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Finances publiques
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Chapitre I : Aperçu sur la théorie économique
de l’État
Introduction
Avant de mettre avant la procédure budgétaire c’est-à-dire les différentes étapes par
lesquelles passe la loi de finances de l’année depuis sa conception jusqu’à son adoption, son
exécution et son contrôle, il est nécessaire de dans un premier chapitre les fondements de
l’intervention de l’Etat tels qu’ils ont été théorisés par les économistes : l’intervention
publique se justifie essentiellement pour les économistes par les défaillances du marché, c’est-
à-dire les échecs de la coordination marchande.
Chacune de ces trois administrations a une histoire propre, des fonctions et des
missions précises, un budget qui lui est propre et a des relations avec la société qui lui sont
particulières.
D’autre part, l’action de l’Etat recouvre une grande variété de modalités d’action :
des actions règlementaires qui peuvent avoir un impact très important sur
l’économie, sans pour autant affecter les dépenses de l’Etat, comme par exemple la
modification des barèmes fiscaux, ou la législation sur le salaire minimum;
des actions économiques au sens strict, comme par exemple le soutien des prix
agricoles, des subventions aux entreprises ou des programmes de développement
d’infrastructures ;
des actions sociales, comme par exemple le financement d’allocations, le
lancement d’une campagne de prévention d’une maladie, etc.
Enfin, dernier point, l’Etat ne doit pas être confondu avec la nation. L’Etat représente
la Nation, mais il ne s’identifie pas à elle. Ainsi, l’augmentation de la dette publique ne
signifie en aucun cas que le Maroc s’appauvrit.
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Section I : Évolution du rôle de l’État : quelques points de repères
Les conceptions de l’Etat nt évolué en fonction des contextes socio-économiques. On
distingue dans cette perspective, plusieurs conceptions :
La conception de l’État libéral du XIXe siècle : avant 1870 : Etat arbitre réduit à un
Etat de droit.
En effet, en 1936, John Maynard KEYNES dans sa " Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie " lui confère un rôle central.
L’Etat est un agent économique complexe, qui nécessite une analyse spécifique. Sa
présence dans le tissu économique est une controverse à l’origine de la science économique
(conflit entre Mercantilistes et Physiocrates). De même, les fonctions qu’il peut ou doit
remplir dans la société opposent les économistes, comme les politiques ou les sociologues.
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- Une intervention inefficace : toute politique économique ne peut qu’accroître
l’instabilité économique en brouillant le jeu naturel des règles du marché.
Sous sa forme actuelle, l’Etat est partisan : il perd sa neutralité pour se situer dans
l’avenir en orientant son action selon qu’il opte pour la préservation ou la transformation de la
société actuelle.
De ce fait, pour les Marxistes, l’Etat remplit deux fonctions :
Conserver les rapports sociaux de production : maintien de l’ordre social ;
« Béquille du capital » : aide le capital à surmonter ses contradictions et notamment
les oppositions de classe (conflits du travail...), soutient le taux de profit du secteur privé.
Cette forte intervention dans le système économique éveille les convoitises et génère à
son tour des conflits. L’Etat devient l’enjeu d’une appropriation par toutes les parties
prenantes à la société : capitalistes, salariés, banquiers, groupes de pression...
Le courant keynésien qui développe cette conception considère que l’Etat est un agent
économique autonome à deux fonctions essentielles :
- Assurer l’équilibre global de la nation : exercer des effets d’entraînement
économiques (investissement public, participation à la gestion d’entreprises...) ;
- Sauvegarder le système économique : il est responsable du progrès social et de
l’accès de tous au bien-être par le biais des impôts et des transferts sociaux.
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Section II : Les théories économiques de l’État : concepts et modèles
sous-jacents
A – L’approche individualiste de l’État
1- Les principes de l’intervention publique selon l’approche classique
(A. Smith, 1776, Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations)
Selon Smith, l’organisation marchande assure la régulation du système économique.
Le marché organise l’emploi des ressources, la répartition des revenus et la
distribution des produits les plus appropriés …
Ce qui limite le champ d’intervention de l’État mais n’exclut pas son action
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b- Produire des biens collectifs ou biens publics
« Le troisième devoir du souverain consiste à ériger et maintenir des travaux publics
qui, bien que du plus haut intérêt pour la société, sont d’une nature telle que le profit ne peut
jamais couvrir la dépense d’un individu ou d’un petit nombre d’individus »
La définition classique est la suivante : les biens publics sont des biens, services ou
ressources qui bénéficient à tous, et se caractérisent par :
la non-rivalité (la consommation du bien par un individu n'empêche pas sa
consommation par un autre) ;
la non-exclusion (personne ne peut être exclu de la consommation de ce bien). La
qualité de l'air, le contrôle des épidémies en sont des exemples.
Si ces deux conditions sont pleinement vérifiées, les biens publics sont dits purs.
Lorsqu'une condition seulement est remplie, ils sont dits impurs.
Le principe de non-rivalité ne se vérifie plus quand on approche de la saturation (ex :
un boulevard périphérique aux heures de pointe) ; le principe de non-exclusion peut être violé
par l'instauration d'un droit d'accès (ex : les autoroutes à péage).
b-Biens communs
Les biens publics sont souvent assimilés aux biens communs, terme issu du domaine
de la gestion des ressources naturelles et que les environnementalistes se sont appropriés.
Mais la notion de bien commun (common pool resources) ne s'applique en principe
qu'aux ressources utilisées par un groupe humain donné (ex : étang, prairie communale), en
général en exclusion d'autres utilisateurs.
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Biens publics et biens communs peuvent être locaux (ex : la lutte contre le bruit auprès
d'un aéroport), régionaux (la qualité de l'eau dans un bassin versant), nationaux (contrôle des
déchets toxiques), plurinationaux (lutte contre les pluies acides) ou mondiaux (maîtrise des
changements climatiques).
Ainsi, la réduction d'une émission locale de gaz à effet de serre ne peut être gérée
efficacement qu'à l'échelle mondiale. C'est donc en fait le niveau pertinent de gestion du bien
qui permet de le caractériser.
c-Biens privés
En opposition à la définition du « bien public » : en règle générale, le bien privé est
objet d'échanges, durant lesquels sa propriété (ou son usage) change de mains.
Les biens privés possèdent donc, le plus souvent, les propriétés d'exclusivité et de
rivalité (tout le monde ne peut pas en profiter en même temps).
d- Effets externes
Ce sont les conséquences (positives ou négatives) de l’activité d’un agent économique
sur d’autres agents économiques.
L’État peut notamment intervenir dans ce domaine : renforcer les effets positifs,
limiter ou annuler les effets négatifs.
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2- L’État est garant du développement économique
F. List a développé dans ce sens une conception linéaire du développement. Il a mis
en avant les étapes de développement : sauvage, agricole, agricole-commercial, agricole-
manufacturier, commercial-industriel. Il a préconisé un protectionnisme éducateur.
Pour A. Wagner, le rôle de l’État doit s’étendre à toutes les sphères de l’activité
économique. D’où une contestation radicale des approches classique et néoclassique
D - La théorie conjoncturelle
Le modèle keynésien ; J.M. Keynes, 1936, Théorie générale de l’emploi, de l’intérêt
et de la monnaie
3- Interprétation de Keynes
• Les travailleurs sont aussi des consommateurs
• Crise de la demande
• Baisse de salaires : inefficace
• Sortie de crise par l’intervention de l’État
Rappel du modèle keynésien
Présentation synthétique
Marché des biens et services : I (i) = S(Y)
Marché monétaire : M=L
Marché du travail : D(W/P) = O (W) ; avec W ≥ Wo
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E – Les contributions théoriques contemporaines du rôle de l’Etat
1- La théorie de la régulation
(M. Aglietta, 1976, Régulation et crise du capitalisme ; R. Boyer, 1986, La théorie de
la régulation : une analyse critique ; A. Lipietz, 1988, La trame, la chaîne et la régulation :
un outil pour les sciences sociales).
Les caractéristiques d'une forme donnée de capitalisme sont déterminées par ces
formes institutionnelles:
- forme de la concurrence (degré de concentration, formation des prix, concurrence
entre salariés, qui détermine alors le salaire)
- forme de la monnaie (monnaie, politique monétaire, financement de l'économie, etc.)
- forme de l'État (intervention économique et sociale)
- forme du rapport salarial (déterminants du salaire et de l'emploi, organisation du
travail, etc.)
- forme d'insertion dans l'économie mondiale (relations commerciales, financières et
monétaires)
L'ensemble des mécanismes qui permettent à ces cinq formes a priori indépendantes
de former système est appelé "mode de régulation".
un mode de régulation concurrentielle
un mode de régulation fordiste ou monopoliste
un mode de régulation pas clairement défini depuis le début de la "crise contemporaine".
Sur ces bases, la théorie de la régulation a construit une typologie des crises :
- les crises exogènes sont le fait d'un événement extérieur au système
- les crises endogènes qui correspondent à la période de dépression du cycle
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- la crise du mode de régulation c’est-à-dire l’incapacité d'éviter une spirale
dépressionniste
- la crise du régime d'accumulation : pouvant être entraînée par la non résolution
d'une crise du mode de régulation
- la crise du mode de développement : c'est l'effondrement du système.
Plus encore, sous la pression conjuguée des économistes de l'offre et des monétaristes,
ces politiques et l'intervention de l'État comme régulateur de l'activité économique sont
remises en cause, accusées d'entraver le bon fonctionnement des marchés, d'être trop
coûteuses et en fin de compte d'aggraver la crise.
En effet, une taxation trop lourde des bénéfices des entreprises découragerait
l'investissement, l'imposition des, revenus issus de placements financiers serait peu favorable
à l'épargne... De même, des prélèvements obligatoires trop élevés seraient peu incitatifs au
travail...
Elle diminuerait les gaspillages, etc. D'où des politiques de désengagements apparues
dans les années 1980 dans les pays industrialisés.
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