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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

COURS 2
LES MARCHES

PARTIE 2 – LE FONCTIONNEMENT DE L’ECONOMIE DE MARCHE


CHAPITRE 1 – LA CONCURRENCE EN ECONOMIE DE MARCHE

SECTION 1 – LES ECONOMIES DE MARCHE

A – LES CARACTERISTIQUES DES ECONOMIES DE MARCHE

1 – Définitions

Le capitalisme est un système économique qui repose sur la propriété privée des moyens de
production et l’allocation décentralisée des ressources par les marchés. Il est caractérisé par
l’existence du salariat qui tire ses ressources du travail. Le moteur de la dynamique capitalistique est
l’accumulation du capital qui découle de la recherche de profit. Le capitalisme est associé à
l’économie de marché.

Economie de marché : système économique dont le mode de régulation et la coordination sont


assurés par le marché, c'est-à-dire par la confrontation de l’offre et de la demande, et la réalisation
de l’équilibre par l’ajustement du prix.

Le capitalisme s’appuie sur les libertés économiques dont les valeurs sont portées par le libéralisme
économique.

Libéralisme : doctrine économique qui considère que la régulation par le marché est la meilleure
pour le fonctionnement de l’économie. Il repose sur l’affirmation de la souveraineté individuelle, la
méfiance vis-à-vis de l’intervention de l’Etat.

2 – Les principes fondamentaux du système capitaliste

Karl Max : dans la vision marxiste, le mode de production capitaliste se caractérise par la division de
la société en deux groupes antagonistes : les propriétaires des moyens de production qui achètent la
force de travail, et les prolétaires qui, pour vivre, vendent leur force de travail. Le critère de la
propriété des moyens de production est déterminant car il commande l’exploitation de la force de
travail pour réaliser la plus-value.

Schumpeter : le capitalisme repose sur la figure de l’entrepreneur qui met sur le marché les
innovations, qui est responsable de l’efficacité de la gestion de l’entreprise et des conditions de la
croissance de l’entreprise. L’investissement est le vecteur du développement des innovations.

Sombart, la définition du capitalisme peut être synthétisée en trois notions :

- l’esprit du système avec la recherche du profit et la concurrence qui nécessitent


l’acceptation de risque ;
- les institutions avec la propriété privée des moyens de production, la liberté des
transactions et l’économie de marché ;

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- la dimension technique avec l’accumulation de capital productif mais aussi dans les
économies capitalistes contemporaines du savoir-faire et de compétences.

La régulation par le marché est plus ou moins présente selon les formes de capitalisme. Dans le
modèle de marché libéral l’Etat joue un rôle minimal. Certaines formes de capitalisme en Asie ou en
Europe sont caractérisées par un rôle plus fort de l’Etat, donc une place moindre accordée à la
régulation par le marché.

3 – Les mutations du capitalisme

L’essor des nouvelles technologies diminue les coûts de transaction de la mise en réseau des
entreprises. Les choix industriels se font à l’échelle mondiale (internationalisation, délocalisation,
externalisation) et façonnent la mondialisation économique.

La conception et le rôle de l’Etat ont connu un tournant entre les deux guerres. De l’Etat minimal du
XVIIIe siècle, l’Etat est devenu providence pendant les Trente glorieuses. Il est remis en cause dans
toutes les formes du capitalisme depuis le tournant libéral des années 1980.

La détention de la propriété a beaucoup évolué. La propriété qui appartenait au créateur et à sa


famille s’est transformée avec la globalisation financière de la fin du XXe siècle au profit d’un
financement par le marché avec des entreprises cotées dont l’actionnariat est dispersé (investisseurs
institutionnels étrangers dans les capitaux propres). Les groupes familiaux n’ont pas pour autant
disparus, même cotés en bourse (Peugeot, Mulliez, Michelin, Bouygues), et identifient certaines
formes de capitalisme (conglomérats familiaux en Inde).

Le progrès technique qui accompagne le capitalisme avec les innovations change à la fois les modes
de production mais aussi les modes de consommation. Les NTIC ouvrent de nouvelles perspectives
sociétales : redistribution du pouvoir à de nouveaux acteurs (contestation altermondialiste,
consommateur) dématérialisation et ouverture des réseaux qui redessinent les rapports sociaux,
développement durable et montée en puissance de l’économie de la connaissance.

Des modifications dans la hiérarchie des puissances économiques ont lieu. Le rattrapage des pays
émergents s’amorce. Le XXIe siècle sera – t – il celui de l’Asie ?

B – TROIS EXEMPLES D’ECONOMIE DE MARCHE

1 – La convergence vers le modèle anglo-saxon : les Etats-Unis

Les formes de capitalisme se rapprochent depuis les années 1990 du modèle de marché. Le modèle
anglo-saxon repose sur le libre jeu des marchés, la flexibilité des prix assurant les équilibres
économiques. Les entreprises sont contrôlées par les actionnaires, se financent sur les marchés
financiers et sont donc orientées vers le court terme. L’Etat joue un rôle minimal dans la mesure où
l’accent est mis sur les coûts de la fiscalité et de la protection sociale qui découragent travail et
épargne. L’Etat ne peut répondre aux défaillances de marché car pour les libéraux il souffre de
défaillances encore plus importantes, dont la bureaucratie et la capture par les intérêts privés.

Ce modèle s’est popularisé s’est popularisé car les anglo – saxons ont pris à partir des années 1980
un avantage sur les autres pays en termes de niveau de vie, de taux d’activité sur le marché du
travail, d’innovation et de capacité à faire émerger des champions nationaux sur les secteurs

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porteurs. Ce modèle se caractérise par des inégalités de revenus fortes, un endettement élevé des
ménages et des déséquilibres extérieurs persistants liés au dynamisme de la consommation. Les
dépenses publiques y sont faibles et la protection sociale ciblée sur les plus pauvres est financée par
des prélèvements obligatoires plus faibles que dans les autres pays. La majorité de la population
s’assure individuellement et capitalise pour sa retraite.

La crise financière de 2008 dont le foyer est le modèle anglo-saxon a remis en cause la convergence
vers ce modèle dont les limites sont apparues. Le modèle anglo-saxon se poursuit sous l’influence
de l’intégration économique en Europe. Les marchés financiers gagnent du terrain en Allemagne
dont le financement des entreprises s’est fait historiquement par les banques. La protection de
l’emploi pointée du doigt pour les mauvaises performances des pays européens a conduit à
flexibiliser le marché du travail, à réduire les indemnités chômage.

Le principe de gouvernance d’entreprise (corporate governance) et la création de valeur pour


l’actionnaire se généralisent, donnant plus de pouvoir aux investisseurs institutionnels et remettant
en cause la gestion partenariale (marque de fabrique allemande). La mondialisation économique
exerce une pression vers la libéralisation.

2 – La transformation d’une économie mixte : la France

Depuis les années 1980, le capitalisme français dans lequel les institutions publiques ont une place
importante et une tradition interventionniste ancienne (« colbertisme ») a incorporé des éléments
du modèle anglo – saxon.

a. Avant les années 1980

Le modèle français est marqué par une présence forte de l’Etat qui s’est construit pendant les
trente glorieuses à travers son action d’Etat-providence avec la redistribution, des politiques
économiques keynésiennes actives au chevet de la croissance économique, une implication dans le
financement administré de l’économie avec des banques nationalisées et un activisme industriel
(nucléaire, TGV, Concorde). Le système industriel comprend de grandes entreprises dont le capital
est structuré par des participations croisées et des PME.

La France avait donc les caractéristiques d’une économie mixte dans laquelle coexistent des
entreprises privées et un secteur public où l’Etat fournit des biens et services au public. Le secteur
public n’est pas astreint à la maximisation du profit, ce qui fait que l’on peut le soupçonner d’être
moins enclin à la recherche de la minimisation des coûts et l’efficacité économique. Le choix de la
rigueur à partir de 1983, les obligations de l’intégration européenne (dérégulations, privatisations) et
la convergence pour préparer l’euro ont conduit l’économie française à adopter des traits du modèle
libéral.

Une économie mixte se caractérise par la coexistence d’entreprises privées et d’un secteur public
dans lequel fournit des biens et services au public. Ceux – ci peuvent être marchands (électricité,
téléphonie, transports publics) ou non marchands (éducation, santé).

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b. Après les années 1980

La globalisation financière par laquelle s’est diffusé le modèle libéral à partir des années 1980 a
modifié un certain nombre de caractéristiques du modèle de capitalisme français. Cette mutation
d’un capitalisme national à un capitalisme mondial financier s’observe dans plusieurs domaines. Les
privatisations dans le domaine bancaire ont ouvert la voie à la désintermédiation financière mais
également à une implication des banques françaises sur les marchés financiers. Le capital des valeurs
du CAC 40 (Cotation Assistée en Continu des 40 grandes firmes françaises cotées) est détenu pour
moitié par des investisseurs étrangers dont les fonds de pension américains qui orientent la stratégie
vers le court terme et la rentabilité immédiate pour l’actionnaire. Les principes de gestion
comptables, ou les obligations d’information pour les actionnaires, sont de plus en plus conformes
aux prescriptions du modèle anglo-saxon. L’Etat n’est plus impliqué directement dans le
financement de l’économie et dans l’industrie en étant actionnaire dans les grandes firmes. L’Etat a
perdu le contrôle national sur certaines firmes.

Cependant, certaines caractéristiques demeurent. La protection sociale reste élevée et résiste à


l’ouverture de l’économie française. De plus, l’Etat est toujours un catalyseur attendu tant au niveau
de la négociation syndicale qu’au niveau de l’incitation économique en direction des acteurs privés

3 – Le boom de l’économie socialiste de marché : la Chine

La Chine est un pays en développement qui s’est développé en adaptant l’économie de marché à son
organisation politique. Des déséquilibres économiques menacent son modèle de développement.

a. Les ressorts de la croissance économique

La Chine devient communiste en 1949. La politique basée sur le communisme est remise en cause à
la fin des années 1970 par Deng Xiaoping qui décide d’ouvrir le pays aux investisseurs étrangers.
Aujourd’hui le secteur privé assurerait les deux tiers de l’activité économique chinoise. Les frontières
entre privé et public sont floues et la croissance des entreprises ne peut se faire sans le soutien de
l’administration locale et de l’Etat-parti. De plus, les 29 plus grandes entreprises chinoises sont
majoritairement ou totalement détenues par l’Etat. Cela relativise la pertinence de la distinction
privé/public dans le cas de l’économie chinoise.

L’économie chinoise a maintenu des taux de croissance de 10 % pendant la récession planétaire en


2009 et elle a supplanté l’économie japonaise avec un PIB nominal de 5878 milliards de dollars, 4 ns
après avoir dépassé l’Allemagne.

La croissance chinoise est stimulée depuis plusieurs décennies par une industrialisation tirée par les
exportations de produits manufacturés appuyés par une monnaie sous – évaluée.

La Chine s’appuie sur l’abondance de la main d’œuvre non qualifiée qui constitue un avantage
comparatif dans la mondialisation économique.

b. Les déséquilibres du modèle chinois

L’intervention de l’Etat est source de distorsions (grandes banques d’Etat chinoise, monopoles dans
des industries majeures : télécommunication, services financiers, énergie) et la répartition des

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revenus est très inégalitaire. Le rattrapage des revenus des pays riches produit mécaniquement une
hausse de salaire et des prix.

Le taux d’épargne est très élevé en Chine en raison notamment de l’absence d’une protection sociale
suffisante, et par conséquent la consommation est faible. L’économie chinoise, tout comme les
autres économies émergentes, fait face à un ralentissement sévère de son économie depuis 2014.
Les exportations diminuent et l’Etat chinois puise dans ses réserves de change pour soutenir la
monnaie chinoise face à la fuite des capitaux. Un budget présentant un déficit est aussi utilisé pour
relancer l’activité économique et atteindre un taux de croissance de 7 %, bien en deçà des 10 % du
début des années 2000.

Ce constat rejoint les préconisations faites à la Chine pour rééquilibrer son modèle de
développement économique en stimulant la consommation des ménages par les hausses de salaires,
en libérant les taux d’intérêt et en laissant s’apprécier sa monnaie.

La Chine n’a pas de système fiscal (pas d’imposition sur les bénéfices par exemple). La Chine par ses
fonds souverains investit à l’étranger, porte l’économie américaine en achetant des bons du trésor.
La Chine est le client des économies allemande et japonaise. L’équilibre de l’économie mondiale est
aujourd’hui largement dépendant de la santé de l’économie chinoise et de ses choix de politique
macro-économique

SECTION 2 – LA CONCURRENCE EN ECONOMIE DE MARCHE

A – LA VARIETE DES STRUCURES DE MARCHE

Un marché est un lieu où se confrontent une offre et une demande. Il existe différents types de
marchés selon la nature des produits échangés. On peut distinguer :

- Le marché des biens et services (le marché des biens de consommation, le marché des
matières premières et de l’énergie, le marché des services, le marché des biens
d’équipement) ;
- Le marché des capitaux qui le marché monétaire (créances de court terme) et le marché
financier (créances de long terme) ;
- Le marché du travail.

En fonction des positions des offreurs et des demandeurs, il est possible de distinguer différentes
situations concurrentielles allant de la concurrence pure et parfaite au monopole. Le critère le plus
fréquemment utilisé pour dresser une typologie des formes de marché est le nombre d’offreurs et de
demandeurs. En fonction de ce critère, le tableau de Stackelberg permet de distinguer neuf types de
marchés

LE TABLEAU DE STACKELBERG (cours)

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B – LE MARCHE DE CONCURRENCE PURE ET PARFAITE

1 – Les conditions de la concurrence pure et parfaite

La concurrence pure et parfaite, issue de la théorie néoclassique, décrit les conditions d’un marché
idéal dans lequel les entreprises prennent le prix comme une donnée. C’est une structure de marché
qui se rencontre lorsque cinq conditions sont réunies.

a. Atomicité des offreurs et des demandeurs

Il existe un très grand nombre de vendeurs et d’acheteurs sur le marché ; aucun agent particulier n’a
un poids suffisant pour influencer les résultats du marché. Un producteur ne peut fixer lui-même le
prix. Il est obligé de le prendre comme une donnée : on dit qu’il est « preneur de prix » (price taker).

b. Libre entrée sur le marché

A tout moment, n’importe quel agent est libre de participer ou de ne pas participer à l’activité du
marché. Une entreprise est libre de s’établir sur un marché ou de changer de branche si elle a une
opportunité de profit.

c. Homogénéité du produit

Toutes les entreprises produisent un bien homogène, c’est-à-dire considéré comme identique par les
acheteurs. Ces derniers sont donc indifférents entre deux vendeurs car les caractéristiques objectives
des produits sont les mêmes et il n’y a pas d’éléments subjectifs qui pourraient les différencier
comme le logo ou la marque.

d. Mobilité des facteurs de production

Les facteurs de production sont parfaitement mobiles. Le travail et le capital peuvent donc se
déplacer librement et sans délai d’une entreprise à une autre ou d’un marché à un autre. Ainsi, les
salariés sont mobiles géographiquement, et le capital peut changer de branche pour lancer un
nouveau producteur.

e. Transparence de l’information

L’information des différents agents intervenant sur le marché est parfaite, c’est – à – dire disponible
immédiatement et sans coût. Tout le monde connaît en même temps et gratuitement les quantités
et les prix. La baisse d’un prix attire sans délais tous les acheteurs du marché qui ont l’information et
qui ne supportent pas de coûts de transports pour changer de vendeur.

2 – Les différents types de coûts

a. Coûts fixes, coûts variables et coût total

On distingue les coûts fixes, qui sont indépendants des quantités produites (machines…) et les coûts
variables qui évoluent avec le volume de la production (matières premières, etc…). La somme des
coûts fixes et des coûts variables donne le coût total. Les coûts variables peuvent être proportionnels
ou non proportionnels aux quantités produites.

Coût Total = CT, Coût Fixe = CF, Coût Variable = CV, Production = P

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Le coût total de production est égal à la somme des coûts fixes et des coûts variables de production.

b. Coût moyen et Coût marginal

Le coût moyen (CM) est égal au rapport du coût total et des quantités produites. Il correspond au
coût par unité produite.

CM = CT / P

Le coût marginal (Cm) est l’augmentation du coût consécutive à la production d’une unité
supplémentaire. On dit aussi qu’il correspond au coût de la dernière unité produite.

Cm = Var CT / Var P

c. Application

TABLEAUX (cours)

La courbe du coût marginal coupe celle du coût moyen en son minimum. L’entreprise continuera à
produire une unité supplémentaire jusqu’à ce que le coût de cette unité (coût marginal) soit égal au
prix sur le marché. Cependant, si le prix de marché se situe en déca du coût moyen (coût par unité
produite), le profit de l’entreprise est négatif (prix de vente = Cm<CM). On peut dire que la courbe
de coût marginal, qui se trouve au-dessus du minimum du coût moyen, constitue la fonction
d’offre de l’entreprise, en fonction du prix du marché.

3 – La formation des prix en situation de concurrence pure et parfaite

Le prix est déterminé par l’équilibre entre de l’offre et de la demande sur le marché.

Schéma (voir cours)  : l’équilibre de marché

a. A court terme

Le prix est fixé par le marché et les offreurs produisent jusqu’à ce que le coût marginal égalise ce prix.

La recherche du profit maximal

Le prix s’impose à l’entreprise, quelles que soient les quantités que celle-ci souhaite vendre (droite
horizontale D). Une firme qui cherche donc à maximiser son profit doit égaliser le prix de vente au
coût marginal. Cette règle donne le comportement d’une firme sur un marché de concurrence pure
et parfaite.

SCHEMA (cours)

CM : coût moyen de la firme

Cm : coût marginal de la firme

D : la demande qui s’adresse à elle et lui indique le prix du marché

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L’entrepreneur va fixer sa production à OA (QA), niveau de production pour lequel le coût marginal
est égal au prix AB (ou OE, ou PE ou prix de vente). Dans cette situation la firme fera un profit unitaire
de BC (Prix de vente – Coût moyen : AB – AC = BC).

Multipliant le profit unitaire par la quantité vendue OA (QA), on obtient le profit maximum,
représenté par la surface hachurée CBEF. La quantité OA est bien, pour la firme considérée, la
quantité d’équilibre qui permet à cette firme de maximiser son profit.

En d’autres termes, pour un coût marginal égal au prix de vente, l’entreprise détermine sa quantité à
produire QA. Pour cette quantité QA, son coût moyen (CM) est AC ou OF ou PF. Pour cette même
quantité QA (OA), son coût total (CT) est égal à OFXQA, et sa recette totale (RT) à OEXQA. Son profit
est représenté par la zone hachurée : OE X QA – OF X QA. Le profit de l’entreprise est égal à la
différence entre sa recette totale (RT) et son coût total (CT).

b. A long terme : l’équilibre de plusieurs firmes

Chaque firme recherche la maximisation du profit et trois types de situation peuvent se présenter.
Soit trois firmes différentes F1, F2 et F3.

Une même demande (D) s’adresse aux trois firmes, leur imposant un prix de marché égal à OE. Les
trois firmes décident une production OA qui assure l’égalisation des prix à leur coût marginal. Les
résultats obtenus sont cependant très différents : F1 réalise un profit représenté par CBEF qui est le
profit maximal possible, F2 vend à un prix qui couvre tout juste son coût moyen et, donc ne réalise
pas de profit ; F3 fait une perte égale à CBFE car le prix de vente est inférieur à sa courbe de coût
moyen. En principe F3 doit se retirer.

SCHEMA (cours)

C – BIENFAITS ET LIMITES DE LA CONCURRENCE

1 – La théorie néoclassique

a. Equilibre général

Le modèle décrit précédemment permet de montrer l’existence d’un système de prix qui égalise les
offres et les demandes globales sous les hypothèses de concurrence pure et parfaite. A ces prix, les
plans des agents sont compatibles entre eux et peuvent se réaliser conduisant à un équilibre général
sur l’ensemble des marchés (Walras).

Dans ce cas, un théorème affirme que tout équilibre concurrentiel sera forcément un optimum de
Pareto.

Un optimum de Pareto est une situation dans laquelle on ne peut pas améliorer la situation d’un
agent économique sans détériorer celle d’au moins un autre agent économique.

Cette situation d’équilibre « Pareto optimal » en concurrence pure et parfaite est considérée comme
une situation vers laquelle il faut tendre pour les néoclassiques. L’équilibre concurrentiel parce qu’il
est un optimum de Pareto maximise le bien être des agents économiques. Il ne s’agit pas d’un critère
de justice sociale ou d’un jugement sur l’équité de l’équilibre de marchés mais d’un critère
d’efficacité de l’allocation des ressources.

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b. Equilibre partiel

Sur un marché, les entreprises sont incitées à abaisser leurs coûts en combinant au mieux leurs
facteurs de production pour obtenir un profit maximal. Sur un tel marché, les demandeurs peuvent
se procurer des biens et services à un prix plus bas que ceux proposés sur d’autres types de marché.
Un plus grand nombre de demandeurs peut donc être satisfait. Les échanges se développent car
acheteurs et vendeurs y retirent un avantage. La situation de concurrence pure et parfaite sur un
marché maximise le surplus du consommateur et le surplus du producteur qui est son profit. Enfin,
ce marché de concurrence stimule l’innovation destinée à mieux répondre aux besoins du client.

2 – Analyse dynamique de la concurrence

a. Hayek

La concurrence, selon Hayek, conduit à la satisfaction dans la société en augmentant le bien être
matériel, les libertés et les progrès de la civilisation.

La concurrence est un moyen de coordonner les efforts individuels de façon décentralisée des
agents qui prennent leurs décisions en regardant les prix.

EXEMPLE  : sur le marché du travail, chacun choisit l’emploi le mieux payé qui est aussi mieux payé
car les compétences utiles à la société ont plus de valeur.

Plus généralement, pour Hayek, les prix sont des vecteurs d’information : connaître le prix d’une
chose, c’est savoir si cette chose est demandée ou non, si elle est rare ou non.

EXEMPLE  : si le prix du pétrole augmente, les ménages automobilistes réduisent leurs déplacements
et choisissent de se rapprocher de leur travail.

La concurrence est donc avant tout un moyen de coordination. C’est pour cela, selon Hayek, que
l’Etat ne doit surtout pas intervenir dans le fonctionnement du marché. Les qualités des marchés
sont des qualités que l’Etat ne possède pas : réactivité et adaptation, transparence de l’information,
sanction des erreurs individuelles et ubiquité.

En modifiant les prix, l’Etat risque de distordre l’information et d’amener les individus à prendre de
mauvaises décisions.

b. Schumpeter

Pour Schumpeter, le capitalisme est un processus de destruction créatrice qui engendre des
innovations (produits nouveaux, nouvelles techniques, nouveaux marchés) à l’origine des cycles
économiques.

Selon Schumpeter, l’économie capitaliste est caractérisée par la nécessité d’innover pour les
entreprises afin de dégager un profit temporaire lié au monopole d’exploitation de l’innovation.
Schumpeter met en avant des innovations majeures qui bouleversent l’organisation économique et
qui sont à l’origine des cycles longs. On parle de grappes d’innovations qui sont à l’origine des
phases de croissance des cycles. L’expansion se poursuit jusqu’à la maturité de la production.
Lorsque la demande stagne, les prix chutent en précipitant la récession. L’apparition de nouvelles
innovations accélère ce mouvement. Schumpeter parle de destruction créatrice.

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Schumpeter défend en ce sens le marché qui stimule l’esprit d’entreprise et récompense les
initiatives innovantes. Contrairement à Marx, ce ne sont pas les échecs du capitalisme qui conduisent
à sa perte mais au contraire ses succès, des groupes monopolistiques se constituant par le rachat des
firmes les moins efficaces.

Après une période dominée par la pensée keynésienne et par la conviction que la croissance et le
plein-emploi pouvaient être atteints par des politiques économiques appropriées, c’est désormais
l’initiative individuelle, la capacité d’innovation et la compétitivité des entreprises qui sont
privilégiées.

3 – Bénéfices et coûts de la concurrence

a. Les bénéfices de la concurrence

Les bénéfices de la concurrence sont bien identifiés.

Baisse du prix pour le consommateur que ne garantissent pas les situations de monopole ou
oligopole qui facilitent les ententes au détriment des consommateurs. La conséquence est qu’en
l’absence de concurrence le service est tarifié trop cher ce qui réduit le pouvoir d’achat des
consommateurs et provoque une sous-consommation.

Efficacité et innovation avec les choix technologiques et des modèles économiques plus innovants ce
qui génère des gains de productivité avec les entreprises en place qui s’améliorent mais aussi parce
que les plus faibles disparaissent. L’innovation des monopoles est faible car ils ne veulent pas
cannibaliser les produits existants qui sont les leurs (exemple des taxis qui s’appuient sur des
applications mobiles permettant la géolocalisation).

Liberté économique du marché avec les acteurs économiques qui en situation de concurrence ne
peuvent obtenir de rentes par la corruption et les décideurs publics privilégier des fournisseurs par le
favoritisme, ce qui aboutit à des prix plus élevés pour les consommateurs.

b. Limites du mécanisme concurrentiel

Les limites du mécanisme de concurrence sur les marchés ne remettent pas en cause pour Hayek
l’efficacité du mécanisme même s’ils existent.

La volatilité des prix peut empêcher de prendre les bonnes décisions quand les prix s’ajustent en
permanence et que l’instabilité empêche les choix d’investissement.

L a finance offre de nombreux exemples de comportements qui entravent le bon fonctionnement du


marché comme la spéculation, les bulles financières ou les comportements mimétiques (quand tout
le monde vend en observant les autres le faire).

La concurrence est aveugle, elle dissout le pouvoir entre des millions d’individus mais ne se
préoccupe pas de justice sociale ou d’égalité des chances car le marché est un mécanisme de
récompense des plus méritants mais aussi parfois des plus chanceux.

L’adaptation aux forces concurrentielles venues d’ailleurs, incompréhensibles, qui suscite


incompréhension, sentiment d’injustice. Cela représente une menace pour Hayek la dynamique
concurrentielle.

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CHAPITRE 2 – LA CONCURRENCE IMPARFAITE ET LES DEFAILLANCES DE MARCHE

La concurrence imparfaite se rencontre à chaque fois qu’une condition de la concurrence pure et


parfaite n’est pas vérifiée. On peut donc dire que la concurrence imparfaite constitue la règle dans la
réalité.

SECTION 1 – LES IMPERFECTIONS DE LA CONCURRENCE

A – LE MONOPOLE

1 – Définition

Le monopole est une entreprise qui se trouve seule à produire un bien ou un service et doit donc
satisfaire la totalité de la demande exprimée sur le marché correspondant.

Pour l’essentiel, les raisons de l’existence d’un monopole entrent dans l’une des catégories
suivantes :

Le monopole d’innovation, particulièrement étudiée par Schumpeter, cette catégorie rassemble les
entreprises qui, à la suite d’une innovation technique, créent un nouveau produit et se trouvent
temporairement seules à le distribuer sur le marché. On peut, par exemple, penser à Apple sur le
marché de l’iPod, rapidement rejoint par la suite par d’autres sociétés comme Sony. Le dépôt de
brevets permet de protéger le monopole d’innovation pendant un certain temps.

Le monopole légal, lorsqu’il existe des obstacles réglementaires ou législatifs à l’entrée de


concurrents sur le marché, un monopole pourra exister. Un bon exemple de monopole légal en
France était celui des télécommunications. Seul France Télécom avait le droit de proposer
abonnements et communication avant que les autorités françaises n’autorisent le découpage total.

Le monopole naturel, les conditions techniques de production et la taille du marché font qu’à long
terme, des entreprises concurrentes ne sont jamais rentables. IL est plus efficace de confier la
production à une production à une entreprise unique (EDF, SNCF…)

2 – La formation des prix sur un marché de monopole

Le monopole ne prend plus le prix comme une donnée (comportement de price taker d’une
entreprise en concurrence) mais va, au contraire, fixer lui-même le prix (price maker). Le monopole
veut maximiser son profit et il dispose d’un degré de liberté supplémentaire dans la mesure où il
peut fixer son prix.

Le monopole adopte comme règle d’équilibre l’égalisation de la recette marginale au coût


marginal. Le producteur a intérêt à produire jusqu’à ce que le coût marginal soit égal à la recette
marginale (recette apportée par la dernière unité vendue, recette plus faible que la recette
provenant de la vente de l’unité précédente, utilité marginale décroissante oblige).

En situation de concurrence pure et parfaite, les entreprises produiraient jusqu’à ce que le coût
marginal égalise le prix du marché ; elles offriraient plus de produits et à un prix moins élevé que
celui du monopoleur. Le monopoleur réalise un profit plus élevé que les entreprises en situation de
concurrence pure et parfaite.

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SCEMA (VOIR COURS)

3 – Les avantages et les inconvénients du monopole

Le monopole n’est pas une situation de marché a priori souhaitable pour le consommateur.
L’entreprise utilise sa position pour réaliser des profits au détriment du consommateur. L’innovation
(dans un nouveau produit, par exemple) permet à la firme de créer un marché et de détenir sur celui-
ci à une position de monopole temporaire dont elle tire le plus grand profit possible (c’est la thèse de
Schumpeter). Cette innovation peut aussi être bénéfique pour le client, mais, peu à peu, la firme va
diminuer ses efforts de recherche, développement et innovation qu’elle juge coûteux.

Mais ce n’est pas toujours vrai. En effet, une entreprise en situation de monopole peut se sentir
menacée par l’arrivée probable de nouveaux concurrents, provoquée par la disparition de barrières à
l’entrée de son marché dont la cause est législative (libéralisation des marchés européens, par
exemple) ou technologique (apparition de nouvelles technologiques de communication qui abaissent
considérablement le coût d’investissement, par exemple).

B – LES AUTRES SITUATIONS DE CONCURRENCE IMPARFAITE

1 – Le cartel

Le cartel est un ensemble de producteurs qui s’entendent, sur un marché donné, pour réduire la
quantité produite et/ou faire monter les prix. Un des cartels les plus connus est celui des pays
producteurs de pétrole, l’POEP.

2 – La concurrence monopolistique

Elle est une forme de marché où les offreurs proposent des produits différenciés sur un créneau de
marché sur lequel ils vont détenir une situation de monopole. Cette différenciation peut être
obtenue en concevant des produits de meilleure qualité, en développant une forte image de marque.
Cette situation est très fréquente. Les prix sont supérieurs à ceux d’un marché de concurrence pure
et parfaite du fait que les offreurs sont en position de monopole temporaire sur leur créneau et qu’ils
doivent supporter des coûts importants.

3 – Oligopole

L’oligopole est un marché constitué d’un faible nombre d’offreurs et d’un grand nombre de
demandeurs. C’est une situation fréquente dans les secteurs très capitalistiques comme la sidérurgie
et la construction automobile. Les entreprises influencent le niveau de prix de marché ; elles peuvent
s’entendre explicitement ou implicitement sur le prix ou le partage du marché. Des vagues de
concentration peuvent expliquer l’existence d’un oligopole.

B – LES MARCHES INCONTESTABLES : UNE NOUVELLE THEORIE DE LA CONCURRENCE

Un marché contestable est un marché qui se caractérise par l’absence de coûts d’entrée et de sortie.
Cette notion résulte des travaux de l’économiste américain Baumol dans les années 1980. Selon lui,
la concurrence n’est pas liée au nombre d’offreurs et de demandeurs sur un marché mais à la
possibilité d’entrée et de sortie du marché.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

La libre entrée signifie que de nouveaux concurrents peuvent chercher à s’installer sur le marché
pour capter une partie des profits qui y sont réalisés. La libre sortie signifie que l’entreprise peut se
retirer de la concurrence sans pertes dommageables (coûts restreints). La contestabilité suppose que
l’entreprise peut s’approprier tout ou partie de la demande existante sans qu’il y ait réaction de la
part des entreprises en place. Or, on peut envisager une riposte comme par exemple une guerre de
prix.

SECTION 2 – LES DEFAILLANCES DE MARCHE

Le marché n’est toujours pas et en tout lieu un moyen parfait de régulation de l’économie. Après
avoir vu que la concurrence peut être imparfaite, abordons les situations de défaillances de marché
dans lequel il échoue à produire de façon optimale : rendements croissants du monopole naturel, les
externalités et les biens collectifs.

A – LE MONOPOLE NATUREL

Les conditions techniques de production et la taille du marché font qu’à long terme, des entreprises
concurrentes ne sont jamais rentables. IL est plus efficace de confier la production à une production
à une entreprise unique (EDF, SNCF…)

B – LES EXTERNALITES

On parle d’externalité lorsqu’un agent économique procure à autrui par son activité une utilité (un
avantage gratuit) ou une désutilité (dommage sans compensation monétaire). Les externalités
peuvent être positives comme par exemple l’installation d’un siège social d’une entreprise à
proximité d’un restaurant dans lequel la clientèle va affluer. La formation des cadres par l’Etat qui
bénéficie aux entreprises, est un exemple d’externalité positive. Dans la plupart des cas, on parle
d’externalités négatives de la part des entreprises. Les coûts externes supportés sont généralement
environnementaux : fumées, nuages toxiques, déchets, bruits, dégradation des sites, disparition
d’espèces, épuisement du sol et sous-sol.

Si les coûts externes ne sont pas répercutés dans les prix, le marché ne sera pas le meilleur système
de régulation. Dans ce cas, l’Etat sera amené à intervenir dans l’économie, par exemple en taxant les
activités privées génératrices d’effets externes négatifs. Dès lors, le système des prix reflète mieux
l’ensemble des coûts : on parle d’internalisation des coûts externes.

C – LES BIENS COLLECTIFS

Les biens ou les services collectifs se définissent par le fait qu’ils peuvent être consommés par
plusieurs personnes à la fois. De manière concrète, certains biens indivisibles ne permettent pas une
tarification individuelle : l’éclairage public par exemple. Par ailleurs, certaines infrastructures (ponts,
tunnels, ports) représentent des investissements importants qui ne peuvent être rentabilisés à court
ou moyen terme.

Ce type de biens et de services ne peuvent pas être produit par des entreprises privées sur la base de
prix de marché. Dès lors, une intervention de l’Etat est nécessaire, soit par l’intermédiaire des
subventions aux entreprises privées, soit par la production directe des biens et des services
(entreprises publiques ou services publics divers).

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

Un bien collectif pur est un bien collectif caractérisé par les propriétés de non-rivalité et de non-
exclusion.

Un bien de club : bien dont la consommation présente, comme les biens publics, la caractéristique
de non-rivalité mais pas celle de non-exclusion (exemple chaîne de télévision à péage). Le terme de
« club » fait référence aux externalités positives permises par des interactions entre les utilisateurs
(partage des connaissances, loisirs en commun, etc).

Bien de club pur : un bien public pur est un bien dont la consommation les trois caractéristiques
suivantes :

- indivisibilité de l’offre appelée aussi non-rivalité : en consommer n’empêche pas quelqu’un


d’autre d’en consommer aussi (par exemple le nombre d’auditeurs d’une chaîne radio n’est
pas limité) ;
- indivisibilité de l’usage ou non-exclusion par les prix (pas de prix à payer pour en profiter) ;
- obligation de consommer (tout le bien public est entièrement consommé par l’ensemble de
la communauté ; nul ne peut en être exclu).

La défense nationale est l’exemple type du bien public pur : nul ne peut être exclu sur le territoire de
la protection assurée par l’armée et personne ne paye un prix individuel pour cela.

Biens tutélaires : l’Etat joue un rôle pour inciter les citoyens à l’adopter de gré ou de force, des
comportements souhaitables. Il est chargé de faire respecter des valeurs considérées comme
morales par l’ensemble de la collectivité, même si individuellement certains membres trouvent
avantageux de les enfreindre. L’encouragement aux pratiques culturelles ou sportives (subventions
aux musées ou aux associations sportives), ou les politiques de lutte contre des comportements
estimés déviants (abus d’alcool, consommation de drogues, conduite trop rapide, vol, assassinat,
etc.) sont des exemples de biens tutélaires.

CHAPITRE 3 – LA REGULATION DES MARCHES

SECTION 1 – LES FONDEMENTS DE LA POLITIQUE DE REGLEMENTATION CONCURRENTIELLE

La réglementation peut se définir comme l’ensemble des obligations juridiques qui s’imposent aux
acteurs économiques pour régir le fonctionnement d’un marché. Elle se distingue de la simple
régulation qui permet au système économique de se maintenir en équilibre par les mécanismes de
marché ou une intervention de l’Etat.

Cela ne concerne pas le secteur de la concurrence que l’on peut définir comme une situation de
marché permettant une fixation des prix par la libre rencontre de l’offre et de la demande, la
concurrence pure et parfaite étant le modèle défini par l’atomicité, la mobilité, la libre entrée,
l’homogénéité et la transparence.

Sur un plan théorique, de nombreux auteurs ont montré, à travers le paradoxe de la concurrence,
que les mécanismes de marché pouvaient tendre à faire disparaître le jeu concurrentiel. Pour
Schumpeter, par exemple, la concurrence engendre une compétition dans laquelle un certain
nombre d’entreprises efficaces vont en éliminer d’autres moins performantes.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

Nous avons mis en évidence un certain nombre d’imperfections de marché qui entravent
naturellement la concurrence et rendent nécessaire l’intervention de l’Etat.

SECTION 2 – LES PRATIQUES EN MATIERE DE REGLEMENTATION CONCURRENTIELLE

A – AUTORITE DE LA CONCURRENCE EN France

En 1986, le conseil de la concurrence a été créé en France. C’est une autorité administrative
indépendante qui peut sanctionner les pratiques anticoncurrentielles (ententes et abus de position
dominante).

En outre, en 1996, la loi Galland a introduit la notion de prix « prédateurs » (prix excessivement bas).

Créée par la loi de modernisation de l’économie n° 2008-776 du 4 août 2008, l’autorité de la


concurrence succède au conseil de la concurrence, qui avait été institué par l’ordonnance du 1 er
décembre 1986

L’autorité de la concurrence est une autorité administrative indépendante, spécialisée dans l’analyse
et la régulation du fonctionnement de la concurrence sur les marchés, pour la sauvegarde de l’ordre
public économique.

B – LA POLITIQUE DE LA CONCURRENCE EUROPEENNE

La politique de la concurrence est l’un des piliers de la construction européenne. Elle fait partie des
compétences communes attribuées à la CEE par le traité de Rome de 1957.

Cette politique a deux volets : les règles vis-à-vis des entreprises et celles à l’égard des interventions
de l’Etat.

1 – Les règles vis-à-vis des entreprises

a. Ententes

Il s’agit d’un accord ou d’une concertation entre plusieurs entreprises dominant le marché sur le
niveau des prix ou la quantité de la production, par exemple. Si quelques entreprises dominantes
s’accordent pour baisser les prix, afin d’attirer une clientèle plus nombreuse, elles risquent
d’entraîner la disparition de plus petites entités, qui ne pourraient suivre cette politique de baisse
des prix sans mettre en péril leur viabilité. Les ententes sont donc interdites.

b. Abus de position dominante

Il s’agit de contrôler la conduite d’une entreprise en situation dominante sur un marché donné. Le
traité de Rome ne condamne pas en soi la position dominante, mais seulement son abus. Est
considéré comme abusif tout comportement unilatéral inéquitable pour les concurrents et nuisant à
une situation normale. Si une entreprise dispose de 80 % d’un marché et décide de baisser
massivement ses prix, elle agit clairement de manière abusive et nuisible à la concurrence.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

c. Concentrations

Il faut attendre le 20 décembre 1989 pour que soit mise en place une réglementation sur les
concentrations. La commission européenne contrôle en amont les projets de fusion présentés par les
entreprises et doit ou non donner son accord.

L’interprétation très restrictive de la commission a fait l’objet de nombreuses critiques ces dernières
années, dans la mesure où les restrictions pesant sur les concentrations entre entreprises
européennes nuisaient à l’émergence de géants économiques européens capables de concurrencer
les grands groupes américains ou japonais.

2 – La politique à l’égard des interventions étatiques

Le volet de la politique communautaire de la concurrence s’inscrit également dans la logique du


marché commun. Comment imaginer une libre circulation des biens équitables, si certains Etats
subventionnent leurs entreprises, tandis que d’autres ne le font pas ?

Des articles du traité de Rome posent donc le principe général de l’interdiction des aides d’Etat,
lorsqu’elles risquent de fausser la concurrence. Sont concernées les subventions, mais aussi les
exonérations fiscales ou les garanties de prêt. Cette règle peut subir des dérogations. Un état
souhaitant accorder ce type d’aide doit préalablement obtenir l’accord de la commission.

Un autre domaine lié aux interventions d’Etat est celui des monopoles octroyés à des entreprises,
notamment dans le cadre des missions de service public.

C – AUTORITES INDEPENDANTES DE REGULATION DES MARCHES

Le désengagement relatif de l’Etat des marchés s’accompagne de la création d’agences de régulation


(Autorité de régulation des communications électroniques et des postes – Arcep…).

Les autorités indépendantes présentent trois caractères. Ce sont :

- Des autorités : elles disposent d’un certain nombre de pouvoirs (recommandation, décision,
réglementation, sanction) ;
- Administratives/publiques : elles agissent au de l’Etat et certaines compétences dévolues à
l’administration leur sont déléguées (ex : le pouvoir réglementaire) ;
- Indépendantes : à la fois des secteurs contrôlés mais aussi des pouvoirs publics.

Leur première mission est d’assurer la régulation, c'est-à-dire le fonctionnement harmonieux, d’un
secteur précis dans lequel le Gouvernement ne veut pas intervenir directement.

SECTION 3 – UNE REGULATION DE LA CONCURRENCE EN DEBAT

A – LA CONCURRENCE AU SERVICE DES CONSOMMATEURS OU DE LA SOCIETE

1 – Le choix européen

La politique de concurrence est là pour protéger le jeu concurrentiel. Elle cherche à préserver la
situation du consommateur final plus que la position des concurrents, elle vise même à empêcher la
disparition de ces concurrents face à la concentration de firmes sur le marché. Toutefois, la position

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de l’UE en matière de concurrence se distingue de la position des Etats-Unis pour définir la structure
de marché optimale qui maximiserait le bien-être total.

Les autorités de concurrence européennes se distinguent en donnant la priorité aux intérêts des
consommateurs intermédiaires et finals. Cette position appliquée trop strictement risquerait de
priver les firmes européennes de la réalisation d’économies d’échelle qui conduisent à des
rendements croissants nécessaires pour l’économie industrielle.

2 – Le choix américain

Ce risque industriel semblerait moins présent dans la politique de la concurrence menée aux Etats-
Unis. En effet, le bilan économique cherche à équilibrer les avantages dégagés par les producteurs
(qui fusionnent) et les avantages des consommateurs. La recherche de l’atomicité des marchés
(pierre angulaire de la politique de la concurrence européenne), qui vise à obtenir la dilution du
pouvoir économique comme condition essentielle de l’économie de marché, fait l’objet de
discussions parmi les économistes américains.

A cet égard, la supériorité de certaines firmes en matière d’innovation leur permettrait de réaliser un
profit monopole au sens de Schumpeter. Ces firmes pourraient exclure les autres en ayant un
comportement anticoncurrentiel. En fait, la notion d’abus de position dominante reste très vague et
ne fait pas l’objet d’une caractérisation précise.

B – LA CONCURRENCE DANS LES SERVICES PUBLICS EN RESEAU

1 – Les TIC bouleversent le paysage concurrentiel des services publics

Auparavant, il était admis que, pour les services publics qui ont besoin d’une infrastructure
importante pour diffuser leur production, la solution optimale était le monopole et non la
concurrence. Les TIC (Technologies de l’information et de la communication) permettent à de
nouvelles entreprises de pénétrer ces marchés très contrôlés et fermés. L’idée d’un monopole
naturel tendrait à disparaître.

2 – La concurrence sur le segment exploitation

Selon cette approche, l’Etat conserve l’exploitation des infrastructures dont les coûts sont très lourds
et qui limitent la rentabilité économique. Sont ouverts à la concurrence les segments d’activité qui ne
présentent pas les caractéristiques de monopole naturel.

PARTIE 3 – LES CONTRIBUTIONS DES ACTEURS FINANCIERS A L’ACTIVITE


ECONOMIQUE
CHAPITRE 1 – LE ROLE DES BANQUES DANS LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE

SECTION 1 – LA NOTION D’EPARGNE

Parmi les agents à capacité de financement, nous trouvons les ménages dont il faut comprendre le
comportement d’épargne. Cette épargne des ménages va constituer la première ressource des
banques qui vont la prêter aux agents à besoin de financement.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

A – DEFINITIONS

1 – Epargne et patrimoine

Pour l’économiste, l’épargne représente la partie du revenu qui n’est pas consommée durant une
période donnée. L’épargne correspond à la renonciation à une satisfaction immédiate au profit d’une
satisfaction future (dépense future). C’est une consommation décalée dans le temps.

L’épargne renvoie aussi à la notion de patrimoine des agents économiques. En effet, l’épargne est un
flux qui correspond à la variation du patrimoine d’un agent économique entre deux dates. Quand
le flux est positif, le patrimoine de l’agent économique, qui est son stock d’épargne, s’accroit.

2 – Agents à capacité et à besoin de financement

La comptabilité nationale va calculer la somme des flux d’épargne de chaque catégorie d’agents
économiques (ménages, entreprises et administrations). Certains agents économiques dégagent des
capacités d’épargne, appelés capacités de financement et d’autres ont des besoins d’épargne,
appelés besoins de financement, pour satisfaire leurs dépenses.

TABLEAU (VOIR COURS)

B – LES DIFFERENTES FORMES D’EPARGNE

1 – L’épargne financière et épargne non financière

a. L’épargne financière

L’épargne financière peut être placée sous la forme de placements monétaires (dépôts à terme ou
livets) ou sous la forme de placements financiers.

Il ne faut pas confondre épargne et placement, car un agent économique a aussi la possibilité de
thésauriser son épargne. Thésauriser, c’est amasser de l’argent (conservation de moyens de
paiement), sans le placer ou l’investir.

Marx (fétichisme de l’argent) puis Keynes (préférence pour la liquidité) ont insisté sur l’importance
de la thésaurisation chez les agents économiques.

La thésaurisation correspondrait à une sorte d’« épargne improductive », car elle n’est pas
réintroduite dans le circuit économique. Il s’agit d’une « fuite », selon Keynes.

b. L’épargne non financière

L’épargne non financière correspond à l’achat de logements par les ménages. Le remboursement des
prêts qui ont servi à financer l’investissement immobilier des ménages est donc de l’épargne.

2 – Les motifs de l’épargne

L’épargne reste un dilemme car, si épargner signifie préserver le futur, l’épargne entraine aussi une
moindre dépense dans le présent. Cet arbitrage entre le futur et le présent peut être rationnel, mais
aussi être la conséquence d’une aversion pour le risque, ou d’une peur de l’avenir. Cela constitue
alors une épargne de précaution.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

L’incertitude n’est pas le seul motif d’épargne des ménages. L’épargne est aussi une variable pour
ajuster le financement de projets futurs ou se préparer au paiement de dépenses contraintes.
L’épargne est donc ici une épargne forcée.

Enfin, la transmission du patrimoine ou la constitution d’un patrimoine immobilier ou financier est


le dernier motif qui conduit les ménages à épargner.

3 – L’épargne des ménages

Mesure de l’épargne des français, le taux d’épargne des ménages est égal au rapport entre l’épargne
brute et le revenu disponible brut.

Taux d’épargne = Epargne / Revenu brut

Le taux d’épargne des ménages français en 2018 est de 14, 2 % du revenu disponible brut, dont 4 %
d’épargne financière.

C – THEORIES DE L’EPARGNE

Les théories de l’épargne permettent de comprendre comment les ménages répartissent leur revenu
entre consommation et épargne et quels sont les déterminants qui influencent ce partage.

1 – Le partage du revenu entre épargne et consommation

a. La théorie classique

Les agents économiques fixent leur niveau d’épargne en fonction du taux d’intérêt qui est la
rémunération de l’épargne. L’acte d’épargner précède donc la consommation. Le taux d’intérêt est le
prix de la renonciation à la consommation. Une hausse du taux d’intérêt doit encourager les agents
économiques à substituer l’épargne à la consommation (l’effet de substitution), mais est aussi mieux
rémunérée ce qui entraîne un effet de richesse positif qui peut les amener à préférer consommer
plutôt qu’épargnes (effet revenu).

L’arbitrage entre épargne et consommation se fait en fonction du taux d’intérêt.

b. La théorie keynésienne de l’épargne résiduelle

La première décision que prend un ménage est d définir la part de son revenu courant qui est
consommée. Dans la théorie keynésienne, l’épargne est un résidu. En vertu de la loi psychologique
fondamentale, la part de l’épargne croît plus que proportionnellement à la progression du revenu.
Sur le long terme, l’épargne prend une place de plus en plus importante relativement à la
consommation.

Le taux d’intérêt joue un rôle dans un second temps en déterminant la façon dont les ménages font
leur choix entre la détention de la monnaie (placements monétaires ou thésaurisation) et placements
financiers.

SCHEMA (VOIR COURS)

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

2 – Les déterminants économiques de l’épargne

a. Revenu

Quand les revenus progressent, cela entraine une hausse de l’épargne (favorable à l’épargne). Quand
les revenus baissent, l’épargne sert à maintenir le niveau de consommation (défavorable à
l’épargne).

b. Taux d’intérêt

Une hausse du taux d’intérêt entraîne une progression de l’épargne (effet de substitution)  ce qui est
favorable à l’épargne. Une hausse du taux d’intérêt entraîne une baisse de l’épargne (effet revenu)
ce qui est défavorable à l’épargne.

c. Inflation

Une hausse des prix incite les agents économiques à consommer maintenant avant que le pouvoir
d’achat de la monnaie diminue encore (favorable à l’épargne). Une hausse des prix, en vertu de
l’effet d’encaisses réelles, pousse les agents économiques à épargner davantage pour protéger leur
pouvoir d’achat (défavorable à l’épargne).

d. Fiscalité

Une baisse de la fiscalité de l’épargne entraîne une meilleure rémunération et peut inciter à épargner
(favorable à l’épargne). Une hausse de la fiscalité de l’épargne diminue son volume (défavorable à
l’épargne).

e. Incertitude

Les facteurs d’incertitude comme le chômage ou les déficits publics motivent une épargne de
précaution (favorable à l’épargne). La confiance dans l’avenir stimule la consommation des ménages
plutôt que l’épargne (défavorable à l’épargne).

f. Age

Les acteurs épargnent pour lisser leur consommation sur la durée de leur vie (favorable à l’épargne).
Les jeunes et les retraités désépargnent (défavorable à l’épargne).

SECTION 2 – LE ROLE DES BANQUES DANS LA CREATION MONETAIRE

En plus de prêter l’épargne des ménages, les banques vont créer de la monnaie. Après avoir compris
comment se crée la monnaie, il conviendra alors de nous demander quelles sont les causes de la
création monétaire. Toute cette monnaie créée au fil des ans forme la masse monétaire qui a donc
comme contreparties les causes de la création monétaire. Cette création monétaire se traduit par
une augmentation de monnaie sur le territoire national ou régional (cas de la zone euro).

A – DANS UN SYSTEME A UNE SEULE BANQUE

Les banques, appelées banque de second rang (la banque de premier rang étant la Banque centrale,
la BCE dans la zone euro), ont le monopole de la gestion des comptes de dépôts à vue (le compte
courant) qui indiquent les montants que les clients leur ont confiés, libellés en monnaie scripturale.

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Si la banque collecte l’épargne de ses clients, elle pourra le prêter à tout client qui a un besoin de
financement ; dans ce cas, il n’y a pas création monétaire. Ce sont les dépôts qui font les crédits. La
banque ne crée de la monnaie que si elle n’a pas de fonds disponibles. Dans ce cas, ce sont les
crédits qui font les dépôts. Les banques prêtent les montants qui vont générer de futurs dépôts.
Dans la réalité, les besoins de l’économie dépassent le montant des dépôts auprès des banques, ce
qui explique le pouvoir de création monétaire par les banques de second rang pour financer les
investissements des agents non financiers.

La banque constate sa créance auprès de son client. Le remboursement du crédit aboutit à une
destruction de monnaie.

La banque va être limitée par l’existence d’une « fuite » : la demande de billets par son client. En
effet, la banque doit acheter ces billets auprès de la banque centrale qui a le monopole de l’émission
des billets. Cette fuite signifie que la banque doit conserver des liquidités pour pouvoir faire face aux
besoins des agents qui veulent régler les échanges.

La banque a un compte auprès de la banque centrale. Les billets sont de la monnaie centrale. Ils sont
crédités sur le compte de la banque de second rang auprès de la banque centrale. Si son compte est
insuffisamment provisionné auprès de la banque centrale, elle ne pourra plus accorder de crédit.

B – DANS UN SYSTEME BANCAIRE DIVERSIFIE

La banque qui accorde un crédit doit aussi supporter une autre « fuite » : celle vers les autres
banques : la compensation entre les banques. Les réserves obligatoires sont la dernière  « fuite » au
sens où elles vont limiter le comportement des banques de second rang en termes de crédits
accordés.

C – LA MASSE MONETAIRE ET SES CONTRPARTIES

1 – Les agrégats monétaires

La monnaie qui est créée et qui circule dans l’économie d’un pays constitue la masse monétaire
(ensemble des moyens de paiement effectivement ou potentiellement en circulation dans une
économie.

On peut définir un agrégat monétaire comme une grandeur statistique mesurant un ensemble
déterminé de moyens de paiement ou d’actifs monétaires de même nature.

Pour des besoins de statistiques, la masse monétaire est décomposée en grandes catégories
homogènes de monnaie. Ces catégories sont appelées agrégats. Un agrégat monétaire est un
ensemble homogène d’actifs monétaires correspondant à une définition précise de la masse
monétaire en fonction d’un certain niveau de liquidité. La liquidité d’un actif constitue son aptitude à
se transformer en moyen de paiement rapidement et sans perte (sans coûts).

SCHEMAS (COURS)

M1 = Billets et pièces en circulation + Dépôts à vue = Monnaie au sens strict

M2 = M1 + Dépôts remboursables avec préavis inférieur à 3 mois + Dépôts à terme d’une durée
initiale inférieure à 2 ans

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M3 = M2 + Titres d’OPCVM monétaires + Titres de créances émis d’une durée inférieure à 2 ans +
Titres du marché monétaire + les pensions

Ce sont des indicateurs qui sont emboités et sont classés par ordre de liquidité décroissante. M1
comprend les billets et les dépôts à vue comme les comptes courants. M2 en plus de M1 intègre des
dépôts à vue remboursables avec préavis (Codevi, compte sur livrets d’épargne) et les dépôts à
terme. Enfin, M3 comprend des titres d’OPCVM monétaires ( Organismes de placement collectif en
valeurs mobilières) qui gèrent des portefeuilles de titres investis à court terme (essentiellement
actions, obligations ou titres de créances négociables) pour le compte de leurs clients qui en achètent
des parts mais aussi les pensions qui sont des espèces perçues en contrepartie des titres vendus à un
prix donné dans le cadre d’un engagement de rachat de ces titres à un prix et à une date déterminée
(utilisés par les entreprises pour se financer à court terme) et des titres du marché monétaire
comme les certificats de dépôts ou des obligations courtes.

2 – Les contreparties de la masse monétaire

Il existe donc trois contreparties à la création monétaire et donc à la masse monétaire :

- le crédit à l’économie ou créance sur l’économie ou crédit au secteur privé : c’est la


création de monnaie par les banques à travers le crédit aux ménages et aux entreprises ;
- les créances sur l’Etat : c’est la création de monnaie à travers le crédit du système bancaire à
l’Etat ;
- les créances sur l’étranger : c’est la création de monnaie en contrepartie de devises qui
finissent dans le compte de la banque centrale et qui constitue ce qu’on appelle des réserves
de change.

Toute banque centrale suit de très près l’évolution de la masse monétaire M3 et sa principale
contrepartie, les crédits au secteur privé. La quantité de monnaie dans l’économie est pilotée par la
politique monétaire qui encadre la création monétaire par les banques de second rang.

SECTION 3 – LES FONCTIONS DES BANQUES

A – LES FONCTIONS DE BASE DES BANQUES

Les banques ont trois fonctions : recevoir les dépôts, gérer des moyens de paiement, accorder des
crédits. Les banques ont le monopole de l’activité de dépôt.

B – LE ROLE D’INTERMEDIAIRE FINANCIER DANS L’ALLOCATION DE L’EPARGNE

Les banques vont mettre en relation les agents à besoin de financement et les agents à capacité de
financement. En outre, les banques sont les seules habilités à créer de la monnaie quand elles
accordent des crédits.

Le système financier est composé de deux catégories principales de circuits financiers dans lesquels
circule la monnaie, les circuits intermédiés et les désintermédiés.

Sur les circuits intermédiés se trouvent des intermédiaires financiers, les banques, qui créent des
produits financiers, essentiellement des prêts, on parle de finance indirecte.

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Cnam-Intec_CPDEC/INP-HB_UE 115 ECONOMIE_AGUI EMMANUEL_2019 – 2020

Sur les circuits désintermédiés, il n’y a pas d’intermédiaires financiers qui fabriquent des produits
financiers. La demande de capitaux des agents qui ont besoin de se financer rencontre directement
l’offre de capitaux provenant des agents qui ont des excédents, à travers l’émission et la souscription
de titres. Ce sont les marchés de capitaux qui assurent cette finance directe.

Cette description globale correspond au système financier français, mais c’est également le schéma
général en vigueur dans l’ensemble des pays développés. Les intervenants et les modalités de
fonctionnement peuvent ensuite varier d’un pays à l’autre.

SCHEMA (VOIR COURS)

C – LES ACTIVITES DE MARCHE DES BANQUES

Les banques peuvent intervenir sur le marché des capitaux pour placer des titres ou pour les acheter
ou les vendre pour le compte de leurs clients. Elles jouent alors un rôle d’intermédiaire commercial
et non d’intermédiaire financier.

Les banques ont développé leur activité de marché, c’est –à-dire qu’elles interviennent de plus en
plus sur le marché des capitaux, soit pour le compte de leurs clients (introduction d’une société en
Bourse, opérations de fusions-acquisitions), soit pour leur propre compte. Ce service est rendu en
contrepartie d’une commission. Pour se couvrir contre le risque de souscriptions insuffisantes, la
banque peut faire appel à d’autres établissements financiers et constituer avec eux un pool bancaire.

Les banques françaises ont le caractère de banque universelle, c’est-à-dire qu’elles sont à la fois
banques de détail (elles gèrent les dépôts de leurs clients, particuliers et entreprises) et banque
d’affaires. Les banques sont étroitement contrôlées par l’Autorité de contrôle prudentiel et de
résolution chargée de la supervision des secteurs bancaires et d’assurance.

CHAPITRE 2 – LE ROLE DES MARCHES FINANCIERS DANS LE FINANCEMENT DE L’ECONOMIE

SECTION 1 – LE MARCHE DES CAPITAUX

A – LA STRUCTURE DU MARCHE DES CAPITAUX

SCHEMA (VOIR COURS)

Le marché des changes est un lieu abstrait où s’échangent les monnaies et se fixent les taux de
change ; il est constitué par un réseau de relations entre cambistes.

Sur le marché monétaire, les agents économiques échangent de l’argent en se servant de titres en
contrepartie comme garantie. Le marché monétaire est un marché de court terme où les banques,
les compagnies d’assurances, les entreprises et les Etats (via les banques centrales et les Trésor
publics) prêtent et empruntent des fonds en fonction de leur besoin. Le marché interbancaire est un
marché réservé aux banques. Elles s’échangent entre elles des actifs financiers de court terme, entre
un jour et un an. C’est un marché de gré à gré, cela signifie que les banques traitent et négocient
librement entre elles. A côté du marché interbancaire, le marché des titres négociables s’est
développé. Quatre catégories de titres sont proposées ;

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- les billets de trésorerie émis par les grandes sociétés pour renforcer leur trésorerie ;
- les certificats de dépôt émis par les banques ;
- les bons du Trésor destinés à financer la dette publique à court terme ;
- les bons à moyen terme négociable émis les banques et les entreprises.

Les taux à court terme sur le marché monétaire sont déterminés sur le marché interbancaire sur
lequel la banque centrale intervient pour l’alimenter en liquidités.

B – L’EVOLUTION DU MARCHE DES CAPITAUX

1 – Le passage de l’économie d’endettement administrée à l’économie des marchés financiers


libéralisée en France

Jusqu’au début des années 1980, l’essentiel du financement de l’économie provient de crédits
accordés par les banques. Ce phénomène s’explique, d’une part, par le fait que les entreprises sont
sous-capitalisées et, d’autre part, par la faible importance de la Bourse. L’activité financière est
largement contrôlée par l’Etat : les banques sont publiques, les taux d’intérêt sont administrés (taux
bonifiés).

Des transformations profondes se produisent dans les années 1980 : création d’un marché unique
des capitaux à partir de 1985 ouvert à tous les agents économiques, privatisation des banques à
partir de 1986. Les banques vont être mises à concurrence, les entreprises vont rechercher de plus
en plus leur financement sur le marché des capitaux. Ces transformations avaient pour objet de
faciliter le financement des activités économiques à un coût moindre.

2 – La libéralisation généralisée du marché des capitaux dans le monde

Le marché des capitaux se caractérise par les 3D : décloisonnement, déréglementation,


désintermédiation. Le décloisonnement désigne l’interconnexion des marchés dans un contexte
réglementaire unifié. La déréglementation désigne l’assouplissement réglementaire avec la fin du
contrôle du crédit et des changes, mais aussi la privatisation des banques et l’accès de l’ensemble des
agents économiques aux marchés financiers. La désintermédiation est l’échange de nouveaux
produits financiers sans le rôle joué par les banques.

En outre, les nouvelles technologies de l’information et de la communication ont permis de relier les
marchés des capitaux dans le monde.

3 – Les innovations financières

Un produit s’est particulièrement développé sur le marché des capitaux. C’est le SWAP ou contrat
d’échange.

Les SWAP

Les SWAPS permettent de changer les termes d’un contrat comme échanger une dette en dollar
contre euro.

L’option

Il existe deux grandes catégories d’options :

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- l’option d’achat : contrat qui donne à son détenteur, le droit d’acheter un actif à un prix fixé
au départ, à une date déterminée. Le vendeur de l’option doit livrer l’actif à la date
déterminée ;
- l’option de vente : contrat qui donne à son détenteur, le droit de vendre un actif à un prix
déterminé et à une date d’échéance.

La titrisation des dettes

La titrisation des dettes est une opération qui consiste à transformer des prêts bancaires en titres
négociables sur les marchés financiers.

SECTION 2 – LE MARCHE FINANCIER

Les marchés occupent aujourd’hui une place importante dans le financement de l’économie
française. Il s’est peu à peu éloigné d’un modèle d’économie d’endettement pour se rapprocher d’un
modèle d’économie de marché financier dans lequel les intermédiaires financiers continuent
toutefois, de jouer un rôle significatif.

A – LES COMPOSANTES DU MARCHE FINANCIER

Le marché financier permet une émission de titres à long terme (actions et obligations) mais aussi la
revente. Certains titres sont proposés au public, le marché financier est alors désigné sous le terme
de bourse. Le marché financier est composé en réalité de plusieurs marchés sur lesquels certains
agents se financent et d’autres placent des capitaux à long terme. Ces échanges se font par
l’émission et la souscription de titres, essentiellement des actions et des obligations.

Deux grands types de financement peuvent y être obtenus : des capitaux propres lorsqu’il s’agit
d’actions, des capitaux empruntés lorsqu’il s’agit d’obligations.

Sur le marché des obligations se déterminent les taux d’intérêt à long terme ou taux longs. Les taux
longs et les taux courts sont les taux de marché, à distinguer des taux d’intervention de la Banque
Centrale Européenne ou des taux à court terme et à long terme pratiqués par les banques sur
l’argent prêté à leur client.

Sur le marché des actions, on permet aux grandes et moyennes sociétés de lever les capitaux. Ces
opérations se déroulent sur le marché primaire (“marché du neuf“). Ces actions peuvent être
échangées sur le marché secondaire (marché d’occasion des actions).

Les marchés à terme ou marchés dérivés sont des marchés sur lesquels on ne peut pas acheter
d’actif de type action ou obligation mais sur lesquels s’échangent des contrats qui permettent de se
garantir contre les variations de taux d’intérêts ou de cours, de devises, de matières premières ou
agricoles et d’actions principalement, c'est-à-dire qui permettent de se couvrir contre les risques.

Le marché libre permet la diffusion d’ordre d’achat et de vente et une facilité de négociation sur des
sociétés dont les titres ne sont pas inscrits sur les marchés réglementés car elles ne satisfont pas
leurs critères de cotation. Il s’agit encore de sociétés trop jeunes ou trop petites pour accéder au
marché financier. Les places boursières ont répondu à ce besoin en créant de nouveaux marchés
dédiés à ces start-up. Les placements effectués sur ces marchés sont particulièrement risqués car la
réussite de ces entreprises est loin d’être acquise.

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B – LES PRINCIPAUX PRODUITS OFFERTS

1 – Les actions et les obligations

Les actions et les obligations sont des titres émis pour financer le développement de grandes
entreprises. C’est leur caractéristique commune, mais ces titres diffèrent par bien des points. On
peut faire ressortir ces différences en définissant ces titres.

Les actions sont des titres de propriétés d’entreprise qui donnent le droit à leur détenteur de
contrôler la gestion de ces sociétés, de percevoir des dividendes et de souscrire à une émission
d’actions nouvelles.

Les obligations sont des titres de dettes remboursés à long terme (à plus de 2 ans). Le souscripteur
reçoit un intérêt garanti.

Les actions et les obligations, les titres sont échangés sur un marché organisé appelé la bourse de
valeur. Les principales bourses sont :

- New York Stock Exchange (NYSE) ;


- La bourse de Tokyo;
- La bourse de Londres;
- Euronext (qui réunit les bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne).

2 – Les placements collectifs en valeurs mobilières

Ils sont connus sous la dénomination d’OPCVM (Organisme de Placement Collectif en Valeur
Mobilière) qui regroupe les SICAV (Société d’investissement à capita variable) et les FCP (Fonds
communs de placement). Les OPCVM sont généralement constitués et gérés par les compagnies
d’assurance et les banques.

3 – Les produits dérivés

Ce sont des contrats sur le futur qui permettent d’acheter à un prix et à une date fixée d’avance, le
terme, ou de donner le droit d’acheter (les options). En outre, les Swaps permettent de changer les
termes d’un contrat comme d’échanger une dette en dollar contre une dette en euro. Les produits
dérivés portent toujours sur un actif réel dit sous-jacent : taux d’intérêt, monnaie, …..

Ces produits garantissent contre les variations brutales de prix.

C – LES ACTEURS ECONOMIQUES

Il s’agit des acteurs intervenant sur les différents marchés.

Les entreprises

Les grandes entreprises émettent des titres pour se financer. Pour attirer les investisseurs, les
résultats financiers doivent être satisfaisants et une stratégie claire doit être diffusée. Ces entreprises
qui ont aussi l’opportunité de modifier leur périmètre d’action par le biais des OPA (Offre publique
d’achats) ou des OPE (Offre publique d’échanges).

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Les gouvernements

Ils sont les premiers émetteurs de titres pour financer leurs déficits publics. Ils définissent aussi les
règles fiscales.

Les banques commerciales

Elles interviennent sur les marchés des changes et monétaires et sur les marchés obligatoires et
d’actions ; grâce aux PPCVM qu’elles gèrent notamment ; elles sont aussi présentes sur les marchés
dérivés, sur celui des Swaps en particulier.

Les entreprises d’investissement

Elles réceptionnent des ordres, négocient pour leur propre compte, gèrent le portefeuille de tiers.

Les fonds d’investissement

Ils ont pris une place importante sur les marchés financiers. Ce sont les fonds souverains qui sont des
fonds d’investissement publics contrôlés par les Etats. Ce sont aussi des fonds de pension qui sont
des organismes de placement collectif qui gèrent les retraites et l’épargne salariale. Ce sont enfin, les
hedge funds qui se donnent pour objectif d’atteindre un niveau de performance absolue, de
préférence stable, déconnecté de la tendance.

Les autorités de marché : l’AMF (Autorité des Marchés Financiers)

Elles contrôlent la régularité des transactions. L’AMF recherche les délits boursiers (communication
illicite, délit d’initié, délit de manipulation des cours), les pratiques contraires aux règlements, les
infractions à la loi sur les sociétés (publication de faux bilans, abus de biens sociaux…) ; elle définit en
outre les conditions à remplir pour opérer en bourse.

Les banques centrales

Elles contrôlent les comptes des institutions financières pour prévenir tout risque de faillite ; elles
interviennent sur les marchés de change pour défendre leur monnaie, et sur le marché monétaire
pour fixer leur taux d’intérêt à court terme.

Les agences de notation

Elles apprécient la capacité d’un émetteur de verser à la bonne date, le principal et les intérêts d’un
titre (la notation est exprimée en lettre, AAA étant la meilleure). Les agences contribuent à
l’homogénéité des informations et à la transparence des marchés financiers.

CHAPITRE 3 – LES CRISES FINANCIERES

A – LES CRISESFINANCIERES DEPUIS LES ANNEES 1980

Le passage d’une économie d’endettement, fortement encadrée par l’Etat, à une économie de
marchés financiers a augmenté les risques de crises boursières et financières, en raison de la forte
progression de la spéculation due à la globalisation financière (elle désigne la tendance à la
constitution d’un marché mondial unique des capitaux). Les pays émergents sont durablement

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touchés par les crises financières, en raison de leurs besoins de capitaux et leurs financements par les
marchés.

B – LA CRISE DES SUBPRIMES

Elle s’est traduite par la multiplication de crédits spéciaux destinés aux personnes à revenus
modestes. Le non remboursement des emprunts a conduit à la faillite des établissements bancaires.

SCHEMA (cours)

La titrisation des dettes est une opération qui consiste à transformer des prêts bancaires en titres
négociables sur les marchés financiers. Elle est à l’origine des faillites bancaires. La défiance entre les
établissements financiers a entraîné un assèchement du crédit interbancaire (les banques ne se
prêtent plus entre elles), ce qui a obligé les banques centrales à injecter massivement des liquidités
sur le marché monétaire afin d’éviter que la crise financière ne se transforme instantanément en
crise économique par renchérissement et réduction des crédits à l’économie.

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