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- La conception linéaire de Rostow (retard de développement):

Le pays le plus développé industriellement ne fait que révéler aux économies les
moins développés l’image de, leur propre futur. En effet les pays du tiers-monde
se situent à des étapes antérieures de développement. Celui-ci est une suite de
cinq phases qui s’enchaînent les unes par rapport aux autres, la disparition de
certaines difficultés ouvre la possibilité d’accéder à une phase supérieure :
Dans les sociétés traditionnelles les changements sont lents, la production est
limitée, le secteur agricole est prédominant, la population est méfiante au
changement.
Les conditions préalables au démarrage : l’émergence d’individualités qui se
lancent dans les affaires, le développement de l’agriculture permet de génère un
surplus de produits alimentaires, d’ouvrir des débouchés pour l’industrie
métallurgique, de financer le capital industriel. L’Etat assure le développement
de l’infrastructure et un cadre juridique plus sûr. Cette étape peut durer un siècle
et plus
Le décollage : la période pendant laquelle les anciens blocages et résistances au
changement sont vaincus. Cette phase exige la hausse de l’investissement
productif, la création d’industries de transformation, l’installation d’un appareil
politique capable d’exploiter les tendances à l’expansion dans les secteurs
modernes, la croissance devient cumulative, auto-entretenue et régulière à long
terme. Ceci amène le changement qualitatif des structures et des comportements
économiques. Cette étape dure vingt à trente ans.
La marche vers la maturité : réduction de la population rurale, l’essor de
d’industries diversifiées, développement de la technologie, disparition des
habitudes de pensée traditionnelles.
La consommation de masse : l’accumulation des richesses, la hausse du niveau
de vie, les entreprises multiplient les efforts pour susciter de nouvelles
demandes, les besoins essentiels sont satisfaits pour toute la population, une
classe moyenne nombreuse accède à la consommation de biens durables et
atteint un niveau de vie élevé.
- Le développement selon Gerschenkron :
La critique de la conception linéaire de Rostow (correspondant surtout au cas
britannique) a donné lieu à une explication concurrente du développement. Les
pays en retard suivent un développement spécifique, trouve une voie particulière
et ils ne passent pas tous par les mêmes étapes que les pionniers. Aussi le délai
de leur industrialisation est accéléré, parce que :
Le retard lui-même stimule les tensions, les réactions et la mobilisation du corps
social pour relever le défi. Les pays tentent de rattraper le retard en s’appuyant
sur l’action étatique et sur la concentration pour être compétitif face aux pays
ayant connu une industrialisation plus précoce. Au japon l’Etat a créé54
entreprises de grande taille (manufactures de soie, coton, laine, papier, verrerie,
cimenterie) ; en Allemagne l’Etat encourage la concentration des entreprises
nationales pour concurrencer les entreprises étrangères.
Le réservoir technologique est disponible aux pays pauvres où ils y puisent à un
coût moindre que s’ils créent les technologies.
A- Dualisme et désarticulation des économies, dépendance et domination
Développée par Arthur Lewis, la théorie de développement avec dualisme est
la configuration d’une économie nationale dans laquelle se développent deux
secteurs, l’un moderne tourné vers les échanges internationaux et à forte
intensité capitalistique ; et l’autre secteur est traditionnel, à forte intensité de
main d’œuvre regroupe des activités artisanales destinées à la satisfaction des
besoins primaires de la population, à dominance agricole.
Avec ce dualisme l’économie devient désarticulée si les deux secteurs n’ont pas
de relation, et si le secteur moderne est incapable d’entraîner le secteur
traditionnel : l’abondance de la main d’œuvre dans le secteur traditionnel
maintien les salaires à un niveau très faible. Le secteur moderne s’étend en
absorbant le surplus de main d’œuvre puisque les investisseurs sont motivés par
la faiblesse des rémunérations. Lorsque le secteur moderne est orienté
uniquement vers l’exportation, les gains de productivité ne profitent qu’aux
importateurs. Dans cette situation le commerce international constitue un
obstacle au développement.
Ainsi selon les économistes Myrdal, Raul Prebisch, Perroux et Samir Amine,
l’insertion dans le commerce international est mauvaise pour les pays sous-
développés. En effet, le commerce international et la division internationale du
travail tendent à avoir des effets retardataires en renforçant la stagnation ou la
récession parce que le libre-échange favorise les pays avancés qui produisent et
exportent des biens à forte valeur ajoutée, confine les pays sous-développés dans
une spécialisation sur la production et l’exportation des produits primaires dont
les prix sont instables et la concurrence est forte. Ainsi les termes de l’échange
se détériorent, l’influence d’un pays sur un autre n’est pas réciproque ou ne l’ai
pas au même degré. Le commerce international d’une part devient un facteur
d’appauvrissement des pays pauvres et d’enrichissement des pays développés ;
d’autre part il produit un effet de domination que les pays développés exercent
par la maîtrise de la technologie, la finance internationale…
De ce fait, les pays du tiers monde font face à des blocages dans le processus
de développement. Ce dernier peut provenir du dépassement de ces
blocages à travers :
- L’atténuation de la domination en rompant avec les pays développés par
la mise en place des stratégies de développement autocentrées, la déconnection
du commerce international afin que les relations extérieures soient soumises à la
logique et l’impératif de l’accumulation interne (Samir Amine).
- L’intervention de l’Etat pour orienter l’investissement vers certains
secteurs. (provoquer des besoins en amont ou en aval de la filière de
production : développer l’industrie mécanique peut provoquer des besoins dans
les activités métallurgiques).( Hirschman)
L’Etat contribue au développement en assurant une éducation et une
scolarisation de base et en favorisant la création des pôles de croissance (une ou
plusieurs entreprises ou branches à partir desquelles la croissance se propage) ;
en mettant en place un cadre institutionnel juridique (droit de propriété,
contrat) ; en veillant à la stabilité politique (manifestations permanente, grèves
prolongées coups d’Etat nuisent au développement) et sociale (garantir les droits
individuels et la protection des citoyens pour que les comportements favorables
se mettent en place).( Perroux).
Le développement est un processus qualitatif de long terme, un processus dans
lequel la répartition équitable de la richesse créée par la croissance économique,
permet à la majorité des citoyens d’atteindre un niveau de satisfaction des
besoins fondamentaux : alimentation, stabilité, sécurité, appartenance.
L’intervention de l’Etat est indispensable pour encourager les activités
économiques à se créer, les soutenir par la suite ; investir à former les
ressources humaines qualifiées, réduire les inégalités par l’octroie des droits à
tous les citoyens, créer des institutions pour l’expérimentation, la coordination et
le suivi des objectifs.

Section 4- les stratégies pour sortir du sous-développement


Les analyses théoriques du sous-développement ont donné lieu à plusieurs
stratégies de développement économiques qui ont eues des effets variés.
1- La stratégie fondée sur les industries industrialisantes:
Cette stratégie s’inspire du modèle socialiste de développement mis en œuvre
dès les années 30 par les soviétiques, fin des années 40 par l’Inde et la Chine et
plus tard en 1967 par l’Algérie.
Il s’agit de favoriser les activités économiques situées en amont des filières de
production grâce à l’exploitation des ressources naturelles. Ces activités
(L’industrie lourde, les industries de biens d’équipement) créent des effets
d’entraînement sur d’autres activités (les industries de biens de consommation et
l’agriculture). L’intervention de l’Etat et des entreprises publiques est
indispensable.
2- Stratégie fondée sur la politique de substitution des importations :
Cette stratégie a été adoptée par les pays de l’Amérique latine (Brésil, Mexique),
et de l’Asie du sud-est (Inde et pakistan). Elle consiste à remplacer les
importations par des productions locales. Trois étapes caractérisent cette
politique :
La 1ère : produire des biens de consommation courante, non durables (alimentaire
ou textiles) en protégeant ces activités par des droits de douanes.
La 2ème : élaborer une stratégie de remontée de filière en cherchant à produire des
biens situés en amont des filières de production : production des biens
d’équipement, et de biens de consommation durable (appareil électroménager et
agricole, voiture, radio, télévision, moteur diesel, machine électrique). Vers les
années 50 les pays de l’Amérique latine, l’Inde et le Pakistan ont réussi cette
industrialisation. 90% des biens industriels consommés au Brésil étaient produits
localement.
La 3ème : l’industrialisation doit permettre des exportations. Cependant vers les
années 60 le processus de substitution aux importations s’est trouvé bloqué
(Brésil et Argentine). Ce blocage est dû selon les économistes à la création d’un
secteur industriel protégé et inefficace, des structures oligopolistiques ou
monopolistiques.
3- Stratégie fondée sur les marchés extérieurs :
Cette stratégie repose sur le principe de libre-échange (A.Smith, D.Riccardo).
On distingue deux orientations :
La 1ère : vise la promotion des exportations des produits primaires agricoles ou
miniers. Les pays cherchent à profiter de l’avantage qu’ils ont dans ce type de
production, (main d’œuvre abondante et bon marché) ou les réserves
importantes qu’ils détiennent. Ex : la spécialisation dans l’exportation des
produits pétroliers.
Ces spécialisations sont généralement fondées sur un seul produit de base ainsi
la mono exportation rend les ressources du pays très liées aux fluctuations
internationales des prix.
La 2ème : est relative à la valorisation des exportations des produits primaires
consiste à transformer les produits primaires dans le pays où ils sont produits
pour valoriser les exportations. (Brésil : placage, contreplaqué et bois ;
Thailande: remplace l’exportation de produits primaire par les produits
manufacturés).
Section 5- le nouveau modèle de développement au Maroc (NMD)
Contexte national : pourquoi un modèle de développement
Dans son discours du 13 octobre 2017, le Roi Mohammed VI a constaté que le
Maroc malgré les progrès réalisés, le développement national n’arrive pas à
satisfaire les demandes et les besoins des citoyens, ni à réduire les inégalités
sociales et territoriales.
Pour remédier à cette situation, le 12 octobre 2018 dans un nouveau discours, le
Roi a désigné une commission pour élaborer une nouvelle approche du
développement Vision à portée stratégique, globale et intégrée. (des politiques
qui agissent en synergie les unes avec les autres afin de promouvoir
le développement)
31 juillet 2019, l’orientation royale du travail de la commission consiste à
présenter :- un travail impartial et objectif ; - un état exacte des lieux ;- des
propositions audacieuses innovantes ;- poser de nouveaux jalons.
L’ambition du NMD : En 2035, le Maroc offre à tous les citoyens un niveau et
une qualité de vie élevée.
Les objectifs : Pour atteindre cette ambition le Maroc doit réaliser un rattrapage
nourri par des progrès significatifs dans des domaines marqués par des déficits
importants, qui constituent des freins au développement. Cinq objectifs
interdépendants et complémentaires sont à atteindre :
1-Un Maroc Prospère : qui crée des richesses et des emplois de qualité ;
2-Un Maroc des Compétences : qui dispose de ressources humaines dont les
capacités et les compétences sont renforcées. Ainsi tous les citoyens prennent en
main leur projet de vieet contribuent à la création de valeur.
1- Un Maroc Inclusif : qui offre des opportunités à tous : autonomisation et
capacitation des Hommes et des femmes ; renforcement de la protection des plus
vulnérables,
2- Un Maroc Durable, qui les préserve les ressources dans tous les
territoires ;
3- Un Maroc Audacieux, leader régional dans des domaines d’avenir ciblés :
numérique, hub régional de l’enseignement supérieur, de la recherche et de
l’innovation, devenir le champion régional de l’énergie renouvelable, Pôle
financier Régional de référence, faire du Made in Maroc un marqueur de qualité,
de compétitivité et de durabilité, pour accélérer l’intégration dans les chaînes de
valeur mondiales et régionales.

Les axes stratégiques : sont les principales orientations pour atteindre


l’ambition, et satisfaire les objectifs de développement.
Quatre axes stratégiques de transformation sont définit chacune rassemble un
ensemble de choix :
1-l’économie doit évoluer d’une économie à faible valeur ajoutée et à basse
productivité à une économie diversifiée et compétitive génératrice de croissance
et d’emploi de qualité ;Sécuriser l’initiative entrepreneuriale par une
administration simplifiée, concurrence saine, justice transparente ;
Orienter les acteurs économiques vers les activités productives; Réaliser
un choc de compétitivité par la réduction des coûts de l’énergie et des
coûts logistiques ; La stabilité et la compétitivité du cadre
macroéconomique; Faire émerger l’économie sociale comme pilier de
développement.
2- Le capital humain doit être renforcé pour donner à tous les citoyens les
capacités de prendre en main leur devenir, de réaliser leur potentiel en toute
autonomie, et de participer au développement du pays : des réformes essentielles
concernent les systèmes de santé, d’éducation et d’enseignement supérieur et
professionnel.
3- dynamique d’inclusion vise la participation de toutes et de tous, à la
dynamique nationale de développement par la croissance, le travail, la
mobilisation citoyenne et le renforcement du lien social : autonomiser la
femme ; assurer l’égalité de genre ; favoriser l’épanouissement des jeunes en
multipliant les opportunités ; mobiliser la diversité culturelle.
4- les territoires doivent devenir le lieu d’élaboration, d’ancrage et de portage
des politiques publiques : renforcer les capacités des acteurs territoriaux pour
prendre en main leurs responsabilités. Aménagement intégré du territoire,
renforcer le transport public, préserver les ressources naturelles, valoriser les
ressources.
L’intervention de l’Etat
Le fonctionnement traditionnel de l’Etat, porté par la centralité et le
contrôle, était approprié à un certain stade de développement du pays.
Actuellement l’Etat ne dispose pas des moyens et des capacités pour porter seul
tous les chantiers de développement de plus en plus complexes, ni en termes
financiers, ni en termes opérationnels et d’expertise. Ainsi le secteur privé, les
acteurs régionaux et la société civile peuvent contribuer davantage et
participer au chantier du nouveau développement du Maroc. Le nouveau
mode d’intervention, ne signifie pas moins d’Etat, mais mieux d’Etat, Etat plus
fort, qui tire sa force de sa capacité à orienter, gérer et administrer.

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