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Droit de la sécurité
sociale
JEANNE LEPOIVRE
DANIEL DUMONT (QUADRI 1)
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
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Le premier élément à avoir à l’esprit quand on se plonge dans la sécurité sociale c’est que c’est un
édifice qui a été arraché par la classe ouvrière aux classes possédantes. C’est un processus conflictuel
dans lequel des classes sociales aux intérêts profondément divergeant se sont affrontées.
Les campagnes sont vides au profit des villes et dans le même temps, dans les centres urbains émerge
le machinisme. La conjonction de ces deux facteurs est la révolution industrielle. On voit en effet affluer
dans les villes une population très nombreuse et diminuée de moyens de subsistance. Elle fournit donc
au grand patron de l’industrie la main d’œuvre nécessaire pour faire tourner les usines. Tout est alors
réunit pour changer le modèle économique et le capitalisme prend son envol.
Ce qui nous préoccupe c’est que dans l’ombre de l’émergence du capitalisme et de la révolution
industrielle, il y a une problématique inédite, c’est le paupérisme. C’est une expression utilisée pour
désigner l’état de privation totale dans lequel une part considérable de la population vivait (la classe
prolétaire). Cet état englobait toute la personne car il fallait survivre au jour le jour. L’enjeu était de
parvenir à louer sa force productive à un employeur pour recevoir en retour de quoi survivre. Cet état
était également épidémique et se reproduisait de génération en génération.
- Chômage
Les employés sont entièrement dépendants de la conjoncture économique.
Parallèlement, on voit des risques antérieurs qui sont accrus et prennent une dimension nouvelle à la
faveur de la révolution industrielle :
- La maladie
- La vieillesse
- La charge d’enfant
Fin 18e début 19e la classe prolétaire est donc confrontée à 5 risques de l’existence majeure que nous
venons de citer ci-dessus.
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La sécurité sociale est donc la réponse de la société au paupérisme. Les moyens dont disposent le
travailleur sont d’une part la bienfaisance, la charité des bourgeois mais cela n’offre pas de réponse
structurelle au problème. On ne peut rien exiger de la personne qui nous fait la charité. D’autre part, on
retrouve la prévoyance individuelle, l’épargne. Dans l’esprit et les représentations des classes
dominantes de l’époque, c’est ce qu’il convient de faire.
Pendant ce temps, du côté du pouvoir public, l’Etat ne fait délibérément lien. Le non-interventionnisme
est un dogme et il ne fallait surtout pas interférer dans le jeu de la rencontre de l’offre et de la demande
car les pouvoirs publics ne savaient pas. Ce n’est qu’après que l’on a vu apparaître les premières grandes
enquêtes sur la condition ouvrière. On a vu des médecins et journalistes descendre dans les usines et
documenter les conditions de vie. Le portrait qui en est ressorti a été totalement catastrophique.
Vivre en société capitaliste sans sécurité sociale on l’a testé en grandeur nature au 18e et 19e siècle et
on a vu ce que ça a donné : le paupérisme. Mais alors, qu’est-ce qui a fait que la situation a changé ?
bien que ça ait été un processus très lent, on voit qu’il y a eu fin du 19e un tournant. Qu’est-ce qui a
permis de faire sauter le verrou du non-interventionnisme ? Il y a en réalité 2 choses. D’une part, le
blocage était politique et philisophique et d’autre part, de la même manière, le déblocage a été politique
et philosophique lui aussi.
- Un déblocage politique :
Politiquement, ce sont les grèves insurrectionnelles de 1886. En effet, en 1886 on est dans une année
où la conjoncture économique est mauvaise et le chômage important. On voit une décision de baisse
de salaire dans les grandes industries (or, les gens avaient déjà à peine de quoi survivre). De là découlent
donc des grèves à caractère insurrectionnel à différents endroits du pays notamment dans le Hainaut
et à Liège. Ces grèves sont réprimées par l’armée. On a des morts à l’occasion d’une manifestation de
misère sociale en 1886 et ceci marque le tournant. Le roi Léopold II, à l’époque, jouera un rôle clé. Il
prononce en novembre 1886 son discours du trône lors de la rentrée parlementaire dans lequel il donne
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une mission au gouvernement. C’est le début de la fin pour le non-interventionnisme. Dès l’année
suivante, la chambre votera les premières lois sociales.
A partir de ce moment, la résolution de la question sociale a été définitivement mise à l’agenda. Ce qui
est acquis depuis ce tournant est que la réponse au paupérisme ne peut plus être laissée de côté et qu’il
faut une intervention publique.
A partir de 1886, le gouvernement catholique va décider de subsidier ces caisses afin de diffuser l’esprit
de prévoyance (= système d’assurance libre subventionnée). On est donc dans un système d’assurance
libre et volontaire mais subventionnée. Cela a eu pour effet d’améliorer un peu les protections mais le
succès est resté assez limité car pour pouvoir s’affilier, il faut d’abord savoir cotiser.
La première branche où cela a été fait c’est dans le domaine des accidents du travail. C’est le premier
secteur dans lequel on a abandonné 1382 cc et donc mis de côté le droit commun de la responsabilité
civile. La loi du 24 décembre 1903 sur la réparation des dommages résultant des accidents du travail.
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Depuis cette loi, il faut mais il suffit d’établir l’existence d’un accident du travail pour obtenir une
indemnisation. Il n’est plus nécessaire de démontrer le critère de la faute.
Au cours de l’entre-deux guerre, sous l’influence des idées du chancelier allemand Bismarck, on voit
l’idée d’une protection étendue à tous les domaines grandir. A la faveur d’un contexte international
bénéfique car le paupérisme est également présent en Allemagne et en Angleterre. Bismarck crée dès
les années 1880 un ensemble d’assurances obligatoires. Ce schéma sera donc importé dans différents
pays dont la Belgique. En premier lieu on retrouve le domaine des pensions de retraites. Depuis 1924-
25, tous les travailleurs salariés cotisent (et leur employeur avec) pour s’ouvrir le droit à une pension de
retraite le moment venu. Enfin, dernière étape, on retrouve la couverture en allocations familiales vers
1930 pour les salariés et ensuite 1937 pour les indépendants. Tous les employeurs doivent donc s’affilier
à une caisse d’allocations familiales qui verse des allocations aux personnes ayant des enfants.
Si on fait un bilan : à la veille de l’éclatement de la seconde guerre mondiale, on a dans notre système
3 composantes veillant à protéger la population contre les grands risques susceptibles d’affecter
l’existence :
- En matière d’accident de travail : système d’indemnisation automatique (dès que la matérialité est
établie)
- En matière de vieillesse et de charge d’enfants : assurance sociale obligatoire
- En matière de chômage et maladie : système mixte avec un système d’assurance d’une part libre
mais d’autre part subventionné
La guerre n’est pas finie, on est durant la bataille des Ardennes. Avant ça, clandestinement, des
organisations patronales se sont rencontrées et ont fondé le comité ouvrier patronal. Ils débattent sur
l’avenir socio-économique de la Belgique. Ils ont conclu un document appelé « projet d’accord pour la
solidarité sociale » ou « pacte social » plus communément. On retrouve dans ce texte les contours d’un
grand compromis entre représentants du capital et représentants du travail. Les patrons acceptent alors
que les travailleurs ont droit à un partage de la richesse. De l’autre côté, les représentants syndicaux
acceptent pour la première fois et formellement le principe de l’autorité patronale. A l’intérieur de ce
cadre global, il y a toute une série de décisions qui sont prises au sujet de la sécurité sociale. Cela a
directement inspiré le gouvernement en 1944, il adopte d’ailleurs un texte fondamental qui est l’arrêté-
loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des travailleurs. Ce texte est donc fondateur en
termes de sécurité sociale.
Les autorités ont voulu (exprimé dans le rapport au régent) répartir plus justement les fruits du travail
commun tout en maintenant à la Belgique une place au premier rang. Le mot d’ordre est de développer
la sécurité sociale pour « soustraire aussi complètement que possible aux craintes de la misère les
hommes et les femmes laborieux. ».
En 1944 le gouvernement a donc pérennisé le préexistant et est venu poser l’étiquette de « sécurité
sociale ».
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Une législation a été prise en urgence alors même que le pays était toujours occupé. Cependant, c’était
provisoire et normalement, après la guerre, on trouverait un système définitif de manière à inclure les
indépendants et les travailleurs car l’arrêté en lui-même ne concerne que les salariés. Cependant, le
provisoire est devenu, comme souvent, définitif. En 1944, les indépendants ont uniquement droit aux
allocations familiales (d’un montant moindre). Enfin, les fonctionnaires statutaires bénéficient d’une
couverture sociale distincte qui continue d’évoluer de manière indépendante.
Section 4 – De 1944 à 1974 : les Trente Glorieuses, âge d’or de la sécurité sociale
à = l’expansion de la sécurité
Cette période marque l’expansion de la sécurité sociale. On est dans un contexte économique et social
particulièrement favorable.
On constate que tous les essais ont donc échoués. Plus on prend de la distance, plus l’exercice semble
être voué à finir aux oubliettes. On opère donc de petites évolutions plus ponctuelles mais il n’y a eu
aucun renversement ni aucune réécriture véritable. Cependant, notamment en matière de chômage on
voit que finalement s’est quand même opéré une évolution substantielle.
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Ce régime a connu beaucoup d’élargissements au niveau du champ d’application rationae personae car
beaucoup de catégories ont été ajoutées aux travailleurs salariés.
Un double mouvement :
- Élargissements du champ d’application personnel
- Améliorations de la couverture matérielle
b) Le régime de sécurité sociale des agents des services publics (fonctionnaires statutaires)
Système indépendant
Extension de l’affiliation obligatoire aux pensions de retraite (1954), à la maladie (1964) et à l’invalidité
(1971). On n’est pas allé plus loin que ça. Ils n’ont donc pas de chômage et ne sont pas couverts en
matière d’accident de travail.
Des écarts persistants par rapport au régime des salariés §et des branches absentes), mais une nette
tendance au rapprochement depuis les années 2000.
On est dans la période des Trente Glorieuses mais, fin des années 60, on se rend compte qu’il y a des
oubliés du progrès social, malgré les élargissements des protections etc. on a donc développé un dernier
régime assistantiel. Celui-ci s’adresse aux personnes qui n’ont pas de ressources. La principale
caractéristique est qu’il n’y a pas de prestations contributives.
On voit apparaître une consécration successive de 5 prestations à la fin des années 60-début des années
70 :
- Le revenu garanti aux personnes âgées (1969)
- Les allocations pour handicapés (1969)
- Les prestations familiales garanties (1971)
- Le droit à un minimum de moyens d’existence (1974)
- Le droit à l’aide sociale (1976)
Bilan de la période : expansion de la protection sociale par la juxtaposition des différents régimes
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On voit que la sécurité sociale est face à l’austérité permanente. 1974 est l’année charnière qui marque
l’apogée de la sécurité sociale (minimex) mais également le début du déclin. Il y a en effet une grande
crise industrielle.
Quel impact sur la sécurité sociale ? Une politique d’austérité budgétaire. A partir des années 80 on
bascule plus dans une logique inverse où on identifie les moyens disponibles pour la sécurité sociale
puis on opère des arbitrages (répartir ce qu’il y a entre les différentes branches).
Conséquence : la dégradation du niveau moyen des allocations sociales par rapport aux salaires, et
l’affaiblissement de la qualité de la protection sociale.
Ce serait celle de l’Etat social actif qui succèderait donc à l’Etat providence. Il n’y a pas de réponse claire
à cette question. Beaucoup de critiques sont apparues quant au caractère passif de l’Etat providence.
Celui-ci créerait de la dépendance, tuerait l’envie d’entreprendre etc. l’état social actif est donc l’idée
de responsabiliser les assurés sociaux, la population via la consécration d’exigences de contreparties.
Demander tel ou tel effort ou démarche en contrepartie de prestations.
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D’un premier point de vue, on dit que la sécurité sociale « regroupe l’ensemble des dispositifs mis en
place par une collectivité politique déterminée pour assurer la sécurité d’existence des citoyens ».
L’objectif d’assurer la sécurité d’existence serait donc le fondement de la sécurité sociale. C’est vrai,
mais cependant trop large comme définition. Quand on y pense bien, il y a beaucoup d’autres politiques
publiques qui visent elles aussi à assurer la sécurité d’existence. Toutes les politiques sociales et
économiques développées visent le même objectif.
On propose donc une autre définition plus pragmatique (et inscrite dans le contexte belgo-belge) qui
vise à dire ce qui est propre à ces différentes législations (constitutives de la sécurité sociale).
La sécurité sociale est le système qui, au moyen d’une certaine redistribution financière, garantit à tout
ou partie de la population :
- Des revenus de remplacement, destinés à pallier la perte des revenus normalement tirés de
l’exercice d’une activité professionnelle
- Des revenus de complément, destinés à permettre de faire face aux charges qui affectent le
niveau de vie
- Des revenus minimums résiduaires, destinés à procurer un minimum vital en cas d’impossibilité
de disposer de ressources propres et d’accéder aux autres prestations de sécurité sociales.
à La sécurité sociale, « machine » à redistribuer les richesses pour protéger contre les principaux aléas
de l’existence. Chacun des 3 types de revenus visent à permettre de répondre à un certain nombre de
risques sociaux.
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à Tableau récapitulatif
La convention n°102 de l’OIT du 28 juin 1952 est le texte de droit international qui définit la sécurité
sociale et énumère les différentes interventions que les états parties doivent mettre en place pour
pouvoir prétendre disposer d’un système de sécurité sociale conforme à la convention.
On se rappelle que la sécurité sociale est le système qui, au moyen d’une certaine redistribution
financière, garantit à tout ou partie de la population des revenus au moyen d’une redistribution des
richesses.
Il faut bien comprendre pour cette partie du cours que choisir pour nous couvrir contre les grands
risques sociaux en faisant de la sécurité sociale ou en développant des assurances privées est un choix
politique fondamental. Ce n’est pas du tout la même chose que de protéger via les assurances privées
ou via la sécurité sociale. On a d’abord et avant tout une différence de finalité manifeste. En effet, les
assurances privées ont un but de lucre tandis que les différents organismes de sécurité n’ont pas pour
objectif de dégager du profit mais plutôt un objectif de redistribution.
Cette différence se manifeste par diverses différences techniques dont 2 sont importantes :
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• Assurances privées : l’importance de la prise en charge par l’assureur est liée au montant des
primes versées.
• Sécurité sociale : pour toute une série de prestations, il faut avoir travaillé pendant un certain
temps mais le montant exact n’est jamais corrélé en fonction de ce qui a été versé
antérieurement.
• Assurances privées : l’importance de la prise en charge par l’assureur est liée au montant des
primes versées.
Cette différence entre les assurances privées et la sécurité sociale est reconnue dans la jurisprudence
par la CJUE. L’arrêt de principe est l’arrêt Poucet et Pistre (17 février 1993). Mr Poucet et Pistre sont 2
travailleurs français indépendants qui ‘n’aiment pas la sécurité sociale. Ils veulent pouvoir faire leur
marché et aller chez l’assureur qui aura pour eux l’offre la plus intéressante. Les 2 hommes pensent
avoir une idée de génie en attaquant une décision de récupération par l’organisme compétent et en
alléguant que cela violait le droit européen de la concurrence (abus de position dominante). La Cour
rend donc cet arrêt dans lequel elle répond par la négative à la question préjudicielle en déclarant que
la législation française en matière de sécurité sociale ne viole pas le droit européen de la concurrence
car les organismes dont il est question ne sont pas des entreprises. Ce sont des organismes qui exercent
une activité fondée sur le principe de solidarité.
« Dans le contexte du droit de la concurrence, la notion d’entreprise comprend toute entité exerçant
une activité économique. En sont exclus les organismes de gestion de la sécurité sociale : ils remplissent
une fonction de caractère exclusivement social, dans la mesure où ils exercent une activité fondée sur
le principe de la solidarité. »
à Le principe de la solidarité pointe le fait que l’importance des prestations n’est pas étroitement
corrélée à l’importance des contributions préalablement versées. Cela signifie que parfois on reçoit plus
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que ce que l’on a donné et inversément. Et pour cela, ces organismes ne sont pas à caractère
économique et ne sont donc pas des entreprises (donc en dehors du champ du droit de la concurrence).
Ce raisonnement sera confirmé dans un autre arrêt Dôreva (11 juin 2020). Cela concerne le système de
soins de santé slovaque qui n’était pas organisé par un service public unique mais un peu comme en
Belgique par différents organismes (comme les mutuelles chez nous) auprès desquels la population doit
s’affilier. Dans ce cas-ci, c’était une société privée. Les organismes de gestion d’assurance de soins de
santé en Slovaquie reçoivent des compensations financières s’ils couvrent une part plus importante
d’affiliés qui ont un mauvais profil de risque. La société Dôvera avait attaqué d’autres organismes en
disant que ces compensations perçues étaient des aides d’état prescrites par le droit européen de la
concurrence. Contre toutes attentes, pour la première fois, le tribunal avait donné raison à Dôvera en
justifiant sa décision comme quoi il fallait choisir entre différents organismes et on était donc en
présence d’un marché et donc une entreprise était en jeu. La Cour a finalement annulé l’arrêt du
tribunal sur recours de l’Etat tchèque et a confirmé l’arrêt Poussert et Pistre.
On nomme parfois les assurances sociale la sécurité sociale au sens strict. Elles englobent les revenus
de remplacement et les revenus de complément.
Ces revenus forment donc la sécurité sociale au sens strict et présentent 3 caractéristiques clés :
- Prestations contributives : il faut avoir travaillé et cotisé un certain temps pour s’offrir des droits
- Financement (principalement) par cotisations
- Pas de référence à l’état de besoin pécuniaire : on ne se préoccupe pas de la taille du
portefeuille pour octroyer par exemple une pension de retraite (ce n’est pas parce que Eden
Hazard gagne très bien sa vie qu’il n’aura pas droit à sa pension de retraite).
L’aide sociale englobe les revenus minimums résiduaires, mis en place pour pallier les limites des
assurances sociales.
Symétriquement, à l’inverse, les prestations d’aide sociale (revenus minimums) présentent les
caractéristiques inverses :
- Prestations non contributives : aller au CPAS car on manque de ressources, on ne nous
demande pas combien de temps on a travaillé et cotisé
- Financement par l’impôt : c’est la fiscalité qui permet de fixer l’aide sociale
- Enquête sur les ressources : si Eden Hazard veut demander de l’aide au CPAS, il a suffisamment
de ressources que pour subvenir à ses besoins seul
Exemple de cas de figure hybride : Les allocations d’insertion sont des allocations de chômage dont on
peut bénéficier lorsqu’on a moins de 25 ans sur base du fait qu’on a fini les études mais qu’on est sans
emploi.
à Prestation non contributive
à Mais financée par des cotisations et déconnectée de l’établissement d’un état de besoin pécuniaire
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Dans le schéma bismarkien, le dispositif central est le dispositif des assurances sociales. Elles
poursuivent comme objectif essentiel de reproduire les acquis, de garantir le niveau de vie. Elles
cherchent à stabiliser le niveau de vie des travailleurs confrontés à des risques sociaux.
La figure historique de référence est William Beveridge qui est un économiste keynésien (donc favorable
à l’intervention des pouvoirs publics dans l’économie) en Angleterre vers le milieu du 20e siècle. Il a
connu son heure de gloire en 1942 lorsqu’il publie un rapport dans lequel il décrit la formule social
security. C’était en vue de la reconstruction du pays post guerre.
Dans le schéma beveridgien, la figure de référence est l’idée de construire un service public national de
la sécurité sociale. La philosophie de Beveridge va plus loin que ce que Bismarck avait fait en ce qu’il
propose que le service public de la sécurité sociale ait pour objectif d’égaliser les conditions de vie. Ce
n’est plus simplement amortir les chocs mais d’affranchir la population du « besoin » et d’accéder au
même niveau de vie.
à Tradition dominante dans les pays anglo-saxons et surtout dans les pays scandinaves
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L’article 23 de la C° :
« Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine.
A cette fin, la loi, le décret ou [l’ordonnance] garantissent, en tenant compte des
obligations correspondantes, les droits économiques, sociaux et culturels, et
déterminent les conditions de leur exercice.
« Ces droits comprennent notamment :
1° le droit au travail (...) ;
2° le droit à la sécurité sociale (...) ;
3° le droit à un logement décent ;
4° le droit à la protection d’un environnement sain ;
5° le droit à l’épanouissement culturel et social ;
6° le droit aux prestations familiales. »
Les grandes libertés fondamentales attendent des pouvoirs publics une abstention d’agir pour exister.
Pour garantir la liberté d’expression, il ne faut pas nous empêcher de parler. Pour garantir la liberté
d’association, il faut ne pas empêcher de manifester.
Par contraste, les droits économiques et sociaux (dits de la seconde génération) sont les droits de l’Etat-
providence (droit à l’éducation, au travail, à la sécurité sociale). Ces droits quant à eux nécessitent une
intervention des pouvoirs publics.
Via l’art. 23, la Constitution indique au législateur de permettre de garantir ces différents droits
économiques et sociaux dont une liste indicative est donnée.
Quelles sont les prérogatives qu’on peut tirer de cette élévation de la sécurité sociale au rang de droit
fondamental ?
Effet direct : aptitude d’une norme à conférer par elle-même des droits aux particuliers
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Pour savoir à quoi on a droit concrètement, il faut consulter le travail du législateur qui constitue le droit
de la sécurité sociale donc c’est le législateur qui définit les notions, qui prévoit les budgets, qui décrit
les champs d’application, etc. Donc la force du droit à la sécurité sociale, sur la seule base de l’article
constitutionnel (de 1994), on ne peut rien réclamer en justice.
b) Deux palliatifs à l’absence d’effet direct
Le raisonnement est le suivant : l’idée est qu’en 1994, le constituant a donné pour mission aux
législateurs de réaliser le droit à la sécurité sociale. Chacun a donc du donner corps au prescrit
constitutionnel, en mettant en œuvre la législation, préparant les budgets, bref en dessinant les
contours du droit à la sécurité sociale. Ils ont bénéficié d’une très grande marge d’appréciation pour ce
faire. A tout le moins, les législateurs ne peuvent pas défaire les droits déjà garantis. C’est ce que désigne
l’effet de standstill. Il n’est pas permis d’amoindrir le niveau de protection des droits de la sécurité
sociale préexistant. L’obligation de standstill n’est pas absolue, c’est donc un principe relatif.
Il y a des conditions cumulatives à respecter pour pouvoir, par exception, déroger au principe de non-
rétrogression :
• Exigences de fond :
- Le recul opéré doit obéir à un motif d’intérêt général
- Le recul doit être approprié et même nécessaire au regard de ce motif (adopter la mesure la
moins attentatoire à la protection sociale)
- Le recul ne doit pas emporter des conséquences disproportionnées pour les intéressés (mettre
en balance les intérêts)
• Exigence procédurale :
- Obligation de motivation
Ex : arrêt 20/2020 concernant les allocations aux personnes handicapées. Il y a eu une réforme
indiquant qu’il fallait vivre en Belgique depuis 10 ans pour pouvoir en bénéficier (et non plus simplement
résider en Belgique). La réforme a été contestée par la Ligue des droits de l’Homme devant la Cour
constitutionnelle qui a donc déclaré que cela violait l’obligation de standstill. Elle a considéré que le
caractère approprié de la mesure n’était pas approprié.
On peut invoquer les art. 23, 10 et 11 de la Constitution. Si le législateur décide de mettre en œuvre le
droit constitutionnel à la sécurité sociale, il doit le faire de manière non-discriminatoire.
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A l’origine, une compétence résiduaire, donc fédérale. à Confirmation expresse (mais un peu
maladroite) en 1988, à l’art. 6, §1, VI, al. 5, 12° de la LSRI.
Cf. LSRI
Il y a un certain nombre de politique proches de la sécurité sociale qui ont été confiées tantôt aux
régions, tantôt aux communautés.
• Les régions : compétences (notamment) pour la politique de l’emploi (art. 6, §1, IV)
A ce titre, régionalisation du placement des chômeurs (dispositif consistant à aider les demandeurs
d’emploi à réintégrer le marché de l’emploi)
• Les communautés : compétences (notamment) pour les matières culturelles (art.4) et pour les
matières personnalisables, soit la politique de santé et l’aide aux personnes (art. 5)
/!\ Le cas particulier de la Communauté française : transfert de ses compétences en matière sociale à
la Région wallonne, d’une part, et à la COCOF, d’autre part
Rappel sur le principe de l’exclusivité des compétences : en théorie, pas de compétences concurrentes
en Belgique. En effet, c’est soit fédéral, soit communautaire ou régional. Chaque niveau de pouvoir qui
s’est vu confier une matière détient donc la compétence entière. Il n’y a donc pas de niveau de pouvoir
qui prime les autres.
En théorie, il ne faut donc rien ajouter car il y a les politiques connexes à la sécurité sociale qui ne sont
plus fédérales mais communautaire ou régionale, et la sécurité sociale qui est une compétence fédérale.
Dans l’arrêt 33/2001, la Cour constitutionnelle a validé le décret flamand et a déclaré que la
Communauté avait agi en règle. Elle précise que ce qui aurait été contraire, c’est que la Communauté
flamande empiète sur un dispositif fédéral. Là, étant donné qu’elle a agi sur un terrain non déjà légiféré,
c’est ok.
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/!\ Quelques temps après, le fédéral a voulu légiférer en la matière. Dans l’avis de la section législation
du CE, celui-ci déclare que le fédéral n’est plus compétent étant donné que la Communauté flamande
avait agi.
MAIS, La Cour constitutionnelle, suite à une évolution du décret sur la zorgvezekering et une attaque
de la Communauté française à ce sujet, déclare alors, étonnement, que ce n’est pas parce que la
Communauté a agi que le fédéral ne peut plus agir. Elle déclare que chacun des 2 niveaux de pouvoirs
peut agir sur base de leur compétence propre (fédéral : compétence de la sécurité sociale/Communauté
flamande : aide aux personnes via l’art. 5 LSRI)
/!\ Le cas de Bruxelles (COCOM est compétente : on a pas voulu que les bruxellois soient contraints de
choisir entre le système francophone ou flamand) et de la communauté française (nouveau transfert,
pour ce qui concerne la région de langue française, vers la Région wallonne).
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1. Premier principe : Toute personne exerçant une activité professionnelle en Belgique doit être
assujettie à un régime de sécurité sociale (contributif)
Disposition d’ordre public : disposition protégeant les intérêts les plus fondamentaux de la société. On
ne peut pas les aménager par l’exercice de l’activité contractuelle.
3. Troisième principe : Pour une même activité professionnelle, une personne ne peut pas être
assujettie à plusieurs régimes de sécurité sociale
L’assujettissement à un régime pour une activité professionnelle déterminée est exclusif de
l’assujettissement à un autre pour cette même activité.
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à Déclaration DIMONA
+ art. 1, §1, al 2 : assimilation aux travailleurs et à leurs employeurs des apprentis et des personnes qui
emploient des apprentis
à La loi pose le principe simple que dès qu’il y a contrat de travail, à la fois le travailleur et l’employeur
sont assujettis au régime de sécurité sociale mais l’art. 2 habilite le roi à nuancer ce principe de base.
Dès le 28 novembre 1969, le Roi a agit et a pris un arrêté qui est donc la loi révisant l’AR du 28 décembre
1944 (arrêté royal ONSS)
2. Les extensions
Nous allons maintenant voir comment l’arrêté ONSS a mis en œuvre chacune des 3 hypothèses
autorisées par la loi (extension, limitation, suppression).
Hypothèse dans laquelle il doit y avoir un assujettissement à la sécurité sociale alors même qu’il n’y a
pas de contrat de travail et que nous ne sommes alors pas dans les cas de figure visés par l’art. 1 de la
loi ONSS. Vers la fin de la seconde guerre mondiale on a assisté à un mouvement d’expansion continu
de la sécurité sociale. On voit que la possibilité de l’art. 2 a été utilisée par le Roi en matière d’extension
de 2 manières différentes.
1. Les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, fournissent contre
rémunération des prestations de travail sous l’autorité d’une autre personne à agents
statutaires
On parle de personnes qui fournissent des prestations de travail contre rémunération sous l’autorité
d’une personne. On retrouve donc 3 éléments : travail, rémunération et autorité mais sans contrat de
travail. Il s’agit donc des fonctionnaires statutaires, c’est-à-dire les agents des services publics qui sont
engagés dans le cadre d’une nomination statutaire. Ces fonctionnaires sous statut travaillent donc
contre rémunération sous l’autorité d’un employeur qui est un organe public mais ne sont pas engagé
sous le lien d’un contrat de travail mais nommé unilatéralement pas l’autorité qui les emploie.
D. Dumont 24
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
2. Les extensions aux personnes qui, sans être liées par un contrat de travail, exécutent un travail
selon des modalités similaires à celles d’un contrat de travail
Ce qui est visé ici ce sont toute une série de situations de dépendance sur le plan socio-économique.
Situations où il n’y a pas de contrat de travail sur le plan du droit du travail, il n’y a pas de lien de
subordination mais néanmoins on a affaire à des personnes qui dépendent très fort d’un ou plusieurs
fournisseurs d’activité.
Les personnes sont indépendantes au regard du droit du travail mais il n’empêche qu’elles sont en
situation de dépendance directe sur le plan socio-économique.
Dans ses art. 3 et 3bis, l’arrêté ONSS aborde donc cette 2e sous hypothèse.
Exemples :
- Les mandataires d’associations (art. 3, 1°) : l’article étend le droit de la sécurité sociale aux
mandataires (qui agissent contre rémunération) qui consacrent leur principale activité à la
direction d’une structure sans but lucratif
On a étendu cela car en droit le statut de mandataire exclut la subordination juridique. Il n’empêche
que la personne ayant pour principale activité professionnelle la gestion d’une structure, elle travaille
moyennant des modalités largement similaires à un travailleur sous contrat de travail. Il y a un rapport
de dépendance.
- Les artistes (Loi, art. 1bis) : le législateur a été maladroit car la situation n’est pas réglée là où
elle devrait l’être, c’est-à-dire dans l’arrêté d’exécution ONSS mais est réglé directement dans
la loi ONSS du 27 juin 69 elle-même.
Il ne faut pas perdre de vue qu’un artiste peut être engagé par contrat de travail et sera donc assujetti
à la sécurité des salariés. Ce qui est ici visé, c’est le cas de l’artiste qui n’a pas de contrat de travail et la
disposition étend la sécurité sociale des travailleurs salariés à toutes les personnes qui fournissent des
prestations ou fournissent des œuvres de nature artistique contre paiement en dehors du cercle
familial.
Pour savoir si on a affaire à une œuvre de nature artistique, les commissions administratives doivent se
prononcer (Commission artiste logée au sein du SPF sécurité sociale et composée de représentants de
différentes institutions de différentes sécurité sociales et représentants de différents interlocuteurs
sociaux). Si les œuvres sont donc de nature artistique, la Commission délivre un « visa artiste » et à
partir de ce moment, la personne est assujettie à la sécurité sociale des travailleurs salariés alors même
qu’il n’y a pas d’engagement sous contrat de travail. Dans ce cas, celui qui sera considéré, pour les
D. Dumont 25
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
besoins de la sécurité, comme s’il était l’employeur, est le donneur d’ordre, celui qui commande l’œuvre
de nature artistique à l’artiste (il remplira la déclaration Dimona qu’il va renvoyer à l’ONSS).
NB : les artistes peuvent renverser la présomption et tomberont alors dans le régime des travailleurs
indépendants.
- Les chauffeurs de taxi (art. 3, 5°ter) : on parle de chauffeurs de taxi sans contrat de travail qui
doivent être assujettis à la sécurité sociale des travailleurs salariés
NB : il est possible de faire échec à cet assujettissement (et tomber dans le régime des indépendants)
si :
- Le chauffeur a une licence d’exploitation
- Le chauffeur est propriétaire de son véhicule
- Les gardien(ne)s d’enfants (art. 3, 9°) : le cas visé ici est celui des personnes qui accueillent des
enfants en bas âge chez elles. La sécurité sociale prévoit donc que les personnes accueillant
dans leur habitation des enfants et qui sont agréées par une des 3 Communautés doivent être
assujetties à la sécurité sociale des travailleurs salariés.
- Les bénéficiaires d’une bourse de doctorat (art. 3bis) : le prof trouve l’encadrement juridique
douteux.
- Les activités de nettoyage (Loi, art. 2/2) : il y a une présomption d’assujettissement au régime
des travailleurs salariés pour essayer de compenser sur le plan de la sécurité sociale la
vulnérabilité au niveau de la relation de contrat travail.
On se tourne maintenant vers les hypothèses 2 et 3. Ce sont donc les hypothèses dans lesquelles on a
un contrat de travail et il devrait y avoir assujettissement mais malgré le contrat de travail il y a
assujettissement partiel (hyp2) ou pas d’assujettissement du tout (hyp3).
NB : Ce type de limitation a été fortement réduit (art. 4 à 8ters – coureurs cyclistes, jeunes entre 16 et
18 ans, …).
Ce qui est ici intéressant est de voir la « marche à suivre ». En effet, on est confronté à une situation de
vie concrète où on tombe normalement sur l’art. 1 de la loi mais il faut ensuite vérifier dans l’arrêté
d’exécution pour s’assurer que l’on n’est pas dans un cas d’assujettissement limité.
D. Dumont 26
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
C’est encore une situation dans laquelle on a un contrat de travail mais en vertu de l’usage fait par le
pouvoir exécutif de l’habilitation de l’art. 2, il n’y a pas d’assujettissement du tout. C’est une hypothèse
à manier avec beaucoup de prudence. Il n’y a pas de cotisation, en tout cas ordinaire, mais le prix à
payer est qu’il n’y a aucune protection.
Comme cette situation peut être problématique, le roi n’a pas été habilité à faire n’importe quoi. Il est
habilité à (via l’art. 2 de la loi ONSS) ne pas assujettir au régime de sécurité sociale certaines catégories
de travailleurs qui sont engagés dans les liens d’un contrat de travail seulement si on a affaire à un
emploi accessoire ou de courte durée
Ex : les étudiants jobistes (ne pas dépasser 475h/année civile), moniteurs sportifs, baby sitters, …
Au milieu des années 60, lorsqu’on a réalisé que les indépendants commençaient à bénéficier d’une
forme de statut social propre (avec une branche famille, une vieillesse et une soin de santé) le législateur
est venu chapeauter le tout avec un statut social fixant des règles d’assujettissement, de cotisations
communes à ces 3 branches du (désormais) régime des travailleurs indépendants.
Le texte de base qui régit la matière est l’arrêté royal n°38 du 27 juillet 1967 organisant le statut social
des travailleurs indépendants. Cet arrêté royal ne s’est substitué à rien mais a été mis en place au
moment où on a créé le statut social des indépendants.
L’AR n°38 pose comme principe de base que sont assujettis à ce régime les travailleurs indépendants
d’une part et les aidants de l’autre. Par définition, on ne mentionne pas d’employeur donc seul
l’indépendant paie des cotisations.
Travailleurs indépendants (art. 3, §1, al 1) : Toute personne physique qui exerce en Belgique une activité
professionnelle en raison de laquelle elle n’est pas engagée dans les liens d’un contrat de travail ou d’un
statut.
a) Le principe : l’exercice d’une activité professionnelle en dehors d’un contrat de travail ou d’un
statut
D. Dumont 27
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
au régime général soit au régime des agents des services publics. C’est le régime résiduaire car le moins
protecteur.
Activité professionnelle :
- Habituelle (par opposition à occasionnelle) : c’est une activité qui repose sur l’accomplissement
régulier d’opérations qui sont liées entre elles
- A but de lucre (par opposition à titre gratuit)
à On a ici affaire à des interprétations qui sont assez extensibles de ces notions (habituelle et but de
lucre) dans un but de finalité protectrice.
b) Les extensions
On a une présomption d’assujettissement pour les mandataires de société à but de lucre, c)’est à dire
les personnes dont l’activité consiste en la gestion d’une société ayant pour but de faire de l’argent.
L’AR n°38 met ici en place une présomption d’assujettissement (art. 3, §1, al 4). La disposition a fait
longtemps l’objet de débat en jurisprudence car pendant longtemps c’était une présomption
irréfragable mais ce n’est plus le cas maintenant. Depuis 2014, la présomption est simple donc le
mandataire peut renverser la présomption.
Ce sont des situations, en principe, qui répondent à la définition générique de l’activité de nature
professionnelle et où il devrait normalement y avoir assujettissement mais où l’on déroge au principe.
Cela a été décidé sous le gouvernement Michel qui voulait favoriser l’entreprenariat.
2° Les étudiants-entrepreneurs :
Si on a entre 18 et 25 ans, que l’on est inscrit dans un établissement d’enseignement et que l’on n’a pas
de contrat de travail, il n’y a pas d’assujettissement tant que le revenu annuel ne dépasse pas un certain
seuil (+/- entre 6500 et 7000€/an, art. 5quater).
2. Les aidants
Aidant : toute personne qui assiste ou supplée un travailleur indépendant dans l’exercice de sa
profession sans être engagée envers lui par un contrat de travail (art. 6).
Cette notion vise une situation bien précise qui est celle des conjoints des indépendants (art. 7bis de
l’AR). Ce sont des personnes mariées (ou en cohabitation légale) à un indépendant sans avoir de contrat
de travail.
D. Dumont 28
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Par exemple, la femme d’un homme exerce une profession libérale (notaire, avocat, …) et est son
assistante. Le jour où le couple se séparait, avant la création du statut de conjoint aidant en 2003, la
femme se retrouvait sans rien et n’avait pas de revenus de remplacement car elle n’était pas assujettie
au régime de la sécurité sociale.
Ce statut est une présomption (simple) : les personnes mariées ou en cohabitation légale avec un
indépendant ont le statut de conjoint aidant dès qu’elle n’exerce pas une activité professionnelle lui
ouvrant des droits propres.
D. Dumont 29
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Le financement est étroitement lié à l’assujettissement car on est dans un système de nature
bismarkienne. Les principaux financeurs du système sont donc ceux qui contribuent à la sécurité sociale.
Le budget total de la sécurité sociale (donc le budget de la sécurité des indépendants, des salariés et
des fonctionnaires mais pas l’aide sociale) est d’à peu près 100 milliards d’€, soit 28% du PIB belge
(budget 2019).
NB : entre mars et août 2020, il y a 8 milliards d’€ additionnels dépensés et 6 milliards de manque à
gagner.
Une tendance de fond, dans chacun des 2 grands régimes, surtout celui des indépendants : recul de la
parafiscalité et montée en puissance de la fiscalité.
2 facteurs explicatifs :
- La déconnexion croissante de l’octroi des prestations sociale par rapport à l’assujettissement
(en particulier en matière de soins de santé et d’allocations familiales)
- Le financement par voie de cotisations sociales aurait tendance à pénaliser l’emploi
Depuis la 6e réforme de l’Etat, un facteur explicatif additionnel : le mode de financement des prestations
défédéralisées
La principale difficulté est de définir exactement l’assiette des cotisations, de définir exactement ce
qu’est la rémunération salariale. Le texte pertinent ici est la loi du 27 juin 1969 révisant l’arrêté loi du
28 décembre 1944 (art. 14, §2) mais le législateur n’a pas donné de définition mais a renvoyé à une loi
autre qui relève du droit du travail :
- Loi du 12 avril 1965 concernant la protection de la rémunération du travailleur : art. 2
La définition de la rémunération posée par cette loi : englobe toutes les sommes d’argent et tous les
avantages que le travailleur reçoit de son employeur en raison de son engagement.
Cette définition est très extensible. Tout flux financier entre un employeur et un travailleur lié à
l’exécution du contrat de travail est constitutif de rémunération (sursalaire, avantages en nature, …)
D. Dumont 30
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Le roi peut ajouter ou soustraire des éléments de la notion de rémunération pour les besoins du calcul
des cotisations. Dans l’AR d’exécution ONSS de la loi du 27 juin 69 on trouve donc une description
complexe spécifiant que toute une série d’avantages doivent être sit intégrés soit exclus de la notion de
rémunération.
Ex : les chèques repas et les voitures de sociétés ne donnent pas lieu à une cotisation et sont donc exclus
de la notion de rémunération
Il n’empêche que cette exonération très large des cotisations pose question car ce sont essentiellement
les travailleurs à haut salaire qui bénéficient de voitures de société et n’alimentent donc pas le budget
de la sécurité sociale. Parallèlement, sur le plan environnemental, c’est particulier qu’une voiture sur 2
soit une voiture de société. La multiplication de ces avantages accordés aux travailleurs sans payement
de cotisation sociale « définance » la sécurité sociale car ce sont des rentrées qui ne tombent pas dans
le budget.
• Caractéristiques
Ce sont de loin les plus importantes. Ce sont les cotisations qui sont prélevées sur la rémunération de
tous les travailleurs assujettis au régime des salariés. Elles sont affectées aux différentes branches du
régime des salariés.
• Caractéristiques
Elles sont spéciales en ce qu’elles ne frappent que certaines catégories de travailleurs et/ou certaines
catégories d’employeurs et non l’ensemble des personnes assujetties au régime des salariés.
Ces cotisations sont, depuis 1944, retenues à la source (sur la rémunération brute de l’employé) par
l’employeur. Le travailleur ne doit plus s’en occuper car l’employeur verse les cotisations à l’ONSS (loi du 27
juin, art. 23 §1). Juridiquement, depuis 1944, l’employeur est l’unique débiteur de ces cotisations sociales
(personnel et patronales).
La première obligation pesant sur un employeur est d’envoyer une DIMONA à l’ONSS. Par le biais de la
DIMONA, l’ONSS est donc déjà au courant d’une relation de travail demandant assujettissement. L’obligation
ultérieure pesant sur l’employeur pour que les cotisations soient calculées est de faire parvenir tous les
trimestres, à l’ONSS, une déclaration nommée DmfA (déclaration multifonctionnelle) (loi du 27 juin 1969,
art. 21). C’est donc sur base des montants contenus dans la DmfA que le montant des cotisations est établi.
D. Dumont 31
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Après cette déclaration, il faut payer les cotisations (au plus tard à la fin du mois suivant le trimestre échu).
Cela se fait trimestriellement (loi du 27 juin 1969, art.23 §2). Notons que cette législation est d’ordre public
et le non paiement constitue une infraction pénale.
En pratique, beaucoup d’employeurs recourent à ce qu’on appelle des secrétariats sociaux. Ce sont des
structures qui servent d’intermédiaire entre l’employeur et l’ONSS.
Le calcul des cotisations sociales est donc fait sur base de la rémunération salariale non plafonnée (donc
pleine et entière). Jusqu’au début des années 80, le salaire qui servait de base pour le calcul des cotisations
sociales était plafonné (le reste était exempté des cotisations). C’est important de le mentionner car dans le
statut social des indépendants, il y a encore aujourd’hui un plafond applicable.
Le plafonnement en vigueur à l’époque était critiqué par un certain nombre d’observateurs de la sécurité
sociale parce qu’il avait pour effet de rendre la parafiscalité dégressive. Il faut savoir qu’à la base, la
parafiscalité des revenus professionnels (cotisations sociales) est une imposition de type linéaire alors que,
par contraste, la fiscalité des revenus professionnels (impôt des personnes physiques) était progressive.
Jusqu’au milieu des années 80, lorsqu’il y avait un plafond applicable, le calcul était différent. Au-delà de
x€/an, le taux des cotisations chutait à 0. On avait donc une imposition dégressive. Si on avait un revenu très
élevé, il n’y avait aucune imposition sur tout ce qui avait dépassé le plafond. En proportion de la
rémunération salariale, on était donc moins imposé si on avait un salaire relativement important. Ce
caractère dégressif était critiqué et on a donc fait sauter le plafond de manière à appliquer une imposition
sur tout le revenu salarial. Le taux n’augmente pas (au >< de l’IPP) au fur et à mesure des tranches, mais
l’imposition est constante (x% sur l’intégralité du salaire).
Le taux théorique prévu par la réglementation, pour les cotisations personnelles de 13,07%. L’employeur
doit ajouter un taux de cotisation nominal (théorique) s’élevant à 24,92%. Au total, les cotisations sociales
ordinaires s’élèvent donc à 37,99% du salaire brut.
L’employeur doit ajouter au salaire brut 24,92% de cotisations patronales (le coût salarial pour l’employeur
est donc 124,92%). Il faut ajouter en réalité encore un peu de cotisations spéciales ayant pour effet de porter
le taux nominal à 130% généralement.
Du côté du travailleur, on part du brut (100%) et on y enlève 13,07%. Ce sont donc les cotisations
personnelles. Le salaire est alors de +/- 87% du brut (=revenu imposable).
D. Dumont 32
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
La dernière donnée est le salaire-poche qui se trouve donc dans la poche du travailleur. On remarque donc
un écart significatif entre le salaire poche et le salaire brut qui représente le coût de la fiscalité et parafiscalité.
Nuançons ce que nous venons d’énoncer car il apparaît qu’en Belgique, personne ne paie les cotisations au
taux nominal. C’est un taux de base prévu par la législation mais personne ne paie ce taux total car il existe
des mesures de réduction des cotisations qui sont de plus en plus importantes. En pratique, il y a un écart
de plus en plus important entre le taux nominal et le taux réel d’imposition.
- Réductions structurelles
Tous les employeurs en bénéficient. C’est un montant forfaitaire. On diminue les x€ de cotisation d’une
certaine somme (qui est la réduction structurelle). En pratique, la réduction structurelle est à ce point
importante que les cotisations patronales effectives sont maintenant inférieures à 20% du salaire brut (et
surtout pour les bas salaires).
- Réductions ciblées
Elles sont concentrées sur un certain nombre de situations bien précises. Elles visent à réduire les cotisations
dues tantôt, pour certaines catégories de travailleurs, tantôt dans certains secteurs d’activité.
Ex : demandeurs d’emploi de longue durée, …
NB : Une part importante des réductions ciblées (pour les travailleurs) a été régionalisée lors de la 6e réforme
de l’Etat. Cela varie donc d’une région à l’autre (par exemple à Bruxelles on met l’accent sur les jeunes
travailleurs tandis qu’en Flandre cela se dirige vers les travailleurs âgés). Les réductions ciblées établies dans
certains secteurs d’activité (en fonction des caractéristiques des employeurs) sont quant à elles restées au
fédéral.
2. L’intervention de l’Etat
Ces mesures de réduction des cotisations accentuées par les gouvernements sortants. Le gouvernement
Michel a fait, dans le cadre de sa politique de tax shift (visant à réduire le poids de la parafiscalité). La
multiplication de ces mesures de réduction des cotisations met évidemment en tension le budget de la
sécurité sociale. C’est ca qui explique qu’au fur et à mesure du temps, la part de l’intervention de l’Etat, la
part de la fiscalité dans le budget total de la sécurité sociale, a fort augmenté. Nous sommes ici dans le cas
d’une solidarité nationale car l’intervention de l’Etat implique des ressources fiscales générales.
1- Subvention annuelle de l’Etat fédéral : chaque année l’Etat fédéral verse x milliards à l’ONSS (=
dotation à charge du budget général de l’Etat fédéral).
2- Le financement alternatif : c’est toute une série de recettes fiscales qui sont prélevées
essentiellement sur la consommation et spécifiquement affectée au financement de la sécurité
sociale.
Ex : TVA, accises (taxes sur la consommation d’alcool)
D. Dumont 33
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Il faut avoir à l’esprit une série de modalités techniques mais l’enjeu important est de comparer le sort des
salariés et le sort des indépendants. Dans l’accord du gouvernement fédéral, il y a une réforme importante
du calcul des cotisations des personnes indépendantes qui est annoncé.
Chez les indépendants, il y a 2 grandes sources de financement : les cotisations sociales et l’intervention de
l’Etat.
S’agissant des cotisations sociales, il faut d’abord voir quelle est la base de calcul. La base de l’assiette des
cotisations n’est plus la rémunération salariale mais les revenus professionnels (après déduction des
éventuels frais professionnels).
La possibilité de déduire de l’assiette des cotisations des frais professionnels s’agissant des indépendants a
pour intérêt que la cotisation coûte moins cher mais cela ne rentre pas dans les caisses de la sécurité. Si les
indépendants veulent une meilleure protection sociale, il faut du budget pour alimenter les caisses de leur
sécurité sociale.
Les notions de revenus et frais professionnels ne sont pas définis par la législation de sécurité sociale mais
est ici régie par l’art. 11, §2, al. 1 de l’AR n°38 du 27 juillet 1967. Il faut entendre ce que la législation fiscale
entend par là. De ce renvoi de la législation de la sécurité à la législation fiscale, il résulte que les revenus
professionnels sur lesquels on va venir chercher des cotisations sont tous les bénéfices et tous les profits
réalisés dans le cadre d’une activité professionnelle assujettie à la sécurité sociale des indépendants.
Il n’y a pas de retenue à la source par l’employeur étant donné que le titre des indépendants. Ils assument
donc seuls tout le poids de la parafiscalité et paient seuls l’entièreté de leurs cotisations (tandis que pour les
travailleurs il y a une part par le salarié et l’autre par l’employeur). Les indépendants touchent donc tous
leurs revenus professionnels bruts auxquels ils doivent soustraire les cotisations sociales et ensuite enlever
l’impôt. L’impact psychologique est plus important pour les indépendants car il voit tout arriver sur son
compte en banque.
Les indépendants doivent tous être affiliés à une caisse d’assurance sociale (pour travailleur indépendant) à
laquelle ils versent leurs cotisations qui sont alors transférées à l’INASTI (équivalent de l’ONSS). (AR n°38, art.
15, §1, al 1). Cela se fait par un virement trimestriel selon l’AR n°38, art. 15, §1, al. 1.
c) Année de référence
S’agissant du calcul des cotisations, celui-ci se fait sur une base annuelle. On paie tous les trimestres mais le
calcul de la somme qui est due (donc divisée par 4 pour les trimestres) est quant à lui calculé sur une base
annuelle. C’est une ≠ importante par rapport au régime des salariés où le calcul est ajusté « en temps réel ».
Pour les indépendants on prend comme référence une année civile entière car il y a souvent des variations
selon les moments de l’année.
L’année servant de point de référence a changé en 2015 lors d’une importante réforme. Avant, le calcul des
cotisations se faisait sur la base des revenus professionnels afférents à l’exercice d’imposition dont le
millésime désigne la 2e année civile précédent immédiatement celle au cours de laquelle au cours de laquelle
les cotisations sont dues (année N-3). Ce sont les seuls revenus établis avec certitude et qui ont été contrôlés.
D. Dumont 34
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Ex : si on est en 2020, l’année utilisée pour le calcul des cotisations dues maintenant est 2017.
Dû au fait que la situation financière peu beaucoup fluctuer, il y a eu une réforme. Depuis le 1er janvier 2015,
le calcul des cotisations se fait sur la base des revenus professionnels afférents à l’exercice d’imposition dont
le millésime désigne l’année civile suivant immédiatement celle au cours de laquelle les cotisations sont dues
(année en cours) (AR n°38, art. 11, §2). Ca fait sens car l’année en cours vaudra pour l’imposition de 2021.
à Ce que veut dire cette formule est que l’année de référence pour le calcul des cotisations est l’année en
cours.
Il y a un système de cotisations provisoires établies par défaut en fonction des revenus de l’année N-3 mais
révisables à la hausse ou à la baisse, et régularisée après 3 ans (art. 11, §3).
Hypothèse du début activité : durant les 3 premières années, cotisations provisoires fixées au niveau du
forfait minimum, puis régularisation (AR n°38, art. 13bis).
NB : il existe une pénalité si on a demandé à payer moins et que ce n’était pas une bonne idée car non justifié,
il faut payer ce qui est dû et une pénalité de 3%.
C’est ici que les différences avec les salariés sont les plus marquées. L’impôt des personnes physiques (IPP)
consiste en une imposition progressive. Plus le revenu est important, plus les taux augmentent. Dans la
parafiscalité (cotisations) on a une imposition linéaire, c’est-à-dire x% sur l’intégralité du revenu salarial.
Chez les indépendants ce n’est pas progressif ni linéaire mais dégressif. Plus le revenu professionnel est
élevé, plus le taux sera bas compte tenu du revenu professionnel.
Dans le cadre de la politique de tax shift, le taux du premier stade est passé à 20,50%.
Cela signifie que les cotisations chez les indépendants ne dépassent jamais 4100€ sur un trimestre vu que la
cotisation maximum est de 14,16%.
Attention, en sens inverse, il existe un plancher. Le premier taux (20,50%) est toujours appliqué à un revenu
minimum qui s’élève effectivement à 14 000€. Si le revenu professionnel réel s’élève à 10 000€/an, il n’y a
pas d’imposition à concurrence de 20,50% sur 10 000€ mais à concurrence de 20,50% sur 14 000€. On fait
« comme si » on avait gagné au moins 14 000€.
Cela explique les cotisations minimums payées en début d’activités qui s’élèvent donc à 20,50% de 14 000€
(que l’on divise par 4 pour avoir le montant trimestriel). Actuellement, les cotisations minimums chez un
indépendant s’élèvent à 720€ par trimestres.
Entre les indépendants, on a moins de solidarité et surtout peu de solidarité entre les petits indépendants et
les grands indépendants.
Il existe un mécanisme de dispense temporaire du paiement des cotisations. Il se peut qu’on connaisse des
difficultés parce que soit la situation a beaucoup évolué soit parce qu’il y a eu un accident de parcours ou
D. Dumont 35
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
autres. En introduisant une demande à l’INASTI, il est possible d’être exempté de tout ou partie des
cotisations normalement dues pour un certain nombre de trimestres.
Les conditions sont qu’il faut se trouver temporairement dans une situation financière ou économique
difficile (ex : crise dans le secteur d’activité, perte d’un client qui apportait les 2/3 des revenus
professionnels).
Si on n’est pas d’accord avec la décision de l’INASTI, un recours est possible devant un organe interne à
l’INASTI nommé la Commission de recours en matière de dispense de cotisations (AR n°38, art. 21ter).
L’important à retenir ici est l’effet de la dispense. Si une telle dispense est octroyée, cela n’a, en règle, pas
d’impact sur la couverture sociale (droit passerelle, accident de travail, etc.).
/!\ Sauf dans le secteur des pensions où lorsqu’il y a une dispense, il y aura un trou dans le compteur de la
carrière professionnel (art. 17, §8).
2. L’intervention de l’Etat
(Renvoi)
Il n’y a rien de particulier par rapport à ce qui est prévu dans le régime des salariés. les modalités de
l’intervention sont d’une part une dotation de l’Etat fédéral versée à l’INASTI et d’autre part le financement
alternatif mais il s’agit des mêmes recettes fiscales (ex : TVA, accises, etc.).
En termes de proportions, l’intervention de l’Etat devient beaucoup plus importante chez les indépendants
que chez les salariés. La couverture sociale ne cesse de s’améliorer pour les travailleurs indépendants.
Cependant, on a réduit le poids des cotisations sociales.
D. Dumont 36
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
a) Trois étages
1- Perception des cotisations sociales et répartition de l’ensemble des ressources financières entre les
différentes branches
En charge de cet étage supérieur, c’est l’ONSS. Un établissement public coupole : l’office national de sécurité
sociale.
On vise le secteur pension, le secteur chômage, le secteur accident du travail, etc. Il y a un établissement
public à la tête de chaque branche.
L’ONSS collecte et redistribue les ressources. Ensuite, dans chaque branche, on a une institution publique de
référence. Enfin, les prestations (de chômage, etc.) sont versées et distribuées aux ayant droit. Le pluralisme
institutionnel prévaut dans la plupart des branches de la sécurité sociale. il y a une coexistence des différents
organismes, privés et publics, entre lesquels il faut opérer un choix (on choisit de s’affilier à tel organisme
plutôt qu’à un autre).
Il y a une exception dans 2 secteurs de la sécurité sociale des salariés : pensions et maladies professionnelles.
Il n’y a que 2 étages c’est-à-dire l’ONSS en premier lieu puis une seule institution unique qui s’occupe et du
contrôle et du paiement des allocations.
Terminologie : on désigne tous les établissements publics qui existent dans le système de sécurité sociale
(que ce soit l’ONSS ou les différentes branches chargées de supervision) sous la dénomination « d’institutions
publiques de sécurité sociale » (IPSS) VS les organismes de droit privés (caisses d’allocation familiale,
mutuelles, caisses de chômage des syndicats) qui sont elles nommées « institutions coopérantes de sécurité
sociale ».
Toutes ces institutions publiques de sécurité sont gérées paritairement par les interlocuteurs sociaux.
A la tête de l’ONSS et des différentes branches du système se trouve un comité de gestion (// conseil
d’administration). C’est un organe de gestion composé en nombre égal de représentants d’organisations
syndicales et de représentants d’organisations patronales.
Cela découle directement du premier clivage capital/travail concernant le rapport de classes entre les
détenteurs de capitaux et les travailleurs. Cela s’explique car ce sont ces personnes qui cofinancent
largement la sécurité sociale (« qui paye contrôle »).
D. Dumont 37
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
A l’heure actuelle, c’est la loi du 25 avril 1963 sur la gestion des organismes d’intérêt public de sécurité
sociale et de prévoyance sociale qui règle ceci et prévoit que chacune des différentes institutions publiques
de sécurité sociale est administrée par un comité de gestion et que ce dernier est composé paritairement.
Il y a des débats pour savoir si la gestion paritaire sera préservée. Ce qui a remis en question l’existence de
cette gestion paritaire est le fait que l’on commence doucement à défédéraliser la sécurité sociale. Les
branches défédéralisées n’est désormais plus financée par voie de cotisation mais entièrement financée par
les entités fédérées qui en ont la compétence, c’est-à-dire par des ressources fiscales.
Cette évolution (financement majoritairement par cotisation à financement exclusivement par la voie
fiscale) remet en cause la justification de la parité. La justification historique (qui paye contrôle) tombe. Pour
autant, la gestion paritaire disparaitra-t-elle ? Wait and see.. (la Flandre a pour l’instant largement démantelé
la gestion paritaire contrairement à la Wallonie et à Bruxelles).
Son rôle principal est la collecte des différentes ressources fiscales puis de répartir ces ressources entre les
différentes branches du régime général.
D. Dumont 38
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
a) L’assurance chômage
Au sein de la branche chômage, on a une institution de sécurité publique qui opère le contrôle qui est l’ONEM
(office national de l’emploi). Celui-ci prend les décisions et prononce les sanctions. En dessous de l’ONEM on
a donc les Organismes de paiement (OP). Ceux-ci sont soit l’une des 3 caisses syndicales ainsi soit la Caisse
auxiliaire de paiement des allocations de chômage (CAPAC) (caisse publique).
L’institution publique chargée du contrôle est l’INAMI (institut national d’assurance maladie-invalidité). En
dessous ce celle-ci, on trouve des OAA (ou OA) (organismes assureurs), c’est-à-dire les mutualités et la caisse
auxiliaire d’assurance maladie-invalidité (CAMI).
L’institution publique chargée du contrôle est l’office bicommunautaire de la santé, de l’aide aux personnes
et des prestations familiales (Iriscare). Au niveau du paiement, on retrouve les caisses d’allocations familiales,
c’est-à-dire les caisses privées agréées ou Famiris.
d) Les pensions
Le contrôle et le paiement est opéré par le SFP (Service fédéral des pensions) (anciennement ONP – Office
national des pensions)
Le contrôle et paiement est opéré par l’agence fédérale des risques professionnels (Fedris) (anciennement
le Fonds des maladies professionnelles – FMP).
Le contrôle est opéré par l’Agence fédérale des risques professionnels (Fedris) (anciennement le fonds des
accidents du travail – FAT). Au niveau du paiement des indemnités des accidents du travail, il y a des
entreprises d’assurance.
On a à la tête du régime une institution publique de sécurité sociale de référence (INSASTI). Son rôle consiste
à collecter et répartir les différentes ressources (fiscales et parafiscales) entre les différentes branches du
statut social des indépendants. Il n’y a pas de pot commun entre les salariés et les indépendants, chaque
régime est, à la fois sur le plan des masses budgétaires et de la gestion du fonctionnement administratif, tout
à fait distinct.
La différence importante entre l’INASTI et l’ONSS est que l’INASTI ne se charge pas lui-même de collecter les
cotisations.
D. Dumont 39
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
De nouveau, on est passé d’une gestion sectorielle des moyens à une gestion globale, c’est-à-dire
qu’auparavant les moyens étaient alloués en fonction de clés préétablies puis, 3 ans après l’avoir fait pour le
régime général, on a aussi globalisé la gestion pour le régime des indépendants.
L’équivalent du comité de gestion de la sécurité sociale (qui siège au sein de l’ONSS) est le CGG qui est le
comité général de gestion. Il est composé des organisations représentatives des travailleurs indépendants
(UCM, syndicat neutre des indépendants, etc.).
En dessous de l’INAMI on retrouve les caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants. Ce sont
les caisses auxquelles chaque travailleur indépendant doit s’affilier avant le début de l’activité
professionnelle (AR n°38 art. 10 §1). Il y a des caisses d’assurances privées et une caisse publique (la caisse
nationale auxiliaire d’assurances sociales pour travailleurs indépendants – CNASTI).
S’il y a négligence d’affiliation, le travailleur indépendant est alors affilié d’office à la CNASTI (art. 10, §2, 3°).
3. Les branches
/!\ Il n’existe pas de couverture contre le chômage ni contre les risques professionnels.
Il existe depuis 1997 une quatrième branche nommée le droit passerelle (anciennement assurance sociale
en cas de faillite).
a) Le droit passerelle
Le contrôle et le paiement sont effectués par les caisses d’assurances sociales pour travailleurs indépendants.
Le contrôle est effectué par l’Office bicommunautaire de la santé, de l’aide aux personnes et des prestations
familiales (Iriscare). Le paiement quant à lui se fait par les caisses d’allocations familiales, c’est-à-dire les
caisses privées agréées ou Famiris.
Le contrôle est effectué par l’INAMI et le paiement par les organismes assureurs, c’est-à-dire les mutualités
ainsi que la caisse auxiliaire d’assurance maladie-invalidité (CAAMI).
d) Les pensions
Le contrôle est opéré par l’INASTI et le paiement par le SPF (service fédéral des pensions).
D. Dumont 40
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
C’est une branche à la fois pionnière et à part. c’est en effet la première branche de la sécurité sociale mais
elle est à part car au niveau du fonctionnement il y a l’intervention d’entreprises d’assurance ayant un
caractère commercial.
1. Philosophie générale
L’indemnisation des accidents du travail est la première fois qu’on a écarté l’application du droit de la
responsabilité civile. On a écarté 1382 cc. au profit d’un mécanisme de réparation spécifique. Par la loi du 24
décembre 1903 on a établit le système de responsabilité sans faute. C’est-à-dire que dès lors qu’un accident
du travail se produit, il doit y avoir réparation sans se poser la question de la faute.
Ce système est fondé sur la notion de « risque professionnel ». L’idée est que celui qui expose un risque doit
supporter les conséquences de la réalisation du risque qu’il crée. Le grand compromis a été que d’un côté
on a de l’indemnisation automatique (système de responsabilité sans faute) mais de l’autre côté, en
contrepartie, la réparation est forfaitaire (prédéterminé par la législation).
Depuis la loi du 10 avril 1971 sur les accidents de travail, siège actuel de la matière, a imposé aux employeurs
l’obligation de contracter une assurance contre les accidents. Cela a eu une influence sur le système car
après cette loi, le débiteur de la réparation est l’assureur-loi. Depuis 1971, l’employeur « sort du jeu ».
Le domaine des accidents du travail est géré par les sociétés d’assurances commerciales. C’est une
particularité dans le paysage de la sécurité sociale. En 1944, lorsque les autorités ont préparé l’AR de 1944,
elles entendaient dépouiller les sociétés d’assurances existants de leurs prérogatives au profit d’une
institution publique de sécurité sociale. Cependant, ce projet n’a pas pu aux assurances concernées (et les
organisations patronales) qui ont alors bloqué le projet.
La conséquence pour les employeurs est qu’ils doivent conclure un contrat d’assurance et le paiement de
primes proportionnées au risque.
Le rôle de Fedris (agence fédérale des risques professionnels) (ex Fonds des accidents du travail) : outre le
contrôle des décisions des assureurs, il est assureur de substitution en cas de défaillance de l’employeur (art.
58, §1, 3° et art. 60).
On commence par observer les personnes susceptibles de bénéficier d’une protection en cas d’accident du
travail. L’art. 1 énonce que sont couverts tous les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale des
travailleurs salariés. En outre, l’art. 3, 1° explique que le roi est habilité à étendre le bénéfice de la couverture1
(cf. AR du 25 octobre 1971 sur les accidents du travail).
1
Ex : les étudiants jobistes
D. Dumont 41
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
On observe ensuite le risque couvert et les conditions d’octroi de la couverture. Il y a prise en charge de 2
risques sociaux : les accidents du travail et les accidents sur le chemin du travail. Ce sont des concepts assez
« plastiques », largement modelés par la jurisprudence. La Cour de cassation a balisé ce concept d’accident
du travail.
1. La notion-pivot : l’accident
a) Notion
L’accident n’est pas défini en tant que tel par la législation. De longue date, la doctrine a défini l’accident
comme ceci :
à Accident = événement soudain qui cause une lésion.
1- Un événement soudain
Soudain ≠ instantané
L’événement est beaucoup plus large et extensif que « instantané ». Il y a exigence d’une certaine brièveté.
La jurisprudence dit en effet qu’il ne faut pas nécessairement que l’événement soit immédiat mais qu’il doit
être épinglé dans le temps (un début et une fin) et qu’il présente une certaine brièveté. En l’état actuel de
la jurisprudence on admet qu’on a affaire à un événement soudain dans des conditions extensives. Un
évènement qui dure plusieurs heures peut être un événement soudain du point de vue de la législation du
travail (ex : effort marqué accompli pendant 2h d’affilée, manutention lourde pendant un certain temps).
Par contre il n’y a pas d’exigence d’anormalité (cas du geste banal). Il ne peut être requis, pour avoir affaire
à un événement soudain, que celui-ci soit anormal. Il ne peut être requis qu’il se soit passé quelque chose
sortant du cours normal de l’exécution du contrat de travail. En d’autres termes, un geste banal peut causer
un accident de travail (ex : une infirmière peut se bloquer le dos pendant qu’elle refait un lit).
La jurisprudence tend à accepter la notion de « geste de trop » en événement soudain. C’est-à-dire le dernier
moment d’une chaîne d’événement découlant sur un burn out.
2- Une lésion
b) Preuve
La loi du 10 avril 51 prévoit, en son art. 9, un mécanisme important qui présume le lien de causalité entre
l’événement soudain et la lésion. Le travailleur doit apporter la preuve de l’événement soudain et la preuve
d’une lésion. Quant au lien de causalité, au fait que c’est l’événement soudain qui a effectivement causé la
lésion, il est présumé.
Attention qu’il s’agit d’une présomption simple qui peut donc être renversée.
2. Accident du travail
D. Dumont 42
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
a) Notion
L’accident de travail est premièrement un accident donc un événement soudain causant une lésion. Pour
avoir affaire à un accident du travail, la loi définit l’accident du travail comme étant « tout accident qui
survient à un travailleur dans le cours et par le fait de l’exécution du contrat de travail » (art. 7, al 1).
La Cour énonce qu’on se situe dans l’exécution du contrat de travail tant et aussi longtemps que l’on se
trouve sous l’autorité de l’employeur. Ceci est un concept extensif. On aura affaire à un accident survenu
« dans le cours » de l’exécution du contrat de travail également durant une pause.
Il faut une concordance temporelle entre le contrat de travail et l’accident. En outre, il faut également une
causalité, que l’accident ait été entrainé par le fait que l’employé exécute son contrat de travail. L’événement
soudain causant une lésion doit être en rapport avec le milieu professionnel.
b) Preuve
On a également un mécanisme visant a alléger la charge de la preuve. L’art. 7, al 3 énonce que l’accident
survenu dans le cours de l’exécution du contrat est présumé survenu par le fait de cette exécution.
A nouveau, c’est une présomption simple qui peut donc être renversée. Cependant, cela n’est pas évident
pour l’assureur. En pratique, les discussions se concentrent sur une situation précise que sont les problèmes
de santé préexistants.
Ex : une personne cardiaque ayant déjà subi des interventions à qui il arrive quelque chose au travail.
L’assureur doit démontrer que l’infarctus aurait de toutes façons eu lieu. Il doit démontrer que c’est un
hasard et qu’il n’y a aucun rapport entre le milieu du travail et l’accident qui a eu lieu.
Dès que le milieu du travail a contribué, même de manière minime, à produire la lésion, il y a accident du
travail.
o Art. 8, §1, al. 1 : est également considéré comme un accident du travail l’accident survenu sur le
chemin du travail
o Art., §1, al 2 : le chemin du travail est le trajet normal que le travailleur doit parcourir pour se rendre
de sa résidence au lieu de l’éxécution du travail, et inversément.
D. Dumont 43
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
- Le législateur règle 2 cas : Les cas du covoiturage et de la garderie/école (art. 8, §1, al. 2, 1° et 2°)
- Les autres cas : détours et interruptions peut importants ou importants mais justifiés par un cas de
force majeure
Section 4 – L’indemnisation
Rappelons que nous avons une indemnisation automatique mais forfaitaire. Dès que la matérialité qu’un
accident du travail est établie, on a droit à la réparation. Cependant, la nature de la réparation sont
prédéterminés par la loi.
C’est la période durant laquelle les lésions (physiques et/ou mentales) évoluent ou sont encore susceptibles
d’évoluer. Temporaire signifie que l’incapacité est en mouvement, qu’elle est évolutive.
L’incapacité est totale lorsque le travailleur n’est pas en mesure de reprendre le travail. L’indemnisation est
alors organisée comme ceci : toucher une indemnité égale à 90% de la rémunération. Le système est
relativement avantageux.
C’est le cas lorsque le travailleur victime de l’accident est en mesure de reprendre le travail, le cas échéant à
un poste adapté. S’il y a remise au travail, le travailleur en ITP touchera un montant total égal à son ancienne
rémunération (art. 23). Si différence il y a entre l’ancienne et la nouvelle rémunération, celle-ci est assurée
par l’assureur-loi.
Si jamais l’employeur n’est pas en mesure de donner un travail adapté, l’indemnisation se fera de même
manière qu’en ITT (90% du salaire).
Peu importe que le travailleur reprenne ou non le travail, il y a une indemnité en fonction du taux d’incapacité
permanente (art. 24). Ce qui sera perçu à charge de l’assureur-loi est une indemnité égale à la rémunération
plafonnée (perçue avant l’accident de travail) multipliée par un certain pourcentage.
L’objet de l’indemnisation change selon qu’on soit dans une incapacité temporaire ou permanente. Durant
une incapacité temporaire, le taux est calculé en fonction de la rémunération réelle avant l’accident. Tandis
D. Dumont 44
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
que dans l’incapacité permanente, l’indemnité ne cherche plus à compenser la perte de salaire effective. Ce
taux d’incapacité permanente cherche à compenser la perte de capacité concurrentielle de la victime sur le
marché du travail. L’assureur-loi prendra en charge la diminution de la valeur économique du travailleur sur
le marché du travail général.
Le taux d’incapacité permanente est calculé selon divers critères dégagés par la jurisprudence. Dans ce cas
ce sont des critères d’origine prétorienne. On prend entre autres l’importance des lésions, l’âge de la victime,
la formation professionnelle et la faculté de réadaptation.
NB : Il se peut que dans la suite de la carrière, le travailleur gagne mieux ou moins bien sa vie par rapport à
la période avant l’accident de travail (généralement on gagne moins bien).
Au niveau de la procédure : il y a une proposition de l’assureur-loi (lorsqu’il estime que les lésions sont
consolidées) à la victime ; s’il y a accord de la victime, il y a une transmission) Fedris pour entérinement (art.
65). On retrouve l’institution publique de sécurité sociale qu’est Fedris vue supra dans son rôle de contrôle
de décisions des assureurs-loi.
En cas de décès, le risque social que la sécurité sociale va chercher à amortir est la perte de sécurité
économique résultant du décès du travailleur pour sa famille. Les art. 10 à 21 permettent l’octroi d’une rente
à certains membres de la famille de la victime
Les art. 28 à 33 indique qu’il y a un remboursement intégral des frais médicaux (pas de ticket modérateur à
≠ régime de sécurité général). L’assureur-loi va prendre en charge l’intégralité des dépenses médicales.
D. Dumont 45
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
En effet, nous sommes tous concernés par la retraite, par les soins de santé etc. tandis que statistiquement
le risque du chômage est plus concentré sur le bas de l’échelle sociale. Dans ce contexte, lorsqu’on se situe
sur le haut de l’échelle sociale, on peut se sentir peu concerné.
A l’origine de l’assurance chômage ce sont les syndicats. Les prémisses de l’assurance remontent à la 2e
moitié du 20e siècle. Les organisations ouvrières ont mis en place les bases de l’actuelle assurance-chômage.
Les associations syndicales à l’heure actuelle paie les allocations de chômage, ce sont les principales caisses
de paiement des allocations. Il existe également une caisse publique.
L’objectif était de pouvoir donner aux personnes impactées un revenu de remplacement. L’objectif a été en
fait double : protéger les chômeurs d’une part mais également de protéger les travailleurs. L’existence d’un
système d’assurance-chômage joue un rôle d’obstacle à la diminution de la rémunération salariale. Il est plus
difficile de revoir à la baisse les salaires pour les employeurs car il doit toujours y avoir un certain écart entre
les rémunérations salariales et les allocations de chômage. Pour cette raison, le contrôle de l’assurance-
chômage constitue un enjeu de pouvoir majeur.
Le siège actuel de la matière est l’AR du 25 novembre 1991 portant réglementation du chômage (=code du
chômage). C’est un simple arrêté royal et non pas une loi. Dans la matière du chômage, la hiérarchie des
normes est « décalée d’un cran » c’est-à-dire que le texte est un arrêté royal, dès lors celui-ci est exécuté
par un simple arrêté ministériel (arrêté ministériel du 26 novembre 1991 portant les modalités d’application
de la réglementation du chômage). Cela est pertinent à souligner car lorsqu’on est face à une loi, il y a une
D. Dumont 46
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
intervention du législateur, c’est-à-dire du parlement, des élus de la nation (or dans un AR, c’est le
gouvernement seul qui adopte le texte).
L’unique base « légale » est l’art. 7 de l’arrêté-loi du 28 décembre 1944 concernant la sécurité sociale des
travailleurs.
Aujourd’hui, l’indemnisation des chômeurs est une matière restée fédérale. Concrètement et
« organisationnellement », 2 offices interviennent : l’ONEM et les organismes de paiement (3 caisses
syndicales et la CAPAC) (vu supra).
Concernant l’accompagnement, il faut se tourner vers les entités fédérées. les régions sont compétentes
pour la matière du placement des chômeurs au titre de la politique de l’emploi. Autant les régions sont donc
compétentes pour la politique de l’emploi, c’est elles qui ont la mainmise sur le placement. Les communautés
quant à elles se sont vues confiées la matière de la formation des demandeurs d’emploi.
/!\ Par le biais de transferts de compétences ayant eu lieu entre les entités fédérées elles-mêmes, on a
restauré le lien historique entre le placement et la formation partout sauf à Bruxelles.
- En région de langue néerlandaise : le VDAB
- En région de langue française : le Forem
- En région de langue allemande : l’ADG
- En région bilingue de Bruxelles-Capitale : Actiris (Région bruxelloise) pour le placement + le VDAB
(Communauté flamande) et Bruxelles formation (COCOF) pour la formation professionnelle.
Art. 27, 7° : conditions d’admissibilité = conditions de stage qu’un chômeur doit remplir pour pouvoir
bénéficier de l’assurance chômage
Art. 30 à 33 : admission aux allocations de chômage des travailleurs qui ont presté un certain nombre de
journées de travail au cours d’une période de référence.
D. Dumont 47
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Art. 36 : admission aux allocations d’insertion des jeunes âgés de – de 25 ans, au moment de la demande,
qui ont terminé (et, depuis 2014, réussi, s’ils ont moins de 21 ans) des études.
- Quelles études ?
à Cycle supérieur de l’enseignement secondaire général ou cycle inférieur de l’enseignement
secondaire technique et professionnel (cycle supérieur de l’enseignement secondaire pour les – de
21 ans)
- Durée du stage ?
à 310 journées (1 an) de travail ou de recherche d’emploi
Art. 27, 8° : conditions d’octroi = conditions qu’un chômeur admissible au bénéfice des allocations doit
remplir pour pouvoir les obtenir effectivement.
Attention, le seul fait d’être privé de travail ne donne pas droit aux allocations de chômage. Le risque pris en
charge est le chômage involontaire. C’est-à-dire celui de la personne qui n’a pas de travail mais qui veut et
qui peut travailler.
Art. 44 : pour pouvoir bénéficier d’allocations, le chômeur doit être privé de travail et de rémunération
a) La privation de travail
2- L’activité effectuée pour un tiers qui procure une rémunération ou un avantage matériel
Art. 45, al 2 : toute activité effectuée pour un tiers est présumée, jusqu’à preuve du contraire, procurer une
rémunération ou un avantage matériel
b) La privation de rémunération
D. Dumont 48
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Ex : Si on a été licencié mais qu’on n’a pas reçu de préavis mais des indemnités compensant le préavis, durant
cette période il n’y aura pas d’allocations de chômage car on considère que le travailleur continue de
percevoir une rémunération
Art. 44 : pour pouvoir bénéficier d’allocations, le chômeur doit être privé de travail et de rémunération par
suite de circonstances indépendantes de sa volonté
Art. 51, §1, al 2 : par chômage par suite de circonstances dépendant de la volonté, il faut entendre :
1- L’abandon d’un emploi convenable sans motif légitime2 (ex : déménagement à Légitime ou non ?)
2- Le licenciement pour un motif équitable
3- Le refus d’un emploi convenable
+ le défaut de présentation au service régional de l’emploi et de la formation
Art. 52 à 53bis : exclusion du bénéfice des allocations pendant 4 à 52 semaines (4 à 26 semaines en cas de
licenciement pour motifs équitables)
à Depuis 2004 et le passage du modèle de l’Etat-providence à celui de l’Etat social actif, 2 dimensions :
passive et active.
L’esprit de la réglementation est de ne pas indemniser à tout va et le plus longtemps possible mais tant et
aussi longtemps que le chômeur n’est pas en mesure d’avoir un emploi. Pour s’assurer du caractère effectif
de cette philosophie, on attend des chômeurs non pas seulement qu’ils s’abstiennent d’un certain nombre
de comportements déterminés mais aussi une attitude plus générale à l’égard du marché de l’emploi : la
disponibilité.
2
La réglementation du chômage assimile à un refus d’emploi convenable le fait de ne pas se présenter au service
de l’emploi et de la formation
D. Dumont 49
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
a) La disponibilité passive
- Art. 56, §1, al 2 : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit être disposé à accepter tout emploi
convenable
N’est pas disposé à accepter tout emploi convenable le chômeur qui soumet sa remise au
travail à des réserves qui, compte tenu des critères de l’emploi convenable, ne sont pas
fondées
b) La disponibilité active
Depuis 2004, il y a une exigence de disponibilité active. On a inséré dans le cadre du chômage une nouvelle
obligation consistant à rechercher activement du travail.
Art. 58, §1, al 1 : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit rechercher activement un emploi
Le chômeur indemnisé, demandeur et chercheur d’emploi
Art. 58/1 à 58/12 : la procédure de contrôle de la disponibilité active (cadre normatif fédéral complété par
les régions et mis en œuvre par les services publics régionaux de l’emploi)
Principales étapes :
- Information sur les droits et les devoirs
- Élaboration d’un plan d’action individuel
- Évaluation au moins 1x/an
- Nouvelle évaluation au plus tard 6 mois après une évaluation négative
- Sanctions graduelles : avertissement, diminution ou suspension des allocations, exclusion
6e réforme de l’Etat : régionalisation de la mise en œuvre du contrôle de la disponibilité, passive et active (loi
spéciale du 8 août 80, art. 6, §1, IV, 5°).
Art. 60 à 62 : pour bénéficier des allocations, le chômeur doit être apte au travail au sens de la législation
relative à l’assurance maladie-invalidité.
à Critère des 66% de l’assurance indemnité des travailleurs salariés
Art. 63, §1 : le chômeur ne peut bénéficier des allocations avant la fin de l’obligation scolaire.
Art. 64 : le chômeur ne peut plus bénéficier des allocations à partir de son 65e anniversaire.
Section 4 – L’indemnisation
1. Évolution générale
D. Dumont 50
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Dans les années 80-90, les montants des allocations de chômage ont été fortement réduits. Les années 80
marquent la crise du choc pétrolier, de la crise de la désinstrualisation, l’explosion du nombre de chômeurs.
Beaucoup de mesures ont été successivement prises pour réduire les montants des allocations.
Dans les années 2000 on est plus revenu vers un montant assuranciel. On en est revenu à l’idée que
l’assurance-chômage est une assurance. Ce n’est pas seulement de fournir un minimum vital (plutôt CPAS)
mais d’octroyer un revenu de remplacement.
En 2012, sous le gouvernement Di Rupo, le balancier est reparti dans l’autre sens avec un retour marqué par
l’austérité. On a adopté une double réforme ayant fait beaucoup de bruit. On a vu un net renforcement de
la dégressivité des allocations de chômage ordinaires et la limitation dans le temps des allocations
d’insertion.
Art. 110, §1 : chef de ménage = travailleur qui cohabite avec un partenaire (marié ou de fait) ou avec un ou
plusieurs enfants ne disposant ni de revenus professionnels, ni de revenus de remplacement.
C’est une définition assez étroite et restrictive car il faut 1. Cohabiter avec un partenaire de vie et 2. Ce
partenaire n’a aucun revenu.
D. Dumont 51
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Pendant les 3 premiers mois d’indemnisation : pour tous les chômeurs, 65% du salaire perdu (plafond salarial
supérieur)
Les 3 derniers mois (6 à 12) : on se réfère à un plafond salarial plus faible (plafond salarial moyen).
On a toujours un pourcentage en fonction du salaire antérieur mais cela varie en fonction de la durée du
travail effectué avant.
On a une partie fixe de 2 mois et s’ajoute à ces 2 mois, 2 mois additionnels par année de passé professionnel
en tant que salarié.
L’indemnisation, durant la 2e période, varie aussi en fonction de la catégorie familiale de laquelle on ressort.
Pendant au maximum 1 an :
- 60% du salaire perdu pour le chef de ménage
- 55% pour les isolés
- 40% pour les cohabitants (plafond salarial inférieur)
A partir, au plus tard, de 2 ans de chômage : diminution tous les 6 mois de 1/5 de la différence entre le
montant perçu et le forfait de la 3e période.
Limitations dans le temps depuis 2012 : « crédit » de 36 mois (3 ans), à partir de la première indemnisation
pour les cohabitants et à partir du 30e anniversaire pour les chefs de ménages et les isolés (art. 63, §2).
D. Dumont 52
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
La branche pension va sûrement connaître les évolutions les plus significatives dans les années à venir.
- 1er pilier : les pensions obligatoires (ou légales), organisées par la sécurité sociale
- 2e pilier : les pensions complémentaires (ou extralégales) organisées collectivement par les
entreprises
- 3e pilier : les pensions complémentaires constituées individuellement par les travailleurs
2. Capitalisation VS répartition
Dans les pensions extralégales (2 et 3e piliers), on a un financement par capitalisation. Cela signifie que, à
échéance régulière, l’employeur et/ou l’employé cotise de l’argent. Celui-ci est placé sur les marchés
financiers. Est donc constituée une épargne au fur et à mesure du temps.
à Logique de prévoyance individuelle
Dans les pensions légales (1er pilier), on a un financement par répartition. C’est-à-dire que les cotisations
versées trimestriellement ne sont pas cachées sur un compte (ce n’est pas de l’argent restitué une fois la
retraite arrivée) mais sont directement redistribuées. Les ressources fiscales et parafiscales servent à
financer directement les pensions des personnes qui sont à la retraire actuellement.
à Logique de solidarité entre les générations
Siège de la matière :
- AR n°50 du 24 octobre 1967 relatif à la pension de retraite et de survie des travailleurs salariés (AR
50)
D. Dumont 53
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Dans le secteur vieillesse, on prend en charge 2 risques sociaux distincts : le risque de vieillesse (pensions de
retraite) et le risque de veuvage (pension de survie – en voie de démantèlement).
1. Le principe
AR 50, art. 1 : sont couverts tous les travailleurs assujettis au régime de sécurité sociale des travailleurs
salariés
2. Les extensions
Dans la branche vieillesse, les conditions d’octroi ne sont pas tellement « le plat principal » comme dans les
autres branches de la sécurité sociale. En effet, le risque couvert étant celui de la vieillesse, on se réfère
particulièrement à un critère d’âge.
Deux éléments :
- Exigence d’âge
- Réduction ou arrêt de l’activité professionnelle
Depuis 2009 : 65 ans pour les hommes comme pour les femmes
Cela étant, il est encore possible de ne pas aller jusque 67 ans en optant pour une retraite anticipée.
D. Dumont 54
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
b) La retraite anticipée
à AR 1996, art. 4
Durcissement progressif des conditions dans les années 2010 (gouvernements Di Rupo et Michel).
Depuis 2019, la retraite anticipée est autorisée à partir de 63 ans, à condition de justifier d’une carrière
suffisante (42 ans).
Notons que lorsqu’on ne prend pas de retraite anticipée, il n’y a pas d’années de carrière à justifier.
Il faut seulement avoir atteint l’âge de 67 ans (au +).
Vers une prise en compte de la pénibilité du travail ? en vue de moduler les conditions de retraite anticipée.
Le gouvernement précédent s’est planté sur ce sujet.
C’est un mécanisme qui relève de l’assurance chômage. La prépension porte mal son nom (d’où son
changement de nom sous Di Rupo). Un chômeur avec complément d’entreprise c’est un travailleur âgé qui
a fait l’objet d’un licenciement et qui relève de l’assurance chômage, étant entendu que s’ajoute à
l’assurance chômage une indemnité à charge de l’employeur (= à la moitié de la différence entre l’allocation
de chômage perçu avant le licenciement). La philosophie de ce mécanisme vise un accompagnement social
du licenciement. Quant à l’indemnisation, l’allocation de chômage est à charge de l’ONEM, complétée par
une indemnité à charge de l’ancien employeur.
L’exigence d’avoir réduit son activité professionnelle n’est pas une condition d’octroi de la pension de
retraite. En réalité c’est une condition de paiement. Si on ne réduit pas les activités professionnelles, on ne
perd pas le droit à la pension de retraite mais le versement effectif sera suspendu (une partie de la pension
de retraite ne sera pas payée).
a) Le principe (?)
Le principe qui apparaît toujours dans la réglementation (mais qui n’en est plus vraiment un étant donné le
nombre d’exceptions qui l’assortissent) veut que la pension ne soit pas versée si le bénéficiaire exerce une
activité professionnelle.
à AR 50, art. 25, §1 : sauf dans les conditions déterminées par le Roi, la pension n’est payable que si le
bénéficiaire n’exerce pas d’activité professionnelle.
AR 1967, art. 64, §2 et 3 : par activité professionnelle, il faut entendre toute activité susceptible de produire
des revenus.
b) L’activité autorisée
En dérogation au principe, on peut continuer ou commencer à exercer une activité professionnelle alors
qu’on touche une pension de retraite à condition que le revenu tiré de l’activité professionnelle ne dépasse
pas certains plafonds (AR 1967, art 64, §2 et 3).
NB : Relèvement régulier des plafonds depuis les années 2010
D. Dumont 55
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Cependant, c’est déjà fait depuis 2015 pour tous les bénéficiaires qui ont atteint l’âge de la retraite ou qui
prouvent une carrière d’au moins 45 ans (AR 1967, art. 64, §4)
En Belgique on a un système bismarkien au niveau de l’assurance sociale. on ne cherche pas à fournir à tout
le monde un même standard de vie mais à procurer des ressources en proportion du train de vie antérieur.
La pension légale de retraite est égale à un pourcentage de la moyenne des rémunérations gagnées au cours
de la carrière professionnelle.
1. La carrière professionnelle
b) La durée de la carrière
Il n’y a pas de durée minimale de carrière requise pour avoir droit à la pension lorsqu’on a l’âge de départ à
la retraite.
à Une année de travail (ou d’inactivité assimilée) = 1/45e d’une pension complète
2. Les rémunérations
- Pour les périodes d’activité professionnelle : prise en compte de la rémunération réelle brute (AR
67, art. 22)
- Pour les périodes assimilées : prise en compte, non pas de l’allocation sociale, mais de la
rémunération afférente à l’année civile précédente (AR 67, art. 24bis, point 1, al 1)
D. Dumont 56
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
o Principales exceptions :
Depuis 2012, on a une valorisation sur la base du salaire minimum des 3e périodes de
chômage (AR 67, art. 24bis, point 6) et, depuis 2019, des 2e périodes de chômages (AR 67,
art. 24bis, point 6°bis) ainsi que des périodes de chômage avec complément d’entreprise
(AR 67, art. 24bis, point 7°bis).
b) Plafond
Il n’est plus tenu compte de la part du total des rémunérations de chaque année qui dépasse le plafond
annuel (AR 50, art. 7, al. 3)
La partie du salaire dépassant un certain plafond n’est donc pas prise en considération lors du calcul de la
pension. Par exemple, max. 58 500€/an peuvent être pris en compte.
c) Réévaluation
Toutes les rémunérations (plafonnées) prises en compte, qu’elles soient réelles ou fictives, sont réévaluées
au moment de l’octroi sur la base de l’évolution de l’indice des prix à la consommation (AR 50, art. 29bis, §1)
Neutralisation complète des effets de l’inflation : différence majeure avec les pensions extralégales
financées par capitalisation
Imaginons que Papy arrive à la retraite fin 2020. Son salaire de l’époque ne vaut malheureusement pas le
salaire actuel. On prend le salaire de 1975 (1500€ brut) et on regarde comment l’index des prix à la
consommation a évolué entre temps (par exemple x3). Cela permet de ne plus tenir compte d’un salaire qui
ne représente plus grand-chose actuellement en termes de pouvoir d’achat.
3. La situation familiale
AR 96, art. 5, §1, al 1 : deux catégories : taux dit « ménage » et taux dit « isolé ».
Compte tenu des évolutions socio-démographiques, individualisation de facto grandissante du montant des
pensions de retraite.
4. Le mode de calcul
a) Le calcul
- Deuxième étape : addition des résultats de chaque année et division de la somme par 45 (toujours
par 45), pour obtenir la rémunération moyenne perçue au cours de l’ensemble de la carrière
D. Dumont 57
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
b) La pension minimum
Il existe un correctif appelé la pension minimum. La réglementation pension garantit une pension-plancher
à tous les travailleurs salariés qui ont une carrière égale au moins aux 2/3 d’une carrière complète (base
légale dispersée dans des lois budgétaires de 1980 à 1981)
Le montant de la pension minimum complète est proratisé en cas de carrière située entre 30 et 44
années.
NB : La pension minimum pour une carrière complète s’élève pour l’instant à 1290€/mois.
Conclusion
- Plutôt oui, pour les travailleurs qui ont eu une carrière complète rémunérée à un niveau proche du
salaire moyen
- Plutôt non, pour les travailleurs dont la trajectoire professionnelle ne correspond pas à la carrière
typique d’un ouvrier ou d’un « petit » employé (en particulier travailleurs/ses à carrière incomplète
et à temps partiel, d’une part, et cadres, d’autre part)
Vers un système de pensions à points ? l’idée était de revoir le mode de fonctionnement avec un système
tout autre… on accumulerait au cours de la carrière des points (en fixant une barre de référence) et lors de
la pension, on convertirait les points en argent … Un projet aujourd’hui enterré.
D. Dumont 58
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Les prestations de sécurité sociales vues précédemment (assurance travail, chômage, pensions) ont pour
objet de garantir à la population qui est confrontée à un risque un revenu de remplacement qui se substitue
au salaire perdu, qui palie la perte de la rémunération salariale. Le volet indemnités prend en charge les
incapacités de travail hors accidents du travail (tantôt d’incapacité tantôt de maternité). Un revenu de
complètement est un revenu qui vise à compenser un surcroit de dépenses, compenser un surcout pouvant
faire que, à niveau de revenus inchangés, on peut être néanmoins confronté à des difficultés. Le
remboursement des dépenses médicales est un revenu de complément.
Siège de la matière : loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé et indemnités, coordonnée le 14
juillet 1994 et AR du 3 juillet 1996 portant exécution de la loi relative à l’assurance obligatoire soins de santé
et indemnités
2 ensembles de prestations distincts : la prise en charge des dépenses de santé (revenus de compléments)
et les indemnités d’incapacité de travail et de maternité (revenus de remplacement)
Cette nature de revenus de complément a une incidence importante sur la configuration de la branche.
C’est-à-dire que l’assurance soins de santé est une assurance unique qui couvre (pratiquement) toute la
population.
On est face à une logique beaucoup plus bévéridgienne de la branche santé à l’intérieur d’un système
globalement bismarkien. Au niveau des structures, on a une seule organisation administrative qui chapeaute
la branche santé (pas de distinction salarié/indépendant/hors du marché de l’emploi/etc.). On a donc
d’abord l’INAMI ainsi que les OA.
- Des organismes assureurs (OA) en charge du remboursement des dépenses médicales : 5 unions de
mutualités privées + une caisse publique, la Caisse auxiliaire d’assurance maladie-invalidité (CAAMI)
Vu les particularités du secteur des soins de santé, des organes de gestion au sein de l’INAMI à composition
quadripartite (les représentants des organismes assureurs et des dispensateurs de soins).
Le caractère libéral de l’organisation des soins de santé en Belgique : libre choix du prestataire de soins (art.
127, §1) et liberté d’appréciation des prestataires de soins (art. 73, §1).
D. Dumont 59
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Attention que dans un système libéral comme le nôtre, la maitrise des dépenses et beaucoup plus
compliquée.
à Efforts de limitation des dépenses, mais problème de reports de soins (les gens reportent leur visite chez
le médecin, chez le dentiste, etc.)
è Comment maitriser l’évolution de coût du système sans porter atteinte à la liberté de choix et à
l’accessibilité des soins ?
On considère souvent qu’i y a des équilibres à trouver car il est difficile d’avoir à la fois une organisation très
libérale de la médecine et une évolution des dépenses parfaitement sous contrôle et des soins accessibles à
toute la population (y compris le bas de l’échelle sociale). Souvent il faut sacrifier un éléments pour gérer les
autres.
Beaucoup d’observateurs aujourd’hui considèrent que si on veut prioriser l’accessibilité des soins tout en
veillant à la maitrise des coûts, il faut revenir sur la veille problématique de la médecine libérale (peut-on
continuer à avoir autant de choix ?)
Aujourd’hui, à peu près 99% de la population est considérée comme bénéficiaire de l’assurance soins de
santé.
1. Les titulaires
a) Les travailleurs
La pension de retraite, des indemnités de mutuelle, des indemnités de maternité, des allocations de
chômage, … toutes les personnes qui bénéficient d’un revenu de remplacement à charge de la sécurité
sociale sont titulaires, du point de vue de l’assurance santé.
La plupart des étudiants bénéficient de l’assurance soins de santé en tant que « personne à charge » d’un
titulaire. Ici, ce que couvre cette catégorie, ce sont les étudiants de l’enseignement supérieur qui ne sont pas
à charge d’un titulaire pour x ou y raison.
Ils doivent cependant payer une cotisation trimestrielle (de +/- 60€)
D. Dumont 60
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Cette catégorie est importante, c’est une catégorie résiduaire auparavant appelée des personnes « non
encore protégées ». C’est la catégorie par le biais de laquelle on fait accéder aux soins de santé toutes les
personnes qui n’entrent pas dans l’une des autres cases.
Le registre est un réseau informatique qui reprend les données des registres de la population des communes.
Toutes les personnes apparaissant dans le registre national et qui ne s’ouvrent pas des droits à l’assurance
soins de santé par le biais des autres catégories sont titulaires de l’assurance soins de santé à condition de
payer une cotisation trimestrielle (dont le montant varie en fonction du seuil de revenu).
Personne à charge = conjoint ou partenaire de vie, descendants âges de moins de 25 ans et ascendants (AR,
art. 123)
à Technique des droits dérivés
Ce sont des conditions d’octroi (délibérément) très lâches, et à charge uniquement des titulaires.
Les titulaires doivent être affiliés à une mutualité ou inscrits à la Caisse auxiliaire d’assurance maladie-
invalidité (art. 118).
Il n’existe pas de mécanisme d’inscription automatique à une mutuelle ou à la CAAMI lorsqu’on ne fait pas
de démarche.
C’est une exigence qui n’implique rien, aucune démarche pour la plus grande partie des titulaires car les
travailleurs assujettis à l’un des régimes contributifs de sécurité sociale (général ou indépendant) ne doivent
rien faire (des flux électroniques sont établis avec les mutuelles). De la même manière, il n’y a plus de
démarche à effectuer lorsqu’on est titulaire en tant que bénéficiaire d’un revenu de remplacement.
Cette condition implique une démarche principalement pour les étudiants de l’enseignement supérieur qui
s’ouvrent des droits en tant que titulaires et la catégorie des personnes inscrites au registre national des
personnes physiques.
Art. 121, §1 : habilitation du roi à régler le sort des travailleurs assujettis, des bénéficiaires d’un revenu de
remplacement, des étudiants et des personnes inscrites au registre national des personnes physiques.
D. Dumont 61
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Fonctionnement en 3 temps :
- Objet : qu’est ce qui est pris en charge ?
- Hauteur : quelle est l’importance de la prise en charge ?
- Modalités : quand et comment bénéficie-t-on de la prise en charge ?
Art. 34 : liste des types de prestations et de fournitures donnant lieu à l’intervention de l’assurance (soins
courants – dentiste, kiné, infirmier, etc., hospitalisations – accouchement, soins palliatifs, soins à domicile,
matériel orthopédique, lunettes, etc., …).
L’assurance n’intervient pas dans les prestations accomplies dans un but esthétique
La nomenclature établit un point de référence qui permet de savoir combien coûte la prestation. On associe
à ce chiffre un coefficient pour arriver à des € (ex : 3 x6,8)
Ex : un enfant va chez une logopède et sur l’attestation de soins on trouve le code unique à 6 chiffres 701013
permettant d’identifier la prestation donnant lieu à l’intervention de l’assurance soins
Le but de la sécurité sociale est de permettre un accès le plus large possible aux soins de santé. Pour atteindre
cet objectif, il est crucial d’établir une certaine sécurité dans le tarif des soins. Rappelons que nous sommes
dans un système de médecine libérale. Dans notre pays, les pouvoirs publics ne fixent pas le tarif des soins
de santé. Le compromis trouvé pour arbitrer les 2 préoccupations concurrentes que sont d’une part la
garantie d’accessibilité aux soins et d’autre part les demandes des prestataires de soins.
En 1963, la loi a établi que dans chaque profession (para)médicale, il existe un système de co-détermination,
au sein d’une commission paritaire, de la valeur réelle des prestations servant de base au calcul de
l’intervention de l’assurance soins de santé.
De 2 ans en 2 ans, chacune de ces commissions paritaires se réunit (avec d’une part, on les représentants les
prestataires de soins et d’autre part les organismes assureurs (mutuelles)) pour trouver un accord
interprofessionnel et négocient pour voir à combien le coût des prestations de soins de santé peut
augmenter. Ils s’occupent en d’autres termes de redéfinir le coefficient.
3
« Catalogue » détaillant pour chacune des catégories les différentes prestations prises en charge
D. Dumont 62
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Présomption d’adhésion aux accords et effet de l’adhésion (à alors application des barèmes conventionnels)
Avantages sociaux au bénéfice des prestataires conventionnés
1- Régime général
La règle générale est que l’intervention est partielle mais il y a des correctifs.
à Un remboursement partiel, toujours calculé sur le tarif conventionnel des prestations : une quote-part
personnelle est laissée à la charge du patient (= ticket modérateur4), à laquelle s’ajoutent les éventuels
suppléments d’honoraires.
Dans le courant des années 90, on a augmenté les tickets modérateurs pour faire des économies dans le
budget de la sécurité sociale. Le premier correctif consiste en l’intervention majorée. Ce sont des taux de
remboursement plus élevé pour certaines catégories (ex : plus gros remboursement de la visite chez le
médecin pour les bénéficiaires du statut BIM5).
à Taux de remboursement plus élevé pour les bénéficiaires du statut BIM (anciennement VIPO6)
Statut accordé automatiquement pour les bénéficiaires d’une prestation d’aide sociale (BIM
avantage), sur demande (à la mutuelle) pour les personnes éligibles en raison de leur niveau de
revenus imposables (BIM revenus).
Cette deuxième protection ne joue pas sur le pourcentage de l’intervention mais sur les € à la charge des
personnes. Sur une année civile, on ne peut payer + de x€ de ticket modérateur. Le plafond varie en fonction
des niveaux de revenus.
Plafonnement du montant annuel des tickets modérateurs, à un niveau fonction des revenus imposables
à Application automatique
4
Toujours calculé sur base des taux conventionnels (ex : remboursement de 75% d’une visite chez le médecin à
75% du coût déterminé dans l’accord médico-mutualiste)
5
Bénéficiaire de l’intervention majorée
6
Veuf, Invalide, Pensionné, Orphelin
D. Dumont 63
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Le remboursement a posteriori :
C’est à dire que si l’on va chez un prestataire de soins, celui-ci nous fait payer et de là c’est à nous de remettre
l’attestation de soins à la mutuelle qui va ensuite nous rembourser la part due.
à Tout dépenser puis être remboursé de la quote-part
Le remboursement à l’acte :
En règle générale, les modalités de facturation des soins de santé se font à l’acte. C’est-à-dire que chacune
des prestations (para)médicales qui fait l’objet d’une ligne dans la nomenclature va donner lieu à une
facturation/paiement. Sur l’attestation de soins il y a les différentes nomenclatures qui ont été données (ex :
détartrage, extraction et plombage chez un dentiste).
C’est-à-dire qu’un tiers, la mutuelle, va intervenir et prendre en charge directement le coût de la prestation.
C’est un système dans lequel la part qui est remboursée par la sécurité sociale est directement payée par
l’organisme assureur et non par nous-même (ex : si le tiers payant est d’application, il faut uniquement payer
le ticket modérateur).
On se rend compte que l’obligation de débourser dans un premier temps l’intégralité de la prestation
peut être une barrière pour les gens qui ont peu de ressources.
D. Dumont 64
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Les prestations d’aide sociale sont donc des prestations non contributives c’est-à-dire qu’elles ne sont pas
subordonnées à des cotisations préalables car celles-ci ont été créées aux limites des assurances sociales. La
contrepartie est que ce sont des prestations résiduaires, il faut montrer que les ressources sont inférieures
à certains seuils (enquête sociale).
Cette garantie est un revenu minimum versé aux personnes de + de 65 ans et donc sans ressources. C’est un
minimex pour les seniors. Elle peut être versée en complément d’un revenu contributif. Le service fédéral
des pensions est l’administration compétente concernant cette garantie.
- L’allocation d’intégration (ou l’allocation pour l’aide aux personnes âgées, si le handicap survient au-
delà de 65 ans) (AI) : l’allocation est calculée et varie selon l’importance du degré d’autonomie. Plus
l’autonomie est faible pour se nourrir, communiquer, interagir, plus l’allocation sera importante.
L’objectif de l’AI vise à permettre de faire face à toutes les dépenses additionnelles et tous les
surcoûts découlant de l’autonomie réduite.
Siège de la matière : loi du 27 février 1987 relative aux allocations aux personnes handicapées.
Administration compétente : direction générale Personnes handicapées du SPF sécurité sociale (sauf, depuis
la 6e réforme de l’Etat pour l’allocation pour l’aide aux personnes âgées, communautarisée).
C’est un revenu minimum pour les personnes qui n’ont pas de revenus et qui ne sont pas âgées. C’est une
prestation d’aide sociale généraliste.
D. Dumont 65
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Il s’agit d’une prestation beaucoup plus indéterminée. C’est l’aide pouvant être fournie par les CPAS et
pouvant prendre n’importe quelle forme pour permettre à tout un chacun de mener une vie conforme à la
dignité humaine.
Sur la base du droit à l’aide sociale, les CPAS peuvent prendre toutes les mesures possibles pour aider les
personnes à mener une vie conforme à la dignité humaine. Le droit a l’aide sociale peut par exemple prendre
la forme d’une aide administrative, d’une aide à la gestion du budget, d’une prise en charge partielle du
loyer, etc.
Les contours sont beaucoup plus indéterminés et il revient à chaque CPAS d’apprécier ce qui est requis pour
permettre à une personne ne disposant pas de ressources de mener une vie conforme à la dignité humaine.
Siège de la matière : loi du 8 juillet 1976 organique des centres publics d’action sociale
D. Dumont 66
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Le droit à l’intégration sociale s’appelait avant le minimex, c’est-à-dire le minimum de moyens d’existence.
Le droit à l’intégration sociale a une fonction de dernier filet d’existence.
Siège de la matière : loi du 26 mai 2002 concernant le droit à l’intégration sociale et AR du loi 2002 portant
règlement général en matière de droit de l’intégration sociale.
La loi unique est mise en œuvre de manière très décentralisée car l’administration compétente est… sont…
les centres publics d’actions sociales (CPAS) et on en compte 1 par commune (art. 2, al 2). On voit une
disparité des (581) politiques locales d’aide sociale.
La problématique des transferts de l’assurance chômage vers l’aide sociale : très forte augmentation du
nombre de bénéficiaire
1. La résidence
Art. 3, 1° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit avoir sa résidence effective
en Belgique
AR, art. 2 : Est considérée comme ayant sa résidence effective en Belgique celui qui séjourne habituellement
et en permanence sur le territoire du royaume, même s’il ne dispose pas d’un logement ou s’il n’est pas
inscrit dans les registres de la population.
2. L’âge
Art. 3, 2° : pour pouvoir bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être majeure ou assimilée
à une personne majeure
Art. 7 : est assimilée à une personne majeure la personne mineure d’âge qui, soit est émancipée par mariage,
soit à un ou plusieurs enfants à sa charge, soit prouve qu’elle est enceinte.
3. La nationalité
Au départ, le minimex était octroyé uniquement aux belges puis on a ajouté toute une série d’autres
catégories.
D. Dumont 67
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
- Soit bénéficier en tant que citoyen de l’UE, ou en tant que membre de sa famille, d’un droit de séjour
de + de 3 mois (et cette catégorie de personne ne peut bénéficier du droit à l’intégration sociale
qu’après les 3 premiers mois du séjour)
- Soit être inscrite comme étranger au registre de la population (c’est-à-dire ceux qui ont été autorisés
à s’établir en Belgique)
- Soit être un apatride ou un réfugié
- Soit bénéficier de la protection subsidiaire
Éligibilité au droit à l’aide sociale pour les étrangers inscrits au registre des étrangers
Il faut être dépourvu de ressources suffisantes pour avoir accès au CPAS mais il y a également d’autres
conditions. Le droit à l’intégration sociale est strictement résiduaire.
Il y a 4 conditions (plutôt 3 + 1) :
- Ne pas disposer de ressources suffisantes
- Être disposé à travailler
- Faire valoir ses droits aux autres prestations sociales
- Faire valoir ses droits à l’égard des débiteurs d’aliments
Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit ne pas disposer de ressources suffisantes
(art. 3, 4°). C’est-à-dire ne pas avoir de ressources du tout ou des ressources se situant en dessous du
montant du revenu d’intégration.
Sauf les exceptions prévues par le Roi, toutes les ressources, quelle qu’en soit la nature ou l’origine, dont
dispose le demandeur sont prises en considération (art. 16).
Rappelons le caractère résiduaire de l’aide sociale. Par conséquent, il faut être disposé à travailler. En gros,
l’aide sociale ne peut pas régaler ad vitam eternam.
Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit être disposé à travailler, à moins que des
raisons de santé ou d’équité l’en empêchent (art. 3, 5°).
Juridiquement, cette condition est peut définie et laisse donc une large marge d’appréciation aux CPAS. La
jurisprudence encadre donc cette notion minimalement via 2 balises (une négative et une positive).
D. Dumont 68
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Il y a 2 balises jurisprudentielles :
Par exemple, un chômeur, sanctionné par l’ONEM parce qu’il ne répond pas à l’exigence de disponibilité pour le
marché de l’emploi telle que l’exigence est comprise en assurance chômage, cette personne ne peut pas être
automatiquement considérée comme « non disposée à travailler » du point de vue du droit à l’intégration sociale.
Être « disposé à travailler » du point de vue de l’aide sociale signifie être prêt à entrer dans un processus de
réinsertion socio-professionnel. Le grand acquis de la jurisprudence en matière de droit à l’intégration sociale est
que la disposition à travailler doit être apprécié en contexte, de manière individualisée, raisonnable (niveau de
formation, logement, état du marché de l’emploi, situation familiale, etc.).
On voit ici encore une fois l’écart avec l’assurance chômage où les conditions sont beaucoup plus sèches
et non négociables.
b) Les motifs exonératoires (« … à moins que des raisons de santé ou d’équité l’en empêchent »)
Le droit à l’intégration sociale est, rappelons-le, le dernier filet d’existence. Il se peut que pour certaines
personnes, on ne puisse être en mesure d’attendre d’elles qu’elle reprennent le chemin du marché de
l’emploi. Pour cela, il faut pouvoir faire valoir des motifs exonératoires pouvant être des raisons de santé ou
des raisons d’équité.
Le CPAS et le demandeur peuvent être amené à conclure un contrat contenant un projet individualisé
d’intégration sociale. lorsqu’un tel contrat est établi, le CPAS et le demandeur prennent des engagements
réciproques (demandeur : chercher de l’emploi et stabiliser sa situation par exemple/ CPAS : payer le revenu
d’intégration et fournir telle ou telle aide concrète).
L’octroi et le maintien du revenu d’intégration peuvent être assortis d’un projet individualisé d’intégration
sociale (art. 11)
Selon les besoins de la personne, le projet individualisé portera soit (et de préférence, depuis 2016) sur
l’insertion professionnelle, soit sur l’insertion sociale
à La conclusion d’un projet individualisé est obligatoire lorsque l’intéressé ou le CPAS en fait la demande. Si
le contrat n’est pas respecté, la sanction est la suspension du versement du revenu d’intégration pour un
mois.
Concrètement, lors de l’enquête sociale, l’AS va regarder si on n’est pas éligibles à diverses prestations. L’idée
est encore une fois résiduaire donc on regarde prioritairement les autres prestations sociales (si oui, le CPAS
doit aider le potentiel bénéficiaire à faire valoir ses droits).
D. Dumont 69
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Pour bénéficier du droit à l’intégration sociale, la personne doit faire valoir ses droits aux prestations dont
elle peut bénéficier en vertu de la législation sociale belge et étrangère (art. 3, 6°)
4. Faire valoir ses droits à l’égard des débiteurs d’aliments (le cas échéant)
à C’est une faculté dont dispose le CPAS (il apprécie si oui où non il renvoie vers les débiteurs avant
d’octroyer le revenu d’intégration).
Il peut être imposé à l’intéressé de faire valoir ses droits à l’égard des personnes qui lui doivent des aliments,
ces dernières étant limitées à son conjoint, ou son ex-conjoint, ses parents et ses enfants (art. 4, §1).
L’idée est qu’on a une articulation entre la solidarité étatique et la solidarité familiale. Le CPAS peut décider
de renvoyer le demandeur vers ses débiteurs d’aliments.
Depuis le passage du minimex au droit à l’intégration sociale, en 2002, on est face à une prestation qui ne se
limite théoriquement plus à un revenu minimum.
Le droit à l’intégration sociale peut prendre la forme d’un emploi et/ou d’un revenu d’intégration, assortis
ou non d’un projet individualisé d’intégration sociale (art. 2, al. 1).
Le projet individualisé est à la fois condition d’octroi et partie de la prestation
Au départ, en 2002, ce n’était pas articulé de la même manière selon les – de 25 ans et les + de 25 ans. Il y
avait l’idée de mettre la priorité aux plus jeunes. Cette distinction n’a plus de relevance désormais car en
2016, le législateur est intervenu. Nous voyons ici le régime applicable aux – de 25 ans.
a) L’emploi
En principe, la mise à l’emploi est prioritaire pour les – de 25 ans par rapport à un revenu d’intégration. L’idée
est qu’il faut éviter que les jeunes s’enlisent.
Le principal instrument dont dispose le CPAS est l’art. 60 de la loi de 1976. Un emploi d’art. 60 est un emploi
donné directement par le CPAS à l’un de ses bénéficiaires. Le CPAS se fait l’employeur du bénéficiaire à qui
il verse un salaire pour le travail fourni et non simplement le revenu d’intégration.
NB : L’obligation de garantir le droit à l’intégration sociale par le biais d’un emploi est une obligation de
moyen qui pèse sur le CPAS. En pratique, 90% des bénéficiaires du droit à l’intégration sociale touchent un
revenu d’intégration.
b) Le revenu d’intégration
Dans l’attente d’un emploi, ou si la personne ne peut travailler pour des raisons de santé ou d’équité, elle a
droit à un revenu d’intégration (art. 10).
En aide sociale, les montants des allocations ont un niveau forfaitaire. Les montants sont aussi soumis à la
modulation familiale. Ils peuvent donc varier selon la situation familiale (composition du ménage).
D. Dumont 70
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Il faut entendre par cohabitation le fait que des personnes vivent sous le même toit (critère géographique),
d’une part, et règlent principalement en commun leurs questions ménagères (critère économique), d’autre
part (art. 14, §1, 1°).
Un isolé peut être quelqu’un qui vit seul ou qui vit avec quelqu’un d’autre mais sans pour autant former un
ménage sur le plan économique (ex : étudiant koteur).
Ce droit s’ouvre dès qu’il y a présence d’au moins un enfant mineur ; il couvre également le droit de
l’éventuel conjoint ou partenaire de vie (art. 14, §1, 3°).
2- Les montants
Montants du revenu d’intégration au 1er mars 2020, sur une base mensuelle : 639,27€ pour les personnes
cohabitantes, 958,91€ pour les personnes isolées, 1295,91€ pour les personnes vivant avec une famille à
charge.
2 précisions :
- Le montant d’intégration est un revenu différentiel : le montant du revenu d’intégration est diminué
des ressources propres du demandeur (art. 14, §2)
Ex : l’isolé au CPAS touche +/- 950€/mois et il a une petite activité professionnelle réduite rapportant
300€/mois donc le montant sera diminué à 650€ pour atteindre au total le niveau de la dignité humaine.
- En cas de cohabitation, on a une prise en considération des ressources des personnes avec
lesquelles le demandeur cohabite :
o Obligatoire lorsqu’il s’agit du conjoint ou du partenaire de vie ;
o Facultative lorsqu’il s’agit d’ascendants ou de descendants majeurs du premier degré ;
o Interdite dans les autres cas (AR, art. 34)
Ex : le conjoint gagne 1000€ et le demandeur rien ; 600€ des 1000€ doit revenir au cohabitant. Dès lors, le
revenu d’intégration perçu par le demandeur sera de 600€ - 400€ (on fait comme si on avait déjà 400€ dans
la poche grâce au conjoint).
L’indicateur retenu au niveau européen est le suivant : on vit sous le seuil de pauvreté lorsqu’on a des
ressources inférieures à 60% du revenu national médian (aujourd’hui c’est +/- 1200€ en Belgique)
Le revenu national médian est le niveau de revenu qui partage la population d’un pays en 2 moitié
exactement équivalentes (50% du pays à moins et 50% du pays a plus).
D. Dumont 71
Jeanne Lepoivre – Ma1 2020-21
Au départ, en 2002, les modalités du droit à l’aide sociale ne s’articulaient pas de la même manière pour les
uns ou pour les autres. Mais depuis 2016, cette différence a été supprimée, le gouvernement a voulu que le
droit à l’intégration sociale soit réalisé aussi prioritairement par un emploi pour les + de 25 ans.
Le principe est maintenant le même pour tout le monde à Le droit à l’intégration sociale peut être réalisé
par un emploi (de préférence, depuis 2016) ou par l’octroi d’un revenu d’intégration (art. 13, §1).
D. Dumont 72