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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 Economie_ Cours 4 _AGUI EMMANUEL_2022-2023

COURS 4 – L’ETAT ET LES POLITIQUES ECONOMIQUES


PARTIE 6 – LA REGULATION PUBLIQUE DANS UNE ECONOMIE DE MARCHE

CHAPITRE 1 – LA PLACE ET LE ROLE DE L’ETAT

Deux conceptions très différentes de l’état s’opposent : la première issue des théories classiques et
néoclassiques, développe la conception d’un Etat arbitre limité aux fonctions régaliennes ; la
seconde, d’obédience plus Keynésienne, est quand à elle à l’origine d’une conception d’un état
providence.

I – LES - THEORIES ECONOMIQUES DE L’ETAT

A – L’APPROCHE LIBERALE DE L’ETAT : ETAT GENDARME

La pensée libérale place la liberté au centre des valeurs fondatrices de la société, et considère le
marché comme régulateur privilégié. En conséquence, les auteurs libéraux bien qu’ils ne rejettent
pas l’existence de l’Etat, font de lui un Etat gendarme, et le limitent aux seules missions régaliennes :
défense nationale, affaires étrangères, police, justice, administration. En effet les mécanismes de
marché permettant la conciliation entre les intérêts privés et l’intérêt général (il s’agit de la <<main
invisible>> d’Adam Smith), l’intervention économique de l’Etat est donc en principe inutile.

Les auteurs néoclassiques : pour les auteurs néoclassiques, eux aussi libéraux, les missions
de l’Etat sont plus larges ; les actions de l’Etat sont en effet légitimes lorsqu’elles ont pour objectif de
maintenir les conditions de la concurrence pure et parfaite et de pallier les défaillances du marché,
soit dans les cas suivant :

- l’existence d’externalités qui ne sont, par nature, pas prise en compte par le marché ;

- le cas de biens collectifs qui posent un problème particulier de tarification.

Même dans ces cas, pourtant légitimes d’un point de vue économique, les actions de l’Etat sont
contestées par : les théoriciens de la bureaucratie, les tenants de l’école des choix publics et les
ultralibéraux

Les théoriciens de la bureaucratie (NISKAREN par exemple) : l’Etat intervient de manière croissante
en raison de sa nature intrinsèquement bureaucratique ; étranger à toute logique concurrentielle
l’Etat n’est pas soumis à une logique économique dont l’efficacité doit être productive.

Les tenants de l’école des choix publics : les hommes politiques comme les managers publics, sont
des agents rationnels qui cherchent à se faire réélire ; en conséquence, l’Etat apparait comme un
moyen de réaliser leurs ambitions personnelles, et non d’atteindre l’intérêt général.

Les ultralibéraux (HAYEK par exemple) : l’Etat ne peut garantir ni la liberté ni la justice, son action
doit aussi être limitée à des objectifs très précis, certaines fonctions régaliennes pouvant d’ailleurs
être remises aux lois du marché.

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B - L’APPROCHE INTERVENTIONNISTE ETATIQUE : l’ETAT PROVIDENCE

Au milieu du XXème siècle, une conception de l’Etat interventionniste, gestionnaire s’impose ;


extension de l’Etat gendarme au domaine social, cet Etat, nommé Etat-providence, a pour mission
principale d’assurer la sécurité économique et sociale. Dès lors, l’Etat joue un rôle actif dans la
promotion de la croissance économique, fournit une protection sociale au citoyen et corrige les
injustices sociales résultant de l’économie de marché.

L’Etat-providence ne présente cependant pas de contenu identique partout dans le monde


développé. On a ainsi l’habitude avec G.Esping-Andersen, de mettre en évidence trois formes
différentes d’Etat-providence.

Le modèle libéral mis en œuvre aux Etats-Unis, au Canada et en Australie se caractérise par une
grande place laissée aux mécanismes de marché, considéré comme le principe central d’organisation
de la société. L’Etat n’intervient dans ce cas qu’en dernier recours, dans une logique d’assistance.

Le modèle conservateur mis en œuvre en Allemagne, en Italie, en Belgique, au Japon ou bien en


France s’oppose au libéralisme absolu, à la dépendance des individus vis-à-vis du marché. Dans ce
modèle, la qualité de la protection sociale dépend de la profession et des revenus dans une logique
d’assurance.

Le modèle social-démocrate mis en œuvre en Suède ou en Norvège repose sur des interventions
fortes de l’Etat, pour assurer une protection sociale élevée et une redistribution des revenus. Ce
modèle se fronde sur la reconnaissance des droits non associés à la production, sur la citoyenneté.

En réalité, la différenciation des modèles s’explique par des différences de type d’économie et de
régimes politiques, d’héritage historique varié et par nature des alliances de classe et de coalition au
sein de la classe politique.

II – LES FONCTIONS DE L’ETAT

A – LA FONCTION D’ALLOCATION DES RESSOURCES

L’Etat intervient essentiellement dans le cadre des défaillances de marché. Dans ce cadre, l’Etat est
amené à s’engager dans la production de biens et services publics, dans le financement d’activités
particulières (externalités, monopole naturel….)
Il revient également à l’Etat de garantir les conditions d’une concurrence suffisante en limitant les
situations de monopole et en empêchant la constitution de cartels (politique de la concurrence).
La fonction d’allocation des ressources relève principalement d’une logique libérale, néoclassique.

B – LA FONCTION DE REDISTRIBUTION DES RICHESSES

Par nature, le libéralisme et l’économie de marché créent l’inégalité dans la société. C’est l’excès
d’inégalités que l’Etat est amené à réduire à travers la fonction de redistribution. Dans un souci de
justice et/ou d’équité, l’Etat assure la redistribution des richesses de deux manières :

- en captant, sous forme d’impôt, une partie de richesse créée par la nation ;
- en redistribuant ce qu’il a prélevé par le biais des transferts. Les transferts réalisés par l’Etat
sont de deux natures : économiques (exemple les subventions aux entreprises) ; ils ont en

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général pour objectif de renforcer la situation financière des entreprises. Sociaux, en ce sens,
ils répondent à un souci de solidarité.

C – LA FONCTION DE STABILISATION DE LA CONJONCTURE

Si la fonction de redistribution des richesses est au cœur des politiques sociales, la fonction de
stabilisation de la conjoncture est, quant à elle, au cœur des politiques économiques.

CHAPITRE 2 - LES POLITIQUES ECONOMIQUES

I – OBJECTIFS DE LA POLITIQUE ECONOMIQUE

Les buts assignés à l’Etat en matière de politique économique sont diverses, suites aux travaux de
l’économiste anglais N.KALDOR, on peut montrer que l’Etat cherche en général à atteindre (04)
quatre grands équilibres, que l’on présente symboliquement par le « carré magique », croissance,
plein emploi, stabilité des prix et équilibre des échanges extérieurs.
(Schéma)

Le carré magique représente la situation idéale pour une économie, c'est-à-dire un taux de
croissance le plus élevé possible, une situation proche du plein emploi (taux de chômage proche de
zéro), un taux d’inflation le plus faible possible (taux proche de zéro), et un commerce extérieur
excédentaire.

II - Notion de politique conjoncturelle

Les politiques conjoncturelles sont des politiques ayant pour but de faire face à l’ensemble des
variations de court terme de l’activité économique. Elles peuvent se fixer différents objectifs qui
peuvent être complémentaires et contradictoires. Une croissance élevée du PIB, le plein emploi, la
stabilité des prix et l’équilibre extérieur par exemple.
Les instruments de la politique conjoncturelle les plus utilisés sont la politique budgétaire et
monétaire.

A – LA POLITIQUE BUDGETAIRE

Elle s’appuie sur l’élaboration du budget de l’Etat, qui n’est autre que la prévision de l’ensemble des
recettes et dépenses de l’Etat. En cas de déficit budgétaire, le financement peut se faire par
émission de titres (bons de trésors par exemple).
La politique budgétaire désigne l’action des pouvoirs publics exercée par le biais du budget de l’Etat,
dans le but d’influer sur la conjoncture économique. Longtemps cantonné au financement des
actions régaliennes de l’Etat, le budget a véritablement acquis cette dimension régulatrice de
l’activité économique à l’issue de la seconde guerre mondiale, avec la mise en application des
théories Keynésiennes sur les vertus d’une politique de relance conjoncturelle via l’augmentation
des dépenses publiques. Les effets d’éviction pénalisent l’efficacité des politiques budgétaires. La
hausse des taux d’intérêt consécutive au creusement du déficit diminue l’investissement des
entreprises. De plus, face aux déficits et à la dette publique, les ménages anticipent les hausses
d’impôt futures et réduisent leur consommation.

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En confiant la politique monétaire à la BCE, l’Union Economique et Monétaire(UEM) a eu pour but de


redonner une certaine marge de manœuvre aux Etats pour la conduite de politiques budgétaires
nationales. Leur encadrement par le pacte de stabilité et de croissance accordant trop d’importance
au respect de critères nominaux, pourrait toute fois nuire à la fois à leur autonomie et à leurs vertus
contra-cycliques.

Stabilisateurs automatiques : en prélevant un surcroît d’impôt sur les agents économiques en


période d’accélération de la croissance et en délivrant plus d’allocations en période de
ralentissement économique, l’Etat vient donc atténuer les fluctuations cycliques de l’activité. Le jeu
de ce que l’on appelle les stabilisateurs automatiques permet donc au budget d’avoir un rôle
contra-cyclique sur l’économie.

B – LA POLITIQUE MONETAIRE

La politique monétaire à pour objet de procurer à l’économie la quantité de monnaie nécessaire à la


poursuite de la croissance économique et à la réalisation du plein-emploi. La politique monétaire de
la BCE est guidée par un objectif fondamental : le maintient de la stabilité des prix dans la zone euro.

La politique monétaire par la BCE repose essentiellement sur la fixation des taux directeurs pour les
opérations de refinancement des banques. Ces taux sont censés agir sur la distribution de crédits par
les banques commerciales, puis sur la consommation et l’investissement.
Pour la BCE, l’objectif premier est la stabilité des prix : le taux d’inflation ne doit pas dépasser 2% et
ceci pour garantir le maintient du pouvoir d’achat à tout agent économique. Elle est donc conduite à
adopter une politique monétaire qui consiste à relever ses taux directeurs dès qu’une inflation plus
soutenue menace et ceci pour ralentir la demande sur les différents marchés. Une fois que cet
objectif est respecté, la BCE cherche à favoriser la croissance.

Politique dite de stop and go (pendant les 30 glorieuses) : régulation macroéconomique


conjoncturelle qui vise à freiner l’activité économique en cas de surchauffe inflationniste ou de
déficit extérieur et à relancer l’économie en cas de croissance trop lente et de montée du chômage.

C – POLICY MIX (POLITIQUES MIXTES)

Lorsque la politique monétaire et la politique budgétaire sont combinées, on parle de Policy mix
(Politiques mixtes).

D – LES ORIENTATIONS DE LA POLITIQUE CONJONCTURELLE

1 - La politique de relance

L’objectif est de relancer la croissance et l’emploi. Les pouvoirs publics mènent alors des politiques
monétaires et budgétaires expansives de façon à augmenter la demande ; dans cet objectif ils
peuvent aussi relever les bas revenus, augmenter les prestations sociales et créer des emplois.

Mais la politique de relance entraine des effets pervers : Une économie ouverte et trop fortement
dépendante des échanges extérieurs voit sa balance de paiement se dégrader car la hausse de la
demande stimule les importations et la baisse des taux d’intérêt provoque des sorties de capitaux.
L’ouverture de l’économie réduit l’effet multiplicateur.

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2 - La politique de rigueur

Cette politique accorde une priorité à la lutte contre l’inflation et au rétablissement des soldes
extérieurs et publics ; la recherche d’un équilibre budgétaire, d’une politique monétaire restrictive,
d’une politique de ralentissement des revenus sont mis en œuvre pour restreindre la croissance et la
demande. L’inflation recule (désinflation), et les comptes extérieurs peuvent s’améliorer.

Mais la politique de rigueur peut induire une récession de la demande et donc un ralentissement de
la croissance et une hausse du chômage.

II – NOTION DE POLITIQUE STRUCTURELLE

Les politiques structurelles sont des politiques qui portent sur l’évolution à long terme de l’économie
et de ses structures. On peut citer par exemple les politiques sociales (redistribution de revenu…),
industrielles et politiques d’aménagement du territoire.

La politique fiscale est un peu particulière puisqu’elle peut être utilisée de façon conjoncturelle pour
la relance économique, mais aussi de manière structurelle pour des politiques industrielles ou de
répartition de la richesse. La politique fiscale sert à financer des politiques publiques…

POLITIQUE CONJONCTURELLE POLITIQUE STRUCTURELLE

POLITIQUE POLITIQUE POLITIQUE SOCIALE POLITIQUE


BUDGETAIRE MONETAIRE INDUSTRIELLE

Court terme Long terme

Objectifs : Maintien des équilibres Objectifs : Adaptation des structures

Effets quantitatifs Effets qualitatifs

CHAPITRE 3 - LE ROLE ECONOMIQUE DE L’UNION EUROPENNE

A – LES ETAPES DE LA CONSTRUCTION EUROPEENNE ET L’ELARGISSEMENT

L’Europe économique représente aujourd’hui, la zone d’activité commerciale la plus aboutie au


monde. Elle constitue la première expérience d’intégration économique. Le lancement de l’Europe
économique a eu lieu avec la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier (CECA) instituée en
1951 et conclut le 27 Mars 1957 par six premiers partenaires (Europe des six) : France, Allemagne
fédérale, Italie, Belgique, Luxembourg, Pays-Bas.

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En 1972, la Grande-Bretagne, le Danemark et l’Irlande (Europe des neufs) ; en 1981, la Grèce (Europe
des dix) ; en 1985, l’Espagne et le Portugal (Europe des douze) ; en 1994, l’Autriche, la Finlande et la
Suède (Europe des quinze) ; en 2004 huit pays de l’ex bloc socialiste européen et deux petits
méditerranéens (Pologne, République Tchèque, Slovaquie, Hongrie, Lituanie, Lettonie, Estonie,
Slovenie, Malte et Chypre) rejoignent l’Union européenne (Europe des vingt-cinq) ; et enfin le 1er
Janvier 2007 la Bulgarie et la Roumanie, elles aussi anciennement économie socialiste (Europe des
vingt-sept).

1 – Mise en œuvre de l’acte unique

Libre circulation des biens et services, 1er Janvier 1993 : il s’est agi de passer d’un marché commun à
un marché unique. On est allé pour cela bien au-delà de la suppression des droits de douane, en
supprimant les frontières commerciales.

Libre circulation des personnes : treize Etats membres sur quinze (tous, sauf le Royaume-Uni et
l’Irlande) ont adopté les accords de Schengen entrés en vigueur en Mars 1995. Ces accords rendent
possibles la libre circulation des citoyens de la zone et harmonisent les contrôles des personnes en
provenance des autres pays.

2 – Mise en place de la monnaie unique : Union Economique et Monétaire (UEM)

Il paraitrait illogique d’avoir un espace commercial et financier unique dans lequel seraient utilisées
plusieurs monnaies. Le 1er Janvier 1999, on assiste à la mise en place de la BCE et l’adoption de l’euro
comme monnaie officielle. Il faudra attendre le 1er Janvier 2002 pour que les pièces et billets en euro
soient mis en circulation.

B – LES POLITIQUES STRUCTURELLES

1 – La politique agricole commune (PAC)

La PAC représente aujourd’hui la principale dépense du budget européen (37% du total). Les
premiers pas de « l’Europe verte » datent de 1960.

A l’origine, la PAC visait à encourager la production par la protection et la fixation de prix


garantis au-dessus des prix du marché mondial. Cependant, dès les années 1970, les effets
pervers de cette politique se manifestent par des excédents au coût financier et
environnemental insupportable.

2 – La politique régionale européenne

La politique régionale européenne vise à réduire l’écart entre les niveaux de développement
des diverses régions européennes.

3 – La politique industrielle et de la concurrence européenne

La politique industrielle de l’UE vise à rendre l’industrie européenne plus compétitive afin
qu’elle puisse demeurer de la croissance durable et de l’emploi en Europe. Différentes
stratégies ont été adoptées pour doter l’industrie de l’UE d’un cadre plus favorable, la plus

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récente étant décrite dans la communication « Pour une renaissance industrielle


européenne » de Janvier 2014.

La réglementation de l’UE dans le domaine de la concurrence vise à assurer des conditions


justes et équitables aux entreprises, tout en favorisant l’innovation, l’harmonisation des
normes et le développement des petites et moyennes entreprises (PME).

La commission européenne contrôle les pratiques anticoncurrentielles, les concentrations et


les aides d’Etat et enquête sur ces opérations, afin de garantir des conditions de concurrence
équitables aux entreprises de l’UE ainsi qu’un vaste choix et des prix justes aux
consommateurs.

CHAPITRE 4 – LA REGULATION CONJONCTURELLE DANS L’UE

I – L’encadrement des politiques budgétaires nationales

DES CRITERES DE CONVERGENCE AU PACTE DE STABILITE ET DE CROISSANCE (PSC)

Afin de rentrer dans la zone euro, les pays membres de l’UE doivent satisfaire les critères de
convergence ou critères de Maastricht. Ces critères visent à faire converger les grandeurs
macroéconomiques afin d’éviter des tensions potentielles sur les marchés des changes. Des
pays ayant des profils macroéconomiques proches ont moins besoin de recourir à la
politique de change pour résorber les déséquilibres.

Critères de convergence : ils doivent être respectés par tout pays souhaitant intégrer l’UEM) :

- déficit public inférieur à 3 % du PIB


- dette publique inférieure à 60 % du PIB
etc…..

II – La politique monétaire dans l’UEM

A – LES INSTRUMENTS DE LA POLITIQUE MONETAIRE

La BCE dispose des instruments conventionnels de la politique monétaire. En fixant les taux
d’intérêt auxquels les banques commerciales se refinancent, la BCE influe indirectement sur
les taux d’intérêt pratiqués dans l’ensemble de l’économie. Elle peut ainsi orienter la
création monétaire réalisée par les banques commerciales à l’occasion des opérations de
crédit.

1 – Les taux directeurs et les facilités permanentes

Les facilités permanentes permettent de fournir ou de retirer des liquidités pour une durée
de 24 heures. Les taux directeurs de la BCE font référence à trois outils :

- les opérations principales de refinancement : par une procédure d’appel d’offres


hebdomadaire, la BCE fournit des liquidités au taux de refinancement ;

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- les facilités de prêt marginal : prêt rémunéré à la journée contre un collatéral (actif
financier en garantie). Le taux de prêt marginal est un taux plafond ;
- les facilités de dépôt : taux concernant le dépôt des établissements de crédit auprès
de la banque centrale. Le taux de rémunération des dépôts est un taux plancher.

Depuis juin 2014, le taux de rémunération des dépôts est négatif. Depuis mars 2016, le taux
de refinancement est de zéro.

2 – Les opérations d’open market

La banque centrale procède à des apports de liquidité sur le marché interbancaire sur lequel
les banques en besoin de liquidité se refinancent. Ces opérations à échéance d’une semaine
ou de trois mois servent à piloter les taux d’intérêt à court terme et à gérer la liquidité
bancaire. La politique d’open market donne aussi un signal d’orientation de la politique
monétaire.

3 – Les réserves obligatoires

Les établissements de crédit ont l’obligation de constituer des réserves auprès du SEBC en
proportion de certains de leurs engagements (dépôts de leur clientèle…). Les réserves
obligatoires jouent un rôle dans la régulation du refinancement interbancaire. La variation
du taux de réserves permet de jouer sur les besoins de liquidité du système bancaire à
l’égard de la BCE. Cela permet un impact plus important de la politique des taux directeurs.
Cet instrument est utilisé peu fréquemment. En Janvier 2012, le taux de réserve obligatoire
passe de 2% à 1% de certains passifs bancaires (dépôts…).

B – POLITIQUES DITES « NON CONVENTIONNELLES »

Au côté des évolutions budgétaires évoquées dans la partie précédente, l’Europe s’est dotée
de nouveaux mécanismes de régulation monétaire financière. Face à la crise des dettes
souveraines et à la menace de la déflation, la BCE a dû, à l’instar des autres grandes banques
centrales, mettre en œuvre des politiques dites « non conventionnelles ».

1 – Le crédit crunch ou contraction de crédit

La crise de confiance des banques entre elles et vis-à-vis de la situation économique conduit
à un credit crunch (ou contraction du crédit).

Credit crunch : face à l’incertitude élevée, les opérateurs ayant des liquidités préfèrent les
conserver. Les banques réduisent ainsi les crédits accordés de peur de ne pas trouver de
refinancement

La BCE a mis en place une politique de refinancement à long terme (LTRO : long term
refinancing operation). Cette politique consiste à accorder du refinancement à long terme (3
ans) de manière illimitée, afin de restaurer la confiance sur le marché interbancaire et inciter
les banques à reprendre leur activité de crédit.

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2 – Assouplissement quantitatif

A partir de 2015, la BCE, à la suite de la Fed ou de la Banque d’Angleterre, met en place une
politique d’assouplissement quantitatif ou quantitative easing (QE) : la BCE rachète aux
banques de second rang des titres et accroît ainsi la liquidité bancaire. Elle fonctionne
comme la politique d’open market.

Contrairement à d’autres grandes banques centrales, la BCE, ayant l’interdiction de


participer au financement monétaire des dettes publiques, achète de la dette publique sur
les marchés secondaires. Le QE est qualifié de « politique non conventionnelle », car les
volumes, les échéances et la nature des titres rachetés sont différents de la politique d’open
market conventionnelle.

PARTIE 7 – LES DESEQUILIBRES SOCIAUX : EXPLICATIONS ET ENJEUX


CHAPITRE 1 – DESEQUILIBRE SUR LE MARCHE DU TRAVAIL ET POLITIQUES DE L’EMPLOI

Le marché du travail désigne le lieu de rencontre entre les offres de travail (demande de l’emploi
émanant des actifs : les ménages) et les demandes de travail (offre d’emploi émanant des
entreprises).

Le concept marché du travail est un objet théorique et pas un lieu réel. Sur le marché du travail,
lorsque la demande est inférieure à l’offre, cela se traduit par l’apparition du chômage. Le
développement du chômage a conduit les Etats à mettre en œuvre des politiques de l’emploi. Les
politiques de l’emploi relèvent d’un choix du gouvernement. Ce choix s’appuie sur la représentation
du marché du travail.

I – LA REPRESENTATION DUMARCHE DU TRAVAIL

La notion du marché du travail est à la base du raisonnement sur l’emploi et le chômage.

A - L’ANALYSE NEOCLASSIQUE

Selon les économistes néoclassiques, le marché du travail est de la même nature que tout autre
marché. Les quantités de travail offertes et demandées et le salaire s’influencent mutuellement en
vertu de la loi de l’offre et de la demande qui assure le maintient de l’équilibre. Cet état d’équilibre
nécessite que les cinq conditions de la concurrence pure et parfaite soient respectées.

L’offre de travail (ou demande d’emploi) dépend du salaire réel. Plus celui-ci est élevé, plus les
individus seront incités à renoncer à leurs loisirs pour travailler. La demande de travail (ou offre
d’emploi) est d’autant plus forte de la part des entreprises que le niveau des salaires est bas ; s’il est
trop élevé celle-ci préféreront alors moins recruter et substituer du capital au travail. Les individus
arbitrent, en effet leurs loisirs et leur travail (qui est une renonciation aux loisirs). Plus le salaire est
élevé sur le marché du travail, plus il permet de compenser la renonciation au loisir, plus l’offre de
travail augmente. La demande de travail est fonction du prix de travail.

(Schéma)

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Toute augmentation de l’offre de travail (offre 1 vers offre 2) conduit à une situation de chômage
(QL1, 2 - QL1 ) puisque pour le même niveau de salaire S1 , les individus disposés à travailler sont
plus nombreux. Un nouvel équilibre est obtenu par la baisse du salaire : au niveau S2 la demande de
travail augmente et l’offre de travail diminue. Le chômage sur le marché du travail n’existe pas
puisque l’offre et la demande s’ajustent et déterminent un prix, le salaire pour lequel les individus
arbitrent leur temps en faveur des loisirs. Il ne peut y avoir que de chômage volontaire au sens où,
pour un salaire donné, les individus préfèrent l’oisiveté au travail, c’est donc le niveau trop élevé des
salaires qui provoquent le chômage.

MILTON FRIEDMAN, considérant que le chômage ne peut être jamais complètement nul, admet
l’existence d’un chômage naturel qui peut être diminué si les offres de travail sont connues plus vite,
si la mobilité des travailleurs est plus grande et si les services de recrutement des entreprises, est
plus efficace.

B - L’ANALYSE KEYNESIENNE

Keynes part du constat que les salaires sont rigides à la baisse. Il n’y a donc pas d’espoir que le
chômage disparaisse par une diminution du prix du travail : celui-ci ne peut descendre en dessous
d’un minimum, du fait de la présence des syndicats. Si la baisse des salaires apparaît impossible, elle
est en outre peu souhaitable. Un niveau trop faible des salaires nuit à la consommation des ménages
et donc à la demande qui s’adresse aux entreprises conduisant à une aggravation du chômage. Le
chômage dans la conception Keynésienne, n’est pas volontaire, mais peut être le signe d’un équilibre
de sous-emploi. Keynes considère que les entrepreneurs anticipent l’évolution de la demande qui
s’adresse à eux en déduisent le niveau de la production à réaliser. Il se peut fort bien que le niveau
de la demande effective (anticipation de la demande future) soit inférieure à la réalisation de la
demande, ce qui débouche alors sur une équilibre de sous emploi des facteurs de production
(capacités de production inutilisées, chômage).

S’il admet que le salaire est un coût (la demande de travail étant une fonction croissante des
salaires), il est aussi un revenu jouant sur le niveau de la demande globale. Selon Keynes, le
chômage est avant tout involontaire, c'est-à-dire qu’en l’absence de toute rigidité des salaires à la
baisse, il peut subsister du seul fait que l’emploi offert est déterminé tout a fait indépendamment de
l’état de la population active pour le seul niveau de la demande effective.

C – LA THEORIE DE LA SEGMENTATION

Cette théorie est prônée par l’américain CAIN et le français PIORE. Cette théorie dualiste en termes
de segmentation du marché du travail, introduit une distinction entre un marché primaire et un
marché secondaire. Il y aurait donc une coupure radicale entre deux univers : le marché primaire et
le marché secondaire ne correspondent ni aux mêmes emplois, ni aux mêmes agents économiques,
ni aux mêmes mécanismes de fonctionnement.

Le marché primaire est caractérisé par les emplois stables, bien rémunérés et qualifiés et offre des
garanties de carrières et des perspectives de promotion. Les conditions de travail sont de bonnes
qualités.

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Le marché secondaire est caractérisé par les emplois précaires, mal rémunérés et peu qualifiés et
offre peu de garantie de carrière et des perspectives de promotions. Les travailleurs secondaires sont
généralement plus jeunes.

L’entreprise doit s’adapter aux changements technologiques et à la mondialisation, et en même


temps faire face aux pressions syndicales et à la législation du travail. Ce dualisme est donc un
moyen pour elles de mieux maîtriser la structure des salaires et la flexibilité des emplois.

II – LE CHÔMAGE

A - LA MESURE DU CHÔMAGE

Est chômeur, au sens du bureau international du travail (BIT), toute personne qui a trouvé un emploi
qui commence ultérieurement ou toute personne sans emploi rémunéré qui remplit les conditions
suivantes :

Aucune activité rémunérée, même de très courte durée, durant l’enquête (ne serait ce qu’une
heure) ; en âge de travailler, à la recherche effective d’un emploi rémunéré, disponible dans un
délai de 15 jours.

On trouve deux sources essentielles de mesure de chômage en France : l’Insee et le Pôle emploi

L’enquête emploi de l’INSEE : il s’agit d’une enquête annuelle qui porte sur 67.000 ménages,
représentatifs de la population française et qui s’appuie sur la définition du BIT, pour mesurer le
chômage. La PSERE est la population sans emploi à la recherche d’un emploi. C’est la mesure du
chômage selon l’INSEE.

Une autre source statistique provient du Pôle emploi, qui publie chaque mois les demandes
d’emplois en fin de mois qui ne sont pas satisfaite (DEFM). Il ne s’agit pas d’une enquête, et les
données sont plus fréquentes car mensuelles. Les DEFM sont les demandes d’emplois en fin de mois,
c’est la mesure du chômage selon le pôle emploi.

B – LES DIFFERENTS TYPES DE CHÔMAGE

Le chômage frictionnel est le chômage lié au délai qui se sépare deux emplois successifs. Il est
assimilable au chômage naturel évoqué par FRIEDMAN et est en quelque sorte incompréhensible.

Le chômage conjoncturel est un chômage lié à une baisse de l’activité économique sur une courte
ou moyenne période. Il peut donc se réduire si l’activité reprend.

Le chômage structurel est un chômage qui s’explique par les caractéristiques fondamentales du
marché du travail (détermination du salaire, relation sociale) ou plus généralement par les
caractéristiques de l’ensemble de l’économie (inadéquation du système éducatif).

Le chômage saisonnier : il résulte de l’existence d’emplois non permanents liés à des interruptions
périodiques

Le chômage technique est dû au blocage temporaire du processus de production d’une entreprise


pour des raisons techniques (pannes, problème d’approvisionnement)…

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Le chômage partiel est lié à une réduction temporaire par une entreprise du volume d’heures de
travailles à effectifs constants, à la suite d’une baisse conjoncturelles d’activités.

Le chômage naturel est incompressible selon FRIEDMAN. Il considère que le chômage ne peut être
jamais complètement nul. Ce chômage naturel peut être diminué si les offres de travail sont connus
plus vite, si la mobilité des travailleurs est plus grande et si les services de recrutement des
entreprises, plus efficaces…

C - LES CARACTERISTIQUES DU CHÔMAGE

Le chômage affecte très inégalement les différentes couches de la population active selon l’âge et le
sexe. Les données montrent que le chômage touche particulièrement les jeunes. Le taux de chômage
des - 25ans est supérieur à 20% et les femmes 8.7% contre 7.4% pour les hommes en juin 2007.

Toutefois l’amélioration de la situation d’emploi semblerait plus bénéficier aux femmes. Par ailleurs,
le diplôme est devenu une protection certaine contre le chômage

D – LES CAUSES DU CHÔMAGE

Les causes du chômage renvoient à la question de savoir si le chômage est volontaire ou involontaire,
opposant le courant néoclassique au courant keynésien.

La théorie néoclassique repose sur une première hypothèse forte selon laquelle le chômage serait la
conséquence d’une indemnisation trop généreuse qui inciterait le salarié à ne pas rechercher
l’emploi. La thèse d’un chômage volontaire (ou néoclassique) en France doit être relativisée.
L’indemnisation du chômage ne semblerait pas être véritablement un frein à l’augmentation de
l’offre de travail. L’autre hypothèse, sur laquelle repose la théorie néoclassique, renvoie au coût du
travail et implicitement au niveau de prélèvements obligatoires. Le coût du travail (cotisations
patronales + salaire brut), est jugé trop élevé par le Medef car il provoquerait une entrave à la
compétitivité des entreprises françaises.

La théorie keynésienne analyse le chômage comme un phénomène involontaire, en raison d’une


insuffisance de la demande. La demande extérieure française est entravée par l’appréciation de
l’euro. De plus la politique de désinflation compétitive mise en œuvre depuis le début des années
2000 en Allemagne a un impact négatif sur la croissance française. Pour réduire son chômage
keynésien, la France a besoin d’une meilleure régulation macroéconomique ainsi que une meilleure
concertation économique au niveau européen.

A ces causes s’ajoutent l’inadaptation des qualifications à la demande des entreprises, une
croissance démographique supérieure à la croissance économique.

III – LES POLITIQUES DE L’EMPLOI

A – LES PRINCIPES DES POLITIQUES DE L’EMPLOI

Les politiques de l’emploi ont pris de plus en plus d’ampleur à partir de la montée en puissance du
chômage c'est-à-dire après 1974

Dans un 1er temps, il est possible de replacer les politiques de l’emploi en fonction, des axes de la
politique macroéconomique

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Politique de relance de la Politique de relance de l’offre


demande

 Salaires  Profit
 Investissements  Investissement
Variables économiques  Consommation  Epargne
favorisées

 Augmentation des  Diminution des


dépenses de l’Etat prélèvements
 Augmentation de la obligatoires
part des salaires, dans  Augmentation de la
la valeur ajoutée part du profit dans la
Moyens  Augmentation de la valeur ajoutée
redistribution pour  Diminution de la
favoriser la redistribution pour
consommation favoriser l’épargne

Dans un 2e temps, il faut distinguer la spécificité de l’emploi : deux grands types de politiques de
l’emploi.

POLITIQUE PASSIVE POLITIQUE ACTIVE

 Assouplissement du fonctionnement du
 Indemnisation du chômage marché
 Incitation ou retrait d’activité  Formation professionnelle
 Incitation à l’activité

Effet attendu : baisse de l’offre de travail Effet attendu : augmentation de la demande de


travail

On a appelle politique passive de l’emploi, une politique visant à limiter l’offre de travail ou à mener
un traitement social du chômage.

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Une politique active entend agir sur la demande de travail afin d’accroître l’emploi, en rendant le
marché du travail plus dynamique.

1 - Les politiques passives : Les politiques en direction de l’offre de travail

a – L’indemnisation du chômage : indemniser pour soutenir l’emploi

Il s’agit d’accompagner la situation du chômage par un traitement social. L’indemnisation du


chômage a pour but d’éviter les effets récessifs des pertes d’emploi : sans indemnisation, le chômage
conduit à une réduction massive de la demande qui est préjudiciable aux débouchés des entreprises
et donc à l’emploi dans ces entreprises. Selon les théoriciens néoclassiques, plus l’écart entre
l’indemnisation et le salaire minimum est faible, plus l’incitation à demeurer au chômage est forte.

b – Réduire l’offre de travail


Il s’agit de réduire la population active par diverses mesures :
 L’abaissement de l’âge de la retraite ;
 Le développement de l’offre ;
 La limitation de l’immigration ;
 L’incitation à quitter le marché du travail (aides familiales, retarder l’arrivée des jeunes sur le
marché du travail, encourager les longues études).

2 - Les politiques actives : Les politiques qui concernent la demande de travail

a – Réduire le coût du travail

Dans une optique néoclassique, la réduction du chômage passe par la baisse du prix de travail, voire
la suppression du SMIC (Salaire Minimum d’insertion et de croissance), qui constitue un obstacle au
bon fonctionnement du marché du travail. Cela permet de procéder à des embauches puisque le
coût du travail baisse. La baisse des salaires, conduit à améliorer la compétitivité des entreprises,
elles peuvent gagner des parts de marché à l’étranger, augmenter leur production et créer des
emplois. Toutefois, pour que la baisse du coût du travail ne nuise pas à la consommation des
ménages, il est possible d’envisager une baisse des cotisations patronales.

Le niveau des salaires ne constitue pas le seul déterminant de la compétitivité d’une économie
nationale. Il faut aussi tenir compte des différences de production, de la variation des taux de
change, de la compétitivité structurelle (qualité des produits, images de marque, élasticité de la
demande extérieure par rapport aux variations de prix, capacité d’adaptation à l’évolution de la
demande mondiale).

b – Améliorer le fonctionnement du marché du travail

Un certain nombre d’actions de pouvoirs publics visent à restreindre l’inadéquation entre l’offre et la
demande de travail. Ce sont les diverses actions de formations professionnelles, au contrat de
qualification, d’apprentissage, d’adaptation, d’orientation, de retour à l’emploi, d’initiative emploi,
ainsi qu’aux stages de formations pour les jeunes et les moins jeunes. L’idée est aussi d’améliorer la
flexibilité du travail, qu’il s’agisse d’une flexibilité quantitative, qualitative ou salariale.

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B – LES PRINCIPALES ORIENTATIONS DES POLITIQUES DE L’EMPLOI

1 - Les emplois aidés

Le principe des emplois aidés s’est imposé en raison du ralentissement persistant de l’activité, les
gouvernements successifs on dû créer de nouveaux contrats aidés dans le secteur non marchand à
cause de l’insuffisance de l’emploi marchand pour résorber le chômage. L’Etat prend en compte
(charge), partiellement ou totalement, le salaire et les charges sociales des embauches concernant
des cibles particulières : Les jeunes, les chômeurs de longue durée, les chômeurs âgés. Il peut s’agir
de la création d’emplois publics, dispositifs visant à permettre l’insertion des jeunes (contrat emploi
jeunes). Les contrats aidés du secteur non marchand comprenant les emplois jeunes(EJ), les contrats
emplois (ES), les contrats d’accompagnement à l’emploi(CAE) et les contrats d’avenir(CA).

2 - La réduction du temps de travail (RTT) : Le partage du travail

L’idée part d’un calcul simple. Si vingt millions de salariés qui travaillent 40H acceptent de ne
travailler que 35H par semaine, 100 millions d’heures seront libérées ce qui correspond à peu près
2.860.000 créations d’emplois. Cependant, la réduction de la durée du travail ne conduit pas
automatiquement à l’embauche de nouveaux salariés, si elle est compensée par des gains de
productivité, autrement dit, si les salariés en place parviennent à effectuer le même travail qu’avant
en temps réduit.

C - LA FLEXIBILITE DU TRAVAIL

La flexibilité du travail concerne la capacité de l’offre de travail à s’adapter en qualité et en quantité


aux changements de l’environnement de l’entreprise.

1 - La flexibilité quantitative

Elle permet aux entreprises d’accepter à court terme, leur niveau d’emploi et/ou la durée du travail
aux impératives de la conjoncture. Il existe trois sortes de flexibilité quantitative.

La flexibilité externe : l’entreprise peut faire varier le nombre de salariés en fonction du changement
de l’environnement. Elle peut avoir recours à des licenciements mettant fin à des contrats à durée
indéterminée. Elle peut ne pas renouveler des contrats de travail de courte durée.

La flexibilité interne : sans modifier le nombre de ses salariés, l’entreprise peut faire varier le volume
d’heures travaillées. C’est donc une adaptation du nombre d’heures de travail aux variations de la
demande (recours aux heures supplémentaires).

La flexibilité par externalisation : L’entreprise peut ne plus gérer une partie du contrat de travail.
Dans 1er temps, elle peut avoir recours aux prestations d’une entreprise intérimaire. Dans cette
situation, le salarié intérimaire envoyé en mission dans l’entreprise pour une courte durée, demeure
salarié de l’entreprise intérimaire. Dans un 2ème cas, l’entreprise peut avoir recours à des sous-
traitants, notamment pour la réalisation des tâches annexes, et se recentre ainsi sur son activité
principale.

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2 - La flexibilité qualitative

L’entreprise doit pouvoir adapter à court terme et sans coûts supplémentaires, le processus de
production et s’adapter aux fluctuations des commandes. Cela nécessite de la part des salariés, qu’ils
soient polyvalents (et que le capital productif le soit aussi). C’est ainsi que sont mis en place des
ateliers flexibles.

3 - La flexibilité des rémunérations

Assurer une fixation des salaires qui dépend de la confrontation de l’offre et de la demande de
travail. C'est-à-dire de la loi des marchés. Pour se faire, les économistes libéraux préconisent la
suppression de tout minimum légal en dessous duquel il est interdit de rémunérer un salarié (remise
en cause en France, du SMIC, par exemple).

Lier les rémunérations salariales aux résultats de l’entreprise afin d’ajuster les coûts salariaux. C’est
ainsi que se développent de nouveaux modes de rémunération qui, indépendamment d’un salaire de
base, sont sujets aux fluctuations (primes, participations, intéressements aux bénéfices).

4 - La Flexi-Curité

Le terme de flexi-curité(ou flex-sécurité) correspond à la nécessité de concilier les objectifs de


flexibilité recherchés par les employeurs et des objectifs de sécurité attendus par les salaires.
C’est l’expérience Danoise qui a permis de présenter une cohérence apparente entre un système
d’emploi dynamique et le maintien du niveau de la protection sociale. Dans cette logique, en France,
un accord national interprofessionnel a été signé en Janvier 2008 pour mettre en place un système
alliant la flexibilité de l’emploi et la sécurisation d’un parcours professionnel. La flexibilité du
marché du travail français est renforcée avec des assouplissements du contrat à durée indéterminée
(CDI) comme l’allongement de la période d’essaie et la mise en place d’un régime de rupture du
contrat du travail d’un commun accord (rupture conventionnelle).
En contrepartie, au niveau de la protection sociale, certains droits (formation) pourront rester
attacher à la personne du salarié en cas de départ de l’entreprise (notion de transférabilité), et non
plus lié au poste.

D – LES THEORIES DU CHÔMAGE

Des théories expliquent l’existence du chômage par différentes raisons. En France et dans les autres
pays européens une séparation du marché du travail existe (dualisme du marché du travail) entre :
- Les insiders qui ont des avantages en termes de salaire (théorie du salaire d’efficience) et de
sécurité de l’emploi (théorie des contrats implicites) ;
- Les outsiders qui sont au chômage ou dans des conditions précaires car les entreprises
privilégient les insiders.

Les emplois créés en France sont donc souvent plus qualifiés et protégés (insiders)… mais moins
nombreux. La nouvelle micro-économie du travail tente d’expliquer la rationalité qui fonde la rigidité
à la baisse des salaires.

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1 - La théorie des contrats implicites

Elle justifie l’existence des salaires rigides quelle que soit la conjoncture économique : en période de
haute conjoncture, les salariés acceptent de « payer » une prime d’assurance, à l’inverse en période
de basse conjoncture, ceux qui conservent leur emploi recevront une « indemnité » leur permettant
de conserver leurs salaires inchangés. L’incertitude sur la stabilité du salaire crée du chômage
involontaire.

2 - La théorie du salaire d’efficience

Elle explique l’existence de salaires plus élevés que le salaire d’équilibre par la volonté des
employeurs d’attirer et de garder les individus les plus compétents, de les inciter à un certain niveau
d’effort : L’incertitude sur l’exécution du contrat de travail crée un chômage involontaire.

CHAPITRE 2 – LA REDISTRIBUTION FACE AUX RISQUES SOCIAUX ET AUX INEGALITES SOCIALES

L’économie de marché produit des inégalités. Ainsi, la formation des prix et plus spécialement la
formation des prix des facteurs de production (salaire, main d’œuvre …) s’appuient sur une logique
strictement économique d’où sont absente les considérations sociales. En conséquence, l’Etat est
amené, par le biais des politiques de redistribution, à corriger certaines inégalités.

A – DEFINITIONS ET NOTIONS CLES

1 – Protection sociale

Ensemble des mécanismes de prévoyance collective qui permettent de couvrir les conséquences
financières de ‘’risques sociaux’’ (vieillesse, maladie, invalidité, chômage, maternité, charge de
famille, etc. …)

2 - Assurance sociale

Dans ce système de protection sociale, les revenus de remplacement destinés à compenser la perte
des revenus professionnels sont financés par des contributions des assurés. Le niveau des prestations
octroyées dépend du montant et de la durée de versement.

3 - Assistance

Revenu minimum financé par l’impôt dont le montant dépend de l’appréciation par la collectivité du
minimum vital nécessaire pour couvrir les besoins individuels. Le revenu minimum ne couvre pas un
risque particulier et est versé sous conditions de ressources.

4 – Protection universelle

Elle a pour objectif de couvrir certaines catégories de dépenses pour tous les individus. Les
prestations sont accordées sans conditions de cotisations ni de ressources, et sont financées par
l’impôt.

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5 - Pauvreté relative, Pauvreté absolue

La pauvreté absolue évoque un niveau de vie minimum, identique en tous lieux et tous temps. La
pauvreté relative évoque, au contraire, un niveau de vie normal ou courant, variable avec l’époque et
avec la société.

B – DEUX TYPOLOGIES DES SYSTEMES DE PROTECTION SOCIALE

1 - Système bismarckien versus système beveridgien

La plus ancienne et la plus connue des typologies des systèmes de protection sociale est celle qui
oppose le système bismarckien au système de Beveridge, soit deux approches de mode de
financement des risques maladie, chômage et retraite.

a - Le système bismarckien versus système bismarckien

Ce système tire son nom des reformes du chancelier BISMARCK mises en place à la fin du XIXème
siècle en Allemagne. Le système repose sur le financement par des cotisations salariales patronales
et ouvrières obligatoires pour couvrir les dépenses sociales (chômage, retraite, santé). La couverture
des risques est donc indépendante de la condition de salarié, ou du lien qui peut exister entre le
salarié cotisant et l’ayant-droit (conjoint, enfant).

b – Le système de type beveridgien

Ce système fait référence à Lord Beveridge auteur de différents rapports entre 1942 et 1944, qui ont
servi de base au système de protection sociale britannique mis en place après la seconde guerre
mondiale. Dans ce système, c’est être membre de la société qui ouvre droit à être mis à l’abri de
besoin, c’est-à-dire avoir accès au revenu minimal, à des services sociaux (santé, éducation) et à la
couverture du risque comme la vieillesse. C’est à l’Etat de gérer le système, dont le financement
repose sur l’impôt. La protection sociale est ainsi générale, unifiée et gérée par l’Etat. Au-delà de ces
protections garanties, l’individu peut épargner et financer sur une base volontaire des dépenses
supplémentaires de couverture de risques.

c – Opposition système bismarckien / système beveridgien

On oppose ainsi le système bismarckien, où la protection sociale prend la forme d’une assurance
sociale obligatoire, organisée au bénéfice des travailleurs et gérée par les partenaires sociaux, au
système beveridgien dans lequel la solidarité entre les bénéficiaires et cotisants s’appuie non sur
l’appartenance à une collectivité de travail mais à celle de résident d’un Etat.

Dans la pratique, les systèmes combinent le plus souvent les deux principes. Ainsi, dans les pays de
tradition beveridgienne comme en Europe du Nord, les systèmes de protection sociale de base sont
très souvent complétés par des dispositifs attribuant des prestations calculées en fonction des
revenus de l’activité professionnelle (régimes d’entreprise ; voire régimes complémentaires
obligatoires).

2 - La typologie d’Esping-Andersen

Selon la définition de Gosta Esping-Andersen, l’Etat-providence est préoccupé du bien être collectif, il
se donne pour mission de produire des services non marchands, de garantir une protection sociale,

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d’opérer une redistribution des revenus, et de réguler l’économie au moyen de politiques


économiques. A partir de la typologie de Esping-Andersen, il est possible de distinguer trois modèles
d’Etat-providence :

- le modèle social-démocrate : haut niveau de couverture universelle des besoins collectifs


(Nord de l’Europe : Suède et Pays-Bas) ;
- le modèle corporatiste : mutualisation des risques et des besoins sociaux sur la base de
l’appartenance professionnelle (Europe Continentale : Allemagne, Italie, France) ;
- le modèle libéral : protection sociale minimale pour les « pauvres » (Anglo-saxons : Etats-
Unis et R.U.).

Cette classification marque bien l’empreinte des origines du système français de protection sociale.
Toutefois ; le système français est devenu de plus en plus hybride avec la distribution de prestations
à visée universelle pour les plus pauvres, ce qui l’éloigne d’un modèle seulement corporatiste en le
rapprochant des autres modèles. Une convergence se ferait avec l’apparition d’un modèle mixte
beveridgeo-bismarckien de sécurité sociale.

C – LA LOGIQUE DE L’ASSURANCE ET LA LOGIQUE DE L’ASSISTANCE

1 - La logique de l’assurance

La logique d’assurance correspond à un système de protection sociale qui permet aux personnes de
bénéficier de droits sociaux (remboursement des soins ou allocations chômage) contre le versement
de cotisations. Selon la typologie de Gosta Esping-Anderson, le modèle d’Etat-providence français
qui repose sur une conception corporatiste des relations sociales est fondé sur la logique de
l’assurance. La protection sociale prend la forme d’une assurance sociale obligatoire, organisée au
bénéfice des travailleurs et gérée par les partenaires sociaux. Elle s’appuie sur un principe de
solidarité entre travailleurs et elle est souvent structurée par secteurs d’activités professionnelles
avec des régimes sociaux pouvant être différents.

2 - La logique d’assistance

La logique d’assistance correspond à un système de protection sociale qui permet aux personnes de
bénéficier de droits en fonction de la situation de chacun (revenu minimum d’insertion ou
couverture médicale universelle) et de maintenir une solidarité nationale. Le Royaume Uni a
constitué le berceau de ce modèle, dont les principes furent énoncés dès 1942 par Lord Beveridge.

Toutefois, la logique de l’assistance s’est imposée avec la crise économique et le développement de


l’économie de marché.

D – LES LOGIQUS DES POLITIQUES DE REDISTRIBUTION

La redistribution désigne l’ensemble des prélèvements et l’ensemble des ressources opérés par les
administrations publiques et affectant les revenus des agents économiques

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1 - Les différents types de redistribution

a – La redistribution horizontale

Elle s’exerce d’une génération à l’autre (financement des retraites, des biens portants vers les
malades ; des actifs occupés vers les chômeurs, des célibataires vers des familles…). Les bénéficiaires
sont des individus qui présentent un besoin lié à l’un des risques couverts par la protection sociale.
L’objectif est principalement d’assurer un revenu de remplacement en cas de réalisation des risques
sociaux (vieillesse, chômage, la maladie, retraite).

b - La redistribution verticale

Elle correspond à la mise en œuvre d’une politique de solidarité en faveur des bas revenus. Elle
s’exerce sur des ménages à revenus élevés vers ceux à revenus faibles. La redistribution verticale
permet de réduire la pauvreté et l’exclusion (assure la justice sociale grâce à une réduction des
inégalités et une aide aux populations les moins favorisées). La redistribution verticale permet à
l’Etat d’affirmer le principe de solidarité et d’appliquer le contrat social entre les différents citoyens.

2 - Modalités des politiques de redistribution

Les politiques redistributives s’appuient sur trois familles d’instruments complémentaires : les
prélèvements, les prestations sociales et la régulation publique

a - Les prélèvements

Le système de prélèvement fiscal a pour but de lever des ressources à des fins d’utilisations par l’Etat.
La politique redistributive en la matière conduit à repartir la charge fiscale entre les entreprises et les
ménages, ceci par le biais des impôts directs (qui frappent une fraction des revenus et des
patrimoines des agents) et des impôts indirects (qui frappent les échangent économiques). Le
prélèvement social, constitue lui aussi un moyen de réduire les inégalités économiques et sociales ;
ainsi, la modulation des taux de cotisation, ou encore l’exonération de certaines d’entre elles,
participent à la réduction des inégalités.

b – Les prestations

Les ménages perçoivent des revenus de transfert encore appelés prestations sociales, et qui sont liés
à la dimension de la famille, à la vieillesse ou à la maladie, au chômage ou à divers handicaps. Les
prestations sont versées en nature ou en espèce par l’Etat, les collectivités locales, les caisses de
sécurité sociale ou encore d’assurance-chômage. Certaines prestations sont calculées en fonction du
revenu (allocations d’assurance-chômage, pensions de vieillesse…), d’autres sont versées sous
condition de ressources (allocation de rentrée scolaire, complément familial, allocation logement,
minimum vieillesse…) d’autres enfin sont versées aux bénéficiaires quelque soit par ailleurs le
montant de leurs revenus (allocations familiales…). En conséquence, la politique de prestations
contribue à réduire le niveau des inégalités dans la société.

3 - La régulation publique

L’Etat peut aussi contribuer à la lutte contre les inégalités en investissant lui-même dans les services
publics, les logements sociaux, la santé ou encore l’éducation. Ainsi, la gratuité d’accès à certaines

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services (ou l’adoption de politiques de tarification éloignées de logiques purement


microéconomiques marchandes) ou encore l’attribution privilégiée de certains biens ou services,
créent directement des effets redistributifs positifs pour leurs bénéficiaires. Mais, pour mener à bien
cette politique, l’Etat doit disposer de ressources... qui ne proviennent que de l’impôt ou de
l’emprunt.

D – LA REDISTRIBUTION ET LE SOUTIEN A L’ACTIVITE ECONOMIQUE

L’efficacité macroéconomique de la redistribution est controversée. Pour certains, elle est un facteur
de croissance qui permet d’amortir les effets de la crise en jouant un rôle contra-cyclique. Dans
cette analyse, les revenus de transfert constituent un soutien sensible à la demande, c’est
notamment la position keynésienne.

Pour d’autres, au contraire (position libérale) la redistribution pèse sur le coût du travail, rigidifie le
marché du travail, contribue à augmenter le chômage. Elle joue un rôle pro-cyclique. D’un point de
vue économique, la redistribution est souvent attaquée dans sa légitimité économique par le courant
libéral qui préconise une remise en cause du système. En effet, les prélèvements seraient d’après les
libéraux, à l’origine de nombreux dysfonctionnement (dissuasion à l’embauche et à l’investissement,
découragement au travail.)

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