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Question de synthèse étayée par un travail préparatoire

THÈME DU PROGRAMME : Intégration et solidarité

Travail préparatoire (10 points) :

Vous répondrez à chacune des questions en une dizaine de lignes maximum.

1. Exprimez, par une seule phrase, la signification des nombres soulignés dans le document 1. (1 point)
2. L’absence d'emploi des parents a-t-elle une influence sur la pauvreté des enfants? (document 1) (1 point)
3. De quelles façons la structure des familles peut-elle accroître la pauvreté ? (documents 1 et 2) (2 points)
4. Pourquoi les politiques de transferts des revenus ont-elles aussi concerné les personnes ayant un emploi ?
(document 2) (2 points)
5. Comment les contrats aidés peuvent-ils lutter contre la pauvreté ? (document 2) (2 points)
6. Quels effets ont les prestations sociales sur la pauvreté ? (documents 3 et 4) (2 points)

Question de synthèse (10 points) :

Après avoir mis en évidence les facteurs explicatifs de la pauvreté en France, vous montrerez comment
les solidarités collectives peuvent y remédier.

DOCUMENT 1 :
Répartition des enfants pauvres et répartition des autres enfants
selon le type de ménage et l'activité des parents :
Enfants pauvres Autres enfants
Personne seule sans emploi 17 4
Personne seule avec emploi 6 8
Couple sans emploi 33 3
Couple avec un emploi 32 34
Couple avec deux emplois 12 51
Total 100 100
Champ: enfants de moins de 18 ans vivant dans un ménage ordinaire dont la personne de référence n'est pas étudiante.
Note: l'INSEE considère un enfant comme « pauvre » s'il vit dans un ménage disposant de ressources inférieures à 50 % du niveau
de vie médian.
Source : INSEE Première, n° 896, avril 2003.

DOCUMENT 2 :
« Malgré les transferts sociaux, le taux de pauvreté des familles nombreuses reste plus élevé que pour
la moyenne des ménages : 5,4 % des familles avec deux enfants sont pauvres; c'est le cas de 6,1 % de celles
qui ont trois enfants et de 17,5 % de celles qui ont quatre enfants ou plus. [...]
« La complémentarité des politiques de transferts de revenus et des politiques de l'emploi s'est accrue
ces dernières années. Les réformes sociales et fiscales ont atténué la faiblesse des conditions salariales d'une
partie des personnes en emploi, tandis que la politique de l’emploi a ciblé ses efforts sur les personnes les
plus éloignées du marché du travail.
« Le rôle de l'emploi dans la réduction de la pauvreté est essentiel, même si certains travailleurs
n'échappent pas à la pauvreté. Les politiques de l'emploi peuvent constituer un outil de lutte contre la
pauvreté dès lors qu'une partie des dispositifs bénéficient aux personnes les plus éloignées du marché du
travail. C'est l'orientation qui a été prise au cours des dernières années. Ces politiques de l'emploi restent
centrées sur le développement d'emplois aidés dans le secteur non marchand, même si les réformes récentes
privilégient le secteur marchand. Elles ont un caractère fortement incitatif grâce à la baisse du coût du travail
que représentent les contrats aidés pour les employeurs ».
Source : Rapport de l'Observatoire national de la pauvreté et de l'exclusion sociale, La Documentation française, 2004.
DOCUMENT 3 :

Proportion des ménages à bas revenu


avant et après prise en compte des prestations sociales :

25
19,9
20 17,9
15,3 16 15,5
14,2 14
15 12,3 13,1
En %

8,7
10 7,4 6,8 6,4 6,2

0
1970 1975 1979 1984 1990 1997 2001
Années

Avant Après

Champ : ménages dont le revenu déclaré est positif ou nul et dont la personne de référence n'est pas étudiante.
Notes:
- La notion de ménages à bas revenu correspond aux ménages dont le revenu déclaré est inférieur à la moitié du revenu
médian.
- Les prestations sociales comprennent, ici, les prestations familiales, les aides au logement et les minima sociaux.

Source : INSEE-DGI, Enquêtes revenus fiscaux 1970-2001.

DOCUMENT 4 :

« Des innovations ont été introduites dans le système français de protection sociale, notamment la
création du revenu minimum d'insertion (RMI) fin 1988, de la contribution sociale généralisée (CSG) fin
1990 ou de la couverture maladie universelle (CMU)1 fin 1999 [...]. Ces mesures modifient le profil du
système français, introduisant des prestations assises sur le besoin et non plus sur le statut (RMI, CMU) [...].
« Des mesures importantes ont été prises pour remédier aux différentes crises endogènes, c'est-à-dire
aux structures mêmes de notre système de protection sociale: développement des politiques d'insertion, au
premier rang desquelles figure le RMI, pour affronter la crise d'efficacité sociale de la protection sociale;
politique de baisse des charges sociales et de développement d'une nouvelle forme de financement, la CSG,
pour améliorer son efficacité économique [...] ».
1. La couverture maladie universelle (CMU) propose une assurance maladie de base pour toutes les personnes résidant en France
de manière stable et régulière, notamment celles qui ne répondent pas aux critères d'ouverture des droits à la Sécurité sociale. Elle
comporte également une couverture complémentaire pour les personnes dont les revenus sont les plus faibles.

Source : B. PALIER, « Protection sociale: la révolution silencieuse », Sciences humaines, n° 46, septembre-octobre 2004.
1er temps : lecture du sujet de la QS pour savoir ce qu’on nous demande :
Après avoir mis en évidence les facteurs explicatifs de la pauvreté en France vous montrerez comment les solidarités collectives peuvent y remédier.
I. Liste des CAUSES de la pauvreté II. Liste des MOYENS COLLECTIFS CONTRE la pauvreté

2ème temps : réponse aux questions en pensant que les réponses serviront à la QS :
I. Liste des CAUSES de la pauvreté II. Liste des MOYENS COLLECTIFS CONTRE la pauvreté
Q2 (INSEE) : La pauvreté des enfants est liée à l’absence Q4b (OPNES) : Les revenus de transfert concernent également les personnes en
d’emploi des parents. On constate que la majorité (17% + 33%) emploi car les revenus de transfert existent pour compenser des risques sociaux,
des enfants pauvres (au seuil de 50% du niveau de vie médian) comme la vieillesse et la maladie (« Sécurité Sociale »), la famille (« CAF »), et
vivent dans des ménages où les personnes de référence sont sans le chômage (« Unedic »), qui pèsent sur toutes les catégories de la population et
emploi. On constate que la majorité des enfants non pauvres pas seulement sur les personnes sans emploi. Ces risques sociaux peuvent
(51% + 34% + 8%) vivent dans des ménages où les personnes de conduire tous les types de ménage à la pauvreté et les revenus de transfert
référence ont au moins un emploi. évitent cette éventualité.
Q3a (INSEE) : La pauvreté est associée aux ménages de parents Q5 (OPNES) : La politique de l’emploi, avec les contrats aidés, permet de lutter
seuls. Les ménages de personnes seules avec leur enfant ne sont contre la pauvreté. Un contrat aidé est un contrat financé partiellement par les
pas les plus fréquents dans la population française. Cependant, on pouvoirs publics (Etat ou collectivités territoriales) comme le Contrat d’Avenir
constate que 12% (4+8) des enfants non pauvres vivent avec un par exemple. Il constitue une baisse du coût du travail pour l’employeur. Il
seul adulte, et que 84% d’entre eux vivent avec deux personnes. permet donc aux salariés peu productifs, qui n’auraient pas été employés au coût
On constate également que 23% des enfants pauvres vivent une antérieur de travail, de retrouver un emploi et donc de gagner à nouveau un
seule personne et que 77% vivent avec deux personnes. Il y a revenu régulier. Ces individus sortent ainsi de leur état de pauvreté.
donc une surreprésentation des ménages d’une seule personne Q6a (INSEE-DGI) : Les politiques de transfert de revenus ont pour effet de
parmi les ménages pauvres. baisser la pauvreté en augmentant le revenu disponible des ménages les plus
Q3b (ONPES) : La pauvreté est associée aux familles pauvres. Exemple : en 2001, 13,1% des ménages étaient pauvres avec leur seul
nombreuses : 5,4% des familles avec deux enfants sont pauvres revenu primaire. Après redistribution, 6,2% des ménages étaient pauvres avec
contre 17,5% de celles qui ont quatre enfants ou plus. leur revenu disponible.
Q4a (ONPES) : La pauvreté (et dans le même temps les revenus Q6b (Palier) : Les politiques récentes de transfert de revenus ont pour effet de
de transfert) concerne aussi les personnes en emploi en raison du rendre la pauvreté indépendante du statut de sans-emploi (attention, différent du
développement récent d’emplois peu rémunérés comme une « chômeur »). Exemple : en développant de nouvelles prestations sociales,
partie des emplois dits « précaires », aux faibles « conditions comme le RMI et la CMU, on développe des revenus de transfert qui ne
salariales ». Exemple : une personne qui n’a qu’un temps partiel fonctionnent plus sur le mode bismarckien (assurantiel, qui concernent en droit
court a peu de revenus mensuels et bénéficie donc en complément seules les personnes en emploi) mais sur le mode béveridgien (assistantiel, qui
de revenus de transfert. concernent en droit l’intégralité des citoyens).

3ème temps : relecture des documents pour trouver d’autres arguments bruts qui serviront à la QS :
D4 (Palier) : La protection sociale française s’est modifiée récemment pour contrer ses problèmes d’efficacité. On a notamment
Rien pour I réformé le mode de financement, en introduisant la cotisation sociale généralisée, pour augmenter son efficacité économique. Si
on augmente son efficacité économique, c’est que le mode de financement interfère moins avec les logiques économiques, et on
crée en principe plus d’emplois. Par conséquent, on peut réduire la pauvreté puisque l’absence d’emploi est source de pauvreté.

4ème temps : recherche dans les connaissances de cours des derniers arguments :
C1. Les trois définitions de la pauvreté, absolue, relative et C6. L’existence de services publics est un moyen de lutter contre la
subjective (utile pour l’introduction). pauvreté en réduisant ses effets sur le mode de vie des ménages (le
C2. L’absence d’emploi est source de pauvreté car l’emploi est la ménage reste pauvre en matière de revenus mais peut au moins accéder à
principale source de revenus dans notre société salariale. certains biens et services). En donnant gratuitement certains biens et
C3. L’absence d’emploi est source de pauvreté car l’emploi est services, comme l’éducation, les soins, la voierie, etc. on rend possible
une instance importante d’intégration dans notre société salariale. aux ménages les plus pauvres de les consommer, ce qu’ils n’auraient pu
Sans emploi, le risque du processus d’exclusion sociale pèse plus si ces biens et services étaient payants.
sur l’individu, ce qui peut le conduire à avoir de moins en moins C7. Les politiques de l’emploi ont pour objectif de lutter contre le
de sources de revenus (fin des aides apportées par la famille, les chômage et contre ses effets comme la pauvreté. Elles s’étendent de plus
amis, etc.). en plus depuis les deux chocs pétroliers.
C4. La pauvreté est un risque qui peut concerner tous les ménages C8. Les politiques passives, comme les allocations chômage versées
puisqu’elle a lieu lorsque les ressources n’arrivent plus à subvenir depuis 1958, permettent aux chômeurs de continuer à percevoir un
aux besoins de la famille, que ce soit de manière progressive revenu, ce qui réduit les risques de pauvreté.
(faiblesse de la croissance du salaire) ou de manière brutale (suite C9. Les politiques actives, comme les contrats aidés (années 1980 à nos
à des risques sociaux comme la maladie). jours) ou les réductions de cotisations sociales sur les bas salaires (1993
C5. On constate que la pauvreté devient de plus en plus associée à nos jours), cherchent à lutter contre le chômage. En réduisant le coût
aux ménages jeunes (moins de 25 ans). Ces personnes sont par du travail pour l’employeur, elles aident à la création d’emplois, ce qui
ailleurs plus concernées par les formes particulières d’emploi. permet le retour à l’emploi, source de revenus et d’intégration sociale.
C’est donc le développement d’emplois dits « précaires » qui peut
expliquer la pauvreté.
RAPPEL DE CHIFFRES POUR L’ARGUMENTATION : Proportion de formes particulières d’emploi en 2007 : 25% en 2004. * Seuil de
pauvreté à 50% du niveau de vie médian (donc pour un individu) en 2006 : 733€ mensuels. * RMI pour une personne seule en 2009 : 454€
mensuels. + 180€ par enfant. * SMIC mensuel net à temps plein (!) en 2009 : 1 030€. * Smic horaire net en 2009 : 6,84€.

5ème moment : formulation du plan détaillé pour chacune des parties à partir de chaque colonne d’arguments :
I. La pauvreté a différentes causes :

A. La pauvreté est essentiellement liée à l’absence d’emploi et donc de revenus stables :

Constat : Q2.
Pourquoi un tel constat : C2, C3.

B. Mais la pauvreté peut aussi concerner les personnes en emploi suite à des évolutions
lentes comme le cumul d’emplois dits précaires :

Transition car tout le monde peut perdre ses revenus : C4.


Premièrement, c’est le cas suite à des évolutions lentes.
Comme avec le développement d’emplois dits précaires : Q4a, C5.

C. Mais la pauvreté peut aussi concerner les personnes en emploi suite à des évolutions
brutales comme la naissance d’un enfant ou les ruptures familiales :

Deuxièmement, c’est le cas suite à des évolutions rapides (rappel C4).


Comme la naissance d’un enfant : Q3b.
Comme la « perte » du conjoint : Q3a.

II. Les solidarités collectives, mises en place par les pouvoirs publics, luttent contre la
pauvreté :

A. Pour lutter contre la pauvreté, des transferts sociaux existent sur le principe bismarckien de
l’assurance :

Avec la Sécurité Sociale, tous les salariés disposent de transferts pour éviter les
risques sociaux qui peuvent conduire à la pauvreté : Q4b.
Parmi ces politiques, on peut citer l’assurance-chômage : C8.
Il y a un effet réel de diminution de la pauvreté : Q6a.

B. Il existe aussi des transferts sociaux sur le principe béveridgien de l’assistance :

On développe aussi des politiques d’assistance en réponse à la « crise » de l’Etat-


Providence : RMI devenu RSA, et CMU : Q6b.
Ces politiques d’assistance existaient déjà implicitement avec tous les services
publics : C6.

C. Et il existe enfin les politiques de l’emploi et la question de l’efficacité économique :

Il y a des politiques de l’emploi actives pour lutter contre la pauvreté : C7, C9.
On peut parler plus en détail des contrats aidés : Q5
On peut aussi évoquer les réformes fiscales portant sur le coût du travail (cotisations
sociales) : D4.

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