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l’Etat-Providence, 1981.
Fiche de lecture
(extrait de 50 …ches de lecture en philosophie,
Ed. Bréal, 2008)
17 octobre 2009
1 La crise de l’Etat-Providence
1.1 Les manifestations de la crise de l’État-providence
– L’État-providence est un approfondissement de l’État-protecteur
qui avait "une double tâche : la production de la sécurité et la réduction de
l’incertitude". En plus des interventions de protection, l’État-providence
s’est doté d’actions positives comme la redistribution des revenus, la régle-
mentation des relations sociales ou la prise en charge de certains services
collectifs.
– Trois raisons sont généralement évoquées pour expliquer la crise
de l’État-providence : "il se trouve dans une impasse …nancière, son
e¢ cacité économique et sociale décroît, son développement est contrarié
par certaines mutations structurelles". Ce diagnostic est irréfutable, mais
il occulte la question centrale : "y a-t-il une limite sociologique au dé-
veloppement de l’État-providence et au degré de redistribution que son
1 Rosanvallon, P., La crise de l’Etat-Providence, Seuil, 1981.
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…nancement implique ?". En e¤et, il est toujours mécaniquement possible
d’augmenter les cotisations et les impôts, mais cette hausse peut être re-
fusée par la population ; le problème de l’Etat-providence est donc avant
tout d’ordre politique et sociologique.
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2 Le libéralisme : de la critique de l’État-providence
à la théorie de la société sans Etat
2.1 Le nouveau libéralisme se fonde sur la mise en cause
de l’e¢ cacité de l’État et sur une conception di¤érente
de la justice
– Le retour du libéralisme est le trait marquant de la période
actuelle. Il se caractérise par "la critique de la critique de l’économie
de marché". Ce nouveau libéralisme reconnaît les défaillances du marché,
mais il considère qu’elles sont moindres que celles de l’État ; il se fonde donc
sur la seule base d’un calcul coûts-avantages qui conclut que le marché est
moins ine¢ cace que l’État.
– Les libéraux a¢ rment que certaines inégalités sont légitimes.
Les premiers libéraux, comme Smith, préconisaient une "justice commu-
tative", ils considéraient que l’égalité de droit est la seule égalité nécessaire.
L’inégalité de fait doit donc être acceptée car elle provient de l’usage dif-
férent que les individus font de leur liberté ; certains "peuvent décider de
travailler moins ou de prendre moins de risques que d’autres par exemple".
Rawls repense, dans une logique libérale, le concept de justice ; il a¢ rme
que pour assurer l’égalité des chances, la société doit apporter davantage
à ceux qui sont dans les situations sociales défavorables. Cette conception
de la justice est celle de la "justice distributive". L’objectif est d’assu-
rer l’égalité des chances, les inégalités de fait demeurent légitimes. Rawls
considère qu’il existe de justes inégalités.
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3 Etat-Providence et société solidaire
3.1 Il faut sortir de "l’alternative privatisation/étatisation"
Deux scénarios sont généralement proposés : le "scénario social-étatiste" , et
le "scénario libéral". Aucun de ces scénarios n’est souhaitable.
– Le scénario social-étatiste correspond à une fuite en avant. "Le
scénario social-étatiste se heurterait à de graves di¢ cultés …nancières dans
la situation actuelle, mais surtout il serait confronté à une résistance socio-
logique di¤use di¢ cilement surmontable". De nouvelles augmentations des
prélèvements obligatoires conduiraient à un blocage social et au dévelop-
pement de nombreux e¤ets pervers comme l’ampli…cation de l’économie
souterraine et du travail au noir et l’accélération de la segmentation du
marché du travail.
– Le scénario libéral est un scénario de "régression sociale". Il risque
de provoquer des révoltes sociales et il nécessite donc un État fort pour y
faire face. "Au fond, ce scénario n’aurait de sens que s’il s’inscrivait dans
la perspective cynique d’une coalition sociale qui s’établirait au détriment
exclusif de la minorité la plus démunie de la population".
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fonctionne dans un certain brouillard". Il serait mieux accepté si son fonc-
tionnement était explicite. Cette nouvelle visibilité créerait des interroga-
tions sur les di¤érents objectifs sociaux à mettre en oeuvre, sur le degré
d’égalité souhaité..., de nombreuses questions essentielles qui sont actuel-
lement éludées. Il faudrait alors réanimer des espaces publics et démocra-
tiques pour que la société civile prenne en main la solidarité nationale.