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REPUBLIQUE DU BENIN
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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE (MESRS)
***********
UNIVERSITE D’ABOMEY-CALAVI (UAC)
***********
FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION (FASEG)
Dr Honoré S. HOUNGBEDJI
Décembre 2022
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Cours de Politique Economique Master1 Recherche Economie
PLAN DU COURS
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Cours de Politique Economique Master1 Recherche Economie
Les Etats modernes ont un territoire et une population bien déterminés ; ils y exercent un rôle
centralisateur et coordinateur. La souveraineté s’exprime généralement à travers un pouvoir
judiciaire, un pouvoir législatif et un pouvoir exécutif séparés.
Depuis le XVIIIème Siècle, par la conquête et la colonisation, les Etats – Nations ont absorbé la
majeure partie du monde à l’intérieur de leurs propres territoires. Avec la désintégration des
empires et les revendications d’indépendance, le nombre d’Etats est monté en flèche.
L’organisation des Nations – Unis, qui comptait 51 pays membres en 1945, en comptait 193 en
2011 sur les 197 que l’ONU reconnait officiellement.
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250
0
1945 1955 1965 1975 1985 1995 2000 2011
o Au XVIIème Siècle, les mercantilistes lui attribuaient un rôle majeur dans l’orientation du
commerce ;
o Au XVIIIème Siècle, avec les classiques l’Etat devait se limiter à un certain nombre de
missions essentielles jugé indispensable au bon fonctionnement du marché ;
o Au XIXème Siècle, le rôle de l’Etat dans la redistribution des revenus était très limité.
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Pour assurer
Pour remédier au dysfonctionnement des marchés
l’équité sociale
Fonctions minimales
CHAPI
de Protection du
l’environnem consommateur
ent
Fonctions de types
L’objectif à ce niveau n’est pas de dresser un constat exhaustif de l’implication de l’Etat dans
la vie économique au cours de l’histoire ; il s’agit plutôt d’analyser les faits et les débats
théoriques sur le degré et les modalités d’intervention de l’Etat dans la vie économique en
commençant par quelques données concernant la période précédente la révolution industrielle.
2.1. La
politique économique préindustrielle
Jusqu’à la révolution industrielle (1750 environ), l’intervention de l’Etat dans la vie
économique est un phénomène constant. Quelques exemples, donnés sans souci d’exhaustivité,
permettent d’appuyer cette idée.
- Vers 1700 avant J.C., le code d’Hammourabi constitue, avec ses 282 articles, la base de
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Ces auteurs se démarquent donc radicalement des mercantilistes pour qui l’Etat avait un
rôle important à jouer tant du point de vue de la taxation des importations que de la subvention
des exportations.
Au niveau des faits, il y a lieu de signaler que :
- En 1774, TURGOT libère le commerce de grain en supprimant les droits de douanes
intérieures, en appliquant ainsi les principes du « laisser faire, laisser passer ».
- En 1786, En instaurant le traité de commerce, les échanges ont été libéralisés entre la France et
l’Angleterre.
- Entre 1842 et 1846, ROBERT PEEL abroge progressivement les « Corn laws » en abolissant
la plupart des droits de douanes à la suite de l’action entreprise par R. COBDEN.
- Entre 1846 et 1852 ROBERT PELL instaure le libre échange en Angleterre par la suppression
de l’ensemble du dispositif douanier et réglementaire dont les « Actes de Navigation ».
- En 1860, NAPOLEON III signa avec l’Angleterre un traité prévoyant une baisse des
tarifs et la suppression de nombreuses prohibitions et ce suite au refus des chambres de voter
une loi en 1853 visant à réduire certains droits de douanes.
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Quelle place pouvait donc tenir l’Etat dans la société ? Sécurité intérieure et extérieure,
Justice, tels sont les attributs de « l’Etat Gendarme » dans la société libérale décrite par les
classiques. Toute fois la responsabilité de l’Etat dans la production de biens collectifs non
rentables pour l’initiative privé, est reconnue. Dans le domaine social, l’Etat se défend
d’intervenir en particulier dans la fixation d’un salaire minimum et les premières lois sociales
concernant l’organisation du travail rencontrèrent de vives résistances.
2.3. La remise en cause du libéralisme économique
La pensée libérale qui s’est développée durant le XVIII et le début du XIX siècle va se radicaliser
peu après. Cette pensée s’est traduite par un refus de toute intervention étatique, même dans le
domaine social, sous prétexte, que l’Etat qui est capable de nuire est incapable de faire le bien. Le
désengagement de l’Etat de la vie économique allait aussi susciter des critiques et des remises en
causes. Ainsi, pour A. MARSHALL et J.S. MILL, il y a la place pour une intervention de l’Etat
en présence d’externalité liées à la production : l’Etat sera appelé à taxer les entreprises qui sont
à l’origine d’externalité négative et subventionner celles à l’origine d’externalité positive afin que
les agents économiques produisent la quantité socialement optimale. L’Etat doit donc assurer
pleinement sa fonction d’allocation des ressources.
- Dès 1819, SISMONDI, condamnant tout à la fois le libéralisme effréné, le
communisme et le précapitalisme, ne voit de solution aux difficultés économiques que
dans un appel à l’Etat. Ce dernier se doit, par une action de court terme à travers la
législation sociale d’améliorer les conditions de travail et à long terme d’engager des
réformes de structures.
- En 1840, VILLERME dans le « Tableau de l’état physique et moral d e s o u v r i e r s »
et décrivait les conditions de vie misérables des ouvriers et notamment des enfants ;
a l l a i t remettre en cause l’absentéisme de l’Etat dans le domaine social.
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D’une manière générale, il apparaît que l’Etat, entre le début du XIXème Siècle et les années
1920 intervient ponctuellement mais de façon relativement importante. Il intervient ainsi dans le
domaine social et dans le commerce international par le budget et par son « pouvoir de
battre monnaie ».
2.3.1. Intervention dans le domaine social
L’Etat avait été conduit à intervenir dans le domaine social pour y faire régner un peu plus de
justice. Les principales mesures dans ce domaine portent sur l’organisation du travail.
- Entre 1882 et 1890, en Allemagne, on peut citer les « lois Sociales » de BISMARCK
qui constituent une référence en matière sociale.
- Le 2 novembre 1882, en France, une loi fut promulguée fixant la durée du travail des
femmes et des enfants à 11 heures par jour et à 12 heures pour les hommes.
- Le 12 juin 1893, une loi posant certaines normes d’hygiène et de sécurité été votée en
France.
- Le 9 avril 1898, les accidents de travail, en France, sont réglementés.
- Le 30 mars 1900, en France, la loi du 2 novembre 1882 a été révisée abaissant ainsi la
durée du travail à 10 heures.
- Entre 1900 et 1912, des lois similaires à celles votées en France ont été promulguées en
Grande Bretagne et aux Etats-Unis.
- En 1914, aux Etats-Unis, l’Etat intervenait dans le secteur industriel par les lois Anti-trust
interdisant la concentration d’entreprises.
Jusqu’en 1914 l’intervention de l’Etat dans la vie économique sans être systématique est
non négligeable. Avec la Première Guerre Mondiale, les gouvernements devront prendre à leur
charge certaines fonctions essentielles en assurant l’approvisionnement et le transport de
marchandise et l’orientation de la main d’œuvre disponible vers les secteurs productifs
prioritaires.
2.3.2. Intervention dans le commerce international
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Le domaine du commerce international est le domaine où l’Etat sera le plus présent durant
le XIX Siècle. Dans la dernière moitié de ce siècle, les tendances protectionnistes qui n’avaient
jamais quitté les milieux industriels vont apparaître à nouveau. Ce comportement s’explique par
le besoin de trouver de nouvelles recettes fiscales et par la montée du nationalisme.
- Dès 1879, BISMARCK rétablit et renforce les tarifs protectionnistes par des
droits sur les produits agricoles.
- Dès 1881, la France a mis en place un protectionnisme modéré concernant surtout les
produits industriels.
- En 1892, la France a remis en cause tous les traités de commerce et instaura un tarif
douanier plus élevé.
2.3.3. Intervention dans le domaine monétaire
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dépenses, ces Etats ont instauré des impôts directs (en Angleterre au début du XIX siècle, en
1867 au Japon, en 1891 en Allemagne et en 1914 en France).
Ainsi, l’Etat apparaît comme une constante ; Celui-ci s’est rarement désintéressé de la conduite
des affaires économiques et, même dans les périodes de libéralisme total, il conservait des
fonctions importantes : Responsabilité de la monnaie, Etat gendarme, production de biens
collectifs. Et portant lorsqu’il est fait allusion à la politique économique, Keynes en apparaît
souvent comme l’instigateur.
2.4. L’intervention massive de l’Etat
Le message essentiel de KEYNES est qu’il arrive une situation où les ménages et les
entreprises soient excessivement prudents dans leurs dépenses de consommation ou
d’investissement, et que l’équilibre s’établisse à un niveau de sous-emploi. La rigidité des prix
et des salaires empêche l’équilibre économique de tendre spontanément vers l’équilibre de plein
emploi. Dans ces circonstances, l’Etat peut et doit selon KEYNES, suppléer l’insuffisance de la
demande de biens et services en dépensant lui-même un peu plus ou en donnant aux individus
une stimulation pour qu’ils dépensent plus en baissant les impôts ou en augmentant les
transferts par exemple.
Les attaques contre le keynésianisme et les politiques de relance budgétaire qui s’y
inspirent, ont culminé dans les années 70, à une époque où l’efficacité pratique des politiques de
relance est apparue douteuse devant la conjonction d’inflation et de stagnation de l’activité (la
stagflation) qu’ont connue de nombreux pays.
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fait en l’absence de relance immédiate. Pour BARRO les titres des dettes publiques ne
constituent pas un élément de patrimoine pour ceux qui les détiennent, ce sont des «
créances sur nous- même », dont la valeur consolidée est égale à zéro. L’impact global
sur la dépense de la relance budgétaire est finalement nul. Ce résultat est qualifié de «
principe de l’équivalence ricardienne » ; Ce principe a été testé empiriquement par les
économistes qui se sont en général parvenu a montré que l’équivalence n’était pas
parfaite en pratique, ce qui laissait des marges de manœuvre à la politique budgétaire.
Théoriquement la non-équivalence s’explique par :
Le degré d’altruisme intergénérationnel : La politique budgétaire sera donc
d’autant moins efficace que les individus seront moins égoïstes et plus altruiste à
l’égard des générations futures.
Le taux d’actualisation : L’efficacité de la politique budgétaire tient très subtilement au
fait que l’endettement public se substitut potentiellement à l’endettement privé, moins
accessible et plus coûteux.
Il s’ensuit que la relance budgétaire sera d’autant plus efficace que des doutes existeront
sur la bonne situation financière des ménages et des entreprises et que la situation de
l’Etat apparaîtra au contraire solide, laissant la place à un endettement
supplémentaire sans aggravation de la perception du risque.
Le marché est à priori reconnu efficace pour allouer les ressources dans l’économie, mais
il peut exister des imperfections de marché requérant une intervention de l’Etat. L’Etat ne
doit effectivement intervenir qu’après avoir démontré que l’imperfection était
significative, que les coûts de tous ordres liés à son intervention ne dépassent pas le coût
économique de l’imperfection à corriger. Il doit choisir l’instrument le mieux adapté à la
correction d’une imperfection strictement définie et délimitée. Trois grandes catégories
d’imperfection de marché sont généralement distinguées : La présence d’externalités,
l’existence de rendements croissants et les imperfections des marchés financiers.
En intervenant, l’Etat crée presque toujours des distorsions dans l’économie. Un premier niveau
de critique générale de l’intervention de l’Etat, sans porter sur ses motivations, porte sur son
efficacité. Evoquer l’efficacité de l’Etat fait penser aux coûts directs de fonctionnement de
l’administration, aux coûts imposés aux secteurs privés par l’administration (formalités
administratives obligatoires) ; ces coûts bureaucratiques peuvent effectivement ne pas être
négligeables, mais ne sont pas toujours les plus importants. L’Etat qui dispose de moyens limités
d’acquisition et de traitement de l’information risque ainsi d’être manipulé en toute bonne fois.
Mais est – il t o u j o u r s d e b o n n e f o i ? Non, Selon J. BUCHANAN, l e bureaucrate
poursuit comme tous les agents privés une recherche de la plus grande satisfaction personnelle
possible. Cette satisfaction est très souvent reliée à la taille des budgets qu’il administre et à la
faiblesse des contrôles qu’il subit dans son administration. Il en résulte un biais à la hausse des
dépenses publiques, une surproduction inefficace de service non marchand. Le processus de
décision politique rend peu sensible le coût de la distribution d’avantages s’il est dilué sur
l’ensemble de l’économie, alors que les avantages identifiés profitent de manière électorale aux
représentants qui les obtient. BUCHANAN suggère ainsi un encadrement institutionnel strict de
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politiques publiques pour en limiter les dégâts. Il conseil de limiter le champ d’action de la
bureaucratie en privatisant, d’introduire des garde-fous constitutionnels limitant les degrés de
liberté des politiques publiques, et de manipuler et décentraliser au maximum les votes sur les
choix publics.
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- Approche Production : Le PIB est la somme des valeurs ajoutées créées dans l’économie au
cours d’une certaine période.
- Approche dépense : Le PIB est la valeur des biens et services issus de la production des
unités résidentes et disponibles pour les emplois finaux.
- Approche revenue : Le PIB est la somme des revenus distribués dans l’économie au cours
d’une période donnée.
3.1.2. Le chômage
La deuxième variable fondamentale des objectifs de politique économique est le taux
de chômage noté . Il est défini comme le rapport de la population en chômage (U) sur la
population active (LA) :
𝑈
𝜇=
𝐿𝐴
La population active est la somme du nombre de travailleurs employés (L) et du nombre de
chômeurs : LA = L+ U
Qu’est ce qui détermine si un actif est chômeur ou pas ? La réponse en apparence est
simple : Compter le nombre de personnes inscrites dans les bureaux d’emplois ; au font la
réponse est plutôt compliquée car le seul recours aux bureaux d’emplois débouchait sur une
mesure très insuffisante du chômage. Il faut commencer tout d’abord par définir qu’est-ce
qu’un chômeur ? Le chômeur, dans l’ « enquête emploi » de l’Institut National des
Statistiques (INS) est celui qui ne travaille pas au moment de l’enquête ou qui est à la recherche
d’un emploi pendant au moins un mois. Donc ceux qui cherchent effectivement du travail et qui
ne l’ont pas eu, sont comptabilisés comme des chômeurs ; ceux qui ne travaillent pas mais ne
cherchent pas d’emploi ne sont pas considérés comme appartenant à la population active. Les
travailleurs découragés constituent une illustration à la délicatesse de cet indicateur : Lorsque le
chômage est élevé, une partie des chômeurs cessent de chercher du travail et n’appartiennent non
plus à la catégorie des chômeurs et ne sont donc pas comptabilisés. au moment de l’enquête, les
gens disent-ils la vérité ? Non. Quoi qu’il n’y ait pas d’incitation à mentir15, ceux qui
travaillaient dans l’économie souterraine préfèrent se couvrir et se déclarer chômeurs. Le taux
de chômage est donc un indicateur très insuffisant pour analyser le marché de travail.
En général, une forte croissance économique s’accompagne d’une baisse du taux de
chômage, et inversement, une faible croissance s’accompagne d’une hausse du chômage. Cette
relation est appelée Loi d’OKUN.
3.1.3. L’inflation
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deux mesures du niveau des prix, à deux indices des prix, le déflateur implicite du PIB et l’Indice
des Prix à la Consommation (IPC).
Le déflateur du PIB, Pt, est le rapport du PIB nominal au PIB réel. Il donne le prix moyen des
biens inclus dans le PIB.
𝑃𝐼𝐵 𝑛𝑜𝑚𝑖𝑛𝑎𝑙 𝑒𝑛 𝑡
𝑃𝑡 =
𝑃𝐼𝐵 𝑟é𝑒𝑙 𝑒𝑛 𝑡
Le déflateur en soi est un simple indice, son niveau est arbitraire et n’a pas de sens économique ;
seule son taux de variation, lui, a une interprétation économique : Il donne le taux d’inflation 𝜋
𝑃𝑡 − 𝑃𝑡−1
𝜋=
𝑃𝑡−1
L’IPC, à la différence du déflateur du PIB, concerne le panier de biens acheté par les
consommateurs. Dans ce panier, on distingue généralement six groupes de produits :
Alimentation ; Habitat ; entretien, hygiène et soins ; Transport ; Habillement et loisir et
culture.
Il s’ensuit que l’I.P.C. et le déflateur du PIB ne sont pas nécessairement les mêmes. Mais à quel
point peut –on les approchés ? La réponse est donnée par la figure I.5, qui représente le taux
d’inflation en Tunisie depuis 1985. Les courbes de ce graphique appellent deux conclusions :
- L’IPC et le déflateur diffèrent de moins de 1 %.
- Les cas où l’IPC dépasse le déflateur s’expliquent par l’augmentation des prix des biens
importés (principalement le pétrole) plus rapidement que le prix des biens produits localement.
L’IPC est variable d’un pays à un autre, son taux de variation reflète quoi que, en partie,
la nature et l’efficacité de la politique économique engagée.
Tout au long des chapitres suivants, nous ne ferons pas de distinction entre les deux indices, nous
parlerons donc simplement le plus souvent du niveau général des prix, noté Pt, sans préciser
s’il s’agit de l’IPC ou le déflateur.
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3.1.4. L’endettement
La crise de la dette du début des années 80 du XXème Siècle a eu un impact sévère sur les
performances économiques des pays en développement à revenu intermédiaire et à revenu faible.
Un endettement élevé peut entraîner un investissement faible, une croissance faible et en
définitive un remboursement de la dette faible. En s’endettant, un pays peut souffrir de la menace
de la dette.
Une pratique courante de l’évaluation de la charge de la dette et de la soutenabilité de la position
extérieure d’un pays est d’examiner l’évolution des ratios de dette et de service de la dette par
rapport à différents indicateurs de performance économique.
Tableau - Evolution de l’encours en milliards de FCFA et du taux d’endettement public
Source : CAA
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Quand ces ratios sont si élevés pour rendre un pays incapable de faire face à ses remboursements
de service de la dette contractuelle et recourt au rééchelonnement de la dette et qu’on s’attend à
ce que les ratios demeurent à des niveaux élevés, la position extérieure est jugée insoutenable.
Deux principales mesures conventionnelles sont souvent utilisées : le taux d’endettement définit
comme le ratio du stock de la dette au PIB et le ratio du service de la dette courante aux
exportations.
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prestataire de restreindre la production et d’augmenter les prix et les profits. Les marchés
peuvent être incomplets, en raison de la sous-évaluation systématique des services par les
consommateurs, comme c’est souvent le cas par exemple dans l’éducation primaire et les soins
de santé préventifs. Ceci conduit à la prestation insuffisante des biens et des services. Les
marchés peuvent également souffrir d’une information asymétrique, où les fournisseurs en savent
plus que les consommateurs, ou inversement, ce qui mène à une demande excessive ou induite
par le fournisseur (dans les soins médicaux).
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secteurs et programmes, elle est beaucoup plus exigeante en matière de besoins de données et
d’analyse que les autres techniques.
Une fois identifiées le mode de prestation des services le plus efficient et le plus efficace, l’étape
suivante consiste à faire une analyse pour voir si la composition des dépenses par programme et
par secteur conduit à une prestation efficace des services. Ceci peut comprendre l’examen des
niveaux des dépenses et la composition par rapport à des références ex ante pour l’utilisation des
intrants. L’analyse de la composition économique des dépenses peut également donner un aperçu
des problèmes de financement insuffisant ; cette analyse portera sur le niveau des dépenses
d’exploitation et d’entretien par rapport aux coûts des salaires et à l’investissement. Les
dépenses prévues peuvent également être ventilées par niveau de service et par région pour
évaluer leur impact et équité distributionnels.
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Les pensées classiques et néoclassiques ont donc mis un accent sur le rôle régulateur du marché.
Les marchés de facteurs étant donc parfaitement concurrentiel et les prix des facteurs
parfaitement flexibles ; il n’y a pas de chômage en dehors du chômage de recherche volontaire ou
du chômage lié à des rigidités institutionnelles qui bloquent la libre circulation des salaires ; il n’y
a pas de capacités de production inutilisées.
Les éventuels déséquilibres ex ante entre la structure de la demande et la structure de l’offre sont
corrigés immédiatement par des fluctuations des prix relatifs des différents biens et services.
Dans ce contexte, il n’y a guère de place pour la politique économique. Les seules interventions
nécessaires sont celles qui garantissent un fonctionnement concurrentiel des marchés et limitent
les rigidités institutionnelles qui pèsent éventuellement sur les fluctuations des prix et salaires. Il
n’est même pas évident qu’une intervention publique soit nécessaire si les marchés mettent
quelque temps à s’ajuster après un choc. Dans cette optique, toute intervention publique pour
corriger le marché risque de retarder l’ajustement en freinant ce processus irremplaçable de
circulation de l’information.
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C’est cette prescription normative qui va être mise à mal par la survenance de la crise de
1929. Ainsi suite à la fragilisation de ces deux écoles qu’il nous faut comprendre l’émergence
de la pensée keynésienne.
Définition
Au sens le plus restreint, la pensée keynésienne peut se définir comme l’ensemble des
énoncés et propositions avancées dans l’œuvre centrale de l’auteur : la Théorie Générale de
l’Emploi, de l’Intérêt et de la Monnaie (1936). Cependant, au fil des décennies et des
reconstructions historiques diverses, le keynésianisme en est venu à caractériser, au sens
large, une doctrine économique plaçant la demande globale, et donc le revenu global, au
cœur du raisonnement économique, plaidant ainsi pour une forme d’interventionnisme étatique
contra-cyclique en cas de crise économique.
Contenu
Keynes considère que la situation d’équilibre généralisé des marchés n’est qu’un cas
particulier qui n’émerge que sous l’hypothèse d’une parfaite flexibilité des prix, cas rarement
réalisé. En cas de rigidités sur le marché et en présence d’une incertitude radicale (les
évènements n’étant pas probabilisables), il est possible que certains marchés, et notamment le
marché du travail, se trouvent en situation de déséquilibre. Pour caractériser une situation de
chômage, J.M. Keynes parle ainsi d’équilibre de sous-emploi, expression soulignant le
caractère possiblement durable d’une telle situation (qui ne pouvait être que frictionnelle dans
la théorie classique et néo-classique). Une telle situation d’équilibre de sous-emploi provient
alors de l’incertitude des entrepreneurs vis-à-vis de la conjoncture future, de la demande
anticipée. Cette incertitude mine leurs comportements d’investissement et d’embauche, ce qui
réduit la demande globale et alimente alors les anticipations pessimistes et la baisse de la
demande anticipée. L’incertitude et la faiblesse de la demande qu’elle engendre entraînent
alors l’économie dans une situation de dépression dont elle ne peut se sortir que par une
intervention exogène visant à retourner les anticipations : l’intervention de l’État. La place de
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la pensée keynésienne dans l’histoire de la pensée économique est ainsi majeure en cela qu’elle
permet de réintroduire le "temps" dans le raisonnement économique, mais également
l’incertitude et certaines variables psychologique. On passe ainsi d’une analyse économique
statique à une vision bien plus dynamique.
Cette tentative de synthèse se traduit par l’introduction de rigidités dans les modèles
walrasiens, et en particulier par l’introduction d’une rigidité des valeurs nominales. C’est
l’article de J. Hicks (1937) qui ouvre la voie à cette relecture de l’entreprise keynésienne. À
travers le modèle IS-LL, qui deviendra avec Hansen le modèle IS-LM, Hicks entreprend de
démontrer les avantages d’une politique économique interventionniste en cas de rigidité des
prix. Le déplacement de la courbe LM par une politique monétaire ou celui de la courbe IS par
une politique budgétaire, sont ainsi censés pouvoir doper temporairement l’économie.
La prise en compte des prix et des salaires dans le modèle keynésien : la courbe
de Phillips ou l’équation manquante du modèle keynésien
C’est aussi au sein de cette synthèse néo-keynésienne que se comprend l’émergence de la
courbe de Phillips et l’apparition du présupposé d’un arbitrage entre inflation et chômage
pour les gouvernements. Dès la publication de son étude en 1958, A. W. Phillips met en
avant une relation entre chômage et inflation salariale sur données britanniques de 1861 à
1957. Cette relation va être généralisée et extrapolée par R. Solow et P. Samuelson dans leur
article de 1960. L’inflation est alors conçue comme le "prix à payer" pour une réduction du
chômage. Dans une optique keynésienne, ce mécanisme se comprend en partie par la présence
d’une illusion monétaire : les salariés ne se rendant pas compte, à court terme du moins, que
l’inflation rogne leur salaire réel, alors que celle-ci dans un même temps diminue le coût
salarial pour l’entreprise qui raisonne, elle, en salaire réel. La pensée keynésienne devient ainsi
la clef de lecture des arbitrages macroéconomique, sa place est ainsi centrale dans les liens
entre science et politique.
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C’est dans ce contexte intellectuel que se multiplient les politiques expansionnistes qui vont
tirer la demande et la croissance économique des Trente Glorieuses.
La courbe de Phillips originale établie une relation négative entre le taux de variation du salaire
nominal et le taux de chômage (article publié en 1958). La baisse du chômage favorise les
hausses de salaire car les salariés deviennent plus exigeants en matière de revendications
salariales et les entreprises cherchent à attirer une main d’œuvre plus rare. Inversement pour la
hausse du chômage.
La relation « classique » pure est remise en cause par cette courbe, on voit que les salaires
continuent d’augmenter même en période de sous-emploi. Le taux de chômage compatible avec
la stabilité des salaires est le NAWRU (non accelerating wage rate of unemployment).
Dès 1960 la courbe de Phillips va devenir une référence suite aux travaux de Samuelson et
Solow. Ils vont publier un article dans l’ « american economic review » et vont trouver une
relation négative similaire entre le taux d’inflation (taux croissance des prix) et le chômage.
Cette relation invalide la dichotomie classique car elle démonte le lien entre l’activité réelle, le
taux de chômage et le taux de variation des prix. On observe que la stabilité des prix
correspond à un taux de chômage non nul : le NAIRU (non accelerating inflation rate of
unemployment). On voit que les BC vont surveiller cet indicateur, il correspond au taux de
chômage naturel. Ce taux de chômage naturel n’est pas constant, plus le taux de chômage est
élevé plus le NAIRU augmente car plus les gens sont au chômage longtemps plus ils
deviennent inemployables.
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Y = Production réalisée
̅
Y = Production potentielle
P = Prix observé
Pa = Prix anticipé
α = Un coefficient négatif
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̅ = α(P-Pa)
Y-Y
1
̅) = P-Pa
(Y-Y
α
1
̅)
P = Pa +α (Y-Y
1
P- P-1 = Pa - P-1+ α (Y- ̅
Y)
1
̅)
π - π a =α (Y- Y
U- Un = 𝛃{ π a - π )
U = taux de chômage
Avec Un = taux de chômage naturel
β = constante négative
π= taux d’inflation observé
πa = taux d’inflation anticipé
Le courant post-keynésien
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Il serait cependant faux de penser que tous les keynésiens ont accepté cette synthèse avec
l’école néo-classique. Un certain nombre de keynésiens que l’on pourrait dire radicaux
refusent ainsi très vite la compromission avec la discipline de l’équilibre : il s’agit à la fois du
courant post-keynésien et de l’école française de la théorie du déséquilibre. C’est donc à l’aune
des conflits d’héritage qu’elle a engendré que l’on peut mesurer l’importance de la pensée
keynésienne dans l’histoire de la pensée économique.
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Friedman va montrer qu’un arbitrage entre inflation et chômage ne peut exister que s’il existe des
imperfections sur le marché du travail. En utilisant ces erreurs d’anticipation les autorités peuvent
créer une inflation surprise et baisser artificiellement le chômage mais dès que les agents
corrigent leurs erreurs l’activité et le chômage reviennent à leur niveau naturel. La démonstration
de Friedman repose sur deux apports, le premier est la représentation d’une courbe de Phillips
augmentée des anticipations, le second est l’introduction du concept de taux de chômage naturel.
Dans l’analyse classique la monnaie est neutre, donc toute hausse de prix ne doit avoir aucun
effet ni sur la production ni sur le chômage. Dans ce cadre comment expliquer la courbe de
Phillips qui est lien entre le taux d’inflation (variable nominale) et le taux de chômage (variable
réelle) ? Il faut supposer un dysfonctionnement au niveau du marché du travail ou une illusion
monétaire.
A long terme, les travailleurs vont donc réviser leur anticipation de telle sorte que l’inflation
anticipée sera rigoureusement égale à l’inflation observée. La relation inverse entre l’inflation et
chômage disparaît alors et la courbe de Phillips devient une droite verticale. A partir de cet
instant, toute politique anti-chômage débouche sur l’inflation et les monétaristes considèrent que
: « la courbe de Phillips est une équation perdue ».
Graphique 3 : Courbe de Phillips avec la prise en compte de l’anticipation adaptative
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Pour Friedman la courbe de Phillips de long terme est celle qui correspond au taux de chômage
naturel car les agents vont prévoir correctement l’inflation.
Il n’y a qu’une seule valeur de U qui peut équilibrer correctement cette équation, cette valeur est
indépendante de l’inflation c’est le taux de chômage de long terme (Un). Le taux de chômage qui
équilibre le marché du travail est un taux de chômage volontaire. On retrouve ici la dichotomie
classique concernant la neutralité de la monnaie à long terme.
Les implications de cette nouvelle hypothèse de rationalité parfaite sont conséquentes pour
le champ des politiques économiques. R. Barro démontre l’inefficacité des politiques de
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relance budgétaire à partir du concept d’équivalence ricardienne dans son célèbre article de
1974. Toute hausse des dépenses publiques engendre une anticipation de hausse de la
pression fiscale et donc un comportement d’épargne de la part des contribuables. Sur le versant
monétaire, c’est l’article de Kydland et Prescott (1977) qui sape le bienfondé des politiques
monétaires discrétionnaires grâce au concept d’incohérence temporelle. De toute part les
critiques au paradigme keynésien affluent, de telle sorte que Lucas pourra écrire en1980 un
article aux airs de chronique funéraire : "The death of keynesians economics : issues and
ideas".
Pour ce faire les nouveaux keynésiens vont démontrer que même sous une hypothèse de
parfaite rationalité, le marché est victime de rigidités endogènes. Il s’agit donc de faire de la
viscosité des prix non pas la conséquence d’une quelconque illusion monétaire ou rationalité
limitée, mais bien le fruit d’un comportement rationnel, d’un agent maximisant son utilité
intertemporelle. On a donc une seconde synthèse du keynésianisme et de l’économie classique,
articulée autour de cette hypothèse d’anticipations rationnelles. E. Phelps écrira ainsi en 1985
: "Si elle est morte dans l’erreur, la nouvelle macroéconomie classique demeure importante car
elle exige des keynésiens qu’ils fortifient ou reconstruisent leurs structures théoriques".
Parmi ces nouveaux keynésiens, on trouve des économistes aujourd’hui sur le devant de la
scène économique ou politique : G. Mankiw, L. Summers, O. Blanchard, E. Phelps, G.
Akerlof, J. Yellen, J. Stiglitz...
Pour expliquer les problèmes d’ajustement du marché, les nouveaux keynésiens reprennent les
travaux sur la concurrence imparfaite développés dans les années 1930 par E. Chamberlain
(1933) et J. Robinson (1933). En raisonnant dans une structure de marché non
concurrentielle, les économistes de la NEK peuvent faire découler des pouvoirs de marchés de
certains agents price-makers l’impossibilité d’ajustement continu des marchés. Pour la NEK,
l’État a alors une mission de régulation des marchés visant à limiter leurs défaillances
endogènes.
C’est donc l’importance accordée aux rigidités nominales et réelles des marchés qui va
caractériser le paradigme keynésien dans les dernières décennies du 20e siècle. S. Fisher
(1977) est le premier à démontrer l’existence d’une inertie nominale des variables
économiques due à l’existence de contrats de long terme. En effet, si certains contrats, comme
les contrats de travail, sont conclus sur le long terme, une politique monétaire keynésienne
retrouve de l’intérêt en cela que l’inflation permet effectivement de réduire les salaires réels
durant l’intervalle de rigidité des contrats. Renchérissant sur cette question des rigidités
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nominales, E. Phelps justifie l’existence de ces contrats de long terme par les coûts de
négociation des contrats et les risques de turn-over que génèreraient des contrats courts tels
qu’implicitement supposés dans la théorie néo-classique. La non indexation des contrats se
justifient quant à elle face au risque qu’elle ferait peser sur les entreprises en cas de forte
inflation soudaine. Plus généralement, c’est l’existence de "coûts de menus", i.e. de coûts au
changement de prix, qui peut justifier la rigidité nominale des prix même en situation de
rationalité parfaite. L’équilibre walrasien auto-ajusté est ainsi profondément remis en cause par
la NEK, et ceux pourtant avec les hypothèses de la NEC. La pensée keynésienne conserve
donc sa place dans le champ académique mais au prix d’une ultime compromission :
l’acceptation de l’hypothèse de rationalité parfaite des nouveaux classiques.
Sur le plan réel, les rigidités vont quant à elles s’expliquer par les imperfections du marché du
travail. Selon la théorie des contrats implicites d’Azariadis et Stiglitz (1963), la fixité des
salaires réels s’expliquerait par l’existence d’un contrat implicite entre employeurs et salariés:
les premiers acceptent de payer un salaire possiblement au-dessus du salaire d’équilibre, mais
les seconds renoncent à toute variabilité potentiellement bénéfique en cas de conjoncture
favorable. Dans cette théorie des contrats implicites, les rigidités réelles sont ainsi un palliatif à
l’incertitude. Les théoriciens du salaire d’efficience (Solow, Weiss, Shapiro, Stiglitz, Akerlof
notamment) vont quant à eux démontrer que de multiples causes peuvent inciter les
employeurs à mettre en place un salaire plus élevé que le salaire d’équilibre concurrentiel afin
de motiver la productivité de leurs travailleurs et de réduire leur turn-over.
Pour Keynes, dans un cadre d’incertitude radicale, les décisions de placement sur les marchés
financiers ne peuvent pas être guidées par la "valeur fondamentale des titres" car non seulement
celle-ci dépend d’informations inégalement réparties, mais, de plus, l’incertitude radicale rend
cette valeur caduque du fait de l’impossibilité d’anticiper les résultats futurs. La vision
"keynésienne" des marchés financiers s’oppose ainsi radicalement (bien qu’anachroniquement)
à la théorie des marchés efficients (Fama, 1970). En l’absence de fondements stables à la valeur
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La crise des subprimes de 2008 apparaît a posteriori comme le résultat de l’éclatement d’une
bulle spéculative irrationnelle sur le marché des titres de créances hypothécaires et de leurs
dérivés. Ces titres ont acquis une valeur et une réputation indues du fait de l’opacité de leurs
contenus (suite à des titrisations, structurations et dérivations à outrance). Ce n’est que lorsque
les défauts des débiteurs se sont faits de plus en plus nombreux que la lumière a été faite sur le
contenu de ces titres, entraînant l’effondrement du marché et dans sa suite l’une des plus
grandes crises financières et économiques de l’histoire du capitalisme.
À mal keynésien, recettes keynésiennes : les années d’après-crise ont vu se multiplier les
politiques keynésiennes de relance, que ce soit sur le plan budgétaire comme monétaire.
Sur le plan budgétaire, Keynes préconise un soutien de la demande globale par l’État via une
hausse des dépenses publiques. Cette hausse des dépenses publiques doit en effet permettre
1
de relancer l’activité, via le mécanisme du multiplicateur ( k = 𝑒𝑛 é𝑐𝑜𝑛𝑜𝑚𝑖𝑒 𝑓𝑒𝑟𝑚é𝑒) ou
1−𝑐
1
( k = en économie ouverte), par le relèvement de la demande anticipée des
1−𝑐+𝑚
entrepreneurs. Si le multiplicateur est supérieur à 1, le gain de richesses permis par une relance
budgétaire sera supérieur au montant des dépenses publiques engagées. Retranscrites dans le
modèle IS-LM, une telle politique se traduit par un déplacement de la courbe IS vers la droite,
engendrant une hausse de la production d’équilibre mais en contrepartie, par effet d’éviction,
une hausse du taux d’intérêt. Sur le plan monétaire, la politique keynésienne peut consister en
un abaissement des taux d’intérêt afin de stimuler l’investissement qui est une composante
essentielle de la demande globale. Keynes reste cependant méfiant vis-à-vis d’une telle
politique expansionniste en soulignant les risques de trappe à liquidité qu’elle peut générer.
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Après 2008, ces recettes keynésiennes ont largement été appliquées à travers les pays
développés.
Dans leur ouvrage polémique intitulé « Le négationnisme économique (2016) », les très
libéraux P. Cahuc et A. Zylberberg estiment ainsi que "la médecine keynésienne est vendue
comme une thérapie douce qui évite tous les conflits liés aux réformes dites ’structurelles’",
dénigrant ainsi ces politiques de relance en précisant : "Tout le monde préfère s’enduire de
pommade ou avaler quelques pilules plutôt que passer sur la table d’opération".
Malgré le regain d’intérêt des politiques pour les remèdes keynésiens, la sphère
académique du champ économique semble donc particulièrement sclérosée.
Au milieu d’un océan d’orthodoxie centré autour de la discipline de l’équilibre et des modèles
d’inspiration walrasienne, la référence à Keynes apparaît vaguement comme la marque d’une
hétérodoxie aujourd’hui divisée mais surtout étouffée. Or, la prédominance d’un paradigme
économique particulier ne va pas s’en poser un certain nombre de problèmes, surtout lorsque
cette orthodoxie ne parvient plus à rendre compte des phénomènes réels. Lors d’une visite à
la London School of Economics fin 2008, la reine d’Angleterre Élisabeth II interrogeait ainsi
les économistes présents sur leur incapacité à prédire l’émergence de la crise des subprimes.
Cette anecdote royale illustre ainsi les interrogations croissantes quant à l’intérêt d’une science
économique unifiée autour d’un paradigme apparemment défaillant. C’est la question que
pose le manifeste pour une économie pluraliste : À quoi servent les économistes s’ils disent
tous la même chose ? (2015).
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Conclusion
À propos de l’importance de la pensée économique, Keynes écrivait dans la Théorie Générale
: "Les idées des économistes et des philosophes politiques, qu’elles soient correctes ou non,
sont plus influentes que ce qu’on ne le pense généralement. En fait, on peut quasiment
considérer qu’elles régentent le monde. Les pragmatiques qui se croient libres de toute influence
intellectuelle le sont généralement les esclaves de quelques économistes défunts". Il est certain
que sa propre pensée a profondément marqué le contexte intellectuel et politique de la seconde
moitié du 20e siècle.
Non seulement la Théorie Générale opère une véritable révolution dans l’histoire de la pensée
économique, remettant en cause l’hégémonie du paradigme classique, mais la capacité
d’adaptation du paradigme keynésien aux différents contextes successifs lui a permis de
faire face aux nombreuses critiques, tant empiriques que théoriques, qui ont tenté d’éroder son
influence. Les ressemblances historiques entre la crise de 2008 et celle de 1929 ont cependant
ramené le keynésianisme à un niveau de popularité proche de celui des années d’après-guerre.
Les grandes crises ont toujours été le terreau des révolutions paradigmatiques en économie. Il est
encore trop tôt pour réellement analyser les conséquences de la crise de 2008 sur la pensée
économique. Aucune figure révolutionnaire telle que la figure keynésienne n’a émergé. La
question est ainsi de savoir si la science économique est encore capable d’une révolution
paradigmatique, ou si elle n’est pas désormais sclérosée par un verrouillage institutionnel des
postes académiques.
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• dans la mesure où la logique des mesures de baisse des coûts est de permettre aux entreprises
d’accroître leurs investissements, elles sont réellement efficaces si ces investissements se font
dans le pays concerné et non à l’extérieur. La mondialisation introduit dans l’analyse des coûts
pour les entreprises en plus de la simple nécessité de financer l’accumulation de capital un
aspect concurrence entre les territoires. La baisse des coûts par la fiscalité devient un des
paramètres d’une action publique qui se trouve devoir faire face de plus en plus à une
dynamique de concurrence fiscale internationale.
Depuis les années 1980, tous les pays mènent des politiques de lutte contre le chômage axées
essentiellement sur la baisse des coûts. En France, même l’opération de réduction de la semaine de
travail à trente – cinq heures conçue et présentée comme un moyen de réduire le chômage a été
organisé autour de cette idée, et chaque année l’Etat assume à la place des entreprises pour 15
milliards d’euros de charges sociales au titre des trente – cinq heures.
Ces politiques ne sont pas menées avec la même vigueur partout. Et, plus grande a été la
limitation à l’évolution des salaires et plus grande a été la dynamique de créations d’emplois.
Chômage keynésien :
L’hypothèse de base est que les entreprises manquent de débouchés. Dans le chapitre XXII de sa
Théorie générale, Keynes revient sur les causes qui peuvent expliquer une situation de crise. Il
considère que la consommation est stable dans le temps – ce qui va à l’encontre des thèses souvent
mises en avant en son nom sur la « relance par la consommation » et sur « la consommation moteur
de la croissance ». Keynes ne pensait pas que la consommation soit à l’origine de la croissance.
Comment le croire ! Ce serait en effet admettre une vision du monde où l’augmentation des salaires
ne peut être que bénéfique et ne pose jamais aucun problème : les salariés qui voient leur pouvoir
d’achat croître sont ravis, les chômeurs qui retrouvent du travail grâce à la relance induite par la
consommation le sont tout autant, les entreprises qui accroissent ainsi leurs débouchés ne peuvent pas
se plaindre. Keynes en revanche affirme que le problème vient de l’investissement qui est soumis à
des fluctuations sévères. Doutant de leurs débouchés, les entreprises hésitent à investir et ajustent non
pas les prix et les salaires face à la crise qui s’ensuit mais les effectifs. Le chômage provient d’un
manque d’investissements privés. Il propose de leur substituer des investissements publics.
La démarche keynésienne peut se résumer dans l’idée que la dépense publique est plus efficace pour
augmenter la production que la dépense privée. Elle fait de la politique budgétaire le moyen privilégié
de lutter contre le chômage. Nous retrouvons ainsi Tinbergen…
On peut décrire le recours à la politique budgétaire comme facteur de croissance économique de
diverses façons, la plus simple et la plus complète étant celle de l’économiste norvégien Haavelmo
(prix Nobel d’économie en 1989). Selon lui, même en maintenant un budget équilibré par plus
d’impôts, une augmentation de la dépense publique se traduit par un accroissement de la richesse
nationale . or Keynes montre qu’une politique de relance par la dépense publique financé par
l’emprunt (déficit) se traduit par un accroissement de la production plus que proportionnel. Le
modèle encore appelé « théorème d’Haavelmo » peut se décrire au travers des équations suivantes :
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siècle et celui du XXIème siècle, été abandonnée, les Etats acceptent de subir des taux d’inflation
élevés, voire même après les deux guerres mondiales des périodes d’hyperinflation.
5/ le problème de l’inflation ne se pose pas uniquement en termes d’arbitrage pour l’Etat entre
les différents moyens de réduire sa dette. En effet, en augmentant la demande, il espère que les
entreprises vont augmenter leurs effectifs, parce que la logique keynésienne affirme que les prix sont
rigides. En pratique, bien souvent, les entreprises préfèrent augmenter leurs prix plutôt que de
procéder à des embauches.
Remarques sur la dette publique :
A ces considérations, il convient d’ajouter un mot sur la dette publique. La relance dans la
logique du théorème d’Haavelmo peut se faire sans déficit budgétaire, mais elle perd de son efficacité.
Si elle se fait par le déficit, celui-ci accroît la dette publique qui est la somme des déficits cumulés
dans le temps.
Les problèmes que pose l’endettement public sont divers. Le plus évident est l’absence de
référence sur le caractère excessif de cet endettement. La France de 1789 a connu le drame avec un
endettement de 80% de son PIB, alors que bien des pays développés d’aujourd’hui ont dépassé ce
seuil (les Etats-Unis ont dépassé les 100% à l’été 2011). La seule règle que fournit l’économie est
celle qui permet, à un niveau d’endettement donné, de le stabiliser en poids de PIB.
Soit B le stock de dette publique, le ratio B/Y est stable si sa dérivée par rapport au temps est
nulle. C’est-à-dire si B’Y – Y’B/Y2 est nul.
Soit encore B’/B = Y’/Y.
Y’/Y est, par définition de ce qu’est la dérivée d’une fonction, le taux de croissance du PIB.
Nous l’appellerons g. B’ est l’augmentation du stock de dette sur une année, soit encore le déficit
budgétaire. L’égalité des recettes et des dépenses de l’Etat s’écrit :
T + déficit = G courantes + dépenses d’intérêt.
Cette présentation du budget suppose que l’Etat ne prévoit pas dans son fonctionnement
normal d’amortir la dette. Cette attitude est conforme à son statut d’agent éternel, ayant dans la
Banque centrale un prêteur en dernier ressort qui rachète si besoin est les titres qu’il émet.
L’Etat réemprunte immédiatement l’équivalent des titres qui arrivent à échéance. Dans le
budget de l’Etat béninois, il y a un poste « dette publique » en 2019 qui représentait environ 3500
milliards de francs CFA. Ces 3500 milliards servent uniquement à payer les intérêts sur la dette émise.
Il convient de signaler qu’en 2004 cette charge était de 1038 milliards Francs CFA.
La différence entre les impôts et les dépenses courantes constitue ce que l’on appelle le solde
primaire du budget (s). Les dépenses d’intérêt sont égales à iB où i est le taux d’intérêt (au Bénin, ce
sont les 40 milliards en question). On obtient alors la règle de stabilité de la dette publique :
i – g = s / B.
Cette règle fonde les éléments chiffrés du Pacte de stabilité et de croissance européen. On
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suppose que les Etats équilibrent à long terme leur budget primaire, c’est-à-dire que s = 0. La stabilité
correspond à i = g. L’égalité du taux de croissance et du taux d’intérêt à long terme dans la gestion
de la politique économique est souvent considérée comme un objectif (on parle de règle d’or de la
croissance). En supposant dans la zone euro une inflation de 2% et une croissance de 3%, g doit être
égal en tendance à 5%. Si le taux d’intérêt est de 5% et si la dette représente 60% du PIB, la charge
d’intérêt est égale à 3% du PIB. Et si le solde primaire est nul, la charge d’intérêt est exactement égale
au déficit.
Un élément mérite d’être souligné en ce qui concerne la dette publique, c’est qu’elle perturbe
les marchés financiers. Dans un raisonnement reposant sur l’égalité entre l’offre et la demande, le
taux d’intérêt à long terme est déterminé par la comparaison entre le flux d’épargne et le flux
d’investissement. Or, en termes de dette publique, certains économistes ont fait remarquer – on en
trouve déjà la trace dans les écrits de Turgot et de Condorcet – que le stock en tant que tel influe sur le
niveau des taux d’intérêt. En effet, un stock élevé de dettes conduit les prêteurs à anticiper une
annulation rapide d’une partie de ce stock, un refus imminent de l’Etat d’honorer ses engagements.
Dans ces conditions, les prêteurs se font plus exigeants et réclament des taux d’intérêt majorés. La
dette publique modifie les paramètres de flux tout en étant un stock.
Chômage conjoncturel, chômage structurel, chômage classique, chômage keynésien :
Faut-il pour réduire le chômage baisser les salaires ou augmenter le déficit budgétaire ? Le
chômage est-il classique ou est-il keynésien ? En fait, toute situation de chômage correspond à trois
couches successives de chômage.
Le chômage keynésien est celui qui correspond à une situation dans laquelle les entreprises ont
du capital non utilisé. Pour vérifier s’il y a ou non du chômage keynésien dans une économie, les
services statistiques demandent régulièrement aux entreprises, sous forme d’enquêtes périodiques,
quel pourcentage de leur capacité de production elles utilisent. C’est ce que fait en particulier l’INSEE
en France. On considère qu’à partir d’un taux de 90% la saturation est quasi atteinte et que le
chômage keynésien a disparu. Avant que ce taux ne soit atteint, une augmentation de la demande
conduit les entreprises à chercher à rentabiliser ce capital dont elles n’ont pas l’usage immédiat et à
embaucher pour y parvenir. Une fois le stock de capital saturé, les entreprises manquent de capital.
Pour continuer, il faut qu’elles augmentent leur stock de capital afin de créer des postes de travail. Il
leur faut investir. Et pour cela, elles tentent de rétablir leurs profits, ce qu’elles parviennent en partie à
faire en augmentant leurs prix.
C’est ainsi qu’il y a un début d’inflation. Le chômage change alors de nature et doit être
abordé à partir de ce moment-là comme un problème de chômage classique, réclamant une baisse des
salaires.
Une fois l’ensemble de la population susceptible de fournir un travail efficace employé, les
entreprises qui ont accumulé du capital cherchent à attirer vers elles la main-d’œuvre qualifiée pour le
rentabiliser. La donne s’inverse. Les entreprises ne cherchent plus à baisser le coût du travail mais à
faire venir un maximum de salariés compétents. Pour ce faire, elles augmentent leurs propositions
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• l’inflation est un indicateur de la pertinence de l’action menée contre le chômage. Chaque fois
que l’Etat se trompe dans la lutte contre le chômage, il génère de l’inflation. S’il agit par le
déficit budgétaire sur le chômage classique, il récupère de l’inflation. S’il veut franchir le
NAIRU et atteindre des niveaux d’emploi inaccessibles, il accélère l’inflation. Une des
conséquences de cela est que la stabilité des prix prend une dimension nouvelle.
La Banque centrale doit la préserver de façon à ce que toute apparition de l’inflation puisse à bon
escient être interprétée par l’Etat comme la preuve qu’il est en train de se fourvoyer. L’Etat doit
pouvoir se référer à l’inflation comme moyen d’évaluation de son action sur le chômage.
D’où l’importance d’une bonne politique monétaire.
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Avantages Inconvénients
-facile et rapide-utilisable -tout le monde ne peut pas en avoir (par ex, les personnes en interdit bancaire)
en ligne-évite le risque
-n’est pas facile àde
utiliser pour tout le monde : il faut être capable de retenir son code, savoir lire,….
vol et de perte-utilisable à
l’étranger -il faut que le commerçant soit équipé
-c’est payant pour le commerçant et pour l’utilisateur
-il y a des risques de fraude
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comme inexistante puisque les prix sont supposés rigides. Son apparition en temps de paix ne peut
correspondre qu’à une prise de pouvoir au sein de l’économie par un groupe social capable de
contrecarrer les mécanismes de concurrence.
Dans une deuxième phase, celle des années 1960, l’inflation est vécue comme un moyen de réduire le
chômage selon la logique de la courbe de Phillips.
Aujourd’hui, elle est un indicateur de pertinence de la politique de lutte contre le chômage et de
l’action de la Banque centrale.
L’opérateur de la politique économique sur l’inflation est en effet la Banque centrale. Son instrument
est la politique monétaire. Mais d’autres instruments existent, selon l’interprétation que l’on fait de
l’inflation.
Distinguons les différentes notions liées au niveau des prix.
2.1.Différentes notions de l’inflation
a) L’inflation : l’inflation se définit comme la hausse continue du niveau général des prix. Toute
hausse des prix n’est pas forcément synonyme d’inflation ; pour être qualifié de phénomène
inflationniste, le mouvement de hausse des prix doit être général (c’est-à-dire concerner la
majorité des branches de l’économie ; il faut, en fait, que le mouvement de hausse l’emporte sur
les baisses de prix) et se maintenir dans le temps (une hausse en entraîne d’autres).
Exemple de période inflationniste: Avant 1974, une inflation « de croissance » : La période de
l’après-guerre est une période marquée par un fort taux de croissance (dû aux investissements pour la
reconstruction, au développement du crédit, à une forte demande) qui s’accompagne d’inflation
puisque la demande est souvent supérieure à l’offre. C’est la période des « trente glorieuses ».
L’inflation est alors bénéfique puisqu’elle permet de préserver les bénéfices des entreprises et favorise
les investissements. En outre, elle n’entraîne pas de baisse du pouvoir d’achat puisque les salaires
augmentent proportionnellement. Parallèlement, le problème du chômage ne se pose pas encore.
b) La désinflation : la désinflation se définit comme le ralentissement durable du rythme de hausse
du niveau général des prix. Ainsi, lorsque le taux d’inflation passe de 10 % à 5 %, on dit qu’il y a
désinflation.
Exemple de désinflation de la période À partir de 1983
Une politique monétaire restrictive (hausse des taux d’intérêt qui génère une baisse des crédits
demandés) est menée pour lutter contre l’inflation ; elle aboutit au milieu des années 1980 à une
désinflation dans la plupart des pays développés. Enfin, l’adoption de l’euro impose une maîtrise de
l’inflation qui devient l’une des préoccupations majeures des gouvernements européens. En France, le
taux d’inflation est passé de près de 14 % en 1981 à moins de 2 % en 2005.
c) La stagflation : la stagflation correspond à la conjonction d’un ralentissement de l’activité
économique (baisse du PIB), d’une forte inflation et du chômage.
Exemple de période d’inflation élevée : De 1974 au début des années 1980
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L’inflation est l'une des manifestations majeures de la crise économique née en 1974. Durant cette
période, les économies développées connaissent une situation de stagflation :
-les entreprises doivent augmenter leur prix parce que les coûts de production augmentent
(renchérissement du prix du pétrole) ;
- les consommateurs empruntent car ils espèrent que la hausse des prix diminuera le poids des
remboursements; ils consomment davantage, d’où, une nouvelle hausse des prix (demande supérieure
à l’offre) ;
- les hausses de prix entraînent des hausses de salaires (les salariés vont revendiquer des
augmentations afin de préserver leur pouvoir d’achat) : c’est ce que l’on appelle une spirale
inflationniste ;
- la croissance quant à elle stagne ; le chômage commence à se développer.
d) La déflation : la déflation correspond à la baisse continue du niveau général des prix (taux
négatifs).
• La crainte de la déflation de nos jours : Les taux d’inflation actuels sont faibles et la crainte de la
déflation se fait sentir. En effet, la déflation diminue les marges bénéficiaires des entreprises, les
obligeant à réduire leur niveau de production et donc parfois à licencier. Cela entraîne un
accroissement du chômage, une tendance à la baisse des salaires et le risque de voir s'installer une
récession économique.
2.2.Mesure et évolution du phénomène inflationniste
a. La mesure de l'inflation
On mesure l’inflation en calculant l’Indice des Prix à la Consommation (l’IPC). Ce calcul s’effectue
tous les mois. C’est l’INSAE (Institut National de la Statistique et de l’Analyse Économique) qui est
chargé de l’établir.
• Comment calcule-t-on un indice des prix ?
Chaque mois, l’INSAE mesure l’évolution des prix des produits jugés représentatifs de la
consommation des ménages béninois. Chacun des postes de dépenses sélectionnés est pondéré (c’est-
à-dire qu’à chaque poste est affecté un coefficient d’importance). Cet échantillon est fixé pour l’année
et actualisé tous les ans. L'inflation est aussi caractérisée par l'accroissement de la circulation de la
monnaie. En 2017, le taux d'inflation béninois avait diminué d'environ 0,14 % par rapport à l'année
précédente.
Remarque : pour répondre à un des critères de convergence de l’UMOA (la stabilité des prix), des
harmonisations entre les différents indices ont été menées dans chaque État membre. Aujourd'hui, les
indices des prix à la consommation harmonisée (IPCH) permettent des comparaisons entre pays de la
zone. Toutefois, l'indice national reste l'indice de référence pour les négociations salariales.
Le taux d’inflation correspond au taux de variation de l’indice des prix à la consommation entre deux
années ; on le calcule de la manière suivante :
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Sources : https://fr.statista.com/statistiques/1037604/taux-d-inflation-au-benin/
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sociétés actuelles, ce cas de figure n’est pas dominant et ce, non pas exclusivement du fait du
chômage mais encore parce que les salaires ne sont pas tous déterminés par le marché. Un certain
nombre de salaires sont administrés : les salaires des fonctionnaires mais également les bénéficiaires
des salaires minimaux (cf le SMIG) ou des salariés qui, au sein de leurs entreprises, disposent de
conventions collectives dont celles relatives aux rémunérations. Il existe également des accords
réguliers entre syndicats pour établir chaque année les grilles salariales eu égard à divers indicateurs
internes et externes à l’entreprise (productivité, chiffre d’affaires, profitabilité, part de marché,
inflation …) ; les exemples allemands peuvent en témoigner. Certains économistes libéraux ont
d’ailleurs dénoncé ces pratiques car ils considèrent que les négociations et / ou les conventions
collectives dans un contexte de pression syndicale finissent par aboutir à une rigidité du taux de
salaire à la baisse. En fait, la hausse des salaires peut être réelle dans un contexte d’accroissement de
productivité. Une part de celui-ci revient aux salariés. Dans ces conditions, il n’y a pas de tension
inflationniste par les salaires. Si en revanche, la hausse des salaires se produit en dehors de toute
pénurie de main d’oeuvre ; si en plus, elle est supérieure à l’accroissement de la productivité, les
coûts de production des entreprises augmentent. Les entreprises n’ont aucune raison objective
d’accepter une diminution de leur marge et sont donc amenées à répercuter la hausse des salaires sur
leurs prix. Le risque de la spirale inflationniste est alors grand. En effet, la nouvelle hausse des prix
« décidée » par les entreprises ampute d’autant le pouvoir d’achat des ménages lesquels peuvent
réclamer une autre augmentation de leurs salaires. Les entreprises réagiront de nouveau …
Les prix augmentent sous une double pression : celle des salariés et celle des entreprises. Les premiers
augmentent leur niveau de consommation ou, à défaut, ils le maintiennent ; les secondes cherchent à
maintenir leurs profits. Ces tendances peuvent encore engendrer ce qu’on appelle un effet perroquet :
le souhait de maintenir une parité de salaire avec une autre branche de l’économie au sein de laquelle
des augmentations ont été accordées.
b) L’inflation par les profits correspond à l’augmentation des marges bénéficiaires en dehors de
toute croissance de la demande ou, plus globalement, en dehors de toute fluctuation du marché. Une
situation de monopole ou d’oligopole peut inciter une entreprise à accroître ses prix de vente. Dans un
contexte inflationniste dû à diverses causes, certaines entreprises peuvent être également incitées à «
la valse des étiquettes ». On peut imaginer, par exemple, qu’un accroissement du prix d’un ou de
plusieurs inputs, entrant dans la combinaison productive d’une entreprise, soit répercuté sur le prix au
détail avec une légère majoration.
Il est admis que l’inflation par les profits est moins importante que l’inflation par les salaires. Maurice
ALLAIS ( 1965 ) soutient en effet que « la poussée par les profits est probablement plus faible parce
qu’ils constituent une part plus réduite du prix et, en partie, parce qu’une telle poussée intervient une
fois pour toutes, alors que les poussées salariales sont plutôt continues ».
On pourrait penser que l’inflation est finalement l’expression des rapports entre les groupes sociaux
qui constituent la Nation étant entendu que chacun cherche à préserver ses acquis et à les élargir.
3.3.L'inflation par la demande : l’analyse keynésienne
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Cours de Politique Economique Master1 Recherche Economie
Pour l’essentiel, l’inflation par la demande correspond à l’analyse keynésienne. Pour autant, il ne faut
pas confondre l’origine de l’inflation par la demande et les mesures de soutien à la demande effective
que préconise KEYNES lorsque la conjoncture économique l’exige. Pour être précis, les mécanismes
auto-régulateurs du marché ne permettent pas de trouver un équilibre de plein emploi de façon
permanente. Ce serait d’ailleurs un hasard que de se retrouver en situation d’équilibre. A partir de ce
constat, il faut qu’une impulsion exogène soit donnée afin de relancer l’activité économique ; cette
impulsion doit consister en un soutien de la demande effective. L’Etat peut également soutenir
l’emploi par une politique de grands travaux ( cf le New Deal de ROOSEVELT ) … toutes ces
mesures à un niveau macroéconomique ont pour objectif de soutenir l’activité des entreprises qui,
conscientes des efforts entrepris et constatant que la demande des ménages tend à augmenter, vont
décider de produire en utilisant pleinement leurs capacités productives puis en investissant. Leurs
demandes d’investissement seront d’autant plus fortes que les taux d’intérêt d’emprunt seront bas et
que l’efficacité marginale du capital sera élevée.
Ces mesures qui représentent autant de soutiens à la demande peuvent entraîner des tensions
inflationnistes ; cela ne signifie pas pour autant que l’analyse keynésienne y soit favorable. Cela ne
signifie pas non plus que l’inflation par la demande ait nécessairement pour origine une politique de
relance d’inspiration keynésienne. Dans un contexte économique tel que celui que nous venons de
décrire, il est tout à fait possible que l’offre puisse satisfaire la demande nouvellement émise ; en
d’autres termes, l’élasticité de l’offre peut être suffisante pour que la demande accrue n’engendre pas
un écart inflationniste substantiel. Le gap inflationniste peut être réel mais limité.
L’inflation par la demande peut également provenir d’un surcroît de dépenses des ménages qui
préfèrent consommer qu’épargner. S’ils désépargnent, la demande de biens et services accrue peut
alimenter l’inflation. Là également, la plus ou moins forte élasticité de l’offre ainsi que l’élasticité des
importations peuvent accroître les tensions inflationnistes.
Pour l’analyse keynésienne, il y a inflation, lorsque la demande excède l’offre. L’origine de l’inflation
s'explique alors par l’inélasticité de l’offre par rapport à la demande (c'est-à-dire l’incapacité de
l’offre à répondre à la demande en raison, entre autres, du plein emploi des facteurs, de l’insuffisance
des stocks, d’une productivité insuffisante des facteurs travail et capital…).
Plusieurs éléments peuvent expliquer l’excès de demande globale : l’accroissement des dépenses
publiques ; une politique monétaire expansive (la baisse des taux d’intérêt favorise les crédits) ; une
augmentation des revenus (hausse du SMIC, des retraites, des salaires...) ; les changements de
comportements d'achat : phénomènes de mode (téléphones portables), anticipations positives des
consommateurs sur l'avenir…
3.4.L’inflation importée
On discerne deux causes essentielles : celle relative à la hausse des coûts, celle relatives aux
fluctuations de change. Les producteurs de certains produits importés, matières premières, énergies ou
encore produits alimentaires, peuvent décider une augmentation du prix de leurs exportations, à moins
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que ce ne soit le cours de la marchandise qui s’emballe sous un effet de mode par exemple. La
pression peut également trouver son explication dans les variations du cours des devises. Soit il y a
hausse du cours de la devise dans laquelle sont libellés les contrats, soit la devise nationale perd de sa
valeur sur les marchés en système de changes flottants, soit elle est dévaluée en système de changes
fixes.
Les augmentations du prix du pétrole dans les années 70 constituent un bon exemple : sur décision du
cartel des exportateurs de pétrole désireux de compenser la perte de leur pouvoir d’achat due à
l’inflation croissante dans les pays capitalistes industrialisés, les pays importateurs ont subi de plein
fouet par deux fois le renchérissement du prix de la matière première. « Un troisième choc pétrolier »
leur a été imposé en 1983, non pas, cette fois-ci à cause de l’augmentation du prix du produit. Chaque
hausse de la matière première importée est répercutée sur les prix intérieurs, soit au niveau de la
consommation, soit au niveau de la production ce qui a entraîné des effets de propagation et
d’amplification.
On perçoit immédiatement que ce type d’inflation importée peut engendrer une inflation par les coûts
et, en fin de compte, déclencher la spirale inflationniste. Dans une telle conjoncture, il convient au
plus tôt d’enrayer le mécanisme. Divers remèdes peuvent être utilisés sans que la solution soit pour
autant facile.
3.5.Les explications structurelles de l'inflation
L’inflation trouve ici son explication dans les dysfonctionnements de l’économie :
- les formes de marchés non concurrentiels (monopoles, cartels, oligopoles qui imposent des prix plus
élevés que ceux qui résulteraient du libre jeu de la concurrence) ;
- les conflits entre groupes sociaux (patronat et syndicats principalement) à l’occasion du partage de la
valeur ajoutée (grèves pour préserver le pouvoir d'achat des salariés) ;
- les systèmes d’indexation de certains types de revenus sur l'évolution des prix (SMIC, prix garantis
de certains produits agricoles...).
Les causes inflationnistes sont donc multiples et il est difficile de réduire l’inflation à un seul et
unique facteur.
4. Les principales conséquences de l'inflation
L’inflation est la hausse générale des prix des biens et services. Bien que la plupart des
consommateurs voient l’inflation comme le mal incarné, l’inflation est parfois bienfaisante. Mais,
avant de nous pencher sur les conséquences de l’inflation, étudions dans un premier temps ses causes.
4.1. Les effets positifs de l'inflation
a) L’inflation allège le poids de la dette : les entreprises, en augmentant leurs prix (donc leur chiffre
d’affaires en valeur), diminuent le poids relatif de leurs emprunts ; en outre, les entreprises désireuses
d'éviter les conflits sociaux, accorderont plus facilement des augmentations de salaires. Leurs salaires
ayant augmenté, les ménages pourront donc plus facilement supporter le poids de leurs dettes.
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b) Hausse des salaires : Dans la plupart des pays développés, les salaires sont indexés sur le niveau
des prix. Ainsi si l’inflation est de 3% alors les salaires augmenteront eux aussi théoriquement de 3%.
Il n’y a donc pas de perte de pouvoir d’achat. On peut toutefois émettre une critique à ce sujet. En
effet, le calcul de l’indice des prix (sur lequel sont indexés les salaires) est souvent faussé. Dans le
calcul de cet indice, les biens de consommations dits nécessaire ont beaucoup plus d’importance que
les autres dépenses que l’on peut effectuer. Les loyers représentent par exemple une part minime dans
cet indice alors que c’est l’un des budgets principaux des ménages. A l’inverse, l’évolution du prix
des produits alimentaires joue lui un rôle prépondérant. Il y a donc une différence entre l’inflation
réelle et l’inflation ressenti. Si les salaires augmentent plus vite que les prix, alors les ménages
s’enrichissent. A l’inverse, si les salaires augmentent moins vite, alors il y a une perte de pouvoir
d’achat.
c) Signe d’une bonne santé économique d’un pays : L’inflation en soit n’est pas mauvaise car elle
est signe de croissance économique. Toutefois, cette inflation doit être modérée et ne pas dépasser le
taux de croissance du PIB. Le taux de croissance réel d’un pays se calcul de la manière suivante : taux
de croissance du PIB – Taux de croissance de l’inflation. Si le taux d’inflation est supérieur au taux de
croissance du PIB, alors l’économie réelle est en récession.
d) Favorise les détenteurs d’actifs : L’inflation accroît la valeur de votre bien immobilier. En effet,
s’il y a hausse des prix, celle-ci se généralise à l’ensemble des biens et services et la valeur de votre
bien immobilier sera donc plus importante. Pour les autres types d’actifs, le principe est le même. A
l’inverse, les investisseurs paieront eux plus chère pour acquérir un bien ou un actif.
e) Favorise les exportations : L’inflation favorise l’exportation de nos produits. En effet, l’inflation
fait que la valeur de notre monnaie se déprécie face aux autres monnaies et donc cela coute moins
chère aux importateurs étrangers d’acheter nos produits. L’inflation dynamise donc l’activité
économique de notre pays et créée à terme de nouveaux emplois afin de répondre à la demande
supplémentaire.
A l’inverse, l’inflation est néfaste pour les importateurs qui paieront plus chère pour importer les
produits étrangers du fait de la dépréciation de la monnaie face aux devises étrangères. Si un pays à
une forte dépendance énergétique envers l’extérieur, alors l’inflation aura pour effet de lui augmenter
sa facture énergétique.
4.2.Les effets négatifs de l'inflation
a) L’inflation entraîne une diminution du pouvoir d’achat de la monnaie (avec la même somme
d’argent, on peut acheter moins de biens). Les agents économiques se débarrassent alors de leurs
liquidités (ils consomment, investissent davantage) au profit de « valeurs refuge » (or, tableaux, biens
immobiliers, devises fortes...). On parle de « fuite devant la monnaie ».
b) Les titulaires de revenus fixes (retraités, épargnants ayant des placements à taux fixe, les salariés
non indexés) subissent une perte automatique de leur pouvoir d’achat.
c) L’inflation diminue la compétitivité des produits nationaux par rapport à leurs concurrents
internationaux. La balance des paiements présente alors un solde négatif.
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comportement du secteur privé ont été correctement anticipées (il n’y a pas de surprise) et que les
objectifs du banquier central n’ont pas changé non plus. En pratique, il pourrait être optimal pour la
Banque Centrale d’avoir plus d’inflation que ce qui était prévu à la date précédente, afin de la faire
baisser plus vite aux dates suivantes que dans le plan de la date précédente, et ainsi de suite à chaque
date future. Ce résultat vient de ce que les décisions de prix peuvent être rapidement modifiées par les
agents du secteur privé en fonction des annonces de la Banque Centrale, qui ancrent les valeurs
nominales à chaque date.
En 1977, Kydland et Prescott ont interprété ce résultat d’incohérence temporelle comme une
impossibilité logique de la politique monétaire optimale pour stabiliser l’inflation. En 2004, la banque
centrale de Suède attribua à ces derniers le prix Nobel d’économie pour deux contributions à la
dynamique macroéconomique : l’incohérence temporelle des politiques de stabilisation des cycles
économiques et les forces à l’origine des cycles économiques, sous l’hypothèse d’absence d’effet
des politiques de stabilisation des banques centrales.
Dans cet article, Kirsten Ralf et Jean-Bernard Chatelain s’intéressent aux deux réponses
théoriques qui ont suivi l’interprétation de Kydland et Prescott de cette impossibilité logique
d’une politique optimale de stabilisation. La première théorie proposée par Roberds en 1989
considère que le changement de politique optimale à chaque date n’est pas un évènement certain. La
Banque Centrale maintient sa politique optimale de la date précédente avec une certaine probabilité
non nulle. Si une hausse du taux d’intérêt réel conduit à une baisse de la demande d’investissement
qui contribue à faire baisser l’inflation dans le secteur privé, et si l’inflation anticipée atteint 3% et
dépasse de 1% une cible désirée d’inflation de 2%, alors la Banque Centrale devrait faire passer son
taux d’intérêt nominal directeur de 2% à un peu plus de 3%, afin d’augmenter le taux d’intérêt réel (le
taux nominal net de l’inflation). La théorie alternative, proposée par Oudiz et Sachs en 1985,
considère que le changement de politique optimale à chaque date est certain. La banque centrale
n’aurait plus aucune crédibilité et elle perdrait sa position dominante.
La banque centrale ré-optimiserait à chaque date et pourtant cela ne changerait pas la trajectoire de
l’inflation. Pour obtenir ce résultat, deux réponses optimales de la banque centrale et du secteur privé
sont choisies.
Si une hausse du taux d’intérêt réel conduit à une baisse de la demande d’investissement qui contribue
à faire baisser l’inflation dans le secteur privé, et si l’inflation anticipée atteint 3% et dépasse de 1%
une cible désirée d’inflation de 2%, alors la réponse optimale de la banque centrale serait de rendre
public qu’elle pourrait faire passer son taux d’intérêt nominal directeur de 2% à un niveau très élevé
voire infiniment élevé ou bien même faire baisser le taux d’intérêt directeur au lieu de l’augmenter.
En 2007, Schmitt-Grohé et Uribe ont trouvé que la meilleure politique monétaire correspondrait à un
taux d’intérêt qui réagirait à 332 fois l’écart d’inflation à sa cible. Si cet écart était de 1%, la relation
impliquerait un taux d’intérêt de 332%. L’inflation serait immédiatement stabilisée à 2% au lieu de
faire face à une déflation massive dans le cadre de la théorie alternative.
Ces dernières années, Schmitt-Grohé et Uribe ont proposé d’augmenter très fortement les taux
d’intérêt directeurs (par exemple à 6%) afin de créer de l’inflation en Europe, au Japon et aux Etats-
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Unis. La réponse optimale du secteur privé serait d’éviter une infinité de trajectoires hyper-
inflationnistes ou déflationnistes si bien qu’on ne pourrait jamais observer cette réaction très
importante du taux d’intérêt aux écarts de l’inflation à sa cible. Les relations entre les anticipations
d’inflation et les variables non-anticipées (et parfois non-observables) du secteur privé seraient
supposées connues de manière exacte par la banque centrale et le secteur privé. Ils choisiraient une
unique trajectoire qui stabiliserait très vite l’inflation. Depuis une vingtaine d’années, la seconde
théorie est prédominante dans des centaines de modèles macroéconomiques (1) simulés et estimés
dans les départements de recherche des banques centrales ou publiés dans les revues académiques.
Les auteurs testent ces deux théories dans le cas de la Réserve Fédérale américaine en utilisant les
données du taux d’intérêt directeur, de l’inflation et de la production sur différentes périodes entre
1960 et 2006. L’idée du test est la suivante. Afin d’éviter une infinité de trajectoire instables crées par
la menace d’une sur-réaction colossale des taux d’intérêts, la seconde théorie pose des restrictions
importantes sur les données par rapport à la première théorie, qui autorise la dépendance au passé du
taux d’intérêt. Par exemple, si la première théorie prédit que le taux d’intérêt est corrélé avec deux
variables, l’inflation courante et l’inflation du trimestre précédent (ou le taux directeur de la période
précédente), la seconde théorie impose que le taux d’intérêt ne peut être corrélé qu’avec une variable,
que ce soit l’inflation courante, l’inflation du trimestre précédent ou le taux directeur de la période
précédente. Les résultats de ce nouveau test conduisent à rejeter la seconde théorie.
6.2.Efficacité de la politique monétaire et indépendance de la BC
Le début des années soixante-dix a été marqué par une problématique toujours très actuelle, celle de
l'incohérence temporelle. Ce problème peut être l'une des principales sources du biais inflationniste.
pour cette raison, on a proposé la solution d'une banque centrale indépendante. Les économistes tels
que Kydland et Prescott (1977) prévoient qu'une banque centrale indépendante sera la garantie d'un
taux d'inflation proche de zéro et d'après certains d'autres économistes, ce niveau bas d'inflation aura
un effet positive sur la croissance économique.
Accorder leur indépendance aux banques centrales signifie que nul corps constitué, gouvernement,
Parlement ou l'un de leurs membres respectifs, ne détient le pouvoir d'interférer dans les décisions
prises par la Banque centrale dans l'exercice de sa mission statutaire et encore moins de renverser le
cours des décisions prises.
L'indépendance des banques centrales s'entend principalement sur les plans organisationnel et
économique.
a) L'indépendance organisationnelle tient aux relations entre la Banque centrale et l'état, et
concerne l'ensemble des dispositions qui régissent l'organisation institutionnelle de la banque
centrale, à savoir, la composition de ses instances. De décision, le mode de recrutement et de
révocation des dirigeants, la durée du mandat, la responsabilité des instances dirigeantes de la
banque et leur devoir de communication des résultats obtenus, etc.
b) L'indépendance économique des banques centrales s'exerce en matière de politique
monétaire et se décline en indépendance d'objectifs et/ou indépendance d'instruments. C'est le
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champ d'application de l'indépendance que nous retenons à titre principal. Est donc
indépendante une banque centrale qui définit et met en œuvre la politique monétaire d'un pays
ou d'un groupe de pays dans le cadre d'une loi ou d'un traité.
En pratique, l’indépendance des banques centrales recouvre deux dimensions : politique et
économique. La première renvoie à l’influence exercée par le gouvernement sur la fixation des
objectifs de la politique monétaire par l’intermédiaire de ses représentants au conseil d’administration
de la banque centrale ou encore par la nomination de son directeur ou le vote de son budget. La
seconde désigne l’autonomie de la banque centrale dans le choix de ses instruments pour atteindre ses
objectifs. Ainsi, la BCE et la Banque centrale britannique sont-elles toutes deux libres du choix de
leurs instruments de politique monétaire mais, alors que les objectifs de la première sont fixés par les
traités européens, ceux de la seconde sont déterminés chaque année en concertation avec le
gouvernement.
Durant les années 1970, l’envolée de l’inflation sur fond de stagnation de la production et de l’emploi
dans les pays développés à économie de marché a remis en cause le consensus keynésien en matière
de politique économique conjoncturelle : non seulement la politique budgétaire semblait inefficace
pour assurer une sortie durable de la crise, mais encore son financement par l’émission de monnaie de
la part des banques centrales nationales entretenait une inflation larvée qui rongeait le pouvoir d’achat
des ménages et ruinait la compétitivité des entreprises.
Les « nouveaux classiques1 » analysent la politique économique en termes d’interactions non
coopératives entre le gouvernement et la société civile : les membres de cette dernière, anticipant les
effets inflationnistes des politiques de relance, cherchent à minimiser leur perte de pouvoir d’achat en
consommant dans le présent ou en négociant des salaires réels plus élevés, ce qui précipite la
réalisation de l’inflation avant même la mise en place d’une politique économique expansionniste.
Ce manque de confiance général envers l’autorité monétaire entretient un cercle vicieux inflationniste
et contreproductif.
Dans cette perspective, l’indépendance de la banque centrale vis- à-vis du gouvernement constitue un
engagement crédible de stabilité : dans la mesure où elle n’est pas affectée par les échéances
électorales, la banque centrale est à même de ne pas dévier d’une règle fixée par avance en matière de
stabilisation des prix. Le gouvernement ne peut plus financer les politiques de relance discrétionnaires
par émission de monnaie. Il a intérêt à limiter le plus possible l’inflation, nuisible à l’économie dans
son ensemble. Pour ce faire, il délègue son autorité monétaire à un « banquier central conservateur 2 »
qui partage les mêmes objectifs en matière de politique monétaire.
Les résultats des études empiriques sur les effets de l’indépendance des banques centrales sur les
performances macroéconomiques sont controversés. Si, conformément au modèle, les pays qui se sont
dotés d’autorités monétaires indépendantes ont connu des taux d’inflation plus faibles que les autres
depuis trente ans, certains soulignent que c’est justement parce que ces pays sont prédisposés à une
1
Ecole regroupant des économistes comme Robert Lucas, Robert Barro, Finn E. Kydland, Edward C. Prescott ou
Thomas Sargent.
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stabilité du niveau des prix qu’ils ont choisi une telle organisation de leurs institutions et que la clé de
la faible inflation est à chercher ailleurs. De plus, alors que le modèle prédit que le banquier central
conservateur est enclin à laisser fluctuer la production pourvu que l’inflation reste faible, il apparaît
que les pays ayant une banque centrale indépendante n’ont pas subi de fluctuations plus importantes
que les autres.
6.3.L’illusion monétaire face à l’efficacité de la Politique monétaire expansionniste
L'illusion monétaire représente la tendance qu'ont les individus à réfléchir en termes nominaux plutôt
qu'en termes réels. L’illusion monétaire consiste à considérer la valeur nominale de la monnaie plutôt
que sa valeur réelle. Cette illusion a pour effet que l'on confond la monnaie et son pouvoir d'achat, ou
l'on confond la monnaie et la richesse ; on croit également que la monnaie a une valeur intrinsèque
alors que sa valeur réelle ne dérive que de sa capacité à être échangée contre des marchandises
(pouvoir d'achat) ou à pouvoir payer des impôts. La manifestation extrême de cette illusion, devenue
pathologique, mène les États à l'inflation ou à l'hyperinflation par l'abus de la "planche à billets".
Le terme a été employé par John Maynard Keynes au début du XXe siècle, et probablement inventé
par Irving Fisher qui écrivit un livre sur le sujet, The Money Illusion, en 1928. Fisher définit l'illusion
monétaire comme le fait de ne pas comprendre que la valeur d'une monnaie varie. Pour Fisher,
l'illusion monétaire est une des causes des cycles économiques, du fait que la fluctuation des
monnaies n'est pas prise en compte.
Shafir et al. (1977) indiquent également que cette illusion influe sur le comportement économique de
trois façons :
rigidité des prix : l'illusion monétaire a été proposée comme l'une des raisons pour lesquelles
les prix nominaux sont lents à changer, même si l'inflation a causé une hausse des prix réels ou
des coûts ;
contrats et lois ne sont pas indexés à l'inflation aussi souvent que l'on pourrait s'y attendre
rationnellement ;
le discours social, dans les médias officiels et en général, reflète une certaine confusion entre
valeur réelle et valeur nominale.
L'illusion monétaire peut également influer sur la perception que les gens ont de leur revenu. Des
expériences ont montré que les gens perçoivent généralement comme injuste une diminution
d'environ 2 % de leur revenu nominal, sans modification de la valeur monétaire, mais voient comme
juste une hausse de 2 % de leur revenu nominal avec une inflation de 4 %, alors que les deux
reviennent au même. L'illusion monétaire indique que des changements de prix nominaux peuvent
influer sur la demande, même si les prix réels restent constants.
Certains ont suggéré que l'illusion monétaire peut corroborer la relation négative
entre inflation et chômage décrite par le courbe de Phillips : si les travailleurs utilisent
leur salaire nominal comme point de référence lors de l'évaluation des offres salariales, les entreprises
peuvent maintenir les salaires réels relativement moins élevés dans une période de forte inflation car
61
Cours de Politique Economique Master1 Recherche Economie
les travailleurs acceptent une moindre augmentation du salaire nominal (qui n'est élevée qu'en
apparence). Ces salaires inférieurs réels permettraient aux entreprises d'embaucher plus de travailleurs
dans les périodes de forte inflation.
Quand un salarié est augmenté de 3% alors que les prix ont monté de 2%, il est victime de l'illusion
monétaire lorsqu'il croit que son pouvoir d'achat réel a augmenté de 3%. En effet, son pouvoir d'achat
réel n'a augmenté que de 1%.
L'illusion monétaire subie par un individu est l'écart entre la valeur apparente de ses revenus et
une monnaie qui se déprécie. Une illusion monétaire peut parfois se mesurer.
L'illusion monétaire est souvent utilisée comme explication à la non-neutralité de la monnaie à
court-terme, et aux phénomènes de "sticky-wages et sticky-prices", c'est à dire que les prix et
les salaires ne s'ajustent pas instantanément après une variation de la quantité de monnaie (et
donc de l'inflation). Cette inertie des prix à court-terme, qui est selon Taylor (1997) l'un des cinq
grands principes "incontestés" ("core") de la macro-économie ("A Core of Practical
Macroeconomics", American Economic Review) peut cependant être expliquée par d'autres théories
que l'illusion monétaire, et il existe encore des débats plus ou moins houleux sur les raisons de ce
décalage.
Mais en quoi l'illusion monétaire pourrait permettre de justifier la mise en place de politique
monétaire expansionniste pour relancer l'économie à court-terme. Supposons que depuis 5 ans, votre
salaire augmente chaque année de 3%, et que l'inflation dans votre pays soit de 2% par an. Vous êtes
plutôt content, chaque année votre pouvoir d'achat s'améliore et les oiseaux chantent. Mais un jour, la
Banque Centrale de votre pays décide de mener une politique monétaire expansionniste, c'est à dire
d'augmenter l'offre de monnaie en circulation, avec comme objectif de relancer l'économie. A long-
terme, selon la théorie quantitative de la monnaie, une hausse de la masse monétaire génère de
l'inflation, et n'a pas d'effet sur l'économie réelle ! Mais qu'en est-il à court-terme, et comment allez-
vous réagir, sous votre double casquette de salarié et de consommateur ?
Un an après la mise en place de cette politique monétaire expansionniste par la banque centrale de
votre pays, l'inflation augmente à 5%. Votre patron vous propose alors cette année une augmentation
de 4% ! Mais au lieu d'être scandalisé par cette situation, vous aurez tendance à être plutôt content de
cette proposition, en voyant cela comme une augmentation alors que c'est en réalité une destruction de
pouvoir d'achat. Mais si l'on se place du côté de l'entreprise, qu'en est-il ? L'inflation permet
d'augmenter le prix de vente des produits ; or dans notre situation, le prix de vente des produits
augmente plus rapidement que les salaires versés (inflation > variation de salaire), ce qui implique
une baisse de ce que l'on appelle le salaire réel et une hausse des marges des entreprises. A court-
terme donc, les entreprises vont avoir tendance à profiter de cela pour augmenter leur production et
embaucher (hausse de la demande de travail).
Mais à un moment vous allez vous rendre compte que vous vous êtes fait un peu arnaquer ! Vous
allez alors demander une hausse de salaire pour compenser votre perte de pouvoir d'achat, ce qui va
créer l'effet inverse de celui présenté précédemment -> hausse du salaire réel, diminution des marges
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supérieure à 1, le processus ne converge jamais et les prix suivent une évolution erratique allant en
s’amplifiant ;
• pour Juglar, un économiste français qui a donné son nom au cycle de moyen terme, le cycle
trouve son origine dans les modifications de la quantité de monnaie en circulation dues
notamment à l’évolution du solde de la balance commerciale. Les évolutions économiques
différenciées d’un pays à l’autre conduisent certains pays à être en excédent commercial. Dans
ces pays, l’excédent se traduit par une rentrée d’or qui augmente la masse monétaire et
provoque de l’inflation. Cette inflation fait perdre des parts de marché à l’exportation à
l’économie de ce pays qui se trouve alors en déficit extérieur. Cela provoque des sorties d’or
dont la conséquence est la déflation. Le cycle économique est un cycle monétaire que résume
le schéma :
Excédent commercial … inflation… déficit commercial….. déflation.
Dans cette vision du cycle, on peut assister à une apparition de chômage. Cette apparition se
fait au moment de la déflation et provient du refus des salariés de voir baisser leur revenu. Dès lors
que le revenu individuel ne baisse pas, les entreprises organisent la déflation au travers d’une baisse
de la masse salariale qui est obtenue grâce à la baisse de l’effectif salarié.
Le cycle économique vu par les économistes classique est soit lié aux conditions de production
de l’agriculture, soit aux distorsions que la concurrence mise en œuvre dans le cadre de politiques
libre-échangistes finit à terme par réduire. Le cycle de référence en la matière est celui de Juglar et
par-delà sa dimension de commerce extérieur, il traduit avant tout des problèmes monétaires.
Cycle keynésien et croissance potentielle
En revanche, pour les économistes keynésiens, le cycle trouve son origine ni dans les facteurs agissant
à la marge de l’économie ni dans la situation monétaire, mais dans le fonctionnement même de la
production, au travers de la permanente contradiction entre la volonté de consommer et la nécessité
d’épargner pour financer l’investissement. Le cycle ne peut être un cycle de prix, dans la mesure où
les keynésiens fondent leur raisonnement sur la rigidité des prix. La traduction économique du cycle
et sa mesure portent sur l’évolution des quantités produites. A la vision classique qui fait se succéder
inflation et déflation, les keynésiens substituent une vision dans laquelle s’enchaînent périodes de
forte croissance marquées par une tension sur les capacités de production et périodes de récession
avec chômage et capital sous-utilisé. Ce chômage, comme la sous-utilisation d’une partie du stock de
capital, ne correspond pas à la somme des résistances individuelles à la déflation mais bel et bien aux
conséquences incontournables de la dynamique de l’investissement.
Le modèle de référence en la matière est le modèle de l’oscillateur de Hansen/Samuelson,
Hansen étant un économiste américain qui fut le conseiller économique du président Truman.
On décrit l’économie sans secteur extérieur et sans Etat, puisque l’objet du modèle est de
démontrer que le cycle n’est dû ni au commerce international ni à des maladresses dans la conduite de
la politique économique. On écrit quatre équations, deux équations comptables traditionnelles et deux
équations théoriques, chacune correspondant à des moments divers du processus économique :
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Égalité entre l’offre et la demande : Y(t) = C(t) + I(t), où t désigne la période de référence.
Loi de Say : Y(t) = R(t)
Équation théorique sur la fonction de consommation : C(t) = cR(t – 1).
Équation sur les mobiles de l’investissement : I(t) = a [R(t – 1) - R(t – 2)].
L’équation d’investissement fait dépendre le niveau d’investissement exclusivement des
débouchés prévus par l’entreprise à partir de la croissance constatée du revenu global. Elle lie
l’impact du taux d’intérêt sur l’investissement et fait de l’égalité entre l’épargne et l’investissement un
simple constat comptable. Elle donne ainsi une vision strictement keynésienne de l’investissement.
L’économie oscille autour d’une tendance que l’on va définir comme la croissance potentielle.
Cette tendance, c’est-à-dire la production potentielle de l’économie est fonction du progrès technique,
de la capacité d’usage du capital et en particulier de l’organisation du travail et de l’évolution de la
population active. Dans le modèle de Hansen/Samuelson, la tendance est donnée par a, c’est-à-dire
par la réaction de l’investissement à l’évolution de la demande.
Aujourd’hui, les experts essaient de définir pour chaque économie à la fois son PIB potentiel
et, une fois celui-ci atteint, quelle pourrait être l’évolution de ce PIB, c’est-à-dire le taux de croissance
potentiel. En Europe, les économistes estiment que cette croissance potentielle devrait être 5 %, 3 %
en volume et 2 % d’inflation. C’est l’objectif affiché par la stratégie de Lisbonne, c’est aussi la
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croissance moyenne envisagée dans le Pacte de stabilité et de croissance. Comme un résultat des
théories économiques de la croissance est qu’une économie a une croissance optimale si son taux de
croissance est égal au taux d’intérêt à long terme, on retrouve les données sur le PSC déjà évoqué ci-
dessus.
• la première est l’hypothèse d’une rigidité absolue des prix, c’est-à-dire que toute modification
dans l’environnement des entreprises se traduit par une modification de la quantité produite ;
• la seconde est celle d’une détermination exclusive de l’investissement par les anticipations de
débouchés faites par les entreprises. Ces anticipations se fondent sur l’évolution de la
croissance passée et correspondent à une vision de l’économie dans laquelle l’égalité entre
l’épargne et l’investissement se réduit à un simple constat comptable sans aucune implication
économique.
Il n’en reste pas moins qu’il permet de conclure trois choses :
• l’élément régulateur, explicatif de la croissance économique est l’investissement. C’est sur lui
que doit porter l’effort de la politique économique ;
• l’économie est cyclique. Le PIB réel passe par des périodes où il est supérieur au PIB potentiel
et des périodes où il est inférieur. La différence entre le PIB potentiel et le PIB réel s’appelle
l’output gap ;
• l’économie alterne des phases d’inflation et des phases de chômage. Cette dernière assertion
est une reformulation de l’arbitrage de Phillips.
Tableau 4 : Comparaison du PIB réel et du PIB potentiel en France pendant la crise de 2008
Puisque le cycle trouve son origine dans la détermination de l’investissement privé, pour en assurer le
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lissage, il faut recourir à la modification du volume de l’investissement public. C’est donc la politique
budgétaire qui constitue le moyen d’amortir les conséquences du cycle.
Cette approche a le mérite de modifier la perception du rôle de la politique budgétaire dans la lutte
contre le chômage. Dans une approche purement statique, la lutte contre le chômage keynésien
implique le passage d’une situation de finances publiques équilibrées à une situation de finances
publiques en déficit. Le déficit budgétaire devient une composante permanente de l’économie, ce qui
signifie que l’on substitue au problème immédiat du chômage le problème à terme de l’endettement
public. Dans une approche dynamique, les finances publiques passent par une période de déficit au
moment de la récession et dans la phase de croissance ralentie, mais accumulent des excédents qui se
traduisent par le remboursement d’une partie de la dette pendant les périodes de croissance soutenue
marquées par des tensions inflationnistes. Cette phase d’excédent budgétaire permet à la politique
budgétaire de reconstituer ses marges de manœuvre pour faire face aux difficultés à venir et
d’échapper à la tutelle de la politique monétaire.
La gestion des finances publiques dans la vision du cycle keynésien se fait automatiquement dans le
cadre de la procédure dite des stabilisateurs automatiques. Selon cette théorie, il faut faire voter aux
parlements responsables de l’approbation des budgets des dépenses évoluant selon les mêmes taux
que le PIB potentiel, selon le taux de croissance potentiel de l’économie. En Europe, ce taux est de 5
%, c’est-à-dire que les dépenses publiques devraient augmenter à ce rythme. Simultanément, il faut
adopter une fiscalité assise exclusivement sur les évolutions de revenu de façon à ce que son
rendement soit directement proportionnel au PIB réel. Enfin, il faut adopter une structure des
dépenses et des recettes publiques telle que l’équilibre budgétaire soit assuré lorsque le PIB réel est au
niveau du PIB potentiel. Si on procède ainsi, les périodes de surchauffe correspondent à un PIB
supérieur au PIB potentiel t donc à des rentrées fiscales supérieures aux dépenses. Systématiquement,
les périodes de ralentissement économique correspondent à une chute des rentrées fiscales et à
l’apparition d’un déficit budgétaire qui permet de réduire le chômage keynésien. La gestion du cycle
par le biais des stabilisateurs automatiques fait jouer le rôle de stimulation de l’économie à la baisse
des impôts. Si on reprend les équations d’Haavelmo, on constate que la baisse des impôts est moins
porteuse que la hausse des dépenses. L’avantage des stabilisateurs automatique est néanmoins d’être,
politiquement parlant, plus supportables car ils ne nécessitent pas de longs débats au Parlement. Ils le
sont également parc qu’ils diminuent la pression fiscale au moment où les ressources privées fondent
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Cette gestion en stabilisateurs automatiques conduit à identifier dans la politique budgétaire un déficit
structurel et un déficit conjoncturel. Le déficit structurel est le déficit qui perdure au moment où le
PIB réel devient égal au PIB potentiel. Le déficit conjoncturel est celui issu du cycle. Le déficit total
est la somme des deux. Dans une économie bien gérée, le déficit structurel est nul. Un des reproches
fait au PSC est d’ignorer cette distinction et de considérer comme acceptable une situation de déficit
structurel inférieur à 3 % et insupportable un déficit conjoncturel supérieur à 3%. En zone euro, le
solde structurel, qui s’était amélioré entre 1990 et 2000, se dégrade depuis et est aujourd’hui de 1,5 %
du PIB. Rien qu’en France, ce déficit structurel aurait été en 2007, c’est-à-dire la dernière année avant
la crise, de 3 %.
Tableau 5 : Déficit et dette publics en France avant la crise (entre 2003 et 2007)
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1993, et 2002 furent des années de faible croissance, voire de récession. En revanche, 1989 et 1998
furent des années fastes. On peut considérer que le cycle a une durée de neuf ans. Chose curieuse,
c’était déjà cette durée que Juglar avait retenue pour le cycle des économies européennes du milieu du
XIXè siècle. En France, la croissance en 2007 a été de 1,8% ; alors qu’il s’agissait d’une année faste
du cycle, elle est restée très loin de la croissance de 1989 ou 1998 et de la croissance de 3 %
considérée comme un objectif normal de croissance moyenne.
Aux Etats-Unis, la croissance économique est également cyclique, mais la politique menée
n’est pas une politique à proprement parler de gestion de stabilisateurs automatiques. Certes, le déficit
public est passé de 6 % du PIB en 1991 à un excédent de 0,3 %en 1998 et de 1,4 % en 2000. Mais
l’administration Bush a mené une politique de baisses radicales des impôts allant au-delà des besoins
de relance liés au ralentissement cyclique de 2001-2002. En termes d’efficacité, on considère en
général qu’une baisse des impôts peut agir de trois façons, conduisant selon les cas à :
• un effet « Laffer », du nom de l’économiste américain, conseiller du président Reagan qui est
devenu le porte-parole des défenseurs des réductions systématiques et massives d’impôts. Il y
a effet Laffer quand la baisse des impôts provoque une nouvelle détermination des acteurs
économiques, une réhabilitation du travail, bref une approche nouvelle de la réalité
économique qui est favorable à une sorte de remobilisation de tous. Celle-ci se concrétise par
un surcroît d’investissement. Une économie ainsi dynamisée connaît plus de croissance et in
fine plus de rentrées fiscales : c’est là l’idée phare de Laffer. Au départ, le déficit se creuse
puis la population change d’attitude, travaille davantage, s’enrichit, richesse supplémentaire
dont bénéficie l’Etat qui parvient alors à l’équilibre de ses finances ;
• un effet « keynésien » qui correspond à un surcroît de consommation et donc un accroissement
des débouchés des entreprises. Dans cette interprétation des conséquences de la baisse des
impôts, il y a là encore un phénomène d’enrichissement global du pays. Pour que l’effet
keynésien soit réel, il faut que les entreprises répondent à la nouvelle demande par une
augmentation de leur production et non par une augmentation de leurs prix. Et le meilleur
moyen d’obtenir que les entreprises choisissent plutôt d’augmenter la production est de les
soumettre à la pression de la concurrence. En effet, quand celle-ci est maximale, elles sont
incitées à ne pas modifier leurs prix. Plus une économie est concurrentielle, plus la relance par
la consommation est efficace.
• un effet « ricardien » qui correspond au constat que nous avons déjà décrit que la baisse des
impôts va augmenter le taux d’épargne et non les débouchés des entreprises.
Quel est de ces trois résultats possibles de l’action fiscale celui qui s’est le plus manifesté dans
les années récentes aux Etats-Unis ?
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déficit de 460 milliards en 2004 : 700 milliards de demande supplémentaire sont ainsi injectés dans
l’économie américaine. Cela représente l’équilibre de 7 % du PIB des Etats-Unis. Pour les entreprises
américaines, qui sortent d’une période de forte accumulation de capital et qui peuvent répondre à une
hausse de la demande, cela fournit des débouchés utiles et leur permet globalement de maintenir leur
activité. La machine repart. Le taux de chômage qui est monté de 4 à 6 % redescend progressivement
à 4 %.
Est-ce que les Etats-Unis doivent cette performance à une dynamique positive où ils accumulent, en
investissant, du capital productif à même de fournir des emplois et nourrir la croissance ?
Il n’en est rien : le taux d’investissement aux Etats-Unis oscille entre 17 et 20 % selon les années alors
que dans la zone euro, ce même taux d’investissement se situe dans une fourchette entre 19 et 21 %.
En moyenne, l’Europe investit plus que les Etats-Unis. Les partisans de Laffer ont fourni à la
politique américaine sa justification et son discours politique, mais ils n’ont pas décrit la réalité.
L’investissement n’est pas reparti.
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chute et la politique budgétaire est mobilisée : rappelons que le déficit mondial des finances publiques
a été porté en 2009 à 8,5 % du PIB.
En voulant effacer le cycle dans les années 2001-2003 par une politique budgétaire de relance
soutenue par une politique monétaire expansionniste, les Etats-Unis l’ont reporté dans le temps et lui
ont donné une ampleur inédite. La récession de 2008-2009 s’inscrit dans l’enchaînement cyclique des
économies, son ampleur dans la tentative précédente de gommer toute forme de cycle.
• elle permet de mieux cerner l’arbitrage de Phillips en distinguant bien les périodes d’inflation
– celle où la production est supérieure à la production potentielle – et les périodes de chômage
– celle où la production est inférieure à la production potentielle ;
• elle rend la politique budgétaire plus utilisable en résolvant le problème de la dette publique,
pourvu que les autorités gouvernementales se donnent comme objectif de n’accepter qu’un
déficit conjoncturel et de maintenir le déficit structurel nul ;
• au-delà du principe énoncé ci-dessus pour le déficit, elle permet de cerner tous les problèmes
économiques en problèmes conjoncturels – c’est-à-dire cycliques – sur lesquels la politique
économique joue à plein et problèmes structurels pour lesquels l’Etat n’est pas forcément
absent mais qui demandent des réponses de long terme. Par exemple, la politique de
concurrence, qui est un des piliers d la construction européenne, est une politique structurelle
qui améliore la croissance potentielle.
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Cours de Politique Economique Master1 Recherche Economie
Dès lors que l’approche cyclique précise l’arbitrage de Phillips, on peut revenir à l’idée de Samuelson
d’utiliser chacune des composantes de la politique économique pour suivre un seul et même objectif.
Le modèle qui traduit mieux la pensée de Samuelson est le modèle IS/LM. Bien que vieilli, ce modèle
mérite d’être rapidement décrit et analysé. La démarche de Samuelson qui n’est pas le concepteur du
modèle dû à l’Anglais John Hicks et à l’Américain Alvin Hansen, c’est de dépasser l’affrontement
théorique entre vision keynésienne et vision classique. Selon le principe qui fait de la réalité une
somme vectorielle des deux approches, Samuelson retient en IS/LM une présentation de l’économie
dont les théories classiques et keynésienne sont deux extrêmes opposés.
IS/LM revisité
Le modèle IS/LM constitue la formulation la plus simple mais aussi la plus complète d’une
présentation de l’économie pouvant être développée soit selon une logique classique soit selon une
logique keynésienne.
Il repose sur deux équations :
• la première est une équation sur le marché des biens matériels qui reprend l’égalité entre
l’offre Y et la demande C + I + G. Par le biais de cette équation, la production est, comme
l’investissement, une fonction décroissante du taux d’intérêt ;
• la seconde est l’équation monétaire qui traduit l’égalité entre le pouvoir d’achat de la quantité
de monnaie mise en circulation par la Banque centrale µV et l’utilisation qu’en font les agents
économiques. C’est une version amendée de l’équation quantitative de la monnaie, dont nous
avons déjà souligné qu’elle est elle-même la traduction monétaire de la loi de Say.
La première équation du modèle s’écrit :
Y = C + I +G.
Dans cette équation, on fait l’hypothèse plutôt classique de la détermination de l’investissement par
les conditions de son financement. On a donc I qui est une fonction décroissante du taux d’intérêt r.
Par ce biais, Y est également une fonction décroissante de r.
Cela s’écrit :
Y=C+I+G
C = cR = cY
I = Io – ar, l’investissement étant décroissant avec le taux d’intérêt.
Cela donne la première équation du modèle, dite équation IS puisqu’elle assure un lien entre la
production et le taux d’intérêt par le biais de l’égalité entre l’épargne et l’investissement.
On Y = (G + Io – ar) / 1 – c.
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La seconde décrit la situation monétaire. La masse monétaire sert à acheter la production (pY) et à
satisfaire au besoin de liquidités des agents économiques (L). Ce besoin est fonction du taux d’intérêt.
En effet, quand ce dernier s’accroît, les agents économiques sont moins incités à garder de la monnaie
par-devers eux. Ils placent plus volontiers leurs disponibilités qui se trouvent ainsi remises en
circulation par le système bancaire et financier. Plus le taux d’intérêt est élevé, plus L se réduit. L est
une fonction décroissante de r.
On a L (r) = Lo - br.
L’équation quantitative de la monnaie s’écrit en fin de compte pY + L (r) = µV, ce qui fait que l’on
obtient la seconde équation du modèle Y = (µV - Lo + br) / p. C’est l’équation LM ainsi baptisée, car
elle traduit la relation entre la masse monétaire M et le besoin en liquidité L.
Deux équations à deux inconnues fournissent une solution unique qui est l’équilibre en Y et r du
système. On présente cet équilibre en général sur un graphique où se coupent la droite descendante IS
et la droite ascendante LM. Dans la tradition anglo-saxonne, les graphiques qui représentent
l’économie ont les quantités en abscisse et les prix en ordonnée. Le graphique est donc en général
construit avec Y en abscisse et r en ordonnée. Cela n’est pourtant pas très naturel, car ce que le
modèle cherche à déterminer, c’est la production maximale, celle qui permet de réaliser le plein-
emploi. La variable à expliquer du modèle est la production et dans un schéma en coordonnées
cartésiennes, la variable expliquée est en ordonnée.
Le modèle IS/LM fournit un cadre général d’interprétation de la situation économique. Il peut servir à
décrire toutes les interprétations traditionnelles auxquelles donne lieu la réalité économique. Il se
traduit par un système de deux équations à deux inconnues (r, Y) dont la solution correspond
graphiquement aux coordonnées du point d’intersection des deux courbes représentant ces équations.
Si on résout sur le plan algébrique le modèle, on arrive à une valeur de Y à l’équilibre qui est la
suivante :
Y = (aµV + bG + bIo- aLo) / ap + b (1 – c).
Le but de ce calcul n’est pas d’obtenir un moyen incontestable de déterminer la valeur réelle du PIB
d’un pays mais de voir comment le modèle rend compte de la complexité de la combinaison entre
éléments keynésiens et éléments classiques.
Quand a est nul, l’investissement ne dépend pas du taux d’intérêt. On retrouve une hypothèse qui était
celle de l’oscillateur de Hansen/Samuelson, c’est-à-dire une hypothèse keynésienne. Systématique,
quand b est nul, la thésaurisation n’existe pas, la préférence pour la liquidité n’a pas de sens, on est
dans un cas typiquement classique. Le couple (a, b) décrit la situation de l’économie d’un pays en
permettant d’en pondérer les composantes classiques et keynésienne, a mesurant l’aspect classique et
b l’aspect keynésien.
Quels enseignements en définitive peut-on tirer de l’équation donnant Y ?
On peut en tirer quatre :
75
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• le premier est que Y est inversement proportionnel à p : l’inflation réduit la production, toute
action de relance qui ne peut s’appuyer sur la rigidité des prix est vouée à l’échec. La
condition sine qua non de la réussite de la politique économique est la maîtrise de l’inflation ;
• le deuxième est qu’une politique budgétaire de relance accroît G. Elle est d’autant plus
efficace que b est élevé, c’est-à-dire que la composante keynésienne est importante. Quand
celle-ci est nulle, la politique budgétaire est inopérante ;
• le troisième est qu’une politique monétaire de soutien à la croissance est efficace si a est élevé.
Augmenter la masse monétaire en facilitant le crédit aux entreprises accroît la production si la
composante classique est importante. Quand elle est nulle, la politique monétaire n’a aucun
impact sur la croissance économique ;
• le quatrième est qu’on a intérêt dans une politique de relance à faire jouer dans le même sen
les deux instruments de la politique économique en cas de rigidité des prix. Si l’arbitrage de
Phillips est efficace, c’est-à-dire si en période de chômage, on ne risque pas d’inflation, alors
Y augmente d’autant plus que G et µ augmentent : la bonne politique économique est de ne
pas respecter le principe de Tinbergen et de mener un policy mix, c’est-à-dire une combinaison
de politique économique organisée autour d’une politique budgétaire et d’une politique
monétaire de soutien à la demande. En pratique, il faut faire financer le déficit budgétaire par
de la création de monnaie par les banques.
Retour sur le principe de Tinbergen et l’arbitrage de Phillips :
Les réponses de la politique économique doivent s’adapter selon une matrice qui résume toutes les
situations possibles. Cette matrice repose sur l’idée que l’arbitrage de Phillips entre chômage et
inflation est pertinent au sein de chaque sous-catégorie (situation keynésienne, situation classique).
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Tableau 6 :
les coûts Puisqu’il y a du chômage classique, des impôts, augmentation des taux d’intérêt.
budgétaire restrictive.
• la régulation par les prix. Ce sont eux qui s’adaptent en premier à tout choc extérieur sur
l’économie. Une modification de la demande débouche sur leur déformation, il y a inflation
par la demande,
• systématiquement, on peut parler de chômage par les coûts, car le chômage se résorbe par une
baisse des salaires,
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• l’outil de politique économique d référence est la politique monétaire. Ce qui veut dire que
l’acteur de référence est la Banque centrale rendue indépendante. La hausse des taux d’intérêt
limite le crédit bancaire et ipso facto la quantité de monnaie en circulation, ce qui contient
l’inflation. En cas de chômage, la baisse des taux favorise l’investissement même si la
politique monétaire n’agit qu’en soutien à la baisse du coût salarial,
• le cycle économique est monétaire, car c’est un cycle de Juglar lié en particulier à
l’excédent/déficit commercial.
Cet ensemble nourrit ce que l’on appelle des politiques de l’offre ;
celle dite keynésienne suppose :
• la régulation par les quantités. Les prix sont rigides et ce sont les quantités qui doivent
s’adapter aux chocs et aux mutations de l’économie. En particulier, c’est la quantité de travail
utilisé qui permet au système de retrouver un équilibre et il existe des équilibres de sous-
emploi. Il y un chômage par la demande, c’est-à-dire par manque de débouchés,
• systématiquement, on parle d’inflation par les coûts. Les entreprises, puisque les prix sont
rigides, ne procèdent à des hausses de ces prix que contraintes et forcées. C’est parce que des
agents économiques sont en position de force qu’elles doivent subir leur diktat dans
l’évolution de leurs coûts,
• le cycle économique repose sur la dynamique de l’investissement dont le lissage est assuré par
les stabilisateurs automatiques budgétaires ou la gestion de l’investissement public.
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• elle reportait dans le temps les problèmes en les concentrant dans la dette publique ;
• elle définissait à chaque acteur de la politique économique un rôle clairement identifié.
• La première était que cette inflation ne correspondant pas aux résultats des schémas
concurrentiels traditionnels, l’économie souffrait d’une mauvaise organisation des systèmes
concurrentiels. D’où les première politiques tendant à favoriser la concurrence dont on trouve la
traduction dans le traité de Rome et- dans la relecture de la loi antitrust aux Etats-Unis ;
• La seconda faisait de l’inflation une conséquence indirecte de la réduction du chômage : c’est
le schéma de la courbe de Philips.
Mais il a bien fallu admettre qu’elle était avant tout la sanction des erreurs de politique
économique dans la lutte contre le chômage, c’est-à-dire la sous-estimation de la composante
classique. En 1979, au G7de Tokyo, les dirigeants des principales économies développées ont
décidées de mettre la lutte contre l’inflation au centre des préoccupations, ce qui signifiait qu’il fallait
opérer un rééquilibrage dans la combinaison classique/keynésien de leur politique économique.
Assez paradoxalement, si les Etats-Unis furent à l’origine des décisions de Tokyo, dans les
faits, ils ont maintenu une forte composante keynésienne dans leur politique économique. En
revanche, les Européens ont pris un tour inverse consistant à privilégier la composante classique. Dès
1976, l’Allemagne, en s’opposant aux stratégies dites des »locomotives de la croissance » tendant à
demander aux pays en excédent extérieur d’augmenter leur déficit budgétaire pour soutenir l’activité
économique mondiale après le premier choc pétrolier, a marqué le premier tournant vers un abandon
progressif de politiques trop strictement keynésiennes. L’Angleterre a suivi avec les réformes de M me
Thatcher et la France a emboité le pas à compter de 1983, avec notamment les réformes de Pierre
Bérégovoy.
Le résultat est l’importance considérable en Europe de la Banque centrale. En menant selon
l’évaluation qu’en donne l’application de la règle de Taylor une politique monétaire plutôt
accommodante, elle a essayé de favoriser la réduction du chômage classique qui, pour être vraiment
effective en zone euro, dépend maintenant d’une amplification de la baisse du coût salarial, c’est-à-
dire très concrètement d’une grande flexibilité sur le marché du travail.
Les Etats-Unis privilégient toujours la composante keynésienne, organisant le déficit budgétaire non
pas par augmentation des dépenses publiques mais par une baisse des impôts. La pression fiscale
américaine en 2007 était de 16 % du PIB contre 21% sous Clinton et 18 % sous Kennedy. Comme le
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chômage n’y est pas exclusivement keynésien, les Etats-Unis subissent en retour l’inflation, c’est-à-
dire un déséquilibre offre/demande. Cette inflation ne se traduit en ce moment pas par de la hausse
des prix mais par un apport extérieur d’offre venu d’Asie. La politique keynésienne américaine réduit
le chômage keynésien de la planète et pas seulement le chômage américain.
Les débats du G20
Ce qu’ont montré les réunions du G20 depuis 2008 c’est que la crise a plutôt amplifié cette
opposition de conception de politique économique entre les Américains et les Européens. Pour les
Européens, en vitesse de croisière, l’économie est classique. La croissance vient du progrès technique
et de l’augmentation de la population active. La production connaît des à-coups, oscillant autour de
son potentiel. La politique budgétaire se fonde sur les stabilisateurs automatiques : en phase de
ralentissement, les pertes fiscales creusent le déficit tandis qu’on engage des excédents en phase
d’expansion. Aller au-delà n’a guère de sens, car l’équivalence ricardienne joue à plein : tout déficit
public significatif accroît la demande publique mais contracte la demande privée par apparition d’une
épargne destinée à faire face aux remboursements à venir de la dette née de ce déficit.
La crise est un moment keynésien violent auquel il faut répondre par un déficit public calibré.
En France, dans le cycle normal, les années fastes, le taux d’utilisation des capacités de production est
de 88 %. Au moment du ralentissement cyclique, ce taux descend à 85 %. En 1993, on était descendu
à 79 % tandis que le chômage touchait trois millions de personnes. La réponse fut de laisser le déficit
atteindre 6 % du PIB. En 2009, le taux d’utilisation des capacités de production est descendu à 70 %.
Commentant la situation économique mondiale de 2009, Olivier Blanchard, le responsable des études
économiques du FMI, a énoncé les deux recommandations de politique économique à mettre en
œuvre face à cette plongée keynésienne dans la récession : il faut soutenir le secteur bancaire pour
éviter tout crédit crunch ; il faut augmenter l’investissement public.
Les Européens s’y sont employés sachant que dès la sortie de crise, il faudra revenir à la
logique du PSC.
Pour les Américains, le monde connaît un gigantesque arbitrage de Phillips lié au chômage
déguisé dans les pays émergents. Il y a des potentialités énormes de croissance dans le monde dues à
l’existence de populations rurales sous-employées en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. C’est
ce chômage qui justifie la poursuite des politiques de relance au niveau mondial. Le problème de fond
est que ce chômage est en grande partie classique, c’est-à-dire que pour l’instant, les usines
susceptibles d’absorber l’exode rural des pays émergents n’existent pas encore.
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