un
directeur.

Elle ne bénéficie pas de la personnalité morale.

Il ne faut pas confondre une succursale avec un siège d’exploitation, qui est un établissement où la
société exerce son activité et qui bénéficie ou non d’une certaine autonomie de gestion (par
exemple, les magasins de chaussures exploités par une SA ayant pour objet toutes activités de chausseur).
Un siège d’exploitation peut correspondre à une succursale (par exemple, une agence bancaire) mais
pas nécessairement (par exemple, un magasin dans lequel les vendeurs n’ont aucun pouvoir de gestion).

CONTRÔLE

Le contrôle d’une société est le pouvoir de droit ou de fait d’exercer une influence décisive sur la
désignation de la majorité des administrateurs ou gérants de celle-ci ou sur l’orientation de sa
gestion683.

1. CONTRÔLE DE DROIT
Le contrôle est de droit et présumé de manière irréfragable :
1° lorsqu’il résulte de la détention de la majorité des droits de vote attachés à l’ensemble des
actions, parts ou autres titres de la société en cause ;
2° lorsqu’un associé a le droit de nommer ou de révoquer la majorité des administrateurs ou
gérants ;

682 CSA, art. 1:18, al. 2.


683 CSA, art. 1:14, § 1er.

203
Fanny Streveler MA1 DROIT

3° lorsqu’un associé dispose du pouvoir de contrôle en vertu des statuts de la société en cause ou
de conventions conclues avec celle-ci ;
4° lorsque, par l’effet de conventions conclues avec d’autres associés de la société en cause, un
associé dispose de la majorité des droits de vote attachés à l’ensemble des actions, parts ou autres
titres de celle-ci ;
5° en cas de contrôle conjoint684.

2. CONTRÔLE DE FAIT
Le contrôle est de fait lorsqu’il résulte d’autres éléments.

Un associé est, sauf preuve contraire, présumé disposer d’un contrôle de fait sur la société si, à
l’avant-dernière et à la dernière assemblée générale de cette société, il a exercé des droits de vote
représentant la majorité des voix attachées aux actions, parts ou autres titres représentés à ces
assemblées685.

Une participation de 20 %, voire 10 %, peut suffire à avoir le contrôle d’une société cotée dont
l’actionnariat est fort dispersé.

3. CONTRÔLE DIRECT ET CONTRÔLE INDIRECT


Le contrôle peut être direct ou indirect (pouvoir détenu indirectement à l’aide d’une filiale).

Le contrôle peut ainsi être exercé avec une participation infime à l’aide de pyramides, c’est-à-dire
de « couches » successives de sociétés contrôlées à moins de 100 % entre la société mère et la
filiale indirecte ultime.

4. CONTRÔLE EXCLUSIF ET CONTRÔLE CONJOINT


Le contrôle exclusif est le contrôle exercé par une société soit seule, soit avec une ou plusieurs de
ses filiales686.

Le contrôle conjoint est le contrôle exercé ensemble par un nombre limité d'associés, lorsque ceux-
ci ont convenu que les décisions relatives à l'orientation de la gestion ne pourraient être prises que
de leur commun accord687.

684 CSA, art. 1:14, § 2.


685 CSA, art. 1:14, § 3.
686 CSA, art. 1:17.
687 CSA, art. 1:18, al. 1.

204
Fanny Streveler MA1 DROIT

INTÉRÊT SOCIAL

C’est la société-mère qui désigne les administrateurs de ses filiales.

L’organe d’administration doit bien entendu toujours agir dans l’intérêt de la société dans laquelle
ils exercent un mandat.

On sait que la notion d’intérêt social est controversée (supra).

Lorsque la société fait partie d’un groupe, la question se complique car il faut déterminer si et dans
laquelle mesure les administrateurs peuvent prendre en compte l’intérêt du groupe.

Cette question concerne non seulement la responsabilité civile des administrateurs mais également
leur responsabilité pénale (abus de biens sociaux).

Par ailleurs, en pratique, les administrateurs des filiales sont plus ou moins obligés de respecter les
instructions de la société-mère (sauf à la convaincre, à démissionner ou à être révoqués).

La question se pose dès lors également du droit de la société-mère de donner des instructions à ces
administrateurs de ses filiales et du droit de ces administrateurs de respecter ces instructions.

1. JURISPRUDENCE
En principe, chaque société appartenant à un groupe doit être gérée dans son propre intérêt.
Toutefois, une société peut tenir compte de l’intérêt du groupe auquel elle appartient dans la
mesure où elle tire des avantages de son appartenance au groupe de sorte que son intérêt se
confond partiellement avec celui-ci.

Dans son arrêt phare sur la question, la Cour de cassation de France a décidé ce qui suit :
« Le concours financier apporté, par les dirigeants de fait ou de droit d'une société, à une autre
entreprise d'un même groupe dans laquelle ils sont intéressés directement ou indirectement, doit
être dicté par l'intérêt économique, social ou financier commun, apprécié au regard d'une politique
élaborée pour l'ensemble de ce groupe, et ne doit être démuni de contrepartie ou rompre
l'équilibre entre les engagements respectifs des diverses sociétés concernées, ni excéder les
possibilités financières de celle qui en supporte la charge ».

La jurisprudence belge s’est prononcée dans le même sens.

L’intérêt de groupe peut conduire à imposer certains sacrifices aux filiales pour autant que les
conditions suivantes soient remplies :
- l’existence d’un véritable groupe animé d’une véritable politique commune ;
- la prise de la décision dans l’intérêt du groupe ;
- l’équilibre entre les sacrifices imposés à une société membre du groupe et les avantages qu’elle
retire de son appartenance au groupe ;
- le support fourni par une société aux autres ne peut pas excéder ses capacités et la mettre en
danger. En d’autres termes, une filiale ne peut pas être sacrifiée dans l’intérêt du groupe.

205
Fanny Streveler MA1 DROIT

RESPONSABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ-MÈRE POUR SES FILIALES

La question de la responsabilité des sociétés appartenant à un groupe les unes pour les autres (en
pratique, il s’agit surtout de la responsabilité de la société-mère pour ses filiales) se pose
généralement lorsque la filiale est incapable de remplir ses engagements ou de réparer le
dommage qu’elle a causé.

Cette question se complique quand le groupe a une dimension internationale car il faut déterminer
la loi applicable et la juridiction compétente.

Un des cas les plus célèbres est celui consécutif au naufrage en 1978, de l’Amoco Cadiz au large des côtes
bretonnes, dans lequel la responsabilité de la société-mère fut retenue pour la pollution des côtes françaises
après le naufrage de l’Amoco Cadiz sur la base d’une levée du voile social en raison du contrôle étroit exercé
par la société-mère sur sa filiale.

Le principe est simple : le groupe n’a pas la personnalité juridique et sa responsabilité ne peut pas
être engagée ; chaque membre du groupe est une personne juridique distincte et ne répond en
principe pas des engagements des autres membres du groupe.

Ce principe doit cependant être nuancé, comme indiqué ci-après.

1. RESPONSABILITÉ ENVERS LES CRÉANCIERS


A. Responsabilité contractuelle de la société-mère
Une société-mère peut s’engager pour sa filiale, par exemple en cosignant un contrat ou en se portant
caution. Dans ce cas, elle engage bien entendu sa responsabilité contractuelle.

Une société-mère peut également remettre au créancier de sa filiale une lettre de confort (ou lettre
de patronage).

De telles lettres ont un contenu assez variable. Elles comportent généralement des obligations de
moyen mais peuvent également comporter des obligations de résultat. Elles peuvent en effet :
- uniquement porter sur la reconnaissance par la société-mère qu’elle est parfaitement informée
de l’existence d’un engagement souscrit par sa filiale (par exemple, un prêt) ;
- affirmer que la situation de sa filiale est saine ;
- déclarer que la politique de la société-mère est de mettre les moyens nécessaires à la
disposition de ses filiales pour leur permettre d’exécuter leurs engagements ;
- comporter un engagement de la société-mère à cet égard ;
- …

La responsabilité de la société-mère sur la base de telles lettres dépend donc de leur libellé et de
l’intention des parties.

La société-mère peut également engager sa responsabilité sur la base de la théorie de l’apparence


si les tiers ont pu légitimement croire qu’elle était partie au contrat avec la filiale.

206
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Responsabilité extracontractuelle de la société-mère


La société-mère peut engager sa responsabilité extracontractuelle pour sa filiale, par exemple parce
qu’elle a agi en qualité d’administrateur de fait (infra), parce qu’elle lui donné des instructions sans lui
procurer les moyens de les exécuter, parce qu’elle a brutalement interrompu les relations avec sa filiale ;…

L’absence ou l’insuffisance de surveillance de la société-mère sur sa filiale n’est généralement pas


une cause de responsabilité de la société-mère, sauf si elle a fait des déclarations à cet égard qui
ont créé des expectatives légitimes dans le chef des tiers. Par exemple, dans sa charte de RSE, la
société-mère peut déclarer qu’elle veillera à ce que ses filiales remplissent leurs obligations dans les Etats où
elles sont actives (notamment en matière environnementale et sociale) et supportera ses filiales en cas de
difficultés.

C. Levée du voile social


La société-mère peut également engager sa responsabilité pour les actes de ses filiales si elle n’a
pas respecté leur autonomie et les a traitées comme sa propre chose.

La levée du voile social est très rarement invoquée en Belgique et concerne plutôt les relations
entre un actionnaire majoritaire personne physique et « sa » société que les relations au sein de
groupes de sociétés.

D. Droit de la concurrence
En droit de la concurrence, quand une société-mère détient 100 % du capital de sa filiale ayant
commis une infraction aux règles communautaires de la concurrence, la Cour de Justice considère
que, d’une part, cette société-mère peut exercer une influence déterminante sur le comportement
de cette filiale, et que, d’autre part, il existe une présomption réfragable selon laquelle ladite
société-mère exerce effectivement une influence déterminante sur le comportement de sa filiale.

Dans ces conditions, la société-mère est solidairement responsable pour le paiement de l’amende
infligée à sa filiale, à moins qu’elle ne renverse cette présomption et démontre que sa filiale se
comporte de façon autonome sur le marché.

E. Responsabilité des administrateurs de la filiale ou des administrateurs de la société-mère


Les créanciers peuvent également exercer une action en responsabilité contre les administrateurs
de la filiale, voire de la société-mère (faute de gestion ; action en comblement de passif ;…). Ces
actions seront examinées dans le chapitre suivant.

2. RESPONSABILITÉ ENVERS LES ACTIONNAIRES MINORITAIRES


A. Mesures préventives
Le CSA comporte plusieurs mesures préventives destinées à protéger les actionnaires minoritaires :
- Réglementation des opérations avec les parties liées (supra) ;
- Publicité du rapport de gestion (supra) ;
- Dans les sociétés qui n’ont pas de commissaire, droit d’investigation individuel (infra).

207
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Actions en justice
Les actionnaires minoritaires peuvent également agir contre la société-mère ou les administrateurs
de la filiale (voire de la société-mère) :
- Action en désignation d’un expert ;
- Action en nullité des décisions contraires à l’intérêt social et causant un préjudice aux
actionnaires minoritaires ;
- Action en responsabilité contre les administrateurs de la filiale (et le cas échéant contre la
société-mère ou ses propres administrateurs en qualité d’administrateur de fait) via l’action
minoritaire (faute de gestion ; violation des statuts ; abus de majorité ;…) ;
- Action en abus de majorité contre la société-mère en sa qualité d’actionnaire majoritaire ;
- Action en désignation d’un administrateur provisoire ;
- Droit de retrait ;
- …

Ces diverses actions sont examinées dans le chapitre suivant.

RÉGIME DES SUCCURSALES

1. DOSSIER
Les personnes morales qui ont leur siège statutaire à l’étranger peuvent exercer leurs activités,
ester en justice en Belgique, et y établir une succursale688.

Pour chaque personne morale étrangère ayant une succursale en Belgique, il est tenu un dossier au
tribunal de l’entreprise dans le ressort duquel la succursale est établie. Si la personne morale
étrangère a plusieurs succursales en Belgique, le dossier est tenu au greffe du tribunal de
l’entreprise dans le ressort duquel une des succursales est établie, ceci au choix de la personne
morale étrangère689.

Toute société étrangère qui ouvre une succursale en Belgique doit avant l’ouverture de cette
succursale déposer une série de documents dans ce dossier, dont notamment sa dénomination et
sa forme légale, ses statuts, le registre auprès duquel elle est immatriculée dans l’Etat dont elle
relève (de même que son numéro d’immatriculation dans ce registre), un document émanant de ce
registre attestant son existence, l’adresse et l’indication des activités de la succursale, l’identité des
personnes qui ont le pouvoir de représenter la société à l’égard des tiers, ses comptes annuels et
ses comptes consolidés afférents au dernier exercice clôturé.

Elle doit également y déposer dans les 30 jours toute modification de ces mentions, la dissolution
de la société, la nomination, l’identité et les pouvoirs des liquidateurs, ainsi que la clôture de la
liquidation, toute procédure de faillite, de réorganisation judiciaire ou toute autre procédure
analogue dont elle fait l’objet, la fermeture de la succursale.

688 CSA, art. 2 :148, al. 1er.


689 CSA, art. 2:23.

208
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le dépôt de ces documents est publié par mention aux Annexes du Moniteur belge690. Ce dépôt
rend ces documents opposables aux tiers691.

2. COMPTES ANNUELS
Toute société étrangère qui a une succursale en Belgique doit déposer ses comptes annuels et ses
comptes consolidés à la Banque nationale de Belgique, annuellement, dans le mois qui suit
l’assemblée générale et au plus tard sept mois après la date de clôture de l’exercice692.

3. SANCTIONS
Les actions intentées par les personnes morales étrangères qui ont une succursale en Belgique sont
irrecevables si elles n’ont pas déposé leur acte constitutif au tribunal de l’entreprise693.

Par ailleurs, les documents non déposés sont inopposables aux tiers.

4. MENTIONS DANS LES ACTES


Tous les actes, factures, annonces, publications, lettres, notes de commande, sites internet et
autres documents émanant de succursales de personnes morales étrangères en Belgique, doivent
contenir une série d’indications, telles que la dénomination de la personne morale, sa forme légale,
l’indication précise du siège de la personne morale et de l’adresse de la succursale694.

Toute personne qui intervient pour une personne morale étrangère dans un acte qui ne respecte
pas ces conditions peut être déclarée responsable des engagements qui y sont pris695.

690 CSA, art. 2:27.


691 CSA, art. 2:28.
692 CSA, art. 2:24 et 3:20.
693 CSA, art. 2:148, al. 2.
694 CSA, art. 2:29, al. 1.
695 CSA, art. 2:29, al. 4.

209
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 8 :
CONFLITS

210
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA comporte une série de dispositions destinées à prévenir les conflits d’agence (désignation
d’administrateurs indépendants dans les sociétés cotées ; réglementation des conflits d’intérêts au
sein de l’organe d’administration ; réglementation des opérations avec des parties liées ;
transparence de la rémunération des dirigeants ;...) et à permettre aux actionnaires de protéger
leurs droits (droit d’exiger la convocation d’une assemblée générale et de faire ajouter certains
points à l’ordre du jour à certaines conditions ; droit de poser des questions à l’assemblée
générale ;...) (supra). C’est l’enjeu même d’une bonne gouvernance d’entreprise.

Malheureusement ces mécanismes s’avèrent parfois insuffisants et des conflits surgissent.

Le présent chapitre est d’abord consacré aux droits, mesures et actions à la disposition des associés
et actionnaires en cas de conflit.

Certains sont destinés à obtenir des informations, généralement dans le but d’alimenter une action
en responsabilité ou en nullité ultérieure. C’est le cas du droit d’investigation individuel et de
l’action en désignation d’un expert.

D’autres tendent à la nullité d’un vote ou d’une décision de l’assemblée générale ou de l’organe
d’administration et/ou à la mise en cause de la responsabilité des autres actionnaires ou des
administrateurs (parallèlement ou non à l’exercice d’une action en nullité d’une décision).

D’autres encore tendent à l’exclusion d’actionnaires ou au rachat forcé des actions détenues.

Les actions les plus radicales sont les actions en désignation d’un administrateur provisoire, en
nullité de la société et en dissolution de la société.

Ce chapitre concerne également les actions à la disposition des tiers. Ceux-ci peuvent exercer une
action en responsabilité, essentiellement contre les administrateurs, en nullité des décisions de la
société (voire de la société elle-même) ou en désignation d’un administrateur provisoire.

DROIT D’INVESTIGATION INDIVIDUEL

Dans les sociétés dans lesquelles aucun commissaire ne doit être nommé, l’organe d’administration
est tenu de soumettre à l’assemblée générale la demande d’un ou de plusieurs associés ou
actionnaires visant à la nomination d’un commissaire696.

Plutôt que de demander la nomination d’un commissaire, chaque associé ou actionnaire peut,
nonobstant toute disposition statutaire contraire, exercer individuellement les pouvoirs
d’investigation et de contrôle d’un commissaire. Il peut se faire représenter ou se faire assister par
un expert-comptable externe697.

Cet associé ou cet expert-comptable externe a alors les pouvoirs d’un commissaire (contrôler la
situation financière, les comptes annuels et la régularité, au regard du CSA, des opérations à
constater dans les comptes annuels).

696 CSA, art. 3:100.


697 CSA, art. 3:101.

211
Fanny Streveler MA1 DROIT

La rémunération de cet expert-comptable externe incombe à la société s’il a été désigné avec son
accord ou si cette rémunération a été mise à sa charge par une décision judiciaire698.

Une manière pour la société d’éviter l’exercice d’un tel droit (qui peut perturber l’activité de la
société lorsque l’associé ou l’actionnaire en question n’est pas un professionnel et est trop émotif)
est de désigner un commissaire.

1. CHAMP D’APPLICATION
Ce droit peut être exercé dans toutes les sociétés dotées de la personnalité morale.

2. OBJECTIF
Ce droit a pour but de permettre aux associés qui ne sont pas impliqués dans la gestion quotidienne
de la société de contrôler cette gestion et son impact sur les comptes et sur la situation financière.

L’objectif du demandeur est souvent d’obtenir des informations destinées à alimenter une action
en nullité d’une décision de l’assemblée générale ou de l’organe d’administration ou une action en
responsabilité contre les administrateurs ou les autres actionnaires.

ACTION EN DÉSIGNATION D’UN EXPERT

S’il existe des indices d’atteinte grave ou de risque d’atteinte grave aux intérêts de la société, un ou
plusieurs actionnaires possédant au moins 10 % du nombre d’actions émises (SRL et SC) ou un ou
plusieurs actionnaires possédant au moins 1 % des voix attachées à l’ensemble des titres existants,
ou possédant des titres représentant une fraction du capital égale à 1.250.000 EUR au moins (SA),
peuvent demander au président du tribunal de l’entreprise siégeant en référé de nommer un ou
plusieurs experts ayant pour mission de vérifier les livres et les comptes de la société ainsi que les
opérations accomplies par ses organes699.

Les conditions de l’exercice d’une telle action sont donc tout à fait différentes de celles de l’exercice
par un associé ou actionnaire de son droit individuel d’investigation : alors que ce dernier n’est
soumis à aucune autre condition que l’absence de désignation d’un commissaire, l’action en
désignation d’un expert suppose des indices d’atteinte grave ou de risque d’atteinte grave aux
intérêts de la société.

1. CHAMP D’APPLICATION
Le CSA ne prévoit un tel droit que dans les SRL, les SC et les SA.

698 CSA, art. 3:102.


699 CSA, art. 5:106, 6:91 et 7:160.

212
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. OBJECTIF
L’objectif est d’obtenir des informations destinées à alimenter une action en nullité d’une décision
de l’assemblée générale ou de l’organe d’administration ou une action en responsabilité contre les
administrateurs ou les autres actionnaires.

ACTION EN NULLITÉ DE VOTES OU DE DÉCISIONS

1. CHAMP D’APPLICATION
Les articles 2:42 à 2:48 du CSA réglementent la nullité de votes ou de décisions des organes. Ils
s’appliquent à toutes les personnes morales visées par le CSA.

2. CAUSES DE NULLITÉ
A. Causes de nullité des votes
Les causes de nullité d’un vote sont les mêmes que celles de tout autre acte juridique (vices de
consentement,...).

La nullité d’un vote entraîne la nullité de la décision prise si le demandeur prouve que le vote nul a
pu influencer la décision qui a été prise700.

B. Causes de nullité des décisions


Le CSA énumère de manière limitative les causes de nullité des décisions prises par les organes des
personnes morales701 :
1° lorsque cette décision a été adoptée de manière irrégulière, si le demandeur prouve que cette
irrégularité a pu avoir une influence sur la délibération ou le vote ou a été commise dans une
intention frauduleuse. Cette disposition concerne les vices qui affectent les formalités relatives à la
convocation, à la délibération et au vote (quorum et majorité, procurations, accès à l’assemblée
générale,...) (exemple : réunion sans convoquer certains actionnaires) ;
2° en cas d’abus de droit, d’abus de majorité ou de minorité, d’excès ou détournement de pouvoir.
Cette disposition concerne les irrégularités de fond :
- L’abus de droit suppose l’exercice d’un droit d’une manière qui dépasse manifestement les
limites de l’exercice normal de ce droit par une personne prudente et diligente ou sans intérêt
raisonnable et suffisant, notamment lorsque le préjudice causé est sans proportion avec
l’avantage recherché ou obtenu par le titulaire du droit (par exemple, l’assemblée générale met
systématiquement les dividendes en réserves) ;
- L’abus de majorité constitue un cas particulier d’abus de droit et plus particulièrement d’abus
du droit de vote. L’abus de majorité suppose que les actionnaires majoritaires exercent leur
droit de vote avec la volonté ou la conscience de poursuivre au détriment de la société ou des
autres actionnaires un intérêt tiers, ou, plus rarement, de nuire aux actionnaires minoritaires
(par exemple : les actionnaires majoritaires votent à l’assemblée générale un coup d’accordéon pour
éliminer les actionnaires minoritaires) ;

700 CSA, art. 2:43.


701 Ainsi que de l’assemblée générale des obligataires, qui n’est pas un organe.

213
Fanny Streveler MA1 DROIT

- L’abus de minorité suppose que les actionnaires minoritaires refusent leur concours pour la
formation d’une décision dans l’intérêt social qui requiert la majorité qualifiée ;
- L’excès de pouvoir vise toute décision prise par un organe en dehors de ses compétences ainsi
que toute décision qui viole une règle de droit impérative ;
- Le détournement de pouvoir vise toute décision prise en tenant compte d’intérêts autres que
ceux de la société et correspond généralement à l’abus de droit ou l’abus de majorité (par
exemple : vote en faveur de la vente d’un immeuble à un actionnaire majoritaire à des conditions
clairement inférieures à celles du marché) ;
3° lorsque des droits de vote ont été exercés alors qu’ils étaient suspendus en vertu d’une
disposition légale et que, sans ces droits de vote illégalement exercés, les conditions de quorum ou
de majorité requis pour les décisions d’assemblée générale n’auraient pas été réunis ;
4° pour toute autre cause prévue dans le CSA702. Exemple : nullité de la décision de l’assemblée générale
d’une SA autorisant un quasi-apport en l’absence des rapports requis703 ; nullité des décisions prises ou des
opérations accomplies en violation des règles en matière de conflits d’intérêts si l’autre partie à ces décisions
ou opérations avait ou devait avoir connaissance de cette violation704.

Le juge doit procéder à une appréciation marginale et ne peut pas substituer sa propre appréciation
à celle de l’organe.

3. DEMANDEUR
La personne morale elle-même ou toute personne qui a intérêt au respect de la règle de droit
méconnue (essentiellement les associés ou actionnaires et les membres de l’organe
d’administration) peut demander la nullité au tribunal de l’entreprise.

N’est pas recevable à invoquer la nullité celui qui a voté en faveur de la décision attaquée, à moins
que son consentement a été vicié, ou celui qui a renoncé au droit de s’en prévaloir, à moins que la
nullité ne résulte d’une règle d’ordre public705.

Les tiers (créanciers, membres du personnel,...) n’ont pas intérêt au respect des règles de droit
relatives à la forme des résolutions des personnes morales.

4. DÉFENDEUR
L’action en nullité est dirigée contre la personne morale706.

Cette règle donne lieu à une situation curieuse si c’est la personne morale qui est demandeur.

702 CSA, art. 2:42.


703 CSA, art. 7:10, § 1er.
704 CSA, art. 5:77, § 2, 6:65, § 2, 7:96, § 2, 7:103, § 2, 7:115, § 2.
705 CSA, art. 2:44.
706 CSA, art. 2:45.

214
Fanny Streveler MA1 DROIT

5. SUSPENSION
Dans les cas qu’il estime urgents, le président du tribunal de l’entreprise peut, à la requête de la
personne morale ou d’une personne qui a intérêt au respect de la règle de droit méconnue,
ordonner en référé la suspension d’une décision si les moyens invoqués peuvent justifier prima
facie l’annulation de la décision attaquée707.

6. RÉPARATION
En cas d’abus de minorité, l’abus consiste généralement en ce que la minorité fait obstacle à la
prise d’une décision. A première vue, la nullité des votes ne constitue donc pas une réparation
efficace.

Le principe de la primauté de la réparation en nature devrait permettre au juge de décider que son
jugement tiendra lieu de vote.

Bien que la jurisprudence était généralement hostile à cette solution, la loi du 23 mars 2019 a
consacré cette solution : le juge peut décider que sa décision tiendra lieu de vote positif, à titre de
réparation en nature de l’abus de droit commis par la minorité708.

On peut cependant se demander si l’intervention du législateur était nécessaire compte tenu d’une
autre réforme contenue dans le CSA, relative à la neutralisation des abstentions pour déterminer si
les conditions de majorité spéciales requises pour certaines décisions sont atteintes (supra). Ne
faut-il pas également neutraliser les votes nuls ? Apparemment non, car si c’était le cas, l’article
2:43, alinéa 2 du CSA serait superflu.

7. EFFETS DE LA NULLITÉ OU DE LA SUSPENSION DE LA DÉCISION


Le jugement prononçant la nullité et l’ordonnance de suspension produisent leurs effets à l’égard
de tous, dès qu’ils sont exécutoires à l’égard des personnes qui sont parties à la cause et à partir de
leur publication à l’égard de personnes qui ne sont pas parties à la cause.

La nullité ne peut cependant pas être opposée aux tiers qui, sur la base de la décision, ont acquis
des droits à l’égard de la personne morale sans qu’ils aient eu ou dû avoir connaissance du vice
dont la décision était entachée709. En d’autres termes, la nullité n’affecte pas les droits acquis par
des tiers de bonne foi à l’égard de la personne morale, par exemple les contrats conclus sur la base
d’une décision de l’organe d’administration qui a été annulée. Le demandeur conserve néanmoins son
droit à demander des dommages-intérêts.

Par exception à cette règle, la nullité peut toujours être opposée aux membres des organes
d’administration qui, en cette qualité, auraient acquis des droits à l’égard de la personne morale sur

707 CSA, art. 2:46.


708 CSA, art. 2:43, al. 2.
709 CSA, art. 2:48.

215
Fanny Streveler MA1 DROIT

la base de la décision annulée710. L’Exposé des motifs cite les décisions relatives à leur nomination,
décharge ou rémunération.

8. PRESCRIPTION
L’exercice d’une action en nullité de la décision d‘un organe est soumise à un délai de prescription
de six mois à partir de la date à laquelle la décision est opposable à celui qui invoque la nullité ou
est connue par lui711.

ACTION EN RESPONSABILITÉ CONTRE LES ACTIONNAIRES

Une action en responsabilité contre les actionnaires peut être intentée indépendamment ou en
complément d’une autre action.

Ainsi ;
- l’abus de majorité ou de minorité peut être sanctionné par la nullité de la décision obtenue de
manière abusive ou la substitution de la décision du juge au vote abusif (supra) mais une action
en annulation n’est pas toujours possible ; en outre, l’annulation de la décision litigieuse ne
répare pas toujours intégralement le préjudice causé ; les actionnaires victimes de l’abus
peuvent également exercer une action en responsabilité contre les auteurs de l’abus ;
- l’action en retrait et l’action en exclusion tendent à remédier à une situation qui rend
impossible le fonctionnement normal de la société (infra) mais n’ont pas un caractère
indemnitaire ; le demandeur peut également exercer une action en responsabilité contre le
défendeur ;
- la même observation vaut pour l’action en dissolution.

ACTION EN RESPONSABILITÉ CONTRE LES ADMINISTRATEURS

1. RESPONSABILITÉ DE NATURE CONTRACTUELLE ENVERS LA PERSONNE


MORALE
Dans toutes les personnes morales visées par le CSA, les membres de l’organe d’administration et
les délégués à la gestion journalière engagent leur responsabilité envers la personne morale pour
les fautes qu’ils commettent dans l’accomplissement de leur mission. Cette responsabilité est de
nature contractuelle.

Deux principes essentiels, intimement liés, gouvernent l’appréciation de la responsabilité des


administrateurs :
- absence d’appréciation a posteriori : le tribunal doit apprécier si l’administrateur a commis une
faute en se plaçant dans le contexte de l’époque et en se gardant de toute appréciation a
posteriori ;

710 CSA, art. 2:48.


711 CSA, art. 2:143, § 4.

216
Fanny Streveler MA1 DROIT

- appréciation marginale : les administrateurs disposent d’une certaine marge de manœuvre


dans laquelle ils peuvent agir ; toute erreur d’appréciation ne constitue pas une faute ; les
administrateurs ne sont responsables que des décisions, actes ou comportements qui excèdent
manifestement la marge dans laquelle des administrateurs normalement prudents et diligents
placés dans les mêmes circonstances peuvent raisonnablement avoir une opinion
divergente712.

A. Champ d’application
Ce régime s’applique à toutes les personnes morales visées par le CSA et concerne les membres de
l’organe d’administration et les délégués à la gestion journalière mais également les
administrateurs de fait, définis comme ceux qui ont effectivement détenu le pouvoir de gérer la
personne morale713.

B. Fautes commises dans l’accomplissement de leur mission


Les membres de l’organe d’administration et les délégués à la gestion journalière sont responsables
des fautes commises dans l’accomplissement de leur mission.

Ils engagent leur responsabilité solidaire lorsque l’organe d’administration forme un collège et,
même s’il ne forme pas un collège, en cas d’infractions aux dispositions du CSA ou aux statuts de la
personne morale.

Comme exemples de fautes dans l’accomplissement de leur mission susceptibles d’entraîner leur
responsabilité envers la personne morale, on peut citer : le fait de consentir sans sûreté un prêt à un débiteur
notoirement insolvable, le défaut de poursuites contre un débiteur qui ne s’exécute pas, l’absence de
renouvellement d’une inscription hypothécaire contre un débiteur insolvable, l’oubli de faire assurer
l’immeuble contre l’incendie,...

Comme exemples de violation du CSA ou des statuts susceptible d’entraîner leur responsabilité envers la
personne morale, on peut citer : le dépassement de l’objet, la violation des règles légales en matière de
conflits d’intérêts (infra), le défaut de publication de la démission ou de la révocation d’administrateurs, le
défaut de convoquer l’assemblée générale dans les cas prévus par la loi, le défaut de tenir une comptabilité
régulière,...

C. Décharge
Après l'approbation des comptes annuels, l'assemblée générale doit se prononcer par un vote
spécial sur la décharge des administrateurs ou des membres du conseil de surveillance. En
accordant la décharge, l’assemblée générale reconnaît que les administrateurs ou les membres du
conseil de surveillance se sont bien acquittés de leur mission pendant l’exercice qui fait l’objet des
comptes annuels. L’octroi de la décharge requiert un vote spécial, distinct de l’approbation des
comptes annuels.
La décharge fait en principe obstacle à l’exercice d’une action en responsabilité à leur encontre
(voir infra pour l’action minoritaire).

La décharge n'est valable que lorsque les comptes annuels ne contiennent ni omission, ni indication
fausse dissimulant la situation réelle de la société et, si des opérations ont été accomplies en

712 CSA, art. 2:56.


713 CSA, art. 2:56.

217
Fanny Streveler MA1 DROIT

violation des statuts ou du CSA, que lorsqu'elles ont été spécialement indiquées dans la
convocation à l’assemblée générale714.

Dans les SA qui ont opté pour un système dual, le conseil de surveillance se prononce sur la
décharge des membres du conseil de direction715.

D. Exonération
Les membres de l’organe d’administration et les délégués à la gestion journalière sont déchargés de
leur responsabilité pour les fautes auxquelles ils n’ont pas pris part (par exemple, parce qu’ils se sont
opposés à la décision fautive ou parce qu’ils étaient légitimement absents lors de la réunion au cours de
laquelle la décision a été prise) s’ils ont dénoncé la faute alléguée, selon les cas, à tous les autres
membres de l’organe d’administration, à l’organe d’administration collégial ou au conseil de
surveillance716.

Par ailleurs, le CSA instaure des plafonds de responsabilité (infra).

E. Titulaires de l’action en responsabilité


Action sociale :
En principe, seule la personne morale peut mettre en cause la responsabilité de nature
contractuelle des administrateurs, à l’exclusion des associés ou actionnaires, même si cette atteinte
entraîne une moins-value de leurs parts ou actions. C’est l’assemblée générale qui décide s’il y a
lieu d’exercer l’action sociale717 (bien que le CSA ne comporte pas expressément une telle règle
pour les SNC et les SComm, elle devrait également s’appliquer à ces sociétés).

Ce principe se justifie de plusieurs manières : c’est à l’assemblée générale, et non aux associés ou
actionnaires individuels (qui ne constituent pas un organe de la société), d’apprécier si les
administrateurs ont commis une faute ; c’est la société qui souffre le dommage causé par les
administrateurs (diminution de l’actif ou augmentation du passif), le dommage subi par les
actionnaires l’étant par répercussion ; si les associés ou actionnaires pouvaient poursuivre
individuellement les administrateurs, ils pourraient se faire indemniser deux fois (une fois via la
société et une deuxième fois directement) ; ils recevraient cette indemnisation au préjudice de tous
les autres associés ou actionnaires.

Ce n’est que dans l’hypothèse dans laquelle ils auraient subi un préjudice personnel distinct du
préjudice subi de la même manière par tous (résultant de l’atteinte portée au patrimoine ou à la
réputation de la personne morale) que les associés ou actionnaires peuvent mettre en cause la
responsabilité des administrateurs.

Action minoritaire :
Toutefois, dans les SRL, SC et SA, les actionnaires minoritaires peuvent, à certaines conditions,
intenter une action contre les administrateurs pour le compte de la société.

714 CSA, art. 5:98, 6 :83 et 7:149.


715 CSA, art. 7:109, § 3.
716 CSA, art. 2:56.
717 CSA, art. 5:103, 6:88 et 7:156.

218
Fanny Streveler MA1 DROIT

Dans les SRL et SC, ils doivent avoir des titres auxquels sont attachés au moins 10% des droits de
vote718 ; dans les SA, ils doivent avoir des titres auxquels est attaché au moins 1% des droits de vote
ou des titres représentant une fraction du capital égale à 1.250.000 EUR719.

Seuls ceux qui n’ont pas voté la décharge et ceux qui ont voté une décharge qui n’est pas valable
peuvent intenter l’action minoritaire.

Si la demande est rejetée, les demandeurs peuvent être condamnés personnellement aux dépens
et, s’il y a lieu, à des dommages-intérêts envers les défendeurs.

Si la demande est accueillie, les sommes dont les demandeurs ont fait l’avance, et qui ne sont pas
comprises dans les dépens mis à charge des défendeurs, doivent être remboursées par la société.

2. RESPONSABILITÉ DE NATURE AQUILIENNE ENVERS LES TIERS


Les membres de l’organe d’administration, les délégués à la gestion journalière et les
administrateurs de fait engagent leur responsabilité envers les tiers s’ils commettent dans l’exercice
de leurs fonctions une faute extracontractuelle qui leur cause un dommage720.

Ils engagent leur responsabilité solidaire lorsque l’organe d’administration forme un collège et,
même s’il ne forme pas un collège, en cas d’infractions aux dispositions du CSA ou aux statuts de la
personne morale, tout en pouvant se décharger de cette responsabilité en dénonçant l’infraction
(supra).

Comme exemples de fautes dans l’exercice de leurs fonctions susceptibles d’entraîner leur responsabilité
envers les tiers, on peut citer : une rupture abrupte des négociations avec un tiers ainsi que la plupart des
fautes qui constituent des infractions pénales (par exemple, abus de biens sociaux).

Comme exemples de violation du CSA ou des statuts susceptibles d’entraîner leur responsabilité envers les
tiers, on peut citer : le dépassement de l’objet ; le défaut de convocation de l’assemblée générale pour
délibérer sur les mesures à prendre quand la société a subi de lourdes pertes ; le fait de contracter des
engagements au nom de la personne morale tout en sachant qu’elle est devenue insolvable et ne pourra
donc jamais faire face à ses obligations (poursuite d’activités déficitaires) ; le défaut de faire aveu de la
faillite,...

La faute commise par les administrateurs d’une personne morale entraîne la responsabilité directe
de celle-ci mais cette responsabilité n’exclut pas, en règle, la responsabilité personnelle des
administrateurs : elle coexiste avec celle-ci. Cette règle ne va pas de soi : en principe, la théorie de
l’organe devrait conduire à imputer les fautes des administrateurs commises dans les limites de
leurs fonctions à la personne morale ; retenir systématiquement la responsabilité personnelle des
administrateurs n’est ni logique ni juste, car la faute résulte souvent d’un « risque d’entreprise »
(par ex., rupture de négociations) ; autre chose est évidemment de retenir la responsabilité des
administrateurs lorsqu’ils sortent de leurs fonctions ou abusent de leurs fonctions.

718 CSA, art. 5:104 et 6:89.


719 CSA, art. 7:157.
720 CSA, art. 2:56.

219
Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Action en responsabilité extracontractuelle par des cocontractants de la société – application de


la théorie du concours de responsabilités
Il convient de déterminer si un créancier d’une société peut mettre en cause la responsabilité
extracontractuelle des administrateurs de cette société en cas de manquement de la société à ses
obligations contractuelles envers ce créancier.

En vertu de la théorie du concours de responsabilités, lorsque deux personnes sont liées par un
contrat, le créancier ne peut mettre en cause la responsabilité extracontractuelle de son débiteur
que si la faute constitue également un manquement à une obligation générale s’imposant à tous et
si ce manquement a entraîné un dommage distinct de celui résultant de la simple inexécution du
contrat (sauf si la faute constitue une infraction pénale).

Il est extrêmement difficile de démontrer un dommage distinct et de mettre en cause la


responsabilité extracontractuelle du débiteur.

La théorie du concours de responsabilités connaît une application particulière pour les agents
d’exécution. L’agent d’exécution est celui qui a été chargé par le débiteur principal d’exécuter tout
ou partie des obligations découlant du contrat qu’il a conclu avec le créancier. La Cour de cassation
assimile les administrateurs à des agents d’exécution.

Un créancier ne peut pas agir contre les agents d’exécution de son débiteur sur une base
contractuelle. Le principe de la relativité des conventions s’oppose en effet à une telle action
puisque l’agent d’exécution n’est pas partie au contrat.

Un créancier ne peut agir contre les agents d’exécution de son débiteur sur une base
extracontractuelle que si la faute qui lui est imputée constitue la violation, non de l’obligation
contractuelle, mais de l’obligation générale de prudence qui s’impose à tous et si cette faute a
causé un dommage distinct de celui résultant de la simple inexécution du contrat.

Il en résulte une quasi-immunité des agents d’exécution vis-à-vis des cocontractants du débiteur
principal, et notamment des administrateurs vis-à-vis des cocontractants de la société.

Cette théorie ne trouve cependant pas à s’appliquer lorsque la faute constitue une infraction
pénale.

B. Action en responsabilité extracontractuelle par des créanciers de la société – application de la


théorie du cumul de responsabilités
Il convient de déterminer si un créancier d’une société peut mettre en cause la responsabilité
extracontractuelle des administrateurs de cette société sur la base de manquements de ces
administrateurs à leurs obligations envers cette société.

En vertu de la théorie du cumul (ou de la coexistence) de responsabilités, un tiers peut mettre en


cause la responsabilité extracontractuelle du débiteur qui a manqué à une obligation résultant d’un
contrat auquel ce tiers n’est pas partie si le manquement du débiteur à son obligation contractuelle
constitue, simultanément et indépendamment du contrat, une violation de l’obligation générale de
prudence s’imposant à tous. Tel est le cas si le débiteur a commis une infraction pénale ou s’il a
commis une faute professionnelle que n’aurait pas commise un bon père de famille.

220
Fanny Streveler MA1 DROIT

La coexistence de ces deux formes de responsabilités ne requiert pas que le dommage subi par le
tiers soit étranger à l’exécution du contrat.

Un débiteur peut donc engager sa responsabilité contractuelle envers son cocontractant et


extracontractuelle envers les tiers pour la même faute.

Ces principes s’appliquent aussi aux fautes commises par les agents d’exécution et notamment par
les membres des organes d’administration et les délégués à la gestion journalière : les tiers peuvent
mettre en cause leur responsabilité sur la base de manquements par ces administrateurs à leurs
obligations envers la société (par exemple, ne pas avoir accompli les démarches nécessaires pour
permettre à la société d’obtenir les subsides auxquels elle a droit). Dans ce cas, les administrateurs ne
bénéficient donc pas vis-à-vis des tiers d’une quasi-immunité.

C. Actions contre les dirigeants en cas de faillite


Action en comblement de passif :
En cas de faillite d’une entreprise et d’insuffisance de l’actif et s’il est établi qu’une faute grave et
caractérisée dans leur chef a contribué à la faillite, tout membre de l’organe d’administration et
délégué à la gestion journalière, actuel ou ancien, ainsi que toute autre personne qui a
effectivement détenu le pouvoir de gérer l’entreprise, peut être déclaré personnellement obligé,
avec ou sans solidarité, de tout ou partie des dettes sociales à concurrence de l’insuffisance
d’actif721. La fraude fiscale peut être considérée comme une faute grave et caractérisée.

Cette disposition n’est pas applicable lorsque l’entreprise en faillite a réalisé au cours des trois
exercices qui précèdent la faillite ou au cours de tous les exercices si l’entreprise a été constituée
depuis moins de trois ans, un chiffre d’affaires moyen inférieur à 620.000 EUR hors taxe sur la
valeur ajoutée et lorsque le total du bilan du dernier exercice n’a pas dépassé 370.000 EUR722. Il
s’agit pour l’essentiel des micro-sociétés, des micro-associations et des micro-fondations723.

Cette action peut être introduite tant par le curateur que, en cas d’inaction du curateur, par tout
créancier lésé724.

Poursuite d’une activité déficitaire :


En cas de faillite d’une entreprise et d’insuffisance d’actif, les membres de l’organe
d’administration et délégués à la gestion journalière, actuels ou anciens, et toutes les autres
personnes qui ont effectivement détenu le pouvoir de diriger l’entreprise, peuvent être déclarés
personnellement obligés, avec ou sans solidarité, de tout ou partie des dettes sociales à l’égard de
la masse, si :
- à un moment donné antérieur à la faillite, la personne concernée savait ou devait savoir qu’il
n’y avait manifestement pas de perspective raisonnable pour préserver l’entreprise ou ses
activités et d’éviter une faillite ;
- la personne concernée avait à ce moment l’une des qualités visées ci-dessus ; et

721 CDE, art. XX.225, § 1er.


722 CDE, art. XX.225, § 2.
723 Les seuils prévus par cette disposition ne correspondent pas exactement avec ceux prévus pour les micro- sociétés,

micro-associations ou micro-fondations. Celles-ci ne peuvent pas dépasser plus d’un des critères suivants : 10
travailleurs, chiffre d’affaires : 700.000 EUR HTVA ; bilan : 350.000 EUR HTVA.
724 CDE, art. XX.225, § 3.

221
Fanny Streveler MA1 DROIT

- la personne concernée n’a pas, agi comme l’aurait fait un administrateur normalement prudent
et diligent placé dans les mêmes circonstances 725.

Cette disposition n’est pas applicable lorsqu’il s’agit d’une ASBL, AISBL ou fondation 726 qui tient une
comptabilité simplifiée727.

Règles spécifiques pour les dettes de cotisations sociales :


En outre, l’ONSS et le curateur peuvent tenir les membres de l’organe d’administration et délégués
à la gestion journalière, actuels ou anciens, et toutes les autres personnes qui ont effectivement
détenu le pouvoir de diriger l’entreprise comme étant personnellement et solidairement
responsables pour la totalité ou une partie des cotisations sociales, en ce compris les intérêts de
retard, dues au moment du prononcé de la faillite, s’il est établi qu’au cours de la période de cinq
ans qui précède le prononcé de la faillite, ils ont été impliqués dans au moins deux faillites ou
liquidations d’entreprises à l’occasion desquelles des dettes de sécurité sociale n’ont pas été
honorées, pour autant qu’ils aient eu lors de la déclaration de faillite, dissolution ou entame de la
liquidation desdites entreprises la qualité de dirigeant ou ancien dirigeant, ou avaient ou avaient eu
en ce qui concerne les affaires de l’entreprise, une fonction dirigeante effective728.

Les montants obtenus reviennent à l’ONSS729.

D. Titulaires de l’action en responsabilité


Chaque tiers ayant subi un préjudice personnel peut agir.

Toutefois, en cas de faillite, le curateur représente tous les créanciers.

Le Code de droit économique prévoit un tempérament à ce principe : les créanciers lésés peuvent
également intenter l’action en comblement de passif en cas d’inertie du curateur730 et l’ONSS peut
mettre en cause la responsabilité des administrateurs pour les dettes de cotisations sociales dans
certains cas731.

3. CAS PARTICULIER : RESPONSABILTIÉ EN MATIÈRE DE CONFLITS


D’INTÉRÊTS
A. Méconnaissance des règles en matière de conflits d’intérêts
En cas de méconnaissance des règles en matière de conflits d’intérêts, les administrateurs ou
membres du conseil de surveillance ou de direction engagent leur responsabilité solidaire pour tout
préjudice causé à la société ou aux tiers, même s’ils ne forment pas un collège732. Ils sont toutefois

725 CDE, art. XX.227, § 1er.


726 Soit les petites associations et fondations qui ne dépassent pas plus d’un des critères visés à l’article 3:47, § 2 du
CSA.
727 CDE, art. XX.227, § 5.
728 CDE, art. XX.226, al. 1.
729 CDE, art. XX.226, al. 2.
730 CDE, art. XX.225.
731 CDE, art. XX.226.
732 CSA, art. 2:56, al. 3.

222
Fanny Streveler MA1 DROIT

déchargés de leur responsabilité s’ils n’ont pas pris part à la faute et l’ont dénoncée aux autres
membres de l’organe d’administration 733.

Il s’agit d’une pure application du droit commun.

B. Respect des règles en matière de conflits d’intérêts mais préjudice causé à la société ou aux tiers
En outre, et c’est de prime abord plus surprenant, les administrateurs ou membres du conseil de
surveillance, de même que les membres de l’organe d’administration de l’administrateur unique,
sont personnellement et solidairement responsables du préjudice subi par la société ou les tiers à la
suite de décisions prises ou d’opérations accomplies conformément aux règles en matière de conflit
d’intérêts si la décision ou l’opération a procuré à un ou plusieurs d’entre eux un avantage financier
abusif au détriment de la société734. En ce qui concerne les membres du conseil de direction, ils
engagent leur responsabilité uniquement s’ils omettent de renvoyer une décision ou une opération
au conseil de surveillance dans les cas imposés par la loi.

En réalité, cette solution est également conforme au droit commun : le simple fait de prendre une
décision ou d’accomplir une opération qui procure un avantage financier abusif à un tiers au
détriment de la société constitue en effet une faute de gestion.

4. RESPONSABILITÉ POUR LES DETTES FISCALES ET SOCIALES DE LA


PERSONNE MORALE
Pour lutter contre la fraude fiscale et en matière de sécurité sociale, la loi rend dans certains cas les
dirigeants responsables des dettes fiscales ou sociales de la personne morale :
- en cas de non-paiement de la cotisation annuelle à charge des sociétés destinée au statut social des
travailleurs indépendants : responsabilité solidaire (indépendamment de toute faute !) des
administrateurs ou gérants (ainsi que des associés actifs)735 ;
- en cas de non-paiement du précompte professionnel par une société ou une grande ASBL :
responsabilité solidaire des dirigeants de fait ou de droit chargés de la gestion journalière en cas de
faute de gestion, le non-paiement répété du précompte professionnel étant présumer résulter d’une
faute de gestion (mais cette présomption est écartée lorsque le non-paiement provient de difficultés
financières ayant donné lieu à une réorganisation judiciaire, une faillite ou une dissolution) 736 ;
- en cas de non-paiement de la TVA par une société ou une « grande » ASBL : responsabilité solidaire des
dirigeants de fait ou de droit chargés de la gestion journalière en cas de faute de gestion, le non-
paiement répété de la TVA étant présumé résulter d’une faute de gestion (mais cette présomption est
écartée lorsque le non-paiement provient de difficultés financières ayant donné lieu à une
réorganisation judiciaire, une faillite ou une dissolution) 737 ;
- en cas de non-paiement des cotisations sociales relatives à deux trimestres et de non-communication
(ou de communication inexacte) à l’organisme percepteur des cotisations de sécurité sociale par une
société ou une « grande » ASBL des données relatives à leurs clients ou à des tiers : responsabilité
solidaire des dirigeants de fait ou de droit chargés de la gestion journalière738 ;

733 CSA, art. 2:56, al. 4.


734 CSA, art. 5:78, 6:66 et 7:122, al. 1 et al. 3.
735 art. 98 de la loi du 30 décembre 1992 portant des dispositions sociales et diverses.
736 CIR92, art. 442quater.
737 C. TVA, art. 93undecies, C.
738 art. 40ter de la loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des

travailleurs.

223
Fanny Streveler MA1 DROIT

- dans le cas visé par l’article XX.226 du CDE (supra).

5. LIMITATION LÉGALE DE LA RESPONSABILITÉ DES MEMBRES DE


L’ORGANE D’ADMINISTRATION ET DES DÉLÉGUÉS À LA GESTION
JOURNALIÈRE
Le CSA instaure des plafonds au-delà desquels, sauf exception, les membres de l’organe
d’administration et les délégués à la gestion journalière de toute personne morale réglementée par
le CSA n’engagent pas leur responsabilité739.

L’article 2:58 exclut toute limitation de responsabilité contractuelle ou statutaire qui irait au-delà. Il
interdit également les clauses d’exonération de responsabilité et de garantie vis-à-vis des tiers
contractées par avance par une personne morale au profit des membres de l’organe
d’administration et des délégués à la gestion journalière.

L’Exposé des motifs de la loi du 23 mars 2019 justifie ce système par plusieurs considérations :
- la différence de traitement entre la responsabilité illimitée des membres de l’organe
d’administration et la responsabilité limitée des autres hauts dirigeants, qui dans leur grande
majorité, sont soit des travailleurs bénéficiant de la protection de l’article 18 de la loi du 3
juillet 1978 relative aux contrats de travail (alors que les administrateurs ne peuvent pas
exercer leurs fonctions dans les liens d’un contrat de travail), soit des indépendants qui
exercent leurs activités au travers d’une société dans laquelle ils limitent leur responsabilité à
leur apport et qui, dès lors, bénéficient en fait d’une limitation de leur responsabilité (alors que
les administrateurs personnes morales doivent désigner un représentant permanent personne
physique qui encourt la même responsabilité) ;
- l’accroissement du risque de responsabilité, en raison notamment de la responsabilité de la
direction en matière de « compliance » et de « risk management », ce qui rend ce risque
difficilement assurable ;
- la difficulté de recruter des administrateurs de talent (war for talent).

A. Caractère impératif
L’article 2:57 du CSA est impératif en ce sens que, d’après ses termes, est interdite toute limitation
qui irait au-delà, qu’elle soit statutaire ou conventionnelle.

B. Champ d’application
L’article 2:57 du CSA a a priori un champ d’application extrêmement large :
- ces plafonds bénéficient aux membres de l’organe d’administration et aux délégués à la gestion
journalière de toute personne morale visée par le CSA ;
- ils s’appliquent à la responsabilité pour les dommages causés par n’importe quel type de
faute ;
- peu importe le fondement de l’action en responsabilité (contractuel ou extracontractuel) ;
- ils s’appliquent également à la responsabilité pour les dettes de la personne morale résultant
de l’article XX.227 du CDE ;
- ils s’appliquent vis-à-vis de la personne morale et des tiers.

739 CSA, art. 2:57.

224
Fanny Streveler MA1 DROIT

Ils ne s’appliquent évidemment pas en cas de responsabilité des membres de l’organe


d’administration et des délégués à la gestion journalière en une autre qualité (par exemple, en qualité
de fondateur).

C. Montants des plafonds


Les plafonds de responsabilité se situent entre 125.000 EUR et 12 millions EUR, en fonction du
chiffre d’affaires et du total du bilan de la personne morale :
1° 125.000 EUR, dans des personnes morales qui ont réalisé pendant les trois exercices précédant
l’intentement de l’action en responsabilité un chiffre d’affaires moyen sur base annuelle inférieur à 350.000
EUR, hors taxe sur la valeur ajoutée, et dont le total du bilan moyen au cours de la même période n’a pas
dépassé 175.000 EUR ;
2° 250.000 EUR, dans les personnes morales qui ont réalisé pendant les trois exercices précédant
l’intentement de l’action en responsabilité un chiffre d’affaires moyen inférieur à 700.000 EUR hors TVA et
dont le total du bilan moyen au cours de la même période n’a pas dépassé 350.000 EUR ;
3° 1 million EUR, dans les personnes morales qui, pendant les trois exercices précédant l’intentement de
l’action en responsabilité, n’ont pas dépassé plus d’une des limites suivantes :
- chiffre d’affaires moyen hors TVA, sur base annuelle : 9 millions EUR ;
- total du bilan moyen : 4,5 millions EUR ;
4° 3 millions EUR, dans les personnes morales qui, pendant les trois exercices précédant l’intentement de
l’action en responsabilité, ont dépassé ces limites mais n’ont atteint ou dépassé aucune des limites
mentionnées au 4°;
5° 12 millions EUR, dans les entités d’intérêt public et les personnes morales qui, pendant les trois exercices
précédant l’intentement de l’action en responsabilité, ont atteint ou dépassé au moins une des limites
suivantes :
- total du bilan moyen de 43 millions EUR ;
- chiffre d’affaires moyen hors TVA, sur base annuelle, de 50 millions EUR.

Ces montants sont indexés.

Ils s’appliquent par fait générateur, ce qui implique qu’ils ne sont pas multipliés en cas de pluralité
de demandeurs ou d’administrateurs en faute.

On constate que ces plafonds ne correspondent pas exactement aux seuils utilisés en matière
comptable par exemple.

D. Exceptions
L’article 2:57, § 3 du CSA prévoit une série d’exceptions qui limitent très fort la portée de l’article
2:57. Ces plafonds ne s’appliquent pas :
- en cas de fautes légères présentant un caractère habituel, de faute grave, de fautes commises
dans une intention frauduleuse ou à dessein de nuire ;
- aux obligations de garantie, c’est-à-dire lorsque l’administrateur doit assurer l’engagement
d’un tiers, comme par exemple en cas de nullité d’une souscription à une augmentation de capital ou
de non-respect de l’obligation de libération des apports à concurrence du minimum obligatoire740 ;
- à la responsabilité envers l’administration fiscale prévue par certaines dispositions fiscales
(notamment en cas de responsabilité des administrateurs en cas de non-paiement du
précompte professionnel ou de la TVA dans les cas indiqués supra) ;

740 CSA, art. 5:138 et 7:205 ; le législateur a oublié de viser l’article 6:16 pour les sociétés coopératives.

225
Fanny Streveler MA1 DROIT

- à la responsabilité prévue par l’article XX.226 du CDE (responsabilité des administrateurs en cas
de non-paiement des cotisations sociales par la personne morale ; supra).

E. Limitations conventionnelles de la responsabilité


Il arrivait que, pour attirer des administrateurs de talent, de sociétés s’engagent à leur égard à ne
pas exercer d’action à leur encontre en cas de faute de leur part et/ou à les garantir en cas d’action
de tiers à leur encontre (de telles clauses excluaient généralement la faute lourde et bien sûr la
faute intentionnelle).

De telles clauses sont désormais interdites lorsqu’elles sont conclues à l’avance.

L’article 2:58 n’empêche pas qu’une personne morale, après la commission d’une faute par un
administrateur, renonce à agir contre cet administrateur ou prenne à sa charge les dommages-
intérêts auxquels il serait condamné mais on n’aperçoit pas très bien l’intérêt de la personne
morale d’agir ainsi ; une telle décision peut s’avérer contraire à l’intérêt social.

6. RESPONSABILITÉ PÉNALE
Les membres de l’organe d’administration, les délégués à la gestion journalière et les
administrateurs de fait d’une personne morale peuvent engager leur responsabilité pénale sur la
base du droit pénal commun ou de dispositions particulières du CSA.

Ils peuvent engager leur responsabilité pénale en raison d’infractions qu’ils commettent eux-
mêmes (défaut de soumettre les comptes annuels à l’assemblée générale ou de les déposer à la
BNB dans les délais requis ; distribution de dividendes fictifs ; faux dans les comptes ; violation des
règles en matière de distribution des dividendes ;...) ou d’infractions commises par la personne
morale qui leur sont également imputables.

ACTIONS EN EXCLUSION ET EN RETRAIT

Le livre 2, titre 7, du CSA, organise les actions en exclusion et en retrait.

Ces actions sont des alternatives à la dissolution judiciaire pour justes motifs (infra).

Ces actions ne sont possibles que dans les SRL et les SA, à l’exception des sociétés cotées741.

On n’aperçoit pas la raison pour laquelle le CSA ne les permet pas dans les SC.

Ces actions doivent être introduites devant le président du tribunal de l’entreprise du siège de la
société, siégeant comme en référé.

La société doit être citée à comparaître en tant que partie et doit avertir à son tour les autres
actionnaires 742.

741 CSA, art. 2:60.


742 CSA, art. 2:62.

226
Fanny Streveler MA1 DROIT

1. ACTION EN EXCLUSION
A. Conditions
Un ou plusieurs actionnaires d’une SRL ou d’une SA détenant ensemble des titres représentant 30%
des voix attachées à l’ensemble des titres existants, ou des actions dont la valeur nominale ou le
pair comptable représente 30% du capital de la société (SA) ou des titres auxquels 30% des droits
aux bénéfices sont attachés, peuvent demander en justice, pour de justes motifs, qu’un actionnaire
transfère ses titres aux demandeurs743.

Deux conditions sont donc requises :


- Le ou les demandeurs doivent posséder 30 % des titres déterminés comme indiqué ci-avant. Le
CSA ne dit rien quant au pourcentage de titres détenus par le défendeur. Cette action pourrait
donc avoir pour effet l’exclusion de l’actionnaire majoritaire par un actionnaire minoritaire.
- Le ou les demandeurs doivent invoquer des justes motifs. La notion de justes motifs est
identique pour l’action en exclusion et pour l’action en dissolution pour justes motifs (infra). Il y
a justes motifs, non seulement lorsqu’un actionnaire ou un associé manque gravement à ses
obligations ou lorsque son infirmité le met dans l’impossibilité d’exécuter celles-ci, mais encore
dans tous les autres cas qui rendent impossible la poursuite normale des affaires sociales, telle
la mésintelligence grave et durable des actionnaires ou des associés744. Le motif d’exclusion ne
doit donc pas nécessairement consister en un comportement fautif ou illégal imputable à l’un
des associés.

B. Distinction entre l’exclusion au sens de l’article 2:63 du CSA et l’exclusion au sens de l’article
5:155 du CSA
L’exclusion au sens de l’article 2:63 du CSA se distingue de l’exclusion au sens de l’article 5:155 :
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 n’est possible que dans les SRL, tandis que l’article 2:63
s’applique aux SRL et SA ;
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 est à charge de la société et entraîne l’annulation des
actions de l’actionnaire exclu, tandis que l’article 2:63 entraine un transfert de propriété des
actions entre des actionnaires ;
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 peut avoir lieu pour tout motif précisé par les statuts
tandis l’article 2:63 suppose de justes motifs ;
- l’exclusion au sens de l’article 5:155 suppose une décision de l’assemblée générale tandis que
l’article 2:63 suppose une action en justice ;
- le prix des actions est fixé conformément aux statuts dans un cas et par le juge dans l’autre
(infra) ;
- le paiement du prix est soumis au double test d’actif net et de solvabilité en cas d’exclusion au
sens de l’article 5:155, tandis que ces tests ne trouvent pas à s’appliquer en cas d’exclusion au
sens de l’article 2:63, dès lors que ce n’est pas la société qui paie le prix des actions.

743 CSA, art. 2:63.


744 CSA, art. 2:73.

227
Fanny Streveler MA1 DROIT

C. Inaliénabilité
Pour éviter que le défendeur ne prive l’action de tout intérêt en aliénant ses titres, le CSA lui
interdit d’aliéner ses titres ou de les grever de droits réels pendant toute la durée de la procédure,
sauf avec l’accord du juge ou des parties à la cause745.

D. Transfert de propriété et paiement du prix


Le juge condamne le défendeur à transférer ses titres aux demandeurs, et les demandeurs à
accepter les titres contre paiement du prix qu’il fixe.

Lorsqu’il fixe le prix de reprise, le juge est tenu par les dispositions contractuelles ou statutaires
relatives à la fixation de la valeur des titres, pour autant que ces dispositions se rapportent
spécifiquement à l’hypothèse d’une exclusion judiciaire et que ces conventions ne donnent pas lieu
à un prix manifestement déraisonnable. En tous les cas, le juge peut se substituer à toute partie ou
à tout tiers désigné par les statuts ou les conventions pour fixer le prix.

Sous l’empire du Code des sociétés, la jurisprudence était divisée quant à la date de référence pour
la fixation du prix et l’influence éventuelle de l’attitude des parties sur la valeur des titres.

La Cour de cassation s’est prononcée sur la méthode de valorisation et la date de référence à


utiliser par le juge (que ce soit pour une action en exclusion et une action en retrait) en affirmant
que la valeur des actions doit en principe être estimée au moment où le juge en ordonne le
transfert car c’est à ce moment que naît le droit au paiement du prix.

Cette jurisprudence a été critiquée par la doctrine car, singulièrement en cas de retrait,
l’actionnaire retrayant transfère ses actions à l’actionnaire à l’origine des justes motifs à un prix
impacté par ces justes motifs. Elle obligeait dès lors le demandeur à exercer d’autres actions pour
obtenir la réparation intégrale de son dommage.

Dans des arrêts ultérieurs, la Cour de cassation a décidé que le juge doit faire abstraction des
circonstances qui ont conduit à l’action et de l’attitude des parties à la suite de cette action ; cela
implique que si le juge constate que ces circonstances ont eu une incidence sur la valeur des parts
telle qu’elle est détermine à la date du transfert, il doit neutraliser cette incidence, quitte à fixer la
date de référence à un autre moment que la date de transfert.

Le CSA tranche la controverse en posant le principe que le juge estime la valeur des titres au
moment où il ordonne leur transfert, sauf si cela conduit à un résultat manifestement
déraisonnable. Dans ce cas, il peut, en tenant compte de toutes les circonstances pertinentes,
décider d’une augmentation ou d’une réduction équitable du prix.

Le transfert a lieu, le cas échéant, après l’exercice des droits éventuels de préemption mentionnés
dans le jugement, proportionnellement à la détention de titres de chacun, à moins qu’il en soit
convenu autrement746.

745 CSA, art. 2:65.


746 CSA, art. 2:67.

228
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. ACTION EN RETRAIT
A. Conditions
Tout actionnaire peut, pour de justes motifs, demander en justice que les actionnaires à l’origine de
ces justes motifs reprennent tous ses titres747.

La seule condition est donc l’existence de justes motifs dont les défendeurs sont à l’origine.

L’article 2:68 ne fixe aucune condition quant au pourcentage de titres détenus par les demandeurs
ou les défendeurs.

Il s’agit d’une action en rachat forcé.

Cette action est en général intentée par un actionnaire minoritaire contre les actionnaires
majoritaires. L’hypothèse inverse est possible mais elle est assez théorique.

B. Distinction entre le retrait au sens de l’article 2:68 du CSA et la démission au sens de l’article
5:154 du CSA
Le retrait au sens de l’article 2:68 du CSA se distingue de la démission au sens de l’article 5:154 :
- la démission n’est possible que dans les SRL, tandis que le retrait est prévu dans les SRL et les
SA ;
- la démission peut être totale ou partielle tandis que le retrait porte nécessairement sur tous les
titres de l’actionnaire ;
- la démission est à charge de la société tandis que le retrait est à charge des actionnaires à
l’origine des justes motifs ;
- la démission entraîne l’annulation des actions à concurrence desquelles l’actionnaire
démissionne, tandis que le retrait entraîne le transfert de leur propriété ;
- la démission n’est pas subordonnée à des motifs particuliers tandis que le retrait suppose de
justes motifs ;
- la démission ne peut en principe se faire que dans certaines fenêtres et moyennant un délai de
préavis, tandis que l’action en retrait peut être intentée n’importe quand ;
- la démission est un acte juridique unilatéral tandis que le retrait suppose une action en justice ;
- le prix des actions est fixé conformément aux statuts en cas de démission et par le juge en cas
de retrait (infra) ;
- le paiement du prix est soumis au double test d’actif net et de solvabilité en cas de démission,
tandis que ces tests ne trouvent pas à s’appliquer en cas de retrait dès lors que ce n’est pas la
société qui paie le prix des actions.

C. Absence d’inaliénabilité
A l’inverse de ce qu’il prévoit pour l’exclusion, le CSA n’interdit pas aux défendeurs d’aliéner leurs
titres pendant la procédure. En effet, cela ne les empêcherait pas d’acheter les titres du
demandeur748.

747 CSA, art. 2:68.


748 CSA, art. 2:69.

229
Fanny Streveler MA1 DROIT

D. Transfert de la propriété des titres et paiement du prix


Le juge condamne le défendeur à accepter les titres et le demandeur à transférer les titres au
défendeur contre paiement du prix qu’il fixe, selon les règles exposées supra à propos de l’action en
exclusion.

ACTION EN DÉSIGNATION D’UN ADMINISTRATEUR PROVISOIRE

Le CSA ne prévoit pas expressément la possibilité de faire désigner un administrateur provisoire749.


Il s’agit d’un mécanisme essentiellement jurisprudentiel.

En cas de difficultés graves empêchant le fonctionnement normal de la société, tout intéressé peut
demander au tribunal de l’entreprise (le plus souvent en référé) de désigner une personne
étrangère à la société en qualité d’administrateur provisoire en vue d’exercer des pouvoirs de
gestion, allant de l’exercice d’un droit de veto sur les décisions de l’organe d’administration
pendant une durée déterminée à la substitution pure et simple à l’organe d’administration, en vue
de sauvegarder les intérêts de la société.

Il s’agit généralement d’aménager une situation d’attente afin de permettre aux parties de trouver
une solution.

La désignation d’un administrateur provisoire est une mesure d’immixtion du juge dans la gestion
de la société que seules des circonstances exceptionnelles peuvent justifier.

1. CIRCONSTANCES JUSTIFIANT LA DÉSIGNATION D’UN ADMINISTRATEUR


PROVISOIRE
Les circonstances qui peuvent justifier la désignation d’un administrateur provisoire sont les
suivantes :
- décès ou incapacité de l’unique gérant d’une SNC ou d’une SComm et impossibilité pour
l’assemblée générale de prendre rapidement une décision750 ;
- paralysie de l’organe d’administration provoquée par la mésentente entre ses membres (par
exemple, quand il se compose d’un nombre pair) ;
- abus de majorité systématiques laissant craindre une volonté de vider la société de sa
substance ;
- paralysie de l’assemblée générale dans une situation de crise ;
- …

En revanche, la désignation d’un administrateur provisoire ne se justifie pas en cas de conflit


ponctuel entre les associés ou actionnaires n’affectant pas le bon fonctionnement de la société.

749 Sous réserve de l’administrateur provisoire visé à l’article 4:28 du CSA, qui est désigné non en raison de conflits
perturbant le bon fonctionnement de la société mais pour faire face aux difficultés qui se présentent quand le gérant
d’une SNC ou d’une SComm décède ou ne peut plus exercer ses fonctions.
750 CSA, art. 4:28.

230
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. PUBLICITÉ
L’extrait de l’acte relatif à la nomination et à la cessation des fonctions des administrateurs
provisoires doit être déposé au greffe du tribunal de l’entreprise751 et publié aux Annexes du
Moniteur belge.

3. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS
La désignation d’un administrateur provisoire est un remède efficace à la paralysie de la société.

Elle risque cependant de nuire à la société en raison de la publicité dont elle fait l’objet et de la
méfiance qu’elle peut susciter dans le chef des relations d’affaires de la société.

4. COMPARAISON AVEC LA DÉSIGNATION D’UN MANDATAIRE DE JUSTICE


OU D’UN ADMINISTRATEUR PROVISOIRE CONFORMÉMENT AU CDE
Le Code de droit économique prévoit la possibilité pour les intéressés (et donc notamment les
actionnaires, les créanciers et les travailleurs d’une société) de demander au président du tribunal
de l’entreprise la désignation d’un mandataire de justice ou d’un administrateur provisoire pour
gérer toute entreprise insolvable dans certaines circonstances :
- Lorsque des manquements graves et caractérisés du débiteur ou de l'un de ses organes
menacent la continuité de l'entreprise en difficulté ou de ses activités économiques et que la
mesure sollicitée est de nature à préserver cette continuité, le président du tribunal, saisi par le
ministère public ou tout intéressé selon les formes du référé, peut désigner un ou plusieurs
mandataires de justice752.
- En cas de fautes graves et caractérisées du débiteur ou d'un de ses organes, le tribunal peut
leur substituer, pour la durée du sursis, un administrateur provisoire, dans le jugement qui
ouvre la procédure de réorganisation judiciaire ou dans un jugement ultérieur, à la demande
de tout intéressé ou du ministère public753.
- Lorsqu'il existe des indices graves, précis et concordants que les conditions de la faillite sont
réunies, le président du tribunal peut dessaisir en tout ou en partie l'entreprise de la gestion de
tout ou partie de ses actifs ou de ses activités et désigner un ou plusieurs administrateurs
provisoires. L'ordonnance de dessaisissement ne conserve d'effet que dans la mesure où, dans
les 21 jours de son prononcé, une demande en faillite, une demande en dissolution judiciaire
ou une demande en réorganisation judiciaire a été introduite par une partie intéressée en ce
compris l'administrateur provisoire désigné d'office. La décision cesse de plein droit de
produire des effets si la faillite, le sursis ou la dissolution n'est pas prononcé dans les quatre
mois de l'introduction de la demande 754.

Le but est ici non pas de sauvegarder les intérêts de la société mais de protéger son actif dans
l’intérêt des créanciers et des travailleurs.

751 CSA, art. 2:8, § 1er, 5°, d.


752 CDE, art. XX.30.
753 CDE, art. XX.31.
754 CDE, art. XX.32.

231
Fanny Streveler MA1 DROIT

ACTION EN NULLITÉ DE L’ENGAGEMENT D’UN ASSOCIÉ OU ACTIONNAIRE


OU DE LA SOCIÉTÉ ELLE-MÊME

Des associés ou actionnaires mécontents peuvent demander la nullité de leur engagement et/ou de
la société selon les règles examinées supra.

ACTION EN DISSOLUTION DE LA SOCIÉTÉ

On verra dans le chapitre consacré à la dissolution et à la liquidation que le CSA prévoit les causes
de dissolution volontaires, de plein droit et judiciaires.

L’action en dissolution pour justes motifs est le « remède ultime » pour résoudre un conflit si le
règlement des litiges prévu aux articles 2:60 à 2:69 du CSA n’apporte pas de solution.

Le président du tribunal de l’entreprise du siège de la société siégeant comme en référé, peut


prononcer pour de justes motifs la dissolution d’une société à la requête d’un associé ou
actionnaire. Le fait que le même juge soit compétent pour l’action en dissolution pour justes motifs
et pour les actions en exclusion et en retrait permet d’éviter des difficultés procédurales s’il s’avère
en cours de procédure que la dissolution est plus appropriée qu’une exclusion ou un retrait.

Il y a justes motifs, non seulement lorsqu’un actionnaire ou un associé manque gravement à ses
obligations ou lorsque son infirmité le met dans l’impossibilité d’exécuter celles-ci, mais encore
dans tous les autres cas qui rendent impossible la poursuite normale des affaires sociales, telle la
mésintelligence grave et durable des actionnaires ou des associés755.

Seuls les associés et actionnaires peuvent intenter cette action, à l’exclusion de tiers même
intéressés (comme les travailleurs) et du ministère public.

755 CSA, art. 2:73.

232
Fanny Streveler MA1 DROIT

PARTIE 3 –
ASSOCIATIONS
ET FONDATIONS

233
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 1 :
PRINCIPES
GENERAUX

234
Fanny Streveler MA1 DROIT

LIBERTÉ D’ASSOCIATION

Outre les dispositions de droit interne756, la liberté d’association est garantie par la Convention
européenne des droits de l’homme 757 et le Pacte international des droits civils et politiques 758.

La liberté d’association est le droit fondamental par lequel plusieurs personnes décident ensemble
de poursuivre un but collectif par la mise en commun de moyens, de connaissances et d’activités de
manière libre et sans autres entraves que celles qui sont rendues nécessaires par la vie en commun
dans une société démocratique.

Elle s’impose tant aux Etats qu’aux justiciables.

Elle s’applique bien entendu tant aux associations qu’aux sociétés mais les associations constituent
son domaine de prédilection.

1. RESTRICTIONS
A. Conditions
Selon l’article 22 du Pacte international des droits civils et politiques et l’article 11, § 2, de la
Convention européenne des droits de l’homme, l’exercice du droit de libre association peut faire
l’objet de restrictions dans les conditions suivantes :
1) La restriction doit être prévue par la loi : l’ingérence doit avoir une base en droit interne et la loi
doit répondre à des « standards de qualité ».
2) La restriction doit viser un but légitime : elle doit être nécessaire dans l’intérêt de la sécurité
nationale, de la sûreté publique, de l’ordre public, ou pour protéger la santé ou la moralité publique
ou les droits et les libertés d’autrui (Pacte) ou poursuivre un but légitime (Convention).
3) La restriction doit être nécessaire (ce vocable n’a pas la souplesse des termes « utile » ou
« opportun ») dans une société démocratique, répondre à un besoin social impérieux et être
proportionnée au but légitime poursuivi.

B. Applications
Il faut d’abord s’entendre sur le terme « restriction ». Il n’existe de véritable restriction au principe
de la liberté d’association qu’en cas de mesures préventives empêchant la constitution de
l’association (interdiction) ou la rendant plus difficile (conditions, modalités,...) ou d’injonctions de
dissolution.

En droit belge, les cas d’interdiction pure et simple sont rares. On peut citer l’interdiction des
milices privées759.

Le législateur considère l’objet même de ces associations comme contraire à l’ordre public et ces
interdictions sont nécessaires dans une société démocratique.

756 loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association ; art. 27 de la Constitution.


757 art. 11, § 1 CEDH.
758 art. 21 et 22, § 1 du Pacte international des droits civils et politiques.
759 loi du 29 juillet 1934 interdisant les milices privées.

235
Fanny Streveler MA1 DROIT

Il arrive également que le législateur subordonne le droit de s’associer à certaines conditions et


modalités. On ne peut en revanche pas parler de restriction à la liberté d’association à propos d’une
mesure :
- qui subordonne l’acquisition de la personnalité morale d’une association à certaines formalités
(ASBL) ou à une autorisation par arrêté royal (AISBL) : elle ne restreint pas le droit de s’associer
mais fixe des conditions à l’acquisition de la personnalité morale par l’association ;
- qui impose la constitution d’une ASBL pour l’exercice de certaines activités (comme l’examen
de certains appareils ou installations conformément au RGPT) : elle n’impose pas aux
personnes de s’associer mais réglemente ces activités ;
- qui, pour l’exercice de certaines activités, exige un agrément : le législateur peut régler
l’exercice de ce droit en ce qui concerne les matières dans lesquelles son intervention est
nécessaire, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à la sûreté publique, à la
défense de l’ordre public et à la prévention du crime, à la protection de la santé ou de la
morale, ou des droits de l’homme.

2. LIBERTÉ POSITIVE ET LIBERTÉ NÉGATIVE


Le principe de la liberté d’association a deux faces : « la liberté d’association dans tous les domaines
est garantie. Nul ne peut être contraint de faire partie d’une association ou de ne pas en faire
partie »760.

Sous sa forme positive, il permet à plusieurs personnes (physiques ou morales) de constituer une
association ou d’adhérer à une association.

Sous sa forme négative, le principe de la liberté d’association protège contre l’obligation de


s’associer.

A. Liberté positive
Sous sa forme positive, le principe de liberté d’association signifie que des personnes peuvent
constituer une association ou adhérer à une association préexistante.

Liberté de constituer une association :


Le principe de liberté d’association n’interdit pas au législateur de soumettre la constitution d’une
association au respect de conditions et formalités préalables.

Les personnes qui veulent jouir des avantages des ASBL et AISBL doivent respecter les conditions et
accomplir les formalités prévues par le CSA.

Elles peuvent constituer une association en dehors du cadre du CSA mais cette association ne sera
pas dotée de la personnalité morale.

Liberté d’adhérer à une association :


Le principe de la liberté d’association implique également le droit d’adhérer à une association
préexistante.

760 art. 1 de la loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association.

236
Fanny Streveler MA1 DROIT

Il n’implique pas le droit d’être admis dans une association préexistante : des associations peuvent
refuser d’admettre des membres ou en exclure, au nom de la liberté (négative) de s’associer, ce qui
soulève un problème lorsque l’adhésion à l’association est une condition pour bénéficier de
certains avantages. Ce problème sera examiné à propos de la liberté négative de s’associer.

B. Liberté négative
Sous sa forme négative, le principe de liberté d’association signifie que nul ne peut être contraint
de s’associer.

Cette forme négative n’est pas inscrite dans le texte de l’article 11 de la Convention européenne
des droits de l’homme.

Toutefois, à plusieurs reprises, la Cour européenne des droits de l’homme a considéré que cette
disposition consacre implicitement la liberté négative de ne pas s’associer.

Conformément à cette jurisprudence, il est bien admis en droit belge que nul ne peut être contraint
de s’affilier à une association, par exemple un syndicat.

La loi du 24 mai 1921 garantissant la liberté d’association consacre le droit des membres de se
retirer d’une association : « quiconque se fait recevoir membre d’une association, accepte, par son
adhésion, de se soumettre au règlement de cette association, ainsi qu’aux décisions et sanctions
prises en vertu de ce règlement. Il peut en tout temps se retirer en observant le règlement ; toute
disposition réglementaire ayant pour effet d’annihiler cette liberté est réputée non écrite »761.

L’article 9:23, alinéa 1, du CSA précise que « tout membre de l’association est libre de se retirer en
adressant sa démission au conseil d'administration ». Le livre X du CSA, consacré aux AISBL, ne
comporte pas de disposition similaire mais le droit de se retirer d’une AISBL découle de l’article 2 de
la loi du 24 mai 1921.

Le principe de liberté d’association n’interdit cependant pas de réglementer les modalités de la


sortie, pour autant que celles-ci ne fassent pas obstacle à toute sortie. C’est ainsi que la
jurisprudence admet que les statuts d’une ASBL imposent au membre démissionnaire la
notification d’un préavis.

3. ADHÉSION OBLIGATOIRE À UNE ASSOCIATION POUR PROFITER DE


CERTAINS AVANTAGES
La question s’est posée de la conformité au principe de la liberté d’association de l’obligation
d’adhérer à une association déterminée, et d’en rester membre, afin de bénéficier de certains
avantages.

La Cour européenne des droits de l’homme favorise une approche au cas par cas de cette question,
en faisant la balance des intérêts en cause : on peut subordonner l’octroi des avantages fournis par
une association à l’adhésion à cette association, sauf quand ils sont nécessaires pour exercer une
activité déterminée.

761 art. 2 de la loi du 24 mai 1921.

237
Fanny Streveler MA1 DROIT

4. ADHÉSION À UNE ASSOCIATION IMPOSÉE PAR UN CONTRAT


Dans le même ordre d’idées, on peut s’interroger sur la conformité au principe de la liberté
d’association des clauses contractuelles qui imposent à l’un des cocontractants de s’affilier à une
association déterminée et d’en rester membre (par exemple, obligation imposée au locataire par un
contrat de bail portant sur un magasin situé dans un centre commercial de s’affilier à l’association de
commerçants de ce centre commercial).

La jurisprudence belge est partagée. Certaines juridictions estiment que, n’étant pas obligé de
prendre en location un bien situé dans un centre commercial, le locataire qui le fait est lié par la
clause d’affiliation qui constitue un accessoire du contrat de bail et qu’il souscrit librement ;
d’autres considèrent que le bailleur ne peut pas imposer aux locataires d’adhérer à une ASBL.

Dans le même sens, la Cour de cassation de France considère que « la clause d’un bail commercial
faisant obligation au preneur d’adhérer à une association des commerçants et à maintenir son
adhésion pendant la durée du bail est entachée d’une nullité absolue ».

A première vue, cette jurisprudence peut paraître inéquitable : le locataire profite de l’animation,
de la promotion et de la publicité du centre commercial faites par l’association des commerçants.

Toutefois, dans un centre commercial, l’adhésion des locataires à une association n’est pas
nécessaire pour répartir les frais : le bailleur peut leur imposer par le bail une quote-part des
charges liées à l’exploitation du centre commercial. Contraindre des locataires à adhérer à une
association pour leur faire supporter une partie de ces charges va au-delà de ce qui est nécessaire à
l’équilibre des intérêts en présence.

5. DROIT DE REFUSER DE NOUVEAUX MEMBRES


On peut également imaginer que, pour profiter des avantages liés à l’association, un tiers demande
à être admis comme membre.

En principe, en vertu de leur liberté (négative) d’association, les membres d’une association
peuvent refuser d’admettre de nouveaux membres, sans devoir motiver ou justifier leur décision.

Toutefois, si l’adhésion à l’association est une condition nécessaire pour exercer une activité, le
refus d’admettre de nouveaux membres pourrait, selon les circonstances, être constitutif d’un
abus, sauf si l’association accepte de leur fournir ces avantages bien qu’ils ne soient pas membres.

238
Fanny Streveler MA1 DROIT

ACTIVITÉS ET BUT

1. ACTIVITÉS
La loi du 27 juin 1921 interdisait aux associations d’exercer des activités commerciales ou
industrielles. Il était généralement admis que les associations pouvaient néanmoins exercer des
activités commerciales ou industrielles à titre accessoire pour autant qu’elles affectent l’ensemble
des bénéfices en résultant à leur but. La notion d’« activités commerciales à titre accessoire » était
cependant une bouteille à l’encre.

Un des éléments majeurs de la réforme est la possibilité pour les associations d’exercer n’importe
quel type d’activités. Le CSA impose désormais de mentionner, non seulement le but, mais
également l’activité dans les statuts762, alors que la loi du 27 juin 1921 imposait uniquement aux
associations de mentionner leur but dans leurs statuts763.

A. Exception : règle de droit transitoire


Les associations constituées avant le 1er mai 2019 restent cependant soumises à l’interdiction
d’exercer des activités commerciales ou industrielles à titre principal jusqu’au 1er janvier 2029 si
elles n’adaptent pas leur objet.

L’article 39, § 4 de la loi du 23 mars 2019 prévoit que « tant qu’une ASBL ou une AISBL n’a pas
modifié son objet, elle ne peut exercer que les seules activités entrant dans les limites de l’article
1er respectivement 46 de la loi du 27 juin 1921 sur les associations sans but lucratif, les fondations,
les partis politiques européens et les fondations politiques européennes. L’interdiction d’exercer
d’autres activités prend fin au 1er janvier 2029 ».

Alors que les associations soumises au CSA peuvent exercer n’importe quel type d’activités, les
associations constituées sous l’empire de la loi du 27 juin 1921 qui n’adaptent pas leur objet au CSA
restent soumises à l’interdiction d’exercer des activités autres que celles permises par la loi du 27
juin 1921 jusqu’au 1er janvier 2029, ce qui implique qu’elles ne peuvent pas exercer des activités
commerciales à titre principal.

Il ne s’agit pas d’une sanction mais « de protéger les ASBL » : les associations craignaient que la
nouvelle règle ait pour effet de les soumettre à l’impôt des sociétés. Cette crainte paraît non
fondée car ce qui détermine l’application de l’impôt des sociétés ou de l’impôt des personnes
morales, ce n’est pas ce que les associations peuvent faire mais ce qu’elles font en pratique.

Quoi qu’il en soit, l’article 39, § 4 de la loi du 23 mars 2019 déroge ainsi au système général de droit
transitoire car, en l’absence de cette règle, les associations auraient pu exercer n’importe quel type
d’activités à partir du 1er janvier 2020, sous réserve de dispositions contraires dans leurs statuts.

Il ne modifie en rien l’obligation qui incombe aux associations d’adapter leurs statuts au CSA pour le
1er janvier 2024 au plus tard.

762 CSA, art. 2:9, § 2, 4°.


763 art. 2, al. 1, 4° de la loi du 27 juin 1921.

239
Fanny Streveler MA1 DROIT

On peut cependant s’interroger sur la persistance de l’interdiction d’exercer des activités


commerciales.

En effet, la loi du 15 avril 2018 portant réforme du droit des entreprises a supprimé la notion de
commercialité. Aux termes de l’article 254 ;
« A compter de la date d'entrée en vigueur de la [...] loi [le 1er novembre 2018], sauf dispositions
contraires, dans toutes les lois, la notion de “commerçant” au sens de l'article 1er du Code de
commerce doit être comprise comme “entreprise” au sens de l'article I.1 du Code de droit
économique.
Par dérogation à l'alinéa 1er, la [...] loi ne porte pas atteinte aux dispositions légales, réglementaires
ou déontologiques qui, en faisant référence aux notions de “commerçant”, “marchand” ou à des
notions dérivées, posent des limites aux activités autorisées de professions réglementées ».

Si on appliquait à la lettre l’article 254, alinéa 1, aux associations, cela signifierait que, tant qu’elles
restent régies par la loi de 1921, elles ne peuvent pas être des entreprises au sens de l’article I.1 du
CDE, ce qui n’aurait aucun sens puisque toute personne morale est une entreprise.

Il faut donc sans doute interpréter l’article 254, alinéa 2 comme visant également la loi de 1921,
bien que celle-ci ne pose pas de « limites aux activités autorisées de professions réglementées ».

Dans cette interprétation, les associations régies par la loi du 27 juin 1921 restent soumises à
l’interdiction d’exercer des activités commerciales, avec toutes les difficultés et controverses
relatives à la portée de cette interdiction.

Dans l’intervalle, les associations constituées avant le 1er mai 2019 peuvent bien entendu continuer
à exercer les activités non commerciales et non industrielles à titre principal qu’elles exerçaient
auparavant.

2. BUT
Sous l’empire de la loi du 27 juin 1921, les associations devaient avoir un but non lucratif, ce qui
impliquait l’interdiction de distribuer des bénéfices à leurs membres, mais on admettait
généralement que ce but ne devait pas être désintéressé. Il s’ensuivait que les associations
pouvaient avoir pour but de procurer des bénéfices patrimoniaux indirects à leurs membres, par
exemple sous la forme d’économies.

Ce n’est en principe plus possible : une association ou une fondation « ne peut distribuer ni
procurer directement ou indirectement un quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses
membres, ses administrateurs ni à toute autre personne sauf dans le but désintéressé déterminé
par les statuts »764.

La distribution indirecte d’un avantage patrimonial vise toute opération par laquelle les actifs de
l’association ou de la fondation diminuent ou ses passifs augmentent et pour laquelle celle-ci soit
ne reçoit pas de contrepartie soit reçoit une contrepartie manifestement trop faible par rapport à

764
CSA, art. 1:2 ; l’article 1:3 prévoit la même règle pour les fondations sinon qu’il ne vise évidemment pas les
membres.

240
Fanny Streveler MA1 DROIT

sa prestation765. Il s’agit par exemple de baux consentis par des membres ou des administrateurs à
l’association pour un loyer excessif ou de rémunérations excessives payées par l’association pour des
prestations de services.

Un but désintéressé ne coïncide pas avec un but non lucratif. Par exemple, une entité peut exploiter
une centrale d’achat dans un but non lucratif mais intéressé (procurer des économies aux sociétés qui en sont
membres). Son but serait désintéressé si elle l’exploitait en faveur de personnes en situation précaire pour
leur permettre de continuer à vivre dans la dignité humaine.

Bien entendu, une association peut effectuer des opérations ou rendre des services qui s’inscrivent
dans l’essence même de son but, même en faveur de ses membres766, pour autant que ces
avantages se situent dans les limites d’une réalisation normale de l’objet et du but de l’association.

L’Exposé des motifs de la loi du 23 mars 2019 donne une série d’exemples : une association sportive peut
autoriser ses membres à utiliser gratuitement ou à des prix de faveur les installations sportives dont elle est
propriétaire ; un théâtre amateur peut accorder à ses membres ou à des tiers un accès gratuit à des
représentations ; une association qui se consacre à dispenser des soins médicaux peut les prodiguer
gratuitement à ses membres ou leur faire bénéficier d’une réduction ; une fondation qui lutte contre certaines
maladies peut distribuer gratuitement des médicaments ou accorder des prix ou des subventions à des
personnes impliquées dans la lutte contre ces maladies ; une association de consommateurs peut donner
gratuitement à ses membres des avis juridiques concernant le droit de la consommation ; une association
professionnelle peut organiser des formations pour ses membres ; une association peut organiser des séjours
de vacances pour les enfants du personnel ; …

FINANCEMENT

Les modes de financement des associations et des fondations leur sont spécifiques. Alors que les
sociétés peuvent essentiellement compter sur les apports de leurs associés ou actionnaires, des
avances ou des emprunts (principalement auprès de leurs associés ou actionnaires,
d’établissements de crédit ou du public sous la forme d’obligations) et le produit de leurs activités,
le CSA ne comporte aucune obligation d’apport dans le chef des membres. La faible surface
financière de certaines associations et fondations est parfois un obstacle à leur accès aux formes
classiques d’emprunt. Bien qu’elles puissent désormais exercer n’importe quel type d’activités,
beaucoup d’entre elles consacrent l’essentiel de leurs ressources à la réalisation de leur but
désintéressé plutôt qu’à la recherche de fonds.

Toutefois, malgré l’absence de toute obligation légale, les associations et les fondations bénéficient
souvent d’« apports » et de cotisations de leurs membres. Elles peuvent accepter des libéralités,
organiser des collectes et recevoir des subsides767. Certaines recourent à l’emprunt, parfois sous
des formes alternatives, ou au crowdfunding. Enfin, le produit de leurs activités peut dans certains
cas constituer une source de financement.

765 CSA, art. 1:4, al. 1.


766 CSA, art. 1:4, al. 2.
767 Ni les collectes ni les subsides ne sont considérés comme des libéralités.

241
Fanny Streveler MA1 DROIT

1. « APPORTS »
La notion d’« apports » à une association ou à une fondation revêt un sens particulier. Il s’agit des
biens que les fondateurs ou les membres mettent, sans contrepartie, à la disposition de
l’association ou de la fondation.

Le CSA n’impose pas aux fondateurs ou aux membres de faire des apports, sous réserve que
l’affectation de biens à la réalisation du but est une condition de constitution de la fondation.

A. Nature juridique
Ces apports ne sont certainement pas des apports au sens du CSA puisque les apporteurs ne
reçoivent en principe pas de droit en contrepartie et, en tout cas, pas d’actions ou de parts
représentant des droits dans l’association ou la fondation. Les statuts pourraient cependant créer
plusieurs catégories de membres et, par exemple, accorder aux membres un droit de vote en
fonction de l’importance de leur apport.

Il ne s’agit pas non plus de libéralités :


- Toute libéralité suppose son acceptation par le bénéficiaire ; or, l’association ou la fondation,
qui n’a pas encore la personnalité morale au moment de l’apport, ne peut pas encore accepter
de libéralité. Le mécanisme permettant à des promoteurs de prendre des engagements ou
d’accepter des droits pendant la période de formation d’une association ou fondation se fonde
sur la reprise de ces engagements ou de ces droits par l’association ou la fondation après
qu’elle ait acquis la personnalité morale : il est donc inefficace pour le processus de
constitution lui-même.
- Les libéralités d’un montant supérieur à 100.000 EUR doivent être autorisées par arrêté
ministériel. Pour les fondations et les AISBL, un tel arrêté ministériel pour l’apport initial ferait,
au mieux, double emploi avec l’arrêté royal de reconnaissance de l’AISBL ou de la fondation et,
au pire (en cas de refus), obstacle à la reconnaissance par arrêté royal, en violation du principe
de la hiérarchie des normes.
- Les statuts d’une fondation peuvent prévoir que « lorsque le but désintéressé de la fondation
est réalisé, le fondateur ou ses ayants droit peuvent reprendre une somme égale à la valeur
des biens ou les biens mêmes que le fondateur a affecté à la réalisation de ce but »768 ; une
telle clause de reprise est incompatible avec le caractère irrévocable des libéralités.
- Dans une série de cas, les fondateurs ne sont pas animés par une intention libérale envers
l’association ou la fondation, par exemple quand il s’agit d’une fondation dont le but est de maintenir
le caractère familial d’un patrimoine.

Les apports ultérieurs peuvent cependant s’analyser en libéralités s’ils sont inspirés par le souhait
de faire une libéralité à l’association ou à la fondation.

Selon que l’apport s’analyse en une libéralité ou un acte de cession à titre gratuit, les règles
suivantes s’appliqueront ou non :
- les règles en matière d’autorisation des libéralités ;
- les règles en matière de réserve légale des héritiers ;
- le principe de l’irrévocabilité des donations.

768 CSA, art. 11:1, al. 2.

242
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Droit de reprise
Les statuts d’une fondation peuvent prévoir que, lorsque le but désintéressé de la fondation est
réalisé, le fondateur ou ses ayants-droit peuvent reprendre les biens apportés ou un somme égale à
leur valeur769.

A contrario, ils ne peuvent pas prévoir un tel droit en cours de vie sociale ou à la dissolution si elle
n’a pas réalisé son but.

Le CSA ne comporte pas de disposition semblable pour les associations. En l’absence de règle sur ce
point, les statuts des associations pourraient prévoir un droit de reprise pour les apports qui ne
constituent pas des libéralités770 et pourraient même l’étendre à d’autres hypothèses : la perte par
l’apporteur de sa qualité de membre en cours de vie sociale, la dissolution de l’association (qu’elle
ait ou non réalisé son but),... Une telle clause s’apparente à une condition résolutoire assortissant
l’apport.

2. COTISATIONS
Les cotisations sont les contributions dont les statuts des associations peuvent imposer aux
membres le paiement.

A. Plafond
Pour les ASBL, le CSA impose d’indiquer dans les statuts le montant maximum des cotisations 771.
Les statuts peuvent indiquer un montant maximum mais également une fourchette, un plafond
différent en fonction des catégories de membres, un montant assorti d’une clause d’indexation,...

En l’absence d’une telle clause, les ASBL ne peuvent pas imposer à leurs membres le paiement de
cotisations. Sous réserve de l’hypothèse dans laquelle les statuts prévoient le principe de
cotisations, il n’est pas possible de modifier autrement qu’à l’unanimité les statuts pour introduire
l’obligation de payer des cotisations car on augmenterait sinon les engagements des membres sans
leur accord.

Le CSA ne comporte pas une telle règle pour les AISBL mais rien n’empêche de mentionner dans les
statuts le montant maximal des cotisations.

B. Adhérents
Les statuts des ASBL doivent indiquer si les cotisations sont dues uniquement par les membres
effectifs ou également par les adhérents. S’ils ne précisent rien, les adhérents ne sont pas tenus
puisque ceux-ci n’ont que les droits et les obligations fixés par les statuts772.

Généralement, quand il existe des adhérents, le montant des cotisations dans leur chef est moins
élevé que pour les membres effectifs.

769 CSA, art. 11:2, al. 2.


770 Le principe de l’irrévocabilité des donations fait obstacle à la reprise des apports qui s’analysent en une libéralité.
771 CSA, art. 2:9, § 2, 8°.
772 CSA, art. 9:3, § 2.

243
Fanny Streveler MA1 DROIT

C. Montant
Le montant des cotisations est en principe fixé, dans les limites indiquées par les statuts, par le
conseil d’administration, sauf si les statuts ou le conseil lui-même délèguent cette compétence à un
autre organe, par exemple l’assemblée générale.

On peut également imaginer que les statuts fixent un montant fixe mais cette formule manque de
souplesse.

Les statuts doivent fixer la périodicité des cotisations. S’ils ne précisent rien, on peut généralement
considérer qu’elles sont dues chaque année.

D. Défaut de paiement
Le membre qui ne paie pas ses cotisations peut être présumé démissionnaire773. S’agissant d’une
sanction à l’encontre du membre défaillant, l’ASBL a le choix : elle peut, soit le considérer comme
démissionnaire, soit demander en justice sa condamnation au paiement des cotisations impayées.

3. LIBÉRALITÉS
Aux termes de l’article 9:22, al. 1er du CSA, « à l’exception des dons manuels, toute libéralité entre
vifs au profit de l’association dont la valeur excède 100.000 EUR doit être autorisée par le ministre
de la Justice ou son délégué ».

Des dispositions similaires existent pour les fondations et les associations internationales 774.

A l’origine, cette règle avait pour but d’éviter la prolifération des biens dits de mainmorte (c’est-à-
dire essentiellement les biens des congrégations religieuses, d’une durée infinie, de sorte que ces
biens étaient soustraits à toute mutation) mais aussi de protéger l’intérêt des familles. Ce deuxième
objectif est toujours d’actualité même si, aujourd’hui, il s’agit surtout d’assurer une certaine
surveillance sur les associations et les fondations. Ainsi, l’autorisation est refusée si elles n’ont pas
publié leurs statuts, les actes de nomination de leurs administrateurs ou leurs comptes 775.

A. Actes visés et non visés


Ces dispositions s’appliquent aux donations par acte notarié et aux libéralités testamentaires. Elles
ne visent pas les actes suivants, bien qu’ils soient également à titre gratuit :
- les libéralités inférieures à 100.000 EUR ;
- les dons manuels ;
- les donations indirectes (par exemple, par un virement bancaire qui ne mentionne pas qu’il s’agit
d’une donation) ;
- les cotisations ;
- le produit de collectes ou de souscriptions ;
- les subsides ;
- les actes de transfert à titre gratuit par une autre association ou fondation.

773 CSA, art. 9:23, al. 1.


774 CSA, art. 10:11 et 11:15.
775 CSA, art. 9:22, al. 5.

244
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Procédure
L’association ou la fondation bénéficiaire doit adresser sa demande au Service public fédéral
Justice, Direction générale de la Législation, Droits fondamentaux et Libertés.

L’autorisation prend en principe la forme d’un arrêté ministériel mais la libéralité est réputée
autorisée si le Ministre de la Justice ou son délégué n'a pas réagi dans un délai de trois mois à dater
de la demande d'autorisation qui lui est adressée776.

L’autorisation ne peut pas être accordée si l’association ou la fondation n’a pas rempli les
formalités visées par le CSA (notamment le dépôt des statuts, des actes de nomination des
administrateurs,...).

Même si ces formalités ont été respectées, le Ministre de la Justice conserve un pouvoir
d’appréciation.

D’autres raisons qui pourraient justifier le refus sont l’incompatibilité de la libéralité avec l’objet de
l’association, l’exercice par l’association d’une activité contraire à la loi, la situation des héritiers, la
situation du donateur qui se dépouille en laissant des créanciers impayés ou en portant atteinte à la
réserve de ses héritiers,...

La décision de refus doit être motivée.

Les refus sont exceptionnels.

4. EMPRUNTS ET OBLIGATIONS
A. Contrat d’emprunt
Financement classique :
Les associations et les fondations peuvent se financer par l’emprunt, auprès de leurs membres,
d’établissements de crédit ou de n’importe quel tiers.

Le prêteur exigera vraisemblablement des garanties personnelles si l’association ou la fondation ne


peut constituer de sûretés sur ses biens.

Financement alternatif :
Les associations et les fondations peuvent également solliciter du crédit auprès d’établissements de
crédit alternatifs.

B. Obligations
Possibilité pour les associations et fondations d’émettre des obligations :
Comme ni le CSA ni aucune autre loi n’interdisent aux associations et fondations d’émettre des
obligations, elles peuvent en principe le faire, même en l’absence d’une clause des statuts en ce
sens, sauf si les statuts interdisent le recours à ce mode de financement.

776 CSA, art. 9:22, al. 2.

245
Fanny Streveler MA1 DROIT

Organe compétent :
En principe, l’organe compétent d’une ASBL ou d’une fondation pour émettre des obligations est
son organe d’administration, en sa qualité d’organe souverain mais les statuts pourraient attribuer
cette compétence à l’assemblée générale.

L’organe compétent pour émettre des obligations l’est aussi pour en fixer les conditions (montant,
durée, taux,…).

Régime :
Les obligations émises par les associations ou les fondations doivent revêtir la forme nominative ou
dématérialisée.

Sous réserve des règles de droit financier, le régime des obligations émises par une association ou
une fondation est contractuel.

Les conditions d’émission des obligations peuvent s’inspirer des règles prévues par le CSA pour les
sociétés anonymes, à l’exception bien entendu des règles relatives aux obligations convertibles ou
remboursables en actions puisque les associations et fondations ne peuvent pas émettre d’actions.

Elles peuvent par exemple organiser des assemblées générales des obligataires et leur permettre de prendre
à la majorité des décisions qui lient tous les obligataires, telles que, moyennant l’accord de l’émetteur, la
modification du taux des intérêts ou le remboursement anticipé des obligations.

Règles en matière d’offre publique – exemptions :


Les associations et les fondations sont soumises à la législation en matière d’offres au public
d'instruments de placement et en matière d’appel au public en vue de recevoir des dépôts de fonds
remboursables (supra).

Toutefois, généralement, les associations et les fondations qui émettent des obligations ne doivent
pas rédiger de prospectus ou de note d’information :
- soit parce qu’elles offrent des obligations sans faire d’offre publique ;
- soit, si elles offrent des obligations dans le cadre d’une offre publique, parce qu’elles peuvent
invoquer l’exemption de minimis : 500.000 EUR sur une période de 12 mois à condition que
chaque investisseur ne peut donner suite à l’offre que pour un montant maximal de 5.000
EUR777 ;
- soit, si elles offrent des obligations dans le cadre d’une offre publique, parce qu’elles peuvent
invoquer l’exception en faveur des organismes sans but lucratif qui émettent des instruments
de placement en vue de se procurer les moyens nécessaires à la réalisation de leurs objectifs
non lucratifs778.

777 art. 10, § 3, 2° de la loi du 11 juillet 2018 relative aux offres au public d'instruments de placement et aux admissions
d'instruments de placement à la négociation sur des marchés réglementés (supra).
778 art. 10, § 2, 5° de la loi du 11 juillet 2018.

246
Fanny Streveler MA1 DROIT

5. CROWDFUNDING
Généralement, les associations et les fondations qui recourent au crowdfunding ne doivent pas
établir de prospectus ou de note d’information, soit parce qu’elles n’offrent pas d’instruments de
placement, soit si elles offrent des instruments de placement (généralement des obligations), pour
les raisons précitées.

Dans l’hypothèse plus rare où elles feraient une offre publique d’instruments de placement sans
pouvoir se prévaloir de ces exemptions, elles devraient établir, selon les cas, un prospectus ou une
note d’information.

6. PRODUIT DES ACTIVITÉS


Le produit des activités des associations et des fondations peut bien entendu contribuer à leur
financement.

La mesure dans laquelle le produit de leurs activités contribue à leur financement est très variable
d’une association ou fondation à l’autre : certaines exercent quotidiennement des activités
lucratives (hôpitaux,...) ; d’autres n’en organisent pas ou se contentent d’organiser des événements
ponctuels (fancy-fairs,...) ; d’autres encore perçoivent uniquement les revenus de leurs
investissements (fondations accordant des bourses).

STATUTS ET RÈGLEMENT D’ORDRE INTÉRIEUR

Un règlement d’ordre intérieur est un acte par lequel une personne morale, représentée par son
assemblée générale ou son organe d'administration, organise son fonctionnement.

Il s’agit d’une délibération sociale d’une nature particulière qui se situe dans le prolongement des
statuts.

Dans un but de sécurité juridique, le CSA réglemente l’adoption, la publicité et le contenu du


règlement d’ordre intérieur des personnes morales qu’il réglemente.

Ces dispositions ne sont pas spécifiques aux associations mais en pratique les associations adoptent
davantage un règlement d’ordre intérieur que les sociétés (avec une exception pour les sociétés
coopératives, dont l’article 6:69 réglemente le règlement d’ordre intérieur), pour préciser des
règles de fonctionnement, développer les objectifs poursuivis ou réglementer des aspects pratiques
(heures d’ouverture d’une bibliothèque, tenue vestimentaire sur un court de tennis,...).

247
Fanny Streveler MA1 DROIT

1. ORGANE COMPÉTENT
Si les statuts le prévoient, l’organe d’administration peut adopter un règlement d’ordre intérieur779.

Les statuts peuvent cependant attribuer à l’assemblée générale le pouvoir d’adopter le règlement
d’ordre intérieur.

Il en résulte que les statuts doivent nécessairement comporter une référence à un règlement
d’ordre intérieur ou, plus exactement, au règlement d’ordre intérieur puisqu’ils doivent indiquer la
dernière version approuvée du règlement.

En cas de modification du règlement, l’organe d’administration (dans l’hypothèse où les statuts ne
lui enlèvent pas le pouvoir d’adopter le règlement) peut cependant adapter les statuts sur ce point
sans décision de l’assemblée générale.

2. PUBLICITÉ
La mention du règlement d’ordre intérieur dans les statuts avertit les membres de son existence
mais elle ne suffit pas : la personne morale doit soit le communiquer aux membres (de même que
ses modifications), le cas échéant via leur adresse électronique, soit le mettre à disposition sur son
site internet780.

Elle n’est donc pas obligée de publier le règlement d’ordre intérieur aux Annexes du Moniteur
belge.

3. CONTENU
Le règlement d’ordre intérieur ne peut pas déroger aux dispositions légales impératives ou aux
statuts ou réglementer une matière pour laquelle le CSA exige une disposition statutaire781. Cette
dernière règle s’explique par l’absence de publication.

En outre, le CSA prévoyait qu’il ne peut pas contenir de disposition qui touche aux droits des
membres, aux pouvoirs des organes ou à l’organisation et au mode de fonctionnement de
l’assemblée générale782. Or, d’une part, de telles dispositions n’affectent pas les tiers et, d’autre
part, cette dernière règle est écartée pour les SC783.

Dans un arrêt récent, la Cour constitutionnelle a décidé qu’il n’était « pas objectivement et
raisonnablement justifié que le règlement d’ordre intérieur ne puisse toucher aux droits des
associés, actionnaires ou membres, aux pouvoirs des organes ou à l’organisation et au mode de
fonctionnement de l’assemblée générale que dans le cas d’une société coopérative ». Elle a par
conséquent annulé cette dernière disposition.

779 CSA, art. 2:59, al. 1er.


780 CSA, art. 2:59, al. 2.
781 CSA, art. 2:59, al. 1er, 1° et 2°.
782 CSA, art. 2:59, al. 1er, 3°.
783 CSA, art. 6:69.

248
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 2 :
ASBL

249
Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

« Une association est constituée par une convention entre deux ou plusieurs personnes,
dénommées membres. Elle poursuit un but désintéressé dans le cadre de l’exercice d’une ou
plusieurs activités déterminées qui constituent son objet. Elle ne peut distribuer ni procurer
directement ou indirectement un quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses membres,
ses administrateurs ni à toute autre personne sauf dans le but désintéressé déterminé par les
statuts »784.

Cette définition vaut tant pour les ASBL que pour les AISBL.

1. CONDITIONS DE FOND
Toute association suppose un accord de volonté entre plusieurs personnes pour produire des effets
juridiques et repose donc sur un contrat : le contrat d’association. A ce titre, elle est soumise à
toutes les conditions requises par la loi pour la validité des contrats.

Désormais, 2 membres suffisent pour constituer une ASBL785, alors qu’il en fallait au moins 3 sous
l’empire de la loi du 27 juin 1921, à peine de nullité.

Aucun apport n’est requis.

Les ASBL doivent avoir un but désintéressé (supra).

Comme toute personne morale, les ASBL doivent être identifiées par une dénomination.

2. FORMALITÉS DE CONSTITUTION
Le CSA ne prévoit pas de formalités préalables à la passation de l’acte constitutif.

Les ASBL peuvent être constituées par acte authentique ou sous seing privé (deux originaux
suffisent)786. Le CSA indique les mentions minimales de l’acte constitutif.

3. FORMALITÉS POSTÉRIEURES À LA PASSATION DE L’ACTE CONSTITUTIF


Les statuts, un extrait de l’acte constitutif et un extrait de l’acte relatif à la nomination des
administrateurs et le cas échéant du ou des délégués à la gestion journalière et du ou des
commissaires doivent être déposés au greffe787.

784 CSA, art. 1:2.


785 CSA, art. 1:2.
786 CSA, art. 5:2, § 2, al. 1er.
787 CSA, art. 2:9, § 1er, al. 1, 1°, 3° et 4°.

250
Fanny Streveler MA1 DROIT

L’ASBL acquiert la personnalité juridique au moment de ce dépôt788.

Ces documents doivent ensuite être publiés aux annexes du Moniteur belge789.

Le dépôt doit intervenir dans les 30 jours de l’acte définitif790 et la publication dans les 10 jours du
dépôt791.

4. NULLITÉ
Le CSA énumère de manière limitative les causes de nullité des ASBL :
1° lorsque le nombre de fondateurs valablement engagés est inférieur à 2 ;
2° lorsque la constitution n’a pas eu lieu par acte authentique ou par acte sous seing privé ;
3° lorsque les statuts ne contiennent pas les mentions relatives à sa dénomination, la région dans
laquelle son siège est établi, son but et son objet ;
4° lorsque le but ou l’objet en vue duquel elle est constituée, ou son but ou objet réel, contrevient à
la loi ou à l’ordre public ;
5° lorsqu’elle a été constituée dans le but de fournir à ses membres effectifs ou adhérents, aux
membres de son organe d’administration ou à toute autre personne, sauf dans le but désintéressé
déterminé par les statuts, des avantages patrimoniaux directs ou indirects 792.

Ces causes sont similaires à celles prévues pour les SRL, les SA et les SC, sinon que le CSA ajoute les
hypothèses suivantes : le but ou l’objet réel de l’association contrevient à la loi ou à l’ordre
public793 ; l’association a été constituée dans le but de fournir des avantages patrimoniaux à
quiconque sauf dans son but désintéressé statutaire (ce qui est d’ailleurs inutile puisque, dans ce
cas, le but contrevient à la loi, hypothèse déjà visée) ; ainsi que, plus curieusement, les statuts ne
mentionnent pas la région dans laquelle le siège est établi.

La nullité d’une association doit être prononcée par une décision judiciaire et produit ses effets à
compter de cette décision794.

788 CSA, art. 2:6, § 2.


789 CSA, art. 2:6, § 2.
790 CSA, art. 2:9, § 1er.
791 CSA, art. 2:13.
792 CSA, art. 9:4.
793 Le CSA ne cite pas l’illicéité de l’objet réel parmi les causes de nullité des SRL et des SA car en vertu de la Directive

2017/1132, on ne peut avoir égard qu’à l’objet statutaire.


794 CSA, art. 2:40.

251
Fanny Streveler MA1 DROIT

MEMBRES

1. NOMBRES ET QUALITÉ
Deux fondateurs suffisent pour constituer une ASBL795.

Toute personne physique ou morale peut être fondateur et devenir membre d’une ASBL.

Les sociétés peuvent également participer à la constitution d’une association ou adhérer à une
association existante, malgré leur but lucratif : d’une part, elles peuvent accomplir des actes à titre
gratuit lorsqu’elles poursuivent ainsi un but lucratif à long terme ; d’autre part, elles peuvent avoir
d’autres buts que leur but lucratif.

2. MEMBRES EFFECTIFS ET ADHÉRENTS


Une ASBL peut avoir, outre des membres effectifs, des membres adhérents.

Les membres effectifs sont les fondateurs de l’association et ceux qui ont été ultérieurement admis
en qualité de membre effectif, pour autant bien entendu qu’ils soient toujours en vie, n’aient pas
démissionné et n’aient pas été exclus. Ils sont parties au contrat d’association et ont, en vertu de la
loi, le droit de prendre part à l’assemblée générale et de voter ainsi que les autres droits découlant
de la loi et des statuts. Ce sont les seuls véritables membres.

Quant aux membres adhérents ou, comme il aurait été plus clair de les appeler, les adhérents, il ne
s’agit pas de véritables membres mais de tiers qui ont un lien avec l’association et qui ont cette
qualité aux conditions fixées par les statuts796. Ils entretiennent des relations privilégiées avec
l’association en vertu d’un contrat sui generis avec celle-ci.

Les droits et obligations des adhérents sont exclusivement déterminés par les statuts797.

Généralement, les adhérents doivent payer une cotisation dont le montant est fixé par les statuts ;
ils sont informés des activités de l’association (par exemple, l’organisation de concerts) et peuvent y
prendre part (par exemple, assister à ces concerts gratuitement ou à un tarif préférentiel).

Les adhérents sont admis et peuvent démissionner ou être exclus aux conditions fixées par les
statuts.

Leurs droits et obligations envers l’association sont purement contractuels, en ce sens qu’ils
jouissent uniquement des droits qui leur sont accordés conformément aux statuts, outre bien sûr
les droits qui résultent du droit commun comme le droit de prendre connaissance des décisions de
l’assemblée générale qui les concernent.

795 CSA, art. 1:2.


796 CSA, art. 9:3, § 2.
797 CSA, art. 9:3, § 2.

252
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. CATÉGORIES
Outre la distinction entre les membres effectifs et adhérents, les statuts peuvent prévoir plusieurs
catégories de membres.

Les critères suivants peuvent constituer la base de différentes catégories de membres :


- les membres statutaires (nommés dans les statuts, ce qui leur assure une certaine stabilité) ou
à vie et les autres ;
- les membres de droit (personnes qui peuvent devenir membres par leur seule qualité, telle que
président du conseil d'administration de telle institution, ambassadeur de tel Etat, descendants
de telle personne,...) ;
- le droit de présenter des administrateurs au conseil d'administration ;
- le montant des cotisations ;
- le droit de vote, simple ou plural ;
- ...

4. ADMISSION ET SORTIE
A. Admission
Ce sont les statuts qui fixent les conditions et les formalités d’admission des membres.

Les conditions d’admission sont les règles auxquelles les candidats doivent satisfaire pour pouvoir
être admis. Les statuts peuvent fixer n’importe quel critère pour autant qu’ils ne contreviennent
pas à l’ordre public ou à des lois impératives (par exemple, en fixant des critères qui constitueraient une
discrimination injustifiée en vertu de l’âge, du sexe ou de l’origine) et qu’ils n’imposent pas au candidat de
commettre des actes fautifs au sens de l’article 1382 du Code civil. Ils peuvent ainsi subordonner
l’admission à la qualité d’ancien étudiant de telle école (pour une association d’alumni), à
l’exploitation d’une entreprise dans tel quartier (pour une association de commerçants), à
l’adhésion à un parti (pour une association politique),...

Dans ces limites, ils peuvent fixer des critères qui s’expliquent par le but de l’association : une
association qui a pour but de rapprocher les expatriés américains en Belgique peut admettre uniquement des
citoyens américains ; une association qui a pour but de favoriser la pratique des sports par les jeunes en
permettant l’accès à des installations sportives à moindre coût peut admettre uniquement des jeunes ; une
congrégation religieuse qui prône le célibat peut admettre uniquement des célibataires ; une association qui
a pour but de promouvoir le rôle des femmes dans la vie économique en leur donnant les moyens nécessaires
pour y parvenir (formations, conférences,...) peut admettre uniquement des femmes ; ...

Les statuts pourraient fixer uniquement certaines conditions d’admission et laisser à l’organe
compétent le pouvoir discrétionnaire de se prononcer sur les admissions.

B. Démission
En règle générale, une partie à un contrat à durée indéterminée peut le résilier à tout moment en
ce qui la concerne car, sinon, elle resterait liée ad vitam eternam, ce qui irait à l’encontre de la
prohibition des engagements perpétuels. Le principe de la liberté d’association impose également
que les membres puissent démissionner.

253
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA réglemente cette faculté dans les ASBL.

Tout membre d'une association est libre de se retirer de celle-ci en adressant sa démission au
conseil d'administration798. Cette disposition est d’ordre public et les statuts ne peuvent pas
interdire aux membres de démissionner.

En principe, conformément au droit commun des actes réceptices, la démission sort ses effets dès
qu’elle est adressée au conseil d'administration, sans qu’elle doive être acceptée par celui-ci.

Les statuts doivent indiquer les conditions et les formalités d’admission et de sortie des
membres799. L’absence d’une telle clause ne fait pas obstacle à la démission (comparer avec
l’exclusion ; infra) mais la facilite au contraire, puisqu’elle ne sera subordonnée à aucune condition
ou formalité.

Les statuts peuvent réglementer la démission en imposant un préavis, l’envoi d’une lettre
recommandée,... mais ne peuvent pas fixer des conditions ou formalités qui la rendent
anormalement difficile ou impossible.

Le CSA prévoit qu’un membre qui ne paie pas les cotisations peut être réputé démissionnaire800.
Cette disposition n’est pas impérative et les statuts peuvent l’écarter.

C. Décès
La qualité de membre d’une association est intuitu personae : le membre est admis en raison de ses
caractéristiques.

La qualité de membre se perd par le décès (ou, pour les personnes morales, par la clôture de la
liquidation ou la dissolution-liquidation en un seul acte). Elle est intransmissible aux héritiers ou aux
ayants-droit même universels des personnes morales.

D. Exclusion
L’exclusion d’un membre s’analyse comme une résolution du contrat d’association à son encontre.

Les statuts doivent prévoir les conditions et les formalités d’exclusion801. En l’absence d’une clause
d’exclusion, une association ne peut pas exclure de membres.

Seule l'assemblée générale, statuant dans le respect des conditions de quorum et de majorité
requises pour la modification des statuts, peut prononcer l'exclusion d'un membre. Les statuts ne
peuvent pas fixer des conditions de majorité moins sévères mais peuvent renforcer ces règles.

Le membre dont l’exclusion est envisagée peut prendre part au vote puisqu’il reste membre aussi
longtemps que son exclusion n’a pas été prononcée et que la loi n’empêche pas le membre qui est
concerné par un point à l’ordre du jour de l’assemblée générale de voter sur ce point.

798 CSA, art. 9:23, al. 1.


799 CSA, art. 2:9, § 2, 5°.
800 CSA, art. 9 :23, al. 1.
801 CSA, art. 2:9, § 2, 5°.

254
Fanny Streveler MA1 DROIT

La proposition d’exclure un membre doit être indiquée dans l’ordre du jour.

L’association doit notifier au membre concerné les griefs qui lui sont faits. Elle doit lui permettre de
faire valoir ses observations à l’assemblée générale, par écrit ou par une audition s’il le souhaite.

Dans le silence des statuts, l’assemblée générale jouit d’un pouvoir discrétionnaire en matière
d’exclusion. Dans ce cas, les tribunaux peuvent uniquement apprécier la régularité formelle de la
décision (respect des conditions légales et statutaires) et ne peuvent pas se substituer à
l’assemblée générale en appréciant l’opportunité ou le bien-fondé des motifs. Ils peuvent
cependant annuler une décision manifestement abusive.

En principe, l’exclusion ne doit pas être motivée mais les statuts peuvent imposer une telle
motivation. L’absence de motivation n’est pas incompatible avec le respect des droits de la
défense, qui tend à initier un débat devant l’assemblée générale.

Les statuts peuvent cependant énumérer des motifs d’exclusion. Ces motifs doivent être
suffisamment graves pour justifier l’exclusion car une sanction doit être proportionnelle à son but.

Dans ce cas (sauf si cette énumération reste exemplative et ne porte pas atteinte à son pouvoir
discrétionnaire) l’assemblée générale doit constater l’existence d’un de ces motifs dans le chef du
membre avant de prononcer son exclusion et motiver l’exclusion ; fût-ce simplement par la
référence à ce motif et la constatation des faits constitutifs de ce motif. Les tribunaux disposent
alors d’un pouvoir plus important : ils peuvent contrôler la matérialité des faits reprochés au
membre exclu et vérifier s’ils sont visés par la clause des statuts.

L’exclusion irrégulière peut être annulée. Le tribunal peut uniquement vérifier si les règles de forme
ont été respectées ; il ne peut exercer qu’un contrôle marginal sur la décision d’exclusion. Seul le
membre exclu peut demander cette annulation.

E. Suspension
La compétence exclusive de l’assemblée générale en matière d’exclusion ne fait pas obstacle à la
clause des statuts qui confère au conseil d'administration le pouvoir de suspendre un membre
jusqu’à la prochaine assemblée générale.

La suspension par le conseil d'administration n’équivaut cependant pas à l’exclusion par


l’assemblée générale.

On considère généralement que le membre suspendu conserve tous ses droits découlant de la loi et
des statuts, ce qui implique notamment qu’il doit être convoqué à l’assemblée générale et peut y
exercer le droit de vote, car, sinon, il se trouverait dans la même situation qu’un membre exclu.

Toutefois, si le membre exclu conservait tous ses droits, on n’apercevrait pas l’utilité d’une
suspension. On peut faire une distinction entre les droits qui découlent de la loi et les autres droits :
la suspension n’a aucun effet sur les droits légaux mais les statuts pourraient prévoir qu’elle
entraîne la suspension des droits supplémentaires qui résultent des statuts et du règlement d’ordre
intérieur.

255
Fanny Streveler MA1 DROIT

F. Condition résolutoire
Les statuts peuvent prévoir que le membre qui ne remplit plus les conditions d’admission ou se
trouve dans certaines situations (condamnation pénale même non définitive,...) perd de plein droit
sa qualité de membre. Il s’agit, non d’une exclusion, mais de la réalisation d’une condition
résolutoire et la procédure d’exclusion ne doit pas être respectée. En effet, en adhérant au contrat
d’association, le membre accepte les conditions d’admission.

En l’absence d’une telle clause, la perte des conditions d’admission n’entraîne pas de plein droit la
perte de la qualité de membre.

G. Effets de la perte de la qualité de membre


La qualité de membre est intuitu personae et ne peut être cédée ou transmise.

Le membre démissionnaire, exclu ou qui a perdu autrement sa qualité de membre reste tenu des
cotisations échues avant sa démission, son exclusion ou la perte de sa qualité. Il n'a aucun droit sur
le fonds social et ne peut pas réclamer le remboursement des cotisations qu'il a versées, à moins de
stipulations contraires dans les statuts.

Le principe s’explique facilement : l’association poursuit un but désintéressé et doit pouvoir


conserver les moyens nécessaires à sa finalité.

Les statuts peuvent prévoir que les membres qui se retirent ont le droit de reprendre leur apport
ou la valeur de celui-ci802.

5. DROITS ET OBLIGATIONS
A. Membres effectifs et adhérents
Les adhérents jouissent uniquement des droits et ont uniquement les obligations que les statuts
leur reconnaissent explicitement. Il s’agit généralement de droits en relation avec les activités de
l’association mais il peut également s’agir de droits relatifs à son fonctionnement, comme le droit
d’assister à l’assemblée générale, voire d’émettre un veto pour certaines décisions. Les statuts ne
peuvent cependant pas leur reconnaître le même droit de vote que les membres effectifs (tout en
les traitant comme adhérents dans le but, par exemple, de pouvoir les exclure sans respecter les
conditions légales en matière d’exclusion) car, dans cette hypothèse, ils pourraient être requalifiés en
membres effectifs.

Sous réserve de dispositions contraires des statuts, ces droits et ces obligations peuvent être
modifiés sans leur consentement, ce qui pose surtout un problème pour l’augmentation du
montant des cotisations.

802 CSA, art. 9:23, al. 3.

256
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Droits
Les membres effectifs ont les droits qui résultent de la loi et des statuts :
- Droit de demander la convocation de l’assemblée générale : les membres représentant un
cinquième du nombre de membres peuvent exiger la convocation d’une assemblée
générale803.
- Droit de demander l’inscription d’un point à l’ordre du jour : toute proposition signée par un
nombre de membres au moins égal au vingtième doit être portée à l'ordre du jour804.
- Droit de participer à l’assemblée générale : tous les membres peuvent participer à l’assemblée
générale, ce qui implique le droit d’y être convoqués (au moins quinze jours avant). Ils peuvent
se faire représenter à l'assemblée générale par un autre membre ou, si les statuts l'autorisent,
par un tiers805.
- Droit de vote à l’assemblée générale : sauf disposition contraire des statuts, les membres ont
un droit de vote égal806. Les statuts peuvent déroger au principe selon lequel chaque membre a
une voix mais ne peuvent pas priver un membre du droit de vote.
- Droit de consulter au siège de l'association le registre des membres807.

Les statuts peuvent accorder aux membres d’autres droits, relatifs au fonctionnement de
l’association (droit de présenter un ou plusieurs candidats au conseil d'administration, droit de
veto,...) ou à ses activités (droit d’avoir accès à certaines activités ou installations de l’association,
ou d’y avoir accès à des conditions avantageuses, droit de recevoir les publications de l’ASBL,...).

Ils ne peuvent bien entendu pas accorder aux membres des avantages patrimoniaux.

C. Obligations
Tout membre doit payer les cotisations décidées par le conseil d'administration ou l’assemblée
générale (en fonction des statuts) ; les statuts doivent en toute hypothèse fixer le montant
maximum808.

En l’absence de dispositions statutaires en la matière, l’ASBL ne pourrait donc pas réclamer de


cotisations aux membres.

Seule l’assemblée générale peut relever le plafond des cotisations, dans le cadre d’une modification
des statuts.

Les statuts peuvent fixer des cotisations différentes en fonction de la catégorie de membres.

Le non-paiement des cotisations peut constituer un motif d’exclusion ou une présomption de


démission.

803 CSA, art. 9:13.


804 CSA, art. 9:14.
805 CSA, art. 9 :15.
806 CSA, art. 9:17.
807 CSA, art. 9:3, § 1er, al. 2.
808 CSA, art. 2:9, § 2, 5°.

257
Fanny Streveler MA1 DROIT

D. Responsabilité
Les membres ne sont en cette qualité pas responsables des engagements de l’association809.

Les membres doivent cependant exécuter les obligations découlant du contrat d’association : ils
doivent payer les cotisations fixées conformément aux statuts et respecter les diverses obligations
mises à leur charge. A défaut, ils peuvent en principe être exclus.

Les membres peuvent également engager leur responsabilité extracontractuelle envers


l’association ou les tiers en vertu du droit commun.

L’hypothèse d’une faute des membres susceptible d’engager leur responsabilité envers
l’association se rencontre surtout quand ils sont également administrateurs (de droit ou de fait) car
ce sont généralement des fautes dans la gestion de l’association qui causent un dommage à
l’association ou aux tiers.

Les membres pourraient également engager leur responsabilité envers les tiers à la suite d’une
« levée du voile social » s’ils confondent le patrimoine de l’association et le leur mais une telle
confusion suppose généralement qu’ils aient des pouvoirs d’administrateur, de droit ou de fait.

ORGANE D’ADMINISTRATION

Un des objectifs de la réforme de 2019 était d’unifier le droit des sociétés et des associations. C’est
sans doute en ce qui concerne l’organe d’administration qu’elle a le mieux atteint son objectif. La
loi du 23 mars 2019 a en effet éliminé une série de différences injustifiées entre les règles
applicables à l’organe d’administration des sociétés anonymes et des ASBL, différences qui tenaient
davantage à des erreurs de rédaction de la loi du 2 mai 2002 qui a modifié la loi du 27 juin 1921
(déjà dans une optique d’harmonisation) qu’à un choix délibéré du législateur.

1. ORGANE D’ADMINISTRATION COLLÉGIAL


Les ASBL sont administrées par un organe d’administration collégial qui doit compter au moins 3
administrateurs810. Bien que le CSA utilise les termes « organe d’administration » et non « conseil
d’administration », la plupart des ASBL continuent à appeler cet organe « conseil d’administration »
et c’est le parti pris ici.

Comme pour les sociétés anonymes, le CSA prévoit que cet organe doit en principe comporter au
moins 3 membres mais qu’il peut n’en comporter que 2 lorsque l’ASBL n’a que 2 membres. Dans ce
cas, si les statuts octroient une voix prépondérante à l’un des administrateurs, cette disposition
perd de plein droit ses effets811.

809 CSA, art. 9:1.


810 CSA, art. 9:5, al. 1er.
811 CSA, art. 9:5, al. 2.

258
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. ADMINISTRATEURS
A. Nomination, rémunération et révocation
Les administrateurs peuvent être des personnes physiques ou morales812 mais toute personne
morale qui exerce un mandat d’administrateur doit désigner un représentant permanent813.

C’est en principe l’assemblée générale qui désigne les administrateurs814 et c’est toujours elle qui
fixe leur rémunération815.

A l’instar de la solution prévue pour les SRL, les SC et les SA, le CSA ajoute une possibilité de
cooptation : en cas de vacance de la place d’un administrateur avant la fin de son mandat, les
administrateurs restants ont le droit de coopter un nouvel administrateur. La première assemblée
générale qui suit se prononce sur la confirmation du mandat de l’administrateur coopté ; en cas de
confirmation, l’administrateur coopté termine le mandat de son prédécesseur, sauf si l’assemblée
générale en décide autrement. En l’absence de confirmation, le mandat de l’administrateur coopté
prend fin à l’issue de l’assemblée générale, sans que cela affecte la régularité de la composition de
l’organe d’administration jusqu’à ce moment. Les statuts peuvent cependant exclure le pouvoir des
administrateurs restants de coopter un administrateur 816.

L’assemblée générale a le pouvoir de révoquer ad nutum les administrateurs817.

B. Représentation au conseil d’administration


« Les statuts peuvent prévoir qu’un administrateur peut se faire représenter par un autre
administrateur à une réunion de l’organe d’administration »818.

En l’absence d’une telle clause, un administrateur ne peut donc pas se faire représenter par un
collègue.

Il est donc indispensable de prévoir dans les statuts d’une ASBL une clause spécifique si on veut
permettre aux administrateurs de se faire représenter par un collègue. Les statuts pourraient
limiter le nombre de mandats confiés à un administrateur.

812 CSA, art. 9:5, al. 1.


813 CSA, art. 2:55.
814 CSA, art. 9:12, 2°.
815 CSA, art. 2:49.
816 CSA, art. 9:6, § 2.
817 CSA, art. 9:12, 2°.
818 CSA, art. 9:9, al. 2.

259
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. POUVOIRS
Le conseil d’administration a le pouvoir d’accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la
réalisation de l’objet de l’association, à l’exception de ceux que la loi réserve à l’assemblée
générale. Les statuts peuvent apporter des restrictions à ses pouvoirs. Une telle limitation n’est pas
opposable aux tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une répartition des tâches
entre les administrateurs819.

4. REPRÉSENTATION VIS-À-VIS DES TIERS


Les statuts peuvent prévoir que l’association est représentée par un ou plusieurs administrateurs,
agissant seuls ou conjointement. Une telle clause de représentation est opposable aux tiers à
condition d’être publiée.

Comme en matière de SRL, SC et SA ;


- les statuts peuvent apporter des restrictions aux pouvoirs de représentation des
administrateurs mais ces restrictions ne sont pas opposables aux tiers, même si elles sont
publiées ; il en va de même pour une répartition des tâches entre les administrateurs ayant le
pouvoir de représentation820 ;
- l’association est liée par les actes accomplis par l’organe de l’administration, par les délégués à
la gestion journalière et par les administrateurs qui, conformément à l’article 9:7, § 2, ont le
pouvoir de la représenter, même si ces actes excèdent son objet, sauf si l’association prouve
que le tiers en avait connaissance ou qu’il ne pouvait l’ignorer, compte tenu des circonstances,
sans que la seule publication des statuts suffise à constituer cette preuve821.

5. CONFLITS D’INTÉRÊT
La loi du 27 juin 1921 ne comportait aucune disposition en matière de conflits d’intérêts de sorte
que la question était laissée aux statuts, au règlement d’ordre intérieur et aux principes généraux
de bonne gouvernance.

La loi du 23 mars 2019 a comblé cette lacune en s’inspirant de la procédure applicable aux sociétés
anonymes.

Désormais, lorsque l’organe d’administration d’une ASBL est appelé à prendre une décision ou à se
prononcer sur une opération relevant de sa compétence à propos de laquelle un administrateur a
un intérêt direct ou indirect de nature patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de l’association, cet
administrateur doit en informer les autres administrateurs avant que l’organe d’administration ne
prenne une décision. Sa déclaration et ses explications sur la nature de cet intérêt opposé doivent
figurer dans le procès-verbal de la réunion de l’organe d’administration qui doit prendre cette
décision. Il n’est pas permis à l’organe d’administration de déléguer cette décision.

819 CSA, art. 9:7, § 1er.


820 CSA, art. 9:7, § 1 et § 2.
821 CSA, art. 9:11.

260
Fanny Streveler MA1 DROIT

Dans les ASBL qui dépassent plus d’un des critères visés à l’article 3:47, § 2, l’organe
d’administration doit décrire dans son procès-verbal la nature de la décision ou de l’opération et les
conséquences patrimoniales de celle-ci pour l’association et justifie la décision qui a été prise. Il
doit reprendre l’intégralité de cette partie du procès-verbal dans son rapport de gestion ou, si
l’association ne dépose pas de rapport de gestion, dans le document déposé en même temps que
les comptes annuels.

Si l’association a nommé un commissaire, elle doit lui communiquer le procès-verbal de la réunion.


Dans son rapport, le commissaire doit évaluer dans une section séparée, les conséquences
patrimoniales pour l’association des décisions de l’organe d’administration pour lesquelles il existe
un intérêt opposé.

Si le conflit est isolé, l’administrateur ayant un conflit d’intérêts ne peut pas prendre part aux
délibérations de l’organe d’administration concernant ces décisions ou ces opérations, ni prendre
part au vote sur ce point.

Si le conflit est généralisé, en ce sens que la majorité des administrateurs présents ou représentés
ont un conflit d’intérêts, la décision ou l’opération est soumise à l’assemblée générale. En cas
d’approbation de la décision ou de l’opération par celle-ci, l’organe d’administration peut les
exécuter822.

Cette procédure n’est pas applicable lorsque les décisions de l’organe d’administration concernent
des opérations habituelles conclues dans des conditions et sous les garanties normales du marché
pour des opérations de même nature823.

En cas de méconnaissance de ces règles, les tiers intéressés peuvent demander la nullité ou la
suspension de la décision de l’organe d’administration, de même que l’association si l’autre partie à
ces décisions ou opérations avait ou devait avoir connaissance de cette violation 824. En outre, les
administrateurs peuvent engagent leur responsabilité. A l’inverse de la solution retenue pour les
SRL, les SC et les SA, le CSA ne prévoit pas expressément que les administrateurs sont responsables
du préjudice subi par l’ASBL ou les tiers à la suite de décisions ou d’opérations qui leur ont causé un
avantage financier abusif. Mais la prise d’une telle décision ou l’accomplissement d’une telle
opération constituerait une faute de gestion dans leur chef.

Les ASBL peuvent bien entendu prévoir des règles de conflits d’intérêts plus sévères. Par exemple, les
petites ASBL peuvent adopter dans leurs statuts le régime applicable aux grandes.

822 CSA, art. 9:8, § 1er.


823 CSA, art. 9:8, § 3.
824 CSA, art. 9:8, § 2.

261
Fanny Streveler MA1 DROIT

6. DÉLIBÉRATIONS ÉCRITES
Les décisions de l’organe d’administration peuvent être prises par décision unanime de tous les
administrateurs, exprimée par écrit, à l’exception des décisions pour lesquelles les statuts excluent
cette possibilité825.

Cette possibilité devient donc de droit. Une ASBL peut cependant l’exclure par ses statuts.

7. GESTION JOURNALIÈRE
L’organe d’administration peut charger une ou plusieurs personnes, qui agissent chacune
individuellement, conjointement ou collégialement, de la gestion journalière de l’association, ainsi
que de la représentation de l’association en ce qui concerne cette gestion. Cette disposition est
opposable aux tiers si elle est publiée. Les limitations au pouvoir de représentation de l’organe de
gestion journalière ne sont toutefois pas opposables aux tiers même si elles sont publiées826.

Le CSA reprend la même définition de la gestion journalière que pour les sociétés : elle comprend
aussi bien les actes et les décisions qui n’excèdent pas les besoins de la vie quotidienne de
l’association que les actes et les décisions qui, soit en raison de l’intérêt mineur qu’ils représentent,
soit en raison de leur caractère urgent, ne justifient pas l’intervention de l’organe
d’administration827.

8. SONNETTE D’ALARME
Lorsque des faits graves et concordants sont susceptibles de compromettre la continuité de
l’entreprise, le conseil d’administration est tenu de délibérer sur les mesures qui devraient être
prises pour assurer la continuité de l’activité économique pendant une période minimale de 12
mois828.

En outre, dans les grandes associations, le commissaire qui constate dans l’exercice de sa mission
des faits graves et concordants susceptibles de compromettre la continuité de l’activité
économique doit en informer l’organe d’administration par écrit et de manière circonstanciée.
L’organe d’administration doit délibérer sur les mesures qui devraient être prises pour assurer la
continuité de l’activité économique pendant une période minimale de 12 mois. Si le commissaire
n’a pas été informé par l’organe d’administration des mesures prises ou envisagées dans le mois à
dater de la communication de cette information, ou s’il estime que ces mesures ne sont pas
susceptibles d’assurer la continuité de l’activité économique pendant une période minimale de 12
mois, le commissaire peut communiquer par écrit ses constatations au président du tribunal de
l’entreprise829.

825 CSA, art. 9:9, al. 1er.


826 CSA, art. 9:10, al. 1 et 3.
827 CSA, art. 9:10, al. 2 ; comparer avec les articles 5:79, 6:67 et 7:121.
828 CSA, art. 2:52.
829 CSA, art. 3:69 et 3:98, § 2.

262
Fanny Streveler MA1 DROIT

ASSEMBLÉE GÉNÉRALE

1. POUVOIRS
L’assemblée générale est (exclusivement) compétente pour les décisions suivantes :
1° la modification des statuts ;
2° la nomination et la révocation des administrateurs et la fixation de leur rémunération dans les
cas où une rémunération leur est attribuée ;
3° la nomination et la révocation du commissaire et la fixation de sa rémunération ;
4° la décharge à octroyer aux administrateurs et au commissaire et l’introduction d’une action de
l’association contre les administrateurs et les commissaires ;
5° l’approbation des comptes annuels et du budget ;
6° la dissolution de l’association ;
7° l’exclusion d’un membre ;
8° la transformation de l’ASBL en AISBL, en société coopérative agréée comme entreprise sociale et
en société coopérative entreprise sociale agréée ;
9° effectuer ou accepter l’apport à titre gratuit d’une universalité ;
10° tous les autres cas où la loi ou les statuts l’exigent830.

2. CONVOCATION
Le conseil d’administration doit convoquer l’assemblée générale dans les cas prévus par la loi ou les
statuts ou lorsqu’au moins un cinquième des membres en fait la demande.

Le cas échéant, le commissaire peut convoquer l’assemblée générale. Il doit la convoquer lorsqu’un
cinquième des membres de l’association le demande.

Le délai de convocation est de 15 jours831. Toutefois, lorsque la convocation est faite sur requête
des membres, l’assemblée générale doit être convoquée dans les 21 jours de la demande de
convocation et se tenir au plus tard le 40ème jour suivant cette demande, sauf disposition statutaire
contraire832.

830 CSA, art. 9:12.


831 CSA, art. 9:14.
832 CSA, art. 9:13, al. 3.

263
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. MODIFICATION DES STATUTS


Les statuts peuvent être modifiés par acte authentique ou sous seing privé.

Le CSA impose un quorum de présence de deux tiers des membres (avec l’obligation de convoquer,
en cas de carence, une nouvelle réunion qui ne peut être tenue moins de 15 jours après la première
réunion et qui délibérera valablement quel que soit le nombre de membres présents ou
représentés)833 et des conditions de majorité de deux tiers, portées à quatre cinquièmes en cas de
modification du but ou de l’objet834 et en cas de dissolution835. Les abstentions doivent être
neutralisées836.

833 CSA, art. 9:21, al. 2.


834 CSA, art. 9:21, al. 3 et 4.
835 CSA, art. 2:110.
836 CSA, art. 9:21, al. 3 et 4.

264
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 3 :
AISBL

265
Fanny Streveler MA1 DROIT

CONSTITUTION

1. CONDITIONS DE FOND
A. But désintéressé
L’AISBL est une association et à ce titre doit, comme l’ASBL, avoir un but désintéressé837.

B. But d’utilité internationale


En outre, elle doit poursuivre un but d’utilité internationale.

On peut citer comme exemple : favoriser la paix dans le monde par la diplomatie préventive, encourager les
échanges culturels entre les pays, apporter une assistance médicale aux victimes des conflits armés,
conscientiser les gouvernements ou les peuples au réchauffement climatique,...

2. FORMALITÉS
A. Acte authentique
Les statuts des AISBL doivent être constatés par acte authentique 838.

B. Arrêté royal de reconnaissance


Les statuts doivent également être approuvés par arrêté royal avant de pouvoir être déposés.

Cet arrêté royal permet de vérifier le caractère licite et d’utilité internationale du but des AISBL et
leur confère également un certain prestige.

Les AISBL acquièrent la personnalité morale à la date de cet arrêté royal (et non à la date de dépôt
des statuts).

À cette fin, le notaire doit communiquer l’acte constitutif au Ministre de la Justice avec la demande
d’octroi de la personnalité juridique et d’approbation des statuts. La personnalité juridique sera
accordée si l’AISBL poursuit un but d’utilité internationale839.

En principe, le Roi ne pourrait donc pas refuser l’octroi de la personnalité juridique pour des raisons
étrangères à ce but, par exemple parce que les statuts ne comportent pas certaines mentions. Il ne
pourrait pas non plus refuser l’octroi de la personnalité morale au motif que le but ne lui plaît pas,
ou rend l’AISBL redondante par rapport à d’autres.

En pratique, le notaire rédige d’abord un projet de statuts qu’il envoie au Ministre de la Justice, afin
de pouvoir le cas échéant modifier son projet conformément aux observations du fonctionnaire en
charge du dossier. Il ne reçoit l’acte que lorsque le projet peut être considéré comme final. Il envoie
alors au Ministre les statuts avec la demande d’octroi de la personnalité juridique et d’approbation
des statuts.

837 CSA, art. 1:2.


838 CSA, art. 2:5, § 3 ; comparer avec les statuts des ASBL qui peuvent être sous seing privé.
839 CSA, art. 2:6, § 3.

266
Fanny Streveler MA1 DROIT

Après la signature de l’arrêté royal, l’administration envoie des expéditions de l’arrêté royal au
notaire, qui peut alors déposer au greffe les statuts et les actes relatifs à la nomination des
administrateurs et des personnes habilitées à représenter l’AISBL.

C. Nullité
Le CSA énumère de manière limitative les causes de nullité des AISBL :
1° lorsque le nombre de fondateurs valablement engagés est inférieur à deux ;
2° lorsque l’acte constitutif n’est pas établi en la forme requise ;
3° lorsque les statuts ne contiennent pas les mentions relatives à sa dénomination, la région dans
laquelle son siège est établi, son but et son objet ;
4° lorsque le but ou l’objet en vue duquel elle est constituée, ou son but ou objet réel, contrevient à
la loi ou à l’ordre public ;
5° lorsqu’elle a été constituée dans le but de fournir à ses membres, à ses membres adhérents, aux
membres de son organe d’administration ou à toute autre personne, sauf dans le but désintéressé
déterminé par les statuts, des avantages patrimoniaux directs ou indirects 840.

MEMBRES

1. NOMBRE ET QUALITÉ
Il suffit de deux membres pour constituer une AISBL841.

Toute personne physique ou morale peut devenir membre d’une AISBL.

La dimension internationale de l’AISBL n’implique aucune condition de nationalité : elle concerne


uniquement le but.

2. CATÉGORIES
Comme les ASBL, les AISBL peuvent avoir, outre des membres effectifs, des membres adhérents, et
plus généralement créer diverses catégories de membres. Le CSA ne comporte aucune disposition à
cet égard.

3. ADMISSION ET SORTIE
Les statuts doivent prévoir les conditions et les formalités d’admission et de sortie des membres842.
Le CSA ne comporte aucune disposition à cet égard.

Conformément au droit commun des contrats à durée indéterminée et au principe de la liberté


d’association, les membres d’une AISBL à durée indéterminée peuvent démissionner à tout
moment.

840 CSA, art. 10:4.


841 CSA, art. 1:2.
842 CSA, art. 2:10, § 2, 4°.

267
Fanny Streveler MA1 DROIT

Les statuts peuvent prévoir que les membres peuvent être exclus et déterminer quel est l’organe
compétent à cet égard mais en toute hypothèse, l’AISBL doit respecter les droits de la défense du
membre qu’elle se propose d’exclure. En l’absence d’une clause d’exclusion dans les statuts, elle ne
peut pas exclure des membres.

GOUVERNANCE

1. ORGANE D’ADMINISTRATION
Alors que dans les sociétés, les ASBL et les fondations, l’organe d’administration est l’organe
souverain, ce n’est pas nécessairement le cas dans les AISBL : ce sont les statuts qui déterminent
quel est l’organe souverain.

Le CSA renvoie aux statuts pour la forme, la composition, le fonctionnement et les pouvoirs de
l’organe d’administration ainsi que le mode de désignation des personnes qui ont le pouvoir de
représenter l’AISBL843. De même, ce sont les statuts qui réglementent, le cas échéant, la procédure
à suivre en cas de conflit d’intérêts.

2. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE
Les statuts règlent librement les modalités de convocation et de réunion de l’assemblée générale
ainsi que ses pouvoirs, sous réserve des règles impératives suivantes :
- Seule l’assemblée générale est compétente pour 1° la nomination et la révocation du
commissaire et la fixation de sa rémunération ; 2° l’approbation du budget et des comptes
annuels ; 3° tous les autres cas où la loi ou les statuts l’exigent844.
- L’assemblée générale doit en tout cas pouvoir être convoquée à la requête d’un cinquième des
membres845.
- Au moins une assemblée générale doit se tenir chaque année, pour approuver le budget et les
comptes846.

3. MODIFICATION DES STATUTS


En principe, toute modification des statuts doit se faire en la forme requise pour l’acte
constitutif847.

Toutefois, alors qu’une AISBL doit être constituée par acte authentique et être reconnue par arrêté
royal, ses statuts peuvent être modifiés par acte sous seing privé, à l’exception des mentions
suivantes dont la modification requiert un acte authentique : les attributions, le mode de
convocation et le mode de décision de l’assemblée générale, ainsi que les conditions dans
lesquelles ses résolutions sont portées à la connaissance des membres ; les conditions de

843 CSA, art. 10:9.


844 CSA, art. 10:5.
845 CSA, art. 10:7.
846 CSA, art. 10:8.
847 CSA, art. 2:5, § 4, al. 1er.

268
Fanny Streveler MA1 DROIT

modification des statuts ; les conditions de dissolution et de liquidation et le but désintéressé


auquel l’AISBL doit affecter son patrimoine en cas de dissolution 848.

Par ailleurs, la modification du but doit être approuvée par arrêté royal849.

848 CSA, art. 2:5, § 4, al. 2, 1° et 2:10, § 2, 6°, 8° et 9°.


849 CSA, art. 2:5, § 4, al. 3 et 2:10, § 2, 3°.

269
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 4 :
FONDATIONS

270
Fanny Streveler MA1 DROIT

Il existe deux types de fondations : les fondations privées et les fondations d’utilité publique.

Toutes les deux sont dépourvues de membres et doivent poursuivre un but désintéressé850.

La fondation d’utilité publique est celle qui tend à la réalisation d’une œuvre à caractère
philanthropique, philosophique, religieux, scientifique, artistique, pédagogique ou culturel.

Une fondation privée est une fondation qui n’est pas reconnue comme étant d’utilité publique851.

Elles sont soumises aux mêmes règles, sauf les exigences particulières en ce qui concerne le but de
la fondation d’utilité publique ainsi que le processus de constitution et de modification des statuts.

CONSTITUTION

« Une fondation est une personne morale dépourvue de membres, constituée par un acte juridique
par une ou plusieurs personnes, dénommés fondateurs. Son patrimoine est affecté à la poursuite
d’un but désintéressé dans le cadre de l’exercice d’une ou plusieurs activités déterminées qui
constituent son objet. Elle ne peut distribuer ni procurer, directement ou indirectement, un
quelconque avantage patrimonial à ses fondateurs, ses administrateurs ni à toute autre personne,
sauf dans le but désintéressé déterminé par les statuts »852.

1. CONDITIONS DE FOND
Le CSA fixe deux conditions pour la constitution d’une fondation.

D’une part, son but doit être désintéressé (et en outre, s’il s’agit d’une fondation d’utilité publique,
tendre à la réalisation d’une œuvre à caractère philanthropique, philosophique, religieux,
scientifique, artistique, pédagogique ou culturel).

D’autre part, un « patrimoine » doit être affecté à la poursuite de son but.

C’est à tort que le CSA utilise le terme « patrimoine », qui vise un ensemble de biens et
d’obligations : ce sont des biens qui doivent être affectés à la fondation.

Le CSA ne requiert aucun minimum.

S’il y a plusieurs fondateurs, il suffit que l’un d’eux affecte des biens à la fondation : la loi ne
requiert pas que chaque fondateur affecte des biens.

Il peut s’agir d’une somme d’argent, d’un immeuble, d’une collection d’œuvres d’art, d’un
portefeuille de titres,...

850 CSA, art. 1:3 (supra).


851 CSA, art. 11:1.
852 CSA, art. 1:3.

271
Fanny Streveler MA1 DROIT

Par l’acte d’affectation, le fondateur met un bien à la disposition de la fondation sans recevoir
aucune contrepartie. Cet acte fait partie du processus de constitution et s’analyse en un acte sui
generis (cession à titre gratuit) (supra).

2. FORMALITÉS
Les fondations privées et les fondations d’utilité publique doivent être constituées par acte
authentique853.

Pour le surplus, le processus de constitution des fondations privées est analogue à celui des ASBL
tandis que le processus de constitution des fondations d’utilité publique est analogue à celui des
AISBL.

3. NULLITÉ
La nullité d’une fondation ne peut être prononcée que dans les cas suivants :
1° lorsque l’acte constitutif n’est pas établi en la forme requise ;
2° lorsque les statuts ne contiennent pas les mentions visées à l’article 2:11, § 2, 2° (dénomination
et région dans laquelle le siège est établi) et 3° (but et activités) ;
3° lorsque le but ou l’objet en vue duquel elle est constituée, ou son but ou objet réel, contrevient à
la loi ou à l’ordre public ;
4° lorsqu’elle a été constituée dans le but de fournir à ses fondateurs, aux membres de son organe
d’administration ou à toute autre personne, sauf dans le but désintéressé déterminé par les statuts,
des avantages patrimoniaux directs ou indirects854.

GOUVERNANCE

1. ORGANE D’ADMINISTRATION
La fondation est administrée par un ou plusieurs administrateurs, qui sont des personnes physiques
ou morales. S’il y a plusieurs administrateurs, ils exercent leur mandat de manière collégiale855.

A. Pouvoirs
L’organe d’administration a le pouvoir d’accomplir tous les actes nécessaires ou utiles à la
réalisation de l’objet de la fondation.

C’est notamment lui qui nomme le commissaire856, établit le budget857 et arrête les comptes.

Les administrateurs peuvent convenir de la répartition des tâches entre eux. Une telle répartition
des tâches n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée858.

853 CSA, art. 2:5, § 3.


854 CSA, art. 11:5.
855 CSA, art. 11:6.
856 CSA, art. 11:11.
857 CSA, art. 11:12.
858 CSA, art. 11:7, § 1er.

272
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Représentation de la fondation
L’organe d’administration représente la fondation, dans les actes et en justice.

Les statuts peuvent prévoir que la fondation est représentée par un ou plusieurs administrateurs,
agissant seuls ou conjointement. Cette clause est opposable aux tiers si elle est publiée.

Les statuts peuvent apporter des restrictions à ce pouvoir de représentation. Une telle limitation
n’est pas opposable aux tiers, même si elle est publiée. Il en va de même pour une répartition des
tâches entre les administrateurs ayant le pouvoir de représentation859.

C. Conflits d’intérêts
Lorsque l’organe d’administration est appelé à prendre une décision ou à se prononcer sur une
opération relevant de sa compétence à propos de laquelle un administrateur a un intérêt direct ou
indirect de nature patrimoniale qui est opposé à l’intérêt de la fondation, cet administrateur doit en
informer les autres administrateurs avant que l’organe d’administration ne prenne une décision.

Sa déclaration et ses explications sur la nature de cet intérêt opposé doivent figurer dans le procès-
verbal de la réunion de l’organe d’administration qui doit prendre cette décision. Il n’est pas permis
à l’organe d’administration de déléguer cette décision.

L’administrateur ayant un conflit d’intérêts ne peut prendre part aux délibérations de l’organe
d’administration concernant ces décisions ou ces opérations, ni prendre part au vote sur ce
point860.

Lorsqu’il n’y a qu’un administrateur et que celui-ci a un conflit d’intérêts, ou si tous les
administrateurs ont un conflit d’intérêts, ils peuvent eux-mêmes prendre la décision ou accomplir
l’opération861.

Le procès-verbal doit décrire la nature de la décision ou de l’opération entachée d’un conflit


d’intérêt ainsi que les conséquences patrimoniales de celle-ci pour la fondation et justifier la
décision qui a été prise. Cette partie du procès-verbal doit être est reprise dans son intégralité dans
le rapport de gestion ou dans un document déposé en même temps que les comptes annuels.

Si la fondation a nommé un commissaire, elle doit lui communiquer ce procès-verbal. Dans son
rapport, le commissaire doit évaluer les conséquences patrimoniales pour la fondation des
décisions de l’organe d’administration pour lesquelles il existe un intérêt opposé862.

Ces dispositions ne s’appliquent pas lorsque les décisions de l’organe d’administration concernent
des opérations habituelles conclues dans des conditions et sous les garanties normales du marché
pour des opérations de même nature863.

859 CSA, art. 11:7, § 2.


860 CSA, art. 11:8, § 1er.
861 CSA, art. 11:8, § 2.
862 CSA, art. 11:9.
863 CSA, art. 11:8, § 3.

273
Fanny Streveler MA1 DROIT

D. Délibérations par écrit


L’organe d’administration peut prendre ses décisions par accord unanime de tous les
administrateurs, exprimé par écrit, à l’exception des décisions pour lesquelles les statuts excluent
cette possibilité864.

2. ADMINISTRATEURS
A. Nomination
Les statuts doivent indiquer le mode de nomination des administrateurs865.

Cette clause est d’autant plus importante que la fondation n’a pas d’assemblée générale.

Les premiers administrateurs sont désignés, soit dans les statuts eux-mêmes, soit dans l’acte
constitutif de la fondation, mais les statuts doivent nécessairement prévoir des règles pour la
nomination de leurs successeurs.

Les statuts disposent de toute liberté à cet égard ; les mécanismes les plus fréquents sont les
suivants :
- cooptation par l’organe d'administration de la fondation ;
- en cas de mandats à durée déterminée (expirant chaque fois à une année d’intervalle),
cooptation d’un nouvel administrateur tous les ans ;
- désignation par l’organe d'administration de la société qui a constitué la fondation ;
- désignation par le fondateur ou ses héritiers ;
- désignation par un tiers, par exemple une association ou une fondation active dans le même domaine
ou un expert ;
- fixation dans les statuts de conditions de qualité libellées de telle manière que certaines
personnes deviennent administrateurs de plein droit ; ce type de clause est à rédiger avec
prudence car les personnes concernées pourraient refuser ;
- …

Le cas échéant, les statuts peuvent imposer de choisir les administrateurs dans des « catégories »
spécifiques (telle branche de la famille, telle profession,...).

Si les statuts ne prévoient rien, l’organe d'administration a le pouvoir de nommer de nouveaux


administrateurs en sa qualité d’organe souverain, titulaire des pouvoirs résiduaires.

B. Fin des fonctions


Les statuts doivent également mentionner les modalités de révocation et de cessation des
fonctions des administrateurs 866.

En principe, tout administrateur peut démissionner à tout moment, pour autant qu’il ne le fasse pas
à contretemps. Les statuts peuvent cependant imposer un préavis.

864 CSA, art. 11:10, al. 1.


865 CSA, art. 2:11, § 2, 4°, a.
866 CSA, art. 2:11, § 2, 4°, a.

274
Fanny Streveler MA1 DROIT

Généralement, les statuts confient le pouvoir de révocation à l’organe, à la personne ou au comité


qui a le pouvoir de nomination. S’il s’agit de l’organe d'administration, les statuts doivent veiller à
ce que l’administrateur dont la révocation est envisagée ne puisse pas faire obstacle à sa
révocation.

Les statuts peuvent prévoir que les administrateurs sont révocables ad nutum ou uniquement pour
de justes motifs, énumérés ou non. Ils peuvent également prévoir que tous les administrateurs ou
certains d’entre eux sont irrévocables, même si ce n’est pas toujours opportun.

Si les statuts sont muets sur la question, le pouvoir de révoquer les administrateurs appartient à
l’organe d'administration en sa qualité d’organe souverain, titulaire des pouvoirs résiduaires.

En toute hypothèse, le tribunal de l’entreprise dans le ressort duquel la fondation a son siège peut
prononcer la révocation des administrateurs qui font preuve de négligence manifeste, qui ne
remplissent pas leurs obligations légales ou statutaires, ou qui disposent des biens de la fondation
contrairement à leur destination ou à des fins contraires aux statuts, à la loi ou à l’ordre public.

Dans ce cas, le tribunal doit nommer les nouveaux administrateurs en conformité avec les
statuts867.

C. Représentation au sein de l’organe d’administration


Les statuts peuvent prévoir qu’un administrateur peut se faire représenter par un autre
administrateur à une réunion de l’organe d’administration868.

3. GESTION JOURNALIÈRE
L’organe d’administration peut charger une ou plusieurs personnes, qui agissent chacune
individuellement, conjointement ou collégialement, de la gestion journalière de la fondation, ainsi
que de la représentation de la fondation en ce qui concerne cette administration.

4. MODIFICATION DES STATUTS


Les statuts doivent prévoir les conditions de modification des statuts869.

Si le maintien des statuts sans modification aurait des conséquences que le fondateur n'a
raisonnablement pas pu vouloir au moment de la création, et que les personnes habilitées à les
modifier négligent de le faire, le tribunal de l'entreprise peut, à la demande d'un administrateur au
moins ou à la requête du ministère public, modifier les statuts. Dans ce cadre, il veille à s'écarter le
moins possible des statuts existants870.

867 CSA, art. 11:13.


868 CSA, art. 11:10, al. 2.
869 CSA, art. 2:11, § 2, 5°.
870 CSA, art. 11:4.

275
Fanny Streveler MA1 DROIT

PARTIE 4 –
OPERATIONS
EXCEPTION-
NELLES

276
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 1 :
DISSOLUTION ET
LIQUIDATION

277
Fanny Streveler MA1 DROIT

CAUSES DE DISSOLUTION

Le CSA prévoit les causes de dissolution suivantes :


1° volontaire : par une décision de l’assemblée générale871, qui s’analyse en une modification des
statuts d’une nature particulière ;
2° de plein droit : par l’expiration du terme ou la réalisation d’une condition résolutoire expresse
contenue dans les statuts 872 ; par le décès, l’incapacité, la faillite ou la liquidation d’un associé pour
les sociétés simples, les SNC et les SComm873 ; ou à la suite d’un fait ou événement prévu par la loi,
par exemple, la dissolution de plein droit des personnes morales dont la faillite est clôturée874 ;
3° par une décision judiciaire, à la requête, selon les cas, de tout associé, actionnaire ou membre,
du fondateur ou de ses ayants-droit, des administrateurs, de tout tiers intéressé ou du ministère
public875 :
- causes applicables à toutes les sociétés : justes motifs876 ; défaut de satisfaire à l’obligation de
déposer ses comptes annuels pour les sociétés soumises à cette obligation877 ;
- causes applicables à certaines sociétés : réduction de l’actif net d’une SA à un montant
inférieur à 61.500 EUR878 ; non-conformité du but d’une SC à l’article 6:1879 ; diminution du
nombre d’actionnaires d’une SC en dessous de trois880 ; absence d’agrément d’une société qui
se présente comme une SC agréée ou comme une SC agréée comme entreprise sociale bien
qu’elle ne soit pas agréée881 ;
- causes applicables aux associations : l’association est hors d’état de remplir ses engagements ;
elle affecte son patrimoine ou les revenus de celui-ci à un but autre que ceux en vue desquels
elle a été constituée ; elle viole l’interdiction de distribuer ou de procurer un quelconque
avantage patrimonial direct ou indirect ; elle contrevient au CSA ou à l’ordre public, ou
contrevient gravement aux statuts; elle n’a pas déposé ses comptes annuels ; elle compte
moins de deux membres 882 ;
- causes applicables aux fondations : le but ou l’objet de la fondation a été réalisé ; elle n’est plus
en mesure de poursuivre son but ou son objet ; elle affecte son patrimoine ou ses revenus à
des buts autres que celui en vue duquel elle a été constituée; elle viole l’interdiction de
distribuer ou de procurer un quelconque avantage patrimonial direct ou indirect ; elle
contrevient au CSA ou à l’ordre public, ou contrevient gravement à ses statuts ; elle n’a pas
déposé ses comptes annuels ; sa durée est venue à échéance; la condition résolutoire expresse
prévue dans les statuts est accomplie 883.

871 CSA, art. 2:70, 1° pour les sociétés et art. 2:109, 1° pour les associations.
872 CSA, art. 2:70, 2° pour les sociétés et art. 2:109, 2° pour les associations.
873 CSA, art. 4:16.
874 CDE, art. XX.135, § 2.
875 CSA, art. 2:70, 3° pour les sociétés et 2:109, 3° pour les associations.
876 CSA, art. 2:73.
877 CSA, art. 2:74.
878 CSA, art. 7:229.
879 CSA, art. 6:127.
880 CSA, art. 6:126.
881 CSA, art. 8:7, al. 1 et 2.
882 CSA, art. 2:113.
883 CSA, art. 2:114.

278
Fanny Streveler MA1 DROIT

Seul le tribunal peut prononcer la dissolution d’une fondation : pour celles-ci, il n’existe pas de
causes de dissolution de plein droit et l’organe d’administration ne peut pas mettre fin à la
fondation.

1. DISSOLUTION VOLONTAIRE PAR DÉCISION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE


A. Sociétés simples, SNC, SComm et petites associations
Décision de l’assemblée générale :
Les sociétés simples, les SNC, les SComm et les petites associations peuvent se dissoudre par une
décision de l’assemblée générale884, prise, pour les sociétés simples, les SNC et les SComm, aux
conditions requises pour la modification des statuts (soit en principe l’unanimité) et, pour les
petites associations, aux conditions requises pour la modification de l’objet ou du but (soit en
principe quorum de présence des deux tiers et majorité des quatre cinquièmes).

L’assemblée générale doit désigner un ou plusieurs liquidateurs mais cette décision peut être prise
à la majorité simple885.

Cette décision doit bien entendu être déposée et publiée.

L’absence d’autres formalités (comparer avec le régime des autres sociétés et des grandes
associations ; infra) s’explique, pour les sociétés simples, les SNC et les SComm, par le fait que le
législateur a estimé que leurs créanciers étaient suffisamment protégés par la responsabilité
illimitée des associés, des associés en nom collectif et commandités et, pour les petites
associations, par le fait que le législateur a estimé qu’il n’était pas opportun de leur imposer des
frais supplémentaires.

Toutefois, les SNC, les SComm et les petites associations qui veulent se dissoudre et se liquider en
un seul acte doivent accomplir certaines formalités supplémentaires (infra).

Résiliation unilatérale par un associé :


Dans les sociétés simples, les SNC et les SComm à durée indéterminée, chacun des associés peut la
résilier unilatéralement moyennant un préavis raisonnable pour autant que cette résiliation soit de
bonne foi et n’intervienne pas à contretemps886.

Cette faculté s’explique par la prohibition des engagements perpétuels.

La société peut écarter cette faculté en prévoyant dans ses statuts que tout associé peut
démissionner887.

884 Pour les AISBL, il s’agit de l’organe désigné par les statuts.
885 CSA, art. 2:83 et 2:118, § 2.
886 CSA, art. 4:17, § 1er.
887 CSA, art. 4:19.

279
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Autres societes et grandes associations


Objectifs du législateur :
Le législateur a réglementé la dissolution volontaire des sociétés (autres que les sociétés simples,
les SNC et les SComm) dans un triple but : éviter que la société soit mise en liquidation pour
contourner la procédure de faillite, veiller à la transparence de la liquidation, s’assurer que des
informations fiables soient mises à la disposition des actionnaires.

L’obligation de faire confirmer ou homologuer la nomination du liquidateur désigné par l’assemblée


générale dans certains cas participe des mêmes objectifs.

Il a étendu ces règles aux grandes associations (celles qui doivent désigner un commissaire).

Formalités préalables :
La proposition de dissolution des SRL, SC, SA, SE et SCE ainsi que des grandes associations doit faire
l’objet d’un rapport justificatif établi par l’organe d’administration et annoncé dans l’ordre du jour
de l’assemblée générale appelée à statuer.

L’organe d’administration doit joindre à ce rapport un état résumant la situation active et passive
de la société, arrêté à une date ne remontant pas à plus de trois mois. Sauf dérogation motivée, il
doit établir cet état conformément aux règles d’évaluation pour l’hypothèse de la discontinuité des
activités.

Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe


d’administration doit faire rapport sur cet état et indiquer, notamment, s’il reflète complètement,
fidèlement et correctement la situation de la société ou de l’association888.

Une copie de ces rapports et de cet état résumant la situation active et passive doit être adressée
aux actionnaires ou aux membres 889 en même temps que la convocation.

Ces rapports sont prescrits à peine de nullité de la décision de l’assemblée générale890.

Le CSA étend l’application de ces dispositions aux SNC et SComm si elles souhaitent recourir à la
procédure de dissolution-liquidation en un seul acte891.

Acte de dissolution :
S’analysant en une modification des statuts, la décision de l’assemblée générale de dissoudre la
société doit être prise dans les formes requises pour la modification des statuts et, s’il s’agit d’une
SRL, SC, SA, SE ou SCE, être constatée par acte authentique.

L’acte authentique ou le procès-verbal de l’assemblée générale doit reproduire les conclusions du


rapport établi par le commissaire, le réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable externe892.

888 CSA, art. 2:71, § 2 et 2:109, § 2.


889 CSA, art. 2:71, § 3 et 2:109, § 3.
890 CSA, art. 2:71, § 4 et 2:109, § 4.
891 CSA, art. 2:71, § 5 (infra).
892 CSA, art. 2:71, § 6, al. 2 et 2:109, § 5.

280
Fanny Streveler MA1 DROIT

Dans les sociétés, « avant de dresser l’acte authentique de la décision de dissolution de la société,
le notaire doit vérifier et attester l’existence et la légalité externe des actes et formalités incombant
(...) à la société auprès de laquelle il instrumente »893, c’est-à-dire de la rédaction du rapport
justificatif de l’organe d’administration accompagné de l’état résumant la situation active et passive
et du rapport du commissaire, du réviseur d’entreprise ou de l’expert-comptable externe sur cet
état, ainsi que de l’annonce de ces rapports dans l’ordre du jour de l’assemblée générale appelée à
statuer sur la dissolution.

Le notaire doit donc refuser de recevoir l’acte si ces rapports n’ont pas été établis ou n’ont pas été
communiqués aux actionnaires.

L’assemblée générale doit, d’une part, prononcer la dissolution et, d’autre part, nommer un ou
plusieurs liquidateurs, sous réserve de la dissolution-liquidation en un seul acte (infra).

L’assemblée générale nomme les liquidateurs à la majorité simple, sauf disposition contraire des
statuts.

Modification de la durée :
En principe, rien n’interdit à une société ou une association à durée illimitée de modifier ses statuts
pour limiter sa durée.

Lorsqu’une SRL, SC, SA, SE, SCE ou une grande association veut procéder à une telle modification
des statuts en fixant une durée très limitée, la prudence est de mise : ne tente-t-elle pas de se
soustraire à ces dispositions, ce qui constituerait une fraude ? Le cas échéant, le notaire devra
refuser son ministère.

2. CAUSES DE DISSOLUTION DE PLEIN DROIT


A. Expiration du terme
Les sociétés simples, les SNC et les SComm sont censées conclues pour une durée indéterminée894.

Sauf disposition statutaire contraire, les SRL, les SC, les SA, les SE et les SCE ainsi que les
associations sont constituées pour une durée illimitée. Lorsqu’une durée est déterminée,
l’assemblée générale peut décider la prorogation pour une durée limitée ou illimitée. Cette décision
requiert une modification des statuts895.

Lorsque la société ou l’association est à durée limitée, celle-ci commence à courir à partir de la
conclusion de l’acte, indépendamment de la date à laquelle elle a acquis la personnalité morale,
sous réserve d’une règle contraire dans les statuts.

La stipulation d’une durée déterminée n’empêche pas la société ou l’association de contracter des
engagements pour une durée supérieure : elle les exécutera le cas échéant pendant sa période de
liquidation.

893 CSA, art. 2:71, § 6, al. 1.


894 CSA, art. 4:3.
895 CSA, art. 5:157, 6:125 et 7:230.

281
Fanny Streveler MA1 DROIT

La seule arrivée du terme entraîne la dissolution de la société ou de l’association si elle n’a pas été
prorogée avant, sans qu’il soit possible d’y remédier a posteriori.

B. Réalisation d’une condition résolutoire expresse


Les statuts peuvent comporter une condition résolutoire expresse (par exemple : le retrait d’une
licence d’exploitation).

La seule réalisation de cette condition entraîne la dissolution de la société ou de l’association, sans


qu’une décision de l’assemblée générale soit nécessaire. Cette solution est conforme au droit
commun.

C. Impossibilité de réaliser l’objet ou réalisation de l’objet


Cette cause de dissolution est spécifique aux sociétés simples, SNC et SComm896.

D. Décès, incapacité, faillite ou liquidation d’un associé


En principe, les sociétés simples, les SNC et les SComm prennent fin par le décès, l’incapacité, la
faillite ou la liquidation d’un associé897.

Les statuts de la société peuvent prévoit que le décès d’un associé n’entraîne pas la dissolution de
la société, mais qu’elle se poursuit avec les héritiers et légataires de l’associé décédé (clause de
continuation avec les héritiers), soit qu’elle se poursuit avec les associés survivants (clause de
continuation avec les associés restants)898.

Les statuts peuvent également prévoir une clause de continuation avec les associés restants en cas
d’incapacité, de faillite ou de liquidation d’un associé.

3. DISSOLUTION JUDICIAIRE
A. Sociétés
Causes :
Justes motifs :
Pour rappel, tout actionnaire ou associé peut demander au président du tribunal siégeant comme
en référé la dissolution de la société pour justes motifs899.

Cette action est subsidiaire à celle en exclusion ou en retrait.

Défaut de déposer les comptes annuels :


On se rappelle que, sous réserve de certaines exceptions liées à la taille et à la forme de la société,
toute société doit faire approuver ses comptes annuels au plus tard dans les 6 mois de la clôture de
l’exercice et les déposer à la BNB au plus tard dans les 30 jours de leur approbation et dans les 7
mois de la clôture de l’exercice900.

896 CSA, art. 4:16, 2ème tiret.


897 CSA, art. 4:16, 3ème tiret.
898 CSA, art. 4:18.
899 CSA, art. 2:73 ; voir supra pour la notion de justes motifs.
900 CSA, art. 3:10.

282
Fanny Streveler MA1 DROIT

A défaut, et au plus tôt 7 mois après la clôture de l’exercice comptable, tout intéressé ou le
ministère public peut assigner la société et demander au tribunal de l’entreprise de prononcer sa
dissolution. Le tribunal doit accorder un délai de régularisation de 3 mois au moins901.

Cette cause de dissolution vise essentiellement les sociétés en sommeil ou laissées à l’abandon.

Réduction de l’actif net d’une SA à un montant inférieur à 61.500 EUR :


On se rappelle que l’organe d’administration d’une SA doit mettre en œuvre la procédure de la
sonnette d’alarme si l’actif net est réduit à un montant inférieur à la moitié ou au quart du capital.

Si l’actif net est réduit à un montant inférieur à 61.500 EUR (soit le montant minimum du capital
pour une SA), tout intéressé ou le ministère public peut demander la dissolution judiciaire de la
société. Le tribunal peut accorder un délai de régularisation à la société902.

Il n’y a pas d’équivalent de cette disposition pour les autres sociétés puisque la SA est la seule
société à avoir un capital.

Incompatibilité du but d’une SC avec sa définition légale :


Si une société se présente comme une SC mais que son but n’est pas conforme à celui défini par
l’article 6:1, un actionnaire, un tiers intéressé ou le ministère public peut demander au tribunal de
prononcer sa dissolution. Le tribunal peut accorder à la société un délai pour se régulariser903.

Diminution du nombre d’actionnaires d’une SC en dessous de 3 :


Si le nombre d’actionnaires d’une SC tombe en dessous de 3 (qui est le nombre minimal
d’actionnaires dans cette forme de société), tout intéressé peut demander au tribunal sa
dissolution. Le tribunal peut accorder à la société un délai pour se régulariser (transformation en
une autre forme de société ou admission de nouveaux actionnaires)904.

Absence d’agrément d’une société qui se présente comme une SC agréée ou comme une SC agréée
comme ES :
A la requête de tout intéressé, du ministère public ou du Ministre de l’Economie, le tribunal peut
prononcer la dissolution d’une société qui se présente comme une SC agréée bien qu’elle ne soit
pas agréée ou d’une SC agréée comme entreprise sociale, bien qu’elle ne soit pas agréée905. Le
tribunal peut accorder à la société un délai en vue de régulariser sa situation906.

B. Associations
Causes :
Incapacité de remplir ses engagements :
Cette cause de dissolution907 a une origine historique : avant l’entrée en vigueur de la loi du 11 août
2017 portant insertion du Livre XX "Insolvabilité des entreprises" dans le CDE, les associations ne

901 CSA, art. 2:74.


902 CSA, art. 7:229.
903 CSA, art. 6:127.
904 CSA, art. 6:126.
905 CSA, art. 8:7, al. 1 et 2.
906 CSA, art. 8:7, al. 3.
907 CSA, art. 2:113, § 1er, 1°.

283
Fanny Streveler MA1 DROIT

pouvaient pas être déclarées en faillite. L’action en dissolution des associations insolvables, prévue
par la loi du 27 juin 1921 était un équivalent.

Le CSA a repris cette cause de dissolution bien que désormais les associations puissent être
déclarées en faillite.

Il ne semble pas très cohérent d’avoir maintenu cette cause de dissolution judiciaire pour les
associations, sans l’avoir étendue aux sociétés.

Violation du CSA ou de l’ordre public ou violation grave des statuts :


Cette cause de dissolution908 vise essentiellement les « fausses » associations, qui distribuent des
avantages à leurs membres ou d’autres personnes.

Affectation du patrimoine ou des revenus à un autre but que le but statutaire ou distribution
d’avantages patrimoniaux :
Le CSA prévoit également comme causes de dissolution l’affectation du patrimoine ou des revenus
à un autre but que le but statutaire909 et la distribution d’avantages patrimoniaux910, mais il s’agit là
d’actes qui constituent une violation du CSA ou des statuts de sorte que ces causes de dissolution
font double emploi.

Non-dépôt des comptes annuels :


Cette cause de dissolution est semblable à celle prévue pour les sociétés911 (supra).

Réduction du nombre de membres en dessous de 2 :


Cette cause de dissolution s’explique par l’exigence d’au moins 2 membres dans les associations.

C. Procédure commune aux sociétés et associations


Demandeur :
Le demandeur peut être un associé, un actionnaire ou un membre, un tiers intéressé ou le
ministère public, sauf en cas de dissolution d’une société pour justes motifs. En effet, l’action en
dissolution pour justes motifs s’explique par des difficultés entre les actionnaires et est donc
logiquement réservée à ceux-ci.

En outre, le Ministre de l’Economie peut demander la dissolution d’une SC qui se présente


faussement comme agréée ou agréée en qualité d’ES.

Conformément au droit commun, le demandeur doit justifier d’un intérêt né et actuel, personnel et
légitime pour poursuivre la dissolution, qui doit être nécessaire et proportionnel à l’atteinte à ses
droits, et sa demande ne peut pas constituer un abus de droit, même si la disposition sur laquelle il
fonde sa demande est d’ordre public.

Ce principe explique que l’action en dissolution est plus facilement reconnue aux associés,
actionnaires et membres qu’aux tiers. Les premiers bénéficient en quelque sorte d’une

908 CSA, art. 2:113, § 1er, 3°.


909 CSA, art. 2:113, § 1er, 2°.
910 CSA, art. 2:113, § 1er, 3°.
911 CSA, art. 2 :113, § 1er, 4°.

284
Fanny Streveler MA1 DROIT

présomption d’intérêt personnel et légitime à agir mais ils ne peuvent se dispenser de démontrer
leur intérêt en cas de contestation.

Le seul souhait d’éliminer une entreprise du marché ne crée pas, en soi, un intérêt légitime mais un
concurrent peut avoir un intérêt légitime à demander la dissolution d’une société qui méconnaît les
règles du jeu.

Peuvent être intéressés, outre les associés, actionnaires et membres, les administrateurs, les
créanciers, et également, dans certains cas, les débiteurs et les concurrents si le défendeur ne
respecte pas les règles du jeu.

Tribunal compétent :
Le tribunal compétent pour prononcer la dissolution est toujours le tribunal de l’entreprise du siège
de la société ou de l’association, sous réserve qu’il s’agit du président siégeant comme en référé
pour l’action en dissolution d’une société pour justes motifs (ce qui s’explique par le fait que, la
société ne pouvant généralement plus fonctionner, l’action est urgente).

Régularisation :
Les sociétés et les associations peuvent régulariser leur situation entre l’assignation et la clôture
des débats. En effet, le tribunal doit apprécier l’existence du motif de dissolution au moment où il
prononce sa décision.

En outre, sauf en cas d’action en dissolution pour justes motifs, le tribunal peut ou doit accorder un
délai aux sociétés pour se régulariser.

D. Fondations
Compétence exclusive du tribunal :
Seul le tribunal de l’entreprise du siège d’une fondation peut prononcer sa dissolution. Même le
fondateur, s’il est encore en vie, ne peut pas unilatéralement dissoudre sa fondation. Même
l’arrivée du terme n’emporte pas la dissolution de plein droit de la fondation.

Il existe une exception : la dissolution de plein droit en cas de fusion ou de scission (infra).

Motifs :
Cette compétence exclusive s’explique par une volonté de contrôler les fondations, qui n’ont ni
membres ni assemblée générale.

Cela étant, si le fondateur ou l’organe d’administration de la fondation souhaite la dissoudre, il


suffit d’apporter tout le patrimoine de la fondation à une autre fondation poursuivant un but
similaire et de demander au tribunal de la dissoudre en raison de la réalisation de son but ou de
l’impossibilité de le poursuivre.

Causes :
Les causes de dissolution judiciaire recoupent dès lors les causes de dissolution de plein droit et
judiciaires des sociétés et des associations : incapacité de poursuivre son but ou son objet ;
violation de l’interdiction de distribuer ou procurer un avantage patrimonial ; violation du CSA ou
de l’ordre public ; violation grave des statuts ; défaut de dépôt des comptes annuels ; réalisation du

285
Fanny Streveler MA1 DROIT

but ou de l’objet ; expiration du terme ; réalisation d’une condition résolutoire expresse prévue par
les statuts912.

Procédure :
Le fondateur ou ses ayants droit, un ou plusieurs administrateurs, tout tiers intéressé (supra) et le
ministère public peuvent demander la dissolution judiciaire d’une fondation.

Ce sera en principe l’organe d’administration qui demandera la dissolution dans les cas qui
entraînent, pour les sociétés et les associations, une dissolution de plein droit.

LIQUIDATION

Il ne sera traité ici que de la liquidation des sociétés et associations dotées de la personnalité
morale.

La liquidation des sociétés simples n’est quasi-pas réglementée par le CSA, sous réserve qu’un ou
plusieurs liquidateurs doivent être désignés et que le « patrimoine » de la société est censé
subsister pour les besoins de la liquidation jusqu’à la clôture de celle-ci913.

1. EFFET DE LA DISSOLUTION
La dissolution fait entrer la société, l’association ou la fondation dans une phase de liquidation, sous
réserve des hypothèses suivantes :
(1) dissolution et liquidation en un seul acte ;
(2) dissolution sans liquidation (fusions et scissions) ;
(3) dissolution avec clôture immédiate de la liquidation (clôture de la faillite et, le cas échéant,
dissolution judiciaire des sociétés, associations et fondations qui restent en défaut de déposer leurs
comptes annuels).

En cas de liquidation, la société, association ou fondation conserve sa personnalité juridique


pendant toute la phase de liquidation, jusqu’à la clôture de sa liquidation.

On examinera également l’hypothèse de la réouverture de la liquidation.

2. PHASE DE LIQUIDATION
A. Distinction
Pour les SRL, les SC, les SA, les SE et les SCE, ainsi que pour les grandes associations, le système de
liquidation est fondé sur une distinction entre les liquidations déficitaires, soumises à un double
contrôle par le président du tribunal de l’entreprise (approbation de la nomination des liquidateurs
et du plan de répartition) et les liquidations bénéficiaires, qui n’y sont pas soumises.

912 CSA, art. 2:114.


913 CSA, art. 4:21.

286
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le but du législateur est de réserver au président du tribunal de l’entreprise les liquidations les plus
susceptibles d’avoir un impact sur les droits des créanciers, et de ne pas l’encombrer avec les
liquidations bénéficiaires.

Ce système repose sur la confiance faite aux sociétés et associations ; il y a cependant un risque que
les sociétés et associations moins soucieuses des droits des créanciers trafiquent leur comptabilité
pour faire apparaître la liquidation comme bénéficiaire.

Si, en cours de liquidation, la liquidation qui, de prime abord, apparaissait bénéficiaire, s’avère
déficitaire, la nomination du liquidateur ne devrait pas être remise en cause, mais le liquidateur
devra soumettre au président du tribunal le plan de répartition.

Et à l’inverse, si la liquidation qui de prime abord paraissait déficitaire s’avère bénéficiaire, le


liquidateur ne devra évidemment pas soumettre au président du tribunal de l’entreprise un plan de
répartition.

B. Nomintion des liquidateurs


En cas de dissolution volontaire ou de plein droit, les liquidateurs sont nommés par l’assemblée
générale conformément aux dispositions des statuts, à la majorité simple914.

Ne peuvent être désignés comme liquidateurs ni les personnes qui ont été condamnées pour
certaines infractions pénales (infraction aux articles 489 à 490bis du Code pénal ou pour vol, faux,
concussion, escroquerie ou abus de confiance) ni les dépositaires, tuteurs, administrateurs ou
comptables, qui n'ont pas rendu et soldé leur compte en temps utile (durée de cette exclusion : dix
ans)915.

Il convient d’ajouter à cette énumération les personnes frappées d’une interdiction


professionnelle916 (supra).

Les personnes qui ont été déclarées en faillite sans avoir obtenu la réhabilitation et celles qui ont
encouru une peine d'emprisonnement, même avec sursis, pour l'une des infractions mentionnées à
l'article 1er de l'arrêté royal n°22 du 24 octobre 1934, pour une infraction au livre III du Code de
droit économique (règles en matière de comptabilité), ou pour une infraction à la législation fiscale,
ne peuvent pas non plus être nommées comme liquidateurs, sauf homologation par le président du
tribunal de l’entreprise917.

Si le liquidateur est une personne morale, celle-ci doit désigner un représentant permanent918.

Pour le surplus, il faut opérer une distinction selon que la liquidation apparaisse de prime abord
comme bénéficiaire ou déficitaire.

914 CSA, art. 2:118, § 2.


915 CSA, art. 2:82, al. 3 et 2:119, al. 4.
916 AR n° 22 du 24 octobre 1934 relatif à l'interdiction judiciaire faite à certains condamnés et faillis d'exercer certaines

fonctions, professions ou activités.


917 CSA, art. 2:84, al. 5 et 2:119, al. 5.
918 CSA, art. 2:82, al. 2 et 2:118, § 3.

287
Fanny Streveler MA1 DROIT

Dans les SRL, SC, SA, SE et SCE ainsi que dans les grandes associations, lorsqu’il résulte de l’état
résumant la situation active et passive que tous les créanciers ne pourront pas être intégralement
remboursés, le CSA impose de soumettre la nomination des liquidateurs au président du tribunal
de l’entreprise du siège de la société ou de l’association le jour de la dissolution pour
confirmation919.

Pour les sociétés, cette confirmation n’est pas requise s’il résulte de cet état que la société n’a de
dettes qu’envers ses actionnaires et que tous les actionnaires qui sont créanciers de la société
confirment par écrit leur accord sur cette nomination920.

La raison pour laquelle le CSA n’a pas prévu pareille exonération pour les associations n’est pas
claire. S’agit-il d’un oubli ou le législateur a-t-il considéré une telle règle inutile dans les associations
car leurs membres leur avancent plus rarement des fonds ?

Le président du tribunal de l’entreprise est saisi par une requête unilatérale de la société ou de
l’association, du procureur du Roi ou de tout tiers intéressé921. Il statue au plus tard dans les 5 jours
ouvrables du dépôt de la requête922.

Il n'accorde confirmation de la nomination qu'après avoir vérifié que les liquidateurs offrent toutes
les garanties de compétence et d’intégrité923 pour l'exercice de leur mandat.

En cas de dissolution judiciaire, le tribunal nomme le ou les liquidateurs.

C. Absence de nomination de liquidateurs


Dans les sociétés, à défaut de nomination des liquidateurs, les administrateurs ou gérants en
fonction au moment de la dissolution sont, à l’égard des tiers, considérés comme liquidateurs, mais
sans disposer des pouvoirs des liquidateurs nommés dans les statuts ou par l’assemblée
générale924.

Cette disposition ne confère aux administrateurs et gérants qu’une compétence passive en faveur
des tiers afin de permettre à ceux-ci de continuer valablement à introduire des actions contre la
société. Ces administrateurs et gérants ne disposent pas de tous les pouvoirs de véritables
liquidateurs et ils ne peuvent pas invoquer cette qualité pour agir directement.

Les auteurs de l’amendement à la base de cette disposition ont donné les explications suivantes :
« Il va de soi que les liquidateurs de plein droit sont compétents pour convoquer l’assemblée
générale après la dissolution (de plein droit), en vue de la nomination d’un liquidateur. Ils peuvent
contester une décision judiciaire de refus de confirmation ou d’homologation de liquidateurs
nommés. Ils sont également compétents pour former opposition à une dissolution judiciaire avec
clôture immédiate de la liquidation. Ils sont compétents en outre pour convoquer l’assemblée
générale en vue de l’approbation des comptes annuels concernant l’exercice précédant l’année de

919 CSA, art. 2:84, al. 1 et 2:119, al. 1.


920 CSA, art. 2:84, al. 1.
921 CSA, art. 2:84, al. 9 et 2 :119, al. 9.
922 CSA, art. 2:84, al. 7 et 2:119, al. 7.
923 CSA, art. 2:84, al. 3 et 2:119, al. 2.
924 CSA, art. 2:79.

288
Fanny Streveler MA1 DROIT

dissolution si ce n’est pas encore fait et l’exercice jusqu’à la dissolution et au dépôt de ces comptes
annuels (...). En d’autres termes, les liquidateurs de plein droit n’ont pas le pouvoir, comme un
liquidateur nommé ou désigné, de liquider la société en vendant et en distribuant des actifs ».

La solution est différente dans les associations : le tribunal nomme les liquidateurs sur requête
motivée d’un membre, d’un tiers intéressé ou du ministère public925.

D. Dépôt et publicitation de l’acte de nomination


La décision de nomination d’un liquidateur doit faire l’objet d’un dépôt au greffe en vue de sa
publication aux annexes du Moniteur belge.

E. Mission des liquidateurs


Les liquidateurs doivent réaliser l’actif, désintéresser les créanciers et affecter le solde, soit au
remboursement des actionnaires ou associés, soit aux fins désintéressées prévues par les statuts de
l’association ou de la fondation. Ils représentent la société, l’association ou la fondation à l’égard
des tiers et en justice926.

Dans les sociétés et les associations, les liquidateurs ont en principe le pouvoir d’accomplir tous les
actes nécessaires ou utiles à la liquidation, sous les réserves suivantes :
- Les statuts ou la décision de nomination peuvent limiter les pouvoirs des liquidateurs. Sauf
dans les SNC et les SComm, cette limitation n’est pas opposable aux tiers même si elle est
publiée927.
- Nonobstant toute disposition statutaire contraire, le liquidateur ne peut accomplir certains
actes qu’avec l’autorisation de l’assemblée générale, accordée en principe à la majorité
simple : poursuivre les activités ; contracter des crédits ; hypothéquer ou donner en gage les
biens ; vendre les immeubles928 929.

Pour les fondations, le CSA ne précise rien quant aux pouvoirs des liquidateurs, ce qui s’explique
par le fait qu’ils sont toujours désignés par le tribunal, qui détermine leurs pouvoirs.

F. Formalités en cours de liquidation


Règles applicables à toutes les sociétés et aux grandes associations :
Les liquidateurs des sociétés et des grandes associations doivent transmettre à la fin des sixième et
douzième mois de la mise en liquidation un état détaillé de la situation de la liquidation au greffe
du tribunal de l’entreprise dans l’arrondissement duquel se trouve le siège de la société. Cet état
est versé dans le dossier de la société. A partir de la deuxième année, cet état détaillé n’est
transmis au greffe et versé au dossier de liquidation que tous les ans930.

925 CSA, art. 2:118, § 4.


926 CSA, art. 2:87, § 2 et 2:121, § 2.
927 CSA, art. 2:87, § 1er et 2:121, § 1er.
928 CSA, art. 2:88 et 2:122.
929 L’article 2:88 ajoute à cette liste, pour les sociétés, l’apport à d’autres sociétés d’un élément du patrimoine ou de

l’ensemble du patrimoine (l’apport de l’ensemble du patrimoine étant subordonné à l’autorisation de l’assemblée


générale accordée dans le respect des conditions de quorum et de majorité requises pour la modification des statuts).
Le CSA ne comporte pas de disposition analogue pour les associations, ce qui s’explique difficilement, d’autant qu’en
going concern, l’apport à titre gratuit d’une universalité par une association suppose une décision de l’assemblée
générale (CSA, art. 9:12, 9°).
930 CSA, art. 2:96 et 2:125.

289
Fanny Streveler MA1 DROIT

En outre, s’il résulte des comptes que tous les créanciers ne pourront pas être payés, le liquidateur
soumet par requête unilatérale le plan de répartition de l'actif entre les différentes catégories de
créanciers pour accord au tribunal 931. Cette obligation ne s’applique pas aux sociétés lorsque les
créanciers qui n’ont pas été entièrement remboursés sont des actionnaires et que ces actionnaires
approuvent le plan de répartition par écrit et renoncent à soumettre celui-ci au tribunal932.

Règles applicables à toutes les sociétés et toutes les associations :


Au moins un mois avant l’assemblée générale, les liquidateurs doivent déposer au siège de la
société ou de l’association un rapport chiffré sur la liquidation comportant les comptes de la
liquidation et pièces à l'appui. S’il y a un commissaire, il doit contrôler ces documents. En l’absence
de commissaire, les actionnaires, associés membres disposent d'un droit individuel d'investigation,
pour lequel ils peuvent se faire assister d'un expert-comptable ou d'un réviseur d'entreprises933.

Règles applicables aux petites associations et fondations :


Le CSA n’impose pas de formalités particulières en cours de liquidation des fondations et des
petites associations.

G. Clôture de la liquidation
L'assemblée générale (qui ne doit pas se tenir devant notaire) entend le cas échéant le rapport du
commissaire, se prononce sur l’approbation des comptes et statue sur la décharge des liquidateurs
et la clôture de la liquidation934.

La clôture de la liquidation doit être publiée935.

Pour les fondations, lorsque la liquidation est terminée, les liquidateurs doivent faire rapport au
tribunal et lui soumettre une situation comptable ainsi que la proposition d’affectation de l’actif. Le
tribunal autorise l’affectation des biens dans le respect des statuts et prononce la clôture de la
liquidation936.

H. Actifs et passifs oubliés


Actifs oubliés :
Les actifs oubliés lors de la liquidation d’une société appartiennent en indivision à tous les
associés937, sous réserve d’une réouverture de la liquidation (infra).

Passifs oubliés :
Pour les sociétés, s’il reste des dettes qui n’ont pas été payées au plus tard lors de la clôture de la
liquidation et pour lesquelles un montant suffisant n’a pas été consigné, les actionnaires des SRL, SC
et SA en sont responsables, sans solidarité entre eux, s’ils en connaissaient l’existence ou ne
pouvaient les ignorer compte tenu des circonstances. La responsabilité de chaque actionnaire est

931 CSA, art. 2:97, § 2, al. 1 et 2:133.


932 CSA, art. 2:97, § 2, al. 2.
933 CSA, art. 2:100, al. 1er et 2:134, § 1er .
934 CSA, art. 2:100, al. 2 et 2:134, § 2.
935 CSA, art. 2:102 et 2:136.
936 CSA, art. 2:140.
937 CSA, art. 2:104, § 1er.

290
Fanny Streveler MA1 DROIT

limitée au montant égal à la somme de l’apport qui lui est remboursé et de sa part dans le solde de
liquidation reçue avant ou lors de la clôture de la liquidation de la société938.

Il n’existe pas de dispositions analogues pour les associations car par définition les membres ne
peuvent rien recevoir dans le cadre de la liquidation.

3. DISSOLUTION ET LIQUIDATION EN UN SEUL ACTE


A. Conditions
La dissolution et la liquidation des sociétés (autres que les SNC et les SComm) ainsi que des
associations peuvent se faire en un seul acte aux conditions suivantes :
1° aucun liquidateur n’est désigné ;
2° toutes les dettes à l’égard des associés939, actionnaires, membres ou des tiers mentionnées dans
l’état résumant la situation active et passive ont été remboursées ou les sommes nécessaires à leur
acquittement ont été consignées ; le commissaire, le réviseur d’entreprises ou un expert-comptable
externe confirme ce paiement ou cette consignation dans les conclusions de son rapport ; le
remboursement ou la consignation ne sont toutefois pas requis pour ce qui concerne les dettes à
l’égard d’actionnaires, d’associés, de membres ou de tiers dont la créance figure dans l’état
résumant la situation active et passive et qui ont confirmé par écrit leur accord ; le commissaire, le
réviseur d’entreprises ou l’expert-comptable externe qui fait rapport confirme l’existence de cet
accord écrit dans les conclusions de son rapport ;
3° l’assemblée générale se prononce en faveur de la dissolution et liquidation en un seul acte (1)
dans les sociétés, à l’unanimité des voix des actionnaires présents ou représentés pour autant qu’ils
représentent, s’il s’agit d’une SRL940, la moitié au moins du nombre total des actions émises, et s’il
s’agit d’une SA, la moitié au moins du capital941 ; (2) dans les associations, à l’unanimité de tous les
membres942.

Les SNC et les SComm peuvent également se dissoudre et se liquider en un seul acte mais à
condition de se conformer aux règles en matière de dissolution volontaire applicables aux SRL, SC,
SA, SE et SCE943. L’assemblée générale doit se prononcer en faveur de la dissolution et liquidation
en un seul acte à l’unanimité de tous les associés.

De même, les petites associations ne peuvent procéder à une dissolution-liquidation en un seul


acte que si elles établissent un état résumant la situation active et passive.

938 CSA, art. 2:104, § 2.


939 Il s’agit des véritables dettes à l’égard des associés ou des actionnaires (résultant d’avances par exemple) et non des
apports non remboursés, qui ne sont pas des dettes.
940 Cette disposition ne cite pas les sociétés coopératives. Il s’agit manifestement d’un oubli.
941 CSA, art. 2:80.
942 CSA, art. 2:135.
943 CSA, art. 2:71, § 5.

291
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Actifs restants
Sociétés :
A la suite de la clôture de la liquidation, les associés ou actionnaires deviennent, de plein droit
chacun pour leur part, propriétaires indivis de tous les actifs de la société même si ceux-ci ne sont
pas connus au moment de la clôture de la liquidation944.

Associations :
Tous les actifs doivent nécessairement être affectés conformément aux statuts ou à la décision de
l’assemblée générale sans jamais pouvoir être distribués aux membres ou aux administrateurs945.

C. Passifs oubliés
Dans les SRL, SC et SA, s’il reste des dettes de la société dissoute qui n’ont pas été payées au plus
tard lors de la clôture de la liquidation et pour lesquelles un montant suffisant n’a pas été consigné,
les actionnaires en sont responsables, sans solidarité entre eux, indépendamment du fait qu’ils en
aient ou non eu ou dû avoir connaissance compte tenu des circonstances, à concurrence du
montant qui leur a été payé dans le cadre de la liquidation946.

Leur responsabilité est donc aggravée par rapport à celle des actionnaires des sociétés qui suivent
une procédure de liquidation, parce que le recours à la procédure accélérée offre en principe moins
de garanties aux créanciers.

S’ils sont de bonne foi, les actionnaires peuvent cependant exercer un recours contre les derniers
membres de l’organe d’administration en fonction.

La responsabilité de chaque actionnaire à l’égard des tiers est limitée au montant égal à la somme
de l’apport qui lui a été remboursé et de sa part dans le solde de liquidation reçue avant ou lors de
la clôture de la liquidation de la société947.

Cette disposition ne s’applique pas aux associés des SNC et des SComm qui décideraient la
dissolution-liquidation en un seul acte puisque de toute manière ils engagent leur responsabilité
personnelle pour toutes les dettes de la société.

Elle ne s’applique pas non plus aux membres des associations, mais pour une autre raison : par
définition, ils ne peuvent rien recevoir dans le cadre de la liquidation.

944 CSA, art. 2:104, § 1er, al. 1.


945 CSA, art. 2:132.
946 CSA, art. 2:104, § 3.
947 CSA, art. 2:104, § 3.

292
Fanny Streveler MA1 DROIT

4. DISSOLUTION AVEC CLÔTURE IMMÉDIATE DE LA LIQUIDATION ET


DISSOLUTION SANS LIQUIDATION
A. Dissolution avec clôture immédiate de la liquidation
Lorsqu’il prononce la dissolution d’une société, association ou fondation, s’il ne désigne pas de
liquidateur, le tribunal doit prononcer la clôture immédiate de la liquidation948.

Ce sera notamment le cas s’il n’y a rien à liquider (parce que la société est devenue une coquille
vide, parce que la fondation a apporté tout son actif à une autre fondation,...).

La clôture de la faillite d’une société ou d’une association entraîne également sa dissolution avec
clôture immédiate de sa liquidation.

B. Dissolution sans liquidation


En cas de fusion ou de scission, la société, l’association ou la fondation transférante est dissoute
sans liquidation, ce qui s’explique par le fait que tout son patrimoine est transféré à la personne
morale bénéficiaire et que par conséquent il ne reste rien à liquider.

5. RÉOUVERTURE DE LA LIQUIDATION
A. Conditions
S’il s’avère, après la clôture de la liquidation, qu’un ou plusieurs actifs ont été oubliés, tout
créancier qui n’a pas recouvré l’intégralité de sa créance peut demander la réouverture de la
liquidation en intentant une action en réouverture de la liquidation contre les derniers liquidateurs
en fonction.

Le tribunal n’ordonne la réouverture de la liquidation que si la valeur de l’actif oublié dépasse les
frais de réouverture949.

B. Effet
Si le tribunal rouvre la liquidation, la société ou l’association recouvre la personnalité juridique et
devient de plein droit propriétaire de l’actif oublié. Les derniers liquidateurs en fonction recouvrent
cette qualité, sous réserve de certaines exceptions950.

Toutes les dispositions en matière de liquidation retrouvent à s’appliquer951.

948 CSA, art. 2:81, 2:113, § 3 et 2:114, § 3.


949 CSA, art. 2:105, § 1er et 2:138, § 1er.
950 CSA, art. 2:105, § 2 et 2:138, § 2.
951 CSA, art. 2:105, § 5 et 2:138, § 5.

293
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 2 :
TRANSFORMAT-
ION

294
Fanny Streveler MA1 DROIT

La transformation d’une personne morale est la modification de sa forme légale. Elle peut se
concevoir soit entre sociétés (une société constituée selon une forme déterminée adopte une autre
forme), soit entre des formes différentes de personnes morales (par exemple, une société se
transforme en ASBL).

La transformation n’a évidemment d’intérêt que si la personnalité morale est maintenue (par
opposition à l’opération consistant en la dissolution d’une personne morale suivie par un apport
par cette personne morale ou ses associés à une nouvelle personne morale).

La loi du 23 mars 2019 a multiplié et va multiplier les cas de transformation : une série de sociétés
souhaitent profiter des nouvelles opportunités offertes par cette loi ; les personnes morales dont la
forme légale est supprimée et les « fausses » sociétés coopératives doivent adopter une autre
forme légale avant le 1er janvier 2024.

Le CSA consacre le livre 14 à la transformation des sociétés, des associations et des fondations.

Il admet les cas suivants de transformation :


- transformation entre sociétés952 ;
- transformation d’une société en ASBL ou en AISBL953 ;
- transformation d’une ASBL en société coopérative agréée comme entreprise sociale ou en
société coopérative entreprise sociale agréée954 ;
- transformation d’une ASBL en AISBL ou d’une AISBL en ASBL955 ;
- transformation d’une fondation privée en fondation d’utilité publique956 ;
- transformations transfrontalières957, ce qui correspond au transfert transfrontalier du siège
statutaire.

On n’examinera pas ici les transformations transfrontalières.

Par ailleurs, la loi du 23 mars 2019 prévoit à titre de disposition transitoire la transformation de
plein droit le 1er janvier 2024 des personnes morales dont elle supprime la forme légale et qui, à
cette date, n’auront pas été transformées en une autre personne morale, en la forme légale jugée
la plus proche958.

Enfin, en vertu des règlements européens applicables, une SA peut se transformer en SE, et vice-
versa, et une SC peut se transformer en SCE, et vice-versa.

En dehors de ces hypothèses, la transformation d’une personne morale en une personne morale
d’une autre forme entraîne sa dissolution et la création d’une nouvelle personne morale.

952 CSA, art. 14:2.


953 CSA, art. 14:31 à 14:36.
954 CSA, art. 14:37 à 14:45.
955 CSA, art. 14:46 à 14:50.
956 CSA, art. 14:67.
957 CSA, art. 14:15 à 14:30, 14:51 à 14:56 et 14:68 à 14:83.
958 CSA, art. 41, § 2.

295
Fanny Streveler MA1 DROIT

PRINCIPES GÉNÉRAUX

1. ANALYSE EN UNE MODIFICATION DES STATUTS


La transformation en société avec maintien de la personnalité morale s’analyse en une modification
des statuts soumise à des règles particulières.

En général, la décision est prise au quorum de la moitié et à la majorité des quatre cinquièmes.
L’unanimité est cependant requise lorsque la forme de société en laquelle une société se
transforme est une société à responsabilité illimitée des associés : on ne peut augmenter les
engagements d’un associé sans son accord individuel ; la transformation d’une société dans laquelle
la responsabilité des associés est limitée à leur apport en société dans laquelle leur responsabilité
est illimitée accroît leurs engagements.

Alors qu’en matière d’actes de sociétés et d’associations, c’est en principe la forme de la société ou
de l’association et la nature de l’acte en cause qui déterminent si l’intervention du notaire est
requise, pour les opérations de transformation, c’est uniquement la nature de l’acte qui compte :
sous réserve d’une exception959, la transformation de n’importe quelle forme de société ou
d’association requiert un acte authentique.

2. CONDITIONS PROPRES À LA FORME DE PERSONNE MORALE ADOPTÉE


La transformation n’entraîne pas la constitution d’une nouvelle personne morale. Toutefois, la
personne morale qui se transforme doit être adaptée aux exigences légales de la personne morale
en laquelle elle se transforme (capital, but,...).

Ainsi, si une SNC se transforme en SA, elle doit se doter de fonds suffisants pour atteindre le capital minimum.

3. SANCTIONS
Le non-respect de ces formalités est généralement sanctionné par la nullité de la transformation :
celle-ci ne produit aucun effet.

La personne morale dont la transformation a échoué subsiste dans sa forme ancienne, mais elle
s’expose à des sanctions si la transformation était imposée par les circonstances (diminution du
nombre d’associés sous le seuil minimum imposé par la loi, entrée de mineurs dans une SNC, perte
grave du capital par une SA,...).

959 Transformation d’une SNC en SComm (infra).

296
Fanny Streveler MA1 DROIT

HYPOTHÈSES DE TRANSFORMATION

1. TRANSFORMATION ENTRE SOCIÉTÉS


A. Rapport justificatif
L’organe d’administration960 doit expliquer la proposition de transformation dans un rapport
justificatif, annoncé dans l’ordre du jour de l’assemblée appelée à statuer. A ce rapport doit être
joint un état résumant la situation active et passive de la société, clôturé961 à une date ne
remontant pas à plus de 3 mois avant l’assemblée générale appelée à se prononcer962.

Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe


d’administration (ou, dans les SNC et les SComm, par l’assemblée générale) doit faire rapport sur
cet état et indiquer notamment si l’actif net est surévalué963.

Une copie de ces rapports ainsi que le projet de modification aux statuts doivent être annexés à la
convocation des associés ou communiqués aux actionnaires964.

Ces rapports sont prescrits à peine de nullité de la décision de transformation965.

B. Règles de quorum et de majorité


L’accord unanime de tous les associés est requis :
1° pour la décision de transformation en SNC ou en SComm ;
2° pour la décision de transformation d’une SNC ou d’une SComm ;
3° si la société n’existe pas depuis 2 ans au moins ;
4° si les statuts prévoient que la société ne pourra adopter une autre forme ; une telle clause des
statuts ne peut être modifiée qu’à l’unanimité966.

Dans les autres cas, le quorum de présence est de la moitié du capital ou, en l’absence de capital,
du nombre total d’actions967.

La majorité est de quatre cinquièmes968. Le CSA ne prévoit pas la neutralisation des abstentions,
alors que c’est devenu la règle pour toutes les modifications des statuts (en ce compris celle de
l’objet et des buts). Il s’agit manifestement d’un oubli.

« Nonobstant toute disposition contraire des statuts, les parts bénéficiaires donneront droit à une
voix par titre »969. Le cas échéant, s’il existe plusieurs classes de titres et si la transformation

960 Dans une SA avec une administration duale, il s’agit du conseil de surveillance (CSA, art. 14:1, § 2).
961 « Clôturé » et non « arrêté » : il faut se référer à la date des chiffres et non de l’établissement du document
contenant ces chiffres.
962 CSA, art. 14:3 et 14:5.
963 CSA, art. 14:4.
964 CSA, art. 14:6.
965 CSA, art. 14:7.
966 CSA, art. 14:8, § 4.
967 CSA, art. 14:8, § 1er, 1°.
968 CSA, art. 14:8, § 1er, 2°, a.
969 CSA, art. 14:8, § 2, al. 2.

297
Fanny Streveler MA1 DROIT

entraîne une modification de leurs droits respectifs, le quorum et la majorité doivent être réunis
dans chaque catégorie.

C. Règles particulières en cas de transformation en SA, SE ou SCE


Une société ne peut se transformer en une SA, SE ou SCE que si son actif net est au moins égal au
montant du capital minimum requis.

Sans énoncer explicitement cette règle, le CSA prévoit la responsabilité des associés des SNC, des
commandités des SComm ainsi que des membres de l’organe d’administration de toute autre
société qui se transforme pour la différence éventuelle entre l’actif net de la société après
transformation et le capital minimum requis 970.

Le cas échéant, la société qui souhaite se transformer en SA doit au préalable augmenter son actif.

En cas de transformation d’une SNC ou d’une SComm971 en une SA, une SE ou une SCE, le capital
après transformation ne pourra pas être supérieur à l’actif net tel qu’il résulte de cet état972.

D. Inapplication des règles spécifiques à la constitution


La transformation n’entraîne pas la constitution d’une nouvelle forme de société. Le CSA écarte
expressément l’application à la transformation des règles suivantes spécifiques à la constitution :
rapports sur les apports en nature, libération des apports en espèces sur un compte spécial,
responsabilité des fondateurs973.

Le CSA n’écarte pas expressément les dispositions qui imposent aux fondateurs de remettre au
notaire un plan financier. Sous l’empire du Code des sociétés (qui n’écartait pas non plus ces
dispositions), la doctrine s’accordait à considérer qu’il s’agissait d’un oubli du législateur et que ces
dispositions ne devaient pas être respectées car la transformation ne réalise pas d’apport par elle-
même. En toute hypothèse, comme les règles en matière de responsabilité des fondateurs ne
s’appliquent pas, l’absence de plan financier devrait n’avoir aucune conséquence.

E. Acte authentique
Sous réserve d’une exception (infra), toute transformation d’une société doit, à peine de nullité,
être constatée par un acte authentique, même lorsque la société qui se transforme n’a pas été
constituée par un acte authentique. Ainsi, la transformation d’une SNC en SA doit être constatée par un
acte authentique.

F. Statuts
Immédiatement après la décision de transformation, les statuts de la société sous sa forme
nouvelle, y compris les clauses qui modifieraient son objet, doivent être arrêtés aux mêmes
conditions de présence et de majorité que celles requises pour la transformation. A défaut, la
décision de transformation reste sans effet974.

970 CSA, art. 14:12.


971 Le législateur a manifestement oublié de viser les SRL et les SC.
972 CSA, art. 14:3, al. 2 et 3.
973 CSA, art. 14:11.
974 CSA, art. 14:9.

298
Fanny Streveler MA1 DROIT

G. Dépôt et publication
L’acte de transformation et les statuts doivent être déposés et publiés aux annexes du Moniteur
belge simultanément. L’acte de transformation doit être publié en entier ; les statuts, par extrait975.

H. Exception
Comme les mineurs ne peuvent être associés en nom collectif, pour éviter la dissolution, les statuts
des SNC prévoient parfois qu’en cas de décès d’un associé laissant des héritiers mineurs, la société
continuera avec ses ayants droit, qui auront la qualité de commanditaires. Bien qu’il s’agisse d’une
transformation, le CSA écarte les articles 14:3 à 14:12 et donc notamment l’exigence d’un acte
authentique976.

I. Responsabilité des associés en nom collectif ou commandités pour les dettes sociales
En cas de transformation d’une SNC ou d’une SComm en une société dans laquelle la responsabilité
des associés est limitée, les associés en nom collectif ou les associés commandités restent tenus
solidairement et indéfiniment à l’égard des tiers, des engagements de la société antérieurs à
l’opposabilité aux tiers de l’acte de transformation 977.

En cas de transformation en SNC ou en SComm, les associés en nom collectif ou les associés
commandités répondent indéfiniment à l’égard des tiers, des engagements de la société antérieurs
à la transformation978 ; et forcément aussi des engagements ultérieurs.

J. Responsabilité des « transformateurs »


L’article 14:12 prévoit la responsabilité des associés des SNC, des commandités des SComm et des
membres de l’organe d’administration de toute autre société à transformer pour :
1° la différence éventuelle entre l’actif net de la société après transformation et le capital
minimum prescrit par le CSA (supra) ;
2° la surévaluation de l’actif net apparaissant à l’état résumant la situation active et passive ;
3° la réparation du préjudice qui est une suite immédiate et directe soit de la nullité de l’opération
de transformation, soit de l’absence ou de la fausseté de certaines des énonciations prescrites par
le CSA.

K. Faculté de démission dans les SC


Dans les SC, nonobstant toute disposition contraire des statuts, chaque actionnaire a la faculté de
démissionner à tout moment dès la convocation de l’assemblée générale appelée à décider la
transformation de la société.

L’associé démissionnaire doit notifier sa démission à la société 5 jours au moins avant la date de
l’assemblée. Sa démission n’aura d’effet que si la proposition de transformation est adoptée. Les
convocations à l’assemblée doivent reproduire ces règles979.

975 CSA, art. 14:10, al. 3.


976 CSA, art. 14:14.
977 CSA, art. 14:13, al. 1.
978 CSA, art.14:13, al.2.
979 CSA, art. 14:8, § 5.

299
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. TRANSFORMATION D’UNE SOCIÉTÉ EN ASBL OU EN AISBL


A. Sens unique
Le législateur a jugé opportun de permettre la transformation des sociétés dotées de la
personnalité juridique en ASBL ou en AISBL mais a estimé que l’opération inverse présenterait des
risques d’abus en ce qui concerne l’affectation du patrimoine, sous réserve de la transformation
d’une ASBL en société coopérative agréée comme entreprise sociale ou en société coopérative
entreprise sociale agréée (infra).

B. Motifs
Depuis la réforme, les sociétés et les associations peuvent exercer les mêmes activités. La seule
différence qui subsiste concerne le but.

Il faudrait donc imaginer une société qui ne voudrait plus distribuer ou procurer d’avantages
patrimoniaux à ses associés ou actionnaires. L’hypothèse n’est pas théorique pour les SC agréées et
les SC agréées en qualité d’ES.

C. Procédure
La procédure est calquée sur celle de la transformation entre sociétés, sous réserve des points
suivants :
- l’organe d’administration de la société doit joindre à son rapport le projet de statuts de l’ASBL
ou de l’AISBL ;
- comme cette transformation prive les associés ou actionnaires du droit de participer aux
bénéfices, elle suppose leur accord unanime 980.

3. TRANSFORMATION D’UNE ASBL EN SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE


COMME ENTREPRISE SOCIALE OU EN SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE
A. Motifs
Si le but principal d’une ASBL et celui d’une SC agréée peuvent être très proches, il ne faut pas
perdre de vue qu’une ASBL ne peut pas distribuer ou procurer un avantage patrimonial à ses
membres tandis que toute société doit avoir comme but ou, du moins, parmi ses buts, de distribuer
ou procurer un avantage patrimonial à ses associés ou actionnaires.

Il s’ensuit qu’une ASBL qui souhaite procurer ou distribuer un avantage patrimonial à ses membres
doit se transformer.

B. Procédure
La procédure est calquée sur celle de transformation entre sociétés, sous réserve des points
suivants :
- l’organe d’administration de l’ASBL doit joindre à son rapport le projet de statuts de la SC ;
- quorum de présence : au moins deux tiers des membres ; à défaut, une seconde convocation
est nécessaire et la nouvelle assemblée délibère et statue valablement, quel que soit le nombre

980 CSA, art. 14:31 à 14:36.

300
Fanny Streveler MA1 DROIT

de membres présents ou représentés ; la seconde assemblée ne peut pas être tenue dans les
15 jours après la première assemblée ;
- conditions de majorité : quatre cinquièmes des voix des membres présents ou représentés,
sans qu’il soit tenu compte des abstentions au numérateur ni au dénominateur ;
- l’actif net de l’ASBL tel qu’il résulte de l’état résumant la situation active et passive, doit être
identifié dans les comptes annuels de la SC et versé sur un compte de réserve indisponible ;
- ce montant ne peut faire l’objet, sous quelque forme que ce soit, d’un remboursement aux
actionnaires ou d’une distribution ;
- lors de la liquidation de la SC, après le règlement de tous les créanciers, le liquidateur donne à
ce montant une affectation qui se rapproche autant que possible du but assigné à la société981.

4. TRANSFORMATION D’UNE ASBL EN AISBL ET VICE-VERSA


A. Dans les deux sens
Une ASBL peut se transformer en AISBL et une AISBL peut se transformer en ASBL.

B. Motifs
La principale différence entre les ASBL et les AISBL tient à la dimension internationale du but de
l’AISBL. Une ASBL peut avoir une dimension internationale mais une AISBL doit avoir un but à
caractère international.

Il s’ensuit qu’une ASBL qui acquiert une dimension internationale peut vouloir se transformer en
AISBL (par exemple pour des raisons de prestige) et qu’une AISBL qui réduit son but pour le limiter à
des préoccupations nationales doit se transformer en ASBL.

C. Procédure
La procédure est calquée sur celle de la transformation entre sociétés (en particulier, la décision de
transformation requiert également un acte authentique), sous réserve des points suivants :
- l’organe d’administration doit joindre à son rapport le projet de statuts de l’AISBL ou de l’ASBL
en laquelle l’association sera transformée ;
- la décision est soumise aux conditions de quorum et de majorité requises pour la modification
de l’objet982, soit un quorum de présence des deux tiers et la majorité des quatre cinquièmes,
sous réserve de conditions plus sévères prévues par les statuts ;
- en cas de transformation d’une ASBL en AISBL, l’acte de transformation ne produit ses effets
qu’après l’approbation du Roi983.

981 CSA, art. 14:37 à 14:45.


982 CSA, art. 14:48.
983 CSA, art. 14:49.

301
Fanny Streveler MA1 DROIT

5. TRANSFORMATION D’UNE FONDATION PRIVÉE EN FONDATION


D’UTILITÉ PUBLIQUE
A. Sens unique
Une fondation privée peut se transformer en fondation d’utilité publique mais l’inverse n’est pas
possible.

Le législateur n’a pas indiqué pour quelle raison une fondation d’utilité publique ne peut pas se
transformer en fondation privée ; la raison en tient sans doute au risque de fraude.

B. Motifs
Une fondation privée peut avoir n’importe quel but désintéressé tandis que le but désintéressé
d’une fondation publique doit être philosophique, philanthropique, pédagogique, religieux,
scientifique, artistique ou culturel.

Une fondation privée qui poursuit un tel but pourrait vouloir se transformer en fondation publique
pour des raisons de prestige.

C. Procédure
L’organe d’administration doit établir un rapport justificatif auquel il doit joindre un état résumant
la situation active et passive de la fondation, clôturé à une date ne remontant pas à plus de 3 mois
avant la réunion de l’organe d’administration appelée à se prononcer sur le projet.

Le commissaire, un reviseur d’entreprise ou un expert-comptable externe désigné par l’organe


d’administration doit établir un rapport de contrôle sur cet état indiquant s’il donne une image
fidèle de la situation de la fondation.

L’organe d’administration doit prendre sa décision par acte authentique et la transformation est
soumise à l’approbation par le Roi984.

6. TRANSFORMATION D’UNE SA EN SE OU D’UNE SC EN SCE ET VICE-VERSA


A. SA en SE ou SC en SCE
Une SA peut se transformer en SE, et une SC en SCE, si elle a depuis au moins 2 ans une société
filiale (ou un établissement pour la SC) relevant du droit d’un autre Etat membre 985.

B. SE en SA ou SCE en SC
Une SE peut se transformer en SA, et une SCE en SC, après un certain délai : 2 ans à partir de
l’immatriculation et approbation des deuxièmes comptes annuels986.

984 CSA, art. 14:67.


985 art. 2, § 4 du Règlement SE ; art. 2, § 1er du Règlement SCE.
986 art. 66, § 1er du Règlement SE ; art. 76, § 1er du Règlement SCE.

302
Fanny Streveler MA1 DROIT

TRANSFORMATION DES PERSONNES MORALES DONT LA FORME LÉGALE


EST SUPPRIMÉE

1. TRANSFORMATION DE PLEIN DROIT


Les personnes morales suivantes dont la forme légale est supprimée seront transformées de plein
droit en une autre personne morale le 1er janvier 2024. Si, à cette date, ces personnes morales
n’ont pas été transformées en une autre personne morale ;
- la SCA (société en commandite par actions) devient une SA à administrateur unique ;
- la société agricole devient une SNC et, si elle compte des associés commanditaires, une
SComm ;
- la SCRI (société coopérative à responsabilité illimitée) devient une SNC ;
- la SCRL (société coopérative à responsabilité limitée) qui ne répond pas à la nouvelle définition
de SC devient une SRL ;
- le GIE (groupement d’intérêt économique) 987 devient une SNC ;
- l’union professionnelle et la fédération d’unions professionnelles deviennent une ASBL988.

Dans un délai de 6 mois à compter du jour où ces personnes morales auront été transformées de
plein droit en une autre personne morale, l’organe d’administration devra convoquer une
assemblée générale ayant à l’ordre du jour l’adaptation des statuts. Comme la personne morale
aura déjà été transformée (de plein droit), cette adaptation se fera conformément aux règles en
matière de modification des statuts (et non aux règles en matière de transformation). Les membres
de l’organe d’administration seront personnellement et solidairement responsables des dommages
subis par la personne morale ou par des tiers résultant du non-respect de cette obligation989.

2. TRANSFORMATION VOLONTAIRE AVANT LE 1ER JANVIER 2024


Les personnes morales dont la forme légale est supprimée par la loi du 23 mars 2019 peuvent se
transformer volontairement avant le 1er janvier 2024 dans la personne morale dans laquelle elles
seraient transformées de plein droit le 1er janvier 2024, conformément aux règles en matière de
modification des statuts (et non aux règles en matière de transformation)990.

Cette solution est a priori étonnante (une véritable transformation peut être décidée aux
conditions de la modification des statuts). Elle s’explique par le fait que la procédure de
transformation ne s’applique pas à la transformation qui s’opère de plein droit au 1er janvier 2024
et que le législateur a jugé qu’il était inutile d’imposer à ces personnes morales la lourde procédure
de transformation si elles adoptent volontairement la nouvelle forme légale de personne morale
désignée par la loi avant le 1er janvier 2024 .

987 A ne pas confondre avec le GEIE (groupement européen d’intérêt économique), qui est prévu par un règlement
européen et que le législateur belge ne pouvait évidemment pas supprimer.
988 art. 41, § 2 de la loi du 23 mars 2019.
989 art. 41, § 3 de la loi du 23 mars 2019.
990 art. 41, § 4, 1ère phrase de la loi du 23 mars 2019.

303
Fanny Streveler MA1 DROIT

En cas de transformation d’une SCA en SA, les associés commandités restent tenus solidairement et
indéfiniment à l’égard des tiers des engagements de la société antérieurs à l’opposabilité aux tiers
de l’acte de transformation991.

Même si la forme légale indiquée dans le CSA pour chacune des formes de sociétés amenées à
disparaître est la plus proche de la leur, et si la procédure de modification des statuts est plus
simple et moins onéreuse que celle de la transformation, ces sociétés peuvent choisir une autre
forme conformément à la procédure de transformation (on pense par exemple aux SCA conçues comme
outil de planification successorale, qui pourraient préférer la forme de la SRL à celle de la SA).

991 art. 41, § 4, deuxième phrase de la loi du 23 mars 2019.

304
Fanny Streveler MA1 DROIT

CHAPITRE 3 :
OPERATIONS DE
RESTRUCTURAT-
ION

305
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le présent chapitre est consacré aux opérations internes de restructuration (fusions, scissions,
apports et cessions d’universalité et de branche d’activités).

Les opérations transfrontalières sont beaucoup plus rares et ne seront pas examinées dans le cours.

Le législateur a aligné le régime des opérations de restructuration des associations et des


fondations sur celui des sociétés. Il subsiste certaines différences, dues aux caractéristiques
respectives de ces personnes morales et à une volonté de simplification pour les associations et les
fondations.

SOCIÉTÉS

1. CHAMP D’APPLICATION
Le livre 12 du CSA (« Restructuration de sociétés ») s’applique à toutes les sociétés dotées de la
personnalité juridique régies par le CSA, sous réserve des règles particulières applicables aux SE et
aux SEC. Ces règles priment sur les dispositions nationales.

Peu importe la forme des sociétés qui participent à une opération de restructuration : une SRL peut
se faire absorber par une SA ; une SA peut se scinder entre une SRL et une SNC ; une SComm peut faire un
apport d’universalité à une SA. En pratique, ce sont surtout les SA et les SRL qui recourent à ces
opérations.

2. FUSIONS, SCISSIONS ET OPÉRATIONS ASSIMILÉES


A. Fusion
La fusion est l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés transfèrent à une autre société, par
suite d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, activement et passivement,
moyennant l’attribution aux associés ou actionnaires de la société dissoute d’actions ou de parts de
la société bénéficiaire (et, le cas échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas, pour les SA, le
dixième de la valeur nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de
leur pair comptable). Pour les autres sociétés, le CSA assimile au pair comptable la valeur des
apports autres qu’en industrie et des réserves indisponibles, divisée par le nombre d’actions ou de
parts.

On distingue deux types de fusions :


- fusion par absorption : opération par laquelle une ou plusieurs sociétés préexistantes
transfèrent à une société préexistante l’intégralité de leur patrimoine992 ;
- fusion par constitution d’une nouvelle société : opération par laquelle plusieurs sociétés
transfèrent à une nouvelle société qu’elles constituent l’intégralité de leur patrimoine993.

992 CSA, art. 12:2.


993 CSA, art. 12:3.

306
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Scission
La scission est l’opération par laquelle une société transfère à plusieurs sociétés, par suite de sa
dissolution sans liquidation, l’intégralité de son patrimoine, activement et passivement, moyennant
l’attribution aux associés de la société dissoute d’actions ou de parts des sociétés bénéficiaires (et,
le cas échéant, d’une soulte en espèces ne dépassant pas, pour les SA, le dixième de la valeur
nominale des actions ou parts attribuées ou, à défaut de valeur nominale, de leur pair comptable).
Pour les sociétés sans capital, le CSA assimile au pair comptable la valeur des apports autres qu’en
industrie et des réserves indisponibles, divisée par le nombre d’actions ou de parts.

On distingue trois types de scissions :


- scission par absorption : opération par laquelle une société transfère l’intégralité de son
patrimoine à plusieurs sociétés préexistantes994 ;
- scission par constitution : opération par laquelle une société transfère l’intégralité de son
patrimoine à plusieurs sociétés qu’elle constitue995 ;
- scission mixte : opération par laquelle une société transfère l’intégralité de son patrimoine à
une ou plusieurs sociétés préexistantes et à une ou plusieurs sociétés qu’elle constitue996.

C. Opération assimilée à la fusion par absorption


Est assimilée à la fusion par absorption l’opération par laquelle une ou plusieurs sociétés
transfèrent, par suite d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de leur patrimoine, activement
et passivement, à une autre société qui est déjà titulaire de toutes leurs actions et des autres titres
conférant un droit de vote dans l’assemblée générale (fusion silencieuse/simplifiée)997. La société
absorbante n’émet pas de nouvelles parts ou actions.

D. Opérations assimilées à la scission


Sont assimilées à une scission :
- l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution une partie de son patrimoine,
activement et passivement, à une ou plusieurs sociétés, existantes ou qu’elle constitue,
moyennant l’attribution aux associés ou actionnaires de la société transférante de parts ou
d’actions de la ou des sociétés bénéficiaires (et, le cas échéant, d’une soulte en espèces ne
dépassant pas le dixième de la valeur nominale ou du pair comptable des actions ou parts
attribuées) (scission partielle)998 ;
- l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution une partie de son patrimoine,
activement et passivement, à une autre société qui est déjà titulaire de toutes ses parts ou
actions et autres titres conférant le droit de vote (scission partielle silencieuse/simplifiée)999.

La partie du patrimoine transférée ne doit pas (mais peut) constituer une branche d’activités.

Le CSA ne mentionne pas parmi les opérations assimilées à la scission l’opération par laquelle une
société transfère, par suite d’une dissolution sans liquidation, l’intégralité de son patrimoine,
activement et passivement, à deux ou plusieurs autres sociétés qui sont déjà titulaires de toutes ses

994 CSA, art. 12:4.


995 CSA, art. 12:5.
996 CSA, art. 12:6.
997 CSA, art. 12:7.
998 CSA, art. 12:8, 1°.
999 CSA, art. 12:8, 2°.

307
Fanny Streveler MA1 DROIT

actions et autres titres conférant un droit de vote dans l’assemblée générale. Pourtant, dans cette
hypothèse également, les sociétés absorbantes n’émettent pas de nouvelles parts ou actions, de
sorte qu’il s’agit également d’un cas d’opératino assimilée à la scission.

E. Procédure
Projet de fusion ou de scission :
Les organes d’administration des sociétés concernées doivent établir un projet de fusion ou de
scission.

Le projet de fusion doit comporter au moins les mentions requises par le CSA1000. Une mention
capitale est le rapport d’échange des actions ou parts (ainsi que, le cas échéant, le montant de la
soulte en espèces). Cette mention n’est pas requise pour le projet des opérations assimilées à la
fusion par absorption car la société absorbante n’émet pas de nouvelles actions ou parts 1001.

Le projet de scission doit comporter, mutatis mutandis, les mêmes mentions et, en outre, la
description et la répartition précises des éléments du patrimoine actif et passif à transférer à
chacune des sociétés bénéficiaires, la répartition aux associés de la société à scinder des actions ou
parts des sociétés bénéficiaires, ainsi que le critère sur lequel cette répartition est fondée1002.

Le projet de fusion ou de scission doit être déposé au greffe du tribunal de l’entreprise par chacune
des sociétés concernées 6 semaines au moins avant l’assemblée générale appelée à se prononcer
sur l’opération. Le projet de fusion ou de scission doit ensuite être publié aux annexes du Moniteur
belge1003.

Rapports sur la fusion ou la scission :


En principe, dans chaque société, l’organe d’administration doit établir un rapport écrit et
circonstancié qui expose la situation patrimoniale des sociétés concernées et qui explique et
justifie, du point de vue juridique et économique, l’opportunité, les conditions, les modalités et les
conséquences de l’opération, les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange des
actions ou des parts, l’importance relative qui est donnée à ces méthodes, les valeurs auxquelles
chaque méthode parvient, les difficultés éventuellement rencontrées et le rapport d’échange
proposé1004.

Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe désigné par l’organe


d’administration doit établir un rapport écrit sur le projet de fusion ou de scission. Il doit
notamment déclarer si, à son avis, le rapport d’échange est ou non pertinent et raisonnable,
indiquer les méthodes suivies pour la détermination du rapport d’échange proposé, indiquer si ces
méthodes sont appropriées en l’espèce et mentionner les valeurs auxquelles chacune de ces
méthodes conduisent1005.

1000 CSA, art. 12:24, al. 2, 1° à 8 et 12:37, al. 2, 1° à 8°.


1001 CSA, art. 12:50, al. 2, 1° à 4°.
1002 CSA, art. 12:59, 12:75 et 12:91.
1003 CSA, art. 12:24, 12:37, 12:50, 12:59 et 12:75.
1004 CSA, art. 12:25, al. 1, 12:38, al. 1, 12:61 et 12:77.
1005 CSA, art. 12:26, § 1er, 12:39, al. 1er, 12:62, al. 1er et 12:78, al. 1er.

308
Fanny Streveler MA1 DROIT

Ces rapports ne sont pas requis dans les cas suivants :


- en cas de fusion ou de scission, si tous les associés et autres titulaires de titres conférant un
droit de vote de chacune des sociétés participant à l’opération en décident ainsi1006 ;
- en cas de scission par constitution de sociétés nouvelles, si les actions ou parts des sociétés
nouvelles sont attribuées aux actionnaires ou associés de la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital ou leur part dans les capitaux propres de la
société scindée1007 ; en effet dans cette hypothèse, la situation des actionnaires de la société
scindée ne change en principe pas (par exemple, un actionnaire avait 10% des actions de la société
scindée ; dans le cadre de la scission, il reçoit 10% des actions de chacune des nouvelles sociétés) ;
- en cas d’opérations assimilées à la fusion (les articles 12:50 à 12:58 n’imposent pas ces
rapports).

Rapports sur les apports en nature :


En principe, comme la ou les sociétés absorbantes ou la ou les sociétés nouvelles augmentent leur
capital ou émettent de nouvelles actions, l’organe d’administration et le commissaire, un réviseur
d’entreprises ou un expert-comptable externe doivent rédiger un rapport sur les apports en nature
s’il s’agit de SRL, SC ou SA.

Ces rapports ne sont pas requis :


- si les actifs transférés consistent uniquement en des actifs pour lesquels ces rapports ne sont
pas requis en vertu d’autres dispositions du CSA ;
- si l’organe d’administration et le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-
comptable externe ont rédigé un rapport sur le projet de fusion ou de scission (ces rapports se
substituent en quelque sorte aux rapports sur les apports en nature) ;
- en cas d’opérations assimilées à la fusion par absorption (les articles 12:50 à 12:58 qui
n’imposent pas ce rapport).

Etat comptable :
Lorsque le projet de fusion ou de scission est postérieur d’au moins 6 mois à la fin de l’exercice
auquel se rapportent les derniers comptes annuels, la société qui participe à une opération de
fusion ou de scission doit établir un état comptable arrêté à une date ne remontant pas à plus de 3
mois avant la date du projet de fusion ou de scission1008.

A titre d’exemple, si l’exercice social se termine le 31 décembre et que le projet de fusion est établi au 15
septembre, il faut établir un état comptable arrêté au 15 juin ou postérieurement.

Cet état comptable intermédiaire n’est pas requis :


- en cas de fusion, si tous les associés et autres titulaires de titres conférant un droit de vote de
chacune des sociétés participant à l’opération en décident ainsi1009 ;
- en cas de fusion et de scission, pour les sociétés cotées qui publient un rapport financier
semestriel1010 ;

1006 CSA, art. 12:25, al. 2, 12:38, al. 2, 12:65 et 12:81 ; art. 12:26, § 1er, al. 6, 12:39, al. 6, 12:65 et 12:78, al. 6.
1007 CSA, art. 12:77, al. 2 et 12:78, al. 7.
1008 CSA, art. 12:28, § 2, 5°, art. 12:41, § 2, 5°, art. 12:51, § 2, 4°, art. 12:64, § 12, 5° et 12:80, § 2, 5°.
1009 CSA, art. 12:28, § 2, 5°, 12:41, § 2, 5°, 12:51, § 2, 4°.
1010 CSA, art. 12:28, § 2, 5°, 12:41, § 2, 5°.

309
Fanny Streveler MA1 DROIT

- en cas de scission par constitution de sociétés nouvelles, si les actions ou les parts de chacune
des nouvelles sociétés sont attribuées aux actionnaires ou associés de la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital ou leur part dans les capitaux propres de la
société scindée1011 ;
- en cas d’opérations assimilées à la fusion par absorption (les articles 12:50 à 12:58, n’imposent
pas cet état).

Convocation des associés :


Dans chaque société, le projet de fusion ou de scission et les rapports (s’ils sont requis) doivent être
communiqués aux titulaires de titres nominatifs au moins un mois avant la réunion de l’assemblée
générale et aux personnes qui ont accompli les formalités requises pour être admises à
l’assemblée, sans délai1012 1013.

En outre, dans les SRL, SC et SA, tout actionnaire a le droit, au moins un mois avant la date de la
réunion de l’assemblée générale appelée à se prononcer sur le projet de fusion ou de scission, de
prendre connaissance au siège des comptes annuels des 3 derniers exercices de chacune des
sociétés concernées, des rapports des commissaires des trois derniers exercices et des rapports des
administrateurs ainsi que de l’état comptable1014.

Alternativement, les sociétés peuvent mettre ces documents sur leur site internet1015.

Information de l’assemblée générale :


Les organes d’administration de chacune des sociétés concernées sont tenus d’informer
l’assemblée générale de leur société ainsi que les organes d’administration de toutes les autres
sociétés concernées de toute modification importante du patrimoine actif et passif intervenue
entre la date de l’établissement du projet et la date de la dernière assemblée générale qui se
prononce sur l’opération. Les organes d’administration qui ont reçu cette information sont tenus de
la communiquer à l’assemblée générale de leur société1016.

Cette information n’est pas requise :


- en cas de fusion, si tous les associés, actionnaires et titulaires de titres de chacune des sociétés
participant à la fusion en ont décidé ainsi1017 ;
- en cas de scission par constitution de sociétés nouvelles, si les actions ou les parts de chacune
des sociétés nouvelles sont attribuées aux actionnaires ou associés de la société scindée
proportionnellement à leurs droits dans le capital ou leur part dans les capitaux propres de la
société scindée1018.

1011 CSA, art. 12:80, § 2, al. 6.


1012 CSA, art. 12:28, § 1er, al. 1 à 3, 12:41, § 1er, al. 1 à 3, 12:51, § 1er, al. 1 à 3, 12:64, § 1er, al. 1 à 3 et 12:80, § 1er, al. 1 à
3.
1013 Le législateur s’est rendu compte de l’extrême lourdeur de ces formalités, particulièrement dans les SC qui peuvent
avoir des milliers et des milliers d’actionnaires. Dès lors, le CSA dispense les SC de l’obligation de transmettre aux
actionnaires le projet et les rapports (CSA, art. 12:28, § 1er, al. 4 et 5, 12:41, § 1er, al. 4 et 5, 12:51, § 1er, al. 4 et 5, 12:64,
§ 1er, al. 4 et 5 et 12:80, § 1er, al. 4).
1014 CS, art. 12:28, § 2, 12:41, § 2, art. 12:51, § 2, 12:64, § 2 et 12:80, § 2.
1015 CSA, art. 12:28, § 4, 12:41, § 4, art. 12:51, § 4, 12:64, § 4 et 12:80, § 4.
1016 CSA, art. 12:27, 12:40, 12:63 et 12:79.
1017 CSA, art. 12:27, al. 3 et 12:40, al. 3.
1018 CSA, art. 12:79.

310
Fanny Streveler MA1 DROIT

Organe compétent :
En principe, l’assemblée générale est compétente pour approuver la fusion ou la scission.

En principe, il faut un quorum de présence de la moitié. Si cette condition n’est pas remplie, une
nouvelle convocation est nécessaire et la nouvelle assemblée peut délibérer et statuer valablement
quelle que soit la portion du capital représentée. L’assemblée générale se prononce à la majorité
des trois quarts des voix1019.

Toutefois, l’unanimité est requise :


- dans les SNC et SComm1020 ;
- en cas de scission inégalitaire1021.

Exception :
Dans certains cas, l’organe d’administration est compétent pour approuver la fusion ou la scission :
- Fusion par absorption : l’approbation par l’assemblée générale de la société absorbante qui a la
forme légale d’une SRL, d’une SC, d’une SA n’est pas requise si elle détient au moins 90 %, mais
pas la totalité1022, des actions et des autres titres conférant un droit de vote de la société
absorbée1023.
- Opération assimilée à la fusion : ni l’approbation par l’assemblée générale de la société
absorbante qui a la forme légale d’une SRL, d’une SC, d’une SA ni l’approbation par l’assemblée
générale de la société absorbée ne sont requises1024.
- Scission par absorption : l’approbation par l’assemblée générale de la société à scinder n’est
pas requise si les sociétés bénéficiaires détiennent toutes les actions ou parts de la société
scindée1025.

Ces exceptions sont extraordinaires en ce sens qu’elles permettent la disparition volontaire d’une
société sans l’intervention de son assemblée générale.

Dans ces hypothèses, c’est l’organe d’administration qui approuve la fusion. Les dispositions
relatives au capital autorisé ne sont pas applicables à cette décision.

Acte authentique :
Dans chaque société participant à l’opération, tant le procès-verbal de l’assemblée générale ou de
l’organe d’administration qui décide l’opération que l’acte constitutif des nouvelles sociétés et
l’acte de modification des statuts des sociétés absorbantes doivent, à peine de nullité, être établis
par acte authentique 1026.

1019 CSA, art. 12:30, § 1, 12:43, § 1, 12:53, § 1, 12:67, § 1 et 12:83, § 1.


1020 CSA, art. 12:30, § 4, 12:43, § 4, 12:53, § 4, 12:67, § 4 et 12:83, § 3 et 4.
1021 CSA, art. 12:67, § 6 et 12:83, § 5.
1022 Si la société absorbante détient la totalité des droits de vote, il s’agit d’une opération assimilée à la fusion.
1023 CSA, art. 12:30, § 6.
1024 CSA, art. 12:53, § 6.
1025 CSA, art. 12:67, § 7.
1026 CSA, art. 12:31, 12:44, 12:45, 12:54, 12:55, 12:68, 12:69, 12:84, 12:85, et art. 12:36, § 2 et 12:74, § 2.

311
Fanny Streveler MA1 DROIT

L’intervention du notaire est requise quelle que soit la forme légale des sociétés participant à
l’opération : ainsi, même les fusions entre SNC ou la constitution d’une nouvelle société sous forme
de SNC requièrent l’intervention du notaire.

Réalisation de la fusion :
Fusion ou scission par absorption :
L’assemblée générale de la ou des sociétés absorbantes (ou l’organe d’administration dans les cas
exceptionnels où cet organe peut prendre la décision) doi(ven)t non seulement se prononcer sur la
fusion mais également modifier les statuts. A défaut, la décision reste sans effet. La fusion ou la
scission est réalisée lorsque sont intervenues les décisions concordantes prises au sein de toutes les
sociétés intéressées1027.

Fusion ou scission par constitution de société(s) nouvelle(s) :


La constitution de la ou des nouvelles sociétés est en principe soumise à toutes les conditions (de
fond) prévues par le CSA pour la forme de société choisie1028.

Il ne faut cependant pas remplir les formalités requises pour la forme de société choisie et,
notamment, rédiger un plan financier 1029. Ce serait inutile puisque le capital ou les capitaux propres
de départ de la société nouvelle a ou ont déjà été justifiés et que les conséquences de la fusion ou
de la scission ont été décrites dans le rapport de l’organe d’administration.

Si le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable ont établi un rapport sur le


projet de fusion ou de scission, il ne faut pas établir les rapports sur les apports en nature1030.

L’assemblée générale de chacune des sociétés intéressées doit non seulement se prononcer sur la
fusion ou la scission mais également modifier les statuts, devant notaire et aux mêmes conditions
de présence et de majorité que celles requises pour la décision de fusion ou de scission. A défaut, la
décision de fusion ou de scission reste sans effet1031.

La fusion ou la scission est réalisée lorsque la nouvelle société est constituée1032.

Publicité :
Les actes constatant les décisions de fusion ou de scission doivent être déposés au greffe du
tribunal de l’entreprise et publiés par extrait aux annexes du Moniteur belge, de même que, le cas
échéant, les actes modifiant les statuts de la société absorbante ou l’acte constitutif de la nouvelle
société1033.

Cette publication rend la fusion ou la scission opposable aux tiers.

1027 CSA, art. 12:32, 12:55 et 12:69.


1028 CSA, art. 12:36, § 1er et 12:74, § 1er.
1029 CSA, art. 12:36, § 1er et 12:74, § 1er.
1030 CSA, art. 12:36, § 3 et 12:74, § 3.
1031 CSA, art. 12:45 et 12:85.
1032 CSA, art. 12:46 et 12:86.
1033 CSA, art. 12:33, 12:47, 12:56, 12:70, 12:73, § 4, 12:87 et 12:90, § 4.

312
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le CSA comporte cependant certaines exceptions, notamment pour les actes translatifs ou
déclaratifs de droits réels immobiliers autres que les privilèges et hypothèques qui ne sont
opposables aux tiers que moyennant la transcription sur le registre du bureau compétent de
l'Administration générale de la Documentation patrimoniale 1034.

Règles particulières à certaines sociétés :


Conditions pour être associé :
Une société ne peut absorber une autre société que si les associés ou les actionnaires de la société
absorbée remplissent les conditions requises pour acquérir la qualité d’associé ou actionnaire de la
société absorbante1035.

SC – démission :
Dans les SC, chaque actionnaire a la faculté, nonobstant toute disposition contraire des statuts, de
démissionner à tout moment au cours de l'exercice social et sans avoir à satisfaire à aucune autre
condition, dès la convocation de l'assemblée générale appelée à décider la fusion de la société avec
une société absorbante ou nouvelle d'une autre forme légale. La démission doit être notifiée à la
société. Elle n'a d'effet que si la fusion est décidée1036.

F. Effets
Disparition des sociétés transférantes :
Les sociétés transférantes cessent d’exister. Elles sont cependant réputées exister durant un délai
de 6 mois en vue de l’exercice éventuel d’une action en nullité de la fusion ou de la scission1037.

Emission de parts ou d’actions nouvelles :


Les associés ou les actionnaires des sociétés dissoutes deviennent associés ou actionnaires des
sociétés bénéficiaires1038, sauf en cas d’opérations assimilées à la fusion par absorption et
d’opérations assimilées à la scission lorsque la société bénéficiaire est déjà titulaire de toutes les
parts ou actions des sociétés dissoutes1039.

Une société bénéficiaire ne peut émettre aucune action ou part en échange d’actions ou de parts
d’une société dissoute qui étaient détenues par la société bénéficiaire elle-même, par la société
dissoute elle-même ou une personne agissant en son nom propre mais pour leur compte 1040.

En cas de scission, la répartition des actions ou parts s’effectue conformément au projet de


scission1041.

1034 CSA, art. 12:14.


1035 CSA, art. 12:29, § 1er.
1036 CSA, art 12:29, § 2, 12:42, § 2, 12:52, § 2, 12:61, § 2 et 12:82, § 2.
1037 CSA, art. 12:13, al. 1, 1°.
1038 CSA, art. 12:13, al. 1, 2°.
1039 CSA, art. 12:13, al. 2.
1040 CSA, art. 12:34, § 2, 12:48, § 2, 12:57, 12:71, § 2 et 12:88, § 2.
1041 CSA, art. 12:13, al. 1, 2°.

313
Fanny Streveler MA1 DROIT

Transfert du patrimoine :
L’ensemble du patrimoine actif et passif de la ou des sociétés dissoutes est transféré à la ou aux
sociétés bénéficiaires1042, sauf en cas de scission partielle puisque, par définition, une partie
seulement du patrimoine de la société est transférée à la société bénéficiaire.

En cas de scission, ce transfert s’effectue conformément à la répartition prévue par le projet de


scission1043.

Comme indiqué ci-avant, sous réserve de certaines exceptions, la publication des procès-verbaux
des assemblées générales des sociétés concernées rend ce transfert opposable à tous sans qu’il soit
nécessaire de dépecer l’opération en fonction des éléments de l’actif et du passif et de respecter
les formalités prévues pour le transfert et l’opposabilité aux tiers de chacun de ces éléments.

G. Protection des créanciers


Droit des créanciers de demander une sûreté :
Au plus tard dans les 2 mois de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes constatant
la fusion ou la scission, les créanciers de chacune des sociétés qui participent à la fusion ou à la
scission peuvent exiger une sûreté, pour autant que (1) leur créance soit certaine et ne soit pas
encore exigible avant cette publication ; ou (2) que leur créance ait fait l’objet d’une action en
justice ou d’une action arbitrale introduite avant l’acte constatant la fusion ou la scission.

La société bénéficiaire peut écarter cette demande en payant la créance à sa valeur, après
déduction de l'escompte.

A défaut, le créancier peut demander la constitution d’une sûreté au président du tribunal


d’entreprise siégeant en référé1044.

H. Responsabilités
SNC et SComm – responsabilité des associés personnellement tenus pour les dettes de la société
dissoute ou bénéficiaire :
Si la société dissoute est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif ou les associés
commandités restent tenus solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers, des engagements de
la société dissoute antérieurs à l'opposabilité aux tiers de l'acte de fusion ou de scission1045.

Si la société bénéficiaire est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif ou les associés
commandités répondent solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers, des engagements de la
société dissoute antérieurs à la fusion ou à la scission et qui, dans ce dernier cas, ont été transmis à
la société bénéficiaire. Ils peuvent cependant être exonérés de cette responsabilité par une clause
expresse insérée dans le projet et l'acte de fusion ou de scission rendue opposable aux tiers 1046.

1042 CSA, art. 12:13, al. 1, 3°.


1043 CSA, art. 12:60 et 12:76.
1044 CSA, art. 12:15, § 1er.
1045 CSA, art. 12:16, § 1er.
1046 CSA, art. 12:16, § 2.

314
Fanny Streveler MA1 DROIT

Responsabilité solidaire des sociétés bénéficiaires en cas de scission pour les dettes de la société
scindée :
En cas de scission, les sociétés bénéficiaires demeurent solidairement tenues des dettes certaines
et exigibles au jour de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes constatant la
scission, ainsi que des dettes pour lesquelles une action a été introduite en justice ou par voie
d'arbitrage avant l'acte constatant la scission.

Cette responsabilité est limitée à l'actif net attribué à chacune de ces sociétés.

En cas de scission partielle, la société scindée est considérée comme une société bénéficiaire pour
l’application de cette règle et la responsabilité de la société scindée est limitée à l’actif net conservé
par elle1047.

Responsabilité en cas de fautes des administrateurs et commissaires :


Les membres de l’organe d’administration et les commissaires, réviseurs d’entreprises ou experts-
comptables qui ont établi le rapport sur le projet de fusion ou de scission engagent leur
responsabilité pour les fautes qu’ils commettent respectivement dans la préparation et la
réalisation de la fusion ou de la scission et dans l’accomplissement de leur mission 1048.

I. Nullité
Causes de nullité :
Outre les cas de nullité des décisions de l’assemblée générale1049 (supra), le CSA prévoit les causes
de nullité suivantes pour les opérations de fusion et de scission :
- lorsque la soulte en espèces dépasse le dixième de la valeur nominale ou du pair comptable
des actions ou parts attribuées1050 ;
- si les décisions des assemblées générales ou des organes d’administration qui ont approuvé la
fusion ou la scission n’ont pas été constatées par acte authentique 1051 ;
- si ces décisions ont été prises en l’absence des rapports requis1052.

Le tribunal peut cependant, dans ces deux derniers cas, attribuer aux sociétés un délai pour
régulariser la situation.

Effet :
En cas de nullité d'une fusion ou d'une scission par constitution d’une nouvelle société, la décision
judiciaire qui prononce cette nullité prononce également la nullité de la nouvelle société1053.
L’extrait de cette décision doit être publié1054.

1047 CSA, art. 12:17.


1048 CSA, art. 12:18, al. 1 et 2.
1049 CSA, art. 2:42.
1050 CSA, art. 12:19, al. 1.
1051 CSA, art. 12:20, al. 1.
1052 CSA, art. 12:20, al. 1.
1053 CSA, art. 12:21.
1054 CSA, art. 12:22.

315
Fanny Streveler MA1 DROIT

3. APPORTS ET CESSIONS D’UNIVERSALITÉ OU DE BRANCHE D’ACTIVITÉS


L’apport d’universalité est l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution
l’intégralité de son patrimoine activement et passivement à une ou plusieurs sociétés existantes ou
nouvelles moyennant une rémunération consistant exclusivement en actions ou parts de la ou des
sociétés bénéficiaires des apports1055.

La cession d’universalité est l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution
l’intégralité de son patrimoine activement et passivement à une ou plusieurs sociétés existantes ou
nouvelles, moyennant un prix (cession à titre onéreux) ou même gratuitement (cession à titre
gratuit).

Une branche d’activités est un ensemble qui, du point de vue technique et sous l’angle de
l’organisation, exerce une activité autonome et est susceptible de fonctionner par ses propres
moyens1056.

L'apport d'une branche d'activités est l'opération par laquelle une société transfère, sans
dissolution, à une autre société une branche de ses activités ainsi que les passifs et les actifs qui s'y
rattachent, moyennant une rémunération consistant exclusivement en actions ou parts de la
société bénéficiaire de l'apport1057.

La cession de branche d’activités est l’opération par laquelle une société transfère sans dissolution
à une autre société une branche de ses activités ainsi que les passifs et les actifs qui s’y rattachent
moyennant une rémunération consistant en un prix ou même gratuitement.

A. Extension aux personnes physiques et à d’autres personnes morales


Apport de branche d’activités effectué par une personne physique :
En cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, les parties peuvent
soumettre l’opération au régime organisé par le CSA1058.

Cession d’universalité ou de branche d’activité effectuée par une autre personne morale :
Le régime de la cession d’universalité ou de branche d’activité s’applique par analogie à toute
personne morale qui opte expressément pour son application1059.

B. Procédure
Régime facultatif :
Pour les apports de branche d’activités et les cessions d’universalité et de branche d’activités, le
CSA permet, dans une certaine mesure, aux parties de choisir le régime applicable :
- en cas d’apport de branche d’activités, les sociétés concernées peuvent décider de ne pas
soumettre l’apport au régime organisé par le CSA en en faisant mention dans l’acte d’apport ;
en ce cas, l’apport n’entraîne pas de transfert de plein droit de la branche d’activités1060 ;

1055 CSA, art. 12:9.


1056 CSA, art. 12:11.
1057 CSA, art. 12:10.
1058 CSA, art. 12:101.
1059 CSA, art. 12:1, § 1er, al. 2 et 12:103.
1060 CSA, art. 12:92.

316
Fanny Streveler MA1 DROIT

- en cas de cession d’universalité ou de branche d’activités, les parties peuvent décider de


soumettre l’opération au régime organisé par le CSA pour les apports d’universalité ou de
branche d’activités, en le mentionnant expressément dans le projet de cession et dans l’acte de
cession1061 ; dans ce cas, la cession entraîne de plein droit le transfert1062 ;
- en cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, les parties
peuvent soumettre l’opération au régime organisé par le CSA1063.

Dans les lignes qui suivent, il ne sera traité que du régime organisé par le CSA.

Projet d’apport :
Les organes d’administration de la société apporteuse et de la société bénéficiaire doivent établir
un projet d’apport1064 et le déposer au greffe du tribunal de l’entreprise 6 semaines au moins avant
la réalisation de l’apport1065.

Rapports :
L’organe d’administration de la société apporteuse doit établir un rapport écrit et circonstancié qui
expose la situation patrimoniale des sociétés concernées et qui explique et justifie, du point de vue
juridique et économique, l'opportunité, les conditions, les modalités et les conséquences de
l'apport1066 1067. A l’inverse de ce qui est prévu en cas de fusion et de scission, le CSA n’impose pas
de rapport du commissaire ou d’un réviseur d’entreprises.

Si la société bénéficiaire a la forme d’une SRL, SC ou SA, son organe d’administration et son
commissaire (ou un reviseur d’entreprise ou un expert-comptable externe) doivent établir les
rapports prescrits pour les apports en nature.

Organe compétent :
Société apporteuse :
L’apport d’universalité doit être décidé par l’assemblée générale de la société apporteuse1068, aux
conditions de présence et de majorité requises pour la modification des statuts 1069. L’accord de
tous les associés est requis dans les SNC et l’accord de tous les associés commandités est requis
dans les SComm1070.

L’apport de branche d’activités doit être décidé par l’organe d’administration de la société
apporteuse1071.

1061 Cet acte doit être établi en la forme authentique (CSA, art. 12:103, al. 2), quelle que soit la forme légale des sociétés
concernées.
1062 CSA, art. 12:1, § 1er, al. 2 et 12:103.
1063 CSA, art. 12:101.
1064 CSA, art. 12:93.
1065 CSA, art. 12:93.
1066 CSA, art. 12:94, § 2, al. 2.
1067 Comme en cas de fusion et de scission, le CSA prévoit une exception pour les SC : le projet est tenu à la disposition

des actionnaires au siège de la société (CSA, art. 12:94, § 2, al. 3).


1068 CSA, art.12:94, §1er.
1069 CSA, art. 12:94, § 3, al. 1.
1070 CSA, art. 12:94, § 3, al. 3.
1071 CSA, art. 12:94, § 1er.

317
Fanny Streveler MA1 DROIT

Société bénéficiaire :
La société bénéficiaire émet de nouvelles parts ou actions, ce qui requiert en principe une décision
de l’assemblée générale (sauf clause de capital autorisé ou d’émission autorisée) et, dans les SRL,
SC et SA, un acte authentique.

Dépôt et publication :
L’acte constatant l’apport d’une universalité ou d’une branche d’activités doit être déposé au greffe
du tribunal de l’entreprise et publié par extrait aux annexes du Moniteur belge1072, ce qui rend
l’apport ou la cession opposable aux tiers1073.

Le CSA comporte à cet égard les mêmes exceptions qu’en cas de fusion et de scission (notamment
en ce qui concerne les droits réels immobiliers).

C. Effets
Transfert d’actif et de passif :
L’apport ou la cession d’universalité ou de branche d’activités entraîne de plein droit le transfert à
la société bénéficiaire de, respectivement, l’ensemble du patrimoine actif et passif de la société
transférante ou des actifs et passifs se rattachant à la branche d’activités transférée1074.

Comparaison avec les fusions ou les scissions :


Le seul effet de l’apport ou de la cession d’universalité ou de branche d’activités est un transfert
d’actif et de passif : la société apporteuse ou cédante continue à exister et ses associés ou
actionnaires restent associés ou actionnaires de cette société-là sans recevoir d’actions ou de parts
de la société bénéficiaire. C’est en effet la société apporteuse qui reçoit une rémunération.

Cela peut sembler bizarre en cas d’apport ou de cession d’universalité puisque, par hypothèse, la
société transférante transfère l’ensemble de son patrimoine actif et passif. Toutefois, en principe,
elle reçoit en contrepartie soit des actions ou parts émises par la société bénéficiaire, soit un prix
payé par la société bénéficiaire.

Reste la cession d’universalité à titre gratuit. Une telle opération n’est pas théorique : on peut
imaginer que la société cédante soit à ce point endettée que la société bénéficiaire reprenne ses
dettes mais ne lui paie aucun prix.

D. Protection des créanciers


Droit des créanciers de demander une sûreté :
Le CSA permet aux créanciers de chacune des sociétés qui participent à l’opération de demander
une sûreté, comme en matière de fusion ou de scission 1075.

1072 CSA, art. 12:95.


1073 CSA, art. 12:98.
1074 CSA, art. 12:96.
1075 CSA, art. 12:99.

318
Fanny Streveler MA1 DROIT

E. Responsabilités
Responsabilité de la société apporteuse ou cédante :
La société apporteuse reste solidairement tenue des dettes certaines et exigibles au jour de
l’apport qui sont transférées à une société bénéficiaire ainsi que des dettes qui font l'objet d'une
action en justice, introduite en justice ou par voie d'arbitrage avant l’acte constatant l'apport mais
cette responsabilité est limitée à l’actif net conservé par la société apporteuse ou cédante en
dehors du patrimoine apporté1076.

En rédigeant cette disposition, le législateur a perdu de vue que la société qui apporte une
universalité ne conserve aucun actif net de sorte qu’elle échappe à toute responsabilité au regard
de cette disposition.

Ce mécanisme risque d’être utilisé frauduleusement pour transférer des dettes à une société
insolvable et les actifs à une société solvable.

Responsabilité des associés de la société apporteuse ou cédante :


Si la société apporteuse ou cédante est une SNC ou une SComm, les associés en nom collectif et les
associés commandités restent tenus solidairement et indéfiniment à l'égard des tiers des
engagements de la société apporteuse ou cédante antérieurs à l'opposabilité aux tiers de l'acte
d'apport ou de cession1077.

Responsabilité de la personne physique qui apporte une branche d’activités à une société :
En cas d’apport de branche d’activités par une personne physique à une société, lorsque cet apport
est soumis au régime du CSA, l’apporteur est, pour cette responsabilité, assimilé à un associé
solidairement tenu1078.

ASSOCIATIONS ET FONDATIONS

1. FUSIONS ET SCISSIONS
A. Bénéficiaires
Les ASBL et les AISBL peuvent procéder à une fusion ou une scission uniquement en faveur d’une
ou plusieurs personnes morales poursuivant un but désintéressé1079. Il peut s’agir d’ASBL, d’AISBL
et de fondations, mais également d’universités ou de personnes morales de droit public
poursuivant un but désintéressé.

Les fondations peuvent procéder à une fusion ou une scission uniquement en faveur de fondations,
d’universités ou de personnes morales de droit public poursuivant un but désintéressé. En outre,
les fondations d’utilité publique ne peuvent pas fusionner ou se scinder avec des fondations
privées.

1076 CSA, art. 12:100, § 1er.


1077 CSA, art. 12:100, § 2.
1078 CSA, art. 12:101.
1079 CSA, art. 13:1, § 1er.

319
Fanny Streveler MA1 DROIT

Le transfert du patrimoine d’une association ou d’une fondation à une université ou une institution
de droit public leur permet de créer un fonds non personnalisé au sein de cette université ou
institution pour perpétuer l’œuvre du fondateur tout en faisant des économies en termes de
gestion.

B. Procédure
La procédure en cas de fusion ou de scission est inspirée de celle applicable aux sociétés mais elle
est plus simple.

Projet :
Les organes d’administration des personnes morales parties à l’opération doivent établir
conjointement un projet de fusion ou de scission. Ce projet doit décrire les motifs de cette
opération ainsi que l’ensemble de ses modalités et, si le patrimoine de la personne morale dissoute
est apporté à plusieurs bénéficiaires, la manière dont il est réparti. Ce projet ne doit pas être
déposé et publié.

Les organes d’administration ne doivent en revanche pas établir de rapport de fusion ou de


scission.

Etat comptable :
Ils doivent joindre à ce projet un état résumant la situation active et passive de la personne morale
appelée à se dissoudre clôturé à une date ne remontant pas à plus de 3 mois avant celle à laquelle
les organes compétents des personnes morales concernées doivent se prononcer et, si la personne
morale appelée à bénéficier de l’apport est une ASBL, une AISBL ou une fondation, un état
résumant la situation active et passive de celle-ci.

Rapport du commissaire, d’un réviseur d’entreprises ou d’un expert-comptable externe :


Le commissaire, un réviseur d’entreprises ou un expert-comptable externe doit établir un rapport
sur le projet d’opération et l’état résumant la situation active et passive qui y est jointe.

Ce rapport indique notamment si les états auxquels ils ont trait traduisent d’une manière complète,
fidèle et exacte la situation de la personne morale concernée.

Communication aux membres :


Le projet de fusion ou de scission, l’état résumant la situation active et passive des parties ainsi que
le rapport du commissaire, du réviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe sur ces états
doivent être transmis aux membres des associations concernées ou aux membres des organes des
autres personnes morales concernées.

Décision de l’association ou fondation transférente :


S’il s’agit d’une ASBL ou d’une AISBL, la décision doit être prise par son assemblée générale aux
conditions requises pour la modification de son but ou de son objet (quorum de présence de deux
tiers et majorité des quatre cinquièmes, sauf conditions plus strictes imposées par les statuts).

320
Fanny Streveler MA1 DROIT

S’il s’agit d’une fondation, la décision doit être prise par son organe d’administration statuant à
l’unanimité de ses membres1080.

L’intervention du notaire est requise.

Décision des bénéficiaires :


Ces décisions ne produisent leurs effets que si la ou les personne(s) morale(s) bénéficiaire(s) de
l’apport accepte(nt) l’apport.

S’il s’agit d’une ASBL ou d’une AISBL, la décision doit être prise par son assemblée générale aux
conditions requises pour la modification de son but ou de son objet, sauf conditions plus strictes
imposées par les statuts.

S’il s’agit d’une fondation, la décision doit être prise par son organe d’administration statuant à
l’unanimité de ses membres et, s’il s’agit d’une autre personne morale, par l’organe compétent aux
conditions requises par les dispositions légales, réglementaires ou statutaires qui lui sont
applicables1081.

L’intervention du notaire est requise sauf s’il s’agit d’une université ou d’une personne morale de
droit public1082.

C. Publicité
Les procès-verbaux doivent être déposés et publiés par extraits, ce qui rend la fusion ou la scission
opposable aux tiers.

Le CSA comporte à cet égard les mêmes exceptions qu’en cas de fusion et de scission (notamment
en ce qui concerne les droits réels immobiliers)1083.

D. Effets
La fusion ou la scission d’associations et de fondations produit certains effets identiques à ceux de
la fusion ou de la scission de sociétés :
- l’ensemble du patrimoine actif et passif de la personne morale dissoute est transféré à la ou
aux personne(s) morale(s) bénéficiaire(s) (même solution qu’en cas de scission des sociétés si
un élément du patrimoine actif ou passif n’est pas attribué dans le projet de scission)1084 ;
- les associations ou fondations qui fusionnent ou se scindent sont dissoutes de plein droit sans
liquidation1085.

A l’inverse de ce qui se passe en cas de fusion ou de scission de sociétés, les membres de


l’association dissoute ne deviennent pas membres de l’association bénéficiaire, à moins que le
projet de fusion ou de scission ne le prévoie1086.

1080 CSA, art. 13, § 3.


1081 CSA, art. 13:4, § 1er.
1082 CSA, art.13:4, § 2.
1083 CSA, art. 13:4, § 5 et 13:5.
1084 CSA, art. 13:1, § 2, al. 2 et 12:60.
1085 CSA, art. 13:1, § 2, al. 1° et 2°.
1086 CSA, art. 13:1, § 2, 3°.

321
Fanny Streveler MA1 DROIT

La question ne se pose évidemment pas pour les fondations.

E. Droit des créanciers de demander une sûreté


Le CSA permet aux créanciers de chacune des personnes morales qui participent à l’opération de
demander une sûreté, comme en matière de fusion et de scission de sociétés1087.

F. Responsabilité des sociétés bénéficiaires en cas de scission


En cas de scission, les personnes morales bénéficiaires demeurent solidairement tenues des dettes
certaines et exigibles au jour de la publication aux annexes du Moniteur belge des actes constatant
la scission ainsi que des dettes pour lesquelles une action a été introduite en justice ou par voie
d’arbitrage par le créancier avant l’acte constatant la scission. Leur responsabilité est limitée à
l’actif net attribué à chacune de ces personnes morales1088.

G. Nullité
Outre les cas de nullité des décisions de l’assemblée générale1089 (supra), le CSA prévoit les causes
de nullité suivantes pour les opérations de fusion et de scission d’associations et de fondations :
- si les décisions des assemblées générales ou des organes d’administration qui ont approuvé la
fusion ou la scission n’ont pas été constatées par acte authentique ;
- si ces décisions ont été prises en l’absence du projet de fusion ou de scission ou en l’absence
du rapport du commissaire, du reviseur d’entreprises ou de l’expert-comptable externe1090.

Le tribunal peut cependant attribuer un délai pour régulariser la situation.

2. APPORTS À TITRE GRATUIT D’UNIVERSALITÉ OU DE BRANCHE


D’ACTIVITÉS
L’apport à titre gratuit d’universalité ou de branche d’activités est en réalité une cession à titre
gratuit d’universalité ou de branche d’activités.

A. Régime
Les associations et les fondations peuvent soumettre cette opération au régime organisé par le CSA
pour les apports d’universalité et de branche d’activités, auquel cas le régime examiné ci-avant
pour les sociétés s’applique par analogie. Cette méthode s’écarte du parti pris du législateur de
répéter les dispositions légales pour chaque forme de personne morale plutôt que de faire des
renvois.

La décision de procéder à l’apport est prise aux conditions de quorum et de majorité requises pour
la modification des statuts, par l’assemblée générale dans les associations et par l’organe
d’administration dans les fondations.

1087 CSA, art. 13:6.


1088 CSA, art. 13:1, § 2, al. 2 et 12:17.
1089 CSA, art. 2:42.
1090 CSA, art. 13:7.

322
Fanny Streveler MA1 DROIT

L’acte constatant l’apport d’universalité ou l’apport de branche d’activités doit être établi en la
forme authentique1091.

B. Caractère facultatif
Le régime prévu par le CSA présente l’avantage d’entraîner un transfert de plein droit de
l’universalité ou de la branche d’activités qui est opposable aux tiers par la simple publication des
actes de transfert.

Il est cependant facultatif : les associations et fondations peuvent alternativement procéder à une
cession d‘universalité ou de branche d’activités conformément au droit commun.

1091 CSA, art. 13:10.

323
Fanny Streveler MA1 DROIT

TABLE DES
MATIERES

324
Fanny Streveler MA1 DROIT

COURS DROIT DES SOCIETES ET DES ASSOCIATIONS ................................................................................................. 1


PARTIE 1 – INTRODUCTION ..................................................................................................................................... 2
CHAPITRE 1 : PANORAMA GENERAL ........................................................................................................................ 3
NOTIONS ............................................................................................................................................................................ 4
CLASSIFICATIONS ............................................................................................................................................................... 5
1. CLASSIFICATIONS GÉNÉRALES ............................................................................................................................. 5
A. Jouissance de la personnalité morale ............................................................................................................................... 5
B. Existence de membres ...................................................................................................................................................... 6
C. Étendue de la responsabilité des associés ou des membres ............................................................................................ 6
D. En fonction du but ............................................................................................................................................................. 9
E. En fonction de la lex societatis (droit national ou droit européen) .................................................................................. 9
F. En fonction des seuils ...................................................................................................................................................... 10
2. CLASSIFICATIONS SPÉCIALES .............................................................................................................................13
A. Règles de protection du capital ou des capitaux propres ............................................................................................... 13
B. Cessibilité des parts ou actions ....................................................................................................................................... 13
C. Admission des titres sur un marché réglementé ............................................................................................................ 14
AGRÉMENT ......................................................................................................................................................................15
PROTECTION DU LABEL ....................................................................................................................................................16
BÉNÉFICIAIRES EFFECTIFS ................................................................................................................................................17
HISTORIQUE .....................................................................................................................................................................18
1. « ANCIEN » DROIT .............................................................................................................................................18
A. Sociétés............................................................................................................................................................................ 18
B. Associations et fondations .............................................................................................................................................. 19
2. LOI DU 23 MARS 2019 INTRODUISANT LE CSA ET PORTANT DES DISPOSITIONS DIVERSES .............................19
A. Architecture du CSA ........................................................................................................................................................ 21
DROIT TRANSITOIRE.........................................................................................................................................................22
1. 1ER MAI 2019 .....................................................................................................................................................22
2. 1ER JANVIER 2020...............................................................................................................................................22
3. 1ER JANVIER 2024...............................................................................................................................................22
A. Règles particulières applicables aux sociétés dont le capital est supprimé ................................................................... 23
B. Règles particulières applicables aux sociétés dont la forme est supprimée .................................................................. 23
C. Règles particulières applicables aux sociétés à finalité sociale....................................................................................... 24
D. Règles particulières applicables aux associations ........................................................................................................... 24
4. EXCEPTIONS .......................................................................................................................................................24
CHAPITRE 2 : THEORIES DE LA GOUVERNANCE D’ENTREPRISE................................................................................. 25
NOTIONS ..........................................................................................................................................................................26
THÉORIES ET MODÈLES ....................................................................................................................................................28
1. THÉORIE DE L’AGENCE ......................................................................................................................................28
A. Application aux relations entre les dirigeants et les actionnaires .................................................................................. 28
B. USA >< Europe ................................................................................................................................................................. 29
C. Raisons des conflits d’agence .......................................................................................................................................... 29
D. Mécanismes de gouvernance .......................................................................................................................................... 29
2. MODÈLE DE LA PRIMAUTÉ DES ACTIONNAIRES >< MODÈLE MANAGÉRIAL .....................................................30
A. Modèle de la primauté des actionnaires (Berle) ............................................................................................................. 30
B. Modèle managérial (Dodd) ............................................................................................................................................. 30
3. MODÈLE DES PARTIES PRENANTES ...................................................................................................................31
A. Compatibilité avec le modèle de la primauté de l’actionnaire ....................................................................................... 31
4. THÉORIE NÉOLIBÉRALE ......................................................................................................................................32
5. LAW AND ECONOMICS ......................................................................................................................................33
6. LAW AND FINANCE ............................................................................................................................................34
IMPACT DE CES THÉORIES ET MODÈLES SUR LA GE ET RSE ..............................................................................................35
1. SUR LA GOURVERNANCE D’ENTREPRISE ...........................................................................................................35
A. Intérêt social .................................................................................................................................................................... 35
B. Responsabilité des administrateurs ................................................................................................................................ 36
C. Obligations de transparence ........................................................................................................................................... 36
D. Instruments de gouvernance d’entreprise...................................................................................................................... 36
E. Acteurs de la gouvernance d’entreprise ......................................................................................................................... 39

325
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. SUR LA RESPONSABILITÉ SOCIÉTALE DES ENTREPRISES....................................................................................40


F. Instruments de la RSE...................................................................................................................................................... 40
G. Défis ................................................................................................................................................................................. 42

PARTIE 2 – SOCIETES ............................................................................................................................................. 43


TITRE 1 : CONDITIONS GENERALES DES SOCIETES ................................................................................................... 44
CONDITIONS GÉNÉRALES DE VALIDITÉ DES ACTES JURIDIQUES UNILATÉRAUX OU DES CONTRATS ...............................45
1. NOMBRE D’ASSOCIÉS ........................................................................................................................................45
2. CONSENTEMENT ...............................................................................................................................................45
3. CAPACITÉ ...........................................................................................................................................................45
4. OBJET ET CAUSE DE L’ENGAGEMENT DE CHAQUE ASSOCIÉ .............................................................................46
5. OBJET ET CAUSE DE LA SOCIÉTÉ ........................................................................................................................46
CONDITIONS COMMUNES À TOUTES LES SOCIÉTÉS ........................................................................................................46
1. APPORTS ............................................................................................................................................................46
2. BUT DE DISTRIBUER DES BÉNÉFICES .................................................................................................................47
A. Buts multiples .................................................................................................................................................................. 47
B. Clauses léonines .............................................................................................................................................................. 48
DISTINCTION AVEC LE CONTRAT DE PRÊT ........................................................................................................................49
TITRE 2 : SOCIETES SANS PERSONNALITE JURIDIQUE .............................................................................................. 51
ABSENCE DE PERSONNALITÉ JURIDIQUE .........................................................................................................................52
1. PATRIMOINE ......................................................................................................................................................52
2. ENREGISTREMENT AUPRÈS DE LA BCE ..............................................................................................................54
3. ACTIONS EN JUSTICE .........................................................................................................................................54
A. Principes : groupements sans personnalité juridique qui ne sont pas inscrits à la BCE ................................................. 55
B. Régime particulier : groupements sans personnalité juridique inscrits à la BCE ............................................................ 55
4. PROCÉDURES D’INSOLVABILITÉ.........................................................................................................................56
CONSTITUTION ................................................................................................................................................................57
1. CONDITIONS DE FOND ......................................................................................................................................57
2. FORMALITÉS ......................................................................................................................................................57
RÉGIME DES ASSOCIÉS ET DES PARTS ..............................................................................................................................57
1. RÉPARTITITION EN PARTS .................................................................................................................................57
2. INCESSIBILITÉ DES PARTS ..................................................................................................................................58
ADMINISTRATION ............................................................................................................................................................58
1. GÉRANTS............................................................................................................................................................58
A. Désignation de gérants.................................................................................................................................................... 58
B. Absence de désignation de gérants : mandat réciproque .............................................................................................. 59
2. ASSOCIÉS ...........................................................................................................................................................59
3. PATRIMOINE ET RSPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS ...............................................................................................59
4. COMPTABILITÉ...................................................................................................................................................60
DISSOLUTION ET LIQUIDATION ........................................................................................................................................60
1. CAUSES DE DISSOLUTION ..................................................................................................................................60
2. DÉMISSION ET EXCLUSION ................................................................................................................................61
3. RÉSOLUTION JUDICIAIRE PARTIELLE .................................................................................................................61
4. LIQUIDATION .....................................................................................................................................................61
TITRE 3 : SOCIETES DOTEES DE LA PERSONNALITE .................................................................................................. 62
CHAPITRE 1 : PRINCIPES GENERAUX ...................................................................................................................... 63
CONDITIONS GÉNÉRALES DE FORMATION ......................................................................................................................64
1. CONDITIONS DE FOND ......................................................................................................................................64
2. FORMALITÉS ......................................................................................................................................................64
A. Acte constitutif ................................................................................................................................................................ 64
B. Dépôt au greffe ............................................................................................................................................................... 66
C. Publication aux Annexes du Moniteur belge .................................................................................................................. 67
D. Formalités ultérieures ..................................................................................................................................................... 67
3. SANCTIONS ........................................................................................................................................................68
A. Nullité de l’engagement d’un associé ............................................................................................................................. 68

326
Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Nullité de la société ......................................................................................................................................................... 69


SOCIÉTÉS EN FORMATION ...............................................................................................................................................71
1. ENGAGEMENTS ET CRÉANCES...........................................................................................................................71
2. CONVENTIONS CONTRAIRES .............................................................................................................................71
3. EFFETS DE LA REPRISE DE L’ENGAGEMENT .......................................................................................................71
4. ANALYSE JURIDIQUE..........................................................................................................................................72
5. MODALITÉS DE LA REPRISE ...............................................................................................................................72
FINANCEMENT .................................................................................................................................................................72
1. TYPES DE FINANCEMENT...................................................................................................................................72
A. Apports ............................................................................................................................................................................ 72
B. Emprunt........................................................................................................................................................................... 73
C. Obligations....................................................................................................................................................................... 73
D. Crowdfunding .................................................................................................................................................................. 75
2. ÉLÉMENTS DE DROIT FINANCIER.......................................................................................................................75
A. Monopole d’intermédiation ............................................................................................................................................ 75
B. Offre publique ................................................................................................................................................................. 76
C. Appel au public en vue de recevoir des dépôts de fonds remboursables ...................................................................... 79
MEMBRES DES ORGANES D’ADMINISTRATION ...............................................................................................................80
1. PERSONNES PHYSIQUES OU MORALES .............................................................................................................80
A. Représentant permanent de sociétés à responsabilité illimitée .................................................................................... 81
B. Interdictions et incompatibilités ..................................................................................................................................... 81
COMPTES ET CONTROLE ..................................................................................................................................................82
1. COMPTES ANNUELS...........................................................................................................................................82
A. Contenu ........................................................................................................................................................................... 82
B. Approbation par l’assemblée générale ........................................................................................................................... 83
C. Publication ....................................................................................................................................................................... 83
D. Sanctions pénales ............................................................................................................................................................ 83
2. RAPPORT DE GESTION .......................................................................................................................................84
3. EXERCICE SOCIAL ...............................................................................................................................................85
4. COMMISSAIRE ...................................................................................................................................................85
A. Absence de commissaire ................................................................................................................................................. 86
DISTINCTION ENTRE LES SOCIÉTÉS EN FONCTION DE LEUR DEGRÉ DE RÉGLEMENTATION.............................................86
CHAPITRE 2 : SNC ET SCOMM ................................................................................................................................ 88
ÉTENDUE DE LA RESPONSABILITÉ DES ASSOCIÉS .............................................................................................................89
GESTION ...........................................................................................................................................................................90
DURÉE ..............................................................................................................................................................................90
DISPENSES........................................................................................................................................................................91
CHAPITRE 3 : SA .................................................................................................................................................... 92
CONSTITUTION ................................................................................................................................................................93
1. CONDITIONS DE FOND ......................................................................................................................................93
A. Règles relatives au capital ............................................................................................................................................... 93
B. Règles relatives au plan financier .................................................................................................................................... 94
C. Règles relatives aux apports ............................................................................................................................................ 95
2. CONDITIONS DE FORME ..................................................................................................................................101
3. SANCTIONS ......................................................................................................................................................101
A. Nullité ............................................................................................................................................................................101
B. Responsabilité civile des fondateurs .............................................................................................................................102
C. Responsabilité pénale des fondateurs ..........................................................................................................................106
D. Responsabilité de tiers ..................................................................................................................................................106
TITRES ............................................................................................................................................................................106
1. ACTIONS ..........................................................................................................................................................106
A. Actions avec droit de vote .............................................................................................................................................107
B. Actions sans droit de vote .............................................................................................................................................108
C. Suspension du droit de vote..........................................................................................................................................108
2. PARTS BÉNÉFICIAIRES ......................................................................................................................................108
3. DROITS DE SOUSCRIPTION ..............................................................................................................................109
4. OBLIGATIONS...................................................................................................................................................109

327
Fanny Streveler MA1 DROIT

5. FORME DES TITRES ..........................................................................................................................................110


6. INDIVISIBILITÉ DES TITRES ...............................................................................................................................110
7. CESSION ET TRANSMISSION DE TITRES ...........................................................................................................110
A. Clauses limitant la cessibilité .........................................................................................................................................111
B. Clause conventionnelle ou statutaire ...........................................................................................................................115
C. Publicité .........................................................................................................................................................................116
D. Cession d’actions non entièrement libérées .................................................................................................................116
8. PUBLICITÉ DES PARTICIPATIONS IMPORTANTES.............................................................................................116
A. Sociétés non cotées .......................................................................................................................................................116
B. Sociétés cotées ..............................................................................................................................................................117
9. CERTIFICATION ................................................................................................................................................118
ADMINISTRATION ..........................................................................................................................................................118
1. MODÈLES DE GOUVERNANCE .........................................................................................................................118
A. Premier modèle : conseil d’administration classique ...................................................................................................118
B. Deuxième modèle : administrateur unique ..................................................................................................................122
C. Troisième modèle : administration duale .....................................................................................................................123
2. CONFLITS D’INTÉRÊTS AU SEIN DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION ...............................................................124
A. Conseil d’administration classique ................................................................................................................................124
B. Administration unique...................................................................................................................................................125
C. Système dual .................................................................................................................................................................126
3. OPÉRATIONS AVEC UNE PARTIE LIÉE ..............................................................................................................127
A. Procédure ......................................................................................................................................................................127
4. DÉLÉGUÉ À LA GESTION JOURNALIÈRE ...........................................................................................................128
5. COMITÉS ..........................................................................................................................................................129
A. Comité d’audit ...............................................................................................................................................................129
B. Comité de rémunération ...............................................................................................................................................130
C. Comité de nomination...................................................................................................................................................130
6. REPRÉSENTATION ............................................................................................................................................131
A. Organe d’administration ...............................................................................................................................................131
B. Clause de double signature ...........................................................................................................................................131
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ..................................................................................................................................................131
1. POUVOIRS........................................................................................................................................................131
2. CONVOCATION ................................................................................................................................................132
A. Auteur ............................................................................................................................................................................132
B. Contenu .........................................................................................................................................................................132
C. Formalités et délais .......................................................................................................................................................132
3. ENREGISTREMENT ...........................................................................................................................................133
4. FORMALITÉS POUR ÊTRE ADMIS À L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE .........................................................................133
5. QUESTIONS DES ACTIONNAIRES .....................................................................................................................133
6. SUJETS À TRAITER ET PROPOSITIONS DE DÉCISIONS PAR DES ACTIONNAIRES ..............................................134
7. MODALITÉS DU VOTE ......................................................................................................................................134
8. RÉUNION .........................................................................................................................................................134
9. RÈGLES DE QUORUM ET DE MAJORITÉ ...........................................................................................................135
10. RÉSOLUTIONS PAR ÉCRIT ............................................................................................................................135
11. CONVENTIONS DE VOTE .............................................................................................................................135
RÉSERVES ET DIVIDENDES..............................................................................................................................................135
1. RÉSERVES.........................................................................................................................................................135
2. DIVIDENDES .....................................................................................................................................................135
MODIFICATIONS DES STATUTS ......................................................................................................................................136
(AUTRES QUE LES OPÉRATIONS SUR LE CAPITAL) ..........................................................................................................136
1. COMPÉTENCE DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ....................................................................................................136
A. Déplacement du siège ...................................................................................................................................................136
B. Site internet ...................................................................................................................................................................137
C. Capital autorisé..............................................................................................................................................................137
2. DISPOSITIONS DES STATUTS POUVANT ÊTRE MODIFIÉES...............................................................................137
3. CONDITIONS DE QUORUM ET DE MAJORITÉ ..................................................................................................137
4. ACTE AUTHENTIQUE........................................................................................................................................138
5. COORDINATION DES STATUTS ........................................................................................................................138
6. RÈGLES SPÉCIFIQUES EN CAS DE MODIFICATION DE L’OBJET.........................................................................138

328
Fanny Streveler MA1 DROIT

7. RÈGLES SPÉCIFIQUES EN CAS DE MODIFICATION DES DROITS RESPECTIFS ATTACHÉS AUX DIFFÉRENTES
CLASSES DE TITRES ....................................................................................................................................................139
A. Procédure ......................................................................................................................................................................140
OPÉRATIONS SUR LE CAPITAL ........................................................................................................................................141
1. AUGMENTATION DU CAPITAL .........................................................................................................................141
A. Organe compétent ........................................................................................................................................................141
B. Modes ............................................................................................................................................................................142
C. Augmentation de capital en un seul ou plusieurs actes ...............................................................................................142
D. Interdiction de la souscription par la société elle-même ou ses filiales .......................................................................143
E. Prix d’émission...............................................................................................................................................................143
F. Emission d’obligations convertibles ou de droits de souscription ................................................................................144
G. Droit de préférence .......................................................................................................................................................144
H. Responsabilité des administrateurs ..............................................................................................................................145
2. RÉDUCTION DU CAPITAL .................................................................................................................................146
A. Réduction par remboursement ou dispense ................................................................................................................146
B. Réduction en vue d’apurer une perte subie ou en vue de constituer une réserve pour couvrir une perte prévisible 147
ASSISTANCE FINANCIÈRE ...............................................................................................................................................147
1. CONDITIONS ....................................................................................................................................................147
ACQUISITION D’ACTIONS PROPRES ...............................................................................................................................148
1. OBJECTIFS ........................................................................................................................................................148
2. CONDITIONS ....................................................................................................................................................148
3. RÉGIME DE LA DÉTENTION..............................................................................................................................149
4. RÉGIME DE L’ALIÉNATION ...............................................................................................................................150
5. REPORTING ET PUBLICITÉ................................................................................................................................150
6. ACQUISITION, DÉTENTION ET ALIÉNATION PAR UNE FILIALE DIRECTE ..........................................................150
7. SANCTIONS ......................................................................................................................................................150
8. PRISE EN GAGE ................................................................................................................................................151
SONNETTE D’ALARME ....................................................................................................................................................151
1. RÉDUCTION GRAVE DE L’ACTIF NET ................................................................................................................151
2. MISE EN PÉRIL DE LA CONTINUITÉ DE L’ENTREPRISE......................................................................................152
OFFRES PUBLIQUES D’ACQUISITION ..............................................................................................................................152
1. CONDITIONS ....................................................................................................................................................153
2. PROCÉDURE .....................................................................................................................................................153
3. RÉOUVERTURE DE L’OFFRE .............................................................................................................................155
4. CONTRE-OFFRE ET SURENCHÈRE ....................................................................................................................155
5. MODIFICATION OU RETRAIT DE L’OFFRE ........................................................................................................155
6. OFFRE DE REPRISE PAR L’OFFRANT APRÈS UNE OFFRE VOLONTAIRE ............................................................156
7. DROIT DE VENTE APRÈS UNE OFFRE VOLONTAIRE .........................................................................................156
8. MESURES DE DÉFENSE ANTI-OPA ...................................................................................................................156
A. Réglementation .............................................................................................................................................................157
OFFRES DE REPRISE ........................................................................................................................................................159
1. SOCIÉTÉS COTÉES ............................................................................................................................................159
A. Conditions......................................................................................................................................................................159
B. Procédure ......................................................................................................................................................................159
C. Effet ...............................................................................................................................................................................160
2. SOCIÉTÉS NON COTÉES ....................................................................................................................................160
A. Conditions......................................................................................................................................................................160
B. Effet ...............................................................................................................................................................................160

CHAPITRE 4 : SRL .................................................................................................................................................161


CONSTITUTION ..............................................................................................................................................................162
1. COMPARAISON AVEC LES SA ...........................................................................................................................162
A. Différences ....................................................................................................................................................................162
B. Points communs ............................................................................................................................................................162
2. SANCTIONS ......................................................................................................................................................163
TITRES ............................................................................................................................................................................163
1. ACTIONS ..........................................................................................................................................................163
A. Actions avec et sans droit de vote ................................................................................................................................164
B. Classes d’actions ............................................................................................................................................................164

329
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. TITRES AUTRES QUE LES ACTIONS...................................................................................................................164


3. FORME .............................................................................................................................................................165
4. CESSION ...........................................................................................................................................................165
ADMINISTRATION ..........................................................................................................................................................166
1. MODÈLES DE GOUVERNANCE .........................................................................................................................166
2. STATUT DES ADMINISTRATEURS .....................................................................................................................167
3. GESTION JOURNALIÈRE ...................................................................................................................................167
4. CONFLITS D’INTÉRÊTS AU SEIN DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION ...............................................................168
A. Administrateurs disposant de pouvoirs concurrents ....................................................................................................168
B. Organe collégial .............................................................................................................................................................168
C. Administrateur unique ..................................................................................................................................................168
D. Procédure ......................................................................................................................................................................168
E. Exceptions .....................................................................................................................................................................169
5. RÈGLES SPÉCIFIQUES APPLICABLES AUX SRL COTÉES .....................................................................................169
A. Quotas ...........................................................................................................................................................................169
B. Opérations avec une partie liée ....................................................................................................................................169
C. Comités ..........................................................................................................................................................................169
6. REPRÉSENTATION ............................................................................................................................................169
A. Organe d’administration ...............................................................................................................................................169
B. Clause de double signature ...........................................................................................................................................169
C. Délégué à la gestion journalière....................................................................................................................................170
D. Mandats spéciaux ..........................................................................................................................................................170
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE & MODIFICATION DES STATUTS ...............................................................................................170
(AUTRES QUE LES OPÉRATIONS SUR TITRES) .................................................................................................................170
RÉSERVES ET DIVIDENDES..............................................................................................................................................170
1. RÉSERVES.........................................................................................................................................................170
2. DIVIDENDES .....................................................................................................................................................170
A. Test d’actif net ...............................................................................................................................................................171
B. Test de liquidité .............................................................................................................................................................171
OPÉRATIONS SUR TITRES ...............................................................................................................................................172
1. ÉMISSION DE NOUVELLES ACTIONS ................................................................................................................172
A. Organe compétent ........................................................................................................................................................172
B. Emission de nouvelles actions par apports ...................................................................................................................172
C. Droit de préférence .......................................................................................................................................................173
D. Renvoi au régime applicable aux SA..............................................................................................................................173
2. ADMISSION, DÉMISSION ET EXCLUSION .........................................................................................................173
A. Admission ......................................................................................................................................................................173
B. Démission ......................................................................................................................................................................174
C. Exclusion ........................................................................................................................................................................175
D. Formalités ......................................................................................................................................................................175
ASSISTANCE FINANCIÈRE ...............................................................................................................................................176
ACQUISITION ET PRISE EN GAGE D’ACTIONS PROPRES..................................................................................................176
1. CONDITIONS ....................................................................................................................................................176
2. RÉGIME DE LA DÉTENTION..............................................................................................................................177
3. RÉGIME DE L’ALIÉNATION ...............................................................................................................................177
4. PRISE EN GAGE ................................................................................................................................................177
SONNETTE D’ALARME ....................................................................................................................................................177
1. RÉDUCTION GRAVE DE L’ACTIF NET ................................................................................................................177
2. TEST DE LIQUIDITÉ...........................................................................................................................................178
3. MISE NE PÉRIL DE LA CONTINUITÉ DE L’ENTREPRISE......................................................................................178
CHAPITRE 5 : SC ...................................................................................................................................................179
CONSTITUTION ..............................................................................................................................................................180
1. ACTE CONSTITUTIF ..........................................................................................................................................180
2. NOMBRE D’ACTIONNAIRES .............................................................................................................................180
3. BUT ..................................................................................................................................................................180
4. RENVOI AU RÉGIME APPLICABLE AUX SRL ......................................................................................................181
AGRÉMENTS...................................................................................................................................................................181
1. SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE ......................................................................................................................181

330
Fanny Streveler MA1 DROIT

2. ENTREPRISE SOCIALE .......................................................................................................................................182


3. DOUBLE AGRÉMENT........................................................................................................................................183
TITRES ............................................................................................................................................................................183
1. ACTIONS ET OBLIGATIONS ..............................................................................................................................183
2. FORME .............................................................................................................................................................184
3. CESSION ...........................................................................................................................................................184
ADMINISTRATION ..........................................................................................................................................................185
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE & MODIFICATION DES STATUTS ...............................................................................................185
RÉSERVES ET DIVIDENDES..............................................................................................................................................185
OPÉRATIONS SUR TITRES ...............................................................................................................................................185
1. ORIGINALITÉ DES SC ........................................................................................................................................185
2. ADMISSION ......................................................................................................................................................186
3. DÉMISSION ......................................................................................................................................................186
4. EXCLUSION ......................................................................................................................................................187
5. MISE À JOUR DU REGISTRE..............................................................................................................................187
ASSISTANCE FINANCIÈRE ...............................................................................................................................................188
ACQUISITION D’ACTIONS PROPRES ...............................................................................................................................188
SONNETTE D’ALARME ....................................................................................................................................................188
CHAPITRE 6 : GROUPEMENTS EUROPEENS ............................................................................................................189
SE ...................................................................................................................................................................................190
1. LOI APPLICABLE ...............................................................................................................................................190
A. Hiérarchie des normes ..................................................................................................................................................191
2. FACTEUR DE RATTACHEMENT.........................................................................................................................191
3. CONSTITUTION ................................................................................................................................................192
A. Constitution d’une SE holding .......................................................................................................................................192
B. Constitution d’une SE filiale ..........................................................................................................................................193
C. Transformation ..............................................................................................................................................................193
D. Fusion ............................................................................................................................................................................194
E. Acquisition de la personnalité morale ..........................................................................................................................194
4. IMPLICATION DES TRAVAILLEURS ...................................................................................................................194
5. ORGANES .........................................................................................................................................................195
6. TRANSFERT TRANSFRONTALIER ......................................................................................................................195
7. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS ....................................................................................................................196
A. Avantages ......................................................................................................................................................................196
B. Inconvénients ................................................................................................................................................................196
SCE .................................................................................................................................................................................196
1. LOI APPLICABLE ...............................................................................................................................................197
2. CONSTITUTION ................................................................................................................................................197
A. Constitution par des associés ........................................................................................................................................197
B. Transformation ..............................................................................................................................................................197
C. Fusion ............................................................................................................................................................................198
3. IMPLICATION DES TRAVAILLEURS ...................................................................................................................198
4. ORGANES .........................................................................................................................................................198
5. TRANSFERT TRANSFRONTALIER ......................................................................................................................198
GEIE ................................................................................................................................................................................199
1. LOI APPLICABLE ...............................................................................................................................................200
2. MEMBRES ........................................................................................................................................................200
3. APPORTS ET CAPITAL .......................................................................................................................................200
4. FORMALITÉS ....................................................................................................................................................200
5. ORGANES .........................................................................................................................................................201
6. NOMBRE DE TRAVAILLEURS ............................................................................................................................201
7. TRANSFERT DU SIÈGE ......................................................................................................................................201
8. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS ....................................................................................................................201
A. Avantages ......................................................................................................................................................................201
B. Inconvénients ................................................................................................................................................................201

CHAPITRE 7 : GROUPE – FILIALES – SUCCURSALES .................................................................................................202

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Fanny Streveler MA1 DROIT

CONTRÔLE .....................................................................................................................................................................203
1. CONTRÔLE DE DROIT .......................................................................................................................................203
2. CONTRÔLE DE FAIT ..........................................................................................................................................204
3. CONTRÔLE DIRECT ET CONTRÔLE INDIRECT ...................................................................................................204
4. CONTRÔLE EXCLUSIF ET CONTRÔLE CONJOINT ..............................................................................................204
INTÉRÊT SOCIAL .............................................................................................................................................................205
1. JURISPRUDENCE ..............................................................................................................................................205
RESPONSABILITÉ DE LA SOCIÉTÉ-MÈRE POUR SES FILIALES ...........................................................................................206
1. RESPONSABILITÉ ENVERS LES CRÉANCIERS .....................................................................................................206
A. Responsabilité contractuelle de la société-mère ..........................................................................................................206
B. Responsabilité extracontractuelle de la société-mère .................................................................................................207
C. Levée du voile social ......................................................................................................................................................207
D. Droit de la concurrence .................................................................................................................................................207
E. Responsabilité des administrateurs de la filiale ou des administrateurs de la société-mère ......................................207
2. RESPONSABILITÉ ENVERS LES ACTIONNAIRES MINORITAIRES........................................................................207
A. Mesures préventives .....................................................................................................................................................207
B. Actions en justice ..........................................................................................................................................................208
RÉGIME DES SUCCURSALES ...........................................................................................................................................208
1. DOSSIER ...........................................................................................................................................................208
2. COMPTES ANNUELS.........................................................................................................................................209
3. SANCTIONS ......................................................................................................................................................209
4. MENTIONS DANS LES ACTES............................................................................................................................209
CHAPITRE 8 : CONFLITS ........................................................................................................................................210
DROIT D’INVESTIGATION INDIVIDUEL ...........................................................................................................................211
1. CHAMP D’APPLICATION ..................................................................................................................................212
2. OBJECTIF ..........................................................................................................................................................212
ACTION EN DÉSIGNATION D’UN EXPERT........................................................................................................................212
1. CHAMP D’APPLICATION ..................................................................................................................................212
2. OBJECTIF ..........................................................................................................................................................213
ACTION EN NULLITÉ DE VOTES OU DE DÉCISIONS .........................................................................................................213
1. CHAMP D’APPLICATION ..................................................................................................................................213
2. CAUSES DE NULLITÉ.........................................................................................................................................213
A. Causes de nullité des votes ...........................................................................................................................................213
B. Causes de nullité des décisions .....................................................................................................................................213
3. DEMANDEUR ...................................................................................................................................................214
4. DÉFENDEUR .....................................................................................................................................................214
5. SUSPENSION ....................................................................................................................................................215
6. RÉPARATION ....................................................................................................................................................215
7. EFFETS DE LA NULLITÉ OU DE LA SUSPENSION DE LA DÉCISION ....................................................................215
8. PRESCRIPTION .................................................................................................................................................216
ACTION EN RESPONSABILITÉ CONTRE LES ACTIONNAIRES ............................................................................................216
ACTION EN RESPONSABILITÉ CONTRE LES ADMINISTRATEURS .....................................................................................216
1. RESPONSABILITÉ DE NATURE CONTRACTUELLE ENVERS LA PERSONNE MORALE .........................................216
A. Champ d’application......................................................................................................................................................217
B. Fautes commises dans l’accomplissement de leur mission ..........................................................................................217
C. Décharge........................................................................................................................................................................217
D. Exonération ...................................................................................................................................................................218
E. Titulaires de l’action en responsabilité .........................................................................................................................218
2. RESPONSABILITÉ DE NATURE AQUILIENNE ENVERS LES TIERS .......................................................................219
A. Action en responsabilité extracontractuelle par des cocontractants de la société – application de la théorie du
concours de responsabilités.....................................................................................................................................................220
B. Action en responsabilité extracontractuelle par des créanciers de la société – application de la théorie du cumul de
responsabilités .........................................................................................................................................................................220
C. Actions contre les dirigeants en cas de faillite ..............................................................................................................221
D. Titulaires de l’action en responsabilité .........................................................................................................................222
3. CAS PARTICULIER : RESPONSABILTIÉ EN MATIÈRE DE CONFLITS D’INTÉRÊTS ................................................222
A. Méconnaissance des règles en matière de conflits d’intérêts ......................................................................................222
B. Respect des règles en matière de conflits d’intérêts mais préjudice causé à la société ou aux tiers ..........................223

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Fanny Streveler MA1 DROIT

4. RESPONSABILITÉ POUR LES DETTES FISCALES ET SOCIALES DE LA PERSONNE MORALE ................................223


5. LIMITATION LÉGALE DE LA RESPONSABILITÉ DES MEMBRES DE L’ORGANE D’ADMINISTRATION ET DES
DÉLÉGUÉS À LA GESTION JOURNALIÈRE ...................................................................................................................224
A. Caractère impératif .......................................................................................................................................................224
B. Champ d’application......................................................................................................................................................224
C. Montants des plafonds..................................................................................................................................................225
D. Exceptions .....................................................................................................................................................................225
E. Limitations conventionnelles de la responsabilité ........................................................................................................226
6. RESPONSABILITÉ PÉNALE ................................................................................................................................226
ACTIONS EN EXCLUSION ET EN RETRAIT ........................................................................................................................226
1. ACTION EN EXCLUSION....................................................................................................................................227
A. Conditions......................................................................................................................................................................227
B. Distinction entre l’exclusion au sens de l’article 2:63 du CSA et l’exclusion au sens de l’article 5:155 du CSA ...........227
C. Inaliénabilité ..................................................................................................................................................................228
D. Transfert de propriété et paiement du prix ..................................................................................................................228
2. ACTION EN RETRAIT ........................................................................................................................................229
A. Conditions......................................................................................................................................................................229
B. Distinction entre le retrait au sens de l’article 2:68 du CSA et la démission au sens de l’article 5:154 du CSA ...........229
C. Absence d’inaliénabilité ................................................................................................................................................229
D. Transfert de la propriété des titres et paiement du prix ..............................................................................................230
ACTION EN DÉSIGNATION D’UN ADMINISTRATEUR PROVISOIRE .................................................................................230
1. CIRCONSTANCES JUSTIFIANT LA DÉSIGNATION D’UN ADMINISTRATEUR PROVISOIRE .................................230
2. PUBLICITÉ ........................................................................................................................................................231
3. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS ....................................................................................................................231
4. COMPARAISON AVEC LA DÉSIGNATION D’UN MANDATAIRE DE JUSTICE OU D’UN ADMINISTRATEUR
PROVISOIRE CONFORMÉMENT AU CDE ...................................................................................................................231
ACTION EN NULLITÉ DE L’ENGAGEMENT D’UN ASSOCIÉ OU ACTIONNAIRE OU DE LA SOCIÉTÉ ELLE-MÊME ................232
ACTION EN DISSOLUTION DE LA SOCIÉTÉ ......................................................................................................................232
PARTIE 3 – ASSOCIATIONS ET FONDATIONS ..........................................................................................................233
CHAPITRE 1 : PRINCIPES GENERAUX .....................................................................................................................234
LIBERTÉ D’ASSOCIATION ................................................................................................................................................235
1. RESTRICTIONS ..................................................................................................................................................235
A. Conditions......................................................................................................................................................................235
B. Applications ...................................................................................................................................................................235
2. LIBERTÉ POSITIVE ET LIBERTÉ NÉGATIVE ........................................................................................................236
A. Liberté positive ..............................................................................................................................................................236
B. Liberté négative .............................................................................................................................................................237
3. ADHÉSION OBLIGATOIRE À UNE ASSOCIATION POUR PROFITER DE CERTAINS AVANTAGES ........................237
4. ADHÉSION À UNE ASSOCIATION IMPOSÉE PAR UN CONTRAT........................................................................238
5. DROIT DE REFUSER DE NOUVEAUX MEMBRES ...............................................................................................238
ACTIVITÉS ET BUT ...........................................................................................................................................................239
1. ACTIVITÉS.........................................................................................................................................................239
A. Exception : règle de droit transitoire ............................................................................................................................239
2. BUT ..................................................................................................................................................................240
FINANCEMENT ...............................................................................................................................................................241
1. « APPORTS » ....................................................................................................................................................242
A. Nature juridique ............................................................................................................................................................242
B. Droit de reprise..............................................................................................................................................................243
2. COTISATIONS ...................................................................................................................................................243
A. Plafond...........................................................................................................................................................................243
B. Adhérents ......................................................................................................................................................................243
C. Montant .........................................................................................................................................................................244
D. Défaut de paiement.......................................................................................................................................................244
3. LIBÉRALITÉS .....................................................................................................................................................244
A. Actes visés et non visés .................................................................................................................................................244
B. Procédure ......................................................................................................................................................................245
4. EMPRUNTS ET OBLIGATIONS ..........................................................................................................................245
A. Contrat d’emprunt ........................................................................................................................................................245

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Fanny Streveler MA1 DROIT

B. Obligations.....................................................................................................................................................................245
5. CROWDFUNDING ............................................................................................................................................247
6. PRODUIT DES ACTIVITÉS..................................................................................................................................247
STATUTS ET RÈGLEMENT D’ORDRE INTÉRIEUR..............................................................................................................247
1. ORGANE COMPÉTENT .....................................................................................................................................248
2. PUBLICITÉ ........................................................................................................................................................248
3. CONTENU.........................................................................................................................................................248
CHAPITRE 2 : ASBL ...............................................................................................................................................249
CONSTITUTION ..............................................................................................................................................................250
1. CONDITIONS DE FOND ....................................................................................................................................250
2. FORMALITÉS DE CONSTITUTION .....................................................................................................................250
3. FORMALITÉS POSTÉRIEURES À LA PASSATION DE L’ACTE CONSTITUTIF ........................................................250
4. NULLITÉ ...........................................................................................................................................................251
MEMBRES ......................................................................................................................................................................252
1. NOMBRES ET QUALITÉ ....................................................................................................................................252
2. MEMBRES EFFECTIFS ET ADHÉRENTS .............................................................................................................252
3. CATÉGORIES ....................................................................................................................................................253
4. ADMISSION ET SORTIE.....................................................................................................................................253
A. Admission ......................................................................................................................................................................253
B. Démission ......................................................................................................................................................................253
C. Décès .............................................................................................................................................................................254
D. Exclusion ........................................................................................................................................................................254
E. Suspension.....................................................................................................................................................................255
F. Condition résolutoire ....................................................................................................................................................256
G. Effets de la perte de la qualité de membre...................................................................................................................256
5. DROITS ET OBLIGATIONS .................................................................................................................................256
A. Membres effectifs et adhérents....................................................................................................................................256
B. Droits .............................................................................................................................................................................257
C. Obligations.....................................................................................................................................................................257
D. Responsabilité ...............................................................................................................................................................258
ORGANE D’ADMINISTRATION........................................................................................................................................258
1. ORGANE D’ADMINISTRATION COLLÉGIAL .......................................................................................................258
2. ADMINISTRATEURS .........................................................................................................................................259
A. Nomination, rémunération et révocation .....................................................................................................................259
B. Représentation au conseil d’administration .................................................................................................................259
3. POUVOIRS........................................................................................................................................................260
4. REPRÉSENTATION VIS-À-VIS DES TIERS ...........................................................................................................260
5. CONFLITS D’INTÉRÊT .......................................................................................................................................260
6. DÉLIBÉRATIONS ÉCRITES .................................................................................................................................262
7. GESTION JOURNALIÈRE ...................................................................................................................................262
8. SONNETTE D’ALARME .....................................................................................................................................262
ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ..................................................................................................................................................263
1. POUVOIRS........................................................................................................................................................263
2. CONVOCATION ................................................................................................................................................263
3. MODIFICATION DES STATUTS..........................................................................................................................264
CHAPITRE 3 : AISBL ..............................................................................................................................................265
CONSTITUTION ..............................................................................................................................................................266
1. CONDITIONS DE FOND ....................................................................................................................................266
A. But désintéressé ............................................................................................................................................................266
B. But d’utilité internationale ............................................................................................................................................266
2. FORMALITÉS ....................................................................................................................................................266
A. Acte authentique ...........................................................................................................................................................266
B. Arrêté royal de reconnaissance.....................................................................................................................................266
C. Nullité ............................................................................................................................................................................267
MEMBRES ......................................................................................................................................................................267
1. NOMBRE ET QUALITÉ ......................................................................................................................................267
2. CATÉGORIES ....................................................................................................................................................267

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Fanny Streveler MA1 DROIT

3. ADMISSION ET SORTIE.....................................................................................................................................267
GOUVERNANCE..............................................................................................................................................................268
1. ORGANE D’ADMINISTRATION .........................................................................................................................268
2. ASSEMBLÉE GÉNÉRALE ....................................................................................................................................268
3. MODIFICATION DES STATUTS..........................................................................................................................268
CHAPITRE 4 : FONDATIONS ..................................................................................................................................270
CONSTITUTION ..............................................................................................................................................................271
1. CONDITIONS DE FOND ....................................................................................................................................271
2. FORMALITÉS ....................................................................................................................................................272
3. NULLITÉ ...........................................................................................................................................................272
GOUVERNANCE..............................................................................................................................................................272
1. ORGANE D’ADMINISTRATION .........................................................................................................................272
A. Pouvoirs .........................................................................................................................................................................272
B. Représentation de la fondation ....................................................................................................................................273
C. Conflits d’intérêts ..........................................................................................................................................................273
D. Délibérations par écrit ...................................................................................................................................................274
2. ADMINISTRATEURS .........................................................................................................................................274
A. Nomination ....................................................................................................................................................................274
B. Fin des fonctions............................................................................................................................................................274
C. Représentation au sein de l’organe d’administration...................................................................................................275
3. GESTION JOURNALIÈRE ...................................................................................................................................275
4. MODIFICATION DES STATUTS..........................................................................................................................275
PARTIE 4 – OPERATIONS EXCEPTIONNELLES ..........................................................................................................276
CHAPITRE 1 : DISSOLUTION ET LIQUIDATION ........................................................................................................277
CAUSES DE DISSOLUTION...............................................................................................................................................278
1. DISSOLUTION VOLONTAIRE PAR DÉCISION DE L’ASSEMBLÉE GÉNÉRALE .......................................................279
A. Sociétés simples, snc, scomm et petites associations ..................................................................................................279
B. Autres societes et grandes associations........................................................................................................................280
2. CAUSES DE DISSOLUTION DE PLEIN DROIT .....................................................................................................281
A. Expiration du terme.......................................................................................................................................................281
B. Réalisation d’une condition résolutoire expresse .........................................................................................................282
C. Impossibilité de réaliser l’objet ou réaliser de l’objet ...................................................................................................282
D. Décès, incapacité, faillite ou liquidation d’un associé ..................................................................................................282
3. DISSOLUTION JUDICIAIRE ................................................................................................................................282
A. Sociétés..........................................................................................................................................................................282
B. Associations ...................................................................................................................................................................283
C. Procédure commune aux sociétés et associations .......................................................................................................284
D. Fondations .....................................................................................................................................................................285
LIQUIDATION .................................................................................................................................................................286
1. EFFET DE LA DISSOLUTION ..............................................................................................................................286
2. PHASE DE LIQUIDATION ..................................................................................................................................286
A. Distinction......................................................................................................................................................................286
B. Nomintion des liquidateurs ...........................................................................................................................................287
C. Absence de nomination de liquidateurs .......................................................................................................................288
D. Dépôt et publicitation de l’acte de nomination ............................................................................................................289
E. Mission des liquidateurs................................................................................................................................................289
F. Formalités en cours de liquidation ................................................................................................................................289
G. Clôture de la liquidation ................................................................................................................................................290
H. Actifs et passifs oubliés .................................................................................................................................................290
3. DISSOLUTION ET LIQUIDATION EN UN SEUL ACTE..........................................................................................291
A. Conditions......................................................................................................................................................................291
B. Actifs restants ................................................................................................................................................................292
C. Passifs oubliés................................................................................................................................................................292
4. DISSOLUTION AVEC CLÔTURE IMMÉDIATE DE LA LIQUIDATION ET DISSOLUTION SANS LIQUIDATION ........293
A. Dissolution avec clôture immédiate de la liquidation...................................................................................................293
B. Dissolution sans liquidation ..........................................................................................................................................293
5. RÉOUVERTURE DE LA LIQUIDATION................................................................................................................293

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Fanny Streveler MA1 DROIT

A. Conditions......................................................................................................................................................................293
B. Effet ...............................................................................................................................................................................293

CHAPITRE 2 : TRANSFORMATION .........................................................................................................................294


PRINCIPES GÉNÉRAUX....................................................................................................................................................296
1. ANALYSE EN UNE MODIFICATION DES STATUTS.............................................................................................296
2. CONDITIONS PROPRES À LA FORME DE PERSONNE MORALE ADOPTÉE ........................................................296
3. SANCTIONS ......................................................................................................................................................296
HYPOTHÈSES DE TRANSFORMATION .............................................................................................................................297
1. TRANSFORMATION ENTRE SOCIÉTÉS ..............................................................................................................297
A. Rapport justificatif .........................................................................................................................................................297
B. Règles de quorum et de majorité..................................................................................................................................297
C. Règles particulières en cas de transformation en SA, SE ou SCE ..................................................................................298
D. Inapplication des règles spécifiques à la constitution ..................................................................................................298
E. Acte authentique ...........................................................................................................................................................298
F. Statuts............................................................................................................................................................................298
G. Dépôt et publication ......................................................................................................................................................299
H. Exception .......................................................................................................................................................................299
I. Responsabilité des associés en nom collectif ou commandités pour les dettes sociales.............................................299
J. Responsabilité des « transformateurs » .......................................................................................................................299
K. Faculté de démission dans les SC ..................................................................................................................................299
2. TRANSFORMATION D’UNE SOCIÉTÉ EN ASBL OU EN AISBL ............................................................................300
A. Sens unique ...................................................................................................................................................................300
B. Motifs ............................................................................................................................................................................300
C. Procédure ......................................................................................................................................................................300
3. TRANSFORMATION D’UNE ASBL EN SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE COMME ENTREPRISE SOCIALE OU EN
SOCIÉTÉ COOPÉRATIVE AGRÉÉE ...............................................................................................................................300
A. Motifs ............................................................................................................................................................................300
B. Procédure ......................................................................................................................................................................300
4. TRANSFORMATION D’UNE ASBL EN AISBL ET VICE-VERSA .............................................................................301
A. Dans les deux sens .........................................................................................................................................................301
B. Motifs ............................................................................................................................................................................301
C. Procédure ......................................................................................................................................................................301
5. TRANSFORMATION D’UNE FONDATION PRIVÉE EN FONDATION D’UTILITÉ PUBLIQUE ................................302
A. Sens unique ...................................................................................................................................................................302
B. Motifs ............................................................................................................................................................................302
C. Procédure ......................................................................................................................................................................302
6. TRANSFORMATION D’UNE SA EN SE OU D’UNE SC EN SCE ET VICE-VERSA....................................................302
A. SA en SE ou SC en SCE ...................................................................................................................................................302
B. SE en SA ou SCE en SC ...................................................................................................................................................302
TRANSFORMATION DES PERSONNES MORALES DONT LA FORME LÉGALE EST SUPPRIMÉE .........................................303
1. TRANSFORMATION DE PLEIN DROIT ...............................................................................................................303
2. TRANSFORMATION VOLONTAIRE AVANT LE 1ER JANVIER 2024 .....................................................................303
CHAPITRE 3 : OPERATIONS DE RESTRUCTURATION................................................................................................305
SOCIÉTÉS ........................................................................................................................................................................306
1. CHAMP D’APPLICATION ..................................................................................................................................306
2. FUSIONS, SCISSIONS ET OPÉRATIONS ASSIMILÉES ..........................................................................................306
A. Fusion ............................................................................................................................................................................306
B. Scission ..........................................................................................................................................................................307
C. Opération assimilée à la fusion par absorption ............................................................................................................307
D. Opérations assimilées à la scission................................................................................................................................307
E. Procédure ......................................................................................................................................................................308
F. Effets..............................................................................................................................................................................313
G. Protection des créanciers ..............................................................................................................................................314
H. Responsabilités ..............................................................................................................................................................314
I. Nullité ............................................................................................................................................................................315
3. APPORTS ET CESSIONS D’UNIVERSALITÉ OU DE BRANCHE D’ACTIVITÉS ........................................................316
A. Extension aux personnes physiques et à d’autres personnes morales ........................................................................316
B. Procédure ......................................................................................................................................................................316
C. Effets..............................................................................................................................................................................318

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Fanny Streveler MA1 DROIT

D. Protection des créanciers ..............................................................................................................................................318


E. Responsabilités ..............................................................................................................................................................319
ASSOCIATIONS ET FONDATIONS ....................................................................................................................................319
1. FUSIONS ET SCISSIONS ....................................................................................................................................319
A. Bénéficiaires ..................................................................................................................................................................319
B. Procédure ......................................................................................................................................................................320
C. Publicité .........................................................................................................................................................................321
D. Effets..............................................................................................................................................................................321
E. Droit des créanciers de demander une sûreté..............................................................................................................322
F. Responsabilité des sociétés bénéficiaires en cas de scission ........................................................................................322
G. Nullité ............................................................................................................................................................................322
2. APPORTS À TITRE GRATUIT D’UNIVERSALITÉ OU DE BRANCHE D’ACTIVITÉS .................................................322
A. Régime ...........................................................................................................................................................................322
B. Caractère facultatif ........................................................................................................................................................323

TABLE DES MATIERES ...........................................................................................................................................324

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